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Compte rendu complet des Vacances Formation du CMR Du 17 au 23 août 2008 Couple et engagements Un équilibre à trouver, des convictions à vivre Dimanche 17 août 2008 Mes besoins et convictions personnelles ACCUEIL par Yann BRARD, administrateur responsable de la session La formation a été construite pour l’ensemble de la session à partir de la pédagogie de la DRC (Démarche de Réflexion Chrétienne) avec alternance de carrefours en 8 groupes préformés et de plénières (témoignages de couples et 4 intervenants différents). PRESENTATION DE LA SESSION par Marjolaine LE COCQ, co-pilote de la préparation de la session Compte rendu des Vacances formation 2008 - page 1

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Compte rendu complet desVacances Formation du CMR

Du 17 au 23 août 2008

Couple et engagements

Un équilibre à trouver, des convictions à vivre

Dimanche 17 août 2008 Mes besoins et convictions personnelles

ACCUEIL par Yann BRARD, administrateur responsable de la session

La formation a été construite pour l’ensemble de la session à partir de la pédagogie de la DRC (Démarche de Réflexion Chrétienne) avec alternance de carrefours en 8 groupes préformés et de plénières (témoignages de couples et 4 intervenants différents).

PRESENTATION DE LA SESSION par Marjolaine LE COCQ, co-pilote de la préparation de la session

Le thème de la session a été choisi par les fédérations CMR de la région Centre, à partir de plusieurs thèmes proposés par le Conseil d’Administration national. Le thème « couple et engagements » est un sujet original et encore peu traité, même hors CMR.Albert DONVAL sera notre « fil rouge » durant cette semaine. Il jouera le rôle de celui qui observe, en se tenant à distance, fait le lien, avec un droit (ou un devoir !) d’intervention chaque matin.

REPRISE par Albert DONVAL

Ex-directeur de l’institut de la Famille à Lyon et proche du CMR, chroniqueur à « La Croix », intervenant de précédentes Vacances Formation sur la famille.

A l’issue de la présentation des familles hier au soir – chacune avec son ou ses objets symboles – le sigle CMR s’est momentanément mué en sigle CFA ! Pas seulement parce que la semaine Vacances Formation se déroule dans un lycée agricole flanqué d’un Centre de Formation pour Adultes, mais parce que :

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C... comme Convivialité, comme Cordialité, comme Communion. Trois mots qui caractérisent l’ambiance des premiers contacts, trois mots trempés dans une inspiration chrétienne, trois mots d’un partage eucharistique. Pas de discours apprêtés, même pas dans la bouche du vicaire général du diocèse qui nous accueille. Il invite plutôt à bien garder les pieds sur terre pour vivre de l’Évangile et pour le faire découvrir. Un vicaire général, présent toute la longue soirée, à l’évidence séduit et pris de quelque sentiment de jalousie à voir tous ces couples rassemblés, engagés dans la société au nom de leur foi : « Ah ! Si je pouvais les avoir tous dans mon diocèse... »

F... comme Famille. La session porte sur le couple et les engagements, mais d’emblée c’est toute la famille qui est présente, les enfants et les jeunes prenant leur place dans la présentation. Le message est clair : quand un couple s’engage, c’est toute la famille qui est engagée, engagements pris par ailleurs dans la grande famille qu’est le C.M.R.

A... comme Agenda. A l’évidence, au C.M.R., l’agenda n’est pas qu’un symbole, il est une réalité forte à prendre en considération. Dès la présentation, le drapeau rouge est agité : attention à la surcharge, au trop plein, aux deux lièvres que l’on court à la fois ! Heureusement, pour l’heure (une heure tardive d’ailleurs... ) il est temps d’aller se coucher.TEMPS SPIRITUEL

« Nous avons le devoir d’exister universellement car nous sommes liés au Christ et qu’il est lui-même la source d’une existence universelle. Nous avons le devoir… d’exister pour tous. » (Maurice ZUNDEL)

CARREFOURS « moi, mes engagements, mes convictions, mes aspirations »

Une demi-heure de présentation des participants au sein de chacun des 8 carrefours, puis une heure en sous-carrefour en séparant les hommes et les femmes.Pour préserver le caractère intime des dialogues en carrefour, il n’est pas prévu de restitution en plénière.

INTERVENTION de Laurence PERCHE : « LA NOTION DE BESOIN EN COMMUNICATION NON VIOLENTE (CNV) »

Laurence Perche (59), laïque, mariée, 4 enfants, psychologue de formation, formatrice au Diocèse du Nord, membre d’une équipe de préparation au mariage, formatrice en CNV (communication interpersonnelle dite « non-violente »), proche du CMR.

Laurence distribue un document : une liste de sentiments, et nous invite à faire attention aux mots qui expriment des interprétations ou des jugements sur soi plutôt que des sentiments, inventaire des besoins humains, cadre pour expression honnête de ce qui se passe en moi (observation, sentiment, besoin, demande).

Exprimer son ressenti, ce n’est pas naturel, et nous n’avons pas forcément appris à le faire. C’est pourquoi la liste qui vous est remise balaye, sans être exhaustive, nombre de sentiments qui nous habitent et que nous pouvons nommer ainsi plus facilement.Nos sentiments sont comme le voyant de la pompe à essence qui clignote au tableau de bord de ma voiture. Je ne suis pas obligé d’y prêter attention, mais je risque de tomber en panne d’essence. Je peux le voir sans pour autant faire le plein (après tout, c’est mon mari qui s’occupe de ça), et alors je prends le même risque que dans le cas 1. Ou alors je peux être vigilante au signal (ce que je vous invite à faire) et tout à l’heure nous verrons ensemble ce à quoi ce signal nous invite à être vigilant.

Etre en harmonie avec moi-même pour être en harmonie avec les autres, est-ce possible ? Il semble que oui : être présent à soi permet de s’exprimer plus facilement et, dans un second temps, d’offrir une qualité d’écoute à l’autre (nous en reparlerons dans la quatrième journée).

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Je symbolise cela par deux cercles qui se touchent et qui peuvent représenter  « moi » et « l’autre »,  « moi » et « moi »,  « moi et mon mari » ou  « un groupe » et « un autre groupe »

Si les deux cercles sont de même taille, il n’y a pas de sur dimension ni de l’une ni de l’autre, et donc une égalité dans la relation. Sinon, il y a un déséquilibre qui perturbe celle-ci.

Aujourd’hui ce qui m’intéresse, c’est de comprendre ce qui se joue en moi.

Si je fais un dessin, je représenterai l’addition de 4 symboles qui, ensemble, forment la silhouette d’une personne complète :

Je vais tendre à satisfaire mes besoins d’une manière que je ne vais pas regretter après.(Mon objectif sera ensuite que j’aie le plus de chance que mes besoins soient satisfaits, et ceux de l’autre aussi !)

Pour ce faire, je ne vais plus utiliser : l’obligation, la honte, la culpabilité, une certaine forme de peur.

Mais vivre à partir d’un pré-requis :Quoi que nous fassions, c’est pour combler nos besoins.Un de nos besoins est de contribuer au bonheur des autres.

Je vous ai invités à percevoir le sentiment qui vous habitait au regard de vos engagements. Cet indicateur est comme le flotteur d’une canne à pêche :

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1 Observation : tout ce qui est de l’ordre des pensées, ce qui est dit par rapport à ce qui est fait.

2 Sentimentscouleur que prend la vie à un moment donné.

3 Besoins : tout ce qui me met en mouvement, valeurs, aspirations, rêves…

4 Demande : l’action

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Quoi qu’on fasse, on comble un besoin positifau service de la viepartagé par tous les êtres humains

Les différences ce sont les stratégies utilisées pour combler nos besoins.

Exemple :Nous partageons tous le besoin d’appartenir à la société :Ça peut se traduire par : Marcher dans la rue avec des écouteurs sur la tête pour nos ados. Etre autour d’un feu de bois en jouant de la guitare et en chantant.

Comprendre un besoin ne veut pas dire l’assouvir, c’est juste se placer au 3e niveau : « c’est ça qui me fait agir aujourd’hui », c’est reconnaître ma part de responsabilité.

« Au-delà du bien et du mal, il y a un champ où je te retrouverai » phrase de Marshall Rosenberg qui, lui, arrive à pratiquer des écoutes dans les couloirs de la mort…

Mais comment faire ?

En traduisant tous mes jugements et en reprenant ma responsabilité pour les besoins.Exemple : « j’ai trop d’engagements » peut devenir : « je suis épouse, mère de famille, secrétaire de l’APEL et professionnelle à mi-temps. »

Quand je juge une situation, j’ai le moins de chance que ce besoin soit comblé.

Nous sommes porteurs d’un passé, d’une éducation.Nous avons à connaître notre charge émotionnelle.Tout cela demande du temps…

De la culpabilité tétanisante à la responsabilité dynamisante

La culpabilité est une combinaison de pièges :

Le jugement : Sur soi, sur l’autre, sur la situation ou sur la vie ; « je suis vraiment nulle, je me dois mieux de… »

Les croyances et préjugés :Vis-à-vis de soi, de l’autre, de la situation, de la vie ; « mes enfants ne vont pas s’en sortir seuls, il faut que je … »

La pensée binaire : « Pour s’occuper des autres, il faut se couper de soi »

Le langage déresponsabilisant : « Il faut, c’est comme ça ; en tant qu’épouse (qu’époux) je dois… »

Les pièges résultant de l’éducation :- Le faire

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Sentiments et besoins sont interconnectés.

Le sentiment (flotteur) m’apprend à prêter attention au besoin (ce qui est vital pour moi).

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- L’insécurité affective- Le non accueil de la différence- La difficulté à entendre et dire un non- La difficulté à cohabiter avec nos sentiments agréables et désagréables.

La culpabilité n’est pas un sentiment. Elle s’enclenche : quand nous nous sentons partagés entre des sentiments et des besoins pas faciles à

vivre en même temps. lorsque nous avons l’impression d’avoir « failli à notre devoir », c’est-à-dire lorsque

nous sommes dans la confusion par rapport à nos responsabilités et celles des autres.

Du devoir à l’amour engagé

La notion de devoir ne facilite pas cette clarification. Elle est effectivement une expression souvent sèche et austère de ce qui est, au fond, un élan du cœur, un besoin de prodiguer de l’amour, de contribuer au bien-être des autres et d’assumer les conséquences de l’exercice de notre liberté de choix.Ainsi, pour sortir du piège, il s’agit de changer d’angle de vue pour faire par exemple, les constatations suivantes :

Nous ne travaillons pas par devoir, mais bien par amour de la sécurité matérielle, du confort, parce que nous voulons contribuer à notre communauté et au bien-être de nos proches, même si nous ne faisons peut-être pas le métier dont nous rêvons ;

Nous ne nous engageons pas dans l’action sociale, humanitaire, politique par devoir, mais bien par besoin d’exercer notre responsabilité d’être humain dans le monde, de contribuer à une société meilleure, de participer concrètement au changement social ;

Nous ne prenons pas soin de nos enfants ou de nos parents par devoir, mais bien par goût d’assumer la responsabilité que nous avons prise de faire des enfants et de manifester respect et sollicitude à nos parents….

REACTIONS, QUESTIONS

Questions :- La colère n’est pas un besoin, elle est liée à l’injustice !- Est-ce que la jalousie est un sentiment ? A-t-on le droit d’être jaloux ?- Est-ce que les besoins sont liés à des manques ?- Le besoin est censé créer des besoins ! Même mot mais pas le même sens

Réponse : en CNV, la comparaison de la cocotte-minute est utilisée. En allant au fond de soi on peut retrouver parfois une chaîne de sentiment -> besoins -> sentiment -> besoin etc.Référence à la hiérarchie des besoins de Maslow.Mon besoin inassouvi ou satisfait s’exprime par un sentiment. Le besoin peut prendre toute la place.

Question : Je suis héritier d’une éducation, il y a une relation dominant/dominé (en famille, à l’école, à l’usine)

Réponse : On n’aime pas les conflits. Nous avons souvent une pensée exclusivement binaire, c’est bien /c’est mal, d’accord/pas d’accord, noir/blanc. En CNV, la place de l’enfant est égale à celle du parent. Passer de la dualité à la collaboration.

Question : Le corps a ses limites. Avec la fatigue je dois faire un choix, m’autoriser à me reposer sans culpabiliser.

Réponse : Dans notre éducation judéo-chrétienne il a été donné une place importante au « faire ».

Questions :

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- La liberté individuelle ne doit pas exclure la solidarité. La notion du collectif est importante.- La justice, la justesse, juger ? ou jauger ?

Réponse : Le jugement est subjectif. L’ordinateur jauge, mais ne peut pas juger.

Question :- Qu’en est-il de la frustration par rapport aux enfants ?

Réponse : Importance de donner des repères, distinguer sentiment et comportement, rechercher ce qu’il y a derrière le comportement. Tous les sentiments sont légitimes.

Lundi 18 août 2008Le projet de couple qui nous fait vivre

REPRISE par Albert DONVAL

C’est fait, le train Vacances formation 2008 a démarré. Avec de légers retards ici ou là, mais sans plainte déposée auprès de la direction. D’autant que la nourriture est bonne à bord et qu’elle le restera tout au long du voyage. L’ambiance est bonne.Hier, dimanche, premier jour de la semaine, les organisateurs avaient donné congé « au couple », n’embarquant dans le train de la formation que des personnes « à titre individuel ». Pendant une heure, on a même mis les femmes dans un compartiment et les hommes dans un autre. Histoire – paraît-il – d’être plus à l’aise pour causer. On m’a même dit que les hommes ont parlé d’autre chose que de boulot ou de foot, ils se sont impliqués, comme on dit. Les femmes, bien sûr, avaient beaucoup à dire. Tous, femmes et hommes, ont été ravis de ce temps séparé.Le mot d’ordre de la matinée, lancé et repris avec douceur par le chef de bord, Laurence, était : « Sois vrai avec toi-même, avec tes sentiments et avec tes besoins, sois harmonieux, sois honnête avec ce que tu vis. » Mine de rien, Laurence renvoie chacun et chacune dans ses foyers intimes, pour regarder de près ce qui s’y passe.Et tout ça avec la C.N.V. – Communication Non Violente – dont Laurence nous donne un extrait, un condensé, une pilule en quelque sorte. Faute de temps, elle ne peut en donner davantage. Chez certains participants, ça ne passe pas comme une lettre à la poste ou plutôt ça déclenche un grand nombre de réactions et questions qui assez vite s’embrouillent les unes dans les autres. Moment de brouillage de la communication, chacun et chacune étant dans son vécu personnel ou de couple, chacun et chacune ayant ses mots avec leur signification, chacun et chacune étant dans son système de représentation de la communication.A treize heures, le chef de bord arrête le train... Qui se trouve pourtant en pleine voie, mais c’est l’heure du repas. L’essentiel était acquis : chacun avait compris que pour s’entendre à deux ou à plusieurs il faut régulièrement voyager seul, vérifier ses bagages, prendre rendez-vous avec soi-même, dire ses sentiments et ses besoins, bref répondre de soi avant de se plaindre de l’autre et des autres.

TÉMOIGNAGE de Alain et Anne-Claire YVONNEAU

Question posée : au moment de votre engagement, de votre choix de vie commune, quel était votre projet de couple ? Qu’est-ce qui l’a fait vivre et le fait vivre encore aujourd’hui ?

Alain (54 ans), employé de banque et Anne-Claire (42 ans), mère au foyer. Nous nous sommes rencontrés il y a 21 ans et sommes mariés depuis 20 ans. Nous avons 3 enfants : Marie 16 ans, Mathilde, bientôt 9 ans, et Martin, 4 ans. Nous habitons Vendôme.

Quel était notre projet de vie ?

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Au cours de l’année précédant notre mariage, nous avons élaboré notre projet de vie en s’écrivant la semaine, puis en discutant le week-end sur plusieurs sujets tels que : la place de Dieu dans notre couple, notre future famille (le nombre d’enfants et l’éducation, le scoutisme, qu’est-ce que nous voulons transmettre à nos enfants ?), le mode de vie (habitation à la ville ou à la campagne, les sorties loisirs), la place de la belle-famille, l’argent, la télévision, les amis…Pour nous l’essentiel était et est toujours un mariage chrétien, c'est-à-dire :

avancer ensemble sur le chemin de Dieu (en respectant le rythme de chacun), transmettre la foi à nos enfants, s’enraciner dans l’amour de Dieu (aimer et être aimé), être fidèle dans le temps malgré les crises et les épreuves de la vie (une crise aide

à grandir si nous la dépassons).Notre projet de vie nous a amenés à prendre ensemble notre premier engagement dans le mariage. Nous avions décidé de vivre en ville, même si nous désirions être à la campagne car Alain ayant une santé fragile, il devait impérativement se reposer le midi pour pouvoir retourner travailler. Donc nous attendons la retraite pour vivre à la campagne. Nous voulions des enfants, mais nous n’avons jamais donné de chiffre. Nous nous abandonnions à la Providence. En effet, ayant une malformation utérine, il est très difficile pour Anne-Claire d’avoir des enfants. Chaque enfant est donc arrivé après un certain temps, cela nous a fait prendre conscience qu’il est don de Dieu, nous n’avons pas des enfants pour satisfaire nos besoins personnels, mais ce sont des êtres libres. Alain acceptait que je sois à la maison si je donnais du temps pour les autres au lieu de me renfermer dans mon chez-moi. Ce qui m’a amené à vivre plusieurs engagements. Pour durer dans le temps et essayer de vivre notre projet de vie, nous avons deux mots clés que nous essayons de vivre : Parole et Pardon. Car les épreuves de la vie (le stress du travail, la maladie – santé précaire pour tous les deux –, la difficulté d’éduquer les enfants d’âge très différent, l’aide donnée aux parents) rudoient énormément notre couple.

Nos engagements

S’engager, pour nous, s’est être au service du bien commun (de nous-même, de nos enfants, de ceux qui nous entourent).Nous avons plusieurs types d’engagements :

engagement reçu : un responsable nous demande pour tel service. C’est le cas pour la plupart de nos engagements.

engagement choisi par soi-même personnel  en couple par devoir

Nous avons plusieurs critères pour un engagement : demander l’accord du conjoint. l’engagement doit être compatible avec le travail, la santé et la vie de famille

(chacun de nous deux a le droit à une soirée par semaine pour ne pas perturber les enfants, le mardi c’est Alain, avec le groupe de prière et le jeudi Anne-Claire avec la chorale. S’il y a une réunion en plus, je supprime la chorale).

quel est l’intérêt de cet engagement et dans quel but ? est-ce que je vais m’épanouir, grandir ou est-ce par devoir, par contrainte ?

engagement avec une durée limitée dans le temps (être au service de l’Eglise, des écoles catholiques primaires et secondaires). Nous recevons une mission pour un temps donné.

s’engager implique de donner de sa vie, de son énergie, de son temps. Donner mais aussi recevoir, équilibre à rechercher. Nous avons chacun un vase plein, en donnant il se vide, si je ne me ressource pas je n’ai plus rien à donner au bout d’un certain temps. Attention je dois penser à refaire mes forces, autrement je deviens stérile et mon engagement ne sera plus porteur de fruits.

Nos engagements dans le temps ont différé selon les besoins du moment : engagements dans les écoles, la paroisse et le sport :

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en couple   : CPM pendant 5 ans, il y 17 ans, pré-catéchèse dominicale quand nos enfants sont en âge, le rosaire et le groupe de prière ensemble jusqu’à la naissance de la 2e et Alain tout seul depuis 9 ans.

Alain   : le ping-pong inter-entreprises, l’OGEC au collège-lycée privé (organisme de gestion de l’établissement) depuis 3 ans.

Anne-Claire   : faire fructifier les talents reçus (la musique et le chant). Depuis 30 ans au service de la liturgie en tant que musicienne au début puis comme animatrice de chants, la catéchèse par intermittence (étudiante dans la paroisse, puis ici à Vendôme lorsque nous n’avions pas d’enfants, puis pour Marie et maintenant Mathilde), gymnastique jusqu’à la naissance de Mathilde, aides diverses à l’école (sorties de classe selon mes disponibilités, pastorale il y a 13 ans pendant 8 ans et APEL il y a 6 ans pendant 1 an), scoutisme cette année, chorale paroissiale depuis 3 ans. Cette année il y avait le caté, la chorale et les guides. C’était trop lourd. Les engagements ne doivent pas nuire à la famille (le maximum pendant l’école pour être présente dès le retour des enfants)

Conclusion : Qu’est-ce qui a fait vivre ce projet de vie ?

Notre projet de vie nous appelle à être heureux dans le don de soi. Pour nous, c’est la foi en Dieu qui est à la source de tout don. Chaque engagement permet à chacun de grandir, de s’épanouir personnellement et au sein de notre famille : Paix et Joie sont les 2 mots clés qui sont les fruits de l’engagement. Garder un équilibre entre l’engagement personnel et celui du couple. Quel est le plus important pour nous ? L’engagement personnel ou celui du couple ? Doser et ajuster selon notre âge, notre santé. Dans la liberté d’enfants de Dieu, nous avons toujours le choix de dire oui ou non à un engagement.

TÉMOIGNAGE Alphonse et Thérèse ROCHER

ALPHONSE : Je vous présente Thérèse ; ce qui la caractérise, c’est la joie de vivre, la spontanéité, la détermination, et l’optimisme. Nous sommes mariés depuis cinquante ans.

THÉRÈSE : Je vous présente Alphonse ; ce qui le caractérise, c’est la réserve et le sérieux, l’attention aux autres et la sensibilité.Nous avons trois enfants, six petits-enfants et une arrière-petite-fille.Dans notre projet de vie, les valeurs qui nous réunissaient au départ c’étaient :

La FIDÉLITÉ, mais c’était tellement évident pour nous deux qu’on n’en parlait même pas !

L’UNITÉ DE NOTRE COUPLE : on se dirait tout chaque jour, sans jamais se contredire devant témoins.

AVOIR DES ENFANTS : Et être en accord pour leur éducation. ETRE OUVERTS AUX AUTRES.

Nous étions enthousiastes en parlant de ces valeurs avant notre mariage et pendant les premières années.L’unité de notre couple s’est concrétisée dans la construction de notre famille, ainsi que dans nos activités professionnelles et extérieures. Mais des périodes de non-dits ont souvent creusé un fossé entre nous deux.Nous sommes fiers de ce que sont devenus nos enfants, bien qu’ils n’aient pas évolué comme nous l’avions rêvé, et qu’ils ont été parfois causes de désaccords entre nous deux.

ALPHONSE : Ton optimisme à toute épreuve et ta confiance s’accordaient mal avec ma tendance à l’inquiétude et à vouloir tout maîtriser. En plus, je vivais leur rejet de nos valeurs comme un échec personnel. Nos différences ont souvent été des obstacles à l’unité à laquelle nous aspirions.

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THÉRÈSE : Notre ouverture aux autres nous a beaucoup apporté et a contribué à notre épanouissement de couple ; même si nos engagements ont été parfois source d’éloignement entre nous, quand, par exemple tu acceptais une nouvelle responsabilité sans m’en parler !

ALPHONSE : Voici un aperçu de nos 50 ans de vie de couple :

Nous avions 18 ans quand nous nous sommes rencontrés ; tous les deux engagés dans la J.A.C. (Jeunesse Agricole Chrétienne) Ayant perdu mon père quand j’avais 16 ans et demi, décédé après deux ans de souffrances, je le remplaçais à la ferme.La maladie et la mort de mon père plongèrent ma famille dans une situation de pauvreté que je ressentais comme une tare, pauvreté provoquée par l’absence, à cette époque, d’assurance maladie.Précarité accentuée, après la mort de mon père, par la volonté du propriétaire qui voulait obliger ma mère à quitter la ferme, sans avoir à la mettre à la porte.Trop jeune pour maîtriser la gestion de la ferme, je cachais mes limites en me montrant réservé et réfléchi, ce qui me valut l’estime de ceux que je rencontrais, en particulier les jeunes de la J.A.C. et les aînés du M.F.R., le C.M.R. de l’époque. En me confiant des responsabilités, ils m’ont aidé à sortir du repli sur moi où je m’enfermais.

La première fois que j’ai vue Thérèse, J’ai été frappé par le rayonnement de sa joie de vivre et son dynamisme ; au cours de la soirée où, avec sa sœur et un copain, nous préparions une journée d’adolescents sur le thème de la relation garçons et filles, toi tu t’occupais du repas.Tout en allant de la cuisine à la salle à manger tu glissais des réflexions qui parfois m’amusaient, mais que je trouvais toujours très pertinentes.Le soir en revenant et les jours suivants, j’imaginais tout ce que nous pourrions faire ensemble.Mais la situation de précarité de ma famille m’interdisait de te déclarer mon amour. Je devais attendre d’avoir une situation stable qui me permettrait de faire vivre décemment ma famille.

THÉRÈSE : Moi, je suis d’une famille nombreuse, et c’est tout naturellement que, comme mes frères et sœurs aînés, je me suis engagée dans la J.A.C.J’y trouvais une ouverture au monde extérieur et un lieu pour découvrir et exprimer mes projets d’avenir, face à un monde souvent méprisant pour les paysans ; au sein de ce mouvement, j’ai retrouvé la fierté de faire partie de ce monde agricole. J’y ai aussi rencontré des prêtres ouverts avec qui nous pouvions discuter.Quand j’ai rencontré Alphonse ma première pensée fut : « c’est un gars en qui on peut avoir confiance ». Son sérieux me rassurait et, très vite, j’ai su que c’était avec lui que je voulais former le couple et la famille à laquelle je rêvais.

ALPHONSE : Nos activités nous donnaient l’occasion de nous voir de temps en temps et, plus je te rencontrais, plus j’avais envie de te dire mon rêve de fonder une famille avec toi. Mais je devais d’abord trouver le moyen de faire vivre correctement cette famille dont je rêvais.

THÉRÈSE : Pour moi, mon aspiration, c’était d’être à tes côtés pour t’aider à réaliser tes rêves d’avenir pour un monde plus juste. J’étais prête à vivre avec toi, dans la difficulté comme dans la joie. Implicitement, c’était d’être à tes côtés en toutes circonstances. Je savais que, pour diverses raisons, ce ne serait pas dans l’immédiat. Mais, attendre ne me faisait pas peur, à condition d’être sûre de tes projets. Je percevais que je te plaisais, mais j’attendais que tu m’en parles.

ALPHONSE : Au cours des deux premières années de mon service militaire on s’écrivait régulièrement, mais ce n’est qu’au moment de partir en Algérie que je me suis lancé : à ma question « veux-tu fonder une famille avec moi, sachant que mon avenir professionnel est bouché et qu’il me reste encore presque un an de service militaire à faire », avec ta spontanéité naturelle tu m’as répondu : « avec toi j’irais au bout du

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monde ! et je t’attendrai le temps qu’il faudra ! » je te trouvais un peu inconsciente, mais j’étais enthousiaste.

THÉRÈSE : Oui, quand enfin, tu m’as demandé si j’étais d’accord pour s’attendre l’un l’autre, j’ai dit oui sans hésitation. Mon comportement habituel a toujours été d’être là, sans discours, au bon endroit et au bon moment ; c’est de cette façon que je me suis toujours faite apprécier de ma famille, de papa en particulier. Je crois que ce comportement et ma confiance indéfectibles dans Alphonse nous ont permis de vivre des situations parfois très difficiles et de construire une relation solide malgré les difficultés et des épreuves surmontées ensemble.

ALPHONSE : Pendant mon service militaire, et particulièrement pendant les 9 mois passés en Algérie, j’attendais tes lettres avec impatience. Ce courrier m’a énormément aidé à vivre ma fidélité à mon engagement envers toi, et à résister à pas mal de sollicitations lors de fréquents déplacements à Alger. Nous parlions de l’éducation des enfants, des moyens que nous utiliserions pour réguler les naissances ; nous décrivions comment nous envisagions notre ouverture aux autres. J’aimais te décrire comment je pensais moderniser la ferme que je rêvais d’exploiter.J’aspirais à construire une vie de couple fondée sur une entraide mutuelle, que ce soit sur le plan professionnel, familiale ou des engagements. Nous échangions au sujet des enfants que nous souhaitions et de nos engagements dans le C.N.J.A.Au cours de ces 9 mois passés en Algérie, t’écrire était un vrai bonheur, j’avais tout le temps des choses à te dire.

THÉRÈSE : Durant ton séjour en Algérie, c’est par l’écriture que nous sommes restés en lien ; notre correspondance nous a permis de mieux nous connaître. J’ai mesuré combien, derrière ton sérieux et ton calme, tu étais enthousiaste et passionné, j’ai aussi découvert ta sensibilité, qualité qui me touche toujours énormément encore aujourd’hui.

ALPHONSE : À mon retour d’Algérie, nous avions 23 ans et, ayant obtenu du propriétaire la promesse de travaux pour améliorer l’habitation, nous décidions de nous marier l’année suivante.Le temps passé ensemble était toujours trop court ; nous parlions de notre vie de couple. Pour construire notre autonomie, nous décidions de ne jamais nous contredire devant témoins.Nous souhaitions avoir plusieurs enfants, mais aussi espacer raisonnablement les naissances. À l’époque nous parlions plus de régulation des naissances que de contraception.Tu avais déjà commencé à tenir un cahier où tu traçais les courbes de ta température qui nous aideraient, après notre mariage, à détecter les périodes fécondes de ton cycle. À mon retour d’Algérie, j’ai été impressionné par la simplicité avec laquelle tu m’en a parlé ; j’étais admiratif de la détermination et de la ténacité avec lesquelles tu assurais ce suivi, et en même temps très ému de la simplicité avec laquelle tu m’introduisais dans ce domaine aussi intime de ta vie. J’étais émerveillé de découvrir tes qualités de femme solide, déterminée, ta force de caractère qui se cachaient derrière l’image de la jeune fille enjouée qui m’avait séduit.

THÉRÈSE : Moi j’étais émerveillée de ton ouverture d’esprit sur ces sujets et de constater combien nos aspirations pour notre vie de couple se rejoignaient.Lorsque, quelques mois après notre mariage, les symptômes de grossesses se sont manifestés, avec les conseils d’un jeune médecin et d’un livre, nous avons commencé la préparation à ce que nous appelions « l’accouchement sans douleur ». Tous les soirs tu m’aidais à m’entraîner à la respiration adaptée et à me décontracter.

ALPHONSE : Ce fut une période bénie pour notre couple, en plus cela m’a permis d’être actif auprès de toi lors de tes accouchements.Ce n’est que plus tard que j’ai pris conscience que cet accompagnement a été, pour moi, une formidable expérience qui m’a fait découvrir en moi des capacités de tendresse, de délicatesse et d’une sensibilité que la pudeur m’empêchait d’exprimer dans la vie quotidienne.

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THÉRÈSE : Pour moi, en plus de la préparation proprement dite à mon accouchement, ce fut une expérience de totale confiance et de lâcher prise, et la découverte que la maternité n’était pas mon domaine réservé et que, à ta façon, tu étais autant concerné que moi. Bien sûr nous avons pratiqué cette méthode pour la naissance de nos trois enfants.

ALPHONSE : J’espérais reprendre la succession de ma mère, mais, quatre jours avant notre mariage, le propriétaire m’écrivait qu’il était inutile de rêver aux travaux pour améliorer le logement car il ne me louerait jamais la ferme.Puis il fit en sorte que je ne puisse pas non plus reprendre la ferme des parents de Thérèse, sous prétexte que nous appartenions à des organisations « subversives », la JAC et le CNJA, et à cause d’une réflexion que je lui avais faite, huit ans plus tôt, lors du décès de mon père.Alors qu’un deuxième enfant s’annonçait, il nous fallait chercher ailleurs le moyen de faire vivre notre famille.Je me sentais malheureux comme si j’étais coupable d’avoir entraîné Thérèse dans une galère impossible. Nous étions en plein désarroi, quand un président de coopérative vint nous voir et nous embaucha sur le champ. Comme à ton habitude tu as spontanément dis : « on y va ! »Au fond de moi je vivais la panique d’exercer un métier auquel je ne m’étais pas préparé ; mais tu avais une telle confiance en moi, que je ne pouvais pas reculer. En même temps j’étais intéressé par la coopération, et je restais dans le domaine agricole. Je crois aussi que ton optimisme commençait à me contaminer !Mais j’ai vite déchanté, car dès ma prise de fonction je découvrais que cette petite coopérative cantonale était en état de faillite depuis plusieurs années et, de plus, mes employeurs m’ont chargé de créer une agence de crédit mutuel.Dans la journée, je travaillais au magasin et au bureau ; puis, le soir et le dimanche j’aidais le président à rattraper les retards de comptabilité.Un dimanche matin tu as accueilli le président et, paisiblement tu lui as dit « non, c’est dimanche, il ne va pas aller travailler avec vous, les enfants et moi, nous avons besoin d’Alphonse pour passer la journée en famille » J’étais époustouflé de ton audace et admiratif de ton soutien.

THÉRÈSE : Dans ce changement de lieu et de travail, ce qui comptait pour moi, c’est que nous étions tous les deux ; j’appréciais l’autonomie que nous procurait l’éloignement de nos familles, même si j’ai dû m’habituer à la vie citadine, dans un petit appartement qui privait notre aînée de 3 ans et demi du grand verger où elle aimait tant jouer.Mon soutien inconditionnel et ma confiance indéfectible pour Alphonse m’ont aidée à m’adapter. Je te donnais volontiers un coup de main au secrétariat et à la comptabilité. Mais ce qui me pesait c’était de voir que tu n’étais pas épanoui.

ALPHONSE : Au cours des dix années suivantes les problèmes auxquels j’étais confronté étaient tels que, peu à peu notre belle devise de tout se dire chaque jour, a fait place à des silences pesants et à de la mauvaise humeur : je devenais de plus en plus irritable.Il m’était impossible de décrire à Thérèse les sentiments d’angoisse qui m’empêchaient de dormir. Souvent à ta question : « qu’est-ce qui ne va pas ? » je te répondais : « il n’y a rien, de toute façon tu ne comprendrais pas ». Ce qui n’arrangeait pas notre relation.Je me sentais écrasé par les attentes de mes employeurs ; mais la peur de perdre ta confiance était un obstacle insurmontable pour me montrer vulnérable en te décrivant ce qui me tourmentait.

THÉRÈSE : Je percevais bien ton anxiété sans en connaître les causes. J’étais malheureuse de me sentir impuissante à t’aider à te libérer de ces angoisses qui te rendaient parfois distant et susceptible.

ALPHONSE : Je m’étais fixé comme objectif de te préserver de tous soucis et voilà que mes soucis personnels m’amenaient inconsciemment, à t’enfermer dans une inquiétude quotidienne. Ta joie de vivre faisait place à de la tristesse, j’avais l’impression qu’un fossé se creusait entre nous. Ce n’était vraiment pas ce dont j’avais rêvé.

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THÉRÈSE : Les non-dits, au sujet de tes angoisses, ont eu pour conséquence de perturber l’harmonie de notre couple.Pour sauvegarder la paix à la maison, je m’efforçais de canaliser l’exubérance des enfants sans me rendre compte que, inconsciemment je faisais le paravent entre toi et eux.Tu participais aux conseils de classe et aux réunions de parents d’élèves, mais moi, je me sentais seule pour l’éducation de nos enfants. Je gardais ces sentiments de solitude pour moi, afin de ne pas alourdir tes préoccupations, sans me rendre compte que cette attitude était contraire à nos projets de vie de couple. Je me sentais seule et souvent je me demandais ce que j’avais pu faire pour mériter ta mauvaise humeur.

ALPHONSE : Et pourtant je t’aimais, j’étais malheureux de ne pas te rendre aussi heureuse que je l’aurais voulu ; de temps en temps nous passions de bons moments, mais les problèmes professionnels ressurgissaient. Et pourtant j’aimais ce métier, et je suis fier de ce que, ensemble, nous y avons fait ; je dois dire que malgré les non-dits qui ont perturbé notre relation, sans la confiance de Thérèse et son optimisme à toute épreuve, je n’aurais jamais fait la carrière qui a été la mienne.

THÉRÈSE : Nous avions aussi des activités extérieures qui nous rapprochaient et où nous pouvions nous épanouir.Toi à la maison des jeunes et au comité des fêtes. Moi, sans le vouloir je me suis retrouvée présidente d’un club de gymnastique volontaire.Et puis, un jour, contactés par les jeunes du MRJC, nous avons été avec eux à l’origine du jumelage de notre petite ville avec une ville allemande.Je me suis engagée à fond à tes côtés, et ce travail en commun nous a réunis dans un même enthousiasme. Notre complicité dans ce qui, pour nous, fut une véritable mission, a nourri notre couple. Cela répondait à notre aspiration de mettre les gens de tous milieux en relation. Nous étions heureux de contribuer modestement à construire un monde plus humain et plus fraternel.

ALPHONSE : À la suite d’une première mutation, le rythme de notre vie familiale et professionnelle a changé ; après quelques années plus paisibles, les tensions entre nous sont à nouveau apparues à cause de nos différences de comportement avec nos enfants. Nous avions les mêmes objectifs pour leur éducation, mais nos comportements, très différents, étaient à nouveau source de tensions entre nous; je te reprochais d’être trop indulgente et toi tu me reprochais d’être trop sévère.Après avoir milité dans différents mouvements d’Action catholique, je ne trouvais plus dans l’Église et ses mouvements l’aide dont j’avais besoin ; alors je m’en éloignais. Tout ce que j’entendais dans l’Église à cette époque me paraissait abstrait et complètement désincarné ; je me sentais seul comme abandonné par ceux dont j’attendais de l’aide.Jusqu’au jour où un technicien parisien, venu travailler avec moi une journée, nous a parlé d’une session de communication pour couple, organisée par VIVRE & AIMER, qu’il avait vécue avec sa femme.Son enthousiasme était tel, que le soir même tu envoyais notre inscription pour un week-end au Mans. Nous avions déjà 20 ans de mariage.À cette époque, notre fille aînée avait 19 ans, ma relation avec elle était très difficile.Je m’affrontais souvent à elle et nos disputes se terminaient souvent par : « Tu n’es qu’une insolente ! » Bien sûr, toi, tu prenais sa défense et moi je me sentais seul, malheureux comme si j’étais exclu du club mère-fille.Un soir, je vous entends parler toutes les deux d’un séjour en Irlande, à mes questions tu me réponds que, en effet, Blandine avait décidé de partir un an en Irlande. Ayant des amis à Dublin je n’avais rien contre ce séjour mais, quand je lui demandais ce qu’elle ferait, où elle logerait, de quoi elle vivrait, j’avais toujours la même réponse : « Je me débrouillerai ! » Je vivais une angoisse folle et je te reprochais ton inconscience. En revenant de ce fameux week-end, je décidais de mettre en pratique la méthode de communication que nous y avions découvert. Le lendemain tous les deux nous lui écrivions, car, pour nous, c’était plus facile que les paroles. Contrairement à mon habitude de la coincer avec mes questions, je lui décrivais toutes les peurs que je ressentais pour elle : peur que sa vulnérabilité en fasse une proie pour les trafiquants de

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toutes sortes, honte qu’elle se trouve un jour à la charge de nos amis de Dublin. En terminant ma lettre je me suis surpris à lui écrire combien j’avais peur qu’elle n’ait plus besoin de moi.

THÉRÈSE : Le lendemain nous avions sa réponse, elle nous écrivait : « Je me sens bonne à rien, j’ai besoin de mesurer ce que je peux faire, ça n’a pas d’importance si j’ai faim ou froid, mais j’ai besoin que vous m’aimiez telle que je suis, avec mes limites ! »

ALPHONSE : Ce jour-là, j’ai compris, que si mon rêve de changer le monde était un échec, c’est parce que je cherchais à changer les autres, à commencer par ma femme et mes enfants ! Alors que le changement a vraiment commencé le jour où, moi, j’ai changé, en me montrant vulnérable.

THÉRÈSE : Le lendemain, une grande joie m’a envahie ; quand j’ai entendu Blandine te demander conseil pour le courrier qu’elle préparait pour l’ambassade d’Irlande, et à un journal de Dublin.Vous voir assis côte à côte, complices pour rédiger ce courrier, me comblait de bonheur. À partir de ce week-end VIVRE & AIMER, nous avons retrouvé comment réaliser concrètement notre rêve de tout se dire. Et ça dure depuis 30 ans ! Ce qui également a changé notre relation, c’est que pendant 20 ans nous ne savions pas nous demander pardon, et, depuis, chaque fois que nous nous blessons, nous mesurons les bienfaits de cette démarche de pardon, non pas à cause de nos torts, mais parce que nous avons blessé.

ALPHONSE : À ce week-end VIVRE & AIMER, nous avons trouvé tous les deux un moyen supplémentaire de se donner l’un à l’autre, en se confiant des sentiments parfois difficiles à vivre, comme la colère, la honte, le désespoir ou tout simplement en laissant s’exprimer une sensibilité qui parfois me paraissait puérile.Nous avons aussi découvert, grâce à un dialogue plus vrai, les bienfaits de l’autonomie. Ce dialogue nous a aidé à prendre conscience que vouloir tout faire ensemble nous conduisait à une relation fusionnelle qui ne nous satisfaisait ni l’un, ni l’autre.

THÉRÈSE : Par exemple, en vacances, moi j’aime lire et passe volontiers une partie de la nuit avec un bon livre, toi tu aimes te lever tôt et marcher dans la nature qui s’éveille ; le soir quand tu me demandais si le lendemain, je voulais bien venir avec toi, spontanément, pour te faire plaisir, je répondais oui ! Mais, au petit matin, après une nuit de lecture, je n’arrivais pas à me lever et tu étais de mauvaise humeur.Jusqu’au jour où, enfin, nous avons échangé et osé dire chacun nos attentes et ce que nous vivions dans cette situation. Nous avons alors expérimenté les bienfaits de l’autonomie en se donnant la liberté de faire chacun de notre côté ce qui nous rendait heureux.

ALPHONSE : Au début de notre mariage nous rêvions d’être des parents ouverts et attentifs pour nos enfants, mais le changement de profession, les difficultés pour redresser l’entreprise et les impératifs pour développer le crédit mutuel absorbaient toute mon énergie. Sans m’en rendre compte, je devenais intolérant et exigeant pour mes enfants, au point que les petits copains de Vincent ne voulaient pas venir jouer avec lui à la maison parce qu’ils me trouvaient trop sévère.

THÉRÈSE : Moi, comme j’ai toujours eu horreur des disputes je veillais à ce que les enfants soient silencieux et à l’heure ; inconsciemment, je faisais le paravent entre leur père et eux comme s’ils avaient besoin d’en être protégés. C’était loin de ce que nous avions rêvé.À la suite du week-end Vivre et Aimer, ce qui a changé, c’est qu’ils se sentent écoutés ; nous ne sommes plus chacun de notre côté vis-à-vis d’eux, mais ensemble. Cela nous a permis de surmonter des épreuves très difficiles à vivre.

ALPHONSE : Ce week-end VIVRE & AIMER a vraiment bouleversé notre vie de couple et de parents. En plus il m’a permis de me réconcilier avec l’Église.J’ai découvert que Dieu n’était pas seulement le partenaire de notre couple comme on nous l’avait enseigné, mais le lien qui nous unit. J’ai peu à peu pris conscience que

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l’Amour de Dieu s’incarne dans l’Amour de Thérèse pour moi et réciproquement dans mon Amour pour elle. C’est particulièrement évident quand Thérèse me manifeste sa tendresse lorsque je suis de mauvaise humeur et désagréable envers elle.Aujourd’hui, ma foi en un Dieu qui est tout Amour me fait dire que nous sommes unis en un couple, qui est une personne vivante, par ce Dieu Amour qui en est le Cœur vivant. Notre responsabilité à chacun est de nourrir et entretenir cet Amour.

THÉRÈSE : Pouvoir se décrire l’un à l’autre avec confiance ce que nous ressentons a effacé notre malaise au sujet des non-dits. Avant, quand je te voyais soucieux, je me disais : « qu’est-ce que j’ai encore fait ? » ou bien « qu’est-ce qu’il a contre moi ? » Grâce à cette expérience de dialogue, aujourd’hui, dans les mêmes circonstances, je me dis : « qu’est-ce qui le préoccupe ? » et je choisis un moment ou nous sommes disponibles pour lui poser la question : « qu’est-ce qui te préoccupe ? » ou « en quoi je peux t’aider ? » notre relation devient alors claire et sereine.

ALPHONSE : Pour exercer mon métier, j’ai pris l’habitude d’écouter, sans rien dire, en réfléchissant aux réponses à donner ou aux arguments à développer, et inconsciemment j’appliquais ce mode d’écoute avec Thérèse et nos enfants. La pratique du dialogue proposé par Vivre & Aimer m’a permis de développer une autre manière d’écouter qui consiste à essayer de comprendre ce que les mots sont parfois impuissants à faire comprendre, et ça a complètement changé ma manière d’écouter ma femme, mes enfants, petits-enfants, et les autres personnes avec qui je suis en relation. Et ça a changé mes relations avec chacun.

THÉRÈSE : Le 19 juillet dernier, nous avons fêté nos cinquante ans de mariage. Nous considérons que cette session de communication pour couple vécue à 20 ans de mariage est une charnière dans notre vie de couple.Cette expérience, qui nous aide à établir un dialogue confiant et vrai entre nous, nous a permis de vivre autrement ces 30 dernières années, à surmonter d’autres mutations professionnelles difficiles, et de supporter des épreuves très douloureuses, sans que cela nous sépare.

ALPHONSE : Cette session VIVRE & AIMER nous a fourni un outil irremplaçable pour réaliser le projet de vie de couple et de famille que nous faisions en nous mariant ; et ce n’est pas fini. Nous avons acquis la conviction que nous avons tous besoin les uns des autres pour réaliser nos projets de vie, car, si notre amour de couple est intime, il n’est pas privé. La manière dont nous écoutons, la manière dont nous dépassons nos contrariétés et nos déceptions, ont une influence sur ceux qui en sont témoins.Récemment, je me trouvais chez notre fille, veuve depuis 11 ans quand notre petite-fille de 14 ans est rentrée du collège, en percevant de la tristesse dans son regard, je lui ai demandé comment elle avait vécu sa journée ; en pleurant elle me raconte qu’elle avait été malmenée par des élèves ; impuissant à la consoler, tout en l’écoutant, je lui ai ouvert mes bras en lui disant combien j’étais malheureux de ne pas savoir quoi faire pour l’aider. elle m’a simplement répondu : « Mais Papy, tu m’as écouté, c’est tout ce dont j’avais besoin ! ». Elle me confirmait ainsi que ce n’est pas ce que je fais pour pallier à l’absence de son papa qui est le plus important, mais la façon dont je l’écoute.

THÉRÈSE : Et c’est également vrai entre nous deux et vis-à-vis des autres.Merci de votre patience et de votre écoute.

VIVRE & AIMER est une association dont l’objectif est de donner à tous les hommes et toutes les femmes un moyen de mieux communiquer avec leur conjoint, au cours d’une session qui se déroule du vendredi soir, 20h30, au dimanche soir, 17 h. Plus de détails sur le site : www.vivre-et-aimer.org

LES ECHANGES EN CARREFOURS

Questions pour les carrefours

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• Au moment de notre engagement, de notre choix d’une vie commune, quel était notre projet de couple ? Qu’est-ce qui l’a fait vivre et le fait vivre encore aujourd’hui ?

• En quoi les témoignages entendus font-ils écho à ce que nous vivons / ce que nous avons vécu dans notre couple ?

• Chaque groupe fait remonter une CONVICTION et une QUESTION pour alimenter le débat.

Carrefour 1

• Questionnement géographique : où vivre lorsqu’on n’est pas originaire du même endroit ? Créer quelque chose loin de la famille, en terrain neutre. Tout créer à partir de rien, aller vers les autres, créer des amitiés. Néanmoins, l’éloignement des parents est douloureux maintenant que les enfants sont nés. Nous ne sommes pas encore mariés car en recherche d’une Église ouverte, nous nous sentons bien aujourd’hui dans l’Action catholique. On ne voit pas notre vie de couple avec un Dieu, mais avec une certaine spiritualité.Notre projet de couple, c’est un vécu : on est dans l’expérimentation. On est dans le choc des cultures sur l’éducation et la vie de famille. On a fait le choix d’inventer autre chose. On se sent vraiment libres. On ne se sent pas obligés de rentrer dans un cadre. On se découvre, pas à pas.« Tu quitteras ton père et ta mère » : cela rejoint l’Évangile.Chaque couple est une histoire nouvelle.L’avenir ne dépend plus que de soi, on est responsable de ses enfants.Pardonner, donner la parole, faire le point : c’est une démarche quotidienne. La parole devient riche. C’est important de régler soi-même ses propres problèmes.La famille et les liens que nous créons doivent profiter à d’autres.

• Nous sommes un couple plus traditionnel, issu de l’Action Catholique. Nous avons commencé notre vie de couple par le mariage, avec l’idée de bâtir un monde meilleur. Nous avons vécu le CPM avec les Jésuites et nous en avons gardé des choses très fortes.J’ai beaucoup d’engagements, je suis quelqu’un d’assez autoritaire, imbu de moi-même. Ma femme a beaucoup souffert de ne jamais vraiment trouver sa place. Elle a laissé petit à petit ses engagements pour les enfants et la création artistique.Nous sommes déçus par la vie de la paroisse, l’Église ne va pas assez vite. L’équipe fédérale du CMR n’existe plus. Nous avons l’impression d’être en échec dans tous nos engagements, même si nous avons toujours une équipe CMR. Notre foi bat la breloque. Je suis d’origine paysanne où Dieu a mis longtemps à être miséricordieux. L’exploitation a toujours été prioritaire pour moi, cela a été difficile pour moi que ma femme poursuive son métier à l’extérieur, même si on avait besoin de son salaire ! Mes enfants se posent aujourd’hui comme mes ennemis, j’ai été sensible sur ce thème au témoignage d’Alphonse Rocher. Ce qui est positif, c’est que nos valeurs sont passées : nos enfants choisissent leur vie plutôt que de la subir. Alphonse a dit « Avant, je voulais changer les autres ». Je suis dans la tradition paysanne, l’efficacité, où on ne doit pas perdre de temps ni s’amuser. Se poser pour faire le point, c’est perdre du temps.Arriver à quitter le « tu » pour dire « je me sens désespéré ». Le soutien n’a fonctionné que dans un sens, ma femme est la pièce maîtresse, elle n’a pas le droit de flancher. Les moments de tendresse sont toujours très importants, essentiels. Nos enfants, nos engagements, tout cela a porté ses fruits. La vie ne se passe pas forcément comme on aurait voulu, on n’est pas patient, mais il faut savoir calmer le jeu. C’était le moment de s’arrêter. L’écrit permet le partage quand les mots ne viennent plus, l’autre ne peut plus arrêter les mots. Les larmes sont des perles.

• Nous voulions construire un monde meilleur. Pour notre mariage, nous avons choisi les textes « Bâtir sur le roc » et « L’amour est à faire ». Nous avons rencontré un prêtre, puis un autre couple, afin de préparer l’annonce aux parents. Notre projet de couple : « Inscrire nos choix dans l’enseignement de Jésus, Liberté d’expression et de pensée,

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S’épanouir à l’extérieur, Etre fidèle à notre amour, construire un monde de justice et de paix. »Aujourd’hui nous accompagnons des couples en CPM. L’amour se multiplie avec les enfants. On reçoit beaucoup.Notre amour est intime, mais il n’est pas privé. Il se voit ou il ne se voit pas.

Carrefour 2

• Je me suis senti très proche du deuxième témoignage (Alphonse et Thérèse Rocher). Dans le premier témoignage, je ne suis pas d’accord avec l’idée du triangle : toi – moi – Dieu. Ce n’est pas notre histoire, même si Dieu est présent.• Pour moi, Dieu n’est pas entre eux mais à côté.• Leur dialogue permet de déculpabiliser. Ce n’est pas facile.• Parfois, on ne se rend pas compte du malaise de l’autre. J’ai retenu le mot écouter. Se sentir écouté est déjà un soulagement.• Pas facile de dialoguer à deux, une fois les enfants partis, on ne sait plus le faire.• Dans notre projet de vie, on avait dit qu’on se retrouve régulièrement tous les deux, au moins une fois tous les trimestres, une soirée ou un week-end.Le témoignage m’incite à être vigilante. On est à la pêche aux bonnes idées. On a la chance de vivre cette session maintenant.Je me retrouve dans les divergences qu’ils ont pu avoir dans l’éducation de leurs enfants.• Je me retrouve dans l’inquiétude qu’on peut avoir vis à vis de ses enfants.• On est parents toute notre vie.• …c’est un engagement permanent !• Je me sens en décalage avec notre environnement, dans notre manière de vivre : en particulier la foi, mais aussi la télé… On a envie de tenir un cap qui est plutôt à contre-courant.• Quand on se marie, on a un projet extraordinaire, mais avec les années, il bouge. Il est dans la même lignée, mais des choses évoluent, les enfants participent à le faire évoluer.Notre projet était d’avoir une grande famille, d’être ouverts, à l’écoute, de grandir dans la foi.Récemment, on a fait le point, car on a eu un moment d’épreuve. Il y a des moments où on n’est pas loin du précipice et il faut reculer avant de tomber.Avec mon mari, on a toujours pris du temps pour nous. Quand on ne le fait pas, c’est que quelque chose ne va pas.Il faut être d’autant plus vigilant que les enfants ressentent tout.• On s’est retrouvé, on s’est écouté avant de dialoguer. Il y a des choses qu’on ne s’était pas dites.Dans notre histoire, il y a eu des événements qui n’étaient pas prévus du tout. Cela a crée des difficultés, des épreuves, mais aussi une grande richesse.Il ne faut pas s’enfermer dans ses difficultés. Le bien-être peut revenir aussi vite qu’il est parti. On est aussi près du précipice que de la montagne.• Avec le départ des enfants, on est trop ensemble !• On vieillit, nos corps changent. Ce n’est pas facile à vivre.• C’est l’amour le plus important. Parfois, mon mari m’exaspère au plus haut point, mais l’amour est toujours là. Il faut se le dire qu’on s’aime, c’est très important.• Parfois, l’amour ne suffit pas. Des obstacles peuvent nous séparer même si on s’aime…

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• Je ne pourrais pas vivre avec quelqu’un qui ne m’aime pas. J’ai besoin de gestes. La séduction, c’est tous les jours. Rien n’est acquis. C’est très important de se redire par des gestes qu’on s’aime et qu’on tient l’un à l’autre.• Une phrase d’un prêtre lors d’un mariage nous a frappés : « il faut un mariage réaliste, un mariage fantaisie, un mariage sous haute surveillance ».• L’amour fusionnel est excitant au début. On a tendance à idéaliser le côté sentimental de l’amour. Mais qu’est-ce qu’on met derrière ce mot ? L’amour que nous vivons aujourd’hui est plus fort, même s’il est moins visible. Il y a une joie intérieure à se retrouver ensemble, à être côte à côte.• Même une fois séparés, l’amour est toujours là, il est d’une autre nature, différent, mais encore présent.

Carrefour 3

Après avoir entendu ces deux témoignages, nous sommes très touchés. Nous les avons bien vécus parce qu’ils ont exprimé leur sentiments et on se sent forcement concerné à un moment ou un autre de leur parcours qui peut ressembler au nôtre.Les non-dits font que l’on interprète mal ce que l’autre pense surtout quand on ne va pas bien. Il faut réussir à communiquer mais dans le quotidien, ce n’est pas si facile à mettre en place si ce n’est par l’habitude depuis le départ dans le couple.

C’était une vraie relecture de leur parcours, c’est pour ça que l’on s’est senti touché. Je suis marqué par le fait qu’après 20 ans, tout n’est pas fait et pour cause, ils ont vécu les 30 autres années encore mieux.Si on se fait du mal et qu’on ne peut pas l’expliquer sur le moment, ne pas oublier surtout d’en reparler plus tard. Trouver une échéance pour y revenir sans que l’on ressasse le fait.

Comment vivre avec quelqu’un qui se sent en échec partout ? Comment les couples vivent-ils ces moments ? Comment supporter tout cela pour soi, pour l’autre et pour le couple ?

Nous, nous n’avions pas fait de projet au départ. Peut-être que l’on en parle plus maintenant qu’à notre époque ?Je suis ému par ce témoignage, ému lorsque Alphonse a fait allusion à sa fille parce que cela a résonné en moi : j’ai vu ma propre relation à ma fille.Nos enfants ont leur propre cheminement.Quand on dit rien, c’est parfois qu’on ne se sent pas à la hauteur et pas que l’on ne veut pas partager. C’est un cercle vicieux dans notre entente.Pourquoi on ne parle pas de retrouvailles physiques, de la patience, du respect de l’autre ? Bien comprendre l’autre.Communiquer, ce n’est pas que parler, il y a aussi la tendresse.

Qu’est-ce qui nous fait encore vivre aujourd’hui   ? La confiance que l’on a l’un en l’autre. Mais les non-dits creusent le fossé. Il faut utiliser nos différences. Respecter l’expression de son sentiment.

Carrefour 5

Quel était notre projet de couple   ? - nous n’arrivions pas à avoir d’enfants et, « coup de massue » : 2 jumeaux

arrivent !- les enfants nous ont rapprochés- se laisser des phases de « respiration »- trouver un équilibre entre vie de couple/ vie de famille/ vie professionnelle/

activités militantes

Carrefour 6

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Tout le monde se retrouve encore un peu ému par le témoignage d’Alphonse et Thérèse. Les yeux sont rouges et humides.Les projets de couple n’ont pas tous été écrits. Dans un cas, il n’y avait pas vraiment de projet, un peu comme dans la chanson de Moustaki Le temps de vivre, vivre sans projet et sans habitude, ouvert à la vie. Certains ont profité des VF pour reprendre le texte initial. La bonne surprise était de voir que « ce projet tient bon dans le temps malgré les difficultés ». Certains projets rejoignent le premier témoignage : « toi et moi, nous et les autres, nous et le Christ ». C’est aussi parfois loin de ce qu’on avait rêvé : « J’espérais mieux il y a 20 ans ».Pour d’autres, l’exercice demandé est l’occasion de se rendre compte que le projet n’a peut-être pas été assez formalisé. En fait, les choses étaient claires sur ce « qu’on ne voulait pas », moins sur « ce qu’on voulait ».Au fil de la discussion, chacun prend conscience à quel point ce projet initial est l’héritage de sa propre histoire, personnelle, familiale et que si aujourd’hui, le couple semble s’être écarté du projet initial, c’est du fait de non-dits. L’essentiel serait dans la communication alors, mais comment faire pour parler au plus fort de la crise, quand on a les poumons pleins d’eau ? On ne peut pas parler. On peut écrire peut-être ou communiquer autrement : par une présence, par des gestes, par des silences. Il semble que ce carrefour, cette semaine, agissent comme un catalyseur : d’un seul coup, la parole se libère, au risque de provoquer la surprise : « tu ne me l’avais jamais dit », voire d’être violente : « ah bon ? C’est ça ce que tu pensais ? Je m’en prends plein la gueule… »Une question délicate est celle d’arriver à ce que chaque membre du couple existe en tant que tel sans que le couple en pâtisse et réciproquement. Cela tient beaucoup à l’autonomie accordée à chacun, étant entendu qu’il ne faut pas confondre autonomie et indépendance. Si je suis indépendant, je décide seul d’aller à la pêche sans rien dire à mon conjoint, ni avant ni après. Si je suis autonome, je parle avec mon conjoint du désir d’aller à la pêche, il m’autorise à y aller seul s’il ne veut pas m’y accompagner et en rentrant, je partage avec lui ce que j’ai vécu. L’autonomie est indispensable ; si un membre du couple se sent dépendant de l’autre, le couple est en danger.Ce qui rend le couple vivant encore aujourd’hui   :

« c’est être présent à Vendôme » « avoir la volonté commune que ça aille mieux » ou enfin « partager encore les mêmes convictions ».

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Par leur effet miroir, les témoignages des deux couples entendus le matin enrichissent notre discussion et réflexion. Nous échangeons sur nos modes de communication, sur les méthodes que nous avons mis en place pour comprendre l'autre et sur les difficultés que nous rencontrons.

Carrefour 8

Chacun se souvient de son projet de couple et réagit à sa relecture   : « Nous relisons notre projet de couple régulièrement car nous accompagnons des

couples pour le mariage. « Notre projet de vie a peu évolué, on referait le même aujourd’hui. » « Chacun a fait son projet de vie. Chacun a écrit son texte d’engagement. Chaque

année, le jour de l’anniversaire de mariage, on fait une relecture. » « L’engagement de ma femme, je le vis comme un empiétement sur ma liberté

personnelle ».

Qu’est ce qui l’alimente   ? Education : Permettre à l’enfant de découvrir sa voie. On montre un chemin. Respect de ce que chacun est : même s’il y a la peur de blesser l’autre. Parfois, il

faudrait plus de communication. Richesses des différences.

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Vivre des lieux de parole ensemble pour reprendre ce qu’on a vécu. Les lieux de paroles sont importants.

Faire quelque chose pour mieux communiquer. S’écrire quand on ne peut plus se parler. Ce qui fait le plus de mal : Les non-dits. Les enfants (adolescence) souffrent de la

non communication dans le couple. L’autre n’intervient pas tout de suite quand il n’est pas d’accord. Besoin de grandes étapes de remise en question, de réajustements. Les imprévus sont des dangers.

- Essayer de durer, de construire quelque chose. Le projet de couple est un devenir, une remise en cause quotidienne.

- Faire confiance au temps.- Vision d’aimer l’autre comme lui-même et s’épanouir.- Différence entre durable et artificiel.

REMONTÉE DES CARREFOURS

Convictions L’amour est à faire, trouvons les moyens Pour un homme libre, tout est possible ! Le projet de vie est en devenir, se construit chaque jour. Il a besoin d’efforts, de

compromis, de dialogue. La persévérance contribue à le réaliser. Un mariage réaliste, un mariage fantaisie, un mariage sous haute surveillance. Pardonner, c’est donner par-dessus tout. Accepter l’autre tel qu’il est. Prendre le

temps de l’écouter dans ce qu’il a à dire ! Change-toi, les autres changeront ! Travaillons la patience, l’accompagnement, le respect de l’autre. Avons-nous bien

compris ce que l’autre ressent ? Communiquer, ce n’est pas que parler. Savoir être là sans rien dire, juste par la présence physique.

Nous sommes convaincus qu’il faut s’efforcer de comprendre l’autre, même quand les mots sont impuissants à exprimer les sentiments. Importance du silence, des gestes, de la présence.

Ecouter en cherchant à comprendre ce que les mots sont impuissants à dire. Au-delà des mots : attitudes, gestes, silences. Donner de la place au pardon, reconnaître que j’ai blessé.

Questions Comment exprimer et faire vivre son amour à travers les différentes étapes de la

vie conjugale ? Est-ce que la qualité de la relation dans notre couple a une influence sur nos

activités, notre projet, nos engagements ou notre regard sur le monde ? Qu’est-ce qui nous fait courir, qu’est-ce que je veux prouver ? Pourquoi faut-il durer dans le couple ? (question posée par les jeunes) ? Est-on à

contre-courant de la société actuelle qui ne pousse pas dans ce sens-là ? Comment la différence peut-elle être une richesse et parfois une souffrance ?

Quand la différence peut-elle être une richesse et une souffrance ? Est-ce que communiquer suffit pour aimer l’autre dans la durée ? Comment passer les moments de grosses tensions, les épreuves ? Est-ce qu’en couple, on doit tout se dire ? Faut-il formaliser un projet de couple ?

INTERVENTION d’Abel BOUSSEAU : QUELS SONT LES FONDAMENTAUX POUR QUE LE COUPLE SOIT « VIVANT » ?

Ancien prêtre-ouvrier en agriculture, a accompagné les mouvements ruraux des 3 âges, a milité à la CFDT, il a un parcours en psychanalyse qui participe à sa qualité d’écoute, et une expérience des équipes de préparation au mariage (CPM).

1. Avant le mariage : le Projet de vie

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Lorsque j’accueille, pour une première rencontre, un couple qui me demande de les accompagner dans la préparation de leur mariage, je prends d’abord le temps de faire connaissance, afin de nous apprivoiser mutuellement. Je célèbre peu de mariages, mais j’ai la chance d’avoir été sollicité un certain nombre de fois, au cours de ces dernières années, par des jeunes dont j’ai connu les parents en CMR, ou bien je les ai connus eux-mêmes au MRJC ou à l’ACE. Lorsque c’est le cas, la porte d’entrée s’ouvre toujours plus facilement, car on commence par évoquer les souvenirs communs. Pendant ce temps-là, l’autre conjoint écoute, découvre les liens qui ont fait souhaiter à l’autre de s’adresser à moi pour les accompagner. Ce sera plus facile ensuite, pour lui, de dire quel est son propre itinéraire.

Dans un deuxième temps, je les invite à me dire comment ils se sont connus et comment est apparue leur décision de constituer un couple. La plupart du temps, aujourd’hui, ils vivent déjà en couple depuis plusieurs années. Le récit de leur première rencontre se prolonge donc naturellement par le récit de leur première expérience de vie ensemble : découverte du bonheur de vivre tous les deux, mais aussi découverte progressive de la différence. L’autre n’est jamais complètement ce que nous avions imaginé avant de vivre avec lui.

Nous remplissons ensuite le formulaire administratif qui contient les différents éléments identitaires. C’est le moment de faire un peu connaissance avec les deux familles. A la fin de cette première rencontre, je leur explique que pour le dossier de leur mariage, ils auront à rédiger un « Projet de vie ». Je les invite donc à prendre le temps d’y réfléchir, chacun de son côté dans un premier temps, puis à tous les deux. Je leur indique alors les différents points que je souhaite aborder avec eux à propos de ce Projet de vie :

L’histoire de leur rencontre et ce qui, chez l’autre, les a attirés à engager sa vie avec lui

Comment ils conçoivent cette vie ensemble dans la durée Quel est leur projet concernant les enfants à mettre au monde ? Comment ils

désirent les élever. Pourquoi demandent-ils à l’Église un sacrement ? Un sacrement, c’est quoi

pour eux ? (C’est toujours le moment où nous abordons la question de la foi ou de la non-foi).

En fonction de ce que je ressens de leur ouverture à la question, nous parlons de leur place dans la société : quel monde veulent-ils pour leurs enfants et quelle place sont-ils prêts à prendre pour que les choses évoluent ?

Comment envisagent-ils la fidélité l’un à l’autre et la solution aux conflits qui ne manqueront pas d’apparaître à un moment ou l’autre ? J’essaie, alors, de parler avec eux du dialogue nécessaire entre eux, de la communication au jour le jour, de la possibilité, aux moments difficiles, de se faire accompagner (par exemple par ceux qu’ils ont choisi comme témoins ou par le prêtre avec qui ils ont préparé leur mariage, etc.).

Beaucoup de couples disent avoir apprécié de passer du temps pour écrire leur projet de vie. C’est une occasion unique, pour eux, d’aborder entre eux des sujets qu’ils n’abordaient jamais jusque-là. La richesse que produit pour le couple ce temps de réflexion personnelle, puis en couple, dépasse largement le cercle des couples qui ont un lien direct avec la foi chrétienne. Je vous en donne une illustration récente pour moi : entre 1990 et 1995, j’ai participé au Conseil d’Administration d’un lieu de vie (un couple qui accueille des enfants qui leur sont confiés par les services sociaux pour un temps). Le couple qui gère ce lieu a ses propres enfants, dont aucun n’est baptisé. Un jour, le couple décide de demander le baptême républicain pour leurs 3 enfants et je suis sollicité comme parrain de Marion, avec comme marraine une amie, membre elle aussi du C.A. Expérience pas banale pour un prêtre que d’être parrain « républicain ».

Au cours des années qui ont suivi, Marion a souhaité à plusieurs reprises rencontrer son parrain et sa marraine ensemble pour parler de sa vie, de ses projets, de ses amours. Il y a deux ans, Marion travaillant alors en Equateur, rencontre Leandro, qui est chilien. Elle m’envoie un jour un mail pour me dire qu’elle est enceinte de jumelles et qu’elle rentre en France pour l’accouchement. Ses petites sont nées à moins de 7 mois de grossesse et je suis allé plusieurs fois retrouver le couple et les bébés à la maternité du CHU. Or, voilà

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qu’il y a 3 mois, Marion m’envoie un nouveau mail pour m’annoncer que Leandro et elle se mariaient civilement, à la campagne, chez les parents, et qu’elle souhaitait que je prenne la parole au cours de ce mariage civil, ainsi que la marraine. Malheureusement, la date choisie était déjà engagée par ailleurs pour moi.J’ai accepté néanmoins de préparer un message que lirait la marraine, mais pour préparer ce message, j’ai demandé à Marion et Leandro de prendre le temps d’écrire leur projet de vie, exactement comme je le propose aux couples que j’accompagne pour une célébration à l’Église. Ils ont écrit un projet très intéressant ; je les ai rencontrés quelques jours après le mariage, et ils m’ont dit combien ce moment de l’écriture de leur projet avait été important pour eux.

Ce projet, écrit à partir des 4 piliers de la vie de couple (Liberté – Fidélité – Indissolubilité – Fécondité) demeure pour la suite de la vie du couple, une référence à laquelle je les invite à se reporter de temps en temps, notamment dans les moments de crise, éventuellement en le relisant avec ceux et celles qu’ils avaient choisis comme témoins à leur mariage.

2. Le temps de l’adaptation

Denis Sonnet écrit dans son livre « Ce Dieu dont le couple est l’image » : « Dans tout couple, quel qu’il soit, existe une tension constante entre deux grandes aspirations : le désir d’être très unis et le désir de rester soi. Comment concilier l’unité et la liberté ? Certains couples ne font qu’un, mais aux dépens des personnalités… Certains couples font une grande place à la liberté de chacun, mais aux dépens cette fois de l’unité… » (page 23)

L’objectif de cette session est de vous permettre de relire votre vie au regard des cohérences et des tensions entre vos convictions personnelles, les engagements pris l’un envers l’autre et les engagements pris en dehors : activités professionnelles, ecclésiales, militantes. Entre les objectifs que le couple s’est fixé avant le mariage et leurs mises en route au cours des premières années de vie commune, un temps d’adaptation est nécessaire.

Ce temps de l’adaptation, c’est le temps nécessaire pour que le couple trouve son chemin pour vivre à la fois les tensions et les incohérences qui se glissent entre les aspirations communes. Si, pour honorer le désir d’unité, l’un des deux renonce à certaines aspirations qui lui paraissaient fondamentales avant son mariage, il est nécessaire qu’il le fasse en toute responsabilité et en toute conscience, mesurant le mieux possible quels sont les enjeux de ce renoncement pour lui et pour son conjoint. Prenons l’exemple du garçon qui fait du sport : si sa compagne n’aime pas du tout se retrouver tous les dimanches sur les terrains de foot à attendre que son chéri ait fini les 3 mi-temps du match, ce serait bien étonnant que ce soit sans conséquence pour elle et pour le couple. Cà « pètera » un jour ou l’autre : ou bien elle décidera de rester à la maison et de se trouver d’autres loisirs qui lui conviennent davantage, ou bien il faudra la traîner pour qu’elle suive, ce qui ne saurait être sans conséquence pour l’unité du couple. Il faudra donc un temps d’adaptation qui exigera un dialogue sincère et réel de la part des deux conjoints, de façon à ce que la décision qui sera prise ne laisse pas des traces en profondeur qui pourraient un jour ressortir comme une infection mal soignée.

Autre exemple, plus directement peut-être dans la ligne de cette session sur l’engagement et le couple : en m’appuyant sur des situations que j’ai rencontrées, je vous propose l’exemple suivant. Je les appellerai Bernard et Annie. Quand ils se sont rencontrés, Annie était militante à la JOC dans une région de l’ouest de la France. De famille ouvrière en milieu rural, elle avait découvert l’engagement dans son travail et ses relations, grâce à la JOC. Bernard est né dans une famille d’agriculteurs, venue également d’un département de l’ouest, qui avait « émigré » dans le sud Vienne autour des années 1950. Ils se sont installés en GAEC avec leurs parents et un frère. Au cours des années qui ont suivi, leur exploitation s’est développée considérablement, ils font partie de ces agriculteurs qu’on dit « productivistes ».

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Au moment de son mariage, Bernard n’était pas du tout branché sur les Mouvements de jeunes. C’était un garçon plutôt timide et effacé. Au contact d’Annie, Bernard a découvert beaucoup de choses. Peu après leur mariage, ils ont rejoint une équipe de jeunes couples, devenue plus tard une équipe CMR. C’était le temps des luttes importantes entre syndicats agricoles majoritaires et les Paysans Travailleurs. Bernard et Annie ont été contactés par les Paysans Travailleurs ; ils sont devenus très actifs dans ce syndicat contestataire. J’étais très lié à ce couple ; j’allais chez eux très souvent, nous partagions beaucoup.

Au fil des années, progressivement, ils ont changé. Toutes les terres qui se présentaient autour de chez eux, ils les prenaient. Ils se sont lancés dans la culture de maïs irrigué sur de grandes surfaces. Leurs amis de syndicat les ont vu peu à peu s’éloigner et, dans l’équipe CMR, le dialogue est devenu difficile. Ils ont fini par quitter l’équipe.

Qu’est-ce qui a pu influencer Bernard et Annie dans leur évolution ? Je crois qu’ils demeurent, aujourd’hui encore, un couple uni. Malheureusement, mes relations avec eux se sont tellement distendues que je me sens incapable, pour le moment, de reprendre le dialogue et de tenter de relire avec eux leur histoire de couple. Il serait pourtant intéressant de regarder avec eux comment ils ont vécu les cohérences et les incohérences de leur cheminement. Que sont devenues aujourd’hui les convictions qui étaient les leurs au moment de leur mariage ? Comment se fait-il qu’un Mouvement comme le CMR n’a pas réussi à maintenir le dialogue avec eux ?

Dans la citation de Denis Sonnet que je vous ai lue toute à l’heure, il était question du désir d’être unis qui se confronte au désir de rester soi. Certains couples connaissent la déception devant la découverte que l’autre n’est pas ce que je croyais, ou en tout cas, n’est pas que ce que je voyais de lui. Voici quelques phrases extraites du témoignage de Philippe au sujet de son couple (LAC n° 244 page 52-53)« Première alliance, amour enraciné dans ce que je connaissais de toi, dans un projet, une vie commune à bâtir… à notre tour, essayons de faire tourner le monde, un peu mieux, avec un peu plus d’humanité… Je ne renie rien de ces mots. Pas un seul. D’une certaine façon, je les redis tous les jours. Dans le même temps, je reconnais déjà en eux, comme en creux, la marque de fissures. Car voici, mêlées au terreau de la vie, des essences mortelles. En même temps que la vie, nous transmettons la mort… J’ai mis longtemps à reconnaître cette ambivalence radicale au cœur même de ce que nous vivons… Je t’enferme, tu m’enfermes en nos projets. Je veux me posséder et te posséder… Tout cela passe par ces mille petites choses qui agacent, qui rongent, qui usent les pierres d’amour. Jour après jour, tu n’es pas, tu n’es plus, tu ne seras jamais celle dont je rêvais… »

Il arrive forcément un moment, où faire la relecture de notre vie de couple devient une nécessité, comme pour le reste de notre existence, y compris de nos autres engagements. La Démarche de Réflexion Chrétienne (DRC) proposée par le CMR donne un guide pour aider les équipes. Ne pourrait-elle pas également aider notre couple, lorsque le temps des interrogations prend la suite du temps des enthousiasmes ? Le projet de couple écrit au moment du mariage définit l’identité de notre couple, mais ne fige pas cette identité en l’enfermant dans un cadre si rigide qu’il deviendrait une prison dont on aurait envie de s’échapper. Notre identité personnelle évolue au fil des âges et des événements ; l’identité de notre couple évolue également avec l’arrivée des enfants, leur éducation, leur orientation pour les études et l’obtention d’un travail. Puis vient le temps de leur départ de notre domicile pour voler de leurs propres ailes, en élaborant à leur tour leur propre projet de vie, que ce soit en couple ou comme célibataire. Ce projet va obligatoirement les éloigner de nous et nous obliger à entamer une nouvelle étape de notre vie de couple.

Chacun sait, par exemple, la difficulté du passage à la retraite, ce moment où nous retrouvons tous les deux face à face, ou bien dans la solitude à la suite d’une séparation ou d’un décès. Et puis, viennent les problèmes de santé, des appels pour de nouveaux engagements, ou au contraire, nous nous retrouvons privés des nombreux engagements qui, au cours de notre vie professionnelle, pouvaient nous donner à penser que nous étions importants pour les autres. Tout à coup, nous découvrons que ceux avec lesquels

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nous avons milité n’ont plus besoin de nous, qu’ils se débrouillent très bien sans nous, qu’ils prennent des orientations qui ne correspondent plus à ce qu’étaient nos propres convictions. Je pense particulièrement, en ce moment, à tous les gens de ma génération qui se sont engagés syndicalement et politiquement, dans un contexte qui a radicalement changé. Sur quelle nouvelle base allons-nous adapter notre projet de couple initial, pour que soit préservés à la fois notre désir d’être nous-mêmes et de vieillir ensemble ?Cette question nous amène au point suivant :

3. Sur quels fondements construire l’unité dans le respect de chacun ?

a) L’image de la vie trinitaire

Toujours dans le même livre, le P. Denis Sonnet compare la vie de couple à la vie trinitaire, dans la mesure où les relations à l’intérieur du couple sont une image de cette relation vivante que Dieu établit avec l’homme. Pour lui, la 3e personne de cette relation trinitaire, c’est l’amour. Il écrit ceci à la page 27 : « L’amour, ce n’est pas des mots, c’est essentiellement une vie. Une vie amoureuse, une relation chaleureuse permanente qui unit les conjoints… L’amour est une relation privilégiée, unique, où le tout de l’un (son esprit, son cœur, son corps) s’unit au tout de l’autre (à son esprit, à son cœur et à son corps). »

Une des conséquences de ce fondement trinitaire, c’est la nécessaire adaptation de l’homme et de la femme l’un à l’autre, et ensemble à ce 3e qui fait leur unité, et qui s’appelle l’amour. En même temps que la naissance de nos enfants qui sont les fruits de notre amour, l’image de la vie trinitaire peut permettre au couple de vivre les tensions, non comme une frustration, mais comme un enrichissement. Regardons le sens que prend pour nous l’image de l’Incarnation !

b) L’image de l’Incarnation

« Se mettre à la place de l’autre pour le comprendre de l’intérieur, c’est l’exigence de toute bonne relation. L’Incarnation est à ce niveau le modèle de toute relation : Dieu se fait homme, mais reste Dieu. » (Denis Sonnet, page 32)

Le numéro 244 de la revue de la Communauté Mission de France, qui s’appelle « Lettre aux Communautés », est entièrement consacré à la vie de couple : le titre de ce numéro est « Le couple, quelle aventure ? » Il rassemble une série de témoignages de vie que je ne saurais trop vous recommander pour alimenter la réflexion qui sera menée tout au long de cette semaine. Sur le sujet bien particulier de la comparaison entre le couple et l’Incarnation, Pierre Chamard-Bois écrit à la page 29 : « La Bible utilise le lien qui peut unir l’homme et la femme en un couple pour parler de la relation entre Dieu et son peuple, entre le Christ et son Eglise. »

Demain mardi, la réflexion animée par Dominique HIESSE, nous permettra d’aborder la question des engagements du couple. A partir de l’Incarnation de Dieu en l’Homme, nous pourrons nourrir le sens de nos engagements : Dieu s’engage en l’Homme, il s’engage avec l’Homme dans une relation qui respecte l’identité de chacun, dans le même mouvement où l’homme et la femme se donnent l’un à l’autre. Les Pères de l’Eglise, au cours des premiers siècles, ont beaucoup puisé à cette source pour nourrir la foi de leur peuple.

Pierre Chamard-Bois explore, quant à lui, cette comparaison à travers deux livres de la Bible : Osée et la lettre de Paul aux Ephésiens. Arrêtons-nous quelques instants sur ces deux livres de la Bible ; nous aurons l’occasion d’y revenir plus longuement au cours de la journée de vendredi.

c) L’éclairage du Livre d’Osée

Le livre d’Osée est une parabole qui nous parle à la fois des relations entre l’homme et la femme et des relations entre Dieu et son peuple. Or la femme de ce prophète n’arrête

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pas de se prostituer, et le prophète nous donne à voir à travers cette parabole ce qu’il en est des relations entre Dieu et son peuple. Le prophète demeure fidèle à sa femme qui ne l’est pas et les enfants qui naissent sont donc des enfants de prostitution. Dans une telle situation, Dieu ne peut rien faire.

Essayons d’éclairer ce qui se passe dans un couple, à la lumière de ce qui est écrit dans ce livre. Lorsque le couple est en crise, si quelque chose est perverti du côté de l’un des conjoints, l’autre reste impuissant. Mais, contrairement à ce qui se passe dans nos relations avec Dieu, il est bien rare, dans le couple, que les difficultés viennent d’un seul partenaire. Pour avancer, nous pouvons conserver l’image précédente de la vie trinitaire, et souhaiter que le couple invite à sa table le 3e, c’est-à-dire l’amour qui les a mis en route ensemble.

Comment faire ? Le chapitre 2 du livre d’Osée nous réconforte : rien n’est perdu ! Dans un premier temps, le prophète va prendre une décision radicale et douloureuse : il va couper les vivres à la prostituée pour arrêter sa course folle et lui permettre ainsi de redécouvrir ce qui la fait vivre depuis les origines. Il arrive ainsi, dans la vie d’un couple, que la privation et même le manque puissent devenir un chemin de retour aux fondamentaux au lieu d’aboutir à la séparation. Je regrette profondément, à ce sujet, la situation actuelle qui conduit tant de couples à se séparer à la première difficulté importante, pensant qu’elle est insurmontable. Je suis persuadé qu’un nombre important de couples éviterait la rupture s’ils trouvaient sur leur chemin, ou s’ils sollicitaient d’un commun accord, l’écoute d’un conseiller conjugal, d’un thérapeute, ou peut-être plus simplement d’un couple ami, afin de revisiter avec eux les fondamentaux de leur union. Il ne s’agit pas de convaincre l’un des deux qu’il a tort et qu’il doit changer, il s’agit de revenir aux sources, comme nous y invite le prophète.

Ecoutons ce passage du chapitre 2, versets 7-9 : Elle a dit : « j’irai après mes amants, qui me donnent mon pain et mon eau, ma laine et mon lin, mon huile et ma boisson. » C’est pourquoi, voici, je vais fermer son chemin avec des épines et y élever un mur, afin qu’elle ne trouve plus ses sentiers. Elle poursuivra ses amants, et ne les atteindra pas ; elle les cherchera, et ne les trouvera pas. Puis elle dira : « J’irai, et je retournerai vers mon premier mari, car alors, j’étais plus heureuse que maintenant. »

Pas la peine de chercher où Jésus ira, plus tard, puiser l’idée de la parabole du fils prodigue ! Mais comment le conjoint qui se sent abandonné (pas seulement d’ailleurs à cause d’infidélités conjugales, mais pour des tas d’autres motifs) va-t-il donc entrer dans cette logique qui est celle du livre d’Osée ? Dans ce livre, Dieu ne répudie pas son épouse, il ne cherche pas à se venger, il cherche à conduire à nouveau celui qui s’est égaré sur les lieux-sources de leur amour naissant. Revenir aux fondamentaux de la découverte est un choix toujours possible, à condition que le manque de l’autre se fasse à nouveau sentir.

Pierre Chamard-Bois écrit : « L’épreuve de perdre ce qui nous fait courir, ce qui semble avoir le plus de valeur pour nous, est une étape sur le chemin de vérité auquel tout humain est convié. En faisant l’expérience que là où on n’attend plus rien (le désert) peut se découvrir une présence aimante qui révèle la vérité secrète du désir. » (page 31)

Le parcours pédagogique que propose cette session nous invite à réfléchir à la question suivante :  C’est quoi l’engagement ? C’est quoi, s’engager ? Y a-t-il une hiérarchie dans les engagements ? En mettant en acte les convictions qui nous animent, il nous faut concilier la vie familiale avec la vie professionnelle et nos engagements sociaux. A certains moments, nous sommes contraints de jongler avec des exigences inconciliables. Tous les militants ont connu un jour ou l’autre, ce type de situation : il y a des problèmes à la boîte, le syndicat appelle à faire grève. Mais si je fais grève, la paie s’en ressentira à la fin du mois ; mon conjoint n’a peut-être pas la même manière d’envisager les choses que moi : comment en parler ensemble, sans qu’aucun de nous ne renie ses convictions ?

d) Le message de la lettre aux Ephésiens   : mari et femme dans le Corps du Christ

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Regardons maintenant ce qui est dit à ce sujet dans la lettre de Paul qui fait sans doute le plus difficulté pour nos contemporains. Rares sont les couples qui osent, aujourd’hui, choisir ce texte pour leur mariage. En prenant un peu de recul, et à la lumière de ce qui nous rassemble tout au long de cette semaine, tentons l’effort de le découvrir sous un autre angle que celui qui nous rebute habituellement.

Voici d’abord le fameux verset qui nous fait frémir : « Femmes, soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur » (Ep 5,21). Ce verset a souvent, dans le passé, servi à justifier bien des sujétions inacceptables. Paul, en réalité, évoque ici quelque chose de fondamental, non seulement pour notre vie en Eglise, mais également pour notre vie en couple.

Dans les versets qui suivent, nous trouverons peut-être une clef de lecture pour ce qui nous concerne, mais acceptons de les entendre autrement que nous n’avons l’habitude de le faire : « Que les femmes le soient (soumises) à leurs propres maris, comme au Seigneur ; car le mari est la tête de la femme, comme Christ est la tête de l’Eglise, lui, le Sauveur du Corps. Or, de même que l’Eglise est subordonnée au Christ, les femmes aussi doivent l’être aux maris en toutes choses » (Ep 5-22-24).

De quoi s’agit-il ? Paul essaie d’aider les chrétiens auxquels il s’adresse à comprendre le sens des liens qui les unit entre eux en Eglise. L’année St Paul, qui vient de commencer, nous donne l’occasion de lire des articles et des livres qui peuvent nous éclairer. Je lisais récemment dans La Croix un article sur la situation des chrétiens d’Ephèse, hier et aujourd’hui. Cet article m’apprenait qu’à l’époque où la lettre de Paul est écrite, de multiples petites communautés se développaient à Ephèse, et les liens entre ces communautés n’étaient pas évidents. Pour les aider à comprendre ce qui les unit entre eux, Paul prend comme comparaison ce qu’il trouve dans les relations hommes-femmes de la société de son époque. Il ne s’agit donc pas pour nous de traduire mot à mot ce qu’il dit pour l’appliquer à nos relations hommes-femmes aujourd’hui, pas plus qu’à nos relations entre chrétiens. Il ne s’agit pas d’une hiérarchie qui situerait les uns en dépendance des autres. Il s’agit, comme l’écrit l’auteur de cet article « d’être ordonnés les uns aux autres en un principe unifiant nommé ici Christ. »

Nous retrouvons donc les deux dimensions, évoquées plus haut, de la vie trinitaire et de l’Incarnation. Dans cette perspective, le mari est appelé à aimer sa femme, pour reprendre une expression de l’apôtre, « en se livrant pour elle ». De fait, il se livre par amour (et aussi, espérons-le, par passion) à ses activités professionnelles et autres dans la perspective, non seulement de s’épanouir personnellement, mais aussi de permettre à son épouse de trouver, son propre épanouissement. Voir que l’autre est heureux dans ce qu’il fait ne pourrait-il pas, en effet, me permettre d’être moi-même heureux de le voir « heureux » ? « Celui qui aime sa femme s’aime lui-même » écrit d’ailleurs Saint Paul. Nous pouvons retourner le compliment sans risque d’erreur ! La femme est appelée, elle aussi, et heureusement, à trouver son propre bonheur dans le bonheur qu’elle donne à son mari et à ses enfants.

Quand Saint Paul conclue ce passage en écrivant : « ce mystère est grand », il l’est en effet ! Non seulement parce qu’il n’est pas facile à comprendre, mais parce qu’il inscrit nos relations à une profondeur aussi difficile à mesurer qu’à comprendre. Nous pourrions dire, d’ailleurs, que ce mystère est plus large que les seules relations à l’intérieur du couple. Nous pourrions dire que c’est la relation entre le masculin et le féminin qui est en cause, ce qui peut être nourrissant non seulement pour les gens mariés, mais aussi pour les célibataires. Vivre entre humains ce mystère de la relation trinitaire et de l’Incarnation nous permet d’entrer dans la relation même de Dieu, en lui et avec l’humanité.

Il s’agit donc pour nous, en reprenant le parcours pédagogique de cette session, de discerner : l’engagement extérieur est-il, pour moi, pour notre couple, une nourriture ou une fuite ? Est-ce que nous en parlons quelquefois, calmement, en couple ou avec d’autres (amis, parents, frères et sœurs, équipe CMR) ? Comment gérons-nous les tensions, lorsque les engagements de l’un entraînent des conséquences que le conjoint a du mal à porter ? Comme Saint Paul le faisait en interrogeant les chrétiens d’Ephèse, il n’est sans doute pas superflu, à certains moments, de reprendre conscience des liens qui

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nous unissent l’un à l’autre, des engagements que nous avions pris en écrivant notre projet de vie.

4. Le couple porteur de projet à travers ses engagements

A propos de ce que dit Paul dans sa lettre aux Ephésiens, je citais toute à l’heure cette phrase d’un article de La Croix : il s’agit « d’être ordonnés les uns aux autres en un principe unifiant nommé ici Christ ». Pour parler de l’ensemble des couples, qu’ils soient croyants ou non, nous pourrions dire que le principe unifiant qui les ordonne l’un à l’autre est l’amour. Un regard chrétien sur l’engagement sacramentel du mariage nous pousse plus loin dans notre projet. Il ne s’agit plus seulement d’adhérer à un projet de société qui respecte chaque être humain, chaque être vivant de sa conception à sa mort ! Il s’agit de rejoindre le projet de Dieu sur le monde et d’inscrire nos engagements à l’intérieur de ce projet.

L’une des richesses de la vie d’équipe est précisément d’être un lieu qui permette de relire nos engagements dans ce sens, y compris en nous confrontant à la Parole de Dieu. Nous regrettons peut-être que cette partie de nos réunions d’équipe soit balbutiante pour ne pas dire insignifiante. C’est en balbutiant que l’enfant apprend à parler, c’est en se risquant qu’il apprend à marcher ! Aller jusqu’au bout de la Démarche de Ré flexion Chrétienne (DRC) n’est pas une option, c’est une exigence !

Bibliographie :

1 - « Ce Dieu dont le couple est l’image », Denis SONNET, éditions Le Livre ouvert

2 - « Lettre aux Communautés », revue de la Mission de France n° 244

« Nous le constatons autour de nous, la vie de couple n’est pas une traversée tranquille, elle est une aventure, risquée, à la hauteur de l’enthousiasme et de l’espoir que suscite cette vie…la précarité est-elle constitutive de toute relation conjugale comme de toute relation, y compris la relation à Dieu ?… N’est-ce pas une caractéristique contemporaine d’expérimenter que nous sommes nus, fragiles, vulnérables ? »

3 – Revue du CCFD : « Faim et Développement » N°231 mai 2008, dossier : « Le sens de l’engagement », page 14

« Dans un monde en pleine mutation, les modalités de l’engagement évoluent. Le sentiment naturel d’appartenance au groupe social cède la place à la volonté de donner du sens à sa vie. Mais la générosité et la capacité d’indignation face aux injustices restent entières, même si les jeunes se mobilisent plus pour des causes ponctuelles. »1 million d’associations en France pour 10 millions de bénévoles… contraction de l’engagement associatif, tant dans la durée que dans sa nature …primauté de l’individu sur le collectif…pour les responsables d’associations, le sentiment d’être utile et d’agir dans la société arrive désormais à égalité, dans leur motivation, avec la cause soutenue par l’association. L’intensité de l’engagement au profit d’une structure semble ainsi en perte de vitesse par rapport à des envies plus personnelles et plus immédiates.

DEBAT

Le CMR : une chance pour le monde rural, un lieu de dialogue, même quand il y a des difficultés à se parler (entre productivistes et alternatifs, patrons et ouvriers…)

Rôle de l’Eglise : par la préparation au mariage, elle semble être un des seuls lieux de réflexion pour élaborer un projet formalisé.

Cependant elle est peu présente dans l’accompagnement après le mariage et auprès des divorcés.

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Dans nos équipes CMR, le risque est de vivre dans un cocon et de ne pas témoigner de ce que cela nous apporte.

Il n’y a pas que l’Action catholique, il existe aussi des mouvements de pastorale familiale comme VIVRE & AIMER.

Au travers de nos engagements, qu’est-ce qui nous fait courir, que voulons-nous prouver ?

se réaliser personnellement, trouver le bonheur, avoir du pouvoir sur l’autre, avec la multiplicité des engagements, cela peut être une fuite (ne pas regretter ce

que nous avons fait), apporter sa contribution pour que le monde aille mieux, un couple qui donne envie au travers de ses engagements est un signe.

Comment passer les épreuves ? besoin d’un tiers et trouver les moyens et le temps pour dépasser les crises

graves. la qualité de la présence de l’autre dit souvent beaucoup plus que les mots et

respecte la souffrance, geste d’affection, toucher l’autre.

Doit-on tout se dire ? il n’y a pas de recettes un non-dit peut laisser penser à l’autre qu’il y a trahison.

Pourquoi faut-il durer dans le couple ? la prolongation de la vie – une donnée nouvelle – conduit aujourd’hui à un

potentiel de vie commune de 50, 60 ans ou plus, nous vivons dans un monde qui change rapidement et dans tous les domaines, les jeunes générations se posent vraiment cette question et nous la posent.

Mardi 19 août 2008La hiérarchie des engagements

TEMPS SPIRITUEL 

Faire l’amour au fil des jours

FAIRE L’AMOUR !Ça commence le matin par un doux baiser tendre et léger comme une brise bienfaisante un soir d’été. Un souffle de vie qui donne de l’énergie pour la journée.Un baiser qui donne envie de chanter la vie !C’est apporter le café au lit, avec un sourire qui dit toute notre tendresse.

FAIRE L’AMOUR !C’est faire un clin d’œil dans le miroir, par-dessus l’épaule de celui qui fait sa toilette.C’est préparer avec soin le petit-déjeuner.

FAIRE L’AMOUR !C’est accompagner l’autre sur le pas de la porte quand il part au travail, simplement pour lui dire : « je suis avec toi »C’est s’appeler au téléphone, simplement pour se dire : « je pense à toi »

FAIRE L’AMOUR !C’est se faire beau, belle, sans autre raison que la volonté de faire plaisir à l’autre.C’est savourer ensemble une promenade dans la nature ou de lire un bon livre côte à côte, dans le silence habité par la présence de l’autre.

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FAIRE L’AMOUR !C’est écouter l’autre, sans chercher à le convaincre de penser autrement.C’est dire ce que nous pensons, avec délicatesse, sans chercher à dominer ou à culpabiliser l’autre.C’est écouter l’autre pour comprendre ses joies ! mais aussi ses peines ; ses certitudes et ses doutes.C’est l’écouter jusque dans ses silences.C’est l’écouter sans lui couper la parole, sans terminer ses phrases.

FAIRE L’AMOUR ! C’est écouter avec le cœur ce que les mots sont parfois impuissants à exprimer.C’est attendre avec patience, qu’il puisse décrire son désarroi quand, dans son cœur et sa tête il y a tant de pagailles, qu’il ne trouve pas les mots pour les dire.C’est accueillir l’autre avec tendresse quand, le tumulte de sentiments désagréables, la peur, la tristesse, la colère, les doutes, la révolte se bagarrent dans sa tête et son cœur, le rendent lointain, silencieux ou irritable.C’est réanimer en l’autre la certitude d’être aimé tel qu’il est, les jours où il ne croit plus en lui.

FAIRE L’AMOUR !C’est lire dans le regard de l’autre ce qui se passe dans son intérieur.C’est voir dans les perles de rosée qui inondent ses yeux : l’émotion de bonheur intense où la détresse qui le bouleverse.

FAIRE L’AMOUR !C’est réanimer en l’autre la certitude qu’il est aimé tel qu’il est.

FAIRE L’AMOUR !C’est demander pardon quand on a blessé l’autre, sans chercher à définir qui a tort ; on se blesse tellement souvent sans avoir tort.C’est se redire chaque soir notre amour, comme au premier jour.

FAIRE L’AMOUR !C’est ouvrir à l’autre la forteresse qui abrite nos fragilités.C’est donner à l’être aimé accès à nos faiblesses, pour lui permettre de mieux nous aimer.C’est se rappeler que se montrer invulnérable nous rend inaccessible à l’amour de l’autre.

MAIS… FAIRE L’AMOUR C’EST AUSSI FAIRE L’AMOUR !Mais alors là, à la fin d’une journée pleine d’Amour, ça devient une fête ! Comme un savoureux dessert à la fin d’un somptueux repas.

Vous, qui entendez ou lisez ce message, n’allez pas croire que faire l’amour ainsi tout au long du jour, soit réservé à quelques doux rêveurs ! Non, quel que soit votre âge, c’est un art de vivre à votre portée, cela dynamise et change la vie.

ESSAYER CET ART DE VIVRE C’EST L’ADOPTER ! (Ces quelques réflexions m’ont été inspirées par la chanson de : André HARVEY (Faire l’Amour, ça ne se fait pas que le soir) et par VIVRE & AIMER.)

Alphonse avec Thérèse, des rêveurs pratiquants

REPRISE par Albert DONVAL

Dimanche c’était chacun pour soi. Hier, lundi, on retrouvait le couple et on s’interrogeait sur le projet de chaque couple. Pour nous aider, deux couples ont livré leur témoignage, suivi de petits groupes et d’un apport théorique d’Abel. Pour le fil rouge, cela s’est

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résumé en un film, en un panorama, en un trousseau de clés, qu’une mise en scène a brillamment illustré.

Un film au titre aguichant, Une si belle histoire d’amour• Première séquence : une rencontre amoureuse. Une longue, très longue séquence d’amour amoureux. Avec le temps des premiers rendez-vous secrets, le temps des clins d’yeux discrets, des regards furtifs, avec les sous-entendus du genre « je te désire... moi non plus », avec une admiration mutuelle qui crève les yeux des spectateurs et qui les émeut aux larmes. Bref une rencontre amoureuse qui fait pleurer la salle.• Deuxième séquence : autour de la vingtième année de cette si belle histoire d’amour, la crise, imprévue, impensable, impitoyable, une crise bizarre et pourtant assez courante. A vouloir préserver un amour idéal, infaillible, dévoré par la peur de le perdre et de se perdre, cet homme et cette femme se murent momentanément dans le non-dit, dans le mutisme, dans la nuit d’un amour trop amoureux. Chacun perd la parole par excès d’amour. Une crise longtemps silencieuse avant de pouvoir s’avouer, grâce notamment à la participation à une session centrée sur l’écoute en couple.• Troisième séquence : un dénouement heureux qui se voit « gros comme une maison », tant leur témoignage est vivant, touchant, émouvant, tant le cadeau qu’ils nous font de leur récit de vie est un cadeau d’amour intact, passé par la crise et délivré par la parole.

Un panoramaAu tableau, après les petits groupes qui ont fait suite aux deux témoignages, un affichage de projets de couples, en veux-tu, en voilà ! On sent l’effet tonique du film qui stimule, qui libère la parole, qui donne chair aux projets de vie des uns et des autres. Cependant on est au CMR, et au CMR on s’engage et on s’engage en couple. Et quand on ne s’engage pas en couple, l’engagement de l’un retentit sur l’autre et sur le couple. D’où les tensions permanentes entre « sauver le monde » et « être heureux à deux », plus modestement entre s’engager au-dehors et s’impliquer au-dedans.

Un trousseau de clésS’appuyant sur son expérience pastorale et sur de bons auteurs, Abel est là, heureusement, pour ouvrir des pistes et donner des clés pour construire un projet cohérent de vie en couple. L’inspiration est à chercher/trouver dans les textes bibliques, la réalisation est à opérer dans la vie telle qu’elle se donne pour chaque couple. Le fil rouge a cru déceler quelques clés essentielles : l’intimité à préserver, le partage à cultiver, le bon vin des noces à boire, la liberté à se donner mutuellement, et – clé des clés – le sens que chaque couple donne à la vie, à sa vie. 

INTERVENTION de Dominique HIESSE

64 ans, marié, 3 enfants, 5 petits-enfants, lyonnais. Ancien responsable d’une entreprise de sous-traitance mécanique, retraité depuis 2 ans. Membre de Communauté Vie Chrétienne (CVX). Sollicité par CVX pour la conception de modules de formation, aujourd’hui réfléchir ensemble sur la manière de s’engager dans le monde.

A. Eléments de clarification sur nos engagements dans le monde

Après le travail sur nos besoins et convictions personnels lundi, celui sur l’évolution de notre projet de couple mardi, ce matin c’est à un travail de relecture sur notre manière de nous engager dans le monde que je suis chargé de vous introduire. Sous le terme « monde », il faut entendre ce qu’on qualifie de professionnel, syndical, associatif, politique, ecclésial, ce qui vous appelle à voir plus large encore que l’horizon déjà large de votre famille et de vos amis, tous ces lieux où, en tant que membre du CMR, vous êtes largement impliqués.Avant de vous laisser partir en petits groupes, j’ai mission d’attirer votre attention sur quelques points à bien préciser.

1- D’abord, faire la distinction entre engagement et activité

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a. Une activité, c’est le fait d’agir, et si je suis au CMR, en cherchant plutôt à faire du bien, autant que possible.

Pour assurer la subsistance matérielle de ma famille (mon travail), pour animer et partager la vie familiale (couple/famille) pour me distraire (mes loisirs), et permettre soit de m’exprimer

autrement (activités artistiques, sportives, culturelles, de détente), soit de m’échapper de ce qui m’occupe le plus et me soucie,

pour être utile et rendre service aux autres (activités syndicales, politiques, sociales, ecclésiales),

Dans tous les cas, les motivations sont multiples et complexes, allant de la nécessité personnelle d’expression de vitalité, de besoin de reconnaissance jusqu’au souci d’altruisme ou recherche de bonne vie sociale

b. Un engagement, c’est non seulement agir, mais aussi et surtout, être dans ce qu’on fait, c'est-à-dire :

Apporter une présence Entrer en relation de personne à personne, de personne à groupe Partager une vision avec d’autres, Et par suite, construire, grandir, en entrant dans la durée (qui est à

l’opposé du zapping) Enfin m’en remettre à d’autres, à un groupe, à une institution, leur faire

confiance C’est donc bien autre chose.

2- Ensuite, préciser ce qu’est s’engager

a. S’engager, ce n’est pas du ressort de ma seule volonté propre (celle qui agirait à la force du poignet animée principalement par ma réflexion et mon expérience), mais aussi une réponse à un appel, un appel à vivre, un appel à vivre pleinement et librement avec moi-même, avec mon conjoint et ma famille, avec les autres – que je côtoie ou qui sont plus éloignés –, avec Dieu aussi, pour ceux qui peuvent le nommer en regardant la nature qui les entoure et les personnes qu’ils croisent.

b. Pour nous chrétiens, celui qui appelle à vivre, c’est Dieu. C’est lui qui nous appelle à choisir entre la vie et la mort. « Je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie pour que toi et ta postérité viviez, aimant Yahvé ton Dieu, écoutant sa voix, vous attachant à lui ; car là est ta vie, ainsi que la longue durée de ton séjour sur la terre que Yavhé a juré à tes pères de leur donner. » (Dt 30, 19-20). C’est lui encore qui s’engage en nous donnant son Fils qui se lie à nous, à notre humanité, pour nous montrer le vrai chemin de la Vie. Nos engagements, aussi limités ou partiels soient-ils, engagent donc TOUT NOTRE ETRE, ACTION et PRESENCE. C’est plus que des activités

c. Si dans nos engagements, par notre présence et notre activité, nous répondons à des sollicitations extérieures, à des demandes de proches ou de moins proches, de personnes isolées ou de groupes, c’est sans doute que ces demandes, ces appels résonnent avec un appel intérieur bien plus profond, un appel intérieur qui jalonne notre histoire, qui balise notre cheminement et que nous avons à découvrir, à nommer, à laisser épanouir. Pour le meilleur de nous-mêmes et des autres.

3- Enfin, comment s’y retrouver dans tous ces appels, ces sollicitations ? mes réponses sont-elles toujours bien claires, bien ajustées ?

Qu’est-ce que je cherche en y répondant ? Fidélité à ce qu’il y a de bon et vivant en moi ? Retour d’une générosité donnée et reçue de ceux que j’ai rencontrés dans ma vie ? Service des autres et offert aux autres ? M’occuper ?

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Qui je veux servir ? Moi et mon besoin de bouger, d’être actif ? Ou les autres dans leur recherche de convivialité, dans le besoin, la détresse ou plus profondément dans la simple recherche de sens et de présence à donner à leur vie? Ou les deux ?

Avec quelle implication ? Où et jusqu’où ? Comment décider ou renoncer ? Sur quels critères ? Faut-il hiérarchiser mes engagements ? si oui, comment ?

A quelles fins profondes ? Fuite de mon quotidien, d’une relation ou au contraire, désir de s’exprimer ensemble ? Besoin de reconnaissance ou humble présence aux autres dans la fraternité humaine ?

Avec quelles attitudes ? En se focalisant sur le succès à tout prix ou en privilégiant autant les résultats à atteindre que la manière de les atteindre ? En étant vigilant aux liens créés ou en les sous-estimant ?

Autant de questions sur lesquelles vous allez avoir le temps de vous pencher ce matin avant que nous nous retrouvions. Voilà le travail proposé.

Questions

En me remémorant mon histoire familiale, amicale, professionnelle, associative, sociale, ecclésiale, ai-je déjà eu le sentiment de m’engager ? Si oui, choisir un ou deux engagements significatifs, actuels ou passés, et les relire selon les éclairages suivants. On pourra poursuivre ultérieurement cet exercice en examinant ses autres engagements :

1. Origine de l’engagement : à mon initiative personnelle ou sur appel ? si appel, s’agit-il d’un appel intérieur ou d’une personne ou d’une institution ?2. Ma réponse : quels moyens ai-je pris pour discerner ma réponse ? Avec qui ? Seul, en couple, avec un référent ? Sur quels critères ? Ma réponse a-t-elle été structurée, formalisée ? par écrit, oralement ? fixée dans la durée, etc… ?3. Quel lien cet engagement a-t-il avec mon histoire passée ?4. Puis-je repérer un « avant » et un « après » ? Pour moi, pour mon couple, pour les autres ? Si oui, à quel moment ? A quels signes ? Attitudes intérieures, actes posés, paroles prononcées… ?5. Comment ai-je vécu cet engagement ? Quels changements cela a-t-il produit en moi, dans mon couple, chez les autres ? Joie, paix, dynamisme, ennui, incompréhension, souffrances, énervement, accablement ? 6. De quel soutien ai-je bénéficié de la part de mon conjoint et des personnes ou des groupes avec lesquels je me suis lié(e) ou engagé(e) ? Quels retours, quelle réciprocité ?

B. L’engagement, ouverture au monde

1. Tous engagés

Après le temps que vous venez d’avoir, on constate vite que nous sommes tous engagés, et engagés de manières très différentes. Il y a l’engagement implicite qui naît de relations humaines qui se tissent et lient des personnes entre elles, jusqu’aux engagements institutionnels matérialisés par des écrits… ou des promesses qui engagent toute une vie. Nous sommes tous engagés, dans des lieux variés, pour des durées brèves ou longues, seulement le petit doigt ou jusqu’au cou… en prenant plus ou moins de risques, institutionnellement ou de fait. Engagements que nous relions facilement ou non à notre chemin de foi, notre suite du ChristEn contrepoint de ce que vous avez partagé, voici quelques réflexions sur l’engagement. C’est juste pour mettre des mots sur ce que vous avez peut être du mal à exprimer, mais que vous ressentez ou peut être vous ouvrir des pistes ou des chemins que vous n’avez pas encore repérés.

2. S’engager c’est choisir

Prenons une image et considérons la vie de chacun comme un réseau routier sur lequel chacun chemine, avec ses étapes, ses points de ravitaillement, et ses carrefours comme

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autant de moments où des choix ont dû être posés. On peut suivre l’autoroute et le flux sans voir le paysage, mais il arrive toujours un moment où plusieurs voies s’offrent à nous. Il faut choisir l’une et renoncer à l’autre. Si on ne choisit pas, on n’avance plus. « Il ne s’agit pas de choisir entre le bien et le mal, dit Kierkegaard, mais choisir entre choisir et ne pas choisir. » « Choisis donc la vie », dit le Seigneur au livre du Deutéronome (30, 19), c'est-à-dire : choisis d’avancer (la vie), et non de t’arrêter (la mort).La difficulté de choisir et de décider peut exister, nous avons à la regarder. D’où vient elle ? Je cite Léo Scherrer, auteur d’un petit livre « Inscrire Dieu dans nos choix » : « La difficulté de choisir et de décider vient de ce que nous nous trouvons en présence de deux éléments : la force du désir d’une part et la nécessité de trancher d’autre part. Décider suppose courage et force, et choisir c’est renoncer à d’autres possibles et cela suppose la capacité de faire le deuil. Choisir fait donc surgir l’envie d’être soi avec aussi la crainte de se tromper et de ne pas réussir.Choisir de m’engager peut être prise de risque, renoncement et en même temps, ce choix engendre la force d’oser et croire que quelque chose de moi tienne dans l’avenir. »

3. S’engager c’est quitter le rêve pour le monde réel

Nous sommes abreuvés d’images et d’informations venant du monde entier. Et nous sommes émus par ce qui arrive au peuple birman, aux chrétiens d’Irak, aux habitants du Darfour, de Chine et nous sommes peut-être tentés de vouloir remédier à tout. Plus près de nous, nous avons des discussions politiques et sociales passionnées. Nous sommes sollicités de toutes parts pour notre argent, notre temps, nos compétences… et, soit nous disons oui à tout, et on en voit bien les limites, soit nous disons non, ou donnons du bout des doigts de peur de perdre notre liberté.

S’engager c’est cesser d’être dans l’illusion de la toute-puissance pour entrer dans le réel. Nous sommes invités à entrer dans le réel de nos vies en acceptant nos limites et notre finitude.

3.1. Entrer dans le réel, c’est être fidèle à soi-même

Il peut arriver un moment où un événement, une situation, un appel, rejoint une expérience personnelle forte et pousse une personne à faire un choix. C’est ce que raconte Geneviève De Gaulle-Anthonioz, dans son livre « Le secret de l’espérance ». Après avoir été résistante, déportée à Ravensbrück, avoir témoigné au procès Barbie, elle est appelée par le père Joseph Wresinski auprès des familles du camp de Noisy. Il lui dit : « vous savez pourquoi je vous demande cela ? C’est parce que vous avez rencontré face à face l’inhumain. » En effet « Lorsque, pour la première fois, je suis entrée dans ce grand bidonville, au bout d’un chemin de boue, sans lumière, j’ai pensé au camp, l’autre, celui de Ravensbrück. » On sait la suite. Voici ce qu’elle dit de l’engagement : « Sans généraliser, je pense que [les jeunes] ont un peu de peine à concevoir la notion d’engagement et à la concevoir dans une idée de durée. Ils ont une telle disponibilité, une grande générosité, ils veulent bien marcher un peu, mais ils pensent garder ce qu’ils estiment être leur liberté.Or, on n’aliène pas sa liberté en s’engageant, on renouvelle dans son engagement le sens de la liberté. C’est cela profondément, un engagement. Quelque chose qui fait qu’une personne est touchée dans sa profondeur et que, à moins d’être complètement infidèle à ce qu’il y a peut-être de meilleur en elle, elle essaie de suivre, vaille que vaille. »Geneviève De Gaulle a engagé toute sa vie pour ATD Quart-monde, mais sa définition reste vraie pour des engagements plus ponctuels, limités dans le temps, en réponse à un appel intérieur, ou bien signifiés par une personne.

3.2. Entrer dans le réel c’est refuser et compatir   : Les deux faces de l’engagement

A l’origine, cette nécessité intérieure qui pousse à s’engager peut avoir deux faces : l’une, disons négative, une révolte, un refus d’une situation ressentie comme insupportable, le plus souvent refus d’une injustice. L’autre face, disons lumineuse, et qui est souvent intimement liée à la première, c’est la compassion. On pense à l’abbé Pierre, à sœur Teresa, à bien d’autres anonymes… J’ai vu dans la cassette du CMR que l’engagement de tous : prêtres, laïcs pouvait être un engagement au service des oubliés

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et qu’il s’enracinait dans un immense amour des frères en humanité et aimés de Dieu quelle que soit leur origine, leur coutume, leur tradition religieuse. Attitude associée à un refus d’une mise à l’écart, refus du racisme, refus de la misère, refus du non droit, refus du gaspillage et du non respect. Nos engagements peuvent souvent prendre origine dans un refus, mais si nous restons dans cette dimension qui peut aller jusqu’à la révolte et au combat, notre engagement devient stérile voire destructeur. Si par contre nous entrons dans la compassion, nous verrons des transformations : transformations de notre regard sur l’autre, transformation en nous-même, retournement. Nous sommes conviés à une sorte de dilatation de l’attention et de la présence au monde, à l’histoire et aux autres. 

3.3 Entrer dans le réel c’est s’inscrire dans le temps et dans l’espace

« M’engager, c’est accepter d’entrer dans la durée et l’espace d’un parcours, d’un chemin que l’on choisit avec sa progression, ses découvertes, ses inattendus… et l’assumer ». S’engager, c’est donc poser des actes concrets, prendre des moyens, définir des objectifs, des délais, préciser des durées, des lieux, rencontrer des personnes, …c’est aussi accepter les limites imposées par un engagement plus prioritaire comme celui du mariage et de la famille, par les distances, des contraintes diverses, mais aussi par mes propres limites… c’est peut-être renoncer à des activités, et en même temps être disponible à ce qui arrive, accepter d’être déplacé par des rencontres, des événements, de me dépouiller de mes certitudes, s’assumer comme créature finie.Ceux qui s’engagent dans une équipe, un mouvement, une association mesurent le temps à y consacrer, les activités à laisser pour le temps du mandat, mais aussi acceptent d’entrer dans cette démarche du discernement en commun qui invite souvent à abandonner ses propres idées pour avancer ensemble vers une décision commune.

3.4 Entrer dans le réel, c’est assumer l’imperfection

On ne s’engage pas seul. On s’engage dans des institutions humaines formelles ou informelles, qui sont donc imparfaites, et dont nous ne partageons pas forcément la totalité des objectifs. Cela fait aussi partie des choses à assumer. Ceux qui sont engagés en politique en font l’expérience : regardons Martin Hirsch par exemple. Citons Emmanuel Mounier : « Nous ne nous engageons jamais que dans des combats discutables sur des causes imparfaites. Refuser pour autant l’engagement, c’est refuser la condition humaine. On parle toujours de s’engager comme s’il dépendait de nous : mais nous sommes engagés, embarqués, préoccupés. » (Emmanuel Mounier, Le Personnalisme)

4. S’engager c’est être avec d’autres

S’engager, c’est aussi rejoindre d’autres personnes qui partagent la même route, les mêmes convictions, les mêmes passions. Etre engagé avec d’autres, c’est recevoir d’eux et partager avec eux une identité. Voici ce qu’écrit une fraternité franciscaine du Nord : (revue Arbre n° 236) « …Nous rencontrons des groupes qui peuvent nous révéler ce à quoi nous aspirons. Petit à petit, nous prenons conscience que ces communautés portent un projet qui pourra nous aider à vivre l’Evangile. Nous nous y retrouvons plus ou moins bien, mais elles nous révèlent concrètement ce à quoi nous aspirons, ce qui nous habite. Et la communauté, à un moment donné, nous reconnaît, elle aussi. Elle reconnaît que nous prenons part à son projet, que nous appartenons à sa famille d’esprit, que nous avons une certaine manière d’être au monde qui correspond à ce qu’elle cherche. C’est une reconnaissance réciproque. C’est bien ce qu’exprime l’appartenance. » Appartenance, terme que cette fraternité préfère à celui d’engagement. Ici peut nous venir aussi à l’esprit le terme d’alliance, que l’on va retrouver un peu plus loin, et qui traduit bien la réciprocité, le désir de parcourir ensemble un chemin.

5. S’engager c’est être homme ou femme de parole

Cette reconnaissance réciproque, pour apparaître, a besoin de la parole. C’est cette parole, exprimant le même désir, le même esprit, le recours aux mêmes moyens qui

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constitue la communauté. Et réciproquement, la communauté a besoin de cette parole pour être instituée et exister. C’est Timothy Radcliffe que je cite maintenant (une homélie, Pâques 1994) : « Les mots que les êtres humains se disent les uns aux autres donnent la vie ou la mort, construisent la communauté ou la détruisent. La solitude terrible de nos vastes cités est sans aucun doute signe d’une culture qui a parfois cessé de croire à l’importance du langage, de croire qu’elle peut construire la communauté par le langage partagé. Quand nous donnons notre parole .., nous témoignons d’une vocation humaine fondamentale : dire des paroles qui ont du poids et de l’autorité. » Nous savons bien, dans nos familles, qu’il est des moments où seule une parole dite peut agir  : le pardon, l’amour. Ce sont des moments graves et fondateurs.S’engager, c’est donc consentir à être homme ou femme de parole, et donc de dire ce que l’on désire, puis être et faire ce que l’on dit.S’engager, c’est un acte de parole. Pour qu’il y est acte de parole qui engage, il faut qu’il y ait deux interlocuteurs : le locuteur de l’engagement, le récepteur de celui-ci. Entre ces deux se joue une histoire que l’expression de l’engagement et son acceptation vont inaugurer. Car il ne suffit pas qu’un engagement soit émis, il faut aussi qu’il soit accueilli par celui ou celle qui en est destinataire. L’acte de parole qui engage suppose deux libertés. C’est sur le poids de la parole engagée qu’une alliance peut se fonder. Avec la figure d’Abraham s’inaugure dans l’histoire ce dialogue incroyable : Dieu se manifeste dans une parole qui promet et en Abraham se lisent les effets de cette parole.

6. Pour un chrétien c’est s’engager à la suite du Christ

Dieu s’est engagé à plusieurs reprises. Dans la proposition d’alliance avec les hommes, toujours renouvelée. Mais surtout dans l’Incarnation (c’est le mot-clé), pour permettre à tous les hommes de triompher de la mort et d’être sauvé avec le Christ ressuscité, qui nous ouvre le chemin de son Royaume.

Celui qui a pris notre humanité, ce Dieu créateur qui était hors du temps (ce qu’il dit existe aussitôt), et hors de l’espace (son souffle planait au-dessus des eaux) s’est engagé dans une vie d’homme, dans un temps donné de l’histoire, il y a 2000 ans, dans une durée limitée : 33 ans.Il s’est engagé dans un lieu précis : en Palestine, et pas ailleurs ou partout, comme Satan l’y tente au désert en « lui offrant d’un seul regard tous les royaumes de la terre » (Lc 4,5).

Et pas de façon virtuelle ou en faisant « comme si ».Il rejoint chaque homme dans les limites et les profondeurs de son humanité : amitié, famille, rencontres, fidélité, parole, guérison, mais aussi angoisses, peurs, humiliations, mort.Dieu nous rejoint dans toutes les dimensions de nos vies et il nous appelle. Il a besoin de nous pour son propre engagement dans le monde. Dieu nous embauche. Dans la mesure où nous devenons par Dieu libre d’être nous-même, nous sommes aussi libres pour lui et par là libres pour son engagement dans le monde.

A partir de là, le monde bascule : Dieu nous propose de faire Alliance. Cette proposition, portée à l’extrême dans l’incarnation constitue pour chacun de nous un appel qui attend une triple réponse :

Notre engagement à aimer, unique commandement dont tout le reste dépend : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toutes tes forces, de tout ton esprit, » ET « tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Mt 22, 37-39). il n’y a pas deux commandements (aimer Dieu ; aimer le prochain), mais un seul, celui où le ET qui réunit les deux précédents invite à unifier toute vie : aimer Dieu et aimer le prochain, c’est la même chose. Ne voir qu’un des deux termes est un mensonge, dit l’apôtre Jean.

Notre engagement à renoncer à nous-mêmes pour tout recevoir du Père, comme Jésus a lui-même vécu, en union constante avec ce Père auprès duquel il venait régulièrement se ressourcer (le soir après ses journées éreintantes à rencontrer les foules). Pas de séparation entre vie spirituelle et vie humaine. Nous sommes invités à

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les unifier. La vie spirituelle, c’est la vie humaine dans toutes ses composantes menée avec une attention constante aux mouvements de l’Esprit, tout comme en son temps, Jésus a mené sa vie humaine en union constante et intime avec son Père.

Notre engagement signifié lors de notre baptême et renouvelé chaque année à la vigile pascale : celui de participer au mystère pascal du Christ mort et ressuscité, en vivant pleinement notre humanité dans le monde d’aujourd’hui où il nous est donné de vivre. Je terminerai sur ces deux phrases extraites d’un texte de Paul Legavre (Dynamique de l’engagement baptismal, 2004), « Tout engagement, en christianisme, est, d’une manière ou d’une autre, un déploiement de l’engagement baptismal. La tradition de l’Eglise l’atteste.(…) Dans le baptême, nous sommes livrés à un autre, associés de l’intérieur à sa mort pour vivre de sa vie. »

7. Comment s’engager ?

L’engagement est un chemin. La lecture du Nouveau Testament peut nous aider à retrouver ce chemin..

Avant la résurrection, à ceux que Jésus envoie, par exemple les soixante-douze (Lc 10-1-12), il demande de dire deux choses : paix à cette maison, et le règne de Dieu est tout proche de vous. Il leur donne aussi pouvoir de guérir, de remettre debout. Après la résurrection, en appendice de l'Evangile de Jean (21.15-20), le moment est fondamental. Quand Pierre et Jésus se retrouvent, on peut imaginer leur émotion, tous deux triples mendiants en quête de leur amour réciproque, « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci ? » leur appréhension aussi après ce qui est arrivé à Pierre avec son triple reniement (« Pierre fut peiné de ce qu'il lui demandât pour la troisième fois. »). Pierre est en retrait par rapport aux autres, silencieux ; c'est Jésus qui l'invite à prononcer les mots pour le dire. Ressuscités, l'un de la mort, l'autre de son reniement, ils ont franchi le seuil, fait le grand passage et peuvent donc se dire ce que se disent tous ceux qui s'engagent : le « m'aimes-tu ? » de l'un, et le « bien sûr! Tu sais tout, tu sais que je t'aime » de l'autre. La parole est essentielle pour déclencher la suite de la rencontre. La réponse à l'amour, les fruits de l'engagement, c'est une quadruple invitation de Jésus :

1. au service : « pais mes agneaux, sois le berger de mes brebis » (verset 15-16), (le service étant alors le cadeau venant de l’amour et non l’inverse)

2. à la passivité (dans le sens où Teilhard de Chardin l'utilise dans « le Milieu divin », chapitre 2, p. 60-91) et au lâcher prise : « un autre te nouera ta ceinture et te mènera où tu ne voudrais pas » (verset 18),

3. à se mettre à sa suite ; « Jésus dit " suis-moi " »,4. enfin au compagnonnage : « Pierre alors se retourne et aperçoit, marchant à

leur suite, le disciple que Jésus aimait… (verset 19-20). Mais les apôtres restent isolés et craintifs.Avec la Pentecôte, sous le souffle de l’Esprit, c’est le Corps qui se constitue. Les apôtres vont alors pouvoir se disperser et des communautés vont naître, chacune avec leur propre identité.

En reprenant l’histoire de Pierre, entre le premier appel où Pierre lâche ses filets pour suivre Jésus, et cet envoi sur le lac après la Résurrection, le parcours de Pierre est éclairant : L’émerveillement initial, la générosité, l’élan volontariste, la déception, puis l’incompréhension après les reproches de Jésus à son égard, la lâcheté, la lassitude, la trahison, la joie de la résurrection, la relecture des événements, puis l’envoi sur d’autres bases, enfin, la Pentecôte. C’est un peu l’histoire que chacun est invité à intérioriser et vivre pour pouvoir s’engager explicitement et réellement.

8. Quelques points de vigilance

Comme pour tout randonneur voulant marcher sur un chemin de crête et s’y engageant résolument et explicitement, il y a des précautions à prendre si l’on ne veut pas glisser d’un côté ou l’autre de la pente

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- Respecter la hiérarchie des engagements, car tous les engagements ne sont pas à mettre sur le même plan :

o la famille, le mariage, une vocation religieuse sont premiers. Ils sont le creuset des autres engagements

o Par contre, le CMR devrait avoir la primauté, venir en amont des autres engagements, si j’ai bien compris ce qu’était le CMR : le lieu privilégié de discernement des engagements personnels à travers lesquelles chacun cherche à rendre sa vie plus évangélique. J’imagine alors l’aide que pourrait apporter les membres d’une équipe CMR à chaque membre et de façon réciproque, si le processus suivant était mis en œuvre à propos des engagements de chaque membre, et si le membre est d’accord pour utiliser ce processus

Discerner la décision avant de s’engager, pas seulement en analysant les avantages et inconvénients de façon rationnelle, mais en tenant compte AUSSI de ce que provoque l’éventualité de la décision au niveau du cœur et même de mon diaphragme, et pas seulement de la tête. C’est ce qu’énumère Paul dans son épître aux Galates (chapitre 5) avec les fruits de l’Esprit : joie, paix… ou appréhension, agitation, jalousie… Les sentiments et réactions des autres sur mes projets de décisions sont des indications qui peuvent m’aider (ils me connaissent sans pour autant me dire ce que j’ai à faire ou se mettre à ma place), même si la décision sera au final toujours la mienne, très personnelle et pas celle des autres.

Confirmer la décision, en prenant du temps pour la laisser descendre en soi . L’équipe peut aussi confirmer cette décision. (« oui, nous te voyons bien dans cet engagement », ou au contraire, « as-tu bien pris en compte tel aspect, telle contrainte ?… »), ce qui renforce le choix décidé et rend l’équipe « partie prenante ». Ce n’est pas rien. On imagine bien le poids que cela aura pour la suite… Si une analogie peut être faite, c’est avec le sacrement de confirmation, sacrement qui « envoie » et renforce le lien entre celui qui s’engage et l’équipe qui le confirme (dans le cas du sacrement, l’équipe, c’est l’Église).

Soutenir celui qui prend un engagement tout au long de son mandat, et lui, accepter de se laisser soutenir par l’équipe… Un peu comme Paul soutient et encourage les communautés qu’il a visitées par l’envoi de ses épîtres. Cela suppose de prendre des nouvelles régulièrement.

Evaluer régulièrement (1 fois par an ?), en équipe, les engagements ainsi pris, la manière dont ils sont vécus, dont la finalité est respectée, comment ils doivent évoluer… pour réajuster l’engagement ou corriger les dérives.

Ce processus permettrait alors à chaque équipe CMR, non seulement un partage déjà riche, mais en plus, de faire de chaque engagement individuel et personnel un engagement plus commun, plus solidaire et peut-être encore plus vivant. Cela est peut-être déjà pratiqué dans certaines équipes. Mais, à mon avis, question de loyauté vis-à-vis des autres membres de l’équipe locale, pour que chacun puisse se positionner et ne se trompe pas de « jeu » par respect des attentes exprimées, cela devrait être clarifié préalablement entre tous les membres de l’équipe.

- Respecter la primauté de la personne par rapport au mouvement ou à l’institution :o La personne est première : « chaque personne est importante, qu’ils aient un

gros handicap ou qu’ils soient chômeurs » (Jean Vanier, fondateur de l’Arche)o Le Mouvement n’a pas systématiquement le dernier mot, au nom de ce qui serait

une « raison d’État ».o Le Mouvement n’exige pas de sacrifice (pas plus que Dieu, avec Abraham, en

arrêtant le sacrifice d’Isaac)o Le Mouvement a le souci de savoir jusqu’où demander à ses membres.

Davantage pour les stimuler, leur faire et donner confiance et oser avec eux. Pas trop, pour ne pas les étouffer ou les noyer.

- Revenir régulièrement aux finalités et aux besoins de la mission   : o La finalité, c’est la Mission, et non l’Institution. C’est donc plus large. Le

fondateur des Jésuites, Ignace de Loyola, disait que si la Mission devait conduire

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à la suppression de sa congrégation, il n’hésiterait pas à le décider en moins d’un quart d’heure.

o Se nourrir sans cesse des apports externes pour se « réformer » et innover. Dans les institutions ou groupes locaux, ne pas « partager en rond sur soi », mais « prendre l’air » en se confrontant : aux textes (ceux du Mouvement, ceux de la doctrine sociale de l’Eglise), aux besoins du monde (en équipes CMR ou dans d’autres groupes…).

o « Mieux vaut faire grandement de petites choses avec la grâce de Dieu que de faire misérablement de grandes choses sans Lui » écrivait le savoyard Pierre Favre. Attention au quantitatif. Attention aussi au « souci d’image » quand on s’engage.

- Discerner les missions selon trois critères  : o le plus urgent ( c'est-à-dire quand la vie est en danger immédiat) ; o le plus universel (c'est-à-dire, ce qui est le plus profond, le plus intime et le plus

commun à tout homme, différent donc de l’opinion la plus répandue telle que relevée dans les sondages) ;

o là où il n’y a personne (parce que là où il y a déjà du monde, laissons faire ceux qui agissent déjà, sauf si leur nombre ou leur efficacité sont insuffisants.) ;

o sans tout accepter a priori (orgueil, irréalisme) ni tout refuser non plus a priori (fausse modestie, manque de dynamisme) ;

o mais discerner.

- Gouvernance   : o Si la tête est trop faible, le corps se désarticule. Si la tête enfle trop, le corps ne

suit plus. Attention à bien se donner des responsables qui connaissent bien l’institution ou le mouvement et aient aussi l’audace de donner les impulsions et prennent les décisions qui fassent avancer le mouvement. Les soutenir dans l’audace. Mais attention aussi à éviter la captation de l’institution par quelques-uns (rotation des postes, durée limitée des mandats).

o Risque d’immobilisme dans la mission par manque de structure de décision (lenteur ou hésitation). Evaluer à leur juste mesure les moyens et l’organisation nécessaires pour arriver à la fin.

- Ne pas évacuer les tensions au travers desquelles passe la vie   : o passivité/activité (paradoxe d’Hevenesi, voir la toute fin de la journée)o obéissance/initiativeo Humilité/pouvoiro Respect des distances/proximité … o Maître/serviteur…o Unité/ diversité… etc

Conclusion : lien et liberté

Le même mot hébreu « Tikva » veut dire « corde », mais aussi « espérance ». La corde me lie à un autre (comme dans une cordée de montagne) parce que j’attends (en espagnol, espérer veut dire attendre), j’espère de l’autre, en m’attachant à lui, qu’il m’aide ou que je l’aide dans la montée ou la traversée que je sens périlleuse. Si je la sens périlleuse, c’est que je connais bien les dangers inévitables de la vie pour les avoir déjà affrontés. Une plaque de glace, un piton mal arrimé, un vertige soudain. Paradoxalement, lié à d’autres, sécurisé par la corde qui me lie et la confiance espérante en eux, je vais me sentir plus libre pour oser davantage et aller plus loin avec eux, aux frontières de mes limites et aux frontières d’une humanité à servir.S’engager, c’est se lier à d’autres pour donner un sens à sa liberté. A l’origine de l’engagement, il y a souvent une expérience personnelle forte et la rencontre d’autres, avec lesquels on se sent proche, pour pouvoir, d’une certaine manière, partager avec eux cette expérience. Ensuite vient un appel personnel et inattendu… Puis, une réponse en fidélité à soi-même… Avec des exigences concrètes pour tenir et durer : engagement et fraternité, ceci au service des uns pour les autres dans une relation réciproque d’Amour.

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Pour les chrétiens, à la source, il y a la fidélité à la prière et à l’Eucharistie. L’histoire de Geneviève Anthonioz-de Gaulle raconte ça aussi.

Annexe  Le parcours d’un engagement : Geneviève de Gaulle Anthonioz et ATD - Quart-Monde

A partir d’extraits de son livre « Le secret de l’espérance », Fayard Editions Quart Monde, 2001Geneviève de Gaulle Anthonioz a été présidente de ATD-Quart-Monde France pendant 34 ans et en a été membre plus de 40 ans, depuis 1960 jusqu’à sa mort en 2005. Outre ses billets dans la revue du mouvement, elle nous a laissé deux petits livres forts, simples et concrets. Le premier, « la traversée de la nuit » (Seuil 1998) raconte sa vie au camp de Ravensbrück ; le second, « Le secret de l’Espérance » nous dit son combat avec ATD jusqu’à l’adoption de la loi d’orientation de lutte contre les exclusions votée le 9 juillet 1998. La lecture de ces deux livres permet de suivre le parcours d’un engagement.

1- A l’origine de l’engagement, une expérience personnelle forte et la rencontre d’autres avec lesquels on se sent proche pour pouvoir, d’une certaine manière, partager avec eux cette expérience 2- Ensuite un appel personnel et inattendu….3- Puis, une réponse en fidélité à soi-même….4- ...avec des exigences concrètes pour tenir et durer : engagement et fraternité….5- ...ceci, au service des uns pour les autres dans une relation réciproque d’Amour.6- A la source, la fidélité à la prière et à l’Eucharistie.

1- A l’origine de l’engagement, une expérience personnelle forte et la rencontre d’autres avec lesquels on se sent proche pour pouvoir, d’une certaine manière, partager avec eux cette expérience

Hiver 1960   : « Entre les cierges qui tremblent devant l’autel, reposent deux petits cercueils couverts d’un tissu blanc (…) Le malheur est arrivé après tant d’autres. Le feu a pris dans les papiers qui calfeutrent les parois disjointes des abris (…) Le père Joseph Wresinski est à l’autel, tout le monde se tait, beaucoup pleurent en silence. Lui-même ne parvient pas tout de suite à surmonter sa peine.Impossible de ne pas les partager, malgré l’envie de fuir pour ne pas laisser remonter d’autres souvenirs atroces, les petits enfants juifs arrachés à leurs parents et poussés dans la chambre à gaz, les nouveau-nés de Ravensbrück morts de faim ou noyés dans un seau d’eau. C’est une insupportable plainte à travers les siècles, celle de Rachel qui ne veut pas être consolée, les plaintes des mères de Bethléem quand Hérode fait massacrer les innocents tandis que Joseph, Marie et Jésus fuient en Egypte. Que puis-je faire, moi, devant la misère du monde, les guerres, les haines, les famines, tout ce que j’aurais voulu ne plus jamais connaître en sortant de l’univers concentrationnaire ? Mais je comprends que je n’en suis jamais complètement sortie. De nos vêtements mouillés, de nos corps serrés les uns contre les autres se dégage une odeur qui a été la nôtre dans nos baraques surpeuplées. Une puanteur insurmontable puisqu’il était impossible de se laver, de se sécher. L’humiliation de se dégoûter soi-même. Les familles ici n’ont que trois points d’eau pour ce grand bidonville, pas de toilettes, pas d’électricité. Je ne peux pas prendre mon parti, pas plus que de la mort de ces deux petites filles qui nous réunit. » (pp 13-15)

*******

« Lorsque, pour la première fois, je suis entrée dans ce grand bidonville, au bout d’un chemin de boue, sans lumière, j’ai pensé au camp, l’autre, celui de Ravensbrück. Bien sûr, il n’y avait pas de miradors, pas de sentinelle SS, pas d’enceinte barbelée et électrifiée, mais ce paysage de toits bas et ondulés d’où montaient quelques fumées

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grises était un lieu à part, séparé de la vie. Et ses habitants portaient sur leur visage cette marque de détresse que je connaissais bien et qui avait sans doute été la mienne.A sa demande, une famille avait ouvert la porte de son « igloo » au père Joseph qui m’avait présentée (…) Nous les avions quittés en les remerciant pour le café, et je n’avais pu m’empêcher de penser à cette toute petite ration de pain que nous nous partagions à Ravensbrück. Le pire, c’est de ne rien pouvoir donner, avait dit le père Joseph, et qu’on ne vous demande plus rien.Quand j’avais quitté le chemin boueux pour attendre l’autobus dans une vraie rue, j’avais senti, au fond de moi, que je reviendrais. Mais, en même temps, j’avais hâte de retrouver la lumière, la tiédeur de mon foyer et de mes quatre enfants heureux. » ( pp 15-17)

*******

« Si par expérience, je savais combien on peut souffrir de la faim et surtout du froid, j’avais été éprouvée à l’extrême par la négation de tous les droits. Telle était la monstrueuse doctrine nazie, totalement dévoilée dans l’univers concentrationnaire. » ( p 20)

*******

Novembre 1977 : Geneviève au banc des témoins au procès du nazi Barbie« Pour moi, la toile de fond reste toujours les crimes contre l’humanité. Où commence le refus conscient, organisé, de l’égale dignité de chaque personne ? Je ne peux pas examiner ma propre conscience, la démocratie, mon pays, mon Eglise, en oubliant Barbie. Les roses blanches et les sonates de Brahms ne parviennent pas à me détourner de l’interrogation fondamentale. » (p 106)

2- Ensuite un appel personnel et inattendu…

« Pouvais-je me douter de cela quand j’ai rencontré pour la première fois le père Joseph chez notre merveilleuse amie Marthe de Brancion ? c’était en octobre 1958, nous étions, mon mari et moi, membres du cabinet d’André Malraux, ministre du général de Gaulle….Il y avait tous ces enfants qui souffraient du froid et des privations, pour la plupart non scolarisés. «  Ne pourriez-vous alerter des responsables en haut lieu ? » plaidait notre amie. Et d’abord, venir voir ?... J’avais très envie de refuser ou de remettre, faute de temps. Il y a souvent une petite voix raisonnable qui conseille de ne pas s’en mêler, et une autre voix qui explique qu’on peut au moins accepter de connaître. Quelques jours plus tard j’ai commencé de connaître. Dans cette chapelle (avec les deux cercueils d’enfants), je viens de comprendre que je serai solidaire de ces familles jusqu’à ce que l’injustice s’arrête, tant que leur pauvreté les privera de leurs droits. » (pp 18-20)

*******

« Justement, dit le père Joseph, je suis venu vous demander deux choses et je suis sûr qu’elles seront à la mesure de vos forces……Vous savez bien pourquoi je vous demande cela ? C’est parce que vous avez rencontré face à face l’inhumain. «Tu n’es pas un homme pour moi, disait le regard du SS, même pas un sous-homme, rien. Pas plus que la boue que je peux écraser avec mes bottes… » Personne ne voudrait dire cela au plus pauvre, et pourtant, vous en avez été témoin, il le ressent ainsi souvent. Nous l’avons mis à l’écart de nos projets, nos sociétés se construisent sans lui ; nos partis, nos syndicats, nos écoles, même nos églises lui sont inaccessibles. Or, l’heure est peut être venue de proclamer, de graver sur la pierre que la misère est une violation des Droits de l’Homme. Vous avez combattu, vous combattez encore pour ces droits. Ils sont une écharde dans votre cœur, vous saurez la communiquer à ces milliers de téléspectateurs…. Il y aura un écran géant où l’on reproduira des messages, des témoignages. Je vais demander que le vôtre soit enregistré. (pp 110-113)

3- Puis, une réponse en fidélité à soi-même…

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« Le soir, après avoir couché et dorloté les enfants, je raconte à leur papa ma conversation avec Francine. La question que me posent les familles du camp (de Noisy), lui dis-je, lorsque je les vois ainsi traitées, c’est : quelle conception avons-nous des êtres humains ? Se résigner à ce qu’ils n’aient pas les mêmes droits que nous, c’est remettre en cause les choix déjà faits. Alors, que vaut notre engagement dans la Résistance ? Acceptons-nous d’être maintenant des « anciens combattants » ?...Tard dans la nuit, nous parlons, mon mari et moi, de ce combat pour la justice qui nous semble à tous deux la suite logique de celui que nous avons commencé il y a vingt ans. » (pp 37-38)

4- …avec des exigences concrètes pour tenir et durer : engagement et fraternité….

Février 1988« Je viens de revoir le père Joseph à l’hôpital de Poissy où il est en repos avant son opération…De notre entretien, j’ai surtout retenu deux axes essentiels :D’abord, celui de l’engagement. Qu’il s’agisse des volontaires, des militants venus du Quart Monde ou de tout autre milieu, le refus de la misère n’est pas un coup de cœur. C’est avec son intelligence, sa volonté qu’il faut se déterminer. La forme est ensuite diverse et elle appartient à chacun selon sa vocation et ses possibilités. Mais, ce qui structure ce mouvement, lui donne une chance d’influencer peu à peu la société, c’est que chaque engagement dure. Mme de Brancion, Mlle Sumpt, tous ces vieux amis fidèles ont fondé notre action d’aujourd’hui, comme Bernadette, Francine, Alwine, Gabrielle et les premières familles du camp. Sans elles et tous ceux qui ont suivi, il n’y aurait pas eu le rapport du Conseil économique et social, ni la Dalle du Trocadéro….Le deuxième axe, a poursuivi le père Joseph, c’est la fraternité. Elle doit circuler entre nous tous, comme un sang chaleureux….Je mesure bien l’importance de ce message, et dans un tel moment. Le père Joseph me propose ensuite d’être présente à la messe qu’il va célébrer tout à l’heure dans la chapelle de l’hôpital. » (pp 118-120)…

« Sans généraliser, je pense que [les jeunes] ont un peu de peine à concevoir la notion d’engagement et à la concevoir dans une idée de durée. Ils ont une telle disponibilité, une grande générosité, ils veulent bien marcher un peu, mais ils pensent garder ce qu’ils estiment être leur liberté. Or, on n’aliène pas sa liberté en s’engageant, on renouvelle dans son engagement le sens de sa liberté. C’est cela profondément, un engagement. Quelque chose qui fait qu’une personne est touchée dans sa profondeur et que, à moins d’être complètement infidèle à ce qu’il y a peut être de meilleur en elle, elle essaie de suivre, vaille que vaille…Je n’ai pas du tout une foi aveugle dans le mouvement ATD-Quart Monde, parce qu’au contraire, quarante ans d’expérience et d’histoire m’y ont ancrée. » (Extraits de Feuille de Route 1999, journal de ATD)

5- …Ceci, au service des uns pour les autres dans une relation réciproque d’Amour.

Le bureau du père Joseph a été incendié avec tous les dossiers, toutes les adresses. Il est cependant parvenu à m’écrire pour Noël. Nous lisons cette lettre, Bernard et moi, avec une émotion profonde : «  Vous ne pouvez imaginer combien votre affection et votre fidélité nous réchauffent le cœur, spécialement dans les moments difficiles où nous savons que nous pouvons toujours compter sur vous…soyez assurée que, de ce lieu des mal-aimés, va souvent vers vous et les vôtres une pensée affectueuse, afin que vous ayez profondément en vous la présence de Dieu et la chaleur de Son amour . » (pp 38-39)

*******

Au soir du 9 juillet 1998 après le vote de la loi : Je revis tout ce que les pauvres m’auront appris. Traversant avec eux les moments les plus difficiles, puisant comme eux à la même source, je leur dois d’avoir compris que le secret de l’espérance, c’est le secret de la fraternité. Cette fraternité, « la réponse

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au mal absolu » comme dit Malraux, qu’il appartient à chacun de nous de tisser inlassablement. (p 176)

6- A la source, la fidélité à la prière et à l’Eucharistie

« L’Eucharistie, nous dit le père Joseph, ce n’est pas une reconstitution de la Passion. C’est une réalité présente. Jésus humilié, meurtri, crucifié, assume dans son sacrifice tous les souffrants, les gens « inutiles » condamnés à l’opprobre : le prisonnier qui attend la torture, la mort ; l’agonisant abandonné sur son lit d’hôpital ; l’enfant arraché à ses parents, mourant de la faim ; la petite fille violée qui appelle en vain au secours. Toute cette marée de douleurs humaines, insupportables, et qu’on voudrait tellement ne pas entendre, Jésus Christ nous invite, en mangeant son corps, en buvant son sang, à la partager avec lui.Dans cette petite chapelle, le père Joseph nous fait approcher de ce déchirant mystère dont il n’a sans doute jamais voulu se séparer.Je reçois ces moments comme un testament. On ne peut que supplier d’y être fidèle.  » (p 121)

9 mars 1976« Nous savons de plus en plus que c’est là [dans la prière] que se passe l’essentiel. Et qu’il nous faut entrer dans tout le reste avec un amour sans cesse purifié, élargi par l’Amour. Nos impuissances ne sont qu’apparentes, pourvu que nous reconnaissions sans nous lasser notre pauvreté. La seule « impuissance », c’est celle de Dieu, et nous ne pouvons que nous enfouir en elle, puisqu’elle vient mendier notre amour libre et celui de nos enfants. Je sens cela si fort que dans notre « abandon » de ceux que nous aimons le plus (cette sorte de mort, et qu’on n’a jamais fini de souffrir) germent des grâces immenses dont Dieu se sert pour l’avènement de son règne. Mort et vie – Impuissance et fructification – Pauvreté, richesse prodigieuse. C’est bon de vivre au début de ce Carême, avec chaque fois l’espérance que Jésus se saisira de nous pour mourir et ressusciter avec Lui. » (Lettres à une amie, Correspondance spirituelle, Ed. parole et silence, 2005, p 77)

Citations sélectionnées par D. HIESSE

BIBLIOGRAPHIE :

Pour discernerInscrire Dieu dans nos choix, Léo Scherrer, Collection Vie Chrétienne n° 417Discerner : Que se passe-t-il en nous ? Monique Lorain, Collection Vie Chrétienne, n° 480Libre pour se décider, Jacques Fédry, Collection Vie Chrétienne, n° 523

Geneviève de Gaulle-AnthoniozLe secret de l’espéranceLa traversée de la nuit

LES ECHANGES EN CARREFOURS

Questions pour les Carrefours

Pour chaque engagement examiné, répondre aux questions suivantes avec l’aide du groupe :

1. Origine de l’engagement : à mon initiative personnelle ou sur appel ? si appel, s’agit-il d’un appel intérieur ou d’une personne ou d’une institution ?

2. Ma réponse : quels moyens ai-je pris pour discerner ma réponse ? Avec qui ? Seul, en couple, avec un référent ? Sur quels critères ?

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Ma réponse a-t-elle été structurée, formalisée ? par écrit, oralement ? fixée dans la durée, etc… ?

3. Quel lien cet engagement a-t-il avec mon histoire passée   ?

4. Puis-je repérer un « avant » et un « après » ? Pour moi, pour mon couple, pour les autres ? Si oui, à quel moment ? A quels signes ? Attitudes intérieures, actes posés, paroles prononcées… ?

5. Comment ai-je vécu cet engagement ? Quels changements cela a-t-il produit en moi, dans mon couple, chez les autres ? : Joie, paix, dynamisme, ennui, incompréhension souffrances, énervement, accablement ?

6. De quel soutien ai-je bénéficié de la part de mon conjoint et des personnes ou des groupes avec lesquels je me suis lié(e) ou engagé(e)? Quels retours, quelle réciprocité ?

7. Notes et autres remarques personnelles

Carrefour 1

Certains voient dans l’engagement l’idée de souffrir, de se mortifier. D’autres viennent avec l’idée qu’il faut aussi se faire plaisir, que si on ne le fait pas avec plaisir, il y a un problème.Contrainte Plaisir.S’il y a trop de contraintes et moins de plaisir, je vais le transmettre. J’arrête un engagement pour ne pas charger les autres. Je découvre l’engagement, je n’avais pas cette culture, cela me rend heureuse, je trouve cela merveilleux : « Mon Dieu, que l’on fait de belles choses ». Je m’émerveille des réalisations, des rencontres, mais peut-être qu’un jour j’en aurai marre ?Le plaisir est dans les résultats, après beaucoup de galères, la fierté de voir aboutir nos projets.Ne pas opposer effort et plaisir.La relation n’est pas entre moi et mes engagements, mais entre moi et mon entourage. Je peux faire souffrir mon entourage par mon absence, ma fatigue…En Maine-et-Loire, un prêtre a mis au point une grille de réflexion pour discerner nos engagements (transmis au national). Il y a des questions sur « moi » et « mon couple ».

Exemple d’engagement   : les municipales On s’engage devant toute la commune. On se réunit plusieurs fois pour faire un projet, à l’initiative de quelqu’un. Le conjoint dit : « oui, il faut y aller ». Le jour où il faut faire une liste de noms, on se dit : « qui ? » : qui va être adjoint ?

Pourquoi pas moi à l’environnement ? On ne sait pas jusqu’où on va être mangé… Si j’y vais c’est pour être actif, pas pour être potiche. Cela m’oblige à laisser

d’autres engagements. Parfois il faut y aller, il faut que quelqu’un s’y mette. On est un peu naïfs, certains ont réagi bassement, c’est méchant la politique, mais

ils ont repris certaines idées, cela n’aura pas été vain. Attaquer les personnes, les salir, j’en ai beaucoup souffert, je n’ai pas trop envie

d’y retourner.

Acteur syndical dans mon milieu de travail : envie de me donner les moyens d’agir, de dénoncer. Il y a peu de candidats, on fait souvent appel aux mêmes personnes. Ce n’est pas ce qui me motive le plus, mais j’ai envie d’agir. Si je ne suis pas suffisamment motivé, je ne dois pas y aller, sinon je ne serai pas en mesure d’apporter quelque chose, ni à moi-même, ni au groupe.

Quel lien avec mon histoire passée ? Parents engagés ou non, soutien du conjoint…Chez nous les engagements étaient de tous ordres.Notre engagement est aussi une vitrine, il faut discerner = se taire et laisser braire.Je ne me suis pas occupé du qu’en dira-t-on. On s’engage = on s’engage !

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Certains regards nous encouragent. Si j’y crois, je fonce. Les enfants m’ont poussé. Ils ont voté pour moi !On peut prendre des engagements par rapport à une fidélité familiale, mais en sachant « quitter son père et sa mère » : choisir ce qu’on a envie de garder et laisser le reste. Les rencontres sont essentielles pour les choix.Les valeurs : être honnête et intègre, cela nous pousse à certaines choses.Question de confiance en soi : j’ai au moins reçu d’être capable de faire fructifier les talents que j’ai.

Carrefour 2

• J’ai accepté une responsabilité fédérale au CMR. A la suite d’un appel car le poste allait être vacant. J’ai d’abord dit non. Mais au bout de deux ou trois réunions, je me suis dit que ça pourrait m’apporter, me permettre de ne pas être seulement consommateur, m’engager vraiment.

Cela me met en valeur vis-à-vis de moi-même. J’ai encore des doutes sur mes capacités, mais on verra.

• J’ai pris un engagement en catéchèse car les gens ne se bousculent pas pour faire le caté…J’ai pris cet engagement sans demander à mon mari. Je lui en parle parfois lorsqu’il se passe des choses importantes mais je ne dis pas tout.Cela m’a permis de sortir de la maison. Des gens sont venus un peu vers moi. Cela m’a épanouie, je me suis ouverte.Il y a une reconnaissance, y compris de mes propres enfants auprès de qui cela m’a valorisée.

• Mon engagement dans le développement agricole tient au fait que je voulais faire bouger les choses, transmettre mes idées. C’est un engagement pris seul, avant de me marier, à la suite du MRJC.Je voulais changer la société. Un peu utopique ! La sagesse est venue au contact avec d’autres personnes. Avec le temps, on devient plus raisonnable.Qu’est-ce qu’on a bouffé comme énergie ! Il y a eu des doutes aussi, aussi on a toujours envie d’y retourner !Mais on a quand même fait bouger des choses, avec d’autres. Cela nous a permis de nouer des relations avec des gens qui en général ont les mêmes idées que nous. Car ce n’est pas évident de convaincre ceux qui pensent différemment.Ma femme participe à certains événements, donne un coup de main…J’ai une certaine déception malgré tout : les gens oublient d’où ils viennent. Le Dieu, aujourd’hui, c’est l’argent, le pouvoir ! Les valeurs de partage ne sont pas assez répandues.Il faut rester humble, malgré tout. C’est sans doute l’après-responsabilité. Ce n’est pas facile de continuer dans un groupe en n’étant plus responsable. On peut aussi culpabiliser quand on ne peut plus donner autant de temps dans un engagement qu’auparavant.

• Lorsqu’on m’a proposé de participer à une liste pour les élections municipales, je n’en ai pas parlé à mon épouse dans un premier temps. J’ai cogité tout seul. On a insisté pour que je réponde favorablement. Je ne voulais pas rester sur le côté de cette initiative à laquelle participaient beaucoup de gens que je connaissais. La politique est souvent dénigrée, mais pour moi, avec mes convictions chrétiennes, ça me paraissait important de m’engager pour revaloriser la politique.Je l’ai imposé à ma femme, mais elle a accepté. Cela a été très prenant pendant deux mois. J’ai découvert que c’était dur : un combat d’hommes. C’est décourageant d’avoir perdu, mais comme cela a un fort retentissement sur la vie de famille, c’est peut-être mieux comme ça…Cela a permis des rencontres nouvelles de gens différents. C’est très riche et positif. Il y a eu un bon esprit, une dynamique locale qui s’est créée. Il restera quelque chose.

• J’ai accepté la direction d’une école privée en sortant de formation. Le discernement a été très court ; en fait, on m’a mis le couteau sous la gorge. Je me suis donné 3 ans.

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Je savais par mes parents ce que c’était de prendre des responsabilités : j’ai fait comme mon père. L’appel était pour moi une reconnaissance.Au début : énergie, enthousiasme. C’était super de pouvoir décider. Mais aussi très dur : conflits. Du coup, manque de confiance en moi.J’ai un peu pris la fuite : trop lourd à porter. Mon mari me le conseillait. Mes convictions en matière éducatives n’étaient pas reconnues. Il y avait contradiction entre ce qu’on voulait faire et ce qu’on avait à faire.Le découragement a été très rapide. Je me suis rendu compte que je n’étais pas capable de tout porter. Mon mari m’a soutenue, j’en ai parlé en équipe CMR. J’étais seule pour décider, mais pas seule : mes proches étaient à l’écoute.

• J’ai répondu à un appel du CMR avec l’accord de mon époux et de mes enfants, et en en ayant parlé avec eux et avec des amis.C’est en lien avec mes convictions et avec mon histoire. Mes parents ont fait partie des fondateurs du CMR. Une aventure pas facile. J’ai ressenti de la solitude, j’ai failli arrêter. Pas simple de passer d’adhérente à un poste en responsabilité.J’ai été énormément soutenue par mon mari et par des personnes en responsabilité au CMR. Sentant qu’ils avaient envie de m’aider, je me suis dit : «  je continue pour eux ! ». Je suis encore en souffrance, mais ça va mieux.Une question : comment le CMR prend soin de ceux qui s’engagent en son sein ?

• J’ai moi aussi été appelé à une responsabilité au CMR.Au départ, c’est quand même un plaisir de voir qu’on t’appelle. La première question que je me suis posée c’est : « ai-je les capacités ? »Ce fut une décision de couple de répondre positivement. J’en avais très envie, mais on a pris la décision contre l’avis des enfants qui ne voulaient pas. Cette réponse est le fruit de mon histoire : l’engagement de mes parents, et aussi de mes autres engagements.Je sais que j’en sortirai grandi mais que je ne vivrai pas certaines choses : plaisirs, loisirs. Je suis bien dans cet engagement, mais je dois faire attention car mon couple est fragilisé, car cela me prend beaucoup de temps. J’ai trop délaissé ma famille, je n’ai pas vu les conséquences sur elle.Le soutien de mon épouse me rassure dans ma capacité à assumer cette responsabilité. Cela a créé aussi des liens, une fraternité, qui dureront au-delà de cet engagement.

• Un engagement vécu en sincérité apporte un plus d’humanité, des relations au-delà de ce qu’on pouvait penser.

Carrefour 3

Le temps avec Dominique Hiesse est un cadeau. On voit qu’il n’y a pas que l’engagement dans l’Église. Est-ce que l’on s’engage parce que cela touche notre vie ou le faisons-nous certaines fois pour les autres ?L’engagement est différent d’un loisir. La lecture d’un engagement fait parler les autres.

Qu’est-ce que j’ai envie d’améliorer   ? Notre communication même si ce n’est pas facile pour moi aussi. Changer de place à table pour avoir un autre point de vue ! Trouver l’équilibre entre sa façon d’être, souffrance et confiance. Et peut-être écouter moins mes besoins. J’ai des difficultés à dire les choses que je vis à l’extérieur, parce que ça devient

mon domaine et j’en oublie que l’on peut le partager quand même.

Carrefour 4

RELECTURE de l'ENGAGEMENT : Quels sentiments de s'être engagé ?

• En équipe fédérale CMR 1) l'engagement est parti d'un appel avec une réponse positive pour le CA mais négative pour la présidence.2) Dans un second temps, la présidence est acceptée car :

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personne ne voulait s'impliquer c'est une équipe pour une durée limitée

3) Lié à un engagement du passé : déjà responsable départementale.4) Lié à des convictions et après une vie professionnelle (retraite): sentiment d'une « reprise d'activité » : cela redynamise et donne de la joie.5) Engagement vécu positivement mais difficulté d'être employeur.6) Soutien du conjoint, de l'équipe fédérale. Regret car moins de soutien de l'équipe de base.7) Beaucoup de membres en équipe de base ne s'impliquent pas en dehors de

l'équipe.

• Elue adjointe avec indemnité 1) Appel d'une personne mais du temps dans la réponse car besoin de souffler un peu2) Réflexion avec le conjoint, soutien dans la démarche de discernement, besoin d'être rassurée, soutien des enfants, échange avec l'équipe CMR3) Dans le passé déjà conseillère municipale, c'est plus facile maintenant. Engagement bien vécu : surprise d'être saluée, reconnue, de la considération de la part des habitants mais cela demande beaucoup d'exigence.5) Apports de cette nouvelle responsabilité : redynamisée et relativement apaisée par les missions à vivre, un certain énervement par rapport aux réticences politiques.

6) Soutien du conjoint, enfants et amis.7) Veiller à ne pas se laisser « manger ». Cela fait pour chacun des membres du couple un lien extérieur personnel qui contribue à un bon équilibre dans la vie à deux.

• Trésorier fédéral CMR 1) Appel avec prise de conscience du besoin. Ne pas garder tout mon temps pour moi : besoin de donner et en attente que l'on me demande.2) Très peur au début car non connaissance du travail et doutes sur les compétences personnelles. Acceptation de la responsabilité car un peu obligé aussi par manque de volontaires.3) Parent instituteur aurait poussé au désengagement4) Une religieuse comptable m’a rassuré sur les comptes, mais un peu moins dans d'autres domaines, d'où moments de découragements. Je me suis senti un peu seul dans mon travail.5) Cela me grandit, m’aide à prendre de la distance par rapport aux problèmes. On a un rôle à jouer, on est un maillon, on a de la reconnaissance de la part des copains.6) Soutien, aide et présence du conjoint7) Découragement car le secrétariat n'est pas forcément ce qui plait.

• Présidente d'une halte-garderie 1) Problèmes du Bureau : démission de la présidente, problèmes d'argent, secrétaire seule. Un appel personnel vu les besoins du moment 2) Réponse avec échange en couple3) Pas vraiment de lien avec mon histoire passée car c'est un engagement sur une situation locale4) Avant : contacts nombreux avec des gens et c'était intéressant. On se sent reconnu5) Bien soutenue par l'équipe 6) Satisfaction dans la mission à accomplir. Me suis retrouvée un peu seule en tant que présidente avec les difficultés de relations de la directrice envers le personnel. Saturation après 2 ans et demi.7) Quand il n'y a plus de satisfaction, il vaut mieux arrêter.

• Secrétaire de l'association de parents d'élèves

1) Appel général à l'AG mais une réflexion avait eu lieu avant. J’ai lutté pour ne pas être présidente et laisser la place à d'autres2) La réponse à l'appel a été orale. Durée de 3 ans.3) Beaucoup de présence due à l’ouverture de l'école qui n'existait plus dans le village4) L’aide du conjoint et les échanges à la maison ont facilité la décision.

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5) Vécu difficile car la présidente est en situation de précarité et parfois absente pour l'animation des réunions. Dynamisme cependant même s'il y a des contraintes, de l’énervement et des découragements.6) Soutien du conjoint pour partager les soirées (garde des enfants), et de la part d'autres parents avec création de liens d'amitié forts.

• Ancien conseiller municipal 1) Appel pour être sur une liste municipale2) La réponse a été une suite logique pour rapport aux engagements en faveur de l'école. Réponse non structurée car les conditions étaient mal posées, peu de programme.3) Avant : un peu soucieux de cet engagement mais « de loin ». Pendant : des contacts qui ont donné du bonheur, de la joie. Puis accablement et ensuite cela devenait infernal.A la fin : souffrance, accablement, incompréhension. J'aurais dû démissionner. Après : c'est dur car cela a créé des tensions dans la famille. Maintenant sans engagement : c'est dur de reconstruire, mais sentiment de liberté.5) Beaucoup de tensions, infernal.6) Soutien du conjoint, des élus des autres communes et du Conseil municipal.7) Importance de discerner pourquoi on dit oui, importance du soutien.

• Présidence d'une association de soutien aux sans-papiers 1) Appel des membres du CA car plus de président depuis un an2) Réflexion au sein du CA, puis personnelle, en couple, et en équipe CMR. Réponse non écrite mais exigences : mandat de 3 ans et réflexion sur temps à y consacrer;3) Lien avec un monde en précarité et les pays en voie de développement4) Avant : monde des étrangers sans papiers plutôt inconnu. Pendant : connaissance des étrangers et un autre regard sur eux. Croissance de mon engagement personnel. Après : une adhésion et un soutien petit à petit plus précis de mon conjoint et de mes enfants.5) Des moments difficiles : tensions, peurs personnelles, peur de ne pas être à la hauteur, de rencontrer les administrations. Au niveau du couple : quelques tensions d'incompréhension de ce monde et de la manière de voir l'accueil.6) Importance du soutien de gens du CA sur qui on peut compter et qui encouragent. Soutien d'amis qui se sentent concernés. Mon conjoint : un peu de loin. Le CMR : un peu détachés : ils ne sont pas « dedans ».7) Maintenant j'ai laissé la présidence : j’ai pris du recul et suis moins engagée affectivement.

Carrefour 5

Pourquoi tu t’engages   ? garder sa condition d’humain on a des choses à se prouver l’engagement est cyclique ; alternance de réflexion et d’action

Autres réflexions   : Joie intérieure et révolte extérieure  Je suis devenu un rebelle. Les enfants saturent un peu Forme de reconnaissance en retour Comment sentir qu’il faut s’arrêter et laisser la place à d’autres ? Quelle est la place du plaisir dans notre engagement ? Inévitable confiance à avoir : part d’inconnu Beaucoup sont « marqués » par l’engagement de leurs parents Citation de E. Mounier : « oui, c’est oui, non, c’est non, le reste vient du Démon. »

Carrefour 6

Dans tous les cas, l’engagement se fait suite à un appel, qu’il soit extérieur ou plus intérieur pour un engagement sacerdotal par exemple. « Je crois beaucoup à l’appel ».

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Chacun y répond de façon très différente : après mûre réflexion avec l’aide du conjoint ou presque sans se poser de questions, mais non sans avoir consulté le conjoint : « il n’y avait pas vraiment de question, je savais que j’y allais ».L’engagement prend parfois sa source à un autre engagement : l’engagement auprès de ses enfants, par exemple, amène à s’investir dans la gestion de la cantine scolaire.L’engagement évolue dans le temps, quand on le vit à fond, on se retrouve de plus en plus investi et on peut arriver à l’être trop : on devient trop indispensable, trop sollicité. Il faut alors passer la main. Préparer la fin de son engagement est important aussi, penser à la suite, au renouvellement.On prend du plaisir, on a de la joie dans ses engagements. On est aussi parfois déçu parce que dans tous les cas, l’engagement nous transforme, il nous enrichit, il nous apprend de nouvelles choses, il nous fait toucher du doigt certaines réalités qui ne sont pas forcément conformes à l’image que l’on en avait avant de s’engager, que ce soit au sein d’une équipe municipale, au sein de l’Eglise ou d’une association. L’engagement peut aussi être lourd quand cela interfère avec les engagements familiaux : se pose le problème de la disponibilité.L’engagement se fait au sein d’une organisation, d’une institution mais surtout au sein d’une équipe. Le travail en équipe est essentiel pour beaucoup. C’est parfois un apprentissage, on n’a pas tous les mêmes idées.L’engagement est parfois difficile à tenir dans la durée, au fur et à mesure de certaines déconvenues par exemple, l’enthousiasme du départ a tendance à s’amenuiser voire disparaître : « Au départ, j’étais très content, très enthousiaste », « Avec le temps, le dynamisme fléchit ».

Carrefour 8

Nos engagements : Aumônerie de collège, président association de parents (Un collège public et deux

privés).Origine : à mon initiative, enfants au collège, appel fort de la responsable d’aumônerie parce qu’elle était seule mais l’appel m’était vraiment destiné, c’est important de s’engager pour les enfants mais il faut garder de la disponibilité pour eux.Moyen : encouragement de mon époux, arrêt d’un engagement municipal très prenant.Lien/histoire : annonce de l’Évangile c’est important pour les jeunes, je suis moins a l’aise avec les plus petits.Après : les enfants ne sont plus à l’aumônerie, le changement du responsable de l’aumônerie a permis de faire la transition.Comment je l’ai vécu ? Avec joie, plaisir et en même temps difficulté avec la relation avec le responsable, un peu compliqué : difficulté à trouver chacun sa place.Soutien : ma femme.Retour, réciprocité : peut-être pas beaucoup, j’ai plus reçu que donné ?Appel en balance avec d’autres ? Oui. Pourquoi celui-là ? Discussion en couple et enfants en âge du collège.Autres engagements possibles : Parents d’APEL mais avec un problème d’horaires. J’ai l’impression que c’est toujours les autres qui ont choisi pour moi, ou le Saint Esprit  ?... Je pense qu’il faut prendre les appels où les gens ont jugé qu’on pouvait faire quelque chose et se rendre disponible.

J’ai inventé moi-même mon engagement, sans rattachement à une association ou à un groupe, suite à l’appel d’une famille en grande difficulté.

Cela correspondait pour moi à un appel intérieur à faire vibrer les choses, à plus de solidarité. J’ai fait une réponse spontanée sans consulter mon conjoint, même si après il y a des répercussions sur le couple. C’est quelque chose d’intuitif, même si maintenant il y a le besoin de se rattacher à un groupe.J’ai envie de m’investir sur quelque chose de local. Réponse non formalisée, il n’y a pas de durée, mais avec les gens on ne peut pas faire dans le court terme. C’est bien et aussi un « piège ».

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Réfractaire à toute sollicitation mais deux choses m’intéressent.Demande d’une chorale pour l’engagement des 20/30 ans. Alors on ne laisse pas tomber le groupe.Syndicat, sur mon initiative. J’y trouve mon compte : aider les autres ; si on n’est pas solidaire, on se fait avoir, surtout les jeunes.Je n’ai pas demandé l’avis de mon conjoint, car pas trop de prise sur ma vie familiale.Moment de plaisir et de corvée.

Deux engagements pour pouvoir comparer. Carrefour d’Alsace (réflexion dans chaque paroisse sur les attentes par rapport à l’Église) et ATD Quart Monde.

Carrefour Alsace : forte demande d’un lieu pour parler de leur foi. Groupe de 8/10 personnes. On discute, on propose des thèmes. D’abord, il faut se former par les autres.Demande personnelle très forte. C’est pour moi mais aussi pour les autres (Je n’ai pas le droit de garder les choses pour moi).Mon histoire : famille nombreuse, sentiment d’être lésée par mon père. Notion d’injustice.On ne peut rien faire seul.

Engagement en Action catholique : appel par des copines, activités sur le village. Démarrage à 10 ans et je n’ai jamais arrêté.

Association Génération (3 mouvements sur 3 diocèses), appel et réflexion. Je suis resté car j’ai trouvé des nouveaux lieux d’Église et d’action.Lien/histoire : C’est mon histoire, c’est ce qui a construit mes convictions, ouverture, esprit critique, influence sur autres engagements. J’ai toujours été en équipe avec des années plus ou moins investies. C’est mon lieu d’Église, de parole, de partage.Décisions en couple : Oui. Discussions, soutien quand on doute sur mon efficacité, besoin d’être rassuré.Arrêt un jour : pour l’instant non.Tellement reçu du MRJC : autant dans l’« être » que dans le « faire ».

Difficulté à séparer engagement professionnel et bénévole.AFIP, développe des activités en rural. (Bénévole, coprésident).Appel par courrier, avec temps de réflexion. Décision prise très vite avec crainte. Et aussi, j’ai été un an administrateur stagiaire.Valeurs de l’AFIP : domaines très chers pour moi.J’ai demandé à ma conjointe, mais « histoire de » parce que j’en avais très envie.Pas indépendant de mon histoire (ACE, MRJC). Ce sont des mouvements qui m’ont donné des clés pour comprendre le monde : « révolte » « je m’insurge », pas rester passif par rapport à cela.Comment je l’ai vécu : dynamisme, ouverture, formation (notion d’éducation populaire à vivre pour moi-même).J’estime que mes engagements ACE ET MRJC m’ont rendu intéressant. Cela me valorise, j’ai l’impression de servir à quelque chose.Beaucoup de temps pris, plus le stress. J’ai du mal à gérer (je fume beaucoup) mais c’est un stress bénéfique. J’ai besoin de cela, d’être un peu dans l’urgence et dans la réflexion sinon très vite l’ennui arrive.Couple : une aide. Permet de prendre de la distance et parfois, c’est un modérateur pour les périodes plus dures ou un besoin d’encouragement.

Un seul engagement : le jeu d’échec.Reprise de la compétition, stage d’animateur, arbitre fédéral, et en train de monter un club. (Encadrement d’enfants, jeunes qui apportent vivacité d’esprit et motivation).Engagement de longue durée, lié aux écoles.Plaisir dans cet enseignement. Ouverture d’esprit. Formation en fonction des problèmes.Qu’est ce que je recherche ? Des enfants ayant du plaisir dans la recherche de solutions. Transmettre un savoir, les rendre capables.Appels intérieurs : responsabilité vis-à-vis des autres ou solidarité envers les autres.On a reçu, on a envie de donner.Dimension d’un lieu d’Église mais aussi équilibre avec la société civile.Rejoint quelque chose à l’intérieur.Dimension de transmission.

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Prise de décision : en couple ou non ?Les incidences de cet engagement sur les enfants et le conjoint ? Dur de dire non. Mais quand on dit oui, on dit forcément non à d’autres choses.Dimension de formation car croissance personnelle.Durée   ? Est-ce que, même vis-à-vis des personnes en difficultés, on ne doit pas préparer sa sortie ? Comment préparer la suite, sinon ça devient un piège ?Dimension de relecture : comment relire chacun de nos engagements ? CMR et autres…Comment l’engagement nourrit le couple ? Comment je le partage avec mon conjoint et avec mes enfants ?Ressentir du plaisir et pouvoir le transmettre, importants de dire aux enfants ce que cela nous apporte.Est-ce que ce n’est pas déjà les aimer que partager avec nos enfants nos convictions, nos valeurs, ce qui nous fait vivre, nos sentiments, nos difficultés ?

REMONTÉE DES CARREFOURS

Questions  Engagement : contrainte (ne pas prendre trop de plaisir) ou plaisir (avec quelques

contraintes) ? Quelle est la place du plaisir et de l’épanouissement personnel dans nos

engagements ? Doit-on persévérer dans un engagement qui fait souffrir ? Difficile de laisser un

engagement d’Eglise quand il n’y a pas de relève/sentiment de culpabilité. Pour quoi, pour qui s’engage-t-on ? A-t-on besoin d’une équipe pour décider de prendre un engagement et/ou relire un

engagement ? Comment savoir cesser un engagement à temps ? Evoluer dans l’engagement ?

Comment sentir quand il faut s’arrêter et laisser la place à d’autres ? Comment s’engager sans se faire bouffer ? Comment dire « oui » ou « non » en en mesurant toutes les conséquences ?

Convictions  Convaincus de s’engager pour une cause. Cet engagement qui perdure prendra

différentes formes au cours de l’existence. « L’engagement de tout son être » ne doit pas devenir trop dur à vivre, ni impliquer

des choses à faire qui sont contre-nature. Croire dans ce qu’on fait : réflexion, relecture, action. Grandir. Ecouter son corps, ses limites. C’est important d’avoir des engagements pour se réaliser, au service des autres,

dans la construction du monde. Derrière le plaisir de l’engagement, sachons être attentifs à l’équilibre de notre

couple. Importance de discerner pourquoi on s’engage ou non, seul ou en couple, et de

trouver du soutien à l’extérieur (en-dehors du conjoint). Un « oui » entraîne des « non », positifs ou négatifs, conscients ou inconscients.

DISCUSSION Engagement, plaisir ou contrainte ? Cela nous renvoie à nous-mêmes, à notre

sentiment. Ne pas opposer effort et plaisir. Discerner, discuter : où sont les lieux et les gens ? Le CMR donne-t-il suffisamment d’information et de moyens de décider ? Est-on vraiment honnête dans les appels ? Notion d’inconnu, de non-mesurable au

moment de l’engagement. Inévitable notion de confiance. Tentatives de culpabilisation par ceux qui appellent. On doit toujours pouvoir dire non.

Un engagement est différent d’un contrat professionnel. Pas facile de lier l’engagement avec notre histoire personnelle, mais éclairant. C’est difficile de gérer les salariés dans une asso car on manque de compétences. Un couple d’amis, appelé au diaconat, a partagé avec nous : « que l’on dise oui ou

non, après les choses ne seront plus comme avant ».

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Celui qui appelle à vivre, c’est Dieu. Comment discerner le « non », se sentir en paix. Dans « l’engagement chrétien », Emmanuel Mounier nous dit « oui, c’est oui, non,

c’est non, le reste vient du démon ». Quand on relit son histoire personnelle, le couple est lui-même un engagement. Conclusion de Dominique HIESSE : Discerner un choix en CMR, c’est rendre

commune la décision. Le partage de la décision confirme l’envoi. « Agit comme si tout venait de Dieu et rien de toi, aie foi en Dieu comme si tout dépendait de toi et rien de lui » (Hevenesi)

Jeudi 21 août 2008 CONCILIER ENGAGEMENTS ET VIE DE COUPLE

TEMPS DE REPRISE8 mots sont mis en avant : appel, envie, non, équipe, service, plaisir, être et avoir, réel.

TEMPS SPIRITUELTexte écrit par Lola et Fabien :FABIEN : Nous sommes dans une démarche pour savoir ce qu’est le mariage dans l’Église. Pour le moment, nous ne savons pas. Dans la paroisse locale où on habite, on ne se sent pas bien. On ressent de l’intégrisme.LOLA : Je viens d’Espagne et d’une religion catholique oppressive et méchante que j’ai fuie en courant dès que j’ai pu. Je ne peux pas dire si je crois et en quoi je crois. On m’a parlé d’un dieu interventionniste qui punit, qui me castre, que je rejette. Quand j’ai connu Fabien, j’ai découvert une autre réalité à travers l’Action catholique. Depuis sept ans, ensemble, nous expérimentons la vie de couple et la vie de famille avec nos deux enfants.FABIEN : La vie de couple dont on parle ici, aux vacances formation, ne correspond pas à la réalité autour de nous. Beaucoup de questions restent sans réponse : pourquoi vouloir durer à tout prix ? Pourquoi rejeter le divorce à priori dans l’Église ? Beaucoup de notions spirituelles ne sont pas approfondies. Nous ne voyons pas comment nous pouvons partager ce dont on parle ici avec notre entourage. Il nous manque des mots plus accessibles, moins mystérieux.LOLA : Depuis deux ans, nous nous sommes engagés dans une expérience de jardin citoyen dans notre village. C’est pour nous un moyen de partager le quotidien avec d’autres, et un lieu d’échange par rapport à la famille, à l’éducation, l’environnement. Nous croyons à ce projet et à ces gens parce que nous vivons des moments de fraternité et de liberté. Dieu est peut-être là. Car nous croyons à un Dieu non interventionniste, qui nous rend responsables, en un Dieu qui est une personne, en un Dieu qui est nous.

REPRISE par Albert DONVAL

Trois états intérieurs aujourd’hui pour le fil rouge.Premier état : il s’est cassé. Ce n’est pas grave. Mardi matin, le fil rouge n’a mentionné que le deuxième témoignage. Pourquoi cet oubli ? Il a été séduit par la si belle histoire d’amour du deuxième couple et chahuté par celle du premier, au point de ne pas pouvoir reprendre son histoire. De ce couple, il avait perçu de la souffrance. Il a été bousculé par le courage de ce couple qui prenait ses appuis auprès de Dieu. Pauvre fil rouge, bousculé par quelque chose qu’il aurait dû savoir : pas un couple n’a pas besoin de courage, pas un couple n’a pas de moments durs à vivre. Tout couple cherche ses chemins de vie entre l’idéal et le réel, entre le plaisir et la frustration.Deuxième état : il a été écartelé. Mardi matin, il y avait une parole dense. Un propos charnel et spirituel. Des propos de haute volée, riches d’éclairages multiples. Pour Dominique, s’engager est un choix d’existence. Il nous a interrogés. Ce n’est pas à nous de tenir l’engagement, c’est à l’engagement de nous tenir.Engagement quand tu nous tiens :

je renonce à plein de choses, je redeviens vivant, je fais vivre quelques autres autour de moi,

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je marche à la suite du Christ et de ses disciples.Puis venant des carrefours, des questions concrètes et terre à terre. Il ne faut pas gommer, ni la hauteur de vue de Dominique, ni la réalité de terrain. On peut en revanche réduire l’écart entre les deux. On ne peut creuser l’ensemble du champ humain, on ne creuse que 2 ou 3 sillons. Il y a un écart entre la hauteur de vue de la réflexion et la réalité. Il faut creuser les questions, remettre le texte de l’intervention de Dominique in extenso aux participants des VF.Troisième état : le fil rouge a rêvé cette nuit. C’était une belle journée de vacances. J’étais près de Georges dans le car, on chantait « tous ensemble, tous ensemble ». Tous ensemble, mais chacun jaillissant de son espace intérieur, de son intimité intérieure, de son rythme intérieur. C’était la détente, la relâche, le lâcher prise, la libre parole, du plaisir. Comme une promenade en bateau, comme une ferme pédagogique entre le rythme d’un âne et celui d’un cheval. Le quotidien s’efface au bénéfice de penser, ressentir, dire, écouter, laisser flotter mon être. Que cette formation soit vacances, entre le rythme d’un âne et le rythme d’un cheval.

INTERVENTION de Laurence PERCHE

Sketch : Elle prépare un petit dîner pour deux. Lui rentre en retard et ne voit rien. Cela se termine en conflit, en dispute.Laurence PERCHE reprend derrière le sketch : « La communication est dans un couple l’instrument permanent de ré-adaptation » (Denis SONET). La ré-adaptation, c’est-à-dire ce qui vient après l’adaptation. Toute personne, valide ou invalide, est invitée à se réadapter, surtout quand on est deux.

La vie professionnelle, les engagements dans la famille, le couple.Quelles idées partager à deux ? L’objectif est périlleux, difficile à mettre en œuvre. Il y a deux écueils : le surinvestissement, la fuite de la relation ou le désengagement.Le rapport à l’engagement appartient au projet de vie de couple. L’engagement de l’un appartient aussi à l’autre. Les décisions se prennent à deux, dans le respect et l’amour. L’un des conjoints se sent-il sacrifié aux engagements de l’autre ? Respectons-nous les désirs et les convictions de l’autre ? L’équilibre entre travail, famille et engagements n’est pas définitif.Il faut le repenser à chaque événement perturbant : une mutation, une période de chômage, un nouveau travail, l’arrivée d’un enfant.

Le problème du couple : n’être qu’un en restant deux.Il faut concilier l’unité, le besoin de communion et le besoin de liberté. Chacun aspire à une union profonde, intense et en même temps, veut rester lui-même, garder sa personnalité sans être détruit par les exigences de l’autre. Il y a plusieurs cas :

La fusion : on est un en oubliant de rester deux La séparation : 2 bulles écartées l’une de l’autre L’équilibre : on est un en restant deux, c’est le respect des différences, la

conciliation de la liberté et de l’unité.Un rééquilibrage à faire en permanence.

La communicationPour y arriver il faut communiquer. Arriver à communiquer et à se faire comprendre. Nous ne nous entendons pas parce que nous ne nous écoutons pas. A-t-on appris à écouter ? Sans rien faire, sans rien dire ? Il faut prendre conscience qu’on n’est pas très à l’aise pour parler de ce que l’on a sur le cœur ou pour écouter ce que l’autre a sur le cœur : ses sentiments, ses besoins. Communiquer : c’est exprimer et écouter, c’est-à-dire laisser l’autre s’exprimer. S’il n’y a pas d’écoute, on pense qu’on a compris mais si on n’a pas reformulé, on ne peut pas savoir si on a vraiment compris ce que l’autre a dit.

Sketch, 2e partie Lui : « c’est toujours le même scénario, je suis fatigué, tout va bien, et paf ça saute. On n’a pas le temps de se retrouver tous les deux. Je ne peux quand même pas lui dire : « Je

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suis morose ». Ca me rend triste, je suis comme un sucre qui fond dans l’eau. Un homme, ça ne dit pas ses sentiments. Et… pourquoi pas ? Si j’essayais ? »Elle : « Comme dit la voisine, dans les cas désespérés, il reste toujours la vodka et les sous-vêtements noirs ! ça me déprime. J’y mets le meilleur de moi-même et ça se passe mal. Si seulement, il voulait m’écouter. Des moments à deux, c’est important pour moi, pour nous. Et puis, j’ai envie de respect. Quand on dit quelque chose, je veux que ça soit respecté. J’ai besoin de respect et de considération. Et si j’allais lui dire ? »

Notre couple est fondé sur notre intention de vivre ensemble. Chercher un chemin sans juger l’autre.

Mon intention : garder mon unité, la mienne et celle de mon couple. Il faut être vigilant à une situation avec laquelle je vais prendre une distance. Rappel : observation/sentiment relié/besoin/demande. La demande doit être concrète, réalisable, dans le présent et sans exigence. Elle supporte le non. Si c’est toujours non, comme demande quelqu’un dans la salle, c’est peut-être que ce n’est pas la bonne stratégie chercher une autre proposition ou laisser du temps au temps, laisser mûrir. Je dois respecter la liberté de l’autre. On est deux à vouloir faire unité. Il y a l’expression honnête de ce que je ressens et l’écoute empathique de ce que toi, tu ressens. J’ai les éléments en main pour ma partie, la partie de l’autre lui appartient.L’enjeu, c’est de se retrouver à un moment pour parler d’une même chose. Rosenberg dit « au-delà du bien et du mal, il y a un champ où je te retrouverai ». C’est comme deux puits, deux personnalités qui ont leur propre culture, leur propre histoire, leur propre passé émotionnel. Pour ces deux puits, la nappe phréatique est le lieu où on peut se retrouver : celui des besoins universels communs à tous.

Ce qui paraît long aujourd’hui à la découverte de la CNV, devient minute avec l’entraînement. Il faut prendre le temps de regarder à l’intérieur de soi, écouter ce qu’il y a en nous. Au préalable de l’écoute, le regard. Je sais que tu m’écoutes, que tu es avec moi quand tu me regardes.Deux attitudes possibles : la girafe ou le chacal. La girafe a un long cou, qui lui permet de prendre du recul, de voir au loin, et il se trouve que c’est l’animal qui a le plus gros cœur. Son attitude me permet d’être droit. Cette attitude peut être dirigée vers l’intérieur (s’écouter soi) ou vers l’extérieur (écouter l’autre, savoir ce qui se passe en lui).

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BESOINS

MOI L’AUTRE

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Le chacal quant à lui ne réfléchit pas, il est spontané, il mord : « t’es pas content ? T’as qu’à aller voir ailleurs. ». Ou vers moi : « je suis vraiment nul ». Il exprime mes jugements mes croyances toutes faites.En CNV, on sait que le chacal est là et on apprend à l’apprivoiser. On le prend pleinement en compte. Ce n’est pas lui la cause réelle de mes réactions, c’est un besoin fondamental en moi que je n’ai pas trouvé le moyen de satisfaire. On peut par ailleurs développer l’attitude girafe. « Je suis moi avec toi pas contre toi ». En effet, chacun croit avoir la vérité là où chacun a sa vérité. C’est l’image de deux personnes sur une montagne qui regardent un sapin qui porte une boule noire.

A droite, « du haut de ma montagne, il y a une boule noire sur le sapin ». A gauche, « du haut de ma montagne, il n’y a pas de boule noire sur le sapin ». Chacun a raison, mais si chacun s’accroche à sa vérité, il y a conflit. Si je descends en moi, si je vais à l’écoute de l’autre, je peux rejoindre sa vérité. Je descends de ma montagne, je vais au sommet de l’autre et d’un seul coup je me rends compte que l’autre avait raison : « c’est vrai. De ton côté, on ne voit pas la boule noire » et « Ah oui ! Il y a une boule noire, mais de mon côté je ne la voyais pas. »Une question fuse dans la salle : « mais comment fait-on pour trouver le chemin pour aller à l’autre ? ».Il faut s’exprimer honnêtement, s’exprimer clairement.Etre attentif aux demandes que l’on fait. Si je demande : « Est-ce que tu m’aimes ? » c’est déstabilisant, car comment combler tout l’amour qui est en l’autre ? Il faut proposer des choses réalisables, concrètes.

DÉBAT

– En écoutant Laurence, je dis oui. Mais je ne peux pas gommer mon vécu, mon origine, mon histoire.Laurence : on n’efface pas ce que l’on est, mais chacun est invité à se réadapter. – Je n’aime pas ce mot. Il faudrait en trouver un autre.– S’ajuster ?Laurence : Ou s’adapter à chaque fois que c’est nécessaire, trouver un nouvel équilibre. Par exemple, je n’ai pas besoin de parler à mon mari pour voir dans son regard qu’il va mal. Pour chaque état, c’est l’autre qui a la réponse et qui sait ce qui est bon pour lui. L’écouter, puis reformuler pour être sûre que j’ai le même filtre que lui pour analyser ce qui se passe et ainsi pouvoir le comprendre.– On a plusieurs rôles : époux auprès de son épouse, père auprès de ses enfants, collègue auprès de ses collègues et les engagements en plus. Ne met-on pas des fossés entre ces différents engagements ? Est-ce qu’il y a vraiment un fossé entre tout ça ? Laurence : Ces engagements ne sont pas opposés. Chacun satisfait des besoins différents. En moi, il y a une telle diversité de besoins que j’y donne des réponses différentes. Mais c’est toujours moi. – C’est la coordination qui n’est pas évidente. Certains besoins prennent le dessus sur d’autres. Par exemple, le travail du conjoint prend le pas sur le couple. D’un côté la femme a besoin d’ être secondée dans l’éducation des enfants par son mari et celui-ci a un tel besoin de s’isoler en rentrant du travail qu’il n’est pas présent. Comment tout concilier ?– C’est aussi une question de culture si des besoins prennent le pas sur d’autres. On donne des priorités par rapport à ses habitudes, son histoire.Laurence : On revient à l’image des deux bulles avec une toute petite et une grande. L’autre devient plus important que moi.

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– Enfant, on nous disait, « pense aux autres avant de penser à toi ! Penser à soi, c’est égoïste ! » : Cette éducation judéo-chrétienne nous a été inculquée. Mes parents ont beaucoup donné, moi je n’ai pas envie de faire comme eux.– Je veux revenir sur ce que disait Cyril. Il faut éviter les recettes et le saucissonnage de notre vie. Ce qui est prioritaire, central, c’est moi, mon couple et ma famille. C’est vital. Le reste navigue autour.– Je réagis sur l’éducation des enfants. Le rôle du père n’est pas de « seconder » la mère, je mets les deux à égalité.Albert Donval : L’unité elle-même n’est pas à confondre avec l’uniformité et l’harmonie. L’unité est conflictuelle. On ne peut pas rêver d’un couple où il n’y aurait pas de conflit. A la fois je peux vouloir que mon mari soit là et, en même temps, j’ai besoin d’être seule. Le conflit est aussi à l’intérieur de moi. On a beaucoup d’attentes et de besoins contradictoires en nous. Il y a une unité conflictuelle en moi et une unité conflictuelle du couple. Il ne faut pas courir après une harmonie totale. Il n’y a de vie que là où il y a du conflit !

CONCLUSION par Laurence PERCHE

Si le conflit est nécessaire, il faut se dire comment vivre au mieux cette distorsion. Il faut prendre conscience de ce qui se passe en moi, avec un regard de bienveillance. Si j’ai envie d’aller vers l’autre, c’est OK. Si je n’ai pas envie, ce n’est pas le bon moment pour entrer en relation. Laisser alors du temps au temps, ne pas réagir tout de suite, faire d’abord le point sur moi. Accepter l’ici et maintenant, tel qu’il est. Pour vivre, grandir, se développer, un couple a besoin de respirer. Un « nous » véritable implique des séparations inévitables. Il faut à la fois permettre le désir d’être (besoins de liberté, d’épanouissement personnel) et le désir d’être pleinement « avec » (partage, communion tendresse). Pouvoir raconter ses découvertes fait l’unité.Quelques petits trucs pour communiquer :- Un rendez-vous sympa au calme. On le prévoit avant pour que l’autre soit au courant.- On se parle ET on s’assure qu’on a bien compris.- Si c’est trop lourd, on s’écrit.- Je peux communiquer en parole mais aussi en gestes d’attention, de tendresse, et par

les rapports sexuels.- On peut prendre le temps de se retrouver avec d’autres couples.- On peut prendre un conseil extérieur : conseiller conjugal.La première des choses, c’est s’aimer soi-même, être capable de solitude, se réjouir des différences, renoncer à la possessivité, accepter l’imperfection. Il faut communiquer et rompre avec ce qui est mortifère du passé.

LES ECHANGES EN CARREFOURS

Questions pour les carrefours

• Réaction de chaque membre du groupe par rapport au sketch présenté au cours de l’intervention de Laurence PERCHE.• Partage d’expériences sur la résolution de conflits.

Carrefour 1

Qu’est-ce qui me plaît dans notre façon de communiquer   ? Qu’est-ce qui me pose question   ? Comment améliorer   ?

Dialogue   : – Il est fréquent qu’on oublie de se donner des nouvelles importantes. Quand il me pose une question, je me sens agressée. La CNV m’éclaire, cela me montre que ce n’est pas seulement une question de caractère. Etre ici va nous permettre de nous améliorer, je

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suis contente d’en prendre conscience. Au début je me disais toujours : « qu’est-ce que j’ai encore fait ? » quand il m’appelait.– Quand je me sentais agressé, je disais cela. Cela la déstabilisait et l’obligeait à chercher. Cela relève de choses qu’elle n’arrive pas à exprimer. La meilleure défense c’est l’attaque, c’est tout moi !– Cette culpabilité était liée à l’autoritarisme de mon père. S’il est en colère, ce n’est pas forcément à cause de moi. – Cela me permet d’exprimer un mécontentement sans qu’elle le prenne pour elle.– J’ai du mal à demander. Je préfère râler toute la journée.– Elle n’a pas la culture d’exprimer ce qu’elle veut par la parole, je dois observer son comportement. Arrêtons de renvoyer la faute sur notre famille ou notre culture : se regarder et voir ce que l’on reproduit inconsciemment. Le temps du « faire » doit s’arrêter pour le temps de l’échange. Ne pas remettre à plus tard.– Au début, quand je me mettais en colère, il ne se rendait même pas compte que j’étais fâchée. J’avais l’idée que s’il m’aimait, il allait savoir, il allait comprendre. Ma mère n’exprimait pas sa colère. Je peux fixer la barre là où je veux, et non pas là où on m’a dit qu’elle était fixée, afin de retrouver l’estime de moi.On peut se faire aider à l’extérieur.Dans les pistes d’amélioration, je dois exprimer davantage mes sentiments.Je pense qu’on peut toujours aller plus loin, s’améliorer.La tendresse permet d’aller au-delà du conflit.On peut relire les choses par écrit.

Carrefour 2

• C’est difficile pour moi de partager avec mon conjoint ce que je vis dans mon engagement. Quelle priorité : restitution de ce que j’ai vécu ou vie de famille ?

• Quand il rentre, il lui faut quelques heures pour émerger. On a envie de lui parler et il est muet ! Ce n’est pas facile pour lui.

• On ne peut pas tout raconter : les engagements, le travail qui nous préoccupe aussi, nous prend parfois la tête.

• Moi, j’ai plutôt envie de raconter, mais ma femme n’est pas forcément disponible sur le moment pour écouter.

• On partage assez rapidement les grandes lignes, et c’est bon. Ça m’intéresse de savoir ce qu’il a fait.

• On aime bien partager, se tenir au courant.

• On n’est pas toujours d’accord sur les décisions qui ont été prises, on en discute.

• J’aimerais parfois partager des choses confidentielles, mais je ne peux pas. J’ai parfois l’impression qu’il ne comprend pas ce que je vis. Il considère un peu que la femme au foyer, c’est sa mère à la maison !

• Echanger sur des choses confidentielles, c’est un peu au cas par cas. Parfois, on évoque sans être trop précis, on a besoin d’exprimer des choses vécues.

• J’ai besoin d’évacuer les choses dures que je peux vivre au travail, par la prière mais aussi en partageant avec mon mari, car c’est trop lourd pour moi. J’ai confiance en lui, je sais que ça ne sortira pas de notre couple.

• ça soulage d’en parler, c’est comme une soupape de sécurité, mais aussi une partie de moi que je vais donner à l’être que j’aime.

• Je dis parfois des choses qui me font mal avec agressivité et en fait cela ne me soulage pas, ce n’est pas une solution. Ce n’est pas comme ça qu’il faut le dire, mais parfois il faut que ça pète !

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• Par notre éducation, notre caractère, on n’est pas tous à l’aise pour s’exprimer. Personnellement, je ne m’exprime pas beaucoup sur les choses intimes, sur ce qui ne va pas. Ou alors, parfois ça explose !

• Quand j’étais en couple, je gardais tout pour moi. J’étouffais. C’est en partie pour cela que nous nous sommes séparés. Il a fallu que je parte pour pouvoir parler avec mon conjoint. Je me sentais inférieur, je ne me sentais pas moi. Il a fallu cette séparation pour que je puisse me réaliser. J’ai pu franchir des obstacles que je ne pouvais pas franchir en couple.Au niveau de la séparation, dans l’Église, il y aurait bien des choses à faire. Ce n’est pas possible de se sentir bien dans sa religion quand on est divorcé. Il y a une ségrégation. Je me suis fait ma petite religion. Des divorcés dans notre entourage sont agressés par d’autres chrétiens de façon très dure.

• Arriver à se regarder ensemble, analyser notre fonctionnement de couple, c’est difficile. Des copains en équipes Notre Dame ont des outils pour ça. Nous on ne le fait pas trop, mais on se dit que ce serait bien.

• Pour l’avenir de notre couple, ça paraît vital et stratégique.

• On ne se dispute pas, mais parfois il y a des frictions. Pour dépasser cela et gagner en confiance, on aurait besoin de ça.

• En vieillissant, on prend des habitudes. Ça me pèse quand elle rouspète ; je ne dis rien, mais je pense en moi-même : « elle a raison ! »

• Oui, mais si tu ne le dis pas, elle ne peut pas le savoir !

• C’est l’éducation que j’ai reçu : mon père est comme moi !

• Si on remplace le mot habitude par le mot routine, on prend conscience qu’on doit se donner le droit et même le devoir de faire marche arrière !

• On essaye toujours de prendre du temps pour se dire ce qui ne va pas. Dans un moment où ça ne va pas, on doit se poser pour en parler. Si on ne le fait pas, ça peut être hyper-dangereux. Même si c’est dur de prendre du temps, il faut le faire. Sinon une routine se crée et ce n’est pas sain du tout.

• C’est la première fois qu’on met notre couple à plat. C’est un problème de ne jamais prendre le temps. Si je n’arrive pas à dire les choses, je n’arrive pas à écouter ce que tu peux me dire… Mais je ne ressens pas les moments où mon mari est prêt à m’écouter.

• Les psychologies de l’homme et de la femme sont différentes. La femme a peut-être plus besoin de tendresse. J’ai plus de mal à cause de mon éducation.

• C’est peut-être trop facile de dire « c’est à cause de mon éducation ».

• J’aimerais bien que tu la balances un peu, ton éducation !

• A un moment, tu dois peut-être considérer que ta vie n’est pas celle de tes parents mais qu’elle t’appartient et que ton comportement va se reproduire sur tes enfants.

• On ne réagit pas tous pareil face au conflit. Personnellement, je n’aime pas le conflit.

• Dans ce cas, il vaut mieux attendre un autre moment. Dans un moment de conflit, on dit parfois n’importe quoi. Je n’aime pas le conflit non plus ; je ne vais pas me mettre en colère, je vais plutôt pleurer. Ce n’est pas sur le champ qu’on peut résoudre le conflit. C’est après qu’on peut s’asseoir et revenir en arrière pour en parler.

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• On ne se pose pas dans notre univers quotidien, on va au restau, au cinéma. Une façon de prendre du recul, de la distance, un besoin de faire fonctionner la soupape de sécurité.

• On sait par expérience qu’à un moment donné, il faut qu’on se pose. Il y a des sonnettes d’alarme qu’on a repérées : pas de petits bisous par exemple ! Alors on se dit : « Tiens, on va se faire une balade ! » Au début, on ne parle pas et au bout d’un moment, c’est moi qui engage la conversation et on commence à parler, mon mari et moi.

• Il faut une volonté commune, trouver le bon moment pour les deux.

• Il faut déjà s’interroger sur son propre comportement.

• Il faut être en osmose avec soi-même. En pratique on a la tête prise par plein de choses extérieures : enfants, travail, quotidien, fatigue…

• Je fais une psychothérapie pour mieux me comprendre et éviter de refaire des erreurs dans une nouvelle vie de couple.

• Déjà, si on peut comprendre qu’écouter l’autre est très important même si on n’a pas de solution, c’est déjà un début de solution.

• Ne pas avoir de tabous, y compris la sexualité. L’harmonie sexuelle fait partie du couple. Le pardon est important aussi.

• Les engagements ont été aussi pour moi, parfois, une fuite par rapport à un malaise dans le couple. Il aurait fallu éviter cette fuite et trouver un moyen d’améliorer les choses.

• Il y a toujours des solutions, il ne faut pas chercher d’excuses. Mais ces vacances formation peuvent être un point de départ pour évoluer.

Carrefour 3

Désir important d’être fort en repartant avec son couple et une motivation pour améliorer la communication.Sensation d’être relié mystérieusement avec les autres.

Partage vraiment important en carrefour. L’expérience des uns apporte aux autres. Je suis bouleversée de cette semaine mais très heureuse de l’avoir vécue.J’ai envie que l’on avance ensemble. On a des limites dans nos fragilités et dans nos richesses.Patience et joie de vivre, voir toujours le positif dans chaque situation et ne pas s’arrêter sur le négatif.Grande écoute.Nous avons pu voir la sincérité sur le manque de communication dans un couple et nous l’avons vraiment partagé.Nous avons pu nous écouter différemment que si nous étions à la maison. Grâce à vous, j’ai pu la voir s’exprimer et mesurer sa souffrance.Attention pour d’autres de valider leurs engagements d’abord en couple avant de confirmer à l’extérieur.Moins facile de parler de nous, partager une intimité qui ressemble parfois à d’autres, sans pourtant partager du tout la même vie.

Nous retenons   : L’importance du dialogue. Savoir communiquer et pas seulement par les mots, savoir se retrouver. Savoir

écouter sans juger. « Danser avec et pas contre. » J’ai eu peur de venir mais j’ai encore plus peur de repartir. Comment on arrête un engagement : je ne sais toujours pas, même si cette

semaine m’a permis de relativiser.

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Il faut s’ajuster en permanence. Merci pour cet accueil et cette mise en route. Dosage d’un meilleur lien dans la communication. Besoin de respiration, de temps pour soi pour avancer. Choisir, c’est aussi renoncer. Ce n’est pas que des non-dits volontaires, c’est aussi qu’on ne sait pas forcement

s’exprimer.

Carrefour 5

Pour certains couples, il faut un gagnant et un perdant. C’est comme un combat Dans notre couple, on n’échange pas. Ce sont des monologues. On n’a pas grand-

chose en commun  Après 28 ans de vie commune, on vit notre couple plus sereinement maintenant

que durant les premières années Notre « socle » : des convictions communes et le « jeu » de la complémentarité Ne pas vouloir à tout prix échapper aux disputes, mais apprendre à gérer les

conflits. Une fois que la phase fusionnelle est passée, on peut dire que l’amour, c’est un

choix. Il s’entretient. C’est accepter la différence L’amour, c’est le respect.

Quelle qualité d’écoute   ? m’exprimer me suffit ; cela m’apaise la femme s’exprime plus, extériorise plus facilement que l’homme il y a le « moteur » et le « carburant ».

Carrefour 6

Assurément, il s’est passé quelque chose entre mardi et aujourd’hui. La discussion change de forme. Au début, on faisait un tour de table pour que chacun prenne la parole. Il y avait de la retenue. Aujourd’hui, (chaque jour l’animation est assurée par quelqu’un de différent) l’animatrice décide de traiter chaque sujet l’un après l’autre et que chacun s’exprime librement. Et c’est comme si la parole s’en trouvait libérée. Les hommes parlent beaucoup plus. Cette prise de parole se fait dans un équilibre presque parfait.« Quand on communique, ça permet d’apaiser des tensions intérieures. Je communique peu, toi tu communiques beaucoup ». Communiquer cela ne veut pas forcément dire être entendu. Même si un homme fait le constat « qu’on communique beaucoup moins qu’avant », il croit beaucoup à la communication.Le groupe renvoie alors l’importance d’être bien avec soi pour pouvoir entrer en relation avec les autres.Bien communiquer, ça demande un effort. Pour certains, cette notion d’effort gêne. En tout cas, il faut décider de communiquer, le vouloir, parce qu’au fil du temps, des changements apparaissent : le travail qui a tendance à cannibaliser, les enfants. Cette communication qui était si évidente au départ devient moins prioritaire. On est chef d’entreprise par exemple et l’entreprise devient comme un bébé qui accapare ; mais j’ai décidé de faire autrement. J’ai décidé de passer à 90 % mais ce n’est pas simple au sein de l’entreprise.La question d’être entendu revient dans le débat. Il faut non seulement communiquer mais être entendu, compris. Parfois, l’autre a tendance à anticiper ce qu’on va dire ou penser. Ou alors, on se censure en anticipant ce que l’autre attend de soi.A chacun son « comment ». Pour certains, il y a de fréquents coups de gueule. Pour d’autre, on n’élève jamais la voix, alors un coup de gueule « ce serait trop grave ». Ne pas élever la voix ne veut pas dire que la colère n’existe pas.Osons-nous le conflit ? C’est une question qui interroge. Un homme reconnaît qu’il n’aime pas les conflits, il a donc tendance à fuir.

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Dans le « comment », il y a aussi l’importance de se sentir entendu, pris en compte. Par exemple, le conjoint prend un engagement sans que le « oui » de l’autre ait eu le temps de se formaliser. Dans les pistes, chacun s’interroge sur comment donner du temps au couple. Un homme s’inquiète que cela ne devienne comme un travail. Un autre renchérit : « comment faire pour que cela soit naturel ? Que cela ne soit pas pesant ? » Une femme répond : « ne faut-il pas se forcer un peu ? Il faut décider d’aimer, passer de l’état d’être amoureux à l’action d’aimer. »« Il faut quitter cette idée que la vie de couple est idyllique ». Il faut se dire ce qu’on apprécie chez l’autre : « Se dire ce qui m’émerveille en toi, car ce regard émerveillé existe ».

Carrefour 7

«   Dialogue en couple   » Le sketch nous a interpellés, il met le doigt sur des situations vécues de malentendus dans le couple :

Comment gérer les écarts de rythme si l'un travaille et l'autre est à la maison ? Comment percevoir les besoins de parole ou de silence de l'autre, trouver le bon

moment pour échanger ? Comment rejoindre l'autre dans ce qui l'intéresse, m'intéresser à sa vie pour

mieux le connaître ?

Carrefour 8

Qu’est-ce qui fonctionne bien dans la communication par rapport aux engagements   ?

• Constat : on parle beaucoup de nos engagements parce que c’était dans notre contrat au départ.Il y a des difficultés par rapport au manque de disponibilité de l’autre, car les enfants sont là au quotidien. C’est un frein à la communication.Deux sources de conflit : l’engagement de l’autre et l’éducation des enfants.Moi, je désire m’engager et que ma conjointe soit plus engagée. Avec le temps, on devient moins exigeant.Quand je suis en colère : par peur d’être trop sec, je préfère refuser la communication, car je ne suis plus en capacité de reformuler ce en quoi je ne suis pas d’accord. Je reste 2 ou 3 jours sans parler, le temps que la colère soit un peu retombée. Mon conjoint attend que cela passe, reste disponible pour m’écouter et reprendre la communication.Réponse de la conjointe   : « mais concrètement, ce n’est pas possible de m’engager plus. Je fais mes engagements à ma mesure. Je connais mes limites ».

• Chez nous c’est l’inverse. Plus ma femme s’engage partout et moins je m’engage. On n’a pas besoin de tous ces engagements, je ne me sens pas toujours responsable. C’est lourd pour moi de porter le couple, souvent seul le soir et en même temps, pourvu qu’elle parte, je me sens mieux à la maison. Besoin de calme, de ne pas stresser tout le temps. Rythme intérieur plus calme, peur de l’activisme. Préférence pour le contact inter personnel, relation avec les collègues.Chorale : si pas efficace, je donne mes idées, si le groupe ne suit pas, ce n’est pas grave.Syndicat : là, il faut se battre et parfois on essuie des coups, plaisir d’avoir fait quelque chose.Besoin d’équilibre entre la vie de couple et les engagements : besoin de plus de temps à deux, où on peut se poser à deux. Discuter.Réponse de la conjointe   : « et toi, promenade à deux, avec les copains et moi je suis seule dans mon coin ! Dans les différences, vous ne percevez plus l’effort de l’autre pour vous rejoindre.   » Besoin de se préciser les attentes, derrière l’activité, de quoi j’ai besoin ?

J’ai l’impression de bien connaître ma femme, je pense connaître sa réponse. La femme dit beaucoup plus, et moi, et moi ? Besoin de reconnaissance au

quotidien pour les femmes.

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Ca fonctionne bien : on arrive à échanger sur tous les sujets et en plus la confiance est réciproque (présupposé de toute décision). Mais je ne sais pas toujours ce que l’autre pense (mari) et parfois de ma part un agacement ; Quand on garde beaucoup de chose en soi, parfois la transmission est mauvaise. Et en plus, on n’a pas les mêmes soucis des enfants. On se rejoint plus dans nos engagements. Je me déculpabilise : on a tous les deux des engagements, on est partis tous les deux. Souligné par une part d’ambiguïté de chacun.

Conjoint : reconnaissance mutuelle de l’engagement de l’autre. Ce qui coince de ma part : Trop d’implicite, je ne dis pas ou pas clairement.

Pas assez d’attention à ce qui a été dit ou fait par l’autre. Grande complémentarité entre nous. Besoin de se poser, d’aller de l’avant. Important de partager la même foi au Christ et cette joie-là ; ça veut dire qu’Il est

vraiment dans notre vie, souvent un sujet de discussion à la maison.On a une fille, qui démarre en couple : très opposés, pas la même façon de vivre, foi… Cela me renvoie à notre couple.

Important de comprendre celui qu’on aime. Quel autre ciment dans le couple que la foi ? L’amour dans le couple.

Quand on veut que l’autre s’exprime, la question est : « est-ce que tu m’aimes ? »Besoin de dire au moins une fois par jour « je t’aime ».

Je sens son assentiment même s’il ravale que je sois partie. Tu préfères que je sois à la maison ?… à certains moments.

Est-ce que chacun cherche ses solutions ou est-ce que les arguments vont être mis ensemble sur la table pour décider ce qu’on arrête ou ce que l’on garde ?

Conclusion   : On parle de nos engagements. Se prendre en compte mutuellement en cas d’excès ou de débordement. Connaître ses propres limites. Respect du rythme de chacun. Pas de sujets tabous. Confiance que j’ai en l’autre, confiance en son soutien. Reconnaissance de l’engagement de l’autre. Avoir une démarche individuelle, repérer ce qui coince de ma part.  Partager les mêmes valeurs, partager la foi.

Points importants   : Tout engagement a une incidence sur le reste. Toujours des contradictions, des faiblesses personnelles. Comment accompagner

l’autre dans ses faiblesses ou ses erreurs ? Comment apprendre à s’adapter et à aider ? Accepter de ne plus vouloir changer l’autre mais se changer soi-même. Aimer

c’est élever l’autre. Il peut y avoir des situations de blocage. Ne pas enfermer l’autre dans ce que j’ai

déjà compris de l’autre sinon écoute distraite, or on est tous en changement, en évolution.

Dire c’est permettre à l’autre de me comprendre, mettre des mots et en chercher le sens, ne pas couper la parole.

Engagement central   : Le couple puis les enfants. Aussi un besoin   : se sentir aimé.

Vendredi 22 août 2008La fécondité des engagements

TEMPS SPIRITUEL 

« Souvent j’ai envie de crier, crier contre le non-sens de la société. Crier contre, crier avec, crier de vie. Si je crie, c’est que je suis vivant. »

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REPRISE par Albert Donval

Hier, jeudi, les enfants et les ados, dans de remarquables mises en scène, ont illustré à leur manière, le thème central de la semaine. Avec ce message : couples, engagez-vous ! Parents, n’oubliez pas vos enfants, ni vos ados !Hier, jeudi, pour les adultes, c’était le jour de la grande question de la conciliation entre vie de couple et engagement. Un double désir nous traverse les uns et les autres : être le plus heureux possible ensemble et être engagés. Deux désirs si grands qu’ils ne sont pas facilement et toujours compatibles. Là, Laurence nous dit : « il faut communiquer entre vous, avec la C.N.V. de préférence. » Et le fil rouge croit savoir que dans les groupes, ça a communiqué et que ça a donné le goût de communiquer par la suite.Mais le fil rouge, alerté par quelques drapeaux rouges qui se sont levés ici ou là, a le sentiment que la question entre vie de couple et engagement n’a pas été vraiment traitée. Un mécontentement sourd qui alerte, une attente qui n’est pas comblée. D’où un apport complémentaire du fil rouge :

D’abord, tous les couples ne sont pas concernés au même titre : il en est où ça baigne, il en est d’autres où les conflits occasionnels à propos des engagements se règlent comme se règlent d’autres conflits. Mais il en est aussi dans lesquels plane une insatisfaction à propos des engagements et de leurs répercussions sur la vie interne du couple. On peut et on doit, dans ce cas, se poser quelques questions :

• On peut s’interroger sur les significations – conscientes et inconscientes – de tel ou tel engagement et de leur nombre éventuel par rapport à la vie de couple : est-ce vraiment de la valeur ajoutée ? Est-ce de la fuite et de l’évitement ? Est-ce du désamour ? Est-ce une contrainte incontournable venant de la vie professionnelle ? Est-ce une démangeaison personnelle de l’un ou l’autre membre du couple ?

• On peut s’interroger sur les liens entre engagement et structure du couple. Il est des couples qui ont toujours le besoin de courir (couple T.G.V.), il est des couples qui ont besoin d’être plus au chaud (couple cheminée), il est des couples où les membres ont besoin d’indépendance maximum, il est des couples où l’un a plus besoin d’être dedans et l’autre dehors. A chaque couple de s’interroger sur la structure de son lien.

• On peut s’interroger sur le moment de la vie de couple où les engagements font problème ou sur les moments de la vie personnelle de l’un et de l’autre (moment amoureux, moment parental, moment de la retraite, moment d’une maladie...)

• On peut s’interroger sur le fait de savoir si les engagements pris sont des engagements du couple, ou s’ils ne tiennent pas à un héritage familial d’abord et avant tout, sans que ce soit une décision vraiment prise à deux.

• On peut enfin se demander si les tensions rencontrées ne sont pas des tensions normales entre un homme et une femme, différents par leur génie, par leur éducation, par leur besoin de présence/distance, par leur besoin d’être avec et d’être momentanément séparés.

TEMOIGNAGES 

Deux couples relisent leur vie après 20/50 ans de mariage et d’engagements, et témoignent de la fécondité de leurs engagements (fécondité pour moi, mon couple/ma famille, pour la société, pour l’Eglise, fécondité de la transmission de l’engagement à la génération suivante…).

Premier témoignage   : Catherine et Jean-Philippe TORSET

Nous sommes mariés depuis 21 ans, nous avons trois enfants de 20, 18 et 16 ans. Jean-Philippe est pilote de ligne et Catherine laborantine.

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JEAN-PHILIPPE : Aîné d’une famille de 5 enfants, j’ai toujours su ce qu’était en engagement par mon contact avec des adultes. Cette période m’a appris à prendre un peu de temps avant de donner une réponse lors d’une demande tierce.

CATHERINE : Seconde d’une famille de 2 enfants, je n’avais pas d’engagement personnel ou familial avant de rencontrer Philippe.J’ai été vraiment interpellée en croisant sa famille. C’était un révélateur sur le fait qu’on pouvait s’engager et y trouver du bonheur, j’ai tellement de choses à rattraper !

JEAN-PHILIPPE : Au début de notre mariage, je suis devenu membre du Conseil d’administration de l’aéro-club où je préparais mon brevet de pilote de ligne. Nous avions besoin de faire quelque chose en commun, nous avons choisi l’ACI et… un premier enfant.Nous ne pouvions pas concevoir notre vie chrétienne sans un engagement en Eglise, mais nous ne nous y sommes pas retrouvés.

CATHERINE : Pendant mon congé parental, être catéchiste a remis ma foi en route, sur des bases que je n’avais pas reçues. Sans doute est-ce devenu le socle de nos futurs engagements, professionnels et personnels. Pour chacun de nous, cela a permis une insertion paroissiale.

JEAN-PHILIPPE + CATHERINE : Nous avons, ensemble, repris la gestion de la cantine scolaire. C’était pour nous une réponse à un besoin de société et une cohérence avec nos convictions et nos engagements. Les difficultés diverses : familles en difficulté, critiques, mauvaise foi des uns et des autres… ont soudé notre couple. Nos différents choix nous ont permis d’acquérir une crédibilité auprès de nos différents interlocuteurs. Notre foi et nos engagements d’Eglise, connus et respectés de tous, ont influencé notre approche des situations et des personnes. Pour nos enfants, cela paraissait naturel, et non contraignant.Lorsque Catherine a repris le travail, en cohérence avec ses convictions personnelles, nous nous sommes engagés ensemble dans la catéchèse.

JEAN-PHILIPPE : cette période m’a apporté une grande richesse sur la manière d’aborder les choses, de savoir prendre du recul, de ne pas réagir à l’instinct.CATHERINE : Ce rythme de vie très nouveau et peu conventionnel était une prise de risque pour notre couple et notre cellule familiale. Nous avons réussi je pense à combiner l’ensemble des contraintes afin de les transformer en richesse pour que chacun trouve sa place et soit en lien avec les autres.

Enfin, nous avons accompagné la préparation au baptême d’enfants en âge scolaire.JEAN-PHILIPPE : La préparation au baptême m’a apporté une grande bouffée d’oxygène, le contact avec les enfants est très pertinent. Nous avons vu l’évolution de la réflexion de certains parents, très réticents au départ. Les discussions étaient simples et fructueuses.CATHERINE: Pour moi, cette expérience a été le plus bel exemple de la fécondité d’un engagement. J’illustre cela par la démarche d’un papa dont la fille était dans notre groupe de préparation. Ce monsieur initialement hostile à la démarche de sa fille, un an plus tard, après diverses discussions et réunions, désire engager une demande de baptême.

Puis, en 2000, nous avons déménagé et donc laissé ces engagements derrière nous. Pour Catherine, le vide d’engagement a constitué une grosse rupture. Jean-Philippe en a profité pour « souffler » un peu. Les enfants, eux, se sont engagés dans le milieu sportif.

L’année suivante, suite à l’appel du doyen, nous nous sommes engagés dans la préparation au mariage. Avec un poste de chargée de mission au CCFD, Catherine a retrouvé la cohérence entre un engagement en Église et un autre dans la société.Jean-Philippe a découvert une nouvelle facette de l’engagement en Église et, avec surprise, le choix de couples concernant le mariage religieux, avec des motivations disparates, parfois déstabilisantes…Catherine y voit également l’étincelle de l’amour de Dieu.

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La fécondité dans notre couple, c’est être cohérent avec ce qu’on a envie de vivre.Les enfants ne sont pas forcément engagés comme on l’imaginait, ils sont plutôt sportifs.On a semé, c’est en train de lever, on ne sait pas ce qui lève.Il existe des formes d’engagement tellement différentes, c’est difficile de reconnaître la fécondité.

Second témoignage   : Michel et Anne-Marie FOUQUIN

Couple et engagements, tout un programme !Relisons dans le dictionnaire la définition des mots-titres :Un couple, en mécanique, se définit comme « deux forces égales et parallèles, dirigées en sens contraire l’une de l’autre ». Eh bien, au bout de 44 ans de mariage, je crois que c’est vrai ! Ne pas rêver d’être tous les deux pareils.Engagement : Action de se mettre en gage.

Un équilibre à trouver : 5 axes-repères : Etre au clair avec soi-même : vrai, présent, disponible, gai, loyal Porter et vivre les engagements : soutien, ras-le-bol, partage, incompréhension S’organiser vis-à-vis de

- la famille : supporter l’admiration comme la jalousie- les enfants : formuler des explications à leur niveau

Rester « proche » du village : entraide, fêtes, nouvelles de la santé… Oser des ouvertures quoi qu’il en coûte : dépasser la calomnie !

Réussir tout cela ? Un programme, une vie, un balancier.

Et si, selon l’expression de Jean-Jacques « Anne-Marie a fait le tour du monde, et Michel le tour de l’exploitation », en tant que femme, je peux dire que Michel est l’« axe central d’où part et repart la force d’être et de durer » (Michel Vermeulin, Tour de France, 1959).

Equilibre à trouver : il est bien connu que l’on « trouve ce qu’on cherche ».Fils ou fille de, frère ou sœur de, mari ou femme de… et moi, et moi, et moi ?Homme ou femme, époux ou épouse, père ou mère, professionnels, croyants…Ne pas attendre de reconnaissance. Avant d’être fière de l’engagement, la famille n’aide pas beaucoup.

Des convictions à vivre : Il faut avoir conscience de l’importance de nos actes, en être convaincus, sans tomber dans les dogmes fanatiques, malgré la passion.Mais si à 20 ans on ne brûle pas d’amour, à 40 ans on meurt de froid.Alors la passion des 20 ans s’assagit, mais veillons à ne pas l’éroder.Nous sommes convaincus :

que la vie est sacrée : agir pour grandir et faire grandir que chacun est unique et doit être reconnu comme tel que reconnaître c’est renaître avec, c’est-à-dire respecter l’autre.

Soit : agir et se battre pour un projet, une idée, et non « contre » quelqu’un, si possible.

Alors, ETRE FECOND = NE JAMAIS LAISSER INDIFFERENT

Fécondité pour moi  : Etre et rester fidèle à nos « mises en gage » de jeunes.

Avoir amélioré un peu mon caractère

Fécondité pour le couple  : expérience de la fidélité, de la confiance (se fier avec)

Fécondité pour la famille  : frères, sœurs, cousins : présence toujours, regards différents sur nous

Fécondité pour les enfants  : ils s’engagent eux aussi, mais 2 mariages civils et 1 Pacs..

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Pas de caté, mais le PARDON.

Fécondité pour la société  : Faire au mieux de ce que l’on croit, en équipe, au lieu T, à l’instant T, le reste ?

On est si petit ! Il faut toujours être prêt à passer le flambeau, le préparer, être capable de passer la main et de s’effacer.Faire au mieux, travailler en équipe, déléguer et épauler.Garder la tête froide et les pieds par terre.Nous sommes de passage.Des retours, des appels, des signes…

Fécondité pour l’Eglise   : Le Gâtinais : région très déchristianisée avant le reste de la France.« Sibérie » du Loiret tant pour les écoles que pour les Eglises.Nos fécondités :

- Catéchèse pour les enfants- Mission de France, comités paroissiaux pour l’accueil et les obsèques.- Nous sommes « reconnus du côté de l’Église »

Parole lors d’une récollection JAC : « Jésus est un ami qui ne nous abandonne jamais ».La veille de notre mariage, l’aumônier qui nous a mariés : « Mes enfants, souvenez-vous, pendant vos scènes de ménage, que vous n’avez que des qualités, car vos défauts sont les manques ou les excès des qualités ».

Il nous reste à apprendre à vieillir, avec notre foi, à devenir chaque jour plus sereins pour essayer de conserver la santé et garder la joie et la disponibilité. Puissions-nous être des repères pour nos petits-enfants.

QUESTIONS AUX TEMOINS

– Vos engagements vous ont-ils donné la force d’affronter le futur ?JEAN-PHILIPPE : Nous ne connaissions rien à la gestion, nous avons pris cette charge de but en blanc, nous sommes partis dans l’inconnu, chaque jour nous faisions de nouvelles découvertes, cela nous a bien soudés.CATHERINE : il y a des moments rudes dans les engagements publics.

– Anne-Marie dit ne pas attendre de reconnaissance, il faut quand même voir le fruit. Si tout le monde est contre moi, est-ce que je ne suis pas en train de me tromper ? Ne faut-il pas se remettre en cause ?ANNE-MARIE : Nous avons fait un stage de communication dans le couple. Malgré ce qu’on croit, 80 % de nos actes sont conduits par l’irrationnel. On n’a jamais raison tout seul. On n’a jamais tort tout seul non plus. On n’a jamais 100 % des gens contre nous. On peut se tromper, mais on n’est jamais tout seul. Rester prêt à lâcher le bâton lorsque c’est le moment.CATHERINE : Si l’engagement ne nous nourrit pas personnellement, il nous dessèche. C’est plus facile quand il y a des limites (contenu, temps). Il arrive un moment où l'on n’est plus fécond dans notre engagement.

– Quels changements ont eu ces engagements sur vous, vos enfants ?JEAN-PHILIPPE : Au début, les enfants ont subi. Ils sont partis de zéro pour arriver à ce qu’ils sont aujourd’hui. Un soir, on attendait Catherine, elle arrive avec 5000 idées, puis n’est pas d’accord avec la gestion de la maison : « Maman, quand tu n’es pas là, on vit, quand tu es là, on survit ». Elle a invité tout le monde à l’apéro.CATHERINE : je suis passée d’un stade où j’étais très en retrait par rapport à l’Église au plongeon dans la marmite. Je suis passée d’un regard critique extérieur à un regard engagé très critique ! Ma famille me regarde différemment. Pour eux, on est des extraterrestres, même si d’un certain côté ils sont fiers. C’est valorisant et déstabilisant. Difficile de répondre pour les enfants. Ils savent dire non pour l’instant. Ils tâtonnent encore, mais savent où ils sont et qui ils sont.

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ANNE-MARIE : je me suis battue non pas contre quelque chose, mais pour des idées. On s’est aussi servi de mon tempérament capable de faire passer des idées. Pour moi le Christ est présent dans toute personne.JEAN-PHILIPPE : l’engagement a été le houblon dans notre vie, comme le houblon dans la bière.MICHEL : Dans les grandes difficultés, je suis là.

TRAVAIL EN CARREFOURS

Les carrefours du vendredi étaient destinés à éclairer ce qui nous motive dans nos engagements.Dix textes sont proposés au choix pour ce travail en carrefours.Chaque groupe est invité à vivre l’étape n°3 de la Démarche de Réflexion Chrétienne : « en équipe, quelle chance de pouvoir dire en qui nous croyons. »

FICHE 1 : Le mythe fondateur du couple et sa fécondité (Genèse 2,5-24)

« Le jour où le Seigneur Dieu fit la terre et le ciel, il n’y avait encore sur la terre aucun arbuste des champs et aucune herbe des champs n’avait encore germé, car le Seigneur n’avait pas fait pleuvoir sur la terre et il n’y avait pas d’homme pour cultiver le sol  ; mais un flux montait de la terre et irriguait toute la surface du sol. Le Seigneur Dieu modela l’homme avec de la poussière prise du sol. Il insuffla dans ses narines l’haleine de vie, et l’homme devint un être vivant…

Le Seigneur Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Eden pour cultiver le sol et le garder. Le Seigneur Dieu prescrivit à l’homme : « Tu pourras manger de tout arbre du jardin, mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bonheur et du malheur, car du jour où tu en mangeras, tu devras mourir. »

Le Seigneur Dieu dit : « Il n’est pas bon pour l’homme d’être seul. Je vais lui faire une aide qui lui soit accordée. »… Le Seigneur Dieu fit tomber dans une torpeur l’homme qui s’endormit ; il prit l’une de ses côtes et referma les chairs à sa place. Le Seigneur Dieu transforma la côte qu’il avait prise à l’homme en une femme qu’il lui amena. L’homme s’écria : « Voici cette fois l’os de mes os et la chair de ma chair, celle-ci, on l’appellera femme car c’est de l’homme qu’elle a été prise. Aussi l’homme laisse-t-il son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et ils deviennent une seule chair. »

Guide pour l’échange en groupe :

1 – Comprendre pour mieux écouter un texte. La traduction de ce texte par Chouraqui laisse apparaître un aspect que la TOB ne nous fournit pas. Dans ce chapitre 2, l’homme (masculin) est écrit « Ish » en hébreu et la femme (féminin) Isha. Les noms « Adam » et « Eve » n’apparaissent en réalité qu’au chapitre 3, verset 17, lorsque Dieu s’adresse à eux après la faute. L’homme (au sens de l’humain) aurait-il donc besoin de la transgression pour trouver son identité ? Qu’en pensez-vous ?2 – « Le récit de la Genèse est ce que l’on appelle un récit mythique. Cela signifie qu’il dévoile ce qui nous constitue au plus profond de nous-mêmes, il ne cesse de nous parler parce qu’il explore profondément ce que nous sommes depuis toujours. » (Elian Cuvillier, professeur à l’institut protestant de Montpellier). Quels sont, dans ce récit, les traits qui décrivent ce que nous sommes depuis toujours ?3 – La fécondité de nos engagements ne serait-elle pas conditionnée par notre respect de ce qu’est l’humain dans sa profondeur ? Pouvons-nous illustrer notre réponse par des exemples précis ?4 – L’homme est un être de relation, mais qui reconnaît « la chair de sa chair » à partir de la différence. Ceci veut dire que l’humain ne se suffit pas à lui-même, qu’il est à la recherche d’un autre lui-même, mais qu’il sera toujours face à l’autre dans la différence. Comment ceci éclaire pour vous les richesses et les risques de l’engagement ?Pourrions-nous écrire quelques mots sur ce sujet pour l’ensemble du groupe ?

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FICHE 2 : La Tour de Babel (Genèse 11, 1-9) ou La relecture de nos vies à travers un Mythe ancien

« La terre entière se servait de la même langue et des mêmes mots. Or, en se déplaçant vers l’Orient, les hommes découvrirent une plaine dans le pays de Shinéar et y habitèrent. Ils se dirent l’un à l’autre : « Allons, moulons des briques et cuisons-les au four ». Les briques leur servirent de pierre et le bitume leur servit de mortier. « Allons, dirent-ils, bâtissons une ville et une tour dont le sommet touche le ciel. Faisons-nous un nom afin de ne pas être dispersés sur toute la surface de la terre. »

Le Seigneur descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils d’Adam. « Eh, dit le Seigneur, ils ne sont tous qu’un peuple et qu’une langue et c’est là leur première œuvre ! Maintenant, rien de ce qu’ils projetteront de faire ne leur sera inaccessible ! Allons, descendons et brouillons ici leur langue, qu’ils ne s’entendent plus les uns les autres ! » De là, le Seigneur les dispersa sur toute la surface de la terre et ils cessèrent de bâtir la ville. Aussi lui donna-t-on le nom de Babel car c’est là que le Seigneur brouilla la langue de toute la terre, et c’est de là que le Seigneur dispersa les hommes sur toute la surface de la terre. »

Quelques suggestions pouvant aider à nous approprier le texte :

Depuis que les hommes sont apparus sur terre avec une conscience en éveil, ils ont toujours cherché, à travers les mythes, à trouver une réponse à leurs questions sur leur origine. « Le mythe, dit le dictionnaire de Psychanalyse, qui peut être collectif ou individuel est une structure narrative, un récit qui, sur un mode allégorique ou métaphorique, vise à répondre à des contradictions, des questions, en particulier, celles des origines. »

« La tour de Babel, dit le dictionnaire des symboles, symbolise la confusion. Le mot même de Babel vient de la racine Bll qui signifie confondre. L’homme présomptueux s’élève démesurément, mais il lui est impossible de dépasser sa condition humaine. Le manque d’équilibre entraîne la confusion sur les plans terrestre et divin, et les hommes ne s’entendent plus : ils ne parlent plus la même langue, c’est-à-dire qu’il n’y a plus entre eux le moindre consensus, chacun ne pensant qu’à lui-même et se prenant pour un Absolu. »

Quelques questions pour guider nos échanges en groupe :

1 – Dans tous nos engagements, en commençant par notre engagement de couple, n’avons-nous pas expérimenté, chez nous et autour de nous, la justesse de ce message du mythe de Babel : « chacun ne pensant qu’à lui-même et se prenant pour un Absolu… » il est impossible de se comprendre, c’est la confusion. Evoquons en groupe quelques-unes de ces situations.

2 – Dans l’actualité, qu’il s’agisse de la vie des familles, des milieux de travail, de la société dans son ensemble, comment constatons-nous la richesse de la diversité et l’appauvrissement qu’entraîne la « parole unique » dans un groupe humain ?

3 – Quels sont les éléments qui vous paraissent essentiels pour éviter la confusion, ou pour rechercher l’unité perdue ?

4 – Que pensons-nous de cette citation du dictionnaire des symboles : « Une société sans âme et sans amour est vouée à la dispersion ; l’union ne procédera que d’un nouveau principe spirituel et d’un nouvel amour » ?

5 - Quel visage de Dieu pouvaient avoir les croyants qui ont écrit ce récit mythique ? Quels sont nos points d’accord et de désaccord avec cette compréhension de la place du divin dans nos vies ?

Pourrions-nous écrire quelques mots sur ce sujet pour l’ensemble du groupe ?

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FICHE 3 : Une prière d’angoisse et d’espérance (Isaïe 26,7-9.12.16-19)

« Le chemin du juste va tout droit et tu aplanis la voie droite du juste. Sur le chemin que tracent tes sentences,Nous espérons en Toi, Seigneur,L’objet de nos désirs est de redire ton nom.Pendant la nuit, vers Toi mon âme aspire,Mon esprit, au-dedans de moi, te cherche.Quand tes sentences s’exercent sur la terre,Les habitants du monde apprennent la justice…Seigneur, Tu nous donnes la paix,C’est Toi qui accomplis pour nous tout ce que nous faisons.Seigneur notre Dieu,D’autres maîtres que Toi ont dominé sur nous,Mais c’est ton nom seul que nous redisons…Seigneur, dans la détresse, on a recours à Toi.Quand Tu sévis, on se répand en prières.Nous avons été devant Toi, Seigneur, comme une femme enceinte,Près d’enfanter, qui se tord et qui crie dans les douleurs,Mais c’est comme si nous avions enfanté du vent :Nous n’apportons pas le salut à la terre,Ni au monde de nouveaux habitants.Tes morts revivront, leurs cadavres ressusciteront.Réveillez-vous, criez de joie,Vous qui demeurez dans la poussière !Car la rosée est une rosée de lumièreEt la terre aux trépassés rendra le jour.

Guide pour l’échange en groupe, inspiré de la DRC (Démarche de Réflexion Chrétienne)

1. Ecouter pour comprendre Qu’est-ce qui se passe dans ce récit ? Le prophète parle à Dieu au nom de

son peuple. Cette prière est empreinte à la fois d’angoisse et d’espérance : repérez ce qui relève de l’une et de l’autre.

y a-t-il une transformation entre le début et la fin de cette prière ? Si oui, qu’est-ce qui a changé ?

comment cette prière nous invite-t-elle à reconnaître notre propre relation à Dieu dans nos vies, aujourd’hui ?

cette prière vous fait-elle penser à d’autres prières dans la Bible ? Si oui lesquelles ? cette prière vous fait-elle penser à des événements actuels de la société

contemporaine, ou à des démarches de réflexion chrétienne vécues dans votre équipe au cours de cette année ?

2. Accueillir la Bonne Nouvelle Cette prière du prophète éclaire-t-elle un moment ou l’autre de la session que nous

vivons ? Essayez de l’écrire en une phrase pour l’ensemble du groupe. Reconnaissons-nous dans cette prière nos propres résistances, nos moments de

découragement et, malgré tout, l’espérance qui nous habite ?

3. Se laisser transformer Qu’est-ce qu’il serait souhaitable de modifier dans notre manière d’affronter les

moments difficiles ? Sommes-nous capables de reconnaître nos dons personnels et la richesse de notre

Mouvement pour faire progresser la vérité et l’amour dans le monde ? Qu’est-ce qui, dans cette prière, nous ouvre sur la Bonne Nouvelle de la

Résurrection ?

4. La Parole de Dieu nous rend capables de lui parler

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Et si nous récrivions cette prière pour le groupe, qu’est-ce que nous garderions ? Qu’est-ce que nous supprimerions et pourquoi ?

FICHE 4 : Quand tout ce que nous avions engagé se casse ! (Osée 2,4-10)

« Faites un procès à votre mère,faites-lui un procès,car elle n’est pas ma femmeet moi, je ne suis pas son mari.Qu’elle éloigne de son visage les signes de sa prostitution,Et d’entre ses seins les marques de son adultère.Sinon, je la déshabillerai et la mettrai nue,Je la mettrai comme au jour de sa naissance,Je la rendrai semblable au désert,J’en ferai une terre desséchéeEt je la ferai mourir de soif.Ses enfants, je ne les aimerai pas,Car ce sont des enfants de prostitution.Oui, leur mère s’est prostituée,Celle qui les a conçus s’est couverte de honte lorsqu’elle disait :« je veux courir après mes amants,ceux qui me donnent le pain et l’eau,la laine et le lin, l’huile et les boissons ».C’est pourquoi je vais fermer tes chemins avec des ronces,Le barrer d’une barrièreEt elle ne trouvera plus ses sentiers.Elle poursuivra ses amants sans les atteindre,Elle les recherchera sans les trouver ;Elle dira : « je vais retourner chez mon premier mari,Car j’étais plus heureuse alors que maintenant »…

Guide pour la discussion en groupe :

1 - Prenez le temps d’une réflexion personnelle avant de partager ce qui vous parle dans cet extrait du livre d’Osée : ce qui vous parle de vous-mêmes, de votre histoire, de celle de votre couple, de l’Eglise, de la société qui vous entoure.

2 – Qu’est-ce que nous ressentons à la lecture de ce texte biblique ? Quelles questions çà nous pose ?

3 – Ce livre d’Osée utilise l’image du mariage pour signifier les rapports entre Dieu et son peuple. En pensant à notre monde contemporain :

comment ce texte nous invite-t-il à reconnaître Dieu ? comment nous invite-t-il à nous reconnaître « aimés de Dieu » ?

FICHE 5 : Nicodème et Jésus : Langage de sourd ou dialogue fécond ? (Jean 3,1-12)

« Il y avait parmi les Pharisiens, un homme du nom de Nicodème, un des notables juifs. Il vint, de nuit, trouver Jésus et lui dit : « Rabbi, nous savons que tu es un maître qui vient de la part de Dieu, car personne ne peut opérer les signes que tu fais si Dieu n’est pas avec lui. » Jésus lui répondit : « En vérité, en vérité, je te le dis : à moins de naître d’en haut, nul ne peut voir le Royaume de Dieu. »Nicodème lui dit : « Comment un homme pourrait-il naître s’il est vieux ? Pourrait-il entrer une seconde fois dans le sein de sa mère et naître ? » Jésus lui répondit : « En vérité, en vérité, je te le dis : nul, s’il ne naît d’eau et d’Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne t’étonne pas si je te dis : « il faut naître d’en haut ». Le vent souffle où il veut, et tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit ».

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Nicodème lui dit : « Comment cela peut-il se faire ? » Jésus lui répondit : « Tu es maître en Israël et tu n’as pas la connaissance de ces choses ! En vérité, en vérité je te le dis : nous parlons de ce que nous savons, nous témoignons de ce que nous avons vu et pourtant vous ne recevez pas notre témoignage. Si vous ne croyez pas lorsque je vous dis les choses de la terre, comment croiriez-vous si je vous disais les choses du ciel ?… »

Guide pour l’échange en groupe :

1. Un dialogue entre deux personnes est considéré comme « fécond » dans la mesure où il aboutit à un résultat. Dans ce dialogue entre Nicodème et Jésus, qu’est-ce qui peut nous faire dire qu’il est fécond ? « Qu’est-ce qui se passe dans ce récit ? »

2. Reconnaissez-vous des signes de transformation en Nicodème ?

3. Comment comprenez-vous cette expression « naître d’en haut » en parvenant à la fin de cette formation sur le couple et les engagements ?

4. Essayez de mettre de la chair sous cette phrase de Jésus : « le vent souffle où il veut… » Quelles sont les périodes de votre vie ou les événements forts de votre vie de couple, ou de vos engagements, qui vous ont, éventuellement, permis de vivre cette phrase de l’intérieur ? Pourriez-vous écrire quelques mots sur le sujet pour l’ensemble du groupe ?

FICHE 6 : L’entretien avec la Samaritaine (Jean 4, 1-42)

« Quand Jésus apprit que les Pharisiens avaient entendu dire qu’il faisait plus de disciples et en baptisait plus que Jean, – à vrai dire, Jésus lui-même ne baptisait pas, mais ses disciples – il quitta la Judée et regagna la Galilée. C’est ainsi qu’il parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C’était environ la sixième heure. Arrive une femme de Samarie pour puiser de l’eau ; Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. » Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger. Mais cette femme, cette Samaritaine, lui dit : « Comment. Toi, un juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine ! ». Les juifs, en effet, ne veulent rien avoir en commun avec les Samaritains. Jésus lui répondit : « Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : « Donne-moi à boire », c’est toi qui aurais demandé et il t’aurait donné de l’eau vive. » La femme lui dit : « Seigneur, tu n’as même pas un seau et le puits est profond ; d’où la tiens-tu donc cette eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné le puits et qui, lui-même, y a bu ainsi que ses fils et ses bêtes ? » Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau-ci aura encore soif ; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; au contraire, l’eau qui je lui donnerai deviendra en lui une source jaillissant en vie éternelle. » La femme lui dit : « Seigneur, donne-moi cette eau pour que je n’aie plus soif et que je n’aie plus à venir puiser ici. » Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari et reviens ici. » La femme lui répondit : « Je n’ai pas de mari. » Jésus lui dit : « Tu dis bien : “ je n’ai pas de mari “ ; tu en as eu cinq et l’homme que tu as maintenant n’est pas ton mari. En cela tu as dit vrai. » « Seigneur, lui dit la femme, je vois que tu es un prophète. Nos pères ont adoré sur cette montagne et vous, vous affirmez qu’à Jérusalem se trouve le lieu où il faut adorer. » Jésus lui dit : « crois-moi, femme, l’heure vient où ce n’est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des juifs. Mais l’heure vient – et maintenant elle est là – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; tels sont, en effet les adorateurs que cherche le Père. Dieu est esprit et c’est pourquoi ceux qui l’adorent doivent adorer en esprit et en vérité. » La femme lui dit : « je sais qu’un Messie doit venir – celui qu’on appelle Christ. Lorsqu’il viendra, il nous annoncera toutes choses. »

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Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle. »…

Guide pour l’échange en groupe :

1. Qu’est-ce qui se passe dans ce récit ? Cette rencontre de Jésus avec la Samaritaine parle d’une rencontre, certes hors norme, mais naturelle, comme celles qui marquent nos divers engagements. Et pourtant, que de difficultés pour se comprendre ! Que de malentendus ! Relevons-les dans ce texte.

2. Le symbolisme du puits est un symbolisme nuptial qui rappelle de nombreuses scènes bibliques où les patriarches donnaient à leur future épouse l’eau qu’ils puisaient au fond du puit. Si nous relisions ce récit en laissant venir à notre mémoire toutes les occasions manquées, tous les rendez-vous ratés, tous les malentendus sur ce que dit l’autre et ce que nous lui disons… Sans doute, ces mots évoqueront quelque chose à l’un ou l’autre dans le groupe !

3. ce texte aborde 2 thèmes de discussion entre Jésus et la femme : l’eau : versets 6 à 15 et le culte : versets 20 à 26 entre les deux : les versets 16-18 concernent la situation personnelle de la

femme.Encore un triangle de la fécondité : l’eau, la vie affective et le culte. Chacun des 3 peut entraîner la stérilité si l’on en fait mauvais usage. Les mots utilisés par la femme lui permettent d’évoquer les maux de son existence. Dans le dialogue du couple, n’avons-nous pas vécu des expériences qui nous montrent la nécessité de faire la vérité en passant par les mots, afin de soigner les « maux » de la vie de couple ?

4. Ce dialogue est « révélateur » : Jésus fait la vérité sur lui-même La femme fait la vérité sur elle-même et sur le culte qu’elle pratique

Essayons de nous remémorer un ou deux exemples de cette parole « révélatrice » de la vérité dans notre vie de couple et dans nos engagements ?

Pourrions-nous écrire quelques mots sur ce sujet pour l’ensemble du groupe ?

FICHE 7 : Jésus, le Berger qui nous révèle un Dieu vivant qui donne sa vie divine à l’Homme (Jean 10,11-21)

« Je suis le bon berger : le bon berger se dessaisit de sa vie pour ses brebis. Le mercenaire, qui n’est pas vraiment un berger et à qui les brebis n’appartiennent pas, voit-il venir le loup, il abandonne les brebis et prend la fuite ; et le loup s’en empare et les disperse. C’est qu’il est mercenaire et que peu lui importent les brebis. Je suis le bon berger, je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, comme mon Père me connaît et que je connais mon Père : et je me dessaisis de ma vie pour les brebis. J’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos et celles-là aussi, il faut que je les mène ; elles écouteront ma voix, et il y aura un seul troupeau et un seul berger.Le Père m’aime parce que je me dessaisis de ma vie pour la reprendre ensuite. Personne ne me l’enlève mais je m’en dessaisis de moi-même ; j’ai le pouvoir de m’en dessaisir et j’ai le pouvoir de la reprendre : tel est le commandement que j’ai reçu de mon Père. »

Guide pour l’échange en groupe :

1. une première piste serait de faire la vérité sur nous-mêmes : le Berger, c’est Jésus, ce n’est pas moi ! Cette parabole nous invite à porter notre regard sur Jésus avant de le porter sur nous-mêmes. Elle ne nous parle donc pas d’abord du sens de nos engagements à l’égard d’autres humains qui ne sont pas nos « brebis ». Nous sommes de petites « brebis » sans pouvoir au milieu des autres brebis. La vie, nous la recevons du berger !

2. à plusieurs reprises, Jésus utilise le verbe « se dessaisir » qui est traduit souvent par « donner ». Or ce n’est pas la même chose ! Ce verbe évoque le « lâcher prise » en

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langage psychologique. Nous pouvons évoquer en groupe des situations dans lesquelles nous avons réussi à nous « dessaisir » et d’autres où nous avons échoué.

3. « J’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos… » Cette parole nous renvoie au sens missionnaire de nos engagements. Nous savons que nous ne sommes pas envoyés que pour nos proches, mais aussi pour ceux « qui ne sont pas de cet enclos ». Qui sont pour nous ces brebis d’un autre enclos que le nôtre ? A travers nos engagements, cherchons-nous à les attirer vers notre enclos ou vers le Christ qui n’a pas qu’un enclos pour protéger ses brebis.

4. Comment comprenons-nous cette capacité de Jésus à « reprendre » sa vie, dont il dit s’être « dessaisi » ?

Pourrions-nous écrire quelques mots pour l’ensemble du groupe ?

FICHE 8 : Le triangle de la fécondité : Jésus - nous - le Père (Jean 14,1-14)

« Que votre cœur ne se trouble pas : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a beaucoup de demeures ; sinon vous aurais-je dit que j’allais vous préparer le lieu où vous serez ? Lorsque je serai allé vous le préparer, je reviendrai et je vous prendrai avec moi, si bien que là où je suis, vous serez vous aussi. Quant au lieu où je vais, vous en savez le chemin. »Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas, comment pourrions-nous en connaître le chemin ? » Jésus lui dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Personne ne va au Père si ce n’est par moi. Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. Dès à présent vous le connaissez et vous l’avez vu. » Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit. » Jésus lui dit : « Je suis avec vous depuis si longtemps, et cependant, Philippe, tu ne m’as pas reconnu ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Pourquoi dis-tu « Montre-nous le Père » ?  Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ! Au contraire, c’est le Père qui, demeurant en moi, accomplit ses propres œuvres. Croyez-moi, je suis dans le Père et le Père est en moi ; et si vous ne croyez pas ma parole, croyez pourtant à cause de ces œuvres.En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera lui aussi les œuvres que je fais : il en fera même de plus grandes parce que je vais au Père. Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, de sorte que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai. »

Guide pour la réflexion du groupe :

1 - Quand Jésus dit : « Je suis dans le Père et le Père est en moi », ne reconnaissons-nous pas le vieux rêve de tous les couples ? Et pourtant, nous le savons : « relation » n’est pas « fusion ». L’autre demeure toujours un inconnu pour moi. Nous semble-t-il plus facile de comprendre notre relation à Dieu que notre relation à l’autre ?

Prenons le temps de partager nos expériences à ce sujet !

2 – Dans l’exposé de lundi, nous avons évoqué 3 triangles de la fécondité : le triangle père-mère-enfant le triangle trinitaire Père-Fils-Esprit le triangle évoqué par St Cyprien : « On ne peut avoir Dieu pour Père quand on

n’a pas l’Église pour Mère ».

Ce que dit Jésus dans cette page d’Évangile de Jean peut-il nous éclairer sur la manière dont nous vivons chacun de ces 3 triangles ?

Pourrions-nous écrire quelques mots sur ce sujet pour l’ensemble du groupe ?

Fiche 9 : Partager, ou la multiplication des pains (Jean 6,1-15)

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« Jésus passa sur l’autre rive de la mer de Galilée, dite encore de Tibériade. Une grande foule le suivait parce que les gens avaient vu les signes qu’il opérait sur les malades. C’est pourquoi Jésus gravit la montagne et s’y assit avec ses disciples. C’était peu avant la Pâque qui est la fête des juifs. Or, ayant levé les yeux, Jésus vit une grande foule qui venait à lui. Il dit à Philippe : « Où achèterons-nous des pains pour qu’ils aient de quoi manger ? » En parlant ainsi, il le mettait à l’épreuve ; il savait, quant à lui, ce qu’il allait faire. Philippe lui répondit : « Deux cents deniers de pain ne suffiraient pas pour que chacun reçoive un petit morceau. »Un des disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit : « il y a là un garçon qui possède cinq pains d’orge et deux petits poissons ; mais qu’est-ce que cela pour tant de gens ? » Jésus dit : « faites-les asseoir. » Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc ; ils étaient environ cinq mille hommes. Alors Jésus prit les pains, il rendit grâce et les distribua aux convives. Il fit de même avec les poissons ; il leur en donna autant qu’ils en désiraient.Lorsqu’ils furent rassasiés, Jésus dit à ses disciples : « Rassemblez les morceaux qui restent, de sorte que rien ne soit perdu. Ils les rassemblèrent et ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge qui étaient restés à ceux qui avaient mangé. A la vue du signe qu’il venait d’opérer, les gens dirent : « Celui-ci est vraiment le Prophète, celui qui doit venir dans le monde. »Mais Jésus, sachant qu’on allait venir l’enlever pour le faire roi, se retira à nouveau, seul, dans la montagne. »

Quelques suggestions pour nourrir l’échange en groupe (ces réflexions sont tirées du livre de Daniel Duigou : « Psychanalyse des miracles du Christ »)

1. Nous pourrions regarder ce récit comme une DRC : une situation des réactions (positives, négatives, désespérées ou au contraire ouvrant sur un « possible ») des actions de transformation de la réalité une action de grâce et une profession de foi qui ne sont pas sans rappeler nos eucharisties

2. « Dans ce miracle du partage, à côté de la dimension psychologique, apparaît celle du politique. Il n’y a pas de relation entre deux personnes, comme il n’y en a pas entre deux pays, sans partage : c’est même le partage qui fonde la relation. Et comme il ne peut y avoir de survie sans relation, c’est le partage qui assure la vie. » (page 104)Comment une telle remarque peut-elle éclairer nos engagements, nous aider à les relire, nous projeter sur un « autre avenir possible pour le monde » ?

3. Nous pouvons méditer cette autre remarque de Daniel Duigou : « Jésus ne veut pas tomber dans le piège du leader politique. Ce qu’il vise est autre : révéler Dieu, un autre Dieu, un Dieu qui libère définitivement l’homme pour qu’il soit définitivement responsable. Il ne nomme son « Père ». Son but n’est donc pas de prendre le pouvoir, au contraire, c’est de le donner. C’est de libérer l’homme de la folie du pouvoir, à commencer par celle qui consiste à faire croire à un Dieu tout-puissant qui écrase l’homme en l’asservissant. L’homme s’invente un Dieu à son image, en projetant dans cette représentation son propre délire narcissique. Jésus découvre, comme lorsqu’on retire d’un objet un voile qui le cache, un Dieu autre, un Dieu qui est tout entier en « sortie de soi », qui est Don. » (page 109).

FICHE 10 : Maris et Femmes dans le Corps du Christ (Ephésiens 5,1)

« Imitez Dieu, puisque vous êtes des enfants qu’il aime ; vivez dans l’amour, comme le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même à Dieu pour nous… Soyez vraiment attentifs à votre manière de vivre… Vous qui craignez le Christ, soumettez-vous les uns aux autres ;Femmes soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur. Car le mari est le chef de la femme, tout comme le Christ est le chef de l’Eglise, lui le Sauveur de son corps. Mais,

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comme l’Eglise est soumise au Christ, que les femmes soient soumises en tout à leurs maris. (versets 21-24)Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré pour elle…Le mari doit aimer sa femme comme son propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même… »

Guide pour l’échange en équipe :

1. Relire ce qui a été dit au cours de l’exposé de lundi nous permet-il de dépasser notre première réaction de rejet ?

2. Retrouvons-nous, dans les commentaires qui précèdent, certaines situations que nous avons vécues ?

3. Ce texte, aussi difficile soit-il à entendre aujourd’hui, nous permet-il d’éclairer certains aspects de la foi comme la relation entre Dieu et l’Homme et l’engagement de Dieu en l’Homme ? Pourrions-nous écrire quelques mots sur ce sujet pour l’ensemble du groupe ?

FICHE 11 : Traces de Dieu

Texte proposé par les participants et tiré de : « Cris et prières du quotidien, sœurs en usines-entreprises-santé-social, La Pommeraye, Pentecôte 1990 »

Je chante les traces de Dieu sur la terre des vivants.Je chante les hommes et les femmesQui traquent la misèreSur tous les lieux de désolation,Qui préparent le rapprochementSur tous les lieux de déchirure,Qui risquent leur libertéSur tous les lieux d’oppression,Qui consolent sans lassitudeSur tous les lieux d’abandon.

Je chante les hommes et les femmes : ils sont les traces de Dieu sur la terre des vivants.

Avec leurs paroles et leurs chansonsAvec leurs protestations et leurs mains nues,Ils se battentPour enraciner la justice et le droitDans les sillons de leur pays,Ils maintiennent l’espéranceAu milieu des planches pourriesDes bidonvilles et des taudis sordides,Ils avancent dans l’intégrité,Ils apportent du painAux ventres gonflés de faim.

Je chante les hommes et les femmes : ils sont les traces de Dieu sur la terre des vivants.

Avec la puissance de leur espritIls cherchent à repousserL’emprise et la terreur de la maladie.,A ceux qui font les premiers pasIls apprennent les cheminsDe l’esprit et du cœur ;Quand l’injustice est commiseIls se lèvent ;

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Par fraternité ils offrent leurs compétences,Ils entretiennent la volonté de rester deboutMême au creux des situations inéluctables ;Ils n’ont pas de titre.

Je chante les hommes et les femmes : ils sont les traces de Dieu sur la terre des vivants.

Question : Je vous invite à chercher les traces de Dieu dans votre vie propre à chacun ; traces non pas sous forme d’une absence ou d’une trahison, mais traces repérables.

LES ECHANGES EN CARREFOURS

Les carrefours du vendredi se sont constitués de manière spontanée par le choix de textes parmi 10 textes bibliques proposés. Un groupe a souhaité choisir un texte en-dehors des textes bibliques (texte 11).

Texte 2 : La Tour de Babel

Convictions   : Dieu vient contrecarrer nos plans quand nous avons envie de nous installer, dans la pensée unique, dans nos habitudes, certitudes. Dieu nous invite à nous déplacer, à être nomade, à respecter, valoriser les différences.

Question   : Une trop grande différence, trop de diversité, est-ce fécond ?

Texte 3 : Prière d’angoisse et d’espérance

Que de l’espérance, il y a eu des épreuves mais pas de découragement.Problème de vocabulaire. Sentence : punition, critique, condamnation, mais il y a peut-être des sentences de bénédiction…Cf. : béatitudes. Ceux qui partagent seront dans la joie : sentence de bonheur.

Relation à Dieu : Le matin, je demande à Dieu d’être avec moi. C’est lui qui accomplit pour nous tout ce que nous faisons, aide pour avoir les mots justes, finalise, donne un sens à ce que nous faisons.Solidarité avec les plus en difficulté. On fait ce qu’on peut. Un petit mot d’encouragement. Le Seigneur aime tout Homme, une petite parole peut permettre au Seigneur d’entrer en contact.On n’est jamais seul, il y a toujours quelqu’un avec nous, même quand on croit que tout le monde est contre nous.Angoisse produite par l’environnement extérieur ou quand on sent qu’on est infidèle à quelque chose, dans notre manque, de notre faute, même dans un couple, responsable de la mésentente. On culpabilise, ici, ce sont les événements extérieurs qui sont source d’angoisse, pas de culpabilité.On a tendance à se culpabiliser quand les autres nous disent qu’on en fait trop. On peut se poser des questions, cela ne veut pas dire qu’on est en faute, on fait par générosité et non par égoïsme.Angoisse engendrée par l’incertitude. On essaye de travailler le plus près avec le Seigneur pour enlever ce qui est de l’orgueil.Un enfant : « quand je mange l’hostie, c’est Jésus qui va dans mon cœur et dans mon sang, qui m’envahit. »On fait tous nos gestes avec le Seigneur.Est-ce que l’angoisse ne vient pas de l’inquiétude que le monde engendre ?Autres maîtres : argent, puissance, orgueil, finances, pouvoir. Alors que le chemin du Christ est plus un chemin de service.Le fait que le Christ ait pâti des hommes qui ont pris le pouvoir, condamné car gênant, cela peut nous aider face aux critiques et au rejet.Notre générosité n’est pas toujours accueillie.« Heureux ceux qui sont persécutés à cause de moi ».

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Il y a des jours où on est fatigué, de mauvaise humeur. N’y a-t-il pas des conditions physiques pour vivre le bonheur ?L’épreuve et les difficultés peuvent être un chemin pour suivre le Christ, trouver Dieu, si on le relit.Ce texte est un appel à la joie, au réveil.

Question   : Pourquoi l’Ancien Testament est-il aussi pessimiste ?

Convictions   : Nous ne sommes pas seuls. Dans chacun des gestes de notre vie, Dieu est avec nous. L’épreuve, les difficultés peuvent être un chemin pour trouver Dieu et ce texte peut nous donner confiance.

Texte 4 : Quand tout ce que nous avions engagé se casse !

Lecture et commentaire du texte :• Chacun cherche son chemin de vérité. Aller à l’essentiel, pour moi mais aussi pour mon couple. Ce n’est pas facile de peser et de choisir.• Je fais l’expérience du trop-plein d’activités qui amène déséquilibre pour soi et pour la famille. J’ai besoin de me poser. • Comment rester fidèle à mes engagements ? parfois j’arrive à saturation, par exemple, quand je vois tous les mails auxquels je vais devoir répondre…

Lien avec commentaire d’Albert DONVAL sur la possible infidélité au couple que représente l’engagement   :« J’ai décidé d’arrêter un engagement lourd pour être plus présent à ma famille. Pour autant c’est important de pouvoir infléchir le cours des choses, pour construire un monde meilleur. Personne n’est indispensable mais nous sommes peu nombreux à défendre certaines idées. »

En référence au texte   : • Si quelque chose est perverti du côté de l’un des conjoints, l’autre reste impuissant.• Même quand il y a répartition des engagements, il ne faut pas laisser s’installer une routine. • Il est difficile de discerner au départ d’un engagement les diverses ramifications, il y a souvent risque d’engrenage.• Il n’est pas facile de doser les conséquences concrètes d’un engagement.• En vieillissant, je ressens le besoin d’aller vers l’essentiel dans mes engagements.• Pour moi, il est important de garder de la disponibilité pour de l’entraide intergénérationnelle : entre parents, enfants et petits-enfants.

Conviction   : L’amour de Dieu est toujours plus fort que les égarements, le pardon et la conversion sont toujours possibles.

Question   : Peut-on attendre le dernier jour pour se convertir ?

Texte 5 : Nicodème et Jésus : langage de sourd ou dialogue fécond ?

Réflexion sur le texte : Jésus s'adresse de personne à personne : de Jésus à Nicodème puis de groupe à

groupe Peur de Nicodème (la nuit) : il s'adresse à quelqu'un qui a la connaissance Libre d'entendre et invitation à lâcher prise, se laisser conduire. Parabole de la voix de Dieu en chacun. Ces signes-là ne sont rien à côté du message qui est plus grand et plus universel. Cela rejoint bien notre vie de couple: on est fait de chair et d'esprit et on est amené à

grandir grâce à l'esprit. Le vent : aller vers des lieux qu'on ne connaît pas et vers des directions inconnues. Le titre : c'est parfois le vécu dans notre couple ! On remarque 3 points :

le baptême reconnaître l'esprit en nous

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on est sourd à entendre le témoignage

La fécondité : On s'interroge mutuellement, faire l'effort de se laisser interpeller, la demande de

rencontre est réelle Il y a interrogation personnelle Après le vent qui souffle, il y a basculement On entend quelque chose sans le voir, appelé à faire confiance dans le couple Faire confiance même si on ne comprend pas, on y va quand même Il n'y a pas que la connaissance ; il y a aussi quelque chose de plus et l'esprit qui nous

guide Paradoxe entre la connaissance et l'esprit qui remet en cause nos certitudes

Signes de transformation : Rabbi = Père. Il fait la démarche de se cacher (la nuit) pour voir Dieu : c'est une

transformation. Dialogue d'égal à égal Les remarques sont faites pour un envoi à la communauté mais avec la présence de

Jésus Nicodème se met en position d'écoute, de questionnement, en position de dialogue,

se fait petit. Il se rend attentif aux réponses de Jésus.

«   Naître d'en haut   »   : s'ouvrir aux voies de l'Esprit ne pas s'arrêter aux signes de la Terre et regarder les choses qui ne se voient pas et

qui ont une résonnance pour la Terre entière naître dans l'esprit, la pensée, la réflexion accepter d'avoir un guide spirituel invitation à être marqué par autre chose que notre vécu ne pas se laisser enterrer par ce qui nous dépasse, aller plus loin dans la réflexion se laisser interpeller pour rendre plus fort notre couple en référence à notre foi, sans

tout maîtriser, et faire confiance invitation à lâcher prise avoir un lieu où faire relecture (/action, injustices) c'est là que l'on peut se remettre

en cause et c'est par là que je renais. Le temps permet de rebondir vers les actions avec le bonheur de repartir

la connaissance n'est pas suffisante. Le côté inconnu, l'évolution, se laisser aller et être vigilant, cela nous appelle à renaître dans le couple.

«   Le vent souffle où il veut   »   : on a transmis des choses à nos enfants et les choix qu’ils font sont contraires, cela

nous interpelle les rencontres ne sont pas que dues au hasard : il y a des signes qui nous demandent

d'avancer il faut faire l'effort soi-même d'aller vers les autres mais c'est l'Esprit qui nous guide les appels qui nous sont faits sont l'œuvre de l'Esprit les crises personnelles sont des interpellations intérieures pour choisir la vie et non la

mort, pour effectuer des choix parfois radicaux de changement de comportement

Conviction   : L’Esprit nous pousse à nous mettre en situation d’écoute lors d’appels, de rencontres, de relectures de notre vie qui nous mènent là où on ne l’aurait pas pensé.

Questions   : Quel est le sens de « en vérité, en vérité », dans le texte et pour nous ?

Texte 6 : La Samaritaine

• Ce qui m’intéresse dans ce texte, ce sont les mots. Est-ce que l’autre comprend la même chose ? Il y a un malentendu entre Jésus et la Samaritaine. L’eau pour Jésus, c’est l’eau vive, c’est une image. Pour la Samaritaine, c’est concret, c’est l’eau du puits. On s’occupe beaucoup de l’émission en communication, pas assez de réception. C’est un des

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grands problèmes de la vie de couple. Les mots sont une convenance. On se met d’accord sur le sens des mots.• Je retiens la pédagogie pour arriver au « final ». Cela commence par une demande. Jésus se met à la portée de la Samaritaine. Cela évoque la pédagogie du CMR. • Ce qui est touchant dans le texte est de voir que Jésus, un juif, s’adresse à la Samaritaine pour lui demander de l’eau. C’est incongru. Cela évoque l’appel. Souvent les autres savent mieux nous regarder que nous-mêmes. Leur demande peut donner confiance. • L’appel au CMR ou au MRJC est sous une forme peu commune : c’est un courrier formel. Au départ ça surprend. « Tu es épaté(e) de voir qu’il y a des gens qui comptent sur toi ».• L’intervention suivante n’est pas dénuée de souffrance : le choix s’est fait pour suivre le/la conjoint(e) qui ne s’exprime pas et ce texte renvoie à leur difficulté de se parler.

La question du sens des mots trouve son illustration avec le mot « adorer ». Petit, si on disait : « j’adore la confiture », on était repris : « on n’adore que Dieu », ce qui a laissé des mauvais souvenirs et une réticence pour utiliser ce mot. Le texte parle également d’une démarche de conversion. Il est rare dans les Évangiles que Jésus dise qui il est. Il se révèle à la Samaritaine, une rencontre improbable. Dans la vie aussi, on a besoin d’être dans des lieux où on ne connaît pas les gens pour se révéler pleinement. Le groupe s’interroge sur le sens de « adorer le Père en esprit et en vérité ». C’est probablement la différence entre la lettre et l’esprit, l’attachement au rite ou la foi profonde. L’important, c’est la vie pas les rites.

Conviction   : Faire la vérité, c’est une démarche, un processus qui nécessite de la confiance, de la bienveillance, et de mettre des mots auxquels chacun donne bien le même sens.

Question   : Jésus se révèle à la Samaritaine à la fin de leur échange sans qu’elle ait même jamais posé de question. Quels moyens mettons-nous en place, offrons-nous pour permettre à l’autre de se révéler ?

Texte 7 : Jésus, le Berger

Etre vigilant aussi à la vie de famille.Contradictoire : le Christ a-t-il plusieurs enclos ? Pourquoi ramener tout le monde dans le même enclos ? On peut avoir les mêmes valeurs qui ne sont pas puisées dans la parole de Dieu. Il faut croire en ce qu’on fait. On peut le vivre sans croire en Jésus-Christ, mais sans la foi, comment passer les moments difficiles ?Cette semaine, nous n’avons pas eu beaucoup de temps, seuls ou en couple.Dieu se dessaisit, c’est notre tour. Jusqu’où est-on maître de nos engagements ? On répond à un appel, à des valeurs ?Notion de liberté, de devoir ?Les enclos nous invitent à l’ouverture. Ne pas rester dans l’entre-soi.Ne serait-ce que partager en couple le contenu de notre engagement.On peut avoir le désir de raconter, mais pas d’écoute en face, ou le contraire.On est toujours catalogués Chrétiens, mais richesse de l’échange avec d’autres.On sait qu’on peut avoir cette ouverture.Je suis rassérénée de voir une personne handicapée participer au CMR, et je suis frappée de son intégration. Nous accueillons la différence, cela nous fait changer notre regard sur l’autre.

Convictions   : Besoin de se donner : dans la société, dans le couple, mais se retrouver aussi avec soi-même. Se dessaisir dans la confiance. Besoin de temps en couple à côté des engagements, mais aussi de temps pour soi. Toujours une part de déception dans les engagements (comme dans le couple, disait Albert), sinon on n’avance pas. Tiraillés entre

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convictions et tolérance. Les différents enclos sont sources d’enrichissement : il faut ouvrir les barrières.

Question   : Quelles limites au prosélytisme ?

Texte 8 : Le triangle de la fécondité

Conviction   : Jésus est le Chemin, la Vérité et la Vie !

Question   : Qu’est-ce que « faire œuvre de Dieu » ?

texte 9 : Partager, ou la multiplication des pains

Conviction   : C’est le partage qui fonde la relation. Sans le partage, on meurt, on dépérit. Le partage entre les personnes assure la vie, la survie.

Question   : Quel lien entre la multiplication des pains et les besoins de partage non comblés dans un couple ?

Texte 11 : Traces de Dieu

• Ce texte parle de personnes motivées, intègres, volontaires. Comme le dernier rempart contre le chaos. Des moyens humains au service de valeurs. Il est important déjà de s’informer, de faire fonctionner son cerveau.

• Ce texte fait le parallèle entre le mal d’un côté et des valeurs qui le combattent de l’autre. Les traces de Dieu dans ma vie, c’est ma vie de couple, ma fille handicapée pour laquelle nous nous sommes battus pour élever et défendre ses droits, mais aussi un engagement à Amnesty International.

• Les traces de Dieu, je les trouve dans les discussions que je peux avoir avec des collègues de travail non croyants. Ce texte ne parle pas d’institution, de murs, de rites, mais de gens qui agissent. Là où je vois un engagement humain, je vois aussi la main de Dieu.Je vois aussi des traces de Dieu dans mon travail de soutien à des enfants (en soutien scolaire), par exemple quand je vois un enfant qui arrive avec de très grandes difficultés et qui remonte la pente rapidement. Je suis heureux de voir que notre dispositif donne des résultats, j’y vois une espérance.Je mets ma foi dans l’action, j’y puise mon énergie. Elle se nourrit de l’échange avec des collègues non croyants, dans des célébrations qui nous correspondent, ou en en parlant avec mon épouse.

• J’ai été baigné dans l’idée qu’à partir du moment où on essaye de remettre l’homme debout, Dieu est présent.Dans le soutien à une amie qui se sépare ou à un copain gravement malade, je me sens appelée à être présent là où il y a un besoin, pour accompagner des personnes en difficulté et les aider à se relever.On doit être présents aussi quand ça ne va pas bien, sans se sacrifier, en faisant attention à nous aussi.

• Nous essayons de changer la vie dans notre village. J’ai découvert lors de cette session qu’il y avait là des traces de Dieu et je ne le savais pas. C’est pour moi une découverte. Je me suis souvent dit : « je n’ai pas besoin de Dieu. » J’ai des valeurs, ça me suffit. Que doit faire Dieu ? Dieu est là, il laisse son empreinte et ça sort petit à petit.

• Dans mon milieu professionnel, la recherche, la vie de couple est difficile car le travail est très prenant. Il y a beaucoup de casse. On casse le service public, on crée une économie de la recherche qui aboutit à la concurrence au lieu d’un échange de savoirs. La valorisation personnelle passe avant les complémentarités.

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Un syndicat existe où je retrouve des gens qui cherchent à mettre l’homme debout. Mais ils s’essoufflent dans un système contraire à ces valeurs, ils cherchent à sauver les meubles.On cherche du sens, c’est ce qui fait fonctionner la machine, en couple et aussi dans l’engagement.La trace est souvent infime.

• Pour moi, Dieu est dans les petites choses. Quand on regarde les choses globalement, à travers les yeux des grands médias, c’est assez décourageant. C’est dans la vie quotidienne, dans les petites attentions entre les gens, dans les actions non médiatiques que le Royaume de Dieu est en train de germer. C’est encore une petite plante, mais Jésus nous dit qu’il deviendra un grand arbre, le plus grand de tous. Là est mon espérance.

• Il est important d’avoir un regard sans se lasser. Regarder, c’est presque plus important qu’agir.

Convictions   : J’ai découvert qu’il y avait dans notre vie des traces de Dieu et que je ne le savais pas (dans la vie, dans l’action).

Questions   : Qu’est-ce que le CMR va faire des questions soulevées et restées sans réponse dans cette session :

• Pourquoi vouloir durer à tout prix ?• Quoi faire et comment accompagner le divorce ?

Comment on va continuer la réflexion entamée cette semaine ?

S'ENGAGER, SE LIER POUR ÊTRE LIBRE ?Conférence du vendredi soir, par Albert DONVAL

L'intitulé de la conférence-débat de ce soir est pour le moins étonnant, pour ne pas dire téméraire, à moins qu'au final il ne s'avère courageux, ce que j'espère. Vous aurez noté le point d'interrogation, signifiant d'emblée que le doute est permis : est -ce que s'engager rend libre ? Est-ce pour devenir libres que nous nous engageons ? Pour être libre, faut-il s'engager ? Les réponses ne vont pas de soi. Entre engagement et liberté, l'entente n'est pas nécessairement cordiale.

Dans l'air du temps on dirait plutôt que s'engager, se lier, surtout durablement, serait contraire à la liberté. A lui seul, le mot fait peur à beaucoup de jeunes, – pas à tous – tant il leur parait rigide et figé, connotant la peur de se tromper, de perdre sa jeunesse, de passer à côté de sa vie, en somme la peur de perdre sa liberté. D'où les hésitations des trentenaires – peut-être plus hommes que femmes – à se marier et leurs résistances à s'inscrire dans des collectifs et mouvements organisés. Ce qui ne veut pas dire qu'ils ne s'engagent pas dans des liens et dans des actions, mais à durée déterminée et dans des relations variables et successives.

Et nous-mêmes, engagés depuis de longues années, il nous arrive de nous dire que la somme de nos engagements finit par peser sur nos épaules : par surcharge, par fatigue, par sentiment d'inefficacité, par manque de relève... Des soirs de doute, d'hésitation, d'interrogation... Des soirs où volonté d'engagement et désir de liberté ne font pas bon ménage. Des soirs éprouvants… Pas ce soir, j'espère, au terme de cette semaine formation vacances, formation pour mieux s'engager, vacances pour savoir se dégager, quand il le faut.

Je commencerai par prendre au sérieux les réticences des jeunes à s'engager et les doutes qui nous assaillent à certaines heures, en disant – et ce sera mon premier point – que :

1- PRENDRE DES ENGAGEMENTS MET A L'EPREUVE LA LIBERTE

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De quelle liberté parle-t-on quand je dis que de prendre des engagements la met à l'épreuve ? D'une liberté idéale dont le mythe ne meurt jamais totalement en nous, pas plus que le mythe d'un amour idéal ne meurt jamais totalement en nous, pas plus que le mythe d'un couple ou d'une famille idéale et même d'un DIEU idéal. Une liberté idéale qui épouserait 3 formes : une liberté qui serait pure, une liberté illimitée de choix, une liberté sans contrainte.

Or il suffit qu'un jour je prenne un engagement, un seul, pour me rendre compte que cette liberté idéale ne résiste pas aux chocs du réel et qu'il me faut y renoncer, au bénéfice d'une liberté plus réaliste, plus charnelle, plus incarnée, plus humaine tout simplement. Encore faut-il consentir à renoncer au rêve de cette liberté idéale. Et, comme nous le savons, un renoncement ne va jamais de soi.

- Renoncer à une liberté pure

Un engagement ne se prend ni dans une pleine lumière – à moins d'avoir une révélation spéciale – ni – je l'espère – dans une complète obscurité. Habituellement il se prend dans un clair-obscur. Clair-obscur des motivations, des causes que nous défendons, des moyens et méthodes utilisés, des visées poursuivies... Mélange de désirs d'être utile mais aussi d'être valorisé, de pouvoir mais aussi de conviction, d'amour des autres mais ausi d'intérêt pour soi, le tout enraciné dans les plis et replis de nos histoires de vie et marqué par des conditionnements présents. Pas plus que les motivations, les causes que nous défendons ne sont transparentes et évidentes aux yeux de tous, parfois même à nos propres yeux ou au regard de ceux qui nous entourent. Pour ne rien dire des moyens et des méthodes qui sont toujours révisables. Ceci concernant nos engagements mineurs comme nos engagements majeurs.

Prendre un engagement c'est accepter ce clair-obscur et accepter ce clair-obscur c'est renoncer à une liberté qui serait sans ambiguité, à une liberté pure « une idole meurtrière » selon Emmanuel MOUNIER, une liberté angélique qui n'aurait ni main ni pied dans la réalité. Et encore de E. MOUNIER: « Tout engagement est impur... les choses historiques sont toujours mêlées. Nous ne trouverons jamais quelque part la position idéale que nous voudrions pour agir comme nous l'aimerions. » On peut seulement espérer qu'au fil du temps, par un travail de discernement personnel et de groupe, le clair l'emporte sur l'obscur, que le pour-autrui l'emporte sur le pour-soi, que la justesse de la cause s'impose de plus en plus, sans jamais devenir une certitude.

- Renoncer à une liberté illimitée de choix

Un homme – aussi viril soit-il – ne peut épouser toutes les femmes. Une femme – aussi séduisante soit-elle – ne peut épouser tous les hommes. Un chrétien du monde rural – aussi engagé soit-il – ne peut s'impliquer dans toutes les associations de son environnement. Il faut aussi en laisser pour les autres et même accepter qu'il y ait des places vacantes, momentanément et parfois définitivement, parce que les choses changent, que d'autres choix s'imposent, que des engagements se perdent pour que d'autres naissent. Et de toutes façons nul ne peut être partout à la fois, à moins de se prendre pour Dieu le Père tout puissant, omni-présent et omni-aimant.

Prendre un engagement c'est choisir et choisir c'est se restreindre, se limiter, renoncer à tous les choix possibles. Comme le disait Emmanuel MOUNIER, « Dites oui, oui ou non, non, le reste vient du démon.» Le démon de la dispersion qui empêche de creuser un ou deux sillons où peut germer une vraie liberté. Plus encore le démon de l'indifférence de celui qui ne veut pas parier et croit pouvoir durer dans un perpétuel balancement entre le oui et le non. Et encore le démon de l'indifférenciation pour qui tout est équivalent, une chose et son contraire, faisant comme s'il n'y avait pas de différence entre ceci et cela, entre le bien et le mal, entre l'homme et la femme, entre une génération et une autre, entre une valeur et une contre-valeur. Choisir c'est prendre position.

- Renoncer à une liberté sans contrainte

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Le jour du mariage à l'Eglise, le célébrant demande aux époux si c'est librement et sans contrainte qu'ils s'engagent l'un envers l'autre. Précaution bienvenue du temps où les mariages étaient des arrangements de familles imposés aux époux sans leur libre consentement. Dans notre culture, ces mariages imposés n'ont plus cours aujourd'hui, heureusement. Ce qui n'autorise pas à penser que le mariage d'amour librement consenti soit un mariage sans contrainte, sans pression, sans conditionnement. Quelques-uns sont perceptibles avant même le mariage, mais ils se manifestent surtout après-coup, à la sortie de l'état amoureux aigu qui dure un temps variable selon les couples – et tant mieux si ça dure lqngtemps – mais jamais indéfiniment. Un jour on en sort et il faut alors faire avec ce que je n'avais pas d'abord vu en moi et chez mon conjoint, avec la part non choisie de moi et de l'autre, avec la part non choisie d'une vie de couple et de famille, avec ce qui survient et qui n'était pas au programme, les évènements, les évolutions de l'un et de l'autre, les aléas de la vie professionnelle et combien de petites choses de la vie qui auront leur poids d'influence jusqu'à la contrainte.

Et de même dans tout engagement en société ou en Eglise. Je m'engage volontairement, mais une fois engagé, je découvre qu'il faut aussi faire avec le non-choisi, avec l'imposé, avec l'institué. Et quand un conjoint s'implique plus que l'autre, parfois beaucoup plus, il leur revient d'assumer les écarts que cela produit au quotidien et les contraintes qui s'en suivent. C'est le plus souvent après-coup que nous ressentons les effets contraignants d'un choix libre et volontaire.

Ainsi toute liberté cherche son chemin entre part choisie et part subie. On peut toutefois espérer et faire en sorte – dans la mesure du possible – que la part subie ne dépasse pas la part choisie. On peut surtout espérer que la part choisie nous permette d'assumer la part non-choisie, de la dépasser, de la sublimer. Liberté de consentement, adhésion intérieure active à ce que nous n'avions pas d'abord voulu et que nous ne voudrions pas encore.

Je conclue ce premier point : si l'engagement rend libre ce n'est pas d'une liberté sans ambiguité, sans limite, sans contrainte. Etre engagé c'est au contraire éprouver dans sa chair que la liberté est chargée d'ambiguités, qu'elle est limitée dans ses choix, qu'elle est en partie contrainte. Ce sont là 3 conditions d'une liberté réelle, charnelle, une liberté d'homme et de femme vivant, une liberté engagée. Une liberté qui, pour l'essentiel de ce qu'elle est, ne se dévoile précisément qu'en s'engageant. D'où mon second point.

2. CE QUE S’ENGAGER VEUT DIRE

Couramment nous parlons d'engagement en terme d'avoir : avoir on non un engagement, prendre un engagement, ou le laisser tomber, en prendre un autre... Or une chose est de dire avoir un engagement, autre chose de dire être engagé, comme une chose est de dire avoir un amour et autre chose de dire aimer ou une chose de dire avoir la foi, autre chose de dire « je suis croyant ». Distinction capitale entre l'avoir et l'être, entre le quantifiable et le qualitatif, entre la possession certaine et le risque d'être.

- S'engager c'est d'abord, en effet, risquer son être, sa personne, son «je ».

C'est une attitude de fond, une manière de se positionner, une posture d'existence. C'est jeter son être le plus entièrement possible dans ce que je vis, dans ce que je fais, dans ce que je pense, dans ce que je veux. Jeter son être en avant comme les sportifs se jettent en avant avec leur corps entier pour mieux se recevoir. C'est être dans ce que je fais sans réserve, sans retenue, sans résistance, y mettant mon affectivité, mon intelligence, ma volonté. C'est à propos de l'engagement que BERNANOS disait : « Beaucoup d'hommes n'engagent jamais leur être. » Il est vrai aussi qu'on ne peut toujours impliquer tout son être, on ne peut toujours s'engager. Avoir, quand il le faut, le souci de soi est un honnête souci. Mais qui veut se dire engagé doit de façon habituelle donner priorité au « je » sur le « moi ». « Celui qui s'engage dit JE en pensant moi le moins possible. Car le JE qui s'engage et qui s'affirme est si directement lié à la réalité à laquelle il se donne qu'il s'efface d'un effacement supérieur, comme un médiateur,

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comme un répondant qui serait tout entier dans sa réponse. » (Emmanuel MOUNIER). Et pour le croyant Chrétien, ce JE est engendré par une Parole Unique à lui adressée... Un appel singulier dans une histoire singulière...

- Engager son « je » par et dans l'Action.

Tout engagement est Action. « Le chrétien Agir c'est sortir des bonnes intentions, des vélléités, du rêve ouencore des critiques stériles pour entrer dans le réel, le prendre à bras le corps, l'affronter, jouer toutes les cartes du possible jusqu'aux limites de l'impossible. » La pédagogie du CMR est orientée par cette conviction : être dans et par l'action. C'est le sens même de la DRC (Démarche de Réflexion Chrétienne) : partir de la perception du réel et y revenir, en l'éclairant à la double lumière des échanges d'équipe et de la Parole évangélique. « Le chrétien n'est pas dans la hantise de n'être pas comme tout le monde. Il s'engage. Non pas seulement ici ou là, mais tout entier dans chaque acte, si bien que chacun de ses actes devrait être comme le ramassement de toute sa vie, et sa vie tendre à mimer l'élan d'un seul et même acte. » Emmanuel Mounier

- S'engager c'est encore se lier, tisser du lien, en prendre soin, l'approfondir.

A commencer par ses proches les plus proches, le couple et la famille, mais aussi des amis, des voisins, les membres d'une équipe CMR. Créer du lien encore dans les associations, dans la vie professionnelle, dans la communauté chrétienne. De façon différente selon les lieux, selon les moments, selon les personnes, selon les types d'engagement, créer du lien c'est toujours mettre les autres à l'intérieur de soi sans renoncer à son « je » personnel ou affirmer son « je » personnel sans négliger le « je » des autres. Alchimie exigeante qui requiert de celui ou celle qui s'engage d'être d'abord suffisamment unifié à l'intérieur de lui-même, d'elle même. La dispersion à l'intérieur de soi ne favorise pas le lien avec d'autres.

Voilà, selon moi, l'essentiel de l'engagement : risquer son être par l'Action et dans des Liens. Reste à se poser la question la plus décisive : dans quel but ? Avec quelle visée ? Pour être libre, dit l'intitulé de la conférence. « Fais cela et tu seras libre » A voir... car on peut se jeter dans l'action et entretenir des liens pour son bénéfice propre, pour son amour propre, pour exercer son pouvoir, pour son et ses profits... La visée humaniste et chrétienne qui est la nôtre nous demande de nous engager pour faire advenir le plus d'humanité possible, dans le réel de la vie et de la mort, dans le clair-obscur des situations, dans les déséquilibres de tous ordres qui marquent notre société, dans les injustices tout particulièrement. S'engager c'est chercher à libérer toutes les potentialités d'humanité en soi et autour de soi, modestement mais décidément. Un engagement le plus total possible pour une libération qui est toujours en voie d'accomplissement. Quelle que soit la nature de l'engagement et quelque soit son objet particulier ou universel, une même visée « la visée de la vie bonne avec et pour autrui dans des institutions justes » selon la formule ramassée de Paul RICŒUR.

C'est dire que l'engagement se situe en plein cœur de tous les combats pour la liberté, combats petits et grands, cachés ou révélés, médiatisés et surtout non médiatisés. « Pas plus qu'il n’y a de vérité toute faite, il n’y a de liberté toute faite... On ne la démontre pas, on témoigne d'elle... Elle se vit pour qui a le courage d'en courir le risque. » (René HABACHI, philosophe). Il dit encore : « la liberté est création.. Faire plus avec ce qui nous est donné au départ... C'est notre génie inventif portant sur le flot total de notre existence. » Et le pasteur protestant BONHOEFFER : « Faire et oser non pas n'importe quoi, mais ce qui est juste, non pas planer dans le possible, mais saisir avec courage le réel... C'est dans 1'Action seule qu'est la liberté» je dirais dans l'Action et dans les Liens. A commencer par les liens avec les plus proches, ce qui nous conduit au troisième point, qui était au cœur de notre session

3. S’ENGAGER EN ET DANS LE COUPLE : QUELS CHEMINS DE LIBERTE ?

Préalable très important, l'engagement conjugal avec le projet de durer est un engagement spécifique, original, distinct de tout autre engagement (associatif, militant,

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de service et même de ministère dans l'Eglise), ce que signifie d'ailleurs le mariage, au civil et au religieux. C'est un engagement entre deux êtres, un lien entre deux êtres, homme et femme, un lien plénier, un lien d'existence, un lien irréversible en son intention, même s'il arrive qu'il se rompe.

Un pacte entre deux êtres qui se risquent l'un vers l'autre, l'un par l'autre. Un lien qui, en quelque sorte, ne laisse de côté, en dehors de lui, rien qui ne soit essentiel à chacun.

- Un lien d'intimité de corps et de cœur, de désir et d'amour, un lien chargé d'attentes mutuelles de sécurité, d'affection, de plaisir et de jouissance, un lien amoureux qui ne cesse de se métamorphoser au fil du temps, un lien dans lequel naissent des enfants, enrichissant le lien conjugal d'un lien parental.

- Mais aussi un lien social nouveau qui se crée à partir du deux conjugal et à partir du parental, de voisinage, d'amitié, de solidarité au quotidien, d'engagements avec d'autres couples et d'autres parents.

- Et c'est aussi un lien spirituel dans la mesure où il donne un autre sens à notre vie, un autre souffle, une autre source de fécondité, d'autres sensibilités à l'amour, au dialogue, à la tendresse, à la compassion et à combien d'autres valeurs qui naissent du conjugal.

- Et, pour finir, c'est un lien sacré, religieux, un lien qui puise sa source au-delà de lui-même, pour les chrétiens en DIEU, Source et Fin de tout désir et de tout amour, ce que signifie tout particulièrement le sacrement de mariage.

Lien intime, lien social, lien spirituel et religieux, lien plénier donc, le lien conjugal, du moins une promesse de lien plénier. Une promesse et non une garantie, nous ne le savons que trop bien aujourd'hui, mais était-ce si différent autrefois ? Si c'était une garantie, notre liberté et notre responsabilité ne seraient plus engagées. Or elles le sont. Elles le sont plus qu'en tout autre lien, parce que le lien conjugal est un lien qui engage plus que tout autre. Et c'est pour cela qu'il porte en lui de plus grands risques de malheur comme de plus grandes chances de bonheur, de plus grands risques de destruction comme de plus grandes chances de création, de plus grands risques de servitude comme de plus grandes chances de libération.

Et sur quoi reposent dans un couple les chances de bonheur, de création, de liberté ? Sur bien des choses secrètes en chaque couple – aucun n'étant comparable à un autre – mais aussi sur quelques valeurs communes à tous les couples. J'en retiens trois qui me paraissent essentielles la parole, le travail sur soi, l'ouverture.

ET D'ABORD LA PAROLE

Tout engagement repose sur la parole, une parole donnée, une parole reçue, une parole tenue. Quand un couple se marie, la parole est explicite au moment de l'engagement : « je me donne à toi... je te reçois... » C'est dit et on peut faire comme si c'était fait. Sauf que ce n'est pas du tout fait : il faudra donner et recevoir jour après jour, année après année, saison après saison. Dans les premiers temps, temps de grace, temps de printemps, ça peut paraître plutôt facile de se parler, tant chacun a la bouche pleine du désir et de l'amour de l'autre, désir et amour de l'autre qui sont tout autant désir et amour de soi. On n'éprouve d'ailleurs pas tellement la nécessité de se parler tant on est dans un état de comblement mutuel. Pourvu que ça dure... mais habituellement ça ne dure pas éternellement. La vie commune au quotidien aidant, les enfants venant, les différences s'accentuant, parler, se parler devient une nécessité vitale. Prendre le temps de se dire en plein été de la vie conjugale et parentale, au moment où il y a tant à faire entre le travail, les enfants devenus adolescents, les parents vieillissants, les engagements. Et quand les enfants devenus grands nous quittent à l'automne du cycle conjugal, se trouver face à face n'est un bonheur que si on se parle et si on s'écoute pour chercher et trouver à deux un autre style et un autre rythme de vie. Et dans le

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vieillissement, quand s'annonce l'hiver, rien de plus précieux que des des regards, des mots échangés pour se soutenir mutuellement.

C'est le désir et l'amour – dans la mesure où ils restent vivants à travers leurs transformations successives – qui en appellent à la parole. « Il faut que je te dise... ». Mais parfois ça n'avertit pas, ça ne se dit pas de la plus courtoise des manières, mais dans une certaine violence, comme un appel, comme une alerte, comme un cri. Paroles arrachées à la routine, au sentiment de solitude, à l'angoisse d'abandon, à une blessure ou à un rêve brisé, à un sentiment d'incompréhension qui commençait à s'installer. Mais aussi, heureusement, paroles douces surgissant du désir, de l'amour, de la tendresse, d'une demande de pardon ou de toute autre demande de présence qui se cherche. Les unes et les autres – les douloureuses et les douces –- paroles de chair et non paroles en l'air, paroles de vie et de vérité, nourritures substantielles de la vie à deux. Pas si simple de se dire en vérité et de s'écouter en vérité la peur est là, peur de blesser, peur de perdre l'estime de l'autre, peur d'être mis en question, peur du conflit ou de la crise. Se dire en vérité, quand on est si proches et si lies – c'est plus facile dans l'amitié que dans l'amour amoureux – suppose acquise une grande liberté entre conjoints, une complicité, une acceptation implicite ou explicite de sa propre réalité et de la réalité de l'autre, un humour joyeux. Se dire en vérité suppose aussi une mutuelle bienveillance de fond, de la courtoisie, du respect. Une parole de vérité dite avec malveillance tue instantanément et pour longtemps... Une parole de vérité dite avec bienveillance libère, le plus souvent après coup. Qui dira toutes les ondes portées d'une parole libre entre un homme et une femme qui cherchent à se rencontrer ?

MAIS AUSSI UN TRAVAIL SUR SOI

« Ne peut pas charger un autre, une autre de faire le travail qui nous revient. » (Françoise PA YEN, thérapeute de couple). C'est pourtant un vieux rêve qui ne nous quitte jamais tout à fait : trouver un autre, une autre, un père, une mère, un couple et pourquoi pas un Dieu qui nous déchargerait d'un travail sur soi qui nous revient. C'est commode, mais ça ne marche habituellement qu'un temps. Même s'il est vrai aussi que le couple a à nous soulager d'une partie de nous-même, de notre histoire, avec ses rêves et ses blessures, avec ses espoirs et ses contradictions. Mais aussi heureux et aussi réussi soit-il, le couple ne peut nous décharger qu'en partie de nous-même. Il y a du reste, du reste qui nous revient et qui ne revient qu'à nous, avec l'aide de Dieu ou de quelque spécialiste s'il en est besoin, Ce reste c'est notre « névrose » personnelle, c'est à dire nos conflits internes, notre moi démesure, notre besoin illimité de compréhension ou de liberté, nos mouvements internes de violence et de haine, toute une partie non avouable de nous et pourtant réelle.

Prendre en charge cette partie de nous-même, par un travail psychologique ou/et spirituel, ou encore par la vie tout simplement et ses effets de « purge », allège d'autant le couple, le rend plus libre et donc plus heureux et plus creative.

Travail sur soi : espace-temps de retrait, de retraite, de solitude. Pour se retrouver face à soi pour s'interroger, pour se calmer, pour se reposer, se re-poser aussi l'une ou l'autre question sur sa manière de vivre le couple.

Solitude du souffrant qui a à assumer son poids de réel. Solitude du mendiant qui attend en vain la monnaie de son désir. Mais aussi solitude heureuse d'être en ses propres pensées, dans sa musique intérieure, dans la veine unique de sa vie. Pas d'engagement conjugal qui tienne sans ce face à face avec sa solitude.

OUVERTURE

On imagine mal un couple qui soit absolument fermé sur lui. Il meurt d'étouffement. On imagine mal un couple qui soit ouvert à tous les vents. Il meut d'épuisement. Tout couple a besoin et de se fermer et de s'ouvrir, de se fermer sur son intimité, même et surtout aux yeux des enfants, de s'ouvrir sur la socialité, pour le plus grand bénéfice des enfants.

Besoin de fermeture plus prononcé pour les uns, besoin plus prononcé d'ouverture pour d'autres, selon la structure du lien et selon les attentes de chaque conjoint. Ce qui a pour résultat : des couples plus ou moins engagés au dehors et, dans chaque couple, des hommes et des femmes plus ou moins engagés à titre individuel.

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4 cas de figure peuvent se presenter :

- Des couples où chaque conjoint a son ou ses engagements propres en des secteurs différents de la vie sociale et écclésiale. Chacun cherchant/trouvant sa « veine », selon son charisme, selon sa vocation propre qui se découvre au fur et à mesure de la vie, des événements, et des appels entendus. Personne n'est fait pour tout, à moins qu'il ne se résigne à faire n'importe quoi. Mieux vaut creuser l'appel qui est le sien en fonction de sa personnalité, de son histoire, de ses talents, de ses limites. Il faut du temps pour trouver sa « veine » et lui faire donner tous ses fruits.

- Des couples qui optent pour des engagements pris ensemble (CPM – Centre de Préparation au Mariage –, CMR et autres mouvements conjugaux, familiaux, associatifs...) y trouvant une source de renforcement de leur lien conjugal, de nourriture et d'occasion d'échange.

- Des couples où l'un des conjoints est fortement engagé et l'autre presque pas ou pas du tout, soit par choix, soit par nécessité, occasionnant des différences de rythme et d'espace de vie, mais aussi des différences de valeurs concrètes vécues de part et d'autre, pouvant aboutir à un couple « T.G.V. » d'un côté et à un couple « Cheminée » de l'autre. Ecartement maximum pouvant aboutir, si on n'y prend garde, à un écartèlement.

Dans tous les cas de figure, 3 critères de discernement s'imposent, semble-t-il :

- la nécessité que chaque conjoint trouve sa veine, son chemin de vie au quotidien, dans une suffisante autonomie et avec un sentiment de s'accomplir et pour soi et pour quelques autres.

- la nécessité du partage entre conjoints, quelque soit l'engagement ou le non-engagement de l'un et de l'autre. Pas de partage, pas de couple ! Partage pas nécessairement égalitaire, mais partage qui, en commerce équitable, reconnait la part qui revient à chacun.

- la nécessité de faire œuvre commune, quelle que soit la part différente que chacun prend pour que cette oeuvre s'accomplisse. « En amour le plus court chemin n'est pas la ligne droite mais la courbe qui passe par l'œuvre à créer ensemble. » (R. HABACHI)

Ouverture, travail sur soi, parole, 3 chemins de liberté dans le lien conjugal. Plus largement 3 chemins de liberté dans tout engagement et dans tout lien. Pour terminer, un clin d'œil d'Emmanuel MOUNIER, intellectuel engagé s'il en fut, écrivant ceci : « Rien n'est plus difficile que le maintien convergent de l'engagement et du dégagement essentiels à la vocation de l'intelligence. » Pas seulement à la vocation de l'intellectuel, mais à la vocation de tout homme et de toute femme engagés.

On peut espérer que cette semaine-vacances aura été un temps fructueux et joyeux d'engagement et de dégagement tout à la fois. De dégagement surtout permettant de trouver/retrouver son unité intérieure, sa cohésion personnelle, permettant aussi de trouver/retrouver un équilibre dynamique entre engagement et lien à l'intérieur du couple et engagements et liens en dehors et au-delà du couple.

Samedi 23 août 2008 BILAN DE LA SEMAINE

TEMPS SPIRITUEL

Nos fragilités : des semences d'a-venir

Nos fragilités sont comme des semences d'a-venir

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Aucune utilité à l'état brutmais promesse de vie nouvelle quand elles acceptent de traverser les entrailles de la terre

Comme le grain qui disparaît de la surfacenos fragilités nous font perdre la faceComme le grain enfoncé dans la terrenos fragilités nous enfoncent dans l'abîmeComme le grain qui se désintègredans les entrailles de la terrenos fragilités nous désintègrent dans les profondeurs de nous-mêmes

Qui pourrait croire, alors, que tout cet anéantissement couve un printemps ?Qui pourrait croire à l'heure où l'on ne voit que la terre remuée, secouée,presque violentée, que la vie se fraie un passage en son sein ?Qui pourrait croire à la vie, quand on ne voit que la mort ?

Toi, Seigneur, tu y croisTu arroses la terre avec la pluie de printempsTu la caresse chaque matin du soleil levantTu la berces chaque soir d'une brise légèreTu y crois Seigneur et tu accompagnes sa poussée

Apprends-moi à croire contre toute évidenceEt à vivre la perte, l'enfoncement et la désintégrationComme promesse d'engendrement

Apprends-nous à espérer contre toute espéranceEt à traverser nos fragilitésComme le grain qui traverse les entrailles de la terre

Apprends-nous à attendre contre toute impatienceEt à voir dans nos faiblesses et dans nos limitesLes germes d'un nouveau possible.

(Elena LASSIDA)

REPRISE par Albert DONVAL

Ce matin, je m’appelle Théophile. Ma disparition est proche, Nous sommes proches du moment de la dispersion de notre groupe, de la famille que nous avons constituée depuis 8 jours.Ce que le fil rouge a dit est bien peu par rapport à ce qu’il n’a pas dit mais ressenti. Ce qu’il a ressenti ? Le formidable courant de vie qui a couru ici, la fraternité, l’humour, le désir fort chez chacun, chez chacune, en partant.Quand je suis plus vivant, quand mon couple est plus vivant, c’est le monde qui est plus vivant. C’est comme un amour qui nous a reliés les uns aux autres au-delà de nos différences, au-delà de nos corps.Le fil rouge va se casser. Mais en cassant, je voudrais transmettre quelque chose, car chaque couple sera appelé à être fil rouge à son tour, en étant oreille qui traîne, désir de consensus.Que jamais le fil ne soit un fil à la patte mais tissu. Il y aura des moments où vous pourrez broder avec ce fil, d’autres moments où vous coudrez ou recoudrez. Il faudra même parfois seulement faufiler.Théophile, Théo-fil. Fil de Dieu. Il va falloir couper. C’est en étant reliés mais pas confondus que la communion se fait le mieux.Monique offre à la fin de ce dernier « fil rouge », une bobine de fil rouge mais pas n’importe lequel, du fil pour repriser, raccommoder, se raccommoder.

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BILAN DE PROGRESSION DE LA SESSION, EN CARREFOUR

Questions   :

Je suis arrivé avant la session : « même pas peur ».1. Qui suis-je ? Quels sont mes besoins, mes convictions ?2. En alliance pour quel projet ?3. Les engagements du couple : quelle hiérarchie ?4. Concilier vie de couple et engagements5. Pour quelle fécondité ?6. Atterrissage

…et départ pour les travaux pratiques. Encore un peu peur ?

Dans les carrefours, chacun prendra le temps de réfléchir aux apports de cette session et à ce qui reste à creuser. Chaque membre du couple le notera dans le cercle le représentant sur la feuille A3 avec les deux alliances. Pour finir, chacun dira ce qu’il a apprécié de chaque couple ou personne seule.

Carrefour 2

• J’ai apprécié la profondeur des échanges, le respect. J’admire que les personnes seules soient là et s’expriment.

• Notre psychothérapie de couple est commencée !

• J’ai le regret de n’avoir pas vécu cela avant ma séparation.

• Le chemin vers un meilleur dialogue, une meilleure entente, est un chemin à faire ensemble et il n’y a pas de raison que ça ne marche pas si vous le faites ensemble.Je suggérerai à mes enfants de faire un projet de vie, ce que je n’ai pas fait.Cette session m’a donné des pistes pour rejoindre l’autre.

• Etre capable d’exprimer sa souffrance, sa sensation d’échec, c’est déjà une richesse.

• Si on est capable de parler et d’écouter, même s’il n’y a pas de solution, c’est déjà très important, le début d’un chemin.

• Je suis venu car je pense que le couple, la famille, c’est la base de la société.

• Il faut se remettre en question, innover, inventer de nouvelles façons de faire.

• Nous allons faire une session « Vivre et Aimer » !

• Prendre du temps pour soi : penser à soi c’est important. Ne pas s’oublier soi : il y a moi et il y a mon conjoint.Se dire ses sentiments : « je t’aime ». On a besoin de l’entendre.

• Chaque couple est une histoire.

Carrefour 4

Comment on a vécu la relation entre nous dans le groupe ?

Echanges vrais, entre nous, entre générations différentes: cela donne un nouveau regard

La personne qui a dû s'absenter du groupe à différents moments ne s'est pas sentie pour autant exclue

Sentiment de complicité dans un couple dans la manière de gérer la vie familiale et les engagements du fait du calme et de la sérénité de chacun.

Une bonne complicité dans un couple tout en gardant une certaine autonomie La joie, la manière d'être présente, l'humour de certains

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Vérité, authenticité et sincérité dans nos échanges On s'est réellement fait confiance dans nos partages de vie personnelle.

Quelques réflexions supplémentaires : Oser se demander des services dans le couple On ne peut jamais se mettre à la place des autres : on ne peut qu’être admiratif et

reconnaissant Savoir reconnaître le charisme de chacun Accepter l'imprévu : c'est une conviction, mais aussi se soutenir devant les épreuves Se laisser transformer, façonner par la vie et se laisser grandir

Carrefour 6

Ce n’est pas forcément évident de pouvoir dire à chaud les apports et les idées à creuser. L’expression est globalement positive. « J’ai aimée être portée. Je me suis sentie bien ». Pour la suite, idéalement, il faudrait que la CNV devienne automatique. Cette session apporte aussi au niveau du mouvement : « On comprend mieux la ligne directrice du CMR ». « Cette session m’a beaucoup apporté, j’ai oublié tous mes problèmes. J’ai eu l’impression d’être dans une bulle ». Il y a eu une qualité d’écoute de chacun. Un regret pour ce participant : on n’a pas assez parlé de la foi.C’est le moment aussi de faire le bilan par rapport à soi : « Je sais que je ne suis pas trop bien dans ma tête. J’ai besoin de me mettre au clair, de retrouver de l’estime pour moi  ». Du même ordre pour un autre participant : « je dois remettre à leur juste place les engagements, la famille et le couple viennent en premier ». Mais il y a aussi des révélations : « les difficultés vécues peuvent être source de fécondité ». Une aide pour dépasser un obstacle : « tout le travail, les échanges, ça m’aide à être moins coupable. Je dois réapprendre à être girafe, je suis devenue trop chacal. »Il y a quelque chose de l’ordre du soulagement ou de l’ordre d’un allègement pour chacun. Encore une fois, le temps manque pour que tous les échanges puissent se poursuivre librement, mais on prend le temps de se dire ce qu’on a apprécié chez l’autre, chez le couple. L’émotion est vive au moment de ce parler vrai.Pour les remontées, une seule est choisie qui résume l’état d’esprit du groupe : « On est tous en chemin vers… »

Carrefour 7

Chacun exprime ce qu’il retient et ce qu’il a à creuser, pour lui-même et pour son couple.Il renvoie ce qu’il a perçu des autres, de leur couple tout au long de la semaine.

Idées à partager   : Se rendre disponible pour la famille, les amis Chance de vivre en couple des moments partagés (échange en vérité, en

profondeur) Pas de couple idéal, importance de l’écoute pour bien se comprendre. Importance d'une communication posée et réfléchie : prendre le temps de se

poser pour se parler

REMONTÉES DES CARREFOURS

Remontée 1 La colère appartient à celui qui l’exprime, ça ne doit pas gêner la vie de couple. Tout est possible, rien n’est acquis. La vie de couple est un mouvement, l’équilibre

est à trouver.

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Remontée 2 Un engagement de base : que les amis, la famille puissent compter sur nous !

Arriver à se rendre disponible pour eux. Sincérité, honnêteté : enjeux de base pour dialoguer en couple. Point commun qui

a permis que nous échangions en vérité cette semaine en carrefour.

Remontée 3 Sincérité dans les partages et avec soi-même. Avoir envie de…. Entretenir le désir.

Remontée 4On se sent tous en chemin vers…

Remontée 5 Accepter l’imprévu, se laisser façonner par la vie. Vérité, sincérité, authenticité dans les échanges.

Remontée 6 Laisser du temps au temps. Laisser l’autre s’exprimer A creuser : trouver un moyen d’expression pour le couple. L’engagement, jusqu’où ? Etre libre = être dans la réalité ensemble. Entre savoir théorique et réalité du quotidien, être en connivence. Richesse de l’échange dans le groupe car vrai et quotidien. Faire confiance à la vie qui nous remet en question, prendre le risque. Quelque

chose peut changer même après 20 ans !

Remontée 7 Ne pas s’oublier soi. Prendre du temps pour son couple Inventer et innover dans le fonctionnement de notre couple Dire les choses et reformuler.

Remontée 8 Diversité des couples et des engagements Confiance Faire l’expérience nouvelle d’échanger une parole en couple avec d’autres

couples.

BILAN DES ENFANTS

Après avoir chanté « On dirait le Centre » et entendu le texte « Le miracle de l’amour », les ados présentent leurs réalisations et leur conclusion :« Si je m’engage :

C’est pour aller jusqu’au bout. Ce n’est pas que pour moi, mais c’est aussi pour les autres. Ce n’est pas que pour mon image, cela me tient à cœur, cela me permet de

défendre des idées. C’est faire des choix. C’est avoir conscience qu’il y aura parfois des difficultés. C’est conjuguer mes différents engagements. C’est savoir garder du temps pour souffler. Si je m’engage, je m’enrichis ».

PAROLE DES MEMBRES DU CONSEIL D’ADMINISTRATION PRÉSENTS – ENVOI(Marie-Jo Gautier, Cyril Martin et Yann Brard)

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Le Conseil d’Administration fait le choix de proposer des Vacances Formation à ses membres et plus largement à d’autres personnes.Pour le CMR, mouvement d’éducation populaire, les Vacances Formation permettent de faire avancer la réflexion, soit dans une problématique pour le rural ou, comme cette année, sur le sujet plus intime du domaine du couple et de ses engagements.Ces sessions d’autoformation, sont aussi des temps d’approfondissement où nous pouvons célébrer, exprimer ce qui est notre foi, ce qui nous empêche de croire, les questions de sens qui nous traversent. Le mouvement s’engage financièrement dans ce projet en prenant en charge une partie du budget nécessaire.

Pour nous administrateurs, c’est essentiel d’avoir ce contact direct avec des personnes qui s’impliquent, se questionnent sur leurs territoires, venant des quatre coins de France.C’est l’occasion pour nous de mettre un nom, un prénom sur les acteurs du mouvement, et de travailler en collaboration avec une ou plusieurs fédérations à l’organisation de ces sessions.

Nous sommes convaincus que les partages vécus durant cette semaine sont utiles à d’autres. A nous, administrateurs, d’être attentifs à ce que le fruit de notre réflexion collective, les questions nouvelles repérées, puissent être diffusées à travers les moyens de communication du mouvement que sont le journal Animation Fédérale, le site Internet, la revue Agir en Rural, dans ce va et vient régulier : équipes/fédération/national, qui fonde notre mouvement.

Nous avons choisi cette semaine d’explorer le domaine un peu secret de nos vies de couple, à la fois enrichies et mises en tension par nos engagements vécus en tant qu’individu ou en couple.Cet exercice a été parfois un peu périlleux, et en cela nous avons été aidés par des professionnels des sciences humaines, et un personnage « fil rouge » qui a aidé à ne pas nous perdre dans les méandres de notre « Je » intime et du « Nous » de la communauté « couple ».Chacun de nous a reçu en cette fin de session, un morceau de ce fil rouge, qui nous invite à creuser cette question, dans nos fédés, à nous relier à d’autres.C’est ce qui fait le mouvement, des hommes et femmes reliés en réseau, et en route vers un Congrès en mai 2010, à Pontarlier dans le Doubs.

PAROLE DE L’AUMONIER NATIONAL (Xavier De Zutter)

D’abord un grand merci pour cette session qui a pris en compte une dimension importante de la personne qu’est sa vie conjugale. J’ai souvent été peiné de voir dans le mouvement des personnes investies généreusement dans différents engagements et en souffrance dans leur vie familiale ou conjugale ! Alors merci à ceux qui ont contribué à réussir cette session.Certains avaient un peu peur, en arrivant, de toucher à ce qui n’était peut-être pas en équilibre dans leur relation de couple, maintenant c’est peut-être la peur de repartir… Même avec davantage d’éléments de compréhension, un chemin reste à faire !

Je voudrais seulement rappeler d’où nous venons et où nous allons.Au départ, il y a les difficultés d’équilibrer les engagements et la vie de couple. Le thème de cette session correspond à un enjeu fort. Des personnes engagées sont parfois en souffrance, et il était important que le CMR se saisisse de cette question et vienne faire son humble proposition au service des couples, comme d’autres lieux où bien des chrétiens sont engagés : les pastorales familiales, Vivre et Aimer, CLER Amour et Famille, Familles Rurales, centres spirituels, groupes charismatiques ou les AFC… Il faut savoir se saisir de ces possibilités quand c’est nécessaire, pour trouver une meilleure harmonie. Ainsi, Denis Sonet organise-t-il deux sessions dans l’Aube, à la Toussaint et à l’Ascension sur 4 jours, pour « aimer mieux ».

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1. Du sens

- Qui sommes-nous ?Nous sommes à l’image de Dieu, et tout particulièrement le couple. « Soyez fécond » (Genèse 1, 22). « Où est l’Amour Dieu est présent. »

- Le lien entre Alliance et Mission « Je serai votre Dieu et vous serez mon peuple. » (Jer 7, 23)« Allez de toutes les nations faites des disciples » (Mt 28, 19), disciples de l’Amour, de la Justice, de la Paix 

- Comment ? Parabole du semeur : quelle terre sommes-nous ? Comment recevons-nous le bon grain ?« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15, 13)Mais il n’y a pas que le service des autres, mais aussi le service de soi et du couple.

- Complémentaires : Parabole des Talents (Mt 25, 14) Chacun ses dons dans un même Corps (Saint Paul Rm 12, 5). La famille, c’est la première communauté chrétienne.

La question de « Pourquoi durer ? » est revenue plusieurs fois ! Ne pas durer pour durer mais pour se retrouver ! Ceux qui ont fêté leurs 50 ans de mariage nous ont bien témoigné : après les déserts… les oasis, après l’hiver… le printemps. Nous avons perçu la force de l’Amour éprouvé. Il y a une possibilité de réveiller les sentiments, les braises sous la cendre… La résurrection d’un couple devient un témoignage !

2. Cette session a démarré par soi et se termine par la fécondité. Voilà ce à quoi nous sommes appelés : porter du fruit (et nous pouvons repérer tout ce qui se vit dans le Mouvement)

a) - sur l’Homme : par rapport aux Sans papier, Solidarité Paysans, SACADE artisan, santé… - la société : beaucoup d’élus dans leur commune, les syndicats, des collectifs. - la planète : le commerce équitable, les sans terre, « Noël ou l’été Autrement », ceux qui arrivent après nous…

b) - Sur soi : « Je me suis construit par le Mouvement », « j’ai grandi par la confiance qu’on m’a faite », par la persévérance…Aucune personne n’est un fossile, qui ne puisse bouger, avancer,Et nous avons besoin d’être pardonnés, chacun est un être fragile, complexe.- le conjoint : concevoir l’engagement comme valeur ajoutée par le partage et le dialogue, « je m’intéresse et te tempère ou t’encourage… »Si certains reçoivent comme un cadeau l’arrêt d’un engagement de leur conjoint, je vous souhaite de continuer à faire qu’un engagement soit aussi un cadeau pour votre conjoint.Que votre Alliance soit un soutien mutuel pour répondre aux besoins et défis du monde.- le couple : Catherine et Jean-Philippe ont témoigné avoir appris ensemble, en

acceptant la gestion de la cantine scolaire, un chemin de croissance par la relecture en

équipe.- les enfants : quelle fierté des enfants d’avoir des parents responsables,

engagés… Importance d’expliquer à nos enfants en quoi nos engagements nous ont enrichis. C’est une éducation à la responsabilité de soi et des autres.

c) - dans ma relation au Christ, ma foi : mieux le comprendre, sa Parole, le suivre, l’inviter,

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Dans l’Eucharistie : L’offertoire pour offrir en cadeau à Dieu nos vies, nos engagements.

- dans l’Eglise : savoir ouvrir à plus large que nous, Que d’interpellations en étant ces « Chrétiens au cœur du monde »

- dans le mouvement, ma communauté L’équipe comme lieu de partage. Soyons des défenseurs de l’étape 3 de la DRC.L’équipe nationale qui célèbre chaque semaine et le CA chaque week-end, pour certains le CMR est leur lieu d’Église.Oser proposer une expression de Foi les uns par les autres.Le CMR permet une Réconciliation avec l’Église à des personnes blessées par certains de ses membres.

3. Rendre grâce et offrir (à l’image du 7e jour de la Genèse),« ils racontaient ! Venez à l’écart et reposez-vous. » (Mc 6, 30)« Je suis la vigne et vous êtes les sarments. » (Jn 15, 5)« rendez grâce en tous temps. » (Eph 5, 20)

Enfin avec la Multiplication des pains, nous nous rappelons que ça commence par l’apport des 5 pains et des 2 poissons pour qu’ensuite tous mangent !!! Dans l’engagement comme dans le partage dans le couple, je vous souhaite à chacun d’apporter vos 5 pains et vos 2 poissons pour une belle fécondité.

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