of 64 /64
Voyages Florence, Riga, Istanbul Corée du Sud La politique par les réseaux sociaux Espionnage Chef à la CIA et musulman courrierinternational.com N° 1118 du 5 au 11 avril 2012 Le Mali dans la poudrière du Sahel Les recettes qui marchent ailleurs Ecole

Compte Rendu.1118

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Dossier sur l'école en Europe

Text of Compte Rendu.1118

  • VoyagesFlorence, Riga, IstanbulCore du SudLa politique par les rseaux sociaux

    EspionnageChef la CIA et musulman

    courrierinternational.comN 1118 du 5 au 11 avril 2012

    Le Mali dans la poudrire du Sahel

    Les recettes qui marchentailleurs

    Ecole

  • n 1118 | du 5 au 11 avril 2012

    Editorial

    Et si on apprenait copier?

    Regarder en douce les r -ponses de son voisin pourviter un zro point, cestmal, les professeurs nouslont susamment rabch.Mais si on apprenait copieren tout bien tout honneur?Comme le bon lve qui ad -mire le meilleur de la classe?

    Cest prcisment ce que devrait faire lcole enFrance. Anne aprs anne, ses performancessamenuisent. Intraitable, le classement Pisa, ralispar lOCDE, qui value les systmes ducatifs dansle monde, place notre pays en milieu de tableau,loin derrire les nouveaux modles asiatiques oula fameuse cole nlandaise. A moins de troissemaines de llection prsidentielle, aucun candi-dat na fait limpasse sur le scolaire. Logique: ilreprsente le premier poste des dpenses publiques,emploie 850000 enseignants, et surtout concerneles lecteurs que sont les parents des 12,5millionsdenfants. Cest pourquoi les postulants la chargeprsidentielle ont dclam la main sur le cur leurvolont den nir avec les classes surcharges,lchec scolaire ou encore la dvalorisation dumtier denseignant. Louables intentions, mais quipassent ct du but. Car il serait plus que tempspour lcole franaise douvrir ses fentres et dallerchercher les recettes qui marchent, Helsinki, Singapour ou dans lOntario. Bien sr, elles ne sontpas toutes transposables, et le fameux classementde lOCDE nest pas exempt de lacunes. Il nem-pche: copier sur lcole de ses voisins pour am-liorer celle de son pays est tout sauf stupide.Demandez aux Finlandais comment ils ont bti leurpropre modle, ils vous rpondront quils ont misen place une vaste rforme de lducation dans lesannes 1970. Cest vrai. Mais la russite de ce petitpays nordique en matire dducation est plusancienne. Elle porte un nom, celui dUno Cygnaeus.En 1858, ce directeur dune cole nlandaise Saint-Ptersbourg sest vu coner une mission parle Snat russe: aller observer les systmes ducatifsqui marchent. Aprs un long priple en Sude, auDanemark, en Allemagne, en Autriche et en Suisse,le pasteur Uno Cygnaeus a rdig un rapport qui,quelques annes plus tard, a dbouch sur la pre-mire cole publique pour tous: jusqu ce jourpersonne na oubli les leons de ce Jules Ferry n-landais. Mais o les avait-il copies, sinon ailleurs?Eric Chol

    En couverture : dans une cole dEspoo, en Finlande (voir article page 19). Photo de Stuart Conway.

    5

    Sommaire

    7 Plante presse8 A suivre10 Les gens12 Controverse

    En couverture14 Ecole, les recettes qui marchentailleursLe systme ducatif franais perd du terrain dans les classementsinternationaux et tous les candidats llection prsidentielle promettent de rformer lcole. La France pourraitsinspirer de certains exemplestrangers: programmes la carte et soutien scolaire en Finlande, emplois du temps exibles aux Pays-Bas, travail collectif en Hongrie

    Dun continent lautre 22 FranceAntiterrorisme Les Amricains auraient-ils fait mieux ?Histoire Les Irlandais, frres darmeslongtemps ngligs

    26 EuropeEspagne Le ballon rond, resquilleur de la crise Grce Les socialistes doivent rompreavec le passItalie Des faux euros la pelleHongrie Au service des hameaux perdusRussie Moscou durcit le ton au Daghestan32 AmriquesEtats-Unis Roger, 60 ans, chef la CIAet converti lislamParaguay La rvolte des sans-terre34 Asie Inde Mentir pour protger ses petites llesCore du Sud La gnration web met les urnes en moi36 Dossier AfriqueSahel Comment le Mali fait exploser la rgion

    42 Moyen-OrientSyrie Ces entreprises occidentales qui aident Bachar El-AssadSyrie Les islamistes syriens pour un Etat laque43 EconomieIndustrie Monsanto, revenez sil vous plat !44 MdiasRpublique dmocratique du Congo Il y a encore des journaux au Sud-Kivu !Indonsie Analphabtes et journalistes46 Sciences Archologie Laissons donc travailler les chasseurs de trsors

    Long courrier Spcial voyages48 Turquie Istanbul, de galeries en ateliers54 Lettonie Riga, Art nouveau, histoire ancienne56 Italie Vire dantesque Florence62 Insolites Irlande : la maison un milliard deuros qui ne vaut pas un kopeck

    EDO

    UAR

    D C

    AUPE

    IL

    36Dossier SahelComment le Mali fait exploser la rgion

    28 HongrieAu service des hameauxperdus

    48

  • Plante presse

    Asharq Al-Awsat200000ex., ArabieSaoudite, quotidien. Le Moyen-Orient se prsente comme le quotidien internationaldes Arabes. Edit par SaudiResearch and Marketingprsid par un frre du roi, il se veut modr et combat le radicalismearabe, mme si plusieurs de ses journalistes achentune sensibilit islamiste.Brecha 10000ex.,Uruguay, hebdomadaire.Fonde en 1985, La Brche a succd au lgendaireMarcha, disparu dans les annes 1970, au dbut de la dictature militaire. Le titre se veut indpendantet de gauche.Chugan Kyunghyang(Weekly Kyunghyang)92000ex., Core du Sud,hebdomadaire. Le titre a tcr en 1992 sous le nom de Newsmaker par le quotidien KyunghyangSinmun. Sachantprogressiste modr, ilveut se dmarquer des titresconservateurs du pays maisaussi de lhebdo de gaucheHankyoreh21, en traitant denombreux sujets autres quepolitiques. Le magazine apris son nom actuel en 2007.Le Courrier 9100ex.,Suisse, quotidien.Humaniste, progressiste et altermondialiste: ainsi se dnit le quotidien des milieux alternatifs et associatifs genevois. Dagens Nyheter360000ex., Sude,quotidien. Fond en 1864,cest le grand quotidienlibral du matin. Sa page6 est clbre pourles grands dbatsdactualit. Les Nouvellesdu jour appartient au groupe Bonnier, le plusgrand diteur et propritairede journaux en Sude. Le titre est pass en format tablod en 2004.Daily Champion50000ex., Nigeria,quotidien. Fond en 1988.Appartient au chief

    Emmanuel Iwuanyanwu,riche homme daairesdOwerri, lun desprincipaux responsables et nanciers du parti UNCP.Populaire et favorable au gouvernement.La Dpchediplomatique 15000ex.,Sngal, mensuel. N en2008 de la volontdun groupe de diplomatesaccrdits au Sngal,dintellectuels et de professionnels de la communication, ce magazine panafricain est distribu dans toute la sphre francophone.Harpers Magazine220000ex., Etats-Unis,mensuel. Cr en 1850 parles ditions new-yorkaisesHarper &Brothers, il est le plus vieux mensuelgnraliste des Etats-Unis et sans conteste lun des meilleurs. Grands reportages, essais,nouvelles, portfolios: le titreaborde les sujets politiques,socitaux et culturels de faon originale et souvent passionnante.IQ Intelligent Life9000ex., Lituanie,trimestriel. Cette revue,publie en collaborationavec The Economist,propose depuis 2010 desarticles traduits de lditionanglaise dIQ The EconomistIntelligent Life, mais sa rdaction interroge aussile monde lituanien des ides, de la culture et des tendances.The Irish Times119000ex., Irlande,quotidien. Les prixremports par lesjournalistes de lIrish Timesconrment rgulirementson statut de quotidien de rfrence. Et tout en gardant une grandesobrit, il jouit dun largelectorat, notamment pourson dition du samedi.El-Khabar 100000ex.,Algrie, quotidien. Fond en 1990 par des journalistesissus de la presse publique,LInformation est le principal titre de la presseprive algrienne. Avec sondition hebdomadaire (El-Khabar Hebdo) plusporte sur lenqute, le reportage et le fait de socit, il donnelessentiel de lactualit

    et traite des mutations que subit le pays avec unton toujours srieux et dansune langue volontairementaccessible tous. Seuljournal arabophonepropritaire de sa rotative,en partenariat avec le francophone El-Watan,il rsiste aux pressions du pouvoir et garde une relative indpendance.Kompas 450000ex.,Indonsie, quotidien. Fonden 1965 pour sopposer la presse communiste, crit en indonsien, Boussoleest le plus grand quotidiennational, la rfrence, avecdes enqutes de fond sur des faits de socit et des reportages sur les les extrieures,indonsiennes mais souventoublies par le centre, Java.The National 50000ex.,Emirats arabes unis,quotidien. Le titre, cr dbut 2008,appartient une socitdinvestissement du princehritier Mohammed benZayed Al-Nahyan. Ainsi, il est souvent peu critiquedans sa couverture desvnements intrieurs. Sur linternational, en revanche, il ore souventdes reportages et desanalyses de grande qualit.Npszabadsg180000ex., Hongrie,quotidien. La Libert du peuple tait,de 1956 1990, lorgane du Parti communiste. Reprispar le groupe Bertelsmann,le titre sest transform en

    un journal de qualit et de rfrence, tout en restant proche du Partisocialiste (ex-communiste).Se dnissant commelibral de gauche, il appartient dsormais au groupe suisse RingierAG.Nezavissimaa Gazeta42000ex., Russie,quotidien. Le Journalindpendant a vu le jour en 1990. Dmocrate sanstre libral, dirig par VitaliTretiakov, une personnalitdu journalisme russe, il fut une tribune critique de centre gauche. Il est aujourdhui moinsaustre, plus accessible, et moins virulent.Le Nouveau Courrier6000ex., Cte dIvoire,quotidien. Fond enmai2010, le titre a pourobjectif de mettre laccentsur le journalismedinvestigation, lenqute et lanalyse. Il se veutengag, mais sansallgeance politique.Open Inde, hebdomadaire.Cr le 10avril 2009 par unequipe de journalistes en majorit jeunes et, pour certains, venus de lhebdomadaire Tehelkaou de la blogosphre, Open entend orir auxlecteurs un magazine ouvert lactualit internationale,avec une maquettedynamique.OpenDemocracy(opendemocracy.net)Royaume-Uni. Edit parlassociation britannique du mme nom, Dmocratie

    ouverte sest donn pourmission douvrir un espacedmocratique de dbat et favoriser lindpendancede la pense. A cet eet, il ouvre ses colonnes desauteurs du monde entier.Sddeutsche Zeitung430000ex., Allemagne,quotidien. N Munich, en 1945, le journalintellectuel du libralismede gauche allemand est lautre grand quotidiende rfrence du pays, avec la FAZ.TelQuel 20000ex., Maroc,hebdomadaire. Fond en 2001, ce newsmagazinefrancophone sestrapidement distingu de sesconcurrents marocains en faisant une large placeaux reportages et aux faitsde socit. Think Africa Press(http://thinkafricapress.com),Royaume-Uni. Cr enjanvier2011, ce site proposeune couverture exhaustivede lactualit africaine et cherche saranchir des analyses courte vuedes mdias conventionnels.Viso 108000ex., Portugal,hebdomadaire. En 1993, le vieil hebdo tablod en noir et blanc O Jornalse mtamorphosait en un newsmagazine hauten couleur, sorte de Newsweek portugais.Beau produit marketing du groupe suisse Edipresse,le titre est aujourdhui le deuxime hebdomadairedinformation du pays,derrire Expresso.

    Parmi nossources cettesemaine

    Courrier international n 1118Edit par Courrier international SA, socit anonyme avecdirectoire et conseil de surveillance au capital de 106 400 .Actionnaire Le Monde Publications internationales SA.Directoire Antoine Laporte, prsident et directeur de la publication, Eric Chol. Conseil de surveillance Louis Dreyfus, prsident. Dpt lgal avril 2012 Commission paritaire n 0712C82101. ISSN n 1 154-516 X - Imprim en France / Printed in France

    Rdaction 6-8, rue Jean-Antoine-de-Baf, 75212 Paris Cedex 13Accueil 33 (0)1 46 46 16 00 Fax gnral 33 (0)1 46 46 16 01Fax rdaction 33 (0)1 46 46 16 02Site web www.courrierinternational.comCourriel [email protected] en chef Eric Chol (16 98), Odile Conseil (web, 16 27)Rdacteurs en chef adjoints Catherine Andr (16 78), Jean-Hbert Armengaud (dition, 16 57), Raymond Clarinard (16 77),Isabelle Lauze (16 54). Assistante Dalila Bounekta (16 16)Rdactrice en chef technique Nathalie Pingaud (16 25)Direction artistique Sophie-Anne Delhomme (16 31)Conception graphique Mark Porter AssociatesEurope Jean-Hbert Armengaud (coordination gnrale, 16 57), DanileRenon (chef de service adjointe Europe, Allemagne, Autriche, Suisse almanique,16 22), Chlo Baker (Royaume-Uni, 19 75), Gerry Feehily (Irlande, 19 70), LucieGeroy (Italie, 16 86), Daniel Matias (Portugal, 16 34), Iwona Ostapkowicz(Pologne, 16 74), Marie Bloeil (chef de rubrique France, 17 32), Iulia Badea-Gurite (Roumanie, Moldavie, 19 76), Wineke de Boer (Pays-Bas), SolveigGram Jensen (Danemark, Norvge), Alexia Kefalas (Grce, Chypre), MehmetKoksal (Belgique), Kristina Rnnqvist (Sude), Mlodine Sommier(Finlande), Alexandre Lvy (Bulgarie, coordination Balkans), Agns Jarfas(Hongrie), Mandi Gueguen (Albanie, Kosovo), Miro Miceski (Macdoine),Martina Bulakova (Rp. tchque, Slovaquie), Kika Curovic (Serbie, Montngro,Croatie, Bosnie-Herzgovine), Marielle Vitureau (Lituanie), Katerina Kesa(Estonie) Russie, est de lEurope Laurence Habay (chef de service, 16 36),Alda Engoian (Caucase, Asie centrale), Larissa Kotelevets (Ukraine)Amriques Brangre Cagnat (chef de service Amrique du Nord, 16 14), EricPape (Etats-Unis), Anne Proenza (chef de rubrique Amrique latine, 16 76), PaulJurgens (Brsil) Asie Agns Gaudu et Franck Renaud (chefs de service,Chine, Singapour, Tawan, 16 39), Nak Desquesnes (Asie du Sud, 16 51),Franois Gerles (Asie du Sud-Est), Ysana Takino (Japon, 16 38), Zhang Zhulin(Chine, 17 47), Elisabeth D. Inandiak (Indonsie), Jeong Eun-jin (Cores),Kazuhiko Yatabe (Japon) Moyen-Orient Marc Saghi (chef de service,16 69), Hamdam Mostafavi (Iran, 17 33), Hoda Saliby (16 35), Pascal Fenaux(Isral), Philippe Mischkowsky (pays du Golfe), Pierre Vanrie (Turquie)Afrique Ousmane Ndiaye (chef de rubrique, 16 29), Hoda Saliby (Maghreb,16 35), Chawki Amari (Algrie), Sophie Bouillon (Afrique du Sud) EconomiePascale Boyen (chef de service, 16 47) Sciences Anh Ho Truong (chef derubrique, 16 40) Mdias Mouna El-Mokhtari (chef de rubrique, 17 36) Longcourrier Isabelle Lauze (16 54), Roman Schmidt Insolites ClaireMaupas (chef de rubrique, 16 60) Ils et elles ont dit Iwona Ostapkowicz(chef de rubrique, 16 74)Site Internet Hamdam Mostafavi (chef des informations, 17 33),Mouna El-Mokhtari (rdactrice, 17 36), Catherine Guichard (rdactrice,16 04), Pierrick Van-Th (webmestre, 16 82), Paul Blond (rdacteur, 16 65),Mathilde Melot, Albane Salzberg (marketing), Agence Courrier Sabine Grandadam (chef de service, 16 97)Traduction Raymond Clarinard (rdacteur en chef adjoint, 1677), NatalieAmargier (russe), Catherine Baron (anglais, espagnol), Isabelle Boudon(anglais, allemand), Franoise Escande-Boggino (japonais, anglais), CarolineLee (anglais, allemand, coren), Franoise Lemoine-Minaudier (chinois), JulieMarcot (anglais, espagnol, portugais), Daniel Matias (portugais), Marie-Franoise Monthiers (japonais), Mikage Nagahama (japonais), Ngoc-Dung Phan (anglais, italien, vietnamien), Olivier Ragasol (anglais, espagnol),Danile Renon (allemand), Mlanie Sinou (anglais, espagnol), Leslie TalagaRvision Jean-Luc Majouret (chef de service, 16 42), Marianne Bonneau,Philippe Czerepak, Fabienne Grard, Franoise Picon, PhilippePlanche, Emmanuel Tronquart (site Internet)Photographies, illustrations Pascal Philippe (chef de service, 16 41),Lidwine Kervella (16 10), Stphanie Saindon (16 53)Maquette Bernadette Dremire (chef de service), Catherine Doutey,Nathalie Le Drau, Gilles de Obaldia, Josiane Petricca, DenisScudeller, Jonnathan Renaud-Badet, Alexandre Errichiello, ClineMerrien (colorisation)Cartographie Thierry Gauth (16 70)Infographie Catherine Doutey (16 66)Calligraphie Hlne Ho (Chine), Abdollah Kiaie (Inde), Kyoko Mori (Japon)Informatique Denis Scudeller (16 84)Fabrication Nathalie Communeau (direc trice adjointe) et Sarah Trhin(responsable de fabrication). Impression, brochage Maury, 45330Malesherbes. Routage France-Routage, 77183 Croissy-Beaubourg Ont particip ce numro Gilles Berton, Jean-Baptiste Bor, IsabelleBryskier, Chen Yan, Axelle Choat, Sophie Courtois, GeneviveDeschamps, Arnaud Dubois, Gabriel Hassan, Mira Kamdar, NathalieKantt, Andra Khoshkhou, Julia Kuntzle, Virginie Lepetit, Jean-Baptiste Luciani, May Mon Myat Noe, Carole Lyon, EmmanuelleMorau, Valentine Morizot, Raoul Roy, Nicole Thirion, Charline VasseurDirecteur de la rdaction charg de linternationalPhilippe Thureau-DanginSecrtaire gnral Paul Chaine (17 46). Assistantes : NoluennBizien (16 52), Sophie Nzet (Partenariats, 16 99), Sophie Jan. GestionJulie Delpech de Frayssinet (responsable, 16 13). Comptabilit : 01 48 8845 02. Responsable des droits Dalila Bounekta (16 16). Ventes aunumro Responsable publications : Brigitte Billiard. Direction desventes au numro : Herv Bonnaud. Chef de produit : Jrme Pons (0805 05 01 47, fax : 01 57 28 21 40). Diusion internationale : Franck-OlivierTorro (01 57 28 32 22). Promotion : Christiane MontilletMarketing Sophie Gerbaud (directrice, 16 18), Vronique Lallemand (16 91),Laetitia Nora (assistante, 17 39)Publicit M Publicit, 80 boulevard Blanqui, 75013 Paris, tl. :01 40 39 13 13. Directrice gnrale : Corinne Mrejen. Directrice dlgue : Brune Le Gall. Directeur de la publicit : Alexandre Scher([email protected], 13 97). Directrice de clientle : Kenza Merzoug(kenza.merzoug @mpublicite.fr, 13 46), Hedwige Thaler([email protected],1407). Littrature : Diane Gabeloteau ([email protected]).Rgions : Eric Langevin ([email protected], 14 09). Annoncesclasses :Cyril Gardre ([email protected], 13 03). Excution : GraldineDoyotte (01 57 28 39 93) Site Internet Alexandre de Montmarin([email protected], 01 53 38 46 58).Modications de services ventes au numro, rassortsParis 0805 05 01 47, province, banlieue 0 805 05 0146Service clients abonnements : Courrier international, Service abonnements, A2100 - 62066 Arras Cedex 9. Tl. : 03 21 13 04 31 Fax : 01 57 67 44 96 (du lundi au vendredi de 9 heures 18 heures) Courriel : [email protected] danciens numros Boutique du Monde, 80, bd Auguste-Blanqui, 75013 Paris. Tl. : 01 57 28 27 78

    Courrier international | n 1118 | du 5 au 11 avril 2012 7

    courrierinternational.com

    PIERRE WEILLVendredi 19h20 - Partout ailleursen partenariat avec franceinter.fr

    Sur le

    web

    www.c

    ourri

    er

    intern

    ation

    al.com

    Courrier international, USPS number 013-465, is published weekly 49 timesper year (triple issue in Aug, double issue in Dec), by Courrier InternationalSA c/o USACAN Media Dist. Srv. Corp. at 26 Power Dam Way Suite S1-S3,Plattsburgh, NY 12901. Periodicals Postage paid at Plattsburgh, NY and atadditional mailing Oces. POSTMASTER : Send address changes to CourrierInternational c/o Express Mag, P.O. box 2769, Plattsburgh, NY 12901-0239.

    Ce numro comporte un encart Abonnement broch sur lesexemplaires kiosque France mtropolitaine, et un encart LeMensuel sur les abonns des dpartements Ile-de-France et surune slection dabonns France mtropolitaine.

  • 8 Courrier international | n 1118 | du 5 au 11 avril 2012

    Allemagne

    Grand nettoyage deprintemps chez SchleckerLannonce, le 30mars, de la suppressionde 11000emplois dans la chane de drogueries Schlecker a fait leetdune douche froide. Sous limpulsiondes libraux du FDP, le gouvernementMerkel a renonc nancer un plan de reclassement permettant de sauverun maximum demplois, qui, dans cetteentreprise en dicult, sont en majoritoccups par des femmes. Lopposition crie la froideur sociale du pouvoir en place et du ministre de lEconomie, Philipp Rsler (FDP). Mais o est le scandale? interroge Die Zeit. Les libraux appliquent leurs principes! Par son intransigeance, le FDP qui ne dpasse pas 2 3% des

    intentions de vote dans le pays joue son va-tout pour sduire llectorat. Verdict le 13mai aux lections rgionales, Dsseldorf.

    Salvador

    Un accord indit avec les marasPeut-on faire la paix avec les gangs? La question agite les Salvadoriensdepuis la mi-mars. La Mara Salvatruchaet Barrio18, les deux principaux gangsrivaux du pays, ont en eet annoncune trve aprs la rvlation par lequotidien El Faro que des ngociationstaient en cours avec le gouvernement.Le prsident Mauricio Funes a nitoute ngociation avec les gangs, mais a annonc, le 28mars, la mise en placedun accord national destin rintgrer

    A suivre

    les gangs la socit. Et les autoritspnales ont conrm avoir facilit le transfert de certains dtenus membresdes maras dans des prisons moinssvres. Pour El Pas, la situation estindite, si laccord de paix se conrmait, ce serait le premier du genre entre ungouvernement dmocratique dAmriquelatine et des gangs. Depuis la trve, les homicides ont diminu de moiti.

    Etats-Unis

    Romney fait le plein de soutiensGeorge Bush pre vient dajouterson nom la liste dessoutiens Mitt Romney,lactuel favori de lacourse linvestiturerpublicaine. Lanciengouverneur duMassachusetts, quidevance toujourslargement son

    principal rival, Rick Santorum, a rencontr le 41e prsident des Etats-Unis, le jeudi 29mars, Houston(Texas). Romney peut aussi compter sur le soutien dun autre Bush: Jeb, ex-gouverneur de Floride et frre de lancien prsident GeorgeW.Bush.Lheure a sonn pour les rpublicains dese regrouper derrire Romney, a dclarJeb, peu aprs la victoire de Romneyaux primaires de lIllinois, le 20mars.

    Autres appuis de taille pour lecandidat rpublicain: lhommedaaires Donald Trump et le snateur de Floride MarcoRubio, que certains voient dj

    candidat la vice-prsidenceaux cts de Mitt Romney.

    Hongrie

    Prsidentplagiaire

    Le prsident de laRpublique et

    ancien escrimeur de haut niveau Pl Schmitt a nalement dmissionn le 2avril. Il est accus davoir copi de larges extraits dautres auteurs poursa thse consacre aux Jeux olympiques,publie en 1992. LuniversitSemmelweis lui avait retir son titre de docteur, et la presse, unanime,rclamait son dpart. Il ne pouvaitrester son poste aussi piteusement, sestflicit le quotidien Npszabadsg.Le Parlement hongrois doit lire sonsuccesseur dans les prochains jours. Le poste de prsident de Hongrie est honorique, mais Pl Schmittapportait un soutien de poids la politique de son alli conservateur,le Premier ministre Viktor Orbn.

    Egypte

    Les Frres musulmans loensiveLes Frres choisissent la fuite en avant,estime le quotidien libral Al-Masri Al-Youm. Aprs avoir remport40% des siges au Parlement n 2011, ils ont largement accapar, n mars, la commission charge de rdiger la future Constitution. Cette mainmisea provoqu le retrait des membres lacs,des reprsentants des Eglises et mmede luniversit musulmane Al-Azhar.Les forces rvolutionnaires vont jusqu les accuser de vouloirreconstituer un rgime parti unique.Le 1er avril, les Frres musulmans sont revenus sur une autre promesse,celle de ne pas viser la prsidence de la Rpublique. Ils ont dsignlhomme daaires Khairat Chatercomme candidat ociel. Pour Al-Masri Al-Youm, il sagit de leur plus grosse erreur politique.Cette candidature, conteste en interne, risque de fdrer les autrescourants politiques contre eux. Les forces laques et du centrepourraient proter de la multiplicationde candidats islamistes, ceux-cicontribuant lparpillement des voixau premier tour de llection, prvu n mai.

    Triomphe. Nous esprons que ce sera le dbut dunenouvelle re. Au lendemain de lcrasante victoire de sa Liguenationale pour la dmocratie aux lections lgislativespartielles du 1er avril, Aung San Suu Kyi, elle-mme lue dans lesud de Rangoon, a mis ce souhait devant une foule en liesse.

    6avrilCommmorations Sarajevo pour le vingtimeanniversaire du dbut de laguerre en Bosnie (1992-1995).

    7avrilLe prsident tawanaisMaYing-jeou entame sapremire tourne ofcielle surle continent africain. M.Ma estattendu au Burkina Faso, enGambie, So Tom-et-Prncipe et au Swaziland.

    8avrilLe prsidentpakistanais, AsifAliZardari,rencontre le Premier ministre

    indien, ManmohanSingh. Il sagit de la premire visitedun chef dEtat pakistanais New Delhi depuis 2005. Les deux Etats ont repris, en 2011, le processus de paix, gel depuis les attentats de Bombay de novembre2008.

    9avrilDans la provinceindonsienne dAtjeh,3,2millions dlecteurs sontappels lire le gouverneur,le vice-gouverneur et les chefsde districts.

    Obama reoit la prsidentedu Brsil, DilmaRousseff, la Maison-Blanche. Dbut ofciel de la campagne lectorale en France. RE

    UTE

    RS ;

    SEAN

    GAL

    LUP/

    GET

    TY IM

    AGES

    /AFP

    ; AT

    TILA

    KIS

    BEN

    EDEK

    /AFP

    ; K

    CNA/

    CHIN

    E N

    OU

    VELL

    E/SI

    PA ;

    PED

    RO S

    ANTA

    NA/

    AFP

    Birmanie

    11 avril KimJong-un doit tre nommau poste de secrtaire gnral du Partides travailleurs lors dune confrenceexceptionnelle Pyongyang. La Core du Nord a galement prvu de lancer une fuse entre le 12 et le 16avril pourplacer en orbite un satellite usage civil. A huit mois de la prsidentielle dedcembre2012, les Sud-Corens renouvellentles 299 dputs de lAssemble nationale,lors des lections lgislatives

    Core du Nord

    Kim Jong-un prend du galon

    Agenda

  • en tte des ventes deux mois aprs sa parution.Cest aussi une histoire o lamour perduremme si ce nest que dun ct: Judith et Hannes tombent amoureux, mais Judith se dtache rapidement et Hannes se met la harceler. Le tout a un petit ct StephenKing mtin de Hitchcock, un ton enlev et donne limpression de boire un cocktailrafrachissant quoique piment darsenic.Glattauer plat aux femmes. Il na pourtant riende sensationnel: mince, cheveux clairsems,lunettes, jeans, sourire sympa pas du tout le canon de Hollywood, plutt le voisinsympathique avec lequel on dguste un bonverre en devisant sur lamour. Cest dailleurscomme cela quil est devenu clbre, encrivant des chroniques pour le quotidienviennois Der Standard sur tout et rien, la gastronomie et la mto, les petitsfaits de la vie de tous les jours et les

    aaires judiciaires. Jcris de la littrature lgre on a parfaitementle droit de trouver a superciel,dclare-t-il. Peu lui importe que les critiques littraires des grandsjournaux ne parlent pas de lui puisque le public ladore.Avec plus de trois millions de livresvendus, il na plus de soucisnanciers. Il a laiss tomber sonactivit de journaliste, peut crirejusqu la n de ses jours ou conseiller les gensen tant que petit psychothrapeute.Glattauer ne court pas aprs la gloire. Quandsoue le vent du Nord a eu un petit tirage et peude publicit, cest le bouche--oreille qui a faitson succs. Il est sa table de travail tous les matins la mme heure. Lcriture, cest du boulot, dit-il, et il lui arrive parfois dexer longtemps son cran pour que celui-ci luidise ce quil doit taper. Les journes de travailsont bien rgles chez les Glattauer. Et leur vieserait tout fait normale sil ny avait pas cette damne clbrit. Cathrin Kahlweit

    Les gens

    Daniel Glattauer

    La plume de lAutricheSddeutsche Zeitung (extraits) Munich De Vienne.

    Voil un auteur qui sait conseillerles gens malheureux. Il sy est employ rcemment avec un homme mari depuis de nombreuses annes qui venaitde tomber amoureux dunefemme de quinze ans plus jeune que lui. DanielGlattauer suit actuellement une formation de conseiller psychosocial, une sorte de petitpsychothrapeute, explique-t-il. Il proposequatre pistes pour sortir dune telle situationembarrassante: rester avec son pouse et oublier sa matresse, partir avec sa matresse et quitter son pouse, garder les deux sans leuren parler, tout leur dire et voir laquelle des deuxsen va. Les choses de lamour, cest son mtier.Depuis la sortie de Quand soue le vent du Nord,en 2006 [version franaise parue chez Grasseten 2010], puis, trois ans plus tard, de la suiteintitule La Septime Vague [Grasset, 2011], ce Viennois, journaliste de formation, est le chouchou des lecteurs et surtout des lectrices.On lui demande conseil en matire damour,dans lide quun auteur capable dinventerEmmi et Leo [les personnages principaux de son premier roman] sait forcmentcomment faire pour que lamour spanouisseet perdure. Glattauer ne sait pas ce que lpouxmalheureux a pris comme dcision, mais il ne peut nier quil sy connat au jeu de lamour et que ce nest pas toujours une sincure.Dun ct, 51ans, il vit avec la mme femmedepuis vingt-sept ans. elle a un atelier deserrurerie, elle est aussi simple que lui, avec les pieds sur terre comme lui. Dun autre ct,Ewig Dein [A toi pour lternit, non traduiten franais], son nouveau roman, est toujours

    Fdration gnrale dutravail de Belgique (FGTB) ExcdeAprs les faillites et lesrestructurations, plus de5000emplois sont menacsen Belgique depuis le dbutde lanne 2012.. Les plansdaustrit ont atteint leurslimites,,prvient la syndicaliste..(Le Soir, Bruxelles)

    Leung Chun-ying, chefde lexcutif de Hongkong SuspectJe nappartiens aucunparti politique, objecte-t-ilaux sceptiques qui mettent

    Walid Joumblatt, leaderdruze libanais VersatileIl y a une certaine injusticeen Palestine, mais linjusticela plus terrible a lieu en Syrie.En cinq ans, il a chang troisfois davis sur le rgime syrien.(Asharq Al-Awsat, Londres)

    Oscar Espinosa Chepe,opposant au rgimecastriste CompatissantLes prisons cubaines, cest un enfer. Jy suis pass.Il sinquite du sort dunmanifestant arrt par les

    forces de scurit Santiagode Cuba alors quil criait desslogans antigouvernementaux larrive du pape Benot XVIsur la principale place de la ville. (Time, New York)

    Cyrille, patriarche detoutes les Russies InoxydableLe policier nest pas unsuperman en uniforme Il doit bncier du soutienmoral de toutes lesinstitutions car il est exposen permanence aux germesinfectieux de la criminalit, la dcomposition morale, la

    peste et au cholra spirituelsUn pav dans la mare, enplein scandale sur la pratiquede la torture dans uncommissariat de Kazan, dansla rpublique du Tatarstan.(Komsomolskaa Pravda,Moscou)

    Anne Demelenne,secrtaire gnrale de laEkrem Spahiu, prsidentdu Parti royaliste et vice-ministre de la Dfense albanais AcaritreNous sommes un particonservateur, trs attach

    la tradition albanaise, une valeur fondamentale de la nation. Je nai aucunautre commentaire faire si ce nest quil faut les chasser coups de trique, de matraque,autrement dit.A propos de la gay prideannonce par la communaut LGBTalbanaise pour le 17maiprochain.(Panorama, Tirana)

    en avant son statut demembre secret du Particommuniste chinois. Il a tlu par un collge de grandslecteurs et, le 1er avril, plusde 15000 Hongkongais ontmanifest pour rclamer deslections au suffrage universel.(Wenhui Bao, Journal de Hong Kong)

    EYEP

    RESS

    NEW

    S/AF

    P ; F

    GTB

    .BE

    Ils et elles ont dit

    Dessin de Hachfeld,Allemagne pour Courrierinternational.

    10 Courrier international | n 1118 | du 5 au 11 avril 2012

    Les choses de lamour, cest son mtier

  • Assiste-t-on au retour de la guerre froide?

    Controverse

    OuiLes Etats-Unis doivent tre plus forts face au Kremlin!Aprs avoir dclar le 26mars que la Russie tait toujourslennemi gopolitique numro un des Etats-Unis,le candidat rpublicain Mitt Romney enfonce le clou dansune tribune o il accuse Obama de sincliner devant Moscou.

    Foreign Policy (extraits) Washington

    Ce sont parfois les moments o lon baisse la garde qui sontles plus rvlateurs. Le prsident Obama vient de nous endonner la preuve, le 26mars, lors du sommet sur la scuritnuclaire en Core du Sud. Cest ma dernire lection, a-t-ildclar son homologue russe Dmitri Medvedev au coursdun change capt par inadvertance. Aprs les lections, jepourrai tre plus exible. Mais plus exible pour quoi? Le prsident a notam-ment mentionn la dfense antimissile comme un des sujets o le Kremlinpourrait sattendre plus de souplesse de la part des Amricains. Cetteinformation est plus quinquitante.

    LHistoire montre que le prsident Obama sest dj montr conciliantsur cette question ainsi que dans dautres domaines lis la scuritnuclaire. Il a abandonn notre projet de bouclier antimissile en Polognesans rien obtenir de concret de la part des Russes. Il leur a promis de nou-velles restrictions sur notre arsenal nuclaire. Il a capitul devant leurs exi-gences pour quune rsolution des Nations unies sur le programme nuclairemilitaire iranien ne comporte pas de sanctions trop svres.

    En change, Moscou na montr sa gratitude quen faisant de lobs-truction aux Nations unies. Les Russes continuent darmer le dictateursyrien et bloquent les eorts multilatraux visant mettre n au massacre.La politique du prsident Obama vis--vis de la Russie ces trois derniresannes peut donc se rsumer ainsi: Nous donnons, les Russes reoivent.

    Lintransigeance des Russes na provoqu aucune raction de la part dela Maison-Blanche. Obama semble dtermin se faire bien voir du Krem-lin. Voil ce qui semble malheureusement tre le principe directeur desa politique de nouveau dpart vis--vis de Moscou. Le coup de tlphonepass par le prsident pour fliciter Poutine pour son lection la prsi-dence russe nest quun autre exemple diant de cette politique. Cet appela suivi une dclaration ocielle du dpartement dEtat exprimant les fli-citations des Etats-Unis au peuple russe pour lorganisation de cette lection prsidentielle. Sachant le nombre de gens pour qui ce scrutin a t entachde fraude, cette dclaration donne une bien pitre image de lengagementamricain pour la dmocratie et les droits de lhomme. Il sagit dune trahison

    honte des premiers principes de notre pays. La conversation dObamaavec Medvedev ne soulve pas de questions seulement sur sa conduite avecla Russie, mais aussi sur lensemble de sa politique trangre. La exibi-lit postlectorale du prsident Obama se traduira-t-elle de nouveau parune main tendue au rgime iranien sans condition pralable ? Lui permet-tra-t-elle de se montrer encore plus conciliant avec les frres Castro Cubaet avec Chvez au Venezuela?

    Dans ses relations avec le Kremlin et le reste du monde, le prsidentObama a fait part dune incroyable faiblesse et donn au mot exibi-lit un sens nouveau et inquitant. Mitt Romney

    ContexteVladimir Poutine vientdtre rlu la tte de la Russie, aprs unintrim de quatreansassur par DmitriMedvedev. A Soul, le prsident sortant a rencontr, pour la dernire fois dans le cadre dun congrsinternational, le26mars, le prsident-candidat dmocrateamricain. DmitriMedvedev lui a renduun hommage doubletranchant en armantquObama avait t uninterlocuteurmodlepour la Russie et en laissantclairement entendreque ce dernier tait le candidat du Kremlin. En pleinecampagne lectoraleen vue de llectionprsidentielleamricaine du 6novembre 2012, et pour mieux sedmarquer de sonrival dmocrate, le candidat rpublicainMitt Romney a, lui,dcid dadopter uneposture reaganienneen sen prenant lpouvantail de toujours: Moscou.

    12 Courrier international | n 1118 | du 5 au 11 avril 2012

    RETROUVER SUR leblogueur.arte.tv

    VIEILLES LUNES ET NOUVELLES FOIS Agnostique par dnition, le Blogueur enqute en Islande, en Grce, en Hongrie, en Sude et en Allemagne.

    LE BLOGUEURPRSENT PAR ANTHONY BELLANGER

    DIFFUSION LE 8 AVRIL 20.10

    X

    AV

    IER

    BE

    LLA

    NG

    ER

    NonLindiffrence vis--vis de MoscouLa Russie dans le rle de lennemi gopolitique numro un de lunique superpuissance de la plante? Cest tropdhonneur, mister Romney, mais la ralit est tout autre.

    Gazeta.ru (extraits) Moscou

    Nous devrions exprimer notre sincre gratitude au favori ducamp rpublicain: tout le monde ne peut prtendre au rledennemi gopolitique numro un de lunique superpuis-sance de la plante. Ainsi donc, la Russie serait aujourdhuila deuxime puissance mondiale, comme au bon vieux temps.On espre que lancien gouverneur du Massachusetts le penserellement. Avec les rpublicains de ladministration prcdente, ctaitlinverse: ils ne voyaient pas lintrt de prter attention un pays vaincu,et dont les chances de retrouver une inuence long terme taient si minces.Moscou et Vladimir Poutine en personne ont d dployer des eorts consi-drables pour faire prendre conscience leurs interlocuteurs de Washing-ton quils sous-estimaient leur ancien adversaire.

    Si les propos de Romney retent vritablement son opinion et nesont pas une simple arme de campagne, le constat est dplorable. Nonpour lhostilit que cela dnote envers Moscou, mais cause de la visionerrone du monde que cela rvle. Washington est confront un dde taille: le monde tel quil se dessine prsent ne ressemble en rien ce que les Etats-Unis ont pu imaginer en partant du principe quils taientla seule superpuissance de la plante. En politique trangre, ils doiventrevoir leurs priorits et leurs mthodes. Malgr ses timides tentatives,Obama a bien du mal contrer la force dinertie de lestablishment poli-tique et de la bureaucratie. Durant les prochaines annes, les Etats-Unisvont devoir satteler de nombreux dossiers complexes laboration desquilibres avec la Chine et lensemble de la rgion Asie-Pacique, formula-tion des objectifs atteindre dans un Moyen-Orient en mutation, etc. Surcertains plans, la Russie peut apporter sa contribution; sur dautres, ellepeut constituer un obstacle; et ailleurs encore elle na aucun rle jouer.Ce qui est sr, cest quelle na pas lintention dtre un adversaire syst-matique, nen ayant ni les ressources ni le dsir. Elle souhaite avant toutsoccuper de ses propres intrts dans un espace de mieux en mieux dni.Ses ambitions globales ont assez vite disparu.

    Endetts, les Etats-Unis ne pourront plus, quant eux, enammer lamoiti de la plante avec des interventions visant imposer la dmocratie.En outre, le printemps arabe va continuer redessiner le paysage poli-tique. Ce qui se prole lgard de la Russie, cest une grande indirence.Comme Bush, le prochain prsident amricain ne verra pas la ncessitdentretenir un dialogue avec Moscou sur les questions stratgiques et ces-sera de tenter de signer quoi que ce soit au sujet des limitations darme-ments ou du bouclier antimissile.

    Dune certaine faon, cela nous facilitera la vie. Nous naurons plusbesoin dinventer des prtextes pour refuser de continuer rduire notrearsenal nuclaire, surtout les forces tactiques. Nous pourrons aussi mettreen place cette fameuse rponse asymtrique au bouclier antimissile dontle Kremlin menace sans cesse Washington. Fiodor Loukianov

    LauteurEx-gouverneur du Massachusetts,Mitt Romney est candidat linvestiture du Parti rpublicain en vue de llectionprsidentielleamricaine de novembre2012.

  • En couverture

    Education

    Le systme ducatif franais perd du terrain dansles classements internationaux et tous les candidats llection prsidentielle promettent de rformerlcole. La France pourrait sinspirer decertains exemples trangers: programmes la carte et soutien scolaire en Finlande,emplois du temps flexibles aux Pays-Bas, travail collectif en Hongrie

    Les recettes qui marchent ailleurs

    14 Courrier international | n 1118 | du 5 au 11 avril 2012

  • trane des autres pays dvelopps. PourAndreas Schleicher, analyste en chef de len-qute Pisa, les considrations budgtaires necomptent que pour environ 10% dans les varia-tions des rsultats scolaires.

    Nombreux sont, en revanche, ceux qui res-tent convaincus de limportance du milieu socialdorigine. Martin Johnson, dirigeant dun syndi-cat enseignant britannique, pointe les ingalitsde classe, parmi les plus marques des pays riches,comme tant la principale raison des rsultatsmdiocres des lves britanniques. Des cher-cheurs de luniversit dOxford ont pass en revueles rformes de ces dix dernires annes et leursconclusions vont dans le mme sens. Malgr

    des taux de russite enhausse, note cette tu -de, les carts les plusmarqus et les plus du -rables ne se sont gurerduits. Le risque dchecreste plus lev chez leslves issus de milieuxdfavoriss. Un pointque confirment destudes amricaines:Dan Goldhaber, deluniversit de Was -

    hington, assure que les rsultats scolaires dunenfant dpendent 60% de facteurs extrasco-laires, tels les revenus du mnage. Pourtant, lelien de cause eet est moins systmatique quene veulent le croire les tenants de lgalitarismescolaire. Ainsi, lAustralie, o les ingalits derevenu sont trs marques, se classe tout demme une honorable neuvime place dans ladernire enqute Pisa. Et la Chine, qui est en trainde devenir lune des socits les plus ingalitairesau monde, a dcroch la premire place.

    Courrier international | n 1118 | du 5 au 11 avril 2012 15

    Rformer lcole, cest possible !

    Je veux que les ensei gnants

    soient plus pr sents dans les tablis se ments, au-del des heures de cours, pour sou te nir et accom pa gner les lves. Ils dis po se ront de bureaux et seront mieux rmunrs.Nicolas Sarkozy

    Source : OCDE

    Enqute Pisa* 2009 : scores moyens et rang par pays

    Les bons lves et les autres

    * Programme international pour le suivi des acquis des lves.

    556 1 600 1 575 1

    Core du Sud 539 2 546 4 538 6

    Finlande 536 3 541 6 554 2

    533 4 555 3 549 3

    Singapour 526 5 562 2 542 4

    Etats-Unis 500 17 487 31 502 23

    Sude 497 19 494 26 495 29

    Allemagne 497 20 513 16 520 13

    France 496 22 497 22 498 27

    Royaume-Uni 494 25 492 28 514 16

    Comprhensionde lcrit Maths Sciences

    Chine

    Chine

    Shanghai

    Hong Kong

    16

    Dans une cole de Shanghai, les lves assistent un jeu de rle denseignement nancier.

    Dcentraliser, faire porter leort surles mauvais lves, diversier lorescolaire et former des enseignants dehaut niveau: des mthodes prouvespour amliorer les systmes ducatifs.

    The Economist (extraits) Londres

    L ducation est au cur du dbatpolitique dans de nombreux payset les rformateurs rsolus am-liorer les rsultats de leur payssinspirent dexemples de bonnespra tiques du monde entier.Pourquoi? Dabord en raison des quantits

    formidables de donnes disponibles sur les rsul-tats des systmes ducatifs, non seulement lchelle nationale, mais aussi sous forme de com-paratifs internationaux. Depuis 2000, lenquteProgramme international pour le suivi des acquisdes lves (Pisa), mene tous les trois ans parlOCDE auprs de jeunes de 15 ans, value lac-quisition des savoirs dans les 34Etats membresde ce club des pays riches et dans de nombreuxpays partenaires et ses rsultats ont t pourbeaucoup un choc [voir ci-dessous les rsultats dela dernire enqute Pisa]. Dautres organismes sechargent galement de mesurer la qualit des sys-tmes scolaires. Le cabinet McKinsey a ainsi ana-lys ceux qui staient le plus amliors cesdernires annes.

    Les avances technologiques ont aussi jouleur rle. Aprs un certain nombre de rats, beau-coup sont aujourdhui convaincus de la place quepeut prendre Internet dans lducation desenfants do le succs dinstitutions comme laKahn Academy, une association qui proposegratuitement de nombreux cours en ligne et denouvelles mthodes pdagogiques. Le got delexprimentation semble dailleurs contagieux:plus certains Etats tentent de nouvellesmthodes, plus leurs rsultats vont tre analyss,et leurs solutions copies.

    Premire place pour la ChineMais, surtout, le dbat a largement gagn en qua-lit, et les trois grands arguments invoqus pourexpliquer lchec des systmes ducatifs ontperdu du poids. Les syndicats denseignants ontlongtemps argu que les dfaillances de lensei-gnement dans les pays occidentaux taient duesau faible nancement de lEtat, aux carts entreles catgories sociales et des cultures natta-chant pas dimportance lducation. Ces fac-teurs ont une incidence, certes, mais ne susentpas eux seuls expliquer les rsultats.

    Lide que la qualit de lcole dpend desfonds quon lui consacre est celle qui a t le plusbattue en brche. Entre1970 et1994, plusieursdes vingt pays les plus performantes de lOCDEont doubl ou tripl en valeur relle leur budgetconsacr lducation, et pourtant leurs perfor-mances ont souvent stagn quand elles ne sesont pas dtriores. Les rsultats varient nor-mment, y compris entre des pays qui dpensentdes montants comparables par lve. Cest auxEtats-Unis que le cot de lenseignement parlve est le plus lev, or ce pays ache danslenseignement secondaire des rsultats laLU

    CAS

    SCH

    IFRE

    S

    AP-S

    IPA

  • La culture joue incontestablement un rle.En Asie, les parents sont gnralement bien plusattentifs aux rsultats de leurs enfants que ne lesont les Occidentaux et ils contribuent active-ment la russite des tablissements. De fait, Sin-gapour, Hong Kong et la Core du Sud occupentla tte du podium, selon le classement du cabinetMcKinsey. Certains pays occidentaux achentnanmoins de bons scores, et lon constatednormes variations entre eux. Mme si lon metde ct le cas atypique des Asiatiques, commenous allons le faire, on constate que de nombreuxpays occidentaux pourraient amliorer leurs sys-tmes ducatifs pour peu quils hissent leurs plusmauvais tablissements au niveau des meilleurs.

    Quatre grandes pistesQuelles sont ds lors les cls de la russite? Ilny a pas de modle unique, mais quatre grandsaxes se dessinent: dcentraliser (donner de lau-tonomie aux tablissements), mettre laccentsur les lves en dicult, diversier la gammedtablissements et sedoter denseignants dehaut niveau. Quatreaxes selon lesquels onttravaill la provincecanadienne de lOnta-rio, la Pologne et leLand de Saxe, en Alle-magne, tous trois bienclasss par McKinsey.

    LOntario est vrai-ment impressionnant,senthousiasme sirMichael Barber, ancien directeur en charge despratiques ducatives mondiales chez McKinsey,aujourdhui chez le gant britannique de ldi-tion et des solutions dapprentissage Pearson.Bien quelle abrite une forte proportion dim-migrs, dont langlais, souvent, nest pas lalangue maternelle, la province canadiennepossde lun des systmes ducatifs les plus per-formants au monde depuis quelle a mis enplace ce que lun de ses artisans a quali derforme sans rancur.

    Education Les recettes qui marchent ailleurs16 Courrier international | n 1118 | du 5 au 11 avril 2012

    Aprs les dcennies de centralismequi caractrisaient le rgimecommuniste, la dcentralisationde lEtat est devenue lune des priorits de la nouvellePologne ne en 1989. Depuis lentre en vigueur de la rforme de 1999, le systme ducatif polonais estparmi les plus dcentraliss aumonde. Les communes assumentle nancement des coles maisperoivent de lEtat une dotationproportionnelle au nombredlves scolariss sur leurterritoire. Les directeursdtablissements sont comptentsen matire de recrutement et dutilisation des fonds.Si la Pologne se retrouve bienplace dans les classementsinternationaux, la ralit nestpas rose partout, souligne le quotidien conservateur

    Rzeczpospolita. Les traitementsdes enseignants font littralementexploser le budget ducation des municipalits. Les chefsdtablissements se plaignent de navoir pas leur mot dire sur la hausse des salaires, xeau niveau national, en vertu de la Charte des enseignants signeentre lEtat et les syndicats.Si dans les grandes villes, plusriches, le problme ne se posepas, les petites communes ont du mal joindre les deux bouts.Tout dabord, on ferme les coleset on regroupe les lves dans lestablissements plus grands pourrduire les frais gnraux, expliquele journal Dziennik-GazetaPrawna. Et si cela ne suft pas,on remplace la cantine par un service traiteur et on installedes camras vido pour pallier le manque de surveillants.

    Vu de Pologne

    Une autonomie qui cote cher

    Lorsquil est devenu Premier ministre delOntario, en 2003, Dalton McGuinty sest lancdans une remise plat totale du systme. Au lieudimposer ses rformes den haut, le gouverne-ment de la province a encourag les tablisse-ments dnir leurs propres objectifs et envoysur place des quipes exprimentes pour les yaider. Les coles accueillant un grand nombredlves issus de limmigration pouvaient deman-der un soutien adapt et choisir entre un allon-gement de la journe de classe ou des heuressupplmentaires avec les lves en dicult.

    En Pologne, les vertus de lautonomieLes artisans de la rforme ontarienne tenaientparticulirement fdrer lopinion sur leurprojet. Toutes les coles mme dans les rgionsles plus recules devaient tirer des amliora-tions des rformes entreprises et en faire lapreuve lors dinspections rgulires. Ces eortsont un prix: depuis 2004, le budget total de len-seignement a augment de 30%. Et les rsultatssont controverss. Si Dalton McGuinty a dcro-ch en octobre dernier sa rlection, certains deses dtracteurs estiment que les coles du centre-ville [ problmes] de la capitale, Toronto, sensortent haut la main parce que les progrs se mani-festent gnralement vite et que les problmesinsurmontables ne se manifestent que plus tard.Il nen reste pas moins que lOntario est devenule symbole dune rforme de lducation dcen-tralise et populaire.

    La Pologne fournit un exemple tout aussiimpressionnant. Wroclaw, quatrime ville du payspar sa population, ne peut certes pas rivaliser avecVarsovie en termes dactivit conomique, ni avecCracovie en termes de beaut. Mais ses tablis-sements secondaires se sont rangs dans la cat-gorie suprieure la moyenne de lOCDE dans unemesure statistiquement signicative des classementsPisa, largement devant la Grande-Bretagne et laSude, mais aussi devant les autres pays de lan-cien bloc de lEst.

    Comme lOntario, la Pologne illustre lesvertus de lautonomie. Le pays sest servi de salibert retrouve pour dmanteler un systmecentralis qui orientait environ la moiti deslves vers un cursus universitaire, et les autres,considrs comme de la chair usine, verslenseignement professionnel. Aujourdhui, la

    Je veux plusdenseignantsque de classes [].Je crerai en cinq ans 60 000postes supplmentaires danslducation. Je mettrai en place un prrecrutement des enseignantsavant la n de leurs tudes. Franois Hollande

    Dpenses et performances

    Source : OCDE

    Dpenses cumules pour lducation dun lve, de lge de 6 ans lge de 15 ans(en milliers de dollars PPA)

    0 20 40 60 80 100

    17

    25

    22

    3

    20

    2

    1Shanghai Chine

    Core du Sud

    Finlande

    Moyenne OCDE

    France

    Etats-Unis

    Royaume-Uni

    Allemagne

    Rang Pisa 2009

    15 LAngleterrejoue fond la carte de lautonomiedes coles.

    gestion nancire et administrative de lduca-tion reste aux mains de lEtat, mais les chefs dta-blissement ont toute latitude pour recruter leursenseignants et peuvent choisir leurs programmesauprs de fournisseurs privs agrs. Grce despreuves nationales que les lves passent 12-13ans, 15-16ans, puis 18-19ans, mais aussi destests complmentaires organiss chaque anne,les autorits locales gardent lil sur les rsultatsde leurs coles.

    Au lyce n12, la proviseure Danuta Dasz-kiewicz-Ordylowska peut une fois encore sefliciter dune excellente anne scolaire. Son ta-blissement brille en sciences et en langues, et, silanglais reste pris, le russe fait un grand retour.Elle reconnat aussi que les lves ressentent unecertaine pression. Trop, commente un ancienparent dlve. On se retrouve avec bien plus den-fants qui consultent un psychologue cause du stress.Cependant, ladjoint au maire Jaroslaw Obremskiest er des excellents rsultats des lves de saville. Nous pouvons faire mieux, assure-t-il. Nousnencourageons pas assez nos lites, cela minquite:comment allons-nous nous doter dun Oxford ou dunHarvard polonais? Nous sommes encore trop timo-rs lorsquil sagit de vraiment pousser les meilleurs.La premire enqute Pisa, en 2000, avait placlAllemagne bien au-dessous de la moyenne delOCDE en lecture et en comprhension de lcrit.

    AP-S

    IPA

    DR

  • Cela a t un vrai choc pour le systme allemand,reconnat Ulrike Greiner, enseignante Reutlin-gen, dans le sud-ouest du pays. Lenqute avaittabli pour lAllemagne une corrlation entrestatut conomique et russite scolaire plus troiteque dans tous les autres pays de lOCDE. Onimputait alors cette situation un systme quirpartissait les lves dans les coles sur la basede leurs comptences lge de 10ans. Les Lnderse sont lancs dans une vritable course larforme, dont le vainqueur est, contre touteattente, la Saxe, en ex-RDA, qui sest hisse lacinquime place du classement McKinsey.

    La Saxe montre la voieNous voulions en nir avec lidologie tout en gar-dant ce que le systme est-allemand avait de meilleur:le systme slectif du Gymnasium pour ceux ayantdes dispositions pour les tudes, mais aussi un fortaccent mis sur les Mittelschulen [coles interm-diaires entre le Gymnasium et les Hauptschulen]pour les autres, explique Wolfgang Nowak, unsocial-dmocrate de louest de lAllemagne qui apilot la rforme. Point essentiel, la troisime voiedes Hauptschulen, destines aux lves ayantmoins daptitude pour lapprentissage thorique,a t limine: Cest terrible pour lintgration, ter-rible aussi pour les rsultats. Dailleurs, rappellesir Michael Barber, les meilleurs tablissementschinois sont revenus de leur obsession pour lescracks et prennent mieux en charge les lvesdurablement la trane ce que la Grande-Bre-tagne ne fait pas, et ses rsultats globaux sen res-sentent. De nombreux parents gardent delAllemagne de lEst communiste limage de lycesdlivrant un enseignement secondaire de qualit,mme sils sont rares regretter le lavage de cer-veau qui allait avec. La Saxe a gard de lanciensystme son aspect slectif, mais a recul lgedentre de 11 13ans. Un changement qui fait ladirence, pour les garons en particulier. Onzeans, cest trop tt pour valuer ce dont ils sontcapables, souligne Wolfgang Nowak.

    En Saxe, les examens, jusque-l organiss parles tablissements eux-mmes ou avec peu den-cadrement, ont t ouverts des organismes ext-rieurs. A la Mittelschule Gottlieb Bienert de Plauen,dans la banlieue de Dresde, le proviseur GertGorski explique que plus les lves avancent dansleur scolarit, plus ils suivent des voies direntes,mme sils se retrouvent ensemble pour lesmatires pratiques. Les moins brillants quittent

    Courrier international | n 1118 | du 5 au 11 avril 2012 17

    lcole 15ans avec une qualication de base,gnralement dans des domaines pratiques. Nousne voyons pas dinconvnient tre une colemoyenne, accueillant notamment des lves issus degroupes moins dous, parce que cette moyenne estun niveau dont nous pouvons tre ers. Cette anne,Berlin et Hambourg ont suivi lexemple de la Saxeen faisant disparatre les Hauptschulen qui avaientdes rsultats mdiocres.

    La Grande-Bretagne, qui dgringole depuisplusieurs annes dans les classements Pisa, suitces expriences avec la plus grande attention.Michael Gove, le ministre de lEducation dugouvernement conservateur, tire de lenqutePisa de 2009 les leons suivantes: Accrotrelautonomie des tablissements, obliger davantageles acteurs de lducation rendre des comptes, res-taurer le prestige de la profession et mieux matri-ser la discipline. Soucieux de diversier lorescolaire, le gouvernement britannique aug-mente le nombre des acadmies indpen-dantes (une innovation datant de Tony Blair),qui remplacent peu peu les collges et lycesgrs lchelle locale [dans le systme britan-nique, ils sont majoritaires], et vient dautori-ser les free schools [coles libres], gres par

    Utilisation de liPad dans une coleprimaire de lOhio(Etats-Unis).

    des parents, des organisations caritatives et desassociations [et nances par lEtat].

    Multiplier les types dtablissements nestpourtant pas la panace pour amliorer les rsul-tats. La Sude, dont les coles libres, ind-pendantes, non slectives et nances par lEtatfont ladmiration de Michael Gove, a connu unepriode dlicate dans les classements interna-tionaux. La volont douvrir des coles dun genrenouveau ne sest pas encore accompagne dins-pections rigoureuses susceptibles daider les ta-blissements les moins performants identierleurs lacunes. Aux Etats-Unis, o il existe une exp-rience semblable avec les charter schools, nan-cement priv, leurs dtracteurs jugent les acteurspolitiques trop impliqus dans ces tablissementspour accepter de les fermer en cas dchec. Il estimpratif dimposer ces coles innovantes desprocdures solides dagrment et de reconductiondes agrments, an dviter que de mauvaises

    expriences ne perdu-rent et que des checsrestent ignors. Danslensem ble, cependant,lessor des charterschools dans les grandesvilles amricaines con -tribue rformer lundes volets les plus com-pliqus: lenseignementciblant les lves issusdes milieux les plus d -favoriss, o les ambi-

    tions sont souvent trs limites. De plus, ouvrirlenseignement de nouveaux acteurs permet dat-tirer des individus qui sintressent la transmis-sion du savoir et qui ont des talents dorganisateurs,mais aucun got pour la bureaucratie.

    Une foule de chires montre que les proposi-tions innovantes peuvent fonctionner, quellessoient but lucratif ou non. La diversit de lorescolaire permet de se focaliser sur le type den-seignement le plus adapt, en particulier dans leszones diciles. Elle ore aussi davantage delibert dans la mise en place des conditions de tra-vail, sans les contraintes imposes par les autori-ts locales ou les syndicats denseignants, laissantaux chefs dtablissement une plus grande margede manuvre pour adapter leur cole aux besoinsspciques de leurs lves. Aux Etats-Unis,

    Avec son systme trs ingalitaire,en chute libre dans les classements Pisa(12e en 2000, 25e en 2010),lAngleterre a dcid de jouer fond la carte de lautonomie. En mai2010, le gouvernement Cameron a cr les free schools et encourag la transformation dtablissementspublics en academies. Lances ds2000 par le Premier ministre travaillisteTony Blair, celles-ci sont destablissements autonomes, habilits recevoir des aides de mcnes.Surtout, elles ont une grande latitudepour dcider des programmes et delorganisation. Et elles ne sen priventpas: leur modle, la MossbourneAcademy de Hackney, dans lest de Londres, applique une disciplinestricte et garde ses lves jusqu des

    heures trs tardives. Certains restentjusqu 19 ou 20heures pour faire leursdevoirs ou prendre part des groupesde soutien, rapporte le NewStatesman. Cet tablissement estdevenu clbre pour ses trs bonsrsultats, remarquables, tantdonn quil est situ dans lun desquartiers les plus dfavoriss dupays. La demande pour ce genredtablissements ne cesse de crotre et leur nombre explose:il y avait 203 academies en mai2010,on en compte 1635 aujourdhui, soitprs dune cole publique sur dix,daprs The Times. Quant aux freeschools, elles sont une variation sur ce modle. Lide est de donnerles cls des groupes de parents, de professeurs ou des associations

    pour leur permettre douvrir eux-mmes un tablissement qui serananc par lEtat. Pour linstant, leur nombre est beaucoup moinssignicatif: les 24 premires ontouvert en septembre2011, et 79 projets ont t accepts pour la rentre 2012. Les demandesmanent souvent de parents inquietsdu manque de places dans les colespubliques ou de professeurs dusecondaire dpits du faible niveaudes lves quils rcuprent. Le dbatfait cependant rage outre-Manche sur lintrt de ces nouveauxtablissements, et des interrogationssubsistent quant aux intentions du gouvernement: The Guardianlaccuse davoir en ligne de mire une privatisation de lenseignement.

    Vu dAngleterre

    De nouveaux modles

    Il faut faire entrerlcole franaise dici

    cinq ans parmi les dix premiresdu classement international pour la comprhension de lcrit,le calcul, les connaissances scientiques et la lutte contre les disparits sociales.Franois Bayrou

    18

    AP-S

    IPA

    DAV

    ID M

    AXW

    ELL/

    THE

    NEW

    YO

    RK T

    IMES

  • dans les charter schools du rseau Aspire, lesmieux classes, les enseignants appliquent desdirectives strictes pour le suivi des progrs de leurslves. Le rseau Aspire a pour devise College forcertain [Luniversit coup sr]: enseignantset lves ont tous le mme objectif, les tudessuprieures.

    Des quatre grands axes de rforme du sys-tme ducatif, la diversication de lore est deloin le plus spectaculaire. De New York Shan-ghai en passant par le Danemark, les tablisse-ments chappant au contrle de lEtat, grspar des prestataires privs, bncient le plussouvent de bonus qualitatifs. A ce jour, cest dansles rgions o les pou-voirs publics nont paspu ou pas voulu changer la donne queces tablissements a-chent le plus de rus-site. Difcile cependantde savoir si la crationdarchipels dcolesindpendantes, freeschoolsou charter schools,peut tre un moteurable du progrs dans lensemble dun systmeducatif ou si tout cela tient du vu pieux.

    Il est clair en revanche que lcole la plusinnovante et la plus ambitieuse ne sera rien sansde bons enseignants. De fait, toutes les rformesont en commun de mettre laccent sur unemeilleure qualit denseignement. Certainspays, comme la Finlande ou la Core du Sud, sesimplient la tche en ne recrutant que llitedes diplms et en les rmunrant en cons-quence. Michael Gove, le ministre de lEduca-tion britannique, dit vouloir relever le niveaude diplme des enseignants et orir des primesde bienvenue dans les matires o il y a pnu-rie, comme les sciences ou les langues. AuxEtats-Unis, certains Etats exprimentent lesalaire au mrite et la prime de rsultat, maisils suscitent souvent lhostilit des syndicatsdenseignants.

    En matire de rforme ducative, les pro-grs structurels (nouveaux types dcoles,rorganisation des tablissements existants,nouveaux examens) peuvent saccomplir trsvite. Il faut en revanche beaucoup plus de tempspour mieux former les enseignants or cela doittre la priorit.

    Correspondant Paris du quotidienTheIndependent depuis quinzeans,John Licheld a expriment le systme franais en tant queparent dlves. Il conserve un recultrs britannique sur une cole quil juge trop rigide.

    Quels sont, selon vous, les points faibles de lenseignement en France?John Licheld Si lon fait la comparaison aveclAngleterre, il y a trop dabstraction et uneobsession pour la thorie, pas susam-ment de crativit dans lapproche.Quand mes enfants taient petits,jtais surpris quon leur demandetoujours danalyser des phrasesplutt que dcrire par eux-mmesquelque chose doriginal.

    Et ses points forts?Le systme permet auxlves dtre laise poursexprimer oralement.Les jeunes Britanni -ques, eux, sexprimentgnralement dans unanglais catastrophique.Les enseignants du pri-maire sont souvent trsmotivs, et ils ont un rap-port assez chaleureuxavec les lves. Je me sou-viens du premier jour demon ls au CP: le pre-mier geste de lensei-gnante a t de lui faireune grosse bise. Il taittrs tonn, et nousaussi, parce quil estinimaginable quen

    Angleterre une teacher fasse la mme chose. ala beaucoup rassur, ds le dbut.

    Quels sont, selon vous, les ds du prochain quinquennat en matiredenseignement?La grande catastrophe du systme franais sur-vient aprs le bac: la France investit beaucoupmoins dargent dans les universits que lAlle-magne, la Belgique ou lAngleterre. Certes, lesystme est presque gratuit, mais, nalement,parce que cest presque gratuit et que presque

    tout le monde peut entrer luniversit, leniveau dans la plupart des disciplines est

    assez bas. Aprs trois ans, on obtient undiplme avec lequel on ne peut rienfaire, il faut poursuivre avec dautrestudes. En Angleterre, aprs trois ansduniversit, les jeunes peuvent trouver

    un travail. Le rythme scolaire doit gale-ment tre rform: les journes sont trop

    longues, et les vacances aussi.

    Avez-vous relev des propositions

    intressantes chez les

    candidats laprsidentielle?Ni M. Sarkozy niM. Hollande ne pro-

    posent de vision glo-bale de ce que doivent

    tre les rformes duca-tives. Leurs propositions sonttrop limites et spciques:des propositions de mi -nistres de lEducation pluttque de prsident de laRpublique.Propos recueillis par Carole Lyon

    Education Les recettes qui marchent ailleurs18 Courrier international | n 1118 | du 5 au 11 avril 2012

    En France, lenseignementest trop abstrait

    Je choisis de rgler par : chque bancaire lordre de Courrier international carte bancaire N :

    Expire fin : Cryptogramme :Offre valable pour un premier abonnement, dans la limite des stocks disponibles, en France mtropolitaine jusquau 31/12/2012. En application de la loi Informatique et Liberts, vous disposez dundroit daccs et de modification des informations vous concernant. Celles-ci sont indispensables lenregistrement de votre commande et peuvent tre cdes aux partenaires de Courrier international. Sivous ne le souhaitez pas, merci de contacter notre service abonnement.

    Date et signature obligatoires :

    RCS

    Paris

    344

    761 8

    610

    00 4

    8

    Bon retourner sous une enveloppe affranchie : Courrier international - A2100 - 62066 Arras Cedex 9

    Mes coordonnes RCO1200PBA001

    Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prnom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    CP Ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    OUI, je mabonne Courrier international pendant 6 mois pour 49 .INCLUS dans mon abonnement : lintgralit du site et lapplication iPhone/iPad.

    Il faut combattretoutes les logiquesdautonomie, de la maternelle luniversit. [] Il faut dprcariserlcole avec un plan de titularisationde plus de 100 000 prcaires de lducation nationale. Jean-Luc Mlanchon

    17

    THE

    IND

    EPEN

    DEN

    T

    AP-S

    IPA

  • Des lves heureux et qui russissent,des enseignants valoriss et bienpays En alliant exigence, soutien llve et libert, la Finlande obtientla premire place europenne destudes comparatives. Dmonstration.

    Dagens Nyheter (extraits) Stockholm

    L ongtemps, la Sude a caracol loindevant la Finlande sur toutes lesquestions touchant lducation.Jusquau dbut des annes 1990,ctait rarement au systme duca-tif nlandais que lon sintressait.Ctait avant lan 2000 et la parution des pre-

    mires tudes Pisa [programme internationalpour le suivi des acquis des lves], qui compa-rent les comptences des jeunes de 15ans en com-prhension crite, en mathmatiques et enculture scientique. La Finlande ny achait passeulement les meilleurs rsultats dEurope, maisdevanait mme plusieurs pays dAsie orientale.Non seulement le niveau des lves y tait lev,mais le nombre dlves en dicult y tait excep-tionnellement faible.

    La Finlande a soudain fait gure de paysmodle, et ce sans avoir normment investi danslducation. Le pays avait atteint les objectifssociaux que la Sude stait xs, avec plus desuccs que celle-ci, et en suivant une autre voieque celle des rformateurs sudois. Plus dun sp-cialiste des sciences de lducation a voulu trou-ver des explications. Les bons rsultats de laFinlande ntaient-ils pas dus une discipline defer impose dans les classes? Ou encore au faitque la Finlande navait pas accueilli autant de rfu-gis que la Sude? Non, lexplication est ailleurs.

    En Finlande, la peruskoulu [cole obligatoire,pour les lves de 7 16ans] se fonde sur unprogramme raliste et pertinent qui xe desobjectifs raisonnables, exprims en des termessusamment concrets. Les enseignants com-prennent clairement ce qui est attendu des lvesdans chaque matire et dans chaque classe. Enprimaire, laccent est mis sur la comprhensioncrite, dont dcoulent galement les bons rsul-tats obtenus en sciences et en mathmatiques,puisque les lves comprennent ce que lon attenddeux. Les enfants ont des devoirs du lundi aujeudi, mais terminent souvent lcole 14heures,ce qui leur laisse beaucoup de temps pour le sportet dautres activits de loisirs. Un des objectifsest daider les lves prendre conscience de leurspoints forts et de leurs points faibles dans les dif-frentes matires, an quils se forgent une ideprcise de leurs aptitudes. Ils sont nots sur unechelle qui va de 4 10.

    Les langues et les mathmatiques Le pays a par ailleurs mis au point un systme desoutien scolaire ecace, dont la fonction princi-pale est daider llve combler son retard surla classe le plus vite possible. Une des particula-rits du systme ducatif nlandais est de pro-poser un enseignement professionnel tendu,compos dun ventail de formations attractives,si bien que la moiti des jeunes de 15ans choisis-sent une lire technique. Cela permet de moti-ver les jeunes rebuts par les tudes, car ils saventainsi quils auront la possibilit de choisir une voiequi ne sera pas le simple prolongement de lcoleobligatoire. Autre atout de ce systme: le lycedenseignement gnral [pour les jeunes de 16 19ans] accueille des lves qui ont vritablementenvie dtudier les matires thoriques. Les lvesdoivent valider 75units de valeur, dont certaines

    sont obligatoires et dautres optionnelles, maisdont un grand nombre correspondent des ses-sions courtes, de cinq semaines par exemple. Leslves composent donc eux-mmes leur pro-gramme. Pour passer lquivalent nlandais dubaccalaurat, les cours doivent avoir t validset un minimum de quatre preuves crites doi-vent avoir t passes avec succs, dont lpreuvede langue maternelle le nnois pour 94% deslves, le sudois pour les 6% restants. Il convientde noter que laccent est mis sur les langues et lesmathmatiques, cest--dire sur des matires quiconstituent des outils intellectuels.

    Par ailleurs, les lves ont la possibilit depasser les preuves crites dune ou plusieursautres matires selon lorientation choisie et leurdegr dambition. Ils ne sont pas tenus dassisteraux cours pour pouvoir passer lexamen dunematire et peuvent galement choisir de passer lavance lexamen de lanne suprieure. Ilsont aussi le choix de repasser lpreuve ultrieu-rement sils ne sont pas satisfaits des rsultatsobtenus. Enn, un lve qui a intgr lenseigne-ment professionnel peut tre admis dans len-seignement suprieur gnral en passant lesquatre preuves crites obligatoires. Autrementdit, le systme nlandais mle exigence, aide llve et libert, en mettant laccent sur laide llve pendant lcole obligatoire et sur la libertau-del. Mais sur le fond, lexigence est la mme:llve doit travailler. La grande libert de choixlaisse aux lves expliquerait en grande partieles bons rsultats achs par les collgiens. Pourles jeunes qui ne souhaitent pas rester dans len-seignement gnral, lheure de la libration sonne la n du collge [ 15ans], tandis que la pers-pective de pouvoir composer eux-mmes leurprogramme motive les autres.

    Des enseignants tris sur le voletLes admissions au lyce se font sur dossier et lescollgiens savent donc quun bon carnet de notespermet de choisir son avenir, tout comme ilssavent que ladmission luniversit est soumise un examen dentre. La Finlande associe le sou-tien aux lves en dicult et la libert de choixpour les bons lments un troisime facteur desuccs: des enseignants de qualit. Le mtierdenseignant est tellement pris que les forma-tions peuvent compter de cinq dixpostulantspour chaque place. Chacune de ces formationsexige davoir un excellent dossier, y compris pourdevenir instituteur en maternelle ou au niveaulmentaire. Les tudiants sont slectionns surplusieurs critres: les rsultats du baccalaurat,les notes des devoirs sur table et un examen den-tre qui comprend un entretien. Le but de cetentretien est de reprer les candidats dont la per-sonnalit ne cadre manifestement pas avec lafonction enseignante, mais une attention touteparticulire est galement accorde la matrisede la langue, et il est rare quun sudophone soitadmis dans une formation nnophone, et inver-sement. Cette double priorit donne au niveaude langue de lenseignant et la lecture consti-tue sans doute lune des principales explicationsdes bons rsultats du systme ducatif nlandais.Les futurs enseignants savent quils sont tris surle volet, et leurs professeurs le savent aussi, cequi engendre un cercle vertueux. Lorsque, fraismoulus de leur formation, les enseignants n-landais commencent travailler, les lves et lesparents dlves les savent comptents et recon-nus comme tels. Qui chercherait des noises auxchampions du monde? Ce qui, son tour,

    Courrier international | n 1118 | du 5 au 11 avril 2012 19

    Mais comment font-ils, ces Finlandais?

    Dans une cole dEspoo, en Finlande. Les lvescomposent eux-mmes leurprogramme.

    20

    TUO

    MAS

    UU

    SHEI

    MO

  • incite des personnes dun bon niveau sorienter vers le mtier denseignant. Les bonsrsultats du systme nlandais sexpliquent-ilspar une discipline de fer? Au contraire. On trouveen Finlande de bons enseignants, dont lautoritnest pas sans cesse remise en cause par les lveset qui peuvent donc se permettre un style plusdcontract en classe tout en obtenant malgrtout de bons rsultats. On y trouve des ensei-gnants aviss, conscients de leur propre valeur,qui choisissent des mthodes de travail auxquellesils croient. En Finlande, on part du principe quelenseignant matrise sa pdagogie, et que cest lamatire qui est enseigne. Lenseignant ne changepas de mthode avant dtre sr du gain deca-cit apport par la nouvelle.

    Le rle cl de la lectureLorsque les Finlandais valuent leurs propresrsultats, il nest pas rare quils parlent dintro-duire plus de souplesse dans le systme, de ren-forcer le soutien accord aux bons lments etdamliorer lenseignement des mathmatiques.Il nexiste pas encore dusage tabli concernantla prise en charge des lves issus de limmigra-tion en Finlande, mais plusieurs tudes portent croire que limmigration nexplique pas les dif-frences de rsultats entre la Sude et la Finlande.La Sude a mont en pingle le fait que les lvesnlandais dclaraient souvent ne pas aimerlcole. Les pouvoirs publics nlandais ont essayde fournir une explication en faisant remarquerque leurs lves, qui dominent les palmars dan-ne en anne et classent le mtier denseignantparmi leurs prfrs, ne semblent pas se dplairesur les bancs de lcole, mais que cela fait peut-tre cool de dire que lon naime pas lcole.

    Sil est une chose quil faut souligner danslanalyse du succs nlandais, cest limportancede la lecture. Enseignants et pouvoirs publicsinsistent en chur sur ce point. Les lves quiobtiennent les meilleurs rsultats sont ceux quilisent le plus. Aimer la lecture a une incidenceplus grande sur les rsultats scolaires que leniveau dinstruction ou les moyens pcuniairesde la famille. Et cest en lisant de la littrature quelon a le plus de chances damliorer sa compr-hension crite. Autrement dit, on ne peut pasesprer obtenir de bons rsultats avec un groupedlves qui ne lit pas, et lon ne peut pas non plusattendre de miracles du rattrapage scolaire sillve ne lit pas paralllement, en dehors delcole. Inger Enkvist

    Depuis septembre, une poigne dcolesnerlandaises exprimentent desemplois du temps entirement exibles.Ce sont les parents qui dcident deshoraires et du calendrier des congs.

    Trouw AmsterdamDApeldoorn

    P our toi! Dans la cour de son cole,Jibbe, 4 ans, donne rement samre un dessin. Des feux darti-ce, dit-il pour expliquer lesgrands traits rouges sur la feuillede papier. Que des bombes. Lamre rit. Cest le 2janvier et son ls sest mani-festement inspir des festivits de la Saint-Syl-vestre. Jibbe vient de terminer son premier jourde classe, tout comme seize autres lves de lcoleSterren, Apeldoorn. Depuis septembre, cettecole lmentaire participe une exprience surlamnagement des heures denseignement. Lesenfants ne sont pas tenus de venir cinq jours parsemaine lcole. Si, durant quatre jours, ils res-tent un peu plus longtemps en classe, ils sont libresle cinquime. Les parents ont aussi leur mot diresur les heures de dbut et de n de la journe sco-laire, de mme que sur la priode des vacances.Les enfants ne sont jamais tous prsents en mmetemps, dit linstitutrice AnnemiekeVan der Linde,53ans. Aujourdhui, elle fait classe dix-sept lves.Ils sont de tous les niveaux, depuis la maternellejusqu la dernire classe de primaire. Les centautres sont encore en vacances. Il faut un certaintemps avant de savoir qui est prsent et qui est absent,reconnat AnnemiekeVan der Linde. Son tableauest couvert de pense-btes prcisant les emploisdu temps des enfants.

    La exibilit des horaires scolaires exige decette cole des eorts de planication consid-rables, mais prsente un rel avantage pour lesparents, estime le directeur de ltablissement,HansVan der Most, 53ans. Il a dcid de modierradicalement son approche quand il a constatque le nombre dlves dans son cole ne cessait

    de diminuer. Pour attirer plus denfants, son coledevait mieux sadapter aux souhaits des pres etdes mres daujourdhui, a-t-il alors conclu.

    Les employeurs attendent des parents quils puis-sent travailler selon des horaires exibles. Les parentsnont rien contre, mais ils ne peuvent pas le faire parceque le systme scolaire est trop rigide. Le directeursouligne quen vertu de la loi sur lducation laprsence des enfants lcole cinq jours parsemaine est obligatoire, de mme que les vacancesen t. Cest dsesprment surann, selon lui.Cette loi, qui a cent ans, tait conue lpoque pourune socit agricole. La longue pause midi tait censeleur permettre de manger un repas chaud, les vacancesdt servaient aider les parents rentrer les rcoltes.Ces vacances dt soulvent maintenant un problmepour beaucoup de parents, arme HansVan derMost. Ils sont nombreux travailler dans le tourismeici, ou dans lhtellerie ou la restauration. Pendantlt, cest la haute saison. Les parents nont pas letemps de prendre trois semaines de vacances. Il faitce constat en voyant les demandes de congs quelui prsentent les parents. Il ny en a plus que 35%qui choisissent loption des vacances standard. Lesparents prennent alors quatre semaines de vacancesen t et ajoutent les deux autres semaines dautresvacances, par exemple au printemps.

    Une semaine Nol, a suftCest aussi nettement plus avantageux sur le plannancier, explique IsisKlein, 44ans, mre de Jibbe,qui est tout blond. En mars, nous partons skier unesemaine. Cela nous cote plusieurs centaines deurosde moins que pendant la haute saison. Cest aussi net-tement plus tranquille sur les pistes et on ne fait pas laqueue au remonte-pente. Pour lenfant, il vautmieux que les vacances soient plus courtes, estimeIsisKlein. Jai constat quune semaine de vacances Nol lui susait. Aprs, ses amis lui manquent et ilcommence sennuyer. Il ne saperoit pas vraimentque tous ses camarades ne sont pas rentrs devacances, dit-elle, pendant quavec un camaradede classe, Jibbe rampe sous la table de baby-foot.Il samuse quand mme. Au total, sept coles l-mentaires nauront pas se soumettre aux dis-positions lgales durant les trois prochainesannes: elles pourront scarter de la semaine sco-laire de cinq jours et donner des cours pendantles vacances dt. La loi linterdit, mais la ministrede lEducation, MarjaVan Bijsterveldt, entendobserver lusage que feront les tablissements decette libert. Peuvent-ils dcider eux-mmes destemps denseignement et des priodes de vacancespour les lves, ou des rgles sont-elles nces-saires? Je veux morienter vers un mode dducationqui sadapte aux souhaits des familles et des tablisse-ments scolaires, arme la ministre. Elle estimeque ce nouveau mode denseignement doit mettreles lves au d de donner le meilleur deux-mmes et doit permettre aux parents de mieuxcombiner leur rle de parent et leur vie profes-sionnelle. Quand les parents, de mme que les ta-blissements scolaires, souhaitent utiliser lt commepriode denseignement, il faut que ce soit possible sicela aide les lves mieux travailler. Quant savoirsi cette exibilit des emplois du temps scolairessera prjudiciable au travail fourni par les lves,nous le saurons dans trois ans. Lexprience feraalors lobjet dune valuation. Nicole Besselink

    Education Les recettes qui marchent ailleurs20 Courrier international | n 1118 | du 5 au 11 avril 2012

    Pays-Bas : vacances la carte19

    STU

    ART

    CON

    WAY

    En Finlande, les enseignantsdisposent duneplus grandemarge de liberten adoptant un style plusdcontract.

    Sur le

    web

    www.c

    ourri

    er

    intern

    ation

    al.com

    Pour en savoir plus: sur notre site, un articlede la presse sud-corenne. Alors que le pays gure dans le haut du classementdes systmes ducatifs,un jeune Corendnonce dans le journalen ligne Pressian la comptition froceentre lves. Et explique pourquoi il a choisi de renoncer ses tudes.

  • Certains tablissements mettentlaccent sur le travail en quipe et lentraide entre les lves. Une russite totale, notamment pourles enfants dfavoriss.

    Npszabadsg (extraits) Budapest

    C e ne sont ni des familles aises nides fondations sponsorises, maistrois pauvres municipalits quinancent ltablissement scolaireintercommunal BlaIV. Hejosza-lonta, Szakld et Hejokeresztrcomptent respectivement 900, 600 et 1000 mes.70% des enfants y russissent au baccalaurat.Les absences non justies sont rarissimes. Pour-tant, les enfants viennent dun environnement quine les incite pas se lever le matin. En visitant lesfamilles [les enseignants hongrois sont tenus se rendreau domicile des enfants pour connatre leur environ-nement] jai le cur serr en voyant quils sont par-fois douze dormir dans une pice peine chaue,qui sur un lit, qui sur des vtements tendus au sol.Alors que sa mre et son pre sont encore au lit et queses petits frres et surs dorment, lcolier se lve, faitsa toilette, shabille et part pour lcole. Il lui faut uneforce de caractre peu commune ne serait-ce que pourpartir lcole, raconte Mme Emese Kovcs Nagy,la directrice. Mais ltablissement nest pas rservaux lves dfavoriss [Roms, notamment]. Cestl que viennent aussi les enfants du notaire, dumdecin, du professeur Certains sont mme ori-ginaires de villages hors secteur.

    Laci Farkas, en classe de 4e, y vient depuis deuxans: Mes amis mont dit quici, les cours ntaient pasennuyeux et que les professeurs aimaient enseigner.

    Jai demand mes parents de my inscrire, je prfreme lever tt pour venir ici. Avant, jtais un lvemoyen. Ici, jai de meilleures notes.

    La formule miraculeuse sappelle Programmedenseignement complexe (PCI, Program for com-plex instruction). Son principe: sur un cinquimedu temps de chaque cours, les enfants reoiventdes tches quils doivent rsoudre ensemble. Ilsdoivent donc cooprer, argumenter, communi-quer et aider les autres. Cette mthode a t dve-loppe luniversit Stanford de San Franciscopour faciliter lintgration linguistique des tu-diants hispaniques. Il y a une dizaine dannes,lambassade des Etats-Unis a organis un stagepour des pdagogues hongrois au cours duquel

    une fondation culturelle leur a prsent lamthode de Stanford. Emese Kovcs Nagy y tait.

    Jai pressenti que ctait une excellente mthodepour intgrer les lves dfavoriss, se souvient-elle.Ds mon retour Hejokeresztr, mes collgues et moiavons commenc laborer notre propre formule.Pendant les cours PIC, nous apprenons tout dabordaux lves communiquer. Ils acquirent un voca-bulaire et une pratique dargumentation qui leur don-nent conance en eux et leur permettent de prendrela parole dans nimporte quel milieu. Ils prennentconscience que leur pauvret, leur origine, la couleurde leur peau ne signient pas quils ne soient pas dous.Nous faisons nos cours de telle manire que lenfantmeure denvie dapprendre.

    Ils ne rivalisent pas, ils cooprentLes enfants tmoignent: Quand je travaille engroupe, je nai pas le trac, parce que je sais que ce nestpas pour une note. Quand on a toujours quelquun qui demander de laide, on na jamais peur.

    Lorsquils apprennent le calcul du pourcen-tage par exemple, les enfants de Hejokeresztr nese contentent pas de faire des exercices de maths,ils dessinent le plan dune maison avec jardin surun terrain construire en faisant attention auxproportions, puis ils expliquent pourquoi le bti-ment occupe tel pourcentage et pourquoi le bac sable a telle taille. Le professeur distribue la tche chaque groupe de telle faon que mme llvele plus dou ne soit pas capable de le rsoudre seul,et que, pour obtenir le bon rsultat, ils aient besoinde laide des plus faibles. Ils ne rivalisent pas, ilscooprent. Les rsultats sont parlants, dit la direc-trice. Il ny a ni absence injustie, ni redoublement,et nos enfants gagnent tous les concours de logique.

    Mais peu dtablissements ont adopt cettemthode: seulement 9 dans toute la Hongrie, 6en province et 3 Budapest. Le plus trange,tmoigne un enseignant, est que les enfants nontpas besoin de moi. Ils travaillent seuls! La motivationdes lves sest amliore de faon spectaculaire, sur-tout celle des perturbateurs. Aujourdhui, je nai plusbesoin de courir rassembler mes petits monstres aprsla rcration, ils mattendent en silence dans la classe.Chacun attend son tour pour parler. Je vis sur uneautre plante! Cette mthode a produit des change-ments impressionnants en trs peu de temps.

    Cette mthode,ajoute Emese Kovcs Nagy, favo-rise aussi bien le dveloppement de la conance en soique le traitement de lagressivit. Dans une classe tra-ditionnelle rassemblant autant denfants dfavoriss,pendant que le professeur parle, quatre ou cinq enfantsseulement lcoutent les yeux brillants: ceux qui com-prennent de quoi il parle, mais 40 50% des lves nepeuvent pas le suivre. Ce sont toujours les mmes quilvent la main. Et le professeur pense que cest un bonscore. En suivant notre mthode, cest tout au plus 1 2% des lves qui restent lcart. Cest inme.

    Rachel Lotan, professeur luniversit Stan-ford, responsable du programme dont elle est lundes artisans, est re du bilan des tablissementshongrois: Pour moi, mais aussi pour nos groupes derecherche pdagogique, il est trs important que destablissements de ce genre existent en Hongrie etailleurs. Nous devons crer lgalit des chances ind-pendamment du milieu social et des origines ethniques.

    Depuis fvrier2011, le PIC est enseign luni-versit de Miskolc conformment un accordsign avec luniversit Stanford . Emese KovcsNagy, matre de confrences depuis septembre, yassure le cours intitul Le mtier denseigner.Il faut connatre ces mthodes, car nous avons besoinde bquilles quand la pdagogie traditionnelle choue.Judit Doros

    Courrier international | n 1118 | du 5 au 11 avril 2012 21

    Mi-temps

    En Hongrie, la journescolaire commence 8heures et se termine 13heures. Danslaprs-midi, lesenfants font du sport,de la musique et leursdevoirs.

    Source : Pisa 2009, OCDE

    Pourcentage dlves rsilients* parmi les lves issus dun milieu dfavoris

    Et pourtant ils russissent

    * Qui se classent parmi les lves les plus performants de tous ceux issus du mme milieu socio-conomique lchelle internationale.

    200 40 60 80

    Shanghai Chine

    Hong Kong Chine

    Core du Sud

    Singapour

    Finlande

    France

    Etats-Unis

    Hongrie

    Royaume-Uni

    Allemagne

    Moyenne de lOCDE31 %

    LcoleintercommunaleBlaIV.

    En Hongrie, le succs dunemthode californienne

    KU

    RUCZ

    RP

    AD

  • 22 Courrier international | n 1118 | du 5 au 11 avril 2012

    Laffaire Merah a soulev quantitde questions sur lefficacit des services de renseignementfranais. Un journalisteamricain tente de faire le point.

    The New York Times (extraits) New York

    L es mots ont beau tre similairesdans les deux langues, la Franceet les Etats-Unis ont des concep-tions direntes de la libert, de lgalit etde la fraternit. Il en va de mme pour leursmthodes de lutte contre le terrorismemaison, issues dhistoires, de systmesjuridiques et de conceptions de lEtat dif-frentes. Terrorisme est dailleurs unterme dinvention franaise, apparu sousla Rvolution.

    Le drame de Toulouse lassassinatde septpersonnes par Mohamed Merah,23ans, Franais n de parents algriens quise rclamait dAl-Qaida a provoqu unevive polmique en France. Il est clair queMerah sest faul entre les mailles dunlet qui repose surtout sur le facteur humain.Les Franais se demandent comment celaa pu se produire, et si Merah naurait past arrt plus rapidement aux Etats-Unis,grce au (coteux) systme amricain desurveillance automatique des communi-cations tlphoniques et dInternet.

    Aux Etats-Unis, cest le systme quicompte; en France, ce sont les hommes,cone Marc Trvidic, un juge antiterroristeparisien. Aprs les attentats du 11sep-tembre 2001, les Amricains ont consacrdnormes ressources humaines, nan-cires et informatiques la guerre mon-diale contre le terrorisme. Il sagissaitnotamment de reprer les terroristespotentiels prsents sur le territoire, dansun pays o la population musulmane estrduite et plutt bien intgre.

    Les Franais, avec leur histoire colo-niale, sont confronts au terrorisme (et lislam) depuis bien plus longtemps. LaFrance, qui compte le plus grand nombrede musulmans dEurope prs de 10% dela population, souvent concentre dans desquartiers pauvres et se trouve plus prsdu Moyen-Orient et de lAfrique du Nord,sest surtout employe prvenir le recru-tement de terroristes potentiels en inl-trant rgulirement les mosques et lesrseaux islamiques radicaux.

    Du fait de leur histoire et parce que leurbudget est plus limit, les Franais comp-tent davantage sur les contacts humains,les renseignements et les ressourceshumaines disponibles sur terrain, et moinssur la surveillance automatique des com-munications tlphoniques ou autres, linverse des Amricains. Les Franais sontdonc parfois mieux informs, mais ils sontaussi moins systmatiques, moins capablesde faire des rapprochements que les

    France

    Amricains, qui se sont eorcs de tirer lesleons de leur incapacit prvenir lesattentats du 11septembre 2001.

    Pour chaque cas, les Franais disposenten gnral dun dixime des ressourcesdont disposent les Amricains, souligneMarc Trvidic. LEtat frana