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Décembre 2010
Organisé par
L’Equipe de l’OCHA dans le cadre du programme AlimAdos
COMPTE‐RENDU
par
F. SALIM Diététicienne coordinatrice CAAPS
Coordination : V. PARDO Comité scientifique : G.BOETSCH, J.CONTRERAS, J‐P. CORBEAU, A.GUERCI, A‐M. GUIHARD‐COSTA, P.HINTERMEYER, S.KLINE, B.LAURIOUX et J‐P. POULAIN
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Le Programme « AlimAdos »
e programme de recherche de l’Ocha, mené avec deux laboratoires du CNRS et l’Agence Nationale de la Recherche autour de l’alimentation des adolescents, de leur rapport à la nourriture, à leur corps et à la santé, a déjà donné lieu à un colloque en octobre 2009 et
au N° 14 des Cahiers de l’Ocha présentant les premiers résultats de terrain. L De 2007 à 2010, les Chercheurs d’AlimAdos (sociologues, ethnologues, bio‐anthropologues) ont travaillé avec des adolescents de 12 à 19 ans ainsi que leur entourage (parents, grands‐parents, amis, frères et sœurs, personnel scolaire, animateur…) dans deux régions, Alsace et PACA, représentatives de la diversité de la population française. Ils se sont immergés dans les lieux importants de leur vie : maisons, collèges et cantine notamment, mais aussi centres commerciaux, centres sociaux, locaux associatifs, par et rue. Ils ont fait appel à différentes techniques : entretiens, observation participante, carnet de consommation notamment. Les observations ont eu lieu aussi bien pendant les week‐ends et les vacances qu’en semaine. Les résultats de ces recherches ont mis à mal bien des idées reçues autour des jeunes et de l’alimentation. L’objectif du colloque est de montrer la complexité des identifications plurielles auxquelles les adolescents sont confrontés. Il s’agit de penser la diversité des comportements alimentaires et des arrangements avec les normes. Ainsi nous proposons d’éclairer une question de santé publique fondamentale, non pas sous l’angle strictement nutritionnel mais dans l’interaction entre habitudes alimentaires, styles de vie, expériences individuelles et appartenances culturelles et sociales. (http://www.lemangeur‐ocha.com/fileadmin/Pdf_agenda_et_actus/Alimentations‐adolescentes‐2010‐Presentation.pdf)
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Les Conférenciers
ls seront présentés progressivement et de manière respective à leur(s) prestation(s). D’emblée, on notera l’absence de quelques intervenants liée aux conditions météorologiques défavorables ou à une non attribution de visa :
I
Abdennebi HOURIA : Les prises alimentaires des étudiantes de la cité universitaire de Tizi Ouzou en Algérie : entre traditions, emprunts et hybridations
R. KAROUNE : Alimentations des adolescents en milieu scolaire : Evaluation des rations proposées par deux cantines scolaires (Mila – Algérie, 2002) Kathryn BACKETT‐MILBURN, University of Edinburgh Aurélia MARDON : « Pour sortir une fille, fallait qu’elle ait de la poitrine », Evolution morphologique à l’adolescence, normes juvéniles et construction du prestige Marie‐Sophie MADIBA, Louis‐Roger KEMAYOU, François GUEBOU TADDJUIDJE : Pratiques alimentaires adolescentes aux confins des échanges culturels et de l’affirmation d’un groupe (Cameroun).
REMERCIEMENTS
A des titres et niveaux divers, je tiens vivement à exprimer ma plus grande gratitude et de très cordiaux remerciements aux personnes citées ci‐après pour leurs très appréciables intentions et soutien.
‐ Véronique PARDO, pour l’invitation et le chaleureux accueil au colloque ;
‐ L’ensemble des intervenants pour leurs constructives et riches présentations ;
‐ Anne SHICHTEL, représentante du Régime local
d’assurance maladie Alsace‐Moselle, pour le soutien financier ;
‐ Maria-Laura GUZMAN-CATENA, pour son accompagnement et sa bienveillance ;
‐ Et bien sûr,…
Florianne GRAPPE, Marie-Thérèse HARTMANN et Jeanne KOCHANOWSKI pour m’avoir donné cette opportunité.
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Rapport des conférences
PREMIERE JOURNEE : Mercredi 1er Décembre 2010 Ouverture par le Professeur CORBEAU
Leçon… Jean‐Pierre CORBEAU ‐ Sociologue, Professeur – Université François Rabelais, Tours
corbeau@univ‐tours.fr
On peut donner la leçon, la faire ou la tirer… En cette fin de programme AlimAdos qui succède à celle du programme « Ludo‐Aliment » et de l’enquête menée en collaboration entre l’Université de Tours et l’Institut Quick ®, la volonté du Professeur est plutôt de « tirer la leçon ». Dans cette perspective, trois attitudes pédagogiques seront retenues : 1. Constatations concernant le comportement alimentaire et la représentation des nourritures de moins de 25 ans dont beaucoup seront analysées en profondeur tout au long du colloque : ‐ Les Adolescents sont des mangeurs pluriels et contrairement à une idée répandue, ils sont loin de manger plus mal que leurs parents. En fonction des CSP, ils consomment les mêmes groupes d’aliments mais pas au même niveau de qualité (ex : les fromages) ; beaucoup d’entre eux sont dans l’impossibilité d’accéder à l’abondance de l’offre; ‐ La multiplicité de leurs groupes d’appartenance et celle des groupes de référence que leur proposent les média exacerbe leur comportement pluriel ; ‐ Selon le moment de la journée et les personnes accompagnantes, leur regard sur leur corps et la représentation d’eux‐mêmes diffèrent ; ‐ Bonne connaissance des messages nutritionnels des politiques de santé publique : produits laitiers (notamment, et surtout lorsqu’on observe les garçons) et fruits et légumes. La qualité de la consommation reste meilleure que celle des parents à leur âge, ils seraient même « éducateurs » de ces derniers nutritionnellement parlant ; ‐ Ils entretiennent avec l’aliment une dimension réflexive plus vaste que leurs aînés, les filles en l’occurrence. Cela n’empêche nullement qu’ils transgressent plus consciemment que d’autres catégories d’âge le rapport « rationnel » à la nourriture, peut‐être parce qu’ils valorisent la dimension conviviale et ludique (spécificité française, méditerranéenne ou autre ?)
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‐ Dans leurs déclaratifs et leur pratique, toute catégorie sociale confondue, il y a un désir d’être acteurs de leur alimentation ; ‐ Enfin, l’inter‐culturalité modifie les préférences et les comportements alimentaires. 2. Principaux résultats de l’enquête collaborative Université de Tours‐Institut Quick® : ‐ Sur les 860 Adolescents interrogés, seuls 11% mangent seuls ; le critère primordial demeure la convivialité que l’on peut aisément y retrouver en famille ou avec le cercle amical. La solitude physique ou affective est largement dépréciée contrairement à la « tchatche » qui est toujours la bienvenue pour agrémenter le repas ; ‐ A l’inverse de ce que l’on pourrait imaginer, ils y mangent majoritairement à horaire régulier (12‐13H) ; ‐ Sur les 220 sondés, une part prépondérante déjeune en moyenne en 15 minutes soit 5 de plus qu’à la cantine. Le week end à domicile, l’Ado français peut passer jusqu’à 1h30 à table ; ‐ Les portions XL ne sont pas forcément individuellement consommées, on retrouve une logique de partage ; L’accès à l’aliment doit être rapide mais le plaisir et le partage doivent être longs. 3. Principales pistes prometteuses pour dynamiser les recherches : ‐ Les rapports au temps ; ‐ Les espaces de sociabilité avec précision de ce que serait la solitude (on quitte une société du « moi » hyper‐individualiste ») et la texture des produits sucrés ; ‐ Nomadisme et sédentarité, du mangeur, du produit (amené sur une terrasse par ex.), des deux ? Repenser le déambulatoire (ex : pasta cup…) ; ‐ Enfin, un déplacement de la « surveillance de soi » dans l’incorporation qui se déplace des aliments solides à des corps liquides ou gazeux (sodas, alcool…)
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Repenser les déterminants des modèles alimentaires et la diversité des alimentations adolescentes : le rôle du plaisir
Anne DUPUY ‐ Pôle TAS, Certop‐UMR 5044 – Université Toulouse le Mirail anne.dupuy@univ‐tlse2.fr; [email protected]
L’alimentation des enfants et des jeunes, et les modalités de la transmission alimentaire entre les générations se posent en véritables sujets de société : les média condamnent bien souvent l’organisation de l’univers alimentaire des sociétés contemporaines, et pointent du doigt un « défaut » d’éducation de la part de parents qui seraient trop laxistes. La présentatrice a conduit une réflexion sur le thème de la socialisation alimentaire des enfants et des jeunes en réinterrogeant la pertinence des notions de déterminants culturels, sociaux et matériels dans les processus de transmission et d’éducation et à en définir les frontières. Elle se propose de la faire à partir du rôle du plaisir. On peut tirer de ses enquêtes menées à échelle macroscopique (qui impliquent parents et enfants‐ados) : ‐ Une homogénéité culturelle et sociale autour du modèle « traditionnel commensal » qui définit les contextes de prise alimentaire en termes de moment (forte synchronisation alimentaire), de durée, de lieu, de positions corporelles et de sociabilités. Cela pourrait traduire la volonté d’un contrôle serré des processus de transmission et d’éducation ; ‐ Une hétérogénéité entre mangeurs (perçue malgré l’échelle macroscopique) au niveau du choix des aliments principalement au petit déjeuner et lors des prises en dehors des repas principaux comme la collation matinale et le goûter (allusion aux pâtes Yum‐Yum® au franc succès).On pourrait interpréter cela comme un relâchement des processus éducatifs parentaux, consenti, négocié et souvent accepté pour faire plaisir aux enfants tout en leur apprenant à s’autonomiser, les aliments consommés au cours des autres repas étant bien plus encadrés ; ‐ On relève une attitude de réflexion médico‐nutritionnelle notable en haut de l’échelle sociale. La transmission parents‐enfants est riche et l’on décèle une envie de se distinguer ; En termes de plaisir : ‐ « Avoir du plaisir à manger », c’est : selon les jeunes mangeurs, être en bonne compagnie (7‐11 ans : famille – 16‐17 ans : amis) et consommer un repas de fête. Pour les parents : qualité des aliments et de la préparation ; ‐ L’association plaisir‐aliment concerne surtout les produits salés en sachant que le sexe féminin (mamans et filles) et les jeunes enfants sont plus attirés par le sucré. Détail des produits plaisir : pâtes, pizzas, frite et sodas pour la jeunesse et plutôt crudités, fromage et alcool pour les adultes ; ‐ Les jeunes immigrés préfèrent le « manger de là‐bas ». L’analyse sociologique traduit cela, outre le plaisir gustatif, par une volonté d’affirmer sa différence, son identité, son héritage ;
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‐ En fonction des contextes sociaux, des moments ou des lieux qu’ils rencontrent, les jeunes apprennent à inhiber ( « tyrannie de la majorité » au restaurant scolaire) ou affirmer ( expression de leur singularité pour une minorité) leurs préférences alimentaires, ce qui témoigne de leur capacité à jouer avec les identifications plurielles auxquelles ils sont confrontés ; ‐ Aussi, l’arrêt de la collation de 10h marque le passage de l’enfance à l’adolescence.
L’alimentation et la construction des âges ou comment les enfants dessinent des frontières entre « petits » et « grands »
Louis MATHIOT – Doctorant – Laboratoire « Cultures et sociétés en Europe », Université de Strasbourg, CNRS
Dans les sociétés contemporaines occidentales, l’âge apparaît comme un indicateur précis et objectif de la situation sociale d’un individu et de son développement biologique. Cette vision, qui regarde la construction de l’enfance d’un point de vue adulte, propose une catégorisation d’âges peu évolutive et n’offre pas de place à celui des individus concernés, les enfants. L’objet de la communication du jeune chercheur sera de montrer que les acteurs participent à la définition des frontières entre les différents âges, et ce, via l’alimentation. L’enquête ciblera les 6‐12 ans. ‐ Certains types de repas – petit déjeuner, collations et même grignotage – sont plus significatifs que d’autres pour lire ces frontières. Ils constituent un espace de consommation où l’enfant bénéficie d’une large autonomie quant à ses choix et décisions alimentaires ; ‐ Certains produits font l’objet d’appropriation ou de rejets en fonction des âges. Quelques exemples de consommation et d’usages de produits appartenant au répertoire alimentaire des 6‐12 ans : 6‐8 ans 9‐12 ans
Aliments marqueurs
Lait et céréales ; Gâteaux Titeuf et Dora® ;
P’tit Filou®
Yum‐Yum® ; Ficello® ;
Jawbreaker® ; Chips et autres snacks salés
Usages spécifiques
Jeux avec la nourriture ; Jeux avec les emballages (cire
Babybel®); Partage du goûter de 10h
Jeux transgressifs (ex : lancé de mie de pain) ;
Détournements d’usage (ex : Babybel® fondu au MO) ;
Aliments et usages dévalorisés
Certaines purées et bouillies ( pour les « petits ») ;
Jeux transgressifs ( pour les « grands »)
Produits mangés par les 6‐8 ans ;
Collation de 10h à l’école ( « n’ont plus faim »)
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Après 8 ans, on retrouve une logique de rejet des choix et pratiques alimentaires des plus jeunes qu’on appelle « culture des petits ». Certains témoignages soulignent l’imbrication des allégations santé et la construction des catégories de certaines catégories d’âges qui de lisent dans le rejet de certains produits (ex : « les laitages sont pour les petits qui doivent grandir », enfant de 9 ans). Ce rejet laisse place à la construction d’un autre univers de consommation. Ces groupes d’âges ne sont pas le reflet de l’institution scolaire. Pour exemple, l’abandon du goûter de 10h au milieu du CM1 ou au CM2 et non pendant les vacances scolaires. Questions subsidiaires :
‐ Les Yum‐Yum®, pourquoi un tel succès ? Produit plaisir chargé affectivement : texture croustillante, pimenté, sa consommation est simple d’usage et se fait en groupe. Retrouvé le plus souvent en épicerie Halal, ils s’inscrivent, par ailleurs, dans une dimension identitaire ; ‐ Pourquoi cette tendance plutôt « salé » ? Ce n’est pas forcément le goût qui attire mais les moments qui occasionnent leur consommation, moments festifs : vacances hors routine, hors domicile (pizzas, frites…) et réceptions d’invités à domicile (produits apéritifs) qui autorise une plus grande liberté à l’enfant alors moins « surveillé ». Le sucré quant à lui renvoie au goûter qui appartient au rythme routinier de période scolaire.
Les valeurs alimentaires adolescentes Pascal HINTERMEYER – Professeur de sociologie, Directeur du Laboratoire « Cultures et
sociétés en Europe » (Université de Strasbourg, CNRS) ‐ Maison universitaire des Sciences de l’Homme, Alsace, Strasbourg [email protected]
Manger ne consiste pas seulement à assimiler des nutriments mais comporte des dimensions sociales, relationnelles, culturelles, symboliques et éthiques. La communication du Professeur HINTERMEYER portera sur les choix et les valeurs que les adolescents actualisent en mangeant. Les valeurs de l’alimentation adolescente sont plurielles. Elles sont de deux ordres : ‐ Valeurs alimentaires générales :
L’alimentation et l’apparence physique sont étroitement liées, la répercussion de l’une sur l’autre est certaine ;
Transparence et légèreté : un corps beau est svelte, lisse et galbé ; Impression de danger et d’opacité face à des produits contenant des sucres et graisses cachés en plus d’additifs. On souligne le caractère sournois des produits alimentaires : ce qu’ils mangent peut les trahir. ‐ Valeurs alimentaires spécifiques : Modes de préparation et goûts : idéal de transparence, l’étape de
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préparation reste un mystère. « A la cantine, on ne sait pas ce qu’on mange ». Les viandes en sauce sont « gluantes et visqueuses » ; Rapport au temps : recherche rapide de satiété. Pour beaucoup, la cuisine traditionnelle est fastidieuse. Ils ne sont pas d’accord avec la complexité du repas français qui impose un lourd rituel (plusieures composantes). On souligne donc simplicité et immédiateté. La recherche de ces valeurs dans un contexte de « cuisine traditionnelle » peut mener jusqu'à une désaffection alimentaire ; Rapport à l’espace et modes de relation et sociabilité : pourquoi manger assis interminablement ? Le jeune mangeur apprécie la street food (centres commerciaux, transports en commun…), il aime manger en bougeant. Selon lui, sa mobilité lui permet de partager des moments avec des personnes. On note souvent que le choix des personnes avec lesquelles on a le plus d’affinité au moment du repas, constitue un déterminant fort de la qualité du repas. Aussi, un grand nombre d’interrogés préfèrent conjuguer les cultures à ce moment notamment.
« Nous les… » mises en scène adolescentes des identités, de l’exotisme et de l’altérité à travers l’alimentation
Véronique PARDO – Anthropologue OCHA (Observatoire Cniel des Habitudes Alimentaires), Coordinateur d’AlimAdos, Chercheur associé à l’UMR 6578 – Unité d’Anthropologie
bioculturelle (CNRS‐EFS‐Université de la Méditerranée) [email protected]; [email protected]
« Nous les maghrébins, nous les Turcs, nous les Africains, nous les Marseillais… ». En se présentant ainsi d’emblée dans un Nous défini, il serait simple d’y voir une manifestation identitaire voire communautaire des pratiques alimentaires. Au fil d’AlimAdo, l’Anthropologue chercheur a relevé une déclinaison de ces « Nous les… » et a fini par définir les propos des ados comme étant plutôt des expressions d’appartenances multiples. Dans le cadre de cette communication, elle s’attachera à présenter une analyse de verbatim (citations des interviewés mot pour mot) au travers de la relation d’appartenance et l’expression de la normalité, le rapport à la cuisine française, le recadrage de ce que donne à voir le groupe auquel on se rattache au travers des notions de honte et de modernité. Je propose, dans un esprit de synthèse et un souci de clarté, un schéma explicatif qui reprend la trame de la logique d’intégration via l’acte alimentaire d’une grande partie des adolescents sondés de parents immigrés en France, relevée par l’enquêteuse : Définition de la normalité : « manger normalement » = « on mange de la nourriture française,
comme nos pairs » = « manger équilibré »
Synonyme de Modernité
Nourritures et manières de table de la culture du pays d’origine des parents
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≠ Celles de la culture française, donc non modernes, archaïques*
Sentiment de honte
Malgré l’appréciation notable des nourritures et manières de table d’origine Minimisation voire passage sous silence de ces dernières
*Ex. de verbatim : Adolescent d’origine marocaine : « c’est sale de manger avec les doigts, je mange
systématiquement avec des couverts » ; Adolescente d’origine turque : « Quand il y a des invités, ma mère cuisine du riz, parce
que le blé c’est pour la cuisine à l’ancienne » Ce comportement pourrait s’expliquer par un puissant désir de normalité motivé par la recherche d’intégration au travers de l’acte alimentaire. On relève dans le même temps, la revendication de plats ou d’aliments spécifiques à une culture ou un pays : il y a revendication d’appartenance de ces mêmes adolescents.
« Manger à l’école et ses circonstances : apprentissage, culture et santé »
Jesus CONTRERAS HERNANDEZ, Barbara ATIE GUIDALLI et Eva ZAFRA APARICI – Observatorio de la Alimentación (ODELA), Université de Barcelona / www.odela.ub.com
[email protected]; [email protected]; [email protected]
L’inquiétude suscitée par l’augmentation de l’obésité et autres troubles de l’alimentation chez les enfants et adolescents espagnols a conduit à une multiplicité des études pour comprendre le comportement alimentaire de ce groupe. Selon l’hypothèse des chercheurs, la consommation réelle d’un repas et le résultat d’un ensemble de facteurs pouvant influencer les attitudes des écoliers face à la nourriture : facteurs psychophysiologiques (caractéristiques organoleptiques des aliments qui se manifestent au niveau individuel) ; facteurs socioculturels (significations sociales de l’alimentation et des aliments) et l’organisation pédagogique concernant la cantine scolaire (ensemble de règles et pratiques, type et degré d’intégration entre acteurs impliqués). Ainsi, il s’agit d’aborder les dimensions qui leur permettent de comprendre la complexité du « manger à l’école ». On note une perception différente de l’alimentation par les élèves de différents âges (observation directe dans les cantines scolaires) : ‐ Attitude plus critique des adolescents comparé aux préadolescents ; ‐ A partir de 12‐13 ans, les principales critiques portent sur :
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La qualité organoleptique : température des plats souvent inadaptée et monochromatisme, la grande variété en ingrédients est recherchée ; La quantité de nourriture est souvent signalée comme insuffisante : service sans considérer l’âge et le sexe, portions identiques ; Répétition des plats particulièrement au travers des modes de cuisson. Les ½ pensionnaires à régime casher ou halal ne retrouvent pas d’aliments de substitution lorsque le menus des aliments ou modes de préparation inadaptés ; Comparaison constante avec la nourriture « à la maison » jugée plus savoureuse, plus variée et plus « naturelle ». Par ailleurs, les observateurs relèvent : ‐ Organisation du restaurant scolaire : dans certains cas, le service est réalisé 10‐15min avant l’arrivée des plus jeunes convives ; ‐ Caractéristiques environnementales : Bruit : pour le maintien de l’ordre, les surveillants chantent ou applaudissent ; Aspect des couverts et assiettes mouillées provoquent un dégoût ; Surveillance : l’interdiction d’échanger ses composantes avec ses camarades motive ce comportement. Les commentaires des jeunes convives reflètent une phase d’affirmation individuelle et l’autonomisation propre de l’adolescence. Les jeunes enfants ont plutôt tendance à s’exprimer de façon plus positive en relevant par exemple la possibilité de « manger avec ses amis ». Les études doivent donc s’intéresser à de nouvelles approches de santé qui intègrent une « éducation alimentaire » à partir de perspectives interdisciplinaires.
La commensalité : partage, échanges et transmission chez les jeunes adultes
Giada DANESI – Centre Edgard Morin‐IIAC‐ EHESS, Institut Paul Bocuse ‐ Château du Vivier – BP 25‐ 69131 Ecully
L’intervenante a pour ambition de présenter des données recueillies dans le cadre d’une recherche sur les formes de commensalité chez les 18‐25 ans dans 3 pays d’Europe : Espagne, Allemagne et France. L’objectif est de souligner les similitudes et les divergences culturelles dans la dimension sociale de la consommation alimentaire.
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Notion de commensalité : manger ensemble, partager une table, renvoie à la consommation alimentaire mais aussi à la préparation. Dans ce contexte, la commensalité a une structure temporelle (repas et grignotages, quotidien, célébrations…) et une structure spatiale (extérieur, salon…)
Pourquoi les jeunes adultes mangent‐ils ensemble (soirées buffet, restaurant, invitation d’amis au domicile…) ? ‐ Nécessité de se réunir entre pairs autour d’une table ; ‐ Les temps forts (examens, anniversaires…) de leur vie se font autour de la consommation alimentaire ; ‐ Existence de normes partagées, persistance des valeurs de la commensalité : cohésion sociale, socialité et sociabilité.
Comment les jeunes adultes mangent‐ils ? ‐ Similitudes : Contextes très variables : horaires, repas, occasion, lieux ; Nourriture : simple. En général, chacun apporte un met, une boisson, ce qui crée un lien de partage en plus de celui engendré par le fait de se retrouver « autour d’une même table » Interactions sociales : omniprésentes, c’est en grande partie ce qui donne vie au moment et le repas peut constituer un prétexte pour retrouver ces interactions ; Invitation à la maison : pour apéro dinatoire, brunch ou dîner en général ; Manger dans l’espace public ôte le caractère formel vécu dans le cadre familial, cela autorise une grande liberté de circulation, de parole et de temps consacré au repas ‐ Divergences au niveau des pratiques : Horaires des repas ; Fréquence et occasions ; Fréquentation des lieux de restauration ; Structure du repas ; Partage des tâches : les Allemands aiment beaucoup impliquer leurs invités dans la préparation des plats ; Partage des coûts : à Barcelone, en général il n’y a pas de partage de coûts, c’est celui qui invite qui paye, contrairement à la tendance française ou allemande.
SECONDE JOURNEE : Jeudi 2 Décembre 2010
Enfances & Sociologies de l’obésité J.‐P POULAIN – Socio‐Anthropologue, Professeur à l’Université Le Mirail ‐Toulouse
La problématique est posée sous forme de question : « Où est le social dans cette histoire ? ». ‐ L’individu vit dans une famille, une cité. Les médias y contribuent également ; ‐ Un triple point de vue est proposé : Sociologie DE l’obésité : qui permet de comprendre les facteurs sociaux impliqués dans cette maladie ; Sociologie SUR l’obésité : qui soumet une perspective critique de la lecture contemporaine de l’obésité ; Sociologie AU SERVICE DE l’obésité : basée sur des évidences scientifiques. ‐ Si l’on se penchait sur la sociologie DE l’obésité ? De l’obésité aux obésités : Obésité de précarisation Obésité de surpression des modèles d’esthétique corporelle de minceur ; Obésité de transition : conséquence de la transition démographique (1 génération) ou de la transition nutritionnelle ? génération(s) mystère imprévisible
Schéma modifié : La transition démographique (et nutritionnelle)
Pour une meilleure vision de ce que le Pr POULAIN a présenté, ci‐dessus une illustration de base (source : PRB, Internet) complétée (« Besoins énergétiques » ; « Apports énergétiques »).
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‐ Controverses sur l’obésité : En 1998, naissance de l’Indice de Masse Corporelle qui internalise la mesure. Une fixation de frontières entre surpoids et obésité et, subséquemment, une normalisation et une anormalisation du statut pondéral ; A titre d’illustration, deux journalistes américains fixaient, l’un à 26 000, l’autre à 400 000, le nombre de morts attribuables à l’obésité sur une même période… L’impact sur l’espérance de vie fait aussi couler beaucoup d’encre dans des sens inverses ; Par ailleurs, l’enfant obèse se verra‐t‐il forcément doté du même statut à l’âge adulte ? Aussi, on note la subtilité de la mesure de l’obésité infantile avec l’invention de « grades ». ‐ « Qui est le responsable dans tout ça ? » « C’est la faute des Industries Agro‐alimentaires » qui ont l’audace de s’impliquer dans des programmes de lutte contre l’obésité ; L’industrie pharmaceutique ? Les politiques publiques ? « Des personnes obèses ! » (Accusation dite raciste) ; Des parents ? De la presse ? Des acteurs de la mode ?... Selon le Socio‐Anthropologue, « il faut sortir du jeu des chaises musicales, de la responsabilité d’une catégorie d’acteurs, et cheminer vers un partage des responsabilités ». Il souligne l’effet de dramatisation créé d’après lui pour être entendus par les politiques (référence au « discrédit » de l’OMS à l’époque de l’épidémie de grippe H1N1 : le principe de précaution a ses limites). Cap sur les recherches, donc, et les méthodes d’évaluation. Observation subsidiaire :
‐ Il n’existe aujourd’hui qu’un seul outil pour définir l’obésité qui est complexe et aucun scientifique n’ose remettre en cause sa définition.
L’IMC est un outil pratique dans le cadre d’études ou de diagnostics. Il s’agit d’une norme médicale mais on ne peut plus se réduire à cela.
Facteurs socio‐économiques, qualité de la diète et état nutritionnel des
adolescents de la ville de Marrakech Amal LAASSAKRI – Laboratoire des Sciences Semlalia, Université Cadi Ayyad – Marrakech,
Maroc amal‐[email protected]
Les conditions socio‐économiques et socioculturelles familiales dans lesquelles vit l’adolescent pourraient avoir un effet sur la qualité de son régime alimentaire et, par conséquent, sur son
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état nutritionnel. Dans cette perspective, la jeune chercheuse a mené une étude auprès des 12‐18 ans Merrakchi scolarisés. Pour information, la qualité du régime alimentaire hebdomadaire a été estimée par le test KIDMED appliqué uniquement en régions méditerranéennes (cf. annexe « KIDMED en application»). La transition sociodémographique a engendré un changement des modes de vie non négligeable. ‐ Sur l’ensemble de la population testée, on relève 7% d’insuffisance pondérale qui touche particulièrement les adolescents issus de milieux défavorisés (père ouvrier, chauffeur…), le sexe masculin en l’occurrence ; ‐ A l’inverse, 15% sont en excès : 2,5% d’obésité et 12,5% de surpoids, les filles et les adolescents issus de milieux favorisés (père fonctionnaire ou cadre) étant les plus concernés ; ‐ 31% des adolescents testés ont une très mauvaise diète tandis que 16% présentent une diète méditerranéenne optimale ; ‐ Aperçu de quelques habitudes alimentaires : 62% et 70% des adolescents questionnés consomment respectivement des fruits et légumes de manière quotidienne ; 60% pour les produits laitiers ; Les ados de milieux défavorisés ont tendance à consommer, en famille, plus de légumes et de produits laitiers avec une fréquence plutôt régulière du petit‐déjeuner ; Diète méditerranéenne optimale = 17,5% ; Ceux de milieux favorisés sont beaucoup moins assidus au premier repas de la journée, ont un certain attrait pour le sucre et le fast food ; Diète méditerranéenne optimale = 11,8% ‐ Etudes des facteurs socio‐économiques et socioculturels sur la qualité de la diète : Niveau socio‐économique de la famille : père ouvrier ou commerçants, 80% d’ados normopondérés et enfants de cadres supérieurs, 20% d’excès pondéral incluant 40% de très mauvaise diète. Au Maroc, la fonction du Chef de ménage est déterminante ; Niveau d’instruction des parents : mère à niveau secondaire ou plus, 19% de surpoids et obésité ; père de niveau secondaire ou plus, 34% à très mauvaise diète ; Situation familiale résidentielle : familles biparentales – 16% à diète méditerranéenne optimale ‐ ; 1 seul parent biologique – 50% à très mauvaise diète ‐ . Le développement socio‐économique et culturel des ménages, suite à l’urbanisation accélérée, et l’accroissement des revenus ont de profondes répercussions sur l’alimentation (régression des régimes alimentaires traditionnels à base de céréales, tubercules et légumes) et la transition alimentaire qui évolue vers un modèle similaire des pays occidentaux.
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« C’est pas possible de vivre avec cette graisse » ou sémiologie de l’embonpoint et de l’obésité chez les adolescentes françaises âgées de
12 à 19 ans Dorothée GUILHEM – Anthropologue/Chercheur AlimAdos – Unité mixte internationale 3189 « Environnement, Santé, Sociétés » (CNRS, CNRST – Burkina Faso ‐, Université de Bamako –
Mali – et Université Cheikh Anta Diop – Sénégal ‐) [email protected]
Depuis les années 1960, l’adiposité suscite un intérêt scientifique pour les sciences humaines et sociales. Cet intérêt est concomitant avec la croissance du nombre d’individus souffrant d’obésité dans les sociétés contemporaines et avec l’émergence de projets de prévention des politiques de santé publique voulant lutter contre cette « épidémie ». L’Anthropologue propose ici d’étudier les représentations et les significations de l’adiposité pour les jeunes françaises âgées de 12 à 19 ans. ‐ Leur idéal esthétique : Un corps « normal » est caractérisé par un ventre sans rondeur abdominale ; On doit retrouver « un peu » de formes corporelles qu’on localisera précisément au niveau de la poitrine et des fessiers idéalement galbés ; La texture de la peau doit être souple sans disparité en surface ; Un beau corps doit être pourvu d’une quantité de tissu adipeux la moindre. ‐ Caractérisation de l’obésité : Un corps obèse présente des « rondeurs » ; Jugée inesthétique ; Obésité = handicap physique et social ; La morphologie obèse renvoie automatiquement à la maladie ‐ Aussi, elles ne font pas le lien, voire elles l’occultent, entre puberté et prise de poids On notera la stigmatisation esthétique et sanitaire du corps obèse.
Les jeunes en surpoids sont‐ils malades ? Mabel GARCIA – Anthropologue, Professeur à l’Université Rovira i Virgilli – Tarragona,
Espagne ; José Maria COMELLES – Co‐auteur, Professeur à l’Université Rovira i Virgilli – Tarragona,
Espagne mabel/[email protected]; [email protected] ou [email protected]
‐ Vis‐à‐vis de la société, oui, du fait de sa large médicalisation. ‐ Sur le plan moral, elle est aussi vue comme telle car on assiste à une sécularisation du
péché de la gloutonnerie. ‐ Elle est, en outre, considérée comme une transgression. L’excès étant défini avec les
termes suivants (différentes encyclopédies citées) : « quantité au‐delà des limites », « abus », voire même « crime, délit ».
‐ Ces jeunes sont démonisés, coupables, incapables de réguler leurs habitudes alimentaires. Les facteurs biologiques et/ou culturels sont sous‐estimés dans les récits médicaux et le comportement et la responsabilité individuels sont soulignés. C'est pourquoi, l'augmentation de la médicalisation de l'embonpoint, le fait que les personnes obèses soient considérées comme étant malades, n'aide pas à les disculper et renforce leur sentiment de culpabilité.
‐ On peut distinguer 2 types de comportement face à l’obèse : La lipophobie : caractérisée par la recherche et la promotion de la
modération et la tempérance. La minceur est un signe de classe ; Le lipophobisme : qui s’exprime par la discrimination et l’exclusion de
l’obèse. Peut‐on considérer qu’il s’agit d’un produit de la modernité ? ‐ La préoccupation liée à l’effet pathologique que l’obésité pourrait avoir sur ses
victimes ne les incite souvent pas à perdre du poids. Leur décision est plutôt influencée par la volonté de ne plus vivre cette torture culturelle et personnelle.
‐ Méprisés à cause de leurs corps « anormaux » et peu attrayants, la plupart d'entre eux décide de continuer un régime entamé. Une décision légitimée par l'augmentation d’attitudes lipophobistes et des messages d'anti‐obésité. Et ce régime, qui est une initiative provisoire, devient un état qui détermine leur vie quotidienne.
L'embonpoint synthétise finalement un triple échec : personnel, médical et social. Présentation de courts métrages publicitaires pour étayer le rejet de l’obésité et sa pathologisation (images à titre d’illustration):
Pub Dior, J’adore (France) : présentant un corps idéal (Charlize THERON – Mannequin)
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Pub Anorexi bulimi kontakt (Suède) : illustre la pathologisation des excès. (Vision du corps et toucher des ados)
Remarques subsidiaires :
Les vêtements vendus aujourd’hui n’autorisent pas les « gros » à s’habiller (allusion à Zara® et HM®), ce qui renforce cet esprit d’exclusion.
Rapport d’une réflexion d’Annie HUBERT (maillon fort de l’équipe AlimAdos disparu il y a peu) qui souligne le paradoxe : nous sommes dans une société de pléthore, avec des normes de minceur…
Quête de l’équilibre nutritionnel et création identitaire – l’orthorexie, une pathologie du virtuel
Camille ADAMIEC – Doctorante en Sciences sociales – Laboratoire Cultures et Sociétés en Europe, Université de Strasbourg, CNRS
La médicalisation de l’alimentation se substitue aux raisons gastronomiques ou symboliques, sur lesquelles s’articulent les décisions alimentaires, des raisons d’ordre médical. Le souci de santé fait déraper le mangeur vers des pratiques qui paraissent garantir son intégrité corporelle (régimes, végétarisme, végétalisme), donnant lieu notamment à un nouveau type de « maladie » nutritionnelle – « l’orthorexie ». La Doctorante en Sciences sociales a travaillé à partir de lectures sur des forums Internet.
Définition et caractéristiques de l’orthorexie : ‐ Obsession, fixation quotidienne sur l’alimentation saine, préoccupation par la qualité des aliments incessante avec planification ;
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‐ Dans cet esprit, se forge une éthique alimentaire, l’orthorexique en tire un plaisir spirituel ; ‐ Elle intègre cette quête sans fin du bien‐être par la raison alimentaire qui apparaît également à travers l’émergence de la diffusion « d’objets‐santé » aux vertus bienfaitrices tel l’alicament ; ‐ Elle promet au mangeur obnubilé 4 grandes valeurs : Purification : purge rédemptrice ; Légèreté et transparence : flotter librement, être un pur esprit ; Contrôle des entrées et sorties ; Rigidité : aménagement minute par minute de l’alimentation, puissant sentiment de maîtrise et de contrôle ‐ Conséquences sociales : isolement, désocialisation, développement d’une supériorité.
L’espace virtuel : ‐ Les corps s’effacent au profit d’une exposition des « soi » pour se créer une identité alimentaire et des pratiques culinaires ; ‐ Avec l’écran, il ne s’agit plus seulement de se voir différent mais aussi de « manipuler » ses interlocuteurs en s’imaginant et se créant une ou plusieurs identités (avatars) ; ‐ Pour les ados, la communication à distance devient une forme de socialisation à part entière. L’orthorexie induit un comportement à conséquence désocialisante dans la vie réelle mais la vie virtuelle permet de compenser cet aspect par la création d’identité(s) infiniment caractérisables et forgeables. Question subsidiaire : ‐ L’orthorexie touche‐t‐elle plus les ados ou les adultes ? Pas de précision, la Doctorante n’a pas encore exploré cette question, le contact n’ayant été que strictement virtuel, les informations qui accompagnent le pseudonyme des communicants sur les forums ne sont pas fiables.
Une seule norme en vigueur pour de multiples pratiques : comment le vivent les adolescents ?
Aurélie MAURICE – CERLIS : Centre de Recherches sur les Liens Sociaux (UMR 8070), ALISS : Alimentation et Sciences Sociales – Université Paris Descartes
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Il n’est peut‐être plus la peine de rappeler quels sont les messages nutritionnels diffusés à la télévision et sur les affiches publicitaires tellement ils sont connus de tous. Messages diffusés par le PNNS à l’ensemble de la population française, de manière indifférenciée, quelque soit le récepteur du message. Or, comme le dit le Pr CORBEAU, « si les informations sont globalisées sous le prétexte de toucher le maximum de personnes, est‐on certain d’être bien entendu ? ». Ces messages sont bien intégrés par certaines tranches de la population, notamment la plus diplômée, tandis que de l’autre côté, dans une tranche plus défavorisée, les directives restent opaques voire contradictoires avec le système de pensée des familles. L’adolescent doit composer entre les différents discours sur l’alimentation qui arrivent à ses oreilles pour construire sa propre identité alimentaire. L’intérêt de cette présentation est de voir comment la diversité des pratiques adolescentes fait face à une norme unique et comment les adolescents vivent l’incohérence entre normes et pratiques en particulier. (Etude en Zone d’Education Prioritaire – entretiens avec parents et enfants). ‐ D’une part, la norme d’équilibre alimentaire est véhiculée par l‘INPES , d’autre part, l’alimentation adolescente est associée à la junk food ; ‐ On remarque une uniformisation des pratiques alimentaires : kebab, KFC ®… Bien que dans le même temps, on souligne la pluralité des ados dans leurs pratiques diverses (cultures et goûts personnels variés) ; ‐ On distingue les familles dont les pratiques alimentaires concordent avec celles du PNNS et celles dont les pratiques répondent à d’autres normes (milieux défavorisés en l’occurrence, ex. : discours centré sur la notion de réplétion) ; ‐ Place de l’adolescent entre normes et pratiques familiales : Concordance normes PNNS – pratiques familiales, 2 cas de figure :
L’ado va à l’encontre des normes familiales REBELLION (écoute ses préférences alimentaires) ;
Il contribue à ce qui est dit par le ou les parent(s).
Discordance, 3 cas de figure : Le jeune mangeur répète des messages nutritionnels qu’il a incorporés ;
Il intervient pour rappeler les normes en vigueur ROLE DE PRESCRIPTEUR ;
Il critique les choix alimentaire de ses parents ROLE DE MORALISATEUR. (ex. d’une jeune fille qui rappelle à sa maman que manger des frites 2 fois par semaine, c’est mauvais pour la santé)
‐ Degré de sensibilité aux normes PNNS variable, les garçons étant généralement moins attentifs. Pour exemple : le repère 5 fruits et légumes par jour est très bien connu, il est important pour certains et mis à distance par d’autres qui pensent que « C’est abusé » ou encore que « Ca sert à rien » ; On constate par ailleurs, une inquiétude vis‐à‐vis de la notion de portion ;
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‐ Une alimentation familiale rassurante : les parents paraissent globalement soucieux de l’alimentation de leurs enfants et ces derniers se trouvent rassurés pour la plupart de savoir que leurs parents veillent à leur alimentation. ‐ On relève une grande diversité de situations familiales et donc de pratiques. Aussi, il est intéressant de citer l’uniformisation bipolaire adolescente : normes PNNS – normes junk food.
Les diversités alimentaires chez les adolescents Virginie MASDOUA – Diététicienne Anthropologue, Chercheur associé à l’UMR 6578 – Unité
d’Anthropologie Bioculturelle (CNRS‐EFS‐Université de la Méditerranée) ; Dominique VALADIER – Chef de cuisine – Lycée L’Empéri – Salon de Provence ;
J.BILOUNGA – Etudiante en licence de nutrition humaine – Université de Montpellier [email protected]
Une publication de l’InVS s’intéresse aux « mauvaises » habitudes alimentaires des adolescents (quotidien du médecin, 13 Avril 2010) : « Selon des données recueillies dans le cadre d’enquêtes menées en milieu scolaire parmi les élèves de classe de 3è en 2003‐2004, près de 2/3 des 14‐15 ans ne consomment pas de fruits ou de légumes tous les jours ». Face à des tendances de consommation, l’intervenante Diététicienne Anthropologue est d’établie un état des lieux des habitudes alimentaires de lycéens. L’enquête s’est établie sur la base d’un questionnaire proposé par l’INSERM. Le détail des résultats (en fonction de la saison, du sexe et du repas) est disponible sur demande. ‐ Un restaurant scolaire qui offre une diversité alimentaire : Recettes élaborées par l’équipe de restauration ; 15 entrées servies à volonté – 3‐4 plats protidiques à base d’une même viande – Légume ou féculent – Produit laitier ou fromage toujours à la coupe – 80% de produits frais, viande comprise (carcasses) ; ‐ Il ressort de l’enquête : Une diversité, voire une complémentarité alimentaire entre déjeuner et dîner ; Les adolescents élisent plus les crudités et la salade le midi que le soir. Par contre, ils sont le même nombre à prendre des légumes cuits à midi et le soir. La consommation en légumes secs reste globalement modérée à tout moment ; Le choix des fruits est nettement plus élevé à midi par rapport au soir chez les filles ; Le soir, ils prisent davantage les laitages que le midi ;
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Pour les sodas, seule une minorité en boit quotidiennement, la boisson première reste l’eau. Des choix alimentaires des lycéens se dessinent progressivement et signent la création d'une identité sexuelle. Des préférences variables avec les saisons ont aussi été constatées. Dans cette étude, il apparaît qu’une majorité des adolescents mangent des fruits, des légumes et des produits laitiers tous les jours. Ces résultats mènent à émettre l’hypothèse suivante : le restaurant du lycée inciterait à manger davantage de crudités et de salade. En effet, on relève un certain nombre de leviers de la part du Chef qui pense qu’ « il faut que ça pète dans les assiettes ». Le professionnel s’intéresse aux arts culinaires, réalise des animations autour de thèmes comme les fromages et se fait livrer des produits frais tous les matins qu’il travaille avec des outils performants de base, sans compter la grande variété proposée notamment au niveau des entrées. Ses principes : sollicitation et invitation à goûter.
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TROISIEME JOURNEE : Vendredi 3 Décembre 2010
Identifications plurielles et perceptions de l’alimentation des 9‐12 ans Emilie SALVAT – Laboratoire CERMAHVA – Université François Rabelais, Tours
S’alimenter, manger est un acte universel quotidien pour l’être humain. Cet acte, évident en apparences, comporte une série de conduites complexes. Les manières de se nourrir sont apprises et correspondent au processus de socialisation de l’individu. Et le rapport à l’alimentation d’un individu sera inhérent à ses représentations de l’alimentation, l’inscription de l’aliment dans un contexte (institutionnalisé, familial, transgressif) ainsi que les interactions autour de cet acte. L’objet de cette communication est de montrer par l’approche sociologique comment ces pré‐ adolescents perçoivent l’alimentation, surtout comment leurs rapports à l’alimentation s’insèrent dans des identifications plurielles et variées.
Déterminants des perceptions et pratiques liées à l’alimentation : ‐ Transmissions socioculturelles : Transmission familiale : institution de codes règles de conduite à table, choix des aliments, produits BIO, faits maison. Exemple : habitude de manger du fromage ou un laitage après le repas principal ; consommer plutôt du lait de vache ou de soja ; Empreinte culturelle expériences de préparation culinaire, métissage alimentaire. Exemple : Arno aime les plats africains de sa grand‐mère et les spaghettis ; Média, école, famille : alimentation, santé et excès notion de risque vis‐à‐vis des produits gras et sucrés ; connaissance de certaines valeurs nutritionnelles et de normes corporelles (les filles notamment); lourde influence du PNNS ‐ Interactions sociales: Le pré‐adolescent devient acteur en incorporant (ex. : mise en bouche et rejet qui renvoie aussi à une transgression) l’aliment et en le modifiant : confection, manipulation (découpage, mélange, séparation des aliments). Ces pratiques alimentaires ludiques, et donc cette participation active, favorisent la prise alimentaire. Le pré‐adolescent n’est donc pas seulement une éponge mais participe par une multitude d’expériences et d’interactions à son rapport à l’alimentation. Ces différents aspects contribuent à la construction identitaire en tant qu’être social autonome et mangeur pluriel. Remarque subsidiaire : ‐ Les ados sont très attachés à « Qui » a préparé leur repas. En restauration collective, certains pensent que « les plats ne sont pas faits pour [eux] », ce qui explique en partie leur rejet.
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Manger halal : critique d’un imaginaire oriental au profit d’une patrimonialisation alimentaire
Christine RODIER – Doctorante, Chercheur AlimAdos – Laboratoire « Cultures et Sociétés en Europe », Université de Strasbourg, CNRS
Le regard porté sur l’alimentation des populations dites « immigrées » repose encore largement sur l’image stéréotypée d’un « Orient fantasmé » et par conséquent, exotique. L’objectif de la Doctorante dans cet exposé est de comprendre comment, à travers la consommation de produits halal, de nombreux adolescents interrogent les pratiquent alimentaires de leurs parents, et l’ »exotisme » dont celles‐ci font l’objet tant de la part des grandes surfaces que du regard porté par les « autres », désignant les « Français » par certains adolescents. 3 types d’éléments ont été sélectionnés par des adolescents rencontrés dans le cadre du programme AlimAdos pour répondre à ces questions : 1. Les catalogues publicitaires distribués par les grandes surfaces au mois de Ramadan : Selon eux, « ça ne correspond pas au vrai » ; On dénonce une stéréotypisation de la population musulmane ; Il y a exagération du pôle « Oriental » en substituant le mot « Orient » à celui de « Ramadan » ; Les parents auraient des attitudes folkloriques et parce que « ça fait marocain », par exemple, ils consomment. 2. La théière, présente sur la table su salon à chaque arrivée de convives et renvoyant au rituel du thé à la menthe : A travers l’objet les parents pensent représenter le Maroc ; Le thé vient à symboliser davantage une pratique traditionnelle que quotidienne ; 3. Le saucisson halal, largement affectionné par les ados : Ne participe pas à une « folklorisation de l’aliment » à la différence du couscous ou du thé. Il ne fait pas référence à un « ailleurs » et à un « là‐bas » ; Objet d’un processus d’homologation L’oratrice propose une typologie des mangeurs de halal : Profil 1 : le halal est un moyen d’incorporer de nouveaux aliments. Les partisans de cette première catégorie sont fidèles à leur groupe d’appartenance et adhérents au processus de patrimonialisation des aliments ; Profil 2 (garçons de 13‐17 ans en l’occurrence) : mangeur identitaire, mange halal pour être un bon musulman. Mise en avant du halal ;
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Profil 3 (jeunes filles de 18 ans en particulier) : opposition à la folklorisation (les produits « halal » sont purement « folklo »), leur confession musulmane fait puissamment partie de leur identité. Recherche d’authenticité, de sacré et de spiritualité. Recherche de frugalité plutôt que de produits « halal ».
Mutations des pratiques de transmission et d’apprentissage, culinaire et alimentaire, dans les familles ouest‐africaines à Marseille
Julie LIORE – Anthropologue, Chercheur AlimAdos au sein de l’UMR 6578 – Unité d’Anthropologie bioculturelle (CNRS‐EFS‐Université de la Méditerranée), 43 rue Jaubert 13005
Marseille [email protected]
Cette communication s’inscrit dans le vaste champ des pratiques culinaires et alimentaires, et cerne en particulier le processus par lequel celles‐ci sont transmises de manière verticale (entre générations) et horizontale (au sein d’une même classe d’âge). Il s’agira de montrer les mutations (sur les dix dernières années) des pratiques de transmission d’une part et d’apprentissage d’autre part, autant culinaire qu’ alimentaire, dans les familles ouest‐africaines à Marseille, et la façon dont ces pratiques évoluent. ‐ La migration a entraîné de profondes mutations tant au niveau des contenus transmis que des habitudes alimentaires des familles : On relève une réciprocité transmissive : mère → fille pour les spécialités subsahariennes et fille → mère pour les plats dits « français », notamment les spécialités pâtissières. En fait, tout ce qui n’est pas « africain » est « français » et « simple et rapide » (pâtes, purée, omelette…) ; L’apprentissage, en termes de préparations culinaires africaines, démarre par les « sauces » qui correspondent ici à des garnitures diverses et variées à base de légumes et à niveau de complexité plus ou moins élevé, qui accompagnent un aliment de base : le riz. Quand elles grandissent, les jeunes marseillaises apprennent d’elles‐mêmes, ou entre sœurs, ou encore entre amies, à concocter des plats « français » plus élaborés du type gratins…. Cependant, elles ne manquent pas d’ajouter une touche d’épices notamment le KUBOR® pour en relever le goût de base, plus plat comparé aux plats traditionnels ; L’accès à d’autres moyens d’apprentissage culinaires (l’Internet par ex.), l’influence de la restauration scolaire et le manque de temps ou de motivation pour la cuisine « africaine » constituent des arguments justifiant ces mutations. ‐ En revanche, les modalités de transmission perdurent, tout comme l’apprentissage qui, bien que tardif et incomplet, demeure fondamental : En effet, comme l’a soulignée une maman, « il faut garder la culture », ce qui explique que la cuisine d’origine soit présentée à l’enfant dès son plus jeune âge ;
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Cette transmission est « importante » pour les jeunes adolescentes (les garçons constituant une infime minorité), mais pas dans l’immédiat ; Savoir cuisiner à la mode du pays d’origine constitue un accomplissement, un passage d’un statut à un autre dans le groupe communautaire. Ces dix dernières années, les pratiques culinaires ont subi de grandes transformations, liées notamment à un nouvel emploi du temps qui compte de nouvelles activités, de nouveaux intérêts (sorties, ordinateur…).
Les repas de fête : des repas importants dans l’acquisition des savoir‐faire et des savoir‐être des adolescents
Marie‐Pierre JULIEN – Anthropologue, Chercheur AlimAdos, Post‐Doctorante – Laboratoire « Cultures et Sociétés en Europe » (Université de Strasbourg, CNRS), Strasbourg
Tout comme l’alimentation quotidienne construit physiquement et socialement les individus et, bien sûr les adolescents, les repas de fête sont des moments où chacun se positionne par rapport à un groupe par sa forme de participation adhérant, transformant ou rejetant les pratiques alimentaires communes à travers la préparation et la consommation de nourriture. L’objectif est d’aborder la question de la transmission des « traditions culinaires festives » et de l’actualisation continuelle des cultures alimentaires mais aussi celles de la construction des identités adolescentes dans ce partage de préparation et de dégustation alimentaires. Quelques exemples concrets : ‐ Les jeunes filles d’origine maghrébine interrogées paraissent très impliquées dans les préparations culinaires propres au repas de l’Aid. En effet, pas question de rater un repas familial de la plus haute importance. Le jour J, la table doit être parée de gâteaux divers et variée que l’on s’applique à préparer quelques jours avant. Elle doit être joliment garnie. Néanmoins, ce n’est par pour autant que les mets seront consommés « pour ne pas grossir » ;
‐ Pour certains (témoignage d’un jeune garçon), 3 jours pendant lesquels la maison est pleine (période du grand Aïd), « ça soule » ; ‐ Les moments de fête intègrent dans certains cas une préparation physique en général bien acceptée et appliquée par les ados qui l’incluent chaque année dans leurs pratiques, leurs mœurs : Jeune roumain de confession catholique dont la famille et lui‐même jeunent quelques jours avant Noël dans l’optique de se préparer. Préparation pour être plus calmes pendant ces fêtes de fin d’année qui occasionnent de grands repas incluant une modification de l’espace (beaucoup de monde à la maison). Par la même, cela permet de « mincir avant de manger beaucoup » ;
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A l’occasion de l’Aïd fêté deux fois par an (« petit Aïd » qui vient clore la période de Ramadan et « grand Aïd » encore appelé « Fête du mouton »), la tradition veut que les enfants soient vêtus de nouveaux habits. L’enfant interrogé à ce sujet s’enthousiasme à cette idée ; la majorité des ados conserve ce rituel. A travers des acquisitions de savoir‐faire et savoir‐être précis lors du repas de fête, les adolescents se construisent, les situations identitaires étant multiples. Ils acquièrent des techniques et les transforment, ils sont des maillons de transmission et de modification de la culture du groupe qu’il soit familial ou générationnel.
Repenser la « roue d’engrenage » Les alimentations adolescentes au carrefour des cultures, des corps et
des affects Nicoletta DIASIO – Anthropologue, Enseignant‐Chercheur, Co‐Directrice scientifique AlimAdos
– Université de Strasbourg, Laboratoire « Cultures et Sociétés en Europe » (UDS, CNRS) [email protected]
La notion d’ « homme total » (notion sociologique) souligne l’importance d’une roue d’engrenage dans l’articulation du biologique et du social. Cette anthropologie en quête de l’ « homme total » implique une reconsidération des affects et des sens dans les pratiques d’incorporation. La conférencière précise que le terme « affects » renvoie au lien entre sens et sentiments. ‐ L’alimentation des adolescents ne se limite pas à la triade « pizza‐hamburger‐kebab ». Si ces aliments sont prisés dans le contexte d’une consommation entre pairs, de rue ou dans les occasions extraordinaires, d’autres situations sociales et d’autres contextes donnent lieu à une description détaillée des mets, techniques de préparation, ustensiles de cuisine dans lesquels la précision des sensations évoquées se sépare difficilement d’une évocation des liens affectifs unissant différent membres de la famille ; ‐ Ces descriptions se déclinent à travers 3 modalités : Les « circonstances d’empreinte » : c’est‐à‐dire les lieux de fabrication d’une culture commune, ex. : la cuisine ou le potager ; Les ressemblances entre personnes appartenant à une même parenté : en d’autres termes, la compatibilité des goûts et dégoûts où la famille a une importance particulière, ex. : choix des fromages et produits laitiers ; Les souvenirs d’enfance où priment la description de plats et des manières de les préparer. Affects activés dans le cadre de pratiques corporelles précises ainsi que par leur association avec des objets (moule, louche…), ou matières (textures, saveurs…). On remarque l’association récurrente des grands‐parents dans ces souvenirs. Ex. : cas d’un
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adolescent qui se souvient du croustillant des épinards et du velouté de la crème que préparait sa grand‐mère. Sensorialité (fortes précisions des sensations) et sentiments (relationnel, moment partagé) sont de forts composants de l’affect. Même en étant « saturé » par l’environnement familial, l’adolescent ne coupe pas les liens avec sa famille. L’affect apparaît comme un déterminant fondamental de l’alimentation adolescente. Clôture par Véronique PARDO : Remerciements aux conférenciers et à l’ensemble des participants d’horizons divers (diététiciens, nutritionnistes, chargés de projets…).
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Conclusion
l n’est pas hasardeux que l’on ait démarré avec un tel intitulé… ALIMENTATIONS ADOLESCENTES. Le maître mot de ce colloque a bien été « pluralité ». Une pluralité qui concerne des adolescents de différents continents, au travers desquels transparaît un esprit
similaire, en quête d’une identité alimentaire, plongé dans un univers riche d’influences, complexe.
I Une substantielle expérience, très constructive, qui ouvre bien des pistes de réflexion…
Fedoua SALIM Diététicienne Coordinatrice CAAPS