C. Grenier Arts de l’espace 2011-2012

LA CINEMATHEQUE FRANÇAISE, un bâtiment inscrit dans son quartier

Créée en 1936, la Cinémathèque française a plusieurs missions : - conserver, restaurer les films (l'origine de la Cinémathèque remonte à 1935 lorsque Henri Langlois et Georges Franju qui, depuis des années, récupéraient et sauvaient de vieilles copies de films, créèrent un ciné-club intitulé le Cercle du cinéma, pour montrer et faire connaître les œuvres du passé) ; - collecter et exposer le patrimoine cinématographique (collections permanentes, expositions temporaires) - montrer les films et transmettre un goût pour le cinéma (4 salles de projection, espaces pour les activités éducatives et les expositions temporaires). Un bâtiment à deux visages

L’architecte : l’américano-canadien Frank Gerhy (né en 1929) considéré comme un des plus importants architectes vivants. Ses constructions sont généralement remarquées pour leur aspect original et « tordu ». A l’origine : le bâtiment est construit pour accueillir l’American center (fondation destinée à accueillir des artistes américains). Ouvert en 1994, il ferme ses portes deux ans plus tard (le quartier, en pleine restructuration, n’est pas encore correctement desservi par le métro). Le réaménagement : pour répondre aux besoins de la Cinémathèque, le bâtiment a dû subir des transformations intérieures (et de lourds travaux). Le bâtiment est ouvert au public en 2005. Côté rue : pour la rue de Bercy, le règlement d’urbanisme prévoit que tous les bâtiments suivent la même ligne. Frank Gehry a été obligé de composer une façade linéaire, en alignement avec les autres bâtiments. Exploitant la contrainte jusqu’au bout, les fenêtres en accentuent la rigueur. Côté parc : Gehry a laissé libre cours à son imagination. Il joue avec les volumes éclatés et la lumière (fenêtres, grandes baies, balcons, etc.) Le cœur du bâtiment. C’est un hall-mezzanine monumental, point de départ des deux colonnes principales (l’une aveugle, l’autre entièrement vitrée dans sa partie haute, éléments caractéristiques du travail de Gehry sur les contrastes).

La décoration des baies vitrées. C’est un hommage à Étienne-Jules Marey (1830- 1904), un pionnier de la photographie et précurseur du cinéma. Il a notamment mis au point le fusil photographique qui permet de prendre des photographies d’un être humain en mouvement.

Le quartier. Le bâtiment de Frank Gehry s’inscrit dans le plan urbain de développement du sud -est de Paris (découpé en deux parties : Bercy Seine Rive Droite / Masséna Seine Rive Gauche).

Le projet d’aménagement s’est construit autour du parc de Bercy. A ses extrémités : la cour Saint-Emilion et le Palais omnisport de Paris Bercy (POPB). La passerelle Simone de Beauvoir (2006) relie le parc de Bercy à la BNF. Elle évoque une « libellule » qui vient se poser sur la Seine. Le parc est divisé en 3 parties:

- devant le POPB, « les Prairies » : de vastes pelouses qui ouvrent la perspective vers la BNF ; - au centre, les « Parterres » : les chemins se resserrent et dessinent des potagers pédagogiques; - du côté de la cour Saint-Emilion, un « jardin romantique » termine le parc (petits chemins et cours d’eau,

« maison du las »). Le parc est nommé « les jardins de la mémoire » est à la frontière entre les quartiers historiques et le Paris du XXI° siècle. Les traces du passé aristocratique et vinicole du quartier : les petites maisons (rue de Bercy), les rails des anciennes voies ferrées (qui servaient au transport des tonneaux de vin), les deux rangées de chais de la Cour Saint-Emilion (classés à l’inventaire des Monuments historiques) abritant le centre commercial « Bercy village » ou le petit chai de Bercy le long des potagers, les 400 arbres conservés qui ramènent au temps du domaine aristocratique des XVII° et XVIII° siècles (il existait un château de Bercy construit au XVII° siècle avec un parc aménagé par Le Nôtre et qui fut détruit au XIX° siècle).

L’idée de l’ancien et du moderne est associée aux lieux de mémoire comme la BNF et la Cinémathèque, situées en face l’une de l’autre de chaque côté de la Seine. Donner accès à un patrimoine ancien dans des bâtiments contemporains évoque une culture vivante, toujours en cours. Autre ex : la pyramide du Louvre.