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jorge-rojas
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Par choix ou par besoin, des personnes aux parcours très diverses ont installé leur caravane, leur chez-eux, dans une parcelle du camping la Cala. Un plan «Habitation Permanente» visant à améliorer leur situation sociale, souhaite les reloger dans un logement salubre. Mais quel est le point de vue des habitants du Camping sur leur lieu de vie? Que pensent-ils de leur qualité de vie et de leur environnement d’habitation? Quels sont leurs souhaits pour l’avenir? Ensemble, au cours d’un atelier, ils ont exploré des thèmes tels que la cohabitation, le territoire, la mémoire… Par rapport à ces thématiques, ils ont réalisé des prises de vue qui expriment leurs pensées et leurs sentiments et ils ont partagés leurs histoires personnelles et collectives. A travers ces photos et ces témoignages uniques, cette publication vous invite à connaître ces résidents du camping, leur point de vue sur leur caravane et leurs perspectives d’avenir. Jorge Rojas-Castro
Habiter genappe
Comme point de dpart du projet, cette question apparemment simple : Questce que cela reprsente pour vous dhabiter ici ? . Habiter, cela nous concerne priori tous. Comme respirer, se nourrir ou rver, habiter est une fonction vitale pour lindividu. Personne ne peut avancer quil manque de comptence, dexpertise ou de savoirfaire pour sapproprier ce sujet. Pass cette gnralit, on saperoit que la notion dhabiter englobe de multiples ralits et ressentis. Habiter un endroit, dans une ville ou un village, cest avoir un lien avec ce territoire, ses chemins, ses rues, ses paysages, ses infrastructures Cest entretenir (ou non) des relations avec ses voisins. Cest galement se dfinir une identit ( Je suis genappien depuis toujours , Je suis une pice rapporte, mme si je me sens de Glabais , Je ne suis pas dici ). Cela parle de lhistoire personnelle de chacun, des trajec toires de vie. Mais habiter, cela fait aussi rfrence notre relation lintime, nos espaces privs que lon dcore et qui nous ressemblent tant (ou pas du tout). Enfin, cette thmatique a un aspect plus collectif, sociologique, dans le sens o elle concerne aussi la structure et le fonction nement de la socit et o elle questionne le vivre (tous) ensemble. Dans une Province o il fait bon vivre mais o laccs la proprit (et parfois au logement tout simplement) pose problme certains les jeunes mnages, les personnes isoles ou moins favorises , les familles monoparentales il nous a sembl que prendre le temps dexplorer cette thmatique promettait de riches dcouvertes. Et nous ne fmes pas dus
En mai 2010, un projet qui allait porter le nom gnrique dHabiter Genappe germait au sein des quipes des Centres culturels de Genappe et du Brabant wallon et du CEC Les Ateliers du LzArts. Aujourdhui, cest dire presquun an et demi plus tard, une publication voit le jour et retrace le chemin parcouru entre le germe de lide premire et ses nombreuses ralisations : des photos, des tmoignages, des rencontres, des rcits de vie, des expressions et des sensibilits multiples. Le chemin ne fut pas toujours trac en ligne droite mais, comme dans les paysages de Genappe, il a souvent dbouch sur des horizons larges et prometteurs.
Pourquoi sattarder sur cette thmatique ?
Habiter Genappe, quelque chose a eu lieu.
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Cette publication entend donc donner un aperu du projet Habiter Genappe. Les photos et les textes sont le fruit dune slection car il ne nous aurait pas t possible dtre exhaustif, tant la matire qui en jaillit tait abondante. Nous navons cess, en tout cas, de mettre notre nergie restituer le plus fidlement possible les paroles que nous avons suscites et qui se sont exprimes. Et, comme on limagine aisment, sil reposait sur lexpression individuelle des habitants, ce projet a rassembl beaucoup de monde, audel des participants et des artistes. De nombreux partenaires, sans limplication desquels les intentions de dpart nauraient pu se concrtiser sur le terrain, ont accept de se joindre laventure. Que tous soient ici remercis pour leurs contributions classiques (apport de moyens humains, techniques, financiers). Et, en guise de remer ciement plus inhabituel, nous leur avons propos de nous livrer un petit crit, en sinspirant de photos ralises durant le projet. Ces textes, hors des sentiers battus des discours institutionnels, sont rassembls en fin douvrage. Enfin, si la ralisation dun tel projet demande parfois de ngocier entre lhistoire intime et le discours social et si son impact nest pas quantifiable comme le serait le rsultat dune exprience en sciences exactes, on peut esprer nanmoins quun dplacement mme minime des points de vue des uns et des autres aura eu lieu, grce une meilleure connaissance rciproque. Car il aura fallu du temps, des doutes, des questions qui restent sans rponse mais quelque chose a eu lieu ! Et ce livre souhaite en conserver la mmoire.
En tant quoprateurs culturels, nous avons utilis les moyens qui nous sont familiers. Concrtement, travers ce projet, cest lexpression des habitants de Genappe que nous voulions susciter. A notre manire, cestdire en donnant la parole, en posant des questions, en suscitant des rflexions, en utilisant des appareils photo ou dautres canaux artistiques. Nous nous sommes rapidement rendu compte que les points de vue taient multiples et parfois contrasts. Alors que certains parlaient du plaisir de vivre depuis longtemps un endroit devenu familier, dautres sexprimaient sur lincertitude de lavenir et sur le droit au logement. Et tous ces points de vue, en sexprimant, prenaient une existence que nous ne pouvions plus ignorer. Comment porter toutes ces paroles dans lespace public ? Et comment, galement, crer des rencontres entre tous ces points de vue, malgr de parfois trs nettes divergences ? Comment prcisment transformer les divergences en points de contact ? Des artistes ont accompagn le processus afin de permettre aux participants de donner une forme visible et durable ce quils avaient nous dire. En mettant disposition leurs comptences techniques et professionnelles, ils ont emmen les participants dans des dmarches cratrices et porteuses de sens. Les artistes ont galement uvr ce que ce projet ne soit pas que celui des cultureux , pour quil devienne aussi celui des habitants.
Laisser une trace, entre lindividuel et le collectif.
Comment sy prendre ?
Sophie Vandepontseele Prsidente du Centre culturel de Genappe
Bernadette Vrancken Animatrice-directrice du Centre culturel de Genappe
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Les textes (et les photos) ont t raliss partir dentretiens prliminaires avec les participants et de lanimation de clture lors de laquelle ils ont valu latelier, ainsi qu partir du contenu mme de latelier : comportements, motions, rflexions et photographies. Lors des discussions, les participants ont mesur des lments sur une chelle de zro dix. Ils ont rpondu des questions suscitant limagination (lle dserte, lexplorateur) et des questions sur la ralit (leur habitat, la photographie). Lassociation dun outil de stratgie de changement (lexplorateur) et dun outil artistique (la photographie) visait ouvrir un champ socioartistique participatif, qui soit la fois introspectif et dynamique, individuel et collectif, subjectif et objectif. Mener une mission photographique sur leur territoire de vie a donn aux participants loccasion de bnficier dun rel apprentissage artistique, de mener une rflexion sur euxmmes et leur environnement et de changer de point de vue.
milie Danchin
Hors de
[cHez] soi
genappe
Look, C. na pas dhabitudes particulires la maison. Par contre, la manire dont il a dcor son environnement lui ressemble. Il explique quil ne se sent pas bien sans sa musique et sa dcoration gothique. Tout est donc trs gothique chez lui, les objets (des pier-res tombales dHalloween, des crnes, des bougies mauves, etc.), les tentures noires, ses vtements Tout est noir et mauve. Il considre que son univers lui ressemble, mais moiti 05 | 10 et il se cantonne dans le coin le plus loign des murs et des meubles de cuisine blanc prs des deux fentres aux tentures noires fermes. Ce qui est le plus agrable dans son univers est la musique 07 | 10.
En mme temps, C., 41 ans, adore sortir dans les bois, aller dans les cimetires et visiter des sites architecturaux. Son univers stend donc virtuellement au travers dinternet et rellement au travers de son got pour les promenades. Pour C., lhabitat idal 10 | 10 serait un manoir lentre dun bois avec une belle vue, un peu retir Et linhabitable 00 | 10 serait un endroit dans le centre-ville de Bruxelles ou de Charleroi. C. situe son habitat actuel entre 8 et 9/10.
C. a jug que faire de la photo est difficile 06 | 10 car il faut trouver le bon rglage et la bonne exposition. Malgr ses rticen-ces par rapport au noir et blanc, C. a finalement pens que cela donnait trs trs bien, parfois mme mieux quen couleur . Il sest senti laise 10 | 10. Lorsquil fait de la photo, il ne pense rien dautre. Il ose tout en photo et il trouve que cela cre du lien avec les autres qui se posent des questions sur ce que le photo-graphe est en train de fabriquer.
Hsitant entre des photos frontales darchitecture la Bernd et Hilla Becher et un point de vue plus sensible sur la nature et les fermes des environs, il nous offre de belles images de faades avec des avant-plans verdoyants. Il aime beaucoup la photo de la rivire qui serpente entre les arbres 10 | 10.
A 57 ans, G. habite Genappe depuis toujours. Il vit seul dans une maison de famille trois faades, trs ancienne. Manuel, il la rnove lui-mme en privilgiant lefficacit, le minimalisme et le juste ncessaire avant de faire joli. Cette maison est sa premire demeure et il compte y rester. Il ne voit pas lintrt den chan-ger. Quand il la rcupre, la maison tait remplie dun brol incroyable , quil a d dgager. Il a conserv quelques meubles qui valaient la peine et les a dcaps
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G. considre que lon peut dire Jhabite, donc je suis partir du moment o lon est propritaire. Ttu et volontaire, il trouve que sa maison lui ressemble 07 / 08 | 10 mme si elle est en dsordre et dailleurs, cela le regarde Le fait dtre chez soi sans devoir rendre de compte personne est un luxe, auquel G. est trs sensible. Cela lui apporte la possibilit de faire ce quil veut quand il veut et une considrable tranquillit. Cest principalement ce qui rend sa maison la plus agrable 07 | 10, malgr les travaux res-tants et parce quil y a toujours quelque chose amliorer
G. a un chat quil emporterait contre toute autre chose sur une le dserte. Les travaux sont ce quil y a de plus dsagra-ble 03 | 10, sans que cela ne le perturbe plus que cela. Manuel et pragma tique, sa maison lui apporte confort et srnit. Quoique bavard, volontiers blagueur et sociable, il reoit peu chez lui. Le contact social a lieu en dehors de la maison. Cohrent avec lui-mme, G. trouve que linhabitable 00 | 10, cest tre en prison et lhabitat idal 10 | 10, une villa sur une le dserte ! Comme il est optimiste, il met 8/10 sa maison actuelle.
Ni pour, ni contre le noir et blanc, il profite de latelier pour repcher ses deux appareils argentiques et sy remettre avec le sourire. Il redcouvre le noir et blanc, notamment les effets de contraste, les effets de matire sur les pavs, les chemins qui serpentent, la terre, les arbres, les joncs, les sculptures religieuses et le site de la Sucrerie. G. est fier de participer une exposition et se demande comment le public accueillera leur travail.
A la fois ptillante et mfiante, M. a eu envie de participer latelier pour faire des sorties, mais ne simaginait pas faire de la photo car elle avait seulement fait quelques photos en ama-teur plus jeune et en voyage. Partage entre lenvie trs claire de participer et le fait de ne pas vouloir faire de la photo, M. sest prsente en compagnie de son ami G., photographe amateur.
xxxxxM., 78 ans, habite seule, une maison de plein pied du CPAS.
Suite un incendie il y a 15 ans, M. est repartie zro. Elle a choisi des choses jeunes Ikea et des objets de dco, qui lui plaisent. Tout cela a du caractre et lui ressemble 08 | 10. M. est bien chez elle. Pour elle, le Jhabite, donc je suis sapparente Mieux vaut tre seule que mal accompagne !
Chez elle, elle aime tout avec une petite prfrence pour la salle de bain et la douche. Dailleurs, elle prendrait son gel de douche et son shampoing sur une le dserte si elle devait empor-ter une seule chose. Le plus agrable tient ce que chaque chose a son utilit et quelle a tout ce quil lui faut 08 | 10. Elle ne voit rien de dsagrable. M. estime que sa maison est la maison idale 10 | 10 car elle sy plat bien et elle na plus envie de dmnager comme dans le pass. Linhabitable par contre, cest vivre sous les ponts. Le pire en matire dhabitat, cest vivre sans toit et avec trop de libert 00 | 10.
Si par le plus grand des hasards, un explorateur sjournait chez elle, elle lemmnerait voir le Lion de Waterloo, des chteaux qui sont beaux mais on ne les voit pas , un trs bel arbre ou encore son jardin.
Curieuse et sceptique par rapport latelier, elle y a mordu par -coup et de manire tonnamment vivante car cest sa petite fille de 14 ans qui a fait la plupart des photos en dehors des sor-ties. M. nous la confi la fin, nous donnant un clairage sur leur fabuleuse complicit, leurs sensibilits et leurs formidables affinits. Elles nous sont apparues trs proches. Cte cte, leurs photos pourtant tales sur les tables au fil des ateliers ne nous avaient pas mis la puce loreille. Nous navons pas dcel de dif-frence dans leur manire de voir les choses et les capter.
La slection dfinitive vaut le dtour. Forte, elle livre un point de vue cohrent haute valeur artistique sur Genappe, dans lequel paysage intrieur et paysage extrieur sont indissocis. M. se dit terre--terre. Elle ne cherche pas midi quatorze heures. Elle ne voit donc pas ce que les photos pourraient bien exprimer sur elle-mme et a du mal reconnatre la valeur de son travail, malgr les commentaires admiratifs de certains, dont son ami G. M. a t nanmoins partiellement rceptive, ce qui a pu lui faire dire en blaguant que la photographe est fine psychologue
Photographier Genappe a chang sa manire de voir Genappe. Sa photo prfre est celle de la poupe 07 | 10, simple-ment parce quelle a crochet cette poupe et quelle sait combien de temps cela lui a pris. M. a trouv que faire de la photo est difficile 05 | 10 parce que ce nest pas vident de trouver un sujet photographier. Que photographier en effet quand on nen voit
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pas lutilit ? Et nest-ce pas ds lors remarquable quelle ait mis la main la pte ? Elle ne comprenait dailleurs pas non plus au dpart lintrt de faire des photos en groupe. Quel gchis, se disait-elle. Nous allons tous faire la mme chose .
Par contre, elle dteste tre prise en photo et gare celui ou celle qui sy aventurerait sans son accord ! Elle a t interpelle par le petit film Arte Contact sur Doisneau, o on le voit se poster dans un magasin. Il observe des personnes qui regardent la vitri-ne et les prend en photo leur insu. Pour M., cest le comble de lindiscrtion. Grce ses ractions vives et carres, les questions du droit de limage ont t largement abordes.
Clibataire, F., 28 ans, vient de Bousval et habite Genappe dans un petit appartement avec une grande pice et une porte dentre. Il aime la photographie quil pratique avec son GSM. Il photographie sa fille. F. dgage une impression de fragilit et dhyper-sensibilit. Il dit se sentir comme une ponge parce quil ressent tout. F. aime tre chez lui, o il se sent libre. Il a besoin dtre toujours bien chez lui, cest--dire quil fasse propre. Il se dcrit comme trs maniaque et son intrieur est peu dcor, tout blanc. Cela lui ressemble 09 | 10. Recevoir sa fille de 2 ans et demi le week-end est la chose la plus agrable dans son habitat car sa fille est tout pour lui.
Ses photos ont une porte motionnelle puissante quil a pu, au cours des ateliers, dcouvrir et reconnatre. Il est vident quapprendre regarder ses images lui a permis de se ressaisir avec fiert. Il est dailleurs le seul avoir fait des autoportraits indirectement au travers dimages danimaux, de Christ et direc-tement, nous livrant une image de lui presque mystique dans son appartement. Dans ses images, il a explor des choses le concernant et concernant sa relation aux autres. F. parle de sa fille et explique que mme si elle fait parfois des btises et quil faut constamment sen occuper, sa prsence est indispensable et quelle constitue ce quil y a de plus agrable la maison 10 | 10. Il lemmnerait donc sur une le dserte sil ne pouvait emmener quune seule chose.
Lhabitat idal serait une petite villa avec terrain de tennis et piscine ; linhabitable, un petit endroit bruyant et exigu o il se sentirait enferm. Il situe son habitat actuel au milieu entre zro et 10.
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F. sest ouvert aux motions esthtiques. Sa photo prf-re est celle du chien et de la passante car il aime les effets de contraste et la pluie sur le sol 10 | 10. Il considre que faire de la photo, cest facile 08 | 10 car il y a plein de choses qui lentourent. Il a aim le noir et blanc et il va continuer en faire. Il sest inscrit un autre atelier photo. F. dit que latelier a chang sa faon de vivre et que certaines images disent quelque chose de lui-mme. Dans la photo avec le chien, je me suis donn fond dit-il.
Ses photos sont remarquables. Modeste et volontaire, G., 70 ans, savrera trs rapidement
soigne et dlicate. Pendant tout latelier, elle a investi le cadre, quil sagisse du cadre de ses prises de vue dont elle sera fire, ou du cadre de latelier en apportant du caf et de la documenta-tion ou le cadre relationnel en tant trs attentive aux autres. G. habite le grand Genappe, Bousval, depuis 23 ans ; auparavant elle na jamais quitt le Brabant wallon. Elle a enseign le franais et lhistoire pendant 39 ans.
Elle mne une vie bien tranquille, sans tic ou toc . Le matin, elle aime se prparer un caf Elle aime avoir son rveil avec elle et elle lemporterait sur lle dserte si elle ne devait emporter quun seul objet.
Sa maison est un logement social qui ne lui ressemble pas tellement 05 | 10 car elle na pas les moyens suffisants pour la dco-rer. Elle se sent bien entre ses quatre murs, bien protge. Elle se sent parfois comme une pierre, parfois comme une ponge selon son humeur et les gens qui disent bonjour ou pas. La tl est ce quil y a de plus agrable dans sa maison 08 | 10 car cest une fentre ouverte sur le monde. Cela lui permet de connatre beaucoup de choses, quoiquavec sa profession elle estime avoir dj ouvert pas mal de portes. Apprendre tous les jours est valable pour tout le monde. Le plus dsagrable 02 | 10 est un problme dgouttage insoluble dans sa cave. Linhabitable serait davoir des voisins qui font du bruit au point de devenir sot 00 | 10 et lhabitat idal, un endroit bien tranquille, un peu recul mais pas dans les bois, sans voisin contigu, comme la petite villa damis de longue date qui elle rend rgulirement visite (10/10). Elle value sa maison actuelle entre 6 et 7/10.
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G. avait fait de la photo en famille ou lcole il y a long-temps. Elle a apport aussi des photos de sa maison en couleur. Elle souhaitait refaire les mmes pour montrer les change-ments. G. navait plus eu les moyens den faire et malgr quel-ques rticences par rapport au caractre htrogne du groupe, notamment les grandes diffrences dge, elle se rjouissait de rencontrer dautres personnes et dapprendre faire des photos. Elle a eu limpression de retourner des annes en arrire car elle tait plutt habitue la couleur, mais elle a trouv que les photos noir et blanc taient de vraies photos dartistes. Elle a trouv que ctait un exercice facile 06 | 10 car elle avait beaucoup de choses photographier. Elle y a mis tout son cur en restant modeste .
Lors dune promenade la Sucrerie, elle est reste seule. Elle avait repr un endroit et elle a pris le temps de photographier les choses comme elle le voulait. On sent dans les photos de G. combien elle est applique. Il y a de la dlicatesse dans lair et un souci de justesse dans ses choix, qui dpassent le moment de la prise de vue.
G. tait surtout curieuse de voir le rsultat et a remar-qu que les diffrences de format et de traitement de limage comptaient. La photo du bassin de dcantation lui dplaisait en petit ; en grand, elle la redcouverte et bien aime au point de la choisir comme photo prfre 10 | 10. Cette photo lui apporte des motions.
Faire de la photo a chang son rapport aux autres et lui a permis de se sentir exploratrice de sa propre vie et de se dcou-vrir un peu soi-mme. Pour elle, il y a un peu dinconscient dans les images. On met un peu de soi dans nos photos. On donne le meilleur de soi-mme ; on simplique mme sans le faire exprs.
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Onze habitants du village de Glabais ont t invits par Lucile Bertrand photographier et lui montrer leur village travers leurs promenades favorites. Ce faisant, partir dune srie de questions proposes par Lucile, ils ont comment divers aspects de la vie Glabais, lis ou non aux lieux visits. Certaines personnes croises en chemin ont parfois ajout leurs points de vue. De plus, une native du village qui y avait tenu une picerie, trop ge pour se dplacer, a cependant accept de partager ses souvenirs et impressions. Les commentaires collects au fil de ces rencontres ont t entremls et assembls sous forme de conversations, glissant ainsi dun sujet lautre plutt que par participant et ce, de manire anonyme. La plupart des photographies illustrent les promenades proprement dites (et ont servi raliser une grande carte murale expose la ferme SaintPierre), tandis que quelquesunes sont les portraits des participants raliss la fin de chacune des promenades. cela sajoutent quelques clichs de ces portraits en grand format, affichs sur les murs du village durant le weekend dArts Glabais 2011.
Lucile Bertrand
Hors de
[cHez] soi
glabais
installation / intgration
On a dabord achet pour la vue. On a connu Glabais grce des amis nous qui vivaient l. Jai toujours vcu ici. Jai transmis ma socit mon fils et lui donne un petit coup de main de temps autre. Je regrette que maintenant les gens ne se connaissent plus. Beaucoup vont travailler en ville. Ils nont plus le temps. Mais jaime toujours autant mon village, je ne dmnagerais pour rien au monde. Passez me voir quand vous voulez ! Cela fait 18 ans que je vis Glabais. Je suis marie un Glabaisien. Je me sens dici, mme si je nai pas grandi l. Nous sommes des pices rapportes, mme si je me sens de Glabais. Nous sommes venus nous installer ici il y a 40 ans car mon mari avait une mauvaise sant, les mdecins lui avaient recommand de vivre la campagne. On a dabord visit Waterloo, mais ctait dj trs citadin. Nous avons trouv cette maison grce une annonce. Jai dcouvert Glabais en me trompant de route. Jai eu un coup de cur et jai dcid de my installer. Jaime vivre ici, je my sens en paix. Mon jardin est mon petit paradis ! Quand on vient de Bruxelles, Glabais est le premier village hors de la zone 02. Plancenoit, qui est dans la zone 02, a t plus vite colonis que Glabais. Quand nous sommes arrivs, il y avait peu de maisons vendre. Il y a ceux de Glabais et les autres. Mme aprs 40 ans au village, nous sommes toujours des trangers. On vit en bordure, tout en y tant. Glabais aurait-il rtrci au lavage ? Pourquoi tous ces panneaux Glabais barrs quand, a priori, on se trouve encore Glabais ?
promenades et paysages
Parfois, la campagne, on se sent encore plus contraint et dirig quen ville. Le paysage est de plus en plus cltur et on croise de nombreux panneaux davertissement Ne pas dpas-ser, Accs interdit, Chemin priv, etc. On na plus le droit de se perdre, ce qui est pourtant un moyen merveilleux pour dcouvrir un endroit encore inconnu. Glabais est un village encore pro-pice la marche : une des meilleures faons dexplorer le territoire et de faire des rencontres. Avant, on marchait beaucoup.
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Quand jai eu 18 ans, jai reu un vlo, mais sinon, jallais pied Genappe. Le docteur aussi venait pied de Genappe. Jaime cet horizon ouvert travers champs. Je marche jusqu la route, mme si on entend fort le passage incessant des voitures et des camions. Parfois, on aperoit lancienne sucrerie qui a cess son activit en 2004. a a d tre un coup rude pour lconomie et les commerces des environs. Je me souviens encore de lodeur que son activit dgageait, certains ne laimaient pas mais jen ai un peu la nostalgie. On a une chance extraordinaire de vivre Glabais, avec un tel environnement ds quon passe la porte ! Cest pour cela : la terre, les talus, les faisans, les terriers, lhorizon, les cieux, lglise et le village et bien dautres trsors que des centaines de fois, jai parcouru les chemins avec mon mari, mes enfants, mes petits-enfants et mes amis, par tous les temps et en toutes saisons. Trs souvent un de nous sexclamait : Comme nous avons de la chance dhabiter ici !
glabais et le changement
Glabais est un peu devenu la grande banlieue de Bruxelles ; tandis quauparavant, le village tait plus orient vers Charleroi. Il y a une soixantaine dannes, des mlzes avaient t plants pour servir ensuite de bois de mines, mais les mines ont ferm avant que les arbres aient eu le temps de pousser. Il y avait un caf prs de chez moi, ct de lglise, qui tait toujours plein. On venait de partout pour y jouer aux cartes. Le dimanche, lglise, les hommes se mettaient au jub pour sclipser et sy rendre. Jusque vers 1956, ou peut-tre 58, on allait tl-phoner lpicerie Aux Trois Roses. On attendait parfois jusqu 20 minutes pour que la centrale tlphonique nous passe notre correspondant Bruxelles. Le dimanche matin, les hommes vont la boulangerie acheter des pistolets. Ces petits pains sont comme deux fesses : moelleux lintrieur et croustillants lextrieur Il y avait aussi le Salon Choisez. Ctait la salle des ftes de Glabais, au 1er tage dune maison rue Reine Astrid. On y allait pour danser, pour la kermesse, et pour assister des petits concerts ou des spectacles en wallon donns par des troupes de comdiens amateurs.
scurit / peur
Ici, il ny a pas trop de cltures ni de hauts murs. On ne rentre pas autant chez les gens, mais on na pas peur. On ne res-sent pas le besoin de se barricader. Avant, on ne fermait pas la porte cl. Maintenant, on a peur et on senferme. Moi je nai pas peur. Dj, quand je suis arrive, dans les annes 70, on ma racont quun voisin stait fait cambrioler pendant la messe
cimetire et quartier des flamandes
Cette maison, en haut des Flamandes, est peut-tre ma pr-fre. Elle a un point de vue trs ouvert. Depuis le chemin derrire la ferme des Puissant, on peut voir la Butte au Lion der-rire la ferme du Chantelet. On aperoit une chapelle datant de 1661 accole au corps de la ferme. Des peintres sinstallaient chemin Delay pour peindre le paysage vers le bas, vers la nature. Il ny avait pas de maison visible sous la Haute Rue. La rue Ren vrard est encore appele la froide valle par les anciens du village. Cette rue est effectivement plus froide, et reste bru-meuse plus longtemps que le reste du village.
le chemin de la bruyre et les brusseleers
Le chemin de la Bruyre, cest comme la digue : cest la pro-menade du soir. On y croise tout le monde, et mme tard, le soir en t. On marche, on saccompagne les uns chez les autres pendant un moment. Cest un rituel. Le chemin de la Bruyre, cest la promenade rituelle du dimanche. On se croise, on papote, on saccompagne un bout de chemin. Sinon, on se rencontre peu, part avec quelques-uns, de temps autre Le chemin de la Bruyre, cest un peu la rue des Brusseleers. lorigine, beaucoup dentre nous sommes des citadins. Mme sils frquentent des Glabaisiens, les Brusseleers naiment pas quon se mle de leurs affaires. Mme si nous sommes l depuis trs long-temps, nous sommes toujours considrs comme des Brusseleers. Mais mon mari et moi, on ne nous considre pas comme des
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fiers. Dj, quand on est arriv, je me souviens que certains se plaignaient du chant du coq et de la paille qui senvolait des tracteurs et restait accroche dans les arbres ! Mais lorsquon vit la campagne, il faut aussi accepter ses inconvnients. La Bruyre, cest le quartier des Brusseleers, des rsidences secon-daires. Je ny vais jamais, ils se demanderaient ce quon vient y faire. Il y a 40 ans, ctait considr comme un quartier chic.
la ferme philippe et autres fermes
On venait la ferme Philippe pour y louer des chevaux et des charrettes lorsquon avait des choses transporter. Maintenant, la ferme est une pension pour vieux chevaux. La grand-mre Philippe tait rsistante. Elle disposait des lanternes dans les champs pour aider les parachutistes allis atterrir. La ferme Masset a encore des poules et des vaches. Leur fils a cr un levage bio denviron 5.000 poules en libert proximit. Encore aprs la guerre, toutes les fermes taient en acti-vit. Aussi, beaucoup dhabitants avaient une vache ou deux. Ils changeaient parfois du fourrage contre des services. Avant dtre un restaurant, La Bonne Ferme tait un relais de poste.
le camping
Je suis inquite pour les personnes fragilises qui vivent en camping lanne. Je ne les connais pas vraiment, mais jen ramne parfois au camping lorsque jen croise sur la route. Je ne me rends jamais au camping, je nai rien y faire. Dailleurs, cest une proprit prive. Mais il ne me drange pas. Jimagine quil y a une certaine solidarit et quon y est en scurit. Et on est environn par la campagne Le camping a ouvert en 68 ou 69. Chacun y louait sa parcelle lanne. On y venait depuis Bruxelles pour le week-end et les congs pays. Sinon, on y allait aussi pour danser et faire la fte. Jen ai des souvenirs mmorables.
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La dmarche mene avec les rsidents du camping La Cala (Glabais) repose sur des promenadesphotos dont le but est de recueillir des tmoignages. En photographie, avec lutilisation des appareils numriques, les barrires techniques tombent. Tout est automatis. Dans le choix des sujets, le traitement est libre et est effectu sous diverses formes : texture, portrait, paysage, dtails, etc. L'image quon capte dmontre forcment ce quon ressent car elle est l'vocation de ce qui est dit. Mais la photo graphie n'est pas le seul outil utilis dans cette interprtation potique. Associes ce portfolio imag, les discussions enregistres et menes durant les balades nous amnent former leurs rcits. Tandis que le portrait, ralis par lartiste accompagnant, a un rle de mise en valeur. Il s'agit d'une dmarche rationnelle et motionnelle mise en rapport avec la situation des participants. Cest ce travail artistique, empreint de transparence, qui permet de prendre conscience du rsultat, dvelopp avec le consentement de chacun.
Jorge Rojas Castro
Hors de
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camping la cala
larrive au camping
Vous habitez ici depuis longtemps ? a fait 6 mois main-tenant Jai t un petit temps la rue, du ct de Louvain- la-Neuve. Avec A., on a dormi en tente pendant un petit temps et puis jai trouv cette solution.
Comment as-tu connu A. ? En tant dans la rue Elle venait me dire bonjour, discuter Je suis venu de Louvain-la-Neuve en tracteur, avec ma roulotte derrire. Je suis arriv ici et on est alls placer la caravane. Jai pu avoir le choix entre deux parcelles.
Comment es-tu arriv ici ? Jai eu ma caravane le lundi matin. Laprs-midi, jai pris le terrain et le mercredi, je suis arriv ici avec la camionnette et la roulotte derrire Pendant le dernier mois des grandes vacances, quand je suis arriv pour installer la caravane, tout le monde est venu donner un coup de main. Pour a, franchement, jai t super bien accueilli. Tout le monde a aid directement. Puis le soir, on a bu des verres la caftria Jai fait une faillite monumentale. Jai tout perdu : maison, tout Tu nas plus rien. Jai habit des grandes maisons. Jai bien vcu, une belle vie. Bon, cest comme a Mais je suis content.
Comment es-tu arriv ici ? Par un ami qui a achet une caravane et qui connaissait le camping. Suite de srieux problmes, cet ami ma pro pos doccuper momentanment sa roulotte. Puis, jai eu loccasion de parler avec le propritaire Omer Maes et jai pu, avec le peu dargent qui me restait, acheter et transformer une caravane. Je ne regrette pas mon choix et suis actuellement parfaitement heureux. Que veut-on de plus ? Ce quil y a de bien ici, cest quil ny a personne au-dessus, personne en-dessous, personne sur les cts. On nentend pas marcher au-dessus de nos ttes. [] le fait dtre sur des roues. Je suis fils de gitan. Mon papa est gitan et ma maman voyageuse. On tait habitus vivre en caravane. Jai t mari 12 ans avec une femme ordinaire, maison, machin et tout le bazar.
Avoir des roues en-dessous de soi, cest gai. Quand je dors chez elle, trois ou quatre jours aprs, il faut que je bouge. Pour moi, ici, ce nest pas un endroit de vacances. Vous dites camping mais, pour moi, ce nest pas un camping, cest une habitation. Un camping, cest quand je prends ma tente ou quand jaccroche ma caravane derrire ma voiture et que je pars en voyage. Ici, cest une habitation, cest chez moi.
Quelle est la diffrence ? Ici, je dors, jy habite. Malgr que je nai pas dadresse. Vous avez une maison. Moi, jai une cara-vane. Cest mon habitat, cest l o je me pose. Quand je prends ma caravane et que je pars en vacances, je suis lextrieur. On a tous des roues en dessous de nos pieds. Jai fait des photos de roues parce que malgr tout on reste au-dessus des roues. On peut toujours bouger dun endroit un autre. Vivre en caravane, cest ne pas avoir dappartenance un lieu et ne pas avoir dattache par rapport une situation de vie. Je reviens ma vie de nomade. Il y a des sdentaires et des nomades. Au dpart, javais un petit peu peur parce que je ne suis pas spcialement habitue ce genre dambiance et de lieu. Le premier contact que jai eu avec les habitants a t pour moi tout fait surprenant. Aux premi-res pluies, M. et moi avons dcouvert une fuite dans le toit de la caravane, directement sur le lit. Difficile dy mettre une casserole, ctait horrible. On a mis une bche en attendant de rparer et, un matin o jtais seule, quelquun est venu toquer : Bonjour, on a vu que vous aviez une bche sur la caravane. Alors, on voulait que vous sachiez que si vous avez besoin dun coup de main, nous on est l, il ny a pas de problme, nhsitez pas demander ! . a a cass tous mes a priori et, dun coup, dun seul, je me suis sentie accueillie et accepte et, ce, sans avoir encore parl personne ! Du jamais vu pour moi. Ici, mme si on fait des erreurs, on a une chance de sexpliquer, den parler autour dun pot et de recom-mencer en essayant de faire mieux. Ici, je reprends confiance en moi et surtout en les gens . Javais des amis qui habitaient ici et qui mont dit que ctait bien. Alors, je suis arrive ici ce moment-l. Jy reste car je me trouve bien dans le camping. Jaime bien camper, jaime bien les caravanes On va la caftria, on se fait des copains. Je suis la plus ge ici.
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le lieu / la communaut
Je crois que cette anne le camping sera plus beau.
Pourquoi ? Je ne sais pas, cest une intuition. Je crois que les gens commencent comprendre que jeter une canette, a fait dgueulasse. Cest li ltat dans lequel tu te trouves : tes au chmage, tes dsespr, dsempar. Comme a, tu ne sais rien faire. Il y a un problme psychologique l derrire qui fait quon sen fout. Par moment, tu en as marre et tu jettes ton dchet l Ce nest pas un tat desprit, cest un tat de fait. Ton esprit travaille dans un sens et, dun autre ct, a tennuie. Entre les deux, tu ten fous un peu parce que tes en standby. Tu flottes entre deux et tu ne fais pas attention aux dchets.
Pourquoi tu penses que cest une sorte de forteresse ? Parce que cest en hauteur, entour darbres, que ce nest pas facile-ment accessible et que, de la route, on ne voit presque rien. La porte nest pas grand ouverte, enfin si ! Mais, on ne le voit pas de lextrieur. Si tu ne fais pas attention, je suis sre que tu peux passer des annes devant le camping sans savoir que des gens vivent ici. De lextrieur, on ne voit pas grand-chose mais on sait encore moins ce quil se passe ici, lambiance, la convivialit et le plus important pour moi : la solidarit. Jai toujours donn des noms aux endroits o jai habit. Avant, javais un chalet et je lai appel Mon Plaisir . Jai marqu ce nom sur la barrire. Je trouve que cest important de donner un nom un endroit. Il y a ici des personnes magnifiques et certaines dentre elles ont des capacits ou des talents remarquables (peintre, pianistes). Malheureusement, ce nest pas suffisamment mis en valeur. Personnellement, je me dbrouille dans pas mal de domaines. Cela me suffit pour tre bien avec les autres et avec moi-mme. Les gens viennent ici pour trois ou quatre mois, histoire de pouvoir se retourner. Peut-tre un an maximum Et, tout compte fait, les gens restent ici pendant 15, 20 ans.
Mais tu dis que cest une ngation, pourquoi ? Le camping est une ngation parce quil ny a rien qui bouge et que personne
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ne fait rien pour que cela bouge. Les gens nont pas conscience de se dire : cest nous dapporter une amlioration au camping. On prend, on abat toutes ces vieilles caravanes, on les met dans des conteneurs, on jette tout, on fait de belles parcelles bien propres, on accueille des gens de lextrieur On va au camping. Ici, ce nest pas un camping, cest une rsidence ou quelque chose o les gens prennent, se posent et ne bougent plus. Les gens sont ici, la caftria Picoler, rester chez soi, viter daller travailler parce que bon a ne sert rien. Tu donnes un tout petit loyer Cest a qui est une ngation. Ici, ce nest pas un camping, cest presque un bidonville. Dans la caftria, il y a encore des vestiges de lpoque o les irrductibles Gaulois de la Cala se faisaient valoir. A lpoque, ils ont fait un char pour le carnaval de Genappe en voquant les personnages dAstrix et dAbraracour-cix, le chef du village, qui ressemble trs fort notre vrai chef, Monsieur Omer ! Cest vrai quon se considre peut-tre un peu comme les irrductibles Gaulois de la Cala Ici, on discute toujours, on sait o aller si on veut rgler un problme. Cest le fait de vivre ensemble, dtre un groupe. Ce nest pas une famille, mais cest le mme genre. On peut discuter et cest agrable. On se sent bien. Il y a plus de positif tre prs des gens que le contraire. Entre les habitants du camping, on reste proches et a cre un lien. Le lien se construit petit petit, en discutant, en prenant connaissance et en se faisant confiance. On est attachs aux gens dici. Ds le premier mois, on avait nos amis parce quils nous ont donn des coups de main fond alors que ce ntait pas vident. Tout le monde te tend la main, peu importe qui tu es. a cre des liens parce que tu te sens respect par tout le monde.
les autres
Quest-ce que tu penses des gens de Glabais ? Il y a boire et manger. Je connais certains qui me disent bien bonjour et dautres qui mignorent. Cest vrai quil y a des prtentieux, ceux qui te disent bonjour et ceux avec lesquels tu sympathises. Glabais, cest plutt une cit dortoir Le camping pour eux, ils naiment pas trop, a les drange. Ils ont dj fait des ptitions contre le camping. Jai dj entendu : Ahhh Oooh Vous
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habitez le camping ? , dun air dgout. Ce sont des gens trs renferms. Cest un petit village dhabitants qui travaillent lextrieur et qui reviennent ensuite la maison
Qui est le voisin ? Je ne sais pas La toute dernire caravane est paradoxalement juste ct dune grosse villa. Je remarque que les gens de lextrieur nous prennent pour des extraterrestres. Tu habites o ? la Cala Ouh la la Tes un cas social . Ce nest pas parce quils habitent ici, que les gens sont des cas sociaux. Il ny a pas de problmes mais nous navons pas beaucoup loccasion de les rencontrer. Il y a des gens de Glabais qui ne savent mme pas quil y a un camping ici.
vivre en dignit
Aujourdhui, vu la misre qui existe, les campings sont une ncessit. Des petits loyers avec toutes les charges comprises, tu ne peux pas trouver a ailleurs. Si tu vas en studio, en apparte-ment ou dans une maison sociale, il test demand environ un tiers de ton revenu pour le loyer, ceci en dehors des charges. Au camping, on peut trouver des caravanes pas trop chres, le loyer de la parcelle tourne autour de 50 par mois. Les campings sont une solution optimale pour les gens en difficults. Les suppri-mer, cest antisocial. On est en train de se battre pour a. Les campings sont une solution la prcarit. Quil soit demand aux propritaires de se mettre en conformit avec certaines rglementations dordre publique, on peut le concevoir. A condi-tion que cela reste dans la limite du raisonnable. La plupart des personnes sont bien dans leur caravane et ne souhaitent pas la quitter.
bote aux lettres
Ce nest pas trs priv ici. Cest Omer ou Jean-Pierre qui dis-tribue le courrier et lui me dit Mais tu as beaucoup de courrier dans ta bote aux lettres . Ce nest pas trs sain. O pour-rais-je trouver le confort que jai, au prix pay actuellement, en pleine nature et avec une convivialit qui ne se dment pas ?
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autres entretiens
Pour le moment, je suis un peu bloqu ici mais dans un bon endroit qui me convient bien parce quon est libre dans la nature. Jai une vue exceptionnelle. Cest un peu comme si jtais au Canada, o je prfrais tre. En esprant que je puisse y rester. Refaire tout ici, cest trs bien mais il faudrait au moins le faire pour quelques annes : 10 ou 15 ans. A 58 ans, je ne vais pas tout recommencer, mettre des petites fleurs, un bassin avec des poissons. Si a pouvait tre plus au moins dfinitif ce serait parfait. Le problme est quon ne sait pas si on peut investir pour avoir un meilleur environnement dhabitat. Ici, cest comme une maison, avec un terrain autour. Ici les gens sentraident. Un des gros inconvnients du camping est quil ny a pas de bus Et, pour aller Genappe, cest trs dangereux, faute de trottoir. Un point positif est la tranquillit, le fait que nous sommes propritaires et que nous sommes la campagne.
Quest-ce qui fait que vous tes chez vous ? Cest ici quon est Dans les maisons, malheureusement, nous navons pas les moyens dy vivre, parce que les charges sont lourdes et les loyers sont trop levs. Avec largent quon ne paie pas pour le loyer, on fait dautres choses. Pour nous, habiter ici cest la libert On est la campagne. Par rapport une cit, le camping est plus familial. 300 cest un gros loyer pour le camping. Je vis bien, je suis heureuse. Par rapport lespace, les parcelles sont de 125 m. Une caravane ne fait pas cette superficie-l donc il reste de la place pour y vivre sans tre colls les uns aux autres. La vie de camping, cest comme la vie de vacances en quelque sorte. Les gens se respectent malgr tout. Le camping en hiver, cest plus monotone. Ici, on est tous logs la mme ensei-gne, on nest pas plus riche lun que lautre. Un toit, a reste un toit Cela fait 19 ans quon habite ici. Toute ma famille et moi, on y a notre domicile. Pourquoi ny a-t-il pas de loi pour nous protger ? Quon ne nous chasse pas. Sils nous expulsent, on na plus rien. On perd tout.
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Partant du concept intitul Habiter le vide , les Ateliers du Lz'Arts ont envahi des lieux abandonns du centre de Genappe. Accompagns par les animateurs de ce centre dexpression et de crativit, les lves ont ainsi questionn la notion d'habitat en prsentant des uvres dans des endroits inoccups acqurant ainsi le statut de salles dexposition temporaire. Une occasion pour les 300 participants, adultes et enfants, de s'exprimer sur et dans la ville et d'amener de la posie l o il y a parfois de la dsolation. Ces installations artistiques parlent de ces nuages habits par les rves, de ces corps habits par leurs motions, de ces souvenirs qui hantent les existences, de ces musiques habites par des couleurs envotantes, de ces villages de terre habits par limaginaire enfantin. Elles parlent de ces robes fantmes, ces robes ethniques, ces robes potiques... comme autant denveloppes o se cacher, se drober aux regards ou, au contraire, se parer et habiter l'espace. Elles parlent de ces craquements, de ces grincements, de ces paroles chuchotes qui habitent les maisons. Quelques photographies issues de ce concept expressif tmoignent, sommairement, de ces nombreuses ralisations phmres.
Les Ateliers du LzArts
Habiter le vide
genappe
Regards croiss sur la faon dont des lves de 6ime pri-maire se voient ou sont vus comme habitant cet espace qui est le leur et le ntre aussi. Un regard crois entre celui d'un objectif forcment subjectif et leur propre regard sur eux-mmes. Une sorte de conte instantan crit deux sur une illusion de ce moi l'instant prsent qui ne sera jamais que le hier de demain ou n'tait-ce que le demain d'hier
Auteur : Olivier Delos. Atelier : Initiation la photographie. Animatrice : Elise Delmotte. Intention : S'approprier l'espace et le temps. Occuper le cadre pour y demeurer. Dvelopper des uvres personnelles s'articulant autour de cette ide. Lieu dexposition : Ancienne usine grain, rue du Lothier Genappe.
P6Aortaits photographies
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Auteur : Zo Culot. Atelier : Initiation la photographie. Animatrice : Elise Delmotte. Intention : S'approprier l'espace et le temps. Occuper le cadre pour y demeurer. Dvelopper des uvres personnelles s'articulant autour de cette ide.
(photos CulotZoe1 et CulotZoe2)
Place and people Photographies
Ce matin, trs cerne, j'ai pouss le rideau. Les champs tout autour, comme des gaufres au sucre, mont donn faim. La neige saupoudre le paysage dune blancheur propre. La maison, petit cube humain, contient lunivers, en hiver. On rflchit, on se rappelle, peut-tre mme quon calcule et quon tire un tas de conclusions, en cette saison. On ne sort que les regards. Des regards flous qui partent tous seuls, nos fesses sur le radiateur. On a le temps, il ne faut pas travailler au jardin. Dehors, cest le monde et il fait froid. Petite bote rassurante, personne ne peut nous en sortir. Jai djeun dun chocolat trs chaud. Dehors, trop de sucre, maintenant, sur les gaufres. Cest la ouate cest plus propre que la boue , cest Breughel, on nentend plus le bruit de lautoroute. Bienveillante vieille maison. 40 cm me spare du gel, deux paisseurs de briques centenaires et le toit bien pointu, bien blanc, prend un air de nonnette. Il faudrait peut-tre que nos mes ressemblent nos logis : matriaux durs, double vitrage, isolant protecteur contre le froid, le bruit et les petites trahisons. Maintenant, les champs, cest une vieille photo noir et blanc du Sahara, un saule en plus. Le vent soulve un voile blanc, a croquerait sous mes pieds si javais le courage. Le radiateur me retient. Cette grande lessive, tendue blanche, sans soleil trop propre pour durer. La maison, trs grise, contient le soleil et se rendort.
Auteur : Anne-Sophie Vanderbeck. Atelier : Moments de vie. Animatrice : Nicole Cossin. Intention : Retrouver les gots et les saveurs des souvenirs. Constituer une collection d'instants au fil des sances. Se rapproprier le plaisir d'crire et d'avoir envie de raconter ces anecdotes qui constituent une vie.
Maison criture
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Auteurs : ralisation collective de Sabine Delmotte, Michle Demesmaeker, Denis Fiez, Jean-Louis Gios et Michel Wesel. Atelier : Expression contemporaine. Animateur : Pierre Lefebvre. Intention : Des thmes si vastes que chacun sy retrouve, des techniques si varies que chacun sy dcouvre, des approches si ludiques que chacun sy exprime. Peinture, techniques mixtes, sur tous les supports, dans tous les formats, en deux ou trois dimensions, en ateliers ou ailleurs, mais avant tout, rvlateur dun monde intrieur. Lieu dexposition : Ancien caf de la Lanterne, rue de Bruxelles Genappe.
Crcher installation
Auteurs : Armelle Appart, Maya Bouchez, Aline Bosgaerd, Romain Breckpot, Josua Calbert, Valentine Crombez, Antonin Damiens, Eline Ferrier, Nora Lecerf, Cdric Mertens et Licka Vanpteghem. Atelier : Initiation la Peinture. Animatrice : Pascale Descamps. Intention : Sur base de photocopies d'une photographie, les enfants ont color avec du crayon, du pastel ou du marqueur leur propre caravane. Lieu dexposition : Ancien btiment de la gendarmerie, rue de Glabais Genappe.
Caravanes dessins
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Auteurs : ralisation collective de Sabine Delmotte, Michle Demesmaeker, Denis Fiez, Jean-Louis Gios et Michel Wesel. Atelier : Expression contemporaine. Animateur : Pierre Lefebvre Intention : Des thmes si vastes que chacun sy retrouve, des techniques si varies que chacun sy dcouvre, des approches si ludiques que chacun sy exprime. Peinture, techniques mixtes, sur tous les supports, dans tous les formats, en deux ou trois dimensions, en ateliers ou ailleurs, mais avant tout, rvlateur dun monde intrieur. Lieu dexposition : Ancien caf de la Lanterne, rue de Bruxelles Genappe.
Cuisine installation
Auteur : Didier De Keyser. Atelier : Dessin, peinture et techniques mixtes. Animateur : Didier De Keyser. Intention : Montrer ceux qui en sont rduits habiter le trottoir et qui petit petit finissent par se confondre avec lui. Ils n'ont plus de visage, de corps et personne ne les remarque. Lieu dexposition : Ancien caf de la Lanterne, rue de Bruxelles Genappe.
Le SDF installation
Auteurs : Cathy Caulier (uvre de gauche sur socle) et Martine Tourenne (celle de droite, devant la fentre). Atelier : Initiation la sculpture. Animatrice : Chlo Coomans. Intention : Chacun vient avec ses dsirs, ses envies de cration, intimistes ou monumentales, et dcouvre les possibilits pour les raliser. Toutes les techniques sont abordables : la terre, la cire (en vue de la ralisation dun bronze), le pltre, la pierre, le bois, le mtal et toute autre technique permettant dentrer dans un espace en trois dimensions et suivant une approche artistique contemporaine dexpression. Lieu dexposition : Ancienne usine grains, rue du Chteau du Lothier Genappe.
XX sculptures
Les gourmets de Bousval Aaaaaah Parvenir se coincer entre la roche et les combattants, entre un cornet et des frites. Manger des frites Genappe, Genepien, Djinape, Bouzv mme Bousval ! Se dire que Bousval est le cross des gourmets avec la bonne rputation quelle mrite ; Manger des frites, parler dHerg, fumer ( lextrieur !) Cest un vrai bonheur estival ! Parfois, Barthlmy achte des frites et les dvore doucement prs du TryauChne. Mme prs de la tour de guet du XVIe sicle avec des frites, on sy promne ! Jcrirais bien une anthropologie de la frite ou une fritologie de Genappe , Avec des images de BD Bousval Mais il ne faut pas que la mayonnaise schappe !
Texte : Alain Anciaux, AnthropologuePhotographie : Frdric Vanluyten
Lappel Quartier de vie de la Fondation Roi Baudouin a pour objectif dencourager les habitants sengager dans la vie locale. Ce qui a sduit le jury dans le projet Habiter Genappe propos par le Centre culturel de Genappe, cest le souhait de faire participer des groupes vivant des ralits sociales diffrentes, de mobiliser aussi des personnes qui nont pas forcment un accs ais aux espaces dexpression. Cest galement la volont de provoquer la rencontre, les interactions entre habitants qui vivent sur un mme territoire sans beaucoup doccasions dchanges. Habiter Lespace de vie le plus proche est un levier privilgi pour favoriser lengagement et crer des liens entre voisins plus ou moins diffrents, plus ou moins proches.
Texte : AnneFranoise Genel, Responsable de projets la Fondation Roi Baudouin.Photographie : Jorge Rojas Castro
Racines Prgnantes, pesantes, profondes et fascinantes ; Etranges, tortueuses, crevasses et vieilles ; Arrogantes, enva hissantes, intrigantes et touffantes. Jamais visibles, toujours prsentes, Les racines dveloppent un extrieur lger, ar ou lourd et touffu. Jamais visibles, toujours prsentes, Les racines mancrent dans la terre ferme ; Me construisent ; Me nourrissent ; Me drangent ; Me hantent ; Mentrainent au plus profond de moimme ; Jamais visibles, toujours prsentes, Les racines mouvrent au monde ou au contraire me racrapotent sur moimme. Des racines jamais visibles toujours prsentent mhabitent jour et nuit.
Texte : Anne Beghin, Administratrice aux Ateliers du LzArts Photographie : Christophe Wesse
Il nous faut rendre vivante cette maison neuve qui na point encore de visage. La vrit pour lun fut de btir, elle est, pour lautre, de lhabiter. Antoine de SaintExupry
Habiter. Se laisser apprivoiser par un espace. Ladopter en niant la notion dappartenance, de proprit. Le comprendre et sen nourrir. Simprgner dun lieu pour y rsider et y construire une histoire. Faire de linhabitable un lieu vivant. Crer les liens entre le dedans et le dehors. Avoir conscience que nos modes dhabiter sont empreints danachronisme et quil faut de tout temps rinventer.
Texte : Catherine Vandenbosch, Coordinatrice de la Maison de lUrbanisme du Brabant wallon. Et Olivier Van Hee, Directeur du Centre culturel du Brabant wallon.Photographie : Jorge Rojas Castro
La bote aux lettres dun rsidentLaisse senvoler au gr du ventLes mots qui continuellementY sjournent quelques instants.Cette bote aux lettres est accroche une maison, une famille.Mais combien de temps rsisteratelleFace lusure du temps Temps de pluie, temps de ventTemps de vie, temps de mort ?Comme beaucoup de rsidentsEn quelques secondes, elle peut basculer.Certains voudraient te voir chuter.Mais mme si tu ne peux rester,Tu sens quune nouvelle vie tattend.Toi, le rsident, en ayant plus de droits,Tu ty retrouveras, il faut que tu y croies.Lantenne est l taccompagnant,Tel un papillon volant de rsident en rsident,Lorsque tu dcideras daller de lavantEt tinsrer dans ton nouveau logement.
Texte : Fonctionnaires rgionauxDpartement de la Cohsion socialePhotographie : Jorge Rojas Castro
Regard denfant Dun ct, son innocence.De lautre, luvre, ce quelle veut dire.Vontils se rencontrer ?
Regard denfant Dun ct, son innocence.De lautre, luvre, ce quelle veut dire.Vontils se rencontrer ?
Regard denfant Dun ct, son innocence.De lautre, luvre, ce quelle veut dire.Vontils se rencontrer ?
Texte : Viviane Horta, Animatrice Article 27 / Brabant wallonPhotographie : Elise Delmotte
Texte : Nicolas Bernard, Docteur en droit et licenci en philosophiePhotographie : Jorge Rojas Castro
La thmatique de lhabitat permanent en caravanes ou campings a ceci de fascinant quune mme ralit peut faire lobjet de lectures diamtralement opposes. Quand le fonctionnaire dit au rsident Votre logement est insalubre (hauteur sous plafond, superficie, etc.) , l'occupant lui rtorque: Sans doute, d'un point de vue strictement technique, mais moi, il convient parfaitement et jen suis mme propritaire ! . Et, de fait, pour peu que l'on se mette l'coute des habitants, un sentiment, appuy, de satisfaction se dgage. Certes, tout n'est pas parfait au sein des aires touristiques, mais les problmes tels qu'ils sont ressentis se rapportent quasi exclusivement aux tracasseries administratives, aux abus des propritaires des parcelles ainsi qu'aux refus de domiciliation manant des communes. Au del donc de ses aspects
objectifs, le logement remplit galement des fonctions subjectives pour son occupant. Dabord, il offre un refuge celui qu'il abrite, qui trouve l un repaire bienvenu pour se drober au regard disqualifiant d'autrui. Dans ce cocon sanctuaris, il djoue sa manire la crise du logement et acquiert, enfin, une matrise sur son habitat. Ensuite, le logement constitue le support spatialis de l'identit. Par son logement, l'occupant se donne voir, ce qui explique l'accent invariablement mis sur le nettoyage de la parcelle, lentretien mticuleux du lieu de vie et la personnalisation de la caravane. Et il n'y a pas que l'identit individuelle qui est ainsi rarticule ; l'identit collective est, elle aussi, en jeu dans le camping permanent. En effet, une certaine cohsion sociale s'y forme, sur le mode de l'opposition collective au propritaire du terrain et aux autorits.
Emilie Danchin est philosophe et artiste photographe. Elle pratique le portrait autobiographique et, au dtour d' entretiens photographiques , cherche matrialiser l'inconscient. Emilie Danchin est galement psychothrapeute. Passionne par la psychanalyse, elle a dvelopp un cadre thrapeutique exprimental d'inspiration analytique, qui inclut la photographie. Elle explore les rsonances entre imagerie inconsciente, imaginaire et photographie contemporaine, dans un cadre artistique qu'elle a choisi d'appeler Analytique photographique . Pour Hors de [chez] soi , elle a men un projet socioartistique avec un groupe dhabitants form par le C.P.A.S. de Genappe.
www.emiliedanchin.be www.analytiquephotographique.be/horsdechezsoi
Jorge Rojas Castro est photographe. N en 1969 Via del Mar, Chili, il quitte son pays natal pour la Belgique afin d'y poursuivre des tudes en photographie. Dans son travail documentaire, il s'intresse aux questions de l'identit et de la transmission des valeurs et traditions travers la mmoire. Actuellement, il continue son projet sur la gnration de Chiliens ns en Europe et sur les liens quils dveloppent avec leur lieu de vie, leur territoire daccueil et celui laiss derrire soi, idalis, rv. Il a dvelopp une dmarche crative et participative avec les rsidents du camping de Glabais.
jorgerojasphotographe.blogspot.com
Ne en 1960 en France, Lucile Bertrand vit et travaille Bruxelles depuis 2001. Elle expose rgulirement en Europe, aux USA et en Core. Dans son travail plastique, elle utilise de prfrence des matriaux pauvres pour suggrer limmatrialit des nuages mais aussi la fragilit de la vie ou labsence, que ce soit dans un sens potique ou dramatique. Son travail ne manque cependant pas dhumour, surtout lorsquil sagit de questionner les vidences. Par ailleurs, elle sengage rgulirement dans des projets interactifs. Elle a notamment collabor avec le British Council sur la thmatique des jeunes demandeurs dasile, et avec le Wiels pour introduire un groupe de femmes trangres la pratique de lart contemporain. Elle a pris en charge le processus cratif impliquant les habitants du village de Glabais.
www.lucilebertrand.com
Reconnus par la Communaut franaise, Les Ateliers du LzArts , centre dexpression et de crativit (C.E.C.), proposent des ateliers rguliers et ouverts tous. Cet tablissement permet chacun(e) de sinitier aux arts plastiques, de dcouvrir des techniques, de sexprimer et de crer. La matrise technique nest pas une fin en soi mais contribue au dveloppement de lexpression et de la crativit des participants. Les Ateliers du LzArts sinscrivent aussi dans une dmarche artistique contemporaine et souhaite limplication de tous en ce sens. Les animateurs des Ateliers du LzArts ont travaill avec leurs lves sur un concept d Habiter le vide .
www.lesateliersdulezarts.be
RalisationCentre culturel de Genappe Coordination ditorialeValrie Vanden Hove Bernadette Vrancken www.ccgenappe.be
Graphisme Alt studio Emmanuel Leroy Olivier Mary www.altsudio.be
Impression Dereume Printing
Dpt lgal D/2011/12.699/1 octobre 2011
RemerciementsA toutes celles et ceux qui ont particip activement aux ateliers Habiter Genappe et offrant les rsultats publis dans cet ouvrage.
A Emilie Danchin, Lucile Bertrand, Jorge Rojas Castro et aux animateurs des Ateliers du LzArts qui ont accompagn et recueilli ces cheminements individuels et collectifs.
Aux partenaires pour le soutien et la visibilit donns ce projet.
A toutes les personnes qui ont livr un commentaire extrieur sur ce travail photographique.
A toutes celles et ceux qui se sont impliqus, des degrs divers, la ralisation de cet ouvrage.
PartenairesLe projet Habiter Genappe et sa publication ont pu voir le jour grce au partenariat tabli entre le Centre culturel de Genappe, le Centre culturel du Brabant wallon, le Centre dexpression et de crativit Les Ateliers du LzArts en collaboration avec le CPAS de Genappe, Article 27 Brabant wallon et la Maison de lUrbanisme Brabant wallon, et avec le soutien de la Ville de Genappe, la Rgion wallonne, la Fondation Roi Baudouin et la Loterie Nationale.
Crdits photographiques ( complter sur base de lpreuve)
Pages : Emilie Danchin Christophe Tubiermont, Gilbert Dehout, Monique Hancisse, Frdric Vanluyten, Ginette Jadot
Pages : Jorge Castro Rojas
Pages : Lucile Bertrand Francis Capet, Vronique de Runz
Pages : LightSquare PhotographieOlivier Delos, Zo Culot, Sarah Dierickse, Patrick Kirk