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Un futur nouveau schéma d’aménagement pour Laval Page 2 ENVIRONNEMENT VILLES VERTES À Longueuil, on mise sur l’agriculture durable Page 3 Vancouver veut être la ville la plus verte du monde d’ici à 2020 ! Page 6 CAHIER THÉMATIQUE H › L E D E VO I R , L E S SA M E D I 2 7 E T D I M A N C H E 2 8 AV R I L 2 01 3 PEDRO RUIZ LE DEVOIR Selon le président de l’UMQ, Éric Forest, le citoyen veut améliorer sa qualité de vie et il n’accepte plus de subir les conséquences de la pollution et des modes de vie sédentaires. Les villes, moteurs du développement durable HÉLÈNE ROULOT-GANZMANN L a gestion des ma- tières résiduelles, de l’eau potable et des eaux usées, la réduc- tion des gaz à effet de serre et l’adaptation aux changements climatiques sont autant de problèmes écolo- giques que les municipalités, quelle que soit leur taille, sont obligées de prendre à bras-le- corps. Dans ce dossier, l’UMQ se doit d’être active et de sou- tenir ses membres en les outil- lant et en les représentant au- près des autres partenaires, principalement les gouverne- ments et la société civile. « Notre objectif est de faire émerger, en travaillant notam- ment avec des scientifiques, des approches transversales à la fois novatrices et respectueuses des singularités territoriales , ex- plique Éric Forest. En renfor- çant la mobilisation des mem- bres autour des problèmes contemporains et en développant des modalités de partage des connaissances et la mise en com- mun des ressources, nous per- mettons aux municipalités de disposer d’outils pouvant capter les innovations prometteuses de solutions d’avenir aux défis ac- tuels. Clairement, l’environne- ment représente plus que l’eau, l’atmosphère et le sol ou toute combinaison de l’un et l’autre. À titre d’exemple, les infrastruc- tures vertes offrent des possibili- tés non seulement comme moyens de répondre aux pro- blèmes techniques de gestion des infrastructures, mais également comme outils stratégiques de mé- diation et de dialogue avec les parties prenantes pour favoriser l’acceptabilité sociale des projets de développement, tout en amé- liorant la santé publique. » Un arbre de « bienvenue » Et le maire de Rimouski de parler de ce qu’il connaît finale- ment le mieux, soit sa propre ville… qui ne doit d’ailleurs pas être un mauvais exemple, puisqu’elle se classe depuis deux ans au premier rang selon l’indice relatif du bonheur (IRB). Là-bas, les nouveaux pro- priétaires reçoivent tous un ar- bre mature et ils sont ainsi en- couragés à fleurir leur environ- nement. «Ce n’est pas unique- ment nettoyer les rues, estime Éric Forest. Il faut qu’on ait, comme collectivité, le souci de sti- muler, d’encourager et d’accom- pagner notre population, qui de- vient un partenaire du dévelop- pement de la ville. La revalorisa- tion de nos déchets, l’éducation en matière écologique, les espaces verts dans notre milieu et dans les propriétés privées : tout cela ne peut fonctionner que si tout le monde s’y met, la société civile, les municipalités et les différents ordres de gouvernement. » De ce point de vue, le prési- dent de l’UMQ fustige Québec, qui, d’un côté, se dote d’une loi-cadre en matière de déve- loppement durable et, de l’au- tre, accepte que la SAQ ferme des comptoirs au centre-ville, accessibles via la mobilité ac- tive, pour en ouvrir en périphé- rie des grands centres urbains. « Il y a comme une dichotomie !, tonne-t-il. De telles choses, nous devons les dénoncer, et c’est en- core là le rôle de l’UMQ. Adres- ser au gouvernement du Québec les demandes, sensibiliser les autorités à nos réalités. Dégager des consensus et représenter l’in- térêt municipal au niveau des ordres de gouvernement. Nous avons également tout un volet de formation, de sensibilisation auprès de nos membres, avec l’organisation de colloques sur le développement durable, une formation en ligne, de la docu- mentation, etc. Enfin, c’est ce que, moi, j’ai développé depuis que je suis président de l’UMQ. Nous développons ainsi une sorte de vitrine des idées nova- trices, notamment en matière de développement durable. Si une municipalité aménage un nouveau stationnement avec une technique de récupération des eaux pour arroser le parc si- tué à côté, nous le notons. Pour que les gens puissent s’inspirer d’idées brillantes que des col- lègues ont mises en place ail- leurs au Québec. » Initiatives locales Éric Forest en est certain : les municipalités du Québec ont une volonté profonde d’être plus vertes. Les milieux veulent prendre un virage vers le déve- loppement durable, au-delà des grandes intentions décrétées par le gouvernement provincial. Parce que les villes constituent l’ordre de gouvernement le plus proche du citoyen et que le citoyen pousse en ce sens. Il veut changer ses façons de faire, il veut améliorer sa qua- lité de vie, il n’accepte plus de subir les conséquences de la pollution et des modes de vie sédentaires. Rimouski vient no- tamment de se doter d’un plan stratégique en développement durable qui l’obligera à faire un bilan annuel des actions menées, petites et grandes. Toutes les initiatives sont bonnes, qu’elles viennent de la municipalité ou d’un citoyen. « C’est une énergie qui vient parfois de nous, parfois du ci- toyen, note Éric Forest. Ici, les habitants de Rimouski ont lancé, il y a quelques années, un projet-pilote sur le compos- tage, et la Ville va déployer en septembre la cueillette des ma- tières organiques. Un employé de la municipalité a également mis au point une espèce de vente de garage vir- tuelle de dons réutili- sables, que la Ville a reprise à son compte. Si je change mon téléviseur, au lieu de jeter l’ancien, je l’inscris dans le site Internet de la Ville pour en faire don à qui le vou- dra. C’est toujours ça de moins qui part aux vidanges! Il y a donc, d’un côté, les gros projets de développement autour de la gestion de l’eau et des déchets, du transport en commun et ac- tif, de la réduction des gaz à ef- fet de serre, etc., et, de l’autre, nombre de petites initiatives lo- cales qui, reprises à une plus grande échelle, peuvent vrai- ment améliorer la qualité de vie. Les deux sont tout aussi im- portants, parce qu’il y a toute la question de l’adhésion et de l’apprivoisement de ces objec- tifs. En matière de développe- ment durable, on dit souvent : “Pensons globalement, agissons localement”. La traduction de ça, c’est bien que l’action, elle se passe dans les municipalités. » Collaboratrice Le Devoir « Quand on parle de développement durable, d’environne- ment, de lutte contre les gaz à effet de serre, il est clair que cela atterrit dans la cour des villes, affirme Éric Forest, président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et maire de Rimouski. Quand on regarde les actions en matière d’aménagement, les gestes et les initiatives en matière de recyclage, au niveau du traitement des matières organiques, des infrastructures qui permettent la mobilité active, comme les sentiers pédestres ou cyclables, les pistes de ski de fond, l’aménagement de nos artères et des espaces verts, les struc- tures de loisir, c’est vraiment au niveau des municipalités que les enjeux se matérialisent de façon concrète. » JACQUES NADEAU LE DEVOIR Plusieurs problèmes d’ordre écologique, comme la gestion des matières résiduelles et recyclables, sont du ressort des municipalités. Éric Forest en est certain : les municipalités du Québec ont une volonté profonde d’être plus vertes

ENVIRONNEMENT - Le Devoir

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Un futur nouveauschémad’aménagementpour Laval Page 2

ENVIRONNEMENTVILLES VERTES

À Longueuil, on mise surl’agriculturedurable Page 3

Vancouver veutêtre la ville la plusverte du monded’ici à 2020!Page 6

C A H I E R T H É M A T I Q U E H › L E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 7 E T D I M A N C H E 2 8 A V R I L 2 0 1 3

PEDRO RUIZ LE DEVOIR

Selon le président de l’UMQ, Éric Forest, le citoyen veut améliorer sa qualité de vie et il n’accepteplus de subir les conséquences de la pollution et des modes de vie sédentaires.

Les villes,moteurs dudéveloppementdurable

H É L È N E R O U L O T - G A N Z M A N N

L a gestion des ma-tières résiduelles, del’eau potable et deseaux usées, la réduc-tion des gaz à ef fet

de serre et l’adaptation auxchangements climatiques sontautant de problèmes écolo-giques que les municipalités,quelle que soit leur taille, sontobligées de prendre à bras-le-corps. Dans ce dossier, l’UMQse doit d’être active et de sou-tenir ses membres en les outil-lant et en les représentant au-près des autres par tenaires,principalement les gouverne-ments et la société civile.

« Notre objectif est de faireémerger, en travaillant notam-ment avec des scientifiques, desapproches transversales à la foisnovatrices et respectueuses dessingularités territoriales, ex-plique Éric Forest. En renfor-çant la mobilisation des mem-bres autour des problèmescontemporains et en développantdes modalités de par tage desconnaissances et la mise en com-mun des ressources, nous per-mettons aux municipalités dedisposer d’outils pouvant capterles innovations prometteuses desolutions d’avenir aux défis ac-tuels. Clairement, l’environne-ment représente plus que l’eau,l’atmosphère et le sol ou toutecombinaison de l’un et l’autre. Àtitre d’exemple, les infrastruc-tures vertes offrent des possibili-tés non seulement commemoyens de répondre aux pro-blèmes techniques de gestion desinfrastructures, mais égalementcomme outils stratégiques de mé-diation et de dialogue avec lesparties prenantes pour favoriserl’acceptabilité sociale des projetsde développement, tout en amé-liorant la santé publique.»

Un arbre de «bienvenue»Et le maire de Rimouski de

parler de ce qu’il connaît finale-ment le mieux, soit sa propreville… qui ne doit d’ailleurs pasêtre un mauvais exemple,puisqu’elle se classe depuisdeux ans au premier rang selon

l’indice relatif du bonheur(IRB). Là-bas, les nouveaux pro-priétaires reçoivent tous un ar-bre mature et ils sont ainsi en-couragés à fleurir leur environ-nement. «Ce n’est pas unique-ment nettoyer les rues, estimeÉric Forest. Il faut qu’on ait,comme collectivité, le souci de sti-muler, d’encourager et d’accom-pagner notre population, qui de-vient un partenaire du dévelop-pement de la ville. La revalorisa-tion de nos déchets, l’éducationen matière écologique, les espacesverts dans notre milieu et dansles propriétés privées : tout celane peut fonctionner que si tout lemonde s’y met, la société civile,les municipalités et les différentsordres de gouvernement.»

De ce point de vue, le prési-dent de l’UMQ fustige Québec,qui, d’un côté, se dote d’uneloi-cadre en matière de déve-loppement durable et, de l’au-tre, accepte que la SAQ ferme

des comptoirs au centre-ville,accessibles via la mobilité ac-tive, pour en ouvrir en périphé-rie des grands centres urbains.«Il y a comme une dichotomie !,tonne-t-il. De telles choses, nousdevons les dénoncer, et c’est en-core là le rôle de l’UMQ. Adres-ser au gouvernement du Québecles demandes, sensibiliser lesautorités à nos réalités. Dégagerdes consensus et représenter l’in-térêt municipal au niveau desordres de gouvernement. Nousavons également tout un voletde formation, de sensibilisationauprès de nos membres, avecl’organisation de colloques surle développement durable, uneformation en ligne, de la docu-mentation, etc. Enfin, c’est ceque, moi, j’ai développé depuisque je suis président de l’UMQ.Nous développons ainsi unesorte de vitrine des idées nova-trices, notamment en matièrede développement durable. Siune municipalité aménage unnouveau stationnement avec

une technique de récupérationdes eaux pour arroser le parc si-tué à côté, nous le notons. Pourque les gens puissent s’inspirerd’idées brillantes que des col-lègues ont mises en place ail-leurs au Québec.»

Initiatives localesÉric Forest en est certain: les

municipalités du Québec ontune volonté profonde d’êtreplus vertes. Les milieux veulentprendre un virage vers le déve-loppement durable, au-delà desgrandes intentions décrétéespar le gouvernement provincial.Parce que les villes constituentl’ordre de gouvernement leplus proche du citoyen et que lecitoyen pousse en ce sens. Ilveut changer ses façons defaire, il veut améliorer sa qua-lité de vie, il n’accepte plus desubir les conséquences de lapollution et des modes de viesédentaires. Rimouski vient no-tamment de se doter d’un planstratégique en développementdurable qui l’obligera à faire unb i l a n a n n u e l d e s a c t i o n s menées, petites et grandes.

Toutes les initiatives sontbonnes, qu’elles viennent de lamunicipalité ou d’un citoyen.« C’est une énergie qui vientparfois de nous, parfois du ci-toyen, note Éric Forest. Ici, leshabitants de Rimouski ontlancé, il y a quelques années,un projet-pilote sur le compos-tage, et la Ville va déployer enseptembre la cueillette des ma-tières organiques. Un employé

de la municipalité aégalement mis aupoint une espèce devente de garage vir-tuelle de dons réutili-sables, que la Ville areprise à son compte.

Si je change mon téléviseur, aulieu de jeter l’ancien, je l’inscrisdans le site Internet de la Villepour en faire don à qui le vou-dra. C’est toujours ça de moinsqui par t aux vidanges ! Il y adonc, d’un côté, les gros projetsde développement autour de lagestion de l’eau et des déchets,du transport en commun et ac-tif, de la réduction des gaz à ef-fet de serre, etc., et, de l’autre,nombre de petites initiatives lo-cales qui, reprises à une plusgrande échelle, peuvent vrai-ment améliorer la qualité devie. Les deux sont tout aussi im-portants, parce qu’il y a toutela question de l’adhésion et del’apprivoisement de ces objec-tifs. En matière de développe-ment durable, on dit souvent :“Pensons globalement, agissonslocalement”. La traduction deça, c’est bien que l’action, elle sepasse dans les municipalités. »

CollaboratriceLe Devoir

« Quand on parle de développement durable, d’environne-ment, de lutte contre les gaz à ef fet de serre, il est clair quecela atterrit dans la cour des villes, af firme Éric Forest, président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) etmaire de Rimouski. Quand on regarde les actions en matièred’aménagement, les gestes et les initiatives en matière de recyclage, au niveau du traitement des matières organiques,des infrastructures qui permettent la mobilité active, commeles sentiers pédestres ou cyclables, les pistes de ski de fond,l’aménagement de nos artères et des espaces verts, les struc-tures de loisir, c’est vraiment au niveau des municipalités queles enjeux se matérialisent de façon concrète. »

JACQUES NADEAU LE DEVOIR

Plusieurs problèmes d’ordre écologique, comme la gestion des matières résiduelles et recyclables,sont du ressort des municipalités.

Éric Forest en est certain : lesmunicipalités du Québec ont unevolonté profonde d’être plus vertes

Page 2: ENVIRONNEMENT - Le Devoir

V I L L E S V E R T E SL E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 7 E T D I M A N C H E 2 8 A V R I L 2 0 1 3H 2

Nourrir McGill est un partenariat entre le Ser-vice de restauration de l’Université McGill etla station de recherche horticole du campusMacDonald, à Sainte-Anne-de-Bellevue. De-puis 2009, la ferme horticole, appelée MacFarm, approvisionne en fruits et légumes leService de restauration en vue d’of frir une ali-mentation locale aux résidences de McGill età la communauté universitaire. Cette utilisa-tion d’aliments locaux contribue à la durabi-lité du service alimentaire de McGill, tout enréduisant l’empreinte écologique de l’univer-sité. Unique en son genre, Nourrir McGill ré-pond à une sensibilisation grandissante dési-rant faire mieux en matière d’alimentation.

J A C I N T H E L E B L A N C

C’ est en visitant le campus MacDonaldqu’Oliver de Volpi, le chef exécutif du Ser-

vice de restauration de l’Université McGill, arencontré Mike Bleho pour la première fois.Quand ce technicien horticole lui a demandé sides fruits et des légumes de Mac Farm étaientachetés pour nourrir la communauté universi-taire, M. de Volpi, qui a répondu par la néga-tive, a tout de suite su qu’il fallait le faire. «Unesemaine plus tard, raconte le chef exécutif,Mike est venu ici [au centre-ville] avec sa ca-mionnette, pour les premières livraisons de can-taloups, de pastèques, de pommes, de poivrons,de tomates. »

Puisque McGill existe depuis plus de 100ans, pourquoi l’initiative n’a-t-elle pas eu lieuplus tôt ? Les deux hommes ne le savent pas.« Il y a toujours eu de la nourriture servie au cen-tre-ville. Il y a toujours eu une ferme à Sainte-Anne-de-Bellevue. Les deux appar tiennent àMcGill, mais personne n’a jamais mis les deuxensemble», explique Oliver de Volpi.

Nourrir McGill sort de l’ordinaire, reconnaîtM. de Volpi. Ce projet sans précédent au Qué-bec leur a valu récemment un prix, décerné parl’Institut d’administration publique du Canadaet par Deloitte, pour leur leadership dans la ca-

tégorie «Éducation dans le secteur public».

Un exemple à suivreLe Service de restauration de McGill agit cer-

tainement comme agent de changement. Lesnouvelles habitudes prises depuis quatre ansont des impacts, que ce soit chez les étudiantsou chez les fournisseurs. Pour les étudiants etle personnel, outre le fait de mieux se nourrir,« ils connaissent les conditions dans lesquellesleur nourriture a été produite », souligne M. deVolpi. En plus de réduire l’empreinte écolo-gique de l’établissement, Mac Farm utilise lemoins possible de pesticides et de fertilisants etfavorise le compostage. « J’ai des tas de compostici en arrière, indique Mike Bleho. C’est tout ducompost qu’on met sur nos terres et ça me permetde ne quasiment pas utiliser de fertilisants chi-miques ! » La ferme n’a toutefois pas de certifi-cation biologique.

Toujours dans une perspective de durabilité,le technicien horticole utilise depuis deux ans

un système de récupération de l’eau de pluiedans sa ferme et il s’en sert pour la productionde plants dans les serres. «Et, cette année, on vaacheter une autre pompe pour se servir de cetteeau-là pour irriguer nos champs», ajoute-t-il.

Non seulement les fruits et les légumes sontfraîchement cueillis lorsqu’ils arrivent au cen-tre-ville, mais la proximité de la ferme et la pos-sibilité de parler directement au producteurconstituent de grands avantages pour Oliver deVolpi. Il peut ainsi savoir ce qui s’en vient et dequelle façon se déroule la saison. De plus, à lasuite d’une rencontre de tous les chefs, MikeBleho achète les graines selon ce qui a été dé-cidé pour les menus des prochaines sessions.D’un côté, le technicien horticole se retrouveparfois avec des fruits et des légumes qu’il n’ajamais cultivés. De l’autre côté, les chefs duService de restauration reçoivent des fruits etdes légumes avec lesquels ils ne cuisinent passouvent. Les apprentissages et les découvertesne sont jamais bien loin.

Quant aux fournisseurs, ils ont dû s’adapter auvirage pris par le Service de restauration. «Lesfournisseurs qu’on a ne sont pas toujours sûrs dece qui est local et de ce qui ne l’est pas, note M. deVolpi. Quand on posait la question il y a deux ans,il fallait aller dans l’entrepôt et regarder sur laboîte. Maintenant, ils savent un peu plus et peu-vent même nous envoyer des rapports.» Leur four-

nisseur de services alimentaires, Aramark, amême emboîté le pas et fait aussi affaire avecMac Farm, le temps des saisons correspondantavec le calendrier universitaire.

Un défi de tailleLe principal défi de Nourrir McGill est

d’adapter la saison agricole au calendrier sco-laire. Heureusement, le côté universitaire n’estjamais bien loin pour aider. «La beauté de fairequelque chose comme ça dans une école, avanceM. Bleho, c’est que nous sommes capables d’y as-socier d’autres départements, comme le Départe-ment d’ingénierie, où il y a beaucoup de profes-seurs et d’étudiants qui sont intéressés à [com-prendre] de quelle façon l’ingénierie est liée àl’agriculture. » En effet, plusieurs projets de re-cherche sont menés pour aider à pallier cer-tains problèmes, telle l’extension de la saisonagricole, ou encore pour améliorer les connais-sances sur dif férentes espèces de végétaux.Lorsque la saison à Mac Farm prend fin, Oliverde Volpi comble les besoins avec ses autresfournisseurs qui of frent le plus possible desproduits locaux.

Avec le temps, le Service de restauration faitaussi affaire avec les autres fermes du campusMacDonald. En effet, depuis maintenant deuxans, les œufs en coquille sont achetés directe-ment de la ferme. Aussi, depuis trois ans, Oli-ver de Volpi reçoit du bœuf de la ferme laitière.«La première année, deux bœufs ont été envoyésici. La deuxième, c’étaient huit, et maintenant,on a douze bœufs qui viennent de la ferme», pré-cise-t-il. Cette année, en plus de poursuivre lespar tenariats actuels avec les fermes, M. deVolpi aura du miel du campus MacDonald.

Par ailleurs, McGill est la première universitéau Canada à avoir obtenu, en février dernier, lacertification Chaîne de garantie d’origine, duMarine Stewardship Council (MSC). Ainsi, tousles produits de la mer servis par le biais du Ser-vice de restauration de McGill et d’Aramark sontcertifiés MSC pour une pêche durable. Cette dé-marche, qui a pris deux ans, s’est appuyée, entreautres, sur des recherches étudiantes et sur laparticipation des deux fournisseurs de poissonset de fruits de mer de l’établissement.

Avec tous ces virages, Oliver de Volpi voit leService de restauration de l’Université McGillcomme «un des leaders en durabilité des servicesalimentaires ». Avec la préparation d’environ10 000 repas par jour, sept jours sur sept, « si jen’achète pas des produits locaux et que je n’ap-puie pas les fermes locales, qui va le faire? On ale pouvoir», conclut-il.

CollaboratriceLe Devoir

UNIVERSITÉ MCGILL

La Mac Farm approvisionne tout le campusNourrir McGill est un modèle de service alimentaire durable

SOURCE MCGILL

C’est de l’union du travail des gens du Service de restauration de l’Université McGill et de ceux deMac Farm, qui appartient à l’université, qu’est né le projet Nourrir McGill.

POUR UNE ÉCOALIMENTATION Lucie Sauvé, Nayla Nouafal et Eva Auzou (dir.)

On comprend de mieux en mieux que santé humaine et santé des écosystèmes sont indissociables. Basé sur des enquêtes menées auprès des artisans de dix initiatives d’écoalimentation du Québec, ce livre met en évidence leur dimension éducative. Il célèbre la créativité et le courage de ces gens qui contribuent à réinventer le rapport au monde, du champ ou du jardin, celui de la campagne

ou de la ville, jusqu’à l’assiette.

214 pages | 978-2-7605-3703-3

25$ 1899$ PDF EPUB

MANGEZ MIEUX ET BIEN VIVRE

©Ferme pédagogique Marichel

©Crudessence (Mathieu Dupuis)

©Action Communiterre

©Action Communiterre

VILLE DE LAVAL

Un nouveau schémad’aménagement sera adopté d’ici au printemps 2014

É M I L I E C O R R I V E A U

Ce n’est pas d’hier que Lavalpropose des subventions à

ses résidants pour améliorerson bilan écologique. Depuis2009, elle offre une remise pos-tale pour le remplacementd’une toilette standard par unetoilette à faible débit. Depuis,d’autres remises se sont ajou-tées : la Ville subventionne no-tamment les barils récupéra-teurs d’eau, les composteurs do-mestiques ainsi que les coucheslavables. Ses programmes étantparticulièrement populaires, lamunicipalité a décidé de boni-fier son offre cette année.

«Comme les programmes ori-ginaux ne prévoyaient pas queles besoins soient aussi grands,on a dû ajuster le tir. Nous avonsaugmenté la participation finan-cière de la Ville et permis de dou-bler le nombre de produits sub-ventionnés par ménage. Nousavons aussi décidé de rendre lescouches lavables plus accessiblesa u x f a m i l l e s » , s o u l i g n eM. Gilles Benoît, ingénieur etdirecteur du Service de l’envi-ronnement de la Ville de Laval.

Peu importe le produit sub-ventionné, le principe est lemême. Les Lavallois font l’ac-quisition de celui-ci et font par-venir leur facture à la Ville.Une vérification est faite, puisun remboursement est émis.

Dans le même d’esprit visantl’amélioration de l’environne-ment par le versement de sub-

ventions pour certaines activi-tés, la Ville de Laval a contribuéfinancièrement au démarragede la Chaire de cardiologie envi-ronnementale du docteur Fran-çois Reeves, cardiologue à laCité de la santé de Laval. Lerôle de celle-ci est d’étudier lapo l lu t ion a tmosphér iquecomme facteur des décès liés àdes maladies cardiovasculaires.«La Ville de Laval souhaitait ap-puyer les recherches du docteurReeves. Celui-ci commence à dif-fuser ses résultats et nous trou-vons cela très intéressant», com-mente M. Benoît.

Également, en 2013, Lavalpar ticipe au nouveau pro-gramme de l’Association qué-bécoise de lutte contre la pollu-tion atmosphérique, « Chan-gez d’air », lequel vise le retraitou le remplacement des appa-reils à combustion lente nonperformants. Une aide finan-cière allant jusqu’à 600 $ estprévue pour inciter les proprié-taires à se dépar tir de leursvieux appareils et à les rempla-cer par de nouveaux systèmescer tifiés de chauf fage àbûches, à granules, au gaz ouà l’électricité.

Eau potableAu plan de la gestion de l’eau

potable, Laval a adopté enaoût 2012 une stratégie d’écono-mie calquée sur la politique pro-vinciale. Celle-ci commande uneréduction de 20% de la consom-mation moyenne d’eau potable

à travers le territoire lavalloisd’ici à 2017. «On va aller voir lescitoyens et on va regarder avecun certain nombre de partici-pants volontaires leur consom-mation résidentielle, expliqueM. Benoît. On l’avait fait dans lepassé avec un programme quiétait lié à Hydro-Québec. Mainte-nant, on aimerait savoir com-ment ç’a évolué. Les gens intéres-sés à participer un peu plus fine-ment à notre étude vont être ac-compagnés. On va leur fournirdes outils pour qu’ils puissent ré-duire leur consommation d’eau.»

De la même façon, Laval accompagnera, au cours del’année 2013, ses plus grandsconsommateurs d’eau : lescommerces et les industries.Des conseillers écologiquess’intéresseront de près à leurp r o f i l d e c o n s o m m a t i o n , dresseront un portrait de leur

Bien que, au cours des derniers mois, elle ait été critiquéepour sa gestion des milieux humides, la Ville de Laval consenten 2013 plusieurs efforts pour améliorer son bilan écologique.La bonification de subventions, l’amélioration de la gestion dela qualité de l’air et de la consommation d’eau ainsi que lamise en valeur de milieux naturels font partie de sa stratégie.

SOURVE CRE DE LAVAL

Laval veut contribuer à protégerles milieux naturels sur sonterritoire.

VOIR PAGE H 3 : LAVAL

Page 3: ENVIRONNEMENT - Le Devoir

V I L L E S V E R T E SL E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 7 E T D I M A N C H E 2 8 A V R I L 2 0 1 3 H 3

usage et leur proposeront desmesures d’économie. Les ré-sultats des enquêtes menéesseront rendus publics et pour-ront servir de modèles aux au-tres entreprises de la région.

À titre d’exemple, le Servicecorrectionnel canadien deSaint-François, un importantconsommateur d’eau, recevral’appui des conseillers écolo-giques de la Ville de Laval.Ceux-ci tenteront de détermi-ner s’il est possible de réduirela consommation du centre enexaminant l’usage qui y estfait, que ce soit dans les cafété-rias, les buanderies ou lessalles de bain.

Laval travaille également à lamise en valeur des milieux natu-rels de son territoire. Notam-ment, en permettant à l’orga-nisme Éco-Nature d’utiliserprès de 90 lots lui appartenant,elle contribue à l’agrandisse-ment du refuge faunique de larivière des Mille-Îles et ainsi à lapréservation de l’intégrité d’unhabitat faunique d’importance.

Dans le même esprit, laVille appuie la création, par leministère de l’Environnement,d’un habitat floristique sur larivière des Mille-Îles. Elle col-labore également avec Nature-Action Québec, une entreprised’économie sociale qui œuvrepour la protection de l’environ-nement. « On travaille aveccette entreprise pour faire de laprospection auprès de proprié-taires privés qui désirent céderdes milieux naturels à des finsde conservation et de mise envaleur. Pourquoi faire af faireavec eux plutôt que de le fairedirectement à la Ville ? Parcequ’ils sont bien au courant detoutes les démarches à menerauprès des dif férents ordres degouvernement et des pro-grammes qui existent. Leur ex-per tise est très intéressante »,précise M. Benoît.

Schéma d’aménagementQuant au schéma d’aménage-

ment que doit adopter Lavald’ici au printemps 2014, afin dese conformer aux nouvelles exi-gences du Plan métropolitaind’aménagement et de dévelop-pement dont s’est dotée la Com-munauté métropolitaine deMontréal, il est présentement àl’étude et ne fera pas l’objetd’une consultation publique.

«La Ville travaille à finaliserson schéma d’aménagement etj’insiste pour dire qu’il sera du-rable, conclut M. Benoît. Il vainclure un plan de développe-ment de la zone agricole, unplan de mobilité durable, unplan de mobilité active, etc. »

CollaboratriceLe Devoir

SUITE DE LA PAGE H 2

LAVALLONGUEUIL

Priorité au développement de l’agriculture durable

M A R T I N E L E T A R T E

L es résidants et les visiteursde Longueuil ont vu arri-

ver l’an dernier un petit mar-ché public dans l’arrondisse-ment Saint-Hubert, voisin del’aéroport. Cette initiative peutsembler banale, mais elleprendra de l’ampleur et elleest liée à tout un projet de dé-ploiement d’une agriculturedurable à Longueuil.

« Les gens pensent à Lon-gueuil et ils voient des maisonsunifamiliales, mais notre terri-toire est beaucoup plus riche etplus diversifié, affirme la mai-resse, Caroline Saint-Hilaire.Vingt-quatrepour cent de notreterritoire est zoné agricole,même si nous sommes très prèsde Montréal. »

Puisqu’aucun marché publicn’existait sur le territoire deLongueuil, les producteursécoulaient leurs produits ail-leurs. « Nous trouvions que çan’avait pas de bon sens et nousavons cherché des moyens pourrapprocher les consommateursde la terre et pour qu’ils n’aientplus besoin d’aller au marchéJ e a n - T a l o n » , e x p l i q u eMme Saint-Hilaire.

L’an dernier, une quinzainede producteurs étaient au ren-dez-vous. Ils seront cette an-née une vingtaine et, en plusdes fr uits et légumes, plu-sieurs fromages québécois,des viandes et des poissons fe-ront leur arrivée sur les étals.Le marché accueillera le publicdès le 12 mai cette année pourla saison estivale et, en 2014,on inaugurera la phase perma-nente du marché qui sera ou-verte à l’année. La création dumarché public sert aussi de lo-comotive au développement dusecteur de la production agri-cole à Longueuil.

En juin dernier, la Ville a an-noncé, avec des ministres dugouvernement du Québec, lelancement du projet-pilote Éco-Territoire 21 pour développerune agriculture durable dans lerespect des milieux naturels,en remettant en culture desterres qui étaient à l’abandon.« Nous ferons beaucoup d’agri-culture biologique, précise Ca-roline Saint-Hilaire. Nous avonsdonné le mandat à PascaleTremblay [agronome et ex-ani-matrice notamment de l’émis-

sion de télévision La vie envert] de mettre sur pied le mar-ché, de créer des ententes avecles producteurs et de cibler desproduits intéressants à cultiver.»

Le développement de l’agri-culture durable est ainsi de-venu une priorité de l’adminis-tration municipale actuelle.«Pour faire avancer les choses,ça prend une volonté politique,remarque la mairesse. Avecl’ouverture du marché et le sou-tien gouvernemental qui est ar-rivé, tous se sont mis à s’activerpour développer notre secteuragricole. »

Quartiers vertsPlusieurs quar tiers ver ts

sont aussi en construction ouen élaboration actuellement àLongueuil. La Ville souhaiteconstruire un quartier LEED(Leadership in Energy and En-vironmental Design] dans lePôle Roland-Therrien. « C’estun terrain immense équivalantà 216 terrains de football quiest à redévelopper, indique Ca-roline Saint-Hilaire. C’est situéprès de la 132 et de Pratt &Whitney, donc c’est un secteurindustriel. Ce sera probable-ment le plus gros projet des 10dernières années et des 10 pro-chaines à Longueuil. »

La Ville a commencé àconsulter les citoyens pourdiscuter du développement du

secteur. «Nous voulons réaliserquelque chose de convivial.C’est aussi un secteur près dufleuve. Nous avons une com-mande du gouvernement dedensifier notre territoire, maisnous souhaitons le faire àl’échelle humaine », expliqueCaroline Saint-Hilaire.

Les résidants de ce quartiervert pourront bénéficier du ser-vice express d’autobus circulantboulevard Roland-Therrien, quise rendra à la station de métroLongueuil. «Nous refaisons toutle boulevard en prévoyant unevoie réservée et, si tout va commeprévu, le service devrait être envigueur en août ou septembre»,précise la mairesse.

Ce projet s’inscrit dans la li-gnée des quartiers verts déve-loppés à Longueuil. Le pre-mier écoquar tier de la Rive-Sud, le Faubourg Cousineau,est en construction dans lesecteur de l’autoroute 30, desr ues Ovila, Arlington et duboulevard Kimber. La pre-mière phase comprend 200condominiums, des com-merces de proximité et desbureaux. On y trouvera aussides stationnements couvertspour vélo, des stationnementsdédiés à l’autopartage et desbornes pour recharger les voi-tures électriques. On opterapour l’éclairage à l’énergie so-laire dans les parcs et pour un

p r o g r a m m e d ’ é c o n o m i ed’énergie pour l’éclairage desrues secondaires.

Le projet immobilier Ver turbain, qui inclut des prin-cipes de développement dura-ble, est aussi en cours de réali-sation. Il est situé près du bou-levard Roland-Therrien et re-lié au Boisé du Tremblay.

Grands espaces vertsLes grands espaces sont un

autre secret bien gardé deLongueuil, comme le Boisé duTremblay. On y trouve notam-ment plusieurs espèces d’oi-seaux, énormément de che-vreuils et la rainette faux-grillon de l’Ouest, qui est vul-nérable. « Nous avons aug-menté la superficie du Boisé etnous continuerons de le faireavec la collaboration de Na-ture-Action Québec, qui faitl’acquisition de terrains, ex-plique la mairesse. Nous avonsaussi demandé au gouverne-ment du Québec de protéger cetespace en le reconnaissantcomme refuge faunique. Nousattendons la réponse. »

Les citoyens et les écolo-gistes demandent depuis long-temps la protection du Boisédu Tremblay, mais CarolineSaint-Hilaire aimerait mainte-nant qu’ils s’approprient le lieu.«Le Boisé du Tremblay est mé-connu. Pourtant, il est presque

deux fois plus grand que le parcdu Mont-Royal. Notre défi serade faire en sorte que les gens dé-couvrent cet espace et sa ri-chesse. Nous voudrions parexemple aménager des sentiers»,indique Mme Saint-Hilaire.

La Ville de Longueuil multi-plie aussi les efforts pour met-tre en valeur le parc de la Cité.« Nous avons augmenté sa su-perficie de 50% et, cette année,nous investissons dans des mo-dules de jeu et dans l’aménage-ment. Nous souhaitons que leparc soit plus sécuritaire, grâceà un meilleur éclairage, pourque les citoyens en bénéficientdavantage. »

Pour se promener à traverstous ces espaces verts en Bixi,les Longueuillois devront ai-guiser leur patience et, sur-tout, continuer d’utiliser plei-nement les six stations exis-tantes dans la ville.

« Nous voudrions étendre leréseau, mais ça prend des sous,donc nous voulons nous assurerque la popularité des vélos Bixià Longueuil n’était pas seule-ment attribuable à l’ef fet denouveauté l’an dernier. Si nousvoyons que les citoyens intè-grent le Bixi à leurs habitudes,nous étendrons le réseau sur leterritoire. »

CollaboratriceLe Devoir

La Ville de Longueuil travaillesur plusieurs fronts pour quele développement durable soit davantage qu’un beauconcept ; on souhaite que lesgens se l’approprient et le vi-vent au quotidien.

SOURCE VILLE DE LONGUEIL

Depuis l’an dernier, l’installation d’un marché public à Longueil a permis aux producteurs agricoles du territoire de vendre leurs

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V I L L E S V E R T E SL E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 7 E T D I M A N C H E 2 8 A V R I L 2 0 1 3H 4

Le titre de capitale ver te de l’Europe en2013, décerné à Nantes par la Commissioneuropéenne, est contesté par bien des écolo-gistes, principalement à cause d’un projetd’aéroport controversé dans la région. N’em-pêche, plusieurs des politiques que Nantes amises de l’avant pour favoriser la mobilité du-rable peuvent servir d’inspiration.

É T I E N N E P L A M O N D O N É M O N D

L a nomination de Nantes comme capitaleverte de l’Union européenne en 2013 a été

accueillie dans la controverse. Le projet d’aéro-port à Notre-Dame-des-Landes y est vivementcontesté par des groupes écologistes, entre au-tres à cause de la destruction de milieux hu-mides qu’il engendrera, et il est devenu l’un desdossiers écologiques les plus sensibles enFrance. Paradoxalement, la région métropoli-taine de Nantes pourrait donner de sérieusesleçons aux autres villes à propos de la mobilitédurable. Son plan d’action poursuit l’objectif deréduire la part modale des déplacements envoiture à 50% du total des déplacements.

De passage à Montréal le 20 mars dernier,lors de la conférence intitulée « Passer au vert.Des choix intelligents pour un avenir durable »,organisée par l’Union européenne en marge dusalon des technologies écologiques Americana,Jean-François Retiére, maire de Mauve-sur-Loire et vice-président de Nantes métropole, aprésenté les initiatives de sa communauté ur-baine, s’attardant particulièrement au dossierdes déplacements et du transport, dont il estresponsable. M. Retiére maintient le cap surdeux objectifs : réduire le nombre d’automo-biles conduites en solitaire et convaincre la po-pulation d’accepter la densification autour desgrands axes de transport.

« On a hiérarchisé notre réseau », a expliquéM. Retiére, en entrevue avec Le Devoir à lasuite de sa présentation au Palais des congrèsde Montréal. Nantes fut la première ville enFrance à avoir réintroduit le tramwayd’une façon moderne, en 1985. Seslignes s’étalent aujourd’hui sur 44 kmet desservent les quartiers et les villesles plus densément peuplés de l’agglo-mération de 600 000 habitants. Un ré-seau structurant d’autobus sur dessites propres, avec des couloirs réser-vés ou des priorités aux feux de circu-lation, vient se mailler à ce squelettefait de rails. De plus, des navettes flu-viales, nommées Navibus, naviguentsur les eaux de la Loire. « Notre poli-tique de mobilité, c’est une réflexion sur tous lesmodes de déplacement et leur coordination. »

Redessiner la ville pour les piétonsCette conception du réseau redonne une

place de choix aux piétons. «On a essayé de re-dessiner la ville pour la marche, a expliquéM. Retiére. Dans les villes, on a des panneauxindicateurs pour les voitures. On n’est jamaisperdu en voiture. Mais on a toujours fait leschoses comme si le piéton, lui, savait où il allait.Et ce n’est pas toujours le cas. »

Des panneaux signalétiques ont été installésà cette fin. Ils situent les marcheurs par rapportà certains sites et repères emblématiques de laville, tout en indiquant le temps nécessairepour s’y rendre à pied. «Les gens trop habitués àse déplacer en voiture avaient perdu la notion

des distances. Ils pensaient par fois que, pourfaire un kilomètre, ça prenait une demi-heure.C’était parce que le paysage urbain n’était pas li-sible. Et les correspondances avec les stations detransport en commun n’apparaissaient pas évi-dentes », a-t-il remarqué.

Pour inciter ses concitoyens à adopter lamarche, l’intermodalité se doit d’êtreefficace sur l’ensemble du réseau detransport, a-t-il précisé. «Si les gens ontà changer de mode de transpor t unefois, deux fois ou trois fois, ce sera sup-portable à une condition : c’est que lescorrespondances ne s’éternisent pas.Cela suppose un réseau qui tourne enpermanence, c’est-à-dire qui n’obligepas l’usager à lire des horaires compli-qués et dans lequel il n’est pas dif ficilede savoir à quel arrêt on est. Ça, para-doxalement, ça encourage la marche, a-

t-il assuré. On a vu que, là où le transport n’estpas très structurant, les gens arrêtent au bout de300 mètres et se décourage de répéter le parcoursà pied. Quand ils ont un service structurant etbien rythmé, ils vont accepter de marcher jusqu’à500 mètres, facilement. »

D’ailleurs, pour faire face au vieillissement dela population, le réseau de transport en com-mun nantais est conçu pour que la plupart deshabitants puissent avoir accès à un arrêt, sur unréseau de transport en commun structurant, àmoins de 500 mètres de chez eux. De plus, leshoraires ont été adaptés aux nouvelles habi-tudes de vie des gens pour prolonger le servicejusqu’à plus tard dans la nuit.

« On essaie d’associer les salariés des entre-prises à notre démarche. Ils se déplacent tous lesjours pour aller au travail, donc ils ont une

connaissance très fine du territoire. On voit aveceux de quelle façon on peut améliorer notre poli-tique de transpor t en commun, mais on faitaussi des actions très for tes en direction desjeunes, car ce sont souvent les meilleurs vecteursde changement. »

Décourager l’utilisation de l’automobileN’empêche, l’attachement à leur voiture qui

caractérise de nombreux habitants compliqueparfois les plans, a souligné M. Retiére. « C’estle stationnement qui pose problème. On sait quele stationnement est un obstacle au transport pu-blic, parce que les voitures occupent sur la voieune place qui n’est pas négligeable. On est surdes rues qui sont étroites et, si on veut faire pas-ser du transport public dans de bonnes condi-tions, on doit faire disparaître des voitures. »

Pour le stationnement, une politique assezrude a donc été mise en place. Les résidants ducentre-ville jouissent de tarifs préférentiels,alors que des mesures dissuasives incitent leshabitants des périphéries, qui se déplacent aucentre-ville pour le travail ou les loisirs, à se ra-battre sur les autres moyens de transport.

Tout un chantier demeure aussi à mettre enplace pour stimuler l’utilisation des vélos. «On adécidé à Nantes, mais ce n’est pas achevé encore,d’avoir des axes structurants lourds, à l’image dece qui se fait dans les pays de l’Europe du Nord,où la priorité sera vraiment accordée aux vélos, defaçon très marquée, au cœur de la ville.» Pour at-teindre son but, Nantes peut s’inspirer de la villedont le nom a déjà été dévoilé comme la capitaleverte de l’Europe pour 2014: Copenhague.

CollaborateurLe Devoir

«On a essayé de redessiner la ville pour la marche»La capitale verte de l’Europe a fait de la mobilité durable une réalité

FRANK PERRY AGENCE FRANCE-PRESSE

À Nantes, en France, la politique de mobilité a été conçue pour coordonner tous les modes dedéplacement. Par exemple, au réseau de voies ferrées et aux autobus s’ajoutent les Navibus, desnavettes fluviales qui sillonnent les eaux de la Loire.

Pour lestationnement,une politiqueassez rude adonc été miseen place

Il y a plusieurs façons de verdir une ville etl’une d’elles est de favoriser l’émergence surson territoire d’entreprises engagées pour ledéveloppement durable. Voilà une des pisteschoisies par la Ville de Sherbrooke, qui en aconfié le mandat à Sherbrooke Innopole.

P I E R R E V A L L É E

D epuis quatre ans, Sherbrooke Innopoleagit en tant que centre local de développe-

ment (CLD) de la MRC de Sherbrooke. À ce ti-tre, son rôle consiste à accompagner les entre-prises, nouvelles et anciennes, dans leur déve-loppement. Cinq filières-clés ont été définies :les sciences de la vie, les micro-nanotechnolo-gies, les technologies de l’information et descommunications, les industries manufactu-rières et de production de pointe et les techno-logies propres. Sans négliger l’apport des au-tres, ce sont surtout les entreprises en techno-logies propres qui, de par la nature de leurs ac-tivités, œuvrent en développement durable.

Technologies propresLa filière-clé des technologies propres de

Sherbrooke Innopole compte présentementquelque 90 entreprises et représente près de2600 emplois. « Nos entreprises en technologiespropres œuvrent dans plusieurs secteurs-phares»,explique Chloé Legris, directrice du développe-ment des affaires pour les technologies propreschez Sherbrooke Innopole. Ces secteurs d’acti-vité sont la valorisation des matières rési-duelles, l’énergie, la bio-industrie et la chimieverte, le traitement de l’eau et des sols, le trans-port durable ainsi que le marché du carbone etles GES.

«Des 90 entreprises qui composent notre filièreen technologies propres, la majorité, soit environ75 entreprises, étaient déjà en activité sur notreterritoire, ce qui témoigne du dynamisme déjà enplace dans ce secteur et de notre choix d’en favo-riser le développement, souligne Chloé Legris.Depuis quatre ans, donc, nous avons rajouté 15nouvelles entreprises. Certaines ont été lancéespar des chercheurs de nos établissements de re-cherche, d’autres viennent de l’extérieur et ontchoisi de s’établir à Sherbrooke afin de profiterdu dynamisme du secteur. »

Les services offertsLes ser vices of fer ts aux entreprises par

Sherbrooke Innopole sont très variés et cou-vrent la gamme des besoins d’une entreprise.«Par exemple, s’il s’agit d’une entreprise qui dé-marre, nous allons d’abord l’aider à bien réflé-chir et à se construire un bon plan d’affaires. En-suite, nous l’accompagnons dans toutes les étapesde sa mise en place. »

Pour les entreprises qui viennent d’ailleurs,Sherbrooke Innopole peut les conseiller dans larecherche de locaux, les aider à trouver lesbonnes ressources, les mettre en contact avec

SHERBROOKE

La ville se veut« innovante et verte »Sherbrooke Innopole promeut ledéveloppement durable

VOIR PAGE H 5 : SHERBROOKE

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d’autres acteurs locaux afin de faciliter le ré-seautage, etc.

En ce qui concerne les entreprises localesdéjà en place, le soutien de Sherbrooke Innopolese fera plus pointu. «Ce sont des entreprises quisont bien implantées, elles ont leurs produits, leurscréneaux, leurs carnets de commande. Ce sontsurtout des problèmes ponctuels auxquels elles sontconfrontées, par exemple, une pénurie de main-d’œuvre spécialisée. C’est donc sur ces problèmesspécifiques que nous travaillons avec elles.»

Sherbrooke Innopole peut aussi aider les en-treprises dans la recherche de financement,soit en faisant appel à ses propres fonds d’inves-tissement, essentiellement destinés aux jeunesentrepreneurs, soit en guidant les entreprisesvers les bons bailleurs de fonds. «Nous sommes

en mesure d’accompagner ces entreprises et de lesdiriger vers les partenaires financiers qui leurconviennent le mieux. La présence de SherbrookeInnopole dans un dossier est un gage decrédibilité et d’assurance pour le parte-naire financier. »

De plus, l’approche préconisée parSherbrooke Innopole repose sur leprincipe des ventes. « Il faut que cettetechnologie propre trouve preneur et dé-bouche sur des ventes. Notre connais-sance du marché des technologies pro-pres et nos instruments de veille techno-logique et de prospection nous permet-tent de conseiller nos entreprises dansla recherche de marchés pour leurstechnologies. Nous sommes donc aussi un spécia-liste des ventes. En résumé, nous sommes en me-sure d’accompagner une entreprise dans toutesles étapes de sa vie. »

Depuis quatre ans, quatre ou cinq nouvellesentreprises en technologies propres se sont

jointes à Sherbrooke Innopole, un rythme decroissance pour le moment jugé approprié parChloé Legris. De plus, Sherbrooke Innopole ne

fait aucun démarchage au Québecdans le but d’attirer des entreprises.« Il n’est pas question de faire concur-rence aux autres régions du Québec.Les entreprises québécoises de l’exté-rieur qui viennent s’installer à Sher-brooke le font en raison du dynamismede la région et parce que cela leurconvient. Nous faisons par contre unpeu de démarchage en Europe et en Ca-lifornie afin de voir quelles entreprisespourraient être intéressées à venir s’ins-taller à Sherbrooke. Ce ne sont, pour le

moment, que des premiers pas. »Sherbrooke Innopole cherche aussi à favori-

ser le maillage entre entreprises. « Nous es-sayons de favoriser les collaborations entre nosentreprises pour l’exécution d’un même projet. Cepartenariat interentreprises, où souvent des tech-

nologies complémentaires sont mises à profit,nous apparaît prometteur pour l’avenir. » Toutcomme l’est le fait d’attirer des entreprises tra-ditionnelles, comme les manufacturiers, versl’économie verte. «Cela se fait par le biais de lasous-traitance. Par exemple, une entreprise spé-cialisée dans l’énergie solaire pourrait confier lafabrication et l’assemblage de ses panneaux so-laires à un manufacturier spécialisé dans la fa-brication de structures métalliques. Cela al’avantage d’amener au manufacturier un nou-veau client, mais aussi de l’introduire aux possi-bilités de l’économie verte. »

Tous les gestes posés par Sherbrooke Inno-pole visent évidemment le développement écono-mique de Sherbrooke. Mais ils sont teintés parune même volonté. «Sherbrooke se veut une villeinnovante et verte. C’est le choix de tous les acteursde la ville et Sherbrooke Innopole y contribue.»

CollaborateurLe Devoir

SUITE DE LA PAGE H 4

SHERBROOKESherbrookeInnopolecherche aussià favoriser lemaillage entreentreprises

CONCORDIA

L’université est devenue une fabrique de compostLes deux campus génèrent 600 tonnes de déchets par année

C L A U D E L A F L E U R

«G râce à une subventiondu gouvernement, nos

étudiants ont acheté un compos-teur industriel qu’ils ont utilisédurant cinq ans, rappor teMarc Champagne, chef du ser-vice des opérations non méca-niques de l’Université Concor-dia. Il avait été convenu que,après cela, mon service en héri-terait. C’est ainsi que, depuis unan, c’est nous qui l’utilisons… etje dois vous dire que ça nouscause des maux de tête !»

«Garbage in, garbage out !»

« Nous compostons environ80 tonnes de matières putresci-b l e s pa r année , p o u r s u i tM. Champagne, ce qui nousdonne environ 40 tonnes decompost. » Les matières putres-cibles sont mises dans un bio-réacteur — le composteur in-dustriel — dans lequel onajoute la « poudre » nécessairepour faire du compost. « Nousappliquons une recette, indiquele responsable de l’opération,recette qui varie quelque peu se-lon les matières qu’on met dansle composteur. »

«Voyez-vous, c’est littéralementdu «garbage in, garbage out»,c’est-à-dire que ce qu’on obtient àla fin dépend de ce qu’on metdans le composteur, poursuit-il.

Ainsi, si on y jette des cannettes,celles-ci ressortiront au bout. Sion y met du papier et du carton,cela contamine aussi le compost.Il est donc très important queceux qui utilisent les bacs de récu-pération pour les matières putres-cibles sachent exactement ce qu’ilfaut mettre dedans. Et, au boutdu compte, je me dois d’analyserla matière qui sort du compos-teur afin de m’assurer de sa qua-lité. Ça, c’est très important!»

En fait, ce qui sort du com-posteur industriel n’est pas ducompost utilisable tout desuite. Il faut laisser celui-ci sereposer durant trois à quatremois dans des piles de matura-tion. « On obtient alors unesorte de terre noire, du compost,que je redistribue par la suite àdes jardins communautaires »,indique Marc Champagne.

Il rapporte que les deux cam-pus de l’Université Concordia— le campus Sir-George-Wil-liams, situé au centre-ville, et lecampus Loyola, à Notre-Dame-de-Grâce — génèrent près de600 tonnes de déchets par an-née, déchets qui contiennentenviron 200 tonnes de matièresputrescibles.

« Il faut savoir qu’il nous encoûte 120 $ la tonne pour en-voyer nos déchets à l’enfouisse-ment et 150 $ la tonne pourtransformer les matières putres-cibles en compost, précise le

chef de service. C’est dire quele compostage a un coût et que,si on vise le tout-compostage, ilfaut en être bien conscient. »

Notons que M. Champagnen’a rien contre le compostage,au contraire même, puisqu’ille pratique à la maison. «Maisil y a une grande différence en-tre ce qui se fait chez moi et cequ’on peut faire à une échelleindustrielle. Chez moi, nouscontrôlons de près ce que nousmettons au compostage, tandisque, sur un campus universi-taire, on recueille un peu n’im-porte quoi… Chez moi, le com-postage se fait sans problème…mais il faut dire que c’est mafemme qui s’en occupe ! », lance-t-il en riant.

«Ça sent»Le ser vice des opérations

non mécaniques que dirigeM. Champagne est confronté àune foule de problèmes. «Pre-mièrement, dit-il, 70 % des dé-chets que nous produisons àConcordia proviennent de notrecampus du centre-ville. Or notrecomposteur industriel se trouveà Notre-Dame-de-Grâce, sept ki-lomètres plus loin. Il faut donctransporter les matières putres-cibles, et ce, chaque jour.»

Autre problème : les odeurs.Pas question d’installer uncomposteur au centre-ville, dit-il. «On pourrait bien sûr instal-ler des biofiltres, mais il y auratou jours des odeurs . » Et ,lorsque le lundi matin sonéquipe prend charge des ma-tières putrescibles accumu-lées depuis vendredi, « ça nesent vraiment pas bon… çasent les vidanges ! »

Marc Champagne rapportequ’il faut en outre payer unepersonne pour s’occuper du

composteur industriel, un tra-vail qui nécessite une vingtained ’ h e u r e s p a r s e m a i n e .«Lorsque c’étaient des étudiantsqui s’occupaient du composteur,ceux-ci étaient très motivés, ils ycroyaient. Mais, pour nous, c’estune job… et pas une job trèsplaisante. Il faudra donc y pen-ser le jour où on visera à com-poster toutes les matières putres-cibles que l’université génère.»

Qui plus est, s’il est relative-ment facile de récupérer la pre-mière tranche de 40 % de cesmatières, comme le font actuel-lement les employés du servicede l’entretien de Concordia, cesera un tout autre défi que dechercher à recueillir de 75 à80 %, et ce sera encore nette-ment plus exigeant si on vise le«tout-compostage».

«À vrai dire, c’est un vrai mal

de tête!, n’hésite pas à lancer ce-lui qui est chargé du dossier.Remarquez que je ne suis pascontre le compostage, mais jeconsidère qu’il est de mon devoirde dire ce qu’il en est vraiment,de dire les choses telles qu’ellessont. Il est important de savoirdans quoi on s’embarque!»

CollaborateurLe Devoir

Afin de réduire au minimum l’enfouissement des déchets domestiques, on cherche à composter le plus possible les ma-tières putrescibles, c’est-à-dire transformer ces déchets de table en engrais. C’est ainsi que le gouvernement exigera que,d’ici à 2021, les grands établissements compostent leurs matières putrescibles plutôt que de les expédier à l’enfouisse-ment. Depuis six ans déjà, et à l’initiative d’étudiants enthou-siastes, l’Université Concordia s’attelle à la tâche.

CHARLES KRUPA ASSOCIATED PRESS

À Concordia, 80 tonnes de matières putrescibles sont compostées chaque année.

Page 6: ENVIRONNEMENT - Le Devoir

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CANADA

Vancouver sera la plus ville la plus « verte» du mondeTous les bâtiments érigés à partir de 2020 devront avoir une empreinte de carbone nulle

É T I E N N E P L A M O N D O N É M O N D

E n juillet 2011, la Ville deVancouver a adopté un

plan d’action en droite ligneavec son objectif de devenir laville la plus ver te du monded’ici 2020. Lors de la confé-rence intitulée « Passer auver t. Des choix intelligentspour un avenir durable », quis’est déroulé le 20 mars der-nier au Palais des congrès deMontréal, en marge du salondes technologies écologiquesAmericana, Penny J. Ballem,directrice générale de la Villede Vancouver, est venue pré-senter le modèle et les ambi-tions de la métropole britanno-colombienne.

Réduire, réduireDans la lutte contre les gaz

à effet de serre (GES), la mu-nicipalité souhaite éliminer sad é p e n d a n c e e n v e r s l e ssources d’énergie fossiles.Pour 2020, le but consiste à ré-duire de 33% ses émissions deGES par rappor t à 2007. Laville semble engagée dans labonne voie, puisque, malgrél’accroissement de sa popula-tion, ses émissions de GES ontdiminué depuis 1998.

Dans la foulée, Vancouvertente de se placer à l’avant-garde dans le domaine de laconstruction écologique. «Van-couver a son propre code du bâ-timent», a précisé Mme Ballem.Le village olympique, construit

pour la grand-messe du sporthivernal en 2010, «a été le pre-mier quar tier cer tifié LEEDPlatine», s’est vantée Mme Bal-lem, qui y voit une expérienceexemplaire. Tous les bâti-ments qui seront érigés dansla métropole à partir de 2020devront être conçus de façon àavoir une empreinte de car-bone nulle. Réduire la consom-mation d’énergie des bâti-ments déjà construits et dimi-nuer de 20 % les GES qu’ilsémettent figurent aussi parmiles cibles que s’est fixées lamétropole. Ce dernier aspectest pris au sérieux, puisque lamunicipalité a estimé, en 2008,que les bâtiments étaient res-ponsables de 54 % des GESémis à Vancouver.

Du côté du transport, Van-couver veut qu’en 2020 plus dela moitié des déplacementssur son territoire s’effectuentà pied, à vélo ou en transporten commun. Elle a cessé d’in-vestir dans la construction denouvelles routes pour concen-trer ses ef forts sur l’élabora-tion d’infrastructures favori-sant ces moyens de locomo-tion durables. Dans ses projec-tions, la métropole souhaite ré-duire de 20 % les distancesparcourues en automobile parses habitants à l’intérieur de laville. C’est sans compter la bo-nification d’un million de dol-lars qui a été accordée à l’enve-loppe destinée à mettre enplace des bornes de rechargepour les voitures électriques.

Plus globalement, un deso b j e c t i f s f o n d a m e n t a u xconsiste à réduire de 33% l’em-preinte écologique des Van-couvérois par rapport à 2006.Or la Ville a constaté que lesecteur faisant le plus grimperl’empreinte écologique de seshabitants se révèle être celuide l’alimentation. C’est pour-quoi elle met en place tout unchantier pour favoriser les cir-cuits courts et souhaite déve-lopper un plan local d’approvi-sionnement alimentaire.

S i la va l lée du Fraser a toujours été le berceau d’une importante industrie agroali-mentaire, les Vancouvéroisn ’ a v a i e n t p a s l ’ h a b i t u d e ,jusqu’à tout récemment, dechercher à manger des pro-duits d’origine locale. Mais latendance tend à se renverser.La Ville met en place des me-sures pour soutenir l’agricul-ture urbaine, les jardins com-munautaires, les cuisines col-lectives et la création de mar-chés publics pour la vente desproduits de la région. Mme Bal-lem, Montréalaise d’origine, aconfié en entrevue au Devoirqu’elle a souvent fréquenté lemarché Atwater durant son en-fance et qu’elle croit que Van-couver aurait avantage à impor ter cette formule etcette culture.

Pour réduire l’empreinteécologique, le changement decomportements est considérécomme un facteur important.Mme Ballem assure qu’actuelle-ment la stratégie en vigueurdans le secteur alimentaire est,«de loin, la plus populaire». Laquestion alimentaire, selonelle, est un levier efficace pourcommencer à inciter les ci-

toyens à se mobiliser et à lesconvaincre d’adopter de nou-velles habitudes. « Nous avonseu des changements importantsdans une période très cour te.La discussion avec les collectivi-tés avance. Quand on leurparle seulement d’énergie, çales ennuie. Mais quand on leurparle de la nourriture, ça les in-téresse. »

VerdirVancouver est aussi souvent

cité en exemple comme un en-droit où la densification endouce de certains quartiers aété bien acceptée par la popu-lation. Le secret du succès del’opération ? « Nous avonsajouté des espaces verts, des ser-vices, des logements sociaux,des parcs, des pistes cyclables. Ily a toujours quelque chose quiaccompagne la densification etque les gens peuvent observeren se disant : “ Je vois. Nous re-cevons quelque chose pour cettedensité. ” » Il y a beaucoup demunicipalités qui ne compren-nent pas ça. Seulement la densi-fication, tout de suite, c’est diffi-cile à vendre. »

Comme autres pistes d’ac-tion mises de l’avant pour dimi-nuer son empreinte écolo-gique, la Ville expérimente unprojet-pilote pour inciter les en-treprises locales à rendre leurvoisinage plus vert, réserve unfonds de deux millions de dol-lars pour subventionner desinitiatives vertes et travaille àl’élaboration d’applications ba-sées sur les données ouvertes(open data) en ce sens. Dans lamême veine, Vancouver es-père réduire de 50% le volumedes déchets solides terminantleur trajectoire dans les dépo-

toirs ou les incinérateurs.

Économie verteDe plus, la ville veut se for-

ger une réputation de Mecquede l’économie ver te. Elle es-père doubler le nombre d’em-plois ver ts d’ici à 2020. En2010-2011, 14 900 emplois ditsverts étaient dénombrés à Van-couver, soit un peu moins de4 % du total des emplois. Van-couver espère aussi doubler lenombre d’entreprises s’enga-geant à rendre leurs activitésplus respectueuses de l’envi-ronnement sur son territoire.Pour arriver à ces fins, la Villes’engage à soutenir lesgrappes d’économie verte et àcréer des pôles d’activité reliésaux innovations technolo-giques, au recyclage et à l’in-novation sociale.

La sauvegarde et la revalori-sation des écosystèmes aussip r é o c c u p e n t t o u j o u r s l e

gouver nement municipal .Mme Ballem a donné l’exemplede la baie de False Creek, «quiétait l’une des zones les plus pol-luées de notre pays». À l’aide derèglements plus stricts etd’une revalorisation du terri-toire mise en œuvre dans lafoulée de la conception du vil-lage olympique, des espècesd’oiseaux et de poissons sontrevenues y faire leur nid. « Çadémontre tout ce qui peut êtreréalisé. Même au niveau muni-cipal, il y a beaucoup de chosesqu’on peut faire avec les res-sources qu’on a. »

Mme Ballem a tout de mêmeinsisté pour dire que, pour at-teindre tous les objectifs deson plan ambitieux, le gouver-nement municipal «ne peut pasy arriver seul. Nous avons be-soin de partenaires. »

CollaborateurLe Devoir

Devenir la ville la plus verte du monde d’ici à 2020: voilàl’ambitieuse cible que s’est fixée la Ville de Vancouver. Tourd’horizon du plan d’action de la métropole britanno-colom-bienne à ce sujet.

ENSEMBLE, REPENSONS LE MONDES I M U L A T E U R S O L A I R E E T C H A M B R E C L I M A T I Q U E

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Les stations de production d’eau potable de Pont-Viau et Sainte-Rose ont reçu la plus haute distinction du Programme d’excellence en eau potable (PEXEP), soit l’attestation 5 étoiles, remise par Réseau Environnement.

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SOURCE TOURISME VANCOUVER

La ville de Vancouver tente de se placer à l’avant-garde dans ledomaine de la construction écologique.