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Thomas Mulcair était ministre en 2006 et le Québec se donnait sa loi Page I 3 ENVIRONNEMENT DÉVELOPPEMENT DURABLE Le transport par eau est la voie écologique des entreprises Page I 4 L’économique, le social et l’environnement vont de pair Page I 5 CAHIER THÉMATIQUE I › L E D E VO I R , L E S SA M E D I 1 7 E T D I M A N C H E 1 8 N OV E M B R E 2 01 2 MAISON DU DÉVELOPPEMENT DURABLE Une maison exemplaire ! Toutes les ressources sont mises en commun JACINTHE LEBLANC I l y a un an, la Maison du développement durable accueillait officiellement ses huit membres pro- priétaires et sept groupes locataires. L’idée est partie de la volonté, il y a une dizaine d’années, d’offrir un environ- nement de travail sain, mais aussi de regrouper sous un même toit des groupes so- ciaux et environnementaux ayant une perspective com- mune du développement dura- ble. Au total, la Maison aura coûté environ 27 millions de dollars et a été financée par plus de 45 partenaires et dona- teurs privés, dont le gouverne- ment du Québec, la Ville de Montréal, Hydro-Québec et ALCOA, qui en est le principal partenaire. Pour Robert Perreault, bien qu’aucun débat théorique n’ait été fait entre les différents or- ganismes, la vision partagée semble s’apparenter à celle élaborée à l’origine en 1987 par M me Bruntland. Il la ré- sume comme un développe- ment préoccupé par « la pro- tection de l’environnement, des droits des citoyens [et] de leur participation au développe- ment », tout en visant « une uti- lisation des ressources qui puisse satisfaire les besoins des gens, qui ne soit pas orientée d’abord vers le profit et puis qui préserve l’avenir des généra- tions futures ». À cette vision du développement durable, le directeur de la MDD ajoute la dimension culturelle en souli- gnant les expositions au rez- de-chaussée, mais aussi de la présence de la Maison en plein milieu du Quartier des spectacles. Le nom retenu de la Mai- son du développement dura- ble se justifie si l’on consi- dère qui en sont les membres fondateurs, selon M. Per- reault, puisque cela fait partie de chacun d’entre eux. Le dé- veloppement doit se préoccu- per de l’environnement, mais aussi « des humains, de leur culture, de leur droit. C’est ça qui fait que le développement est durable » . Outre le déve- loppement durable comme philosophie commune, les groupes habitant dans la MDD partagent aussi des af- finités politiques. Mutualiser des services Tournée d’abord et avant tout pour répondre à des be- soins concrets de ses mem- bres, la MDD leur sert de siège social. Aussi, « en se re- groupant, souligne M. Per- reault, ils ont souhaité mutua- liser des services ». Autrement dit, les groupes de la MDD partagent aussi les frais de différents services, par exem- ple les services informa- tiques, ce qui entraîne une di- minution de coûts pour tous. Cela est fait dans une optique de mise en commun et d’at- teinte d’une équité entre les groupes présents. Être au même endroit permet égale- ment une meilleure synergie pour l’organisation d’activi- tés. Se voir et travailler en- semble devient plus facile. Dans un deuxième temps, la Maison du développement durable a pour mission d’être un bâtiment exemplaire en matière de technologies et d’énergies durables. Pour y arriver, tout a été pensé pour atteindre les standards les plus élevés selon les critères de la certification LEED (Lea- dership in Energy and Envi- ronmental Design) Platine. La MDD se veut énergéti- quement efficace. Par exem- ple, pour se chauffer ou se cli- matiser, la MDD peut comp- ter sur ses 28 puits de géo- thermie. Et en hiver, si la géo- thermie ne suffit pas, le bâtiment est équipé d’un chauffage d’appoint au gaz na- turel. Il y a également un toit vert sur lequel l’équipe de la MDD espère développer de l’agriculture urbaine et de l’apiculture. Tout a aussi été pensé au chapitre du choix des matériaux : ajout cimen- taire dans le béton, utilisation de bois provenant de forêts certifiées FSC et de maté- riaux à contenu recyclé, etc. Il y a plusieurs autres exemples de la performance environne- mentale de la Maison, notam- ment sur le plan de la qualité de l’air et de la consommation de l’eau. Pour M. Perreault, la MDD se veut aussi « un lieu de démonstration pour des en- jeux liés au bâtiment ». En outre, la sensibilisation auprès du public constitue le troisième volet de la mission. « C’est ce qui explique qu’ici, on a des séminaires, des confé- rences, des débats-midi, des expo- sitions », poursuit le directeur. Depuis l’ouverture officielle, il note que « plusieurs milliers de personnes sont passées ». La pro- grammation de cet automne est une première dont M. Per- reault constate le potentiel. Cette idée de calendrier d’évé- nements sera davantage exploi- tée dans la prochaine année. « Quand ils songent à faire de la formation sur du développe- ment durable, raconte Robert Perreault, les entreprises, les éta- blissements universitaires, les or- ganismes, la Ville de Montréal et d’autres, on sent que spontané- ment ils se disent : “ Pourquoi pas à la Maison du développement durable?”» La MDD s’est défi- nie au cours de la dernière an- née comme « un centre de réfé- rence » en matière de dévelop- pement durable. Avec ce bâtiment qui se veut exemplaire, le directeur de la Maison du développement du- rable parle aussi d’un effet d’entraînement. Aux dires de M. Perreault, d’autres projets d’envergure ayant des stan- dards élevés s’officialiseront bientôt sur la place publique. À son avis, « la MDD a placé la barre très haut » en visant l’ob- tention de la certification LEED Platine, ce qui fait que d’autres voient la possibilité et les avantages de construire un bâtiment dans une perspective de développement durable. Collaboratrice Le Devoir Organisme à but non lucratif distinct de ses membres fonda- teurs, la Maison du développement durable (MDD) a fêté son premier anniversaire le 6 octobre dernier et est en voie d’être le premier organisme à obtenir une certification LEED Platine en milieu urbain pour des bureaux. Robert Perreault, direc- teur de la MDD, se réjouit du succès et de l’attrait que la Mai- son crée autour du développement durable. JACQUES NADEAU LE DEVOIR La Maison du développement durable est située sur la rue Sainte-Catherine, en plein Quartier des spectacles. La bâtisse de la rue Sainte- Catherine s’est définie au cours de la dernière année comme « un centre de référence » en matière de développement durable CCM Le transport fluvial est le mode d’acheminement de marchandises le plus durable. JACQUES NADEAU LE DEVOIR Quelques jardins urbains existent sur certaines toitures montréalaises.

ENVIRONNEMENT - Le Devoir · 2012-11-16 · Thomas Mulcair était ministre en 2006 et le Québec se donnait sa loi Page I 3 ENVIRONNEMENT DÉVELOPPEMENT DURABLE Le transport par eau

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Page 1: ENVIRONNEMENT - Le Devoir · 2012-11-16 · Thomas Mulcair était ministre en 2006 et le Québec se donnait sa loi Page I 3 ENVIRONNEMENT DÉVELOPPEMENT DURABLE Le transport par eau

Thomas Mulcairétait ministre en2006 et le Québecse donnait sa loiPage I 3

ENVIRONNEMENTDÉVELOPPEMENT DURABLE

Le transport pareau est la voieécologique desentreprisesPage I 4

L’économique, le social etl’environnementvont de pairPage I 5

C A H I E R T H É M A T I Q U E I › L E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 7 E T D I M A N C H E 1 8 N O V E M B R E 2 0 1 2

MAISON DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

Une maisonexemplaire !Toutes les ressourcessont mises en commun

J A C I N T H E L E B L A N C

Il y a un an, la Maison dudéveloppement durableaccueillait officiellementses huit membres pro-priétaires et sept groupes

locataires. L’idée est partie dela volonté, il y a une dizained’années, d’offrir un environ-nement de travail sain, maisaussi de regrouper sous unmême toit des groupes so-ciaux et environnementauxayant une perspective com-mune du développement dura-ble. Au total, la Maison auracoûté environ 27 millions dedollars et a été financée parplus de 45 partenaires et dona-teurs privés, dont le gouverne-ment du Québec, la Ville deMontréal, Hydro-Québec etALCOA, qui en est le principalpartenaire.

Pour Robert Perreault, bienqu’aucun débat théorique n’aitété fait entre les différents or-ganismes, la vision partagéesemble s’apparenter à celleélaborée à l’origine en 1987par Mme Bruntland. Il la ré-sume comme un développe-ment préoccupé par « la pro-tection de l’environnement, desdroits des citoyens [et] de leurpar ticipation au développe-ment», tout en visant «une uti-lisation des ressources quipuisse satisfaire les besoins desgens, qui ne soit pas orientéed’abord vers le profit et puis quipréserve l’avenir des généra-tions futures ». À cette visiondu développement durable, ledirecteur de la MDD ajoute ladimension culturelle en souli-gnant les expositions au rez-

de-chaussée, mais aussi de laprésence de la Maison enplein milieu du Quartier desspectacles.

Le nom retenu de la Mai-son du développement dura-ble se justifie si l ’on consi-dère qui en sont les membresfondateurs, selon M. Per-reault, puisque cela fait partiede chacun d’entre eux. Le dé-veloppement doit se préoccu-per de l’environnement, maisaussi « des humains, de leurculture, de leur droit. C’est çaqui fait que le développementest durable ». Outre le déve-loppement durable commephilosophie commune, lesgroupes habitant dans laMDD partagent aussi des af-finités politiques.

Mutualiser des servicesTournée d’abord et avant

tout pour répondre à des be-soins concrets de ses mem-bres, la MDD leur ser t desiège social. Aussi, « en se re-groupant, souligne M. Per-reault, ils ont souhaité mutua-liser des services ». Autrementdit, les groupes de la MDDpar tagent aussi les frais dedifférents services, par exem-ple les ser vices informa-tiques, ce qui entraîne une di-minution de coûts pour tous.Cela est fait dans une optiquede mise en commun et d’at-teinte d’une équité entre lesgroupes présents. Être aumême endroit permet égale-ment une meilleure synergiepour l’organisation d’activi-tés. Se voir et travailler en-semble devient plus facile.

Dans un deuxième temps,

la Maison du développementdurable a pour mission d’êtreun bâtiment exemplaire enmatière de technologies etd’énergies durables. Pour yarriver, tout a été pensé pouratteindre les standards lesplus élevés selon les critèresde la certification LEED (Lea-dership in Energy and Envi-ronmental Design) Platine.

La MDD se veut énergéti-quement ef ficace. Par exem-ple, pour se chauffer ou se cli-matiser, la MDD peut comp-ter sur ses 28 puits de géo-thermie. Et en hiver, si la géo-thermie ne suf fit pas, lebâtiment est équipé d’unchauffage d’appoint au gaz na-turel. Il y a également un toitvert sur lequel l’équipe de laMDD espère développer del’agriculture urbaine et del’apiculture. Tout a aussi étépensé au chapitre du choixdes matériaux : ajout cimen-taire dans le béton, utilisationde bois provenant de forêtscer tif iées FSC et de maté-

riaux à contenu recyclé, etc. Ily a plusieurs autres exemplesde la performance environne-mentale de la Maison, notam-ment sur le plan de la qualitéde l’air et de la consommationde l’eau. Pour M. Perreault, laMDD se veut aussi « un lieude démonstration pour des en-jeux liés au bâtiment ».

En outre, la sensibilisationauprès du public constitue letroisième volet de la mission.«C’est ce qui explique qu’ici, ona des séminaires, des confé-rences, des débats-midi, des expo-sitions», poursuit le directeur.Depuis l’ouverture officielle, ilnote que «plusieurs milliers depersonnes sont passées». La pro-grammation de cet automneest une première dont M. Per-reault constate le potentiel.Cette idée de calendrier d’évé-nements sera davantage exploi-tée dans la prochaine année.

«Quand ils songent à faire dela formation sur du développe-ment durable, raconte RobertPerreault, les entreprises, les éta-

blissements universitaires, les or-ganismes, la Ville de Montréal etd’autres, on sent que spontané-ment ils se disent: “Pourquoi pasà la Maison du développementdurable?”» La MDD s’est défi-nie au cours de la dernière an-née comme «un centre de réfé-rence» en matière de dévelop-pement durable.

Avec ce bâtiment qui se veutexemplaire, le directeur de laMaison du développement du-rable parle aussi d’un ef fetd’entraînement. Aux dires deM. Perreault, d’autres projetsd’envergure ayant des stan-dards élevés s’of ficialiserontbientôt sur la place publique.À son avis, « la MDD a placé labarre très haut » en visant l’ob-tention de la cer tificationLEED Platine, ce qui fait qued’autres voient la possibilité etles avantages de construire unbâtiment dans une perspectivede développement durable.

CollaboratriceLe Devoir

Organisme à but non lucratif distinct de ses membres fonda-teurs, la Maison du développement durable (MDD) a fêté sonpremier anniversaire le 6 octobre dernier et est en voie d’êtrele premier organisme à obtenir une certificationLEED Platineen milieu urbain pour des bureaux. Robert Perreault, direc-teur de la MDD, se réjouit du succès et de l’attrait que la Mai-son crée autour du développement durable.

JACQUES NADEAU LE DEVOIR

La Maison du développement durable est située sur la rue Sainte-Catherine, en plein Quartier des spectacles.

La bâtisse de la rue Sainte-Catherine s’est définie au cours de ladernière annéecomme «un centre de référence» en matière dedéveloppementdurable

CCM

Le transport fluvial est le mode d’acheminement de marchandises le plus durable.JACQUES NADEAU LE DEVOIR

Quelques jardins urbains existent sur certaines toitures montréalaises.

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É T I E N N E P L A M O N D O N É M O N D

Chaouki Benchaar, cher-cheur scientifique pour

Agriculture et AgroalimentaireCanada, estime que la contri-bution de l’agriculture auxémissions totales de gaz à ef-fet de serre (GES) « n’est pasénorme» en comparaison d’au-tres secteurs d’activités,comme le transport ou les in-dustries. N’empêche, M. Ben-chaar travaille tout de même àce que le milieu agricole fassesa part, comme les autres sec-teurs, dans la lutte contre leréchauffement de la planète.L’agriculture est responsablede 7 à 9 % des émissions degaz à effet de serre (GES) duCanada et du Québec. Ce sec-teur d’activités est l’un desplus grands émetteurs de mé-thane (CH4), avec près duquar t des émissions cana-diennes de ce GES, selon leschiffres de Nature Québec. Leméthane a un potentiel de ré-chauffement 21 fois supérieurau CO2.

Et pour M. Benchaar, il nefait pas de doute que la solutionla plus efficace pour réduire lesémissions de méthane dansl’agriculture réside dans lechangement de régime alimen-taire des vaches et des bovins.Cette stratégie, selon ses ob-servations, a les meilleurs ré-sultats à court terme. Dans ledomaine agricole, les éructa-tions des vaches et des bovins— et non pas les flatulences,comme le veut la croyance po-pulaire — demeurent, et deloin, la principale sourced’émissions de méthane. SelonAgriculture et AgrolimentaireCanada, 90% du méthane émisdans le secteur de l’agricultureest produit par la digestion desaliments chez les bovins et

ovins. Selon Nature Québec,chaque vache émet environ176 kg de méthane par année,si on tient compte de la gestiondu fumier, qui va de pair avecl’élevage.

Stratégies d’atténuation« Ce qu’il faut comprendre,

c’est que grosso modo, quandla vache ingère une ration ali-mentaire riche en fibres, c’estfavorable à la production deméthane », résume le cher-cheur à l’autre bout du fil, de-puis son bureau de Sher-brooke. Les bactéries et lesmicrobes à l’intérieur du ru-men, lorsqu’elles font fermen-ter des aliments riches en fi-bres, émettent de l’acide acé-tique, libérant à son tour del’hydrogène propice à la pro-duction de méthane. En re-vanche, des céréales et des ali-ments riches en amidon pro-duisent, lors du même proces-sus de fermentation, de l’acidepropionique, qui utilise cet hy-drogène et empêche les bacté-ries méthanogènes de le trans-former en méthane. Les ma-tières grasses, quant à elles,ont tendance à limiter la fer-mentation dans le rumen etainsi diminuer la quantité deméthane relâché.

M. Benchaar se penche surl’ef ficacité de ces stratégiesd’atténuation déjà utilisées,comme celles de nourrir lesvaches laitières avec un four-rage de meilleure qualité ouavec davantage de matièresgrasses. Il étudie aussi les ré-percussions lors d’ajout d’huilesessentielles ou d’oléagineuses(graines de tournesol, de ca-nola et de lin) dans l’alimenta-tion des vaches laitières, desstratégies qui pourraientcontribuer à réduire les émis-sions de méthane de 5 à 20 %chez une vache. Il évalue aussi

de nouvelles stratégies pro-metteuses, comme l’introduc-tion de probiotiques dans lanourriture des bovins.

ImpactsOr, les avantages découlant de

ces changements apportés au ré-gime alimentaire des vaches nesont pas seulement d’ordre envi-ronnemental, assure le profes-seur auxiliaire de l’UniversitéDalhousie d’Halifax. «Le mé-thane, c’est une perte d’énergiepour l’animal, explique-t-il.Quand l’animal ingère des ali-ments, ça contient de l’énergie, etenviron 2 à 12% de cette énergieingérée par l’animal est perduesous forme de méthane. Pour lavache laitière, c’est environ 10%.Donc, lorsqu’on développe desstratégies alimentaires pour ré-duire le méthane, l’objectif pour-suivi est double. On va réduire lacontribution des élevages et, parconséquent, de l’agriculture, auxémissions totales de gaz à effet deserre, mais il y a aussi un ef fetbeaucoup plus économique. Si onarrive à réduire les pertes d’éner-gies sous forme de méthane,l’énergie qu’on récupère, il peutêtre utilisé par l’animal à des finsde production de lait ou deviande, par exemple.»

N’empêche, cette solution,malgré son efficacité, doit êtreappliquée tout en ayant unevue d’ensemble. «On doit avoirune approche beaucoup plusglobale. Il faut s’assurer quelorsqu’on intervient dans unmaillon de la chaîne pour ré-duire un gaz à effet de serre, icile méthane, on n’augmente pasla production d’un autre gaz àef fet de serre, comme le pro-toxyde d’azote, qui, lui, peut êtreencore plus nocif », prévient-il.

« Si vous êtes fermier et quevous mettez du maïs dans la ra-tion alimentaire [des vaches],vous allez réussir à réduire leméthane. Mais pour en cultiverau champ, vous allez peut-êtredevoir utiliser de la machineriepour labourer, pour le récolter,pour le fer tiliser, donc, ça va

E N V I R O N N E M E N TL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 7 E T D I M A N C H E 1 8 N O V E M B R E 2 0 1 2I 2

L’agriculture est responsable de près du quart de la quantitéde méthane générée au Canada. L’une des solutions les plusefficaces pour réduire les émissions de ce deuxième gaz à ef-fet de serre en importance : changer l’alimentation des bovinset des vaches sur les fermes.

AGRICULTURE

Un nouveau régime alimentairepour les bovins !Chaque vache émet environ 176 kilos de méthane par année

Quel rôle joue la responsabilité sociale et envi-ronnementale des entreprises lorsque vient letemps de faire des placements pour assurer,par exemple, sa retraite ? Emmanuel Raufflet,professeur agrégé à HEC Montréal, considèreque c’est là un critère tout à fait pertinent, sur-tout lorsqu’il s’agit de placements à long terme.

C L A U D E L A F L E U R

«L orsque vous voulez faire un investissement,décrit Emmanuel Raufflet, votre conseiller

financier vous demande d’abord avec quel niveaude risque vous pouvez composer.» Or, la responsa-bilité sociale et environnementale (RSE) peutêtre considérée comme un critère de gestiondes risques. «On peut voir la RSE comme unegestion de risque raisonnée, puisque cela permetde diminuer les risques. L’entreprise reconnaît eneffet l’existence de dimensions qui sont liées à sesactivités — dimensions environnementales, so-ciales, de gestion, de santé et de sécurité au tra-vail, etc. — sur lesquelles elle s’engage à agir.»

C’est particulièrement le cas dans des sec-teurs à haut risque (mais très rentables) commeles industries minière, pétrolière ou chimique.M. Raufflet rappelle ainsi l’accident de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon, qui a pro-voqué en avril 2010 une marée noire de grandeampleur dans le golfe du Mexique, entraînantune crise majeure pour la British Pretroleum.« Il y a un grand nombre de retraités en Angle-terre, dont les pensions reposaient sur les rende-ments de BP, qui ont eu assez peur, dit-il. Or, ré-trospectivement, on a appris que ce n’était pas lapremière fois que BP faisait preuve de négligence,ce qui a coûté très cher aux investisseurs.»

C’est dire que toute entreprise qui tientcompte de ses responsabilités sociales et envi-ronnementales diminue les risques auxquelselle s’expose et augmente d’autant son attraitpour les investisseurs. « C’est justement l’argu-ment que les promoteurs de la RSE mettent del’avant», souligne le chercheur.

Emmanuel Raufflet est professeur au Servicede l’enseignement du management à HECMontréal et responsable du Diplôme d’étudessupérieures spécialisées (DESS) en gestion etdéveloppement durable. «Nous formons des spé-

cialistes de l’interface entre la gestion et le déve-loppement durable, des agents de changement or-ganisationnel. » Comme chercheur spécialiséen RSE, il s’intéresse entre autres aux secteursminier et de l’énergie. « Nous avons étudié lecomportement des entreprises en matière de RSEdans plusieurs secteurs d’activités, précise-t-il,dont les mines, la chimie, le pétrole et les entre-prises de gaz de schiste. »

Spéculateur ou investisseur?Investir auprès d’entreprises qui tiennent

compte de leurs responsabilités sociales et en-vironnementales pourrait même être un moyende se prémunir contre les excès de la bourse.« La RSE mène souvent vers une gestion qui vaau-delà de la myopie que la bourse impose auxentreprises, lesquelles doivent, sinon, fournir desrendements trimestriels, quitte à détruire la va-

leur de l’actionnaire ou celle de l’entreprise àlong terme, avance M. Raufflet. À l’opposé, laRSE vise à élargir l’horizon mental et de prise dedécisions de l’actionnaire en montrant que l’ontient également compte de nombre d’enjeux pasforcément couverts par les pratiques de gestionclassique. »

Le chercheur observe même un changementde paradigme. «C’est clair qu’il y a désormais unconsensus: on ne va pas pouvoir continuer à faireles choses comme on les faisait jusqu’à récemment.»

En effet, les entreprises doivent non seule-ment tenir compte des risques environnemen-taux de leurs activités, mais également assurerl’acceptabilité sociale des populations locales.«Les attentes de la population ont changé. Il y acinquante ans, on acceptait pas mal de choses aunom de la création d’emplois. Toutefois, à présent,on exige des emplois de qualité et il faut aussi que

les entreprises aient un compor tement exem-plaire… Elles ne peuvent plus opérer qu’à l’inté-rieur des limites légales — que travailler en toutelégalité —, elles doivent à présent obtenir le permissocial d’opérer. C’est pourquoi on parle désormaisde responsabilité sociale et environnementale…»

La malédiction des ressourcesnaturelles

Emmanuel Raufflet, qui s’intéresse beaucoupau secteur des mines, donne ainsi l’exemple dudéveloppement du Grand Nord que l’on pré-pare actuellement. «Les entreprises qui veulentœuvrer dans le Grand Nord devront se faire ac-cepter par les populations locales, dit-il. Etcomme le projet va évoluer au fil du temps, illeur faut être capables d’anticiper toutes lesétapes de la vie du projet. »

Le véritable enjeu, selon le spécialiste, c’estde transformer le secteur des ressources natu-relles (qui ne sont pas structurellement dura-bles) en ressources ou infrastructures ou en ca-pital qui seront durables. «En économie, il y a cequ’on appelle la malédiction des ressources natu-relles, énonce-t-il. C’est-à-dire que si votre prospé-rité dépend essentiellement d’une seule ressource— le pétrole ou un minerai, par exemple —, vousaurez tendance à négliger les autres secteurs. Etbien sûr, il suf fit que le prix de la matière chuteou que la demande diminue pour que tout s’effon-dre. C’est alors toute la société qui s’effondre !»

Comment éviter cette malédiction ? Emma-nuel Raufflet cite entre autres exemples le casde la Norvège, qui, d’une part, exploite elle-même son pétrole et qui, d’autre part, a créé unfonds souverain avec les revenus du pétroleafin de pourvoir aux besoins des prochainesgénérations. « Et c’est l’un des plus gros fondséthiques au monde», souligne-t-il.

« Il nous faudra transformer nos ressourcesnon durables en ressources durables », conclut-il.C’est-à-dire de capital humain, d’infrastructuresqui vont être pertinentes et d’institutions quivont nous aider à rester prospères longtemps.« Je pense toutefois qu’à l’heure actuelle, au Qué-bec, on manque un peu d’imagination à ce cha-pitre», observe-t-il.

D’imagination… et de vision à long terme !

CollaborateurLe Devoir

FINANCE

Est-ce un bon placement?La responsabilité sociale et environnementale est un critère de gestion des risques

VOIR PAGE I 3 : BOVINS

SPENCER PLATT AGENCE FRANCE-PRESSE

Ce n’était pas la première fois que British Pretroleum faisait preuve de négligence, lors de l’accidentde la plateforme pétrolière Deepwater Horizon, ce qui a coûté très cher aux investisseurs.

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T H I E R R Y H A R O U N

E n octobre 2005, du temps oùla Loi sur le développement

durable n’était encore que le pro-jet de loi 118, le ministre québé-cois du Développement durable,de l’Environnement et des Parcs(MDDEP), Thomas Mulcair,af firmait en entrevue au De-voir, en parlant de la loi en de-venir, que « ce que nous [legouvernement] sommes entrain d’entamer, c’est quelquechose de très concret et qui estnouveau. Ce que nous sommesen train de faire au Québec,c’est de se placer au premierrang en Amérique du Nord enmatière de planification autourdu développement durable parune approche structurée».

Six ans plus tard, avons-nousatteint cet objectif ? « Écoutez,l’exemple du Plan Nord nousmontre qu’on n’a pas atteint cetobjectif », juge Claude Ville-neuve, titulaire de la Chaire enéco-conseil de l’Université duQuébec à Chicoutimi.

Plan Nord et politiqueC’est-à-dire ? « Le gouverne-

ment de Jean Charest avaitlancé le Plan Nord en affirmantque ce serait un exemple de dé-veloppement durable. Sauf quece gouvernement n’a pas conçule Plan Nord à l’intérieur d’une

vision du développement dura-ble. En fait, le gouvernement atenté de faire entrer le dévelop-pement durable après avoirlancé le Plan Nord. Il a donc es-sayé de mettre en application ledéveloppement durable en fonc-tion de l’idée qu’il avait du PlanNord. Ce n’est pas comme çaqu’on fait les choses. Il faut plu-tôt travailler en amont quand ilest question de développementdurable. » Faut-il pour autant yvoir là une « main » politique ?« C’est une question dif ficileparce que la question qui sepose ici est la suivante : à quelmoment on trace la frontière?»,lance M. Villeneuve.

« Le gouvernement a une lé-gitimité politique et c’est la poli-tique qui oriente les destinéesd’un pays. En revanche, le gou-vernement a des responsabilitésadministratives. Le développe-ment durable s’applique àl’échelle politique dans le “pour-quoi” et sur le plan de l’admi-nistration dans le “comment”.Donc, poursuit Claude Ville-neuve, à quel moment tirons-nous la frontière ? Et à quelmoment la politique et l’idéolo-gie se confondent-elles? La poli-tique, c’est l’ar t de faire descompromis, et l’idéologie, c’estl’idée qui transcende la réalitéen cela que l’idéologie ne faitpas de compromis. Elle veut, enfait, faire rentrer la réalitédans le modèle, alors que la po-litique doit normalement tenircompte de la réalité et la faireévoluer dans le modèle. Orquand vous me demandez s’ilpeut y avoir ingérence poli-tique, je réponds oui, sansdoute. Le problème émergequand l’ingérence politiquevient se mêler du “comment”»,fait valoir notre expert.

Cela dit, l’application de laLoi sur le développement du-rable a produit des résultatsintéressants bien qu’aucunbudget spécifique ne lui ait étéoctroyé au départ, laisse en-tendre Claude Villeneuve.

« Je vous rappelle que la Loisur le développement durable aété lancée avec zéro budget. Cen’est sûrement pas la meilleurefaçon d’agir. Cependant, dansles circonstances, du chemin a

été parcouru et je suis surprisdes résultats. Je le vois à traversmes étudiants qui vont faire desstages dans les organismes gou-vernementaux. Une de mes étu-diantes a fait un stage à la Com-mission des normes du travail.D’autres sont allés chez RevenuQuébec, au Conseil du trésor, auministère de l’Éducation ou en-core au ministère de la Santé.»Ainsi, dit-il, le seul fait d’ouvrirdes postes dans les organismeset les ministères gouverne-mentaux dont la fonction est deveiller à l’application de la Loisur le développement durable«est un pas en avant».

HistoriqueLa Loi sur le développement

durable a été sanctionnée le19 avril 2006. Elle établit unnouveau cadre de gestion pourtous les ministères, organismeset entreprises de l’État québé-cois. Ce cadre commun leurpermet d’intégrer les principesdu développement durabledans l’exercice de leurs pou-voirs et responsabilités. Cettelégislation a inscrit 16 principesde développement durable dontles ministères et organismesdoivent tenir compte dans leursactions, notamment la santé etla qualité de vie, l’équité et lasolidarité sociales, la protectionde l’environnement, l’efficacitééconomique, la prévention, laprécaution et l’internalisationdes coûts.

Concrètement, en décem-bre 2007, le gouvernement apublié sa Stratégie gouverne-mentale de développementdurable 2008-2013 sous le ti-tre « Un projet de société pourle Québec ». On notera queles ministères et les orga-nismes se sont dotés d’unplan d’action, tout comme laSûreté du Québec, la Sociétédes traversiers du Québec etla Régie des instal lat ionsolympiques.

Maintenant. Du tempsqu’elle n’était qu’un projet deloi jusqu’à nos jours, la Loi surle développement a connu cinqministres, soit Thomas Mul-cair, Claude Béchard, LineBeauchamp, Pierre Arcand etle tout nouveau ministre pé-quiste, Daniel Breton. Par ail-leurs, l’appellation de leur mi-nistère a connu trois versions,soit le ministère du Développe-ment durable et des Parcs, leministère du Développementdurable, de l’Environnement etdes Parcs et, enfin, sous le mi-nistre Breton, le ministère duDéveloppement durable, de

l’Environnement, de la Fauneet des Parcs.

RecommandationsClaude Villeneuve émet une

recommandation pour la suitedes choses. « Ce qui seraitidéal, c’est qu’on fasse en sorteque la présidence de cette loi soittournante. Ce pourrait être unefois le ministère de l’Éducation,puis le ministère des Trans-ports, etc. Ce qui donnerait unevision transversale de la loi etrespecterait ainsi l’esprit du dé-veloppement durable.»

De son côté, la titulaire de laChaire de recherche du Canadaen droit de l’environnement etprofesseure titulaire à la Facultéde droit à l’Université Laval,Paule Halley, juge que depuisl’édiction de cette loi, le gouver-nement est passé, sur le plan del’application des principes du dé-veloppement durable, « d’un

exercice purement volontaire àun exercice contraignant dont lesobjectifs sont fixés et où l’action dugouvernement n’est plus libre».

L’autre point positif de cetteloi est qu’elle crée un commis-saire au développement dura-ble. «La création d’un poste decommissaire permet d’avoir unchien de garde qui s’assure quel’État québécois respecte son ca-lendrier [au titre de la Loi sur ledéveloppement durable] et qu’ilapplique les 16 principes qui ontété adoptés. D’ailleurs, le com-missaire rend publics les bonscoups et les moins bons coups dugouvernement».

Si Mme Halley juge « préma-turé» de dresser un bilan de laloi après seulement six ansd’existence, elle tient à souli-gner « que ce n’est pas juste leministère de l’Environnementqui s’engage dans cette dé-marche, mais bien l’ensemble

du gouvernement. On sait quec’est difficile de changer des ap-proches et des façons de faire,alors il ne faut pas s’attendre àce que ça se fasse en donnantun coup de baguette ».

En conclusion, la profes-seure Paule Halley formule lesouhait « que le développementdurable soit un objet rassem-bleur au sein de l’Assemblée na-tionale qui a voté cette loi àl’unanimité. Et qu’elle sache seréunir sous le thème du déve-loppement durable et faireavancer la société québécoisemalgré le fait que nous avonsun gouvernement minoritaire.Il s’agit d’avancer positivementvers des objectifs durables et dene pas s’engager dans des op-por tunités purement écono-miques sans vue à long terme».

CollaborateurLe Devoir

E N V I R O N N E M E N TL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 7 E T D I M A N C H E 1 8 N O V E M B R E 2 0 1 2 I 3

Sanctionnée en avril 2006 à l’unanimité par l’Assemblée na-tionale du Québec, la Loi sur le développement durable appa-raît comme un pas en avant, selon deux experts consultés parLe Devoir. Une législation dont l’esprit et la lettre doivent tou-tefois être appliqués de manière plus rigoureuse et systéma-tique. Regards croisés sur une loi qui a eu, à ce jour, cinq ti-tulaires et dont le ministère a connu trois appellations.

LÉGISLATION

«Je suis surpris des résultats»Le Québec adoptait en avril 2006 la Loi sur le développement durable

POUR NOUS, LE DÉVELOPPEMENT DURABLE N’EST PAS UNE OPTION, C’EST NOTRE RAISON D’ÊTRE.

Rapport de développement durable A+

JACQUES NADEAU LE DEVOIR

Thomas Mulcair a introduit, en tant que ministre de l’Environnement à l’époque, la Loi sur ledéveloppement durable en 2005.

fertilisants chimiques, tels quedes fertilisants à base d’azote,qui contribuent à émettre unautre gaz à effet de serre, soit leprotoxyde d’azote », donne-t-ilcomme exemple d’utilisationde maïs inappropriée.

Il rappelle aussi que cer-taines pratiques peuvent sou-lever des questions éthiques :« Est-ce qu’il faut alimenter lesruminants avec des céréales,alors qu’il y a d’autres pays [oùla population accuse] un déficitalimentaire ? Il faut situertoutes les choses dans leurcontexte. »

Cer taines stratégies sontd’ailleurs dif ficiles à expor-

ter. Par exemple, l’ensilagede maïs ne constitue pas unesolution plausible pour ré-duire le méthane en Nou-velle-Zélande, où l’élevage dubétail s’ef fectue dans des pâ-turages. « Chaque région etpratiquement chaque fermesont typiques. Je ne peux pas,demain, aller recommanderaux gens du Bas-du-Fleuve defaire des cultures qu’i ls ne

peuvent pas faire comme ici,dans le sud du Québec. » C’estpour tant ce défi qui , auxyeux de M. Benchaar, rend lesujet de ses recherches si in-téressant. « La panoplie esttellement large qu’on essaie detoucher à presque tous lestypes d’alimentation, indique-t-il. Les combinaisons de dif fé-rents aliments, l’utilisation dedif férentes solutions comme

des additifs alimentaires per-mettent justement de ciblercer taines stratégies, et nous,en tant que nutritionnistes,c’est à nous d’évaluer quellesseront les conséquences, nonseulement sur le méthane,mais aussi sur la productiondu lait. »

Et dans certains cas, les so-lutions s’avèrent non seule-ment tout à fait indiquées,

mais aussi faciles à mettre enpratique. « Par fois, on arriveavec des moyens qui sont sim-ples, comme remplacer un foinde graminée par un foin de lu-zerne, alors que le fermier pro-duit déjà les deux. Cela se faitet vous réduisez le méthane »,indique-t-il.

CollaborateurLe Devoir

SUITE DE LA PAGE I 2

BOVINS

UQAC

Claude Villeneuve

Page 4: ENVIRONNEMENT - Le Devoir · 2012-11-16 · Thomas Mulcair était ministre en 2006 et le Québec se donnait sa loi Page I 3 ENVIRONNEMENT DÉVELOPPEMENT DURABLE Le transport par eau

P I E R R E V A L L É E

I l y a belle lurette que l’UQAMest montée dans le bateau du

développement durable. «C’étaitdéjà une préoccupation lors de lafondation de l’établissement, rap-pelle Mario Morin, doyen de la

Faculté des sciences à l’UQAM.À une époque où ce conceptn’était même pas à la mode, lesprofesseurs et chercheurs del’UQAM s’intéressaient déjà àl’environnement et au développe-ment durable. D’ailleurs, notremaîtrise en sciences de l’environ-

nement date de cette époque.»À l’UQAM, le développement

durable est surtout l’affaire dela Faculté des sciences. «Au fildes ans, le développement dura-ble a fait sentir sa présence dansl’ensemble de nos programmes etdisciplines scientifiques. Parexemple, en chimie, nous avonsdéveloppé une expertise en élec-trochimie, qui concerne directe-ment la question des piles et desbatteries. » Une question deve-nue aujourd’hui un véritable en-jeu dans le domaine du trans-por t. Outre l’of fre de pro-grammes au deuxième cycle,telles les sciences de la Terre,

spécifiques au développementdurable, les étudiants peuventparfaire leurs connaissances endéveloppement durable grâceaux centres de recherche qui ysont consacrés, comme laChaire industrielle en aménage-ment forestier durable.

Nouveau programmeLa maîtrise en sciences de

l’environnement adopte aussiune approche multidisciplinaire.Par-delà l’approche proprementscientifique, on aborde aussid’autres aspects du développe-ment durable, tels le droit del’environnement, la gestion de

l’environnement urbain, la santéet l’environnement, etc.

Pour le moment, cette ap-proche multidisciplinaire n’estpas offerte au niveau des bacca-lauréats scientifiques, plutôt cen-trés sur leur discipline propre.Mais cela devrait bientôt chan-ger. «Nous espérons introduired’ici septembre prochain un nou-veau baccalauréat en sciences na-turelles appliquées à l’environne-ment qui of frira la même ap-proche multidisciplinaire que l’onretrouve au deuxième cycle.»

On trouve aussi deux forma-tions en développement durableà l’École de sciences de la ges-tion de l’UQAM, soit un pro-gramme court en responsabilitésociale des organisations et unemaîtrise en gestion, avec spéciali-sation en responsabilité socialeet environnementale. «Ces deuxprogrammes s’adressent surtoutaux professionnels en exercice, ex-plique Benoît Bazoge, vice-doyen de l’École de sciences dela gestion. Pour ce qui est du bac-calauréat, il n’y a pas d’intérêtmaintenant pour un baccalau-réat plus spécialisé en développe-ment durable. De toute façon,tous nos baccalauréats en gestioncomprennent trois cours obliga-toires en développement durable.»

ConcordiaL’Université Concordia a

plutôt choisi de réunir son of-fre en développement durabledans un seul lieu, soit au Col-lège Loyola pour la diversité etla durabilité, sous la directionde la professeure RosemarieSchade. On y of fre un pro-gramme de mineure en déve-loppement durable. « Les étu-diants qui s’inscrivent provien-nent donc d’autres disciplines etd’autres facultés. Leur intérêtpour le développement durablese manifeste plutôt par le choixde compléter leur baccalauréatrespectif par une mineure en dé-veloppement durable. »

L’approche préconisée ici estnon seulement multidiscipli-naire, mais aussi interfacultaire.«La gamme de cours offerts à lamineure touche l’ensemble desquestions portant sur le dévelop-pement durable. On y trouve descours de sciences, tels des coursen chimie et en biologie, maisaussi des cours en philosophie, ensociologie et en histoire. Les étu-diants qui proviennent de bacca-lauréats scientifiques viennentcompléter leurs connaissances

avec les cours en sciences hu-maines, et à l’inverse, ceux ensciences humaines avec les coursplus scientifiques.»

D’ici peu, le Centre Loyolapour la diversité et la durabi-lité accueillera en son sein untout nouveau centre de re-cherche en développement du-rable, dont la direction sera as-sumée par le professeur PeterStoett. «Ce centre de rechercheregroupera 23 professeurs pro-venant de douze dif férents dé-par tements de l’UniversitéConcordia, précise PeterStoett. Il permettra donc demettre en commun l’ensembledes savoirs et des connaissancesen développement durable. Onespère aussi que la création dece centre aura un effet d’entraî-nement et attirera en son seinde nombreux étudiants intéres-sés par les recherches qui y se-ront ef fectuées. Cela permettrade renforcer notre mineure endéveloppement durable. »

La création de ce centre de re-cherche en développement du-rable s’inscrit dans une poli-tique à long terme. «Nous espé-rons qu’il sera le premier pas dela mise en place d’une maîtriseen développement durable et en-suite à la création d’un doctoraten développement durable. Il estaussi question, si la demande sefait sentir, d’ajouter à terme unbaccalauréat en développementdurable, tout en conservant notreoffre d’une mineure.»

Mais peu impor te la tour-nure que prendront les événe-ments à l’avenir, l’UniversitéConcordia demeurera fidèle àson approche pluridisciplinairedu développement durable.« Le développement durable estune notion complexe, tient àrappeler Rosemarie Schade, etil nous semble mal avisé del’aborder sous un seul angle.Par exemple, si le réchauf fe-ment climatique a des effets surla nature, il aura aussi des ef-fets sur les politiques publiques.Et ces dernières ne seront accep-tées de la population que si ellessont fondées sur des valeurs sai-sissables. C’est la raison pour la-quelle nous avons opté pour uneapproche globale en matière dedéveloppement durable. Notreapproche est fondée sur troisprincipes : les sciences, les poli-tiques et les valeurs.»

CollaborateurLe Devoir

E N V I R O N N E M E N TL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 7 E T D I M A N C H E 1 8 N O V E M B R E 2 0 1 2I 4

Le développement durable est devenu une réalité de nos so-ciétés contemporaines et la jeune génération est particulière-ment sensible aux enjeux liés à ce concept. Mais commentfaire du développement durable son métier ? Quelle est l’of frede programmes universitaires à ce chapitre ? Survol de ce queproposent deux universités montréalaises, soit l’UQAM etl’Université Concordia.

UNIVERSITÉS

L’offre pédagogique est là !L’UQAM et Concordia ont conçu des programmes de formation spécifiques

Le transport maritime est le mode de trans-port le plus durable pour les marchandises.Pourtant, au Québec, il est sous-utilisé. Despréjugés tenaces et des habitudes dif ficiles àchanger l’empêchent d’être utilisé à son pleinpotentiel. Des obstacles qu’il faut surmonter,soutiennent à l’unanimité les intervenants del’industrie.

C A R O L I N E R O D G E R S

À poids égal, avec un litre de carburant, un na-vire peut parcourir 312 km. Pour la même

quantité, un train en parcourt 181 et un camion,75, selon les chiffres publiés par le Réseau de laVoie maritime du Saint-Laurent, citant une étuderéalisée aux États-Unis. C’est également le na-vire qui émet le moins de gaz à effet de serre(GES), soit près de deux fois moins que le trainet trois fois moins que le camion. Il permet detransporter de très grandes quantités de mar-chandises sur de très grandes distances : un na-vire de taille moyenne équivaut à environ 870 ca-mions ou 225 wagons ferroviaires.

AvantagesDans une perspective de développement du-

rable, le navire comporte aussi des avantagessocioéconomiques.

«Le recours au transport maritime permet dediminuer la congestion routière et les coûts d’entre-tien des routes», souligne Catherine Houle, char-gée de communications à la Société de dévelop-pement économique du Saint-Laurent (Sodes).

« Il y a des économies à réaliser pour la popu-lation et le gouvernement, ajoute Mélissa Lali-berté, Directrice, projets et affaires gouverne-mentales à la Sodes. C’est un choix de sociétéque l’on a à faire. Quand on entend les gouverne-ments parler de transport, on constate qu’ils mi-sent sur la neutralité modale, c’est-à-dire qu’ilsne veulent pas favoriser un mode de transportpar rapport à un autre. Dans le contexte actuel,on est rendus au-delà de ce stade. Les gouverne-

ments doivent investir dans des solutions dura-bles mieux adaptées à la réalité géographique duQuébec, un territoire immense fondé grâce autransport maritime. »

Mais pour diverses raisons, notamment parceque la gestion des opérations de production fonc-tionne maintenant de plus en plus selon la mé-thode du flux tendu (livraison «juste-à-temps»), lecamionnage est favorisé en raison de sa souplesse.

«Au cours des 20 dernières années, le camion-nage a profité des échanges nord-sud occasionnéspar le libre-échange avec les États-Unis et le sec-teur routier a connu une croissance beaucoupplus rapide que le maritime, dit Emmanuel Guy,professeur au département des sciences de lagestion et titulaire de la Chaire de recherche entransport maritime de l’UQAR. La plupart des

observateurs s’entendent pour dire qu’avec les in-frastructures actuelles, on pourrait mieux exploi-ter le transport maritime qu’on ne le fait. Dansles années 1970, les pics historiques avoisinaientles 70 millions de tonnes de marchandises par an,alors qu’aujourd’hui, on transporte environ 40 à50 millions de tonnes annuellement par bateau.Si l’on considère toute l’expansion économiquequi a eu lieu depuis cette époque, on n’utilise pasla Voie maritime du Saint-Laurent à son pleinpotentiel, c’est certain.»

Méconnaissance de l’industrie« Les expéditeurs sont habitués à travailler

avec le camion, qui est relativement simple et ra-pide, explique Martin Fournier, directeur géné-ral des Armateurs du Saint-Laurent. Quand la

production est terminée, ils n’ont qu’à passer unappel, et quelques heures plus tard, un camionest dans la cour. La gestion du transport mari-time est plus complexe, car les navires ne sontpas disponibles immédiatement sur demande. Ilfaut planifier davantage, une habitude que lesentreprises ont perdue avec le “ juste-à-temps ”,une façon de faire qu’elles ont poussée à l’ex-trême. Le recours au transport maritime peutdifficilement se faire dans ce cadre. »

Mais avec un réseau routier de plus en pluscongestionné et des travaux d’infrastructuresimportants prévus dans les prochaines années,le transport maritime pourrait s’avérer une so-lution plus populaire, selon lui.

« L’autre problématique est que le maritimeest perçu comme compliqué parce qu’il faut faireaf faire avec davantage d’intermédiaires. Celanécessite plus de contrats et plus de facturation.Mais les transporteurs maritimes ont développédes solutions de service por te-à-por te, clés enmain, où ils s’occupent des intermédiaires, cequi simplifie beaucoup les choses. Il y a un grostravail à faire en matière de communicationspour faire connaître ces solutions aux entre-prises, les convaincre des avantages et changerleur perception. Nous développons des outilsd’information et de sensibilisation pour les dif fé-rents secteurs industriels afin de les familiariseravec le fonctionnement du maritime, et nousmènerons une campagne à cet égard au coursdes prochains mois. »

Les armateurs travaillent également à mettresur pied un service hebdomadaire entre la côtenord du Québec et les grands centres. Selonune étude qu’ils ont fait effectuer, les travauxréalisés dans le cadre du développement duNord et de la Romaine représentent un poten-tiel intéressant pour le transport maritime.

« Cela aiderait à désengorger la 138, où pas-sent annuellement 140 000 camions, ditM. Fournier. Mais on se bute à une méconnais-sance du transport maritime qu’il faut contrer. »

CollaboratriceLe Devoir

TRANSPORT MARITIME

Sur la seule 138, 140000 camions passent annuellement« On n’utilise pas la Voie maritime du Saint-Laurent à son plein potentiel »

JACQUES NADEAU LE DEVOIR

Avec un réseau routier de plus en plus congestionné et des travaux d’infrastructures importants prévusdans les prochaines années, le transport maritime pourrait s’avérer une solution plus populaire.

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R É G I N A L D H A R V E Y

M ario Tremblay remplitles fonctions de vice-pré-

sident af faires publiques etcorporatives du Fonds et il ex-plique la raison pour laquelleles deux rapports sont fusion-nés, comme c’est encore lecas pour le troisième qui a vule jour : « Le message qu’onveut lancer, c’est que le dévelop-pement durable et l’investisse-ment socialement responsablene figurent pas en marge denos opérations : c’est tellementlié qu’on trouve important d’in-tégrer l’ensemble de nos perfor-mances économique, sociale etenvironnementale pour les li-vrer dans un rapport global ànos membres. »

Le Fonds utilise l’outil de ré-férence Global Reporting Ini-tiative (GRI), auquel il adhère,pour mieux faire et pour pré-senter une information plusclaire sur ses engagements ; ils’attarde un instant sur unpoint central : « Nous nesommes pas qu’une institutionfinancière, même si c’estd’abord la raison de notre exis-tence ; celle-ci s’imbrique égale-ment dans la société et elle doitrendre des comptes sur ses dif fé-rentes performances. » Il fait ré-férence à Gro Harlem Brundt-land : « Elle est à l’origine duconcept de développement dura-ble et des trois aspects qu’ilcomporte. Au fond, il s’agit deplacer le développement inté-gral de l ’économie au cœurmême de l ’être humain ; or,pour y arriver, si on ne tientpas compte de ces trois dimen-sions d’ordre économique, so-cial et environnemental, il y aun déséquilibre. »

La portée du messageSi le Fonds considère qu’il

lui appartient de sensibiliserses partenaires au sens largedont est porteur le développe-ment durable dans la conduitede leurs affaires, ce concept aune por tée plutôt restreinteaux yeux de plusieurs : « Il y aune première dif ficulté qui estd’ordre terminologique : quandon emploie cette expression dedéveloppement durable, deprime abord, huit personnessur dix pensent qu’elle relève del’environnement tout cour t ;c’est un peu dommage et je nevois pas comment on en est ar-rivé là parce que les trois voletsde l’économie, du social et del’environnement vont de pair,comme l’avait fait valoirMme Brundtland. »

M. Tremblay parle par expé-rience : « Cette notion s’est unpeu perdue, mais une foisqu’on l’explique, les gens semontrent plutôt réceptifs, maisil faut le faire. Il y a encore ungros travail d’éducation à ac-complir pour que ce développe-ment soit vu sous tous ces an-gles, même celui des per for-mances économiques : on doit

regarder les états financiersd’une entreprise, son rende-ment, les emplois qu’elle crée ettout ce genre de choses ; pourles per formances sociales, ondoit aussi examiner toute sa re-lation avec le milieu, l’endroitoù elle est située dans son quar-tier, on doit savoir qui sont lesgens qui y travaillent et qui yvivent. Quand on aborde laquestion de cette façon plusexhaustive, les gens compren-nent que c’est plein de bonsens. » Il ajoute toutefois : « Jedirais quand même qu’il nousreste beaucoup de travail àabattre au Québec et le Fondsde solidarité veut être l’un deceux qui met vraiment del’avant ce concept tripartite dedéveloppement durable. »

Un rapport plus étofféEn utilisant la méthode GRI

dans la présentation de ses in-ter ventions, le Fonds en estarrivé à améliorer la qualitéde ses rapports ; le troisièmeen four nit la preuve : « Àchaque année, on se donne desobjectifs. L’approche GRI vise àl’amélioration constante et elleveut que le premier et le der-nier de la classe y arrivent éga-lement. Cette année, on fait lesuivi auprès de nos action-naires par rapport à ce qu’ons’était engagé à accomplir l’anpassé. Ailleurs dans le docu-ment, on présente les 27 nou-veaux objectifs qu’on s’est fixéspour le futur. »

Il y a de plus quelques élé-ments de nouveauté qui appa-raissent dans la cuvée 2012:« On a adopté cette année deslignes directrices dans un sec-teur minier en ébullition, cequi est important avec tout lePlan Nord qu’on vit actuelle-ment ici. On fait des investisse-ments dans ce domaine, etquand on s’engagera financiè-rement dans une entrepriseminière, on va s’attendre à cequ’elle se dote de normes de dé-veloppement durable en vertudes cinq lignes directrices encette matière qu’on s’est don-nées avec d’autres joueurs ins-titutionnels. » Au nombre decelles-ci, il fait ressor tir lespoints suivants : « Ça consistenotamment à appliquer avecdiligence, dans toutes les acti-vités d’exploration, les régle-mentations sur le plan de la sé-curité et de la santé, à respec-ter celles qui ont trait à l’envi-ronnement et à avoir une com-munication proactive ettransparente avec les commu-nautés locales, y compris avecles autochtones et les par tiesprenantes. »

Il considère que le Fonds afait un bond en avant en agis-sant de la sor te : « On prenddonc position en tant qu’inves-tisseur au Québec en disantaux minières qui viennent co-gner à notre por te : Attendez-vous que, si on investit chezvous, on exige que vous ayez un

plan contenant une approchequi respecte le développementdurable. »

À partir de quoi, M. Trem-blay passe à une deuxièmeamélioration apportée au rap-por t cette année : « On s’esttournés du côté de SHARE, quiest un organisme à but non lu-cratif basé à Vancouver ; il estspécialisé dans ce qu’on ap-pelle le dialogue actionnarial.En tant qu’investisseur minori-taire, on en arrive avec l’aidede SHARE à fédérer un grouped’autres investisseurs minori-taires comme nous pour mu-tualiser ou mettre en communnos actions ; de la sor te, onpeut, par exemple, s’assurerque des minières qui font desaf faires dans des pays commele Pérou ou le Guatemala pren-nent au sérieux leurs engage-ments à l ’étranger. On sedonne une force en s’alliantavec d’autres pour approcherles compagnies ; on privilégieune méthode positive, corpora-tive, et on ne veut pas tapersur celles-ci, mais plutôt, entant qu’actionnaires, les aiderà grandir et à bien gérer cer-tains risques. »

Le vice-président laisse fina-lement savoir dans le rapportque le Fonds a signé unechar te por tant le nom deHedge Fund StandardsBoard et il fournit la raison decet engagement : « On saitqu’il y a des hedge funds quifont des af faires un peu toutcroche à travers le monde ; il yen a d’autres qui veulent êtretransparents, et nous, on veutinvestir uniquement dans ceux-ci. C’est pourquoi on a signécette charte internationale quis’adresse à des investisseurs enquête de transparence. »

CollaborateurLe Devoir

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Le Fonds de solidarité FTQ traite du volet du développementdurable dans son rapport annuel. De la sorte, il assure une vi-sibilité accrue à cette dimension de ses activités, laquelle estétroitement liée à sa mission même : pour cette organisationfinancière à caractère syndical, il existe plusieurs aspects dudéveloppement qui sont indissociables.

FONDS DE SOLIDARITÉ FTQ

L’économique, le social et l’environnement vont de pair

FONDS FTQ

Le vice-président af faires publiques et corporatives du Fondssolidarité de la FTQ, Mario Tremblay

GÉRALDINE WOESSNER AGENCE FRANCE-PRESSE

Le Fonds de solidarité FTQ s’est donné cinq lignes directrices en matière de pratiques liées audéveloppement durable et à la responsabilité sociale dans la gestion des projets miniers, car il estquestion cette année pour le Fonds d’investir dans le secteur minier québécois.

Leur avenir. Notre responsabilité.

En réduisant dès aujourd’hui notre empreinte écologique, nous nous assurons de meilleurs lendemains.

Chez Aéroports de Montréal, l’environnement nous tient à cœur. En effet, nous travaillons sans cesse pour accroître notre efficacité énergétique et réduire nos émissions de gaz à effet de serre dans toutes nos sphères d’activité.Par exemple, nous avons amélioré de 70 % l’efficacité de nos systèmes de chauffage, ventilation et climatisation,

en plus d’avoir installé des stores motorisés « intelligents » dans l'aérogare et rehaussé le rendement écologique de nos véhicules. De plus, nous continuons à favoriser la reproduction des papillons monarques qui sont, eux aussi, attirés par les destinations soleil en hiver!Ainsi, nous faisons de grands pas pour laisser une plus petite empreinte.

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Des aéroports verts, une uto-pie qui passe par les chèvreset les abeilles? Peut-être, car,se lançant dans l’aventure dudéveloppement durable, lesgestionnaires de ces grandslieux où volent l’essence et au-tres vapeurs mettent de l’avantdes solutions étonnantes.

A M É L I E D A O U S T - B O I S V E R T

D e 2004 à 2009, Aéroportde Montréal a soustrait

un peu plus de 24 000 tonnesde CO2 de son bilan d’émis-sions grâce à la modernisa-tion de sa centrale thermique,a calculé la firme L2L consul-tants. C’est comme retirer4745 voitures des routes duQuébec pendant un an, selonle calculateur en ligne de l’En-vironmental Protection Agency(EPA) américaine. Ou, si vouspréférez, comme si 790 con-ducteurs avaient troqué leurauto pour le vélo pendant sixans.

De Montréal à Tokyo, lesterminaux cherchent à deve-nir plus verts, mais aussi plusresponsables. D’ailleurs, lesdifférents gestionnaires d’aé-roports se sont réunis débutnovembre dans le cadre de lacinquième conférence an-nuelle, lors de l’Airpor tsGoing Green, à Chicago. Yétaient présents des représen-tants de partout, de l’aéroportHeathrow de Londres à celuid’Abou Dabi.

On y a parlé du nouveauGraal : le « bilan zéro ». Com-ment en effet arriver à annulertoutes les émissions de car-bone d’un aéropor t par destechnologies vertes, pour unbilan zéro de carbone ? Pan-neaux solaires, toits ver ts…Plusieurs initiatives sont pro-posées. Mais aucun aéroportaméricain n’atteint ce bilanzéro, et si on peut s’en appro-cher, ça reste un but idéaliste.

Quand même. L’aéroport in-ternational O’Hare de Chi-cago possède le plus grandtoit ver t aéropor tuaire aumonde, où butinent desabeilles dont le miel est venduaux voyageurs ! On songeaussi à employer des chèvres

pour y tondre l ’herbe souspeu…

Montréal travaille fortAéropor t de Montréal

(ADM) souhaite se doter deson premier plan d’action enmatière de développement du-rable d’ici la fin de 2012. Certi-fié ISO 14001, le terminal sepréoccupe de son impact envi-ronnemental depuis déjà plu-sieurs années.

Les initiatives vont de storesqui bloquent les rayons du so-leil pour éviter la surchauf feen été au compostage et à laplantation d’arbres.

«L’environnement fait partieintégrante de notre plan straté-gique », dit Christiane Beau-lieu, vice-présidente aux af-faires publiques et communi-cations à ADM.

En attendant le lien ferro-viaire avec le centre-ville, elleest très fière du déploiement del’autobus 747, de concert avecla Société de transpor t deMontréal. «Nous avons dépasséle million de passagers l’an der-nier! Même si ça coûte huit dol-lars, les gens sont prêts à prendrele transport collectif», dit-elle.

Activités de récupérationADM teste depuis peu le

compostage. Des restaura-teurs ont été invités à compos-

ter les déchets putrescibles encuisine. « Ça va très bien »,constate Christiane Beaulieu.

Le compostage ne s’étendrapas aux rebuts des consomma-teurs pour l’instant. Il est déjàdif ficile d’implanter le recy-clage dans les aires de restau-ration. « Il y a encore beaucoupà faire pour le recyclage, ditMme Beaulieu. On n’atteint pas50 %, et il faut vraiment trou-ver comment améliorer notremoyenne. »

De plus, tout rebus prove-nant des vols internationaux— plateaux de repas, verres,journaux… — prend automa-tiquement le chemin des dé-charges sans être recyclé.« C’est la loi pour les rebutsinternationaux. Si on regardeles tas de déchets produitsdans l’année, une grande par-t ie vient de là » , obser veMme Beaulieu.

Bientôt, le dégivrant utiliséen hiver connaîtra une se-conde vie. Le liquide est récu-péré sous le plancher du cen-tre de dégivrage, et d’ici un an,Mme Beaulieu espère que lacertification entérinant sa ré-utilisation après traitementsera acceptée. « Et ça va ré-duire les coûts ! », ajoute-t-elle.

Un secteur résistant auchangement

Le transport aérien est res-

ponsable de 3 à 5 % des émis-sions de gaz à effet de serre.Relâché à haute altitude, leCO2 émis par les avions estégalement plus dommageableque celui libéré près du sol.

S’ils veulent être de bonnesentreprises citoyennes et mon-trer l’exemple, les aéroportssont cependant largement li-mités dans leurs initiativesécologiques par les compa-gnies aériennes elles-mêmes.Prenons le cas du fameuxA380 d’Airbus : plus gros quele 747, il a besoin de plus d’es-pace pour décoller et atterrir,obligeant les aéroports à l’ac-commoder pour ne pas deve-nir des terminaux de secondezone. Cet appareil crée égale-ment un vortex plus large audécollage et à l’atterrissage, ce

qui allonge le temps d’attentedes autres appareils au sol etdans les airs, consommant ducarburant dans l’intervalle.

Mais les constructeurs n’ontpas nécessairement intérêt àinventer des avions plus per-formants d’un point de vue en-vironnemental, selon les cher-cheurs australiens RobbertsKivits, Michael Charles et NealRyan, qui mènent l’Airport Me-tropolis Research Projet, fi-nancé par des fonds publics.

En effet, il pourrait s’écouler20 ans avant que l’industrie ré-cupère les billes investies dansle développement de l’A380. Ilfaudra donc l’utiliser encorelongtemps pour espérer unequelconque rentabilité. L’in-dustrie aéronautique seraitparticulièrement résistante au

changement, écrivent-ils dansla revue scientifique Futures :les risques financiers impor-tants, les changements tech-nologiques énormes requis etl’incertitude quant aux avan-tages freinent les innovations.

Et remplacer une technolo-gie par une autre prendrait 30ans : 10 ans de recherche etdéveloppement, additionnésaux 30 ans où l’appareil est enservice.

Un chercheur a même cal-culé qu’avant que 50 % desavions soient propulsés à l’hy-drogène — émettant de la va-peur d’eau plutôt que du car-bone —, près d’un siècle pour-rait s’écouler !

CollaboratriceLe Devoir

DE HEATHROW À ABOU DABI

Le «bilan zéro», la nouvelle norme?Aéroport de Montréal souhaite se doter cette année de son premier plan d’action en matière de développement durable

DAVID GOLDMAN LA PRESSE CANADIENNE

Une centaine de chèvres et de moutons paissent sur une parcelle de terrain appartenant à l’aéroportHartsfield-Jackson Atlanta International, à Atlanta. L’aéroport O’Hare de Chicago, qui possède déjàle plus grand toit vert aéroportuaire au monde, souhaite aussi s’y mettre sous peu.

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR

Aéroport de Montréal souhaite se doter de son premier plan d’action en matière de développement durable d’ici la fin de 2012.