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La Lettre du Pneumologue • Vol. XIX - n° 3 - mai-juin 2016 | 101 MISE AU POINT Les explorations fonctionnelles respiratoires dans le bilan et le suivi des pneumopathies interstitielles diffuses : quels examens pratiquer ? Pulmonary function tests in the assessment and monitoring of interstitial lung disease: which exams to practice? C. de Picciotto 1 , M. Bonay 1, 2 1 Service de physiologie-explorations fonctionnelles, hôpital Ambroise- Paré, AP-HP, Boulogne-Billancourt. 2 Unité INSERM 1179, laboratoire de physiologie, université de Versailles, Montigny-le-Bretonneux. L es explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) comportent la mesure des débits et des volumes pulmonaires, l’étude de la mécanique thoracopulmonaire par différentes techniques, ainsi que celle des échanges gazeux par mesure des gaz du sang et du transfert pulmonaire du monoxyde de carbone (CO) et du monoxyde d’azote (NO). Au sens large, ces examens peuvent être réalisés dans diffé- rentes conditions de repos et/ou d’exercice, comme les tests de marche et l’exploration fonctionnelle à l’exercice (EFX), couplés ou non à des explorations cardiovasculaires invasives (cathétérisme) ou non invasives (échodoppler cardiaque). La physio- pathologie des pneumopathies interstitielles diffuses (PID) met en jeu des lésions de l’interstitium pulmo- naire, mais peut aussi toucher les voies aériennes, la plèvre et la circulation pulmonaire. Ainsi, différents profils fonctionnels respiratoires peuvent être décrits, et leur caractérisation est indispensable au bilan initial et au suivi des patients, en complément des aspects clinique, radiologique, biologique et éventuel- lement histopathologique. Les PID constituent un groupe hétérogène pour leur présentation clinique et radiologique, leur physiopathologie et leur pro- nostic (tableau I), mais la fibrose pulmonaire idio- pathique (FPI), la plus fréquente des PID avec une prévalence estimée de 23 cas pour 100 000 en Europe, la pneumonie d’hypersensibilité, les PID associées aux connectivites et la sarcoïdose constituent la majorité des cas rencontrés en pratique clinique. Les dernières années ont été riches en termes de grands essais ran- domisés contrôlés et de nouveaux traitements des PID, avec d’importantes modifications dans la prise en charge. Pour certains patients, l’objectif sera de Tableau I. Classification simplifiée des pneumopathies interstitielles diffuses (1). Pneumopathies interstitielles (souvent idiopathiques) • Chroniques fibrosantes : fibrose pulmonaire idiopathique, pneumopathies interstitielles non spécifiques • Aiguës ou subaiguës : pneumopathies organisées cryptogéniques, pneumopathies interstitielles aiguës • Liées au tabagisme : bronchiolite respiratoire avec pneumopathie interstitielle, pneumopathies interstitielles desquamatives Inclassifiables Associées aux connectivites Polyarthrite rhumatoïde, sclérodermie, dermatomyosites, polymyosites Médicamenteuses Méthotrexate, bléomycine Expositions aux particules inhalées Asbestose, pneumopathies d’hypersensibilité, pneumoconioses Granulomatoses Sarcoïdose, pneumopathies d’hypersensibilité Familiales et autres syndromes héréditaires Cas rares Lymphangioléiomyomatose, histiocytose langerhansienne contrôler les symptômes ; pour d’autres, de ralentir l’évolution de la maladie, voire d’obtenir la rémission. Les EFR au repos et à l’exercice occupent une place d’autant plus importante dans le bilan et le suivi des PID que l’établissement de critères pronostiques et la quantification des réponses aux nouvelles stratégies thérapeutiques sont indispensables.

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La Lettre du Pneumologue • Vol. XIX - n° 3 - mai-juin 2016 | 101

MISE AU POINT

Les explorations fonctionnelles respiratoires dans le bilan et le suivi des pneumopathies interstitielles diffuses : quels examens pratiquer ?Pulmonary function tests in the assessment and monitoring of interstitial lung disease: which exams to practice?

C. de Picciotto1, M. Bonay1, 2

1 Service de physiologie-explorations fonctionnelles, hôpital Ambroise-Paré, AP-HP, Boulogne-Billancourt.2 Unité INSERM 1179, laboratoire de physiologie, université de Versailles, Montigny-le-Bretonneux.

Les explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) comportent la mesure des débits et des volumes pulmonaires, l’étude de la mécanique

thoracopulmonaire par différentes techniques, ainsi que celle des échanges gazeux par mesure des gaz du sang et du transfert pulmonaire du monoxyde de carbone (CO) et du monoxyde d’azote (NO). Au sens large, ces examens peuvent être réalisés dans diffé-rentes conditions de repos et/ou d’exercice, comme les tests de marche et l’exploration fonction nelle à l’exercice (EFX), couplés ou non à des explo rations cardiovasculaires invasives (cathété risme) ou non invasives (échodoppler cardiaque). La physio-pathologie des pneumopathies inters titielles diffuses (PID) met en jeu des lésions de l’inter stitium pulmo-naire, mais peut aussi toucher les voies aériennes, la plèvre et la circulation pulmo naire. Ainsi, différents profils fonctionnels respira toires peuvent être décrits, et leur caractérisation est indispensable au bilan initial et au suivi des patients, en complément des aspects clinique, radiologique, biologique et éventuel-lement histopathologique. Les PID constituent un groupe hétérogène pour leur présentation clinique et radiologique, leur physio pathologie et leur pro-nostic (tableau I), mais la fibrose pulmo naire idio-pathique (FPI), la plus fréquente des PID avec une prévalence estimée de 23 cas pour 100 000 en Europe, la pneumonie d’hyper sensibilité, les PID associées aux connec tivites et la sarcoïdose constituent la majorité des cas rencontrés en pratique clinique. Les dernières années ont été riches en termes de grands essais ran-domisés contrôlés et de nouveaux traitements des PID, avec d’importantes modifications dans la prise en charge. Pour certains patients, l’objectif sera de

Tableau I. Classification simplifiée des pneumopathies interstitielles diffuses (1).

Pneumopathies interstitielles (souvent idiopathiques)

• Chroniques fibrosantes : fibrose pulmonaire idiopathique, pneumopathies interstitielles non spécifiques

• Aiguës ou subaiguës : pneumopathies organisées cryptogéniques, pneumopathies interstitielles aiguës

• Liées au tabagisme : bronchiolite respiratoire avec pneumopathie interstitielle, pneumopathies interstitielles desquamatives

Inclassifiables

Associées aux connectivites

Polyarthrite rhumatoïde, sclérodermie, dermatomyosites, polymyosites

Médicamenteuses

Méthotrexate, bléomycine

Expositions aux particules inhalées

Asbestose, pneumopathies d’hypersensibilité, pneumoconioses

Granulomatoses

Sarcoïdose, pneumopathies d’hypersensibilité

Familiales et autres syndromes héréditaires

Cas rares

Lymphangioléiomyomatose, histiocytose langerhansienne

contrôler les symptômes ; pour d’autres, de ralentir l’évolution de la maladie, voire d’obtenir la rémission. Les EFR au repos et à l’exercice occupent une place d’autant plus importante dans le bilan et le suivi des PID que l’établissement de critères pronostiques et la quantification des réponses aux nouvelles stratégies thérapeutiques sont indispensables.

0101_LPT 101 22/06/2016 10:22:02

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102 | La Lettre du Pneumologue • Vol. XIX - n° 3 - mai-juin 2016

MISE AU POINTPoints forts

» Le bilan fonctionnel respiratoire initial à réaliser dans les pneumopathies interstitielles diffuses (PID) comporte une mesure des débits et des volumes pulmonaires, de la capacité de diffusion du CO (DLco) et des gaz du sang, un test de marche de 6 minutes, voire une exploration fonctionnelle à l’exercice.

» Il existe peu d’arguments pour définir la sévérité initiale des PID par les explorations fonctionnelles respiratoires (EFR). Une DLco inférieure à 40 % de la valeur prédite correspond à une fibrose pulmonaire idiopathique (FPI) avancée.

» En dehors des cas particuliers de la sarcoïdose et de la sclérodermie systémique, une surveillance EFR incluant au minimum la mesure de la capacité vitale (CV) et de la DLco chez les patients atteints de FPI peut être recommandée au minimum tous les 6 mois. La mesure des gaz du sang est également recommandée pour la surveillance des patients présentant une hypoxémie de repos.

Mots-clés Pneumopathies interstitielles diffuses

Explorations fonctionnelles respiratoires

Explorations fonctionnelles à l’exercice

Fibrose pulmonaire idiopathique

Highlights » The initial pulmonary function

test to perform in interstitial lung disease (ILD) comprises a measurement of airflows, lung volumes, diffusion lung capacity for carbon monoxide (DLco), arterial blood gases and a 6-minute walk test or a cardio pulmonary exercise testing. » There are few arguments to

set the initial severity of the ILD by pulmonary function tests (PFT). A DLco lower than 40% of the predicted value cor-responds to an advanced idio-pathic pulmonary fi brosis (IPF). » Apart from individual cases

of sarcoidosis and systemic sclerosis, a monitoring of PFT that includes at least measure-ments of the vital capacity (VC) and DLco in IPF patients can be recommended at least every 6 months. The measurement of arterial blood gases is also recommended for monitoring patients with hypoxemia at rest.

Keywords Interstitial lung disease

Pulmonary function tests

Cardiopulmonary exercise testing

Idiopathic pulmonary fi brosis

Profi ls fonctionnels respiratoires lors du bilan initial des PID L’atteinte fonctionnelle respiratoire des patients présentant une PID est le plus souvent un syndrome restrictif avec diminution de la capacité pulmonaire totale (CPT), de la capacité vitale (CV) et de la compliance (1) . Le niveau respectif d’atteinte des volumes mobilisables et non mobilisables dépend du stade de la maladie. La FPI est habituellement associée à une dimi-nution de la capacité vitale forcée (CVF), mesure fréquemment utilisée car reproductible et liée au pronostic, et de la CPT (2) . Dans la sarcoïdose, les pneumopathies d’hypersensibi l ité, les pneumo pathies interstitielles non spécifiques, la lymphangioléiomyomatose ou l’histiocytose langerhansienne, un syndrome obstructif peut également être objectivé (3) . Le facteur de transfert du CO (TL co ), commu nément appelé capacité de diffusion du CO (DL co ), est clas-siquement diminué chez les patients présentant une PID. Il s’agit de la modifi cation la plus précoce lors

des EFR réalisées chez ces patients. La mesure de la DLco reste un examen sensible mais non spécifi que de la fonction respiratoire. En pratique courante, la mesure de la DLco par la méthode en apnée explore l’ensemble des territoires ventilés au cours d’une inspiration profonde et correspond au produit des mesures de la captation du CO (Kco) et du volume alvéolaire (VA) “accessible” au CO. La DLco mesurée par la méthode en apnée de durée t est liée au VA d’échange, donc à la taille du poumon : DLco = VA × Log(FAco0/FAcot) / [(Patm-PH 2 O) × t], avec FAco : fraction alvéolaire de CO aux temps 0 et t, Patm : pression atmosphérique et PH 2 O : pression en vapeur d’eau. Il a été proposé de norma liser la DLco par le volume alvéolaire d’échange pour tenir compte des données morphologiques. La signi-fication fonctionnelle du rapport DLco/VA est compliquée par le fait qu’à volume inspiré moindre que la CPT , la diminution de la DLco est moins importante que celle du volume alvéolaire chez le sujet sain (fi gure 1) . Dans ces conditions, le rapport DLco/VA augmente, ce qui entraîne des problèmes d’interprétation en cas d’inspiration incomplète, surtout en cas de pathologies pulmonaires, carac-térisées par des modifi cations de la diffusion des gaz et de s volumes pulmonaires, pour lesquelles les conséquences de l’atteinte du VA n’ont pas été validées. Par conséquent, une même DLco peut résulter de différents profi ls de valeurs de Kco et de VA (tableau II) et le rapport DLco/VA ne permet pas de “corriger” une DLco diminuée par réduction du VA, compte tenu de la relation complexe entre DLco et VA (4) . Récemment, plusieurs profi ls ont été décrits dans le cas des PID en fonction des varia-tions de Kco et de VA (5) . La normalité de la DLco ne permet pas d’exclure le diagnostic de pneumopathie interstitielle. Les techniques permettant d’analyser la membrane alvéolo-capillaire et le volume sanguin capillaire pulmonaire, comme l’étude du transfert pulmonaire du CO et du NO, ont montré leur intérêt dans différentes pathologies pour préciser les méca-nismes physiopathologiques impliqués dans l’alté-ration des échanges gazeux pulmonaires, mais n’ont pas encore d’indication validée dans les PID (6) . Habituellement, la gazométrie artérielle est normale au repos dans les PID, notamment au stade initial de la maladie. À un stade plus avancé, une hypoxémie

100 200

175

150

125

100100

DLco

Kco

80 60 40

75

50

DLco

à la

CPT (

%)

Volume alvéolaire (VA/VACPT

%)

Kco

à la C

PT (%

)

CPT : capacité pulmonaire totale ;DLco : mesure de la capacité de di�usion du CO ;Kco : captation du CO.

Figure 1. Effet d’une variation volontaire de volume pulmonaire sur DLco et Kco exprimés en pour-centage (%) de la valeur obtenue à l’inspiration complète (soit approximativement la CPT) par rapport à l’expansion alvéolaire exprimée en % du volume alvéolaire maximal (VACPT ~ 93 % CPT) chez le sujet sain (4).

0102_LPT 102 22/06/2016 10:22:03

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La Lettre du Pneumologue • Vol. XIX - n° 3 - mai-juin 2016 | 103

MISE AU POINT

associée à une hypocapnie et à une alcalose respira-toire avec augmentation du gradient alvéolo-artériel en oxygène (P[A-a]O2) peut survenir à l’effort, puis au repos (3). Cependant, lors d’exercices maximaux, une hypercapnie peut apparaître malgré une CV à 50-60 % de la valeur prédite.Les explorations fonctionnelles à l’exercice sont plus sensibles que les examens réalisés au repos pour mettre en évidence une anomalie des échanges gazeux lors des PID. Chez les patients atteints de PID, à l’exercice, lors d’un test de marche de 6 minutes (TM6) ou d’une EFX avec mesure des échanges gazeux, P(A-a)O2 augmente alors que la pression artérielle en oxygène (PaO2) et la saturation artérielle en oxygène de l’hémoglobine (SaO2 à la gazométrie artérielle ou SpO2 à l’oxymétrie de pouls) diminuent.Dans les PID, le TM6 objective une désaturation artérielle en oxygène à l’exercice liée aux troubles de distribution des rapports ventilation/perfusion et de diffusion alvéolo-capillaire pulmonaire. Cette désaturation artérielle en oxygène à l’exercice est d’autant plus importante qu’elle est associée à une hypertension artérielle pulmonaire. Le niveau de désaturation artérielle en oxygène à la fin de l’exercice est peu reproductible, contrai rement à la distance parcourue lors du TM6 (8, 9). Actuel-lement, aucun paramètre, en dehors de la distance parcourue ou de l’oxymétrie de pouls, n’a été recueilli et testé pour sa pertinence clinique dans les maladies respira toires lors du TM6. L’intérêt de paramètres cardiovasculaires ou ventilatoires pourrait être évalué (10, 11).La consommation maximale en O2 (VO2 max) ou consommation en O2 au pic d’un effort maximal symptôme-limité (VO2 pic) est un paramètre reproduc tible mesuré lors d’une EFX qui témoigne des capacités cardiovasculaires, respiratoires et muscu laires d’un individu à répondre à la demande métabolique aérobie lors d’un exercice physique maximal (12, 13). Chez un patient exploré pour suspi cion de PID avec EFR normales au repos, l’EFX permet de mettre en évidence les symptômes liés à l’effort à l’interrogatoire, de les relier ou non à une limitation ventilatoire et/ou des échanges gazeux et d’évaluer la sévérité de l’atteinte respiratoire. L’intolé rance à l’effort peut être d’origine multi-factorielle chez les patients présentant une PID, impliquant des altérations de la mécanique venti-latoire, des échanges gazeux, ainsi que des fonctions musculaire et cardio circulatoire (figure 2) [14].Le bilan fonctionnel respiratoire initial peut contribuer au diagnostic de PID, en association avec l’examen clinique, l’imagerie thoracique et l’histologie. Il ne

permet pas d’identifier le type de pneumopathie interstitielle, même si certaines particularités ont été décrites, pour les pneumopathies d’hypersensi-bilité par exemple. Il est important de rappeler que les EFR peuvent être normales malgré la présence d’anomalies histologiques et tomodensitométriques de PID. Le tableau III, p. 104 reprend les examens proposés dans le cadre du bilan fonctionnel respira-toire initial des PID.

Tableau II. Exemples de profils différents de Kco et de VA, pour une DLco équivalente (4).

Diagnostic DLco (% de la valeur

prédite)

Kco (% de la valeur

prédite)

VA (% de la valeur

prédite)

Mécanisme

Pneumonectomie 58 111 51 Perte localisée d’unités pulmonaires

Pneumopathie interstitielle diffuse

54 84 66 Lésions alvéolocapillaires ± perte d’unités pulmonaires

Hypertension artérielle pulmonaire idiopathique

56 58 96 Lésions vasculaires

Déficit musculaire inspiratoire

59 120 50 Expansion alvéolaire incomplète

Kco : mesure de captation du CO ; VA : volume alvéolaire ; DLco : mesure de la capacité de diffusion du CO.

VD/ VT Hypoxémie

Modifications de l’architectureet des propriétés mécaniques

pulmonaires*

Destruction capillaire

pression de remplissagedu ventricule gauche

compliance

travail respiratoire

capacité ventilatoire

Limitation ventilatoire

Intolérance à l’effort Autres : atteintes neuromusculaires, déconditionnement, etc.

Limitation cardiocirculatoire et/ou vasculaire pulmonaire

résistances vasculaires pulmonaires

demandeventilatoire

demandecirculatoire

performance cardiaque

Fibrose pulmonaire

* Les syndromes emphysème-�brose et autres pathologies obstructives potentiellement associées aux PID ne sont pas représentés.VD/VT : rapport entre l’espace mort (VD) et le volume courant (VT)

Figure 2. Schéma simplifié des mécanismes impliqués dans l’intolérance à l’effort des pneumopathies interstitielles diffuses les plus courantes (7).

0103_LPT 103 22/06/2016 10:22:03

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104 | La Lettre du Pneumologue • Vol. XIX - n° 3 - mai-juin 2016

MISE AU POINT Les explorations fonctionnelles respiratoires dans le bilan et le suivi des pneumopathies interstitielles diffuses : quels examens pratiquer ?

Évaluation du stade de sévérité initial et particularités fonctionnelles respiratoires des PID

La diminution de la CVF, du volume expiré maximal pendant la première seconde (VEMS), de la CPT et de la DLco, ainsi que les résultats du TM6 sont corrélés aux anomalies tomodensitométriques de la PID. L’impor-tance de l’épaississement des parois bronchiques pourrait être inversement corrélée au VEMS, tandis que l’étendue des images en verre dépoli serait inver-sement corrélée à la SaO2 et à la CVF initiale.Il n’existe pas de définition consensuelle de la sévérité d’une PID, même si plusieurs équipes ont proposé des scores associant des données cliniques, radiologiques et fonctionnelles respiratoires.Dans la FPI, des corrélations entre l’étendue des lésions de fibrose au scanner thoracique et les diminutions initiales de CVF et de DLco, le niveau

de désaturation artérielle en O2 lors du TM6 ou le niveau d’hypoxémie en fin d’exercice ont été rap-portées. La mesure de la DLco est l’examen qui reflète le mieux la sévérité et l’évolution de la FPI. Dans les PID, les anomalies des échanges gazeux pulmonaires précèdent les modi fications de la mécanique ventilatoire. La diminution de la DLco est souvent l’anomalie la plus précoce dans la FPI. Cependant, la mesure de la DLco est un examen sen-sible mais non spécifique de la fonction respiratoire. Sa diminution est mieux corrélée à l’extension de la fibrose au scanner thoracique que la diminution des volumes pulmonaires mesurés en spirométrie et que les anomalies de la gazométrie artérielle au repos (15, 16). Le niveau de DLco est hautement prédictif des résultats obtenus lors des explorations fonctionnelles à l’exercice (17, 18). La mesure de la DLco peut aussi tenir compte d’une hypertension artérielle pulmonaire précapillaire, qui est présente dans 10 % des FPI au diagnostic. Ainsi, une DLco inférieure à 40 % de la valeur prédite correspond à une FPI avancée (19).La place de l’EFX pour définir la sévérité d’une pneumopathie interstitielle n’est pas clairement validée. Pour certains auteurs, les valeurs de PaO2 et de P(A-a)O2 lors d’un test d’exercice maximal sont davantage corrélées aux données histologiques que les résultats des EFR au repos. Compte tenu de l’absence d’étude de corrélation anatomo- fonctionnelle sur un grand nombre de patients, il est difficile de proposer un paramètre de l’EFX suscep tible de définir la sévérité d’une PID. Dans la sarcoïdose, les anomalies spirométriques sont plus fréquentes chez les patients présentant une sarcoïdose de type 2 à 4, et l’évolution de la capacité vitale est concordante avec celle de la DLco. Un syndrome obstructif peut également être objec-tivé en cas d’atteinte bronchique.Le tableau IV résume les profils fonctionnels respira-toires associés aux complications respiratoires les plus fréquentes des PID associées aux connectivites.

Tableau III. Quel bilan fonctionnel respiratoire initial réaliser dans les pneumopathies interstitielles diffuses ?

• Mesure des volumes statiques et dynamiques lors d’une exploration fonctionnelle respiratoire au repos

• Mesure de la capacité de diffusion du monoxyde de carbone (DLco)

• Mesure des gaz du sang au repos avec estimation du gradient alvéolo-artériel en oxygène (P[A-a]O2). N.B. : la prescription d’une source mobile d’O2 (oxygénothérapie de déambulation) nécessite une titration préalable, réalisée lors du test de marche de 6 minutes le plus souvent, ou lors d’une exploration fonctionnelle à l’exercice, en air ambiant et sous O2 (http://legifrance.gouv.fr, JORF n° 0049 du 27 février 2015, page 3728, texte no 33)

• Test de marche de 6 minutes (distance parcourue et saturation artérielle en oxygène de l’hémoglobine à l’oxymétrie de pouls [SpO2])

• L’exploration fonctionnelle à l’exercice (épreuve d’effort cardiorespiratoire et métabolique) est utile si les explorations fonctionnelles respiratoires sont normales au repos, s’il existe une discordance entre l’intensité de la dyspnée et les résultats des tests au repos, pour détecter une comorbidité associée ou dans le cadre d’un bilan avant réentraînement à l’effort

Tableau IV. Profils fonctionnels respiratoires associés aux complications respiratoires les plus fréquentes des pneumopathies interstitielles diffuses accompagnées de connectivites (19).

Hypertension pulmonaire

• Volumes pulmonaires normaux ou syndrome restrictif

• DLco diminuée de façon disproportionnée par rapport au degré de sévérité de la PID (coefficient de transfert du CO diminué, rapport CVF/DLco élevé)

• Hypoxémie fréquente au repos ou à l’exercice, disproportionnée par rapport au degré de sévérité de la PID

Pathologie pleurale ou musculaire (syndrome restrictif pariétal)

• Syndrome restrictif souvent sévère

• DLco peu diminuée, coefficient de transfert du CO normal ou augmenté

• Hypoxémie fréquente au repos ou à l’exercice, avec gradient alvéolo-artériel en O2 potentiellement normal

Emphysème pulmonaire

• Volumes pulmonaires normaux ou légèrement diminués (syndrome restrictif ou obstructif)

• DLco diminuée de façon disproportionnée par rapport au degré de sévérité de la PID (coefficient de transfert du CO diminué, rapport CVF/DLco élevé)

• Hypoxémie fréquente au repos ou à l’exercice, disproportionnée par rapport au degré de sévérité de la PID

CVF : capacité vitale forcée ; DLco : mesure de la capacité de diffusion du CO ; PID : pneumopathie interstielle diffuse.

0104_LPT 104 22/06/2016 10:22:03

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La Lettre du Pneumologue • Vol. XIX - n° 3 - mai-juin 2016 | 105

MISE AU POINT

Quels examens réaliser dans le cadre du suivi fonctionnel respiratoire des PID ?Dans le groupe des PID, la FPI a le pronostic le plus défavorable, avec une médiane de survie après le diagnostic de 3 à 5 ans. L’évolution de la FPI est imprévisible au diagnostic, mais une détérioration lentement progressive de la fonction respiratoire est observée chez la plupart des patients. Pour d’autres patients, la fonction respiratoire reste provisoirement stable, ou bien se dégrade rapi-dement. L’évolution peut aussi être émaillée de phases d’exacerbations aiguës. Compte tenu de cette hétérogénéité d’évolution, l’identification de critères pronostiques au cours des premiers mois de suivi est indispensable pour l’indication thérapeutique, notamment la transplantation pulmonaire.Au cours des 6 à 12 premiers mois de suivi des patients atteints de FPI, une diminution d’au moins 10 % de la CV ou d’au moins 15 % de la DLco par rapport à leur valeur au moment du diagnostic a un impact pronostique négatif sur la survie. Ces modi-fications fonctionnelles respiratoires permettent d’identifier les patients avec un risque de morta-lité élevé et/ou qui peuvent être adressés à une équipe de transplantation pulmonaire (2, 3, 20). Récemment, 2 molécules, le nintédanib et la pirfé-nidone, ont permis d’obtenir le ralentissement du déclin de la CVF dans la FPI.Chez les patients présentant une sarcoïdose, une répétition des mesures (VEMS, CV et DLco) trimes-trielle, voire semestrielle pour les sarcoïdoses de type 1, est préconisée durant les 2 premières années de suivi. La surveillance peut être moins rapprochée ultérieurement pour rester annuelle, et devrait durer au moins 3 ans pour les patients traités et guéris. Les patients présentant des formes persistantes devraient être surveillés indéfiniment (3).La mesure initiale de la CV et de la DLco a une valeur pronostique dans l’atteinte pulmonaire interstitielle de la sclérodermie systémique (3, 19). Le profil évo-lutif de l’atteinte interstitielle pulmonaire est plus difficile à évaluer, notamment sur les variations de la fonction respiratoire.

Valeur pronostique des EFR dans les PIDLes modèles de prédict ion cl in ique four-nissent d’importants outils de pronostic pour la pratique clinique et le développement d’essais

thérapeutiques dans les PID. Ces marqueurs cliniques n’évaluent pas l’activité de la maladie ni sa pathobiologie sous-jacente. Grâce aux études translationnelles, le développement de nouveaux biomarqueurs moléculaires et génétiques des PID est en cours (21).Plusieurs équipes ont proposé des modèles à variables multiples pour mieux décrire les différents stades de FPI selon leur risque de mortalité. Ainsi, R.M. du Bois et al. (22) ont développé un système de score comportant 4 paramètres : l’âge, une hospi-talisation récente pour motif respiratoire, la CVF basale et sa variation sur 6 mois. La somme des scores individuels pour les 4 paramètres permet d’obtenir un score composite capable de prédire le risque de décès à 1 an (22). Plus récemment, B. Ley et al. ont développé un modèle multidimensionnel de prédiction de risque en utilisant les données de 3 larges cohortes de patients présentant une FPI (23, 24). Le score GAP (Gender, Age, Physiology) a été proposé pour stratifier les patients selon leur risque de mortalité. Dans ce score, des points sont attribués en fonction du sexe (G), de l’âge (A) et de la physio logie respiratoire avec les résultats des CVF et DLco (P), et additionnés pour obtenir un total de 0 à 8. Les 3 stades de gravité en fonction du score obtenu (I : de 0 à 3 points, II : de 4 à 5 points, III : de 6 à 8 points) sont associés à une mortalité croissante à 1 an, 2 ans et 3 ans. Ainsi, le stade III du GAP est associé à un risque de mortalité de 39 % à 1 an. Plusieurs scores, dont le GAP, pourraient être combinés pour améliorer la prédiction du risque dans la FPI (21).L’EFX a une valeur pronostique plus importante que celles fournies par les examens fonctionnels cardio respiratoires réalisés au repos, aussi bien dans les pathologies cardiaques que respira-toires (7, 8, 25). Les recommandations interna-tionales préconisent une évaluation pronostique basée sur le plus grand nombre de variables pos-sible lors d’une EFX, afin d’obtenir la meilleure précision (25).Quelques travaux ont mis en évidence des indices pronostiques parmi les nombreux paramètres obtenus lors d’EFX chez les patients présentant une FPI (26). Ces résultats mériteraient d’être validés par de larges études prospectives.

Conclusion

Les PID constituent un groupe hétérogène de maladies de par leur présentation clinique et

0105_LPT 105 22/06/2016 10:22:04

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MISE AU POINT

radio logique, leur physiopathologie et leur pronostic. Les explorations fonctionnelles respi-ratoires au repos et à l’exercice sont des examens incon tournables lors du bilan et du suivi des PID.

Leur intérêt en termes d’évaluation de la sévérité des PID et de leur pronostic, plus particulièrement pour les explorations à l’exercice, mériterait d’être validé par de larges études prospectives. ■

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts en relation

avec cet article.

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Références bibliographiques

Les explorations fonctionnelles respiratoires dans le bilan et le suivi des pneumopathies interstitielles diffuses : quels examens pratiquer ?

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