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N° 180 / Août 2015 / 3€20 GROUPES LOCAUX Un printemps 2015 riche d’actions ! DOSSIER : Climat et extractivisme : ils touchent le fond mais creusent encore DEPUIS 1971 CARNET DE CAMPAGNES CAP sur la COP21 : plus mobilisé-e-s que jamais

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N° 180 / Août 2015 / 3€20

GROUPES LOCAUX

Un printemps 2015 riche d’actions !

DOSSIER :Climat et extractivisme :

ils touchent le fond mais creusent encore

DEPUIS 1971

CARNET DE CAMPAGNES

CAP sur la COP21 : plus mobilisé-e-s

que jamais

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La Baleine, le journal édité par les Amis de la Terre France depuis 1971 entame une nouvelle jeunesse. Nous saluons le travail de Caroline Prak, notre chargée de communication durant 9 ans qui rejoint nos amis d’Oxfam France. Elle conti-nue de nous suivre avec tout l’engagement qu’elle a déployé pour porter haut nos valeurs.

C’est au tour de l’enthousiaste Pierre Sagot de reprendre la communication de notre association. Nouveau rédacteur en chef du journal, il donne un nouveau souffle à nos actions et nos idées. Nous avons essayé de rendre la maquette plus actuelle, plus aérée et toujours aussi pointue dans l’exper-tise. Nous espérons que votre plaisir à lire cette Baleine en sera encore plus grand. Ensuite, c’est à Bure que l’évolution de notre organisation a pu se concrétiser. Après deux ans de débats internes et externes, nous avons pu aboutir à des modifications impor-tantes de nos statuts afin de permettre une implication de tous et nous ouvrir à de nouveaux militants et de nouvelles formes d’engagement. Ce renouveau intervient durant une année importante dans l’histoire de notre association : une année de changements, une année de mobilisation. Tout le monde le sait maintenant, la conférence de l’ONU sur le climat se tiendra à Paris en décembre 2015. Les enjeux sont énormes, il s’agit du climat. Mais au-delà, ce sont les conditions de vie sur Terre qui sont en jeu. Les Amis de la Terre du monde entier vont se déplacer massivement à Paris pour faire valoir nos revendi-cations et notre vision d’une société plus juste où l’humain et l’environnement vivent en harmonie. Pour défendre la justice

climatique, soutenons les communautés affectées ! Ce lien indiscutable entre l’environnement et le social doit mainte-nant devenir l’évidence. Les impacts du système capitaliste actuel et de la société de surconsommation qui en découle sont plus que jamais inacceptables et impactent de manière irrémédiable notre planète et les populations. Le changement radical de nos modes de production et de consommation doit se mettre en place dès maintenant. Les Amis de la Terre doivent porter haut et fort leur vision des sociétés soutenables et participer à la construction des alternatives. L’extractivisme, symbole de ces dérives, constitue le nœud central du problème et fait l’objet du dossier traité dans cette Baleine. Nous savons aujourd’hui comment faire autrement et résoudre cette crise. Il nous appartient de faire basculer le rapport de forces et d’obtenir les changements nécessaires à la transformation de la société. L’accord qui sera décidé à Paris en décembre ne sera pas à la hauteur des enjeux, c’est une certitude. Mais Paris doit être le début d’une mobilisation radicale et massive. La mise en évidence des alternatives existantes doit permettre de dé-montrer qu’un autre monde existe et qu’il est dans celui-ci. Il s’agit à présent de les impulser, de les multiplier et de les renforcer afin qu’elles deviennent… la norme. Bonne lecture, je suis pour ma part très heureux de parti-ciper avec vous à cette aventure. Nous avons besoin de vous pour gagner cette bataille, alors impliquez-vous, relayez l’information, faites-nous vos retours sur cette nouvelle Baleine et proposez-nous des améliorations pour cet outil en évolu-tion permanente !

Philippe Germa, 64 ans, membre du Conseil Fédéral des Amis de la Terre France dans les années 70 et actuel Directeur Général du WWF France vient de disparaître en mer lors d’une plongée en Polynésie Française

au large de l’atoll de Rangiroa dans l’archipel des Tuamotu. Les Amis de la Terre France pensent tout particulièrement à sa famille et à ses amis dans ce moment bien triste et saluent une vie au service de l’écologie.

Nouvelle dynamique pour les Amis de la Terre France !

Disparition d’un historique

FLORENT COMPAINPrésident des Amis de la Terre France

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LA BALEINE . N°180 3

Le Courrier de la Baleine n°180« Se ranger du côté des baleines n’est pas une position aussi légère qu’il peut le sembler de prime abord ».

Août 2015 . n° CPPAP : 0317 G86222 - ISSN 1969 - 9212Dans ce numéro, les adhérents des Amis de la Terre France trouveront deux plaquettes : « Laissons les énergies fossiles dans le sol » et « Climat, pollutions d’Etat ».

Directeur de la publication : Florent CompainRédacteur en chef et directeur artistique : Pierre Sagot Rédacteurs (hors dossier) : Amis de la Terre Côte d’Or, Sylvain Angerand, Thierry Avramoglou, Christian Berdot, Florent Compain, Camille Lecomte, Gabriel Mazzolini, Lucia Ortiz, Malika Peyraut, Lucie Pinson, Juliette Renaud, Nicolas Roux, Pierre Sagot, Véronique Sinou, Cynthia Sou, Anne-Laure Wittmann.Rédacteurs (dossier) : Collectif Stopmines23, Richard Girard de l’Institut Polaris, Multisectorial contra la Hidrofractura de Neuquén, Malika Peyraut, Juliette Renaud, Pascoe Sabido du Corporate Europe Observatory. Communication, relations presse : Pierre Sagot . [email protected] 72 43 92 65Graphisme et maquette : Aurélien Dovillez . [email protected] :sur papier recyclé Offset cyclus 115g/m2 avec encres végétales : SCOP Presse-Pluriel. Crédits photos :Couverture : Jiri Rezac / WWFP. 9 : Jiri Rezac / WWFP. 11 : Observatorio Petrolero Sur P. 12 : Jiri Rezac / WWFP. 13 : Collectif Aldeah (aldeah.org) / Multisectorial contra la HidrofracturaP. 19 : Victor Barro - Amigos de la Tierra EspañaP. 20 : Friends of the Earth International

Les Amis de la Terre FranceMundo-M, 47 avenue Pasteur 93100 Montreuil [email protected] 01 48 51 32 22www.amisdelaterre.org

SOMMAIRE

INTERNATIONALNotre fédération s’est donnée rendez-vous à Genève pour lutter contre l’impunité des multinationales.

EN DIRECT DE NOS CAMPAGNES Des victoires acquises, une vigilance de tous les instants.

DOSSIERClimat et extractivisme : lutter contre la surpuissance des lobbies.

DU CÔTÉ DES GROUPES LOCAUX Panorama d’actions et de mobilisations sur nos territoires - Printemps 2015.

L’ACTU DU TRIMESTRERetour sur l’Assemblée Générale des Amis de la Terre France à Bure, symbole de résistance.

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LA BALEINE . N°1804

Bure : c’est un petit village de la Meuse choisi en 1994 par l’État pour y implan-ter son Centre industriel de stockage géologique (CIGEO) et accueillir « des recherches scientifiques souterraines ». Bure n’est-ce pas surtout le symbole d’un petit village sacrifié par l’État pour y enfouir des déchets nucléaires ?L’actualité nous montre encore que CI-GEO est la plus grande magouille d’Etat. Après le scandale d’une tentative de passage en force dans la loi de transi-tion énergétique, c’est finalement la loi Macron à coup de 49-3 qui l’impose. Heu-reusement, le conseil constitutionnel l’invalide rapidement car «contraire à la constitution». Le gouvernement annonce une loi en 2016 et Jean-Yves Le Déaut, député PS fou des OGM et du nucléaire, une proposition de loi dès septembre. Les Amis de la Terre France réactivent leur indignation et leur soutien aux col-lectifs locaux mobilisés. Quelques mois plus tôt, notre association choisissait ce haut lieu de résistance citoyenne pour y tenir, du 23 au 25 mai 2015, son Assem-blée fédérale extraordinaire statutaire et son Assemblée fédérale.

Lors de la première soirée, une action di-recte a été menée en hommage aux mi-litant-es qui tous les jours s’opposent au

projet CIGEO : le symbole anti-nucléaire a été projeté sur les bâtiments d’EDF pour signifier le déni de démocratie du projet et la volonté des Amis de la Terre France de réorienter le projecteur sur des modèles de sociétés plus justes.Cette action s’est prolongée le 24 au soir, en présence de Claude Kaiser, militant anti-nucléaire venu témoigner de plus de 20 ans de réflexions, d’investissements et d’actions. L’expérience ainsi racontée nourrit nos argumentaires et forge nos convictions collectives.

23 mai 2015 : une Assemblée fédérale extraordinaire pour revitaliser l’organisation interne de la fédération.

Depuis 2 ans (2013), un processus débat est mené au sein des Amis de la Terre France pour impulser une nouvelle dynamique, vers une organisation écologique de masse, radicale et pragmatique. Il s’est concrétisé à Bure par la ratification de nouveaux statuts*, et a acté en particulier la création de la CNGL (coordination nationale des groupes locaux).La fatigue accumulée lors des débats me-nés « tambour battant » a laissé place à l’allégresse lors d’une soirée festive confiée aux « Bure Haleurs ». Nous remercions le groupe local de Meurthe et Moselle et la Maison de la Résistance pour l’organisa-tion de ce temps très sympathique mais également pour leur accueil chaleureux tout au long de ce week-end.

24 mai 2015 : L’Assemblée fédérale zoome sur l’année du climat.

Dans la continuité des objectifs poursuivis par les nouveaux statuts, des réflexions ont été menées autour des « enjeux de la COP21 et post-COP21 ». En cette année 2015, année du climat, décrétée grande cause nationale par le gouvernement, il nous faut gagner des victoires en construisant et animant des campagnes efficaces et attractives. Accueillir et pré-parer la nouvelle génération militante est aussi fondamental. Les groupes locaux Nord et Rhône sont revenus sur l’accompagnement mis en place par la fédération depuis début 2015 pour leur permettre de gagner en efficacité dans leurs actions de mobilisa-tion et de recrutement d’adhérents. Les premiers résultats, très encourageants, nous donnent envie de poursuivre cette dynamique et de généraliser. Les Jeunes AT ont montré aussi l’étendue de leur créativité ! C’est sur ces témoignages que nous nous sommes quittés avec l’intime conviction d’avoir les capacités et l’envie de nous organiser pour construire un contre-pou-voir qui soit imposant et devienne plus fort que les lobbies qui mènent la danse !

*Le compte rendu et les nouveaux statuts sont disponibles sur intranet.

Thierry Avramoglou, Véronique Sinou et Cynthia Sou

L’ACTU U TRIMESTRE

DU

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LA BALEINE . N°180 5

Florent

COMPAIN

Président /

presidence@am

isdelaterre.org

Charlotte

GRUNBERG

Mem

bre d

u CF

Louis COFFLARD

Mem

bre d

u CF

Thierry

AVRAMOGLOU

Trésorier Adjoint

Michel

LOPEZ

Mem

bre d

u CF

Arnaud

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embre du CF

Marie-Line

EUDES

Trésorière

Véroniq

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SINOU

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LES MEMBRES DU CONSEIL FÉDÉRAL DES AMIS DE LA TERREFRANCE ÉLUS À BURE

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DU CÔTÉ S GROUPES LOCAUX

DES

Panorama d’actions et de mobilisations - Printemps 2015

MISER SUR LA PROJECTION D’UN FILM POUR ANIMER UNE SOIRÉE-DÉBAT.

Le groupe local Val de Bièvrea organisé deux projections-débats autour du film « L’âge de la stupidité » de Franny Armstrong sorti en 2009 et de « Sacrée croissance ! » de Marie-Monique Robin sorti en 2014.

Le groupe Associé Bizi ! lui aussi a misé sur « Sacrée croissance ! » mais a également projeté le film « En quête de sens » de Nathanaël Coste et Marc de la Ménardière sorti en 2015.

Le groupe local Nord comme le groupe local Rhône ont choisi le film réalisé en 2014 par les Amis de la Terre France : « Afrique du Sud, la France au charbon ».

Le groupe local Midi-Pyrénéesa fait une projection-débat du film « L’abeille initiatique ». Elle a été suivie d’une conférence d’Yvon Acard, philosophe et apiculteur.

INVITER LE DÉBAT POLITIQUE À TABLE : ATELIERS CUISINE ET PIQUE-NIQUES CONVIVIAUX.

Le groupe local Paris a profité d’une soirée SPICE (sessions po-litiques internationales et cuisine écolo-gique) pour discuter du TAFTA, un sujet qui s’y prête bien. Au menu, point de poulet à la javel et de bœufs aux hormones, chaque participant est venu avec ses fonds de frigo. Une manière de sensibiliser aussi au gaspil-lage alimentaire.

D’autres groupes locaux ont profité des premiers beaux jours pour organiser des pique-niques.

FAIRE DE SON STAND UN INCONTOURNABLE LIEU DE PASSAGE GRÂCE AUX ACTIVITÉS LUDIQUES.

Le groupe local Isère face au projet inutile de l’autoroute A51, par-ticipe à promouvoir l’exposition itinérante « 51 artistes face à l’A51 ».

Le groupe local Nord mise sur les activités ludiques pour leur stand. S’amuser, jouer n’est-il pas idéal pour comprendre la problématique de l’épuise-ment des ressources ?

FORMER, OUTILLER, REDONNER LE POUVOIR D’ENTREPRENDRE AUX CITOYENS !

Ce printemps, trois groupes locaux - Rhône, Nord et Gironde - ont organisé sur leurs territoires respectifs une soirée « comment choisir ma banque ? »

Le groupe local Rhône s’est associé à Enercoop Rhône-Alpes pour une session de formation aux économies d’énergie : l’auto-diagnostic du docteur Watt. Le groupe local Loire-Atlantiquea organisé plusieurs « repair-café ». Les bri-coleurs ont pu réparer ensemble les objets abimés ou cassés avec à la clef, conseils, astuces, rencontres et échanges.

Le groupe associé Bizi ! a lui misé sur « la démonstration par l’exemple ». Une petite visite sur le terrain en Gipuzkoa a permis aux participants de se rendre compte d’une politique « zéro déchet en pratique ».

En 2015, les prix Pinocchio tenus chaque année au niveau national seront aussi organisés en Gironde par le groupe local. Une vraie bonne idée à généraliser !

DÉBATS D’IDÉES Sensibiliser le grand public à nos thématiques peut prendre plusieurs formes :

conférences-débats, projections de films, ateliers créatifs, tenues de stands, formations etc… Les groupes locaux montrent leur vivacité et font partager leurs manières de sensibiliser.

Découvrez et contactez nos groupes locaux ! Leurs coordonnées sont sur

www.amisdelaterre.org/rejoigneznous.html

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LA BALEINE . N°180 7

ACTIONS DIRECTES.

Le groupe local Côte d’Or a mené des actions pour sensibiliser à l’affichage publicitaire de rue : sur-affi-chage de posters sur les panneaux pu-blicitaires et actions de « sitting » comme au cinéma pour montrer le non-sens de ces images intrusives. Avec, bien sûr, une pression sur le Réglement Local de Publicité !

Le groupe local Midi-Pyrénées a milité le 26 avril devant la centrale de Golfesh dont la durée de vie est arrivée à échéance. Ils se sont munis de cadenas, de chaines et de panneaux « chantiers fermeture, stop au rafistolage ».

Le groupe local Gironde et Oxfam Bordeauxont mené le 18 mai une action devant la BNP Paribas pour dénoncer ses finan-cements irresponsables dans l’industrie du charbon. Mineurs et banquiers se sont côtoyés sous le slogan « plus de charbon, plus de pognon ».

Les Jeunes Amis de la Terreont occupé le 6 juin une agence EDF dans Paris pour dénoncer les investissements climaticides de cette entreprise d’État.

Le groupe local Val d’Oise a fait le 27 juin une fresque humaine pour dire non à « Europa City ».

MARCHES ET MANIFESTATIONS.

Les Jeunes Amis de la Terreont animé de manière satirique à Paris le 18 avril la marche populaire contre le TAFTA. On pouvait lire « Cramons le climat, signons le TAFTA » et entendre « Poulet au chlore, j’adore ! ».

Les groupes locaux ont rejoint dans leurs villes les cortèges de la Marche Mondiale contre Monsanto.

Le groupe associé Bizi ! a participé à la vélorution du 30 mai sur Bayonne dans le cadre de la journée « 1 000 initiatives pour le climat ».

Le groupe local Isère a participé activement au Rassemblement international contre le Lyon-Turin, à pied et à vélo.

Pour toutes vos actions, du ma-tériel de mobilisation est dispo-nible sur commande auprès de [email protected] !

Le groupe local Paris a déposé le 26 mars un recours auprès de la Ministre de l’écologie contre les modifi-cations du Plan de Protection de l’Atmos-phère d’Ile de France.

ACTIONS DIRECTES.

Le groupe local Val d’Oise a informé le public des engagements de l’usine d’incinération d’Argenteuil qui en toute opacité a fait passer sa quantité de déchets incinérés de 173 000 tonnes à 196 000 tonnes – augmentant parallèle-ment le trafic des camions et la production de rejets nocifs.

Le groupe local Landes a fait le 26 juin une lettre ouverte au Maire s’opposant à toute action de désensa-blement du Lac d’Hossegor qu’ils jugent potentiellement dangereuse, et mal évaluée dans les conditions actuelles.

Remettez « le pacte de la transi-tion » aux élus locaux et partici-pez activement à la définition des politiques publiques !

ACTIONS DE RUE Partout sur nos territoires, les groupes locaux militent pour une transition écologique

qui garantisse le bien-vivre pour tout-e-s. Par des actions directes non-violentes et créatives, nous obtenons des engagements et des résultats concrets !

REPRÉSENTATIONS Parce que les grands projets inutiles fleurissent sur notre territoire, parce que nos positions

et nos valeurs doivent être entendues, les groupes locaux participent à des groupes de travail et réunions publiques pour influencer les choix des politiques locales et nationales.

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DU CÔTÉ S GROUPES LOCAUX

DES

2 jardins publics et 1 scène de spectacle, 200 organisateurs et bénévoles, 130 stands, 110 conférences et animations, 6000 visiteurs. Ces chiffres en disent long sur l’ampleur du phénomène Al-ternatiba Dijon. Du 26 au 28 juin 2015, cet éphémère village marquera pour-tant les esprits bien longtemps. Les Amis de la Terre Côte d’Or témoignent.

Tout a commencé le 20 novembre 2014. Autour d’une table, à l’initiative des Amis de la Terre Côte d’Or, une dizaine de représentants associatifs, un syndicat et quatre partis politiques locaux, imagi-naient pour leur territoire un projet fédé-rateur. Le mouvement Alternatiba, ce vent chaleureux venu du Pays basque, qui depuis 2013 propose des villages d’alterna-tives au changement climatique, a suscité une envie contagieuse. L’évidence est née, Dijon devait avoir le sien, montrant ainsi sa mobilisation locale pour le climat à quelques mois de la COP21. Suivant les précieux conseils des guides techniques d’Alternatiba, l’organisation a pu se lancer avec méthode et bonne humeur. En peu de temps le collectif a su : • se doter d’une charte reflétant le position-

nement apolitique et areligieux de ce col-lectif informel,

• créer une association porteuse,• s’assurer une bonne entente avec les élus

de Dijon et Marsannay, qui donnèrent vite leur feu vert,

• constituer 8 groupes thématiques pour dessiner les quartiers du village,

• former 5 groupes supports : coordination, communication, logistique, animations, finances,

• trouver des référents régie, bénévoles, restauration, tractage-affichage, librairie,

• faire des demandes de subventions, appels à dons,

• instaurer un air festif grâce au soutien du Rézo’Fêt’Art, association prônant le bien être ensemble et les gestes citoyens.

En moins de cinq mois, plus de 59 per-sonnes se sont investies et les réunions plénières mensuelles ont cumulé plus de 125 participants.

C’est ainsi que le 26 juin, Dijon la belle endormie s’est réveillée aux sons d’une grande conférence sur le changement climatique et ses solutions et aux rythmes d’un concert. Les deux journées qui ont suivi étaient du jamais vu dans la capitale des ducs. Aux conférences-débats pour changer de regard sur le monde, se mêlaient des arbres à palabres où chacun pouvait s’exprimer, notamment sur les petits gestes pour préserver la biodiversité ou choisir une banque « propre ». Le visi-teur pouvait devenir « zéro gaspi » ou réin-terroger ses habitudes de consommation en construisant son lombricomposteur et en visitant un supermarché reconstitué. Exposition d’éco-matériaux isolants, infor-mations sur les fournisseurs d’énergie verte, marché bio et local, produits éthiques et équitables, jeux collectifs... tout le monde pouvait y trouver sa réponse !

Un collectif citoyen et inter-structures est né en Côte-d’Or pour le climat.

Il est appelé à grandir !

http://alternatiba-dijon.org http://www.amisdelaterre.org/Cote-d-or.html

Amis de la Terre Côte d’Or

LES GROUPES LOCAUX ONT OU VONT PARTICIPER À UN VILLAGE ALTERNATIBA. 2013à Bayonne

201427 & 28 septembre / Paris (75)20 & 21 septembre / Gonesse (95)28 septembre / Nantes (44)4 & 5 octobre / Lille (59)10 au 12 octobre / Gironde (33)

201530 mai / Givors – Rhône (69)13 juin / Chambéry (73)13 et 14 juin / Nancy (54)20 juin / L’Île-Saint-Denis (93)26 au 28 juin / Dijon (21)25 août / Cornouaille (29)12 septembre / Evreux (27)12 et 13 septembre / Toulouse (31)13 septembre / Limousin (87)26 septembre / Marne et Gondoire (77)26 et 27 Septembre / Loire (49), Berge-rac (24), Grenoble (38) et Paris (75)27 septembre / Montpellier (34)9 au 11 octobre / Rhône (69)11 octobre / Sénart (77), Garazi – St Jean Pied de Port (64)17 et 18 octobre / Perpignan (66)

Découvrez sur le site https://alternatiba.eu les villages organisés près de chez vous !

Le best-seller de l’été : « Alternativez-vous : s’engager

c’est vivre pleinement » (3€ seulement).

Du 5 juin au 26 septembre, le grand tour de France Alternatiba

part à la rencontre de plus d’un million de citoyens dans près de 200 villes.

À cette occasion, voici un opus de 40 pages, préfacé par

Christiane Hessel. L’ouvrage explique simplement comment chaque citoyen peut vivre dans

une société véritablement alternative : plus écologique, plus

juste, plus solidaire, plus conviviale, bref, une société plus désirable…

Les groupes locaux participent activement à la tenue et aux succès des villages Alternatiba partout en France. Le témoignage du groupe local Côte d’Or nous montre cet engagement…

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LA BALEINE . N°180

CLIMAT ET EXTRACTIVISME : lutter contre la surpuissance des lobbies

DOSSIER

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DOSSIER

Extractivisme, épuisement des ressources et violations des droits humains.

Pour répondre à la surconsommation de nos industries et sociétés, les États et mul-tinationales n’ont qu’un objectif : la sécuri-sation de l’accès aux matières premières. Partout dans le monde se multiplient les projets rivalisant par leur gigantisme et les destructions qu’ils engendrent : non seu-lement exploitation minière, pétrolière et gazière, mais aussi monocultures d’OGM, plantations d’arbres à croissance rapide, grands barrages etc.La surconsommation d’eau mais sur-tout d’énergie par ces projets en fait une des sources principales des changements climatiques. Ils nous enferment dans des cercles vicieux : nous ouvrons des mines pour alimenter des centrales… qui à leur tour viennent alimenter en énergie des mines !Et cela au prix de dégâts sociaux et en-vironnementaux toujours plus graves : pollutions de l’eau, de l’air et des sols, destruction de la biodiversité, mais aussi accaparement des terres et destruction des économies locales, remplacées par des économies d’enclave au seul profit des multinationales et de l’exportation.

À lui seul, le secteur extractif est respon-sable de 28% des violations des droits hu-mains commises par des entreprises dans le monde. La résistance des populations locales à ces projets, en défense de leurs territoires et de leurs modes de vie, trouve comme seule réponse le déni de démocra-tie, la criminalisation des luttes et la répres-sion, en allant jusqu’à des assassinats de leaders communautaires.

Protégées par une architecture mondiale d’impunité, aidées par les accords de libre-

échange et d’investissement, les multi-nationales prennent ainsi possession de territoires entiers sans être inquiétées léga-lement des conséquences sur les peuples et l’environnement.

Le changement climatique, un problème systémique.

Cette année, la France se targue d’accueil-lir la 21e Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, supposée donner naissance à un accord universel permettant de limiter l’augmentation de la température du globe en deçà de 2 °C. Cela a beau faire vingt-et-un ans que ces conférences internationales existent, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de plus de 50 % depuis 1990.

Les entreprises extractivistes ont une double responsabilité dans cette crise : non seulement elles sont responsables d’une part majeure des émissions, mais de plus elles défendent et assurent la pérenni-té du système ayant conduit à cette crise. L’enrayement des négociations interna-tionales résulte en partie de l’influence démesurée de ces acteurs privés sur les décideurs, au détriment des intérêts des peuples. Lobbying, jeux d’influence, com-plicité des décideurs qui tirent profit d’un système inégalitaire conduisent à un tel immobilisme que la COP21 ne répondra pas à un enjeu principal : sonner le glas des énergies fossiles, fissiles et du système pro-ductiviste qui les sous-tend.Bien conscientes toutefois que les impacts déjà perceptibles du dérèglement clima-tique ébranlent la croyance en ce sys-tème, les entreprises opèrent un maquil-lage de leurs discours. Total laisse ainsi entendre que puisqu’il est « naturel »,

le gaz n’est plus polluant. ENGIE (ex-GDF) fait de la lutte contre le changement clima-tique une priorité... de papier, puisque l’en-treprise ne met pas pour autant fin à ses activités fossiles. À en croire leurs discours, l’introspection sur nos modes de consom-mation et de production n’est désormais plus nécessaire puisque la technologie nous sauvera de l’impasse ! Les mines se-ront ainsi « responsables » et le charbon « propre » puisqu’il suffirait de récupérer les gaz à effet de serre issus de sa com-bustion (capture et stockage du carbone). Qu’on joue aux apprentis sorciers en l’en-fouissant dans le sol sans connaître les conséquences possibles n’est qu’un détail...

Le lien entre extractivisme et climat reflète la cause profonde du changement clima-tique : un système productiviste, fortement inégalitaire, dont seule une poignée tire profit. Mais alors qu’entreprises et déci-deurs s’échinent à en colmater les failles, les résistances citoyennes gagnent du ter-rain. Luttes contre l’austérité, pour la trans-parence et la démocratie, abandon par les banques françaises du projet charbonnier Alpha Coal ou par l’entreprise pétrolière OMV de ses projets de forage dans l’Adria-tique : les terrains d’expérimentation et de blocage se multiplient. Dans ce sillon s’ins-crit la mobilisation citoyenne en vue de la COP21 et au-delà : donner à voir ces failles, perturber l’ordre établi et montrer que les alternatives sont déjà en marche.

Malika Peyraut et Juliette Renaud des Amis de la Terre France

Un convoi de camions, témoin de la frénésie du « fracking » en Argentine,

© Observatorio Petrolero Sur.

EXTRACTIVISME : PLONGÉE AU CŒUR DE LA CRISE CLIMATIQUE

Les scientifiques tirent la sonnette d’alarme : la fonte des glaces se poursuit inexorablement, l’extinction des espèces s’emballe, notre budget carbone disponible se réduit en peau de chagrin. Pourtant, les responsables sont connus : l’extractivisme, exploitation à échelle industrielle des biens naturels. Au cœur de notre modèle actuel insoutenable, c’est un obstacle central à la justice sociale et environnementale. Imbriqué dans le pouvoir politique et financier, il assure sa pérennité en perpétuant et verrouillant le système pourtant générateur des crises de notre siècle.

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DOSSIER

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Situés dans la province de l’Alberta, ils couvrent une superficie équivalant à la taille de l’Angleterre. Même si les ressources globales sont estimées à 2 500 milliards de barils, seuls 200 milliards de barils de cette source non conventionnelle sont actuelle-ment exploitables. Pour extraire le pétrole bitumineux de ces couches, il est néces-saire de procéder à une extraction à ciel ouvert détruisant de larges étendues de forêts boréales vierges ou de recourir à des procédés semblables à la fracturation hy-draulique, dits « in situ ». En plus des sérieux impacts sanitaires dont souffrent les com-munautés autochtones locales, le proces-sus exige des quantités massives d’éner-gie, provoquant 7 % (2010) des émissions totales de gaz à effet de serre du Canada.Bien que l’extraction et la transformation

du bitume soient coûteuses et difficiles, la montée des cours au début des années 2000 provoqua la ruée des compagnies pétrolières mondiales sur cette ressource. Les gouvernements du Canada et de la province d’Alberta profitent des importantes redevances, et ont donc permis à cette in-dustrie de s’étendre avec un minimum de restrictions qui puissent entraver son dé-veloppement.Par ailleurs, les intenses pressions du lobby pétrolier auprès d’Ottawa ont mené à un affaiblissement des contrôles écologiques. Les milliers de messages entre les indus-triels et les responsables fédéraux durant ces dernières années montrent combien l’argent des multinationales joue un rôle prédominant dans l’élaboration de la posi-tion du Canada sur les questions environ-

nementales et climatiques.En 2011, par exemple, année de la sor-tie du Canada du protocole de Kyoto, l’Association canadienne des producteurs de pétrole, qui représente les intérêts ca-nadiens de toutes les multinationales les plus importantes, fit pression 190 fois sur le gouvernement fédéral, deux fois plus qu’en 2010. Bien souvent, ce lobbying a été payant pour les industriels : le gou-vernement fédéral a promulgué une série de lois affaiblissant les règlements relatifs à l’environnement. A bien des égards, les sables bitumineux ont poussé le Canada à se détourner de législations écologiques responsables, tant au niveau national qu’in-ternational.

Richard Girard de l’Institut Polaris

Une fois de plus, l’ombre des lobbies industriels et énergétiques plane sur la COP21, laissant redouter que les condi-tions pour obtenir un accord ambitieux et contraignant sur le climat soient mises à mal par les intérêts privés.

Le 27 mai 2015, le gouvernement français a annoncé les premiers sponsors de la Conférence climat. Dans la liste noire, on retrouve : BNP Paribas, première banque française en matière de soutien au char-bon, EDF et ENGIE dont les émissions ré-sultant de leurs seules centrales à charbon équivalent à la moitié des émissions liées à

l’énergie en France, Air France, entreprise aéronautique farouchement opposée à la réduction des émissions dans le sec-teur de l’aviation, le fabricant automobile Renault-Nissan, ou encore Suez Environ-nement connue pour sa participation au lobby pro- gaz de schiste français.

L’histoire se répète. A Varsovie, ONG et mouvements sociaux étaient sortis de la COP19 pour dénoncer l’influence déme-surée des entreprises responsables du changement climatique sur les négocia-tions. Malgré cela, les gouvernements choisissent encore comme sponsors des entreprises liées aux énergies fossiles et

autres fausses solutions. Ce symbole re-flète une influence bien plus profonde de ces secteurs dont la présence est calculée.Enrayer le changement climatique signifie-rait laisser plus des 2/3 des énergies fos-siles dans le sol, soit la mise à mort de leur business model. Pourtant, on ne laisserait pas les industriels du tabac s’inviter à des discussions autour d’un accord sur la santé... Ne laissons donc pas les responsables du changement climatique manipuler le débat sur le climat !

Pascoe Sabido, Chercheur et chargé de campagne

auprès du Corporate Europe Observatory

CHANGEMENTS CLIMATIQUES, LOBBYING ET SABLES BITUMINEUX

ON NE NÉGOCIE PAS AVEC LES POLLUEURS !

DOSSIER

Le 15 décembre 2011, le Canada annonçait son retrait du Protocole de Kyoto. Selon la position officielle du gouvernement, ce dernier « n’était pas le meilleur outil pour traiter ce défi mondial que sont les changements climatiques ». Mais l’abandon par le Canada du seul accord mondial contraignant sur les réductions d’émissions fut grandement considéré comme une décision visant à protéger les compagnies pétrolières opérant dans la plus grande fabrique de gaz à effet de serre du Canada, les sables bitumineux.

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LA BALEINE . N°180 13

La journée mondiale contre la méga-in-dustrie minière a trouvé écho en Creuse, le 25 juillet. Pour sa deuxième édition, le festival « No Mine’s Land » du collectif Stopmines23 a rassemblé plus de 800 personnes. En ligne de mire du collectif, le projet d’extraction d’or et autres mé-taux autour de Lussat (permis de Ville-ranges, accordé en 2013).

Le Limousin, ancienne région minière, at-tire de nouveau les chercheurs d’or. L’his-toire se répète alors que les séquelles du passé sont encore bien présentes : « sur le site des anciennes mines d’or du Châ-telet, 550 000 tonnes de résidus arséniés et cyanurés dorment sous une simple bâche. Les mines d’or du Bourneix ont lais-sé derrière elles la même quantité de rési-dus hautement toxiques. Enfin, sur le site même du nouveau permis minier de Ville-ranges, des résidus de concassage sur les-quels rien ne pousse ont été abandonnés par Total », explique Rémi de Stopmines23.A cela s’ajoute aussi la longue liste des pas-sifs laissés par l’extraction de l’uranium : « habitations construites sur des stériles miniers, chemins contaminés, pollution des

rivières et des masses d’eau, sédiments ra-dioactifs qu’il faut curer et ensuite stocker. En Corrèze, le collectif « La loutre fluores-cente » s’oppose au projet d’Areva de stoc-kage de stériles ou de résidus d’exploita-tion minière sur le site de l’ancienne mine du Longy (qui en accueille déjà 350 000 tonnes !) ».Le festival a donc été l’occasion de réaf-firmer la solidarité à tous les collectifs et populations qui résistent, ici ou ailleurs, aux projets miniers. Rien qu’en France, les territoires touchés par la relance de l’activité sont nombreux : Creuse, Côtes d’Armor, Morbihan, Sarthe et Mayenne, Saône-et-Loire, Haute-Vienne… Etaient aus-si présents des militants anti-pétrole, gaz de schiste et de houille et même des acti-

vistes anti-mines équatoriens. Les discussions engagées ont fait naître des idées d’actions communes et la vo-lonté de se coordonner, de mettre en commun les forces, les informations et les idées. « Notre mouvement n’a pas de lea-der. Notre vision de société n’est pas celle qu’on cherche à nous imposer. Nous refu-sons la politique de l’oxymore : une mine responsable n’existe pas. Les mines sont seulement responsables - et coupables - des pollutions durables, des destructions de territoires, d’écosystèmes, du tissu so-cial et économique, et de la vie. Des alter-natives existent ! »

Collectif Stopmines23

La Patagonie en Argentine est devenue la proie des multinationales pétrolières. Elles se disputent le bassin de Vaca Muerta, considéré comme une des plus grandes réserves mondiales de gaz et pétrole de schiste. Les populations lo-cales peinent à croire au progrès qu’est supposé apporter ce nouveau boom des hydrocarbures non conventionnels (HNC). Au début des années 2010 eurent lieu les premières annonces concernant le poten-tiel de Vaca Muerta dans notre province. Depuis, l’utilisation de la fracturation hy-draulique s’est répandue dans le nord de la Patagonie. Actuellement, seulement à Neuquén, il y a plus de 600 puits de ce type !La Multisectorielle contre le Fracking de Neuquén, composée d’organisations so-

ciales, politiques, écologistes, syndicales, féministes, de défense des droits humains et de communautés autochtones, est née face au besoin de répondre à cet appro-fondissement du modèle extractiviste.

En plus des manifestations, nous réalisons des visites aux territoires des communau-tés où est utilisée la fracturation hydrau-

lique. Nous avons également lancé la cam-pagne « Pas de pétroliers à Auca Mahuida », une aire naturelle protégée forée principa-lement par Total et Shell.

Grâce à ces actions, nous diffusons les arguments sociaux, politiques, environne-mentaux et techniques contre l’utilisation de la fracturation hydraulique. Faire de notre pays une puissance des HNC détrui-ra les économies de nombreuses régions.Ainsi, notre action politique traite non seu-lement des conséquences socio-environ-nementales du modèle, mais aussi des iné-galités économiques, produit du système capitaliste. Non au pillage, à la contamina-tion et à la mort !

Multisectorial contra la Hidrofractura de Neuquén

LIMOUSIN, TERRE D’AUCUNE MINE

ARGENTINE : UNE LUTTE CONTRE LE PILLAGE, LA CONTAMINATION ET LA MORT

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LA BALEINE . N°18014

26/272015 SEPTEMBRE

Refusons que notre argent finance les énergies fossiles : journée nationale de changement de banque !

102015 OCTOBRE

Mobilisé-e-s durant la COP. Cérémonie de remise des Prix Pinocchio du Climat.

32015 DÉCEMBRE

Mobilisé-e-s durant la COP. « Grande Action » des Amis de la Terre avec des membres de tous les pays.

112015 DÉCEMBRE

__Désignons les pires entreprisesclimaticides : un mois pour voter et faire voter pour les Prix Pinocchio !

2015 NOVEMBRE

Mobilisé-e-s durant la COP. Faisons entendre nos voix et mobilisons-nous partout dans le monde, à Paris et en régions.

292015 NOVEMBRE

Mobilisé-e-s durant la COP. Tous à Paris pour une grande action populaire. Des transports seront organisés pour les 11 et 12 décembre pour une mobilisation inédite en France avec plus de 5000 membres de notre Fédération.

11/122015 DÉCEMBRE

MOBILISÉ-E-S POUR LA COP ET AU-DELÀ !

DOSSIER

VOIR

Ces documentaires ont été produits par les Amis de la Terre, n’hésitez pas à nous contacter pour organiser des projections près de chez vous !

[email protected]

Afrique du Sud : la France au charbon. / 2015, 25 min

Terres de schiste. / 2014, 44 min / Disponible en DVD : terresdeschiste.fr

Sables bitumineux : jusqu’au bout de la Terre. / 2012, 28 min

LIRE

N’hésitez pas à nous demander des exemplaires pour diffuser autour de vous !

Laissons les énergies fossiles dans le sol ! / Brochure, mai 2015

Climat - Pollutions d’État. / Brochure, avril 2015

Climat : comment choisir ma banque ? / Guide, octobre 2014

Emissions d’État, comment les centrales d’EDF et d’ENGIE réchauffent la planète ? Rapport des Amis de la Terre France et Oxfam France, mai 2015.

Charbon, le mauvais calcul des banques françaises.Rapport des Amis de la Terre France et Oxfam France, mai 2015.

Impacts de Total en Egiland, recueil de témoignages au Nigeria. Rapport, novembre 2014

Repousser les limites – la ruée vers les gaz et huiles de schiste en Patagonie argentine.Rapport, mai 2014

Sables bitumineux, toujours plus loin, toujours plus sale ! Publication et campagne, 2010-2014

Madagascar : nouvel eldorado des compagnies minières et pétrolières.Rapport, novembre 2012

AGIR

Interpellez Total, 1ère entreprise pétrolière française ! www.arretonslesfossiles.fr

Quittez votre banque ! www.jechangedebanque.eu - www.financeresponsable.org

Allongez la vie de vos produits ! Plus d’extraction = plus de déchets.www.dessousdelahightech.org

Retrouvez toutes nos ressources sur le sujet : www.amisdelaterre.org/Extractivisme-et-climat-retrouvez.html

Donnons à voir les Alternatives citoyennes ! Arrivée du tour Alternatiba à Paris et journée de la transition citoyenne.

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LA BALEINE . N°180 15

N°1

0 8 101,3

88%

151La première lettre d’information

« produits pour la vie » a été lancée.

Abonnez-vous : www.produitspourlavie.org

c’est le pourcentage de hausse des soutiens des banques

au charbon entre 2005 et 2013.

Source : Rapport des Amis de la Terre France et de Bank Track

« Charbon, l’argent sale des banques françaises ».

milliards, c’est le coût de la pollution de l’air

en France chaque année.

Source : Rapport du 15 juillet 2015 de la Commission

d’Enquête Sénatoriale.

des parties prenantes consultées par la Comission Européenne en marge des

négociations de l’accord sur le TAFTA sont des lobbies d’affaires.

Source : Rapport du 14 juillet 2015 de l’ONG Corporate Europe Observatory.

218%

« Celui qui a deux hectares, trois chèvres et deux moutons

n’est pas agriculteur »

Xavier Beulin, président

de la FNSEA Le Monde

7 avril 2014.

millions de tonnes de CO2 par an. C’est ce qu’émettent les centrales à charbon

d’EDF et ENGIE.

Source : Rapport des Amis de la Terre France et d’Oxfam France « Emissions d’Etat, comment les centrales d’EDF et

ENGIE réchauffent la planète ».

c’est les engagements de BNP Paribas et

de la Société Générale en matière de

réduction des financements au secteur du charbon.

c’est le nombre d’heures qu’ont passé

les Jeunes Amis de la Terre à occuper

une agence EDF pour demander

la fin du charbon.

EN DIRECT S NOS CAMPAGNES

Qu’ils se calculent en % ou en €, qu’ils se lisent ensemble ou séparés, ils intriguent, interrogent, surtout... ils donnent envie d’agir !

Ces chiffres qui font notre actualité.

DE

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LA BALEINE . N°18016

EN DIRECTNOS CAMPAGNES

DE

TAFTA N’AIME PAS LA DÉMOCRATIE

NOS FERMES NE SONT PAS DES USINES

UNE LOI POUR L’OBSOLESCENCE

PROGRAMMÉE

Le 18 avril, des centaines de manifes-tations s’organisent dans plus de 750 villes de 46 pays. Les citoyens refusent les traités de libre-échange qu’ils jugent néfastes pour la santé, les services pu-blics, les libertés, l’économie locale, le climat, l’agriculture paysanne de leurs pays. Comment cette parole citoyenne a-t-elle résonné et fait raisonner ? Les Amis de la Terre France décryptent.

En Europe, il nous a fallu attendre le 28 mai pour connaître les retombées de cette mobilisation citoyenne. La Commission du commerce international du Parlement européen (INTA) a choisi cette date pour adopter son texte. Si le peuple a parlé, il ne sera pas écouté. Désastreux, ce texte acte le principe de coopération réglementaire qui vise à harmoniser les normes strictes européennes sur celles laxistes états-uniennes. Il acte aussi le mécanisme de règlement des différends investisseur-État (ISDS) offrant ainsi aux entreprises le pou-voir de freiner l’adoption par les États de nouvelles lois. Les multinationales ont carte blanche pour suivre l’exemple de Philip Morris en conflit contre l’Uruguay au motif que la politique de lutte contre le tabagisme menée par ce pays dévalorise la compagnie.

Pas étonnant que le texte ait été sa-lué comme une avancée par Business Europe, le lobby des multinationales européennes !

Alors que les citoyens rejettent massive-ment l’ISDS (97% des 150 000 personnes interrogés), le Parlement européen persiste. Le 9 juin, les eurodéputés devaient se pro-noncer sur la résolution de la commission INTA mais reportent le vote. La raison ? La matinée n’aurait pas suffi à examiner l’ensemble des 200 amendements. Cette décision serait plutôt due au risque de rejet du texte, un désaveu cinglant pour ses partisans. C’est donc le 8 juillet que le Parlement européen se prononce enfin… favorablement.

Ne nous démobilisons pas, ce vote, décevant, n’est « que » consultatif. Le combat doit continuer !

Nicolas Roux

La crise de l’élevage et des producteurs laitiers s’aggrave. Le ministre de l’Agricul-ture annonce que 22 000 éleveurs sont au bord du dépôt de bilan. Pourtant, il ne se passe pas un jour sans qu’on annonce une nouvelle ferme usine : ferme des 1000 vaches dans la Somme, ferme des 1 200 taurillons en Alsace, ferme des 1000 veaux en Creuse, ferme des 12 000 porcs en Gironde, etc…

En France, « en 60 ans, le nombre des ex-ploitations agricoles a été divisé par quatre, passant de 2 millions en 1955 à 500 000 environ en 2010. Selon le recensement agricole de 2010, 200 exploitations dispa-raissent chaque semaine. » (L’Humanité, 19 juin 2015).

Sommes-nous en train de dériver vers le contre-modèle transatlantique ? Les questions se posent quand on sait qu’entre 1992 et 2009 aux Etats-Unis, le nombre de porcs vendus par une ferme est passé de 945 à 8 400 par an faisant diminuer de 70% le nombre d’éleveurs. (Atlas de la viande de la Fondation Heinrich Böll et des Amis de la Terre Europe).

L’agriculture française est de plus en plus aux mains du complexe agro-industriel et financier où il n’est plus question que de « compétitivité », de « modernité », de « valeur ajoutée », de « concurrence internationale ».Exploitation à outrance des sols pour pro-duire soja et maïs, apports massifs d’en-grais et de pesticides, utilisation d’OGM, mécanisation et dépendance au pétrole extrême, expulsion des populations rurales ou des peuples indigènes, exploitation éhontée des travailleurs agricoles etc : telles sont les caractéristiques de cette agriculture destructrice des milieux humains et naturels et des climats. Mais ces coûts sociaux et écologiques n’apparaissent pas sur les prix affichés dans les rayons des géants de la distribution mondiale.

A l’approche de la COP21, la France doit clairement favoriser des modèles agri-coles proches de l’agro-écologie et défini-tivement tourner le dos au complexe agro-in-dustriel et financier qui est le premier facteur d’émissions de gaz à effet de serre.

Christian Berdot

Après moult rebondissements, l’ob-solescence programmée a été définie et assortie de sanctions pénales dans la loi de transition énergétique adoptée le 22 juillet dernier.

Ce délit, qui s’applique à « l’ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour en aug-menter le taux de remplacement », est désormais puni de 2 ans de prison et d’une amende de 300 000 euros pouvant être portée à 5 % du chiffre d’affaires annuel.

Absent du projet de loi initial, le délit d’obsolescence programmée avait été introduit par des amendements des dépu-tés. L’assemblée nationale avait adopté en première lecture une définition qui visait notamment les techniques « d’introduction volontaire d’une défectuosité, d’une fragi-lité, d’un arrêt programmé ou prématuré, d’une limitation technique, d’une impos-sibilité de réparer ou d’une non-compati-bilité. » Une énumération, qui finalement, n’a pas été retenue… En outre, le gouver-nement devra présenter un rapport pour le 1er janvier 2017 sur « l’opportunité de l’extension de la durée de garantie légale de conformité ». Celui-ci permettra de maintenir à l’ordre du jour la demande phare des Amis de la Terre France sur la garantie à 10 ans.Enfin, les parlementaires ont prévu des expérimentations avec des entreprises volontaires sur l’affichage de la durée de vie de certaines catégories de produits.Nous remercions toutes celles et ceux qui participent depuis 2009 à la campagne « produits pour la vie » ! En 5 ans, notre plaidoyer a convaincu la majorité des par-lementaires.

Mais les choses sérieuses ne font que commencer : les consommateurs vont maintenant devoir démontrer qu’un ordinateur, téléphone portable ou sèche-linge qu’il faut remplacer plus vite que prévu, relève du délit d’obsoles-cence programmée. C’est à partir de cas réels que la jurisprudence se construira.

Affaire à suivre avec les associations de consommateurs !

Anne-Laure Wittmann

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LA BALEINE . N°180 17

L’ÉTAT ACTIONNAIRE ET

LE CHARBON

TRANSITION, INTERPELLEZ VOS

ÉLUS LOCAUX !

NOUS SOMMES LA GÉNÉRATION

CLIMAT

A la veille de la COP21, l’État français nage en pleine incohérence. En novembre 2014, François Hollande déclarait qu’il fallait « mettre fin à terme aux subven-tions publiques aux énergies fossiles ». En toute logique, on aurait donc dû voir rapidement l’adoption de mesures per-mettant de mettre fin au charbon, l’éner-gie fossile la plus climaticide, au sein d’entreprises dont l’État est actionnaire, comme EDF ou ENGIE (ex-GDF). Et bien non. Face à leur immobilisme, les Amis de la Terre France sont passés à l’action.

Nous avons sorti avec Oxfam France un rapport dévoilant les impacts accablants des centrales à charbon de ces deux entreprises, soutenu nos partenaires sud-africains, polonais et serbes menacés par la construction de nouvelles centrales, tourné en ridicule le manque de pouvoir de l’État sur ses entreprises en mettant en scène François Hollande essayant de se faire entendre à l’Assemblée générale d’ENGIE ou occupant pendant huit heures une agence EDF… et ça a payé !

EDF a annoncé son retrait de la centrale à charbon de Kolubara B, en Serbie. ENGIE s’est retiré de celle de Thabametsi, en Afrique du Sud, après des mois de pres-sion populaire, et de Leczna, en Pologne.

Les impacts media ont été retentissants en France, et même à l’étranger. Le Ministre du Travail Michel Sapin a même reconnu qu’il fallait rediriger les in-vestissements charbon de ces entreprises ! Mais, face à l’urgence climatique, cela ne suffira pas.

Ces entreprises doivent renoncer aux futures centrales qu’elles planifient (ENGIE a encore des projets en Turquie, en Mongolie, en Inde) et annoncer dès aujourd’hui un plan de sortie du charbon à l’horizon 2020, sans oublier la redirec-tion de l’ensemble de leurs investisse-ments nocifs vers l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables.

Nous voulons que la COP21 envoie un signal, celui d’une transition vers un monde sans fossiles ni fissiles !

Malika Peyraut

Face à une crise systémique (écologique, économique, sociale…) chaque jour plus profonde, un mouvement est en marche qui, partout, réinvente nos façons de produire, d’échanger, d’habiter, de nous nourrir, de nous déplacer, d’éduquer nos enfants. Le Collectif pour une tran-sition citoyenne et Alternatiba, soute-nus par la Coalition Climat 21 proposent d’interpeller les élus locaux et de leur remettre le « pacte pour la transition ». Les Amis de la Terre France coordonnent ce projet collectif.

L’idée de ce pacte est de faciliter l’engage-ment des municipalités pour : • organiser ou participer à un forum citoyen

sur le thème « quels premiers pas choi-sissons-nous pour engager la transition de notre territoire ? ».

• engager un processus de construction collective de politiques locales de transition.

• mettre en œuvre, d’ici un an 5 mesures simples et concrètes pour dévelop-per les espaces piétonniers, alimenter les bâtiments publics par de l’électricité 100% renouvelable ou encore réali-ser un état des lieux des terres pour y faire naître un projet d’agriculture biologique. Les possibilités sont nom-breuses !

Après la première signature du pacte le 20 juin à l’Isle Saint Denis, la dynamique est en marche. Nous invitons l’ensemble des collec-tifs locaux qui accueilleront une étape du Tour Alternatiba, organiseront un événement pour la journée de la tran-sition le 26 septembre ou participeront à la mobilisation pour le climat à se saisir de ce pacte et à interpeller leurs élus locaux.

Au delà de cette date, nous souhaitons élargir le nombre de signataires et surtout soutenir et approfondir les dynamiques de transition déjà engagées.

Le pacte, le guide et la carte des porteurs du pacte pour la transition, c’est ici : http://www.transitioncitoyenne.org/pacte-de-la-transition/

Sylvain Angerand

Cela fait désormais 7 mois que nous avons lancé la dynamique des Jeunes Amis de la Terre. Un état d’esprit ou-vert, un travail de fond et de formation ont permis de bâtir un collectif enthou-siaste, déterminé et créatif.

De la « manif de droite » organisée le 18 avril dernier à l’occasion de la journée StopTAFTA, à l’occupation de l’agence EDF habillé-e-s en « Super Hollande », les jeunes AT ont à leur compteur une douzaine d’actions.

Du 20 au 26 juillet, la tenue du Camp Climat réunissant 100 jeunes européens témoigne de leur vitalité. Espace de mobilisation pour la COP21, le camp a été l’occasion d’actions symboliques. Sur l’ile de Sein (29), ils ont défendu l’indépen-dance énergétique dans les mains des citoyens face à l’emprise d’EDF.

Connectés aux enjeux de la fédération, les jeunes AT nous aident à obtenir des résultats. Ils ont donc contribué aux campagnes sur l’État actionnaire et les banques par des actions directes, non violentes et créatives : un mode de faire concret et stimulant pour mettre en diffi-culté les multinationales ciblées.

Pour favoriser un engagement durable et à visage humain, chaque Jeune AT participe sur la base de ses capacités et de sa disponibilité. Aujourd’hui, 25 militant-e-s composent le noyau dur.

Mais ce n’est que le début car leur visi-bilité médiatique et sur les réseaux so-ciaux s’élargit, nourrissant chez certains l’envie de les rejoindre.

À la rentrée, les jeunes AT passent la vitesse supérieure. La COP21 en tête, nous lance-rons avec eux une nouvelle séquence d’actions tout en participant à des événe-ments tels qu’Alternatiba Paris et la Fête de l’Humanité.

En attendant, saisissez-vous de leurs tracts et autocollants pour faire connaître la dynamique Jeunes Amis de la Terre !

Gabriel Mazzolini

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LA BALEINE . N°18018

EN DIRECTNOS CAMPAGNES

DE

TOTAL, OPÉRATION

VERITÉ

BANQUES, SORTEZ DU CHARBON !

Avec sa nouvelle campagne publicitaire « Engagé pour une énergie meilleure », en complet décalage avec la réalité des impacts désastreux de ses opérations, le géant pétrolier français Total nous a donné le bâton pour se faire battre. Qu’à cela ne tienne, avec nos partenaires, nous avons donc décidé de mener une opération vérité pour révéler la face cachée des activités.

Acte 1 : Le contre-rapport annuelPublié par Les Amis de la Terre France et l’Observatoire des Multinationales, « Total : le véritable bilan annuel » met en lumière les conséquences néfastes des activités de cette multinationale française sur le plan environnemental, social et fiscal. Fruit de nos enquêtes, ce contre-rapport se fait le relais des questionnements et des critiques de multiples acteurs de la société civile, en se plaçant autant que possible du point de vue de ceux – communautés affectées, travailleurs, contribuables, simples citoyens – qui n’ont généralement pas voix au chapitre lorsqu’il s’agit de décider de la stratégie des entreprises, mais qui en sup-portent les coûts.

Acte 2 : L’assemblée générale des actionnaires Le lendemain, c’est directement face à des milliers d’actionnaires de Total que Jerusalem Ajie, membre des communau-tés Egi au Nigeria, a interpellé le directeur général du groupe, Patrick Pouyanné. Invi-té par les Amis de la Terre France, il a pu témoigner de l’enfer que lui et les siens vivent. Torchage du gaz, accaparement des terres, accident majeur sur un champ gazier : au lieu d’apporter la prospérité pro-mise, Total n’a semé que pollutions, mala-dies et destruction du lien social.

Acte 3 : Les stations-servicePour finir la semaine en beauté, les militants des Amis de la Terre France et d’Attac se sont rendus dans des stations-service Total dans toute la France, afin de coller et distribuer des autocollants parodiant la campagne publicitaire du pétrolier, et alerter ainsi les clients sur ses mensonges.

Juliette Renaud

En tant qu’acteurs centraux de l’écono-mie, les banques ont une responsabilité majeure à soutenir une sortie des éner-gies fossiles au bénéfice de la réduction de nos consommations et des énergies renouvelables. Or aujourd’hui elles font partie du problème et non de la solution.

Comme le montre un de nos récents rapports, BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, Natixis et Crédit Mutuel ont financé pour 30 milliards d’euros le secteur du charbon entre 2005 et avril 2014, faisant du secteur bancaire fran-çais le 4ème le plus exposé au charbon. Les trois premières figurent même parmi les 25 banques internationales les plus climaticides. Enfin, si elles se targuent d’augmenter leurs financements aux énergies renouvelables, leurs soutiens à l’énergie fossile la plus carboné ont aussi augmenté de 218% entre 2005 et 2013.

Nous avons donc décidé de faire monter la pression sur les principaux respon-sables bancaires de la crise climatique. Après avoir obtenu, avec Attac et Bizi !, le retrait de la Société Générale du projet de mine Alpha Coal du Bassin de Galilée en Australie, nous avons visé les trois banques sur l’intégralité des projets liés au développement du bassin. Et nous avons gagné !

Toutes se sont engagées à ne pas financer ces projets, reconnaissant alors pour la première fois les liens de causalité entre leurs financements, la poursuite du char-bon et le réchauffement de la planète. Nous avons profité de cette énorme vic-toire pour élever notre niveau d’exigence et lancer, avec BankTrack, un appel aux banques françaises à s’engager d’ici la COP21 à mettre un terme à l’ensemble de leurs financements au secteur du charbon. Si le Crédit Agricole a déjà annoncé qu’il ne financerait plus les projets de mines de charbon et les entreprises spécialisées dans cette activité, la bataille du climat n’est pas encore gagnée et nous maintien-drons la pression sur les banques, jusqu’à la COP et au-delà.

Lucie Pinson

Action devant l’AG de Total le 29 mai 2015.

Des enfants devant une centrale à charbon.

Autocollant de mobilisation pour la COP21

des AT Jeunes.

© Mélanie Poulain - Attac France.

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LA BALEINE . N°180 19

INTERNATIONAL L’actualité de la fédération des Amis de la Terre International

En juillet dernier, les groupes des Amis de la Terre ont rejoint les mouvements sociaux et les réseaux de défense des droits humains pour une nouvelle se-maine de mobilisation à Genève. Le mo-tif : la première session de négociations du groupe de travail de l’ONU pour l’éla-boration d’un instrument international légalement contraignant pour prévenir les atteintes aux droits humains com-mises par les multinationales.

En route vers un Traité de l’ONU ! L’année dernière, une première victoire avait été remportée : la création de ce groupe de travail intergouvernemental (GTIG), lors d’une session historique du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU (CDHNU). Cette année, la mobilisation a permis une nouvelle étape importante avec l’adoption de recommandations par les États-membres du GTIG et d’un rapport de la présidente du groupe.Cette avancée était attendue depuis des décennies par les mouvements sociaux et les populations affectées par les viola-tions des droits humains commises par les multinationales, et les crimes environne-mentaux qui y sont souvent associés. Ces discussions à l’ONU ouvrent une nouvelle fenêtre à la société civile pour réclamer aux États de donner la priorité aux droits humains et à la souveraineté des peuples. Surtout qu’une nouvelle vague de traités de libre-échange et d’investissement (TAF-TA, TPP, CETA, TISA) pourrait octroyer de nouveaux privilèges et super-pouvoirs aux multinationales.

Halte à la mainmise des lobbies sur l’ONU.

Ceux qui en ont assez de l’influence des lobbies sur l’ONU doivent maintenant réflé-chir aux moyens de convertir ce nouvel es-pace en une scène pour porter nos luttes. Dans un contexte d’escalade des menaces envers les défenseurs de l’environnement, ce Traité doit garantir un accès à la justice pour les victimes. L’objectif étant de combler le vide juridique international pour contrôler les multinatio-nales, celles-ci ne doivent donc pas être partie prenante de ce processus de né-gociations : le GTIG est un espace réunis-sant les États-membres de l’ONU, pas un espace de dialogue multipartite. Les tentatives des multinationales et de leurs principaux pays hôtes d’affaiblir et de détourner le processus ont été mis en lumière grâce à des groupes tels que les Amis de la Terre qui ont repris le devant la scène à Genève.Lors de cette première session du GTIG, notre rôle en tant que société civile a été d’alimenter le débat entre les États suite aux présentations des experts. Nous avons pu garantir la présentation d’une riche gamme de propositions sur le contenu, le champ d’application et la nature du nou-veau traité. Nous avons également porté les voix des populations affectées, vrais experts sur les violations des droits com-mis par les multinationales. Mobilisations nationales vers un traité international Maintenir la mobilisation et la pression au niveau national a été crucial en amont de cette session du GTIG et l’est encore pour les périodes à venir : les campagnes natio-

nales pour le contrôle des multinationales sont un complément indispensable à nos actions au niveau onusien. Ainsi, en France comme dans de nom-breux pays, les groupes des Amis de la Terre poussent les États à agir en accord avec leurs obligations extraterritoriales de protection des droits humains, pour déve-lopper des politiques significatives pour mettre fin à l’impunité des multinationales et à l’influence des lobbies privés sur les espaces de décisions, et pour écouter les voix des peuples au lieu de celles des entreprises.La victoire historique que nous avons eue l’an passé est maintenant transformée en un nouveau champ de bataille pour Les Amis de la Terre, afin de mobiliser les peuples pour construire des sociétés soutenables et démanteler le pouvoir des multinationales. Investissons-le !

Lucia Ortiz, Coordinatrice du programme Justice Economique et Résistance au

Néolibéralisme Les Amis de la Terre International

Élaborer un traité international sur les multinationales et les droits humains : ouverture d’un nouveau champ de bataille.

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COMMUNIQUÉS DE PRESSEJuillet 2015

• Volet économie circulaire : un ajout réussi à la loi de transition énergétique.

• Climat : 50 organisations et réseaux internationaux appellent François Hollande à tenir ses engagements.

• Avancée historique vers un traité international contraignant sur entreprises et droits humains.

• Climat : François Hollande va-t-il reculer sur sa promesse de supprimer les soutiens publics au charbon ?

Juin 2015

• Nouvelle jurisprudence du conseil d’État : grande victoire de la pollution de l’air en France !

• Dialogue environnemental : boycott de la réunion du conseil national de la transition écologique.

• Du G7 à l’OCDE : en finir vraiment avec le charbon ? • Sous la pression populaire, ENGIE se retire

de Thabametsi en Afrique du Sud.

Mai 2015

• AG de Total : un représentant nigérian interpelle Patrick Pouyanné sur le torchage du gaz.

• Total au Nigéria et dans le monde : engagé contre le climat et les populations.

• Non ! Les sponsors privés de la COP21 ne sont pas climato-compatibles !

• AG du Crédit Agricole : la banque met fin à ses financements aux mines de charbon !

• Mis devant ses contradictions, EDF nie ! • AG de BNP Paribas : il est temps d’en finir avec

le charbon !

PUBLICATIONS Juin 2015

Moins de déchets, un impératif, pour une économie circulaire, recycler ne suffit pas. Rapport des Amis de la Terre Europe et des Amis de la Terre France.

Les bulletins de note de 5 mauvais élèves du climat. Infographies des Amis de la Terre.

Le pacte de la transition. Brochure des Amis de la Terre France, Alternatiba et du Collectif pour une transition citoyenne.

Mai 2015

Laissons les énergies fossiles dans le sol. Brochure des Amis de la Terre France.

Climat, pollutions d’Etat : comment l’Etat utilise notre argent pour polluer ?Brochure des Amis de la Terre France.

Charbon, le mauvais calcul des banques françaises.Rapport des Amis de la Terre France et Oxfam France.

Émissions d’Etat : comment les centrales d’EDF et d’ENGIE réchauffent la planète ?Rapport des Amis de la Terre France et Oxfam France.

Total, le véritable bilan annuel.Rapport des Amis de la Terre France et de l’Observatoire des Multinationales.

Afrique du Sud, la France au charbon. Film des Amis de la Terre France.

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