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Quad. Bot. A mb. Ap pl., 19 (2 008) : 161-173. Co ntribution à une typologie topoclimatique en montagne méditerranéenne. App lication à une vallée du Haut Atlas central, Aït-Bou-Guemmez (Maroc) M US TAPHA RHANEM Laboratoire de Botanique et d'Ecologie Montagnarde, Faculté des Sciences, Département de Biologie B.P., 11201, Zitoune, Meknès, Maroc. ABSTRACT. - Contribution to a topoclimatic typology in Mediterranean mountain. Application to a High Central Atlas val- l ey, Aït-Bou-Guemmez (Maro c) . - Located in a mountainous area and characterized by a significant climatic homogeneity compared to the basins surrounding slopes, the valley of Aït-Bou-Guemmez offers a true mosaic of topoclimates (or local climates) because of high variation in altitude, contrasted exposures and a multitude of topoforms. This article aims, as far as possible, to characterize these different topoclimats by drawing up a typology which is based mainly on the observation fro m the ground of the atrnospheric movements of wet flows carriers or not of rain, materialized by clouds, and of consec- uti ve nowing up after dissipation of the latter, according to the configuration of the relief and altitude. Floristic and vege- tat ion variations bring additional information that can contribute to the development, the control and the refinement of the to poclimatic analyses. K ey words: Aït Bou Guemmez , topoclimate, mountain, High Atlas, local cloudy dynamics. 1 TRO D UCTIO Dans cet article, nous proposons de considérer en pre- mi er lieu l'évolution de la circulation des masses d'air car elles sont à l'origine des caractères fondamentaux du cli- mat. Ainsi, par exemple, à l'échelle du globe terrestre, elle penn et, en fonction de la latitude, de déterminer les princi- paux climats du monde. A l'échelle locale, elle est aussi effi cace et c'est à E MBER GER (1939) que l' on doit les pre- mières observations pertinentes à ce sujet quand il disait da ns son ouvrage sur la végétation du Maroc (page 124) « l es vents humides qui s'engouffrent dans la vallée de l'oued Abid se heurtent brusquement contre le seuil élevé du Ti zi-n-Taoualt (altitude: 2150 m) formant ligne de par- tage des eaux. Ils y perdent beaucoup d'eau , mais franchis- sa nt l' ob stacle ils débordent largement sur le versant médi- terranéen et font sentir leur bienfaisante action sur le flanc d es montagnes jusqu'au sud de Midelt, en donnant la vie aux belles Cédraies de l 'Ayachi et du Masker ». L'observation, sur le terrain, du cheminement des mas- ses d'air humide complété par celui de l'enneigement per- mettra de caractériser les modalités principales de la dyna- m ique orographique locale de l'air telles la canalisation par l es vallées, l'effet d'abri , l'effet de foehn, l'effet venturi, l' éc oulement d'air froid, l'inversion thermique, l'ascendan- ce thermique. Cette approche permet une grande économie d' installations climatiques, et, lorsque celles-ci existent, elle permet de valoriser des séries brèves ou discontinues (LE COMPTE, 1987). Cette méthode qui peut sembler, à priori, aisée, néces- site néanmoins de bonnes connaissances en météorologie montagnarde et une parfaite maîtrise de l 'orotopographie du terrain étudié; en outre elle demande d'énormes aptitu- des physiques. Au Maroc l'essor de cette méthode est du en grande par- tie aux travaux de PE YRE (1978, 1979, 1983 et 1985). De notre côté, nous avons appliqué cette démarche lors des recherches menées sur la végétation du Haut Atlas maro- cain (Rhan em, 1985 et 1993); c'est le cas aussi d'autres tra- vaux, citons parmi d'autres ALIFRIQUI ( 1986), HALOUI (1986) , ÜU HAMMOU (1986), EL ALAOUI (1989), CHAPONNI È RE (2005). D 'autres auteurs tels THI ÉB AUT (1971) en France, DE LANNOY & LECOMPTE (1975), DELANNOY & al. (1979) au Maroc, utilisent une approche similaire qui décrit les circu- lations régionales ou locales d'après les informations aéro- logiques des bulletins météorologiques classés selon une typologie appropriée. Les schémas généraux ne manquent pas, Alaka et QUENEY (1960), GEIGER (1965 et 1969), GE RBIER (1965), FLOHN (1969), BRINKMA ( 1971 ), CHOISNEL (1986) et SMITH ( 1989), confortés d'un certain nombre de travaux embrassant divers champs d'application, PIC ARD (1964), BOUET (1973), CHA PPAZ (1975) , ES COU ROU (1981 ), WHITEMAN (2000) , WHITEMA & ALLWINE (1985) et CARREGA (1994). 1- ArRE D' É TUDE La dition retenue pour cette étude s'étend grosso modo

Contribution à une typologie topoclimatique en montagne

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Quad. Bot. A mb. Appl. , 19 (2008) : 161-173.

Contribution à une typologie topoclimatique en montagne méditerranéenne. Application à une vallée du Haut Atlas central, Aït-Bou-Guemmez (Maroc)

M USTAPHA RHANEM Laboratoire de Botanique et d 'Ecologie Montagnarde, Faculté des Sciences, Département de Biologie B.P. , 11201 , Zitoune, Meknès, Maroc.

ABSTRACT. - Contribution to a topoclimatic typology in Mediterranean mountain. Application to a High Central Atlas val­ley, Aït-Bou-Guemmez (Maroc). - Located in a mountainous area and characterized by a significant climatic homogeneity compared to the basins surrounding slopes, the valley of Aït-Bou-Guemmez offers a true mosaic of topoclimates (or local climates) because of high variation in altitude, contrasted exposures and a multitude of topoforms. This article aims, as far as possible, to characterize these different topoclimats by drawing up a typology which is based mainly on the observation from the ground of the atrnospheric movements of wet flows carriers or not of rain, materialized by clouds, and of consec­utive nowing up after dissipation of the latter, according to the configuration of the relief and altitude. Floristic and vege­tation variations bring additional information that can contribute to the development, the control and the refinement of the topoclimatic analyses.

Key words: Aït Bou Guemmez, topoclimate, mountain, High Atlas, local cloudy dynamics.

1 TRODUCTIO

Dans cet article, nous proposons de considérer en pre­mier lieu l' évolution de la circulation des masses d'air car elles sont à l' origine des caractères fondamentaux du cli­mat. Ainsi, par exemple, à l' échelle du globe terrestre, elle pennet, en fonction de la latitude, de déterminer les princi­paux climats du monde. A l'échelle locale, elle est aussi efficace et c' est à EMBERGER (1939) que l' on doit les pre­mières observations pertinentes à ce sujet quand il disait dans son ouvrage sur la végétation du Maroc (page 124) « les vents humides qui s'engouffrent dans la vallée de l'oued Abid se heurtent brusquement contre le seuil élevé du Tizi-n-Taoualt (altitude: 2150 m) formant ligne de par­tage des eaux. Ils y perdent beaucoup d'eau, mais franchis­sant l'obstacle ils débordent largement sur le versant médi­terranéen et font sentir leur bienfaisante action sur le flanc des montagnes jusqu'au sud de Midelt, en donnant la vie aux belles Cédraies de l 'Ayachi et du Masker ».

L'observation, sur le terrain, du cheminement des mas­ses d'air humide complété par celui de l'enneigement per­mettra de caractériser les modalités principales de la dyna­mique orographique locale de l'air telles la canalisation par les vallées, l'effet d'abri, l'effet de foehn, l'effet venturi, l'écoulement d'air froid, l'inversion thermique, l'ascendan­ce thermique. Cette approche permet une grande économie d'installations climatiques, et, lorsque celles-ci existent, elle permet de valoriser des séries brèves ou discontinues (LECOMPTE, 1987).

Cette méthode qui peut sembler, à priori, aisée, néces-

site néanmoins de bonnes connaissances en météorologie montagnarde et une parfaite maîtrise de l 'orotopographie du terrain étudié; en outre elle demande d'énormes aptitu­des physiques.

Au Maroc l ' essor de cette méthode est du en grande par­tie aux travaux de PEYRE (1978, 1979, 1983 et 1985). De notre côté, nous avons appliqué cette démarche lors des recherches menées sur la végétation du Haut Atlas maro­cain (Rhanem, 1985 et 1993); c ' est le cas aussi d'autres tra­vaux, citons parmi d ' autres ALIFRIQUI ( 1986), HALOUI (1986) , ÜUHAMMOU (1986) , EL ALAOUI (1989) , CHAPONNIÈRE (2005).

D 'autres auteurs tels THIÉBAUT (1971) en France, DELANNOY & LECOMPTE (1975), DELANNOY & al. (1979) au Maroc, utilisent une approche similaire qui décrit les circu­lations régionales ou locales d ' après les informations aéro­logiques des bulletins météorologiques classés selon une typologie appropriée.

Les schémas généraux ne manquent pas, Alaka et QUENEY (1960), GEIGER (1965 et 1969), GERBIER (1965), FLOHN (1969), BRINKMA ( 1971 ), CHOISNEL (1986) et SMITH ( 1989), confortés d'un certain nombre de travaux embrassant divers champs d ' application, PICARD (1964), BOUET (1973), CHAPPAZ (1975), ESCOUROU (1981 ), WHITEMAN (2000), WHITEMA & ALLWINE (1985) et CARREGA (1994).

1- ArRE D'ÉTUDE

La dition retenue pour cette étude s' étend grosso modo

à l' ensemble du bassin versant des Aït-Bou-Guemmez du

nom du groupement humain qui occupe ce territoire que

l' on qualifiera dan la suite du texte par l'expression sim­

plifiée de « Aït-Bou-Guemmez ».

Du point de vue administratif, une grande partie de la

dition appartient à la commune de Tabant, située à 78 kilo­

mètres au ud du chef-lieu de la province d' Azilal, région

Tadla-Azilal ; la partie restante, correspondant grossière­

ment à la vallée d ' Arous, est sous l' administration de la

commune d 'Abachkou.

De point de vue géologique cet espace montagnard se

trouve au cœur de la montagne du Haut Atlas (Fig. 1 ), il fait

partie de la zone axiale des géologues qui est formée par des

chaînons à dominante calcaire du jurassique plus ou moins

fragmenté , grossièrement orienté Est-Ouest, mi en place

lors de l ' apparition des plissements alpins, et actuellement

constitués par des reliefs lourds, entrecoupés de vallées pro­

fondes , culminant entre 3000 et 4000 m. Cette énorme voûte

e t, en effet, profondément entaillée d ' une succession de lar-

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Fig 1 - Situation géographique du territoire étudié.

162

ges synclinaux correspondants à des hautes vallées, le plu souvent à fond large, pincés entre des anticlinaux étroit .

Le val des Aït-Bou-Guemmez s'étend sur plus de 30 km de longueur et sur 10 à 11.5 km de largeur. Il est entièrement

situé à des altitudes upérieures à 1400 m et culmine vers

3 729 m. La pente longitudinale est faible et relativement constante jusqu'au lieu dit de Tighouza, point structurale­

ment le plus bas du synclinal avec une altitude de 1780 m.

2 - L ES FORMES PRJNCI PALES DU MODELÉ

Il convient, avant d ' aborder une étude traitant en parti­

culier de l'influence de la topographie sur le déplacement

des masses d ' air humide en surface dans une région monta­gneu e, de bien en préci er les aspect orographiques ain i

que la présence d ' obstacles, et l'existence d ' axes privilégié constitués par les vallées et les couloirs.

De point de vue morphologique, le volume montagneux du Haut Atlas central est un assemblage de versants que dif-

• Dition étudiée

IÔ z :>o ll!B '' .,.. 1 •

férencient leur développement (épaisseur et dénivelé), leur pente, leur exposition, leur orientation et leur encaissement.

La haute vallée des Aït-Bou-Guemmez s'intègre parfai­tement bien dans ce schéma général tout en ayant des carac­téristiques morphologiques propres. Elle est bien délimitée morphologiquement et se présente sous la forme d'une unité physiographique bien individualisée constituée d 'une large dépression fluviatile à fond plat suspendue, vers l'aval, au dessus du défilé de l'Imi-n-Tighouza, obturé, à ce niveau, par un éboulement où l'assif-n-Aït-Bou-Guemmez dévale comme un torrent, sur près de 3km.

Le fond de vallée de cette vaste gouttière longitudinale s'élève progressivement, sur une distance de 23 km, de 1800m, vers l'aval, à 2300 m vers L'amont où la limite orientale du bassin versant est formée par la plaine lacustre du poljé d'Izourar, perché à plus de 2500 m. Ce dernier est une large ondulation synclinale entre les anticlinaux dissy­métriques de l 'Azourki, au nord, et du Waougoulzat au sud.

Les interfluves dépassent, pour la plupart d'entre eux, le seuil des 3000 m (Fig. 2) avec respectivement, à l'adret, <l'Ouest en Est: le jbel Tizal (304 i m), le jbel Aït-Ourit (2920 m) et le jbel Azourki (3669 m); alors que, vers l'ubac, en revenant d 'Est en Ouest, on trouve successivement le jbel Waougoulzat (3743 m) et le jbel Igoudamène (3545 m).

Ces grandes murailles sont des e~carpements de chevau­chements et forment l'ossature du relief. Ceux du Tizal, de l'Aït-Ourit et de l'Igoudamène font face au NNE alors que ceux de I 'Azourki et du Waougoulzat vers le SSW.

Entre ces reliefs les plus marqués, se disposent des sous

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bassins pré~entant plusieurs facettes topographiques. Les chaînons internes montrent une fidélité parfaite du relief à la structure: partout les lignes de hauteurs correspondent à des plis anticlinaux secondaires; les dépressions, vallons, cuvet­tes plus ou moins fermées correspondent à des structures synclinales de deuxième ordre dont la disposition comman­de directement ou presque les formes de relief, l' érosion n 'a fait qu'accentuer le schéma tectonique; enfin "les plateaux correspondent à des surfaces structurales monoclinales.

Cependant, la zone comprise entre Ifrane et Taslanant n'adopte pas ce schéma général; elle présente, en effet, une inversion de relief sous la forme d'une combe: la voûte d'un anticlinal secondaire a été décapée par l'érosion de telle sorte que les corniches de crêt, correspondant aux couches dures, se font face et sont presque symétriques ..

3 - DÉFINITIONS ET MÉTHODE

3-1 Qu 'est ce qu 'un topoclimat?

Avant d'aborder les résultats auxquels nous sommes par­venus à propos de la typologie topoclimatique proprement dite des Aït-Bou-Guemmez, il n'est pas inutile de consacrer quelques lignes au sens qui a été retenu dans ce travail pour le mot topoclimat.

Comme son nom l'indique le topoclimat est un climat local dont les variations dépendent de la forme topogra­phique du relief (ou encore topoforme). C'est actuellement l'échelle d'espace de travail en montagne dont la dimension

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Fig. 2 - Disposition des principaux massifs du bassin des Ait Bou Guemmaz et de ses alentours, avec l' indication de l'altitude de leur point culminant (Echelle: 1/250 000).

163

caractéristique s'étend de 1 à 10 km suivant l'espacement du relief (CHOISNEL & SEGUIN, 1986; LEBOURGEOIS, 2002; PARCEVAUX DE & HUBER, 2007). Par conséquent un même climat régional offrira une diversité d'autant plus grande de topoclimats que son relief sera accidenté et présentera une orientation particulière vis-à-vis de la dynamique orogra­phique des flux porteurs d'humidité. Autrement dit, les caractéristiques générales du climat régional dans lequel les topoclimats se différencient plus ou moins nettement, sont modifiées par un certain nombre d'effets induits surtout par la topographie, d'où l'étymologie du terme. Ces effets, qui sont spécifiques à la montagne et qui dépendent aussi de l'altitude, sont le climat radiatif des pentes dont l'orientation particulière par rapport aux points cardinaux créera une exposition plus ou moins favorable vis-à-vis du rayonne­ment (HUFTY, 1986), l'évolution diurne et nocturne des écoulements d'air et la répartition spatiale de la pluviosité (CHOIS EL, 1984 et 1986). En outre, l'exposition aux flux humides va engendrer une dissymétrie entre les versants au vent où l'intensité des condensations et des précipitations (lors d'un temps fortement perturbé) est renforcée; par cont­re les versants sous le vent sont moins arrosés, plus enso­leillés (avec une forte évaporation) et bénéficient assez sou­vent d'un régime de foehn. Or la densité du réseau météo­rologique ne permet pas de les individualiser tous, mais ils sont si bien caractérisés que l'enneigement-déneigement réagit suffisamment pour les faire apparaître.

3-2 Méthode d'approche

Le principe a pour but d'établir la relation qui existe entre les causes et les effets climatiques, en examinant com­ment le temps se modifie soue l'influence de la même masse d'air, d'un lieu à un autre. Contrairement aux études clas­siques, l'objet n'est plus chaque facteur climatique isolé artificiellement (pluie, température, humidité relative ... ) mais la masse d'air dont les qualités thermo-hygrométriques caractérisent le temps sur son passage.

Dans les régions montagneuses à relief contrasté, la dynamique de cette masse d'air, matérialisée par les nuages, est grandement influencée par les diverses topoformes

qu'elle rencontre sur sa trajectoire. Cette influence est parti­culièrement visible quand le temps est perturbé. Les indica­tions recueillies par la suite après le passage de la perturba­tion, en observant la répartition de l'enneigement, permet­tent de déterminer les modifications progressives qui don­nent des temps différents selon le lieu considéré, et par conséquent contribuent à la caractérisation des différents topoclimats.

Cependant toutes les dynamiques ne pèsent pas d'un même poids sur l'organisation climatique de l'espace sur­tout pour certains éléments comme les précipitations (LECOMPTE,1989; RHANEM, 2008a). Dans ce cas, l'apport de la végétation s'avère très utile. En effet le dessin général du couvert végétal permet d'orienter les gradients climatiques qui réalisent la synthèse des dynamiques atmosphériques. En outre la disposition de la végétation en montagne en étages superposés peut aider à détecter ou à préciser les changements d'allure des gradients climatiques, leur accélé­ration lorsque les espèces se renouvellent rapidement le long des axes climatiques et leur ralentissement dans le cas contraire (LECOMPTE, 1989). En effet les étages de végéta­tion s'organisent en fonction de tels gradients, dont ils don­nent en quelque sorte une traduction matérielle sur le ter­rain. Finalement, les espèces végétales rendent compte des variations climatiques en dessinant, sur le terrain, un cane­vas beaucoup plus fin que celui du réseau des postes météo­rologiques.

Les figures 3 et 4 décrivent des exemples de la variation de la flore le long de transects parallèles aux gradients cli­matiques majeurs, eux-mêmes orientés d'après l'agence­ment général des formations végétales. La confrontation de ces différents profils topo-phytogéographiques permet, d'o­res et déjà, de dégager l'allure du gradient climatique domi­nant dans les Aït-Bou-Guemmez dont le tableau 1 donne une idée de son profil thermique transversal). Par ailleurs, l'ordonnancement latéral de la végétation d'aval en amont, tel qu'on peut le voir également sur les deux figures, permet de ressortir un deuxième gradient climatique longitudinal lié à une dynamique particulière (tableau 2); le gradient clima­tique résultant est un gradient oblique. Un tel phénomène est assez fréquent dans les montagnes marocaines où il a été

Tableau 1 - Valeurs repères des paramètres thermiques calculées pour quelques topoclimats de la haute vallée des Aït Bou Guemmez (RHANEM, 1985).

Nature du topoclimat Altitude (en mètre) m (en°C.) Sommet de l' Azourki 3677

Sommet du Tizal 3041 Fond de vallée (Tabant) 1870

Sommet de l'Igoudamene 3519 Sommet du Waougoulzat 3763

Gradient thermique de l' adiabatique sèche : 0,55°C./100m. Gradient thermique de l'adiabatique humide : 0,45°C./1 OOm. m.= moyenne des minima du mois le plus froid T. max.= Température maximale moyenne annuelle T. min.= Température minimale moyenne annuelle T. moy.= Température moyenne annuelle

-11,0 -7,8 -1,3 -8,7 -9,9

T. max. (en°C.) T. min. (en°C.) 10,4 -5,2 13,8 -1,8 20,2 4,6 11,4 -4,2 10,9 -4,6

Tableau 2 - Profil thermique longitudinal de fond de vallée d'amont (Zawyat oulmzi) vers l'aval (Tighza).

Nature du Altitude (en mètre) m. (en°C.) T. max. (en°C.) T. min. (en°C.) topoclimat

Zawyat oulrnzi 2150 -2,7 18,8 3,2 Tabant 1870 -1,3 20,2 4,6 Tighza 1720 -0,6 19,5 3,9

164

T. moy. (en°C.) 2,6 6,0 12,4 3,6 3,1

T. moy. (en°C.)

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Commune d' Azil ol Communt de Tabant l Les 'Avt Bou Guemmt Î I

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Fig. 3 - Profils topo-phytogéographiques dans le Haut Atlas central (méridien d' Azilal).

mis en évidence notamment dans la plaine de Guigou (LECOMPTE, 1981 et 1986) et dans la haute vallée de la Moulouya (RHANEM, en préparation). Aussi les variations verticales et horizontales de la végétation constituent-elles les meilleurs indicateurs des axes d'étude du climat.

4 - RÉSULTATS

4-1 . Aperçu général de la dynamique nuageuse aux Ait­Bou-Guemmez

L'essentiel des masses d'air humide qui affectent la région provient de l 'WNW. Par son orientation perpendicu­laire à ces vents pluvieux d'WNW, le bassin des Aït-Bou­Guernmez se prête particulièrement bien à ce genre d'étude; cependant les observations trop fragmentaires sur le terrain ne nous permettent pas d'en faire une analyse détaillée. Néanmoins elles sont suffisantes pour pouvoir en décrire les grandes lignes.

Les courants d'air humide arrivent donc généralement

du secteur WNW suivant un axe quasi perpendiculaire au val des Aït-Bou-Guemmez, ils gravissent lentement, par temps faiblement perturbé, le grand plan faiblement incliné du plateau d' Aït Mhamed (gradient pluviométrique de 20 mm pour 100 m d'élévation). Plus au sud les nuages buttent contre l'escarpement frontal de la première grande barrière, constituée par l'ensemble des trois chaînes: Tizal-Aït-Ourit­Azourki. L'efficacité des pôles de condensation est forte sur ces trois principales lignes de reliefs qui se relaient du SO au NE et sont souvent cachés par les précipitations occultes (brouillards et nuages). Celles-ci subissent, en effet, directe­ment l'influence des masses d'air humide provenant de l'o­céan (influences dites océaniques) puisque aucun obstacle important ne se dresse contre les vents humides du NW ou <l'Ouest.

Quand le flux nuageux est très faible, seul l 'Azourki (3677 m) est touché car l'air est assez sec et les condensa­tions restent très hautes;néanmoins lorsque l ' air est plus humide, le ciel est couvert à l'avant de la chaîne et son ver­sant nord baigne dans le brouillard. Dans tous les cas le ciel au dessus des Aït-Bou-Guemmez restera dégagé.

165

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Fig. 4 -Bloc diagramme schématique montrant la variation de la flore de bas en haut et d'aval en amont suivant l'orientation des princi­paux gradients climatiques dominants dans la vallée. Les correspondances entre les étages de végétation et les altitudes en fonction de l'exposition au soleil et aux vents humides sont également représentées. Enfin, le contenu de chaque étage est schématisé par les pre­mières espèces dominantes en tenant compte des affleurements géologiques et de la conformité de ces derniers avec la surface topogra­phique (d 'après RHANEM, 2008b).

Par contre, lorsque le flux nuageux est plus intense, les condensations d'air humide lors de leur ascendance forcée arrivent, dans ce cas, à toucher les deux autres chaînes du Tizal-Aït-Ourit qui limitent le bassin à proprement parler. Cependant le flux demeure toujours peu pénétrant et ses effets sont très contrastés: le bassin des Aït-Bou-Guemmez n'est pas affecté, on observe l'après-midi seulement un mur de foehn sur le haut de versant sud de la chaîne septentrio­nale précitée. Ce premier barrage constitue souvent un frein efficace qui arrête la majeure partie des nuages, mettant à l'abri l 'ensemble des Aït-Bou-Guemmez et le soumettant, par la même occasion à un effet de foehn qui va amplifier en quelque sorte le contraste entre les versants au vent et les versants sous le vent.

L'effet de foehn est souvent visible en regardant les nua­ges s'effilocher en passant par-dessus les lignes de crêtes. En effet, à partir du mur de foehn se détachent quelques lambeaux de nuages lenticulaires qui continuent leur dépla­cement en direction de la chaîne méridionale (Waougoulzat­Igoudamène) tout en se desaturant au maximum à la verti­cale de l'axe du fond de vallée. Ainsi, en fin de compte, la majeure partie des adrets et des ubacs de la vallée demeure ensoleillée et balayée par la foehn dont l'effet augmente au fur et à mesure que l'altitude décroît sur les adrets des chaî­nes frontales. Par ailleurs, sous l'effet du rayonnement solai­re, tout le domaine encaissé derrière cette chaîne, domaine interne lumineux et venté selon la nomenclature de PEYRE (1983), va jouer le rôle d'un four entraînant de fortes ascen­dances d'air chaud qui monte comme dans une cheminée, ce qui a pour conséquence d'assécher encore plus l' atmosphè-

166

re. Ainsi donc, au cours de ces débordements insignifiants d'une infime partie de la masse nuageuse originelle, le plan­cher des lambeaux des nuages s'élève considérablement sous l'effet de ces ascendances thermiques, et le courant s'affaiblit beaucoup dans sa progression vers le Tizi-n-Aït­Imi.

Au niveau des cols qui interrompent ici et là l'escarpe­ment frontal, l'invasion des nuages est beaucoup plus pro­noncée; en effet ces échancrures constituent des voies de pénétration de premier choix: tel est par exemple le cas du Tizi-n-Aït-Ourit à 2606 m d'altitude. Cependant pour celle formée par le Tizi-n-Tirghist, le phénomène semble moins marqué car il subit en partie l'effet d'abri du aux petites cues­tas situées plus au nord et qui culminent autour de 2700 m.

Vers l'Ouest, les choses se passent autrement en raison du brusque abaissement de la chaîne et de la présence d'au­tres voies de pénétration possible, en particulier celle for­mée par la cluse de l'oued Lakhdar, entre le jbel Tadaghast (2819 m) et la retombée occidentale du jbel Tizal (2890 m). Les flux d'air humide accèdent à cette importante trouée d'autant plus facilement que vers le nord-ouest les reliefs s'abaissent rapidement et adoptent un profil bas à partir du sommet du jbel Talmest (2540 m) à à peine 1700 m sur les plateaux bordant au nord l'oued Lakhdar. Aussi lorsque l'in­vasion d'air humide est assez forte, les nuages transgressent facilement cette dernière zone, pour emprunter ensuite la cluse précitée. Arrivée au méridien passant par la confluen­ce de l'asif-n-Aït-Bou-Oulli et l'asif-n-Aït-Bou-Guemmez, la masse d'air humide ne trouve aucune difficulté à poursui­vre son chemin à travers la vallée d' Abachkou; alors que

N

• Station pluviométrique

A 3TJS Sommet montagneux et cote ·d'altitude

0 25 SOkm

Fig. 5 - Carte des isohyètes du Haut Atlas central (d'après ÜAUSSEN & al. 1958).

vers les Aït-Bou-Guemmez la pénétration n'est pas aussi aisée du fait du resserrement de la partie aval de la vallée à la hauteur des douars de Tighouza-Agassiyf, entre l'adret du Tizal et l'ubac de Tafenfent, et du brusque revirement de direction de l'ordre de 180°, depuis l 'W vers l 'ESE à l'WSW vers l'ENE. Une fois cet obstacle franchi, les nua­ges empruntent entre autre la trouée de la vallée d' Arous pour être finalement stoppé par la deuxième ligne de reliefs, surtout an niveau de la partie occidentale du jbel Igoudamène. Au même moment, vers l'Est, en direction des Aït-Bou-Guemmez, la bande nuageuse s'amincit et son

plancher s'élève en altitude. Sur le versant sud du Tizal occidental, ce phénomène est encore plus marqué.

Cette dynamique basse issue de l'oued Lakhdar peut se produire en même temps que la dynamique haute lors des grandes perturbations, comme elle peut avoir lieu seule lors des temps océaniques suivant en cela la terminologie de PEYRE (1983), caractérisés surtout par la dominance et la fréquence des précipitations dites « occultes » (ou encore cachées). Dans le cas présent, ces dernières se manifestent par des brumes qui, une fois arrivées jusqu'au débouché aval des Aït-Bou-Guemmez, suivent la même trajectoire que

167

ci-dessus. Par temps calme, ces brumes arrivent à remplir les dépressions d'air humide vers la fin de l'après-midi jus­qu'au petit matin en formant des mers de nuages, qui se dis­sipent rapidement au lever du jour et toujours dans le même sens, de l'amont vers l'aval.

IV- 2. Essai de typologie topoclimatique des Aït-Bou­Guemmez (Fig. 6)

Tenant compte de l'ensemble des éléments que nous venons de décrire (formes du modelé et dynamique nuageu­se), il est possible d'esquisser une typologie des différents topoclimats que l'on a pu reconnaître dans les Aït-Bou­Guemmez. Cependant cette esquisse n'est pas une fin en soi et devra être précisée par des mesures quantifiées.

- la haute montagne (U 1)

C'est le secteur où règne le bioclimat de haute montagne lato sensu tel qu'il a été défini par EMBERGER (1939) qui occupe une bande plus ou moins large correspondant aux rebords des crêtes sommitales. Dans ces dernières, le climat est particulièrement rude, en raison des vents forts (à cause de l'effet de venturi) ce qui augmente l' évapotranspiration et refroidit d'autant la température des plantes. Aux Aït­Bou-Guemmez cette unité topoclimatique, comprenant à la fois la crête et le rebord, s'étend sur une surface importante, en particulier à l'amont du bassin et vers l'ubac de la chaî­ne méridionale constituée par le Waougoulzat-Igoudamène. A l'adret de la première grande ligne de reliefs, il se réduit à une bande étroite, juste sous les crêtes du Tizal et de l 'Aït­Ourit. Sa limite inférieure se situe grosso modo à environ 2600 m (valeur moyenne et arrondie) où le paramètre m est égale à -6°C. Cette limite est facilement repérable puis-

&Km

111& IQhiy _r1_ lssoutar

qu'elle coïncide approximativement avec la limite suprafo­restière ou plus précisément avec la limite supérieure des arbres; au-delà c'est l'étage asylvatique d'EMBERGER (1939).

· La lecture de la carte des précipitations établie par GAUSSEN et ses collaborateurs (1958) (Fig. 5), dont nous reproduisons ici un extrait qui englobe la dition, l'observation de la dynamique nuageuse telle qu'elle a été analysée dans le paragraphe précédent et de l'enneigement qui en résulte, per­mettent de penser que ce secteur est assez humide, en parti­culier le haut de versant nord de l'escarpement frontal qui fait obstacle aux courants nuageux, cela quel que soit le type de temps; néanmoins les unités du même type, citées ci-dessus, reçoivent des quantités de précipitations neigeuses assez importantes, mais à un degré moindre de celles observées sur le front du Tizal. Il est à noter que l'ensemble Igoudamène­Ikkis, bien que moins élevé, reçoit aussi des quantités impor­tantes en raison de situation en face de la trouée de la cluse de l'oued Lakhdar. En conséquence de quoi, on peut raisonna­blement placer ces secteurs dans le sub-humide lato sensu (600<Précipitations<900 mm), voire l'humide inférieur (900<Précipitations<1000 mm), tout du moins en ce qui concerne le Tizal et la paire Igoudamène-Ikkis qui constituent les pôles neigeux des Aït-Bou-Guemmez.

Parallèlement, et malgré l'effet d'abri, l'intérieur du bassin proprement dit est relativement encore bien enneigé par temps fortement perturbé, mais avec des variations importantes dues à l'altitude et à l'exposition et rayonne­ment solaire; ce dernier facteur influence le déneigement.

- Le fond de vallée (U 15)

Si le topoclimat de haute montagne se limite dans les

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Ti z f~ n ,. Ta f ist 2140 Lac 2su

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<D- lla<rte l"ontagne (adrets et ubacs) 0 . Adret aval de 1l haute val lèe de Rbat

@ - Adret ..wot de la haute va116e de Rbat

@ - ~6nricycles de la chafne m!!ridionale : @- Kaut de versant de l'adret du Tizal '

@-Bu de versant oriental de l'adm ~ Tfzal 1

©- Versant escarpé occidental de 1 'adret du Thal J

@- llaut de versant de 1 'A1t OUrft ;

@- llénlcycl& d'Ali~ous i (!)- Ba~s 1n d'Ahabay ! @- llu adrets de la C'Dnbe d'Att OurU •t de :

1 '-nt cllJ val des l'.1t Bou Gueu.z \

@- Bas ubacs de la CC!llbe d ' Aft l)ur'it et de : 1 'uicnt du val des A1t Bou Guemnez :

® - Plateau de 1 'Adazene 1

Igood!.mene - Wiougovl zat . (uhacs)

@ - S.s de vernnt escarpê cle 1 'ubac de 1 'lgouda...ne

@- Fchd de wa116e : tronçon Tabant-Tlghouza

@ - Cluse d'Arous @- Maut ubilç de l'lgni l -n-lkkls

@-Sas ubac de l' l~h1l-n-lkk1s

@ - Cluse du haut Lakhdar

-- Crlte mojeure

420

Fig. 6 - Carte des topoclimats de la haute vallée des Aït Bou Guemmez (Haut Atlas central, Maroc).

168

110

Aït-Bou-Guemmez aux seules extrémités sommitales des versants, celui du fond de vallée, comme son nom l'indique, occupe plutôt un secteur plat à la base des versants dont l'axe central est représenté par les thalwegs. Ce secteur est le moins enneigé par rapport aux autres et lorsque la neige tombe, elle fond très vite: le déneigement ne dure que deux à trois jours au maximum quelque soit la quantité tomée, mais à condition que le soleil apparaîsse après la perturba­tion. Cette unité compte parmi les pôles les plus chauds de la vallée et les plus secs, mais dans l'ensemble il reste froid comme l'indique le tableau 2; le bioclimat est de type semi­aride inférieur (300<Précipitations<400 mm) comme l'at­teste le total annuel (soit 327 mm) enregistré au poste plu­viométrique de Tabant d'une altitude de 1870 m.

- Les adrets

Les secteurs situés à l'adret ont tous une caractéristique commune qui réside en un fort ensoleillement, même en période froide, d'autant plus que œs versants sont en posi­tion d'abri par rapport aux flux humides, ce qui contribue à réduire encore la nébulosité. Dans cet ensemble on observe plusieurs types de topoclimats:

Adret du Tizal

Haut de versant (U2)

Il est représenté par une bande étroite qui est encore assez bien affectée par les flux nuageux; l'enneigement reste souvent localisé sous la corniche sommitale; lorsqu'il déborde sur les pentes il n'est jamais très important. Cependant on se dirigeant <l'Est en Ouest, cette bande se rétrécit suite à l'accentuation de l'effet d'abri associée à un encaissement plus important. Ce secteur se place dans le subhumide encore assez nébuleux et un peu mois froid que le topoclimat de haute montagne, mais il est bien ensoleillé par beau temps et aussi par temps faiblement perturbé. Cependant la partie orientale est plus continentale que la partie occidentale.

Bas et moyens versants (U3 et U4)

Les topoclimats de ces secteurs de versants plus abrités seront nettement plus secs en raison du gradient pluviomé­trique rapide lié à l'effet de foehn et de l'ensoleillement maximal. La chênaie verte est souvent déneigée même au cœur de l'hiver, alors que le versant nord, à la même altitu­de, reste longuement couvert d'un manteau neigeux dur. Il n'empêche qu'on peut distinguer deux topoclimats nette­ment différents: - le secteur escarpé du Tizal occidental (U4 ), faisant face

à la vallée des AïtBouOulli, bien ensoleillé, mais moins sec car il est affecté par les brumes basses qui arrivent par cette vallée;

- la retombée occidentale du Tizal, vers l'aval des Aït­Bou-Guemmez, est plus continentale, c'est-à-dire plus sèche et plus chaude, car les influences ci-dessus s'atté­nuent nettement et rapidement, en outre elle est sujette à un effet de cuvette sur toute sa surface. Ajouté à cela le fait que les conditions locales d'exposition accentuent encore le contraste. Pour conclure, on peut dire, sans trop de risques, que

l'ensemble de ces deux topoclimats constitue probablement

le pôle le plus chaud des Aït-Bou-Guemmez, mais avec une tendance plus sèche vers sa partie orientale encaissée entre les localités de Talsnant et Timit; ce dernier secteur (U3) est par conséquent le pôle le plus sec. Cet ensemble se place dans le semi-aride lato sensu (300<Précipitations<600mm), la partie basse orientale de cet ensemble appartenant proba­blement au semi-aride inférieur (300<P<400 mm).

L'adret de l'Aït-Ourit

Il prol nge vers l'Est celui du Tizal; on peut le découper en trois unités:

Haut de ver ant (U5)

Ce secteur occupe une position analogue à celle de l 'u­nité (U2), néanmoins, à la faveur de l'échancrure du Tizi-n­Aït-Ourit ce haut de versant est certainement mieux affecté par les flux nuageux: les précipitations et les influences océaniques y seront donc importantes sur une plus large bande. Cette unité se place aussi dans le subhumide au sens large, mais avec une océanité plus importante de ce que l'on observe au niveau de l'unité (U2). Par ailleurs on retrouve ce topoclimat sur la retombée occidentale du jbel Azourki en liaison avec une autre voie de pénétration formée par le Tizi-n-Tirghist. Cette dernière partie coïnciderait avec le pôle le plus froid de cette unité.

Bas et moyens versants (U6 et U7)

Alors que les conditions climatiques des hauts de ver­sants du Tizal et de l' Aït-Ourit sont assez voisines, il ne semble pas en être de même des bas et moyens versants. En fait il s'agit de deux petits bassins: Ansous à l'Est et Ahabbay à l'Ouest. Bien que plus bas que l'unité (US), ils vont aussi subir l'influence des flux nuageux lorsque ceux­ci seront assez puissants en empruntant la voie qui leur est offerte par le Tizi-n-Aït-Ourit. Les effets de foehn qui étaient prédominants sur l'unité (U3) vont être ici contrariés par des reliefs épaulant l' Aït-Ourit, dont les altitudes oscillent entre 2200 et 2300 m, et qui ferment légèrement ces bassins vers le Sud et vers l'Est. Ils pourront, si le temps s'y prête, constituer des barrages vis-à-vis des nuages des­cendants, mais aussi permettre une certaine stagnation d'air humide. Cependant le bassin d' Ansous situé un peu en retrait de la trajectoire des flux nuageux issus du Tizi-n-Aït­Ourit sera un peu plus abrité que le bassin d' Ahabbay.

En conclusion, et tenant compte de ces considérations, les unités U6 et U7 peuvent être placées dans le semi-aride supérieur (500<P<600 mm) et moyen (400<P<500 mm) pour les parties basses. Du point de vue thermique, les tem­pératures sont certainement inférieures à celles des altitudes équivalentes de l'unité U3 car l'ensoleillement y est moins fort et l'effet de cuvette provoqué par le tronçon aval des Aït-Bou-Guemmez y est moins prononcé.

Les bas adrets de la combe d 'Aït-Ourit et de /'amont de la vallée des Aït-Bou-Guemmez (U8)

Cette unité s'inscrit dans un gradient pluviométrique décroissant par rapport à la précédente, du fait de la lon­gueur du relief qui la domine vers le nord, en l'occurrence l'Ighil-n-Tssila et son prolongement oriental. Ce n'est que vers la partie amont, au-delà d'Ifrane, que le gradient aug­mente à nouveau du fait des altitudes croissantes, mais aussi

169

de l' influence grandissante de la trouée du Tizi-n-tirghist qui commence à se faire sentir. Cependant cette influence n'est pas aussi forte, comme elle l'a été plut haut au niveau de l'unité U5; elle reste, en effet, très modérée du fait de l'encaissement. Aussi est-il permis de placer cette unité dans le semi-aride moyen et supérieur, en partant <l'Ouest en Est. Du point de vue thermique, la partie avale comprise entre Ikhf-n-Ighir et Ifrane constitue, sans aucun doute, un deuxième pôle chaud et relativement sec. En outre, le vent y est particulièrement fort à cause de l'effet venturi, provoqué par le resserrement en couloir des versants de la combe.

Les adrets bassin de Rbat (UJJ et UJ 2)

L'adret de Rbat est en fait un adret secondaire dans le versant septentrional réglé du Waougoulzat dont il subit cer­tainement les influences surtout vers l'amont (U12) du fait des altitudes croissantes et du resserrement de la vallée qui se termine en gorge vers l'amont. Les avant-monts du Waougoulzat qui ferment le bassin de Rbat au nord consti­tuent des pôles condensateurs facilement accessibles lors des perturbations. Aussi la partie amont de l'unité (U12) se place-t-elle dans le subhumide lato sensu, tout comme les hauts de versants des adrets du Tizal et del' Aït-Ourit.

Par contre vers l'aval (Ull), l'adret de l'Adazene est mieux individualisé au dessus du chef-lieu de la commune de Tabant du fait de l'important évasement du bassin de Rbat. Parallèlement à cet élargissement, on note une dimi­nution de l'altitude qui s'accompagne, d'une part d'une décroissance pluviométrique et, d'autre part d'une augmen­tation des températures. On retrouve ici des conditions cli­matiques sensiblement identiques à celles de l'unité (U8).

Les ubacs

Les secteurs situés à l'ubac s'opposent à ceux de l'adret par les conditions thermiques qui y règnent surtout en hiver: à altitude égale, ils seront nettement plus froids d'autant plus que l'enneigement y subsiste plus longtemps; toutes ces conditions contribuent à la création d'un effet de pôle froid.

Ici aussi on peut relever l'individualisation d'un certain nombre d'unités topoclimatiques dont nous allons exposer les principaux caractères:

Les bas ubacs de la combe d'Aït-Ourit et l 'amont du val des Aït-Bou-Guemmez (U9)

Etroite vers l'aval, au niveau du plateau de l'Adazene, la combe d 'Aït-Ourit s'élargit grandement vers l'amont au­delà d'Ifrane jusqu'àAït-Ouham, alors que les altitudes aug­mentent. Vers l'aval, on retrouve un climat de type semi­aride comme au niveau de l'unité (U8) pour raison d'en­caissement, mais plus froid; cependant le bilan hydrique y sera meilleur du fait d'une moindre exposition au rayonne­ment solaire, surtout en hiver, par conséquent la durée de l' enneigement sera aussi importante. Vers l'amont, le gra­dient de froid est croissant; les précipitations doivent rester encore faibles car l'encaissement reste important par rapport à la chaîne del' Azourki-Aït-Ourit. Le bioclimat sera tout au plus de type semi-aride supérieur, mais nettement plus froid.

Les hémicycles du Waougoulzat-Igoudamène (Ul 3)

Ce grand ubac occupe une position assez centrale dans

170

le bassin des Aït-Bou-Guemmez. Le climat sera caractérisé par une continentalité assez grande en raison de son relatif éloignement des sources d'influences océaniques aussi bien latéralement que selon l'altitude en effet, quand la première grande ligne de reliefs est franchie, par temps faiblement perturbé, le plancher nuageux est décalé vers le haut sous l' effet de cuvette chaude. Comme on l'a vu plus haut, cet effet est maximum au centre de la vallée, si bien que l'en­semble de cette unité se trouve en général au dessous de la limite inférieure moyenne du plancher nuageux; il ne béné­ficie que très rarement des influences océaniques. Ce n'est que par temps fortement perturbé que les flux humides arri­vent à affecter cet ensemble (l'effet de cuvette n'intervient plus à ce moment là). Finalement les précipitations seront donc assez conséquentes sans que pour autant la nébulosité soit fréquente. Par conséquent ces deux secteurs peuvent être placés dans le semi-aride supérieur, voire le début du subhumide (600<Précipitations<700 mm) pour la partie amont. Par ailleurs les écoulements d'air froid provoquant des inversions thermiques sont assez fréquents comme en témoigne l'inversion des étages de végétations.

L 'ubac escarpé chaotique de l 'Igoudamène (Ul 4)

Ce secteur est le prolongement occidental de l'unité pré­cédente (U13), mais les conditions climatiques y sont diffé­rentes du fait de la proximité de la cluse de l'oued Lakhdar. Les précipitations et surtout la nébulosité accentuée par l'existence d'un relief escarpé, jouant le rôle de capteur, augmentent à nouveau avec l'altitude. Le bioclimat y est de type semi-aride lato sensu pour les parties basses à subhu­mide au sens large pour les parties hautes, caractérisées entre autre par une nébulosité importante.

L'ubac de l'lghil-n-Ikkis (UJ 7)

Située en face de l'axe central de la cluse de l'oued Lakhdar, ce secteur est encore mieux exposé aux flux nua­geux, ce qui fait de lui un topoclimat où l' océanité est pro­bablement aussi importante à celle observée en haut de ver­sant de l'ubac du Tizal. La fréquence de cette océanité adou­cit la rigueur du froid qui caractérise pareils secteurs d'alti­tude. En conséquence de quoi, le climat thermique sera plus tempéré, même dans les parties les plus élevées; cependant les températures diminuent avec l'altitude. Pour ce qui est du climat pluviométriqùe, on peut placer ce secteur dans la tranche subhumide moyen-humide inférieur, respectivement depuis le bas jusqu'en haut du relief.

Le plateau de l 'Adazene (UJ 0)

Compris entre les unités U9 et Ull, ce secteur est le siège d'un froid excessif associé à un vent violent. Soumis aux mêmes courants nuageux que l'unité (U9), le climat pluviométrique y est certainement de type semi-aride moyen.

Le bassin d 'Arous (Ul 6)

Fermé à l'aval par une sorte de verrou, ce bassin est enclavé entre les hauts massifs de l' Ikkis, l 'Aghouwri et l'Igoudamène. Outre le fait qu'il est sec car trop abrité, les écoulements d'air froid entretiennent des inversions ther­miques assez fréquentes surtout en hiver et au printemps, à un degré moindre. Dans l'ensemble du bassin le climat plu-

viométrique fluctue entre le semi-aride moyen au subhumi­de inférieur selon la situation altitudinale.

La cluse de l'oued Lakhdar (U 10)

On sort du domaine des Aït-Bou-Guemmez. C'est un domaine beaucoup plus chaud du fait de la diminution bru­tale des altitudes et de l'évasement relatif de la vallée. Elle constitue une voie de pénétration très importante. Le biocli­mat y est de type semi-aride au sens large, mais plus chaud. Entre les Aït-Bou-Guemmez et les Aït-Bou-Oulli, la frontiè­re climatique est nette et coïncide avec le méridien de Tighouza.

5 - CONCLUSIONS

Le climat des Aït-Bou-Guemmez appartient au domai­ne semi-interne tel qu'il a été défini par PEYRE (1983), mais l'originalité climatique de la vallée réside dans la diversité de ses climats locaux due à sa grande hétérogénéité physio­graphique.

Au cours de cette étude, nous avons observé les modifi­cations au sol de la circulation générale, matérialisée par les nuages, au sein même des Aït-Bou-Guemmez dans laquelle nous avons relevé une nette dominance tout au long de l'an­née, par temps perturbé, des flux de NW porteurs d'humidi­té et qui sont à l'origine de la grande majorité des précipita­tions. Ceux-ci sont suffisamment prépondérants pour per­mettre de caractériser invariablement le climat régional.

A l'échelle locale, cette étude de la dynamique atmosphérique a permis de préciser le rôle primordial de la topographie puisqu'en redistribuant localement les effets des flux, elle contribue d'une manière efficace à la caracté­risation des climats locaux. Ainsi la notion de topoclimat n'est en fin de compte que l'aboutissement de la confronta­tion de ces deux éléments.

Cependant la topographie ne constitue pas le seul régu­lateur de la dynamique nuageuse, même s'il est essentiel , d'autres circonstances aussi permanentes que la topographie interviennent dans l' individualisation des topoclimats défi­nis plus haut, notamment l' altitude, la pente, l'orientation par rapport aux vents pluvieux, l'exposition générale ou mésa-exposition au rayonnement solaire et les types de temps.

Par ailleurs en plus de la dynamique des flux humides, l'étude de l'enneigement consécutif qui symbolise cette cir­culation permet à la fois de visualiser les gradients ther­miques et pluviométriques, et d ' apprécier les effets locaux des facteurs précités sur la répartition de la neige; la distri­bution qui en résulte se répercute aussi sur les différents topoclimats et constitue par conséquent un des éléments de caractérisation.

Néanmoins, dans certaines situations topographiques particulières les facteurs conditionnant les topoclimats sont nombreux mais aussi étroitement liés; il en résulte que les caractères du milieu ne sont jamais tranchés. Il en est ainsi par exemple du long versant rectiligne (ou encore versant de Richter) de l'Igoudamène; aussi pour tracer certaines limi­tes de la carte des unités topoclimatiques (fig. 6), nous avons eu recours à la photo-interprétation des groupements végé­taux qui a été d'un apport complémentaire très utile. En effet les changements de végétation qui coïncident avec des changements topographiques, d'exposition générale ou de

mésoexposition, sont les résultats principaux des phénomè­nes climatiques.

Enfin, au plan pratique, la typologie topoclimatique pro­posée met en œuvre des critères empiriques relativement simples, à première vue, confortée d 'un certain nombres d'estimations chiffrées, qu'il s'avère toutefois nécessaire d'appuyer par des mesures quantitatives notamment par l'é­tude de la dynamique de l'enneigement le long de transects en fonction des grandes unités topographiques (adret, ubac, fond de vallée et sommet) et celle de l 'évolution du couvert comme cela a été réalisé par exemple, à petite échelle, dans le Haut Atlas marocain à partir des données spot-végétation (BOUDHAR & al., 2007) comme cela a été réalisé par exem­ple, à petite échelle, dans le Haut Atlas marocain à partir des données spot-végétation (BoUDHAR & al., 2007), afin d 'ob­jectiver plus clairement les résultats auxquels nous sommes parvenus, ce qui ne diminue en rien de la valeur scientifique de la méthode poursuivie tant elle a fait ses preuves,surtout en région de montagne où elle demeure presque incontour­nable en l'état actuel du réseau météorologique montagnard marocain.

Cependant il est utile de rappeler que l'on est arrivé à cette typologie par une analyse à posteriori des faits , c 'est­à-dire en essayant de les justifier par la diversité morpholo­gique que l'on observe dans la nature.

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RÉSUMÉ. - Située à l'intérieur d'une région montagneuse et s'individualisant par une certaine homogénéité climatique par rapport aux bassins versants envi­ronnants, la vallée des Aït-Bou-Guemmez offre une vraie mosaïque de topoclimats (ou climats locaux) en raison de fortes variations altitudinales, d' expo­sitions très contrastées et d 'une multitude de topo­formes. Cet article se propose, autant que faire se peut, de caractériser ces différents topoclimats en dressant une typologie qui se base principalement sur l' ob­servation au sol des mouvements atmosphériques des flux humides porteurs ou non de pluie, matéria­lisés par les nuages, et de l'enneigement consécutif après dissipation de ces derniers, en fonction de la configuration du relief et de l'altitude. Les varia­tions floristiques de la végétation apportent des

informations complémentaires qui peuvent contri­buer à l'élaboration, au contrôle et à l' affinement des analyses topoclimatiques.

RIASSUNTO. - Sita all'intemo di una regione montagnosa e caratterizzata da una certa omogeneità climatica rispetto ai versanti circostanti del bacino, la valle del Ait-Bou-Guemmez offre un vero mosaico di topoclimi ( o climi locali) a seguito della forte varia­zi ne altitudinale, dell' esposizione dei versanti e di umi. moltitudine di topoforme. Questo articolo si propone di caratterizzare, per quanto possibile, questi differenti topoclimi descri­vendo una tipologia basata principalmente sull'os­servazione dal suolo dei movimenti atmosferici dei flussi umidi portatori o meno di pioggia, materia­lizzati dalle nuvole e dalle precipitazioni nevose concordemente con la configurazione del rilievo e dell'altitudine. Le variazioni floristiche e vegeta­zionali fomiscono informazioni complementari che possono contribuire allo sviluppo, al controllo e prefezionamento delle analisi topoclimatiche.

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