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1 Relations internationale Devoir qui compte pour 1/3 de la note : A rendre impérativement taper avec maximum 10 pages. Deuxième évaluation : oral. Remise du dossier le dernier cours (avant le partiel). [email protected] Programme : Le règlement de la paix de la première guerre mondiale La fragile détente des années 20 L’Empire britannique d’une guerre à l’autre. L’Empire français d’une guerre à l’autre Le Moyen-Orient (à préciser) La montée des tensions des années 30 : les démocraties face au nazisme. La politique étrangère soviétique de 17 à 41 et/ou L’extrême Orient. Les relations internationales de la première à la seconde guerre mondiale

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Relations internationale

Devoir qui compte pour 1/3 de la note : A rendre impérativement taper avec maximum 10 pages. Deuxième évaluation : oral. Remise du dossier le dernier cours (avant le partiel). [email protected]

Programme :

Le règlement de la paix de la première guerre mondiale La fragile détente des années 20 L’Empire britannique d’une guerre à l’autre. L’Empire français d’une guerre à l’autre Le Moyen-Orient (à préciser) La montée des tensions des années 30 : les démocraties face au nazisme. La politique étrangère soviétique de 17 à 41 et/ou L’extrême Orient.

Les relations internationales de la première à la seconde guerre mondiale

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Le règlement de la paix

I. Conférence de la paix.II. Les traités de paix.III. Une paix imparfaite.

La conférence de la paix s’ouvre à Paris en janvier 1919, des armistices ont été signés avant, notamment celui de Rethondes qui concerne le front de l’ouest. Un armistice est un traité qui met fin au combat mais qui ne règle rien sur le fond. Le traité de paix, qui vient après des négociations, est un traité qui met fin à l’état de guerre et qui règle le conflit sur le fond entre les deux Etats avec certaines clauses. Les armistices intègrent déjà des clauses contraignantes. La conférence de la paix s’ouvre à Paris et a pour tâche de refaire une carte du monde, au moins de l’Europe avec des questions au niveau mondial et européen. C’est une conférence particulier non seulement car elle vient régler un nombre de problème mais aussi car elle prétend réinventer une façon de voir les relations internationale, de refonder la philosophie, le droit des relations internationales ; ce projet est en particulier porté par le président Wilson ; il veut faire rentrer les relations internationales dans l’Etat du droit, créer une sorte de démocratie internationale fortement influencée par la démocratie américaine. L’ambition est de créer une ‘ligue of nations’ où l’on règle pacifiquement les conflits, mais aussi essayer de régler la question de la paix en respectant le droit des peuples, de chaque nation autant qu’il soit possible. Chaque nation a le droit de réclamer à devenir un Etat. Grande idée mais dure à réaliser, le programme de la conférence de la paix est colossal.

Il faut souligner l’extrême lourdeur de la machine qui se met en place avec 27 Etats représentés ainsi qu’une dizaine de délégations nationales mais infra-étatiques, des dizaines de commissions, des centaines d’experts. Une très grosse machine qui n’a finalement pas marché. Cette conférence brille pourtant aussi par ces absents, les vaincus vont se retrouver devant le fait accompli. Se pose la question de l’acceptation des traités par les absents. Le deuxième grand absent est la Russie qui est traité en pestiférée. Troisième problème : les peuples colonisés sont absents. Tensions entre les vainqueurs qui sont très vives, les discussions ont été extrêmement vives et dures sur certains points, en particulier sur le découpement des frontières en Europe, le plus fréquemment entre les français d’un côté et les Anglo-Saxons de l’autre. Conflits aigus entre français et anglais et de l’autre côté les Etats-Unis sur la question coloniale.

Cette paix de Versailles (impropre car conférence de la paix se déroule au Quai d’Orsay à Paris) a mauvaise réputation « paix ratée », « paix bâclée » etc. Avant la conférence de Paris, 60 millions de personnes ne vivaient pas dans des Etats concrets. Les nouveaux Etats que l’on créé après sont parfois des caléidoscopes de minorités nationales. Exemple de la Yougoslavie qui est une vraie mosaïque de peuples, ils partent du principe qu’ils veulent vivre ensemble alors que les expériences de Yougoslavie précédentes se sont mal terminées. On lui reproche donc une paix bâclée qui laisse en suspend une série de problème, une paix de vainqueurs, une paix qui serait la cause de la seconde guerre mondiale. Il y a pourtant une série d’acquis : la proclamation des grands principes Wilsoniens, droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, …

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Tous les Etats Balkaniques sont récents, relativement fragiles, pas très peuplés, au nationalisme extrêmement violent. Toute une série de révoltes sanglantes contre les autorités ottomanes.

L’empire Austro-hongrois est une véritable mosaïque de peuples, c’est l’empire des Hasbourgs qui disparait donc quatre empires disparaissent, c’est un vrai bouleversement. Cet empire en réalité a eu une histoire très complexe et a connu une évolution importante en 1867 quand les autrichiens, suite à la défaite de Sadova, sont fragilisés à l’intérieur, l’empire est fédéralisé. L’empire d’Autriche devient l’empire d’Autriche-Hongrie. Il y a maintenant deux gouvernements, deux entités qui sont très autonomes pour les affaires intérieures et pour la gestion des peuples. Les principales minorités nationales sont du côté Autrichien la Cisleithanie, ce sont les allemands d’Autriche qui domine. Critère de la langue + critère religieux qui joue dans la mosaïque des peuples en Europe. Il y a les Italiens latins catholiques, les polonais catholiques comme les allemands d’Autriche. Les Tchèques sont la deuxième forte minorité, ils sont majoritairement protestants mais il y a aussi catholiques. Troisième forte minorité : les slovènes, ce sont des slaves du Sud qui sont catholiques. Un cas particulier : Allemand des sudètes qui ont une situation compliquée car ils sont géographiquement dans une situation très excentrée, à la frontière de l’Empire Allemand et entourés de Tchèques. Le gouvernement de Vienne mène à l’égard de ces minorités nationales une politique plutôt bienveillante, d’autonomie interne. L’administration pratique le bilinguisme tchèque et allemand. Même si, à mesure que le temps passe, les Tchèques et les Polonais trouvent que ce n’est pas assez, ils veulent obtenir une totale autonomie, la fédéralisation complète de l’empire. Le gouvernement de Vienne répond que des réformes oui, mais ça non.

Du côté Hongrois ce n’est pas la même chose, le gouvernement Hongrois de Budapest mène une politique beaucoup plus dure, une politique de magyarisation. Les Hongrois sont catholiques. Les principales minorités nationales sont les suivantes : Croates font une exceptions car ils sont catholiques, ils ont négocié un compromis juste après la fédéralisation de l’Empire signé en 1868 qui leur accorde une large autonomie interne. Les Slovaques sont maltraités par les Hongrois, mais aussi les Roumains car au Sud-Est de l’Empire il y a trois millions de roumains qui y vivent, en Transylvanie ; en plus ces roumains sont orthodoxes et Slaves, ce qui créé un conflit potentiel très fort entre la petite Roumanie et la grande Autriche-Hongrie (surtout la Hongrie ici).

Le principal conflit avec l’Autriche-Hongrie est avec ma Serbie qui sont slaves du sud et orthodoxes. Ils ont vécus pendant 5 siècles sous l’Empire ottoman, ils n’ont jamais cédé et ont conservé leur langue, leurs coutumes nationales. Les nationalistes Serbes ont développés dans la deuxième moitié du XIXème siècle une idée partagée par certains Croates, celle de la Yougoslavie et qui dit qu’il y a une identité Slave du sud, une histoire commune, une littérature commune. Dans la mesure où il y a une identité commune, les slaves du Sud doivent se réunir. On peut douter de cette idée d’identité commune car ils n’ont jamais vécus ensemble, les uns ont vécu du côté chrétien, les autres du côté musulman, ils n’ont pas la même foi ni le même alphabet, … La langue de serbo-croate est une langue artificielle. L’idée de la Yougoslavie est nouvelle et dangereuse. Deux interprétations selon les identités. Ce qui menace l’Autriche-Hongrie c’est l’idée de Yougoslavie qui dissoudrait l’empire.

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Il y a des Polonais en Allemagne assez maltraités, il y a aussi des Polonais en Russie. Les Russes ont au départ bien traité les Polonais mais deux grandes révolutions Polonaises au XVIIIème siècle et à partir de l’écrasement de la révolte Polonaise de 1863 il a un durcissement des Russes, les Polonais ne sont plus bien traités.

Dans ces conditions on voit apparaître deux ou trois lignes de fractures qui sont les causes de la seconde guerre mondiale. Conflit qui oppose l’Angleterre et l’Allemagne, car montée en puissance de l’Allemagne industrielle et commerciale vers 1880-1890, montée en puissance coloniale et sur le plan naval : tout cela fait peur. Et cela vient rompre l’équilibre continental de Cromwell. La Grande-Bretagne va être amener à sortir de « l’ombre ». Troisième conflit est austro-russe, intimement lié aux minorités nationales et aux peuples slaves du Sud.

Avant la guerre de 14, la région des Balkans est une région poudrière de l’Europe. Deux niveaux de conflits dans cette région, d’abord des conflits inextricables entre ces petits et récents Etats Balkaniques. Tous ces Etats se sont émancipés de l’empire ottoman, le plus ancien de ces Etats est la Grèce. La Serbie est principauté autonome en 1830 et vague d’indépendance en 1878. Ce sont des Etats chrétiens orthodoxes. Ce sont des Etats qui ont souvent des conflits frontaliers. Deux guerres entre ces Etats et conflits incessants entre ces Etats. LA deuxième ligne de conflit est un conflit brutal, frontal qui oppose l’Autriche-Hongrie à la Russie. On a donc des conflits locaux et un grand conflit.

Les conflits internes à cette région sont nombreux et porte sur des problèmes de majorité nationale, c’est une mosaïque de peuples, et deuxièmement il y a des conflits frontaliers. On a tout d’abord un conflit entre la Bulgarie et la Grèce concernant une région qui s’appelle la Thrace au nord de la mer Egée ; les populations sont mêlées en Thrace, région Bulgare mais revendiquée par la Grèce. Un autre conflit oppose pour les mêmes raisons la Bulgarie à la Roumanie qui concerne la région de Dobroudja, qui est roumaine mais revendiquée par les bulgares. Conflit entre la Roumanie et la Russie concernant la Moldavie ou plutôt la Bessarabie (terme de l’époque), où il pratiquement que des roumains, simplement les Russes le revendiquent. Conflit qui oppose la Roumanie ç la partie Hongroise de l’empire austro-hongrois pour une question de minorité nationale car deux millions de roumains qui vivent dans l’empire austro-hongrois et qui ne sont pas très bien traités. Conflit entre Serbie et Autriche qui est un conflit d’idée, l’idée de Yougoslavie est explosive.

Le dernier conflit est celui du Kosovo qui est potentiel, sous-jacent qui n’a pas encore explosé ; le problème : la Serbie a été conquise par les Ottomans au XIVème siècle, la bataille décisive a lieu au Kosovo. Et donc cette région peuplée de Serbes va être gouvernée par les Turcs pendant cinq siècles. Les serbes ont toujours considérés que le Kosovo été le berceau de leur civilisation avec de grands monastères desquels sont partis la grande évangélisation des Serbes. Le problème est que cette région est bouleversée car importants mouvements de populations, en outre illyrienne, et d’autres paysans chez qui on a fortement encouragé la conversion à L’islam en échange de toute une série d’avantages, du coup les Serbes sont devenus très minoritaires dans cette région dès avant la guerre de 14. Cette région est en Serbie mais revendiquée par la petite Albanie laquelle est un Etat qui est soutenu par l’Autriche. Ce conflit est une bombe à retardement qui explosera par deux fois.

L’Empire Ottoman a beaucoup reculé, mais cela reste une très grande puissance et jusqu’à la guerre de 14, tout le Moyen-Orient sauf l’Egypte est Turc, dominé par l’Empire Ottoman. Sauf que le

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nationalisme arabe se dresse contre les Turcs. L’Empire Ottoman se rapproche de plus en plus de L’Allemagne, des Empires centraux, de l’Autriche.

Ajoutons à cela un conflit à un niveau plus élevé qui oppose l’impérialisme Austro-Hongrois et l’impérialisme Russe. Pour l’Autriche il y a deux choses qui jouent, d’abord l’unité allemande s’est faite par l’écrasement de l’Autriche et à Sadowa en 1866, Bismarck écrase l’Autriche et l’Autriche n’a plus son mot à dire dans les affaires de l’Allemagne du coup l’Autriche va se tourner vers le sud.

LA Russie est une puissance au niveau maritime enclavée mais a la façade maritime la plus longue du monde mais elles sont gelées sont en permanence soit une majeure partie de l’année. Cela peut changer avec le réchauffement climatique, la fonte des glaces. Son objectif est la poussée vers les mers chaudes, les mers libres ; trois grands axes de poussée et les Russes maquillent toujours leur impérialisme. Premier Axe : Jérusalem, le Moyen-Orient pour aller vers la mer Rouge avec le prétexte religieux. Le deuxième axe est l’Asie centrale, date du XIXème siècle. La troisième région sont les Balkans, l’impérialisme Russe y arrive aussi déguisé derrière le panslavisme (idée développée par la Russie, mère de tous les slaves, comme quoi il y aurait une communauté des peuples slaves, une histoire commune, et ces peuples slaves ils ont vocation à se rapprocher). Mais cette histoire se fait sous la protection russe qui défend ses « petits frères » opprimés contre les Turcs. Tous ces Etats qui sont nés au XIXème siècle, à commencer par la Grèce, sont nés par la guerre, par la violence et il y a un fil conducteur, un conflit russo-turc.

La Russie, par la guerre a réussi à émanciper les petits Etats Balkaniques. En 1912 éclate une première guerre Balkanique, il y a encore quelques vestiges de l’empire Ottoman en Europe et se forme en 1912 la ligue Balkanique qui réunit de petits Etats Balkaniques chrétiens (essentiellement la Serbie, Bulgarie et la Grèce) qui s’organise en ligue contre l’Empire Ottoman. Ils récupèrent la Macédoine (mélange de peuples). Les vainqueurs se disputent et le partage se fait au détriment de la Bulgarie alors qu’au début de la ligue se sont eux qui ont porté l’essentiel de l’effectif militaire. Le ton monte alors entre les anciens alliés et on va droit dans un conflit Serbe-bulgare. Ensuite deuxième guerre Balkanique, les anciens alliés se déchirent, les Grecs et les Serbes restent alliés contre les Bulgares. Affaire se corse avec entrée en guerre des roumains. L’empire Ottoman, qui lui veut récupérer une partie de ce qu’il a perdu, fait cause commune contre les Bulgares. Résultat, les Bulgares perdent pratiquement tout le contrôle de la Macédoine partagée entre grecs et serbes, l’Empire ottoman récupère un petit morceau et les grecs récupèrent une partie de la Thrace. La grande conséquence est que cette guerre est une grande catastrophe pour la Russie, d’ailleurs la diplomatie russe va tout faire pour éviter le déclenchement de la deuxième guerre balkanique car cette guerre oppose deux peuples extrêmement proches. La Russie choisit la Serbie, du coup la Bulgarie qui vient de perdre toute une série de territoires, entourée d’ennemis, se tourne vers Vienne et donc vers Berlin. Cette guerre des Balkans voit l’achèvement de la formation des blocs, avec d’un côté les empires centraux avec Autriche, Allemagne, Empire Ottoman et la Bulgarie qui les rejoignent, et de l’autre côté la Russie, la France, l’Angleterre, Serbie, Grecs, Roumanie. La Serbie entre en guerre dès 1914, alors que La Grèce entre en 1917 et les roumains en 1916.

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I. La conférence de la paix

Elle s’ouvre à Paris en janvier 1919 et clôt ses travaux à la fin du mois de mai, alors commence la phase des traités. C’est une très grosse machine, 27 vainqueurs sont représentés ainsi qu’une dizaine de représentations infra-étatiques qui sont là en tant qu’observateur. Il y a deux grandes séries d’absents, les vaincus et la Russie bolchévique est vraiment ostracisée.

1. L’organisation de la conférence

Devant la lourdeur de cette machine les décisions vont assez rapidement se prendre par un groupe de quelques pays vainqueurs (3, 4 ou 5). Officiellement on négocie à 27 dans une assemblée générale mais très vite on s’aperçoit que la formule ne marche pas du tout tellement c’est long, lourd, compliqué.

La star incontestée de la conférence de la paix est Wilson pour plusieurs raisons. D’abord sans l’aide américaine cela aurait été un autre scénario pour la France. Avant ça jamais un président américain n’était venu en Europe, et là il est venu pour cinq mois, ce qui déplait au congrès. Ensuite la paix se fait selon son programme des quatorze points de janvier 1918, qui a connu un immense succès. Wilson est président des Etats-Unis, en train de faire son deuxième mandat et a été élit sur un programme pacifiste et neutraliste. Même si ce n’est pas une obligation, la coutume veut qu’au bout de deux mandats on laisse la main. Un président dans un deuxième mandat est à la fois plus libre et plus faible car il n’a pas le souci d’une réélection mais aussi les forces politiques sont en train de préparer la succession, il a donc moins de pouvoir qu’avant. Wilson a 64 ans, c’est un juriste à très grands principes. Sa grande idée c’est de modifier en profondeur la nature des relations internationales et les faire rentrer dans l’âge du droit. Il faut créer une société des nations (« ligue of nations »), un véritable gouvernement mondial avec vrais pouvoirs de commandements, et elle va faire appliquer au grand jour les règles de sûreté minimale démocratiquement et cela au service de la paix, de la sécurité collective. Idée que l’Amérique est le phare du monde, le modèle.

En face de lui il y a des objectifs différents. Face à lui, il y a Clémenceau, 78 ans avec un parcours politique compliqué, il a dérivé vers le centre ; c’est en même temps un farouche patriote qui a pris les rênes du pays en novembre 1917 (très grande crise extérieure, 1917 = année terrible). Il est le père de la victoire, jouit d’une immense popularité en France, il reprend les rênes de la France au pire moment. La France a vécu deux invasions, deux désastres, et un gros quart du territoire a été occupé pendant quatre ans, la France est littéralement ruinée, détruite ; Clémenceau veut alors assurer coûte que coûte la sécurité de la France, ce qui passe par un affaiblissement durable et définitif de l’Allemagne.

Le troisième est Lloyd Georges. Il a un profil un peu semblable à celui de Clémenceau, il vient du centre gauche britannique, qui s’est gauchisé depuis le début du siècle depuis la montée du parti travailliste. Il a d’abord été chancelier de l’échiquier (ministre des finances) sous la direction du premier ministre Asquith qui s’est renversé en 1916 et Lloyd Georges lui succède. Après cela, il prend la tête du gouvernement anglais et se tourne vers les conservateurs plus que vers les travaillistes. L’objectif central est de renforcer l’Empire, de détruire l’Empire Ottoman, récupérer les colonies allemandes. Deuxième objectif, raison principale pour laquelle l’Angleterre est rentrée en guerre, est d’affaiblir l’Allemagne, en particulier sur le plan naval, maritime et militaire, sur le plan colonial. Deux grandes craintes britanniques : la peur de l’hégémonie française et le Bolchévisme. Et troisième

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objectif, affaiblir l’Allemagne mais pas trop car trop affaiblir l’Allemagne pourrait donner lieu à une hégémonie française en Europe.

L’Italie représentée par Orlando et Sonnino, elle est moins ambitieuse et veut ce que la France et l’Angleterre lui a promis lors des accords de Londres. Autre problème, l’Istrie et la Dalmatie l’obstacle est les Etats-Unis car majorité de slovènes en Istrie et minorité d’Italiens. En mai 1919, à la veille de la clôture de la conférence, l’Italie claque la porte tellement elle est mécontente de ce qu’on lui propose et c’est la porte du fascisme.

En ce qui concerne le déroulement de la conférence, dans un premier temps on commence avec la très grosse machine de l’assemblée générale. Dès le mois de février on forme le conseil des dix dont les quatre donc on vient de parler, ainsi que les Japonais, et il y a deux délégués pour chacune des cinq grandes puissances. Le conseil de dix n’arrive pas à se mettre d’accord et est accablé de travail. Des commissions d’experts se mettent en place et courant mars la conférence est quasiment bloquée. A partir de la fin du mois de mars, on prend l’habitude de se réunir à quatre de façon informelle, et parfois à trois, et les quatre grands discutent entre eux dans la chambre de Wilson la plupart du temps, et le conseil des quatre c’est lui qui prend l’essentiel des décisions. Paradoxe entre quelque chose qui est partie d’une volonté démocratique et la façon dont les 4 ou 3 grands prennent les décisions à la fin. On parle le plus souvent en français, en tout cas plus français qu’anglais.

2. La Société des Nations (SDN)

C’est le premier dossier abordé car c’est le plus facile. Il s’agit de faire rentrer les relations entre Etats dans l’âge du droit, principe d’égalité démocratique entre le Etats, soumission au droit, sécurité collective et le désarmement. Ce n’est pas entièrement nouveau, mais il y a eu un début de formation de droit au XIXème siècle, on peut citer par exemple le dégagement très imparfait avant 14 d’une ébauche du droit de la guerre. De même, ont été créées à la fin du XIXème siècle les premières organisations à la fin internationales et supranationales qui limitent la souveraineté des Etats. Cela concerne aussi des domaines très techniques, l’union postale universelle, 1878, ou le bureau international des télégraphes, 1883 qui posent des règles. Différents projets sont présentés à compter celui de Wilson. Le projet Wilson-House présenté le 25 janvier 1919, projet très ambitieux qui tient à créer une espèce d’Etat mondial et deuxièmement calqué sur le modèle américain. Il y aura un grand congrès mondial où chaque Etat aura une voix (comme le sénat américain), il y aura à côté de cela un conseil restreint qui prendra les décisions exécutives, et puis il y a aura un tribunal qui pourra régler de façon pacifique les conflits qui pourront surgir.

La France est la seule puissance militaire sur terre elle n’a dont aucun intérêt à désarmer le pays. Elle propose donc autre chose, Clémenceau pousse en avant Léon Bourgeois qui est un vieil idéaliste radical et il le charge de présenter le projet français. Ce projet dit que Wilson a oublié une armée internationale permanente, très puissante ; cette proposition est le meilleur moyen d’effrayer la Grande-Bretagne. Les Anglais proposent un projet archi minimaliste par la voie de Phillimore, avec une simple alliance diplomatique entre vainqueurs et une procédure d’arbitrage pour régler les éventuels conflits.

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Finalement il y a un compromis et le pacte de la SDN est signé le 28 avril 1919 sur la base d’un compromis entre ces thèses. On se met d’accord pour placer le pacte de la SDN en tête des traités de paix, on se dit qu’en faisant ainsi on rend irréversible la SDN ; en fait c’est une mauvaise méthode car on associe la SDN au traité de paix ce qui est mauvais car si un pays refuse le traité de paix, il refuse aussi la SDN et les Etats-Unis n’ont pas ratifié le traité de paix, ils ne sont pas membre de la SDN ce qui fausse toute la paix. Deuxième problème, les traités sont forcément injustes, donc si on commet l’énorme erreur d’associer la SDN au traité de paix, la SDN va être un instrument de domination des vainqueurs pour les vaincus c’est pour cela que dès le départ il y a un refus de la SDN par les soviétiques et une méfiance par les autres vaincus.

On créé une organisation internationale, c’est une immense nouveauté, les 26 Etats signent le pacte de la SDN. Elle comprend trois organes principaux, l’assemblée générale où un Etat = une voix, et elle peut évoquer toute question mais n’a pratiquement aucun pouvoir puisqu’à côté de cela il y a un conseil (deuxième organe) composé de dix Etats dont 5 permanents (ceux du conseil des dix) quant aux cinq autres sont élus par l’assemblée générale en son sein et donc tournent. Le conseil de la SDN a des pouvoirs beaucoup plus importants il peut désigner un agresseur c’est-à-dire un pays qui a rompu le pacte et peut voter des sanctions contre lui, qui peuvent être politiques, économiques, ou militaires. Sauf que le vote qui désigne l’agresseur ou qui vote les sanctions se fait à l’unanimité ce qui est très compliqué et qui bloque l’institution. Les anglais vont faire en sorte qu’il n’y ait surtout pas d’armée permanente donc les sanctions militaires sont de l’utopie pure. Le troisième organisme est la commission des mandats. Le quatrième mandat est la cours internationale de justice qui siège à la Haye et succède à la CPJI déjà installée à la Haye et devient la CIJ (Cours Internationale de Justice) ; c’est un organe d’arbitrage qui peut régler des conflits à condition que les deux Etats en conflit acceptent de reconnaitre la CIJ comme arbitre.

Le pacte comprend une série de grands engagements, par exemple par l’article 10 les Etats se respectent un mutuel respect de leurs frontières ; article 8, les Etats promettent de s’engager dans la voix d’un désarmement général ; article 16 : le conseil peut voter des sanctions politiques, économiques, militaires contre un Etat agresseur, voté à l’unanimité mais pas d’obligation d’appliquer les sanctions. Cela dit, le bilan de la SDN dans les années 20 est estimable, et elle a le mérite d’exister, et de poser ces grands principes au grand jour.

3. Les principaux conflits

La question allemande est au cœur des débats. Il y a deux questions qui posent problème :

- les réparations :

Les vaincus ont connus de très forte destructions au contraire de l’Allemagne. L’idée est donc de faire payer des réparations à l’Allemagne. La France est ravagée, comme la région de Verdun, même un siècle après il y a des problèmes de végétations, il y a parfois des dommages irréversibles. Ces dommages sont causés du fait des combats mais aussi du fait de l’occupation. Dans la zone d’occupation les Allemands se sont servis, pillages de moins grande ampleur que la 2ème guerre mondiale mais sont existants. Quand les Allemands se sont retirés, destructions terribles comme les mines de charbon surexploitées dans l’est. Les Anglais n’ont pas eu de combat sur leur sol mais ils ont des dommages matériels relativement importants, comme la flotte de commerce qui a été détruite par les frappes sous-marines. Ils ont vu la moitié de leur flotte couler. Les Américains

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sont extrêmement réticents devant l’affaire. Dès le départ Wilson estime que l’affaire est très mal embarquée juridiquement. Quand on rentre dans le détail, les problèmes se multiplient : que faire payer ? Les anglais voudraient qu’on fasse payer les dommages, les destructions, mais également les pensions, et les dépenses de guerre, ce qui est colossal. Finalement un compromis est trouvé, les dommages matériels oui, les pensions oui, mais pas les dépenses de guerre.

Deuxième problème : quel montant ? La conférence de la paix a beau s’appuyer sur de nombreux experts, les évaluations sont divergentes. La Grande-Bretagne arrivent au chiffre de 480 milliards de marks or, les français disent 800 milliards, les américains disent 120 milliards payable sur 35 ans. Le chiffre finalement retenu en 1921 est de 132 desquels l’Allemagne a payé 20%. Clémenceau propose comme idée de ne pas chiffrer, de retenir le principe des réparations mais de chiffrer plus tard. Il propose de renvoyer la question à une commission interalliée qui traitera la question plus tard. On demande alors à l’Allemagne de « signer un chèque sans provision », ce qui est encore pire que tout. Dans l’armistice du 22 juin 40, les allemands utiliseront la même méthode ; il est prévu que la France devra rembourser à l’Allemagne les frais d’occupation, sans dire combien.

Cela débouche sur l’article 231 du traité de Versailles pose deux principes, d’abord celui de la responsabilité juridique et morale du déclenchement du conflit, et le deuxième qui est de dire ce qu’ils devront payer plus tard.

- Les garanties des frontières.

C’est le problème central français. Ce qui pose problème entre vainqueurs c’est la garantie de la frontière, la sécurité. L’Alsace-Loraine redevient française avant même la conférence de la paix. A la fin de la guerre Pétain est commandant en chef de l’armée française et Foch commande l’ensemble des forces alliées sur le front de l’est. Pour ce qui est de la demande d’armistice des allemands en 1918, Débat vif entre dirigeants français dont les trois principaux protagonistes sont : Poincaré est chef de l’Etat, Clémenceau qui est président du conseil, Maréchal Foch, commandant en chef des armées interalliées et Maréchal Pétain. Il y a deux thèses qui s’opposent :

• La thèse Poincaré-Foch qui disent pas d’armistice ou du moins c’est trop tôt. AU 11 novembre, les allemands sont encore en France même s’ils reculent. Foch dit qu’il faut aller à Berlin, qu’il faut au moins rentrer en Allemagne pour occuper une partie du sol allemand à titre de gage et faire comprendre aux allemands qu’ils ont perdu la guerre.

• La thèse Clémenceau-Pétain : c’est Clémenceau qui doit trancher. Il veut signer tout de suite car il a la certitude que la France est littéralement épuisée et il estime qu’il n’a pas moralement le droit de risquer la vie d’un seul soldat français alors que les allemands demandent à cesser les combats. Il est obligé d’obtenir le maximum de crédit lors de la Conférence de la paix.

Le plan français est de créée 2-3 Etats rhénans de façon à fragiliser le Reich et à créer une sorte de no man’s land. Vision de découper l’Allemagne en petits morceaux, c’est la thèse que défend Clémenceau à la conférence de la paix. Refus catégorique des américains et anglais, ils disent que c’est contraire au droit des peuples (Américains), et les anglais ont peur de l’hégémonie française. On négocie très difficilement et finalement Clémenceau cède, il n’obtiendra pas le démembrement de l’Allemagne. On se rabat sur un compromis en deux points : la France renonce au

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démembrement, du coup Clémenceau est affaiblit aux yeux de l’opinion française. Il obtient d’abord des américains et des anglais la promesse d’un traité de garantie des frontières françaises c’est-à-dire qu’ils sont prêts à intervenir si les frontières sont violées par les allemands. D’autre part la France obtient toute une série de garanties militaires :

- la démilitarisation complète de la zone rhénane, cela inclue toute la rive gauche du Rhin et une bande de 50 km sur la rive droite quand le Rhin est frontière.

- Elle obtient des zones d’occupation, elle va pouvoir occuper cette zone rhénane (Cologne (5ans), Coblence (10 ans), Mayence (15 ans)).

- L’armée allemande va être fortement réduite, sans armement lourd avec un contrôle du ratio etc.

Les américains vont finir par rejeter le traité de Versailles, il n’y a donc pas de garanties au final car les anglais ne veulent pas signer seuls. Résultat, il n’y a pas de traité de garantie pour la France. Quant à la démilitarisation, l’occupation est finie en 15 ans, mais après comment peut-on empêcher une grande puissance mondiale de se militariser ? La seule garantie de la France est sa superpuissance militaire. Autre problème : la Sarre, la France y a une revendication territoriale, la France veut l’annexion de la Sarre en s’appuyant sur le fait que la Sarre a été plusieurs fois française notamment dans le traité de Paris en 1814. La Sarre est une énorme mine de charbon et permet de garantir un peu plus la frontière. Les américains et les anglais ne sont pas d’accord. Compromis : la Sarre va sortir du Reich, elle va être détachée de l’Allemagne, administrée par la SDN, la France aura le droit d’exploiter ses mines de Charbon et au bout de 15 ans la SDN organisera un referendum en Sarre et les Sarrois auront le choix entre trois options : devenir français, redevenir allemand, ou rester comme ça. La seule close du traité qu’Hitler a respecté, c’est celle-là, le résultat est 99% pour le rattachement au Reich.

- Troisième problème : les revendications italiennes.

L’Italie réclame des vallées alpines au nord qui sont autrichiennes, le Trentin et le haut de l’Adige. A l’est l’Italie réclame une série de territoires austro-hongrois, comme l’Istrie et la Dalmatie. Ils avancent des arguments historiques et nationaux avec la présence d’italophones dans ces régions-là. Les italiens avant aussi une justification diplomatique, pour convaincre les italiens de rentrer en guerre, les français et les anglais ont fait un accord secret à Londres et ont promis aux italiens tout ce qu’ils voulaient, d’autant plus que cela appartient à l’Autriche-Hongrie qui est ennemie. Les américains apprennent l’existence de ces accords secrets et les rejettent. Il y a un problème diplomatique deuxièmement, l’Autriche-Hongrie a disparu et sur ses ruines il y a des nouveaux Etats. Si on prend la Dalmatie et l’Istrie on doit les prendre à la Yougoslavie qui est alliée. De plus, troisième problème avancé par Wilson, le dossier italien ne tient pas debout, en Istrie il y a 25 OOO italiens et 500 000 slaves slovènes, en Dalmatie il y a quelques petites villes italiennes dans un océan slaves croates. Wilson est d’accord pour les territoires de l’est mais pas sur les autres. La France ne soutient pas l’Italie dans cette affaire. L’Italie obtient que la ville de Triest soit administrée par la SDN. Dans les Alpilles l’Italie est bien servie, car on intègre en Italie des régions où on parle la langue allemande. L’opinion italienne retient ses 700 000 morts et le sentiment d’avoir été trahie, d’une victoire mutilée. L’extrême droite va récupérer ce sentiment pour faire naître le fascisme en Italie. En 1924 l’Italie va occuper Triest et Mussolini va la faire intégrer en Italie. Le règlement de la paix pour l’Italie alimente le fascisme.

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- Autres problèmes

Pour la Pologne, tout le monde s’accorde qu’il faut la faire renaître, oui mais quelles frontières à l’ouest avec l’Allemagne et à l’est avec la Russie ? Avec l’Allemagne c’est compliqué. Le principe est le suivant, le territoire sera donné à la Pologne partout où il y a plus de 65% de polonais avec le critère de la langue. Quant à Dantzig, problème car les 14 points disent qu’il faut recréer la Pologne et il faut lui assurer une façade maritime pour qu’elle soit viable, il faut créer un débouché maritime par Dantzig mais c’est une ville à 90% Allemande. Dantzig devient ville internationale comme Triest, gérée par la SDN.

Autre problème : les Sudètes. C’est une région qui été autrichienne avant 14, dans les montagnes de bohèmes qui est très largement peuplée de germanophones. Une fois que l’empire Austro-Hongrois s’écroule à l’autonome 1918, ces Sudètes se retrouvent dans le nouvel Etat tchécoslovaque et réclament le rattachement à la mère-partie autrichienne, et d’autres à l’Allemagne. La conférence de la paix n’est pas d’accord. Cela créé une bombe à retardement.

L’Autriche dans son ensemble, une fois que l’empire Austro-Hongrois s’est écroulé, l’Autriche devient un tout petit Etat entouré de ses anciens vassaux aujourd’hui plus puissants qu’elle, elle est enclavée, pas de façade maritime, et un Etat dont on peut douter de la survie, 1/3 de la population habite Vienne. En octobre 1918, le plus démocratiquement du monde, une assemblée autrichienne démocratiquement élue vote le rattachement à l’Allemagne, l’anschluss. Wilson ne peut pas refuser, car c’est le cas d’une volonté qui est clairement exprimée, mais Clémenceau n’est pas d’accord car si l’Autriche se rattachait à l’Allemagne elle deviendrait vainqueur de la guerre. L’Italie n’est pas d’accord non plus. C’est une violation du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes au nom des intérêts des grandes puissances, et au final on oblige l’Autriche à être indépendante.

L’Extrême-Orient, on est devant un autre cas de figure, puisqu’il y a un conflit entre la Chine et le Japon qui met aux prises deux vainqueurs. Le japon rentre dans la guerre contre l’Allemagne en 1914, la Chine en 1916.

Les japonais entrent en guerre car ils lorgnent sur les intérêts économiques allemands dans la région Asie pacifique, en Chine (qui n’a jamais été colonisé officiellement du moins mais les occidentaux lui ont imposés une série de traités que les chinois ont toujours considéré comme inégaux qui peuvent porter sur les frontières notamment avec la Russie, avec l’Inde, cela peut aussi être une domination économique). Les japonais veulent récupérer les îles du pacifique colonisées par les allemands comme la Nouvelle-Guinée qui ne représente pas un très grand intérêt économique, mais c’est une raison stratégique, c’est une protection pour une attaque qui viendrait de l’est. En 1915, le Japon présente à la Chine une liste de revendication qui ferait que la Chine serait une colonie japonaise (les 21 demandes). Les Japonais veulent l’application des 21 demandes. La conférence de la paix n’est pas d’accord, pourquoi les chinois devraient supporter le poids de la défaire allemande, car concept de l’égalité des races (peuples).

Les chinois entrent en guerre en 1916 pour contrer le japon et pour récupérer les intérêts allemands à leur profit, chez eux. Les Chinois quittent la conférence, déçue au printemps 1919 et refuse de signer le traité de Versailles.

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II. Les traités

5 traités sont signés :

- Traité de Versailles 28 juin 19 (Allemagne)- Saint Germain le 10 septembre 19 (Autriche)- Traité de Neuilly 27 novembre 19 (Bulgarie)- Traité de Trianon le 4 juin 1920 (Hongrie)- Traité des Sèvres le 11 août 1920 (Empire Ottoman)

1. Le traité de Versailles

Le 6 mai 19 le projet de traité est adopté, les allemands ont alors 15 jours pour faire des observations uniquement écrites car on ne veut pas rentrer dans les négociations orales avec les allemands. Le 29 mai remettent leur texte, refus catégorique des allemands. Trois choses qui choquent profondément les allemands, l’article 231, le fait de retirer les colonies à l’Allemagne, et par rapport aux scissions territoriales la moindre des choses est d’organiser un referendum. Remise en cause du traité par les allemands dans son intégralité. La conférence se réunit en juin et fait une concession : un plébiscite en Haute Silésie. Pour le reste, nous sommes les 17 juin, l’Allemagne a maintenant 7 jours pour signer le traité sans quoi la guerre reprend. Et les allemands ne peuvent plus se défendre car l’armistice signé le 11 novembre a commencé à prendre place et l’Allemagne a déjà commencé à être démilitarisée. Le gouvernement allemand hésite et décide de signer le 28 juin 1919. La cérémonie du traité voulue par la France a été symbolique tout comme le choix de Versailles dans la galerie des glaces, car c’est là que le 18 janvier 1871, l’unité allemande est proclamée par Bismarck.

Les allemands sont abasourdis par le traité. A la fin de 1917, la Russie bolchévique s’écroule littéralement, le 3 mars 1918, à Brent-Vitorsk, la Russie capitule complétement. La Russie abandonne à L’Allemagne trois siècles d’expansion vers l’ouest. La Russie perd la Finlande, les Etats Baltes, toute la Pologne, l’Ukraine et la Bessarabie, la Moldavie (l’URSS a perdu cela à nouveau en 1991). Certains Etats deviennent indépendants comme la Finlande, les Etats Baltes, ou l’Ukraine ou bien son annexés par l’Allemagne. Les Etats indépendants sont occupés par l’Allemagne. Brent-Vitorsk est un triomphe allemand, une victoire historique, les allemands sont à deux doigts de remporter la victoire eu printemps 1918. Quant à l’ouest, le 11 novembre on signe l’armistice, en Allemagne il n’y a pas de destruction ni de soldats alliés et l’armée est toujours debout, elle rentre chez elle, combats terminés. L’armée allemande est accueillie en vainqueur. Alors que l’armée allemande est vraiment brisée. A partir de l’été 1918, Foch lance une série de grandes offensives qui brisent l’armée allemande.

Incompréhension totale des allemands de la défaire, ce qui va être magistralement exploité par les nazis, on va parler d’un coup de poignard dans le dos. On comprend mieux le dilemme Clémenceau/Foch qui ont tous les deux raisons.

Le traité est très dur pour l’Allemagne,

- Clauses territoriales : Allemagne perd 14% de son territoire, 10% de sa population. Elle perd l’Alsace-Loraine, deux petits cantons à la Belgique, une grande partie Brandebourg,

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Basse Silésie pour la Pologne, le Schleswig devient danois ; seule la haute-Silésie a le droit au referendum et reste allemande ; Dantzig retirée du Reich, administrée par la SDN

- Clauses économiques : pleins de clauses. On impose à l’Allemagne un désarmement douanier par exemple, ça veut dire que l’Allemagne n’est plus maîtresse de son commerce, pas de taxe pour les alliés et produits allemands très lourdement taxés à l’exportation. Le Rhin devient un fleuve international. Clauses contradictoires avec la question des réparations.

- Clauses militaires particulièrement dures aussi. Armée allemande limitée à 100 000 hommes sans armement lourd, pas d’Etat-major, contrôle des alliés quant au respect des clauses. La Rhénanie est démilitarisée.

- Les colonies allemandes lui sont retirées et placées sous mandat, gérées par la SDN.

2. Les autres traités

Traités de Saint Germain et de Trianon. L’Empire austro-Hongrois s’écroule tout seul à l’autonome 1918 et ces traités prennent acte de la situation.

L’Autriche perd la Bohème, la région de Cracovie, une partie du Tyrol au profit de l’Italie, la Slovénie devient Yougoslave. Elle devient un Etat de 6 millions d’habitants dont 2 millions à Vienne.

La Hongrie perd la Croatie qui devient une partie de la Yougoslavie, la Transylvanie revient à la Roumanie et la Slovaquie à la Tchécoslovaquie. Il lui reste le tiers du territoire de 1914, pays enclavé. Ajoutons à ça l’interdiction d’Anschluss. Eternel problème de la macédoine entre la Yougoslavie et la Roumanie, on partage moitié moitié. Ville de Teschen revendiquée par deux Etats.

Traité de Neuilly. La Bulgarie perd ce qui lui reste de la Thrace, la Thrace orientale au profit de la Grèce. Du coup, la Bulgarie perd sa façade maritime sur la méditerranée. La Grèce a maintenant une frontière avec la Turquie (guerre en 22-23).

Traité de Sèvres. C’est le traité le plus dur des tous les traités. Les turcs ont le problème d’être dans le collimateur de l’Empire britannique, il s’agit de récupérer des possessions turques pour en faire une région britannique. C’est une véritable humiliation nationale imposée à la Turquie. Toutes les possessions arabes du Moyen-Orient de l’Empire Ottoman lui sont retirées au profit de la SDN. Empire Ottoman limité à la Turquie (Anatolie + petit bout d’Europe). L’Asie Mineure (façade occidentale de la Turquie sur la Mer Egée), il y a à environ 1 millions de grecs qui vivent-là, donc elle devient grecque, on touche au cœur de la Turquie. L’Anatolie est occupée militairement au 2/3 par les troupes françaises, anglaises, italiennes. Le Dodécanèse qui est les îles autour de Rhodes sont données à l’Italie. Ajoutons à cela que le traité de Sèvres prévoit l’indépendance de l’Arménie, ils obtiennent un Etat. L’Allemagne est beaucoup mieux traitée que la Turquie. Cela va provoquer un véritable soulèvement en Turquie, qui engage en 22 une guerre impitoyable contre la Grèce qu’elle gagne à plate couture et le traité de Lausanne en 1923, inverse du moins partiellement le traité de Sèvres, la Turquie récupère l’Asie mineure et déplacement massif de population, 1 millions de grecs doivent tout abandonner. Les 200 000 turcs qui vivent en Thrace sont aussi expulsés.

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III. Une paix imparfaite1. Deux grands absents : l’URSS et les Etats-Unis

Dans le cas Russe c’est voulu, la Russie Bolchévique a été mise au ban des nations, que l’on refuse d’associer à la conférence de la paix. La Russie est plongée dans le chaos, c’est la guerre civile de fin 18 à mars-avril 1920, et elle est rejetée par les occidentaux. Elle fait l’objet d’une hostilité radicale, occupation militaire de la Russie (Anglais au nord, Français au sud qui soutiennent les blancs contre les bolchéviques). Ces troupes sont retirées à l’autonome 1919. L’ostracisme continu contre la Russie, on parle de la peste bolchévique. Toute la paix en Europe de l’est vise à isoler la Russie, on dresse un cordon sanitaire d’Etats violemment anticommunistes et antirusses, comme la Finlande au nord, les Baltes, les Polonais, les Roumains. D’autre part, autre décision de la conférence de la paix, les termes de la paix de Brest-Litovsk sont déclarés nuls. Profitant de la guerre civile, les provinces transcaucasiennes se sont émancipées, principalement la Géorgie, la Tchétchénie et l’Azerbaïdjan.

La nature du régime Bolchévique pose problème. On va donc tenter de l’isoler du reste de l’Europe. Le deuxième facteur qui joue c’est e véritable coup de poignard dans le dos que les bolchéviques ont planté aux français et britanniques en se retirant de la guerre en 1917. Révolution d’octobre (en novembre 17), l’écroulement de l’armée sont des désastres. Paix de Brest-Litovsk, 1918, Lénine signe avec l’Allemagne une paix catastrophique au terme de laquelle la Russie perd toutes ses avancées en Europe (Finlande, Pologne, Ukraine, Moldavie (Bessarabie à l’époque), en échange de quoi la guerre s’arrête et Lénine peut récupérer ses troupes pour la guerre civile. De plus les bolchéviques balancent tous les traités secrets. Que fait-on de Brest-Litovsk un an plus tard ? On décide que les territoires retirés à la Russie par Brest-Litovsk sont confirmées. Dans ces conditions, la Russie va-t-elle accepter ces conditions-là quand elle va se relever dans 10, 15 ou 20 ans ? Le pouvoir Bolchévique se stabilise aux débuts de 1920, il reconnait parmi une série de traités une série d’indépendance comme avec la Finlande, mais en contestant une partie de la frontière. Ils signent également 3 traités avec les pays Baltes. Troisième problème : profitant du chaos qui règne en Russie, il y a une série du sud du Caucase qui se révoltent et qui proclament leur indépendance (républiques transcaucasiennes) ; les soviétiques n’acceptent pas leur indépendance, ils viennent les reconquérir en 1920.

Le vrai problème, c’est la Pologne et l’Ukraine. LA conférence de la paix a reconnu leur indépendance, et là, les bolchéviques n’acceptent pas. Pour l’Ukraine car ils considèrent que c’est une nation Russe, et pour la Pologne c’est pour des raisons plus idéologiques que diplomatiques ; les bolchéviques considèrent jusqu’à Staline que la révolution communiste en Russie est le début de quelque chose et non une fin en soi. La Russie reste un pays majoritairement rural. La révolution bolchévique en Russie on l’accepte mais il faut passer à la deuxième étape, c’est-à-dire qu’il faut créer les ouvriers et les ouvriers sont en Pologne. Il y a pour les bolchéviques un projet d’extension, d’importation de la révolution en Allemagne où il y a une tentative de révolution communiste en 1919 (révolution Spartakiste). Il y aura aussi une tentative de révolution communiste en Hongrie, en France un peu. La troisième internationale est l’Etat-major mondial de la révolution, pour y rentrer y faut remplir les 21 conditions. C’est une doctrine stricte avec une discipline militaire qui doit conduire les peuples à leur révolution. Les Russes veulent donc amener la révolution en Allemagne et pour cela il faut passer par la Pologne. Il y a une autre possibilité, c’est la thèse que développe Trotski, celle d’une révolution mondiale, d’une révolution par la périphérie, en soulevant les pays coloniaux. Premier congrès des peuple opprimés d’Orient, où les bolchéviques ramènent tous les partis, leur

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objectif est de ratisser extrêmement large. La révolution ne peut réussir que par l’exportation, en Russie elle n’a aucun sens. L’exportation de cette révolution va échouer en Europe car l’occident se défend. Lénine meurt, Trotski et Staline se disputent le pouvoir. Mais Trotski s’occupe d’aller exporter la révolution ailleurs. Staline veut la révolution maintenant en Russie, le socialisme dans un seul pays.

De 1919 à 1921 c’est une guerre ouverte entre la Pologne et la Russie Bolchévique. La France a alors un double intérêt à intervenir, le premier est d’ordre idéologique : empêcher l’extension de la révolution, mais aussi la France veut une Pologne forte pour faire un Etat-tampon contre la Russie et l’Allemagne. On envoie une très grosse mission militaire, dont un certain militaire de Gaulles, et dirigé par un certain Weygand. L’armée polonaise bat de façon mémorable l’armée russe, les russes sont vaincus mais les Polonais s’enfoncent en territoire Russe. LA conférence de la paix avait tracé la ligne Curzon et les Polonais s’enfoncent de pratiquement 200 km à l’est de la ligne Curzon. Et lorsque la paix est signée à Riga en mars 1921, la frontière est repoussée à l’est en intégrant des populations pour partie biélorusse, ukrainienne, lituanienne. La Pologne d’entre-deux guerres est un pays où il n’y a pas beaucoup de polonais, c’est une bombe à retardement.

Pour les Etats-Unis c’est le contraire, c’est eux qui ont décidé de tourner le dos à tout ça. Wilson rentre en juillet 1919 avec un sentiment du devoir accompli et là il va se rendre compte que tout n’est pas réglé. La constitution américaine stipule que les traités sont signés par l’exécutif donc le sénat. Wilson est parti 7 mois et quand il rentre il découvre un pays qui a bougé. Au sénat, un groupe d’une vingtaine de sénateurs (sur 100), qui disent qu’ils ne veulent pas de se traiter, ils ne veulent pas se mêler des affaires de l’Europe. Ce qu’ils ne veulent pas surtout c’est la SDN.

Wilson a l’impression que cette paix est sa paix et il refuse toute idée de négociation avec le sénat et il engage une sorte de tournée sur tout le territoire des Etats-Unis sur laquelle il espère convaincre des américains. A ce moment-là la présidentielle se peaufine. Sur ce, coup de théâtre, en août 1919, Wilson est frappé par une thrombose cérébrale, et il est hors-jeu pendant quelques mois. Le sénat finit alors par dire qu’il peut ratifier le traité à une condition, il faut revoir certains articles sur la SDN, sauf que ce traité a déjà été signé donc cela pose un problème d’équilibre. Donc le sénat rejette le traité en novembre 1919. LE président a alors droit à un véto, et un deuxième vote a lieu en mars 1920, et une deuxième fois le sénat rejette le traité de Versailles. Cela a aussi quelque chose de très grave car finalement cette paix a largement été conçu par les américains, d’autre part le Etats-Unis sont la première puissance mondiale. Le rejet par le sénat du traité de Versailles provoque l’annulation des autres traités, du coup l’accord de Clémenceau avec les Etats-Unis et l’Angleterre de la défendre en cas de guerre n’a plus lieu d’être. En 1920 la France est donc seule, pour l’opinion française on a perdu la guerre, on a aucune garantie.

La question des réparations, la question des frontières soviétiques, les problèmes de frontières en Europe centrale, le conflit gréco-turc (qui inverse la nature du traité de Sèvres), la question de l’Istrie (rectification par la force d’un traité).

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La fragile détente des années 20

Les années 20 sont des années complexes. Ce sont les « années folles », plein emploi, très forte croissante (6-7% de croissance par an), les mœurs évoluent, l’aviation fait des progrès spectaculaires. Sur le plan diplomatique c’est un peu plus complexe, le début des années 20 est très difficile, il faut digérer tous ces problèmes. A partir des années 23-24, les choses changent et on a une détente qui se manifeste entre l’Allemagne et la France. Parallèlement la SDN commence à entrer dans son rôle, les relations internationales se détendent aussi. Briand et Stresemann sont deux hommes importants à cette époque-là. Traité de Locarno entre la France et l’Allemagne est une sorte de traité de paix. En 1926, un siège vacant à la SDN et la France propose que l’Allemagne prenne cette place. La même année est signé le cartel franco-allemand de l’acier par lequel ils commencent à mettre en commun l’acier. En 1928 à Genève, Briand propose les Etats-Unis d’Europe. La crise économique vient fracasser tout ça et les logiques d’antagonismes nationaux réapparaissent. En 1933, le chômage en Allemagne est de 43%. Cette crise vient porter en puissance les minorités des partis fascistes. C’est une détente très ambiguë.

I. Un déficit d’après-guerre.II. Limites et ambiguïté de la détente.

I. Un déficit d’après-guerre1. L’empoisonnante question des réparations.

Le traité de Versailles par l’article 231 imposait le principe de la responsabilité juridique et morale de l’Allemagne dans le déclenchement de la guerre ce qui veut dire qu’on peut donc se tourner vers l’Allemagne pour lui réclamer le remboursement de ces dommages. Mais Clémenceau n’a pas chiffré ces dommages. A qui l’Allemagne vas-t-elle payer ? Et comment ? Et combien ?

A la conférence de Spa en avril 1920, on a le partage suivant : la France va avoir à elle seule au moins la moitié des réparations (52%), 22% pour la Grande-Bretagne, Italie 10%, Belgique 8%, puissances balkaniques (6%), Japon (2%). Les américains renoncent à exiger toute réparation. Ils traitent un traité de paix séparé avec l’Allemagne en 1921. Le calcul du montant est à 100% politique. Il y a deux thèses. Pour la thèse française, elle veut le montant maximum car elle est accablée par la guerre et l’opinion française considère que l’Allemagne s’en est très bien sortie et elle doit payer, de plus la France est celle qui a subit plus de dommages. Pour les anglais, ils acceptent le principe des réparations mais pas trop non plus car il ne faut pas trop affaiblir l’Allemagne car porte ouverte au danger bolchévique ou à une hégémonie française en Europe. Keynes (grand économiste du XXème siècle) travaille pour le trésor britannique et est un des experts britanniques lors de la conférence de la paix, ensuite il démissionne du trésor et prend sa liberté de parole et publie un pamphlet en 1919, « les conséquences économiques de la paix » dans lequel il développe la thèse selon laquelle on fait n’importe quoi. On impose à l’Allemagne une paix carthaginoise ce qi va faire écrouler le pays et détruire le régime allemand est le meilleur moyen pour dégouter l’Allemagne de la démocratie. Quant aux allemands, ils estiment qu’il n’y a aucune raison de payer des réparations.

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Sur le chiffrage, on se bat entre français et britanniques. Les chiffres les plus farfelus circulent, les anglais proposent un chiffre autour de 40 milliards de marks or, et les français 250 milliards. Finalement on arrive à la conférence de Londres en mars 1921 à laquelle on arrive au chiffre de 132 milliards de marks or ; c’est une somme énorme. Comment peut-on la mesurer ? Il y a un précédent, le traité de Francfort de 1871 avait imposé à la France l’annexion de la France et de la Lorraine et une sorte de tribu de 5 milliards de francs or, et tant que la France n’avait pas payé, une partie du territoire français été occupé par l’Allemagne et qu’il serait évacué au fur et à mesure que l’amende sera payée. La France a payé très vite, en deux ans, alors qu’elle avait 5 ans. En 1873 Thiers paye par anticipation. Ces 5 milliards de francs représentés un quart du PIB de 1869. Pour l’Allemagne, 132 milliard de marks or représentés trois fois le PIB Allemand de 1913, cela veut dire que proportionnellement c’est 12 fois ce qu’on a demandé de la France en 1871. On peut se demander si l’Allemagne peut payer une somme pareil. D’autant que se pose un deuxième problème, comment payer ? Trois solutions qui sont toutes les trois impossibles :

- L’Allemagne paye en argent, en or. Sauf qu’en Allemagne il n’y a plus un gramme d’or à cause de la guerre qui a été financée avec.

- Solution pratiquée depuis 1919, l’Allemagne paye en nature, elle donne gratuitement ce qu’elle produit, c’est-à-dire du charbon, de l’acier, des produits chimiques essentiellement. Cela est possible deux-trois ans le temps qu’elle se reconstruise un peu, mais les industriels français et britanniques ne sont pas d’accord, soutenus par les syndicats. Le comité des forges, le comité des mines s’y opposent.

- Comment l’Allemagne pourrait-elle se procurer des devises ? En exportant. L’Etat va toucher des taxes douanières etc. et sur le long terme elle va payer, sauf que le traité de Versailles va imposer à l’Allemagne une sorte de dommages douaniers, avec quasi-impossibilité pour l’Allemagne d’exporter.

Un deuxième problème se rajoute. Il faut savoir que les américains ont prêté à leurs alliés une somme de 11 milliards de dollars, principalement aux français et aux anglais, en gros les 60% à la France. Et, les américains à la fin de la guerre disent qu’il faut rembourser cette dette, ce à quoi la France répond que ce n’est pas possible, elle estime qu’elle a payé la peau du sang, et elle dit que si l’Allemagne ne paye pas les réparations, elle se réserve le droit de ne pas rembourser les dettes américaines. La France adopte la clause de sauvegarde, ce dont les américains ne veulent pas entendre parler. Là-dessus les anglais proposent un arrangement à la France : Lloyd Georges propose au début 22, de diminuer de 50% le montant global des réparations en échange de quoi il signe un traité de garantie des frontières. Les français hésitent, Briand au pouvoir à ce moment-là hésite, et est sur le point d’accepter quand il est renversé à l’assemblée par la droite ; Poincaré arrive au pouvoir début 22, c’est un lorrain, et pour lui l’Allemagne paiera et il est prêt à aller jusqu’à l’épreuve de force avec elle. L’Allemagne traverse dans les années 19-20-21 une crise économique sévère, une crise reconversion. A partir de 1922, l’Allemagne s’effondre littéralement dans une crise inflationniste délirante ; l’Etat allemand émet de la monnaie dans des quantités invraisemblables. Cependant dans cette histoire l’Etat allemand est gagnant dans cette situation, il montre qu’il ne peut pas payer les réparations. L’Eta t allemand efface sa dette en ruinant une partie de la population allemande, ce qui est très dangereux et a fait naitre le nazisme. En fin 22, les allemands arrêtent de payer, ils ne peuvent plus, donc Poincaré décide d’occuper la Ruhr. En janvier 1923, l’armée française franchit la frontière et vient occuper la Ruhr ce qui est totalement illégal. Poincaré embarque les belges avec les français, ils sont sous les ordres du général Degoutte, connu pour être difficile. Ils occupent la Ruhr

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sans ménagement, de manière brutale. Cuno appelle à la grève les 150 000 ouvriers de la Ruhr à cesser le travail en les payant. Poincaré expulse 150 000 ouvriers et les remplace par 160 000 français et belges. Là-dessus les anglais vont intervenir et eux et les américains sont effrayés. La situation évolue à l’été 23 alors qu’elle est à son paroxysme au printemps 23. En Allemagne Cuno est renversé en août 23 et il est remplacé par Stresemann avec deux objectifs : rétablir l’Etat financier de l’Allemagne, et discuter avec la France. La position de Poincaré s’assouplit car la situation économique en France n’est guère meilleure et la France a un besoin vital de crédit des Etats Unis, et aussi cette politique intransigeante rend inquiet l’électorat de droite radical. Ca le pousse à plus de coalition. Poincaré accepte en octobre 23 le principe d’intervention selon le plan Dawes. L’équipe de Dawes s’installe à Paris et travailler à pallier le problème des réparations et aussi celui des dettes. En Mai 24 les élections ont lieu en France et la droite perd, arrive au pouvoir des socialistes beaucoup plus pacifistes par rapport à la question allemande, Herriot arrive au pouvoir. Le plan Dawes est adopté en juillet-août 24, et sur certains aspects c’est une sorte de deuxième traité de Versailles. Les banques américaines vont massivement prêter des sous à l’Allemagne et un peu à la France ce qui va permettre de stabiliser la stabilisation de la monnaie engagée par Stresemann, d’ailleurs le Reichsmark est créé en 24. L’Etat allemand peut alors commencer à payer les réparations et la France pourra alors rembourser ses dettes.

Il y a des contreparties pour la France et pour l’Allemagne. La France doit s’engager à évacuer la Ruhr rapidement, à l’été 25 la Ruhr est évacuée. Les alliés n’ont plus aucune confiance en l’Allemagne et donc les banques américaines prennent des gages en Allemagne comme les chemins de fers et une partie de l’industrie lourde, et deuxièmement les alliés imposent à l’Allemagne à la conférence de 24 une sorte d’occupation économique. Un grand banquier américain Baruch, et d’autres s’installent à Berlin et peut valider ou refuser le budget allemand, et il a le pouvoir d’émission monétaire, l’Allemagne perd sa souveraineté économique.

La question des réparations a pratiquement conduit à la guerre. Deuxièmement, cette affaire se dégonfle, elle montre que ni les uns ni les autres n’ont vraiment intérêt à aller jusqu’au bout et c’est l’ouverture à la détente des années 20. Ensuite, l’intervention des anglo-saxons, ce sont eux qui trouvent la solution, cela montre une limite à l’isolationnisme américain. Enfin, cette histoire est très dangereuse car c’est une nouvelle machine infernale qui se met en place, les banques américaines prêtent à court terme (5-6 mois, maximum 1 an). L’argent est prêté à des banques allemandes qui transforment le court terme en moyen terme, elles prêtent aux entreprises donc à moyen terme. Le risque est que quand les banques américaines seront asphyxiées sur leur marché intérieur, comme à partir de 29, elles voudront récupérer leur argent dans les banques allemandes mais elles ne pourront pas donc les banques américaines vont s’écrouler. En 1929, tout ce monde se réunit à la conférence de la Haye en avril, dans un climat d’euphorie, de folie économique, qui adopte le plan Young. Ce plan prévoit que les réparations sont divisées par deux, on maintient le système de prêt, et on étale le remboursement des réparations sur 60 ans (la dernière anuité est prévue pour 1989). Six mois plus tard, tout est par terre avec le crack de Wall Street. On supprime la tutelle qui pesait sur l’économie allemande, et au final on a rien réglé du tout ; 6 mois plus tard la crise et dès 1930 l’Allemagne a pu utiliser la clause qui disait qu’elle pouvait ne pas payer pendant deux fois un an ; le président Hindenburg demande à ne pas payer en 1931.

[Rattrapage le 25 à Saint Charles 10h30-12h – STC OO5 / 3 novembre 16h30-19h3O – H327].

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La question des dettes interalliées : total de 11 milliards de dollars. Le plan Marshall c’est 13 milliards de dollars, on est donc à cette hauteur-là. Pour comparer on peut aussi passer par l’or, à l’époque, 30 dollars valait une once d’or, aujourd’hui on est à 2 000 dollars l’once d’or, il y a donc un rapport de 60, on serait donc équivalent à environ 700 milliards de dollars aujourd’hui. Cette somme est très importante, ce sont pour un quart des prêts publics de l’Etat américain, et les trois autres quarts sont des prêts privés des banques américaines. Cet argent est prêté à l’Etat français soit aux banques qui ont à nouveau prêté cet argent à l’Etat ou à des entreprises ; il y a un mélange de public et de privé. De plus, il y a une espèce d’encastrement des dettes dans les dettes car les crédits américains ont transité par les banques anglaises avant d’être à nouveau prêté à la France. A la fin de la guerre la France est donc endettés vis-à-vis des Etats-Unis mais aussi des banques Anglaises. En France l’impôt finance 16% de la Guerre, 20% en Allemagne et 30% en Angleterre.

En Allemagne c’est un peu différent car elle est endettée vis-à-vis de sa population. Pour la France l’endettement en France a couvert 50% de l’effort de guerre. La différence avec l’Allemagne est que la dette française est une dette mixte, elle est à l’égard de la population française, alors qu’en Allemagne 50% de guerre a été financée par l’emprunt, mais c’est 50% c’est 100% de la dette intérieure. C’est la raison pour laquelle l’Allemagne a intérêt à laisser filer sa monnaie à la fin de la guerre, la dette disparait, et il montre qu’il ne peut pas payer ses réparations. Si la France laisse souler sa monnaie elle efface sa date intérieure mais elle augmente sa dette extérieure qu’il faut rendre en devise.

Là-dessus se greffe un problème diplomatique. Le problème c’est la France, c’est le pays le plus endetté avec une dette complexe, et c’est d’autre part le pays qui a le plus souffert de la guerre. De plus à la fin de la guerre les problèmes financiers continuent, les budgets d’après-guerre sont terriblement déficitaires avec des recettes toujours très faibles, car la production repart lentement, et elle repart d’autant plus lentement qu’il y a des problèmes de reconversion. On a sous-investi pendant la guerre il y a donc un stock de machine qu’il va falloir produire à nouveau. A la fin de la guerre les dépenses demeurent plus élevées que pendant la guerre, l’Etat paye la reconstruction, les pensions à tous les blessés (3 millions) et invalides de guerre (un million), les veuves, les orphelins (1 millions et demi, et jusqu’à leur majorité). L’Etat-providence né par les guerres. La France transforme ses dettes en problème diplomatique, les dirigeants français à la fin de la guerre déclarent que si l’Allemagne ne paie pas les réparations, la France se donne le droit de ne pas payer ses dettes. Les Français demandent aussi un peu de solidarité entre alliés avec leur grand nombre de morts, ils ont payé leur dette par le sang, et la baisse du PIB français profite aux Etats-Unis. Mais c’est compliqué de négocier avec des américains qui considèrent qu’une dette est une dette, ils ne veulent pas entendre parler de cette clause de sauvegarde car ça voudrait dire qu’ils perdent le contrôle de leur dette. Les Etats-Unis sont pourtant prêts à étaler les remboursements et à baisser la créance.

Toute une série d’accord est signée dans les années 1920. Les accords Baldwin/Mellon de 1923 qui réduit la dette française de 30%. En 1926, accord Béranger/Mellon qui réduit la dette française de 40%. Les britanniques acceptent aussi de réduire leurs créances vis-à-vis de la France (60% effacés). Les américains vont donc finir par rentrer dans la question des réparations.

En Avril 29 la conférence de La Haye adopte le plan Young. Les américains vont une clause de sauvegarde à l’envers, si les EUA renoncent à une partie de leurs créances envers la France,

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l’Allemagne pourra d’autant moins payer les réparations à la France. C’est accepter qu’il y ait un lien entre les deux questions mais en gardant le contrôle. On croit la question réglée en 29, sauf qu’en 32 la prospérité s’écroule, la crise économique s’enclenche et frappe directement l’Allemagne. Dès 1930, l’Allemagne demande à ne pas payer la dette pour l’année de 31. Donc en 31 l’Allemagne ne paye pas les réparations alors que la France, elle, paye les dettes. En 32 en Allemagne il y a 7 millions de chômeurs et 43% des allemands au chômage. Et, la conférence de Lausanne en juin 32 pour savoir si l’Allemagne recommence à payer, en 32 il y a des élections présidentielles avec Hindenburg qui est réélu avec des législatives prévues pour octobre 32 mais lors des élections présidentielles, le candidat Adolphe Hitler a su rassembler 32% des voix, on est en pleine dynamique nazie. Les anglo-saxons sont effrayés à l’idée que les nazis puissent arriver au pouvoir, les Américains et les anglais se posent alors la question de tout arrêter au niveau du paiement des réparations. La France est plutôt préserver par la crise économique, elle y rentre que fin 31-début 32 et elle est moins frappée que l’Allemagne. Très forte pression anglo-américaine sur la France pour stopper les réparations. Herriot gouverne la France à ce moment-là, et en juin 32 la France renonce définitivement aux réparations ce qui est une énorme concession française, avant même qu’Hitler soit là. C’est un pan entier du traité de Versailles qui s’effondre avant même que les nazis soient au pouvoir. En décembre 32, le parlement français vote que le reliquat des dettes américaines ne sera pas remboursé, c’est une mesure très importante. De ce fait tous les pays suivent la France et décident qu’ils ne rembourseront pas non plus. L’Amérique est elle aussi au fond du trou avec 35% de taux de chômage, 14 millions de chômeur, en novembre 32 Roosevelt est élu président (il prendra ses fonctions en mars 33). Cela provoque une indignation aux Etats-Unis, l’opinion américaine est scandalisée par cette décision, cela renforce le courant isolationniste. Roosevelt est de plus le président le plus isolationniste, qui fait des lois dites de neutralité, votées par le congrès sous Roosevelt. La loi de Johnson en 34 stipule que tout pays qui n’est pas à jour en remboursement de ses dettes vis-à-vis des Etats-Unis ne peut plus demander à ce qu’on lui prête de l’argent. Ces lois de neutralité visent à empêcher que les Etats-Unis soient impliqués dans un conflit Européen. Une loi interdit à un citoyen américain de monter sur un navire appartenant à un pays en guerre. La loi de 35 interdit toute exportation de produit de guerre, mais même de produits civils à tout pays en guerre, cela sera corrigé en 37 par la loi cash and carry qui dit qu’on peut faire du business avec un pays en guerre mais que du matériel civil mais en payant sans crédit et transportant soit même les marchandises, c’est un aménagement des lois isolationnistes. Le résultat est qu’en 39-40 la France est toute seule, il faudra attende une agression du sol américain pour qu’ils rentrent en guerre.

II. Limites et ambiguïtés de la détente. 1. La SDN et le désarmement

La SDN ne s’est jamais remise de la non-participation américaine, c’est une espèce de faiblesse structurelle qu’elle a porté. Elle est amputée de la première puissance mondiale, ce qui pose problème. Plus généralement, la SDN est handicapée par beaucoup d’absence, comme l’Allemagne, l’Autriche, la Turquie, … Ajouté à cela, le fait qu’à part l’Amérique latine et quelques pays d’Asie, la SDN est quasi-européenne. La SDN ne peut pas apparaître comme un club de vainqueurs européens. Elle tente malgré cela à trouver sa voie aux débuts des années, sur des fronts mineurs elle arrive à avoir des solutions, des arbitrages. Elle partage le Moyen-Orient en mandats de catégorie A entre la France et la Grande Bretagne à la conférence de Sanremo en 20. En 21, elle trouve un compromis entre l’Allemagne et la Pologne pour le partage de la Haut Silésie. En 24, avec

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le traité de Neuilly, elle trouve un compromis entre la Bulgarie et la Roumanie qui sont à nouveau aux bords du conflit. En 1926, c’est le plus beau succès de la SDN de l’entre deux guerres, l’Allemagne rentre à la SDN. Pour être membre de la SDN, il faut être parrainé par un membre de la SDN, c’est la France qui parraine l’Allemagne à la SDN en 1926. Il y a eu de longues négociations entre la France de Briand et l’Allemagne de Stresemann. Succès de la SDN aussi, à partir des années 24, 25, 26, les grands leaders européens, Briand, Stresemann, et les anglais qui se succèdent au gouvernement, commencent à parler de leur opinion à la tribune de la SDN.

Quand on parle d’échec de la SDN, on veut dire qu’il n’y a pas d’accords entre les Etats membres sur les règles élémentaires de sécurité. Protocole de Genève est un texte que s’il était adopté modifierait les statuts de la SDN, la France le soutient avec l’espoir qu’il échoue. Le désarmement, l’arbitrage et la sécurité collective sont les trois questions principales de la SDN. L’idée de Benes est d’aller dans trois directions, de passer du vote à l’unanimité à un vote majoritaire aux deux tiers. Il propose d’autre part de créer une cours permanente d’arbitrage, quant au désarmement, il propose de réunir une grande conférence sur le désarmement. Finalement, le protocole de Genève fut un échec principalement en raison de l’hostilité de la Grande-Bretagne qui est la principale force navale de l’époque, ne veut pas devenir la force navale de la SDN. Il n’y aura pas de réforme des statuts, et la SDN gardera jusqu’à la fin ses statuts.

Pour le désarmement, échec global et très grave car c’était le but primaire de la SDN, elle avait été créée pour cela. Les divergences sont extrêmement profondes sur le fond entre les grandes puissances. Nous avons trois visions différentes du désarmement. Le point de vue britannique : elle n’a plus d’armée de terre mais très grande puissance navale, ils défendent la thèse d’un désarmement terrestre général, ce qui revient à mettre la France dans le collimateur. Le point de vue de la France : elle dit qu’elle veut bien désarmer mais à la condition au préalable qu’on trouve dans le cadre de la SDN un accord général sur la sécurité ; la France met la barre très haut pour que cet accord sur la sécurité soit impossible à réaliser, elle veut une procédure automatique d’arbitrage des conflits, et elle veut imposer une armée permanente ; elle a la même position que lors de la conférence de la paix, l’accord sur la sécurité est impossible à réussir donc pas de désarmement (armée est pratiquement le seul atout de la France dans les années 20). Quant aux allemands, ils veulent le principe de l’égalité juridique, l’égalité des droits, cela veut dire que l’on commence à désarmer quand les autres seront à leur niveau (position irréaliste).

Un accord néanmoins, un accord partiel, l’accord de Washington que le désarmement naval, avec quelques bémols. C’est en dehors du cadre de la SDN, c’est une initiative américaine, ce qui montre une fois de plus les limites de l’isolationnisme américain. En 1921, le président américain Harding invite les grandes puissances à réfléchir à un désarmement naval car c’est ce qui parait le plus simple, et deuxièmement, il lie cette question-là à celle d’Extrême-Orient. La France accepte de participer à cette conférence mais à condition qu’on ne parle que de la question navale et qu’on oublie l’Extrême-Orient. La conférence se déroule de Novembre 21 à Février 22 :

- on décide de définir des équivalences de puissances entre les grandes marines, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, ont le droit à 5, le Japon 3, et la France et l’Italie 1,75.

- Décision de vacances navales pendant 10 ans, pas de programme lourd de construction pendant 10 ans.

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Il y a dans cette affaire deux vainqueurs (les Etats-Unis et la Grande-Bretagne) avec une suprématie navale, et un grand vainqueur qui est la marine américaine, et deux vaincus (France, Japon). Le Japon et la France signent un tel traité car le Japon traverse alors une crise économique à la fin de la guerre, il n’a pas trop le choix puisqu’il a plus que jamais besoin des crédits américains. Quant à la France, elle signe car elle n’a pas le choix vu sa situation financière catastrophique, et d’autre part, le message qui est envoyé aux anglais à Washington, est d’accepter de restreindre la puissance navale, mais en revanche la France demande à ce qu’on ne parle plus de la question du désarmement terrestre. Cet accord est conclu théoriquement pour 50 ans, et il est tenu moins de 10 ans, fin des années 20, on se remet à réarmer. Quant au désarmement général, il ne se passe rien, une conférence va siéger à partir de 1925 à Genève et va siéger pendant 7 ans, et on ne trouve rien, en mai 32, elle jette l’éponge après avoir reconnu le principe des droits de l’Allemagne.

2. Le rapprochement Franco-allemand et ses limites.

On part de très loin entre la France et l’Allemagne, notamment avec le poids de la Grande guerre. Et pourtant, en quelques mois, entre janvier 23 et octobre 25, le climat change brusquement. Et, dès 24-25, on a une détente franco-allemande portée par deux hommes, d’abord Briand pour la France, chez lui il y a une part de sincérité, il devient l’arche-ange de la paix ; il y a aussi du réalisme, il a été ministre des affaires étrangères de Poincaré à partir de 1926, il a cette idée que la France n’a pas les moyens sur la durée d’exercer, d’imposer à l’Allemagne l’application par la force du traité de Versailles car il y a une puissance Allemande qui est là. L’idée est de faire accepter, au moyen de concessions françaises à l’Allemagne, le traité de Versailles, la France reste dans une perspective conservatrice. Du côté Allemand, Gustav Stresemann, il est arrivé à la chancellerie en 1923, de droite, nationaliste ; la position allemande est complexe, fondamentalement, le centre devient révisionniste c’est-à-dire que l’Allemagne n’accepte pas les clauses radicales du Traité de Versailles. Stresemann écrit au Kromping avant d’aller voter les accords de Locarno, dans laquelle il dit que son objectif est la renégociation du traité de Versailles, obtenir la fin des réparations, rectification générale des frontières à l’est, renégociation coloniale. Stresemann engage cette détente avec l’idée d’obtenir une renégociation globale, d’autre part il y a une notion de sincérité, il pense que cela il peut l’obtenir par la négociation, et il est prêt lui aussi à des concessions, il est prêt à reconnaitre les frontières occidentales à la France, et donc la perte de l’Alsace et la Lorraine. Dans son idée, ce règlement doit s’opérer d’ici une trentaine d’années. Ils vont tous deux obtenir le prix Nobel de la paix en 1926, ils ont tous deux une part de sincérité, c’est la raison pour laquelle cette détente marche pendant quelques années jusqu’à la crise économique.

Les accords de Locarno en octobre 1925, c’est le grand traité de la détente des années 20. Cela part d’une initiative de Stresemann qui propose un traité à 4 en février 1925 (France, Italie, Allemagne, Grande-Bretagne), par lequel les quatre grandes puissances renonceraient à la guerre, avec une condition, celle que l’Allemagne rentre à la SDN (demandé par Briand). En octobre 1925 il va y avoir une dizaine d’Etats qui participent à la conférence, et on élargit aussi le thème. Sont également présents les Belges, les Tchèques et les Polonais. Il en sort un traité très important qui est à la fois le principal traité de la détente des années 20 et qui montre les ambiguïtés de cette détente. Premièrement il y a une libre-reconnaissance par l’Allemagne de ses frontières occidentales, avec la France et avec la Belgique, avec une garanti britannique et italienne. De plus, il confirme les zones de démilitarisation en Allemagne, c’est aussi une victoire pour la France car l’Allemagne prend librement cette décision. On associe au traité de Locarno un traité Franco-polonais et un traité Franco-Tchèque.

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L’Allemagne commence à gagner car dans ces traités on n’évoque pas la question des frontières mais par ces traités bilatéraux, la France avec la Pologne, mais aussi avec la Tchécoslovaquie, se promettent mutuellement de porter secours en cas d’agression. Stresemann en revanche, malgré les pressions franco-britanniques, il obtient une grande victoire car à Locarno il n’est pas question des frontières orientale, Locarno ouvre la voie à une future renégociation des frontières orientales. En outre, sur la question de la SDN, l’Allemagne veut bien rentrer dans la SDN mais avec une demande d’un siège de membre permanent à la SDN, Stresemann obtient alors un droit de véto et est traité comme un vainqueur, c’est la seule exigence que la France acceptera. Les deux autres exigences sont inacceptables, l’Allemagne demande un droit aux colonies, et aussi que l’on revienne sur l’article 231 par lequel l’Allemagne est reconnue seule responsable de la guerre. Le compromis est trouvé, l’Allemagne rentre à la SDN en septembre 1926 et devient membre permanent mais elle n’obtient pas les deux autres exigences.

Cela va encore plus loin car au même moment il y a la conférence Thoiry en septembre 1926 avec Briand et Stresemann, et Briand met sur la table, « j’arrête l’occupation de la Rhénanie très vite, je te restitue la Sarre, j’accepte la fin du contrôle français en Allemagne (sur le réarmement), en échange de quoi je te demande de renoncer aux colonies, à me demander de renoncer à la fin des réparations, et demande une compensation financière ». Stresemann hésite puis l’Allemagne refuse, mais on n’est pas passé loin d’un accord presque général sur la question franco-allemande. De plus en automne 1926 sont créés toutes une série d’accords entre deux groupes sidérurgiques, il est prévu que la France s’engage à vendre du fer à un prix tout à fait raisonnable pour l’Allemagne, et pour la sidérurgie la France s’engage à vendre à l’Allemagne des produits plats (produits sidérurgiques semi-finis), le tout dans une espèce de zone de libre-échange de fer et de l’acier.

Cette détente a quand même de grosses limites. Les dirigeants allemands, en même temps qu’ils négocient à l’ouest, ils négocient avec l’ouest. Il y a une sorte de pente qui pousse l’Allemagne et l’URSS à s’entendre tout au long de l’entre-deux guerre. En 1922, un accord s’opère à Rapallo pendant la conférence de Gênes sur la monnaie, et coup de théâtre, les deux bannis de Versailles signent un traité de commerce, et une reconnaissance mutuelle. Derrière cela il y a l’amorce d’un rapprochement entre les deux puissances, avec d’abord des intérêts économiques, l’URSS a besoin de technologies, d’ingénieurs, de produits finis, que l’Allemagne peut lui fournir ; l’Allemagne a besoin de se fournir en matières premières à bas prix qu’elle trouve en URSS. A partir de Rapallo, toute une série d’accords secrets vont être conclus avec les soviétiques et l’Allemagne, qui autorisent l’Allemagne, avec des retombées pour l’URSS, à réarmer clandestinement sur le camp soviétique. L’URSS s’assure au moins un appui en Europe de l’Ouest, et retombées militaires pour l’URSS. La collaboration entre les Etats va loin et sera stoppée par Hitler, jusqu’au pacte de 39 qui reprendre la collaboration économique et militaire entre les deux Etats.

Ce qui est remarquable dans cette détente est un début d’intégration de l’URSS, qui progressivement se normalise. En 24, la France et la Grande-Bretagne reconnaissent le régime soviétique, même si l’Angleterre rompt ses relations avec l’URSS. En 1934, l’URSS est admise au sein de la SDN, c’est la dernière lueur de détente, même si on plus dans la logique fasciste. En décembre 39 l’URSS sera expulsée de la SDN à cause de la Finlande. [Voir Polycopié sur URSS].

FIN SUR POLYCOPIE

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Exemple des relations internationales à travers un exemple régional :

Le Moyen-Orient, à partir de la première guerre mondiale jusqu’au début de la seconde guerre mondiale

La plupart des grands problèmes qui vont se poser dans cette région après la seconde guerre mondiale trouvent leurs racines dans la première partie du siècle.

Moyen-Orient : traduction française de l’anglais middle East, cela désigne une région qui, du fleuve Nil à l’Ouest, au Caucase au nord, à l’Euphrate à l’est, le Golfe persique au sud, est une région de contact entre trois continents, l’Europe, l’Asie, l’Afrique. C’est surtout une plaque de contacts entre plusieurs civilisations, arabo-musulman, turque, le monde iranien, et également l’Europe qui n’est pas loin.

Arabe – Musulman : Tout arabe n’est pas musulman, tout musulman n’est pas arabe, l’écrasante majorité de musulmans ne sont pas arabes. 700 millions de musulmans ne sont pas arabes, ils sont en Indonésie, le Bengladesh, Pakistan, Chine, Egypte. L’écrasante majorité du monde arabe sont musulmans, encore que ils se divisent en sunnite et chiite. Le sunnisme domine très largement dans tout le Maghreb, mais aussi en Egypte, et domine aussi assez largement l’ensemble du Moyen-Orient avec de grandes exceptions. Il y a des endroits chiites, notamment en Irak (1920), qui constituent 60% de la population, c’est le seul pays arabe au sein duquel la population est majoritairement musulmane chiite. Il y a des arabes non-musulmans, des arabes chrétiens, quelques minorités dans deux pays, en Palestine (5% des palestiniens sont chrétiens), mais surtout au Liban (Maronites, environ 50% de la population en 1920). Il y a aussi toute une série de sectes dissidentes de l’Islam, comme les Alaouites en Syrie (environ 15% de la population syrienne), et les Druzzes au Liban. Dans cette région il y a deux très grandes puissance qui sont musulmanes mais pas arabes, le monde turc, et la Perse de l’autre côté de l’Euphrate. L’une des plus vieilles frontières de l’humanité est celle qui oppose un monde perse chiite et de l’autre côté un monde arabe sunnite.

I. La création du Moyen-Orient moderne, de 1900 à 19201. La situation en 1900.

D’un point de vue géopolitique, cette région est dominée par l’empire Ottoman, et en particulier, toute la région au cœur du Moyen-Orient, les actuels Etats d’Arabie-Saoudite, de toutes les principautés qui forment la côté persique, les territoires occupés d’Israël, le Liban, la Syrie, tout cela est dominé par l’Empire Ottoman. Les découpages de provinces de l’Empire Ottoman sont désignés par des mots qui ne reflètent pas ce qu’ils ont aujourd’hui (comme la province d’Irak qui est plus petite que ce qu’elle est aujourd’hui). Cette domination turque est contestée par une série de grandes puissances, pas par la France qui a été très importante au début du siècle, mais après la défaite de 1870 elle a arrêté d’avoir une place importante dans cette région. Il s’agit de l’Angleterre et la Russie. La Russie, il y a deux éléments qui jouent, la vieille tentative d’extensions russes vers les mers du sud, impérialisme russe toujours masqué qui avance derrière la défense des lieux saints, les russes orthodoxes sont bien implantés à Jérusalem avant la guerre de 14. La puissance qui remet fondamentalement l’autorité de l’empire Ottoman dans cette région est la Grande-Bretagne. En 1882, l’Egypte passe sous le contrôle de la Grande-Bretagne, et finalement en 1914, à la veille de la guerre, l’Egypte devient un protectorat anglais ; officiellement ce n’est pas une colonie, le Moyen-

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Orient n’a jamais été colonisé. D’autre part, les anglais contrôlent certaines petites principautés arabes du golfe persique, comme le Koweït. Les raisons qui poussent la Grande-Bretagne à s’intéresser au Moyen-Orient dès avant le début de la première guerre mondiale sont essentiellement des raisons stratégiques et commerciales, le Moyen-Orient est une étape fondamentale vers la route des Indes. Le Canal de Suez représente un tiers du commerce britannique, créé en 1869, financé et construit majoritairement par les français. Jusque vers 1880, la marine britannique reste majoritairement la marine à voile, or pour différentes raisons, il est très compliqué de faire de la marine à voile en Mer rouge, autrement dit il faut attendre que, vers 70-75, la marine à vapeur, au charbon pour que les britanniques s’ intéressent au Canal de Suez qui deviendra leur veine jugulaire. Cela explique le changement d’attitude de la Grande-Bretagne envers l’empire Ottoman.

Dans un premier temps, la Grande-Bretagne a eu comme stratégie de contrôler cette région indirectement, en contrôlant l’empire Ottoman. Or, désormais elle entend contrôler directement cette région ce qui suppose l’élimination de l’empire ottoman. Le deuxième but de guerre de la Grande-Bretagne pendant la première guerre mondiale et la destruction de l’empire ottoman pour des raisons stratégiques et commerciales. La deuxième raison est l’influence d’une troisième grande puissance dans cette région ce qui inquiète les britanniques, il s’agit de l’Allemagne. L’Allemagne, elle, prend la défense de l’empire ottoman et s’allie avec. Bismarck sort du pouvoir en 1890 et le nouveau dirigeant allemand veut mener un politique mondiale (Welt Politic), c’est-à-dire participer à la courses aux colonies, et deuxièmement, il faut être une puissance navale, l’Allemagne se lance dans la construction d’une très grande marine de guerre et de de commerce au début du XXème siècle. Rapprochement entre empire ottoman et Allemagne qui se traduit par une pénétration économique de l’Allemagne au Moyen-Orient extrêmement fort, il y a le Bagdad Bahn, c’est le chemin e fer de Bagdad, c’est le projet pharaonique d’une ligne de chemin de fer qui irait de Berlin à Bagdad en passant par Istanbul. Le deuxième axe est le domaine militaire, l’armée turque à la veille de la première guerre mondiale est une armée reprise en main par l’Allemagne. La Turquie rentre peu à peu dans l’orbite des empires centraux. Cette menace allemande au Moyen-Orient inquiète très fortement les anglais, ce qui renforce leur idée de briser l’empire ottoman. Il y a toute une série de relais britanniques en méditerranée, l’Egypte, Chypre, Malte, Suez, etc.

Le deuxième élément à prendre en compte est la montée des nationalismes qui vient fragiliser cette région et la domination ottomane. Trois grands nationalismes qui s’affirment.

Tout d’abord, le Sionisme, c’est le plus faible des trois grands nationalismes pour l’instant. C’est un mouvement politique qui né en Europe à l’extrême fin du XIXème siècle et qui revendique la création d’un Etat au bénéfice du peuple juif. Le fondateur du sionisme est Théodore Herzel, c’est un grand journaliste hongrois et de profession juive, mais installé à Viennes. Ce grand journaliste est envoyé en France suivre l’affaire Dreyfus. A l’origine, Herzel fait partie de ces familles juives austro-hongroises qui sont à demi-coupés du judaïsme. Lorsqu’il publie en 1896 l’Etat des juifs à Viennes en Allemand, il est pris pour un fou. L’affaire Dreyfus est le déclic, et le processus intellectuel qui l’a poussé à oublier la vocation, et il veut affirmer qu’ils sont un peuple juif. Si la France est le premier pays à émanciper les juifs, si dans ce pays-là, l’antisémitisme se déchaine cela veut dire qu’il y a un immense danger pour les juifs en Europe. Conséquence, la question juive dit qu’Herzel l’a mal posée, il faut poser la question en tant que nation. Pour Herzel, si tout peuple a le droit à avoir un Etat, et tout pays à avoir un Etat, il demande pourquoi lui ne pourrait pas avoir un Etat ?

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En 1897, Herzel réunit à Bales le premier congrès juif qui est une organisation mondiale qui rassemble toutes les milieux juifs. Pour montrer qu’il est laïc, Herzel produit de construire le pays juif, il renonce à la Palestine. Il y a deux projets, la Patagonie, l’argentine ou l’Ethiopie. Malgré la réunion de ce premier Congrès juif à Bales, certains sont choqués par les caractéristiques laïques du projet Herzélien, il y a aussi une opposition des communautés juives de l’Ouest. Malgré cette double opposition, et en jouant sur les deux tableaux, le mouvement sionisme prend peu à peu racine et dès 1901 le mouvement sionisme se recentre sur la Palestine.

Au lendemain du congrès de Bales, le sionisme se met en place, les gros bataillons du sionisme sont l’Europe orientale. Les pères fondateurs d’Israël viennent d’Europe orientale. Dès les années 1900 c’est vers la terre de David que l’on se tourne. Des premières implantations se font jour avec le soutien de l’OSN. Les premiers pas du sionisme sont modestes, il y a un problème de relations internationales, c’est une synthèse de l’idéologie minoritaire européenne, du courant démocratique européen, et enfin c’est un idéal socialiste. Le sionisme est la dernière grande utopie du XIXème siècle. Le Kibboutz est la ferme autogérée, le travail de la terre a été interdit aux juifs, on peut alors parler de régénération de l’homme juif en bâtissant un Etat juif, mais aussi en revenant au travail de la terre. Il y a deux problèmes qui expliquent la faiblesse du tout premier sionisme. A l’époque la Palestine est turque, elle est peu peuplée mais elle n’est pas vide ; le problème est l’empire ottoman qui donne les visas et il est très perplexe devant cette idée, cela embête les arabes ce qui est positif mais d’un autre côté ce sont des juifs européens qui débarquent, il donne donc quelques visas mais très peu. En 1909 est fondée Tel-Aviv, c’est une colonie urbaine, fondée juste à côté de la vile de Jaffa (au nord) avec à peu près 80 000 juifs qui y vivent. Le deuxième problème est que les sionistes sont partagés entre eux, avec une hésitation fondamentale : quel camp choisir ? L’Allemagne avec les empires centraux, qui sont en bonnes relations avec les turques, puissance militaire dominante, beaucoup de juifs viennent de là, et de l’autre côté il y a des juifs occidentaux avec la puissance britannique ; le projet est une enclave sioniste au Moyen-Orient protégée par les britanniques. A la veille de la guerre une petite majorité se dégage en faveur des anglais. Le chef du sionisme à la veille de la guerre est britannique, c’est Weizmann.

PARTIEL LE 9 DECEMBRE, MEMES HORAIRES

PAS COURS LE 18 DECEMBRE : RATTRAPAGE SAMEDI 26 NOVEMBRE 9H30 – 12h30.

Le troisième acteur est la montée du nationalisme arabe au début du XXème siècle. Il s’exprime de deux façons, en premier courant traditionnaliste qui s’appuie essentiellement sur l’Islam, qui est violemment anti-occidental avec un rejet des valeurs de l’occident mais aussi rejet de l’occident en tant que puissance impérialiste. Ce courant est plutôt minoritaire. L’autre nationalisme arabe est un nationalisme « moderniste », il revendique la modernité de l’occident avec les valeurs démocratiques, la rationalité, la laïcité. Il part du fait qu’il y a un déclin du monde arabe et qu’il faut réveiller ce monde arabe. Le baasisme (1943) est le parfait représentant de ce nationalisme modernisateur. Ce nouveau nationalisme arabe connait un début de structuration dans les années 1910, années où est fondé à Damas le mouvement Jeune Arabe qui est une des toutes premières expressions de ce nationalisme. Ce premier nationalisme arabe revendique le réveil et l’émancipation de la nation arabe, ce nationalisme arabe est panarabe ce qui signifie qu’il prétend émanciper la nation arabe dans son ensemble, et ce contre deux cibles, d’abord l’Empire Ottoman qui contrôle le Moyen-Orient mis à part l’Egypte. Le mouvement des jeunes arabes est une alliance de jeunes

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syriens qui s’allient pour demander l’émancipation du monde arabe par rapport à l’empire ottoman. Le mouvement jeune turc est un mouvement nationaliste dans l’empire Ottoman qui éclate en 1908 et prend le pouvoir à Istanbul la même année ; les élites turques constatent la décadence de l’Empire ottoman, c’est un mouvement de rénovation de l’empire ottoman, volonté de redressement de l’empire ottoman en prenant modèle sur l’Occident ; c’est aussi l’expression d’un nationalisme turc exclusif. On assiste alors à une politique de turquisation à l’égard des minorités arabes, politique de durcissement. En Egypte, les choses sont différentes, il y a l’apparition de partis politiques nationalistes contre les anglais.

Il faut aussi tenir compte le rôle de grandes familles princières arabes, en particulier celle des Hachémites qui va être appelé un rôle essentiel dans la région. La grande famille rivale des Hachémites est celle des Séoudites. Les Hachémites descendent en ligne directe du prophète et à ce titre là ils sont gardiens des deux des trois lieux saints, Médine et la Mecque, ce qui donne à cette famille une autorité religieuse particulière. Dans l’empire ottoman, l’autorité religieuse suprême est détenue pourtant par Sultan/Califat. Les Hachémites sont à la jonction des deux nationalismes arabes, avec Hussein le père et un de ses fils Faysal qui est membre de Jeune Arabe. Hussein et l’empire britanniques sont fait pour s’entendre, ils ont un ennemi commun, l’Empire Ottoman, les anglais vont jouer la carte des Hachémites dans la première guerre mondiale.

2. Les promesses contradictoires de la première guerre mondiale.

L’un des buts de guerre centraux de l’empire britannique est la destruction de l’empire ottoman pour contrôler directement le Moyen-Orient. Le Moyen-Orient est zone de guerre, on se bat au nord dans le Caucase avec une guerre entre russes et turques, avec le génocide arménien ; au sud-ouest, aux confins de la Palestine et de l’Egypte, l’enjeu de cette guerre est le comportement des tribus bédouines ; à l’est, aux confins de l’Iran et de l’Irak. Les anglais ont longtemps piétiné.

Deuxièmement, il y a tout un jeu de manœuvres des britanniques qui visent à fragiliser la position turque, et pour cela les anglais vont promettre tout et n’importe quoi à tout le monde. Les anglais ont fait trois promesses contradictoires, à l’origine des problèmes du Moyen-Orient, promesses hiérarchisées. Les britanniques ont fait des promesses aux sionistes, aux arabes, aux français.

La première promesse, la seule qu’ils ont à peu près respectée, est celle faite aux français aux accords Sykes-Picot, en 1916, qui sont secrets et qui prévoient un partage du Moyen-Orient à deux selon des intérêts purement impérialistes ; le nord aux français, ce qui correspond aujourd’hui à la Syrie et au nord de l’Irak, avec une vieille installation en Syrie et le pétrole à Mossoul, les anglais se prennent tout le reste, leur intérêt est le contrôle des trois mers. On prévoit que les russes auront un contrôle sur l’Arménie. Un an plus tard, les accords de Saint Jean de Maurienne d’Avril 1917, secrets, prévoient que dans les dépouilles de l’Empire Ottoman on donnera à l’Italie les Dodécanèse qui correspond aux douze îles autour de Rhodes. Cela pose le problème du rapport de force franco-britannique et aussi celui du refus des Etats-Unis quand ils apprennent ces accords. [Voir dossier].

Deuxième promesse, faites aux arabes, appelés les accords Hussein-Mc Mahon (responsable des forces britanniques du Moyen-Orient), en juillet 1915. [Voir dossier P.2]. En échange du soulèvement des tribus arabes bédouines contre l’Empire Ottoman, on les arme et à la fin de la

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guerre un grand royaume arabe avec à sa tête la famille Hachémite ; le problème est que l’on a oublié la carte, rien n’est clair, on repousse les frontières de ce royaume arabe à la conférence de la paix.

La troisième promesse faite aux sionistes. En novembre 1917, Lord Balfour, écrit à Lord Rothschild [voir dossier, p.4], la lettre est publiée dans la presse ; rien n’est clair dans cette lettre mais en même temps c’est un acte politique fondamental. La date donne l’explication, on est en novembre 1917 et l’entente est en train de perdre la guerre, avec la catastrophe du chemin des Dames, il s’en suit la crise des mutineries, l’armée italienne craque, remontée du pacifisme, révolution russe. L’armée russe disparait avec un million de déserteurs, la Russie n’est plus une puissance militaire ; on va alors vers un immense succès allemand à l’est.

Ces trois promesses forment dès la fin de la guerre une hiérarchie. Cette question est réglée à la conférence de la paix, et à la conférence de San Remo en avril 20 et Traité de Sèvres en août 1920. Impossible de tenir les trois promesses, de plus le rapport de force évolue. A la conférence de la paix on est en février 1919 et entre temps, les anglais ont gagné la guerre tout seul, ils occupent militairement le terrain. A la conférence de la paix, Lloyd Georges explique à Clémenceau qu’il n’aura pas Mossoul, rectification de Sykes-Picot. Le deuxième problème est l’immixtion des américains dans une question qui dépasse le Moyen-Orient mais qui s’étend au règlement colonial. Il s’agit de retirer au vaincu toutes ses colonies, mais aussi de détruire l’Empire Ottoman et de retirer les provinces arabes à ce qui était l’empire ottoman.

Les mandats est la solution de compromis entre la vision impérialiste franco-britannique et l’idée anticolonialiste. C’est à la fois une remise en cause très profonde de la colonisation, mais c’est en même temps l’apogée de ces empires coloniaux. On considère qu’on a à faire à des peuples qui ont des droits, et il n’est pas question de les considérer comme des choses ; on les confit à la SDN qui devient alors la puissance souveraine. Une puissance mandataire au nom et sous le contrôle de la SDN. Localement les peuples reçoivent le droit de pétition. Il y a là un basculement politique très profond. Cette théorie des mandats, en même temps elle sacralise les empires coloniaux. Les puissances mandataires sont la Grande Bretagne, la France, le Japon. La commission des mandats est faible car son vice fondamental est formé de fonctionnaires de la SDN, elle n’a donc pratiquement aucune autorité. La pratique des mandats, reprend paradoxalement la distinction entre les peuples qui est un principe du colonialisme. Il y a trois types de mandats, de catégorie A, B et C qui renvoient à des peuples différents que l’on ne traite pas de la même façon. Catégorie A, ce sont les peuples les plus évolués : les peuples arabes du Moyen-Orient, on est dans une logique d’émancipation. Catégorie B, ce sont les peuples africains des anciennes colonies allemandes d’Afrique, l’ancien Tanganyika allemand dont le mandat est confié à l’empire britannique, deux petites possessions allemandes, le Burundi et le Rwanda, confiés à la Belgique, ce qui renforce la présence Belge au Congo. La catégorie C concerne des peuples ou des régions qui sont supposés totalement incapables de s’administrer par eux-mêmes, soit qu’il s’agisse de région vide, soit de peuples primitifs ; cela concerne l’actuel Namibie, Sud-Ouest africain confié à l’Union Sud-Africaine qui est un dominion britannique et non un Etat souverain, il y a aussi les anciennes possessions allemandes du pacifique dont le partage s’opère entre le Japon (pour les possessions au nord de l’équateur), et au sud du pacifique, l’empire britannique à travers ses dominions. Théoriquement la charte des mandats interdisait la militarisation des mandats.

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Une fois ces principes posés, il faut discuter le partage, à la conférence de San Remo en Avril 1920 on opère le partage. On reprend Sykes-Picot, corrigé par la conférence de la paix, et la SDN partage le Moyen-Orient en trois mandants ; un mandat français en Syrie, nord-ouest du Moyen-Orient, et au sud et au sud-est deux mandats britanniques avec en Irak une pure construction impérialiste, et en Jordanie à l’Ouest qui va jusqu’à la méditerranée. Mais deux ans plus tard, en 1922, les anglais font de leurs deux mandats, trois mandats, en partageant la Jordanie en deux (P.3 du dossier), selon la frontière qui passe sur le Jourdain, a l’est c’est la Palestine mandataire et à l’ouest la Transjordanie. En 23, les français font la même chose, ils font d’un mandat deux mandats, et le petit Liban est dissocié du reste de la Syrie, car il y a une arrière-pensée. L’installation en Syrie se fait par la guerre pour chasser Faysal de Syrie. Au Liban il y a une minorité Maronite qui est des arabes chrétiens qui a été persécuté souvent par les musulmans et la France est régulièrement intervenue avec une arrière-pensée. Ces maronites ont une tradition de francophilie, et francophonie. En 23, le Moyen-Orient moderne est né sur ses bases globalement impérialistes.

3. L’évolution du Moyen-Orient durant l’entre-deux guerres

Durant l’entre-deux guerres, on peut se demander qu’est-ce que devient la promesse faite aux arabes et l’opposition de la voix française face à la voix anglaise.

Les anglais ne peuvent pas complétement oublier leur promesse, car 100 millions d’arabes vivent-là, il faut mettre des formes. D’abord les anglais vont créer deux petits royaumes arabes, l’Irak et la Transjordanie avec les deux fils Hachémites installés au trône de chacun des deux royaumes. Au sud des mandats, il y a la péninsule arabique qui est en pleine guerre civile entre les Hachémites et les Séoudites, les anglais soutiennent les Hachémites mais prudemment, c’est la guerre Hedjaz entre 1920 et 1927. Du coup, Ibd Seoud, le chef des Séoudites, se tourne aussi vers les anglais, et puis vers un peu tout le monde. Au terme de 6 ans de guerre, en 1926, Ibd Seoud l’emporte et les Hachémites perdent le contrôle des deux lieux saints. Ibd Seoud se tourne vers les américains, et plutôt les compagnies pétrolières américaines, dès les années 20, l’Arabie Saoudite est formée dès 1927.

Au Moyen-Orient, on peut opposer la politique anglaise et la politique française. La politique anglaise est intelligente et cynique, alors que la politique française est moins intelligente. Le politique anglaise joue le jeu des mandats ; l’Irak devient indépendant, indépendance juridique oui mais après c’est plus compliqué. La richesse de l’Irak est le pétrole qui avant la guerre était sous une compagnie aux capitaux allemands qui sont retirés et passe sous le contrôle des britanniques avec opposition des français et américains. En 24 on opère une sorte de partage des pétroles irakiens avec 45% pour les britanniques, 25% pour les français qui créent à l’occasion la compagnie française de pétrole, 25% pour un consortium de compagnies américaines, et 5% pour le gouvernement Irakien. En Egypte, c’est le même schéma, encore plus compliqué ; il y a un puissant parti politique, le Wafd qui conteste la domination britannique mais qui n’a rien contre l’occident. Dès 1922, le protectorat est levé, on créé un roi d’Egypte, Fouad. En août 36, un traité est signé entre l’Egypte et la Grande-Bretagne et prévoit l’indépendance totale de l’Egypte. Mais en même temps indépendance en trompe l’œil avec trois restrictions : 98% des capitaux du Canal de Suez entre français et anglais. Deuxièmement, la région du canal est extraterritoriale, elle n’appartient pas à l’Egypte, contrôlé par les anglais. De plus, la Grande-Bretagne conserve ses bases militaires en Egypte. Quatrième clause, l’accord franco-égyptien, prévoit qu’en cas de guerre, la Grande-Bretagne peut rétablie provisoirement la domination sur l’Egypte. L’Emirat de Transjordanie a une autonomie interne quasi-complète, sous le

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gouvernement d’Abdellah, mais son armée est sous le contrôle de la Grande-Bretagne, seule armée d’élite formée de cavaliers et de soldats.