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Rapport de recherche
Des femmes hors de l’ordinaire!
Les représentations du leadership des Mauriciennes d’influence
Présenté à la Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM)
Par Mireille Lalancette, professeure en communication sociale,
Avec la collaboration de
Mélissa Doucet, assistante de recherche en communication sociale
Avril 2014
© Mireille Lalancette
2
Crédits
Rédaction :
Mireille Lalancette, professeure en communication sociale, Université du Québec à Trois-Rivières
Collaboration à la recherche :
Mélissa Doucet, candidate à la maîtrise en lettres (mémoire en communication sociale) et auxiliaire de recherche, Université du Québec à Trois-Rivières.
Ce projet de recherche a été réalisé grâce à une commandite de recherche versée par la Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM). Ces fonds ont été obtenus grâce à la contribution financière de la CRÉ Mauricie, du Forum jeunesse Mauricie (FJM), du ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire (MAMROT) ainsi que du Secrétariat à la condition féminine (SCF) dans le cadre d’une entente spécifique régionale en matière d’égalité entre les femmes et les hommes.
3
Résumé
Ce rapport présente les résultats d’un projet de recherche au sujet du leadership féminin. Il a été
réalisé en 2013-2014 grâce à une commandite de recherche versée par la Table de concertation
du mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM). Ces fonds ont été obtenus grâce à la
contribution financière de la CRÉ Mauricie, du Forum jeunesse Mauricie (FJM), du MAMROT
ainsi que du Secrétariat à la condition féminine (SCF) dans le cadre d’une entente spécifique
régionale en matière d’égalité entre les femmes et les hommes.
Le projet de recherche vise à mettre de l’avant la construction discursive des femmes leaders par
le biais de l’analyse des dossiers de candidature (N=47) du concours Mauriciennes d’influence,
un concours biennal qui récompense une femme faisant une différence dans la région en
occupant par exemple des postes dans des instances décisionnelles ou en faisant de la politique.
La représentation du leadership de ces actrices dans le quotidien régional Le Nouvelliste est
également analysée et discutée.
C’est plus spécifiquement par le biais d’une analyse qualitative et quantitative des dossiers de
candidature Mauriciennes d’influence doublée d’une analyse de certains articles publiés au sujet
de ces femmes dans le quotidien régional Le Nouvelliste que nous identifions les composantes de
l’éthos discursif (Amossy 2010) et faisons des liens avec les éléments du leadership de
Northouse (2009) ainsi qu’avec les recherches scientifiques au sujet des femmes politiques et des
médias. Nous verrons qu’afin de faire la promotion de leur candidature, les femmes mettent
l’accent sur leurs réalisations professionnelles et leurs implications sociales. Les analyses
montrent qu’elles sont actrices du changement et pratiquent un leadership axé à la fois sur la
tâche et sur la relation. Nos analyses mettent aussi en lumière que les enjeux économiques
prennent moins de place que les enjeux sociaux. De plus, contrairement à nos attentes, les
femmes mettent peu l’accent sur le leadership participatif; un type de leadership auquel elles sont
souvent associées. Nous verrons également que les candidates au titre de Mauricienne
d’influence sont dépeintes comme des pionnières et des éclaireuses. Ce sont des femmes qui ont
dû faire leur place et ont ainsi appris à s’imposer dans un monde d’hommes. De différentes
manières, que ce soit en étant élues à différents conseils d’administration ou bien en organisant
des activités et en mettant en place des structures nouvelles, elles pavent ainsi la voie pour les
4
autres. Nous illustrerons que le leadership qu’elles pratiquent est sociétal; c’est-à-dire qu’elles
exercent leur pouvoir «avec» les gens qui les entourent (Blanc et Cuerrier, 2007). Enfin, nous
mettrons en lumière les défis de la conciliation travail-famille-implication. En effet, même si ce
n’était pas un élément d’évaluation, l’importance de la vie familiale est au cœur des portraits.
Dans plusieurs dossiers, il est question du difficile équilibre entre la vie familiale, leur travail et
leurs implications. Ces différents résultats sont finalement tour à tour discutés en fonction des
écrits sur le leadership et le genre (Dolan 2005, Devitt 2002, Eagly 2007, par exemple) et mis en
perspective avec les travaux portant sur les représentations des femmes leaders dans les médias.
Des pistes et questions de recherche soulevées par ce travail seront également présentées.
5
Table des matières
Crédits ............................................................................................................................................ 2
Résumé ........................................................................................................................................... 3
Table des matières ......................................................................................................................... 5
Liste des tableaux et figures ......................................................................................................... 7
Mise en contexte ............................................................................................................................ 8
Introduction : Le leadership féminin ........................................................................................ 10 Le plafond de verre ............................................................................................................................... 11
Les caractéristiques du leadership féminin dans la littérature .............................................. 13
Le leadership des femmes politiques dans les médias ............................................................. 15
Les Mauriciennes d’influence : des femmes leaders ! .............................................................. 17
Le corpus...................................................................................................................................... 20 Les dossiers de candidature au concours Mauriciennes d’influence ................................................ 20 Les Mauriciennes d’influence dans le quotidien Le Nouvelliste ........................................................ 21
La méthodologie de l’étude du leadership des Mauriciennes d’influence .............................. 22 La grille d’analyse ................................................................................................................................. 23 Les éléments du leadership ................................................................................................................... 23 Le cadrage en fonction du genre .......................................................................................................... 24
Portrait général des Mauriciennes d’influence ......................................................................... 25
Des femmes d’exception ! Analyse des éléments du leadership .............................................. 25 La définition du leadership : des femmes compétentes et actrices du changement ........................ 26 Le leadership et la marche à suivre pour atteindre les buts .............................................................. 29 Les valeurs éthiques des leaders : des femmes de qualité .................................................................. 30 L’orientation du leader : la tâche et la relation au cœur des préoccupations ................................. 32 Les effets du leader dans l’organisation : construire en équipe ........................................................ 33
Le cadrage en fonction du genre ................................................................................................ 34
Des leaders impliquées socialement ........................................................................................... 36 Des femmes au parcours exceptionnel ................................................................................................. 37 La vie familiale une scène incontournable .......................................................................................... 38
Les Mauriciennes d’influence dans le Nouvelliste .................................................................... 40 Un portrait positif de ces femmes d’influence .................................................................................... 40
Conclusion ................................................................................................................................... 43
6
Références .................................................................................................................................... 46
Annexe 1 : Grille d'analyse ........................................................................................................ 52
Annexe 2: Liste des candidates aux concours Mauricienne d’influence 2010 et 2012 .......... 63
7
Liste des tableaux et figures
Tableau 1 : La définition du leadership ....................................................................................................... 26
Tableau 2 : Le leadership et la marche à suivre pour atteindre les buts ...................................................... 30
Tableau 3 : Les valeurs éthiques des leaders ............................................................................................... 31
Tableau 4 : Orientation du leader ................................................................................................................ 32
Tableau 5 : Les effets du leader dans l’organisation ................................................................................... 34
Tableau 6 : Cadrage en fonction du genre ................................................................................................... 35
Tableau 7 : Scènes de performances mises en scène dans les dossiers Mauriciennes d’influence ............. 37
8
Mise en contexte
En décembre 2006, le gouvernement québécois lançait une nouvelle politique en matière
d’égalité entre les hommes et les femmes. Cette politique intitulée Pour que l’égalité de droit
devienne une égalité de fait est assortie d’un Plan d’Action 2007-2010. Parmi les six orientations
clés de cette politique, on retrouve celle d’une plus grande participation des femmes aux
instances de pouvoir (orientation 6). « Le partage du pouvoir entre les femmes et les hommes
[étant] une question de santé démocratique » (p. 116). Cette orientation s’accompagne de deux
objectifs 1) viser la parité de représentation dans les lieux de pouvoir, 2) promouvoir l’égalité
entre les femmes et les hommes dans la gouvernance locale et régionale ainsi que d’une variété
de mesures allant de la sensibilisation, à l’étude des besoins spécifiques des femmes, au maintien
du programme À égalité pour décider. Ce dernier lancé en 1999, «permet de soutenir des projets
menés par des organismes à but non lucratif et qui ont pour objet de favoriser l’augmentation du
nombre de femmes occupant des postes de décision dans les instances locales et régionales» (p.
122).
Dans la lignée de ces initiatives, et plus de dix ans après la mise en place du programme À
égalité pour décider, un projet de recherche divisé en deux volets a vu le jour. Ce projet vise à
mieux comprendre la perception des femmes leaders en Maurice. Le premier volet vise
à identifier les représentations des femmes leaders dans le discours du quotidien régional Le
Nouvelliste et à partir des archives des concours Mauriciennes d’influence (éditions 2010 et
2012). Le second volet visera à identifier comment les femmes leaders se représentent le
leadership et l’implication politique grâce à des entrevues semi-dirigées avec certaines d’entre
elles. Il sera réalisé en 2014-2015. C’est donc le premier volet qui est l’objet du présent rapport.
Dans cette première recherche, nous avons privilégié une méthode mixte d’analyse de contenu de
ces dossiers et des articles de presse. L’analyse quantitative vise à faire ressortir les principales
tendances du point de vue de la représentation du leadership ainsi que du cadrage du genre.
Tandis que l’analyse qualitative discute et met en lumière les différentes façons d’argumenter les
qualités et le parcours des candidates.
9
Ce rapport comprend cinq grandes parties. Dans un premier temps, nous discuterons du
leadership féminin, de ses différents enjeux ainsi que de la manière dont il est envisagé dans la
littérature. Dans un second temps, nous présenterons la recherche à propos des Mauriciennes
d’influence en dérivant le concours, ses caractéristiques et en expliquant pourquoi il est un lieu
privilégié permettant de mieux comprendre le leadership des femmes de la région. Dans un
troisième temps, nous décrirons la méthodologie privilégiée pour analyser les dossiers ainsi que
la sélection des textes pertinents publiés dans le quotidien Le Nouvelliste à propos de ces femmes
leaders. Dans un quatrième temps, nous dresserons le portrait de ces femmes en débutant par les
caractéristiques du leadership, puis celles du cadrage du genre. Ce portrait sera d’abord celui des
dossiers de candidature, puis celui du quotidien Le Nouvelliste. Dans les deux cas, nous mettrons
en dialogue le portrait statistique des dossiers avec des extraits qualitatifs tirés des dossiers et des
articles analysés. Cela nous permettra d’apprécier les efforts mis par les différentes personnes
lors des mises en candidature pour faire la promotion de ces femmes d’exception. Enfin, dans un
cinquième et dernier temps, nous discuterons de ces résultats et comment ils informent la
représentation du leadership des femmes de la Mauricie.
Rappelons que ce projet a été rendu possible grâce à une commandite de recherche versée par la
Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM). Ces fonds ont été
obtenus grâce à la contribution financière de la CRÉ Mauricie, du Forum jeunesse Mauricie
(FJM), du MAMROT ainsi que du Secrétariat à la condition féminine (SCF) dans le cadre d’une
entente spécifique régionale en matière d’égalité entre les femmes et les hommes. Nous
remercions ces différents organismes pour la confiance qu’ils nous ont accordée lors de la
réalisation de ce projet.
10
« Les conditions de vie des femmes s’amélioreront dès lors qu’elles seront plus nombreuses à détenir le pouvoir et donner voix aux préoccupations de leurs consœurs » (Sheryl Sandberg, 2013, p. 25).
Introduction : Le leadership féminin
Les femmes sont de plus en plus nombreuses à occuper des postes de pouvoir ainsi qu’à diriger
des entreprises. Au moment d’écrire ce rapport et réaliser cette recherche1, six provinces
canadiennes étaient dirigées par des femmes premières ministres; Pauline Marois au Québec,
Christy Clark en Colombie-Britannique, Kathleen Wynne en Ontario, Eva Aariak au Nunavut,
Kathy Dunderdale dirigeait Terre-Neuve-et-Labrador, Alison Redford l’Alberta. Néanmoins en
quelques mois, elles ne sont plus que trois alors que Kathy Dunderdale a donné sa démission en
janvier 2014, Alison Redford a fait de même en mars 2014. Pauline Marois a, quant à elle, perdu
les élections d’avril 2014 quittant ainsi 30 ans de vie politique. Notons que Eva Aariak ne se
représentera pas aux prochaines élections. Il ne restera ainsi plus que deux femmes pour inspirer
tout un pays.
Par ailleurs, au Québec, plusieurs institutions ont à leur tête des femmes. Pensons ici à Monique
F. Leroux, présidente et chef de la direction du Mouvement des caisses Desjardins, Jacynthe
Côté, chef de la direction de Rio Tinto Alcan. Chez nos voisins américains, Hillary Clinton et
Condoleezza Rice ont été toutes deux Secrétaires d'État. Dans le monde des affaires, Sheryl
Sandberg, directrice d’exploitation de Facebook, a été nommée en 2013 parmi les femmes les
plus puissantes du monde par le magazine étasunien Forbes. Ces quelques exemples servent à
illustrer à quel point les choses ont changé depuis que Marie-Claire Kirkland-Casgrain, première
femme élue députée au Québec, a fait son entrée à l’Assemblée nationale. Les femmes de tous
les âges ont maintenant une variété de modèles auxquels s’identifier.
1 La recherche a débuté en janvier 2013 et le rapport a été remis à la fin d’avril 2014.
11
Néanmoins, même si les femmes sont de plus en plus nombreuses aujourd’hui dans les instances
décisionnelles, dans les conseils d’administration et dans les universités (nous reviendrons plus
précisément sur ces éléments un peu plus loin), l’équilibre entre les genres n’est pas encore
atteint. La publication récente de deux ouvrages écrits par des femmes renommées : Sheryl
Sandberg (dont il était question au paragraphe précédent) et Monique Jérôme-Forget, ancienne
ministre et députée pour le Parti libéral du Québec peut être vue comme un cri du cœur visant à
changer les perceptions au sujet du leadership féminin. Chacune à leur manière, elles cherchaient
à encourager les femmes à viser les hautes sphères du pouvoir. Dans leurs ouvrages respectifs,
En avant toutes ! Les femmes, le travail et le pouvoir2 et Les femmes au secours de l’économie,
Sandberg et Jérôme-Forget enjoignent autant les femmes à foncer que les industries et la société
à modifier leurs pratiques et leur regard envers les femmes leaders afin de profiter de la richesse
qu’elles peuvent apporter aux organisations.
Le plafond de verre
Alors qu’il n’y a jamais eu autant de femmes ministres, députés, premières ministres, directrices
d’entreprises, on peut se demander pourquoi Sandberg et Jérôme-Forget ont senti le besoin de
s’exprimer sur ce sujet, de publier un livre et susciter débats et discussions. Dans leurs ouvrages,
elles discutent notamment du plafond de verre et du fait qu’il reste «du chemin à faire » afin que
les femmes occupent le haut de la pyramide. L’expression «plafond de verre», traduction de
glass ceiling, est utilisée pour discuter des difficultés des femmes à accéder au sommet de leur
profession (Jérôme-Forget, 2012 : 12). Malgré le fait que les femmes québécoises sont plus
nombreuses que les hommes à fréquenter l’université et ont plus de succès au premier et au
deuxième cycles universitaires (ministère de l’Éducation du Loisir et du Sport, 2010 ; Turcotte,
2011), cette réalité ne se matérialise par sur le marché du travail. En effet, «[s]eulement 6,1 %
des grandes entreprises canadiennes sont dirigées par une femme, une proportion décevante,
mais semblable à celle des autres pays industrialisés», constate Monique Jérôme-Forget (2012 :
13). Plus précisément, en 2008, le taux d’obtention de grades universitaires au Québec, selon le
sexe, était au baccalauréat de 25,3% pour les hommes et 40,3 % pour les femmes, à la maîtrise ce
2 Traduction de Lean in: Woman, work, and the will to lead publié en 2013 chez Alfred Knopf.
12
taux était de 9,3% pour les hommes et de 9,9% pour les femmes, tandis qu’au doctorat ce taux
passait de 1,6 % pour les hommes à 1,4% pour les femmes (Jérôme-Forget, 2012 : 24).
Avec autant de femmes obtenant un baccalauréat, «le Québec est alors en tête du peloton des
sociétés industrialisées où la scolarisation universitaire des femmes est la plus avancée, avec le
Danemark, les États-Unis, les Pays-Bas, la Suède et le reste du Canada, notamment» (Ibid).
Néanmoins, des écarts demeurent tant du point de vue des salaires que de la composition des
conseils d’administration. Au Québec, les femmes ne composent que 10,3% des conseils
d’administration (Ibid, p. 41)3. D’après une enquête menée en 2008 par le Conseil du statut de la
femme auprès des 100 plus grandes entreprises commerciales, les femmes occuperaient 15,6 %
des conseils d’administration. Elles sont plus présentes dans le secteur des soins de la santé et
des services sociaux (33,3%), celui de la fabrication alimentaire et vestimentaire (21,7%), en
finance et assurances (21,1%) ainsi que dans l’industrie de l’information et de la culture (20%)
(Ibid, p. 43).
Comment expliquer cette sous-représentation ? En politique, par exemple, les recherches offrent
des explications à cette sous-représentation, en montrant que les femmes n’avaient pas le
parcours typique pour occuper ces postes (de l’expérience dans le monde des affaires et/ou en
dans le milieu du droit). Les études illustrent aussi les barrières structurelles du côté des partis
politiques (Thomas et Bodet, 2013). À ce propos, les femmes ont longtemps été écartées des
lieux de pouvoir ou des instances décisionnelles (par exemple dans les conseils
d’administration), comme le rappelle Pauline Marois dans la préface du livre : Le mentorat en
politique auprès des femmes. Un mode d’accompagnement prometteur.
Dans la lignée de ces propos, dans une entrevue donnée à La Presse+, Caroline St-Hilaire,
mairesse de la ville de Longueuil et seule femme à diriger une grande ville du Québec, disait :
« Les femmes ont de la misère avec le pouvoir ». Elle expliquait notamment qu’elle avait du mal
à en recruter pour de postes importants à la Ville ou pour les convaincre de se présenter comme
conseillères. «Les femmes ont peur de ne pas être à la hauteur, peur de ne pas le mériter»,
ajoutait-elle, «pourtant, le pouvoir, c’est le pouvoir de faire des choses extraordinaires » (Lortie,
3 Soulignons ici les efforts d’organismes tel que le Groupe Femmes, Politique et Démocratie afin d’assurer une représentation paritaire dans les instances de gestion et de pouvoir.
13
Marie-Claude, 2013, écran 9). Cela rejoint les propos de chercheurs4 qui estiment que c’est
plutôt de la socialisation des filles qui expliquerait en partie ces écarts. En socialisant les jeunes
filles de manière différente, ce ne sont pas les attitudes de leadership qui sont mis de l’avant.
«Parce qu’on attend des hommes et des femmes qu’ils se conforment aux rôles traditionnels – les
femmes prenant soin de la famille et les hommes étant les soutiens de famille – l’idée qu’une
femme puisse occuper un poste de pouvoir semble inconcevable», expliquent Fox et Lawless
(2011 : 60, traduction libre). Ces chercheurs illustrent d’ailleurs que les femmes sous-évaluent
leurs compétences et leur efficacité personnelle (self-efficacy) lorsqu’il est question de briguer un
poste de pouvoir; à compétences égales, les femmes s’évaluent plus sévèrement. Pour Fox et
Lawless (2011), « la barrière la plus fondamentale pour les femmes reste celle de la socialisation
des genres et les attentes liées à celle-ci » (p. 60, notre traduction). Pour eux, comme le
leadership est souvent présenté comme étant masculin, on enseigne par la socialisation aux
hommes à développer des attitudes utiles pour faire leur autopromotion comme la confiance et
l’affirmation de soi, tandis que les attitudes culturelles envers les femmes suggèrent, parfois de
façon subtile, qu’il est souvent inapproprié ou non-désirable qu’elles possèdent ces
caractéristiques (Ibid). Sheryl Sandberg raconte d’ailleurs que dès l’enfance, par différents
moyens dont les taquineries négatives, son entêtement, sa détermination et son côté directif
étaient quasi-systématiquement remis en cause. Ainsi, la socialisation joue un rôle clé dans la
perception qu’ont les femmes d’elles-mêmes et de leur potentiel à assumer leur leadership.
Les caractéristiques du leadership féminin dans la littérature
La question du leadership féminin reste donc une question à documenter. Lorsque l’on consulte
la littérature scientifique à ce sujet, un premier constat émerge : le leadership féminin reste défini
et construit selon un modèle masculin. Le leadership réfère à une connotation universelle ou se
rencontrent les notions d’expérience personnelle, d’intuition et des qualités humaines propres
aux leaders, comme l’intégrité, l’intelligence, le charisme, la passion et le courage (Lafortune,
Deschênes, Williamson et Provencher, 2008; Eagly, 2007). Le leadership féminin est ainsi 4 Notons que des journalistes réfléchissent aussi à cette question. À titre d’exemple, l’ouvrage de Peggy Orenstein intitulé Cinderella Ate My Daughter: Dispatches from the Front Lines of the New Girlie-Girl Culture (New York, Harper Perennial) discute abondamment de cette question. Ce livre, un succès de librairie, a d’ailleurs été réimprimé en 2012.
14
souvent opposé au leadership masculin, le premier serait plus relationnel, le second plus axé sur
la tâche (Blanc et Cuerrier, 2007, Dolan, 2005; Devitt, 2002; Eagly et Johnson, 1990 ; Eagly,
2007 ; Jamieson 1985).
D’après Blanc et Cuerrier (2007), ce qui caractérise le parcours des femmes est notamment une
forte interrelation entre les différentes sphères de leur vie - personnelle, sociale, familiale et
professionnelle. La sphère personnelle est liée aux valeurs, aux croyances, à la personnalité et
aux intérêts. La sphère sociale «englobe les relations interpersonnelles, d’amour et d’amitié, et
les engagements communautaires, culturels et sociaux» (Blanc et Cuerrier, 2007 : 30). Tandis
que la sphère familiale regroupe les relations avec la famille proche ou élargie. Enfin, la sphère
professionnelle est reliée au travail. Les décisions de carrière des femmes seront réalisées en
fonction de l’évaluation des impacts potentiels sur les obligations familiales, sociales et
personnelles. Selon les moments de leur vie, ces sphères occuperont une place plus importante.
Par exemple, une femme avec des enfants en bas âge accordera une grande importance à
l’éducation et au soin de ceux-ci. Le cheminement et l’identité des femmes seraient caractérisés
par une forte dimension relationnelle. «Dans les différentes sphères de leur vie, les femmes se
soucient d’être en lien, en relation. Leur développement s’effectue souvent à travers les liens
qu’elles entretiennent avec les personnes significatives dans leur vie» (Blanc et Cuerrier, 2007 :
32). Dans cette optique, l’importance de la dimension relationnelle influencera les projets
d’avenir des femmes autant sur le plan personnel que professionnel. «Ainsi, lorsqu’elles
définissent leurs priorités et qu’elles choisissent leur forme d’engagement, les femmes tiennent
compte des milieux humains dans lesquels elles évolueront et des gens significatifs qui les
entourent» (Ibid : 32-33). Le choix de s’engager dans la communauté, bénévolement ou non, sera
fait en fonction de ces variables. Par exemple, les femmes sont réputées pour s’interroger
longuement avant de s’engager en politique. Elles se demanderont notamment si cette
opportunité pourrait nuire à l’équilibre famille/travail et/ou si cela arrive à un bon moment dans
leur vie. Tout comme Blanc et Cuerrier (2007), Maisonneuve (2004 : 84) observe que « les
femmes s’impliquent dans les instances lorsque leur situation de vie, liée à leur âge, les dégage
en partie de leurs responsabilités de mère, épouse et principale responsable des tâches liées à la
scène privée ».
15
Cet intérêt pour la relation teinterait également la façon dont les femmes exerceraient leur
pouvoir. Leur leadership serait plus axé sur la participation et centré sur la collaboration.
« Quand elles se retrouvent en situation d’exercer du leadership, elles agiraient plutôt dans une
perspective “sociétale”, ayant à cœur d’exercer le “pouvoir de” et le “pouvoir avec” plutôt que le
“pouvoir sur”» (Blanc et Cuerrier, 2007 : 40). Tel qu’expliqué plus haut, il demeure cependant
que les attentes envers les femmes en lien avec les comportements qu’elles doivent adopter
demeurent ancrées dans les rôles traditionnels (Eagly, 2007 : 2). Les femmes font ainsi face à
une forme de double contrainte liée aux stéréotypes culturels (Eagly et Carli, 2004 ; Jamieson,
1995). On s’attend à ce qu’elles travaillent en équipe en raison des attentes liées au rôle du genre
féminin. En même temps, elles doivent performer en tant que leader tout en faisant preuve de
fermeté et en étant directives lorsque nécessaire.
Le leadership des femmes politiques dans les médias
Ces attentes se retrouvent également dans les études au sujet des femmes leaders dans les
médias. Parmi ces recherches, mentionnons celles au sujet des femmes politiques. Celles-ci
permettent d’étudier comment les stéréotypes de genre sont mobilisés comme le milieu politique
peut être considéré comme un bastion masculin. Comme le soulignent Bereni et coll. (2008),
« [d]ans les pays occidentaux, les partis politiques ont émergé et se sont structurés à une période
où les femmes étaient le plus souvent formellement exclues de l'espace politique. L'engagement
des femmes dans les partis était alors considéré comme une transgression de leur rôle de sexe »
(p. 159). Tel que le soulignent Mottier, Sgier et Ballmer-Cao (2000), les acteurs politiques sont
implicitement représentés comme des hommes suivant les normes masculines imposées par le
genre. En outre, Gidengil et Everitt (2000) démontrent qu’aussitôt que les femmes politiques
adoptent des comportements plus masculins elles reçoivent une attention médiatique démesurée.
Par exemple, les femmes ministres doivent justifier systématiquement leurs décisions alors que
les hommes occupant un poste similaire n’ont pas à justifier leurs choix. Selon Tremblay (2008),
« [l]’électorat se sert de stéréotypes féminins et masculins [véhiculés par les médias et dans la
socialisation] pour évaluer les compétences des femmes et des hommes en politique » (p. 62). À
ce propos, Matamoros (2010) note que « la conquête du pouvoir est rarement envisagée comme
gracieuse pour les femmes. Les premières femmes leaders étaient considérées si inhabituelles
16
que les femmes étaient associées à des qualités masculines ou bien aux métaux » [traduction
libre] (p. 325). Pensons ici à Margareth Thatcher baptisée la «Dame de fer», tandis qu’au Québec
Pauline Marois recevait en 2012 le titre de «Dame de béton».
De nombreuses chercheures féministes ont porté leur attention sur les représentations
médiatiques des femmes politiques (par exemple, Ross, 1995; Trimble, 2005; Van Acker, 2003
et Van Zoonen, 1998, 2005 et 2006), ou sur les spécificités du discours politique féminin
(Jamieson, 1988; Reiser, 2009; Parry-Giles et Parry-Giles, 1996). Outre le fait de représenter les
femmes comme des outsiders du monde politique (Norris, 1996), les politiciennes seraient aussi
davantage dépeintes selon les stéréotypes du genre (notamment, Van Acker, 2003; Van Zoonen,
2006; Bashevkin, 2009a, 2009b). Dans la lignée de ces propos, plusieurs études illustrent que
l’évaluation des acteurs politique se fait à partir des représentations du leadership (Fridkin-Kahn,
1996 ; Heldman, Carroll et Olson, 2005), représentations qui sont pour nous construites selon les
normes liées au genre. C’est ce que démontrent Carroll et Fox (2006) qui illustrent qu’on attend
des leaders qu’ils soient «forts, dominants et sûrs d’eux-mêmes» (p. 3). Des qualités plus souvent
associées aux hommes qu’aux femmes dans la culture nord-américaine. Norris (1996), quant à
elle, explique que lorsque les femmes font de la politique, on s’attend à ce qu’elles soient plus
«douces», «accommodantes», axées sur la coopération et la collaboration plutôt que la
hiérarchie, et aussi qu’elles soient plus honnêtes.
Ces attentes se répercutent dans la couverture médiatique des candidates lors des campagnes
électorales ainsi que lorsque les femmes sont élues (à titre de mairesses, députées, représentantes
au Congrès ou au Sénat aux États-Unis ou bien à titre de premières ministres ou présidentes). Par
exemple, Kahn (1996) illustre que même si les femmes candidates utilisent des traits masculins
lorsqu’elles communiquent avec leur électorat, les journalistes utilisent tout de même des traits
féminins comme la compassion ou l’honnêteté quand ils décrivent celles-ci. Van Zoonen (1998,
2006) démontre, quant à elle, que les performances politiques des femmes sont souvent jugées en
fonction de leur vie privée. Ces femmes ne devant pas négliger leur rôle de mère et d’épouse.
Des études récentes font écho à ce constat (Lemarier-Saulnier et Lalancette, 2012; Lalancette et
Lemarier-Saulnier, 2013; Trimble, Treiberg et Girard, 2010, notamment). Ces recherches
illustrent que les discours médiatiques mettent beaucoup d’accent sur la féminité des différentes
17
politiciennes. Tandis que leur genre5 et la situation exceptionnelle de leur parcours étaient
systématiquement mis de l’avant. Par ailleurs, leurs succès politiques seront mis en parallèle
avec leurs échecs dans leur vie personnelle (Lemarier-Saulnier et Lalancette, 2012 ; Lalancette et
al. à paraître en 2014).
Dans une optique apparentée, Lawrence et Rose (2010) ont documenté le caractère sexiste de la
couverture des médias traditionnels et sociaux lors de la course à l’investiture du Parti démocrate
menée par Hillary Clinton en 2008. Cette façon de présenter les femmes politiques, et plus
spécifiquement ces références à la vie privée, féminise ces candidates politiques et les renvoie à
la sphère domestique, laquelle est étrangère à la vie publique et politique (Heldman, Carroll et
Olson, 2005; Lawrence et Rose, 2010 ; Trimble, Trieberg et Girard, 2010; Robinson et Saint-
Jean, 1991; Trimble, 2007). Ce constat est également fait par d’autres chercheurs qui ont étudié
la couverture médiatique des femmes politiques. Un phénomène similaire s’applique lorsqu’il est
question de Sheila Copps, de Pauline Marois, de Flora MacDonald ou d’Audrey McLaughlin
dans les médias. Bashevkin (2009a) illustre que leur apparence, leur âge et leur façon de
défendre leurs idées étaient souvent au cœur des reportages.
Les Mauriciennes d’influence : des femmes leaders !
Il y a donc lieu de se demander comment les femmes considérées comme des leaders se
présenteront-elles ou bien seront-elles présentées par leur entourage ? Afin de répondre à cette
question, nous avons analysé le contenu des dossiers de candidature soumis lors de deux
concours Mauriciennes d’influence. Au total, 47 candidatures ont été présentées aux concours
2010 et 2012. Les différents dossiers, présentés par la candidate elle-même ou bien une personne
de son entourage, comprenaient un texte à propos candidate ainsi que différentes pièces venaient
appuyer ce document (en grande partie des articles de journaux).
5 Notons que dans la lignée de travaux précédents, nous envisageons le genre comme un « processus structurant et impliqué dans la création des normes sociales», normes qui viennent aussi expliquer pourquoi le leadership est souvent considéré comme étant masculin (Lemarier-Saulnier et Lalancette, 2012 : 462).
18
Comme ce concours constituait un contexte où il est question de célébrer le leadership féminin,
d’honorer les femmes d’influence, il représentait un lieu unique afin d’étudier la construction
discursive du leadership ou l’éthos discursif, selon Amossy (2010). C’est-à-dire comment ces
femmes ou les personnes de leur entourage argumenteront les caractéristiques de leur leadership.
Le corpus est ici unique comme il s’agit de produire un dossier de candidature où la gestion des
impressions est névralgique. L’objectif étant de remporter le concours et d’être sacrée
Mauricienne de la décennie, Mauricienne de la relève ou bien Mauricienne d’influence pour
l’année 2012. Il s’agit ainsi de mettre en scène et d’argumenter les raisons qui justifient ce titre.
Le texte se doit d’être efficace, de faire la démonstration du caractère exceptionnel de la
candidate afin de persuader le jury. Le concours Mauriciennes d’influence est cependant balisé
par un critère : celui de l’implication sociale. Les Mauriciennes devaient dans leur dossier de
candidature répondre à plusieurs questions spécifiques :
1. À quel titre, combien de temps et dans quelle organisation siège la candidate? 2. Quelles sont les réalisations ou les actions qui témoignent des qualités de femme
d’influence de la candidate? Et quels sont les embûches et obstacles les plus marquants rencontrés?
3. Quelles sont les répercussions de son implication dans les lieux de pouvoir? Qu’est-ce que cette femme a apporté ou apporte à l’organisation?
4. En quoi la candidate est-elle un modèle, une femme d’influence dans son secteur d’activités? Une agente de changement ou une source d’inspiration et de motivation pour son entourage et particulièrement pour les femmes de la Mauricie?
Les candidates pouvaient également inclure un curriculum vitae et une revue de presse. Ces
éléments étaient cependant facultatifs. Le dossier seul pouvait faire foi de preuve. Les
candidatures étaient ensuite jugées selon la pertinence des défis relevés, l’impact de la candidate
dans le milieu, l’impact de cette dernière dans une instance de pouvoir ainsi que l’inspiration
positive pour d’autres femmes de la Mauricie.
L’intérêt de cette recherche se situe donc du côté de la perception des habiletés de leadership.
Les femmes qui auront soumis leur candidature ou bien qui auront été mises en candidature se
perçoivent ou sont perçues comme des leaders dans leur communauté. Quelle est alors leur
vision du leadership ? Comment leur candidature sera-t-elle mise en valeur et argumentée? Quels
19
éléments du leadership seront mis de l’avant? Ce leadership sera-t-il construit autour d’attributs
dits plus masculins ou bien sera-t-il plus près du leadership dit féminin ?
Nos analyses permettront ainsi de caractériser les formes de leadership dans le cadre du concours
Mauriciennes d’influence. Ce faisant, nous aurons accès à la façon de concevoir le leadership de
ces femmes et de l’entourage qui a soumis leur candidature. Ce corpus est riche et inédit comme
il est rare que ce type de documents soit accessible. Rappelons que nous avons obtenu cet accès
par le biais d’une commandite de recherche offerte par la Table de concertation du mouvement
des femmes en Mauricie (TCMFM) qui organise le concours. Autrement, et tel que démontré
précédemment, les représentations des femmes leaders seront surtout médiatiques, par le biais de
portraits réalisés au sujet de ces femmes lorsqu’elles sont nommées personnalités de la semaine
par exemple. Sinon, les biographies ou autobiographies de femmes qui ont œuvré dans le monde
politique ou des affaires peuvent nous informer sur leur vision du leadership, leur parcours et les
défis qu’elles auront surmontés. C’est pour cela qu’une autre partie du projet a été mise en place.
Cette dernière, plus qualitative cette fois, illustrera comment les médias ont présenté ces femmes
leaders. Nous pourrons ainsi apprécier les différences entre un discours construit et visant la
gestion des impressions et un «discours rapporté6» par les médias.
Rappelons que dans ce rapport c’est la construction d’une image de leader à travers leur dossier
de candidature Mauriciennes d’influence qui nous intéresse. Nous avons également étudié la
représentation médiatique de certaines d’entre elles dans le quotidien Le Nouvelliste. Pour ce
faire, nous prenons appui sur deux concepts clés : le leadership et le cadrage en fonction du
genre.
La méthodologie utilisée pour analyser ces différents discours sera décrite dans la prochaine
partie de ce rapport. Nous présenterons notre corpus. Il sera également question de nos analyses
de contenu qualitatives et quantitatives ainsi que de notre grille d’analyse. Par la suite, nous
dévoilerons les résultats de ces analyses.
6 Le terme discours rapporté réfère aux propos qui ne sont pas directement énoncé par les candidates.
20
Le corpus
Le corpus de recherche est composé de deux grands types de documents. Les premiers sont les
dossiers de candidature des différentes femmes aux concours Mauriciennes d’influence. Le
second type de document regroupe une sélection de textes et d’articles publiés dans le quotidien
Le Nouvelliste au sujet de ces femmes. Les deux corpus sont décrits ci-après.
Les dossiers de candidature au concours Mauriciennes d’influence
La Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM) a mis sur pied un
projet s’intitulant Mauriciennes d’influence afin de diffuser l’idée de la parité femme-homme
dans les différents types d’organisations décisionnelles (Site web de la TCMFM, 2013). De ce
projet naît le concours Mauriciennes d’influence qui vise à récompenser l’implication de
certaines femmes qui ont fait une différence dans leur communauté en occupant par exemple des
postes dans des instances décisionnelles ou en faisant de la politique (Site web des Mauriciennes
d’influence, 2013).
Au cours de cette recherche, nous nous sommes penchées sur les représentations de soi en lien
avec le leadership des candidates du concours Mauriciennes d'influence ainsi que sur leur
représentation à travers leur dossier de candidature. Nous comptons 47 candidatures pour les
deux différentes éditions du concours (voir annexe 2 pour la liste complète des candidates).
Le premier concours en 2010 était divisé en deux volets : Mauricienne d’influence de la
décennie ainsi que Mauricienne d’influence de la relève. Quant à l’édition de 2012, les
candidates devaient soumettre leur candidature dans l’une des catégories suivantes :
1. Art - culture - loisir - tourisme – sport 2. Éducation 3. Environnement - agriculture –agroalimentation 4. Politique 5. Santé-services sociaux-communautaire-économie sociale
21
Afin de standardiser la catégorisation des deux éditions dans le but de comparer les différents
résultats, nous avons utilisé les catégories de l’édition de 2012 pour classer celles de l’édition de
2010.
En 2010, les gagnantes étaient France Beaulieu, comme Mauricienne d’influence de la
décennie et Karine Provencher comme Mauricienne d’influence de la relève. En 2012, Carole
Beaudry a remporté le prix Mauricienne d’influence dans la catégorie santé, services sociaux,
communautaire et économie sociale, Liette L. Lafontaine dans celle art, culture, loisir, tourisme
et sport, Marie-Christine Brière, était Mauricienne pour l’environnement, l’agriculture et
l’agroalimentation, Line Pilote pour la catégorie politique alors que Nancy Sabourin remportait
le Grand prix Mauricienne d'influence et que Valérie Lupien, celui de la relève Mauricienne
d'influence.
La forme prise par le dossier était celle d’un récit qui décrivait ces femmes. Ce récit prend
souvent une forme impersonnelle et est ainsi extérieure à la candidate. Par exemple, il sera
question de «Madame Y», de «Y qui possède telle qualité». Cette façon de faire laissait entendre
qu’une tierce personne présentait la candidature de ces femmes. Néanmoins, dans certains cas le
dossier était présenté au «je7». Ce sont alors les femmes qui décrivaient leurs propres réalisations
et argumentaient le bien-fondé de leur candidature. Bien que certains concours ne le permettent
pas, notons qu’il était possible de présenter sa propre candidature à ce concours qu’elle soit écrite
au «je» ou au «elle».
Les Mauriciennes d’influence dans le quotidien Le Nouvelliste
Pour le corpus de presse, nous avons utilisé la base de données Eureka.cc8 pour nous procurer les
articles de journaux concernant les candidates. Étant donné le caractère régional du concours,
nous avons utilisé les paramètres de recherche avancés pour sélectionner toutes les archives du
7 Notons que cette forme de présentation était plutôt rare. 8Eureka.ccest une base de données utilisée pour rechercher des textes médiatiques (journaux, revues, télévisions, radios, etc.).
22
quotidien régional Le Nouvelliste pour chacune des candidates (n=449). Nous avons dû effectuer
une première sélection dans le but de créer notre corpus exhaustif et de s’assurer que les articles
retenus portaient bien sur les candidates. De ce corpus, nous avons sélectionné les articles de
type portrait, ce qui correspond à notre « premier » corpus de travail. Ce type d’article répond
spécifiquement au concept de notre grille d’analyse. Mentionnons que certaines candidates n’ont
pas reçu de couverture médiatique correspondant à notre critère de sélection principal. Au total,
nous avons analysé 86 articles du quotidien régional Le Nouvelliste publiés entre le 23 janvier
1999 et le 21 juin 2013.
Il faut cependant noter que nous sommes conscientes que les deux types de textes ont des
objectifs différents. Les dossiers visant à gagner le concours tandis que les articles sont liés à
l’actualité régionale et possèdent ainsi une dimension plus factuelle très typique des textes
journalistiques. Nous avons aussi analysé les textes des sections «Points de vue» et «Opinions»,
comme ceux-ci sont choisis par le quotidien et sont habituellement consultés par de nombreux
lecteurs. C’est notamment lorsqu’elles étaient présentées comme une «Tête d’affiche» du journal
que les descriptions étaient les plus riches. Ce texte de type portrait se prête bien à des
descriptions faisant ressortir les qualités des personnes concernées par cet honneur.
La méthodologie de l’étude du leadership des Mauriciennes d’influence
Afin de comprendre comment le leadership est discursivement construit dans les dossiers de
candidature par les femmes elles-mêmes ou par leur entourage, nous avons réalisé une analyse de
contenu quantitative et qualitative des différents dossiers. L’analyse quantitative nous permet de
décrire les éléments du leadership les plus récurrents dans les dossiers. Elle nous permettra de
comparer et d’évaluer le poids relatif de certains de ces éléments.
C’est par le biais d’une grille quantitative portant sur le leadership et le cadrage en fonction du
genre que nous mesurions la présence ou l’absence d’indicateurs (voir annexe 1 grille d’analyse
9 Nous comptons au total 44 candidates. De ce nombre, Il y a trois femmes qui ont soumis leur dossier de candidature aux deux éditions. Nous n’avons pas séparé la couverture médiatique de ces trois femmes, mais nous avons pris chacun de leur dossier de candidature séparément. C’est ce qui explique la différence entre le nombre de dossier et le nombre de candidates.
23
et la description des indicateurs). Grâce à l’analyse qualitative, nous jetterons un regard sur les
différentes significations et sur l’argumentation utilisée pour mettre en valeur la candidature.
La grille d’analyse
Pour réaliser notre analyse de contenu10 des dossiers de candidature concernant les candidates
des concours Mauriciennes d’influence de 2010 et 2012, nous avons créé une grille d’analyse
permettant de mesurer le leadership et le cadrage en fonction du genre. Chacun des concepts a
été divisé en catégories (7) et en indicateurs (30). La procédure de codage consiste à identifier la
présence d’unités de sens, c’est-à-dire les extraits en lien avec les indicateurs, pour ensuite
présenter l'extrait en question. Pour assurer la standardisation du codage, il est primordial de
définir les indicateurs. Comme nous l’avons annoncé précédemment, les deux concepts seront
présentés ci-après.
Les éléments du leadership
La grille d’analyse du leadership s’appuie sur les notions du leadership de Northouse (2009).
Plus spécifiquement, nous nous intéressons aux différentes conceptions du leadership. Le
leadership peut ainsi être lié : 1) aux traits de caractère; 2) aux habiletés; 3) aux compétences; 4)
aux comportements ou bien aux 5) relations que la personne maintient avec son entourage et les
membres de son équipe, s’il y a lieu. Dans un premier temps, les traits de caractère sont
envisagés comme ayant une influence sur la manière dont la personne exercera son leadership.
Certains traits, comme le fait d’être sociale ou extravertie pourraient alors être mis de l’avant.
Dans un second temps, le leadership peut être décrit comme étant inné. La personne sera alors
présentée comme possédant une habileté naturelle à diriger. Dans un troisième temps, le
leadership peut reposer sur des compétences. Il est alors question d’un savoir-faire particulier.
Par exemple, être champion du consensus pourrait être envisagé comme une aptitude de leader.
Dans un quatrième temps, le leadership peut-être lié à un comportement; être une personne à
l’écoute des autres par exemple.
10 Par le biais de plusieurs rencontres entre la chercheure principale du projet et l’assistante de recherche, la grille a été stabilisée afin d’obtenir un accord inter-codeur de près de 100 %.
24
Toujours suivant Northouse (2009), nous avons identifié la marche à suivre que la candidate
utilise pour atteindre des buts. Cette dernière peut agir de manière directive, accompagnatrice,
supportrice ou être orientée vers la réalisation. Selon Eagly et Johnson (1990), la gent féminine
serait plus participative dans la marche à suivre pour atteindre l’objectif tandis que les hommes
seraient plus directifs.
Nous avons également porté notre attention sur les valeurs éthiques de la leader. Ces valeurs
peuvent découler des qualités et du caractère de la candidate à titre de leader, des actions qu’elle
entreprend, des buts qu’elle se fixe, de l’honnêteté, des pouvoirs qu’elle utilise, ainsi que des
valeurs qu’elle véhicule.
L’orientation de la leader a également été étudiée. Ici, la candidate peut être axée sur la tâche ou
sur la relation. Rappelons que selon les travaux de la spécialiste du leadership féminin Alice
Eagly et de sa collègue Linda Carli (2007), les femmes exerceraient un leadership orienté
davantage vers la relation alors que les hommes seraient tournés vers la tâche.
Nous avons, dans un dernier temps, mesuré les effets engendrés dans l’organisation par la leader.
Ces effets peuvent être de différentes natures, par exemple : établir une structure, clarifier les
normes, construire la cohésion ou promouvoir des standards.
Le cadrage en fonction du genre
Afin de compléter le portrait et en lien avec la littérature sur les femmes politiques dans les
médias, nous avons également ajouté différents indicateurs reliés au genre et au rapport avec
celui-ci. Nous avons ainsi porté notre attention sur les descriptions de l’apparence des femmes
(intérêt pour leur beauté, leur maquillage, leur tenue vestimentaire). Nous avons aussi cherché à
voir s’il y avait un accent particulier qui était mis sur l’exceptionnalité de leur statut. Était-il
question du caractère exceptionnel de la candidate? Enfin, nous avons ajouté une catégorie liée
au féminisme et à l’identification à des valeurs dites féministes.
Finalement, nous souhaitons identifier dans quelles scènes de sa vie, la candidate et/ou les
médias définissent son influence. Est-ce dans la scène professionnelle (la carrière et les études
25
par exemple), dans la scène privée (influence en lien avec la famille) ou la scène sociale
(mandats n’étant pas en lien avec la scène professionnelle ou privée de la candidate).
Portrait général des Mauriciennes d’influence
Quel portrait peut-on dresser des candidates qui ont soumis leur candidature au concours
Mauricienne d’influence en 2010 et 2012 ? Sans décrire le profil sociodémographique ou
socioéconomique de chaque candidature, nous avons opté pour une description sommaire. Lors
des éditions du concours Mauriciennes d’influence de 2010 et 2012, la moyenne d’âge des
candidates est 47 ans. La plus jeune candidate avait 26 ans en 2010, et la plus âgée avait atteint
l’âge vénérable de 81 ans en 2010. Parmi les candidates qui en ont fait mention, plus de la moitié
des candidates (55%) évoquent qu’elles ont un niveau de formation universitaire. Elles
évoluaient dans divers mondes, de la musique aux médias, du commerce en passant par la
politique. Ce bref portrait rejoint les observations réalisées par Maisonneuve (2004) lors de sa
recherche sur les femmes qui prennent part aux instances décisionnelles. La chercheure illustre
que plus de la moitié des femmes étudiées sont titulaires d’un diplôme universitaire : « 74,6% à
Montréal, 60% à Laval » (p. 88).
Dans cette partie du rapport, nous présenterons les résultats les plus saillants liés à l’analyse des
dossiers de candidature. Il sera question des scènes de performance privilégiées, puis nous
présenterons les éléments du leadership les plus récurrents dans les dossiers, nous terminerons
avec les styles de leadership. Dans tous les cas, nous expliquerons quelle est la proportion
retrouvée dans les dossiers et prendrons appui sur des exemples pour illustrer comment les
femmes mobilisent ces formes de leadership. Nous offrirons également une interprétation de ces
résultats et tisserons des liens avec la littérature sur le sujet lorsque ce sera approprié ou bien si
cela vient offrir un éclairage singulier sur ces résultats.
Des femmes d’exception ! Analyse des éléments du leadership
Dans la prochaine partie, il sera question des éléments du leadership mis de l’avant dans les
dossiers. Dans un premier temps, nous discuterons de la définition du leadership, dans un second
26
temps, de la marche à suivre pour atteindre les buts. Dans un troisième temps, les valeurs
éthiques de la leader seront abordées. Dans un quatrième temps, il sera question de l’orientation
de la leader. Enfin, nous discuterons des effets de la leader dans l’organisation.
La définition du leadership : des femmes compétentes et actrices du changement
Comme il est possible de le constater dans le tableau 1, les femmes mises en candidature sont
avant tout présentées comme des leaders en lien avec leur comportement, leurs actions (77%).
Ensuite, c’est en fonction de certains traits de caractère (72%) et de compétences (55%) qu’elles
s’illustrent. Il est alors peu question d’un leadership axé sur la relation (26%,) ni d’habiletés de
ces femmes leaders (6%).
Tableau 1 : La définition du leadership
Éléments recherchés Nombre de dossiers de
candidature où il y a présence de ces éléments (N total = 47)
Ratio (%)11
Traits de caractère 34 72 Habileté 3 6
Compétence 26 55 Comportement 36 77
Relation 12 26
Lorsque l’on examine les éléments du leadership mis de l’avant dans les portraits, il est beaucoup
question de comportement (77%). Les femmes seront présentées comme toujours disponibles et
très impliquées dans leur milieu. Il est surtout question du fait que ces femmes sont actrices du
changement. Il est dans ce cas question d’innovation, du fait que ces leaders sortent des sentiers
battus afin de paver la voie aux femmes qui les suivent. Une candidate « utilise sa position pour
changer les choses positivement », tandis qu’une autre « agit comme agente de changement au
11 Notons que le total ne donne pas 100 %, ce qui est normal comme les variables sont complémentaires, peuvent être présentes en même temps dans un dossier. Elles ne s’opposent pas. Cette note s’applique pour toutes les variables analysées.
27
quotidien». Une autre sera décrite comme une «pionnière» qui «ouvre des portes fermées. Elle
trace des voies où personne ne s’est aventuré auparavant». Cet accent sur le fait que les
Mauriciennes d’influence étaient des actrices du changement est certainement induit par la
question numéro 4 qui visait à expliquer en quoi la candidate était une agente de changement.
Ainsi, il n’est pas étonnant que cet élément se retrouve et soit argumenté dans une si forte
proportion dans les dossiers. Ces femmes sont clairement présentées comme des pionnières, des
exemples à suivre, des inspirations. Cet élément est argumenté avec beaucoup de soin dans les
dossiers soumis.
Ces femmes sont notamment inspirantes en raison des traits de caractère (72%) qui les
caractérisent. Ce sont alors leurs qualités et aptitudes qui sont discutées. Soulignons ici que c’est
grâce à un procédé d’accumulation que le côté exceptionnel et remarquable des candidatures est
argumenté. L’accumulation sert à démontrer l’importance, ajoute à la mise en valeur et au
caractère indubitable de la démonstration. Ce faisant, elle renforce la preuve (Perelman et
Olbrechts-Tyteca, 2008 : 194 et 629). Ce procédé peut être apprécié dans les extraits suivants :
«Madame MI12 est une visionnaire, une passionnée, engagée profondément dans son travail et elle ne compte pas ses heures! Dévouée, professionnelle, bien articulée, dotée d'un leadership incontournable, toujours de bonne humeur, elle dégage la joie de vivre et rassemble avec elle plusieurs personnes dans son entourage » (MI 2012)
« Son travail acharné, sa présence, son réseautage, ses liens d'amitié qu'elle entretient fidèlement, sa foi en ses idées et idéaux font de MI une femme d'influence depuis plus d'une décennie dans la concertation mauricienne, dans son milieu et bien au-delà » (MI 2010)
« MI est une femme intègre, décidée, fonceuse et forte de ses convictions» (MI 2010).
Comme il est possible de le constater ci-devant, les qualités dénombrées participent à construire
un portrait fort positif de la candidate dont il est question. Parmi les autres traits de caractère
mentionnés, retenons notamment la générosité, la persévérance, la ténacité, la détermination, la
polyvalence et le dynamisme. Ces qualités se retrouvent dans les extraits ci-après.
«Elle s'est démarquée par sa créativité, son dynamisme, son implication exemplaire et sa bonne humeur» (MI 2012).
12 Nous avons anonymisé la présentation MI réfère Mauricienne d’influence et remplace le nom de la candidate dont il était question dans l’extrait.
28
«Aussi, permettez-moi d’ajouter que son dynamisme et son sourire contagieux désamorcent bien des situations» (MI 2010).
«Sa bonne humeur naturelle et contagieuse alliée à la sincérité de ses actions a su rallier les autres à ses idées et faire preuve de compétences sans jamais laisser une impression de triomphe de la jeunesse sur l'expérience des autres. […] Généreuse, facile d'accès et simple de contact» (MI 2012).
«Par son charisme, son leadership naturel, sa diplomatie et la confiance qu'elle dégage, elle a su relever ce défi avec panache, car aujourd'hui, l'ensemble du personnel pose naturellement des gestes et des actions [en lien avec son domaine d’implication]» (MI 2012).
Ainsi, la passion, le dynamisme, le leadership ainsi que le charisme sont des qualités qui
reviennent dans beaucoup de dossiers. Comme il est possible de le constater dans les extraits
précédents, ce charisme est soit nommé tel quel ou bien mis de l’avant par le biais de la
description de la bonne humeur ou du sourire contagieux des candidates. Ces femmes sont ainsi
d’accès facile ce qui rejoint l’une des caractéristiques clés du leadership féminin.
En outre, il semble important de revenir sur le charisme qui revient dans de nombreux dossiers.
Northouse (2009) explique que parmi les traits qui caractérisent les leaders efficaces, le charisme
est souvent celui qui retient le plus l’attention des chercheurs qui s’intéressent au leadership.
Cette qualité est mentionnée notamment dans les travaux de Bittner (2011), King (2002), Miller
et al. (1986) ainsi que Newel (2009). Le charisme y apparaît souvent comme une qualité qui
ouvre la porte à faire des choses extraordinaires. Au contact des personnes charismatique, les
gens n’ont pas le choix de modifier leurs comportements et de les suivre. Qui plus est, ils le font
dans le plaisir. C’est ce qui ressort également des descriptions des Mauriciennes d’influence. Par
ailleurs, dans les différents dossiers, l’accent est également mis sur les compétences (55%) et sur
la reconnaissance de celles-ci au-delà de la région mauricienne. Leurs compétences sont
présentées comme étant reconnues au niveau de la province. Elles ont su décloisonner, surpasser
les attentes, influencer les gens positivement. Il est ici intéressant de remarquer que cette
reconnaissance vient de l’extérieur, par exemple par des patrons ou par des gens qui ne viennent
pas de la région. Cet appel à l’autorité ajoutant du poids à l’argumentaire (Breton, 2008).
En reprenant les travaux d’Amossy (2010) concernant l’éthos discursif et la représentation de
soi, nous pensons qu’il est légitime d’obtenir ce type de résultats. Étant donné le style
rédactionnel des dossiers de candidature et de la nature des questions tournant autour de la
29
manière dont la candidate agit pour se présupposer Mauricienne d’influence, elle devait
construire l’image de la représentation d’elle-même en lien avec les critères d’évaluation du jury.
Il est intéressant de remarquer qu’il est surtout question de traits de caractère et de compétences.
Autant les premiers que les secondes peuvent être liées avec une vision du leadership dit
transformationnel (Eagly, 2007) qui se caractérise par une grande implication de la leader, par le
fait qu’elle motive par son influence, qu’elle inspire et stimule intellectuellement les gens ce qui
les pousse à se dépasser. Ces leaders sont souvent charismatiques et s’intéressent aux gens qui
les entourent et les poussent à atteindre leurs buts. Le fait que les Mauriciennes soient décrites
comme des agentes de changement et qu’elles sont également dépeintes comme des femmes qui
font une différence dans la vie des gens est également congruent avec le caractère
transformationnel de leur leadership. Nous verrons également plus loin que leurs valeurs
éthiques se situent également dans ce prolongement.
Le leadership et la marche à suivre pour atteindre les buts
Comme il est possible de le constater dans le tableau 2 ci-après, il est peu question de la marche
à suivre pour atteindre les buts dans l’argumentation des dossiers de candidature soumis. S’il en
est question, les Mauriciennes d’influence sont principalement présentées comme des leaders
participatives (17%). Dans quelques cas, elles sont décrites comme pratiquant un leadership
d’accompagnement (11%). Elles sont peu portées à être directives (6%) et sont peu orientées
vers la réussite (4%). Comme ce sont des éléments qui reviennent peu dans les dossiers, il ne
semble pas nécessaire de s’y attarder davantage.
30
Tableau 2 : Le leadership et la marche à suivre pour atteindre les buts
Éléments recherchés Nombre de dossiers de
candidature où il y a présence de ces éléments (N total = 47)
Ratio (%)
Directive 3 6 Accompagnement 5 11
Participative 8 17 Orienté vers la réussite 2 4
Soulignons toutefois qu’il n’est pas étonnant que ces femmes soient décrites comme n’étant pas
directives. À la lumière de la description des compétences offertes dans les pages précédentes,
les Mauriciennes d’influence sont plutôt présentées comme étant rassembleuses, positives,
souriantes, charismatiques. Des descriptions qui se marient moins avec la vision d’un leadership
de type directif.
Les valeurs éthiques des leaders : des femmes de qualité
Les valeurs éthiques des leaders sont discutées dans plusieurs dossiers de candidature (tableau 3).
Leur éthique est marquée par les qualités et le caractère de ces leaders (47%). Elles sont aussi,
dans certains cas, des leaders axées sur les buts à atteindre (26 %) et sur les actions à réaliser
(21%). Elles possèdent des valeurs identifiables (19%). Il est cependant peu question de leur
honnêteté (4%) ou des pouvoirs qu’elles pourraient exercer (4%). Nous discuterons uniquement
des qualités et des buts à atteindre, comme ce sont ces éléments qui reviennent le plus souvent en
lien avec l’éthique des leaders.
31
Tableau 3 : Les valeurs éthiques des leaders
Éléments recherchés Nombre de dossiers de
candidature où il y a présence de ces éléments (N total = 47)
Ratio (%)
Qualités/caractère 22 47 Actions 10 21
Buts 12 26 Honnêteté 2 4 Pouvoirs 2 4 Valeurs 9 19
L’accent le plus important est mis sur les qualités, le caractère et la personnalité des leaders. Cela
n’est pas surprenant comme cette façon de décrire le leadership est également fort important dans
la définition du leadership (voir tableau 1) et le fait que ce dernier soit de type transformationnel.
Il est ici question de faire ressortir la manière de travailler de ces femmes, comme il est possible
de le constater dans les extraits suivants :
«Respect, empathie, sensibilité, calme, équilibre ne sont que quelques mots pour la décrire. Ces qualités qu'elle possède lui permettent d'exercer son leadership avec beaucoup d'humanité. C'est une rassembleuse» (MI 2010).
«Lorsqu'il est question d'étiquette, de rigueur dans les suivis, de rapidité d'exécution, de reconnaissance, d'appréciation, de fiabilité et du souci du détail, tu arrives définitivement dans le peloton des meilleurs» (MI 2010).
À la lecture des propos précédents, il est possible d’imaginer qu’il est fort agréable d’évoluer
dans un milieu qui est dirigé par ces femmes ou bien où ces femmes s’impliquent. Nous
retrouvons ici plusieurs des qualités que l’on retrouve chez les leaders éthiques : la loyauté, le
respect, la persévérance, le fait d’être équitable, attentionnée et bonne citoyenne (Northouse,
2009). Dans une moindre mesure, l’éthique du leader peut être axée sur les buts. Il s’agit alors de
se fixer des objectifs et de se donner des moyens pour les atteindre. Le but peut par exemple être
celui de l’éducation ou bien d’une reconnaissance de l’économie sociale ou du développement
durable, domaines dans lesquels évoluaient certaines des femmes mises en candidature.
32
L’orientation du leader : la tâche et la relation au cœur des préoccupations
Comme nous l’avons expliqué dans la première partie du rapport, la leader peut être orientée sur
la tâche ou sur la relation. Fait intéressant, les femmes mises en candidature sont surtout
présentées comme étant axées sur la tâche (49%) et beaucoup moins sur la relation (19%)
(tableau 4, ci-dessous). Ce pourcentage s’explique en partie par le fait que les candidates
devaient faire état de leurs réalisations au sein des comités auxquels elles siégeaient.
Tableau 4 : Orientation du leader
Éléments recherchés Nombre de dossiers de
candidature où il y a présence de ces éléments (N total = 47)
Ratio (%)
Tâche 23 49
Relation 9 19
Comment l’accent sur les tâches est-il présenté dans les dossiers ? Ici, c’est par l’appui sur leurs
réalisations concrètes que le leadership est construit. Par exemple, certaines femmes peuvent
avoir contribué à l’essor financier de l’organisme qu’elles dirigeaient. Elles peuvent aussi avoir
contribué à améliorer la visibilité et la reconnaissance d’une cause. Cet accent sur la tâche vient
également par une description des moyens et des qualités de la candidate à faire travailler les
gens en équipe. Ici, tout comme le charisme était mis de l’avant, le côté communicatif de
l’enthousiasme de ces femmes est mis en lumière. Par exemple, une candidate est dépeinte
comme ayant «une bonne capacité à rallier les gens et à travailler en équipe». Il est question de
sa bonne humeur contagieuse et de la sincérité de sa démarche qui contribuent à faire en sorte
que les gens veulent participer à ce travail d’équipe. Les femmes sont présentées comme des
leaders rassembleuses. C’est notamment le cas pour une autre candidate qui « sait rallier les gens
autour des projets qu'elle mène ». La question du travail en équipe revient d’ailleurs dans
plusieurs dossiers.
33
Ainsi, l’intérêt pour la tâche n’est pas décrit comme se faisant au détriment de la relation. En
effet, les Mauriciennes sont présentées comme améliorant l’existence des gens qui travaillent
avec elles. Dans cette optique, lorsque le leadership est axé sur la relation, il est alors question
de qualité de vie et d’approche citoyenne. Par exemple, une candidate sera décrite comme ayant
« également à cœur le bonheur de ses employés et désire toujours leur offrir la meilleure qualité
de vie possible au travail ». Tandis qu’une autre candidate est présentée comme « favorisant une
approche citoyenne ». Fait intéressant, certaines femmes sont dépeintes comme étant équilibrées
entre la relation et la tâche. Elle est « le parfait équilibre entre la femme d'affaires et la femme de
cœur ». Tandis que « [l]'expérience communautaire de MI lui permet d'aborder ses
responsabilités sous l'angle du cœur aussi bien que celui de la raison ».
La question de l’équilibre entre la tâche et la relation rejoint les représentations du leadership
féminin. Tel que le résument Blanc et Cuerrier (2007 : 40), les femmes « quand elles se
retrouvent en situation d’exercer du leadership, agiraient plutôt dans une perspective “sociétale”,
ayant à cœur d’exercer le “pouvoir de” et le “pouvoir avec” plutôt que le “pouvoir sur” » (Blanc
et Cuerrier, 2007 : 40). Ce type d’argumentaire se retrouve également dans les dossiers des
candidates au titre de Mauriciennes d’influence. Quels seront alors les effets de ces femmes
leaders dans l’organisation ?
Les effets du leader dans l’organisation : construire en équipe
Comme il est possible de le constater au tableau 5 ci-après, les effets de ces femmes leaders dans
l’organisation sont liés à l’établissement d’une structure (49%). Dans une moindre mesure, elles
sont également présentées comme amenant la cohésion (17%). Enfin, dans quelques cas, elles
ont clarifié les normes (11%), mais elles n’ont pas réellement fait la promotion de standards
(2%). Nous reviendrons donc uniquement sur les deux premiers éléments dans les prochaines
lignes.
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Tableau 5 : Les effets du leader dans l’organisation
Éléments recherchés Nombre de dossiers de
candidature où il y a présence de ces éléments (N total = 47)
Ratio (%)
Établir une structure 23 49% Clarifier les normes 5 11
Construire de la cohésion 8 17 Promouvoir les standards 1 2
Lorsqu’il est question d’établir une structure, ce sont les réalisations des candidates qui sont
mises de l’avant. Ce sont des leaders qui créent et mettent en place de nouveaux projets. Par
exemple, il peut être question de projets visant la réussite des jeunes comme la création de
centres communautaires. Notons que la détermination fait également partie des traits qui
caractérisent les leaders efficaces, selon Northouse (2009). Les leaders déterminés sont ainsi axés
sur la tâche et se fixent des objectifs pour attendre leurs buts.
Dans les dossiers, le leadership apparaît comme construisant de la cohésion. Il est alors
question de faire travailler des gens ensemble, de faire en sorte qu’il y ait concertation. Il peut
être question de maillage entre les organismes, d’une « philosophie pour unir ». Certaines
femmes ont « participé à consolider l'organisation et à reconstruire une équipe de travail
compétente » ou bien « initié plusieurs autres projets en concertation avec des acteurs importants
de la région ».
Le cadrage en fonction du genre
Maintenant que nous avons un portrait de ces femmes en tant que leader, qu’en est-il du cadrage
en fonction du genre ? Quels sont les éléments qui ressortent lorsqu’elles sont décrites ?
Comme il est possible de le constater dans le tableau 6, les candidates au titre de Mauriciennes
d’influence sont davantage axées sur les enjeux sociaux (60 %), plus que sur les enjeux
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économiques (26%). La question des vêtements n’est jamais soulignée (0%) et celle des
apparences récolte une seule mention dans les 47 dossiers (2%).
Tableau 6 : Cadrage en fonction du genre
Éléments recherchés Nombre de dossiers de
candidature où il y a présence de ces éléments (N total = 47)
Ratio (%)
Enjeux sociaux 28 60 Enjeux économiques 12 26
Vêtements 0 0 Apparences 1 2
Exceptionnalité du statut 31 66 Identification féminisme 19 40
Les candidates sont surtout décrites comme étant préoccupées par la vie de leurs concitoyens et
concitoyennes et par leur bien-être. Par exemple, il est question de l’implication communautaire
ou bien de travailler pour faire en sorte que les personnes handicapées aient une vie meilleure.
Mis à part le domaine communautaire, nous pouvons également remarquer la présence des
domaines du développement durable et de la culture dans un souci de développement pour tous
ainsi que du monde de l’éducation. Notons ici que pour être admissibles au concours les femmes
doivent être impliquées socialement (dans des CA par exemple), ce qui crée peut-être ce
déséquilibre entre la sphère sociale et la sphère économique. Cela est toutefois cohérent avec le
fait que les femmes évoluent principalement au sein de conseils d’administration liés au monde
social, à la culture et à l’éducation. Elles sont ainsi moins nombreuses dans le monde des
finances et des affaires (Jérôme-Forget, 2012).
Fait intéressant, l’exceptionnalité du statut ressort dans près de 66% des dossiers. Dans de
nombreux cas, le fait que ces Mauriciennes aient été la première femme à occuper un poste ou à
assumer certaines fonctions est mis de l’avant. Les dossiers sont émaillés de nombreuses
36
présentations de « premières femmes » à voir été élues dans différents organismes et
instances comme les conseils municipaux ou syndicats. Les candidates Mauriciennes d’influence
sont dépeintes comme des pionnières, des éclaireuses qui ont dû faire leur place, apprendre à
s’imposer dans un monde d’hommes. Ce sont des femmes qui pavent la voie pour les autres de
différentes manières que ce soit en étant élues à différents conseils d’administration ou bien en
organisant des activités et en mettant en place des structures nouvelles. Comme une grande partie
des dossiers analysés était ceux du concours de 2010 lequel visait à couronner la Mauricienne de
la décennie, cela explique peut-être ce type de présentation.
Le caractère exceptionnel du statut de ces femmes réside également dans le fait qu’elles ont su
tirer leur épingle du jeu dans un monde composé majoritairement d’hommes. Elles seront parfois
la « seule femme » pendant leur premier mandat. Cet élément est souligné à plusieurs reprises
dans les dossiers. On expliquera qu’une candidate a évolué au sein de divers organismes et
qu’elle a « œuvré de main de maître dans un monde d’hommes et elle est un élément rassembleur
auprès de tous ». Elles sont aussi parfois « la plus jeune femme » à avoir occupé un poste. Cela
ajoute au caractère exceptionnel de la carrière ou du parcours.
Ces femmes sont également identifiées comme des féministes ou bien comme agissant à faire
valoir une ou des causes féminines (40%). Notons que ce féminisme est présenté comme une
fierté et un élément clé de leur leadership. Ainsi, une candidate est impliquée dans de
nombreuses sections « mais toujours en lien avec la condition féminine ». Tandis qu’une autre
« n'a jamais hésité à se reconnaître comme féministe. Je suis fière d'être une femme dans un
monde gestionnaire d'hommes. Je dis aux filles qu'il n'y a rien d'impossible ».
Des leaders impliquées socialement
Rappelons que les scènes de performances se découpent en trois : la scène sociale, la scène
professionnelle et la scène privée. Les Mauriciennes d’influence sont avant tout des leaders
sociales ensuite des leaders professionnelles et, enfin, des leaders privées. Soulignons que dans
leurs différents argumentaires, ces femmes, qu’elles soient directrices, députées ou chercheuses,
mentionnaient qu’elles avaient soutenu la région mauricienne.
37
Dans le tableau 7, nous pouvons constater que la scène sociale se retrouve chez presque toutes
les descriptions des femmes en nomination, 96%, tandis que la scène professionnelle revient
dans 94% des dossiers. La scène privée revient dans 57% d’entre eux.
Tableau 7 : Scènes de performances mises en scène dans les dossiers Mauriciennes d’influence
Éléments recherchés Nombre de dossiers de
candidature où il y a présence de ces éléments (N total = 47)
Ratio (%)
Scène professionnelle 44 94 Scène privée 27 57 Scène sociale 45 96
La scène sociale regroupe notamment le bénévolat, le fait de siéger dans divers comités ou d’être
impliquée socialement. Cette scène est au cœur des portraits de ces femmes illustres. Certaines
sont mises en nomination pour cette raison et sont même présentées comme « bénévoles à temps
plein ». Soulignons, dans plusieurs cas, cette accumulation de diverses expériences donne du
poids à la preuve et permet d’illustrer le caractère exceptionnel de la personne.
Des femmes au parcours exceptionnel
La scène professionnelle occupe également une grande place chez ces femmes alors qu’elle se
retrouve dans 94% des descriptions. Il est alors question de leurs réalisations professionnelles. Ici
encore, c’est l’exceptionnalité de ces femmes et de leur parcours sont mis de l’avant dans les
propos. Les candidates se démarquent, soit par le fait qu’elles ont gravi les échelons rapidement
ou bien parce qu’elles se sont dédiées à plusieurs causes ou projets au cours de leur carrière. Ce
sont des femmes qui dirigent des équipes, qui se consacrent à différentes tâches et se démarquent
par leur efficacité.
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La vie familiale une scène incontournable
Enfin, l’importance de la vie familiale est au cœur des portraits alors que la scène privée est
discutée dans plus de la moitié des dossiers (57%). Nous sommes bien conscientes que les
femmes ne gagnent par le prix Mauricienne d’influence en raison d’une belle performance dans
leur vie privée. Néanmoins, cet aspect mérite d’être mentionné comme il est discuté dans 27 des
47 dossiers de candidature.
L’accent sur la vie privée a attiré notre attention parce qu’il fait écho à la littérature au sujet du
leadership féminin et permet de discuter des normes sociales entourant le leadership féminin
ainsi que les attentes envers les femmes. Une de celles-ci réside dans le fait qu’une mère doit
aimer ses enfants et bien s’en occuper. Parmi les éléments clés d’une vision normative et
idéalisée de la maternité, Damant, Chartré, Lapierre (2012 : 7) mentionnent qu’il est « attendu
que les femmes organisent leur vie en fonction des besoins des enfants et de la vie familiale ».
L’autre élément clé est le fait que les femmes qui visent le pouvoir doivent performer autant dans
la vie publique que dans la vie privée, tel que l’illustre Van Zoonen (1998, 2006) dans ses
travaux. Pour cette chercheure, la vie privée des femmes politiques est davantage un « possible
site of trouble » qu’une ressource. C’est ce que nous pourrons constater dans les prochaines
lignes. La maternité est présentée dans les différents dossiers comme un défi supplémentaire que
les femmes doivent affronter. Elles ont réussi à s’impliquer socialement, à gravir les échelons, et
ce, en devant assurer le soin de leurs enfants. La question de la conciliation du travail et de la
famille est discutée dans de nombreux dossiers de candidature. Elle devient même « [l]e
principal cheval de bataille » d’une des aspirantes au titre de Mauricienne d’influence.
L’équilibre entre le travail et la famille est présenté comme étant difficile à atteindre et à
conserver. Il fait l’objet d’un travail de tous les instants comme il est possible de le constater
dans les différents dossiers. À titre d’exemple, il est question d’être une « maman qui s'assure de
maintenir cet équilibre tant souhaité entre la vie personnelle et professionnelle » (MI 2012). Cet
équilibre ne vient pas sans risque alors qu’il est plusieurs fois question de « sacrifices ».
Certaines mères ont « dû faire des choix difficiles et sacrifier beaucoup de choses pour faire le
travail qui la passionne tout en passant du temps auprès de ceux qu'elle aime ». D’autres sont
39
chanceuses d’avoir « pu compter sur l'appui de leur mari et leur dévouement » alors qu’elles ne
comptaient pas les heures d’implication ou de travail.
Ainsi, les femmes mises en candidature sont présentées comme des « bonnes mères », comme
des mères qui ne négligent pas leurs enfants malgré l’importance de leurs occupations et leurs
nombreuses implications sociales. On sent, dans les dossiers soumis, une grande admiration pour
ce qu’elles ont accompli tout en ayant une famille. La maternité reste néanmoins décrite comme
une difficulté qui se retrouve sur leur parcours professionnel et se met au travers de leur
implication sociale. À titre d’illustration, une candidate continue malgré tout « à respecter ses
engagements et à soutenir l'équipe ». La maternité est même présentée comme un autre
« obstacle rencontré sur son parcours » alors qu’elle continuait son implication dans divers
comités et cherchant à garder son influence dans les organismes. Ici, l’utilisation du terme
« maman » et non « mère » mérite d’être souligné alors qu’il donne à la fonction un caractère de
proximité. Même si la maternité est rarement présentée comme un élément positif, elle devient,
dans certains cas, un atout. Il est alors question de l’ouverture offerte par la maternité ainsi que
du bonheur d’avoir connu celle-ci.
Les parents et la famille sont également mis en scène dans les dossiers. Il est alors question des
modèles offerts par les parents et du désir de poursuivre dans leur sillage. Certaines femmes
continuent les actions entreprises par leur père ou leur mère ou bien situent leurs actions en
continuité avec le modèle familial. Le leadership est alors question de filiation, il n’est pas
acquis. Dans un dernier temps, soulignons que le soin des parents est également mis en valeur
ainsi que la fierté d’être grand-mère et d’avoir une grande famille. Il est alors question du
nombre d’enfants et de petits-enfants de ces candidates. Tel que nous l’avons mentionné plus tôt,
l’importance prise par la vie familiale rejoint les travaux de Blanc et Cuerrier (2007) qui
démontrent que le parcours des femmes est notamment une forte interrelation entre les
différentes sphères personnelle, sociale, familiale et professionnelle. Les décisions de carrière
des femmes seront réalisées en fonction de l’évaluation des impacts potentiels sur les obligations
familiales, sociales et personnelles. Selon les moments de leur vie, ces sphères occuperont une
place plus importante. La place importante accordée à cet élément dans les dossiers, sans que ce
soit l’objet d’un critère d’évaluation, illustre à quel point ces femmes accordent de l’importance
à leur vie privée et aussi comment elles arrivent à arrimer les sphères professionnelles, sociales et
40
personnelles. Par ailleurs, tel qu’en discute Jérôme-Forget (2012) dans son ouvrage, il semble
que la conciliation de tous ces éléments demeure un défi autant pour les femmes que pour les
organisations qui aimeraient les voir siéger sur leur conseil d’administration ou bien dans un
poste de gestion important.
Les Mauriciennes d’influence dans le Nouvelliste
Il y avait plusieurs articles au sujet des différentes candidates au concours Mauriciennes
d’influence dans le journal Le Nouvelliste. Le quotidien rapportait surtout les faits et gestes de
ces différentes actrices dans la région en lien avec les postes qu’elles occupaient. Certaines
candidates du concours n’ont eu aucune couverture journalistique. La candidate qui a obtenu la
plus grande couverture médiatique était Paule Brunelle. En tant que députée, elle a occupé le
devant de la scène et elle a été très active dans la région. Le quotidien a offert une couverture
plutôt descriptive des actions posées et des événements liés à leur personne, il était somme toute
peu question de leur style de leadership. Dans ce contexte, nous avons retrouvé peu d’éléments
fortement liés à notre grille d’analyse du leadership. Ces derniers se sont retrouvés en très petite
quantité dans les dossiers de presse. Nous avons donc préféré offrir une analyse qualitative de
cette couverture plutôt que de faire état de statistiques somme toute peu concluantes. Ainsi, dans
la prochaine partie du rapport, il sera question de la manière dont les différentes Mauriciennes
d’influence sont décrites lorsqu’il est question de leurs actions dans la presse régionale.
Un portrait positif de ces femmes d’influence
Dans un premier temps ce sont les traits de caractère de plusieurs Mauricienne d’influence
étaient décrits dans les articles. La mention de ces traits concordait habituellement avec la mise
en candidature de ces femmes pour un poste (une personne qui se présente comme députée par
exemple), l’attribution de nouvelles fonctions (nomination comme directrice d’un organisme) ou
bien lorsqu’une de celles-ci était honorée (par exemple pour leur implication sociale). Ces
femmes sont alors décrites comme des leaders compétentes. Ainsi, Sylvie Tardif est présentée
comme sachant « travailler avec les gens, c'est une femme d'équipe et elle est capable de
fréquenter toutes les catégories de gens, autant les gens d'affaires, les gens des milieux social et
41
culturel, les représentants politiques et cela sans jamais oublier les simples citoyens » (Auger,
2005 : 6). À d’autres occasions, ce sont les qualités humaines qui seront mises de l’avant. Par
exemple, on peut lire au sujet de Stella Montreuil que : « [c]e qui ressort [de la candidature] c'est
surtout sa générosité, son extraordinaire disponibilité ainsi que son enthousiasme. Elle ne fait
jamais rien à moitié. C'est vraiment une femme exceptionnelle » (Houde, 2007 : 51).
Le portrait de ces femmes est alors positif alors que certaines sont présentées comme
étant « Toujours de bonne humeur et pleine d'énergie, elle ne perd donc pas une occasion d'aider
les autres » (Trahan, 2011 : 14). L’expérience est également mise de l’avant afin de justifier par
exemple le potentiel politique d’une candidate. C’est le cas pour Paule Brunelle qui s’est illustrée
comme directrice générale de la Société Saint-Jean-Baptiste de la Mauricie pendant 15 années.
Grâce à ce travail, elle démontre « son intelligence, sa franchise, son courage et sa détermination
sa capacité de prévoir de donner des ordres » (Tremblay, 2004 : 6).
À d’autres occasions, c’est grâce à la comparaison que les qualités sont mises de l’avant:
« Pétillante comme le petit alcool à base de fraises et framboises appelé mistelle qu'elle a
commencé à produire il y a deux ans, Françoise Cossette, c'est le dynamisme en personne »
(Trahan, 2002 : 10).
D’autres femmes sont présentées comme des modèles, c’est le cas pour Nancy Sabourin. Elle
est « une dame passionnée, charmante, dotée d'une culture générale remarquable. Mais au-delà
de la journaliste et lectrice de nouvelles qu'elle était, j'ai découvert une femme généreuse et
dévouée qui a toujours fait preuve de persévérance. Elle est une femme de caractère, talentueuse,
un modèle pour les futurs journalistes » (Chamberland, 2011 : 8).
Dans certains articles journalistiques, il est aussi question des compétences de ces femmes. Par
exemple, un article soulignera le fait que France Beaulieu possède une grande connaissance de
ses dossiers autant économiques, sociaux que récréotouristiques (Saint-Ardaud, 2001 : 15). La
capacité à mener à bien les projets est également mise de l’avant. Ainsi, Kathy Béliveau est
« [f]orte de ses expériences en communication, en gestion et en logistiques évènementielle, elle a
notamment occupé le poste de directrice adjointe pour la dernière édition du FestiVoix »
(Martineau, 2008 : 12).
42
Les actions de ces femmes sont également au cœur des descriptions journalistiques. Ce sont des
femmes engagées auprès de leur communauté, c’est le cas pour Line Pilote (Mercier, 2007 : 40).
Elles font preuve d’avant-gardisme en tentant de modifier les perceptions, en l’occurrence du
bénévolat, dans le cas de Marleen Baker (Rochette, 2001 : 6). Tandis que Stella Montreuil sera
présentée comme « une femme de tête et une femme de cœur. Ce qu'elle fait, elle le fait avec
passion » (Francoeur, 2007 : 45). La passion et l’investissement sont également au cœur des
descriptions de Diane Aubut qui « [q]uand elle décide d'embarquer dans un projet, elle s'y donne
toujours à fond »(Levasseur, 2004 : 7).
Fait intéressant, Les Mauriciennes d’influence dont il est question dans Le Nouvelliste ne sont
pas présentées comme des leaders axées sur la relation, ni comme des leaders directives. Elles
sont plutôt axées sur l’accompagnement et la participation comme il est possible de le
constater dans les extraits suivants. Il est alors question de l’importance d’impliquer la
communauté pour Lise Pilote (Mercier, 2005 : 40). Alors que Catherine Dufresne dira : « “Je
trouve ça intéressant qu'on veuille encourager les jeunes à mieux connaître la politique
municipale et à s'impliquer activement”, indique-t-elle en ajoutant qu'elle est prête à faire de
l'accompagnement pour des jeunes candidats intéressés » (Francoeur, 2012 : 8). Dans une
optique apparentée, pour Paule Brunelle: « “Il est très important de travailler en concertation, que
les intervenants soient municipaux, provinciaux ou fédéraux […]” » (Francoeur, 2006 : 10).
Ces leaders sont également présentées comme étant axées sur la tâche. C’est notamment le cas
pour Paule Brunelle, décrite comme ayant :
«défendu de nombreux dossiers: porte-parole à l'industrie et vice-présidente du comité
parlementaire de l'industrie des sciences et de la technologie; porte-parole aux Ressources
naturelles; porte-parole à la condition féminine; porte-parole aux langues officielles et à
la francophonie internationale; vice-présidente de l'Association interparlementaire
Canada-France, etc.» (Massicotte, 2012 : 8).
Elles sont aussi axées sur la relation. Par exemple, Marleen Baker est présentée comme à l’affut
de ce qui se passe et cherchant à créer des liens avec les partenaires et les instances en place
(Plante, 1999 : 17). Line Lecours est «préoccupée par la sécurité et le bien-être de ses citoyens,
d'où son intention de se faire proche des gens» (Saint-Arnaud, 2005 : 8.). Tandis que ce qui
43
amène Marie-Josée Tardif dans l'arène municipale ce sont « Les citoyens, répond-elle
fermement » (Plante, 2009 : 5).
Tout comme dans les dossiers de candidature, lorsqu’il est question de ces femmes dans Le
Nouvelliste, les enjeux sociaux sont mis de l’avant. Sandie Letendre «a démarré l'année dernière
“Les Productions Sayart”, un organisme à but non lucratif qui a pour mandat d'aider la relève de
la chanson francophone» (Auteur non mentionné, 2008 : 37). Tandis que Sylvie Tardif «a
contribué à la création d'une quinzaine d'organismes communautaires de lutte contre la pauvreté,
d'alphabétisation, d'éducation populaire, d'économie sociale et de développement local» (Trahan,
2012 : 36).
Contrairement à ce que nous aurions pu croire dans les articles journalistiques, peu d’accent était
mis sur les vêtements portés par ces femmes ainsi que sur leur apparence lors des descriptions.
Par contre, leur vie familiale faisait partie des portraits. Il sera surtout question de leurs enfants.
Sandie Letendre est « Issue d'une famille de passionnés de musique » (Fortin et al., 2008 : 13).
Sylvie Tardif est « Issue d'une famille de trois enfants de la petite bourgeoisie du quartier Sainte-
Marguerite, la jeune femme s'est glissée sans malaise au cœur du noyau social, dans le moule de
la pauvreté » (Cloutier, 2001 : 1). Ces femmes ambitieuses ne négligent cependant pas leurs
enfants. C’est notamment le cas pour Karine Provencher qui « [m]algré ses ambitions
professionnelles est bien enracinée en région […] une passion surpasse toutes les autres: son fils
Jérémy qui, demain, aura 11 ans » (Rochette, 2011 : 12). Tandis que d’autres sont présentées
comme possédant une « indéniable fibre maternelle », laquelle se transpose dans une grande
famille de quatre enfants et dans son implication sociale (Trahan, 2012 : 14).
Conclusion
Que retenir de ce portait des Mauriciennes d’influence ? Rappelons que les dossiers analysés
visaient à convaincre un jury afin de remporter le prix de la Mauricienne de la décennie pour le
concours de 2010 ou bien de se voir accorder la palme de la Mauricienne d’influence de l’année
2012 dans l’une ou l’autre des catégories : 1) art, culture, loisir, tourisme et sport, 2) éducation,
3) environnement, agriculture et agroalimentation, 4) politique, 5) santé, services sociaux,
44
communautaire et économie sociale). Rappelons que ces femmes devaient répondre aux
questions suivantes lors de la soumission de leur dossier de candidature :
1. À quel titre, combien de temps et dans quelle organisation siège la candidate? 2. Quelles sont les réalisations ou les actions qui témoignent des qualités de femme
d’influence de la candidate? Et quels sont les embûches et obstacles les plus marquants rencontrés?
3. Quelles sont les répercussions de son implication dans les lieux de pouvoir? Qu’est-ce que cette femme a apporté ou apporte à l’organisation?
4. En quoi la candidate est-elle un modèle, une femme d’influence dans son secteur
d’activités? Une agente de changement ou une source d’inspiration et de motivation pour
son entourage et particulièrement pour les femmes de la Mauricie?
Elles pouvaient également inclure un curriculum vitae et une revue de presse de manière
facultative. Les candidatures étaient jugées selon la pertinence des défis relevés, l’impact de la
candidate dans le milieu, l’impact de cette dernière dans une instance de pouvoir ainsi que
l’inspiration positive pour d’autres femmes de la Mauricie.
Comment sont alors décrites ces Mauriciennes ? Notons qu’elles sont avant tout des femmes qui
apprécient et excellent dans le travail d’équipe. Cela rejoint les caractéristiques du leadership
féminin décrites par Blanc et Cuerrier (2007). Dans la lignée de ces auteurs, nous envisageons
leur leadership comme étant sociétal; c’est-à-dire qu’elles exercent leur pouvoir «avec» les gens
qui les entourent. Dans cette optique, elles chercheront à créer, à mettre en place de nouveaux
projets, à fabriquer de la cohésion dans les groupes et les équipes qu’elles dirigent. Ce sont les
enjeux sociaux qui se retrouvent décrits dans les différents dossiers présentés. Cela rejoint l’un
des critères clé du concours : l’implication sociale. Au-delà du plaidoyer réalisé dans ces
dossiers, de la construction discursive d’un éthos de leader (Amossy, 2010), c’est l’image fort
positive de ces femmes qui mérite d’être discutée. Elles sont présentées, autant dans les dossiers
que dans les articles du quotidien Le Nouvelliste, comme des femmes compétentes. Plus
précisément, la conception du leadership privilégiée repose sur les traits de caractère. Il est
beaucoup question des qualités humaines de ces femmes. Elles sont souriantes, de bonne
humeur, intelligentes, déterminées et passionnées. Ce sont des femmes d’action, des avant-
gardistes qui n’hésitent pas à sortir des sentiers battus pour faire valoir leurs idées ou les causes
au cœur de leur implication sociale. Les valeurs éthiques de ces leaders reposent sur un style de
45
leadership humain, rigoureux et fiable. Bien qu’elles aient à cœur la tâche à réaliser, elles ne
négligent pas pour autant la relation.
Par ailleurs, l’argumentaire des différents dossiers met clairement en lumière l’exceptionnalité du
statut de ces Mauriciennes. Ce sont avant tout des défricheuses, des femmes qui pavent la voie
pour les autres. Elles étaient nombreuses à avoir été les « premières femmes » à siéger dans
divers conseils d’administration, à être élues présidentes de plusieurs organisations, par exemple.
Enfin, ce sont des femmes chez qui la vie familiale occupe une grande place. Qu’il soit question
de leurs parents, de leurs enfants ou petits-enfants, ces Mauriciennes accordent beaucoup
d’importance au soin de tous ces gens. La question de la conciliation travail et famille revient
dans de nombreux portraits, traverse alors une grande préoccupation pour cette sphère de leur
vie, pour l’équilibre entre la vie sociale, professionnelle et privée. Ici encore, cela rejoint les
écrits sur le leadership des femmes alors que les choix professionnels se feront en fonction des
impacts possibles sur la vie personnelle.
Au final, tous ne peuvent que s’inspirer de ces femmes d’exception. Dans cette optique, à la suite
de ce portrait rendu possible par l’analyse des dossiers de candidature et de l’analyse d’articles
de la presse écrite, il nous semble important d’aller à la rencontre de certaines de ces femmes
considérées comme des leaders afin de mieux comprendre les défis rencontrés sur leur parcours,
comment elles envisagent le leadership féminin. Nous aimerions également recueillir les conseils
qu’elles donneraient aux femmes jeunes et moins jeunes qui voudraient s’impliquer et avoir un
impact aussi positif dans la région. Ces questions seront au cœur du prochain volet de la
recherche.
46
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52
Annexe 1 : Grille d'analyse
Mélissa Doucet, étudiante à la maîtrise au département de lettres et de communication sociale de
l'Université du Québec à Trois-Rivières
Mireille Lalancette, professeur au département de lettres et communication sociale de
l'Université du Québec à Trois-Rivières
53
Dans ce présent document, nous vous présentons la grille d'analyse utilisée pour analyser le
traitement médiatique des candidates des concours Mauricienne d'influence (éditions 2010 et
2012). Prenez note également que cette même grille sert à analyser les dossiers des candidatures
de ces mêmes Mauriciennes d'influence.
Globalement, nous vous présentons les concepts clés (2) de notre projet de recherche, soit le
leadership et le cadrage en fonction du genre. Ensuite, chacun des concepts sont divisés en
catégories (7) et en indicateurs (30).
La procédure de codage consiste à identifier la présence d'extraits en lien avec les indicateurs,
pour ensuite présenter l'extrait en question et finalement, attribuer une cote mesurant le sens de
l'extrait (positif, neutre ou négatif). L’extrait est positif lorsqu’il met en valeur la candidate. De
l’autre côté, il est négatif lorsqu’il détériore l’image de la candidate. Lorsque l’extrait, ne fait ni
l’un, ni l’autre il est considéré comme étant neutre.
Nous présentons également la définition des différents indicateurs pour assurer la standardisation
du codage. Ci-après, nous présentons les concepts, les catégories ainsi que la définition de
chaque indicateur.
54
1. Le leadership (Northouse, 2009)
1.1. Identifier la définition du leadership
1.1.1. Trait de caractère
Nous cherchons la présence de traits de caractère qui définissent la candidate du concours
Mauriciennes d'influence. Un trait de caractère influence la manière dont la personne exerce son
leadership. Par exemple, Northouse (2009) propose les traits suivants: confiante, décisive,
extravertie et sociable.
1.1.2. Habileté
Nous cherchons la présence de caractéristiques démontrant l'habilité naturelle de pratiquer le
leadership de la candidate. Par exemple, «Dotée d'un sens inné de l'entrepreneurship qui
commence à se manifester dès l'âge de 12 ans».
1.1.3. Compétence
Nous cherchons la présence d'éléments qui témoignent d'un savoir-faire particulier ou d'une
compétence particulière. Bref, l'élément doit démontrer que la candidate sait ce qu'elle doit faire
et qu'elle sait comment procéder pour atteindre l'objectif visé. Northouse (2009) présente
l'exemple d'une campagne de financement. La leader aurait donc toutes les connaissances
requises pour mener à terme une campagne de financement rentable. De plus, l'expérience peut
être vue comme étant une manière d'acquérir des compétences.
1.1.4. Comportement
Nous cherchons à recenser la manière dont les candidates agissent en situation de leadership.
Pour répondre à cet indicateur, nous devons comprendre, à travers l’extrait sélectionné, que la
candidate agit spécifiquement à titre de leader. Ce sont ses actions qui illustreront pourquoi elle
est une leader
1.1.5. Relation
Nous cherchons des éléments démontrant que la leader ainsi que les membres de son équipe
travaillent ensemble vers un but commun (Rost, 1991; dans Northouse, 2009). Le processus de
55
communication entre la leader et les membres de l'équipe n'est pas un processus linéaire, mais
bien un processus interactif et circulaire.
1.2. Identifier la marche à suivre pour atteindre les buts
1.2.1. Directive
Nous cherchons des extraits illustrant le caractère directif de la candidate lorsqu'elle veut
atteindre les buts fixés. Globalement, «une leader directive donne les instructions aux autres, en
incluant ce qui est attendu de chacun, la manière dont ils doivent le faire ainsi qu'en établissant
un échéancier» (Northouse, 2009, p.147-148).
1.2.2. Accompagnement
Nous cherchons des éléments liés au leader qui accompagne son équipe de travail. La candidate
«accompagnatrice» soulèvera les imperfections et guidera le groupe vers la bonne voie.
Northouse (2009) prend l'exemple de la salle d'entraînement. Le rôle de l'entraîneur est justement
d'accompagner le sportif dans son évolution et ce, jusqu'à l'atteinte des objectifs.
1.2.3. Participative
Nous cherchons des extraits démontrant que le leadership sera participatif «invite les autres à
partager les manières et les moyens de faire afin de réaliser le travail» (Northouse, 2009, p.149).
Bref, la candidate agissant de manière participative sera ouverte aux propositions de tous, elle les
incitera à faire part de leurs opinions. Elle essaiera d'intégrer les suggestions dans la prise de
décision.
1.2.4. Orientée vers la réussite
Une leader utilisera la stratégie «orientation vers la réussite» avec des individus qui ne sont pas
stimulés par le travail à réaliser. Nous cherchons des extraits confirmant la position d'une leader
orientée vers la réussite avec l'aide d'éléments «défiant les gens à performer au plus haut niveau
possible» (Northouse, 2009, p.150).
1.3. Identifier les valeurs éthiques du leader
1.3.1. Qualités/caractère
56
Nous cherchons à identifier les qualités de leadership de la candidate. Northouse (2009) a dressé
une liste de ces qualités: loyale, respectueuse, responsable, équitable, attentionnée et bonne
citoyenne.
1.3.2. Actions
Nous cherchons les éléments démontrant la manière dont la candidate parvient à se fixer et à
atteindre ses buts. Selon Northouse (2009), pour accomplir les buts de manière morale, la leader
doit répondre à trois principes: démontrer du respect, être au service des autres ainsi que
démontrer de la justice.
1.3.3. Buts
Nous cherchons les extraits identifiant les buts fixés par la leader. Les buts sont en quelque sorte
des objectifs à atteindre pour l'organisation.
1.3.4. Honnêteté
Nous cherchons la présence d'éléments prouvant que la candidate agit de manière honnête et
authentique. Par exemple: « je suis très ouverte à accueillir tout le monde. Mais en même temps,
je ne pouvais pas leur mentir ».
1.3.5. Pouvoirs
Il existe différentes sortes de pouvoir: le pouvoir de récompense, le pouvoir de coercition, le
pouvoir légitime, le pouvoir de référence ainsi que le pouvoir de compétence. Selon Northouse
(2009), «le pouvoir est la capacité d'influencer ou d'affecter les autres» (p.16).
1.3.6. Valeurs
Toujours en se référant à Northouse (2009), «les valeurs sont les idées, les croyances et les
modes d'action que les gens trouvent utiles ou souhaitables» (p. 157). L'auteur présente quelques
exemples de valeurs, telles la paix, la justice, l'intégrité, l'impartialité, etc.
1.4. Identifier l'orientation du leader
57
1.4.1. Orienté vers la tâche
Nous cherchons des éléments prouvant que «l'accomplissement de tâches est la raison d'être» de
la candidate (Northouse, 2009, p. 54).
1.4.2. Orienté vers la relation
Nous cherchons des éléments illustrant le désir de connexion interpersonnelle avec les membres
de l'équipe. Ce type de leader recherche un climat de travail plaisant où règne la bonne humeur.
1.5. Identifier les effets du leader dans l’organisation
1.5.1. Établir une structure
Nous cherchons des extraits démontrant que la candidate établit une structure dans son
organisation. Selon Northouse (2009), l'établissement d'une structure permet au groupe de se
faire une illustration de leur travail. La structure peut être établie à l'aide de divers moyens. Par
exemple, communiquer les objectifs du groupe, identifier les rôles de chacun, établir des
échéanciers, etc.
1.5.2. Clarifier les normes
Pour Northouse (2009), «les normes sont les règles de comportement qui sont établies et
partagées par les membres du groupe» (p.106). Nous cherchons des éléments en lien avec cette
définition.
1.5.3. Construire de la cohésion
La cohésion est l'essence même d'un bon fonctionnement dans un groupe (Northouse, 2009).
Selon ce dernier, «une leader peut assister un groupe dans la construction de cohésion en
incorporant» quelques actions significatives dans la manière de diriger le groupe. (Northouse,
2009, p. 109). Par exemple: créer un climat de confiance, encourager la participation active,
accepter les gens tels qu'ils sont, aider à l'atteinte des objectifs individuels des membres du
groupe, prôner la libre expression dans le respect ainsi que recommander aux membres du
groupe d'interagir entre eux.
1.5.4. Promouvoir les standards
58
Nous cherchons des extraits en lien avec la recherche de la qualité et l'excellence dans le discours
de la candidate.
2. Le cadrage en fonction du genre
2.1. Enjeux traités
2.1.1. Enjeux sociaux
Dolan (2005) démontre que les enjeux sociaux correspondent aux « questions de compassion
(soins de santé, l'éducation, la protection sociale, les questions des femmes) » (p.32). Ces
derniers sont souvent mis de l'avant par les femmes.
2.1.2. Enjeux économiques
De l'autre côté, les enjeux économiques concordent avec la question financière. Par exemple,
lorsque nous avons recensé des extraits exposant des subventions dans le milieu de l'éducation
ou de la santé, nous avons catégorisé cela dans les enjeux économiques.
2.2. Rapport au genre
2.2.1. Vêtements
Nous cherchons des extraits signalant la tenue vestimentaire de la candidate. Par exemple :
« Toujours bien vêtue, … ».
2.2.2. Apparence
Nous cherchons des éléments liés au physique de la candidate. Selon Van Zoonen (1998),
l’apparence des femmes est souvent mise de l’avant dans les médias de masse.
2.2.3. Exceptionnalité du statut
Nous cherchons des extraits soulignant le caractère exceptionnel de la candidate. Le statut
exceptionnel peut être illustré à l’aide de l’extrait suivant : « la plus jeune candidate du conseil
municipal ».
2.2.4. Identification féminisme
59
Selon Louise Toupin13, la définition du féminisme repose sur «une prise de conscience d'abord
individuelle, puis ensuite collective, suivie d'une révolte contre l'arrangement des rapports de
sexe et la position subordonnée que les femmes y occupent dans une société donnée, à un
moment donné de son histoire».
(Les courants de pensée féministe, première section,
1998,http://archivesfemmes.cdeacf.ca/documents/courants_01.html)14. Nous cherchons donc les
éléments identifiant la candidate comme étant une féministe.
2.3. Scènes de performance
2.3.1. Scène professionnelle
Nous cherchons des éléments liés avec la scène de la vie professionnelle de la candidate. Nous
parlons ici de la scolarité de cette dernière ainsi que les professions qu'elle a exercées.
2.3.2. Scène privée
Nous cherchons des éléments liés avec la scène de la vie personnelle de la candidate. Nous
parlons ici des extraits donnant des informations qui concerne la famille (conjoint, enfants,
parents), le statut marital, l’âge, etc.
2.3.3. Scène sociale
Nous cherchons des éléments liés la scène de la vie sociale de la candidate. Nous entendons, par
vie sociale, les implications non professionnelles ou privées. Par exemple, s'impliquer au sein
d'un conseil d'administration serait une implication bénévole.
13 Chargée de cours en Études féministes à l'UQÀM 14 Page consultée le 13 juin 2013.
61
Référence de l’article ou du dossier
Date du codage
Nom du (de la) journaliste
Si cela s’applique
Concepts Catégories Indicateurs Présence Extraits Sens + - 0
Lea
ders
hip
(Nor
thou
se, 2
009)
Identifier la définition du leadership
Trait de caractère
Habileté
Compétence
Comportement
Relation
Identifier la marche à suivre pour atteindre les buts.
Directive
Accompagnement
Participative
Orienté vers la réussite
Identifier les valeurs éthiques du leader.
Qualités/caractère
Actions
Buts
Honnêteté
Pouvoirs
Valeurs
Identifier l’orientation
Tâche
Relation
Identifier les effets du leader dans
Établir une structure
Clarifier les
62
l’organisation normes
Construire de la cohésion
Promouvoir les standards
Cad
rage
en
fonc
tion
du g
enre
Enjeux traités Enjeux sociaux
Enjeux économiques
Rapport au genre
Vêtements
Apparences
Exceptionnalité du statut
Identification féminisme
Scènes de performance
Scène professionnelle
Scène privée
Scène sociale
63
Annexe 2: Liste des candidates aux concours Mauricienne d’influence 2010 et 2012 Catégorie du concours Candidates Âge
(selon l'année du concours)
Niveau d'éducation
Art - culture - loisir - tourisme - sport
Liette L. Lafontaine
- Universitaire
Art - culture - loisir - tourisme - sport
Mylène Gervais 39 -
Art - culture - loisir - tourisme - sport
Nancy Sabourin 44 Collégial
Art - culture - loisir - tourisme - sport
Sarah Barbieux 54 -
Environnement - agriculture - agroalimentation
Françoise Cossette 65 -
Environnement - agriculture - agroalimentation
Huguette Veillette 51 Universitaire
Environnement - agriculture - agroalimentation
Marie-Christine Brière
27 Universitaire
Environnement - agriculture - agroalimentation
Marie-Christine Hudon
39 Universitaire
M.I. de la décennie - Agriculture
Claire Dupuis Leblanc
58 Professionnel
M.I. de la décennie - Agriculture
Line Veillette 50 -
M.I. de la décennie - Communautaire
Diane Aubut 54 -
M.I. de la décennie - Communautaire
France Cormier 57 Universitaire
M.I. de la décennie - Communautaire
Line Lecours 50 -
M.I. de la décennie - Communautaire
Nicole Veillette 62 Universitaire
M.I. de la décennie - Culture Christiane Dupont-Champagne
66 -
M.I. de la décennie - Culture Marie-Josée Champagne
62 -
M.I. de la décennie - Culture Stella Montreuil 61 -
64
M.I. de la décennie - Économie sociale
Lynn O’Cain 39 Universitaire
M.I. de la décennie - Éducation Danielle Bolduc 61 -
M.I. de la décennie - Éducation Marleen Baker 52 Universitaire M.I. de la décennie - Environnement
Johane Germain 55 Universitaire
M.I. de la décennie - Politique Catherine Julien Mc Murray
81 Universitaire
M.I. de la décennie - Politique France Beaulieu 53 Collégial M.I. de la décennie - Politique Line Pilote (2010) 50 Universitaire M.I. de la décennie - Politique Marie-Josée Tardif 50 Universitaire M.I. de la décennie - Politique Paule Brunelle 57 - M.I. de la décennie - Politique Sylvie Tardif 53 Universitaire M.I. de la décennie - Santé Claire Montour 47 - M.I. de la décennie - Santé Guylaine Asselin 47 Universitaire M.I. de la décennie - Technologie
Andrée Marchand 44 Universitaire
M.I. de la relève - Arts Sandie Letendre 26 Universitaire M.I. de la relève - Communautaire
Jacynthe Laing 28 Universitaire
M.I. de la relève - Communautaire
Valérie Lupien (2010)
30 Universitaire
M.I. de la relève - Médias Amélie St-Pierre 26 Professionnel M.I. de la relève - Politique Catherine
Dufresne (2010) 33 Universitaire
M.I. de la relève - Social Karine Provencher 31 Universitaire M.I. de la relève - Social Kathy Béliveau 30 Universitaire Politique Catherine
Dufresne (2012) 35 Universitaire
Politique Line Pilote (2012) 52 Universitaire Politique Marie-Claude
Gaudet 56 Professionnel
Santé-services sociaux-communautaire-économie sociale
Annie Roy 39 -
Santé-services sociaux-communautaire-économie sociale
Carol Beaudry 51 -
Santé-services sociaux-communautaire-économie sociale
Joanie Chalifour 28 Universitaire
Santé-services sociaux-communautaire-économie
Manon Lupien 50 -
65
sociale Santé-services sociaux-communautaire-économie sociale
Pascale Fraser 44 -
Santé-services sociaux-communautaire-économie sociale
Valérie Lupien (2012)
32 Universitaire
Santé-services sociaux-communautaire-économie sociale
Véronique Dargis 34 Universitaire
TOTAL 47 candidatures 47