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Page 1: Parcours II La femme romaine - Enseignement

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La femme romaine Matrona, Virago ou lupa ?

Table des matiĂšres

I. Situation politique de la femme...................................................................................2a. La familia romana................................................................................................................3b. Le mariage...........................................................................................................................4

II. La bonne conduite féminine.........................................................................................5a. La mÚre parfaite...................................................................................................................6

III. Une culture du viol ?....................................................................................................7

IV. L’impudicitia............................................................................................................8a. Femmes de rien...................................................................................................................8b. Femmes libres : un exemple d’abus de pouvoir..................................................................10c. Femmes de pouvoir : l’exemple d’Agrippine........................................................................10

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I. Situation politique de la femme

Voici ce que Caton le Censeur (234-149 ACN) dit de la gent féminine quelques années aprÚs la seconde guerre punique. Maiores nostri nullam, ne privatam quidem rem, agere feminas sine tutore auctore voluerunt, in manu esse

parentium, fratrum, virorum; nos, si diis placet, iam etiam rem publicam capessere eas patimur et foro

quoque et contionibus et comitiis immisceri. Quid enim nunc aliud per vias et compita faciunt quam

rogationem tribunorum plebi suadent, quam legem abrogandam censent? Date frenos impotenti naturae et

indomito animali et sperate ipsas modum licentiae facturas; nisi vos feceritis, minimum hoc eorum est quae

iniquo animo feminae sibi aut moribus aut legibus iniuncta patiuntur. Omnium rerum libertatem, immo

licentiam, si vere volumus dicere, desiderant. Quid enim si hoc expugnaverint, non temptabunt? Recensete

omnia muliebra iura, quibus licentiam earum adligaverint majores vestri per quaeque eas subiecerint viris.

TITE-LIVE, Histoire romaine, XXXIV, 2, II

¶ modum (+ gen.) facere : mettre un terme (Ă ) ¶ rem publicam capessere : embrasser la carriĂšre politique ¶ rogationem suadere : soutenir un projet de loi ¶ suadere legem : soutenir une loi abrƏgo, as, are : enlever, supprimer adlÄ­go, (all-), as, are : attacher, lier ad : Ă  ăgo, is, ere, egi, actum : faire, traiter, agir ălÄ­us, a, ud : autre, un autre ănÄ­măl, alis, n. : ĂȘtre vivant, animal ănÄ­mus, i, m. : le coeur, la sympathie, le courage, l'esprit auctor, oris, m. : 1. le garant 2. la source 3. le modĂšle 4. l'auteur, l'instigateur aut, conj. coord. : ou, ou bien censeo, es, ere, censui, censum : estimer, ĂȘtre d'avis, dĂ©cider, faire le recensement cƏmÄ­tÄ­um, i, n. : le comitium (lieu de rĂ©union du peuple) ; comitia, orum : les comices, l'assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale du peuple compitum, i, n. : le carrefour contÄ­o, onis, f. : la tribune, l'assemblĂ©e du peuple convoquĂ©e par un magistrat (on n'y vote pas), le discours devant une assemblĂ©e (surtout politique) dēsÄ«dĕro, as, are : dĂ©sirer vivement, souhaiter do, das, dare, dedi, datum : donner ĕnim, conj. : car, en effet ĕtÄ­am, adv. : encore, en plus, aussi, mĂȘme, bien plus expugno, as, are : prendre par la force, vaincre făcÄ­o, is, ere, feci, factum : faire fÄ«o, is, fieri, factus sum : devenir, arriver; fio sert de passif Ă  facio fƏrum, i, n. : marchĂ©, forum frāter, tris, m. : frĂšre frēnus, i, m. : frein (au pl.) immiscĕo, es, ere, miscui, mixtum : mĂȘler immo, adv. : pas du tout, non, au contraire impƏtens, entis : incapable, irresponsable Ä­n, prĂ©p. + acc. ou + abl. : dans, sur, contre indƏmÄ­tus, a, um : indomptĂ© Ä­nÄ«quus, a, um : inĂ©gal; dĂ©favorable; excessif; injuste injungo, is, ere, iunxi, iunctum : imposer ipsĕ, ipsa, ipsum : mĂȘme (moi-mĂȘme, toi-mĂȘme, etc.) jam, adv. : dĂ©jĂ , Ă  l'instant, dĂ©sormais jĆ«s, iĆ«ris, n. : 1. la loi, le serment, le droit 2. jus, sauce

lex, legis, f. : loi, condition(s) d'un traitĂ© lÄ­centÄ­a, ae, f. : libertĂ©, pouvoir, licence mājƍres, um, m. pl. : les ancĂȘtres mănĆ­s, us, f. : main, petite troupe mÄ­nÄ­mum, adv. : trĂšs peu, le moins possible mƍs, moris, m. : singulier : coutume, maniĂšre ; pluriel : moeurs muliebris, is, e : de femme nē, adv. : ... quidem : pas mĂȘme, ne (dĂ©fense) nÄ­sÄ­, conj. sub. : si... ne... pas ; exceptĂ© noster, tra, trum : adj. notre, nos pronom : le nĂŽtre, les nĂŽtres nullĆ­s, a, um : aucun nunc, adv. : maintenant omnis, e : tout părens, entis, m. : parent parvus, a, um : petit pătÄ­or, eris, i, passus sum : supporter, souffrir, ĂȘtre victime de, ĂȘtre agressĂ© par per, prĂ©p. + acc. : Ă  travers, par plăcĕo, es, ere, cui, citum : 1.plaire, ĂȘtre agrĂ©able (placitus, a, um : qui plaĂźt, agrĂ©able) 2. paraĂźtre bon, agrĂ©er prÄ«vātus, a, um : privĂ© quam, quam : introduit le second terme de la comparaison = que quÄ­s, quae, quid : qui ? quoi ? aprĂšs si, nisi, ne, num, quis est l'Ă©quivalent de aliquis (quelqu'un, quelque chose). rĕcensĕo, es, ere, censui, censum : recenser, passer en revue rēs, rei, f. : la chose, l'Ă©vĂ©nement, la circonstance, l'affaire judiciaire; les biens sÄ­nĕ, prĂ©p. + abl. : sans spēro, as, are : espĂ©rer suādĕo, es, ere, suasi, suasum : conseiller subjÄ­cÄ­o, is, ere, ieci, iectum : jeter, mettre sous, placer sous, soumettre, assujettir tempto, as, are : chercher Ă  saisir, Ă©prouver, essayer, attaquer tribunus plebis : tribun de la plĂšbe tĆ«tor, oris, m. : le dĂ©fenseur, le protecteur; le tuteur, le curateur vērē, adv. : vraiment vÄ­a, ae, f. : route, chemin, voyage vÄ­r, uiri, m. : homme ( par opp. Ă  mulier, femme ), mari. vƏlo, uis, uelle, uolui : vouloir

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Sur quelle autoritĂ© Caton base-t-il son argumentation ? Quelle est la situation politique lĂ©gale de la femme selon Caton ? Qu’en est-il dans les faits ? Quelle est la volontĂ© de Caton vis-Ă -vis de cette rĂ©alitĂ© ? Surligne dans l’extrait latin tous les termes qui dĂ©signent la femme.

Penchons-nous maintenant sur cet extrait d’Isidore de SĂ©ville (560-636). Ideo autem feminae sub viri potestate consistunt, quia levitate animi plerumque decipiuntur. Vnde et

aequum erat eas viri auctoritate reprimi. Proinde et veteres voluerunt feminas innuptas, quamvis perfectae

aetatis essent, propter ipsam animi levitatem in tutela consistere.

Isidore de SĂ©ville, Etymologies, IX, 7, 30

aequus, a, um : Ă©gal, Ă©quitable aetās, atis, f. : 1. le temps de la vie, la vie 2. l'Ăąge 3. la jeunesse 4. te temps, l'Ă©poque autem, conj. coord. : or, cependant, quant Ă  - consisto, is, ere, stiti : se placer, s'Ă©tablir dēcÄ­pÄ­o, is, ere, cepi, ceptum : tromper, abuser fēmÄ­na, ae, f. : femme Ä­dĕƍ, inv. : pour cette raison innuptus, a, um : non mariĂ©, vierge lĕvÄ­tās, atis, f. : lĂ©gĂšretĂ© perfectus, a, um : achevĂ©, parfait plērumquē, adv. : la plupart du temps

pƏtestās, atis, f. : 1. la puissance, le pouvoir 2. le pouvoir d'un magistrat 3. la facultĂ©, l'occasion de faire qqch. prƏindē, adv. : par consĂ©quent propter, prĂ©p.+ acc. : Ă  cause de, Ă  cĂŽtĂ© quamvÄ«s, conj. sub. : bien que quĭă, conj. sub. : parce que rĕprÄ­mo, is, ere, pressi, pressum : retenir, contenir sĆ­b, prĂ©p. + abl. : sous tĆ«tēla, ae, f. : la protection undĕ, adv. interr. ou rel. : d'oĂč, d'oĂč ? vĕtĆ­s, eris : vieux vÄ­r, uiri, m. : homme ( par opp. Ă  mulier, femme ), mari.

700 ans séparent les deux discours. Y relÚves-tu des différences ?

a. La familia romana

La famille traditionnelle romaine est dirigée par le pater familias, qui a tous les

droits sur les membres de sa famille. Il jouit du sui iuris, tandis que sa femme, ses enfants et ses esclaves sont des alieni iuris personae. Aux origines, la parentĂ© est agnatique1 mais la parentĂ© cognatique2 tend Ă  ĂȘtre mieux considĂ©rĂ©e au fil des siĂšcles.

L’enfant qui ne sait pas encore parler est un infans (de fari : parler). La jeune fille non mariĂ©e est la puella (ou uirgo). On peut la marier Ă  partir de douze ans. Lorsqu’elle se marie, elle devient uxor/mulier et puis matrona lorsqu’elle a des enfants. Une vieille femme qui ne peut plus avoir d’enfants est une anus.

1Parentéparlesmùles.2Parentébiologique,parlamÚre.

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b. Le mariage

(dematrimonium=institutiondesmĂšres,lamaternitĂ©)3Il existe deux types de mariage durant l’AntiquitĂ© romaine : le premier est le mariage cum manu, au cours duquel l’épouse est soustraite Ă  l’autoritĂ© de son pĂšre pour ĂȘtre sous celle de son nouvel Ă©poux. Si le mari meurt, l’épouse sera mise sous tutelle d’un autre homme. Par ce type de mariage, l’épouse ne peut plus profiter de la succession de son pĂšre mais bien celle de son Ă©poux. Le divorce n’est pas possible dans ce type d’union. Le second est le mariage sine manu, oĂč la femme reste sous l’autoritĂ© de son pĂšre. Celle-ci peut donc profiter de la succession de sa famille mais aussi divorcer avec l’autorisation de son pĂšre. Ce type de mariage, beaucoup plus populaire sous la RĂ©publique, permet Ă  la femme d’avoir plus d’indĂ©pendance lorsque son pĂšre dĂ©cĂšde. Elle dispose de sa propre indĂ©pendance juridique et peut possĂ©der des biens (paraphernaux). Dans tous les cas, l’épouse garde le nom de la gens de son pater familias. Le prĂ©nom de la fille est souvent le nomen de son pĂšre fĂ©minisĂ© (la fille de Caius Iulius Caesar s’appelait Iulia Caesaris). Les fiançailles (sponsalia) peuvent ĂȘtre contractĂ©es Ă  partir de sept ans. Elles sont conclues sous simple accord verbal et sont dĂ©limitĂ©es par des rĂšgles prĂ©cises. Le fiancĂ© remet une somme d’argent (arra) Ă  la fiancĂ©e ou un anneau. Une fĂȘte de fiançailles pouvait se dĂ©rouler. La veille du mariage, la future quittait sa robe de puella, la toga praetexta, et la consacrait aux Lares de la famille avec ses jouets. Elle revĂȘtait en se couchant une tunica recta (tunique tissĂ©e Ă  la mode ancienne ou tunique sans sinus) ou regilla et un reticulum. La robe de cĂ©rĂ©monie est blanche. La mariĂ©e se couvre la tĂȘte d’un voile rouge, en dessous duquel ses cheveux ont Ă©tĂ© coiffĂ©s en six tresses, maintenues par des bandelettes. Cette coiffure est un signe de chastetĂ©. Le jour du mariage, on prend des auspices et on conclue le contrat de mariage, signĂ© par des tĂ©moins. Les fiancĂ©s donnent leur consentement au mariage. La pronuba, une femme qui ne doit avoir Ă©tĂ© mariĂ©e qu’une fois, joint les mains droites des nouveaux Ă©poux (dextrarum iunctio). Cet acte est suivi d’une priĂšre prononcĂ©e par un auspex nuptiarum Ă  Jupiter, Junon, VĂ©nus, Diane et Fides. Ensuite, les mariĂ©s sacrifient un bƓuf ou un porc. Les tĂ©moins vont par aprĂšs formuler des vƓux de bonheur (feliciter). Tous se rejoignent pour la cena. AprĂšs le repas, le mariĂ© fait semblant d’arracher la mariĂ©e aux bras de sa mĂšre et le cortĂšge nuptial se dirige

vers la maison du mari, avec des joueurs de flĂ»tes et des porteurs de torches, en chantant des vers obscĂšnes. Les enfants demandaient au mariĂ© de leur jeter des noix. La mariĂ©e est accompagnĂ©e de trois jeunes gens et derriĂšre elle sont portĂ©s une quenouille et un fuseau. ArrivĂ©s Ă  la maison de l’époux, la mariĂ©e frotte de graisse ou d’huille les montants de la porte puis les emballait dans des bandes de laine. Elle prononce alors la formule « Ubi tu Gaius, ego Gaia ». Le mariĂ© la porte alors pour l’amener dans la maison (soit pour Ă©viter une chute, soit pour simuler le rapt). Dans l’atrium, l’époux prĂ©sente Ă  la femme l’eau et le feu, symboles de fĂ©conditĂ©. Il y a d’autres Ă©tapes Ă  ce moment comme placer la mariĂ©e sur

une reprĂ©sentation de Mutunus Tutunus, Ă©quivalent de Priape, pour lui assurer la fĂ©conditĂ© Ă  l’avenir (Ă  gauche). Le lendemain, la mariĂ©e offre Ă  ses parents les repotia, un repas.

3LeDictionnairedesAntiquitésGrecquesetRomainesdeDarembergetSaglio(enligne)

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II. La bonne conduite fĂ©minine La journĂ©e-type de la femme romaine : faisant souvent chambre Ă  part avec son Ă©poux, la matrona se lĂšve aux aurores et se prĂ©pare. La tunique est le premier vĂȘtement, qui est assez simple. Le « soutien-gorge », appelĂ© strophium, est apposĂ© au-dessus de la tunica. Ensuite, la femme se drape dans une stola, drappĂ©e autour des Ă©paules. Lorsqu’elle sort, elle rajoute Ă  sa tenue une palla, qu’elle peut relever sur sa tĂȘte en cas de besoin. La toilette est un moment trĂšs important et trĂšs long de la journĂ©e de l’aristocrate romaine. Voici ce qu’Ovide dit de la coiffure (Art d’aimer, III, 133-

148) :

Munditiis capimur: non sint sine lege capilli:

Admotae formam dantque negantque manus.

Nec genus ornatus unum est: quod quamque decebit

Eligat, et speculum consulate ante suum.

Longa probat facies capitis discrimina puri:

Sic erat ornatis Laodamia comis.

Exiguum summa nodum sibi fronte relinqui,

Ut pateant aures, ora rotunda uolunt.

Alterius crines umero iactentur utroque:

Talis est adsumpta, Phoebe canore, lyra.

Altera succinctae religetur more Dianae,

Ut solet, attonitas cum petit illa feras.

Huic decet inflatos laxe iacuisse capillos:

Illa sit adstrictis impedienda comis;

Hanc placet ornari testudine Cyllenea:

Sustineat similes fluctibus illa sinus.

admƏvĕo, es, ere, moui, motum : 1 - approcher une chose d'une autre, mouvoir vers, appliquer Ă  adstringo, is, ere, strinxi, strictum : attacher Ă©troitement, serrer, resserrer adsĆ«mo, is, ere, sumpsi, sumptum : prendre pour soi, s'approprier, joindre alter, era, erum : l'autre (de deux) attƏnÄ­tus, a, um : frappĂ© par le tonnerre ; paralysĂ© auris, is, f. : oreille cănƍrus, a, um : sonore, mĂ©lodieux căpÄ­o, is, ere, cepi, captum : prendre cƏma, ae, f. : chevelure, cheveux consulo, is, ere, sului, sultum : consuler crÄ«nis, is, m. : le cheveu, la chevelure cum, prĂ©p + abl., conj. :. conjonction + ind. = quand, lorsque, comme, ainsi que Cylleneus, a, um : de CyllĂšne (montagne d’Arcadie consacrĂ©e Ă  HermĂšs, oĂč il fabriqua la premiĂšre lyre Ă  partir de la carapace d’une tortue) dĕcĕt, imp. : il convient, il est convenable que Dĭāna, ae, f. : Diane discrÄ«mĕn, inis, n. : la diffĂ©rence, la distinction, la ligne de dĂ©marcation, la position critique ēlÄ­go, is, ere, legi, lectum : choisir exÄ­gĆ­us, a, um : exigu, petit fĕra, ae, f. : la bĂȘte sauvage fluctus, us, m. : flot forma, ae, f. : forme, beautĂ© frons, ontis, f. : front gĕnĆ­s, eris, n. : race, origine, espĂšce hÄ«c, haec, hoc : ce, cette, celui-ci, celle-ci impĕdÄ­o, is, ire, iui, itum : entraver, empĂȘcher (impedienda : adj. Vb. + sit = obligation) inflo, as, are : enfler jăcĕo, es, ere, cui, citurus : ĂȘtre Ă©tendu, s'Ă©tendre jacto, as, are : 1. jeter, lancer Laodamia, ae, f. : fille de BellĂ©rophon, elle est aimĂ©e de Zeus et fut tuĂ©e par ArtĂ©mis. laxus, a, um : large, spacieux (laxe, adv. : de maniĂšre large)

mƍs, moris, m. : singulier : coutume, maniĂšre ; pluriel : moeurs mundÄ­tÄ­a, ae, f. : l'Ă©lĂ©gance nĕgo, as, are : nier nƍdus, i, m. : noeud, jointure, articulation, difficultĂ© ornātus, us, m. : le vĂȘtement, l'habillement, l'ornement, la parure ƍs, oris, n. : le visage, la bouche, l'entrĂ©e, l'ouverture păteo, es, ere, patui : ĂȘtre ouvert (+ dat., Ă  qqn), s'Ă©tendre largement, ĂȘtre visible pĕto, is, ere, iui, itum : 1. chercher Ă  atteindre, attaquer, 2. chercher Ă  obtenir, rechercher, briguer, demander Phoebus, i, m. : nom grec d'Apollon plăcĕt, impers. : cela, il me plaĂźt (avec acc.) prƏbo, as, are : Ă©prouver, approuver, prouver rĕlÄ­go, as, are : lier en arriĂšre, lier, attacher, relier

rĕlinquo, is, ere, reliqui, relictum : laisser, abandonner rƏtundus, a, um (rut-) : rond, arrondi sÄ«c, adv. : ainsi ; sic... ut : ainsi... que sÄ­mÄ­lis, e : semblable sÄ­nus, us, m. : le sein, la courbure, le golfe, l'anse sƏlĕo, es, ere, solitus sum : avoir l'habitude de spĕcĆ­lum, i, n. : miroir succingo, is, ere, cinxi, cinctum : ceindre, entourer, garnir sustÄ­nĕo, es, ere, tinui, tentum : soutenir, supporter testĆ«dƍ, dinis, f. : tortue ; Ă©caille de tortue Ć­mĕrus, i, m. : l'Ă©paule Ć­tĕr, tra, trum : lequel des deux ?, l'un des deux Ć­terque, utraque, utrumque : chacun des deux vƏlo, uis, uelle, uolui : vouloir

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A midi, l’aristocrate prend le prandium (fromage, fruits, pain trempĂ© dans du vin) et puis s’adonne Ă  des activitĂ©s diverses : gĂ©rer les finances de la domus, recevoir ses amis, musique, thĂ©Ăątre, spectacles, thermes
 Les femmes du peuple travaillent. Les actrices, courtisanes, gladiatrices, musiciennes et danseuses sont considĂ©rĂ©es comme dĂ©shonorĂ©es. La femme peut ĂȘtre instruite, ce que certains hommes apprĂ©cient, comme le dit Pline le Jeune dans une de ses lettres (IV, 19): « Summum est acumen summa frugalitas; amat me, quod castitatis indicium est. Accedit his studium litterarum, quod ex mei caritate concepit. Meos libellos habet lectitat ediscit etiam. Qua illa sollicitudine cum uideor acturus, quanto cum egi gaudio afficitur! Disponit qui nuntient sibi quem assensum quos clamores excitarim, quem euentum iudicii tulerim. Eadem, si quando recito, in proximo discreta uelo sedet, laudesque nostras auidissimis auribus excipit. Versus quidem meos cantat etiam formatque cithara non artifice aliquo docente, sed amore qui magister est optimus. » « En elle la plus vive intelligence s'allie Ă  la plus parfaite conduite ; elle m'aime, et c'est une preuve de sa vertu. Elle a de plus le goĂ»t des lettres, que lui a inspirĂ© son amour pour moi. Mes Ă©crits sont dans ses mains, elle les lit et les relit, et mĂȘme les apprend par coeur. Que d'inquiĂ©tude dans son coeur, quand je suis sur le point de plaider ! Quelle joie, quand c'est fini ! Elle charge des messagers de lui rapporter les applaudissements, les acclamations que j'ai soulevĂ©es, le succĂšs que j'ai obtenu dans mon affaire. Ou bien, si parfois je fais une lecture publique, elle se tient Ă  proximitĂ©, dissimulĂ©e derriĂšre une tenture, et recueille d'une oreille avide les louanges que je reçois. Elle chante mĂȘme mes vers en s'accompagnant de la lyre, instruite non par un artiste, mais par l'amour, le meilleur de tous les maĂźtres. » La relation de Pline le Jeune avec son Ă©pouse Calpurnia est un cas particulier dans l’AntiquitĂ©. Il parle d’elle dans ses Lettres et lui en aurait adressĂ© quelques-unes. Voici les qualitĂ©s que Calpurnia a selon son Ă©poux4 :

- Frugalitas : esprit d’économie, opposĂ© au luxe, que CicĂ©ron considĂšre comme la plus grande des qualitĂ©s. - Castitas : la puretĂ©, la chastetĂ© des sentiments, la bonne conduite morale. - Gloriam amat : elle admire l’idĂ©al vertueux et patriotique de son Ă©poux. - Pietas : il s’agit davantage de piĂ©tĂ© filiale que religieuse, du respect des honneurs Ă  rendre aux aĂźnĂ©s. - Acumen : elle a de l’esprit, de la finesse et est douĂ©e en arts et littĂ©rature. - Suauitas/dulcedo : Calpurnia est enjouĂ©e, elle a un caractĂšre doux et agrĂ©able. - Amor : l’attachement de Calpurnia pour Pline semble sincĂšre, il peut mĂȘme ĂȘtre proche de l’idolĂątrie.

a. La mĂšre parfaite

« Nam pridem suus cuique filius, ex casta parente natus, non in cellula emptae nutricis, sed gremio ac sinu matris educabatur, cuius praecipua laus erat tueri domum et inseruire liberis. Eligebatur autem maior aliqua natu propinqua, cuius probatis spectatisque moribus omnis eiusdem familiae suboles committeretur; coram qua neque dicere fas erat quod turpe dictu, neque facere quod inhonestum factu uideretur. Ac non studia modo curasque, sed remissiones etiam lususque puerorum sanctitate quadam ac uerecundia temperabat. Sic Corneliam Gracchorum, sic Aureliam Caesaris, sic Atiam Augusti {matrem} praefuisse educationibus ac produxisse principes liberos accepimus. Quae disciplina ac seueritas eo pertinebat, ut sincera et integra et nullis prauitatibus detorta unius cuiusque natura toto statim pectore arriperet artis honestas, et siue ad rem militarem siue ad iuris scientiam siue ad eloquentiae studium inclinasset, id solum ageret, id uniuersum hauriret. » « Et d'abord, le fils nĂ© d'un chaste hymen n'Ă©tait point Ă©levĂ© dans le servile rĂ©duit d'une nourrice achetĂ©e, mais entre les bras et dans le sein d'une mĂšre, dont toute la gloire Ă©tait de se dĂ©vouer Ă  la garde de sa maison et au soin de ses enfants. On choisissait en outre une parente d'un Ăąge mĂ»r et de mƓurs exemplaires, aux vertus de laquelle Ă©taient confiĂ©s tous les rejetons d'une mĂȘme famille, et devant qui l'on n'eĂ»t osĂ© rien dire qui blessĂąt la dĂ©cence, ni rien faire dont l'honneur pĂ»t rougir. Et ce n'Ă©taient pas seulement les Ă©tudes et les travaux de l'enfance, mais ses dĂ©lassements et ses jeux, qu'elle tempĂ©rait par je ne sais quelle sainte et modeste retenue. Ainsi CornĂ©lie, mĂšre des Gracques, ainsi AurĂ©lie, mĂšre de CĂ©sar, ainsi Atia, mĂšre d'Auguste, prĂ©sidĂšrent, nous dit-on, Ă  l'Ă©ducation de leurs enfants, dont elles firent de grands hommes. Par l'effet de cette austĂšre et sage discipline, ces Ăąmes pures et innocentes, dont rien n'avait encore faussĂ© la droiture primitive, saisissaient avidement toutes les belles connaissances, et, vers quelque science qu'elles se tournassent ensuite, guerre, jurisprudence, art de la parole, elles s'y livraient sans partage et la dĂ©voraient tout entiĂšre. »

Tacite, Dialogue des orateurs, XXVIII RelÚve, en français et en latin, les valeurs de la mÚre parfaite.

4MANIETA,«PlineLeJeuneetCalpurnia»dansL'AntiquitéClassique,1966,35-1,pp.149-185.

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III. Une culture du viol ? Que représente chacune des illustrations ? Aide-toi des extraits latins ci-dessous.

Texte latin Description Image

I. Quo dum Proserpina luco ludit et aut uiolas aut candida lilia carpit, dumque puellari studio calathosque sinumque inplet et aequales certat superare legendo, paene simul uisa est dilectaque raptaque Diti : usque adeo est properatus amor. Dea territa maesto et matrem et comites, sed matrem saepius, ore clamat, et summa uestem laniarat ab ora, collecti flores tunicis cecidere remissis.5

II. Vbi exceptus benigne ab ignaris consilii cum post cenam in hospitale cubiculum deductus esset, amore ardens, postquam satis tuta circa sopitique omnes uidebantur, stricto gladio ad dormientem Lucretiam uenit sinistraque manu mulieris pectore oppresso "Tace, Lucretia, inquit; Sex- Tarquinius sum; ferrum in manu est; moriere, si emiseris uocem". Cum pauida ex somno mulier nullam opem, prope mortem imminentem uideret, tum Tarquinius fateri amorem, orare, miscere precibus minas, uersare in omnes partes muliebrem animum. Vbi obstinatam uidebat et ne mortis quidem metu inclinari, addit ad metum dedecus: cum mortua iugulatum seruum nudum positurum ait, ut in sordido adulterio necata dicatur. Quo terrore cum uicisset obstinatam pudicitiam uelut uictrix libido profectusque inde Tarquinius ferox expugnato decore muliebri esset (
).6

III. Vbi spectaculi tempus uenit deditaeque eo mentes cum oculis erant, tum ex composito orta uis, signoque dato iuuentus Romana ad rapiendas uirgines discurrit. Magna pars forte, in quem quaeque inciderat, raptae; quasdam forma excellentes primoribus patrum destinatas ex plebe homines, quibus datum negotium erat, domos deferebant; unam longe ante alias specie ac pulchritudine insignem a globo Thalassi cuiusdam raptam ferunt, multisque sciscitantibus, cuinam eam ferrent, identidem, ne quis uiolaret, Thalassio ferri clamitatum: inde nuptialem hanc uocem factam. Turbato per metum ludicro maesti parentes uirginum profugiunt, incusantes uiolati hospitii scelus deumque inuocantes, cuius ad sollemne ludosque per fas ac fidem decepti uenissent. Nec raptis aut spes de se melior aut indignatio est minor. Sed ipse Romulus circumibat docebatque patrum id superbia factum, qui conubium finitimis negassent; illas tamen in matrimonio, in societate fortunarum omnium ciuitatisque et, quo nihil carius humano generi sit, liberum fore; mollirent modo iras et, quibus fors corpora dedisset, darent animos. Saepe ex iniuria postmodum gratiam ortam, eoque melioribus usuras uiris, quod adnisurus pro se quisque sit, ut, cum suam uicem functus officio sit, parentium etiam patriaeque expleat desiderium. Accedebant blanditiae uirorum, factum purgantium cupiditate atque amore, quae maxime ad muliebre ingenium efficaces preces sunt.7

5Ovide,MĂ©tamorphoses,V,v.391-399.6TiteLive,Histoireromaine,I,58.7TiteLive,Histoireromaine,I,9.

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IV. L’impudicitia

a. Femmes de rien Voici le court rĂ©cit d’un exemple de femme ambitieuse qui fut jugĂ©e par les hommes de son temps. Cytheris est l’affranchie de Publius Volumnius Eutrapelus. Elle acquiert une grande notoriĂ©tĂ© dans l’art du mime, seule forme thĂ©Ăątrale oĂč les femmes pouvaient jouer. Elle entretint avec Marc-Antoine une relation sulfureuse, que CicĂ©ron rĂ©prouva avec vigueur : Venisti Brundisium, in sinum quidem et in complexum tuae mimulae.

Quid est? num mentior ? Quam miserum est id negare non posse, quod sit turpissimum confiteri ! Si te

municipiorum non pudebat, ne ueterani quidem exercitus ? Quis enim miles fuit, qui Brundisi illam non

uiderit ? quis qui nescierit uenisse eam tibi tot dierum uiam gratulatum ? quis, qui non indoluerit tam sero

se, quam nequam hominem secutus esset, cognoscere ?

CicĂ©ron, Philippiques8, II, 61 BrundÄ­sÄ­um, ii, n. : Brundisium (ville de Calabre) cognosco, is, ere, noui, cognitum : reconnaĂźtre complexus, us, m. : l'action d'embrasser, l'Ă©treinte, le lien affectueux confÄ­tĕor, eris, eri, fessus sum : avouer dÄ­es, ei, m. et f. : jour exercÄ­tus, us, m. : l'armĂ©e grātĆ­lor, aris, ari : fĂ©liciter qqn de qqch indƏlesco, is, ere, dolui : souffrir mentÄ­or, iris, iri, titus sum : mentir mÄ«lĕs, itis, m. : soldat mimula, ae, f. : petite mime mĆ«nÄ­cÄ­pÄ­um, i, n. : municipe, ville libre nĕgo, as, are : nier nēquam, inv. : vaurien, fripouille nescÄ­o, is, ire, iui, itum : ignorer

num, inv. : est-ce que par hasard, est-ce que possĆ­m, potes, posse, potui : pouvoir pĆ­dĕo, es, ere, ui, itum : avoir honte ; surtout impers. : me pudet + gĂ©n. : j'ai honte de... sĕquor, eris, i, secutus sum : 1. suivre 2. poursuivre 3. venir aprĂšs 4. tomber en partage sērĆÌ†, adv. : tard, trop tard tam, adv. : si, autant tƏt, adv. : tant, si nombreux turpis, e : honteux vĕnÄ­o, is, ire, ueni, uentum : venir vĕnÄ­o, is, ire, ueni, uentum : venir vĕtĕrānus, a, um : vieux, ancien (ueteranus, i, m. : le vĂ©tĂ©ran) vÄ­dĕo, es, ere, uidi, uisum : voir (uideor, eris, eri, uisus sum : paraĂźtre, sembler)

Pourquoi Marc Antoine est-il un nequam selon CicĂ©ron dans cet extrait ? Pline l’Ancien9 lui aussi parle de la relation de Marc Antoine et la mime Cytheris. « iugo subdidit eos primusque Romae ad currum iunxit M- Antonius, et quidem ciuili bello, cum dimicatum esset in Pharsalis campis, non sine ostento quodam temporum, generosos spiritus iugum subire illo prodigio significante. nam quod ita uectus est cum mima Cytheride, super monstra etiam illarum calamitatum fuit. » « Le premier qui les (des lions) ait mis sous le joug, et qui les ait attelĂ©s Ă  un char dans Rome, est Marc-Antoine, et ce fut pendant la guerre civile, aprĂšs la bataille livrĂ©e dans les champs de Pharsale; attelage prodigieux, sorte de signe des temps, qui tĂ©moignait que les esprits gĂ©nĂ©reux subissaient le joug; car se faire traĂźner ainsi avec la mime CythĂ©ris, c'Ă©tait une monstruositĂ© qui dĂ© passait mĂȘme les calamitĂ©s de l'Ă©poque. »

8DiscoursdeCicĂ©ron,prononcĂ©sen44et43ACN,s’attaquantĂ MarcAntoinequiseprĂ©sentaitensuccesseurdeCĂ©sar.9Histoirenaturelle,VIII,21.

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Les origines de Rome sont Ă©troitement liĂ©es Ă  la figure de la courtisane, la lupa. Les jumeaux Romulus et RĂ©mus ont Ă©tĂ© allaitĂ©s par une louve, et recueillis par Acca Larentia, une prostituĂ©e. Elle aurait cĂ©dĂ© ses richesses Ă  ses enfants adoptifs, ce qui aurait contribuĂ© Ă  la fondation de Rome. Une autre prostituĂ©e, Flora, aurait eu le mĂȘme geste envers les Romains et aurait Ă©tĂ© divinisĂ©e. On aurait en son honneur instituĂ© les Floralia, des fĂȘtes durant lesquelles des spectacles sont donnĂ©s. Durant les fĂȘtes de Flora, des danseuses s’exĂ©cutent nues sur la scĂšne, soit pour arborer la fĂ©conditĂ© fĂ©minine, soit par simple plaisir. La prĂ©sence des femmes dans ces spectacles donne un ton immoral et rĂ©solument lĂ©ger. Voici ce que l’auteur chrĂ©tien Lactance (240-320) dit de ces stripteases : « Celebrantur ergo illi ludi cum omni lasciuia, conuenienter memoriae meretricis. Nam praeter uerborum licentiam, quibus obscoenitas omnis effunditur, exuuntur etiam uestibus populo flagitante meretrices, quae tunc mimarum funguntur officio, et in conspectu populi usque ad satietatem impudicorum luminum cum pudendis motibus detinentur. » « Donc, on cĂ©lĂšbre ces jeux comme il convient pour la mĂ©moire d’une courtisane avec toute la lascivitĂ© : en effet, outre la licence des propos, par lesquelles toutes les obscĂ©nitĂ©s se rĂ©pandent, les courtisanes, Ă  la demande du peuple, quittent aussi leurs vĂȘtements, lesquelles accomplissent alors la fonction des mimes et, avec leurs gesticulations honteuses, elles sont retenues sous le regard des spectateurs sans cesse jusqu’à la satiĂ©tĂ© des yeux impudiques. »

Lactance, Institutions divines, I, 20

Que peut-on conclure Ă  propos de la « profession » de mime pour les femmes ? La meretrix10 La prostitution est un pan essentiel de la vie quotidienne Ă  Rome. Contrairement aux croyances, il y avait autant de prostituĂ©es que de prostituĂ©s. Ils sont gĂ©nĂ©ralement esclaves mais d’autres sont des citoyens libres. Les patriciens engagent ces pĂ©ripatĂ©ticien(ne)s dans leurs banquets afin de montrer leur richesse (car le coĂ»t d’un(e) prostituĂ©(e) libre est beaucoup plus Ă©levĂ© qu’une prostituĂ©e de bas Ă©tage). Les personnes libres qui se prostituent sont appelĂ©s les ingĂ©nus. Ils sont susceptibles d’ĂȘtre privĂ©s de leurs droits, ils ne peuvent pas porter plainte pour viol et crĂ©ent donc une catĂ©gorie infĂ©rieure de citoyens. Il est intĂ©ressant de remarquer que dĂ©jĂ  Ă  l’époque, le terme « prostituĂ©e » est utilisĂ© autant pour dĂ©signer une personne exerçant ce mĂ©tier de fait qu’une personne dont la moralitĂ© est jugĂ©e mauvaise. Ainsi, ClĂ©opĂątre est dĂ©signĂ©e sous l’appellation « regina meretrix ». La matrona sert uniquement Ă  la production de bons petits Romains. La meretrix est lĂ  pour rĂ©pondre aux besoins bestiaux des hommes. FrĂ©quenter les lupanars n’est pas du tout mal vu Ă  l’époque.

ci-contre : intérieur du lupanar de Pompéi.

10FlorenceDUPONT,«Lamatrone,lalouveetlesoldat:pourquoidesprostituĂ©(e)s«ingĂ©nuesȈRome?»,Clio.Histoire‚femmesetsociĂ©tĂ©s[Enligne],17|2003,17|2003,21-44.

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b. Femmes libres : un exemple d’abus de pouvoir

Cette anecdote remonterait Ă  l’époque royale. Un mari adorable
 (
) Egnati autem Meceni longe minore de causa, qui uxorem, quod uinum bibisset, fusti percussam interemit,

idque factum accusatore tantum, sed etiam reprehensore caruit, uno quoque existimante optimo illam

exemplo uiolatae sobrietati poenas pependisse. Et sane quaecumque femina uini usum immoderate appetit,

omnibus et uirtutibus ianuam claudit et delictis aperit.

ValĂšre Maxime, Des faits et des dits mĂ©morables, VI, 3, 9 ¶ poenas pendere : expier accĆ«sātor, oris, m. : 1 - l'accusateur. - 2 - le dĂ©lateur, le dĂ©nonciateur. adpĕto, is, ere, petivi (petii), petitum : marcher rapidement vers, chercher Ă  saisir, dĂ©sirer vivement, attaquer, envahir, approcher bÄ­bo, is, ere, bibi, bibitum : boire căreo, es, ere, ui, iturus : manquer de, ĂȘtre dĂ©barrassĂ© de claudo, (cludo) is, ere, clausi, clausum : enfermer, fermer dēlictum, i, n. : la faute, le dĂ©lit, le dĂ©faut EgnātÄ­us, i, m. : Egnatius existÄ­mo, as, are : estimer, juger, considĂ©rer, ĂȘtre d'avis fustis, is, f. : le bĂąton immƏdĕrātē, adv. : sans mesure intĕrÄ­mo, is, ere, emi, emptum : supprimer, tuer

jānĆ­a, ae, f. : la porte (d'une maison) longē, adv. : longuement, au loin Mecenius, i, m. : MĂ©cĂ©nius pendĕo, es, ere, pependi, - : ĂȘtre suspendu percĆ­tÄ­o, is, ere, cussi, cussum : frapper quÄ«cumquĕ, quae-, quod- (-cun-) : qui que ce soit, quoi que ce soit quÄ«cunquĕ, cf. quicumque : qui que ce soit, quoi que ce soit quisque, quaeque, quidque : chaque, chacun, chaque chose reprehensor, oris, m. : censeur, critique sānē, adv. : vraiment, parfaitement sobrietas, atis, f. : sobriĂ©tĂ© tantum, adv. : tant de, tellement ; seulement vĭƏlo, as, are : traiter avec violence, profaner, outrager

c. Femmes de pouvoir : l’exemple d’Agrippine

Pour rappel, Agrippine est une figure fĂ©minine primordiale de l’histoire romaine. SƓur de l’empereur Caligula, Ă©pouse de l’empereur Claude et mĂšre de l’empereur NĂ©ron, c’est indĂ©niable une femme de pouvoir. NĂ©e en 15, c’est Ă  22 ans qu’Agrippine met au monde NĂ©ron. Ayant eu du mal Ă  concevoir un enfant, elle aurait consultĂ© des mages qui lui auraient prĂ©dit qu’elle mettrait au monde un fils mais qu’il la tuerait, ce Ă  quoi elle aurait rĂ©pondu : « Qu’il me tue, pourvu qu’il rĂšgne ». GrĂące Ă  l’affranchi Pallas, qui comptait dans ses alliĂ©s depuis quelques annĂ©es, elle fut mariĂ©e en 49 Ă  l’empereur Claude, son oncle, et rĂ©ussit Ă  marier NĂ©ron Ă  Octavie, la fille de Claude. Elle obtient aussi que son fils NĂ©ron soit adoptĂ© par Claude, ce qui le place en rival de Britannicus, le fils biologique de Claude. Le 13 octobre 54, elle fait empoisonner Claude et NĂ©ron, ayant fait assassiner Britannicus auparavant, devient empereur. Avide de pouvoir, Agrippine s’oppose Ă  son fils qui dĂ©sire se marier avec PoppĂ©e. NĂ©ron dĂ©cide alors de passer Ă  l’acte et aprĂšs un naufrage ratĂ©, il fait tuer sa mĂšre en 59. Celle-ci aurait prĂ©sentĂ© son ventre, siĂšge de la vie, aux soldats venus la tuer : « Ventrem feri ! ». Cet extrait des Annales de Tacite parle prĂ©cisĂ©ment du dĂ©cret demandĂ© par Claude afin d’épouser sa propre niĂšce. On dit qu’il demanda des sacrifices expiatoires pour rĂ©parer l’outrage de l’inceste, ce qui provoqua l’hilaritĂ© Ă  Rome.

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nec Claudius ultra expectato obuius apud forum praebet se gratantibus, senatumque ingressus

decretum postulat quo iustae inter patruos fratrumque filias nuptiae etiam in posterum statuerentur. nec

tamen repertus est nisi unus talis matrimonii cupitor, Alledius Seuerus eques Romanus, quem plerique

Agrippinae gratia impulsum ferebant. uersa ex eo ciuitas et cuncta feminae oboediebant, non per lasciuiam,

ut Messalina, rebus Romanis inludenti. adductum et quasi uirile seruitium: palam seueritas ac saepius

superbia; nihil domi impudicum, nisi dominationi expediret. cupido auri immensa obtentum habebat, quasi

subsidium regno pararetur.

Tacite, Annales, XII, 7

¶ in posterum : Ă  l'avenir, par la suite addĆ«co, is, ere, duxi, ductum : 1. amener Ă  soi, attirer 2. conduire vers, mener Ă  ăpĆ­d, (aput), prĂ©p. + acc. : prĂšs de, chez aurum, i, n. : or cuncti, ae, a : tous ensemble cĆ­pÄ«dƍ, dinis, m. : 1 - le dĂ©sir, l'envie, la passion, la convoitise. - 2 - la passion de l'argent, la cupiditĂ©. cupitor, oris, m. : celui qui dĂ©sire (+ gĂ©n.) dēcrētum, i, n. : dĂ©cision, dĂ©cret dƏmÄ«, adv. : Ă  la maison dƏmÄ­nātÄ­o, onis, f. : la domination, la souverainetĂ©, le pouvoir absolu ĕquĕs, itis, m. : chevalier, cavalier expĕdÄ­o, is, ire, i(u)i , itum : se dĂ©barrasser, se prĂ©parer, expliquer exspecto, as, are, aui, atum : attendre, espĂ©rer, souhaiter vivement frāter, tris, m. : frĂšre grātor, aris, ari : fĂ©liciter illĆ«do, is, ere, lusi, lusum : se jouer de, jouer avec, se moquer de immensus, a, um : immense impĆ­dÄ«cus, a, um : sans pudeur, impur, impudique impulsus, us, m. : impulsion, instigation ingrĕdÄ­or, eris, i, gressus sum : entrer justus, a, um : juste, Ă©quitable, raisonnable lascÄ«vÄ­a, ae, f. : l'humeur folĂątre, la gaietĂ©, l'enjouement ; la licence, le dĂ©rĂšglement, le libertinage, la dĂ©bauche nÄ­hil, pr. : rien

nÄ­sÄ­, conj. sub. : si... ne... pas ; exceptĂ© nuptÄ­a, cf. nuptiae : les noces nuptÄ­ae, arum, f. pl. : les noces ƏboedÄ­o, is, ite, ii, itum : obĂ©ir obtentus, us, m. : l'action de tendre, le prĂ©texte obvÄ­us, a, um : qui se trouve sur le passage de qqn., banal pălam, adv. : ouvertement, publiquement păro, as, are : prĂ©parer, procurer (paratus, a, um : prĂȘt, prĂ©parĂ© Ă , bien prĂ©parĂ©, bien fourni) patrĆ­us, i, m. : l'oncle plērÄ«que, aeque, aque : la plupart postĆ­lo, as, are : demander, rĂ©clamer praebĕo, es, ere, bui, bitum : fournir quăsÄ­, conj. : comme si; adv. : pour ainsi dire, environ regnum, i, n. : pouvoir royal, trĂŽne, royaume rĕpĕrÄ­o, is, ire, rep(p)eri, repertum : 1. retrouver 2. trouver (aprĂšs recherche) 3. trouver du nouveau, imaginer saepĕ, adv. : souvent servÄ­tÄ­um, i, n. : la servitude, la condition d'esclave, l'esclavage sĕvērÄ­tās, atis, f. : le sĂ©rieux, l'austĂ©ritĂ© stătĆ­o, is, ere, statui, statutum : 1.. Ă©tablir, poser, placer 2. ĂȘtre d'avis, juger 3. dĂ©cider subsÄ­dÄ­um, ii, n. : la troupe de rĂ©serve, l'aide, le secours sĆ­perbÄ­a, ae, f. : orgueil, fiertĂ© tămen, adv. : cependant ultrā, adv. : au delĂ , plus loin ; prĂ©p. + acc. : plus loin que, plus que verto, is, ere, uerti, uersum : tourner, changer, traduire

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Evaluation finale : les choses ont-elles vraiment changĂ© ? Dans le cadre de notre Ă©tude de la place de la femme dans l’AntiquitĂ© romaine, Ă  toi de rĂ©pondre Ă  cette problĂ©matique : La maiestas que les hommes avaient sur les femmes dans l’AntiquitĂ© existe-elle toujours ? Tu pourras rĂ©pondre Ă  cette question par un travail personnel documentĂ© qui pourra prendre la forme que tu dĂ©sires : article de presse, affiche publicitaire choc, prĂ©sentation powerpoint, rĂ©cit de fiction, vidĂ©o sous forme de court-mĂ©trage, de podcast Youtube, planche de bande dessinĂ©e, etc. Tu devras utiliser trois extraits de textes que nous avons travaillĂ©s en classe afin d’illustrer ton propos. La rĂ©ponse Ă  la question ne rĂ©side pas dans un simple oui/non mais doit ĂȘtre appuyĂ©e par des arguments solides et valides Ă  propos de la situation contemporaine de la femme. Tu peux choisir la sociĂ©tĂ© Ă  laquelle tu veux t’intĂ©resser (occidentale, moyen-orientale
).

CRITERES INDICATEURS Pondération

Pertinence (1) Cohérence 10 points

- Les 3 aspects de la tùche (utilisation de textes latins, document argumentatif et données contemporaines) sont reliés entre eux.

- Les idées sont développées et agencées de maniÚre logique ; un fil conducteur est présent ; pas de contradictions.

- Les comparaisons proposĂ©es sont cohĂ©rentes par rapport aux extraits de documents choisis, qu’elles soient des ressemblances ou des diffĂ©rences. Elles tiennent Ă©galement compte des contextes des deux Ă©lĂ©ments comparĂ©s.

/3

/3

/4

Précision 10 points

- Les documents de support sont exploités correctement et les éléments essentiels sont dégagés

- Le vocabulaire utilisé est adéquat et précis, la référence aux documents est précise

- Une bibliographie précise est fournie

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/2

/2 Qualité de la langue 5 points

- La formulation est en adéquation avec la tùche et le destinataire

- La syntaxe et l’orthographe sont correctes

/2

/3 CritÚre de dépassement : réappropriation personnelle

- Des informations supplémentaires et pertinentes sont proposées

- Le style et/ou la présentation sont originaux

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