CHAPITRE IV L'ANTIQUITÉ ROMAINE

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  • 8/8/2019 CHAPITRE IV L'ANTIQUIT ROMAINE

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    itut de Stratgie Compare, Commission Franaise d'Histoire Militaire, Institut d'HistoireConflits Contemporains

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    o i r e M i l i t a i r e e t S t r a t gi e

    espondance de Napolon

    M

    CHAPITRE IV : L'ANTIQUIT ROMAINE.( Du VIIIme sicle avant notre re au Vme aprs J .C.)

    ROME ET LE CITOYEN ROMAIN.

    A. Chro nologi e.

    L'histoire officielle de Rome s'tend sur plus d'un millnaire : de -753 ( "Ab urbe condita" ) +47610 9, soit presque 1230 ans. Ellerecouvre donc trs largement les bornes du chapitre prcdent. A ce titre nous aurions pu envisager de fondre ces deuxchapitres en un seul. Mais les diffrences entre le Monde grco-oriental et celui de Rome sont telles que cette fusion taitimpossible jusque peu avant notre re : nous n'aurions pu viter la sparation de chaque paragraphe en deux parties totalementdistinctes, avec l'inconvnient majeur de sauts continuels dans le temps, l'espace, les mentalits et, naturellement, ce qui atrait " la chose" militaire. Plus tard, certes, Rome s'hellnise, mais la Grce n'est alors plus qu'une des petites colonie ; coloniequi, toutefois, outre son art, sa pense, exportera aussi une bonne part des germes mortels tirs de sa propre dcadence.

    A dire vrai, l'histoire de Rome passe par trois phases :

    - la priode de lutte, toujours farouche, parfois dsespre, pour la survie, puis l'extension toute l'Italie;- celle des conqutes extrieures, commences sous la Rpublique, continues sous l'Empire, mais avec un lan dcroissant;- celle des revers et des reculs, jusqu' la catastrophe finale., Sparer ces trois phases en trois chapitres distincts eut texcessif. La premire phase, d'ailleurs, ne nous est connue de manire prcise qu' partir du -IVme cle : la prise et le sac deRome par les Gaulois en -387 ont ananti presque tous les documents crits. Ce qui prcde reste donc souvent flou, voirelgendaire.( Ce dont tmoignent les pres controverses entre spcialistes modernes).

    Enfin, il ne faut pas perdre de vue le fait que les historiens romains ont toujours r pugn admettre que la Ville n'ait pas tindpendante et glorieuse ds sa lgendaire fondation : d'o les multiples pisodes mettant en scne d'hroques personnages,trs populaires mais dont l'existence pour "justificative" qu'elle soit, est quelque peu douteuse : Romulus, Lucrce, HoratiusCocls, Mucius Scaevola, Coriolan et sa mre, Appius et sa fille... En fait, donc, l'Histoire de Rome - au sens actuel - ne portedonc "que" sur gure plus de 8 sicles. ( Il y a 800 ans Philippe-Auguste rgnait en France.)

    B. Le c i toyen rom ain .

    Il est invitable que la mentalit d'un peuple volue au cours des ges, notamment quand les contacts se multiplient avec despopulations trangres. Nous parlons donc ici surtout du citoyen romain tel qu'il tait lors de la premire et du dbut de laseconde des phases voques plus haut.

    Pourtant, des traits profonds de caractre peuvent subsister longtemps chez certains individus, particulierement dans lesclasses sociales dirigeantes qui rpugnent se "msallier" avec des trangers aux moeurs diffrents. Dans le cas de Rome,

    certaines caractristiques du citoyen des origines 11 0 se retrouveront encore, en partie au moins, jusque vers les dbuts denotre re, dans certaines familles aristocratiques.

    De maniere quelque peu paradoxale, si l'on considre la faible distance qui spare les deux pninsules, la mentalit du Romainest presque l'oppos de celle du Grec. , Mais la Grce, travers la Mer ge aux multiplesles, et l'Ionie, a toujours ttourne largement vers l'Orient. , Rome, ne sur la cte occidentale italienne, est uniquement tourne vers l'Occident pendanttrs longtemps, donc vers le nant, car ce peuple de paysans n' a pas de marine et ne s'intresse gure ce qui se passe auloin. Le Romain, avant tout homme de devoir 11 1 envers l'tat, la gens la famille, attache beaucoup plus d'importance l'thiquequ' l'esthtique. Cultivateur l'origine, il le restera longtemps d'instinct : la terre aura toujours pour lui une importance capitaledans la vie politique et sociale, voire religieuse : elle reprsente pour lui la seule vritable source des richesses. Le reste, mises part les armes ncessaires pour la dfense de cette terre et son extension, n'est qu'un vain luxe. C'est un homme empreint dereligion, mais ses dieux n'ont pas le caractre capricieux parfois fantaisiste, que leur attribuent les Grecs . Les dieux, avanttout, assureront de bonnes rcoltes. Sourcilleux et svres, il faut les concilier le respect scrupuleux des crmonies. ( Religio, l'origine, signifie sujtion). S'y ajoutent les dieux propres de chaque mission, ( pnates ) et le culte des anctres; lequel entredans le cadre de la totale autorit du pater familias y compris lorsque ses enfants sont devenus adultes et ont fond leur foyer,voire accd de hautes fonctions.( Mais si la loi lui confre tous les droit, y compris celui de vie et de mort, la coutume exigequ'il ne soit pas un tyran, cruel sans motif grave. Son pouse n'a aucun droits officiels, mais une trs grande influence qui doits'exercer discrtement). Cet ensemble explique le gnie profond de la race : nature fruste; imagination pauvre, mdiocresensibilit, indiffrence la forme, s'opposent aux dons de la prcision d'esprit, d'une tnacit dans l'effort presque inhumaine(a), du respect de l'autorit et de la discipline, du sens juridique, de la loyaut et de la fidlit la communaut - ce quicontraste avec l'absence totale de scrupules vis vis de l'adversaire, encore qu'un prtexte soit toujours trouv pour manquer la parole d'un trait - . Enfin, s'affirme dans le concret un temprament ralisateur qui se soucie peu de bases et despculations thoriques pourvu que les techniques utiles soient disponibles.(b)j Malheureusement pour l'Empire, ces traits decaractre iront en s'affaiblissant jusqu' presque disparatre. Ceci, pour des causes diverses - invasions, bureaucratie, etc. -mais surtout parce qu'avec la perte de l'esprit civique, du sens moral, et la dnatalit, il n'y avait plus de Romains dans Rome.

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    1. L'ETAT DES SCIENCES ET DES TECHNIQUES.

    Rome a eu de nombreux ingnieurs, dont certains d'une remarquable comptence tant au plan des ouvrages civils que militaires,et qui ont difi des ouvrages dont l'ampleur nous surprend encore. En revanche si des "savants" ont illustr certaines zones del'Empire - Alexandrie notamment - il est impossible de citer un seul nom de Romain "pur" qui puisse m riter le qualificatif dechercheur. C'est l, d'ailleurs, un des points qui montrent bien le manque d'imagination, et le caractre concrte de la race: leRomain ne rpugne nullement au travail intellectuel, la rflexion et l'tude, mais ne conoit pas que cet effort soit gratuit ;c'est dire, qu'il n'ait pas un but utilitaire.

    Au moment o la "Ville" 11 2 est devenue une grande puissance, maitresse de toute la partie continentale de l'Italie ( - 272 ),elle reoit travers les villes grecques conquises ( Capoue, Tarente, Crotone, Sybaris, etc ), tout ce dont elle a besoin de lascience hellnique pour les emplois pratiques. A cette poque, pourtant, la science grecque est bien loin d'avoir dit son derniermot : Euclide n'est pas mort; ratosthne et Archimde sont des enfants; Appolonius n'est pas encore n. Mais qu'importentaux Romains la rigueur des raisonnements d'Euclide ? Que leur importera qu'Archim de ait value l'intgrale d'une portion decourbe par un procd qui prfigure l'analyse mathmatique ? Mais savoir qu'il prouva que le nombre est trs proche de 223/71les intressa pour calculer la longueur de la circonfrence ou la surface d'un cercle11 3.Rome, en somme, comme plus tard le Comit de Salut Public, n'avait pas besoin de savants mais de techniciens, sans non plusraliser qu'avant la phase d'application il faut une phase de recherche. ( Toutefois, si Archim de fut tu par les Romains, ce nele fut que par l'erreur d'un subalterne.)- - D'ailleurs l'ensemble des rsultats pratiques rpondit entirement aux besoins desRomains tout au long de leur histoire. Ds lors, pourquoi "perdre du temps" en spculations thoriques ? On "importera" dumonde grec, ou hellnis, les rsultats de spculations de ces bizarres dilettantes, et les "retombes" techniques en serontavidement exploites.(c)

    Ce qui prcde est, videmment, simplifi, donc caricatural : ceci d'une part, parce que formul selon des critres modernes - il

    est ais de critiquer quand on dispose de 20 sicles de recul - et d'autre part, parce que limit aux deux seuls points qui nousconcernent dans le cadre de cette tude. Si Rome avait radicalement ddaign tout ce qui n'a pas un caractre strictementutilitaire, elle n'aurait eu ni crivains, ni potes, ni sculpteurs. Et, pendant les premiers sicles de son existence, contrainte des luttes continuelles, parfois dsespres, pour sa simple survie, comment lui reprocher d'avoir appliqu l'adage : Primumvivere, deinde philosophari ? Il n'en reste pas moins qu'aprs l'accs au rang de puissance dominante elle resta totalement l'cart des sciences exactes. ( Ce qui nous contraint, sautant pratiquement le paragraphe des sciences, passer presquedirectement celui des techniques.)

    11 . LES SCI ENCES.

    Nous ne saurions mieux les dcrire qu'en empruntant ces quelques lignes Pierre Rousseau. ( Dans : "Histoire de la Science".Fayard Ed). :

    La science grecque, dans son laborieux enfantement, semble avoir eu pour but de crer un Archimde lequel ne fut pleinementcompris que deux mille ans plus tard) Celui-ci ayant jou son rle et disparu, tout s'teint, s'affaisse, retombe. Opinion svre,

    sans doute, mais il faut bien reconnatre que s'il n'y eut pas de science romaine, la grecque, partir du IIme sicle avant notrere, montra - mme Alexandrie - une sorte d'essoufflement puis de dcadence.Mathmatiques.

    On ne peut gure citer que d'"honorables continuateurs" tels Nicomde et Diocls, gomtres; Hypsycls, Clomde, Citium,Znodore... numration de mdiocrits montrant que l'cole grecque de l'gypte, nation pourtant indpendante presque jusqu'au dbut de notre re, avait subi le contrecoup de la dcadence hellnique gnrale. Un dernier sursaut se manifesta,toutefois, en la personne de Diophante d'Alexandrie vers 325 410 ), posant les premiers jalons de la thorie des nombresbranche encore bien vivante car seme de questions non rsolues ( les conjonctures ) et dont on a dit qu'elle est d'unedifficult " donner le frisson "

    Physique.

    Sauf mise au point de "gadgets" destins distraire un moment les souverains et leur entourage ( applications, par leviers,poulies et engrenages, de la force de l'air comprim ou chauff, de la vapeur ) elle fut pratiquement au point mort.

    Chimie.

    Toujours Alexandrie, elle commence le long dvoiement de l'alchimie; et, dj, surtout dans le but de l'obtention de l'or partir des mtaux lourds.

    Astronomie.

    C'est celle des sciences qui "survcut" le mieux, malheureusement pour verser dans la trs vieille ornire de l'astrologie. Nousciterons, comme dernier astronome pur Hipparque qui, observant - sans le savoir - une "nova" en -134, dcida de reprendre lecatalogue cleste tabli un sicle et demi plus tt par Aristylle et Timocharchis. C' est en constatant une diffrence de 1,5degr sur toutes les longitudes qu'il dcouvrit le phnomne de prcession des quinoxe : l'axe de rotation terrestre dcrit uncne en 25 775 ans.11 4, Claude Ptolme ( IIme sicle de notre re ) dont nous avons dja parl au ch.III, fut un remarquableobservateur. Malheureusement sa Grande Syntaxe Mathmatique rintroduite en Europe par la civilisation musulmane sous lenom d'Almageste, figea pour 14 sicle l'ide d'une Terre immobile, centre de l'Univers. Par ailleurs il ne sut ( put ? ) chapper la mode de l'astrologie, avec sa "Ttrabible" qui, sans jeu de mot, devint la bibles des astrologues. ( A la dcharge de cesastrologues il faut dire que depuis la Haute Antiquitjusqu' la Renaissance, et de l'Europe jusqu'en Chine, ils furent de bonsobservateurs. Nous leur devons la mmoire de multiples phnomnes clestes rares: clipses, novae, etc.)

    On peut encore remarquer que lorsque Jules Csar dcida, en -45, l'abandon du vieux calendrier dit "de Numa" ( qui, avec sonanne de 354 jours dcalait les saisons un peu plus chaque anne ) Rome, n'ayant aucun astronome digne de ce nom, dut faireappel un Alexandrin. Ce dernier, Sosigne, fut le crateur du calendrier Julien de 365 jours en anne normale et 366 tous les 4ans ( annes bissextiles). Il faudra attendre la rforme grgorienne ( 1582 ) pour corriger l'avance - 10 jours -prise peu peu11 5 et dcider des mesurer prendre pour remdier aux dfauts du calendrier de Sosigne.11 6

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    Gographie-Cartographie.

    Les progrs furent trs limits, et pour une raison simple : la carte d'Erathostne couvrait pratiquement toutes les rgions quiformrent l'Empire romain. Il suffit d'y ajouter quelques rectifications relatives au Nord de la Gaule et de la Germanie, et Grande) Bretagne. , La carte d'Agrippa ( sous le rgne d'Auguste ) n'aurait t que le dmarquage, avec ces amliorations, decelle d'Erathosthne. On savait, nanmoins, que le monde s'tendait bien au del vers l'Est des bouches du Gange, et vers leSud des ctes situes en Afrique aprs le dtroit de Gibraltar. Nous devons citer au nombre des gographes romains, Strabon etsa gographie de l'Empire ainsi que Mela, qui dressa la premire carte o figura la Baltique.

    Au IIme ( ou IIIme ) sicle de notre re un cartographe dont l'histoire n'a pas retenu le nom ( ou une quipe ? ) dressa cettecarte dont la copie mdivale est connue sous le nom de "Table de Peutinger".

    on trac, tout en longueur ( comme celui de la ligne affiche dans chaque voiture du mtropolitain ) est extrmement dform,trs allong en longitudes, et comprim en latitudes, mais le rseau routier entre les villes est exact et prcis ( distance entrelieux d'tape, etc.). Il tmoigne soit d'une trs mauvaise connaissance des coordonnes, soit plus probablement de la volontdlibre de donner sous une forme commode transporter - la carte comporte 12 feuillets d'Est en Ouest pour une simplehauteur - les renseignements utiles aux voyageurs, ce qui correspondrait bien l'esprit romain.Ce paragraphe ne serait pas complet sans revenir, encore, Claude Ptolme. Les calculs d'Erathosthne avaient t repris parun certain Marin, de Tyr, qui crut devoir ramener la circonfrence terrestre 28 350 km. C'est la valeur qu'adopta Ptolmedans sa Grande Syntaxe mathmatique/Almageste et fut ensuite considre comme la seule exacte pendant 14 sicles., Elleassignait une diffrence de longitudes de 125 degrs seulement entre les "Iles Fortunes" ( Canaries ) et les Indes par l'Ouest.L'erreur eut cette consquence heureuse de pousser Christophe Colomb tenter justement la route des Indes par celle del'Ouest, et lui fit dcouvrir les Amriques.

    11 . LES TECHNI QUES.

    Dans l'ensemble, y compris la priode impriale - donc prs de 5 sicles aprs le dbut de notre re - nous trouverons surtoutl'exploitation des techniques venues du monde greco-oriental, avec un certain retard aux dbuts, mais - et il faut le souligner -avec de nombreuses et ingnieuses amliorations.

    Mtallurgie.

    Ds l'origine les artisans romains ( sans doute forms par, ou chez, leurs voisins trusques ) fournirent des mtaux dont laqualit soutint la comparaison, avec un certain retard, avec celle de ceux des producteurs de nations scientifiquement plusvolus. Ce retard disparat videmment quand Rome contrle ces nations. Par exemple, le procd de l'acier au creuset quenous avons trouv au point en Ionie ds le Vme sicle ( la herminette d'Al-mina ) parat n'avoir t appliqu Rome qu' la findu IVme / dbut du IIIme sicle.

    On peut noter le fait que, le cuivre et l'tain tant rares en italie, pendant longtemps le bronze fut rserv aux objets la foisindispensables et ne pouvant alors tre obtenus que par coule : les casques par exemple. Conscient de ces pnuries, ds leIIme sicle av.J.C, le Snat prescrivit le

    recensement dtaill et rglementa l'exploitation des divers gisements mtallifres de toute l'Italie : il fallait se garder lapossibilit - en utilisant des minerais trs pauvres au besoin - de vivre en autarcie pendant le temps ncessaire mater larbellion d'une province extrieure productrice, ou vaincre une nation encore libre normalement exportatrice, entrerait enconflit avec Rome.11 7Pour mmoire, nous citerons le premier emploi courant de l'alliage cuivre-zinc - qui avait t dcouvert vers - 1400 en AsieMineure - quand au milieu du ( Ime sicle il fut dcid de l'utiliser pour la frappe des pices de monnaie de faible valeur enraison de sa rsistance l'oxydation.)

    Travail du bois.

    L'outillage romain est successivement quivalent celui des trusques, puis des Grecs et Orientaux. Celui, main, du 4mesicle de notre re ne changera pratiquement !plus jusque bien aprs 1900, de rares exceptions prs ( vilebrequin engrenages, rabot monture mtallique, vis d'taux d'tablis, tours bois... ) : les quelques outils pour lesquels l'acier avaitremplac le bois au XIXme sicle. , En revanche, les conqutes vont faire connatre en Italies des essences de bois qui n'yexistaient pas ( cdre du Liban, sapin du Nord etc. ) mais qui pourront tre travailles avec l'outillage usuel du menuisier et ducharpentier.

    Au plan militaire, une diffrence considrable avec les troupes greco-orientales se trouve dans le fait que si tout lgionnaireporte un outil de terrassement, il porte aussi en gnral un outil de charpentier ( plus rarement de travail du fer). : Par exemple,besaigu, scie deux mains hache, herminette... qu'il sait utiliser. En d'autres termes, tout fantassin est aussi un soldat "duGnie" ou "du Matriel". Un tel concept est radicalement tranger l'hoplite grec qui se rserve la part "noble" du combat et sefait suivre d'esclaves pour le cas - rare en Grce - o la campagne militaire exigerait l'excution de travaux manuels. Ladiffrence s'explique facilement, si l'on veut bien se rappeler que l'hoplite appartient une classe, aise, de citadins; alors quele lgionnaire, au moins pendant longtemps, est un paysan qui : - travaille sa terre de ses mains, aux c ts de ses frres,ouvriers agricoles ou/et esclaves s'il en a - par ncessit, sait rparer ses chariots, fabriquer son araire, ses chelle, rteaux,houe, etc.

    Cette pratique du transport et de l'emploi d'outils par chaque homme remonte une priode mal dtermine, mais ancienne. Ellefut codifie et rglemente au moment des rformes militaires de Marius : la fin du IIme sicle avant notre re.(d)

    Travail de la pierre et chantiers.

    Toujours pousss par leur sens pratique, les Romains saisirent vite l'intrt de routes utilisables en toutes saisons pourl'acheminement rapide des informations ou celui de troupes. ( Avec, en prime les facilits offertes au commerce). Le but del'tablissement des fameuses voies romaines tait donc, avant tout, militaire. Elles furent l'uvre des lgions - avec sans doutel'appoint forc, mais avr, des populations locales - y compris les ponts. ( Sur ce dernier plan, si l'arche en briques avait tutilise en Orient, Rome, avec son got du grandiose et du durable utilisa la pierre taille. Invention de l'arche et de la votenon pas romaines, comme on le dit souvent, mais trusques. La solidit du matriau permit de porter l'ouverture des arches plus de 20 m). ! La "via" partait du principe suivant : partout o il y avait risque de dgradation, la fois par l'utilisation et lesintempries, elle tait construite de manire rsister ce risque en toute saison : creusement de l'emprise jusque vers 60/80cm de profondeur; dpt d'un lit constitu d'un mlange ( tudi ) de sable, cailloux et pierres concasses, et pose d'unecouche de surface de dalles jointives de pierre non glive. ( Ce sont "lou chamins ferrats" occitans, qui servirent de carrires depierres dj tailles pendant prs de deux millnaires. Mais l o les voies ont t respectes nous les retrouvons pratiquement

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    intactes). Malgr la faible largeur - 3 4 m seulement, sauf prs des villes - la ralisation des voies romaines reprsente untravail d'une ampleur colossale pour l'poque : sous Empire le rseau des voies principales ( convergeant vers Rome ) dpassait80 000 km et celui des voies secondaires, de jonction, environ le triple.

    C'est encore le travail de la pierre sur une chelle jamais vue auparavant, qui donna naissance aux monuments que nousretrouvons presque intacts - sauf destructions du fait de l'homme - depuis l'Afrique du Nord jusqu'en Allemagne; de l'Espagne l'Asie Mineure. Peu au fait de la thorie de la rsistance des matriaux, les ingnieurs-architectes romains construisirenttoujours "trop" solide, pour tre certains que leur oeuvre le soit assez.

    Machines.

    Aux instruments simples des origines - levier, coin, rouleaux - vinrent s'ajouter partir du IVme sicle les inventions desingnieurs grecs : treuil, poulie, cabestan, roue dente cliquet; moufle au IIIme sicle, puis grue qui associe le treuil, moufleet flche porteuse; enfin, engrenage entran par vis sans fin.

    ( De manire assez bizarre, la si simple manivelle ne sera invente qu'au Moyen Age.)

    Dans ses "Mcaniques" ( IIme sicle ) Hron d'Alexandrie dcrit de nombreuses machines, mais dont les principes scientifiquessont dus Archimde, qui en avait donn la thorie - moments de forces, etc. - posant ainsi les bases de la mcaniquerationnelle comme, d'ailleurs, celles de l'hydrostatique.(e) Nous ne nous tendrons pas ici sur les multiples applicationstechniques mises au point Alexandrie, ( Par exemple, par Ctebisios, l'"Edison" de son temps ) parce qu'elles n'eurent gure surplace d'emplois autres que les "gagets" 11 8voqus plus haut. Mais Rome y trouva un certain nombre d'utilisations militaires etde Gnie Civil. Par exemple la pompe soupape et celle vis, vers la fin du IIIme sicle. La premire sera utilise sur lesnavires de transport. ( Mais pas les galres, dont les nombreux personnels suffisaient pour coper la main.)

    Emploi de la force animale.

    Rome en resta pour les chevaux la lanire de traction, qui asphyxie l'animal. ( Un dcret limita la charge tirer 20 talents-poids, environ 500 kg par animal). De mme le joug des bufs resta celui de la haute antiquit, qui ne permet pas non plus auxbtes de donner toute leur puissance puisque ce sont les cornes qui tirent et non le front qui pousse.

    Emploi des forces naturelles.

    Nous n'en faisons mention que pour mmoire, car elles ne reurent aucune application aire directe ou indirecte ( par exemple.fabrication des armes.)

    Nous nous limiterons donc citer: - le moulin vent axe vertical, de Hron ( plus tard oubli en Europe; revenu au momentdes croisade sous le nom de turquois ;) - la roue eau sous dj 3 formes : norois axe vertical et aubes dans un planhorizontal, de rendement mdiocre, mais actionnant directement les meules; en dessous ou aubes dans un plan vertical,recevant le courant, comme l'indique le nom, par dessous; en dessus augets dans un plan vertical, recevant le courant pardessus. Les deux dernires, pour donner une rotation en plan horizontal, devaient tre suivies d'un engrenage ( de bois ) "cage". Il semble que ce soit aux dbuts du IIme sicle de notre re que ces roues commencrent tre utilises dans desscieries de bois et de marbre; et naturellement aussi, des minoteries, ( comme celle retrouve seulement - en fait, identifiecomme telle - en 1940 Barbegal, prs d'Arles, qui comportait 2 sries de 8 moulins chacune.)Mdecine, chirurgie.

    Elles ne marquent aucun progrs, voire une certaine rgression, par rapport celles de l'poque, dj lointaine, d'Hippocrate.

    2. LES FONCTIONS MILITAIRES DANS L'ANTIQUITE ROMAINE.

    Il devrait tre trs difficile, voir impossible, de rsumer en un chapitre toutes les novations survenues au cours d'un millnaire :par comparaison, supposons que nous voulions grouper les modifications techniques militaires qui ont vu le jour depuis Robert le

    Pieux nos jours !, Fort heureusement la tache est facilite par le rythme encore trs lent des dcouvertes et aussi par leconservatisme romain. Il se manifeste notamment par le fait que l'on ne peut relever que trois grandes rformes militaires de -509 +476, y compris concernant la "Grande Unit" standard, la lgion. ( Depuis 1945 nous avons modifi en moyenne tous les8 ans l'organisation de nos divisions !)

    Nous ne savons pratiquement rien de l'Arme de l'poque dite "des rois trusques". Aux dbuts de la Rpublique, donc aprs 509- si la date est bien 509 - le modle grec tait, peu ou prou, imit dans tout le Nord de la Mditerrane orientale et centrale.L'arme "Servienne" devait donc ressembler celle des Cits-Etats grecques, avec phalange cuirasse arme de la lance et del'pe ( hastaires ) et troupes lgres analogues aux pelstates ( vlites ); ainsi que, sans doute, un embryon de cavalerie auxailes. On peut noter que si les textes parlent de lanceurs de javelot, parfois de frondeurs, ils ne font jamais allusion desarchers. , ( De manire gnrale on peut dj remarquer que si Rome utilisera des frondeurs et archers, ce ne sera jamais, toutau long de son histoire, qu'au titre de troupes auxiliaires, fournies par des allis ou rgions soumises. La cavalerie sera aussisurtout - mais pas exclusivement - fournie par des allis). Les nombreux revers subis au cours du Vme sicle, o rares furentles annes sans tat de guerre contre tel ou tel des peuples voisins11 9, conduisent une volution connue sous le nom derforme de Camille, au IVme sicle. Dans la ralit, elle parat avoir t mise en vigueur de manire progressive, et au dbut duIIIme sicle encore, les lgionnaires de la premire et de la troisime ligne semblent tre munis de la lance et du glaive :"Hastaires" et "Triaires"12 0. Certains historiens affirment qu' Cannes ( -216 )les lgions leves en hte pour remplacer cellescrases la Trbie et au lac Trasimne auraient reu des lances conserves bonnes de guerre dans les arsenaux, ce qui

    expliquerait le dsastre. Mais le gnie militaire d'Hannibal oppos la stupide gloriole de Varron y suffit amplement. Toutefois,aprs cette dure leon, Rome va jusqu'au bout de la rforme. Ce sont d'excellentes troupes, bien armes, entranes,commandes, qui triompheront Zama.

    L'exprience acquise notamment au cours des guerres puniques et contre les nations de l'Est, ainsi que le fait in luctable - enraison de la dure des campagnes de plus en plus lointaines - d'en venir l'arme de mtier, conduisirent la rforme deMarius : - 108; mais qui prit plusieurs annes pour entrer vraiment en application.

    Enfin les guerres du premier sicle avant notre re vont provoquer de nouvelles modifications qui, dj largement appliques parCsar pour faire face certaines situations, seront peu peu codifies sous l'Empire. ( Notamment, l'appel croissant aux allisqui, de troupes auxiliaires, en viennent fournir de vritables lgions.)

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    - Si l'on va au fond des choses, ces trois rformes ont les caractristiques essentielles suivantes :- Camille : la lgion remplace la phalange, avec effacement de la lance au profit de l'pe ( le glaive) dans le but d'accrotre lasouplesse tactique; - Marius : les plbiens volontaires sont admis dans l'arme; mais le lgionnaire est sold et quip parl'tat; - Empire : "professionnalisation" du lgionnaire, dsormais li par un contrat de 20 ans; affectation permanente,rglementaire, aux lgions d'une artillerie nvrobalistique de campagne; recours grandissant ( Cf..ci-dessus ) des troupesauxiliaires, organises dans les faits de plus en plus sur le modle romain, et recrutes dans les provinces conquises considrescomme sres. 12 1La priode impriale voit aussi se dvelopper l'importance de la cavalerie, de manire trs progressive.Le provincial acquiert la citoyennet par le fait mme de son contrat de 20 ans.

    A la fin du IIme sicle de notre re fut supprime l'interdiction faite au lgionnaire de se marier avant la fin de son contrat.Septime Svre espre ainsi faciliter le recrutement dans les provinces ; et donnant la troupe le sentiment qu'elle se bat pourla dfense de sa famille en mme temps que celle de l'tat, elle sera plus motive. ( Par ailleurs, des pres de famille sont moinsports se lancer dans l'aventure d'un "pronunciamento" que des clibataires.)

    Remarque :

    Nous n'avons pas indiqu ici comme rforme - au sens de l'armement, du recrutement de l'organisation des units - les dcisionsde Constantin, prises en + 350 . Il s'agissait du remaniement ( stratgique ) de la rpartition des forces entre la garde auxfrontires, "consommant" l'immense majorit des effectifs, et l'intervention !mobile vers une zone menace. La "Force d'ActionRapide" se limita 5000 cavaliers, 7500 fantassins et 5000 auxiliaires, ce qui, dans l'immensit de l'Empire pouvait agir contreune rvolte locale, mais tait trop faible pour arrter un peuple en migration envahissante ayant forc une frontire : le dangern'tait pas ignor, mais la difficult recruter des troupes non sdentaires ne permit pas de mieux faire.

    ( Nous aurons revenir sur ce problme de garde des "limes" et de rserves mobiles.)

    21. PROTECTION.

    A. Protect ion indiv iduel le.

    A .1 . I n fanter ie .

    Casque

    Bien que le bronze soit rare, donc coteux, c'est de ce mtal que furent raliss les casques jusque vers l'extrme fin du IIImesicle, par coule de la calotte et soudure des garnitures et ornements : le forgeron ne savait pas encore raliser des "surfacesnon dveloppables" partir de l'acier. ( En fait, le citoyen-paysan- soldat, devant s'quiper ses frais, utilisait autant quepossible ce qui restait de l'quipement de ses ascendants, voire de leurs - de ses - prises de guerre. C'est dire que l'uniformittait loin d'tre la rgle). Le casque typique romain est alors l'trusco-corinthien rappelant vaguement le modle grec. Au IImesicle l'artisan sait enfin raliser des surfaces non dveloppables partirfines plaques de bronze au lieu de la coule. La soliditest gale, pour une paisseur et un poids moindres, en raison du durcissement par le martelage. Dans un premier temps c'estune copie du "Montefortino" de coule, calotte garde-joues surmonte d'un long plumet, driv du casque celte., Mais larforme de Marius, avec quipement fourni par l'Etat, conduisit la "grande " srie" qui, paradoxalement, fournit de meilleures

    protections. Le type "Coolus" ( vers -50 ) fut la fois simple et rationnel : ajout la calotte, par soudure, du couvre-nuque,de garde-joues et, nouveaut, d'une visire amliorant la protection du visage contre la "botte" favorite des Gaulois : le coupde taille dirig de haut vers visant fendre le crne. Le casque que l'on pourrait qualifier de classique parce que le seul quesemblent connatre les accessoiristes des films dits peplum date des dbuts de notre re. Le forgeron sait alors raliser dessurfaces non dveloppables simples, des calottes, partir de feuilles de fer doux, lgrement carbures ensuite pour setransformer de l'acier. Le nouveau casque, dit gaulois, est d'ailleurs peu diffrent du prcdent, sauf ajout de "garde-oreilles" etd'un anneau pour le porter accroch la ceinture ou au barda pour les marches en zone non hostiles.12 2 Pour autant, le bronzen'est pas abandonn car Rome peut alors importer cuivre et tain. Vers la fin du IIIme sicle de notre re, le casque "nasal"fit son apparition. Il restera utilis, au moins dans son principe, pendant plus d'un demi millnaire.

    Bouclier.

    Le passage de la phalange la lgion entrana l'abandon du bouclier rond ( clipeus ) pour le scutum nom gnrique de modlesdivers, mais prsentant tous la caractristique d'tre allongs et beaucoup mieux adapts la protection de l'homme maniant leglaive. Polybe donne au bouclier une hauteur de 1,10 1,20 m, pour une largeur de 65 70 cm. paisseur variant du centrevers les bords de 20 13 mm environ, en deux couches de planches colles - sans doute "fils" perpendiculaires - et uncerclage mtallique qui protge le bouclier des coups de taille. L'ombo ( umbo ) central, de bois d'abord est ensuite couvertd'une calotte mtallique qui permet au lgionnaire d'employer son bouclier pour "cogner".

    De manire gnrale le bouclier romain, aprs avoir t oblong vers le IIIme sicle, devint presque toujours rectangulaire( avec coins lgrement arrondis pour une meilleure tenue du cerclage). La "mode" revint parfois des formes plus ou moinselliptiques ou pans coups obliques, plus lgres, mais rarement pour longtemps : seul le bouclier rectangulaire permettait soitde constituer un "mur" sans fissures laissant passer des projectiles, et plus encore, de prendre la formation d'assaut dite "en

    tortue" o la centurie est abrite de face, de flanc et par cts jusqu' l'arrive au corps corps. Le retour "stable" la formeovale, aprs +150, est un des premiers signes de dcadence de la lgion : le recrutement mdiocre et/ou l'entranement nepermettent plus de porter longtemps le lourd bouclier rectangulaire. En rgle gnrale le bouclier est revtu sur sa face avantd'une fine feuille de cuir, peinte aux couleurs et motifs distinctifs de chaque lgion.

    Cuirasse.

    Ici encore, jusqu' la rforme de Marius, chaque soldat devait acheter sa cuirasse s'il ne s'en trouvait pas dans l'h ritage de sesascendants. Les modles taient donc trs divers : depuis la simple plaque de mtal fixe par des courroies devant la !poitrinejusqu' la cote d'cailles arrivant jusqu' mi-jambes. Aprs cette rforme, et malgr un cot de revient lev, la cote de maille"treslie" ( anneaux entrelacs) ou d'cailles devint la norme - en principe - jusqu'au premier sicle de notre re ( vers +30/40 )o apparut la cuirasse de lames de fer articules, la Lorica ntata protgeant le torse et les paules. Par un curieux retour deschoses on revenait donc ainsi un principe voisin de celui de la Panoplie de Dendra 1500 ans aprs, mais sous une forme pluslgre, beaucoup plus souple, et plus rsistante aux coups. ( C'est aussi cette cuirasse qui est choisie par les accessoiristesdes peplum mme lorsque l'action se passe bien des sicles avant l'adoption de cet quipement.)

    Jambires.

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    Pendant la priode o les forces romaines furent du type phalange, il semble ( que les soldats portaient des cnmides; debronze pour les plus fortuns et de cuir pour les autres. Aprs la rforme de Camille, et radicalement aprs celle de Marius,cette protection fut abandonne : la libert du jeu de jambe de l'escrimeur doit tre totale.12 3A2.Cavaler ie.

    Les diffrences principales portent sur les points suivants :

    a/ Le casque nasal, aprs invention de ce perfectionnement, diffusa beaucoup plus vite que pour l'infanterie. Il est vrai queles effectifs quiper taient beaucoup moins nombreux.

    b/ Le cavalier conserva le bouclier rond ou oblong le plus souvent, et de dimensions relativement faibles pour des raisons de

    poids : la main droite manie l'arme; l'autre porte le bouclier et tient la bride.

    / De manire gnrale la cavalerie romaine conserva la cotte de mailles ou cailles; celle des allis portant leur protectionpropre, particulier ( parfois nulle ). Vers +300 le cheval, lui-mme, reut un caparaon de mailles ou d'cailles, et une bauchede "casque" protgeant le front et le museau.

    d/ Les troupes montes du Bas Empire recevaient une sorte de botte cuissarde, compose de bandes circulaires de fer,jointives, pour la cuisse et le mollet, sur cuir doubl de fines mailles d'acier au niveau des articulations.

    B. Protect io n col lect ive.

    Nous ne parlerons pas ici des protections offertes leurs "quipages" par les tours d'assaut, bliers roulants, etc., pour lesquelsRome s'est toujours inspire directement des ralisations greco-orientales. La protection "collectivo-individuelle" que reprsentela formation en tortue invention purement romaine semble-t-il, a dj t voque. Elle n'tait, bien videmment, efficace quecontre les flches et autres projectiles lgers.

    Nous aurons traiter ici de la fortification de campagne, de celle des frontires, et de celle de Rome elle-mme

    For t i f i ca t ion de campagne.

    A la diffrence de toutes les autres armes de l'antiquit, ds que le "rayon d'"action" des armes dpassait les zonesconsidres comme totalement pacifies, donc sres, les Romains prirent l'habitude d'lever un camp retranch lger pourchaque halte, ne ft-ce que pour une nuit. Nous ne savons ni qui eut l'id e de ces dispositions, ni la date de leur entre envigueur : sans doute aprs les rformes de Camille, mais bien avant celles de Marius qui se limitent rglementer une habitudedj ancienne. (Milieu du IIIme sicle ?) A cette poque une lgion comprenait, pleins effectifs, un total de l'ordre de 4500lgionnaires ( non compris cadres de grade suprieur celui de centurion, personnels administratifs, etc. ), plus un nombrevariable de cavaliers ( quelques centaines ) et de fantassins lgers - frondeurs, archers - allis ou mercenaires. _ Chaquelgionnaire tait porteur, outre armes, outils, quipement et "barda" individuel, de deux piquets de section carre, d'une dizainede cm de ct, appoints aux deux extrmits et d'une longueur de 1,70 m environ. Placs les uns contre les autres ils auraientreprsent une longueur de 4500 _ 2 _ 0 900 m. En fait ils ne pouvaient pas tre plants rigoureusement juxtaposs-jointifs enraison des ligatures prs du sol et du sommet et, compte tenu des entres, une lgion pouvait se retrancher l'intrieur d'unprimtre de 1000 m, gnralement rectangulaire. Pour fixer les ides, un ordre de grandeur courant ( pour peu que le terrains'y prte ) tait un rectangle de 300 sur 200 m, soit 6 hectares ou 60 000 m2., Les piquets taient enfoncs d'une trentaine de

    cm dans la terre provenant des dblais d'un foss creus en avant, dblais servant tablir un chemin de ronde pour lessentinelles. Foss triangulaire, de 4,5 m de large et 2,25 m de profondeur; remblai de coupe trapzodale, de 5, 25 m la base,2,75 m au sommet, pour une hauteur de 1,25 m. ( Terre de dblai tasse au point de non "foisonner".)

    Les ventuels assaillants devaient descendre dans le foss, remonter une escarpe 12 4 de 3,50 m puis franchir le "mur" depiquets pointus - 1,40 m - avant de se trouver devant les boucliers des dfenseurs, lesquels pouvaient aligner 3 lgionnaires aumtre linaire d'enceinte tout en conservant une rserve de 1500 hommes, porter en un ou plusieurs points critiques deconcentration d'attaque, ( plus les ventuels cavaliers - agissant alors pied - et les fantassins lgers.)Ce type de fortification de campagne peut paratre sommaire, car il le serait de nos jours par la concentration des ciblessoumises des tirs de projectiles explosifs tels que des grenades fusil. Il prsentait alors de multiples avantages :

    - impossibilit pratique d'une attaque par surprise : outre les sentinelles et les frquentes rondes extrieures et les branchagesd'arrt ( "cervi" ), le terrain extrieur a t dbroussaill au minimum sur 50 m. De nuit les 4 sorties sont barricades et munieschacune d'un poste de garde nombreux; - ouvrage capable de ralentir le premier lan d'une attaque subite "en force" : outre

    l'ouvrage par lui-mme, avec sentinelle tous les 10 15 m, plusieurs postes d'hommes dormant tout quips sont rpartis de 50en 50 m le long des 4 cts; - enfin, point important, plan gnral standard : chaque homme, en cas d'alerte, sait o il doit seporter et ce qu'il doit y faire. De mme, chaque fraction des rserves se porte au point o elle a intervenir sur un ordre qui nencessite aucune explication.

    Le mme plan est donn, chelle diverse, aux camps permanents, mais avec muraille pierre. On a pu dire que le lgionnaireaurait pu se dplacer dans son camp, provisoire ou permanent, les yeux ferms.

    Nous n'avons pu trouver dans toute l'histoire de Rome ( mais nous pouvons faire erreur ) un seul exemple de camp d'tape d'unelgion enlev par une attaque-surprise diurne ou nocturne, la totalit de la lgion tant prsente dans ce camp.

    Si la lgion quitte son camp pour combattre proximit - en y laissant des effectifs de garde, non ngligeables semble-t-il - elley laisse les bagages, outils, !etc. Le lgionnaire est alors "expeditus" : libre de ses mouvements pour combattre, par opposition sa situation en marche de dplacement o, surcharg, il est impeditus : embarrass. Malgr la prsence - souvent thorique -d'un mulet par 10 hommes pour porter la tente de groupe et les gros bagages, le lgionnaire se donnait malicieusement lui-mme le surnom de "mule de Marius". C'est, de fait, en dplacement et malgr les claireurs, que la lgion est la plus vulnrable;plus particulirement si elle doit escorter des pouses, enfants et autres personnes civiles : ce fut le cas en 9 ap.J.C. pour les 3lgions de Varrus, crases par les Germains dans la fort de Teutoburg grce une remarquable et gigantesque actiond'embuscade.

    tablissement quotidien d'un camp provisoire peut sembler constituer un ouvrage considrable. Mais en y consacrant 3000hommes, par quipe de 2 ( 1 piocheur et un pelleteur ) chaque quipe avait traiter ( creusement du foss, constitution ettassement du chemin de ronde ) peine plus de 3 m3, travail que ces soldats-paysans excutaient en 2 heures sur terrainconvenable reconnu par des claireurs.

    Dans le mme temps les quelques 1500 plus de 2000 hommes, non pris par ce travail de terrassement, dbroussaillent le

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    glacis, prparent les branchages cervi le dispositif de fermeture et dfense des 4 sorties, et procdent au piquetage interne :voies principales et secondaires de circulation, emplacement des tentes, etc.

    Les ouvrages de sige - Alsia, etc. - en allant au fond des choses, sont trs semblables dans leurs principes ceux d'un camp,mais le rectangle s'allonge en une bande ferme, plus ou moins circulaire. Le ct tourn vers la ville assige, ( lacontrevallation ), comporte des tours de guet-combat ( "turris" ) en bois, ( avec - souvent machines lanceuses de traits ) tous

    les 8O m environ de la palissade ( dite pluteus ), faite de tronc et madriers cette fois, au lieu de simples piquets. Le terrain en

    avant ( vers la ville ) est coup par des fosss remplis d'eau si possible; dfaut d'eau, de pieux appoints ( cippi ); les zonesplanes sont semes de fosses coniques dont le fond reoit des pointes de fer ( stimuli ) ou des tripodes de bois pointe effile( tribules ). S'il y a possibilit - frquente - de l'arrive d'une arme de secours aux assigs, une seconde ligne, de dfense,est tourne vers l'extrieur : la circonvallation, trs analogue, mais lui tournant le dos, la contrevallation. La bande de terrainentre les deux lignes peut tre machine de manire canaliser un ennemi ayant russi franchir soit l'une, soit l'autre desdeux lignes. Certaines zones sont amnages en camps : mme le robuste et l lgionnaire a besoin de se nourrir et de dormir. ,La diffrence principale rside dans la formidable ampleur des travaux. Pour Alsia, par exemple - qu'il s'agisse du site d'Alise-Sainte-Reine comme on l'a longtemps pens, ou de celui de Syam-Chaux de Crotenay ( qui correspond mieux aux descriptions

    des Commentaires ) - le seul volume de terrassements a t valu 2 000 000 de m3.

    Des fortifications de campagne peuvent tre tablies, la hte, pour amliorer une position juste avant la bataille oudcourager l'ennemi. ( Ex : "mur" lev par Csar contre les envahisseurs Helvtes. Guerre des Gaules Livre 1. VIII.)

    Fort i f icat ion des f ront i res .

    Ds qu'une nouvelle rgion tait domine par Rome, les toutes premires installations "coloniales" taient des camps fortifisdestins au contrle des voies de communication, la surveillance des populations indignes et la dfense contre destentatives d'invasions venues de l'extrieur., Dans l'ensemble ces camps permanents reproduisaient le plan des haltes decampagnes, mais chelle plus grande. La palissade de piquet faisait place une muraille de pierre d'une hauteur de 4 m aumoins, prcde d'un large et profond foss, avec au minimum une tour - de guet plus que de dfense - chaque angle, et desouvrages dfensifs chaque porte. Les tentes taient remplaces par des baraquements, leur tour remplacs par desbtiments "en dur" ds l'achvement de l'enceinte. La surface fortifie tait suffisante pour recevoir un temple, des magasins de

    stockage d'armes, quipements, munitions, vivres. D'autres recevaient les cuisines, les services administratifs, etc. L'ensembletait assez largement standardis pour que tout lgionnaire nouvellement affect se sente "chez lui" immdiatement, puisqueconnaissant dj la situation rciproque des diffrents difices.

    Aucun "civil indigne" n'tait autoris pntrer dans le fort, sauf sur ordre et escort. Moins encore y sjourner; commeconsquence une certaine infrastructure commerciale se dveloppait l'extrieur. Dans bien des cas les boutiques et tavernesformrent le noyau d'une ville nouvelle : par exemple Strasbourg ( Argentorum ), comme de nombreuses villes bordant le Rhin, leNeckar, le Danube. Quand les lgionnaires furent autoriss tre maris, les familles pouvaient se rfugier dans le fort en casde danger imminent, mais vivaient normalement l'extrieur, dans une sorte de "camp" protection et garde lgre.

    Le probl m es des l imes :

    Le camp-fortification dont nous venons de parler tait surtout destin, dans les premiers temps de la conqute d'une rgion, la surveillance des populations nouvellement soumises. Au besoin, servir de base pour une opration de rpression contre undbut de rvolte, et ventuellement pour une campagne destine repousser une incursion de "barbares" venant de l'extrieurde cette rgion. Mais avec le temps la pacification faisait son oeuvre : il devenait " de la dignit et de la grandeur de Rome " -

    pour employer l'expression de Csar - de montrer ces populations que la "Pax Romana" les mettait dfinitivement l'abri mmed'un simple raid de ces "barbares". En d'autres termes, si les points forts militaires devaient subsister - car il tait prudent degarder la population locale sous surveillance amicale 12 5 - la frontire de la rgion en cause devait devenir aussi impermableque possible toute action de force venant de l'extrieur.- D'ailleurs, avec leur extension et pour une arme dont les effectifsne dpassrent jamais 400 000 hommes, un choix s'imposait :- soit se limiter tout le long des frontires un dispositif desurveillance, capable de repousser seulement de trs petites bandes de pillards, mais aussi de donner rapidement l'alerte depuissantes rserves stratgiques - soit rduire ces rserves peu de chose, et utiliser les effectifs pour constituer une ceintureinfranchissable - en principe - tout le long des frontires.La deuxime solution fut retenue; la fois parce qu'au moment o elle fut choisie les prils ne semblaient pas considrables, etaussi parce que, recrutes sur place de plus en plus, les troupes rpugnaient s'loigner de leurs familles et amis.

    Empire fut donc conduit raliser un dispositif mthodique de fortification linaire. C'est le "limes" classique, qui voque pournous des ralisations telles que le Mur d'Hadrien, sparant la Bretagne des farouches Caldoniens : foss et muraille continue,avec ouvrages fortifis intervalles rguliers. Ces ouvrages mritent une brve description :

    - tour de surveillance tous les 500 m ( quelques sentinelles);- fortin tous les 1500 m (environ ) avec garnison de 30 50 hommes; - camp fortifi - dont un mur constitue une fraction de lamuraille gnrale - tous les 7 9 km. Effectifs de la garnison de l'ordre 650 hommes, dont ceux en poste aux tours et fortins,mais pouvant aller jusqu' 1000 ( casernements prvus ), dont 150 cavaliers ou fantassins sachant monter cheval. Mais unsur trois ou quatre de ces camps recevait jusqu' 500 cavaliers dont le rle, grce la route parallle la muraille, tait depouvoir aller trs rapidement renforcer tel autre camp, ou/et tels fortins.

    Plus en arrire, et naturellement en nombre plus faible, existaient des camps fortifis plus importants, capables de porter desrserves confortables l o le besoin s'en ferait sentir. (f)

    En ralit, les 9000 km de frontires se prsentaient sous des aspects assez varis. Le limes devait tre organis de maniresouple, notamment en s'appuyant sur les obstacles naturels ( fleuves, etc. ) afin d'conomiser les effectifs, toujoursinsuffisants. Il remplit parfaitement sa fonction de maintien de la Paix Romaine aussi longtemps que l'ennemi extrieur se limita des bandes de pillards, mais il fut submerg lorsqu'il s'agit des grandes invasions, c'est dire de vritables peuples endplacement. Et, ce moment, les effectifs des rserves stratgiques de Empire taient trop squelettiques ( et de tropmauvaise qualit ) pour arrter ces peuples par une bataille livre en rase campagne.

    For t i f i ca t ions de Rome.

    ( Il convient de noter que, mises part quelques villes portuaires qui conservrent des restes de leurs fortifications datantd'avant la conqute, seule Rome fit l'objet de travaux dfensifs, de manire assez peu soutenue d'ailleurs.)

    Le sillon lgendaire, trac par Romulus et qui devait marquer l'enceinte de la Ville, semble n'avoir correspondu aucune ralit.Toutefois, il est probable que chacun des villages primitifs possdaient "quelque chose" du genre d'une palissade surmontant un

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    foss. Au dbut du Vme sicle, ou la fin du VIme, apparat la premire ligne dfensive d'ensemble, sous la forme d'unrempart de terre reconnu par les fouilles archologiques. Mais elles n'ont pu dterminer si ce rempart s'tendait tout autour dela Rome initiale, le Septimonium s'il se limitait relier entre elles les 7 collines formant des obstacles naturels. , Quelle que soitla forme, la nature et l'volution de cette dfense, elle n'empcha pas la prise de la ville par les Gaulois en -387. ( Prisecatastrophique pour les Romains, naturellement, mais galement pour les archologues actuels, et aussi les linguistes : l, peut-tre, fut dtruite la "pierre de Rosette" qui nous permettrait de dchiffrer la langue trusque). Rappelons que le Capitole, lacitadelle de Rome, ne fut pas prise d'assaut mais succomba par famine des dfenseurs.

    Une dfense plus srieuse se rvlait indispensable.12 6

    Le mur, dit "Servien"12 7, fut mis en chantier en -380 semble-t-il. C'tait pour poque un ouvrage trs important puisqu'ilcouvrait une surface de 2 5 km de long km de large, soit une surface oblongue de l'ordre de 2 km2. Muraille de blocs

    volcaniques, d'une paisseur de 3,5 4 m la base, et d'une hauteur de 5 6 m. Elle tait prcde d'un foss de 30 m delargeur sur 9 m de profondeur. Les seules tours taient celles protgeant les portes. Pour imparfaite que soit cette enceinte,elle dissuada Hannibal de chercher prendre Rome d'assaut, malgr ses trois crasantes victoires prcdentes.

    La raison de cette abstention tient sans doute au fait que le carthaginois ne disposait pas d'un corps de techniciens capables

    de construire les engins de sige ncessaires dans ses propres troupes et moins encore chez ses frustes alli s gaulois. ( Ni del'outillage, pices mtalliques, cbles, etc., indispensables : l'arme d'Hannibal tait conue pour la bataille en rase campagne).Ce fut sans doute l une erreur majeure, car la famine aurait vite suppl la prise d'assaut aprs travaux de sape et de mine.

    Par la suite, les menaces semblant cartes tout jamais le mur Servien ( que la ville dbordait largement ) ne reut quequelques rparations en -87. Sous l'Empire sa valeur dfensive tant considre comme nulle, il fut abandonn la populationqui l'utilisa comme carrire pour btir ses habitations.

    Mais l'Empire continuant s'tendre, donc ses frontires, alors que les effectifs militaires restaient stationnaires - par d faut devolontaires, et de crdits - l'norme majorit des lgions reut des missions de garde aux limes ( Cf. supra.), si bien que le curde l'Empire fut de plus en plus vide de troupes.

    Les esprits clairvoyants ralisrent qu'un envahisseur, aprs avoir perc une frontire, ne rencontrerait plus de rsistancejusqu' Rome o la garde prtorienne ne suffirait pas assurer la dfense par une bataille en avant de la capitale puisqu'il taitdevenu parfaitement inutile de compter sur les habitants de Rome.

    ( Que l'on n'ose plus qualifier alors de Romains ).

    En +271 Aurlien fit donc entreprendre la construction d'une nouvelle enceinte. Ce Mur d'Aurlien d'une longueur de 18 km,utilisa tous les avantages tactiques du terrain et la prsence du Tibre. Pour ce dernier, la scurit du pont principal - les autrespouvant tre coups rapidement - fut assure par un ouvrage plac sur la berge Ouest. le pont Elio, hors de l'enceinte, fut dotd'un fort dont le site forma plus tard la base du chteau Saint Ange. Ce "mur" tait compos d'un noyau de roches volcaniques,lies entre elles par un bton, entre deux parements de schiste. paisseur la base 4 m, au sommet 3 m, pour une hauteur de6 m, plus parapet merlons et crneaux, avec chemin de ronde. Cette muraille tait renforc par 381 tours, espaces enmoyenne de 46 m d'axe en axe. i Compte tenu du diamtre des tours, aucun point au sol n'tait situ plus d'une vingtaine dem. de l'une de ces tours, de manire ce que tous les points de la base du mur puisse tre soumis des tirs de flanquement.Ces tours, hauteur 10,50 m, dpassaient le chemin de ronde de 4,50 m. ( Aurlien avait donc prvu la prsence de nombreuxarchers, ce qui constituait une innovation notable). Les 18 portes avaient t difies sur un modle standard, avec leurs

    propres dfenses, renforces.

    L'enceinte d'Aurlien fut rehausse par Maxence, puis amliore par Constantin. Elle fut mise l'preuve par les Wisigothsd'Alaric en 408, en vain pour cette premire tentative, mais en 410 Rome fut prise et saccage.12 8 ( Rappelons qu' la fin duBas Empire d'Occident la capitale fut transfre Milan puis, trs rapidement, Ravenne, car Milan n'tait pas dfendable.)

    La capitale de l'Empire d'Orient, Constantinople, btie sur une pninsule, reut partir de 330 une premire dfense, le Mur deConstantin barrant cette pninsule de la Mer de Marmara jusqu' la baie de la Corde d'Or. La ville s'tendant rapidement, ds lafin du IVme sicle, il fallut btir une !nouvelle ligne plus l'Est, le "Mur de Thodose" : de l'extrieur vers l'intrieur, douves;muraille des douves; seconde muraille avec petites tours de flanquement; muraille principale coupe de tours carres dedfense et de tours hexagonales, plus hautes, de guet et dfense. Plus tard la totalit des rivages de la ville reut aussi unemuraille, moins labore sauf pour la dfense des ports : Eleuthre, Kontoskalion, Boukolon sur la Mer de Marmara; port duBosphore sur l'entre de la Corne d'Or. De l'autre ct de la baie la petite ville de Pera fut aussi srieusement fortifie : elletait en effet l'extrmit de la chaine mobile, sur flotteurs, barrant cette baie.

    22. MOBILITE ET CONTRE-MOBILITE.

    A. Mobil i t t e r res t re .

    Elle comprend deux aspects :

    - la capacit propre de dplacement des forces et de leur logistique- les voies de communication.1. Mobilit des forces.

    Infanterie.

    Pendant longtemps - c'est dire, jusqu'au dclin de l'Empire, gagn par une sorte de torpeur dans tous les domaines -

    l'entranement des recrues12 9

    fut long, intense et minutieux : mise en condition physique gnrale par le sport - avant le mot -y compris la natation chaque fois que possible, emploi de l'armement, ( o l'effort tait port sur l'escrime et le jet du pilum )13 0, exercices collectifs.Vgce souligne avec une telle insistance l'importance de l'entranement la marche qu'une partie de son texte mrite d'treci te : Aucun sujet ne mrite d'tre autant surveill; que ce soit au cours des dplacements ou au combat ( Il convient que lesrecrues apprennent, par une pratique permanente, marcher rapidement et en bon ordre. car si une arme est mal aligne (aucombat), ou disperse ( en dplacement ) du fait de tranards, elle se trouve srieusement en danger face l'ennemi. ( Lejeune soldat doit tre entran de manire frquente au transport d'une charge de ( environ 27 kg ) puis plus, la cadencemilitaire, car au cours des campagnes difficiles il aura faire face la ncessit de porter ses armes, son quipement, et ses

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    rations. Ne pensons pas que ce soit malais si l'habitude en a t acquise : il n'y a rien que l'habitude ne rende facile. ( Il criedans le confort de son cabinet de travail.)

    Il existait en effet deux cadences de marche : la cadence militaire normale, et cadence rapide. La premire correspondait 5 kmen 50 mn puis 10 mn de pause ( en units arrondies ), et ainsi de suite. La seconde 7,2 km par heure de marche avec pauseslimites au minimum. Jusqu'aux troupiers de Bonaparte aucun soldat ne se dplacera pied aussi vite et longtemps que lelgionnaire romain : avantages stratgique, oprationnel et tactique considrables.

    Formation termine, le lgionnaire continue tre soumis des marches d'entretien. Au moins trois fois par mois, anciens etjeunes soldats, chargs de tout le "barda" rglementaire - une "bonne" quarantaine de kg - participaient une journed'exercice de marche ( l'"ambulatura" ) consistant aller une vingtaine de km du camp et en revenir, en alternant cadencemilitaire et rapide. Dans toute la mesure du possible ces exercices avaient lieu en terrains varis - vgtation, pentes, coursd'eau - pour que les hommes s'habituent des paysages divers. Les tranards taient d'abord rprimands, puis svrementpunis en cas de rcidive. Naturellement, l'ambulatura avait lieu au jour fix; quelque pnible que soit la situation mtorologique.

    Dans ces conditions une tape journalire de 40 km ( cadence normale : militaire ) reprsentait une norme pouvant tresoutenue volont. A marches forces la Lgion pouvait, jour aprs jour, couvrir des tapes de 60 km sous rserve de semettre en route encore plus tt que normalement.

    Remarques: a/ ces dplacements rapides ne pouvaient concerner que la troupe seule. En escorte de civils ou de convois, lavitesse moyenne baissait du 1/3 environ, et la longueur d'tape quotidienne tombait 25 km environ; b/ la "cadence rapide"n'est jamais une marche de longs dplacements. Elle n'tait prise qu'en cas d'urgence, et sur distance limite, pour allerrenforcer une troupe dj engage dans un combat, ou sur le point de l'tre.

    Cavalerie.

    Au chapitre prcdent a t voqu l'hyposandale permettant enfin au cheval de raliser de longues tapes sur terrain"agressif" pour le sabot. Mais cet quipement ne permettait que la marche au pas, et les units de cavalerie, sauf pour labataille, ne se dplaaient pas plus vite que celles d'infanterie. Le fer cheval permanent, fix par clous, fut invent par lesCeltes rests en zone danubienne la fin du ( Vme ou aux dbuts du IIIme. Bien qu' ce moment sa cavalerie soit encore peu

    fournie, Rome - selon son habitude - adopta vite ( pour l'poque ) cette amlioration technique : vers le milieu du IIIme sicle( mais gnralise seulement au dbut du IIme). Outre la protection du sabot ( indispensable sur la "via" dalle ), le feramliore la circulation sur terrain rocheux, gravillons, etc. Il semble bien que ce soient les romains qui aient mis au point lesclous spciaux pour surfaces geles : le ferrage " glace". Le fer cheval, sans autoriser les longs dplacements trs grandevitesse13 1, a permis d'amliorer la vitesse moyenne, en alternant trot et marche au pas, mais avec longueur totale d'tape peusuprieure celle des fantassins.

    Logistique.

    En dplacement oprationnel, la Lgion utilise presque exclusivement le mulet, bt pour le transport des bagages ; attel descharrettes pour la logistique ( la nourriture essentiellement, mais aussi une rserve d'armes, de pilums notamment ), et letransport de balistes lgres de campagne avec projectiles. ( Il ne faut pas oublier que le lgionnaire, en urgence, porte lui-mme ses rations pour plusieurs jours). Les convois lourds, avec chariots tirs par bufs, se dplaaient videmment vitesseplus faible, ( avec escorte en zone non sre.)

    Voies de communication.

    Nous en avons parl, au plan technique. Ce rseau de 80 000 km de voies principales et de 250 000 de voies secondaires ( dontcelles parallles aux limes ) utilisables en tout temps, a permis aux messagers et aux forces de se dplacer pratiquement lamme vitesse quelle que soit la saison.

    Ceci, bien entendu, sauf cas de chutes de neige abondantes. ( Encore qu'au dbut de l'anne -52 Csar n'ait pas hsit passer au plus court, travers le Massif Central en s'ouvrant le passage travers une paisse couche de neige). Trs souvent,aprs la conqute, pour ces voies secondaires les Romains reprirent le trac des routes "indignes" - notamment en Gaule -mais en les transformant par la technique de mise hors d'eau ( de boue, en fait ) et hors gel. De nombreux ponts de pierre

    furent construits la place de ceux de bois ou des gus. Les fleuves importants restrent franchis par ponts de bois, maisrefaits en chantillons plus solides, peu sujets au pourrissement. Les piles intermdiaires, de pilots battus furent protgs pardes ducs d'Albe ouvrage de pilots tabli un peu en amont de chaque pile pour carter les troncs flottants la drive,accidentellement ou lancs en grand nombre dans le courant par les populations en cas de r volte.

    Un point particulier intressant est celui de l'tablissement de ponts "de circonstance" au cours des oprations. La rapidit de

    construction montre que si Rome n'a pas donn de savants, du moins elle eut des ingnieurs-organisateurs de chantiers de trsgrande valeur dans ses armes : cette rapidit d'excution serait encore remarquable de nos jours malgr les moyensmcaniques dont nous disposons. Un bon exemple est fourni par les franchissements du Rhin, par Csar, en -55 puis en -53. Lespassages ne furent pas de simples passerelles lgres, mais de vritables ponts de 12 m de large, capables de supporter leschariots les plus lourds en double courant de circulation. Celui de -55 fut achev " en dix jours compter de celui o lesmatriaux avaient t apports.." ( la rive de dpart ), et celui de -53 en 6 jours seulement, en raison de l'exprience acquisedeux ans plus tt. ( Cf. G.d.G, IV. 17 et VI. 9). En effet, d'aprs Csar : " La traverse sur des bateaux lui semblait un moyenpeu sr, et peu convenable sa dignit et celle du Peuple romain." En ralit, on peut se demander si la construction de cesponts - ne visait pas frapper d'une stupeur admirative, donc craintive, les populations "barbares" vivant de part et d'autre dufleuve - et si les dlais indiqus par Csar ne sont pas, subtilement, trompeurs. Car le lecteur, Rome, ne pense gure autemps pass la prparation : l'abattage des arbres; l'branchage; leur charroi; le dressage des faces planes en poutres, laherminette ; la construction des "sonnettes" et de leurs radeaux porteurs, etc. comme partout dans la Guerre des Gaules, C sardoit apparatre aux Romains comme l'Homme au dessus du genre humain.

    Quoi qu'il en soit, mme si ces 10 et 6 jours ne sont relatifs qu' la construction proprement dite, il s'agit l d'exploitstechniques, qui ne s'expliquent que par le fait que tout fantassin tait en mme temps un soldat du Gnie ou/et Matriel, ( pourparler en dsignations actuelles ).

    Nous ne pouvons nous empcher de penser qu'il y a l une leon, sur laquelle nos armes modernes pourraient rflchirutilement.

    2. Contre-mobilit.

    Les Romains avaient fort bien compris que la sueur pargne le sang. En nombre le plus souvent bien infrieur celui de leursadversaires, ils n'hsitrent jamais difier des fortifications de campagne rapides mais prcieuses pour la manuvre tactique, brler des ponts qu'il faudrait reconstruire plus tard, semer le terrain d'obstacles pour canaliser l'adversaire sur la zone

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    choisie par eux pour le combat : l o leur supriorit technique dans l'emploi des armes, la parfaite discipline, la rapidit demouvements bien coordonns, l'appui de machines de jet lgres, leur donnerait la victoire.

    B. Mobi l i t m a r i t i m e .

    Pendant longtemps - lutte pour la survie, puis conqute de l'Italie - Rome n'a pas eu de flotte digne de sa puissancegrandissante. C'est prcisment une fois acheve cette conqute de l'Italie continentale qu'elle se trouve confronte lagrande puissance navale de l'poque, Carthage, qui occupait aussi la Corse, la Sardaigne, la plus grande partie de la Sicile -vritable Ploponse de l'Italie - et comptait de nombreux comptoirs sur les rivages de la Mditerrane. Les guerres puniquesoffrent un paradoxe surprenant : Rome, pratiquement sans aucune tradition navale, va parvenir dominer les mers, cependantque Carthage, qui n'a pas d'arme nationale mais des mercenaires et des allis barbares va remporter des succs clatantsterrestres grce quelques hommes aux talents militaires suprieurs : le spartiate Xantipe, puis la famille des Barcides,Hamilcar, Hasdrubal son gendre, et surtout son fils, Hannibal. Avec des priodes de rpit, o les deux adversaires, mutuellementpuiss, reprennent des forces, la lutte s'tendra sur prs de 120 annes : de -264 -146. Rome n'a jamais t un modle demodration vis vis de ses adversaires vaincus, mais Carthage Carthago delenda est - sera littralement efface de la surface

    du monde.

    Nous venons de dire que Rome n'avait pas de traditions navales. Cette affirmation n' est pas rigoureusement exacte, mais

    presque : la veille des guerres puniques elle possdait une vingtaine de galres - de faible tonnage - places sous les ordresde officiers les duoviri navales .

    Pour affronter Carthage, il fallait passer un tout autre ordre de grandeur; et par le nombre des navires, et par leur tonnage.D'emble la construction d'une srie de 120 galres lourdes fut dcide par le Snat et lance en "crash program" avec l'aidetechnique des peuples maritimes allis ou soumis ( les "Socii navales" ), plus spcialement les grecs du Sud de l'Italie.

    Mais construire des navires ne suffit pas : subsistent deux problmes majeurs : le recrutement et la formation des marins; lasupriorit manuvrire.

    Le premier point, la formation, fut rsolu - sans doute avec l'aide des Socii navales - par une mthode d'entranement trsoriginale, car essentiellement terre, dcrite par Polybe.(g)

    Le second n'tait pas soluble, au moins court et moyen terme : la manuvre d'ensemble d'une flotte ne s'acquiert que peu peu, avec l'ge et l'exprience. Dans ce domaine la supriorit des Carthaginois, descendants des Phniciens et marins degnration en gnration, tait crasante. Rome rsolut le problme en transfrant le combat dans le domaine qui lui taitfamilier; celui du combat terre. Ceci grce Dulius, qui systmatisa un moyen dj essay dans le monde grec : le"Corvus" ( corbeau ) de Dulius est une passerelle porte presque la verticale par un mt autour duquel elle peut pivoter pourpouvoir tre abattue dans la direction souhaite. L'extrmit de la passerelle est munie d'un long crampon d'acier qui, lachute, s'enfonce profondment dans le pont du btiment ennemi. Ds lors les deux navires sont solidariss et les Romainspeuvent se lancer l'abordage par deux de front. La bataille navale devient un combat d'infanterie o la victoire va lasupriorit dans l'art de l'escrimeur : l'assaut romain l'emporte ncessairement.

    Malgr de lourdes pertes en hommes et btiments, dues des temptes ( et qui eussent t plus faibles pour des marinsexpriments ) la nouvelle tactique permit de multiples victoires : Milae ds -260, Sulei en -258, Tyndaris en -257, etc. : trsvite la balance des forces navales s'inversa, au point que lors de la seconde guerre

    Malgr la dfaite de Drepanum ( - 249 ), malgr les dsastres dus aux temptes, le Snat, avec sa froide obstination, fitreconstruire chaque fois la flotte, toujours plus puissante, jusqu' obtenir la matrise absolue de la Mditerrane occidentale.

    La galre typique des guerres puniques avait les caractristiques suivantes : Longueur 37 m. Bau de coque, 4m, d'outrigger 5m.Tirant d'eau 1,50 m. Quinquerme 3 ranges de rames, 2 homme aux plus hautes, 1 la rame basse. quipage : 270 rameurs;30 hommes de pont; 40 fantassins "de marine" en temps de paix, 120 en oprations.( Corvus : longueur 11 pm; largeur 1,40 m;hauteur en position releve 7 8 m; parapets latraux 1,40 m de haut; crampon d'acier : 1,20 m. En cas de tempte le corvustait descendu et couch sur le pont pour viter du poids "dans les hauts".)

    Aprs l'crasement de Carthage, Rome laissa pricliter sa marine pendant un sicle. Mais vers -70 les exactions d'une pirateriedisposant de vritables flottes avaient atteint un degr tel que mme les importations de bl devinrent risques. Malgr lesrticences du Snat, Pompe reut les pleins pouvoirs et les crdits ncessaires pour reconstituer la flotte. 500 navires et125 000 hommes participrent, en mer et sur les rivages, la campagne d'assainissement : la Mditerrane fut mthodiquementnettoye d'Ouest en Est en une campagne de 130 jours seulement. D sormais Rome aura es flottes dignes de sa puissanceterrestre. Le tonnage des galres alla croissant, jusqu'au deceres avec tours de combat et machines de jet. Le harpond'abordage ( harpago ) lanc par catapulte et reli par chane ou trs fort cble, remplaa le corvus : malgr la prsence de

    l'peron, les Romains prfrrent toujours aux finesses de la manuvre navale la transposition du combat terrestre. D'ailleurs ledeceres reut plus tard une sorte de blindage de plaques de bronze la hauteur de la ligne de flottaison, titre de prcautioncontre l'peron. ( Il faudra attendre 1857 pour revoir un navire blind). Naturellement ce "croiseur de bataille" qu'tait ledeceres, avec 572 rameurs, 250 fantassins, 30 artilleurs, n'tait pas le seul type de navire. On revint aussi de lgres etrapides liburnes charges des liaisons, de l'clairage de l'escadre des capital ships et du harclement de l'ennemi. C'est avec desliburnes que Csar fera attaquer par Brutus les gros voiliers vntes en baie de Rhuys ( encore que bien des historiens doutentde l'ampleur de la bataille, voire de sa ralit, car le texte de la Guerre des Gaules - III, 13 15 - offre de bizarrescontradictions ce sujet. En revanche, on notera que ce fut l'occasion du dbarquement en (Grande) Bretagne que Csarinventa le soutien de la premire vague d'assaut par le tir des machines de jet des navires.- IV 25. - 23. SOUTIEN

    A chaque lgion tait attach un questeur13 2, form aux questions administratives et juridiques, disposant d'un secrtariat etd'un adjoint par cohorte. Il tait responsable de toutes les questions administratives, juridiques et de subsistance, ainsi que dela gestion des fonds de l'units, y compris des conomies des lgionnaires pour lesquels il jouait une sorte de rle de "Caissed'pargne" mobile.

    A. Logist iq ue.

    L'esprit mticuleux romain prsidant l'laboration de tout plan de campagne, sauf en cas d'extrme urgence les problmeslogistiques taient normalement prpars avec le plus grand soin par le gnral en chef, ses subordonns commandant lesdiverses lgions, et les questeurs. , ( La Guerre des Gaules montre souvent chez C sar son souci du ravitaillement, etnotamment pour le bl, alimentation de base de la troupe.)

    Trois cas, pour simplifier, pouvaient se prsenter, ou se combiner successivement au cours des oprations :

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    - Dplacement en territoire ami. Si les dlais avant mise en route taient suffisants, l'administration des provinces traversestait prvenue, et devait constituer des stocks de vivres sur l'itinraire choisi. En cas d'urgence des messagers prcdaient legros des troupes de manire alerter les autorits locales pour des rquisitions faites l'amiable dans toute la mesure dupossible, voire en ajoutant une prime aux prix normal.

    - Dplacement hors du territoire romain ou alli. Selon le cas, c'est dire selon le degr de mnagement respecter vis visdes populations, les rquisitions se faisaient avec des formes ou de faon plus autoritaire et arbitraire. En terrain ennemi ellesdevenaient le pur et simple pillage, mais organis et svrement surveill : la discipline romaine ne pouvait tolrer la mise sacpar initiative individuelle, pratique de "barbares". ( Ce qui n'empchait certainement pas quelques chapardages comme pourtoute arme en territoire ennemi.)

    - En cas de traverse de zones dsertiques ( au sens de l'absence totale, ou presque, de ressources locales ), en dbut dedplacement chaque homme, outre ses armes et son quipement, pouvait avoir porter jusqu' 3 semaines de rations de base,de bl surtout Ceci, avec le "barda" rglementaire, reprsentait une charge d'une cinquantaine de kg. Des chariots ou desanimaux bts portaient une rserve de nourriture, des tonnelets de vinaigre - pour parfumer /dsinfecter l'eau - et, si

    ncessaire, du fourrage. Sauf sous le Bas Empire ( o les campagnes de masse furent rares ) les armes romaines eurenttoujours pour principe de s'encombrer le moins possible : les charrois auraient retard la vitesse de dplacement.

    On ne peut que souligner la frugalit du lgionnaire romain, auquel taient pourtant demands des efforts physiquesconsidrables, soutenus, parfois intenses.

    B. Sout ien matr ie l .

    Compose de paysans, au moins initialement, c'est dire d'hommes ayant par ncessit un certain niveau de connaissances decration et rparation de leurs instruments de travail, la Lgion n'en recherchait pas moins des artisans, au minimum desapprentis d'artisans, spcialistes : charrons, forgerons, charpentiers, etc., ce qui lui permettait en principe de faire face tousses besoins pour la remise en tat des armes et des matriels courants. Bien que les textes ne fournissent gure d'indicationssur le cas des ingnieurs, il est vident que les troupes taient accompagnes d'individus trs comptents, et polytechnicienspour la construction, avec matriaux trouvs en majorit sur place, de ponts, d'engins de sige, voire de galres.

    En contraste avec le souci de rduire au minimum le bagage les lgions, quand ncessaire ( prvision d'un sige par exemple )se faisaient suivre d'un charrois des matriels et matriaux indispensables ses spcialistes : forges de campagne, enclumes,outillage spcialis, cordages, pices mtalliques diverses...13 3Sauf rares exceptions, le soutien des matriels ou leur construction sur place ne semblent pas avoir pos de rels problmesaux lgions romaines.

    C. Sout ien sant.

    Nous possdons peu de renseignements sur ce point.

    En principe on trouvait un "spcialiste" ( mdecin-chirurgien ou infirmier considr comme trs qualifi ? ) par cohorte - 450 500 hommes - assist de 4 aides. Ce spcialiste devait tre capable de raliser des oprations simples - par exemple, rduire xe fracture, extraire une pointe de flche - mais toute blessure grave tait hors de sa comptence. ( En ralit, comme danstout corps de mtier, les vieux troupiers devaient avoir une exprience de soins aux blesss valant trs largement celle des

    jeunes aides- infirmiers. Mais il n'tait pas question de sortir des rangs pendant le combat pour porter assistance uncamarade).13 4Nous n'avons trouv aucune allusion des chariots-ambulances amnags pour l'vacuation des blesss : il est vraisemblableque la lgion rquisitionnait sur place les moyens ncessaire pour ce transport jusqu' une ville ou un camp fortifi

    24. COMMANDEMENT.

    A. Grands commandements .

    Pendant longtemps - jusqu' l'Empire - les grands commandements des armes romaines ne furent pas exercs par desprofessionnels, mais par les consuls : hommes politiques lus annuellement ( rligibles ) et, puisqu'il n'y a que deux consuls, enpriode normale la Rpublique ne peut aligner que deux armes constitues d'un nombre variable de lgions, ( en principe 4). Encas d'urgence, toutefois, deux autres armes pouvaient tre leves sur les effectifs "rservistes" et alors confies aux consulsprdcesseurs de ceux en exercice. Enfin, au moins pendant les dbuts si difficiles de la Rpublique, le Snat pouvait dcider de

    donner ( pour un temps de 6 mois, renouvelable ) des pouvoirs illimits, civils et militaires, l'un des consuls voire un simplecitoyen, mais connu pour ses talents militaires exceptionnels ( et aussi pour son civisme - dont l'absence d'ambitions politiques).C'tait le dictateur mot qui n'a rien de commun avec le sens actuel du terme. Ainsi Cincinatus, pour faire face une situationdsespre contre les Eques. Mission remplie, il dposa la toge borde de pourpre aprs l'avoir porte 16 jours seulement.

    Avec l'extension des conqutes lointaines, il tait impossible aux deux consuls d'avoir le don d'ubiquit. On en vint donc nommer des "proconsuls" qui, dans la zone dont ils avaient la responsabilit, cumulaient les pouvoirs civils et militaires.

    Ce systme de commandement par des non professionnels peut nous sembler bizarre. Il t pourtant frquent dans l'antiquit: lesgnraux grecs taient aussi, et d'abord, !des hommes politiques. Mais cette poque, comme le dit Platon ( Le Protagoras ) :"...l'art politique, dont l'art de la guerre est une partie."

    Il faut reconnatre que si certains consuls ont radicalement chou dans leur mission militaire - par exemple. Varron, type dumiles gloriosus devant Hannibal - dans l'ensemble le Haut Commandement romain s'est montr efficace et - en partie grce une troupe d'une valeur jusqu'alors inconnue - certains de ces chefs venus des intrigues politiques, Sylla, Pomp e, Csar . ontmontr des talents militaires exceptionnels. Il est vrai que les "Grands Capitaines" sont des hommes d'exception dans tous lesdomaines, ou presque, ce qui explique pourquoi ils sont si rare dans l'histoire humaine : plus prs de nous, lorsque Bonaparte futnomm commandant de l'Arme d'Italie, le moins que l'on puisse dire est que son exprience militaire tait mince.

    Sous l'Empire la situation se rapproche de celle que nous connaissons actuellement : les gnraux sont des hommes qui ontsuivi la carrire militaire depuis leur jeunesse. Mais l'Empereur, chef suprme des Armes, vient parfois les "coiffer" pourcertaines campagnes. De manire gnrale, les grands empereurs ont aussi t de bons chefs de guerre. D'ailleurs, le tempspassant, les empereurs fondateurs d'une dynastie furent des chefs ports au pouvoir par leurs troupes, plus f idles au gnralproche d'elles qu' un lointain Etat dont la troupe savait les murs corrompus, les institutions bafoues, le mpris des citoyenspour le sort de ceux qui les dfendaient : de plus en plus, Rome eut craindre la colre des lgions.13 5

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    Pour tenter de pallier ce risque, au Bas Empire les empereurs nommrent trop souvent des personnalits mdiocres la tte desarmes : c'tait changer le danger intrieur contre le danger extrieur, autre cause de l'effondrement. Ils y ajoutrent parfoisl'assassinat de ceux des gnraux qui, se rvlant comptants, pourraient nourrir des ambitions politiques. ( C'est ainsiqu'Honorius "limina" Stilico, puis que Valentin se dbarassa d'Atius.)

    B. La l gion.

    Nous avons voqu les rformes militaires dites "de Camille" et "de Marius".

    Dans la lgion de Camille, l'unit de combat est le "manipule" deux centuries, ( l'effectif de 60 homme par centurie pour lesdeux premires lignes, hastaires et !princeps, 30 homme par centurie pour la troisime ligne des triaires )13 6, mais l'unitadministrative et de rang suprieur est la cohorte, regroupant un manipule de chaque ligne., Sur le terrain le commandement dumanipule - chacune des deux premires lignes combat alternativement, la troisime ( hommes gs ) n'intervenant qu'ensituation trs inquitante - est assur par un centurion lu cet chelon. Ce "centurio prior" commande directement la centuriede tte, et nomme le centurion de l'autre centurie du manipule. A l'intrieur de son unit lmentaire chacun de ces centurionsdsigne le commandant en second optio le sous-officier adjoint tessarius et le chef de la ligne de 10 hommes : "decurio". Endfinitive donc, l'lection du centurio prior entrane la dsignation de tous les cadres du manipule.

    Nous n'avons gure de dtails sur les modalits de cette lection. On peut penser que, la diffrence des lections desfonctions civiles, la "politique-politicienne" y avait peu de part : le centurio prior tait lu par des hommes qui, allant la mort,devaient tre plus ports lire celui qui avait la meilleure rputation militaire que le faiseur de belles phrases. ( D'ailleurs, tantau premier rang - droite, le tessarius gauche, l'optio au dernier, surveillant le bon ordre - le centurio prior tait expos audanger le plus important : une chose est de rechercher les honneurs politiques; une autre d'tre volontaire pour le danger).Directement, ou par le contexte, la lecture des auteurs romains montre qu'en pratique, bien que l'lection ouvrt thoriquementle poste tout citoyen, le centurion tait toujours choisi parmi les hommes ayant l'exprience du combat, trs robustes encore,d'un courage exemplaire mais sachant vaincre en conomisant le sang de ses hommes. Son autorit sur les lgionnaire dumanipule tait absolue. ( Il est vrai que le soldat romain de cette poque tait, si l'on peut dire, "entran" l'obissance ds sapetite enfance : celle due au pater familias.)

    Comme consquence des rformes de Marius - "professionnalisation" - les centurions ne furent plus lus, mais dsigns par le

    commandement parmi les soldats de carrire, monts par le rang pour s'tre distingus par leur courage, leur exprience et leuraptitude au commandement.13 7 De mme, l'optio, le tessarius et le decurion furent dsormais nomms.On peut noter qu' partir de Csar le centurion "prior" relve directement du commandant de lgion : le manipule est bien l'unitlmentaire car ses deux centuries ne sont pratiquement jamais dissocies. Au combat, pourtant, la cohorte, de 3 manipules( place sous les ordres du centurion "prior" le plus ancien ) est en g nral la formation tactique fondamentale engage l o lebesoin s'en fait sentir. , Le grade de centurion est donc quelque peu extensible : il correspond peu prs celui de lieutenantpour le commandement d'une centurie ( centurio ); de capitaine pour celui du manipule ( centurio prior ), et de commandant

    pour la cohorte; ( le "prior" le plus ancien des trois de la cohorte ).13 8Dans l'arme de Camille existait un chelon intermdiaire entre centurions et commandant de lgion : le tribun militaire, chargde commander sur le terrain une ou plusieurs cohortes. Aprs la rforme de Marius, et plus particulirement partir de l'poquede Csar, le rle des tribuns militaire driva vers ce que l'on pourrait comparer de celui de jeunes officiers d'tat-major. L'und'eux, pourtant, le tribunus laticlavius plus g et expriment, est la fois chef d'E-M et ( en pratique), le commandant ensecond. Le cas chant il remplace son suprieur, bless ou malade. ( Il sera appel, plus g, commander une lgion.)

    Avec l'Empire, l'organisation de la Lgion volua, avec disparition du manipule. Les effectifs sont rpartis en 64 centuries dont 5doubles la premire cohorte, 6 simples aux cohortes II X.13 9Remarque. La Lgion de Marius, celle des grandes conqutes, est 3 lignes de cohortes dont pour chacune la centurie arriredu manipule ( 2 centuries ) vient s'aligner la gauche de celle de tte - En premire ligne, les cohortes I IV, plus profondes- colonne de 8 - mais ne couvrant donc qu'un front de 460 = 240 hommes. ( Centuries 108 hommes) - En deuxime ettroisime lignes, identiques, les cohortes V VII et VIII X - en colonnes de 6 - alignant un front de 372 = 216 hommes.( Centuries 126). 14 0Le front de bataille thorique est donc, pour une lgion, de la largeur correspondant 240 hommes sur uneprofondeur de 8 + 6 + 6 = 20 hommes : pour une arm e 4 lgions ce front serait donc de l'ordre de 1000 m, plus deux fois 200m environ, pour la cavalerie rpartie aux ailes. ( 1370 m, en mesures actuelles, d'aprs les auteurs de l'poque.), C'est unemasse puissante, mais facilement tourne si elle ne peut s'appuyer droite et gauche sur des obstacles naturelsinfranchissables, ou des fortifications de campagne. Dans les faits - et Csar en donne souvent l'exemple - le plus souvent leslgions devaient tendre leur ligne au dtriment de sa profondeur., Par exemple, au centre les cohortes I IV flanques descohortes V et VI d'un ct, VII et VIII de l'autre, les IX et X servant de rserve en arrire de cette ligne. La lgion prsente,ainsi forme, un front de 460 + 472 = 528 hommes.Croquis :

    Manipules de la lgion deCamille

    2 Cent. Triarii.

    Manipules de la lgion de Marius :

    10 cohortes 3 manipules.

    Man.de cohortes I IV. Man de cohortes V X

    Cent. Arrire. Cent. Arrire.

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    2 Cent.Princeps.

    2 Cent.Hastati.

    La Lgion, 10 manipules, seforme sur les trois lignes des

    Hastaires, Princes et Triaires

    A effectifs complets : 3000

    plus signifers, corniciens et

    La Lgion, compose de 1O cohortes, 3 manipules de 2centuries chacune, se forme sur 3 lignes de cohortes; la premire 4 cohortes de type I IV, la seconde et la troisime de 3 destypes V X.

    ( En fait, de plus en plus, formation selon la situation.)

    A effectifs complets, 43160 + 63122 = 4512 combattants,plus signifers, corniciens, divers soit ordre de 4800.

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    25. LIAISONS-TRANSMISSIONS.

    A. Liaisons grandes distances.

    Ds l'origine le Commandement romain avait pris l'habitude de se tenir en liaison avec le Snat ( comptes-rendus et demandesdans un sens, ordres et rponses dans !l'autre ) par plis ports par des individus choisis pour leurs qualits : mlange d'audaceet de prudence. ( Rappelons qu' cette poque le coureur tait aussi rapide et plus sr que le cheval, non encore ferr). Avecle ferrage se dveloppa ( mais hors de tout rglement ) pour chaque arme ou chaque lgion isole, un embryon d'unit decavaliers-messagers. Le porteur de dpches se dplace seulement avec un compagnon-remplaant ( pour le cas d'accident )en territoire pacifi; avec une escorte monte en territoire peu sr.

    Ce n'est qu'aux dbuts de l'Empire que fut officiellement cr un escadron de 120 cavaliers par lgion pour les missions

    d'clairage ( exploratoires ) et celles d'estafette ( nuntii ). Avec l'extension de l'empire romain, pour les liaisons avec la capitale- o tout ce qui important se dcide - il n'tait plus question qu'un mme homme puisse se rendre !dans les plus brefs dlaisdepuis les rgions les plus loignes jusqu' la "Ville". Un systme de relais fut donc mis en place, rappelant plus ou moins ceque l'on retrouvera avec les "cavaliers-flches" de Gengis Khan ou les "pony-rider" du XIXme sicle amricain.

    B. Champ de bataille.

    Nous ne disposons gure d'informations sur la manire dont les ordres taient transmis sur le champ de bataille dans la priodedes dbuts de la Rpublique. ( Sans doute aussi une des nombreuses consquences de la "catastrophe archologique" de laprise et du sac de Rome par les Gaulois.)

    Par la suite, y compris sous l'Empire le problme fut rsolu d'une manire simple, si du moins on ne prend pas en compte lenombre des subordonns toucher : tous les commandants de centuries, de manipules et cohortes ( voir groupe de cohortes).En fait, au niveau du manipule - deux centuries, rappelons-le, dont la seconde vient s'aligner ct de la premire pour labataille - existaient deux spcialistes signaleurs : le cornicien, muni d'une trompette ou instrument quivalent, au son perant,dont le rle tait d'attirer l'attention sur le signifer, porte-enseigne 14 1 qui agitait son "signum" selon un code convenu pourindiquer une manuvre - simple - excuter. Naturellement ce signifer ne donnait pas ces ordres de sa propre initiative; lesystme ne pouvait qu'tre complt par l'existence d'agents de liaison, des niveaux lgion-cohorte et cohorte-manipule. Parailleurs des cavaliers - ceux du corps des "exploratores" - faisaient parvenir les information et ordres vers et depuis l' chelonsuprieur : l'Arme consu