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Canadian Slavonic Papers

LA CULTURE MATÉRIELLE DES QIPTCHAQ D'APRÈS LES SOURCES DE L'ÉPOQUEAuthor(s): André BabkineSource: Études Slaves et Est-Européennes / Slavic and East-European Studies, Vol. 18 (1973), pp.93-111Published by: Canadian Association of SlavistsStable URL: http://www.jstor.org/stable/41035664 .

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11. Jedynak St., « Etyka polska od Galla Anonima do Kopernika », Studia Filozoficzne, Warszawa, 1973/1.

12. Karas Mieczyslaw, « The Cracow Circle of Nicholas Copernicus », the Jagellonian University Près, Cracow, 1973.

13. Knight David C, «Copernicus, Titan or Modern Astronomy», New York, 1965. 14. Koyre Alexandre, « La revolution astronomique : Copernic, Kepler, Jöoreiu », raris,

1961. 15. Kuhn T.S., «La révolution Copernicienne », Paris, 1972, UNESCO. 16. Lipinski Edward, « De Copernic à Stanislaw Leszczynski », Pans- Warsaw, 1961. 17. Rybka Eugeniusz, « Cztery wieki rozwoju mysli kopernikanskiej », FWJN, Warszawa,

1972. 18. Rybka Eugeniusz, Przemyslaw : « Kopernik, czlowiek i mysl », Wiedza Powszechna,

Warszawa, 1972. 19. Suchodolski Bolestaw, « Poland, the land or Copernicus », Ossolineum, Wroclaw,

1973. 20. Stachiewicz Wanda, «Kopernik i jego swiat », JfiiN, ontreai, iy/3. 21. Szperkowicz J., «Nicolas Copernic 1473-1973», P.W.N., Warszawa, 1972. 22. Thomas Henry, « Copernicus », New York, I960. 23. Wedkiewicz Stanislaw, « Copernic ^et la Pologne», Bulletin de l' Académie Polonaise

des Sciences et des Lettres, Études Coperniciennes, Paris 1955-57, No. 13-16. 24. Zinner E., « Enstehung und Ausarbeitung des copernicaniscnen Lenre », unangen,

1943. 25. Zonn W., « Rewolucja kopernikanska », Iskry, Warszawa, 1972.

LA CULTURE MATÉRIELLE DES QIPTCHAQ D'APRÈS LES SOURCES DE L'ÉPOQUE

par André Babkine

Dans le cadre de l'étude d'une civilisation, la tendance à analyser les phéno- mènes de la vie quotidienne doit être de plus en plus accentuée, car cet aspect a souvent été négligé au profit de l'étude des classes sociales dirigeantes ; c'est

pourquoi nous voulons appliquer ce principe à l'étude d'un peuple turc appelé Qiptchaq ou Coman. Les Qiptchaq ont dominé les steppes pontiques et une

grande partie de l'Asie occidentale du X« au XHIe siècle. Ils contrôlaient ainsi tout le commerce venant d'Asie centrale et celui du nord de l'Europe et de Bolgar allant vers Byzance et l'Europe du sud. Les Qiptchaq étaient ainsi parvenus à un certain niveau de développement. Cependant la culture matérielle du peuple Coman n'a fait l'objet d'une étude que récemment et d'une façon assez limitée dans le cadre de l'analyse des fouilles de la Commission Archéologique du Don et de la Volga. 1 Les autres informations que l'on a sur

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ce peuple nous proviennent surtout des comptes rendus de voyageurs de l'époque ou encore du Codex Cumanicus, dictionnaire latin-coman-perse du XlIIe siècle.

Une étude de la culture matérielle d'un peuple doit comporter des données sur différents objets comme, la nourriture, le vêtement, les produits de l'arti- sanat, les mœurs, la mode, les croyances, les modes de guerre, etc.

1 - Étude de la vie quotidienne des Comans d'après Petakhia, Rubruk et Plan de Car pin.

La nourriture la plus répandue chez les Comans était la viande et le lait. Gardezi disait, en parlant des Kimak qui formaient une partie de la population cornane : « ils préparent pour l'hiver de la viande séchée de mouton, de cheval ou de vache, chacun selon ses moyens. » 2

Le rabbin Petakhia nous donne aussi une bonne description du menu quotidien des Comans :

They eat no bread in the land of Kedar, but rice and millet boiled in milk, as well as milk and cheese. They also put pieces of flesh under the saddle of a horse, which they ride and, urging on the animal, cause it to sweat. The flesh getting warm, they eat it. 3

Les Comans avaient en effet d'immenses troupeaux qui leur servaient de nourriture. Les chroniques russes rapportent qu'à chaque expédition des Russes dans le pays des Comans, les Russes ramenaient, lorsque l'expédition s'avérait heureuse, de nombreux animaux tels que vaches, moutons, chevaux, chameaux. 4

Dans les tumuli qui servaient de sépultures aux Comans on trouve souvent la tête et les jambes d'un cheval sacrifié à la mort de son maître, disposées dans une position anatomique ; mais le restant du corps est absent : nous concluons que la partie manquante était consommée.

Parmi les produits laitiers, une place prépondérante incombait au lait de jument, avec lequel les Comans préparaient le koumis. Petakhia notait que les Comans utilisaient le lait de jument en guise de boisson. Gardezi aussi a noté que les Comans, l'été, se nourrissent de lait de cheval, qu'ils appellent « kumys >>.5

Le rôle important du lait est mis en évidence par le cérémonial du serment. On prenait pour ceci un récipient de cuivre qui avait la forme d'une figure humaine. On le remplissait de lait.

Voici comment Petakhia décrit ce cérémonial qui était surtout utilisé lors du départ de deux voyageurs :

They fill a vessel of cast copper of the shape of a human face and the traveller and his escort drink thereout, after which they never prove faithless.

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Selon Petakhia, il y avait aussi une autre forme de serment :

This is the manner in which the sons of Kedar pledge their faith to each other. One man thrusts a needle into his finger and invites the intended companion of his journey to swallow the blood of the wounded finger. He and that other person become, as it were, the same blood and flesh. 6

Ä propos de l'utilisation du lait par les Comans, la chronique Hypatienne apporte aussi son témoignage. En l'année 1185, le jour de l'évasion du prince Igor, le chroniqueur dit que les Polovcy s'étaient enivrés avec du kumys. 7

Nous ne pouvons évidemment accorder foi à la chronique de Nestor qui dit à propos des Polovcy qu'« ils mangeaient des cadavres et toutes sortes de choses impures, des hamsters, des zisels ». 8 De même on peut difficilement croire Rubruk quand il dit en décrivant la Crimée que

Quand arrivèrent les Tartares, une telle multitude de Comans envahit cette province, que tous s'enfuirent jusqu'au rivage de la mer, que les vivants mangeaient les mourants, selon ce que m'a raconté un marchand qui l'a vu : les vivants dévoraient et déchiraient de leurs dents les chairs crues des morts, comme les chiens les cadavres. 9

Pourtant Rubruk est ordinairement digne de foi ; mais justement ici, Rubruk dit qu'on le lui a raconté. Dans les deux cas ce sont des bruits qui couraient à l'époque sur les nomades.

On trouve aussi une description des Comans chez Robert de Clari, en ce qui concerne leur vie quotidienne et surtout leur nourriture :

Si vous dirai quel gent chil Commain sont. Che sont une gent sauvage qui ne erent ne ne semment, ne n'ont borde ne maison, ains ont une tentes de feutre, uns habitacles ou ils ne muchent, et se vivent de lait et de fromage et de chair. Si y a en esté tant de mouskes et de mousquerons que ils n'osent issir hors de leur tentes waire preu devant en l'iver. En yver si issent hors de leur tentes et de leur païs, quant ils voellent faire leur chevauchir. Si vous diront que il font. Cascuns d'aus a bien dis chevax ou douze ; si les ont si duit qu'il les sivent partout la ou il les voellent mener, si montent puis seur l'un et puis seur l'autre. Si a cascuns des chevax, quant il oirrent, un sakelet pendu au musei la ou se viande est... 10

Cette description de Clari corrobore nos autres sources sur les mœurs des Comans.

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2 - Les richesses des Comans, d'après les chroniques russes, « La geste d'Igor », Robert de Ciar?, Rubruk, Ihn al-Athir et le Codex Cumanicus.

La plus grande richesse des Comans est son bétail. Si un Coman voulait payer une rançon, il proposait du bétail. Ainsi dans la légende du « Coman prisonnier » celui-ci amena à Kiev, pour payer sa rançon, deux troupeaux de chevaux. Le khan Bel'duz, en 1103, proposa pour rançon «de l'or, de l'argent, des chevaux et du bétail ». X1 La vie du nomade était tellement conditionnée par son bétail que la saison des incursions comanes en territoire russe était l'automne, après que les animaux eussent été bien nourris et avant le départ vers le sud pour passer l'hiver.

D'autre part en lisant les chroniques ou La geste d}lgor, on voit que les Comans possédaient de nombreuses richesses ou plutôt une grande variété de richesses et que les Russes s'emparaient d'un butin très riche lors de leurs expéditions. Ainsi, l'auteur de la geste d'Igor rapporte ce qui suit :

Le vendredi, dès l'aube, ils piétinaient les bandes païennes des Koumanes et se dispersaient comme des flèches par la plaine, enlevant les belles filles Koumanes, et, avec elles, l'or, les passementeries, les samits précieux. Avec les couvertures, les manteaux, les pelisses, ils jetaient des ponts sur les marécages et les fanges, des ponts avec les tissus des Koumanes. 12

On trouve aussi chez Robert de Clari une description des richesses des Comans : c'est la fille du khan Burus « roi des Commains », comme dit Clari, qui vient à Constantinople pour épouser Henri 1er de Hainaut, empereur latin d'Orient avec une très riche dot dont voici l'inventaire :

li fist bailler soixante sommiers tous chargés d'avoir et d'or et d'argent et de draps de soie et de riches joiaus, ne n'i avoit sommier qui ne fus couvers d'un vermeil samit, qui n'estoit Ions qu'il trainoit bien sept pies ou huit à chascun par derrière. 13

D'où provenaient ces richesses des Comans ? De deux sources principales : le commerce et le pillage. Lors de son passage à Sudak, Rubruk, en effet, soulignait l'importance de cette ville, comme centre commercial. Il dit en parlant de la Crimée :

Au milieu, vers la pointe méridionale du triangle, se trouve une ville qui est appelée Soldaia, qui regarde Sinopolis en biais. C'est là que débarquent tous les marchands qui viennent de Turquie pour aller aux terres du nord, et que s'embarquent ceux qui viennent de Russie et des terres du nord pour passer en Turquie. Les uns y apportent

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du petit-gris et autres fourrures précieuses ; les autres des toiles de coton ou gambase, des draps de soie et des épices aromatiques. 14

On sait que Sudak était contrôlée par les Comans. Ibn al-Athir aussi souligne l'importance de Solkhat (Sudak) : Les Tartars, dit-il,

arrivèrent à Solkhat, cette ville des Qiptchaq, d'où ils reçoivent leur marchandise, parce qu'elle est au bord de la mer des Khazars. Des navires y abordent avec des vêtements ; ceux-ci se vendent et en échange on achète aux Qiptchaq des jeunes filles, des esclaves, des fourrures burtasses, des castors, des écureuils et d'autres marchandises qui se trouvent dans leurs régions. 15

Mais ce n'est pas seulement cette ville que contrôlaient les Comans, mais aussi les villes de Bolgar, Saqsin, Sarkel, Tmutarakan' et les voies commerciales qui traversaient la steppe comme la Zaloznyj puf le Solonyj puf et la voie dite iz varjag v greki. Les Comans avaient en fait saisi l'héritage des Khazars.

D'après Iakoubovski, les Comans contrôlaient aussi le commerce du blé russe à Trébizonde et le commerce du lin russe et des esclaves à Derbent. 16

D'autre part les Comans, i.e. la branche asiatique des Comans, les Qangli, contrôlaient les routes d'Asie, grâce à leur centre, Sygnak. On connaît l'impor- tance du commerce entre l'Asie antérieure et l'Asie orientale par la dimension de la caravane qui en 1218 allait de Mongolie à Urgenj et qui fut pillée à Otrar : elle se composait de cinq cents chameaux et de quatre cent cinquante hommes et elle transportait des fourrures, des tissus, de l'or et de l'argent. 17

D'Urgenj les marchandises se dirigeaient vers Bolgar et Sudak en passant par Saqsin. En effet Saqsin jouait un rôle de transit dans le commerce entre la Crimée, Bolgar, la Russie, le Khorezm, l'Asie centrale et la Chine. 18

On voit donc l'ampleur que prenait le commerce dans la Decht-i-Qiptchaq, et pour un compte rendu détaillé des marchandises qui faisaient l'objet de ce commerce en particulier pour Sudak, il n'y a qu'à considérer dans le Codex Cumanicus les groupes de mots rassemblés sous les rubriques : « Merci- monia que pertine[n]t ad [m] [er] catore[m] » 19, «Hec contine[n]t de spetia[r]io et spetia[a]ia » 20 «No[m]i[n]a lapiduu[m] precioxoru[m} », «Pelipa[r]ius ». 21 On rencontre dans le premier de ces groupes des noms de tissus comme stupa [setae} (soie grège), bonbecinus (ver à soie), canauu (filasse), lana (laine), linum (lin), seta (soie), vellutus (velours), tasta (taf- fetas), brocha (brocart) etc.. On rencontre aussi dans le premier groupe les noms de couleurs. On devait évidemment utiliser des teintures pour ces tissus. Dans le deuxième groupe on trouve les noms de diverses marchandises orien- tales comme les épices, les huiles parfumées, les plantes médicinales : voici

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quelques-uns de ces noms : piper (poivre), piper longus (piment), canella (cannelle), nuces (noix) etc.. Dans le groupe intitulé « No[m]i[n]a lapiduu[m] precioxoru[m] » on voit des noms comme robinus (rubis), safirus (saphir), smeradus (émeraude), diamante (diamant) etc.. Enfin dans le quatrième groupe on voit des noms de fourrures comme lepus (lièvre), vulpe (renard), va'f'i'urri' (petit-gris), mart ori (martre) etc..22

On peut cependant se demander à juste titre : qu'advenait-il de ce commerce lors des conflits entre Russes et Comans ? En effet, en considérant les chroniques russes on voit que rares sont les années où il n'est pas fait mention d'une expédition russe ou d'un raid coman. Toutefois, quelques faits nous montrent très bien que l'état de guerre ne nuisait pas au commerce. En 1184, par exemple, la chronique Hypatienne rapporte qu'après l'attaque du « païen » Koncak, les princes russes organisèrent une expédition punitive dans la steppe. Il vint à la rencontre des Russes une caravane de marchands qui venaient de chez les Comans et qui dirent aux Russes que leur ennemi se tenait sur la rivière Khorol 23. Ce passage nous montre que des commerçants malgré l'état de guerre pouvaient circuler de l'un à l'autre des belligérants. C'était une tradition de l'époque. Iakoubovski cite à ce propos un fait du temps des croisades qui se rapporte à la même époque (fin du Xlle siècle). L'écrivain arabe, Ibn Djoulbeir raconte que des marchands de Damas (qui était alors aux mains des Musul- mans) passaient en toute sécurité avec leurs marchandises à Saint-Jean d'Acre (alors aux mains des Croisés) . Ibn Djoulbeir qui fit lui-même cette route ajoute que « cette liberté de passage résulte d'un accord tacite entre les partis enne- mis ». 24 Cette défense tacite de s'opposer à des marchands et de les piller est une forme pratique du droit international de ce temps-là. Le récit d'Ibn al-Bibi sur l'attaque de Sudak par les Seldjoukides, attaque provoquée par le pillage d'une caravane turque, montre aussi que la violation de cette « loi internationale » a amené des représailles.

3 - Le commerce des esclaves, d'après les chroniques russes, le « Kievo-Pecerskij paterik », Ibn al-Athir, Gardezi, Maqrizi.

Nous avons souligné plus haut un passage d'Ibn al-Athir qui parlait du commerce des esclaves. D'où provenaient ces esclaves ? Quelle relation existe-t-il entre les Comans et ce commerce ?

En étudiant seulement les chroniques russes, on compte environ cinquante attaques importantes des Comans sur la terre russe, sans compter les raids de faible importance et les fois où les Comans agissaient comme alliés des princes féodaux et profitaient de l'occasion pour piller. Lors de ces attaques les Comans surgissaient à T improviste, s'emparaient d'un riche butin, d'un grand nombre d'animaux et de prisonniers.

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Ainsi en 1093, à Torcesk, les Comans « se divisèrent les habitants et les emmenèrent dans leurs campements».25 En 1172, la même chronique raconte que les Comans près de Kiev, « emmenèrent chez eux des hommes, des femmes, des chevaux, des bêtes à cornes, des moutons».26 En 1179, « Koncak arriva à Pereaslavl' à cause de nos péchés, dit encore la même chronique ; il occasionna beaucoup de misères aux chrétiens, en prit d'autres en captivité ». 27 Enfin en 1210, selon la chronique Laurentienne, les Comans emmenèrent encore un grand nombre de prisonniers de la région de Pereaslavl'. On se souvient aussi qu'en 1168, lorsque les Comans s'étaient emparés des trois grandes voies commerciales, le prince Mstislav Izjaslavic avait adjuré ses frères « D'avoir pitié de la terre russe » et de marcher contre les Polovcy qui « emmènent chaque année, les chrétiens dans leurs steppes ». 28 Nous voyons par ces nombreux passages des chroniques quel était le mode d'approvisionnement en esclaves des marchés de Sudak, de Derbent, de Bolgar etc.. et nous voyons qui s'étaient chargés de ce rôle.

Quelles étaient les voies d'acheminement de ces prisonniers vers ces marchés et quel était exactement le sort réservé aux prisonniers des Comans ?

D'abord, en ce qui concerne la steppe russe, nous savons par les chroniques que les Russes essayaient de reprendre à leur ennemi le butin et les prisonniers : pour ceci les Russes essayaient de contourner l'ennemi et de lui couper le chemin du retour. Ainsi quand les Comans attaquaient sur la Sula, les soldats russes disponibles disparaissaient, traversaient la rivière quelque part ailleurs, ou se dirigeaient vers la Psjol et coupaient le chemin de la steppe à l'ennemi : cette tactique était la plus efficace pour reprendre le butin et éviter aux prisonniers une lourde captivité.

Lorsque les Comans pillèrent les alentours de Kiev, Mikhalko alla avec ses Berendei, les attendre sur la Ros' où il reprit à l'ennemi butin et prisonniers. 29

En 1174, Igor Svjatoslavic, le futur héros de «La geste d'Igor», ayant appris que les Comans attaquaient Pereaslavl', traversa la Vorskla à Ltava, ren- contra les Comans et les força à abandonner tout leur butin. 30 Ce qui permettait de reprendre le butin à ces moments-là était la lenteur des Comans, retardés par le poids du butin, la lenteur des animaux et des prisonniers.

Cependant nombre de fois les chroniques relatent l'impossibilité des Russes d'agir à temps et alors les prisonniers étaient par le fait même condamnés à une lourde captivité, à l'exil ou encore condamnés à mort à brève échéance. Nous avons la preuve qu'un certain nombre était vendu comme esclave et emme- né fort loin. D'autres devenaient les esclaves domestiques des Comans, « eudagi epci » (en latin f amulu) . 31 Nous avons aussi la description de ce que devaient subir ces prisonniers dans les camps comans. Le sort de ces prisonniers était fort triste, comme en témoigne le récit sur le bienheureux Evstratij dans le « Kievo- Pecerskij paterik».

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Evstratij fut pris par les Comans avec un certain nombre de paysans. On les vendit ensuite à un Juif. Après quelques jours pendant lesquels Evstratij consola ses compatriotes, tous ses compagnons moururent de faim et de soif, les uns après trois jours, les autres après sept jours, les plus forts après dix jours. Ils étaient en tout cinquante. Après quatorze jours seul Evstratij demeu- rait en vie, car ajoute le récit « il était habitué à jeûner depuis son jeune âge ». Cependant le Juif crucifia enfin le moine Evstratij, prétextant qu'il était la cause de la perte de l'or qu'il avait versé pour les prisonniers. 32

Nous avons le témoignage d'un autre russe emmené en captivité par les Comans. Dans ce témoignage, versé à la chronique Hypatienne, nous voyons les misères endurées par le peuple russe, leurs villages détruits, leurs maisons brûlées et leur voyage vers la captivité. C'est une image tragique que nous dessine l'auteur de ce passage.

Les maudits fils d'Ismaël brûlaient les maisons et les granges. Ils incendiaient beaucoup d'églises et personne ne s'en étonnera : « Où il y a beaucoup de péchés, là on trouve toutes sortes de châtiments. »...

Ils emmenèrent les uns en capti viité, ils tuèrent les autres ; d'autres encore furent l'objet de vengeance et subirent une mort horrible ; d'autres encore frémissaient en voyant les morts ; enfin ils en firent mourir d'autres de faim et de soif... Il y eut les châtiments, les sup- plices, les misères, les afflictions, les souffrances horribles de ceux qu'on attache et qu'on bat avec les pieds, de ceux qu'on fait geler, de ceux à qui ont inflige des blessures... Les Polovcy guerroyèrent longtemps et revinrent à Torcesk ; les gens accablés par la faim se rendirent. Les Polovcy, ayant pris la ville, y mirent le feu, se parta- gèrent les habitants et emmenèrent beaucoup de chrétiens dans leurs campements, chez les leurs. Apeurés, affligés, exténués, paralysés par le froid, mourant de faim et de soif, accablés par la misère, les visages creusés, le corps noirci, dans un pays inconnu, la langue enflée, sans vêtements et pieds nus dans les épines, les prisonniers les larmes aux yeux se disaient les uns aux autres : « j'étais de telle ville. » - « Moi, de tel village. » 33

Les prisonniers demeuraient dans les camps comans en attendant d'être vendus ou qu'une rançon fût versée pour eux. En ce qui concerne le montant de cette rançon, il correspondait évidemment à la position sociale du prisonnier. Ainsi, d'après la chronique Hypatienne, pour un certain Svarn, pris à Pereaslavl', les Polovcy « prirent une rançon considérable. » 34 Un certain moine, du nom de Nikon, d'après le « Kievo-Pecerskij paterik », était prisonnier et gardé en- chaîné par les Polovcy. Un certain Kiévien proposa de le libérer moyennant une rançon, mais Nikon refusa. Il fut torturé par le feu et les fers, la faim,

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la soif, le froid afin qu'il donnât une bonne rançon. On lui coupa les tendons pour l'empêcher de fuir. Enfin il se retrouva à Kiev ; le texte ne dit pas com- ment : probablement grâce à une rançon ou encore délivré par une expédition russe. 35 En effet, les chroniques relatent que quelquefois des groupes armés russes, lors de leurs attaques sur les campements des Comans, délivraient des pri- sonniers. Nous connaissons deux faits, d'après la chronique Hypatienne, où des prisonniers russes furent délivrés par une expédition de leurs compatriotes. La première fois ce fut en 1151 et la seconde en 1170, lors de la défaite des Comans à la Forêt Noire ». 36 Un épisode identique est illustré par deux minis- tres de la chronique de Radzivill, dont l'une porte la date de 1203 3T.

Vladimir Monomakh dans 1' « Instruction à ses enfants » raconte ce qui suit à propos de cet aspect des relations russo-comanes :

allant avec les gens de Cernigov et nos propres Polovcy, nous nous emparâmes sur la Desna d'Asaduk et de Sauk et nous avons mis en pièces leur druzina ; et le jour suivant au-delà de Novgorod-Seversk nous avons détruit un fort détachement de Belkatgin et nous leur avons enlevé leurs Semici et leurs prisonniers. 38

Mais il est évident que les gens ainsi libérés ne représentaient qu'une mino- rité par rapport à ceux qui disparaissaient à jamais dans la steppe.

Il faut cependant dire que les Russes agissaient de façon identique en ce qui concerne la rançon, lorsque des Comans leur tombaient entre les mains. Même on mettait le prisonnier coman aux fers, si l'on attendait pour lui une rançon importante, comme en témoigne la légende du « Polovtse prisonnier ». Cette légende que l'on trouve dans la Chrestomathie d'Aristov, était la suivante : un certain kiévien avait un prisonnier coman qu'il gardait enchaîné. Ayant atten- du en vain sa rançon, il le libéra en échange de la promesse du Coman de payer lui-même sa rançon de retour chez lui. Après deux apparitions de Saint- Nicolas et une troisième où le Coman a même été battu par une force mira- culeuse, le Coman se décida enfin à payer sa rançon au Kiévien au moyen de deux troupeaux de chevaux. 39

Les prisonniers, après toutes ces péripéties, étaient vendus à l'étranger. Nous avons de nombreux détails sur le commerce des esclaves dans la mer Noire aux Xlle et XHIe siècles.

Nous avons mentionné plus haut un passage d'Ibn al-Athir à propos de Sudak ; Ibn Al-Athir disait : « on achète aux Qiptchaq des jeunes filles, des esclaves, des fourrures burtasses, des castors, des écureuils et d'autres marchan- dises qui se trouvent dans leurs régions ». 40 Le commerce des esclaves en Europe orientale n'était pas nouveau ; déjà au Xe siècle un géographe arabe écrivait une liste des objets de commerce expédiés de Bolgar au Khorezm par la Volga. La voici, telle que traduite par Barthold :

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Les fourrures (zibeline, hermine, putois, belette, martre, renard, castor, lièvre, chèvre) ; les chandelles ; les flèches ; l'écorce de peuplier argenté ; les bonnets de forme haute ; la colle de poisson ; les dents de morse ; la graisse de castor ; l'ambre ; les peaux de chevaux tannées ; le miel ; les noix écalées ; les faucons ; les épées ; les cuirasses ; l'écorce de bouleau ; les esclaves slaves ; les moutons ; les vaches ; - tout cela

provient de Boulgar. 41

Presque tous les géographes musulmans soulignent le rôle que joue le trafic des esclaves dans le commerce sur la Volga ; l'Arabe Ibn Rouste (Xe siècle) et le Perse Gardezi (Xle siècle) rapportent que les peuples habitant sur la Volga se donnent la chasse l'un à l'autre, capturent leurs ennemis et les vendent soit à Sudak, Urgen j ou Trébizonde. Pendant l'époque de la domination cornane dans les steppes pontiques, le commerce passant par Bolgar et la Volga, le Dnepr et Sudak continua à prospérer et «nous sommes en droit de penser, de dire Iakoubovskij, que ni sa nature ni sa matière ne sont en quoi que soit modifiées. Seuls changent les centres de commerce ». 42 En effet Itil, ayant été détruite, fut

remplacée par Saqsin, comme centre de commerce. Nous avons vu que les routes de commerce de la steppe étaient contrôlées par les Comans et les khans devaient en tirer d'énormes revenus. Et d'autre part les Polovtses pouvaient écouler leurs marchandises et leurs prisonniers en les vendant aux commerçants musulmans qui utilisaient ces routes.

Les relations culturelles et commerciales étaient à cette époque si étroites entre la Volga et l'Asie centrale que dans l'armée cornane on se servait d'armes

qui étaient alors d'un usage courant au Caucase, en Iran et au Khorezm. 43

Outre Sudak, Urgenj et Trébizonde, Derbent aussi servait de centre au com- merce d'esclaves. Ibn al-Athir rapporte que des Qiptchaq y furent vendus à très bas prix en 1224, après la première apparition mongole. 44 Même les Russes

participaient à ce commerce et leurs navires sillonnaient la Caspienne. En 1175, on parle, en effet, de la défaite de leur flotte près de Baku. 45

D'autre part, le trafic des esclaves dans la mer Noire au XlIIe siècle était aussi très prospère, mais nous en avons moins de preuve que pour l'époque pos- térieure. A la fin du XlIIe siècle, aux XlVe et au XVe siècles, ce trafic connaî- tra une grande ampleur. Nous savons, en effet, que des sultans mameluks gou- vernaient l'Egypte depuis le milieu du XlIIe siècle. Ne trouvant pas de res- sources humaines suffisantes pour le recrutement de leurs armées dans une

population peu propre au métier des armes, les sultans mameluks avaient recours à une autre source : Tachât d'esclaves originaires des pays septentrionaux. De même, pour leurs harems ils avaient recours aux esclaves de sexe féminin de même provenance. 46 Celles-ci étaient désignées dans les documents comme mameloukines : mameluk signifie esclave ; 47 en effet, les mameluks, comme on

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le voit, étaient des esclaves provenant des côtes septentrionales de la mer Noire ou encore des pays chrétiens comme la Petite Arménie. 48 Cependant, le déve- loppement de la puissance mameluke et la propagation de l'Islam dans la Horde d'Or sous le khan Kerke firent que ce furent les pays riverains de la mer Noire qui deviennent les points de départ les plus importants de ce commerce. Le sultan Bibars (1260-1277), à force d'ambassade, obtint même de Michel Palèo- logue de faire passer des vaisseaux égyptiens dans le Bosphore. Bibars lui-même, d'ailleurs, était un ancien esclave. Il fut le premier sultan mameluk. Maqrizi nous dit à son propos, après sa mort :

Bibars était âgé de plus de cinquante ans, et avait régné dix-sept ans, deux mois et douze jours. Il était originaire de Kaptchak, avait une taille élevée, le teint brun, les yeux bleus, dont l'un était couvert d'une petite taie. Il avait une voix forte, était brave, violent, et prompt à agir. Il avait été amené de son pays à Hamah par un marchand, avec un autre mamelouk. 49

De même le sultan Kelaoun (1279-1290) était originaire du Qiptchaq et Ma- qrizi nous dit :

Kelaoun était d'une belle figure, et inspirait le respect ; il avait les épaules larges, et le col court ; il parlait élégamment la langue des Turcs et celle du Kabdjak, mais il savait fort peu d'Arabe. 50

Plus haut Maqrizi nous dit que Kelaoun « était de la nation du Kabdjak, et appartenait à une tribu nommée Burdj-Ogli. » 51 II appartient donc à la tribu cornane que les chroniqueurs russes appelaient Burcevici.

Il existe un autre témoignage d'importance qui décrit le trafic des esclaves entre le Decht-i-Qiptchaq et l'Egypte : c'est celui d'Ibn-Iakhia (XlVe siècle) :

Les Turcs du Qiptchaq, nous dit-il, diffèrent des autres Turcs par leur piété, leur bravoure, la vitesse de leurs déplacements, la beauté de leur figure, la régularité de leurs traits et leur magnanimité. Ils ont donné des sultans et des émirs à l'Egypte et constituent la plus grande partie de l'armée de cette puissance. Nedim-eddin-Ejub, le fils de Kamelja a fait preuve de beaucoup d'efforts dans la recherche des esclaves du Qiptchaq, et ils n'ont pas tardé de s'emparer du trône. Ces sultans, par suite de leur dévouement pour leurs compatriotes, en ont recueilli un grand nombre, de sorte que l'Egypte regorgea vite de ces étrangers qui formaient la principale force. Placés à la tête de l'armée, investis des plus importantes fonctions, ils se sont montrés les fidèles défenseurs de l'Islam. 52

Les conditions pour le commerce des esclaves étaient excellentes dans les régions septentrionales de la mer Noire. En effet, en plus des guerres qui four-

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nissaient une grande partie de la « marchandise », rien n'était plus ordinaire que de voir, les vivres venant à manquer ou les impôts devenant trop écrasants, les parents vendant leurs propres enfants. 53

C'était surtout les colonies italiennes qui se spécialisaient dans ce commerce, car les Italiens étaient les seuls à avoir dans la mer Noire, des ports et des lignes de commerce bien organisées. Les Génois de Cafïa et de Sudak et les Vénitiens de Tana, même s'ils ne l'eussent pas voulu, eussent été obligés de souffrir que l'embarquement des esclaves se fît dans les ports. Ils eussent risqué, en s'oppo- sant, de voir leurs relations commerciales avec l'Egypte compromises et l'exis- tence de leurs colonies menacée, vu les relations étroites entre le khan Berke de la Horde d'Or et les souverains d'Egypte.

Il est cependant connu que ce commerce des esclaves était évidemment soumis à certaines restrictions : ainsi, dans les ports italiens, si l'esclave se disait chrétien, lors d'un interrogatoire spécialement conçu à cet effet, il ne pouvait être vendu. Seuls les païens et les musulmans pouvaient être embarqués. Seuls aussi les navires égyptiens pouvaient transporter les esclaves vers les pays musulmans. Ce commerce était frappé d'un impôt spécial. Le transport d'escla- ves non-chrétiens vers les pays non-musulmans n'était soumis à aucune restric- tion. Même la loi florentine de 1364 permettait d'amener sur le territoire de la République des esclaves non-chrétiens des deux sexes. 54

Mais malgré les lois et les plaintes du Pape contre les marchands qui con- tribuaient : « à accrotre la puissance des mécréants en leur fournissant des escla- ves », selon l'expression de Jean XXII, environ deux mille Mameluks en prove- nance des pays riverains de la mer Noire arrivaient chaque année par Damiette et Alexandrie sur le grand marché du Caire. Les sujets pour lesquels on obtenait les prix les plus élevés étaient les Tatars du Qiptchaq, i.e. les Qiptchaq eux- mêmes, car les Tatars formaient la masse dirigeante de la Horde d'Or et se trouvaient en infime minorité. Ils valaient 130 à 140 ducats chacun, alors qu'un Slave, par exemple, en valait 70 à 80. 55

On voit donc le sort des prisonniers russes tombés aux mains des Qiptchaq comme le sort des Qiptchaq tombés aux mains des Tatars. C'est le sort de tous les prisonniers de ces régions depuis des siècles et l'histoire se répétera en ce qui concerne les janissaires ottomans.

4 - L habitation des Comans, d'après Plan de Carpin, Rubruk, Petakhia et la chronique de Radzivill.

Quelle forme revêtait l'habitation du Coman ? Idrisi, vers 1153, lors de son passage dans les steppes pontiques nota qu'il n'y avait pas de ville. Vers 1170, Petakhia écrivait que les Comans habitaient dans des tentes. Plan de Carpin dit qu'au pays de Cangites et chez les Comans, on ne se nourrit que des produits du bétail et que les habitants de ces pays ne construisent pas de maisons.

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Rubruk qui voyagea de Sudak vers l'est le long de la mer d'Azov n'a rencontré aucun village. Il faut cependant souligner que tous ces voyageurs sont surtout passés au sud du Decht-i-Qiptchaq. Nous connaissons l'existence de certaines villes dans le territoire des Comans, mais il s'agit dans tous les cas de traces de colonisation de la steppe par les pays voisins sédentaires. Il est bien vrai que le genre de vie des Comans était le nomadisme et leurs demeures des tentes de feutre.

À ce propos Ennuvejri qui vivait à la fin du Xffle siècle et au début du XlVe, nous dit, en décrivant la défaite des Comans aux mains des Mongols : « Ils habitent dans des tentes, n'ont pas de maisons, ni aucune construction, mais passent l'été dans une région et l'hiver dans une autre. » 56

Les habitations des nomades, en l'occurrence les Tatars, sont décrites avec précision par Plan de Carpin. Il ne s'agit cependant pas des Tatars dans la description de Plan de Carpin, mais de Comans.

Ils ont des habitations rondes, édifiées en forme de tente, et faites de cannes et de baguettes très minces. Dans le milieu du haut, s'ouvre une fenêtre ronde par où entre la lumière, et qui peut laisser sortir la fumée, car ils font toujours leur feu au milieu de la tente. Les parois et le toit sont couverts de feutre. Certains de ces édifices sont grands, d'autres petits, selon la dignité ou l'humblesse des proprié- taires. Certains se démontent et se remontent très vite, et peuvent être chargés sur des bêtes de somme. Il en est qu'on ne peut démonter mais qui sont portées sur un chariot ; pour les plus petites, un chariot à un boeuf suffit pour les transporter ; pour les plus grandes, il faut trois ou quatre bœufs, ou même plus, selon leur grandeur. Où qu'ils aillent, à la guerre ou ailleurs, ils les transportent toujours avec eux. 57

Rubruk complète la description de plan de Carpin. Ils construisent sur des roues la maison dans laquelle ils dorment.

Elle est faite de baguettes entrelacées qui convergent, en haut, vers un petit orifice rond d'où s'élève un col pareil à une cheminée. Ils la recouvrent de feutre blanc, et enduisent souvent le feutre de terre, quelquefois aussi de noir. Ils décorent le feutre, autour du col supé- rieur, de peinture d'une belle variété. Ils suspendent aussi devant la porte un feutre d'un travail brillant. Ils ont coutume de peindre sur ce feutre coloré des vignes et des arbres, des oiseaux et des bêtes. Ils font ces demeures si grandes qu'elles ont parfois trente pieds de largeur. J'en ai mesuré une qui avait bien vingt pieds entre les traces des roues, et dont la maison quand elle était posée sur le chariot, dépassait les roues, de chaque côté, d'au moins cinq pieds. J'ai compté, pour un

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seul chariot, vingt-deux boeufs traînant une seule maison, onze en un seul rang dans la largeur du chariot et onze autres devant ceux-là. L'essieu du chariot était grand comme un mât de navire, et un seul homme se tenait sur le chariot, devant la porte de la maison pour diriger les bœufs. 58

Les miniatures de la Chronique de Radzivill nous fournissent d'autres détails sur ces maisons des Comans. Selon cette chronique les Comans avaient deux sortes de maisons. Les unes étaient les maisons telles que décrites par Plan de Carpin et Rubruk avec deux ou quatre roues et les autres maisons ne se transportaient pas. Les Comans appelaient ces dernières ixba, mot qui est dans le Codex Cumanicus, dans la colonne cornane. 59 C'est évidemment un mot em- prunté chez les Russes, chez qui d'ailleurs les Comans ont probablement em- prunté ce genre d'habitation. 60

Quant au premier genre d'habitation des Comans, nous trouvons la façon dont les Comans les conduisaient chez Ibn Batuta qui écrivait au XlVe siècle :

Celui qui conduit l'araba, écrit Ibn-Batuta, s'asseoit à cheval sur l'un des chevaux de tête, sur lequel il y a une selle. Dans la main il tient un fouet avec lequel il fait avancer les bêtes et une gaule avec laquelle il guide l'attelage quand il change de route. 61

Au XlIIe siècle, les chariots se conduisaient de la même façon, comme l'illustre une des miniatures de la Chronique de Radzivill.

Nous voyons que ce système d'habitation était adopté en vue des déplace- ments dans la steppe, déplacements dont un des aspects les plus caractéristiques était le passage d'un cours d'eau. Pour ce faire, les Comans prenaient des peaux de bœuf, de cheval ou de chameau, cousues ensemble. Ils enveloppaient avec ces peaux tous leurs biens ou tout simplement ils enveloppaient du foin et ils les mettaient à l'eau ; sur le dessus ils mettaient leurs chariots et s'assoyaient eux- mêmes dessus. Ils passaient une courroie autour de ce vaisseau improvisé et attachaient un bout de la courroie à la queue des chevaux qui les tiraient sur la rive opposée.

Voici comment le rabbin Petakhia raconte un tel passage de cours d'eau.

There they have no ships, but sew together ten extended horse hides, with a thong round the border ; they then seat themselves on the hides, placing thereon also the wagons and all the luggage. They then tie the thong which is on the border of the hides to the tails of the horses, who start swimming, and thus they pass over the water. 62

Les déplacements, chez les Comans, comme chez les autres nomades, revê- taient évidemment une importance particulière et seuls les chevaux pouvaient

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leur garantir cette facilité de déplacements dont ils avaient absolument besoin pour garder leurs troupeaux, chasser et accomplir leurs razzias chez leurs voisins sédentaires. C'est pourquoi, nous dit Plan de Carpin :

Les filles et les femmes montent à cheval et galopent aussi vite que les hommes. Nous en avons vu porter des carquois et des flèches. Et tant les hommes que les femmes, ils peuvent rester longtemps à cheval. Leurs ètri vières sont courtes. Ils ont grand soin de leurs che- vaux ; ils sont d'ailleurs attentifs à tout ce qui leur appartient. 63

5 - Modes et coutumes, d'après les chroniques hongroises, la correspondance papale et les « kamennye baby ».

Nous avons aussi des témoignages sur l'aspect extérieur des Comans grâce au clergé catholique. Voici les circonstances qui ont entouré ces témoignages à la fin du XII le siècle. Ã cette époque, les mœurs des Comans qui s'étaient réfugiés en Hongrie après l'invasion de Batu, commençaient à se répandre parmi la noblesse hongroise. Le pape Nicolas IV écrivit lui-même une missive à Ladislas IV en lui reprochant de vivre « cum Tartaris, Saracenis, Neugeriis et Paganis ». 64 Le pape demandait au roi qu'il abandonnât et obligeât son entou- rage à abandonner les coutumes comanes en particulier la façon de se vêtir et de se coiffer les cheveux. Le pape écrivait :

Promisisti quod tarn in te, quam in illis de regno tuo, dimisso paganorum abusu, resumeres christianorum habitum tam in vestibus, quam in capillis. 65

Dans la constitution promulguée en 1279 à l'intention des Comans, on accorda à ceux-ci, comme un privilège, de se raser la barbe, de se couper les cheveux et de porter leur habit national mais le légat papal demandait que les Hongrois abandonnassent ces mêmes coutumes des Comans comme se raser la barbe, se couper les cheveux et de porter des bonnets de laine :

Barbas radere, crines detruncare, contra mores hungaricos, et pileos cumanicos, quorum usus in Hungaria jam in consuetudine habebatur, abjicere demandabat. 66

Le témoignage suivant nous montre que les Comans non seulement se cou- paient les cheveux et se rasaient la barbe, mais qu'ils se rasaient la tête : le chroniqueur racontant une défaite des Comans aux mains de Ladislas rapporte avec beaucoup d'humour que les têtes des Comans, rasées depuis peu, tombaient sous les sabres comme des citrouilles encore légèrement vertes :

Capita quippe Cunorum, noviter rasa, tanquam cucúrbitas, ad maturitatem nondum bene perductas gladiorum ietibus disciderunt. 6T

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En ce qui concerne l'habillement des Comans nous avons aussi plusieurs sources d'inégales valeurs, telles que les fouilles des tumuli, ou encore l'étude analytique des statues, dites « kamennye baby ».

Ces statues de pierre qui existent encore en grandes quantités, nous four- nissent en détails ce qui concerne l'habillement, les bijoux et les armes des Qiptchaq.

6 - La religion des Comans ou leurs croyances, selon la chronique Hypatienne, les voyageurs occidentaux, Aboulféda, la correspondance papale et les fouilles récentes.

La religion dominante chez les Comans était le chamanisme, comme d'ail- leurs chez leurs prédécesseurs Torki ou Petchénègues, ou encore les Mongols avant le milieu du XI Ile siècle. Les écrivains du Moyen Âge nous ont livré les principales caractéristiques de leur foi : adoration des objets, surtout les forces de la nature, la magie, la divination, la croyance en des esprits mauvais et en un dieu principal, la foi en une vie extra-terrestre.

Dans la chronique Hypatienne nous trouvons un passage qui nous dévoile la tendance à la divination chez les Comans : voici ce passage :

Ils (les Russes et leurs alliés comans) s'arrêtèrent pour la nuit ; mais au milieu de celle-ci Bonjak se leva, s'éloigna de l'armée et se mit à hurler à la manière des loups ; un loup lui répondit ; puis de nombreux autres commencèrent à hurler. Enfin Bonjak revint et assura Davyd qu'ils triompheraient des Hongrois. 68

Par cet échange de hurlements Bonjak apprit donc l'avenir. Le dieu principal des Comans, selon Plan de Carpin, s'appelait « Khan » :

c'est le même dieu que celui des Tartares et que ceux-ci appellent Itoga : voici, d'après le voyageur franciscain, comment les Comans accomplissent leur culte :

Ils s'adonnent fort aux divinations, aux augures, aux arúspices, aux vénéfices et aux incantations. Lorsque les démons leur répondent, ils croient que c'est Dieu qui leur parle, lequel Dieu ils nomment Itoga ; mais les Comans l'appellent Khan. 69

Quant aux modes de sépultures, les marques dont on entourait les morts et les objets laissés dans les tombes, tels que la vaisselle, les armes, les étriers, les mors et même une monture, dénotent une croyance dans l'au-delà. Les Comans faisaient de hauts tertres et y érigeaient une statue, la face tournée vers l'Orient. Ces tombes des Comans comportent un mélange de rocs et de terre pour former le tumulus. Une cavité spéciale est réservée généralement pour le cheval enseveli avec le mort. On remarque souvent une espèce de voûte au-

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dessus de la tombe du mort. On trouve parfois aussi un arrangement spécial de la tombe, comme des planchettes sous le cadavre. La position du défunt est généralement la suivante : il est étendu sur le dos avec les bras le long du corps. Le corps est parfois dans un cercueil et il est toujours orienté d'ouest en est, alors que les Torki ou les Petchénègues étaient tournés vers l'ouest. Chez les Klobuki le mort était étendu la tête au sud.

Au-dessus du mort on trouve parfois un cheval, parfois deux ou seulement la tête et les pieds dans la position anatomique. On rencontre des chevaux ou des parties de chevaux aussi chez les autres nomades. Dans certaines tombes qu'on présume appartenir à des Comans pauvres, ou trouve à la place du cheval, le squelette d'un bovin. Dans les tombes des Comans extrêmement pauvres on ne rencontre même pas de restes d'animaux, ni d'objets de la vie courante. 70

7 - L'artisanat coman.

Dans les tombes comanes on trouve un grand nombre de produits de l'arti- sanat des Comans. En général, tous ces produits font partie de l'équipement du cheval, du guerrier ou encore font partie des objets de la vie courante et l'on retrouve ces objets dans le Codex Cumanicus où il est question de métiers tels que berger, boucher, fourreur, cordonnier. 71

Avec chaque métier sont énumérés des ustensiles et des outils. Ainsi on trouve accompagnant le terme de couturier les éléments suivants : aiguille, fils, ciseaux, boutons, couture, dé. Avec le mot cordonnier on trouve les mots : soulier, embouchoir, alêne, semelle, sabot, marocain. Avec le mot forgeron on trouve les noms comme enclume, marteau, soufflet, pinces, couteau, fourneau, charbon, bassine, fer, argent, or, alliage d'argent et de plomb, êtain, laiton. Avec le mot tourneur on voit les mots : tour, rabot, grattoir, tarière, scie, com- pas, corde à mesurer, hache, marteau. Dans rémunération des noms de métiers on trouve aussi Xapiéceur, le fabrica?ît de lames, le peintre, le maçon. 72

Tous ces métiers ne pouvant s'exercer que dans les villes, ceci nous permet de penser qu'il existait un processus de sédentarisation.

Mais malgré un certain niveau de culture matérielle, malgré des relations de plus en plus constantes avec les pays sédentaires, malgré certaines traces de litté- rature orale, il semble que le niveau culturel des Comans, fut assez bas : en effet à l'encontre des Khazars ou même des Turcs de l'Orkhon, qui nous ont quand même laissé les inscriptions de l'Orkhon, les Comans ne connaissaient pas l'écriture avant leur diaspora. Dans le Codex Cumanicus, sous la rubrique, articles du bureau il y a une série de mots comme lettres, papier, encre, Uvre, mais ces mots n'existent que dans la colonne latine, parfois dans la colonne perse et n'existent pas dans la colonne cornane. 73

Nous voyons qu'il est possible de procéder avec la méthode de description et d'analyse historique dont nous avons parlé plus haut : c'est-à-dire d'étudier

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un peuple à l'aide de données que nous possédons sur sa culture matérielle. En effet même avec les informations que nous avons fournies, nous n'avons pas épuisé ce que les sources et l'archéologie nous révèlent sur la vie quotidienne des Comans, car nous avons omis nombre de détails sur la religien et les rites de purification par le feu, le système pénal et la peine capitale, les différentes formes de nomadisme des Qiptchaq et leur ordre social.

NOTES

1. S.A. Pletneva, « Pecenegi, torki i polovcy v juznorusskikh stepjakh », Materialy i issledovanije po arkeologii SS.S.R. (62, 1958) 169-226.

2. Ibid., 204. 3. Ross E., ed., Jewish Travellers, (London, Routledge and sons, 1930) 65. 4. P.S.R.L., (M, 1962) 2: années: 1096, 1103, 1111, 1191, H93. 5. S.A. Pletneva, op. at., 204. 6. Ross, op. cit., 65. 7. P.S.R.L., 2 : 651. 8. P.S.R.L. (M., 1962) 1:16. 9. T'Serstevens, Les Précurseurs de Marco-Polo (Paris, Arthaud, 1959) 211.

10. Robert de Clari, La Conquête de Constantinople (Paris, Ph. Lauer, 1924) 64. 11. P.S.R.L., 2 : 225. 12. H. Grégoire, « Etudes épiques : La geste d'Igor ». Traduction nouvelle ( Voz-

rozdenie. 2-3. 1945)99. 13. Robert de Clari, La Conquête de Constantinople ; voir A. Pauphilet, éd., Histo-

riens et chroniqueurs du moyen-âge (Bruges, Pléiade, N.R.F., 1952) 81. 14. T'Serstevens, op. cit., 208. 15. V.G. Tizengauzen, red., Sbornik materialov otnosjascikhsja k istorii Zolotoj

Ordry (S.-Petersburg, 1884) 1 : 26. 16. A. Jakubovskij, « Rasskaz Ibn al-Bibi o pokhode maloazijskikh turok na Sudak,

polovcev i russkikh v nacale XIII v. », Vizantiiskii Vremennik, 25 (1927) : 65. 17. Ibid. : 71. 18. Ibid. : 72. 19. G. Kunn, Codex Cumanicus, Bibliothecae ad templum Divi Marci venetiarum

(Budapest, 1880) 105-108. 20. Ibid. : 91-96. 21. Ibid. : 108-109. 22. Ibid. : 97-98. 23. P.S.R.L., 2 : 635. 24. B. Grekow et A. Jakubovskij, La Horde d'Or et la Russie, trad, du russe par

F. Thuret (Paris, Payot, 1961) 33. 25. P.S.R.L., 2 : 215. 26. Ibid. : 555. 27. Ibid. : 612-613. 28. Ibid. : 541. 29. Ibid. : 556-558. 30. Ibid. : 568-569. 31. Codex Cumanicus, 93, 103. 32. LP. Eremin et D.S. Likhacev, re., Khudozestvennaja proza Kievskoj Rusi XI-

XIII v. (M., Gos. izd. Khudoz. lit, 1957) 155-156. 33. P.S.R.L., 2 : 214-216.

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SLAVIC AND EAST-EUROPEAN STUDIES 1 1 1

34. Ibid. : 527 : il s'agit probablement du même svarn, « voevod » de Kiev, men- tionné par la chronique Laurentienne : P.R.S.L., 1 : 314-331.

35. I.P. Eremin, op. cit., 156. 157. 36. P.S.R.L., 2 : 421-539-540. 37. M.I. Artamonov, Istoriici khazar (L., 1962) 455. 38. I.P. Eremin, op. cit., 123. 39. P.V. Golubovskij, Pecenegi, torki i polovcy do nasestvija tatar (Kiev, 1884)

225-226. 40. V.G. Tizengauzen : op. cit., 26. 41. V.V. Barhold, Turkestan v epokhu mongol' skogo nasestvija (S-Pb, 1900)

2 : 295. 42. B. Grekov et A. Jakubovskij, op. cit., 26-27. 43. Ibid. : 29. 44. H.H. Howorth, History of the Mongols, 4 vols., Londres, 1876-1927, 3 : 5. 45. B. Grekov et A. Takubovskn. ob. cit.. 29. 46. W. Heyd, Histoire du commerce du Levant au Moyen-Âge, 2 vol., éd. française

augmentée (Leipzig, 1885-6) 2 : 555. 47. Encyclopédie de l'Islam (Leyde, 1913-38) 3 : 230-33. 48. E.M. Quatremere, trad., Histoire des sultans Mamlouks de l'Egypte, écrite en

arabe par Taki-Eddin-Ahmed-Makrizi, 2 vol., 4 tomes (Paris, 1837-45) 2, Ire partie: 207.

49. Ibid., 150. 50. Ibid., 111. 51. Ibid.. 1. 52. P.V. Golubovskij, op. cit., 236-237. 53. Heyd, op. cit., 556. 54. Ibid., 559. 55. Ibid., 559. 56. lizengauzen, op. cit., 540. 57. T'Serstevens, op. cit., 153. 58. Ibid., 212. 59. Kuun, op. cit., 281. S.A. Pletneva, où. cit., 201. 60. Ce n'est pas l'inverse qui s'est produit, le mot izba venant du germanique stuba

qui signifie local chauffé : A.G. Preobrazenskij, Etimologi ce ski j slovar* russkogo jazyka (M., 1959).

61. V.G. Tizengauzen, op. cit., 281. 62. Ross, E., op. cit., 64-65. 63. T'Serstevens, op. cit., 162. 64. Lettres de Nicolas IV, août 1288 et juin 1230, citées par Bratianu dans G.I.

Bratianu, Recherches sur le commerce génois dans la Mer Noire au XHIe siècle, Paris, 1929, 234.

65. P.V. Golubovskij, Pecenegi, torki i polovcy do nasestviia tatar, Kiev, 1884. 189. 66. Szentpetery E., ed., Scriptores rerum Hungaricarum, Budapest, 1938, 2 : 152. 67. Ibid. : 117. 68. P.S.R.L., 2 : 245-246. 69. T Serstevens, où. cit.. 156. 70. S.A. Pletneva. où. cit.. 172-185. 71. G. Kuun, op. cit., 203-205. 72. Ibid., 96-100 : 103-104. 73. Ibid., 100-110.

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