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RFP Volume 2, numéro 3 2005

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Volume 2, numéro 3

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SOMMAIRE

HOMMAGE À JACQUES BENVENISTE (1935 - 2004).

NATURE OF CONSCIOUSNESS – NATURE OF SPIRIT ? THE NEAR-DEATH EXPERIENCE AT THE CROSSROADS.

Jocelyn MORISSON.

L' HYPNOSE, UN PHÉNOMÈNE LARGEMENT MÉCONNU.

Jean.GODIN (†) et Philippe WALLON.*

LA TRANSCOMMUNICATION.

VZ.*

PARAPSYCHOLOGY : SCIENCE OR PSEUDO-SCIENCE ?

Marie-Catherine MOUSSEAU.

LA DIFFUSION COMMERCIALE DES TECHNIQUES DE PRÉDICTI ON EN FRANCE AU XXEME SIECLE : QUEL DANGER POUR LA SOCIÉTE CONTEMPORAINE ?

Floriane BLANC.

LES MOULES DE KLUSKI.

Marc HALLET, Michel GRANGER.

LIVRES RÉCENTS.

NÉCROLOGIE.

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"Quand le fait qu'on rencontre ne s'accorde pas avec une théorie régnante il faut accepter le fait et abandonner la théorie". (Claude Bernard). HOMMAGE À JACQUES BENVENISTE (1935 - 2004). Biographie Communiqué diffusé le 4 octobre 2004 par l'équipe et les proches de Jacques Benveniste.

Jacques Benveniste est né à Paris le 12 mars 1935. Après ses études de médecine à Paris, il

a d'abord pratiqué aux Hôpitaux de Paris puis a été Chef de Clinique à la Faculté de Médecine. Très tôt il s'est consacré à la recherche, en France et aux Etats-Unis. A partir de 1973, il a appartenu à l'INSERM où il a dirigé l'U200. En 1984, il a été nommé Directeur de Recherche de 1ère classe. Au cours de sa longue carrière, Jacques Benveniste a publié plus de 300 articles scientifiques. Il a notamment atteint une notoriété mondiale grâce à sa découverte en 1970 du PAF-Acether ("Platelet Activating Factor").

Le 30 juin 1988, une nouvelle faisait la une du journal "Le Monde" : " Une découverte

française pourrait bouleverser les fondements de la physique" Ce quotidien, se fondant sur un article à paraître dans le réputé magazine scientifique britannique "Nature", écrivait en substance : Les travaux ont été menés par le docteur Jacques Benveniste, qui affiche un impressionnant

parcours : directeur de recherche d'une importante unité de l'INSERM, dont il est membre du conseil scientifique, il a découvert une molécule majeure impliquée dans l'asthme et a été un proche conseiller de Jean-Pierre Chevènement, quand il était ministre de la Recherche, de 1981 à 1983. Treize de ses confrères biologistes, français et étrangers, ont participé aux travaux. Ils confirment et cosignent l'incroyable expérience qu'il publie sous ce titre : "La dé granulation des basophiles humains induite par de très hautes dilutions d'un anti-sérum-anti-IGE". En clair, le chercheur est parvenu à activer une cellule sanguine avec une solution d'eau contenant un anticorps totalement dilué. L'information biologique a donc été transmise en l'absence de molécule. "L'eau peut se souvenir", traduit Jacques Benveniste.

Cette découverte a suscité une controverse scientifique d'une grande ampleur. Pour certains,

les résultats n'étaient pas acceptables car ils n'étaient pas explicables. Au lieu de reprendre le chemin normal de sa carrière en se détournant de ces résultats dérangeants, Jacques Benveniste, s'est obstiné. Changeant plusieurs fois de protocole expérimental pour fournir de meilleures bases à ses résultats, il a pu, progressivement, proposer une explication au phénomène qui paraissait au départ, incompréhensible. Il a ainsi conclu qu‚à chaque molécule active correspondait un signal électromagnétique. Lorsque les dilutions successives excluaient la présence de la molécule, le signal restait actif. C'est ainsi qu'il s'est, contre vents et marées, employé, année après année, à mettre en évidence un phénomène hors norme et comme tel d'autant plus difficile à maîtriser avec des moyens très réduits.

Les effets des hautes dilutions ont été au total reproduits 7 fois dans 6 laboratoires

internationaux, totalement indépendants de celui de J. Benveniste, ainsi que plus d'un millier de fois dans son laboratoire, qui s'est même doté d'un robot pour effectuer ces expériences sans intervention humaine. Combien de répétitions faut-il réaliser pour qu'un fait scientifique soit considéré comme "reproduit " ?

Les controverses en la matière ont toujours vu les erreurs, artefacts ou malversations découverts dans les mois qui ont suivi. Depuis quinze ans, rien de tel n'a été démontré concernant les expériences que Jacques Benveniste a dirigées. Au contraire, ses recherches ont pu continuer et bénéficier de nombreuses collaborations scientifiques. Le soutien de son institution qui l'a maintenu dans ses fonctions puis nommé chercheur émérite au moment de son départ à la retraite et la protection essentielle de l'entourage des deux derniers Présidents de la République, lui ont permis de poursuivre ses travaux. En outre, son entourage et des partenaires puissants se sont mobilisés dans une société, la SA DigiBio, constituée en 1997 lui permettant de financer ses recherches. Les droits non exclusifs pour sept brevets détenus par la société (dont un - portant sur la biologie hertzienne numérisée c'est-à-dire les activités biologiques enregistrées et diffusées sous forme de fichiers sonores «.wav » - a été validé par l'US Office of Patents) ont été achetés par une société nord-

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américaine. Cette cession a été rendue possible par une série d'expériences en aveugle. Un médicament anticoagulant a été numérisé à San Diego par ces procédés. Le fichier/signal reçu à Clamart par courriel a été diffusé à de l'eau, laquelle a inhibé la coagulation comme l'aurait fait la molécule d'origine. L'achat de ces droits marque l'émergence d'une approche nouvelle en biologie avec une myriade d'applications possibles, par exemple : détecteurs de pollutions toxiques ou microbiennes, accidentelles ou criminelles ; anti-virus électromagnétiques...

Médaille d'argent du CNRS le Docteur Jacques Benveniste est décédé le 3 octobre 2004, à Paris, des suites d'une intervention chirurgicale. Ses proches s'engagent à soutenir les efforts de recherche qui, aujourd'hui, se déploient à travers le monde dans le domaine de la biologie numérique. Cela contribuera, à travers la promotion de sa mémoire, à favoriser la liberté de chercher, l'attention portée aux faits face aux croyances qui soudent les communautés humaines mais qui peuvent freiner l'avènement des innovations majeures. www.digibio.com/ Benveniste en mémoire par Eric FOTTORINO. *

Il est des rencontres qui vous marquent, auxquelles vous pensez encore longtemps après

qu'elles ont eu lieu. Il ne s'agit là ni d'amour, ni d'amitié, ni même d'admiration ou de fascination qui ferait perdre au journaliste la distance nécessaire à l'accomplissement de sa tâche.

Rencontrer Jacques Benveniste, c'était s'exposer aussitôt à cette marque de la rencontre. La

marque de l'intelligence à l'état brut, rapide, en perpétuel mouvement. Une intelligence incarnée, capable d'excès de vitesse et de dérapages, mais ô combien généreuse, ouvreuse d'horizons, de mondes inconnus et d'espoirs infinis.

Les détracteurs du professeur Benveniste, si nombreux parmi les scientifiques, sursauteront

en lisant ces lignes. Pourtant il nous faut les assumer à plein, surtout au sujet d'un homme qui ne faisait rien à

moitié quand il s'agissait de ses recherches et, accessoirement, de son honneur. Jacques Benveniste, pour ceux qui auraient oublié, avait été résumé, on devrait dire dilué, ou

même noyé, à l'intérieur d'une formule passe-partout, plus poétique que biologique : il passait pour le père d'une fameuse théorie, celle de la "mémoire de l'eau".

Ses formules frappaient l'imagination. Comment n'aurait-on pas succombé au rêve de

tremper une clé de voiture dans la Seine à hauteur du Pont-Neuf puis, récupérant quelques gouttes de la même eau vers Le Havre, de réussir à démarrer son auto...

L'effet moléculaire sans molécule, telle était la découverte fondamentale que prétendait avoir

mise en lumière Benveniste. Une prétention chèrement payée. Il faut reconnaître que, même corroborées un temps par la célèbre revue "Nature" avant

d'être contestées de façon grotesque par... un illusionniste, ses recherches faisaient plus que des vagues dans les eaux toujours agitées de la vérité scientifique.

Alors que la biologie moléculaire régnait en maître depuis deux siècles, le médecin de

Clamart affirmait tout simplement, expériences à l'appui, que le principe actif restait intact après de hautes dilutions, en l'absence même de molécule.

A ceux qui haussaient les épaules en criant au charlatan, au menteur et au tricheur, au

malhonnête et au sorcier, à l'ambitieux assoiffé de gloire et incapable de répéter ses travaux, selon un code admis par ses pairs, Benveniste répondait avec un certain humour qui, avec le temps, avait fini par tourner au vinaigre.

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D'après lui, ces hommes de science qui réfutaient la mémoire de l'eau croyaient donc, en écoutant un CD de Pavarotti, que le ténor était à l'intérieur de la galette, puisque sa voix ne pouvait être mémorisée par le disque.

On ne dira jamais assez combien Jacques Benveniste se mit à dos "l'établissement"

scientifique en persistant dans ce que ses collègues, y compris d'anciens amis signataires de ses travaux, tenaient pour une erreur.

A 20 ans, Benveniste pilotait des voitures de course sur l'anneau de Montlhéry. Devenu par

ses découvertes en immunologie dans les années 1970 une véritable référence de la science française, son amour de la vitesse n'était pas mort. Dimanche, c'est la mort qui l'a pris de vitesse, sans que ses pairs lui aient jamais pardonné d'être un homme si pressé. Si dérangeant. * publié dans "Le Monde" daté 6 octobre 2004. Reproduit avec autorisation. Un témoignage par Yves LIGNON. *

Ma première rencontre avec le Docteur Benveniste date du jour de 1990 où il est venu donner

à Toulouse, dans le grand amphithéâtre sorbonnesque de la Faculté de Médecine, une conférence sur la "mémoire de l'eau". Ne le connaissant que de réputation (depuis le fameux article paru dans "Le Monde" le 30 juin 1988) mais ayant appris qu'il dirigeait, chez Albin Michel, la collection "Aux marches de la science" je songeais à le contacter parce que je cherchais un repreneur pour la

première version de mon "Introduction à la parapsychologie scientifique" (1) dont le minuscule éditeur local venait de faire faillite. Un de mes amis l'intercepta (il n'y a pas d'autre mot) dès son arrivée à l'aéroport pour lui remettre un exemplaire du livre, accompagné d'une lettre d'explication, et, malgré le caractère plutôt cavalier de la démarche, fut fort bien accueilli. Après quoi nous allâmes, en groupe, écouter la conférence. En sortant de l'amphi je me suis dit que chez cet individu là il n'existait pas de dichotomie entre l'humaniste et le savant.

Quelques semaines plus tard coup de téléphone. "Lignon ? Benveniste… dis donc, Albin

Michel ne veut pas de ton truc mais serait intéressé par un récit de tes aventures et mésaventures scientifiques". Dès notre premier dialogue, tout naturellement, il m'a tutoyé !! Je me suis mis à l'écriture et c'est ainsi que grâce à lui j'ai pu faire paraître mon premier véritable ouvrage chez un

véritable éditeur (2). Nos trois autres rencontres se sont succédées à environ un an d'intervalle. En 1994 il a

accompagné le regretté Michel Schiff venu, à ma demande, présenter "Un cas de censure dans la

science" (3) dans une grande librairie toulousaine. C'est à cette occasion que j'ai compris définitivement qu'en même temps qu'un immense savoir Jacques Benveniste possédait ces qualités rares qui font penser : "J'ai bien de la chance de le connaître, celui-là".

La troisième fois ce fut bref et souriant. Nous étions en 1995. Je venais de participer à la

première diffusion en direct de l'émission télévisée de Jacques Pradel "L'odyssée de l'étrange" et dans les coulisses du studio on s'entassait autour du buffet quand est apparu, le visage épanoui, le Docteur Benveniste, arrivé en voisin, heureux comme nous de la qualité de ce qui venait d'être fait (mais devait malheureusement rester sans suite) pour vulgariser des recherches parfaitement scientifiques bien que se situant au delà de l'académisme.

Les 23 et 24 mars 1996, le Laboratoire de Parapsychologie de Toulouse a organisé le

colloque "Quatre problèmes dits aux confins de la science : astrologie, homéopathie, parapsychologie, ufologie". Et je me souviens de Jacques Benveniste, le 22 au soir, sur le trottoir devant le restaurant, bavardant avec les trois autres intervenants (Suzel Fuzeau-Braesch, directrice de recherches CNRS, René Peoc'h, Docteur en Médecine et en Biologie, Jean-Jacques Velasco, ingénieur CNES) tout en regardant les étoiles.

Depuis nous n'avons plus eu que des contacts épistolaires ou indirects. J'ai bien ri la fois où,

interviewé par "Le Point" et plus que jamais égal à lui -même, il a déclaré qu'un siècle après ma mort je finirai au Panthéon puis lui ai écrit, sur le même ton, que n'ayant pas mis les pieds dans ce monument depuis ma jeunesse je me sentais incapable de dire si le lieu me convenait. Après quoi –

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et c'était bien la moindre des choses - il ne me restait plus qu'à raconter, à mon tour, l'histoire de la

"mémoire de l'eau" (4) . En m'expliquant, récit d'évènements vécus à l'appui, que les risques courus lui semblaient

trop grands Jacques Benveniste m'a désapprouvé lorsque j'ai intenté un procès aux auteurs de

"Devenez sorciers, devenez savants" (5). Je n'ai pas suivi ses conseils ce qui ne l'a pas empêché de se placer au premier rang dans mon Comité de Soutien mais quand je saurai si j'ai eu tort il ne sera pas dans la salle d'audience.

J'ai eu de ses nouvelles pour la dernière fois à la fin du mois d'août 2004. En constatant que

j'étais de ceux dont il sollicitait l'avis à propos du droit de réponse qu'il voulait adresser au journal "Les Echos" je me suis répété que, tout de même, il devait éprouver pour moi beaucoup de sympathie. Les échanges ayant suivi son décès m'ont permis de comprendre enfin que de lui, participant à la Coupe du Monde, vers moi, tout juste capable de disputer le championnat de Midi-Pyrénées, il s'agissait en réalité d'amitié. (1) Calmann-Lévy, 1994. (2) "L'Autre Cerveau", Albin Michel, 1992. (3) Albin Michel, 1994. (4) dans un chapitre de "Les dossiers scientifiques de l'étrange", Michel Lafon, 1999. (5) Odile Jacob, 2002. *Paru dans le numéro spécial consacré à Jacques Benveniste par la revue "Science Frontières", décembre 2004. http://www.sciencefrontieres.com

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NATURE OF CONSCIOUSNESS – NATURE OF SPIRIT ? THE NEAR-DEATH EXPERIENCE AT THE CROSSROADS. Nature de la conscience - Nature de l’esprit ?

L’Expérience de Mort Imminente à la croisée des che mins.

Jocelyn MORISSON.

Résumé :

L’Expérience de Mort Imminente (EMI), médiatisée depuis quelques années, reste un "ovni" scientifique. Elle pose la question de la nature de la conscience, et plus encore celle de l’inconscient. Elle interroge surtout la réalité de l’esprit, au sens d’une nature spirituelle de la conscience humaine. Le vécu transcendant évoqué dans tous les témoignages ne peut se réduire au concept d’hallucination. Pour autant, l’EMI ne prouve nullement l’existence de l’âme ou de l’esprit au sens religieux, ni d’une forme de survie à la mort physique. Sa parenté avec l’expérience mystique en fait un objet au-delà du religieux qui nous oblige à y confronter nos conceptions métaphysiques et spirituelles. Abstract :

Near-Death Experiences (NDEs) have been under the lights for several years now, but they remain a kind of scientific "UFO". This experience questions our conception of consciousness, and more, our conception of subconscious. It mainly raises the question of the reality of spirit, in terms of a spiritual nature of human consciousness. The transcendental journey described in all accounts cannot be reduced to the concept of hallucination. However, the NDE does not prove the reality of soul or spirit in a religious meaning, nor does it prove a form of survivance after physical death. Its relationship to mystical experience creates a concept which is beyond religion, and obliges us to confront it with our metaphysical and spiritual conceptions.

1. NDE QUESTIONS.

Which questions are raised by NDEs (1), today ? After several decades of public exposure, what do we know of this phenomenon, the Near-Death Experience, this altered state of consciousness so powerful that it leaves an imperishable memory to whoever goes through. For it is a test, an ordeal. It is sublime, unutterable, inexpressible, beyond words and concepts. It leaves filled with wonder and discountenance, lost and refound at the same time ; it leaves so much discrepancy with the (so-called)

values of our civilization, our ways of life, that more than one "experiencer" (2) toils to find again, if not his place, at least a place among the self-pretending livings.

Gurdjieff would say that we are asleep, somnambulics, and quasi-dead already. A NDE is an awakening, like other deeply altered states of consciousness. An awakening to another reality that "exceeds" this ordinary one, to a point that it transcends it naturally, obviously. It transcends space and time, our modes of perception, analytic and knowledge processes... That is an obviousness even to those who did not believe it, before. And the first difficulty will be to put all this into words, for it is inevitably a treason. Let us face, from what we can learn and understand about it, from an outside point of view, what this "experience" question into us, and the reasons for its difficult integration into our models.

Whereas altered states of consciousness (dreaming, hypnosis, trance, meditation, etc.) raise the question of the nature of consciousness, its relation to this interface or generator that the brain might be, NDEs go further by clearly questioning the spiritual nature of consciousness, and thus, of man. For the experience is deeply and primarily spiritual, or mystical. In no case however could it be qualified as a religious experience. This is an important nuance, being specified that the concept "mystical" encompasses the "religious" one. Thus a mystical experience can take place in a religious context or not.

NDEs can indeed be compared to mystical, or extatic, states. But extasis is not only far less common, it does happen in a context of profound religious faith, whereas NDEs happen to, a priori,

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"ordinary people". The extraordinary adventure begins while they are unconscious, in a state of clinical and/or brain death...

Let us first study what in the NDE questions our knowledge and even more our conception of consciousness, before addressing the point, how more delicate, of the spiritual component of the experience. 2. OUT OF BODY : ANOTHER DIMENSION ?

Consciousness, what is it ? Let us pass over academic definitions in order to agree on simple things, say of first analysis. Consciousness is the sum of what makes us present in the world ; the sum of our sensations, perceptions, feelings, emotions and thoughts. All this constantly interacting, and authors agree to add what makes our identity as well, but remains largely misunderstood : the subconscious. Words lead to confusion, but let us use "subconscious" as opposed to conscious and not consciousness. Therefore consciousness encompasses the subconscious.

During a NDE or a similar experience, the "subject" – we shall see that this term becomes inappropriate – first discovers himself "out of his body". It means that he perceives the situation in which his body is involved – unconscious in appearance, therefore passive – from a point of view external to his body, above it, generally close to the ceiling if the situation takes place in a room. He often finds it difficult to identify his own body, for he feels so "detached" from this physical contingency, although he seems to keep his psychological integrity. He is indeed conscious and lucid, in a "normal" situation which oddness he realises only gradually. This first impossibility in reference to the current "mainstream" conception should not hold all attention by itself, for there is a lot more, even at this stage...

The hundreds of accounts collected, analyzed, dissected by physicians, care givers, various academics like anthropologists, psychologists, etc., have led to distinguish common features, and "variables". One of those recurrent elements, that would deserve a long analysis in itself, is the relation to time... and space. Simply enough : they do not exist any more. Consciousness (which is then merely a "point of view") is located "everywhere" at the same time, for time does not flow anymore, like fixed. Moreover, the field of vision extends on 360°, and some images look like reversed! It is well known that many psychotrops and hallucinogenic drugs alter our perception of space and time, and so do some pathologies. This led “psy doctors” to quickly classify NDEs among "mental disorders", in the box of dissociative states... Things have slightly changed since, and a NDE is no longer considered as a pathological condition. `

Indeed, perceptions in a NDE are not faded, they are on the contrary perfectly clear, more than ever actually and although the rules are completely changed. Thus, everything occurs as if consciousness was moving in a new dimension, "additional" to our four usual dimensions (three of

space, one of time). This hypothesis has been clearly presented by Dr Jean-Pierre Jourdan (3). Summarizing coarsely, the intellectual exercise required is an analogy with the shift from a 2D to a 3D; perception. Thus, imagine the perception that might have a 2 dimensional living – like an infinitely flat worm – of a sheet of paper (infinitely thin) : it has to explore it in its entirety to perceive every points, one after the other. But if the worm raises in the third dimension, thus perpendicular to the sheet, it perceives every points of the sheet, simultaneously.

A cartesian mind is already disconcerted at this point ; things are getting even worse with our fourth dimension, time. Indeed, this hypothetically additional (fifth) dimension includes time as well, which thus becomes a simple additional space dimension, a "line" that consciousness can cover instantaneously. And that is what it does – towards the past – through the "life review" episode, another major component of the experience. The experiencer then watches his life in all details, but, seemingly, instantaneously. Less frequent are accounts mentioning future visions... 3. BEYOND OBJECT AND SUBJECT.

No glad to be "situated" beyond space and time, consciousness is capable of many other prowesses. The traps of interpretation are numerous, so it is necessary to stick as closely as possible to the accounts themselves. Another very disconcerting element that is found in many of them, is consciousness’ ability to identify with what is focused on, thus "one is becoming what is observed".

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Hence raising the sensation of being "one" with all things. Note that this is a central and basic concept of hinduist spiritualities and their derivatives.

An immediate consequence is that the concept of objective perception becomes null and void : the subject becomes the perceived object, he feels what it feels (if it is a living object), he knows its history, he can perceive its form in each detail, including microscopic, for perception easily changes its scale towards the infinitesimal or the infinitely great... We note here a strong analogy with some descriptions of trances, or meditative states where the "traveller" reaches the borders of the universe as well as the intimate structure of atoms, or even penetrates an animal spirit and becomes this one. We must insist on this abolition of the subject/object relation. The subject being consciousness, including the subconscious, all of the perceptions that will be remembered by the experiencer mingle objective elements (perception of real objects, reading of words and figures) with elements known as subjective, in which the person projects his "ego", fears and phantasms.

It must be added to the objective part of perception the possibility, many times evoked, of being able to read thoughts of the people there. Many accounts made it possible to ensure that real information had been acquired by non conventional means. One is already submerged by so many impossibilities from the rational perspective of our materialistic model, but to what extent is the model incomplete, or even wrong, that is incommensurable.

Let us acknowledge that the term "hallucination" applied to this kind of phenomenon, is not only a simplistic short cut, but mostly does not say anything about the mechanisms involved, and simply refutes the objective side of perceptions pretending thoses stories, even duly supported, reviewed and confirmed, do not constitute a Proof in the scientific meaning. An account will only be a "weak evidence", for this is no "controlled experiment". Anyway, if we stick to definitions, is objective what is "outside the mind", identical whoever the observer. Now, we do have constants in NDEs which are non-dependant on the observer, and that is precisely what validates the experience as a scientific object in itself. We shall see that the problem when scientifically considering such an object comes from the essentially spiritual component of NDEs.

On some rare occasions, scientific experiments have been conducted on these "out of body"

experiences, with unequal results but indeed genuine cases of perception (4). Some uninspired observers proposed that information could then have been obtained by "clairvoyance". Is not that a non-problem? If consciousness somehow manages to extract itself from the space-time continuum, getting rid of its constraints, cannot we logically theorize that clairvoyance, pre and retrocognition phenomena, proceed from the same mechanisms as those involved in OBEs ?

In order to be convinced that consciousness is of a much wider nature than what we usually consider, the stubborn skeptic will have to experience it directly, by himself, the only valid way. Bergson enjoined to cross the results of the scientific, objective approach, with those of mystical, subjective exploration. One might still try to objectivate the mystical experience, but not as a whole. The reasoning which integrates the limits of its own objectivity remains valid to the point where it must yield to the other mean of apprehending the world : direct, analogical experience. This is what meditation aims at, its object is to gain access to the "formless", pure consciousness without words nor images, and this by de-activation of senses, emotions and thoughts. Thus managing to observe himself, the meditator realises that what is then observing is his "spirit", or essence, but let us continue to use "consciousness", understood as exceeding and encompassing the concepts of “self”, ego... 4. APPEARANCES FULL OF SENSE.

Since we look closely at NDEs, we find it hard to draw a global picture of them. No consciousness model, no physical theory other than alternative to integrate in the field of reason what seems to exceed it, to transcend it. That which is beyond reason and human, that is to say the divine. Whoever goes so close to death that he steps into the light – which is the symbolic opposite of death -approaches that. While out of body, the experiencer is indeed irresistibly attracted to a light point, which grows until he is surrounded by it.

This is the phase known as transcendent, strikingly realistic, more real than reality. Buddhism warns us at this stage : we attain to divine, but hardly. We must reject hasty conclusions, to which we are so accustomed by our logic known as excluded third ("one thing or the other"). Everything is yin

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and yang, objective and subjective, receptive and projective all at the same time. Our subconscious, so poorly understood, exists in this dimension reached by the experiencer ; as in a dream, one projects what he or she is, one’s "self", and no way to cheat.

The language is that of symbol. We are still beyond the subject/object opposition as out of body when the experiencer "becomes" what he observes, and is aware of an environment that is built by his subconscious, which "gives form" to it. But everything there is meaningful, and far beyond the ordinary conscious state, like an extra-lucid dream. Mostly, it is like consciousness and its surroundings were a unique "continuum".

This sense is the key factor here and this experience is beyond images as well. It is pure "lived-feeling" translated, projected into images because our consciousness, that of ordinary man, cannot integrate a mode of perception without form. This is why it is misleading to consider only form, and seeing a mere illusion in the NDE is above all a denying of the sense of this experience. Meditation seeks this "formless" stage, reign of pure consciousness. One reaches it by going through levels ("of consciousness") which are duly organized into a hierarchy in Buddhism, as well as in the many spiritual ways gathered under the term of Hinduism.

It is highly instructive for the occidental reader of NDE stories to know what Buddhism tells

about them, particularly in the Tibetan Book of the Dead, or Bardo Thodol (5). According to those teachings, the experiencer reaches the first level of this subtle hierarchy. Appearances are misleading, first of all in physical existence : our senses mislead us and so do our thoughts, which result from them. Our perception of reality is erroneous, and if many among us are ready to accept this "postulate" – which joins Buddhism and quantum metaphysics – another trap indeed would be to go to the extreme opposite, and take the least "vision" for the true one and only reality.

The one who dies to this life must recognize in these visions the projections of his mental-ego. He must pass them to go beyond form, toward consciousness, primal energy, which is also the clear light. The fact that this light is primal, pure energy, is right away lived by the experiencer as obvious. Its loving force is such that it does not leave room for doubt. The "luminous" phase ends when a barrier is felt, a point of no-return that a "guide", familiar or not, invites not to cross telling that time has not come yet. The return into the body is then brutal. 5. NDE AS SEEN BY BUDDHISM.

The success of Dharma in France is such that Tibetan Lamas and teachers have been asked a lot of questions concerning their interpretation of NDEs, so spectacular in the eyes of Westerners. It is again necessary to mention their insistence not to take form for granted. Some of them quote an example in particular : during this transcendental phase, experiencers often report meetings with one or more late close relatives, who present to them under various ages but are always identified.

According to Buddhism, those who have been dead for a long time should be reincarnated,

therefore they cannot be there ! (6) The Bardo Thodol describes the "levels" that soul must cross to reach the formless, and the first one after the physical plane (the esoteric "astral plane") is clearly identified as the place where thoughts, torments and interrogations are projected. Someone talked about "the threshold of affinities", to evoke the subject’s psychological and emotional assessment at

the moment of the experience (7). These thoughts take form, they materialize to be literally confronted by consciousness ; that is why extreme fear can generate very negative experiences. Therefore it is difficult to say whether the experiencer actually meets close people, "projects" the scene, or even meets some trace or "subtle body" of the deceased relative, eternally present in this dimension. All the more so since Buddhism still locates that dimension beyond the space-time framework. We face here the limits of our conceptions and models : if time does not flow in this dimension, how could we be there, and not be there any more at a given moment... ? To complicate the whole thing, several accounts mention encounters with close relatives, but whose existence was unknown to the experiencer, due to family secrecy.

Let us finally note that the buddhist itching-powder-like action is even more amusing when considering that the concept of reincarnation is an aberration in our civilization, and the object of a deep misunderstanding. It is seen on our premises as a chance and a blessing, to have the opportunity to come back and live again. However in Buddhism, reincarnation is a failure and a

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judgment because life’s goal is to "awaken", precisely to break the cycle of reincarnations which is itself supplied with the law of karma. Interesting cross glances by two cultures on what would be a blessing according to one, who do not believe in it though, and a curse according to the other, as

believed so for millenniums ( 8) . 6. THE SCIENTIFIC APPROACH.

Does our occidental subconscious, which conceals so many mysteries, rely us to what the traditions call spirit ? How is the brain implicated in this matter ? Here are questions for sciences of the 21st century. First comes the challenge to catch up with major mistakes such as the scission of psychology and psychoanalysis at the beginning of the 20th century, which left aside a research in parapsychology that was fully integrated to the fields of psychiatry and psychology. Thus, psychoanalysis was born in rupture with "occultism", despite the interest that Freud himself would take in it. Hypnosis, clairvoyance, magnetism, were then studied by celebrities of science. Nowadays, psychoanalysis and its many schools, including Jungians, continue to probe the subconscious of our contemporaries without the least consideration for the scientific corpus of parapsychology, which is

nevertheless an excellent raw material (9). Perhaps this is due to some purists who talk about psychoanalysis as a practice and not a theory. Similarly, psychology may have too much focused on pathology, and did not investigate enough the no-ordinary states of consciousness, experienced by people in perfect psychological health. A notable exception is found in researches undertaken on hallucinogenics as from the Sixties, particularly in the United States were they literally exploded in the counter-culture euphoria, and eventually lost credibility for a part. A current emerged however, called transpersonal psychology, and coined by Stanlislas Grof, a psychiatrist of Czech origin. LSD was the first tool of these "subconscious probing" operated by the researchers of the time, on others but more especially on themselves. They discovered with amazement that Freud had been right, but certainly did not see far enough...

Mystical experiences, NDEs, trances, belong to these no pathological states, now recognized as such. They are very close to each other, and it is primarily the inductive context which qualifies them. The NDE brings the sacred, the "mystical", the divine, into the field of multi-disciplinary investigation. Neurosciences, that recently gathered different disciplines, take sometimes an interest in altered states of consciousness. Trances, ecstasy, contemplative states, as many extreme conditions that science apprehends with caution to eventually arrange them in "the amazing capabilities of the brain", particularly to autosuggest. As if this was a rational explanation. Should it be recalled that we do not have the slightest idea of the mechanisms which make it possible to dream, that our tools allow us to study electric, magnetic, or thermic activities, but that we are far from understanding, for example, how an internal image is generated and perceived. In these matters, science must above all show a great humility, and should not neglect any information nor assumption. 7. NDE, A MYSTICAL EXPERIENCE ?

It is inevitable to bring closer NDE and mystical experience. If we look at the list of a mystical

experience’s components, as established by Hood in 1975 (10), we find the following characteristics. Lost of the sense of oneself while maintaining consciousness. Unifying quality : deep feeling of unity through the multiplicity of perceived objects. Internal subjectivity of things. Qualitative distortion of space-time perception : the experience takes place beyond space and time. Noetic quality : the experience is a source of knowledge. A non-rational, intuitive experience, (insightful), which is however not perceived as only subjective. Unutterable character : impossibility to express the experience in conventional language. The impossibility comes from the nature of the experience, not from the person’s linguistic capabilities. Positive affects : the experience comes with a positive subjective quality. Religious quality : the experience has an intrinsic sacred character. Sense of mystery, of fear (holy fear), of reverence, etc.

One can only note that all these elements correspond to NDE’s accounts. Does it qualify NDEs as mystical experiences ? Actually, the only nuance we can find is the "religious" quality, but we have there the real discriminant element, highly significant. Indeed, the experiencer will more readily qualify his experience as "spiritual", and not "religious". In the meaning that what is lived is not filled with religious imagery, signs, vocabulary or moral, not to talk about dogmatic values which are, whether we want it or not, what religions give to see, and to believe of themselves prior to anything else. It is of course not the case with their mystical, or "esoteric" sides. We ought to make it clear that

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NDE can indeed comprise elements from the religious register ("angels", or even "Jesus" are sometimes met…), but the overall feeling is, once again, beyond the religious concept. And that is because faith is not at the origin of a NDE. It will intervene in the content, but it is not the inductive element, nor a necessary condition. One can object that a mystical ecstasy does not solely occur in the context of intense religious faith, it might on the contrary be the source of it. Still it seems that some kind of "longing for God" must pre-exist. If the contents are indeed very close, we can make the hypothesis that the believer’s deep faith brings him to exceed the “vulgar” conception of the religious feeling, as evoked before, to merge into the same oceanic experience as lived in a NDE. 8. A SCIENTIFIC "UFO".

Just like mystical ecstasies, NDEs are a kind of scientific "UFO". They do not bring any evidence, contrary to what is sometimes ascribed to them, but they appear like a spot on the reductionistic picture. The experience is seemingly subjective but its account can be objectified, quantified and qualified, like any other psychological experience. The quantitative aspect is major because that gives to NDE its nature of scientific object in itself. An experience which is not triggered by faith or adoration, and therefore concerns a lot of people, probably anyone. Except that it was quite convenient for medicine to see ecstasy as an extreme state of consciousness, auto suggested by an expectation, a hope based on an intense faith. NDE thwarts this picture for there is no expectation from the experiencer, but an induction which is imminence of death, within the meaning of suspension of the body functions. The expectation could be unconscious, but it would then proceed from a collective unconscious, which is only raising a new problem. How else are we to understand NDEs lived by very young children, sometimes infants who will verbalize their experience only years later?

If NDEs are not caused by the expectation of a bright elsewhere, this expectation still has necessarily something to do with its unfolding. But above all NDEs remain an unidentified scientific object because the conceptual framework does not make any space for transcendence. The model in force has freed from this concept, it is self-sufficient in spite of all its faults. The same cannot be said about the research ground, for those who track consciousness inside the brain know that some cortex stimulations precisely pointed at the right temporal lobe produce curious, and graduated effects : sudden appearance of hidden memories, impression to leave the body, mystical feelings (all that with

definitely less intensity than during a NDE) (11). Sciences of cognition - or “consciousness studies” – which combine the approaches and knowledge of neurosciences and human sciences, tend not to exclude any more, a priori, that a psychical reality might transcend the ordinary one (meaning that it proceeds from a higher order). 9. LOVE AS A WAY.

Altered states of consciousness, NDEs, are intuition "power ten thousand", fulgurating and immediate knowledge. Access to global, analogical understanding of reality, including its intricate and misleading aspects. This activity which is overall carried out by our right brain, and that we have almost completely unlearnt of, to the advantage of the left hemisphere, that which analyzes, decodes and interprets. NDE abolishes time and space limitations. One “is” everywhere at the same time, without concept of duration, and makes one with everything. All references are broken, all certainties are swept, and yet all this makes more SENSE than ever. For one moment which is an eternity as well, all is clear, luminous, beautiful, joyous and solemn at the same time. Everything is just geared down, sensations, feelings, thoughts... Consciousness seems "skimped" while reintegrating the physical body, this is another constant in accounts; it loses some kind of ubiquity and omniscience which then seemed to be its real nature.

How do those who live this experience call that ? They call it Love, quite simply. That word

which designates what has always escaped the field of reason, since the heart has its own... In our civilizations, this domain belongs to the intimate sphere, and its evocation is reserved for art, literature or poetry. Science cannot know anything about it, the feeling is subjective, and the concept does not fall within its competence. Science approaches it indirectly, through psychological, behavioral, hormonal mechanisms... Here is a major handicap for NDEs. Projection out of the body, why not, but Love !

Because we are talking about Love with a capital L, and we must agree on this term’s use.

Following an inevitable idealization of NDEs, they have been quickly perceived as the ultimate

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"consciousness opening" experience, transforming the individual for the best, and allowing him to express unconditional love, etc. Actually, "love" as lived during the experience is not systematically found afterwards in the experiencer’s behaviour, or attitudes; far from it. He finds himself in front of a major problem which is to express, and integrate that which has been lived, although he or she knows that the label "delirious" is attached to it within the current model. Once back to his daily life, the experiencer might radicalize his behaviour, and possibly consider that he will get in touch again with this interior peace only at the expense of some ruptures : professional activity, "values", but also friends or family circles... 10. KNOWLEDGE AS AN END.

Thus, this love story is double-edged, and it may be necessary to give up identifying love as felt in a NDE with the feeling as we know it (or do we ?) here below. Indeed, the statements insist on the fact that love is "geared down" in a NDE ; but if we look at them closely, this feeling, which is a sensation as well – that of merging – is moreover linked to a third notion : knowledge. The experiencer has this certainty, at some point in his journey, that he can reach any information immediately, that each question finds an answer even prior to its formulation, that knowledge as a whole is offered to him if ever he knows how to ask.

Therefore we have like three successive levels of fullness : physical, emotional, intellectual, of which we notice how intimately linked they are. The feeling of unity of all things, the sensation of being at the same time this part and this totality, the sensation of a complete interdependence of all beings and things... Is not that the fantasized expression of love ? Hence appears the hypothesis that this merging feeling would be translated on the emotional plan as infinite and unconditional love, and on the psychical plan as the certainty to understand everything, to know the alpha and omega of existence. This knowledge brutally disappears at the time of the awakening in the body, and it escapes the memory. It is indeed impossible to integrate in our ordinary state of consciousness, reason would not bear it ! Thus love and knowledge would be consubstantial to some extent, expressions of a same fullness, as experienced while this altered state of consciousness. A fullness which appears too as the potential concealed by our profound being.

In short, if the experiencer’s report is taken literally, out there is a light of love, knowledge and wisdom, a energy stronger than anything we know here below, which is reached only while an extreme altered state of consciousness, and then appears as the “natural” environment of our being, our consciousness, soul or spirit, depending on how much we are afraid of words. Even better, this energy proves to be our very nature, and links us to beings and things whom we understand that we are interdependent, all expressions of a same cause. Let us emphasize that an account is only the verbalization of the memory of an experience that occurred while a state of unconsciousness. Still, even through all those filters which degenerate the meaning, a scent of absolute diffuses... The experiencer also transmits the reality of the experience through accents of truth, and the obviousness of a rupture, which then add up to the message. In the end, Love is the central, absolute value, and the path to Knowledge.

Consequently, even if all this is to be reduced to an "hallucination", in the meaning of dream or

illusion, it still carries a transcendence. Indeed, why would the brain conceal such an ultimate neurochemical cocktail which propels to the spheres for a cosmic experience out of the ordinary ? Why propose/impose this amazing journey to our consciousness, this intense illusion before a transition to what is supposed to be nothing but nothingness ? And why give the illusion of a trip even more real than the reality which is left behind ? A last trickery from evolution, as ruled by “chance”... ? How could the brain have developed such a faculty for misleading reason to the point that it can

believe for a moment that something somehow exceeds it ? (12) Would not that be rational to consider seriously another assumption, that this experience corresponds to another form, another level, or dimension of reality – for lack of better terms -, where consciousness exists in itself and in a state of sublimation ? 11. FOR A "LAIC" TERMINOLOGY AND APPROACH.

NDEs lead to consider that beyond space and time, beyond object and subject, thoughts and feelings, is a reality, a “meta-dimension”, where all this coexists, where we exist as a point of consciousness, animate by an energy we usually hardly manage to apprehend, and capable of

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realizing the meaning of existence, the sense of our incarnation. Besides it must be noted that a NDE following upon a suicide prevents the candidate from committing any such further act of despair.

In no case can one assert that NDEs prove the autonomy of consciousness, or survival after

death, and even less the existence of God. Let us just say that only with a very bad faith can one deny them a fundamental interest within the scope of our understanding of consciousness and human nature. In this connection, one notes a prejudicial use in the United States of the religious vocabulary and concepts, in certain remarks by scientists about their researchs on consciousness and brain. Terms like God, soul, spirit, guardian-angel, etc., are superimposed on observations which seem to “validate” these concepts. Taking into account how the american society as a whole is impregnated with religiosity, this is no surprise, but it might not be as anecdotic as Melvin Morse, for example, puts

it in the introduction to the french edition of his best-seller "The Divine Connection" (13). Paying homage to French pioneers like Louis-Marie Vincent, Paul Chauchard, or the Belgian Regis Dutheil, Morse acknowledges that they "untangled the secrecies of this communication with «God»." And he goes on : "Of course, they do not use this word, but that of «supraluminal consciousness» (sic), or «universal information system»...". However, although it seems natural to Melvin Morse to unceasingly refer to it, it is appropriate to do as much as possible without a religious terminology, which remains essentially coupled to a dogmatic and fossilized conception of reality. Moreover, such or such concept being valid for a religion and not the other, who is right ?

There is no intention to validate, or invalidate religions, nor a priori to exclude the teachings

they might contain. But the spiritual and sacred dimension of humanity does not reduce to religion.

To probe consciousness and the subconscious, to track it in the brain and elsewhere, from its relation to the organism, to its capacity to experience the absolute ; to study the new assumptions of

physical models, they are numerous, which are built on the mind/matter problematic (14). This approach is now undertaken within the, laic, framework of a new science "paradigm", which is merely a new point of view, hopefully obtained from an elevation of reflection. Its ambition is to set the debate beyond the sterile opposition between a reductionnistic and mechanistic vision on the one hand, and a perfect divine creation on the other. A fundamental inversion can then be operated on the basis of an assertion which is as well a working hypothesis : consciousness ontologically precedes matter, pre-exists to it, gives form to and animates it. NDEs would then take place “this side of”, rather than beyond, reality as we know it. The feeling that imposes itself upon the experiencer is that of a home return, a reunion with a familiar reality. This other reality seems then to him as this one seems to the dreamer who awakens, and it is the same obviousness. Through extrapolation, one can easily accept the idea of still "higher" levels. Skepticism does not even show up once the journey achieved. Total knowledge, the impression that all information is immediately accessible, all this disappears when consciousness returns to the body. The experiencer will have facilities thereafter to activate this “connection” by developing his intuition, or even psi capabilities. But the conviction that some kind of higher realm of reality was reached always lives on. And, unlike dreaming, the memory of the experience remains extremely clear and vivid.

With NDEs, the sacred bursts in on the fellow, and even makes a permanent intrusion. It is the affirmation of this dimension in each one of us, not exceptional beings who dedicated their life to prayer or meditation ; just anybody. That dimension still has to be discovered, or more likely rediscovered. Science “objectively” has its part in it, but not alone. Each one of us should experience directly the facets of his/her consciousness, probe his/her own spirit. At this point in History, it is probably a highly pressing need. NDEs give meaning to our presence in the world. If the experiencer finds it somehow difficult to get balance, he returned from what he considers to be the threshold of death because his/her life eventually has a meaning. It is not that he has a great task to achieve, build new temples or lead humanity to its destiny..., he merely has to love, that is to save the world. NOTES AND REFERENCES. (1) NDEs : Near-Death Experiences (2) Experiencer : person who has had a NDE (3) See Dr. Jean-Pierre Jourdan, on-line text : "Les dimensions de la conscience", http://perso.wanadoo.fr/iands-france.org/articles/lesdim.html

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(4) Charles T. Tart - Journal of the American Society for Psychical Research, 1968, vol. 62, no. 1, pp. 3-27. (5) "Bardo Thödol", Adrien Maisonneuve, Evans-Wentz W. Y. 1981. (6) See : "Sleeping, dreaming, and dying. An exploration of consciousness with the Dalai Lama", collective work directed by Fransisco J. Varela, Wisdom Publications, 1997. This remark notably made by the Dalai Lama is not to be taken for granted either. Indeed, time as lived in the "bardo" has no correspondence with terrestrial time, and Buddhism has no "dogma" on this matter. It is more for Buddhists to grab the attention on the "subjective" dimension of NDE, including what concerns "souls", or "entities" who are met. (7) Quoted by Evelyne-Sarah Mercier : "A la recherche de la lumière, le message des expériences de mort imminente", in "L’Au-Delà", collective work directed by Bertrand Vergely, Noêsis, 1999. (8) Concepts of karma and destiny are too intricates to be developped here. (9) See Djohar Si Ahmed, on-line text : http://www.imi-paris.org/terrain_psychanalyse.php3 (10) See Louis Bourbonnais : "Éléments psychologiques de l’expérience mystique" (term paper year 2000, Département de Psychologie de la Conscience, Université de Montréal, Ca.). On-line text : http://cabinet.auriol.free.fr/Documents/bourbonnais/ See too : "NDE et extases mystiques" by Nicole Le Blond, psychologist, in "Les Cahiers de Iands-France ", august-september 1999. (11) Pr Olaf Blanke – Nature 09/19/02. ` (12) An infinite number of things exceeds reason, Blaise Pascal said. During a NDE, reason is not only exceeded, but also “encompassed” because reasonning remains active, and the faculties of reason seem geared down instead of reduced. (13) "La Divine Connexion", Le Jardin des Livres, 2002. (14) Among the figures working on that topic : Brian Josephson, Roger Penrose, Ruppert Sheldrake in Great Britain; Roger Nelson, Dean Radin and others in the USA. [email protected]

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L' HYPNOSE, UN PHÉNOMÈNE LARGEMENT MÉCONNU.

Hypnosis, a "widely unknown" phenomenon.

Jean.GODIN (†) et Philippe WALLON.*

Résumé :

Présentation de l'hypnose avec quelques réflexions sur son utilisation thérapeutique. Abstract :

An introduction to hypnosis with some considerations about its therapeutic use. 1. INTRODUCTION.

Étymologiquement, le mot hypnose se réfère à "hypnos" sommeil, en raison des théories anciennes, qui supposaient qu'un "état" psychique voisin du sommeil pouvait être artificiellement provoqué chez les humains et certains animaux. Actuellement, le concept d'hypnose semble familier au grand public. Il désigne à la fois des pratiques (qu'il vaudrait mieux nommer "hypnotisme") et des phénomènes psychiques et comportementaux induits par celles-ci chez un sujet, à l'occasion de démonstrations de music-hall ou de thérapies médicales. Le phénomène d'hypnose a une importance particulière en psychiatrie dans la mesure où les inventeurs des grandes psychothérapies actuelles l'ont utilisé. Personne n'ignore que Freud s'en est servi avant de l'abandonner, et que cette pratique lui a donné ses premières intuitions de l'Inconscient. L'hypnose a aussi été reconnue et utilisée par les initiateurs des psychothérapies comportementales et humanistes. En fait, les phénomènes dits "hypnotiques" sont très largement méconnus, y compris du monde médical, et les concepts utilisés pour en rendre compte, sont encore souvent issus des conceptions périmées du XIXième siècle. Ces conceptions traditionnelles peuvent se résumer dans cette définition (Quillet, 1948) : "État psychique particulier, susceptible d'être provoqué par divers moyens et dans lequel le sujet endormi obéit à toutes les suggestions qui lui sont faites.". Les perspectives psychologiques modernes conduisent plutôt à concevoir l'existence d'un certain nombre de modes de fonctionnement psychiques particuliers, obtenus dans diverses conditions grâce à la participation d'un sujet et d'un opérateur et caractérisés par une attitude de "lâcher prise" de la part du sujet. Ces modes de fonctionnement n'ont aucun rapport avec le sommeil et n'impliquent aucunement des obéissances quelles qu'elles soient. En revanche ils permettent d'obtenir des effets intéressants sur le plan thérapeutique comme des réaménagements psychiques ou l'apprentissage d'un contrôle relatif de la douleur. Après avoir été pratiquement laissée pour compte au début du siècle l'hypnose est de nouveau utilisée en clinique grâce à la contribution exceptionnelle dans ce domaine d'un psychiatre américain, Milton Erickson. Ce dernier est connu pour avoir donné à l'approche hypnotique de nouvelles lettres de noblesse. Il ne s'agit plus d'induire "un état modifié de conscience", au cours duquel le thérapeute fait passer ses bons principes dans la tête du patient, mais d'aider le sujet à obtenir un mode de fonctionnement mental particulier, caractérisé par une attitude de lâcher prise, au cours duquel ce dernier aura, en toute liberté, la possibilité de se restructurer en laissant agir ses propres mécanismes inconscients. Il faut cependant rappeler que seul un tiers (environ) de la population est hypnotisable, personnalités dites "suggestibles", parfois fragiles, au maximum présentant des traits "hystériques" suivant la dénomination des psychiatres. L'impossibilité d'hypnotiser les deux tiers restants a été d'ailleurs à l'origine de la psychanalyse développée pour ces "réfractaires"! 2. DÉFINITION ET NATURE DE L'HYPNOSE. Nous proposerons une définition assez large pour inclure les différentes pratiques de l'hypnose : "Mode de fonctionnement psychique dans lequel un sujet, grâce à la participation d'une autre personne, parvient à faire abstraction de la réalité environnante tout en restant en relation avec

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son accompagnateur. Ce mode de fonctionnement fait apparaître des possibilités nouvelles : par exemple des possibilités supplémentaires d'action de l'esprit sur le corps ou de travail psychologique à un niveau inconscient." Pour expliquer l'apparition de phénomènes hors du commun des auteurs font appel au concept de "transe", ou "état modifié de conscience", ce qui n'apporte pas grand chose dans la mesure où ces concepts ne sont pas encore définis avec précision. Il semble plus conforme aux données actuelles de concevoir l'hypnose comme une amplification des phénomènes d'absorption qui constituent la simple rêverie. Si l'on souhaite utiliser ce mot de transe la rêverie serait la "transe de tous les jours", et l'hypnose serait la "transe amplifiée". Quant aux phénomènes de "somnambulisme" (1), que l'on constate parfois, ils ne seraient pas l'aboutissement obligé du phénomène hypnotique mais seraient des manifestations exacerbées, obtenues dans des conditions particulières et chez des sujets spécifiques. Il faut les distinguer des manifestations involontaires, et sans utilité clinique, obtenues par suggestion lors de la transe hypnotique, ces phénomènes sont appelés "pithiatiques". Ce qui caractérise, en fait, le fonctionnement hypnotique c'est l'apparition de phénomènes ou de comportement non volontaires soit spontanés, soit en réponse à des actions de l'opérateur. Ces phénomènes sont, pour le sujet, de véritables surprises. En particulier, au cours d'une séance d'hypnose moderne, le thérapeute définit avec le sujet un code de réponse (habituellement un doigt se lève pour dire oui, et un autre pour dire non). Non seulement le sujet est étonné de constater le mouvement d'un doigt, mais il est possible qu'il soit également étonné du sens de la réponse. On nomme "signaling" ce phénomène original qui signe l'hypnose. 3. LES PHÉNOMÈNES SPÉCIFIQUES DE L'HYPNOSE.

Un certain nombre de phénomènes sont classiquement associés au phénomène hypnotique car ils peuvent apparaître dans ce contexte suite à une suggestion ou (en apparence) spontanément. C'est tout d'abord l'amnésie, le fait de ne pas se souvenir de ce qui s'est passé pendant la séance. Il faut noter également des modifications sensorielles, au premier plan desquelles l'anesthésie ou l'analgésie, si fortes qu'elles ont pu être utilisées à la place des produits chimiques habituels, ce qui est intéressant s'ils sont contre-indiqués. Une "régression", le fait de pouvoir revivre intensément des moments passés, peut être induite par le thérapeute, le patient peut ainsi retrouver des souvenirs anciens. Il faut cependant être particulièrement prudent car parfois ces souvenirs n'appartiennent pas à la vie du sujet, ce qu'on nomme "faux souvenirs". Ils peuvent être liés à sa famille, héritage

transgénérationnel (2), ou, plus grave, à une induction de souvenirs de la part de l'hypnotiseur. En effet, durant la séance, un échange très intense, sur un mode affectif, peut se produire entre le "thérapeute"et son patient. Ce processus est lié à une contagion affective entre les sujets, une communion inconsciente, une fusion momentanée des fonctionnements psychiques des sujets, qui se produit à l'insu de l'un et de l'autre. On pourrait expliquer ainsi la floraison, Outre-Atlantique, de

témoignages d'enlèvements par extraterrestres (3) (évalués à deux millions !) mais aussi, plus grave, d'allégations de pratiques incestueuses ou même de la participation à des orgies type ´"sabbat", qui ont pu donner lieu à des condamnations même si, comme le soulignent de nombreux enquêteurs, les

faits allégués n'ont souvent pas la moindre vraisemblance (4). Cependant, cette induction de faux souvenirs peut être volontaire. On ne se souvient peut-être pas que la grande vogue de l'hypnose après la Première Guerre Mondiale tient à ce qu'on l'utilisait communément pour traiter des patients, des soldats revenus du front avec de graves troubles moteurs d'origine psychologique. On leur faisait revivre sous hypnose les moments traumatisants en induisant volontairement l'image d'une issue positive à la place de l'évolution réelle, insupportable pour le sujet, et à l'origine des troubles. Un "faux souvenir" venait remplacer le vrai, et les troubles disparaissaient. Très largement médiatisées lors des séances publiques, de music-hall en particulier, on connaît les manifestations physiques telles que la catalepsie (suspension du mouvement volontaire avec permanence de la posture) ainsi que des comportement post-hypnotiques suggérés dans lesquels le sujet exécute après la séance, ce qui lui a été suggéré à son insu. L'hypnose témoigne d'un accès à des niveaux de mental inhabituels, ´"profonds" en termes de psychisme. Différents éléments en témoignent. On a ainsi décrit également des distorsions du temps, le temps qui passe paraît plus long ou plus court que celui vécu normalement. De même, l'hypnose

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entraîne une distorsion de la personnalité, révélant des plans où la notion de ´"je" est déjà diluée. Ceci explique que l'hypnose ait pu donner lieu à de l'écriture automatique dans laquelle tout se passe comme si la main écrivait à l'insu du sujet. Cette faculté ne nécessite pas la transe mais elle est souvent plus authentique dans ce cas, en ce sens qu'elle peut révéler des faits vérifiables (cf. B. Méheust, note 1). Notons enfin la possibilité d'hallucinations induites qui sont souvent des perceptions, certes fausses, mais plus proches des illusions que des hallucinations pathologiques car sans susciter une grande conviction chez le sujet et surtout sans lien avec un quelconque délire. Il est très important de rappeler qu'aucun de ces éléments n'est spécifique de l'hypnose. Chacun d'eux peut apparaître en dehors de tout contexte hypnotique. En revanche l'hypnose permet de les cultiver et certains peuvent avoir une utilité thérapeutique. Il faut également souligner la possibilité de voir apparaître des phénomènes particuliers qui peuvent aller dans le sens de processus d'allure paranormale. En effet, on a souvent souligné que des sujets mis en état de transe présentaient des manifestations particulières. On a ainsi fait apparaître des lésions (marques allant jusqu'à la brûlure) par simple suggestion, en faisant croire à l'intéressé (ou à la victime) qu'on apposait sur sa peau une pièce de monnaie portée au rouge alors qu'elle était froide, à température normale. 4. LA RELATION HYPNOTIQUE. L'attitude de lâcher prise caractéristique de l'hypnose peut apparaître quand le sujet est impressionné, comme c'est souvent le cas lors des hypnoses traditionnelles, dans lesquelles l'hypnotiseur prend habituellement la position haute et tend à cultiver la soumission du sujet. Dans le cas de l'hypnose ericksonienne le lâcher prise est le fruit d'un apprentissage dans le cadre d'une coopération entre un opérateur et un sujet. Une confiance est donc indispensable dans la mesure où le sujet lâche prise vis à vis de lui-même, mais aussi vis à vis de l'autre. Dans l'hypnose le sujet, tout en oubliant son environnement, garde le contact avec l'accompagnateur. Ce lien privilégié permet des abus (music-hall), mais est précieux dans la mesure où il va permettre à l'opérateur d'activer des mécanismes inconscients chez le sujet. Pour Erickson le sujet en hypnose n'obéit pas, il répond. Les démonstrations des hypnotiseurs de foire reposent sur l'efficacité étonnante de la suggestion et peut-être plus particulièrement lorsque celle-ci a lieu en hypnose. Dans la méthode eriksonnienne le thérapeute n'impose rien à son patient. Il se contente de l'accompagner dans un travail psychique. Dans le travail hypnotique préconisé par Erickson le fonctionnement inconscient est au premier plan des préoccupations du thérapeute. Le grand public est persuadé que l'hypnose permet de faire exécuter n'importe quoi à un sujet. Certains sujets exécutent en effet, après la séance, le comportement qui leur a été suggéré et de façon d'autant plus surprenante qu'une suggestion d'amnésie était associée. En fait le sujet n'a pas perdu tout libre-arbitre et refuse généralement d'exécuter ce qu'il n'accepterait normalement pas. Ces pratiques, évidemment nocives, sont à proscrire mais l'on ne peut actuellement savoir jusqu'où un sujet peut être trompé. On connaît les méfaits de l'autorité (cf. le film d'Alain Resnais, "Mon oncle d'Amérique") et un sujet, même dans sa conscience, peut exécuter des actes qu'il réprouverait. Aussi on peut s'interroger sur une éventuelle tolérance de la part du sujet quant à ses actes. Ne serait-elle pas liée à l'idée que, dans cet état, sa responsabilité serait amoindrie ? De la même manière on peut interpréter la position "régressive" du sujet hypnotisé : la perspective d'être obligatoirement "soumis" pendant une hypnose favorise la dépendance, phénomène bien connu en psychologie sous le nom de "prédiction réalisante". 5.CONCLUSION. Nous nous limiterons à ces quelques notions générales. En effet, dans un tel article, il ne peut être question de décrire en détail les nouvelles pratiques de l'hypnose qui reposent sur des connaissances psychologiques précises. Signalons seulement que ces pratiques ne provoquent plus de réticences de la part des thérapeutes. On ne rencontre pas non plus de résistances de la part des patients, bien au contraire, car l'aspect un peu magique de l'hypnose attire souvent ceux qui sont à la recherche de solutions rapides, de sensations nouvelles ou même d'une forme d'ésotérisme d'accès facile.

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Le point fondamental, et qui doit être une fois de plus souligné, est que la séance hypnotique, quoi qu'on ait pu dire, est une coopération le sujet pouvant décider à tout moment de la suite des opérations. L'opérateur vise uniquement à stimuler les ressources inconscientes de son patient et à faciliter un travail inconscient qui est le fait du sujet. À cet égard il est évident que les pratiques de l'hypnose telles qu'on les observe au music hall, mettant l'accent sur la réalisation des suggestions, ont des effets négatifs, voire dangereux pour la santé mentale. Des suggestions post-hypnotiques non prescrites dans un cadre thérapeutique à des fins précises et faites selon des règles reconnues comme adéquates entraînent un conflit psychique qui laisse des traces. De même, une amnésie induite sera à l'origine de stratégies d'oubli de la part du sujet, stratégies qui immobiliseront inutilement ses énergies et les rendront inaccessibles à des tâches plus utiles.

Revenons enfin sur un des principaux dangers de l'hypnose (qui est surtout le fait de praticiens insuffisamment formés) : les ´"faux souvenirs" auxquels le sujet adhèrera totalement ce qui peut avoir des conséquences désastreuses y compris sur le plan judiciaire. L'apparition de personnalités multiples est également possible dans le cas de cures maladroitement conduites. Les travaux nord-américains en soulignent la fréquence chez eux. N'est-ce pas parce que, là-bas, la notion d'inconscient est moins communément acceptée que dans les pays latins ou germaniques ? Sans être forcément chauvin on peut le penser.

NOTES. (1) Au sens classique, fort, employé par Bertrand Méheust dans son ouvrage "Somnambulisme et Médiumnité", Les empêcheurs de penser en rond, 1999. (2) Cf. les travaux d'Anne Ancelin-Schutzenberger. (3) L'étude critique des témoignages est instructive. Voir les ouvrages de John Mack ("Dossier extraterrestres", Presses de la Cité, 1995) et Budd Hopkins ("Enlèvements extraterrestres, les témoins parlent", Le Rocher, 1995). (4) On pourra lire le résumé des travaux menés, à ce propos, par Sherill Mulhern,dans "Souvenirs de sabbats au 20ième siècle", in "Le sabbat des sorciers", Jérôme Million, 1993.

INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES. M. Erickson, E. Rossi, S. Rossi : "Hypnotic realities", Irvington., NY, USA, 1976 J. Godin : "La nouvelle hypnose", Albin Michel, 1992. J. Haley : "Un thérapeute hors du commun, Milton H. Erickson", Desclée de Brouwer, 1986. J. Hoareau : " L'hypnose clinique", Masson, 1992. J. A. Malarewick, J. Godin : "Milton H. Erickson, de l'hypnose clinique à la psychothérapie stratégique", ESF, 1989. P. Wallon : "La contagion affective", Le Dauphin, 2000. [email protected] * Version définitive préparée par Philippe Wallon après le décès de Jean Godin.

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LA TRANSCOMMUNICATION. The transcommunication phenomenon.

VZ.*

Résumé :

Le phénomène de transcommunication instrumentale (TCI) est corrélé avec l'hypothèse spirite de "communication avec les morts". Surtout développée dans le cadre audiophonique la transcommunication consiste, en pratique, à enregistrer un bruit de fond en posant ou non des "questions à des défunts". A la réécoute des "voix" d'origine apparemment non expliquée sont audibles sur les bandes. Si peu de recherches scientifiques ont été menées les controverses relatives à l'origine de ces "voix" n'en sont pas moins nombreuses. Nous présentons dans cet article les résultats de l'étude de quelques enregistrements. Abstract :

Transcommunication phenomenon (ITC) is related to a spiritualist hypothesis, i.e "communication with dead people". Mainly developped with recordings on tape, ITC consists of recording surrounding noise with possibly someone who is asking questions to dead persons. When one listens again to the tape, recorded "voices" from unexplained source can be heard. Only a few scientific researchs have been made and there is a lot of controversies about the origins of ITC voices. In this paper we present the results of studies about some recordings.

1. LA PRATIQUE DE LA TRANSCOMMUNICATION.

La transcommunication instrumentale, ou TCI, est connue en France d'une partie du grand

public, depuis environ quinze ans, essentiellement grâce à la publication de plusieurs livres (1). Selon les praticiens pour que le phénomène se produise il faut placer dans un magnétophone une bande sur laquelle a été enregistré un bruit de fond puis, sans que cela constitue une obligation impérieuse, poser des "questions aux défunts" et laisser la bande défiler en position "enregistrement". Questionnaire ou non, la réécoute permettra éventuellement l'audition de "messages" se superposant au bruit de fond. Toujours d'après les praticiens il pourra alors être nécessaire de modifier la vitesse de défilement car le débit des "voix paranormales" est souvent plus rapide (quelquefois plus lent) que celui d'une voix humaine. Enfin il arriverait que ces "voix" ne puissent être entendues qu'en faisant défiler l'enregistrement "à l'envers".

Succédant aux tables tournantes du passé la TCI peut donc être considérée comme une

version contemporaine des séances de spiritisme. Les premiers qui ont enregistré des "voix

paranormales" l'ont fait d’une manière involontaire, il y a une cinquantaine d'années (2). Le terme "transcommunication" a ultérieurement été popularisé par différentes personnes considérant tenir là la preuve ultime de l’existence d’une "après vie".

La méthode la plus ancienne, sommairement décrite ci-dessus, s'est enrichie de plusieurs variantes découvertes empiriquement lors de tentatives d’optimisation de la réception. Ainsi plusieurs praticiens préconisent l’adjonction d’un fond particulier : grésillements sortant d'un poste de radio réglé entre deux stations (par exemple sur la longueur d’onde dite de Jürgenson : 1480 Hz), émission radiophonique en langue étrangère, montages sonores (enregistrement radiophonique passé à l’envers, bruits émis grâce à la manipulation d'objets divers…).

Certains "expérimentateurs", également inventeurs, ont mis au point des machines qui auraient la capacité d’augmenter le nombre des "voix paranormales" enregistrées ou d’améliorer la réception des signaux. Les praticiens de la TCI peuvent ainsi se servir d'appareils tels que le "psychophone" de Franck Seidl ou la "diode" d’Alex Schneider. Le psychophone, par exemple, est un montage d’électronique qui conjugue plusieurs types d’enregistrements simultanés : la réception en bande large (ondes courtes, ondes moyennes et longues), l’auto-émission (l’appareil produit lui-même des ondes courtes modulables à volonté), l’enregistrement microphonique. D’après ses utilisateurs le psychophone accroît le nombre de "voix paranormales" mais cette foison rend le travail d’écoute difficile et pénible. Récemment sont apparues des techniques nouvelles telles que l’emploi d’un ordinateur doté d’une carte son et d’un microphone. L’enregistrement numérique permet alors un

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traitement du signal sans perte de l’information (débruitage, ralentissement par exemple) l’accès aux logiciels de traitement du son devenant de plus en plus facile.

Il ne semble pas, à ce jour, qu’une technique soit préférable à une autre. Des "expérimentateurs" ont pu obtenir tout de suite des résultats alors que d’autres personnes n'y sont jamais parvenues. Chez ceux qui réussissent il n’existe apparemment pas de signes d’une éventuelle "médiumnité" dormante ou affirmée. Ce serait plutôt à chacun de trouver la méthode qui "marche". 2. ÉTUDE DES CONTENUS LANGAGIERS ET FREQUENTIELS DE DEUX ENREGISTREMENTS.

Nous avons étudié deux enregistrements effectués par des non-scientifiques. * Le premier enregistrement a été réalisé sans utiliser de fond sonore. Il dure 8 minutes et 7 secondes. Une fois les silences enlevés, il reste 2 minutes 26 secondes dont 22 secondes pour les réponses des "voix paranormales" soit environ 15% du signal utile. L’enregistrement est audible à vitesse normale (pas de "voix" accélérées ou ralenties). Il présente des différences de niveaux sonores dues probablement au matériel utilisé. Les "voix paranormales" sont de qualité médiocre à bonne et la principale semble être une "voix" féminine qui, le plus souvent, murmure. * Le deuxième enregistrement a été réalisé en utilisant la méthode de Bacci consistant à placer une main au-dessus du poste de radio qui émet un fond sonore. A l’écoute, ce fond sonore est probablement l’eurosignal se situant vers 87.5 MHz (clics significatifs réguliers). Cet enregistrement est composé de 62 extraits questions - réponses (la durée moyenne de ces dernières se situant dans l'intervalle allant de 3 à 4 secondes). Il est lui aussi audible à vitesse normale (pas de "voix" accélérées ou ralenties). Les "voix paranormales" sont de qualité correcte à très bonne. Deux "voix" masculines reviennent le plus souvent. 2. 1 Le contenu langagier. 2.1. 1 Analyse morphosyntaxique.

L’analyse morphosyntaxique des passages où sont enregistrées les "voix paranormales" montre que la moyenne du nombre de phonèmes par mot est inférieure à la valeur prise dans le langage courant. Dans le langage courant le nombre moyen de phonèmes par mot oscille entre 1. 5 et 1. 8. Dans le premier enregistrement cette moyenne est égale à 1. 35 , dans le deuxième elle augmente légèrement et atteint 1.40. La préférence va donc aux termes brefs formés de peu de phonèmes.

De plus les phrases ne comportent que peu de mots, un seul parfois. L’élocution semble pénible et marque des accentuations qui ne suivent pas la prosodie habituelle de la langue. Ces accentuations sont parfois inversées. Certains extraits de "voix" font aussi apparaître une autre difficulté d’élocution qui se traduit par un rythme saccadé. Le débit semble relativement élevé par rapport au langage courant.

Les timbres des différentes "voix" enregistrées se distinguent sans difficultés dans les cas où l'enregistrements est clair. Dans plusieurs passages, ces timbres font penser à des "voix" robotiques. 2.1.2 Analyse sémantique du discours.

Selon les praticiens le contenu sémantique des enregistrements de TCI est variable mais la présence d'une grande part de spiritualité dans les sujets traités est quasi–systématiquement rapportée. Certains thèmes sont récurrents tels que témoignages de "survie après la mort", d’affection post-mortem ou assurance d’un soutien de la part des défunts. Les interlocuteurs ne sont l’objet d’insultes que dans de très rares cas.

Dans le premier enregistrement étudié, les thèmes abordés sont : le bien-être des défunts dans l’au-delà et la famille. Dans le deuxième enregistrement on trouve : la localisation spatiale des

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"entités" par rapport à l’interlocutrice, des faits de la vie de l’interlocutrice, le monde de l’au-delà, la compréhension des messages transmis.

Il est intéressant de se pencher sur le degré de cohérence entre questions posées et réponses obtenues. Ainsi, dans le premier enregistrement, assez court, les réponses restent dans le cadre des questions sans pour autant être claires (au sens figuré habituel). Par contre dans le second enregistrement sur les 62 extraits 49 réponses peuvent être qualifiées de cohérentes étant donné l’énoncé des questions posées. 2. 2 Le contenu fréquentiel.

Des paroles sont constituées d’un ensemble de sons vocalisés. Chaque phonème émis a des caractéristiques acoustiques qui lui sont propres puisque les sons sont générés par les vibrations des cordes vocales. Le nombre de vibrations dans l’unité de temps constitue la fréquence fondamentale. Chaque son peut être considéré comme un système complexe possédant une série de fréquences harmoniques. L’intensité des harmoniques décroît quand la fréquence augmente. D’autre part le son émis par les cordes vocales est modifié par la structure du tube phonatoire qui change selon les individus. Les élargissements produisent des cavités de résonance qui augmentent certaines harmoniques. Le timbre de la voix humaine est ainsi propre à chaque personne.

L’analyse fréquentielle des deux enregistrements montre que le signal semble se construire sur le bruit de fond (ambiant ou artificiel). Des pics fréquentiels se retrouvent sur l’analyse du fond sonore et sur l’extrait de "voix" aux mêmes endroits, pics qui semblent modulés apparemment afin d’obtenir des fréquences harmoniques pour la construction d’un signal vocalisé. De plus, les pics fréquentiels apparaissent plus larges que ceux d’une voix normale. Tout se passe comme si les "voix paranormales" utilisaient une conjugaison de fréquences disponibles dans le bruit de fond pour construire le signal utile ce qui paraît complètement irréaliste. De plus, les pics fréquentiels des harmoniques sont peu nombreux : les 3 ou 4 premiers pics harmoniques sont présents, les autres pics fréquentiels peuvent à priori être noyé dans le bruit de fond étant donnée l’amplitude peu élevée des "voix".

3. Remarque.

On a affirmé que, dans les enregistrements TCI, l'absence de certaines fréquences confirmait la paranormalité des "voix". Il faut rappeler ici que l’absence de la fondamentale et de quelques harmoniques dans l’écouteur du téléphone ne gêne nullement la compréhension alors que les voix sont bien humaines ! De même, d'un point de vue acoustique, un dispositif d’enregistrement, tel que ceux utilisés pour pratiquer la TCI, est un filtre élaboré susceptible de couper les fréquences basses au même titre que le support d’enregistrement lui-même. Il est donc possible que, selon le matériel employé par les "expérimentateurs", les premières fréquences des harmoniques soient filtrées par l'appareillage lui-même et, par conséquent, leur absence ne prouve pas la "paranormalité" de la voix enregistrée. 3. HYPOTHÈSES ET PERSPECTIVES. Dea analyses techniques d'enregistrements ont été diffusées mais sans faire l'objet de publications au sens scientifique. Ces documents présentent souvent l'inconvénient d'être produits par les tenants d'une interprétation de type spirite ou spiritualiste ou (et) par des personnes insuffisamment qualifiées sur le plan technique. Il existe pourtant un faisceau d'éléments – à défaut de présomptions – qui font que la parapsychologie scientifique ne saurait passer son chemin. Des témoignages forts donnent à penser que certains enregistrements de "voix" ont effectivement pu être obtenus en utilisant la technique de base de la TCI ce qui suscite déjà la curiosité et, sous réserve

de l'authentification irréfutable de tels enregistrements (3), met deux hypothèses en présence. Celle de l'arte fact technique d'abord. Les appareils utilisés ne sont pas forcément protégés contre les interférences extérieures pouvant provenir de téléphones portables, d'émissions radios... Il est donc toujours possible d'envisager la possibilité d’un parasitage du dispositif d’enregistrement,

parasitage que l’utilisation d’une cage de Faraday permettrait d’éviter (4).

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Une fois cette possibilité écartée resterait l'hypothèse parapsychologique impliquant une action psychocinétique du praticien s’exerçant, en accord avec les besoins psychologiques du moment, sur le dispositif soit au niveau du microphone, soit au niveau de l’élément enregistreur. Si de plus il s'avérait que les "voix" peuvent fournir des informations inconnues des protagonistes l'intervention de la perception extra-sensorielle devrait être envisagée.

La TCI mérite donc d’être étudiée ne serait-ce que, en première approche, par souci de chercher à comprendre comment un signal pourrait être enregistré alors qu’il n’y aurait pas de source sonore identifiée au moment même où une "voix" s’imprime. La seule spécificité mise jusqu'ici en évidence par les rares analyses acoustiques fréquentielles est dûe à la présence de pics fréquentiels larges et semblant s’appuyer sur le décor fréquentiel du bruit de fond.

Une recherche devrait commencer par un examen minutieux des dispositifs utilisés, des lieux d’enregistrements et de leur environnement, examen mené de pair avec une expertise des enregistrements par des acousticiens compétents. C'est un constat trivial. Si l'hypothèse parapsychologique devait ensuite être prise en compte il faudrait, dans une perspective éthologique, étudier les séances d’enregistrement elles-mêmes en mettant en place des protocoles d'observation adaptés aux profils psycho-sociologiques des praticiens. Le premier objectif à atteindre serait alors la détermination de paramètres corrélés à la réussite ou à l'échec. Tout ceci encore est trivial.

Comme cela a été autrefois le cas pour les faits spirites la mise en place d'une véritable étude

scientifique de la transcommunication implique donc la collaboration active des praticiens. Force est malheureusement de constater que, jusqu'à présent, les chercheurs se sont retrouvés confrontés à un manque d'ouverture (prenant souvent pour prétexte leur refus de s'intéresser aux hypothèses spiritualistes lesquelles sont pourtant, par essence, non scientifiques) et à des comportements de repli

et d'auto-défense ressemblant à ceux qui sont observés chez les groupements sectaires (5). NOTES. (1) La qualité et l'intérêt scientifique de ces ouvrages sont extrêmement variables. On pourra consulter (en tenant compte du fait que les auteurs défendent une hypothèse) celui de François Brune et Rémy Chauvin : "En direct de l'au-delà, la transcommunication instrumentale réalité ou utopie ? ", Robert Laffont, 1993. (2) Pour des indications sur l'historique de la TCI voir, par exemple, Yves Lignon : "Quand la science rencontre l'étrange", Les 3 Orangers, 2004. (3) Sont donc exclus du champ de l'investigation les cas où quelqu'un, en raison d'un traumatisme affectif, ferait "parler les morts" grâce à une supercherie plus ou moins consciente comme Anthony Perkins dans le célèbre film "Psycho" d'Alfred Hitchcock. (4) Nous nous en sommes tenus ici à la transcommunication de type audio. Des "expérimentateurs" ont déclaré avoir obtenu des manifestations de personnes décédées sur des écrans de télévision ou d'ordinateur, par télécopie, téléphone voire courrier électronique. Le physicien allemand Walter Von Lucadou, chercheur en parapsychologie de grande notoriété, a étudié un cas de trancommunication video et conclut à un arte fact dû à la conception du dispositif utilisé. De plus les formes vagues apparaissant sur l'écran étaient alors interprétées à la manière des tâches d'encre dans le célèbre test psychologique de Rorschach. (5) On doit ajouter que la pratique intensive de la transcommunication à la suite du décès d'un proche peut faire obstacle au travail de deuil et mettre ainsi en danger l'équilibre psychique. ________________________________________________________________________________ *VZ est diplômé d'études approfondies d'acoustique. Texte révisé par Y.L.

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CET ARTICLE A ETE PUBLIE POUR LA PREMIERE FOIS DANS : FIRST PUBLISHED IN : The Journal of Scientific Exploration, Vol. 17, No. 2, pp. 271--282, 2003. PARAPSYCHOLOGY : SCIENCE OR PSEUDO-SCIENCE ?

Parapsychologie : science ou pseudo-science ?

Marie-Catherine MOUSSEAU.

Résumé : Les investigations en parapsychologie et sur les phénomènes paranormaux présentent-elles les caractéristiques de la pseudo-science ? Des comparaisons sont effectuées à partir d'une sélection d'articles publiés dans des journaux "académiques" et "non académiques" et de communications présentées lors d'une Convention de la Parapsychological Association. Si des différences quantitatives apparaissent, les écarts qualificatifs ne suffisent pas pour permettre de qualifier la parapsychologie de pseudo-science. Pour ce faire, d'autres critères de définition de la science devraient être établis. Abstract :

Do paranormal or parapsychological investigations meet the criteria often said to characterize pseudo-science ? Mainstream and non-mainstream research is compared through content analysis of selected samples of mainstream journals from several fields and of non-mainstream (“fringe”) journals. Oral communication processes were studied at an annual meeting of the Parapsychological Association. Though certain quantitative differences were noted, qualitative distinctions were not found that could justify classification of parapsychology as pseudo-science. To warrant that, other criteria to define science would need to be established. Keywords : parapsychology---paranormal research---pseudo-science---parapsychology in France---scientific method Introduction The idea for this study came from a polemic by the French historian and philosopher, Bertrand Méheust (1996). His chief points, which relate mainly to the situation in France, are Paranormal phenomena used to be investigated and debated by prominent scientists (astronomer Camille Flammarion, physicists William Crookes and Oliver Lodge, Nobelists Charles Richet, Pierre and Marie Curie) toward the end of the 19th century. The debates were intense and of high standard. The work was commonly published in mainstream journals. The field used to be called “Métapsychique.” Nowadays these matters are completely dismissed by the scientific community, which pretends that the debate is over, superseded, absurd. It has become taboo, one of the most powerful bans of modern times. However, the debate was never really resolved.

This essay1 discusses the questions: Is there any international research on the paranormal that could be regarded as scientific ? Are French scholars right to dismiss such investigation as pseudo-science ? These questions are addressed by analyzing communication within the community investigating paranormal phenomena. The focus will be on parapsychology, the closest modern term to what Bertrand Méheust refers to as “Métapsychique.” Definitions Many efforts havebeen made to set up “necessary and sufficient” criteria for science (Chalmers,

1999), but no consensus has been reached. Why not ? One might argue there are no such things as “epistemological invariants” for science, that each discipline (or even each lab) could have its own rules and methods (see Zingrone, 2002). However, even if there is no clear criterion for science, there must be a way to distinguish it from pseudo-science if the latter term is to have any meaning.

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One possible way to identify science is to look at its results: It works or it does not work. There are three useful weapons that science commonly uses in its war against ignorance: falsifiability, reproducibility and predictability. Thanks to falsifiability, science rejects what does not work; thanks to reproducibility and predictability, it can welcome and accept what works. These three features are essential for science to get its results and to progress. A second way to identify science is by examining its method. The two main bases of scientific methodology, induction and deduction (i.e., gathering empirical evidence and dealing with theory) have been extensively described by Chalmers (1999). The cohabitation of these two processes reflects an essential component of scientific methodology: relentless confrontation of theories and facts. On the one hand, science cannot escape facts; on the other hand, its goal is to go beyond facts, to find underlying mechanisms. The scientific attitude is defined by the question, “How does it work ? ” One looks, and guesses; and the answer is never taken for granted, so one looks again and guesses again. Questioning facts and theories is the fundamental attitude of the (true) scientist. And the scientist has not only to address his own observations and experiments, he must address those of other scientists as well. Selected Criteria for Pseudo-Science Criteria had to be chosen for the present study. Distinguishing science from pseudo-science by examining results will not work : 1. Predictability, falsifiability and reproducibility are not essential criteria for science (see Stevenson, 1999). 2. That results do not fit a mainstream theory can be an indicator of the emergence of a new paradigm in science (Kuhn, 1970). This is the whole problem of how anomalies are handled. They can trigger a major scientific discovery (a “revolution”), or on the contrary constitute a basis for pseudo-science ; and it is often impossible to predict the future of an anomaly at a given time. Examples are numerous in the history of science, where aberrant results inconsistent with mainstream theories ended up as major discoveries. One of the most famous is the anomaly in the classical theory of light, widely debated, which finally revealed the quantum aspect of light. These arguments are obviously extensively used by researchers of the paranormal to defend themselves against attacks from mainstream scientists criticizing their lack of well-confirmed theories and practical results. Others besides Stevenson (1999) have proposed a re-definition of scientific criteria, for example Jahn and Dunne (1997) define a “neo-subjective” science that retains logical rigor and empirical/theoretical dialogue. This type of defense is dismissed derisively by skeptics without offering any good reasons. I would rather agree with Lakatos’ view, summarized by Steven E. Phelan (n.d.) as follows : The existence of anomalies makes falsification untenable as a doctrine. In place of falsifiability as a demarcation criterion, Lakatos has proposed distinguishing between `progressive’ and `degenerative’ research programs (RPs). A progressive research program makes a few dramatic, unexpected, stunning predictions. An RP that ceases to make novel predictions is degenerating. Scientists tend to move to progressive programs and away from degenerating programs although Lakatos does not condemn those trying to turn a degenerating program into a progressive one. Thus predictability and reproducibility usually bring results, results bring consensus and acceptance by mainstream science. However, this process is the final objective. A science in the making may not yet have gone through these different stages. That does not mean that it will not, that it is not science. That is why the criterion of assessing what is science by its results is not reliable. The methodological approach appears to be more consistent. It emphasizes confrontation of facts and theory, both from one’s own work and from one’s peers’, continual questioning as opposed to knowledge being taken for granted, which is the true invariant of pseudo-science. Indeed, the philosopher and physicist Mario Bunge (1984) once suggested that, rather than dividing disciplines into “sciences” versus “non-sciences”, we ought instead to characterize them as “research fields” or

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“belief fields.” The criteria used in this article for distinguishing science from pseudo-science, based on the methodological approach (Bunge, 1984; Strahler, 1999; Thagard, 1988), are shown in Table 1. The written communication process was compared in three mainstream journals (British Journal of Psychology, Experimental Physiology, Journal of Physics B: Atomic, Molecular and Optical Physics) and four “fringe” journals (Journal of Scientific Exploration (JSE), Journal of Parapsychology, Journal of Psychical Research, Revue Française de Parapsychologie).

Comparisons were based on2: 1. content analysis, to assess the empirical and theoretical approach; 2. citation analysis, to assess interaction with peers. and 3. survey of peer-review practices and observations at a conference to complete this assessment. Scientific Criteria are Met Induction and Deduction Pseudo-science neglects empirical matters, yet 43% of articles in the fringe journals deal with empirical matters and almost one-fourth report laboratory experiments. Pseudo-science suppresses or distorts unfavorable data, whereas science seeks empirical confirmations and disconfirmations: but almost half of the fringe articles report a negative outcome (disconfirmation). By contrast, no report of a negative result has been found in my sample of mainstream journals. Science relies on logic and uses correlation thinking, pseudo-science is supposed to have a poor formal background, to use little mathematics or logic and to prefer resemblance thinking: On the contrary, my two samples use similar statistical tests. All the articles that aim to gather new empirical evidence, whether in fringe journals or in mainstream journals, use statistical analysis. Science proposes and tries out new hypotheses whereas pseudo-science relies too much on testimonials and anecdotal evidence: but17% of fringe articles deal with theory and propose new hypotheses. Two-thirds offer explanations consistent with mainstream theories (the others offer such explanations as spiritual entities). On all counts, this sample of fringe journals satisfies the methodological criteria for proper science. Questioning and Confrontation Scientists, but not pseudo-scientists, admit their own ignorance and the need for more research and find their own field difficult and full of gaps: yet 29% of the fringe-journal articles (“reflection articles” in Table 2) discuss progress of research, problems encountered, epistemological issues. This kind of article is completely absent from the mainstream sample. Thus fringe journals fit the “science” criterion closer than do mainstream journals. They do not dismiss negative results and do question their work and their results. Scientists seek critical comments from others and care about evaluating theories in relation to alternative theories: fringe articles include an average of 20 other-author citations. 64% of the works cited are taken from scientific journals or edited compilations of articles, which are usually peer-reviewed. The fringe articles don’t fall back consistently on authority as is expected from pseudo-science. In this respect, they meet the criteria of seeking critical comments and evaluating theories in relation to alternative theories. Science is consistent across disciplines, whereas pseudo-science does not overlap with other fields of research: 64% of the citations are found in paranormal publications, but also well represented are mainstream journals in psychology, general science, neurosciences, and physics. In the mainstream sample, more than 90% of the citation references are from the same field (up to 99% in physics). Here again, the pseudo-science criterion no overlap with another field of research appears to apply more to the mainstream articles than to the fringe ones.

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Communication Strategy Epistemologists disagree as to the nature of the vocabulary that characterizes pseudo-scientists. Bunge (1984) considers that they use obscurantist language, whereas Strahler (1999) thinks they write papers that can be understood by everyone (which is not the case in “real” science). In any case, this is not much of an issue: both types of papers are present in both fringe and mainstream journals. Some papers are necessarily very technical---say, several of the theoretical papers in JSE that deal

with physical calculations---and some are not.3 To conclude: all the selected criteria that purport to characterize science are met by the fringe publications. Empirical evidence and theoretical explanations are sought and confronted with those of other researchers. The main feature that in my opinion reveals true science---never to take things for granted and always to question the validity of one’s findings or even of one’s research---is definitively found; note in particular the large number of “reflection articles.” Interestingly, some so-called “scientific” criteria---reporting negative results, openness to critics, reflections on the progress of the research, interdisciplinary approach and overlap with other fields of research---are more common in the fringe articles than in the mainstream articles. Thus there is no qualitative difference between fringe and mainstream under these criteria; both appear to be science. There is, however, a significant quantitative difference in the extent to which the criteria are met. Fringe Science is Different from Mainstream Science Statistical comparisons reveal significant quantitative differences between fringe and mainstream journals (Table 2). Induction and Deduction The tests for proper science, especially seeks empirical confirmations and proposes and tries out new hypotheses, are quantitatively less fulfilled, to a significant extent, in fringe journals than in mainstream ones (except for the already noted lack of disconfirmations in the mainstream journals). Although statistical tests were, in general, similarly used, the fringe journals emphasized chi-square tests (24% of the 14 articles studied), whereas the mainstream journals used ANOVA more frequently (27% of the 31 articles studied). This could reflect a greater amount of qualitative data more suited to chi-square test in the fringe journals, and more quantitative measures in the mainstream journals. Thus the “real science” criterion: “Gathers or uses data, particularly quantitative ones” tends to be less fulfilled in the fringe journals. Questioning and Confrontation Fringe articles include significantly fewer references and have a higher proportion of auto-citations. The nature of the references also shows significant differences: the proportion of references to books, in contrast to scientific journals, is higher in fringe articles. The significant point is that books are not usually peer-reviewed as stringently as work published in a journal. Thus the references to other researchers in fringe journals are more often to general opinion than to peer-reviewed work. Here again, the science criteria Seeks critical comments from others and Practitioners care about evaluating theories in relation to alternative theories are not met to the same extent in fringe journals as in mainstream journals. Are These Results Indicators of the Smallness of the Community of Researchers ? A possible reason for these quantitative differences is the meager resources dedicated to paranormal research---few researchers and little funding. The Parapsychological Association (PA) has 300

members, of whom only a small proportion (around 50)4 are doing full-time laboratory research on a

wide range of phenomena (not only “psi” but also such matters as UFOs and homeopathy). A scientist

working in such an area has few studies to refer to other than his own work. This accounts for the smaller number of other-author citations and the greater proportion of auto-citations and references to non-peer-reviewed popular journals and general books (in fact, a few books stand out as standard

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references and are cited in many different articles). This reliance on a few authors could be interpreted as following the criterion Falls back consistently on authority, if these authors were not themselves researchers exhibiting a properly questioning attitude.

However, one could also interpret these features as reflecting a field that is not progressing rapidly.

Are These Results an Indicator of the Progression Rate of Parapsychology ? The tendency to handle qualitative rather than quantitative data, illustrated by the prevalence of chi-

squared tests, is likely to hinder the development of paranormal research. It is obviously harder to build and check hypotheses on material that can’t be quantified: When you can measure what you are speaking about, and express it in numbers, you know something about it; but when you cannot measure it, when you cannot express it in numbers, your knowledge is of a meager and unsatisfactory kind: it may be the beginning of knowledge, but you have scarcely, in your thoughts, advanced to the stage of science, whatever the matter may be (Lord Kelvin, 1889).

The large number of epistemological articles (29%) mainly accounts for the smaller proportion of experimental works and also partly explains the greater amount of book references. This kind of essay deals more with ideas and opinion than with specific scientific work. The controversial status of this kind of research obviously inspires reflection on epistemological questions. However, it may also be that the small amount of successful experimental work and empirical data causes editors to publish other material. Added to the generally smaller number of references, this could foster the view that parapsychology is not very progressive. However, the quantitative overall differences between fringe and mainstream science become less compelling when comparisons are made with individual mainstream disciplines. Thus the British Journal of Psychology stands in the middle as far as book references are concerned (Figure 1); evidently psychology relies more than hard science on general books compared to specific work published in journals. As pointed out by Remy Chauvin (1999, p. 319), the progress of psychology has not been impressive: “Everybody knows that in a number of cases, a drug in a syringe gives a much more rapid result than a lot of psychological therapy.” A low proportion of experiment reports, too, is not restricted to fringe science. Indeed, the proportion of experiments in the physics journal (37%) is not significantly different from that in the fringe journals (24%) and it is significantly smaller than in the other mainstream journals (74%) (Figure 2). Perhaps this reflects the difficulty of conducting experiments in this particular field of physics. Conclusion The choice in this article of a more qualitative assessment, based on general attitude and methodology rather than on actual advances, seems justified by the equivocal results of the quantitative comparisons. Moreover, judgments about the progress of parapsychology seem to be quite subjective. Skeptics usually claim that there has been absolutely no progress after a century of research (Alcock, 1991), whereas many parapsychologists assume that progress in their field cannot be questioned. For example: As a working scientist in this discipline, it is obvious to me that we have made an enormous amount of scientific progress since the founding of the Society for Psychical Research in 1882, particularly given the persistent lack of funding, institutional support, and personnel… I agree with Henry Sidgwick, and with Dean Radin who quoted Sidgwick a few years back in his Presidential Address: The time when we needed to debate whether or not the phenomena we study exist is long past. There is an anomaly here. The shape of the natural world that is embodied by that anomaly is becoming clearer and clearer with every methodological refinement, every theoretical advance. The day is coming when the social, psychological, and political surround will not be able to distort the process of observation or the resulting interpretation (Zingrone, 2002, p. 18).

In terms of the substance of our field, I have seen a number of exciting discoveries in these 50 years. Among them are the remote viewing procedure, which seems to give some of the best psi yields in the

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field, as well as the ganzfeld procedure. Both of these approaches also show that we have learned a lot about handling free-response data in an objective fashion, insofar as evaluating whether psi is present... Further, I have been impressed by the geomagnetic and sidereal-time correlates of ESP findings, by various studies using physiological responses to detect psi, and by psychic healing research, as well as many other findings. In spite of the progress in learning more about psi, however, our field is not accepted (Tart, 2002). Yet this enthusiastic attitude may be owing to the difficulty of admitting lack of progress in one’s field. On the other hand, parapsychologists are the best informed; many skeptics do not bother to examine the details of parapsychological studies. Sometimes they note a lack of practical applications, but this is not the same as a lack of new knowledge. I completed the analysis of written communication with an attempt to evaluate the peer-review process. I concluded that fringe journals practice peer review in the same general way as mainstream journals. Experience of the 45th convention of the PA was, again, no different from what is experienced at mainstream meetings; researchers questioned and criticized each other’s work, albeit perhaps not to the same extent as at mainstream conferences. A less competitive and more friendly atmosphere could be partly explained by the unusually large range of subjects dealt with compared to the smallness of the community (the ninety-five attending people included psychologists, philosophers, historians, neuroscientists, and physicists). Few researchers would be competent enough to argue in all these areas. On the other hand, this interdisciplinary atmosphere was intellectually very stimulating. To conclude, the contemptuous attitude of French scholars regarding research into the paranormal does not appear to be justified. This research fulfills most of the scientific methodological criteria that characterize “real” science. Communication among researchers in parapsychology reflects the essence of a scientific attitude: they constantly question their work, confront theories and facts, and seek critical comments from their peers. As Collins entitled one of his articles (1979): “The construction of the paranormal: Nothing unscientific is happening here.” Their particular status with respect to the mainstream scientific community nevertheless accounts for a good number of significant quantitative differences from the orthodox communication process. These are not only negative ones, far from it. Mainstream science could learn from the diversity of their interdisciplinary approach (whereas most sciences tend to over-specialization) and the richness of their epistemological reflection (completely ignored by most scientists). Mainstream scientists could also learn from the generally extreme rigor of their experimental approach which aims to address any kind of possible criticisms and which is necessary to separate a very elusive phenomenon from the background noise. They could learn from their concern to publish unsuccessful experiments, whereas mainstream scientists often neglect to report negative data although it can be very useful. Finally, they could learn from their tolerance and open-mindedness, which are usually not prejudiced by authority or personal credentials or by individual ambition (if it were, they would be doing something else). Yet the quantitative differences found also have negative aspects. Researchers of the paranormal have a tendency to quote their own work, they rely overly on books of general opinion and popular magazines, they publish fewer experiments and tend to use qualitative rather than quantitative data. These significant differences reflect some of the difficulties parapsychologists encounter: the smallness of the community, the specific character of their subject, the lack of resources, their diversity and lack of common focus. Even though they consider that they produce results (see the quotations from Zingrone and Tart), these results are not solid enough to be built upon. Coming back to the introduction, they lack the three tools that make a science successful: reproducibility, falsifiability and predictability. Stengers (n.d.), a French philosopher of science, explains their status with a parallel taken from mathematics. There are theorems of existence and theorems of construction. Parapsychology is a science of existence, whereas a successful science is a science of construction. Indeed, parapsychologists attempt to prove the existence of an anomaly. Unless this anomaly is at last completely specified, nothing can be built upon it and no consensus will be reached within the scientific community. Mainstream scientists use many epistemological criteria to dismiss parapsychology as a pseudo-science. It turns out that these are only rhetorical tools, which they would find difficult to apply to their own work. The main criterion is more straightforward: they will accept it if they can use it.

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It may be useful to warn against such an attempt, however, because it may slow down the acquisition of fundamental knowledge. If on the one hand a science needs large resources to develop itself, and if resources are given only to a successful science which is developed enough to provide useful material (the others being conveniently regarded as pseudo-science) on the other, there is not much space available for original and innovative ideas to bloom. And one has to be very pretentious or very clairvoyant to assess with certainty that no promising applications should ever be expected from investigation of the paranormal: after all, psychic healing, remote viewing, psychic location of archaeological sites, and psychic help in criminal investigations have been claimed effective in some cases. In fact, failing to provide useful material may not be the only reason why parapsychology is regarded as a pseudo-science. It does not account for the strong taboo that exists in the French academic community. This taboo seems rather based on a prior conviction that its basis is nothing but popular belief and superstition, whereas science inherently rejects those. Scientists have to overcome a very strong prejudice to consider the paranormal as a possible research subject. As pointed out by Francis Bacon (1625): “There is a superstition in avoiding superstition.” Their attitude is thus close to the attitude of the pseudo-scientists they despise: it is based on beliefs rather than on real investigation. According to Rémy Chauvin, this conservative and dogmatic attitude appears to be particularly strong in France. It is not the first time that French scholars have been reluctant to accept new scientific concepts: they were still deriding continental-drift theory when the rest of the world had already accepted it (Chauvin, 2002). Thus, Bertrand Méheust and other French sociologists or philosophers, such as Pierre Lagrange and Isabelle Stengers, appear to be right on that point. The disregard of the “Métapsychique” issue is political. It is not justified by genuine scientific criteria. On the contrary: “Science must begin with myths, and with the criticism of myths” (Popper, 1957). Acknowledgments I wish to thank all the people that helped me with their ideas and comments during the discussions I had with them: Franck Martial, Yves Lignon, Helena Sheehan, John Palmer, Mario Varvoglis, Paul-Louis Rabeyron, Isabelle Stengers, Bertrand Méheust, Marie-Monique Robin, Gilles Missonier, Jerome Daltrozzo, Stefan Schmidt. I also wish to thank Julian Gillespie and Edward Bach for helping me with the English. Notes. 1 Based on Marie-Catherine Mousseau, “Science, research into the paranormal, and irrational belief: what is the link ? ” Master’s Thesis in Science Communication, Dublin City University, 2002. 2 Details of the methodology---sampling, statistical tests, etc.---are in references and can be supplied by the author on request. 3 The editorial policy of JSE is to select articles that can be understood by someone with a general scientific background, unless technical reasons preclude it (Bauer, 2002): “Because the Journal is intended to be read by its subscribers, who on the whole do not expect to find in it material that is so arcane, or so confusingly presented, that only a few individuals (at most…) could make head or tail of it.” I believe this is a common-sense attitude for any editor, whether of a fringe journal or not. 4 Mario Varvoglis, President of the PA, personal communication, 2002. References Alcock J. (1991). Parapsychologie: science ou magie ? Flammarion.. Bacon F. (1625). ‘Of Superstition.’ Essays. Bauer, H. (2002). What’s an editor to do ? Journal of Scientific Exploration, 16, 265-273.

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Figure Legends Fig. 1. Proportion of single-author book citations to the total amount of citations in different journals. *** Differences significant at p < 0.001. Fig. 2. Proportion of laboratory experiments in different journals. * The difference is significant at p < 0.05. Tables Table 1: Criteria to differentiate science from pseudo-science

Scientist Pseudo-scientist

INDUCTION and DEDUCTION Gather or uses data, particularly quantitative ones

Neglects empirical matters

Seeks empirical confirmations and disconfirmations

Suppresses or distorts unfavorable data

Uses correlation thinking (e.g. A regularly follows B in controlled experiments)

Uses resemblance thinking (e.g. Mars is red, red is the color of blood, therefore Mars rules war and anger)

Relies on logic Formal background modest, little mathematics or logic

Proposes and tries out new hypotheses Over-reliance on testimonials and anecdotal evidence

QUESTIONING and CONFRONTATION Admits own ignorance, hence need for more research; finds own field difficult and full of gaps

Does not admit own ignorance and need for more research

Consistent with scientific work in other fields No overlap with another field of research

Seeks critical comments from others Falls back consistently on authority

Practitioners care about evaluating theories in relation to alternative theories

Practitioners oblivious to alternative theories. (pseudo-scientists make little attempt to solve problems with the theory or evaluate the theory in relation to other alternatives).

COMMUNICATION STRATEGY Writes papers that can't be understood by everyone

Uses obscurantist language

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Table 2: Comparison of fringe and mainstream journals

Fringe Mainstream Significant difference*

Induction and deduction empirical data1 43% 64% p<0.05 experiment 24% 57% p<0.01 theory 17% 29% confirmation 21% 71% p<0.001 disconfirmation 19% 0% rational explanation 31% 83% p<0.001 Questioning and confrontation reflection articles 29% 0% refs from outside the field 36% <10% number refs per article2 20 32 p<0.05 percent auto-citation 12% 10% p<0.05 citations of books3 36% 6% p<0.001

1: experiments, case studies and surveys 2: references which are not auto-citations 3: “single author books”, not edited compilations of articles * Chi-square test (except one with ANOVA)

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LA DIFFUSION COMMERCIALE DES TECHNIQUES DE PRÉDICTI ON EN FRANCE AU XXEME SIECLE : QUEL DANGER POUR LA SOCIÉTE CONTEMPORAINE ?

The prediction commercial exercise (France, XX th century) : a social risk ?

Floriane BLANC.

Résumé :

Dans une recherche sur le thème de l'exercice commercial de la prédiction en France au XXème siècle, la question de l' autonomie individuelle devait être posée. Rapidement, les recherches démontrèrent la nécessité d'un choix de postulats issus des sciences cognitives, de la physique quantique, de l'épistémologie et de la parapsychologie scientifique. Le résultat est une démarche permettant d'extraire la question de la classique opposition "croyances versus théories rationalistes". Abstract :

Enquiring into the prediction commercial exercise (France, XXth century), the question of individual autonomy had to be faced. The researches early revealed that the possible answer will be found only according to the working knowledge of the cognitive sciences and Quantum Physics and also thorough knowledge of epistemology and parapsychology. The result is a way of postulate which allowed to examine the question apart from the classical opposition "belief-rationalist theory". 1. POSITION DU PROBLÈME.

Un intérêt déjà ancien pour les techniques de prédiction avait éveillé la curiosité mais également soulevé l’inquiétude. Au début, la prégnance de certaines convictions solidement ancrées avait amené à percevoir comme certain le cheminement qui serait suivi. Il était constitué de trois phases : - Il a été tout d’abord envisagé que, dans le dernier tiers du vingtième siècle, la présentation des techniques de prédiction pouvait être le résultat d’un appauvrissement, d’une spoliation de la dimension philosophique des techniques d’origine. - La démonstration devait conduire à prouver que les praticiens, ou auteurs d’ouvrages portant sur ces thèmes, tiraient un pouvoir de manipulation de la situation. - Et de l’aboutissement complet de ces deux phases, il serait inévitablement conclu qu’un tel pouvoir ne pouvait être laissé sans gardes – fous.

En effet, l’objectif avéré de la recherche a été dès le début, même s’il restait alors flou et mal formulé, de démontrer la nécessité d’une législation stricte permettant d’encadrer ces pratiques pour en limiter les dérives.

La volonté de respecter à la lettre les obligations scientifiques d’objectivité a joué un rôle déterminant dans la conduite d’une recherche qui n’a finalement pas pris le chemin attendu. En effet, afin d’éviter un aboutissement erroné par manque d'impartialité, des points d’interrogation ont été placés sur toutes les certitudes, y compris les positions personnelles qui avaient jusque là servies de repères. De ce positionnement et des obstacles rencontrés découlent les trois phases qu’il est possible de distinguer dans la conduite des travaux : les règles ont été appliquées mais il a fallu changer de perspectives pour finalement remettre l’ouvrage sur le métier... 2. APPLIQUER LES RÈGLES.

A priori, faire une thèse relève d’une démarche claire : il faut construire par étapes et appliquer les règles. Celle-ci, quand bien même le sujet en avait été un peu mal perçu dès le début, ne semblait pas devoir échapper à l’orchestration réglée des travaux universitaires. 2. 1 Encadrer et définir.

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La première exploration avait pour thème "les futurs dans l’histoire". Les premières recherches devaient montrer rapidement qu’il ne suffirait pas d’une vie pour accomplir un tel travail. L’élan devait être exploité de façon plus raisonnable. Plusieurs choix ont été fait : - Le caractère redondant d’une nouvelle recherche sur les périodes antérieures au XXème siècle a décidé du choix pour la période contemporaine. - Le temps, les coûts à engager pour accéder à certaines sources, et un soucis d’utilité ont incité à

limiter la recherche au cas français.

- Enfin, l’inventaire de toutes les techniques de prédiction exploitées au cours du XXème siècle rendait évidente l’impossibilité d’être exhaustif de ce point de vue. Il a donc été imaginé de faire une sélection, conçue dans le but d’ être représentative de l’activité, pour permettre l’étude. La sélection des techniques a été réalisée avec la volonté de rigueur et de sérieux indispensables à toute recherche. Chaque technique a été sélectionnée en fonction des critères suivants : - Le premier critère était évidemment la présence de la technique dans l’aire géographique choisie, la France, et dans le laps de temps délimité par le sujet, le vingtième siècle. - Le second, que chaque discipline possède une forme écrite de "méthodologie" à plusieurs niveaux. Critère indispensable pour dissocier un discours "simplifié" et un discours "spécialiste" dont chacune devait faire l’objet.

Chaque technique devait subséquemment présenter un troisième aspect : les tentatives de vulgarisation. Il a par ailleurs été pris en considération le "succès" remporté auprès du public par la technique envisagée, que ce soit en terme de durée ou d’intensité. Dans le cas d’un succès caractérisé par la longévité de la discipline, cet aspect devait se compléter par une apparence de tradition, respectée ou non mais signalée comme telle. Dans cet ensemble, onze disciplines de la "mantique" avaient été initialement retenues : l’astrologie, la cartomancie, le chamanisme, la chiromancie, l’oniromancie, la numérologie, la radiesthésie, les runes, le somnambulisme, le spiritisme et la voyance. De la sélection d’origine, trois techniques ont disparu : le chamanisme, les runes et la radiesthésie. Les deux premières ont disparu pour des raisons pratiques : le temps faisait défaut pour affiner les connaissances concernant ces disciplines. La dernière technique a été évincée par la mise au point d’un ultime critère : la cohérence à la rédaction. En effet, toutes les techniques restantes reposent sur un principe qui est en fait la clef de leur exercice : l’interprétation. Or, la radiesthésie ne repose pas sur les mêmes mécanismes scientifiquement démontrables que les autres. La conserver aurait contraint à sortir du champ principal de l’étude, puis à y revenir, à en ressortir, etc. Ce qui représentait déjà une difficulté pour la cohérence, allait devenir un obstacle à la lecture et à la compréhension. Enfin, le "somnambulisme" - également découvert sous le vocable "médiumnité" - n’a été sélectionné qu’au titre de représentation d’un des aspects de ce que les contemporains de tardif Vingtième ont nommé "voyance". Sept techniques majeures, l’astrologie, la cartomancie, la chiromancie, l’oniromancie, la numérologie, le spiritisme et la voyance, ont donc été conservées et huit ont été étudiées puisqu’il convenait d’intégrer le "somnambulisme" pour que l’étude soit complète.

De ces choix découle la terminologie du sujet :

Par le choix du terme "techniques", il s’agissait de montrer que ces "méthodes" prétendaient à un résultat identique et reproductible de façon autonome, c’est-à-dire quel que soit le sujet qui en applique les règles. Le terme "discipline" a été employé comme équivalent, dépouillé de la connotation scientifique et ragréé par les notions de direction voulue morale et de l’idée de règle de conduite. Une

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technique ou une discipline est donc un ensemble de procédés qui vise à obtenir un résultat, ces procédés sont déterminés par une règle qui implique une direction des actions.

En employant le terme "prédiction", il s’agissait de montrer que l’action avait pour but de donner des informations touchant de façon anticipée à l’existence des consultants ou acheteurs de ce type de pratiques. L’ "activité prédictive" (activité de (la) prédiction ou prédiction) est subséquemment définie comme l’ensemble des formes de relations établies entre deux individus, quelle que soit la façon dont le lien est établi, c’est-à-dire directement ou par l’intermédiaire d’un support quelconque, lorsque la relation a pour but de la part d’un des deux protagonistes de mettre à la disposition du

"sujet-demandeur", contre rémunération (1) des informations concernant "l’avenir " du sujet. Il peut s’agir d’une relation indirecte, la pratique des horoscopes ayant été prise en compte.

Les dites informations doivent être présentées comme ayant été reçues par un moyen qui diffère de ce que les contemporains du XXème siècle désignent sous l’appellation "raison" ou "logique", (2) et selon un des procédés sélectionnés pour l’étude. Enfin, les informations fournies doivent porter sur des faits présentés comme "à venir" et "n’ayant pas une forte probabilité de se produire".

Et, puisque l’objectif était pour partie de démontrer que la diffusion massive de ces techniques se faisait sans doute au détriment de la qualité philosophique, un nouveau terme était sélectionné pour résumer cet aspect du sujet : "vulgarisation". Le sujet a donc tout d’abord été ainsi posé : "La vulgarisation des techniques de prédiction en France au XXème siècle". Le projet de départ de cette thèse comprenait enfin la construction d’un historique de la prédiction : parcours de voyants, parcours de consultants, etc. Les directions ainsi fixées, le travail d’atelier pouvait commencer. 2. 2 Répertorier. La première étape de recherches semblait ne pas devoir présenter de difficultés : il convenait de répertorier les sources susceptibles de fournir les éléments nécessaires à la construction d’un historique des différents aspects de la prédiction au cours du XXème siècle. Pour répondre aux interrogations portant sur les contenus, ou les premières figures de l’activité de la prédiction, les sources écrites ont été répertoriées : périodiques ou reliées, il s’agissait d’inventorier de façon aussi exhaustive que possible toutes les publications parues au cours du XXème siècle sur le thème des techniques sélectionnées. Un premier inventaire des publications spécialisées a ainsi été dressé. Il faut insister : les ouvrages répertoriés sur ces thèmes sont des sources, non des éléments de bibliographie. Plusieurs mois ont été nécessaires pour cette tâche qui s’est déroulée presque sans encombre. Mais l’inventaire des publications non spécialisées qui consacraient des articles à ces thématiques comme les inventaires concernant les modes de communications téléphoniques et

électroniques (3) ont du être abandonnés. La "confidentialité " ou la redondance du traitement accordé aux thèmes abordés montrait l’inanité de la démarche. L’inventaire des sources audiovisuelles a été tenté pour compléter les premiers. Là encore, la redondance stérile n’apportait rien à l’affaire. En outre, et parce que dans l’exercice de cette pratique qu’est la prédiction, il y a le cabinet, une autre tentative a été faite : chercher à inventorier le nombre de praticiens. Même le personnel chargé de l’enquête par la Direction Générale de la Consommation, de la Concurrence et de la Répression des Fraudes reconnaît dans un rapport la difficulté à "pister" les praticiens. Plus encore, ce document souligne le caractère tabou des abus que ces derniers commettent. Enfin, et toujours dans le but de saisir l’ampleur des dérives, le dépouillement des archives judiciaires n’a pas donné davantage de résultats. 2. 3 Organiser et conclure. Plusieurs conclusions s’imposaient au terme de ces dépouillements.

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La profusion d’auteurs dès le début du siècle rendait totalement aberrante l’idée d’une reconstruction historique minutieuse de cette activité sur un siècle entier et dans l’aire géographique déterminée. Qui plus est, la lecture des ouvrages a eu tôt fait de montrer le caractère figé des thèmes abordés, des argumentaires développés, etc. Le même constat était dressé pour les autres sources, quand elles permettaient d’apprendre quoi que ce soit.

Certes, cette étape fournissait quelques éléments. La question de la prédiction avait fait l’objet d’un traitement polémique opposants deux camps : d’un côté les "croyants", de l’autre les "rationalistes". La publication d’ouvrages, de témoignages et d’articles stipulant l’exercice de ces pratiques dès le début du siècle éliminait de facto l’idée d’une brutale poussée d’irrationalité au sein de la société française dans le dernier tiers du siècle. Mais ces conclusions n’apportaient pas grand-chose de nouveau dans la recherche sur ce type de question. Elles auraient pu être tirées de la bibliographie : les arguments utilisés au cours du siècle dans les débats étaient les mêmes depuis... l’Antiquité ! Et il était effectivement "logique" que des pratiques courantes au XIXème ne s’éteignent pas brutalement au début du XXème pour réapparaître de façon tout aussi absurde dans son dernier tiers. Pour couronner le désarroi, la lecture des ouvrages portant sur les techniques a très vite invalidé l’hypothèse de départ : non seulement les techniques en question ne respectaient pas la démarche qui avait prévalu à leur naissance, bien avant leur exploitation marketing, mais elles n’étaient aucunement garantes d’une philosophie quelconque, tout juste expression de "bricolages individuels " sans aucune homogénéité ni cohérence. Difficile dans ces conditions de faire reposer les dérives sur une perversion récente de leur utilisation. Plus intriguant encore, la mise en évidence de l’inefficience des techniques posait un problème de taille. Si ce n’est pas la technique qui donne le résultat, c’est l’interprétation par le sujet qui l’utilise. Donc, le sujet lui-même. Ce qui conduisait ipso facto à devoir exposer les deux options séculairement défendues (don ou hasard), et, en tant que scientifique, à défendre l’idée de "coup de chance". Les documents révélaient en effet que le débat avait été cantonné TOUT AU LONG DU SIECLE à une opposition manichéenne : "croyants" versus "rationnels" qui avait laissé le champ libre aux escrocs de tous bords. Tolérance cynique, mépris, sarcasmes, ignorance étaient les garants de la prolifération des praticiens autant que de l’impunité des escrocs. A ces lectures, il paraissait impossible de découvrir une issue différente que la répétition des arguments classiques, condamnant la question à un état polémique. Dans le cadre de la préparation d'une thèse, la recherche paraissait impossible.

Que resterait-il alors de la démarche ? Un an de crédits d’état gaspillés et deux ans de vains travaux ?

C’est l’acharnement de certains scientifiques à prétendre que la "croyance" était l’apanage des simples d’esprits, qui a donné une nouvelle impulsion à la recherche. Comme tous les excès, l’expression souvent agressive d’une telle obstination méprisante ne pouvait que dissimuler quelque chose qui, jusque là, échappait à la conduite des travaux. Avant d’abandonner, il convenait de s’interroger : la "croyance", quelle qu’en soit le degré ou l’objet, était-elle une question d’intelligence ? Qu’était-ce donc que "croire" ? La réponse donnerait-elle un moyen cohérent de sortir de la polémique ? 3. CHANGER DE PERSPECTIVE. Nombre d’aspects du sujet de départ devaient être abandonnés. Mais il était hors de question de changer d’objectif. La démonstration scientifique de l’utilité d’une réglementation de ces professions était perçue comme une contribution réalisable autant que nécessaire. Il a été décidé que la démonstration devait être menée à son terme. C’est donc un changement de stratégie qui a été opéré.

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Avant tout donc, l’objectif était d’éviter d’émettre une opinion manichéenne. Et tenter d’extraire la question des débats et polémiques auxquels elle avait donné lieu n’était pas chose aisée. Aussi, cette étape a-t-elle été construite dans un seul objectif : trouver une solution permettant d’observer, sans avoir à prendre part au débat "croyants" versus "rationalistes". Pour y parvenir, la problématique de départ a été réévaluée sous une tout autre perspective. Certains travaux de recherche en matière de "croyances" ont un filigrane commun, une pierre angulaire qui permet le constat sans sombrer dans le jugement de valeurs : la réflexion est guidée par une interrogation concernant le degré d’autonomie autorisé par la (les) pratique(s) étudiées tant sur le plan individuel que d’un point de vue plus collectif. La démarche respectait désormais l’idée de contribution au progrès social spécifique à ces recherches en sciences humaines. Avec simplicité, sans digression philosophique inutile, il a été déterminé pour cette recherche que l’autonomie est la capacité de l’individu à agir et à se déterminer librement, c’est-à-dire selon son seul entendement. Dans ce cadre, l’entendement est défini comme la faculté grâce à laquelle le sujet humain fait des choix. C’est-à-dire la façon dont l’individu trie les informations que ses sens lui communiquent, par exemple en séparant ce qu’il pense être "vrai" de ce qu’il pense être "faux", "réel" ou non. Une telle démarche, intégrée dans le cadre de la recherche, amenait logiquement à s’interroger : Comment un sujet distingue-t-il le "vrai" du "faux", comment fait-il la différence entre le "réel" et l' "irrationnel" ? 3. 1 Apports permis par la vulgarisation des scien ces cognitives. La réponse ne se trouvant pas dans les travaux de recherche en histoire, c’est à la vulgarisation des travaux de la psychologie cognitive qu’elle a été empruntée. Cette science a montré que l ' être humain ne perçoit pas la "réalité". En fait, le cerveau interprète les informations reçues en fonction d’une grille de lecture qui est un système organisé opérant comme un filtre. La "réalité" du sujet est donc ainsi une reconstruction, dite cognitive, à partir d’informations triées selon son système de pensée. Et, pour que le filtre permette de catégoriser l’objet sous le vocable "réalité" il faut qu’à l’objet de la perception soit attribuée une existence totalement indépendante de la volonté du sujet qui l’observe. Subséquemment, une double combinaison est indispensable à l’identification de l’existence d’un fait, d’un objet, etc. par le sujet : le degré de cohérence de l’information reçue avec le système de pensées qui opère le tri et un présupposé d’indépendance totale entre l’objet et le sujet. L’ existence d’un fait dépend donc de la capacité du sujet qui le perçoit à le "re-connaître". Ainsi, l’entendement est cloisonné par une détermination conceptuelle de la "réalité". La "réalité" est le résultat du tri des perceptions par le biais d’une construction sémantique, dans tous les sens que comporte l’adjectif. Il faut préciser par ailleurs que chaque individu introduit, dans sa grille de lecture, des éléments qui lui sont particuliers puisqu’ils résultent des interactions entre les éléments conceptuels et les expériences personnelles. En d’autres termes, chaque élément qui compose la représentation individuelle du "réel" est le résultat d’un cheminement porteur de sa propre logique. Plus cette logique est le résultat d’interactions particulières au sujet, plus il est difficile d’en reconstituer les étapes, plus "sa réalité" - et ipso facto sa "logique" - semble absconse. Mais elle ne fait qu’apparaître dépourvue de sens : cela ne signifie en aucun cas qu’elle le soit. L’apport majeur de ce niveau de compréhension est ici fondamental : puisqu’elle peut être considérée comme un concept, la "réalité" est une notion. Elle n’est donc plus axiomatique mais axiologique. Elle est une représentation de la réalité, du "réel". Et son axiologie dépend entièrement de la construction théorique qui l’abrite. Mieux, grâce à ces connaissances, il est compris que cette construction - dont les variantes plus ou moins individuelles peuvent être très prégnantes - n’est pas nécessairement conforme à l’objet. Pour sortir des états polémiques et être alors en mesure d’observer, il a été ainsi envisagé d’accepter de ne considérer les arguments opposants les "croyants" et les "rationalistes" que comme des représentations divergentes du « réel », des conceptualisations philosophiques.

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3. 2 Apports de l’épistémologie. Avertissement : Il semble nécessaire de souligner ici qu’en aucun cas, la démarche développée par la suite n’a eu pour but ou fonction de mettre en cause les acquis réalisés par le biais des constructions théoriques mécanistes ou matérialistes. Il est seulement question d’une proposition en dehors de ce type de constructions pour le traitement du sujet choisi pour l’étude. Dans le cadre de l’étude, la " connaissance de la réalité" est donc tributaire des conceptualisations véhiculées en France au cours du XXème siècle. Ainsi convenait-il de comprendre quelle était la représentation de la réalité véhiculée par la chrétienté puis celle découlant de la "dichotomie comtienne". En d’autres termes, il a été choisi d’enrichir la recherche en découvrant comment, d’un côté les doctrines dites religieuses ou cultuelles, et de l’autre les disciplines officiellement scientifiques, définissent ce qu’elles supposent axiomatique c’est-à-dire la "réalité". Puis, comme la thématique centrale portait sur la question de l’anticipation d’évènements "à venir", comment chacune définit la notion d’ "existence". C’est en épistémologie que les réponses à ces interrogations ont été relevées. Au terme de cette étape, afin de clarifier la démarche et la lecture, les différentes constructions théoriques ont été désignées par l’expression "système de représentation", sous-entendu "de la réalité". D’un point de vue générique, chaque système de représentation forme un ensemble cohérent en respect des règles fondamentales édictées par "sa" théorie. Ces systèmes sont donc cohérents de façon endogène. Des adjectifs précisent de quel type il est question. L’adjectif "cultuel" montre qu’il s’agit d’une construction théorique prenant la notion d’"existence d’une ou plusieurs entités

omnipotentes" (4) comme axiome permettant de répondre aux questions concernant la recherche des

raisons de la production des faits et événements de toute "nature" (5). L’adjectif "scientiste" désigne la démarche tendant à expliquer les raisons de la production des mêmes faits ou événements par la réduction systématique à un réseau de facteurs matériels dont la concrétisation dépend du "hasard" qui serait donc ici l' axiome.

Cette notion intervient plus tardivement dans les raisonnements de "causalité" qu’une quelconque entité dans les systèmes de représentation cultuels et n’est pas une projection anthropomorphique. Mais une similitude de propriétés, lorsque les prolongements philosophiques qui en sont tirés sont comparés, amène à s’interroger : dans le cadre des pratiques liées à la prédiction, quelle est la différence entre être soumis aux aléas du hasard ou aux volontés divines ? Les deux conceptualisations présentent le même inconvénient : le sujet est soumis à l’intervention "inattendue" et "incontrôlable" d’un principe dont les modalités de fonctionnement échappent à ceux qui l’étudient. Comment, dès lors, privilégier une conceptualisation plutôt qu’une autre ? Peut-être grâce aux règles scientifiques qui offraient davantage de garanties concernant la conceptualisation mécaniste ? Là, encore, la découverte des débats de l’épistémologie débouchait sur un problème. A ce stade de la recherche, il n’y avait plus que des croyants : d’un côté, en l’existence d’une ou plusieurs idées représentées de façon plus ou moins anthropomorphiques et de l’autre en un concept résumé, entre une "voyance don divin" et une "voyance coup de chance". Cela conduit à s’interroger plus précisément encore. Si les deux principaux systèmes de représentation ne sont que des théories, et si le postulat d’un déroulement des débats seulement entre des croyants est accepté, il restait un très épineux problème à résoudre : comment définir la "rationalité" ? En effet, l’hégémonie de la conceptualisation matérialiste a ouvert le XXème siècle et son influence n’a jamais cessé dans l’ensemble des disciplines qui ont adopté ses règles. Sauf dans le sein même qui l’a fait naître : la physique. Dès la dernière décennie du XIXème siècle, l’élite de cette science bouscule l’édifice des certitudes. Des physiciens comme Thomson ou Rutherford remettent en question des conceptions fondamentales concernant l’espace et le temps. La scission qui s’en suivit aboutit à l’écartèlement actuel entre deux conceptions. Le matérialisme mécaniste est bien connu puisqu’il a été l’objet des enseignements scolaires. Mais, comme cela vient d’être exposé, il condamne la question portée à l’étude au mieux à une indifférence silencieuse. L’autre conception, la physique quantique, en autorise un traitement très différent. Or pour résoudre la nouvelle étape de questionnement, il fallait revenir à l’objet : le fait, non l’interprétation qui en est donnée. Une analogie simple fera comprendre la démarche adoptée :

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Dans une série d’expérimentations, une "anomalie" est parfois le résultat d’une mauvaise manipulation, mais dans d’autres cas, elle est le symptôme de l' existence d'une faille dans la théorie dominante. La "voyance" est une anomalie pour le matérialisme. Or la théorie qui prétend à l’inexistence de la voyance et protège par là-même la notion de libre-arbitre est l’interprétation philosophique tirée de l’édifice matérialiste. Ainsi, la stratégie scientiste qui consiste à dissimuler la faille désigne un concept pour responsable : le "hasard". Mais c’est un argument vide. En effet même le matérialisme mécaniste admet que le "hasard" est susceptible de donner lieu à calculs. Pourquoi refuser alors que les résultats de ces calculs puissent être associés à des lois dont les différentes sciences n’ont pas encore élucidé toutes les modalités ?

La prophétie a d’abord été une anomalie pour les constructions théoriques cultuelles. L’attitude "cultuelle" a mis fin à sa propre incompréhension en en faisant un privilège accordé par une entité quelconque : seule l’identité de l’entité a été modifiée en fonction des civilisations et des périodes. Mais là encore, l’argument ne repose que sur le prolongement philosophique qui consiste à projeter sur une incompréhension la seule explication pouvant être fournie par le type de construction théorique qui cherche soit à installer, soit à préserver son hégémonie. 3. 3 Apports de la physique quantique et de la pa rapsychologie scientifique. En physique quantique, les notions de "temps" et d’"espace" ne sont pas des paramètres mais des présupposés théoriques, c’est-à-dire des "pré-jugés". Choisir ce postulat n’eut pas été possible s’il était entré en contradiction avec les choix précédents concernant l’entendement ou les modalités de fonctionnement des constructions théoriques individuelles. Or, l’idée de l’espace et du temps comme paramètres "pré-jugés" est également le postulat choisi par certains courants des sciences cognitives. Et c’est aussi celui de la parapsychologie scientifique. Que devient la "voyance" à l’aune des postulats quantiques ? Pour mieux comprendre, il faut résumer en quelques lignes l’axiologie à laquelle elle se réfère. Que devient, sous cet angle, la conceptualisation contenue dans le terme "existence" ? L’existence est finalement définie comme un état potentiel permanent où "la réalité, ou l’expérience, se constitue

seulement par l’interaction de la conscience et de l’environnement " (6). Ainsi, il est possible d’entendre que le "futur", l’"avenir" ne peuvent être des éléments "compacts ". Le "destin", l’ "avenir", les "hasards de la vie" n’existent pas : ce ne sont que des concepts issus d’interprétations dépendantes du corpus théorique qui les a fait naître. Ce que Bateson désigne pour chaque famille théorique comme la "somme de ses propres superstitions". Dès lors, il n’y a rien d’absurde à considérer l’hypothèse d’une faculté humaine d’anticipation d’un évènement E à un moment M. Tout comme à considérer que l’exactitude de l’anticipation dépend de tous les facteurs composant l’instant M où la question de l’anticipation de l’évènement E est posée. Dans le cadre de la problématique posée, un objet d'étude de la parapsychologie scientifique est ainsi et simplement la précognition, capacité de certains individus à anticiper sur un événement à un moment précis. La précognition est un fait. Et elle est indépendante des conceptualisations théoriques qui lui sont classiquement associées ou opposées. En d’autres termes, la précognition n’est ni un don divin, ni le fruit du hasard, elle est seulement une faculté humaine qui s’exerce grâce à des lois dont les modalités de fonctionnement sont encore à découvrir. 4. CENT FOIS SUR L’ ÉTABLI... Une fois acquise la certitude que la situation française de la parapsychologie scientifique n’était en rien lié à une absence de respect des règles scientifiques, des postulats ont pu être clairement énoncés. Comme le dit l’adage, cent fois sur l’établi vous remettrez votre ouvrage. 4. 1 "Recommencer" en croisant les approches. Tous les éléments recueillis ont été réexaminés en croisant les approches. Ainsi, il a été posé pour cette recherche que :

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1. La précognition est une faculté humaine. 2. Cette faculté n’est pas également développée chez tous les êtres humains. Les sujets réellement précognitifs sont aussi nombreux que les génies de la musique par exemple. 3. Cette faculté repose sur ce qui s’apparente, du point de vue du fonctionnement, à une perception par les sens : elle est diversement décrite mais toujours associée à "voir", "entendre", "sentir" ou "ressentir". Et, à l’instar de toutes les autres perceptions, elle est soumise au filtre qu’exerce le système de représentation auquel le sujet se réfère. Le sujet n’est donc en aucune mesure capable de transmettre sa perception "brute", il en donnera toujours une interprétation à l’aune de son système. 4. Or le seul qui, en France, leur fournit une explication, est le système de représentation cultuel où les sujets réellement précognitifs sont représentés comme des éléments soit élus, soit maudits. Comment ne pas songer au poids de névroses ordinaires ainsi suscité, quand il ne s’agit pas de pathologies plus graves ? Sans aller aussi loin, comment ne pas songer à la projection de problématiques personnelles sur les consultants par le praticien ? 5 - En conséquence, qu’il soit ou non précognitif, dans les faits, le "voyant" donne sa vision de ce qu’il reste d’une perception après un tri de la pensée, perception dont la propriété principale est son caractère éminemment temporaire. Une prédiction est donc l’interprétation verbalisable d’une perception ponctuelle tributaire d’un système de représentation individualisé par le "voyant". Autrement dit une opinion personnelle. 6 – Il faut ajouter qu'un sujet peut-être télépathe, fonctionner par empathie, être capable d’identifier des éléments du passé de celui qui le consulte sans pour autant être précognitif (y compris en ce qui le concerne). Encore une fois, l’ "existence" n’est pas une unité compacte et un raisonnement reposant sur une logique binaire ne s’applique pas ici. 7 – Les débats qui ont eu cours sur la question de l’existence de la "voyance" opposent en fait des choix philosophiques. Ces prolongements philosophiques ont une égale valeur. Mieux, théoriquement, ils représentent le même potentiel incitatif à la consultation d’un "voyant".

Le dernier positionnement posait problème. Comment démontrer que la référence à un système de représentation scientiste ne protège pas davantage le sujet d’une pratique qualifiée d’irrationnelle que la référence à un système de représentation cultuel ? Quand bien même il n’avait pas été à l’origine de sa construction, ce questionnement devait être résolu par l’enquête. 4. 2 Persister. En effet, la pauvreté des sources exploitables pour la recherche avait impulsé l’idée de créer la base de données qui seraient utilisées ensuite, au moins pour la période récente. C’est surtout à la sociologie que les méthodes ont été empruntées. Mais tous les apports acquis avant la construction du questionnaire étaient venus l’enrichir. Il s’agissait autant de connaître que de comprendre le groupe des consommateurs de la prédiction en cabinet. Le caractère encore tabou de ce type de pratique a rendu cette démarche extrêmement délicate et complexe. Le questionnaire avait été conçu pour apporter plusieurs sortes d' interrogations : - Soit classiques : sexe, âge, CSP, niveau d’études, situation de famille, etc. - Soit plus particulières : les personnes questionnées dissimulaient-elles un état dépressif ? Quelles étaient les motivations intimes des consultants ? Quelles étaient leur définition de Dieu ou du hasard ? Divergeaient - elles autant qu’il est coutume de le penser ? Etc. Le premier problème a été de trouver des sujets acceptant de témoigner. Tous ont demandé à ce que leur anonymat soit protégé, à ce que les réponses ne soient jamais communiquées, etc. Le résultat est tributaire de plusieurs facteurs : en zone dite rurale, il semble que, contre toutes attentes, la pratique soit encore plus taboue qu’en zone urbaine puisque " faire la sortie des cabinets de voyance" n’a amené que des réponses négatives. Curieusement, toutes celles et ceux qui sortaient de l’immeuble y étaient venus pour consulter le médecin installé à l’étage du dessus ou du dessous. Et,

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en zone urbaine, c’est l’habit qui a sans doute posé problème : ceux qui acceptaient de témoigner ne se rangeaient pas parmi les CSP ou les niveaux d’études les moins élevés. Il faut cependant reconnaître que les meilleurs témoignages ont été recueillis au terme de plusieurs rencontres. Sous le couvert d’un lien social distendu, le caractère répétitif d’entretiens brefs donnait une sorte d’image de bienveillance et instaurait une relation de confiance relative qui permettait le témoignage. La présence parmi les témoins de personnes revendiquant leur "athéisme" confortait l’hypothèse d’une égalité des fragilités des systèmes concernant la consommation de pratiques de prédiction. Mais, malheureusement, aussi longue et difficile qu’ait été la passation de l’enquête, et pour des raisons de non-conformité avec les règles de la statistique, les résultats ne peuvent être considérés comme représentatifs d'une population de consultants. Ici, la volonté n’a pas suffi pour palier tous les manques. Cet état de fait a été confirmé peu après la fin d’une première étape de rédaction : les manques étaient pointés, le document rejeté. Tenant compte des critiques adressées, une reformulation du document a été construite : le terme "vulgarisation" a disparu au profit de "diffusion commerciale" et le filigrane de l’étude a été clairement dévoilé : cette pratique devait-elle être considérée comme dangereuse pour la société contemporaine ? Le document définitif portait donc sur le sujet : "La diffusion commerciale des techniques de prédiction en France au XXème siècle : Quel danger pour la société contemporaine ? " 4. 3 Analyser et conclure. En ayant recours à des outils issus de disciplines connexes, plusieurs conclusions ont pu alors être admises : A l’échelon collectif, il est entendu que la pratique de la prédiction est une constante de la société française au XXème siècle. En fait de poussée de fièvre irrationnelle survenant à partir des années 1970, c’est le double effet augmentation du niveau de vie moyen et marketing qui a rendu la pratique tout simplement économiquement visible. Toujours à l’échelon collectif, les cabinets de voyance ou les sectes ne sont pas vraiment les antichambres des églises ou des temples : le processus est beaucoup plus complexe et individualisé qu’il n’y paraît. Enfin, la société française n’est pas entrée dans une ère de la bêtise. L’argument des limites intellectuelles des consultants est invalidé. Concernant les techniques, aucun des statuts revendiqués par celles-ci n’a pu être validé : la tradition sert de paravent placé devant l’ignorance historique, le vocabulaire pseudo - scientifique masque celle de la véritable rationalité. Enfin, il faut clairement différencier la pratique commerciale de la prédiction, qui n’est en réalité qu’une activité de conseil dissimulée derrière des arguments censés la justifier, de la précognition, faculté humaine existant en dehors de toute considération philosophique. Le processus central qui conduit au succès actuel des pratiques de la prédiction est éminemment individuel : peu importe le type de croyances auquel le consultant se réfère. Ce qui amène à consulter est : - Un contexte général qui favorise toujours la peur comme outil de coercition et un système médiatique qui véhicule des représentations consternantes tant de la société que de la pratique étudiée. - La persistance d’un référentiel dichotomique qui contribue à l’oscillation entre les deux grandes familles de systèmes de représentation, maintenant le déséquilibre entre des valeurs présentées comme inconciliables. - Un niveau d’exigences qui incite le consultant à une mise en conformité des paramètres de son existence avec les représentations sociales des rôles et l’idée contemporaine de réussite.

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- La pression induite par cette obligation sociale de réussite, telle que le contexte en donne définition, conduit le sujet à vouloir maîtriser chaque aspect de son environnement. La consommation de prédiction n’est donc pas une attitude passive. En réalité, puisque les différents systèmes de représentation portent à penser que le sujet est à la merci de facteurs extérieurs, la prédiction est un outil de contrôle dont le sujet pense se doter. - Enfin un rôle majeur est joué par la perte de sens des rituels classiques : ce n’est pas l’absence de foi qui entraîne la désertion des églises et des temples mais la perte du pouvoir de régulation qu’avaient leurs rituels sur les états émotionnels. Les paravents utilisés pour les différentes techniques donnent au consultant le sentiment d’avoir découvert un (des) rituels palliatifs à l’abandon (ou complémentaires à) la pratique classique alors que les techniques ne sont que la reformulation sous un autre vocable des conceptualisations classiques. 5. CONCLUSION. La prédiction est une activité commerciale qui potentialise des besoins humains et en tire rémunération. En perpétuant des conceptualisations présentant l’être humain comme à la merci d’un aspect impossible à maîtriser ou à fléchir, elle garantit la mise en dépendance du consultant. En exploitant des représentations parfaitement erronées – le praticien de la prédiction n’est ni un être élu, ni un psychothérapeute, ni un prêtre, ni un ami - elle joue d’une notoriété qui est en fait usurpée. Que le praticien soit ou non conscient de ces aspects concernant sa pratique, il représente un danger pour l’autonomie du sujet qui le consulte puisque celui-ci ne conduit plus son existence selon son seul entendement mais en restant tributaire d’un individu et d’une conceptualisation qui ne favorise aucunement son développement en toute indépendance.

En outre, et s’il est un peu charismatique, le praticien peu aisément rassembler autour de lui : il est évident que les principes exploités par les praticiens de la prédiction sont identiques à ceux qui donnent de la solidité aux édifices sectaires. La réponse est claire : oui, la diffusion commerciale des techniques de prédiction représente un danger pour la société contemporaine. Mais faute d’un recul suffisant par rapport à des questions censées relevées de ce que la majorité des contemporains du XXème siècle nomment "croyance", la prédiction professionnelle ne peut qu' être assimilée à la manipulation mentale. Et, comme dans le cas des sectes, une loi ne résoudra pas le problème, pas plus qu’elle ne mettra un frein au danger. C’est encore une fois le progrès de la connaissance qui, s’il parvient à altérer la prégnance des représentations classiques, pourra affaiblir le pouvoir des "gourous" comme celui des "voyants". NOTES. (1) Nous avons considéré qu’il y avait commerce de la voyance tout autant lorsque le praticien officie en cabinet, par téléphone, minitel (pour la période avant la légalisation) et Internet (pour la période récente) que lorsqu’il s’adresse à un lecteur ou à un auditeur.

(2) Selon l’acception "rationalisante du terme. (3) Pour cette dernière catégorie, étant donné le caractère répétitif et redondant tant des thèmes que des prédictions faites, nous avons procédé par sondage. (4) La définition comme axiomatique du caractère analogue des modalités de représentation du fonctionnement des constructions théoriques quelque soit le culte envisagé prend appui sur les travaux de C-G. Jung. (5) Selon l’acception qualifiant en terme de "propriétés". (6) Rémy Chauvin. [email protected]

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LES MOULES DE KLUSKI.

Kluski's moulds.

Marc HALLET, Michel GRANGER.

Résumé :

Malgré son aspect spectaculaire et les nombreuses observations qui ont été effectuées durant la première moitié du XXème siècle le problème des "médiums à matérialisations" retient rarement l'attention aujourd'hui. Le cas le plus fameux est sans doute celui du polonais Franek Kluski, étudié à l'Institut Métapsychique International (Paris) en 1920-21 et auquel "The Journal of the Society for Psychical Research" a consacré une série d'articles il y a dizaine d'années. Pour Marc Hallet il n'est pas possible de conclure alors que Michel Granger (auteur de "L'ectoplasmie, l'oubliée de la parapsychologie", Revue Française de Parapsychologie, 2-1, 2001) est un ferme partisan de l'authenticité paranormale.

Abstract :

The problem of "materialization mediums" rarely holds the attention today, in spite of its spectacular appearance and of the numerous observations that could be done during the first half of the XXth Century. The most famous case is certainly the one of Polish Franek Kluski, studied at the Institut Métapsychique International (Paris) in 1920-21. The "Journal of the Society for Psychical Research" dedicated series of articles to him about ten years ago. According to Marc Hallet, it is not possible to conclude anything, whereas Michel Granger (the author of "L'ectoplasmie, l'oubliée de la parapsychologie", Revue Française de Parapsychologie, 2-1, 2001) is a firm supporter of the paranormal authenticity.

"IL APPARAÎT FINALEMENT QU’ON SAIT PEU DE CHOSE AVE C CERTITUDE."

"It appears finally that we know a few things with certainty".

Marc HALLET.

Entre 1918 et 1925, on entendit beaucoup parler d’un médium polonais dénommé Franek Kluski. C’était ce que l’on appelait un “médium à matérialisations”, c’est-à-dire quelqu’un dont on prétendait qu’il pouvait matérialiser des objets.

A en croire divers livres et articles grand public, les plus étonnantes matérialisations de Kluski consistèrent en mains ou pieds humains parfaitement “reproduits” par des moules en paraffine.

Quelques explications sont nécessaires...

La technique utilisée était, dans son principe, relativement simple : dans une pièce obscure, on plaçait de la paraffine sur une épaisse couche d’eau contenue dans un bassin que l’on chauffait. A une certaine température, la paraffine fondait et, comme elle n’était pas miscible dans l’eau, elle s’étalait à sa surface. C’est alors que le morceau de membre “matérialisé” plongeait dans la paraffine pour s’en enduire. Quand enfin il se "dématérialisait" il ne laissait derrière lui qu’une fine couche de paraffine formant une sorte de “moule” creux. Ces “moules” étant très fragiles on les remplissait généralement très vite d’un plâtre liquide destiné aux moulages les plus fins puis, une fois le plâtre durci, on se débarrassait du moule en plaçant le tout à nouveau dans l’eau chaude.

Tout trucage semblait à priori exclu car, disait-on, les mains de plâtre ainsi obtenues étaient non seulement d’un format plus petit que celui d’une main adulte, mais leurs doigts étaient à ce point courbés qu’il aurait été impossible de les retirer d’un moule en paraffine sans casser celui-ci. Il

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semblait donc bien que les mains à l’origine de ces moulages ne pouvaient que se dématérialiser pour se libérer de la paraffine...

Je dois à l’obligeance d’Yves Lignon d’avoir pu consulter sur ce sujet une importante collection de textes publiés dans le Journal of the Society for Psychical Research entre 1992 et 1998. Ces articles et ces échanges de correspondance forment, ensemble, une sorte de controverse écrite sur le sujet.

J’avoue que la lecture de tout cela ne m’a pas permis de trancher, dans un sens ou dans un autre, avec certitude.

En effet, j’y ai trouvé, en quelque sorte, tout et son contraire. Aux affirmations les plus péremptoires des uns s’opposent celles des autres tandis que les interrogations ou les incertitudes restent multiples...

Ainsi, par exemple, il apparaît que la très faible épaisseur prétendue des moules de paraffine varia pourtant considérablement selon les auteurs, ce qui n’est pas sans conséquence quant à la manière dont ces moules auraient pu être réalisés. La taille des mains ne semble pas davantage certaine. Quant au descriptif des expériences et des conditions dans lesquelles elles se firent, on peut dire qu’on peut faire mieux ! Surtout, il apparaît qu’avec un peu de doigté (c’est le cas de le dire) et quelques “trucs” simples, il est parfaitement possible de se dégager d’un moule en paraffine sans le rompre, même si les doigts sont courbés au point de former de véritables “crochets”. Des expérimentateurs sceptiques ont eu la curiosité de tenter l’expérience et d’en soumettre les résultats à l’appréciation de chacun. Cela anéantit d’un seul coup l’argument qui paraissait, de prime abord, le plus favorable à une nécessaire “dématérialisation”. On peut ajouter à cela que, pour des raisons anatomiques évidentes, les moulages des pieds semblent encore plus facilement réalisables que ceux des mains sans qu’il soit nécessaire de songer à une “dématérialisation”. D’autres indices troublants doivent être signalés : par exemple, il est possible, vu la manière dont certaines expériences furent conduites, que les moulages ou même de fausses mains aient été fabriqués préalablement par le médium et apportés par lui le jour de la démonstration à laquelle il s’était prêté. Plus grave encore, peut-être, il apparaît qu’aucun véritable spécialiste en anatomie n’a examiné les moules originaux, ce qui aurait pu fournir de précieuses indications quant à l’origine réelle des “matérialisations”...

Bref, voilà une affaire dont on a beaucoup parlé, qui sert encore aujourd’hui d’argument en faveur des “matérialisations” et dont il apparaît finalement qu’on sait peu de chose avec certitude. C’est navrant, d’autant plus que le sujet aurait mérité d’être traité, à l’époque, avec beaucoup de rigueur. Et c’est comme souvent dans le cadre d’un débat sur un fait parapsychologique supposé : on reste sur sa faim avec l’impression désagréable que l’on a pu passer à côté de quelque chose... [email protected] LES OBJETS PARANORMAUX PERMANENTS (OPP) DE FRANEK K LUSKI.

The Kluski's Permanent Paranormal Objects (PPO).

Michel GRANGER.

Obtenus voilà 80 ans, les "moulages ectoplasmiques" réalisés grâce au médium polonais Teofil Modrzejewski, plus connu sous son pseudonyme de Franek Kluski, constituent des objets

paranormaux permanents (OPP) (1), comme les nomment opportunément les Anglo-Saxons. Ils sont encore aujourd’hui discutés, ce qui est légitime tant leur réalité est lourde de conséquences ; mais malheureusement, souvent, bien trop superficiellement... Il faut dire qu’ils constituent un véritable défi à l’entendement de ceux pour qui la grande énigme ectoplasmique du début du siècle dernier n’a pu être qu’un épisode honteux et à oublier de la parapsychologie balbutiante. Pourtant, l’examen attentif (mais il faut s’en donner la peine) des

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documents existants qui concernent ces OPP de F. Kluski fournit amplement, selon moi, les arguments de la validation de leur caractère paranormal.

La technique d’obtention des moules d’entités fantomatiques fut introduite aux Etats Unis en 1826 par W. Denton, professeur de géologie à Boston ; elle consistait à utiliser les propriétés de prise en masse (passage de liquide à solide à température ambiante) de la cire de bougie (paraffin wax) fondue pour faire des empreintes de fantômes partiellement matérialisés ; et ce en usant justement du fait qu’il leur était possible de sortir du moule en se "dématérialisant" contrairement à ce qu’aurait pu faire le membre solide du médium lui-même ou d’un comparse. Ainsi pensa-t-on apporter une indiscutable preuve de la non intervention du médium et une authentification de l’immatérialité des formes ectoplasmiques.

Voici le mode opératoire utilisé décrit par le Colonel N. Okolowicz, un ami de Kluski, organisateur de sessions aussi bien à Paris qu’à Varsovie.

"Un récipient contenant de la paraffine fondue (point de fusion de 51-55°C selon la composition en hydrocarbures), posé sur un bain -marie, est placé près du médium. Il est demandé au fantôme matérialisé corporellement d’immerger un court instant une main, un pied ou même une partie de son visage dans la cire fondue. Un moule exact du membre immergé est formé au contact de l’air ou de l’eau froide dont un container est placé à proximité. Quand le membre du fantôme se "dématérialise" il laisse le moule. Du plâtre de Paris est alors coulé dedans et lorsque celui-ci s’est solidifié, le tout est plongé dans l’eau chaude : la paraffine fond. De la sorte, des formes exactes du

corps du fantôme sont obtenues" (2) .

Ainsi - ou avec une variante (utilisée par le docteur Gustave Geley à l’Institut Métapsychique

International (I.M.I) en 1920-21) où la paraffine est coulée directement dans l’eau chaude en surface

de laquelle, liquide, elle surnage - ont été fabriqués, par trempage successifs (une à trois fois), ces

moulages conservés pieusement à Paris (3) ou au British College des Sciences Psychiques de

Londres (Holland Park).

Les extrémités humaines ectoplasmiques évanescentes (sans corps au bout) naissaient d'un

brouillard flottant autour de la tête du médium, se condensant en formes lumineuses avant de se muer en mains parfaites, qui s'agitaient dans la pièce sombre où se déroulait la séance et frôlaient les visages des assistants...

Le Dr Geley, témoin, décrit : "Les mains se promenaient devant nos yeux, plongeant dans le baquet, barbotaient une fraction de minute, en ressortaient toujours lumineuses et venaient finalement

déposer les moules encore chauds sur les genoux d'un assistant" (4). Bien sûr, les propres mains du médium étaient tenues par un membre de l'I.M.I et c'était même souvent M. Geley lui-même qui exerçait ce contrôle.

S. De Brath, ami du Dr Geley, dit qu’il a pu voir 28 de ces moules auxquels la paraffine adhérait encore : "C’étaient de simples mains, ouvertes, fermées ; deux mains serrées ensemble,

certaines masculines, d’autres féminines" (5).

Sont-ce des objets paranormaux permanents ? Oui puisqu’il est impossible, en effet, de réaliser de si délicats objets - les moules - par des moyens normaux. Une main humaine n'aurait pu s'en extraire sans les détériorer car la couche de paraffine ne dépassait pas 1 mm d'épaisseur ! La manœuvre n'aurait pas manqué de les déchirer, surtout au niveau du rétrécissement du poignet et quand les doigts étaient repliés ou enchevêtrés, ce qui était fréquent.

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Seule solution : l'ectoplasme d'abord "matérialisé" en forme de main, y compris parfois les empreintes digitales, s'était, après trempage dans la paraffine et solidification de celle-ci, "dématérialisé" laissant intacte ces preuves palpables d'une faculté humaine dite paranormale.

N'ayant jamais vu que des photos de ces moulages j'appuie ma conviction en faveur de ces OPP sur les travaux de deux chercheurs dont les avis sont, selon moi, propres à emporter l’adhésion. L’un a vu, l’autre a étudié le processus de "fabrication paranormale" des moules et ne peut être taxé de crédule.

Le premier est le regretté Professeur Robert Tocquet, dont on ne peut pas dire qu’il était facile de le berner quand on sait qu'il était un illusionniste amateur de grand talent. Dans une lettre datée du 18 février 1992, il m'écrivait : "J'ai participé autrefois à l'obtention de moulages ectoplasmiques grâce à la médiumnité de Franek Kluski et ai expérimentalement démontré leur authenticité paranormale". Je pense qu’il y a là un argument de poids en faveur de l’obtention médiumnique des moules de

Kluski qui vaut bien mieux que toute assertion d’arrière garde formulée après 80 ans (6).

Le second avis est celui de M. David Fontana, Vice Président actuel de The Society for Psychical Research (SPR), la célèbre institution britannique (fondée en 1882) de recherches en parapsychologie.

Les doutes des détracteurs des moules se sont surtout centrés sur le fait de savoir si des contrefaçons peuvent être fabriquées par des procédés ordinaires ; et d’ingénieuses possibilités ont été évoquées voire expérimentées : depuis la laborieuse méthode du garrot (dite, en anglais, "the

tourniquet méthod" (7) ), tablant sur un gonflement/dégonflement des veines, jusqu’aux hypothèses grotesques telles que l’utilisation de mains de cadavres (sic).

Mais il y a eu aussi les critiques ouvertes par rapport aux conditions imposées à Kluski qui

pourraient ne pas donner toutes les garanties contre la possibilité de fraude du médium (8). Le Dr M. H. Coleman, de Bedford, fait partie de ceux qui ont mis en cause la confiance qu’on peut accorder au

Dr Geley (9). Dans une lettre qu’il m’a adressée le 07 février 1992, il argue du fait qu’ayant obtenu la certitude que Geley n’a pas bien surveillé le médium Eva. C (il aurait trouvé des incohérences entre le contenu des comptes-rendus et les photos prises), il n’y a pas de raison de penser qu’il a été plus fiable avec Kluski. Et de réclamer des preuves écrites suffisamment détaillées, dans les comptes rendus de séances de Paris, pour éliminer ces pratiques proposées de fabrication des moules par des

moyens normaux (10).

C’est David Fontana, qui justement, avec tout le poids de son titre, les a apportées en

1998(11) ces preuves. Selon lui, même si le Dr Geley ignorait que les moules étaient "faisables" par des moyens normaux, il avait pris des précautions qui en excluent l’exécution.

M. Fontana énumère un certain nombre de conditions opératoires, clairement rapportées par

les participants, qui, combinées entre elles, éliminent définitivement la possibilité de fabrication frauduleuse :

- distance entre la médium et le baquet de paraffine, - mains du médium immobilisées par des investigateurs expérimentés, - manque de place dans le laboratoire pour permettre une dissimulation éventuelle, - fouille préalable des lieux et du médium.

Impossible donc d’introduire un enfant à la barbe des expérimentateurs comme l’ont suggéré

justement en 1997 les membres du comité italien pour le contrôle des expériences paranormales (12). L’introduction subreptice de colorants et substances chimiques (révélées plus tard dans le moule) en secret dans la paraffine, à l’insu du médium, met aussi à mal l’hypothèse selon laquelle des moules fabriqués hors séances étaient apportés. Rien n’est dit, en revanche, sur la présence de poils arrachés dans la paraffine solidifiée et non repartis en fumée (!) sur laquelle l’attention mériterait mieux, à mon sens, d’être focalisée, s’il s’avère que l'information est bien exacte. J’en cherche toujours la source.

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Fontana invitait tous ceux qui doutent de l’authenticité des moules de Kluski à les reproduire eux-mêmes par des moyens normaux dans les conditions décrites par le Dr Geley et ses collègues. Pour lui, c’est la clé du problème. Je ne doute pas que la SPR, si elle avait été avisée, depuis, d’une telle possibilité en aurait fait état dans son "Journal" ; or rien de tel n'a été publié.

Et de conclure sur une citation du Dr Geley : "Tous ceux qui ont participé avec nous à ces expériences savent bien qu’il n’y a pas eu de fraude et que notre confiance en l’honnêteté de M. Kluski n’a jamais été bafouée. Nous savons aussi que notre contrôle au plus près ne permettait pas la fraude".

Il ressort de cette brève analyse et de ma conviction intime que les moules de Franek Kluski répondent bien à ce qu’on entend par OPP. Ils en sont même ce qu’il y a de mieux en la matière... si j’ose dire. NOTES ET RÉFÉRENCES. (1) Au même titre que les anneaux de bois encastrés de Slade, les fils de métal torsadés des "metal benders", deux carrés de papier et d’aluminium "enchevêtrés" par le médium suisse Silvio Meyer etc. (2) Norbert Okolowicz : "Wspomnieniaz seansow’s medium Frankiem Kluskim (Souvenirs de séances avec Franek Kluski)", Ksiaznica Atlas, 1926, Varsovie. (3) Institut Métapsychique International, 51 rue de l'Aqueduc, 75 010 Paris, www.IMI-paris.org (4) Gustave Geley : "L’ectoplasmie et la clairvoyance", Librairie Félix Alcan, 1924. (5) Stanley De Brath : "Psychical Research Science and Religion", Methuen & C°. Ltd, London, GB, 1925. (6) Robert Tocquet a donné un compte-rendu détaillé des expérimentations auxquelles il fait allusion dans "Les pouvoirs secrets de l'homme", Productions de Paris, 1963. Des versions abrégées de cet ouvrage ont été publiées ultérieurement dans les collections Encyclopédie Planète et J'ai Lu – L'Aventure Mystérieuse sous les titres respectifs "Le bilan du surnaturel" et "Les mystères du surnaturel". (7) British Journal of Psychical Research, 1, (11), 340, et 2, (13), 13, 1928. (8) Ces "garanties" n’existeraient pas pour les moules obtenus par les médiums Margery et Mrs Crandon. (9) Journal of the Society for Psychical Research, 56, (820), 254, juillet 1990. (10) A noter que certains moules portaient des empreintes qui n’étaient pas celles de Kluski, selon l’expertise du bureau d’identification criminelle de Paris. (11) "Spirit moulds : observations on Kluski and his critics", Journal of the Society for Psychical Research, 63, (853), 43, octobre 1998. (12) M. Polidoro & L. Garlaschelli : "Spirit moulds: a practical experiment", Journal of the Society for Psychical Research, 62, (848), 58, juillet 1997. [email protected]

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LIVRES RÉCENTS.

Recent books. Ouvrages présentés par ordre alphabétique des noms d'auteurs.

1. PARAPSYCHOLOGIE. Pascale Catala : "Apparitions et Maisons Hantées", Presses du Châtelet, 2004. Fantômes, revenants et autres esprits frappeurs n'ont pas disparus de nos sociétés modernes. Pas plus que les apparitions de type religieux ou les croyances de nature spirite. Projections de l'inconscient, hallucinations pures et simples, ou bien manifestations d'une réalité subtile ? Dans son livre Pascale Catala explore les différentes pistes qui s'offrent à tout esprit rationnel, mais non rationaliste, pour tenter de comprendre l'origine et la signification de ces manifestations. Son grand mérite est de présenter de nombreux cas, célèbres ou moins connus, et de détailler à la fois les méthodologies d'enquêtes, de recueil de témoignages, les "grilles de lecture" psychologiques, mais aussi les réflexions scientifiques "alternatives" qui tentent de rendre compte de phénomènes dont l'existence même ne peut être mise en doute. L'auteur, dans le style clair et concis qu'on lui connaît, évoque également l'évolution de ces phénomènes et de leurs interprétations à travers les grandes périodes historiques. Manifestations d'entités subtiles, états modifiés de conscience, pouvoirs inconnus du psychisme…, nul ne peut prétendre détenir l'explication qui mettrait un point final aux spéculations. Pascale Catala encourage chacun à garder l'esprit ouvert et à privilégier le questionnement spirituel en s'attachant au sens dont sont porteuses ces manifestations. L'ouvrage s'accompagne d'une analyse fort pertinente du Dr Philippe Wallon, répartie en une courte préface et une longue postface. On trouvera également un cahier central d'illustrations, un lexique des mots-clés, un index et une bibliographie complète qui rendent ce livre indispensable à ceux qui s'intéressent à ces questions hors de tout dogmatisme spirituel ou scientifique.

Jocelyn Morisson. Ajoutons que sur un sujet à propos duquel tout un chacun a peu ou prou une opinion le livre de Pascale Catala est profondément novateur. Contrairement a la plupart des auteurs qui l'ont précédée (célèbres comme Camille Flammarion et Emile Tizané ou injustement oubliés tel Pierre Devaux qui a publié en 1954 "Les fantômes devant la science", éditions Magnard) elle ne se contente pas de récits circonstanciés visant à montrer qu'il y a bien problème mais, ainsi que le note ci-dessus Jocelyn Morisson, procède à de véritables études de cas (sans se restreindre aux affaires trop connues parce que souvent traitées) en choisissant systématiquement une perspective pluridisciplinaire. Pascale Catala est ainsi la première à couvrir un champ qui va de la réflexion philosophique à la question toute simple mais pas toute bête : "Comment réagir si cela vous arrive ?".

Y.L. Bertrand Méheust : "Un voyant prodigieux, Alexis Di dier (1826 -1886)", Les Empêcheurs de Penser en Rond, 2003 . C'est peut être parce qu'ils ont été contemporains (et d'ailleurs décédés la même année) que la place prise, dans la littérature parapsychologique, par Daniel Douglas Home a rejeté en partie dans l'ombre Alexis Didier. L'ouvrage de Bertrand Méheust, qu'on pourrait qualifier de "biographie analytique", est en effet la première véritable étude publiée sur ce "médium" français. Le livre est divisé en trois parties : "La saga d'Alexis racontée", "La saga d'Alexis commentée" (dans laquelle les faits et gestes sont abordés successivement des points de vue de l'Histoire, des contemporains et de la littérature avant un premier chapitre de discussion). Enfin "La clairvoyance d'Alexis passée au crible". On appréciera le vivant du récit, l'érudition de l'auteur mise au service de sa rigueur et de son honnêteté lors du "passage au crible" (voir par exemple, p. 249-269, la très fine étude de l'expertise de Robert- Houdin avec réfutation des arguments de l'illusionniste sceptique Michel Seldow ainsi que l'intégralité du débat contradictoire qui fait l'objet du chapitre II de la troisième partie). Celles et ceux

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qui connaissent déjà B. Méheust ne seront pas surpris en constatant que ce livre, qui se lit donc comme un roman, est surtout une oeuvre de philosophe. Les autres découvriront avec intérêt un exceptionnel dynamisme intellectuel qui s'exprime à plein dans le chapitre III de la troisième partie et dans l'épilogue. Cette conclusion – intitulée, on ne peut plus explicitement, "Les enjeux de la divination" - permet, à qui jusque la en aurait tout ignoré, de découvrir quelle est la nature exacte du défi lancé au scientisme par le paranormal. Bertrand Méheust : "Devenez savants, découvrez les sorciers (Lettre à Georges Charpak)", Co-édition Dervy - Sorel, 2004. Le dernier ouvrage de B. Méheust donne à qui vient de lire l'envie de crier à tous les échos :"Courez chez votre libraire". Dans le style agile et brillant qu'on lui connaît et une langue que son classicisme rend très accessible, sans céder à la tentation de la polémique ni manifester d'intolérance, avec au contraire un profond respect de l'interlocuteur désigné dans le sous-titre, Méheust analyse le contenu d'un livre qui a connu le succès en 2002. S'appuyant sur sa vaste culture philosophique et scientifique, utilisant sa connaissance approfondie d'une riche documentation il démontre ainsi que la forteresse n'était que de carton-pâte, peut-être même seulement bâtie de cartes à jouer, mais termine par une proposition constructive à laquelle on ne doute pas que le destinataire de sa Lettre - dont le souci d'éducation est bien connu - donnera suite. Une première annexe consacrée à l'ouvrage de Jean Clair : "Du surréalisme considéré dans ses rapports au totalitarisme et aux tables tournantes" (Mille et Une nuits, 2003) (*) montre comment se répandent et s'implantent les idées fausses telle celle qui fait de Richet un spirite repenti. Dans le même ordre d'idées la seconde annexe (écrite par Gregory Gutieriez) explique pourquoi certaines critiques, très diffusées, portées sur les recherches de Rhine ont en réalité un caractère anecdotique ou sont dépourvues de fondement. (*) Cet auteur se réfère à plusieurs reprises au livre de Pascal Le Malefan : "Folie et spiritisme" (L'Harmattan, 1999) auquel il emprunte idées reçues et contre-vérités. Sur le même thème : "Devenez pédants c'est pas sorcier" de Jean-Charles et Jean-Yves Normant, France Europe Editions, 2003. Jocelyn Morisson : "La voyante et les scientifiques ", préface de B. Méheust, Les 3 Orangers, 2004. Les lecteurs de R.F.P sont les premiers à savoir que la pratique de la voyance est devenue un fait social dont l'importance ne se discute plus aujourd'hui. Ils ignorent encore moins que la communauté scientifique n'est pas unanime à propos de la réalité objective du "don de voyance". Ce constat sert de fil rouge au premier livre d'un auteur dont on a déjà pu voir la signature dans plusieurs revues médicales, "VSD Hors Série", "Nouvelles Clés" et récemment dans "Le Monde des Religions". Partant du cas de Yolande Dechatelet, et racontant l'histoire de cette voyante toulousaine atypique qui cherche à rencontrer les scientifiques plutôt qu'a les fuir, Jocelyn Morisson en vient ensuite aux recherches contemporaines sur les phénomènes parapsychologiques en général. Ces travaux scientifiques sont alors présentés dans une perspective synthétique et leur contenu est rendu facilement accessible aux non-spécialistes. L'approche, qui est celle d'un journaliste particulièrement exigeant sur le plan de la déontologie, et la documentation fournie, importante et rigoureuse, font de la lecture de cet ouvrage une excellente initiation à la parapsychologie scientifique. Jean Morzelle :"Témoignages d'éternité", préface d' E.S. Mercier, postface de J. Morisson, Aquarius, 2003.

Récits de NDE dont celui, exceptionnel, rapporté par l'auteur lui-même.

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Erik Pigani : "Channels, les médiums du Nouvel Age" , Presses du Châtelet, 2003.

Enquête aux U.S.A. dans les milieux pratiquant ce qui pourrait être une forme moderne de spiritisme. Version augmentée de l'ouvrage paru sous le même titre en 1989. L'auteur, journaliste au magazine "Psychologies", a déjà publié : "PSI, enquête sur les phénomènes paranormaux", Presses du Châtelet, 1999. Marie-Monique Robin et Mario Varvoglis : "Le sixièm e sens. Science et paranormal", Éditions du Chêne, 2002. Mme Robin, Prix Albert Londres, est connue pour la qualité de ses reportages télévisés portant sur des sujets dits "sensibles" et on ne présente plus Mario Varvoglis, actuel président de l'Institut Métapsychique, chercheur scientifique de premier plan, formé aux U.S.A. La réunion de leurs compétences a donné un ouvrage de grande qualité - qui est aussi un "beau livre", riche en illustrations rares - proposant une vue panoramique de la parapsychologie scientifique.

Jean-Paul Thénot : "Les Sorciers face à la science, (Les phénomènes paranormaux : faits et preuves)", Presses du Châtelet, 2004.

Cet épais (600 pages) et consistant ouvrage d'un Docteur en psychologie clinique apporte une autre forme de réponse à la sommité à laquelle s'adresse B. Méheust dans "Devenez savants..." . Le texte est divisé en 7 parties. Dans les trois premières l'auteur fait le point sur l'évolution historique des positions idéologiques à l'égard des faits paranormaux et rappelle à son tour l'importance et la qualité des recherches expérimentales auxquels ils ont donné lieu depuis le 19ième siècle. Ensuite, en s'appuyant notamment sur la physique quantique, J. P. Thénot montre comment de nouvelles manières de penser fournissent un cadre permettant de comprendre pourquoi les phénomènes paranormaux n'ont rien d'irrationnel. Le livre se termine par 35 pages de notes, 20 pages de références bibliographiques et deux listes donnant les titres de journaux scientifiques traitant du paranormal et les noms d'organismes de recherche scientifique (avec un paragraphe consacré à ceux ayant une orientation dite "sceptique").

2. DOMAINES CONNEXES.

Michel Granger et Jean Moisset : "Coïncidences. Has ard ou destin ? ", Trajectoires, 2003. La synchronicité présentée à partir de l' analyse de plusieurs centaines de cas. Michel Granger : "Mutilations de bétails", JMG Edit ions, 2003.

Version très augmentée et réactualisée d'un ouvrage paru pour la première fois il y a vingt ans. Depuis les années soixante-dix, quelque douze mille têtes de bétail ont été abattues, mutilées et privées de leurs organes essentiels dans des conditions qui n'ont jamais été élucidées. Le phénomène a vu le jour dans le Middle-West américain avant de toucher tout le territoire des U.S.A puis de gagner l'Europe. Aucune explication satisfaisante n'a été apportée.

Nine Laugt. : "La Porte Blanche", Les 3 Orangers, 2 003.

Autobiographique. Une NDE et ses suites. Récit d'une qualité littéraire exceptionnelle

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Pierre Lunel : "Les guérisons miraculeuses", Plon, 2003.

Une approche qui se veut scientifiquement à la fois "dure" et audacieuse. Melvin Morse : "La divine connection", Le Jardin de s Livres, 2002.

A partir de ses études sur les NDE chez les enfants le Dr Morse développe ici deux thèses portant sur l'idée de Dieu et la notion de souvenir. Couverture tirant trop vers le sensationnel. Thierry Murcia : "Jésus, les miracles élucidés par la médecine ", Carnot, 2003.

T. Murcia a déjà publié "Sur la réalité historique des miracles de Jésus" (R.F. P. vol 1 –3,4. 2000). Son livre, qui a bénéficié de plusieurs critiques favorables dans la presse magazine, doit être prochainement traduit aux U. S. A.

David Servan-Schreiber : "Guérir", Robert Laffont, 2003.

L'émergence d'une nouvelle médecine. Rupert Sheldrake : "Le Septième Sens", Le Rocher, 2 004. Rupert Sheldrake, dont les travaux académiques ont assis la réputation de biologiste, est depuis longtemps partisan de la nécessité d'une approche scientifique non dogmatique des phénomènes "paranormaux". Avec cet ouvrage il poursuit sa publication de textes vulgarisateurs. Ian Stevenson : "Réincarnation et Biologie", Dervy, 2002. Professeur de psychiatrie à l'Université de Charlottesville,Virginie, U.S.A est connu pour avoir étudié des récits d'"existences antérieures" recueillis dans plusieurs régions du monde. Il a tiré de ses enquêtes sept livres dont deux seulement ont été précédemment publiés en français. Celui-ci est la traduction de la version abrégée de "Réincarnation and Biology : a contribution to the etiology of birthmarks and birth defects", (2 vols.), Praeger, Westport, CT, U.S. A., 1997. 3. UFOLOGIE. Gildas Bourdais : "Roswell, enquêtes, secret et dés information", JMG éditions, 2003. Le dernier livre de l'un des meilleurs spécialistes français du fameux "crash" (?) Francois Parmentier : "Ovnis : 60 ans de désinforma tion", Le Rocher, 2004. Selon la thèse de l'auteur il existerait, à propos des Ovnis, un processus de désinformation organisé au plus haut niveau politique avec la participation, volontaire ou non, de certains scientifiques. Claude Poher : "Gravitation : Les universons, éner gie du futur", Le Rocher, 2003. Propositions théoriques par le premier chercheur du C.N. E. S. s'étant intéressé au problème OVNI.

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Jean Jacques Velasco : "Ovnis : l'évidence", Carnot , 2004. Ingénieur au C.N.E.S., très favorablement connu dans les milieux de l'ufologie scientifique internationale, J.J. Velasco présente ici des documents suffisant pour établir, selon lui, la réalité du phénomène et argumente en faveur d'une hypothèse explicative particulière.

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NÉCROLOGIE.

Obituary. ROBERT MORRIS (9 juillet 1942 - 12 août 2004).

Robert Morris est mort brutalement à son retour de la Convention de la Parapsychological Association qui venait de se tenir à Vienne (Autriche). Il dirigeait le Laboratoire "Koestler" de Parapsychologie de l'Université d'Edimbourg depuis son ouverture en 1985. Ce laboratoire a été fondé grâce à un legs du célèbre romancier Arthur Koestler.

De nationalité américaine Robert Morris, docteur en psychologie de la Duke University (1969), occupait un poste de chercheur à l'Université de Syracuse lorsqu' Edimbourg a fait appel à lui. Ses premiers résultats marquants ont été obtenus lors d'études sur la "sortie hors du corps" mais dès son arrivée en Europe il allait s'intéresser à la télépathie en état altéré de conscience en reprenant les protocoles expérimentaux de type "Ganzfeld" déjà employés par Charles Honorton, lui aussi trop tôt disparu et qui a été l'un des plus brillants et des plus novateurs chercheurs en parapsychologie de la fin du XXème siècle.

Pour le non-spécialiste ces expériences "Ganzfeld", techniquement assez complexes, ont ceci de remarquable qu'elles ont donné lieu (ailleurs qu'en France du moins) à de véritables débats scientifiques, donc sans polémique et dans le respect des personnes, avec ceux qui se qualifient de "sceptiques" plusieurs de ces derniers reconnaissant d'ailleurs que les résultats posaient bien un problème.

Contrairement à ce qu'a écrit à tort "Le Figaro" du 19 août 2004 Robert Morris n'est pas "l'un des pères fondateurs de la parapsychologie" (il lui aurait fallu pour cela vivre cent ans plus tôt) mais en dirigeant des programmes de recherches profondément originaux il a contribué à l'élaboration de nouvelles problématiques et permis ainsi à la parapsychologie de rendre de moins en moins contestable son statut de discipline scientifique. On peut, par conséquent, souscrire sans hésiter à la déclaration de Mario Varvoglis, président de l'Institut Métapsychique : "C'était l'une des plus grandes figures de la parapsychologie moderne et certainement le parapsychologue le plus influent en Europe ces vingt dernières années".

Ayant eu l'occasion de rencontrer quelquefois Robert "Bob" Morris lors de colloques (et même de dormir dans le même hôtel que lui) j'ajouterai, à titre personnel, que ce grand savant était un homme simple et très ouvert mais aussi un joyeux compagnon pour qui la pratique de la science ne pouvait être rébarbative ni se concevoir sans enthousiasme, modestie et capacité de se remettre en question.

Y.L. ELISABETH KÜBLER-ROSS (8 juillet 1926- 24 août 2004).

La psychiatre et thanatologue suisse Elisabeth Kübler-Ross s'est éteinte à Scottsdale (Arizona) le mardi 24 août 2004, à l'âge de 78 ans. Elle était très diminuée physiquement ces dernières années suite à plusieurs attaques cérébrales.

Née en Suisse près de Zurich en 1926, Elisabeth Kübler avait gagné les Etats-Unis à la fin des années 50 après avoir obtenu son doctorat en médecine à l'université de Zurich. C'est au cours de la seconde guerre mondiale qu'elle confirme sa vocation de soignante en s'occupant de réfugiés du régime nazi. Elle visitera ensuite le camp de concentration de Majdanek et décidera d'embrasser la carrière médicale contre l'avis de son père.

Elle épouse le Dr Emmanuel R. Ross en 1958 et quitte l'Europe pour étudier la psychiatrie à Denver, puis New York. Nommée professeur-assistant à Chicago en 1965, elle commence à s'intéresser au sort des patients en fin de vie. Comme avant elle la médecin britannique Cicely

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Saunders, qui "invente" les soins palliatifs en Europe, Elisabeth Kübler-Ross découvre par la voie psychiatrique le véritable sens du mot "euthanasie" : adoucir la mort, et non forcément abréger la vie. Les Dr Saunders et Kübler-Ross ont toutes deux débuté en tant qu'aides-soignantes, et ont été confrontées aux mêmes souffrances pendant la guerre, comme le souligne le journaliste Patrice Van Eersel dans "La Source Noire" (Grasset, 1986) et "Réapprivoiser la Mort" (Albin Michel 1997). Il leur aura fallu devenir médecin pour faire évoluer les pratiques et les conceptions. Cicely Saunders montre que la lutte contre la douleur est indispensable et elle refuse les préjugés sur la toxicodépendance des souffrants. Elisabeth Kübler-Ross, pour sa part, théorise le processus du "mourir" en une suite de cinq étapes symboliques qui sont, pour tout ou partie, traversées par le mourant : le refus, la colère, le marchandage, la dépression, l'acceptation. Or, elle met en évidence que le fait d'aider le mourant à compléter ce parcours psychique lui permet de régler des conflits irrésolus. Ce processus profite grandement au patient lui-même, qui trouve paix et sérénité avant de franchir le seuil, mais il contribue aussi de façon cruciale à l'acceptation du départ par les proches. On aurait cependant tort de n'y voir qu'un processus psychique, car les effets sur la douleur d'un tel travail sont amplement démontrés.

Ces travaux vont lui valoir une notoriété internationale, notamment grâce au livre "On Death and Dying" paru en 1969 (traduit en français en 1975 sous le titre "Les Derniers Instants de la Vie", Labor et Fides). Mais elle ne s'en tient pas là et poursuit ses investigations du côté des "visions des mourants". Elle va ainsi se trouver à l'origine de la formidable redécouverte des Expériences de Mort Imminente (EMI, ou NDE pour Near-Death Experience).

Elle en tire la conviction que la mort n'est pas la fin mais une étape vers un autre niveau de conscience. Elle consacrera le reste de sa vie à l'accompagnement de mourants en créant des centres notamment pour des bébés malades du sida, s'attirant ainsi la haine de fondamentalistes illuminés qui la harcèleront et incendieront sa propriété en 1994. Elle prendra sa retraite professionnelle l'année suivante pour se consacrer à la rédaction de ses mémoires ("Mémoire de vie, mémoires d'éternité", Jean-Claude Lattès 1998). Elle venait d'achever un dernier livre avant de s'éteindre, aidée par son collaborateur et ami David Kessler, intitulé "On Grief and Grieving" (grief = chagrin, douleur, to grieve = pleurer [quelqu'un]).

Les dernières années de sa vie auront également été consacrées à l'affirmation de sa spiritualité, à l'attente sereine d'une mort ré-apprivoisée. Mais cela n'a pas été dans la douceur puisqu'elle était partiellement paralysée et dépendante depuis 1996. Elle qui pesait à peine un kilogramme à sa naissance, fruit d'une naissance de triplées, écrivait en 1997 qu'elle était prête à "quitter son corps". Elle se disait en contact avec des "guides spirituels", ce qui a bien sûr conduit à la décrédibiliser aux yeux des scientifiques bien-pensants, amenant le quotidien "Le Monde", dans son édition du 28 août 2004, à mentionner les "digressions ésotériques" de ses derniers ouvrages, qui entraînaient l'incompréhension de "nombre de ses collègues et élèves" devant "l'évolution de sa réflexion".

Le magazine "Time" l'a classée en 1999 parmi les 100 personnalités scientifiques et penseurs du 20ème siècle, mais son message outrepassait largement le cadre des sciences et des religions ; c'est d'ailleurs en cela qu'il est qualifié d'ésotérique. Qu'on en juge : "Tous les êtres proviennent de la même source et retourneront à la même source." "Nous devons tous apprendre à aimer et à être aimés de manière inconditionnelle." "Les plus grandes bénédictions viennent toujours de l'aide apportée à autrui." "La seule chose qui soit éternelle est l'amour"…

A l'heure où le ministère de la Santé travaille à une législation encadrant l'euthanasie, celle-ci est toujours présentée comme l'unique moyen d'accompagner les personnes souffrantes en fin de vie. La prise en charge de la douleur a fait des progrès considérables, et l'euthanasie devient alors le moyen d'abréger des souffrances plus psychiques que physiques. Pourtant, les soins palliatifs ont eux aussi fait la démonstration de leur efficacité, et du bénéfice qu'en retirent à la fois le mourant, son entourage et le personnel soignant, donc la société toute entière. L'ouvrage de la psychologue Marie de Hennezel, "La mort intime", préfacé par François Mitterrand (Robert Laffont 1995), a grandement contribué à leur reconnaissance. Certes, le développement des soins palliatifs requiert investissements et volonté politique, mais c'est avant tout dans les consciences de chacun que les choix s'opèrent. Le recours à l'euthanasie ne saurait être qu'exceptionnel, alors que l'accompagnement de fin de vie est l'affaire de tous et de tous les jours.

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Ces femmes qui ont ouvert la voie n'ont-elles pas fini de nous convaincre ? Si ce n'est fait, le passage d'Elisabeth Kübler-Ross dans l'autre monde y contribuera sans doute. Selon une théorie "exotico-ésotérique" en effet, l'âme du défunt se fond au sein de la conscience collective, son savoir et sa sagesse profitent alors à l'ensemble des vivants qui en sont influencés via leurs inconscients… Quand bien même il n'en serait pas ainsi, elle nous laisse une œuvre riche (plus de 20 livres traduits dans une trentaine de langues), et un esprit qu'elle a sans nul doute insufflé dans les centaines de conférences ou ateliers qu'elle a animés, les centres qu'elle a créés, les hôpitaux où elle a travaillé, etc.

Jocelyn Morisson. JEAN-PIERRE VIGIER.

C'est en lisant une note rédigée par le Professeur J.C. Pecker que les lecteurs du "Monde", daté samedi 8 mai 2004, ont appris le décès, à l'âge de 83 ans, du physicien Jean Pierre Vigier. Dans son article M. Pecker rend un chaleureux hommage à un chercheur que "Sciences et Avenir" (janvier 2002) rangeait (aux côtés, entre autres, de Jacques Benveniste ou Fred Hoyle) parmi les "hérétiques de la science". Les premières lignes de l'article qui lui a alors été consacré (dossier réalisé par J.P. Lentin) sont significatives :

"J.P. Vigier est-il un savant fou ? C'est ce que pense un bon nombre de ses confrères en France. Est-ce le plus grand physicien français vivant ? C'est l'opinion de chercheurs américains qui ont organisé ces dernières années, trois symposiums en son honneur".

Après avoir participé activement a la Résistance J.P. Vigier adhère, dès la Libération, au Parti Communiste Français (dont il sera exclu une vingtaine d'années plus tard) tout en débutant une carrière militaire qui devait tourner court avec les débuts de la décolonisation. Après avoir obtenu un doctorat de physique et un autre de mathématiques dans des conditions matérielles difficiles (1) il entre au Commissariat a l'Énergie Atomique mais, en raison de ses opinions politiques, se voit refuser le visa qui lui aurait permis de devenir l'assistant d'Einstein. Collaborant alors avec Louis de Broglie il fait, en 1951, la connaissance de David Bohm (2) et s'engage avec lui dans l'opposition à Niels Bohr et à l'Ecole de Copenhague prenant ainsi une position qu'il défendra jusqu'à la fin de son existence :

"C'est le grand combat de ma vie. Le monde est une machine causale. Il existe une réalité, extérieure a nous, avec des trajectoires, des particules dans l'espace-temps, indépendantes du fait que je les observe" (3).

Au cours des années 60 J.P. Vigier sera surtout comme militant politique, notamment en raison de ses prises de position contre l'intervention américaine au Viet-Nam. A la même époque pourtant il commençait de s'opposer a l'hypothèse du Big Bang. Durant la dernière vingtaine d'années il a remis à l'ordre du jour la théorie de l'éther et s'est intéressé également a la fusion froide. C'est après avoir lu un remarquable article publié sur ce sujet par le Professeur Pecker (4) et l'avoir mis en parallèle avec un texte de M. Andry-Bourgeois, traitant de la même question en citant les mêmes travaux expérimentaux (5), mais paru en ... 1927 dans la "Revue Métapsychique" (6) que j'ai essayé, sans succès, d'entrer en relation avec M. Vigier (7) .

Après le fameux "Colloque de Cordoue" les échanges (ca 1980) d'une haute tenue (notamment dans les colonnes du "Monde") entre O. Costa de Beauregard et J.P. Vigier ont confirmé que ce dernier ne se rangeait pas - comme on pouvait d'ailleurs déjà s'en douter –parmi les tenants de l'authenticité des phénomènes parapsychologiques. Par contre, en 1982, son intervention dans l'émission télévisée de Roger Pic : "La parapsychologie a l'université" devait se révéler très décevante.

Il n'en demeure pas moins que les chercheurs en parapsychologie ne peuvent méconnaître les travaux du grand physicien qui vient de disparaître. On pourra donc lire, en première approche, une note de lecture de David Pratt (8) rendant compte d'une compilation réunissant 22 articles : "J.P. Vigier and the Stochastic Interpretation of Quantum Mechanics" (9). On trouve entre autres dans ce texte (dont l'auteur conclut sans hésiter : "Vigier's book is an important contribution to the debate on fundamental aspects of quantum physics") la citation suivante :

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"In my opinion the most important development to be expected in the near future concerning

the foundations of quantum physics is a revival of the ether concept..."... Andry-Bourgeois n'écrivait pas, en substance, autre chose en 1927.

Marie-Christine Lignon. (1) "J'ai même vendu des tracteurs", (Science et Avenir, op.cit.). (2) "Un des plus grands physiciens de l'histoire. C'est aussi le meilleur ami que j'ai jamais eu", (Science et Avenir, op.cit.). (3) Science et Avenir, op.cit. (4) "Des expériences de Michelson a la controverse actuelle sur le Big Bang", Sciences et pseudo-sciences, 240, décembre 1999. (5) Ceux de Michelson et Morley et ceux de Morley et Miller. (6) "Existence de l'éther", Revue Métapsychique, 1927, numéro 6. (7) Cette démarche n'a pas abouti mais très probablement seulement pour des raisons matérielles. Je remercie les membres de l'Association Française d'Information Scientifique qui ont alors bien voulu servir d'intermédiaires. (8) The Journal of Scientific Exploration, 16 -2, Summer 2002. (9) Montréal (Ca), Apeiron, 2000. ISBN 0-968389-5-6. MARCELLO TRUZZI (1935-2003).

Victime d'un cancer, le sociologue universitaire Marcello Truzzi, membre associé de la Parapsychological Association, était connu comme un sceptique non extrémiste. Très attaché au développement des échanges et des discussions entre les parapsychologues et leurs opposants il publiait depuis 1978 "The Zetetic Scholar" après avoir rompu avec la tendance la plus radicale de son courant de pensée. Les débats dont les colonnes de ce journal ont été le cadre ont permis a la recherche en parapsychologie d'effectuer d'intéressants progrès méthodologiques.

Auteur d'ouvrages d'enseignement M. Truzzi a aussi signé (seul ou en collaboration) des livres destinés au grand public dont les titres (tels que "The Complete Idiot's Guide to Extraterrestrial Intelligence", 1999) témoignent à eux seuls de son sens de l'humour. Arrive aux USA en 1940 il etait né en Europe, à Copenhague, dans une célèbre famille d'artistes de cirque et était resté profondément attaché a son milieu d'origine.

D'après James Mc Clenon,"Journal of Parapsychology", vol 67, N° 1, Printemps 2003. MICHEL ROUZÉ.

Le journaliste scientifique Michel Rouzé (de son véritable nom Michel Kokoczynski) est décédé le 18 février 2004 à l'âge de 93 ans. Il était bien connu dans les milieux qui s'intéressent au paranormal comme fondateur, en 1968, de l'Association Française d'Information Scientifique (AFIS), éditrice des Cahiers éponymes devenus la revue "Sciences et pseudo-sciences". Ce journal – dont le titre même suffit pour comprendre que son orientation se situe à l'opposé de celle de "La Revue Française de Parapsychologie" - a publié une note biographique (signée Jacques Poustis) sur M. Rouzé à l'occasion de son quatre–vingt dixième anniversaire. On y apprend que cet homme discret et de grande culture (il parlait couramment - outre le français, l'anglais et l'allemand – le polonais et le

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russe), a pris sans discontinuer le parti du progressisme et de la justice sociale et que ses activités durant la Seconde Guerre Mondiale suffiraient, à elles seules, pour qu'on s'incline devant sa mémoire.

"Grand défenseur du scepticisme scientifique hérité des Lumières et de la démystification des fantasmes érigés en certitudes" (éditorial "Sciences et pseudo-sciences", 240, décembre 1999) Michel Rouzé a certainement été "Le seul journaliste scientifique contemporain à avoir consacré trente ans de sa vie presque uniquement à cette lutte opiniâtre contre les pseudo – sciences" (op.cit.). Malheureusement, contester sa définition de la différence entre "scientifique" et "pseudo-scientifique" contribuait, selon lui, à favoriser la dérive vers l'irrationnel et la régression vers la pensée magique. Une telle prise de position, plutôt dogmatique, rendait difficilement évitables certains affrontements qui ont pris parfois un tour particulièrement violent.

L'incontestable sincérité de M. Rouzé dans son combat contre toutes les formes d'obscurantisme conduit ainsi à déplorer son refus d'accepter qu'on puisse mener une lutte semblable à la sienne tout en considérant le paranormal comme objet de science. Et en prenant pour des adversaires ceux qui auraient pu, malgré les différends, être pour lui des alliés il a - on ne peut que le regretter - oublié à plusieurs reprises que la fin ne justifie pas toujours les moyens.

Commencée avant la guerre dans les quotidiens "Oran Républicain" et "Alger Républicain" (dont il fut rédacteur en chef, aux côtés d'Albert Camus, à partir de 1943) la très longue carrière journalistique de Michel Rouzé, s'est poursuivie, après la Libération, entre autres dans "Ce Soir"- dirigé par Louis Aragon, journal qu'il quitta en 1953 pour incompatibilité politique - et, au cours des années 80 et 90, dans "Science et Vie". Vulgarisateur scientifique il a signé plusieurs livres et collaboré à divers autres. Figurant régulièrement, jusqu'à un âge avancé, au sommaire des revues dites "rationalistes" ("Raison Présente" et "Les Cahiers Rationalistes") on lui doit encore des romans pour la jeunesse.

Y.L. Source : http://www.pseudo-sciences.org/ CHARLES BERLITZ.

Décédé, en Floride, le 18 décembre 2003 à l'âge de 90 ans Charles Berlitz, linguiste éminent, était surtout connu du grand public pour avoir rendu célèbre l'énigme (?) du triangle des Bermudes.

Fervent partisan de l'hypothèse de l'existence d'anciennes civilisations inconnues sur Terre il

était le co-auteur, avec William Moore, du premier livre jamais paru sur le crash d'un OVNI ( ? ) en 1947 à Roswell. Si, sur la forme comme sur le fond, son œuvre est loin de satisfaire aux conditions permettant de la qualifier de scientifique elle a eu au moins le mérite, comme celle de Robert Charroux en France, de susciter la naissance de nombreuses vocations de chercheurs.

Y.L.