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NORDISKT MEDICIHSKT ARlUV. hg. 1892. Nr 24. Becherches cliniques sur le Prnrigo d’Eebra. Par le dr. EDVABD EHLEBS. Chef de cliniqne de dermatologie et de syphiligraphie 4 l’H6pital communal de Copcnhagae. A mes rnaitres, Memieurs BEBNIER et HASLUND. - Modlo: Le ddveloppement de la mddecine moderne, connexe h l’dvolution ginirale den seienees naturellea, n’est dii ni B nn homme ni B nne d&converte particnlibre; tontee les dkeonvertes de ditail ddrivent ellea- mdmee d’nne eonme commune et snpdrieare, le prop& &ndral de la philosophie ffiientifiqne. (Besniw-Doyon. Tradnction de Kaposi. I1 ddit. 11 vol. p. 872.) Du groupe Prurigo, dans le sen8 de WILLAN, HEBRA le phre a skpark un type, aujourd‘hui gdndralement reconnu comme entitd morbide, dksignd sous le nom de prurigo chronique ou habituel, ou par la ddnornination proposke par BESNIER: przl- rig0 #€lebra. L1 est reconnu par tous les dermatologistes, que cette forme morbide est la seule, qui merite et qui doit porter le nom de prurigo, tandis que les formes locales et sdniles eont dksignkes maintenant par le nom de prurit. De l’ancien groupe de WILLAN le prurigo moderne ne com- prend que le prmgo maktis et formicnns. DaprBs la description classique d’Hebra la maladie eat caraotdrisde par l’druption de petites nodules, isoldes, de la grandeur d’un grain de chsnvre, sousdpidermoidsles, presque de la couleur naturelle de le peau, et accompagnkes de fortes ddmangeaisone. Nord. med. arkiv. Brg. 1892. 1

Recherches cliniques sur le Prurigo d'Hebra

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NORDISKT MEDICIHSKT ARlUV. hg. 1892. N r 24.

Becherches cliniques sur le Prnrigo d’Eebra. Par le

dr. EDVABD EHLEBS. Chef de cliniqne de dermatologie et de syphiligraphie 4 l’H6pital communal de

Copcnhagae.

A mes rnaitres,

Memieurs BEBNIER et HASLUND.

- Modlo:

Le ddveloppement de la mddecine moderne, connexe h l’dvolution ginirale den seienees naturellea, n’est dii ni B nn homme ni B nne d&converte particnlibre; tontee les dkeonvertes de ditail ddrivent ellea- mdmee d’nne eonme commune et snpdrieare, le prop& &ndral de la philosophie ffiientifiqne.

(Besniw-Doyon. Tradnction de Kaposi. I1 ddit. 11 vol. p. 872.)

Du groupe Prurigo, dans le sen8 de WILLAN, HEBRA le phre a skpark un type, aujourd‘hui gdndralement reconnu comme entitd morbide, dksignd sous le nom de prurigo chronique ou habituel, ou par la ddnornination proposke par BESNIER: przl- rig0 #€lebra.

L1 est reconnu par tous les dermatologistes, que cette forme morbide est la seule, qui merite et qui doit porter le nom de prurigo, tandis que les formes locales et sdniles eont dksignkes maintenant par le nom de prurit.

De l’ancien groupe de WILLAN le prurigo moderne ne com- prend que le prmgo maktis et formicnns.

DaprBs la description classique d’Hebra la maladie eat caraotdrisde par l’druption de petites nodules, isoldes, de la grandeur d’un grain de chsnvre, sousdpidermoidsles, presque de la couleur naturelle de le peau, et accompagnkes de fortes ddmangeaisone.

Nord. med. arkiv. Brg. 1892. 1

x NOBD. XED. ABK., 1893, N:r 24. - EDVMD EHLEBS.

Souvent le sommet de la petite nodule a Btd enlevd par lea grattages du malade; on voit alors une petite croGte san- guine. L'eMorescence se montre plus forte du cot6 de l'exten- sion des membres en Bpargnant gdndralement compldtement le6 plis articulairee, de meme que la plante du pied et la paume de la main.

La maladie est accompagnde de vives ddmangeaisons (-BA considere le p k t comme un symptame secondaire); et SOUS l'influence des grattages du malade il apparait bient6t sur la peau une efflorescence d'un aspect trhs varid, avec pu- stules (fraiches et crautemes), accidents impdtigineux, echthy- mateux et eczdmatoides, qui sont souvent prddominants dans l'aspect clinique it un tel degrd, qu'ils trompent lee plus drudits.

En connexion avec ces eymptames les ganglions lymphatiques s'engorgent, surtout lee glandes inguinales.

La maladie ddbute le plus souvent dans l'enfance (A rage de 2 it 7 ans), souvent sous la forme d'urticaire et suit son cours pendant toute la vie avec des exacerbations et des re- missions alternatives, s'empirant pendant l'hiver.

Telle au moins est la description donnde par Hebra @re, qui a ddclard la meladie complhtement incurable. l)

J1 d6clare, que sea adversaires, qui l'estiment curable, ne savent pas la distinguer du prurigo pddiculaire et shi l , voire mQme la gale.

A la description clsssique de cette maladie il ajoute encore, qu'elle est m e maladie du proletariat.

La pathologie de cette maladie nous offre encore des quea-

1") si la maladie a rhellement toujours son ddbut dans

2") laquelle est la saison, qui prBeente le plus grand nombre

3) si c'est une maladie du proletariat. 4") si elle est hBrBditaire, ou bien si I'hdrhditB ne joue

5") la question de la curabilitk.

tions ma1 dclairdes A savoir:

l'enfance.

d'exacerbations.

aucun rale pour sa pathogdnie.

1) Wlle wo diems Uebel sich gbzlich involvirt hatte, sind mir wenigstens oiebt bekannt. BEBBA-WOSI: Lehrb. d. Hantkrsnkheiten. I1 Adflage. Erlsngeo 1874. I p. 567.

RECHERCHES CLINIQUES am LE PRUBIGO D’BEBRA.

6.) les papules du prurigo sont elles primaires et precedent ellea le grattage, ou secondaires et un produit des grattages.

et ce qui s’attache intimement a la sixibme question: si la maladie eat a considdrer comme une ndvrose (ndvrodermatite) ou comme une maladie essentielle de la peau.

La socidtB frangaise de dermatologie et de syphiligraphie ayant ddcidd son asaemblke gdndrale de 1891 de consserer une sdance spdciale de la session gdndrale de PPques 1892 une discussion sur le prurigo D’HEBRA, je m’adreasai a mon retour ir Copenhague it mon chef, le prof. HASLUND en lui de- msndant son autorisation d’utiliser les excellentes observationa de son service des 28 dernihres anndes depuis l’inauguration de l’H6pital communal.

M. HASLUND avec beaucoup d‘inter6t et de bienveillance m’a accord4 eon autorisation. J’ai pu alors rdunir tous les cas de prurigo D’HEBRA, traitds pendant ce temps dans le quatribme service de l’hapital communal; j’ai examine et caad lee obser- vations, j’ai dlimind les observations ddfectueuses et douteuses, j’en ai enregietrd d’autres, qui appartenaient dvidemment, daprds les renseignements trouvds, it ladite maladie et j’ai recherchb lee malades dans les registres des archives du bureau de l’hb- pita1 (travail auquel M. FOGTMANN, employd du bureau, a bien voulu me pr8ter 8on assistance).

J’si retrouvd beaucoup de malades sous des diagnostics erronds; le fait s’explique par la raison, qu’antdrieurement les internes avaient le droit de faire passer it leur arrivde lee galeux it la frotte, un droit, dont on a abusd pleinement au prdjudice des malades du prurigo D’HEBRA. Beaucoup de ces malades se cachent aussi sous les diagnostics d‘ichthyose serpentine, de scrophulose, d‘eczdma, d‘echthyma, d’impdtigo.

Aucune maladie n’est plus mdconnue par les mddecins de la ville que le prurigo; c’est presque une raretd de voir entrer les malades sous le vrai diagnostic.

Dane mon travail j’ai exclusivement tenu compte des ob- servations, qui ddmontraient 21 l’dvidence, qu’il s’agissait du purigo D’HEBRA avbrd. Car iL une dpoque antkrieure la d6no- mination de prurigo wait un caractdre plus Btendu; $6 done 6th forcd de rayer un grand nombre d‘observations. J’ai ex- olusivement tenu compte des cas, dans lesquels l’anamnbse et 1’6volution rendaient certain le diagnostic.

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4 N O D . YED. ARB., 1892, N:r 24. - EDVARD EHLERS.

A p r b avoir r6uni toutes les observations, j’ai tent6 de re- voir les malades, de trouver leurs domiciles et d‘apprendre leur sort. Messieurs les externes PERONARD, DREYER, KLEIN et NISSEN, mes trhs z&l6s collaborateurs allaient avec beaucoup de bonne volont6 et d‘assiduit6 de maison en maison, de la cave au gre- nier h la recherche de ces malades, qui appartiennent en grande partie aux desh6rit6s de la soci6t6 et qui ne demeurent jamais plus d‘un mois au m8me endroit.

Pour donner une idbe faible de leurs dXicult6s je citerai ce qui est arrive h M. DREYER, qui recherchait un malade, dont nous soviens, qu’il wait habit6 un an auparavant une maison d6sign6e. Or le plus ancien des locataires ne savait meme pas, qu’une personne du nom recherche avait habit6 la maison, car il y 6tait lui-meme seulement depuis six mois.

Mr. Em&m PETERSEN, pr6fet de police, Mr. STEPHENSEN, oficier de paix et d‘autres autoriths, plusieurs collhgues, mais surtout l’alliance socialiste dBmocratique, ont rivalis6 de zele aimable pour nous aider dans notre travail. Seul le bureau de bienfaieance de l’assistance publique de Copenhague a refuse zt ma demande d‘examiner ses registres.

J’ai r6ussi h me procurer de cette faqon des renseignements BUT 65 malades des 207 que ie recherchais.

Ce nombre n’est pas tres grand, mais pourtant suffisant, comme je le dhmontrerai.

Je dispose de 207 malades, dont 137 du sexe masculin et 70 du sexe f6minin; la maladie est donc deux foisplus frhquertte chez Z’homme que cheE la femme.

Ce resultat s’accorde parfaitement avec les r6sultats acquis jusqu’ici par d’autres auteurs.

I. &uant A la question del’gige de daut de la maladie, =BRA et ses 6lBves l’ont consid6re comme essentiel, que la maladie se declare dans la premiere enfance (h rage de 2 h 7 am).

A diff6rentes occasions BE~NIER et DOYON’) out contest6 ce dogme.

Sur cent malades j’ai eu les renseignements, que leur ma- ladie existait depuis la plus tendre enfance. Pour 107 autres malades l’iige de debut, qui est plus pr6cis6ment indiqu6, varie de quelques jours aprBs la naissance jusqu’h 29 an8 (le plus

1) Tradiiction de KAPOSI: 31slsdiea de la penu. Parirc 1891. I vol. p. 721, note 1.

RECHEKCHES CLINIQUES SUB LE PBURIGO D’HEBRA.

souvent de 2 i 7 am), en moyenne c’est l’Age de 5 ans et demi.

La doctrine D’HEBRA, que la maladie d6bute le plus sou- vent vers I’Age de 2 It 7 ans, et donc juste; mais l’bcole de Vienne a dCcid6ment tort de nier 1e prurigo D’HEBRA, qui ne rev& ses caractkres distinctifs qu’h un Age plus avanc6. J’ai beaucoup de malades, chez lesquels la maladie a debut6 entre YAge de 10 et de 15 am et 9 malades, chez lesquels elle se manifestsit entre l’Age de 15 et 30 am.

Et, je le rdpbte, je suis convaincu, qu’il s’agit 1P de- pru- rigos avbrds.

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11. @ell% est la saison la plus manvaise pour les pmri-

L’opinion commune est, que le prurigo D’HEBRA a’aggrave

Tel eat par exemple I’avia D’HEBRA I) et de KAPO~I. BESNIER et DO YON^) font objecter, que c’est la rhgle ordi-

naire, mais qu’on trouve assez souvent des cas renverds, dans lesquels l’Btd at la saison mauvaise, et des cas indiffdrenta, dans lesquels l’action saisonnikre est peu marqude ou nulle.

Lopinion classique, l’opinion D’HEBRA est en contradiction avec le fait, que tout prurit est empire par le chaleur.

52 de me8 malades se plaignaient dune aggravation saison- nibre assez marquee:

. gineux?

pendant l’hiver.

chez 22 malades pendant l’&B > 20 Y, l’hiver Y, 10 > Y le printernps.

Mais les malades, qui soufiaient le plus pendant l‘hiver donnaient presque toujours pour cause de l’amdlioration pendant l’Btd les bains de mer rhpliers. Donc je suis port6 B croire, que l’BtB est la plus mauvaise saison pour nos malades, lea ddmangeaisons s’accentuant toujours avec la chaleur.

En supposant, que la date de l’entrde It I’hbpital des ma- lades indique une aggravation de la maladie, on trouve:

’) L. c. p. 576. z, Haotkrankheiten. a) L. c. p. 725; note 1..

Wien 1887, p. 513.

6 NORD. IED. ARK. 1 8 9 9 , N:T 24 . - EDVARD EHLERS.

en janvier 38 entrees en juillet 47 entrhes B f6vrier 37 B > a8ut 55 Y, mars 26 2 B septembre 42 2

B avril 34 2 D octobre 48 D

3 mai 31 9 8 novembre 30 3

3 juin 34 2 )) dkcembre 28 a

ce qui peut &re expos6 par le plan graphique suivant:

III. Conditions sociales de la maladie. La description classique de la maladie affirme, qu’elle se

Quant i la position sociale de nos malades, mes recherches trouve de pr6f6rence dans les classes pauvres. I)

comprennent :

total 179 1 11 nourrissons’

pauvres de classes\

134 enfants d‘ouvriers’

34 enfante naturels ou de veuves, de femmes abandonndes et de filles.

et 23 enfants de classes aides. Quelles conclusions peut-on tirer de cette liste? Elle

n’apprend rien, si nous ne connaissons pas la proportion, qui existe entre les classes pauvres et les classes aisdes. J e nap- prdcie pas cette proportion infdrieure i (soit environ %)

I) Voir aussi: COMBY, Bulletins de la soci&ti? m6dicale des h6pitaur 1889, p. 437.

BECEERCHES CLINIBUES SUB LE PRURIGO D'HEBEA.

et par consdquent je crois, que le prurigo est une maladie, qui se trouve avec la m8me fre'qzcence relative dams toectes ks cozcckes de la socie'te'.

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IV. L16rBditB. Lopinion gdndrale repousse l'influence de l'hdrdditd sur la

maladie. Plusieurs de nos malades ont declare avoir eu dans leur

famille des parents souffranta de la mBme maladie: Pour I'm c'ktait 1e grandpkre, pour trois autres leurs pQres, pour un cin- quibme sa mkre.

ALIBERT la considdrait pourtant comme hdrdditaire.

Psrmi mes malades il se trouve en outre: 6 couples de frkres, 2 soeurs et leur cousine, 2 frkres et leur soeur (leur pkre avait 1s mQme maladie), 2 sceurs et leur frkre, et m e sseur et sea trois frbres,

soufiants tous de la meme maladie. Plusieurs de ces renseignements de parent6 sont parvenus

B moi personnellement au courant de me8 investigations, tandis que lee anciennes observations ne touchent point la question; je suis donc portd it croire, qu'on aurait pu constater l'influence de l'hdrdditd plus souvent, si on l'avait recherche et par con- sequent, que la disposition de famille joue un plus grand r6le. que ne l'avait cru Hebra. RIEHL a observe souvent la maladie chez des enfants de la m6me famille.

V. Curabilite de la maladie. Pour HEBRA la maladie dtait incurable. La triste description,

qu'il a donnd, de la vie et des chances des malades atteints de prurigo (1. c. p. 570) auront fait une grave impression Bur chaque lecteur, qui doit e'en contenter.

Son sdvkre jugement ne restait pa8 longtemps inappellable; HEBRA le fils I), CASPARY 2), BESNIER-DOYON 3) l'ont absolument contestd. Mais tous ces auteurs s'expriment avec une extreme rdserve, et n'oeent point afFirmer, que la gudrison est la rkgle.

Pour nos malades, dans 124 cas la maladie n'obligeait qu'une eeule fois le malade it entrer l'h6pita1, et cea 124 ma-

1) Krankh. Verirnderungen d. Haut. Braanschweig, 1884. ') Vierteljahrerechr. f. D. n. S. 1884, p. 341. 'a) Ann&# de d. et I). 1885, p. 289.

8 NOBD. PED. ARK., 1 8 9 2 , N:r 24 . - EDVARD EHLEBS.

lades ne reparaissaient plus; 53 autres ont 6th soignds 2 ou 3 fois; chez 30 malades il J a eu plus de 3 rdcidives, en general nombreuses, 2 ou 3 par an, et presque toujours d‘une durde de 5 it 6 semaines chacune.

Ce sont ces derniers, 15 p. Ct. du nombre total, qui ont donnd it HEBRA 8es idBes pessimisteg sur l’incurabilitd de la maladie. On ne se souvient que des rkcidivistes et on oublie les malades, qui n’ont dtk traitds qu’une seule fois.

J’ai essay6 ensuite de revoir les malades, qui avaient dtd traitds auparavant it l’htipital pour le prurigo D’HEBRA.

La classe ouvribre &ant en majorit6 parmi nos malades, il n’est donc pas Btonnant de retrouver toujours les mibee noms, finissant par ,-Bern (fils de) tels que ANDERGEN, HANSEN, JENSEN, Nmsm, PETERSEN, noms aussi communs en Danemark, que les Durands, les Duponts et les Dubois en France.

On doit omettre d8s le commencement des recherches l’es- poir de retrouver les mslades de cette catdgorie, surtout s’ils n’ont pas non plus une profession, qui les distingue.

J’ai donc divisd, avant le commencement des recherches, mon materiel en quatre groupes:

A. Noms communs, professions communes: 112, dont 1 gudri, 1 amdliord, 11 non gueris et 99 non

B. Noms pea communs, professions communes: 58, dont 5 morts, 7 gudris, 9 non gu6ris et 37 non re-

C. Noms communs, professions peu commumes: 10, dont 6 gudris, 1 amdliord, 1 non guQri et 2 non

Noms peu commulzs, professiolzs peu communes: 21, dont 2 morts, 9 gudris (1 mort), 2 bien amdliords,

Ce sont les deux dernihres classes, qui me guident dans me8 vues sur le pronostic; je trouve dans mes recherches SaEr- mation de Yopinion, exprimde par MM. BESNIER, VIDAL et BROCQ, que le prurigo n’est pas, comme l’enseigne 1’Qcole de Vienne, une maladie incurable.

J e suis de l’avis, qu’au moins la moitid de tous lea cas gudrit. Mes recherches ddmontrent, que la maladie a une ten- dance marquee & s’atthuer peu it peu vers l’Qe adulte, pour

retrouvds.

trouvds.

retrouvds. D.

4 non gudris et 4 non retrouvds.

BECHERCHES CLINIQUES SUB LE PRURIQO Y'HEBBA.

e'dteindre enfin apr& la pubertd, pourvu que l'individu ait eu la chance de se soustraire aux conditions malheureuses de la maison paternelle, et qu'il se soit soigne d'une faqon suffisante, principalement par des bains rdguliers, ce qui est indispensable.

Quand l'individu atteint l'&e mfir et qu'ii a pu arriver A dchapper aux facteurs nuisibles, tels que la pdnurie, l'alimenta- tion ddfectueuse, l'air impur, l'habitation malsaine, les parasites, (qui jouent un grand rBle pour l'entretien de la maladie) il aura atteint les chances d'une complhte gudrison.

Quand la maladie persevere au delit de la pubertd (chez 17 femmes et 42 hommes, soit 29 p. Ct.) ille ne laisse que peu d'espoir dune complbte gudrison. Parmi me8 malades il s'en trouve cependant plusieurs, qui ont dtd libdrds de leur maladie spree l ' ke de 25 am.

Pour 18 de mes malades gudris je suis ir meme de prdciser l 'ke auquel la gudrison s'est effectude:

9

chez 3 malades it l'@e de 2 it 3 ans, 1 > > n >) 6 i ' i m 1 > B > n 8 i r 9 ~ 4 n m Y, > 1oi11 m

2 B ) )12&13 m

3 > )) )) n 14 it 15 m 1 m > X ) > 20 B

1 3 )) Y )) 25 a

Chez 2 malades la maladie ne se manifesta qu'aprhs I'en- fanoe et durait alors depuia I'hge de 17 jusqu'8 25 ans, avec des exacerbations tous les dtds et dans le second cas depuis l 'ke de 22 it 27 am avec 4 ou 5 druptions.

Les malades, chez lesquels le prurigo persdvhre aprbs la pubertd, se distinguent dkjS dans l'enfance par leur andmie et lenr maigreur, par des Quptions longues et frdquentes, par dea ddmangeaisons d'intensitd invariable en toute saison, par de graves complications d'echthyma, d'eczdma, dengorgement gan- glionnaire, mais surtout par des petites cicatrices blanches, qui restent aprhs les efflorescences secondaires. Lea auteurs mo- dernes n'en font pa8 mention; il faut retourner en arrihre pour trouver chez CAZENAVE et SCHIEDEL~) la description complhte de cee petites cicatrices, d'une trhs grande valeur pour le pro-

") Maladies de la peen. IV Qdit. Paris 1847, p. 350.

Iu NOYD. NEB. ARK., 1892, S:r 24. - EDVNLD EHLERS.

nostic, (Bqui semblent altdrer plus profonddment le systbme der- morde, puisqu'on voit sur les points, qu'elles ont O C C U P ~ ~ , de petites cicatrices ldgkres, mais facilement appreciable8 it l'oeil nu.,) Je citerai en outre chez ces malades (avec le prurigo agria) les Bpaississements de la peau et l'druption de papules au visage, qui est gkndralement dpargnd. Quand le visage est envahi aussi, c'est un symptame de mauvaise augure. CAZENAVE et SCEEDEL avaient ddjjit remarqud, que >quand la maladie occupe les membres et la face, elle eet ddjit ancienne et grave.,

C'est seulement sous ce8 rapports qu'il y a lieu de distin- guer un purigo levis et un purigo graais, mais il n'existe pas de diffkrence de nature entre ces deux formes. Au delii de la puberte' le prurigo perd la plus grande partie de son intensitd; il devient toldrable et beaucoup plus facile B traiter; tout pru- rigo gravis devient u1z prurigo mitis.

Quelques malades expliquent alors leur &at de santd en disant, ,que les ddmangeaisons sommeillent dans le sang.)

VI. La papule du prurigo est elle secondaire ou primaire? CAZENAVE 1) considdrait la maladie comme ddrivant du sy-

steme nerveux central, comme une sorte d'hyperbsth8sie de la peau qui rdagit facilement sur les ddmangeaisons et le grattage en causant des druptions secondaires de papules.

HEBRA P&RE colzsidBre le prurigo comme une maladie essen- tielle de la peau (selzsu strictissinao).

Les auteurs se groupent autour de ces deux opinions en majoritd douteuse pour la doctrine D'HEBRA pkre.

HEBRA FILS considere les papules commes secondaires, un produit des grattages, un rdeultat d'une neaose de la senei- bilitd. - L a ddfense D'HEBRA P&RE pour l'origine primaire des papules est cependant bien faiMe: 2)

Wiirde die Sache sich 80 verhdten, so miiisste nothwendiger Weise das Jucken zuerst und die Kniitchentwickelung erst spiiter auftreten. Dann w&re eis allerdings mGglich, dass gerade so wie bei der Kriltze, so auch bei &r Prurigo die Eftlores- cenzen als Produkte des Kratzens angesehen werden dfirften.

Allein die Beobachtung wirklich Pruriginiiser lehrt gerade daa Gegentheil. Denn nur an jenen Stellen, an welchen sich

*) Ayales den msl. de la pesn et de la syphilis. I1 sunbe, I1 vol. s6nt 1844 n 1 et suite.

2) L. c. p. 573.

ILECREECHES CLINIQUES SUR LE PRURIGO D’HEBBA.

Knatchen entwickelt hatten, nacht sich das Jucken geltend (pourquoi ne pas dire, que les papules n’apparaissent, que I&, ou il y a du prurit, E. E.) und in dern Masse als man in der Lage ist durch angewandte Mittel die Kntitchen zu zersttiren, legt sich such das Jucken (Erreur compldte. E. E.) Wenn es uns gelingt, auf kiirzere oder lgngere Zeit die Entwicklung der Knatchen zu hemmen (on peut aussi bien dire, qui si nous pouvons faire dieparaitre pour un temps plus ou moins long le prurit E. E.), so ist der Krmke such von seiner juckenden Empfindung gsnzlich befreit. Es liegt also klar am Tage, dass die Entwickelung der RniJtchen vorausgehe, und durch diese erst die juckende Empfindung erzeugt werde.

Cette thdorie n’est rien moins que prouvde; la logique est defectueme; HEBRA pkre n’a pas de distingud la cause de l’effet; il a pris au contraire la cause pour l’effet, n’ayant pour preuve que des mots mdprisante pour ses adversaires:

Lisez la phrase suivante: (1. c.) Wenn alle diese hier er- wshnten Collegen so vie1 Zeit auf das wirkliche Studium der Erscheinungen, des Verlaufes, so wie des Vorkom‘rnens der Prurigo bei den verschiedenen Individuen verwendet hatten, ale sie sur Aufstellung dieser Hypothesen, und der von Niemand An- derem bestatigten Metamorphosen der Blutkiirperchen (MANDL.) bedurften, so wiirden sie wahrlich der Sache und sich eelbet einen grbsseren Dienst erwiesen haben.

La seule preuve DIMEBRA pdre est done l’observation cli- nique; c’est prdcisdment cette mbme observation clinique, qui eat incorrecte.

RAYER a obeervd I), ,que l’intensitd et la d u d e du prurit ne sont pas toujours en rapport avec le nombre des papules. Plusieurs fois il a vu le prurit &re excessif et intoldrable, lors- qu’on distinguait h peine quelques papules sur la peau et lorsque lea malades l’avaient ddchirde et continuaient de la ddchirer avec leure onglee.,

Au commencement des annhs de mille huit cent quatre- vingt AUSPITZ a ddclard, que les nodulee sont un produit arti- ficiel. I1 trouvait, qu’elles ddpendaient simplement d‘une ex- sudation, en pretendant ndanmoins, qu’elles dtsient dQes & un spasme des muscles Brecteure des yoils, c’est A dire, qu’il iui fallait la coincidence d‘une ndvrose de la motilitd, et d‘une

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1) Maladies de la pean. I1 Cdit. Paris 1835. I1 vol.;p. 86.

12 MOBD. MED. ARK. 1892, N:r 24. - EDVARD EHLERS.

ndvrose de la sensibilitd, prurit, uue thdorie qu’il n’y a pas lieu de soutenir.

Mais il est d’accord avec HEBRA fils h soutenir, que lea papules sont longues h apparaitre aprks le debut de l’affection; on ne les trouve qu’8 une dpoque plus avancde.

Lobservation clinique demontre clairemont, qu’AusPrTz et HEBRA fils ont raison. Plusieurs de mes malades, qui Qtaient assez intelligent8 pour s’obeerver, aarmaient sans aucune question de ma part, que le prurit est primaire, et les papules produites par le grattage. (Voir par exemple une lettre jointe B titre d’echantillon au present travail.)

On voit aussi, qu’avec l’usage des bains et des pommades on parvient aisdment 8 faire disparaitre les papules dans l’espace de huit jours, mais les ddmangeaisons persistent, et si I’on cesse alors le traitement, les grattages du malade feront rdapparaitre rapidement lee m h e s ldsione.

Voilh pourquoi le traitement doit &re continue rigoureuse- rnent pendant plusieurs mois aprks la cessation de la cure pro- prement dite; c’est i cette persdvdrance dans la manutention curative externe que BESNIER doit ses plus heureux rdsultats.

RIEHL 1) nous a communique une sdrie d’observations bien interessantes, qui aerviraient it prouver l’identitd clinique-ana- tomique, de l’dlement orti6 et de la papule du prurigo.

Mais il ne s’est pas occupd de la question de I’origine secon- daire des deux sortes ddruptiona. Il eemble rdserve au temps le plus recent et h un avenir prochtlin de jeter de la lumiere sur la question de la pathoghie des druptions secondaires.

On doit surtout s’attendre S tirer des renseignements des recherche8 de JACQUET zj et da BROCQ I1 me semble, qu’on a le droit de soupgonner, que lee pomphi de I’urticaire, les pa- pules du prurigo ainsi que celles du lichen simplex (Eczdrna papuleux des allemands), peuvent se former par le seul effet des grattages sous des conditions, qui nous dchappent, mais qui peuvent deriver du terrain et de 1’Qe de l’lndividu.

Tant qu’on n’a pas pu Bclairer plus largement la question de la nature secondaire de ces formes d‘efflorescenses, on doit renvoyer la discussion sur les rapports, qui existent entre l’urti- caire et le pruligo.

’) Vierteljahresschrift, f. D. u. S. 1884, p. 41. 2) Annalee de d. et a. 1890, p. 432, p, 574 e t 487. ’) Lichhificatiou des tAgaments. Gozette des h6pibux 1892, p. 197, 20 f h i e r .

REGHEILCHES CLINIQUES SUFL LE PRUFLIGO D’REBRA. 13

C’eet, on le sait, l’bcole de Vienne, qui appuie BUT la thdorie de l’urticaire de l’enfance comme l’avant-coureur du prurigo.

Me8 malades sont tous trop ages pour me permettre de juger cette question; d‘aprds RIEHL I), la transition de la pdriode urticarienne 1 la pdriode pspuleuse se fait entre le et le 18bme mois. Nous n’avons vu que 2 fois I’urticsire: chez un en- fant de 4 mois, souffrant de prurit depuis sa naissance et chez un sutre enfant de 2 mois et l j 2 .

J e ferai remarquer en passant, qu’il n’y mait parmi nos 207 malades qu’un seul, un vieillard de 68 anal qui prdsentait la complication d‘emphysbme pulmonaire, dont quelques auteurs ont fait tant de bruit. Cette complication je la considbre donc comme purement sccidentelle.

On a citd quelquefois comme cause occasionelle du pru- rig0 les maladies infectieuses aigues de l’enfance. BEHREND 2)

none a communiqut5 deux cas de prurigo survenu chez des en- fants de cinq sns aprbs la scarlatine. Parmi me8 observations il y en a cinq, qui semblent presenter des faits semblables. Pour deux la vaccination, pour un troisibme la diphtdrie et pour deux autres la rougeole &sit accust5e d‘avoir occasionnde la maladie. J e dirais plut8t: QveillB; car au prurit mommeillant> il faut quelque chose, qui l’dveille, aussi bien une maladie in- fectieuse, que la dentition, que la vaccination, qui produisent chez l’enfant des sensations, auxquelles il repond en se grattant, se vengeant sur 1s peau des sensations inconnuee Pdans le sang.,

On peut s’expliquer le phdnomene de cette fagon; onpeut dire auesi, si on est plus ndgatif, que lea mhes cherchent tou- jours des cause3 apprentes du malaise des enfants; elles arri- vent alors toujours fatalement 1 la plus proche, qui n’est peut- &re qu’une Pimple coincidence.

Traitement.

Lea deux porte-drapeaux de la dermatologie des deux cot6 du Rhin, RAPER 9 et H&BRA phe 4) ont dit, que tout traitement du prurigo doit &re extdrieur.

Telle est encore la situation de la question.

‘1 Vierteljahresschrift f. D. n. S. 1884, p. 41. 2) Dentsche med. Wochenschrift 1884, n o %. *) Maladies de la pean. Paris 1835. 4) L. c. p. 581.

14 NORD. MED. ARK., 1892, N:r 24. - EDVABD EELEM.

Pendant lee pdriodea variantes des 28 demibres annees, on a essay6 B I'Hijpital communal de Copenhague presque tous lee moyens Q la mode du temps et prdconisks contre le prurigo.

I1 me conduirait trop loin d'dnumkrer toutes ces differentee methodes; j'ai g a p e la conviction, qne le traitement est im- possible saw ks bains. C'est la aeule partie du traitement, qui n'a pae changd pendant ces 28 annds.

On peut se dispenser d'additionner des medicaments aux bains; qu'ils soient seulement tihdee et prolong& d'une demie heure ou d'une heme. L'htB les bains de mer, l'hiver lea bains tihdes, rhguliers et quotidiens avec friction suivante, comme nous l'avons employ6 pendant lee dernibres 10 snnbes, d'une pommade au naphtol-8 it 10 p. Ct. Ce traitement nous a donnb des rhsultats merveilleux.

Comme je l'ai dit plus haut, ce traitement doit &re con- tinub plusieus moie aprbs la cessation de la cure proprement dite.

Appendice : I. Extrait d'une lettre de Mr. R., profeaseur de franpaie,

traducteur jurb, datbe du 12 janvier 1892: >La maladie en question a ht6 diagnostiqube par le prof.

ENGELSTED comme prurigo chronique. J'en ao&e encore, mais moins qu'h l'enfance et presque exclusivement de la partie in- fdrieure des jambee. A certaines phriodee irrhgulieres elle m'a- vait presque complhtement quitth, par exemple pendant les ann6es de 1869 B 1875, c'eet is dire it I'Qe de 12 it 18 ans.

J a i observe, que ces interruptions coincident avec des con- ditions d'hygibne favorables et une manihre rationelle de vivre.

Les puces eont pour moi une pestilence; une seule peut provoquer de violentes dhmangeaiaons sur une grande partie du corps, et de nombreuses cloques presque it la grandeur d'une piece de 5 centimes et de la double bpaisseur. J e ne reesens jamais de prurit spontsnb dam la journhe, mais j e m'hveille presque toutes les nuits entre 2 et 3 heuree en me grattant

') La mslade a CtB en traitement a I'H6 itel communal do 17 Fnt. jnaqn'au 29 &nt 1k4.

1 15 jnin x 29 join 1866. > 1 juin * 14 juin 1877.

30 janvier 1 fhrier 1865.

PZCHEBCIIEl CLINIQUEl SUB LES PRURIGO D’HEBU. 15

automatiquement et en ressentant d‘ardentes demangeaisons le long de la partie infkrieure des jambes.

La maladie me parait plus insupportable pendant l’6th (peut- btre ii cause de la grande profusion de puces de la saison); j’en ai 6th complhtement d6livrh pendant Ies annees de 1871 1875 lors de mon shjour dans le Nord de la Francc, circon- stance que je suis dispose it attribuer a une exellente nourriture et Q - I’absence complkte des puces. -

Feu mon phre avait sans doute souffert de la meme ma- ladie mais sarement pas ma mere, ni mee frQes et soeurs dont je partageais souvent le lit.

II. Extrait d‘une lettre de Mr. M., inghieur de machine de la marine danoise, iigh de 35 ans.1).

Pendant les annees passhes j’ai 6th souvent tourmenth par ma maladie; cependant le plus souvent l’attaque restait benigne et euivait son cours sans m’obliger Q m’aliter. Quelquefois, et la dernihre fois au printemps de 1879, I’druption se montrait plus maligne comme des petits clous ou bobos verts et dee glandes engorgees.

Pendant YBt6 j’etais toujours d6livr6 de la maladie, ce que j’attribue en partie Q la transpiration, en partie it l’emploi fie- quent des baina de mer.

J e ne saurais encore affirmer, que la maladie m’ait quitt6, car je la sens encore quelquefois, surtout pendant I’hiver et le printemps, quand mon estomac n’est pas bien reg.16.

De plus ma peau a toujours 8th trhs irritable, et je s o d r e parfois dun violent prurit.

Depuis I’M de 1879, lore de mon premier voyage enmer, la maladie ne s’est jamais montr6e de telle faqon it me causer une vraie gene, de sorte que je I’ai presque oubli6e pendant les dernibres annkes.

J e me suis adreask une fois iL un medecin, qui m’ordonnait une pommade calmante et de la teinture diode pour les nodules. Mais cela ne m’a soulage que loreque j’ai commence it prendre des bains de mer, et la maladie avait momentanement complkte- ment disparu, quand j’avais 6td un mois en mer. Je ferai re- marquer, que je passe it bord la plupart du temps auprbs de la machine du bbiment dans un atmosphere surchaufF6.

I) Le mslada s 6t6 trait6 B I’Hbpitel eommnnal

et do 16 fhvrier a 2 jain 1867. dn 28 abut jnqu’au 3 aeptembre 1866.

16 NOBD. XED. ARK., 1893, Nl’ 24. - EDVABD EHLEBS.

Quand j’avais 13 iL 14 ans j’employais le savon de goudron pour mes ablutions; plus tard je suis a d d it coneiddrer les bains, principalement les bains de mer, de pr6Mrence froids, comme le seul moyen parmi ceux, que j’ai essay& qui m’ait soulagd.

Stockholm, 1892. Kungl. Boktryokerfet