Nadia Gontarbert Elb

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Etienne de la Boetie intro

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  • ditions Gallimard, 1993

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  • Pour Denise et Sania

    A tous ceux quej'aime, et qui m'aiment,et m'aiment et me comprennent.

    A M. Lathuillre, en mmoire,A Mme Huchon

    A Nicole et Louis vrardA Maximilier Rubel

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  • AVANT-PROPOS

    Au dbut des annes soixante-dix paraissait en traductionfranaise Soumission l'autorit de Stanley Milgram, utilisen 1981 parAlain Resnais dans Mon Oncle d'Amrique viales travaux d'Henri Laborit. Prolongement dans la recherche desmouvements sociaux, politiques et intellectuels de la fin de ladcennie prcdente? Preuve de leur raison d'tre? Le titre luiseul me frappa, exprimant on ne peut plus clairement unevidence telle que je ne l'avais jamais formule.

    La lecture, peu aprs, de l'ouvrage fameux d'Etienne de LaBotie, La Servitude volontaire, approfondit et complta cetveil ce qui ds lors m'apparut comme la question ultime, etsans doute la plus mystrieuse pour aborder tant la rflexionpolitique thorique que la vie affective, les rapports sociaux, lapsychologie, et mille autres domaines encore.

    Ce que Stanley Milgram mettait en vidence d'un point de vuescientifique n'tait cependant pas diffrent de ce que, quatresicles plus tt, La Botie, juriste pote, traducteur, exploraitdj, de manire spcifique son poque, certes, mais trans-gressant largement les limites de celles-ci, par sa largeur de vues,la profondeur de son analyse, son imagination cratrice.

    La vision du Sarladais me parat centre, partir d'unerflexion humaniste et philosophique, sur la base mme defonctionnement de l'homme dit civilis , le langage. Instillantsubtilement l'ide d'une parole rebelle sous le discours convenu,La Botie ouvrait la voie l'ide d'insoumission toutes les

    autorits, celle de l'expression servant de moyen celle de l'tat,

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  • Avant-propos

    puisque l'organisation sociale ne repose au fond sur rien d'autreque la prise du pouvoir matriel aussi bien que moral par lelangage.

    Le XVIe sicle, les guerres de religion remettant en cause nonpas la fonction royale mais le monarque en place, le rgne del'ide humaniste d'un Droit du politique, peut sembler bieninhospitalier pareille pense dixit Montaigne. Il la favori-sait pourtant.

    C'est sans doute Leo Strauss, dans La Perscution et l'Artd'crire (1954), qui propose l'analyse la plus claire permettantde comprendre le mcanisme des textes politiques pour chapper la censure. Ceux-ci, crit Strauss, dveloppent une techniqueparticulire d'criture qui leur permet l'indpendance idolo-gique. Ils invitent ainsi le lecteur dchiffrer entre les lignes, jedirais outre celles-ci, attirant son attention par ce que le philo-sophe appelle des faux pas intentionnels . Voil bien l'une descaractristiques les plus saillantes de La Servitude volontaire,qui a t l'origine, en tout cas, de la prsente dition.

    Ayant t mme, la Bibliothque nationale, de passer enrevue de manire systmatique toutes les ditions qui sy trou-vaient mais certainement pas toutes celles qui existent j'aiimmdiatement prouv une grande surprise. Comment autantd'rudits, de brillants chercheurs, avaient-ils pu, malgr leursremarquables analyses, ne pas voir, ou peut-tre refuser de voir,la dimension polmique de La Servitude volontaire? Et inver-sement, pourquoi philosophes et politiques des protestantsaux rvolutionnaires du sicle pass demeuraient-ils insen-sibles l'aspect potique du texte ? Cela m'ouvrait une voie d'unelargeur inespre pour dvelopper et approfondir mon approchedu Contr'un .

    Ds les premiers cours d'ancien franais et de langue duxvie sicle, de grammaire, de phontique, de smantique, d'ty-mologie, de stylistique, j'avais prouv combien l'tude du mat-riau langue franaise tait riche de potentialits inventives etd'investigation, combien elle pouvait aider expliquer etcomprendre une uvre sans la paraphraser. C'est cet esprit queje souhaiterais vous faire partager, vous, lecteurs.

    1. Traduction franaise, Paris, Presses Pocket, 1989.

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  • Avant-propos

    Je ne prtends pas l'objectivit, non plus que je n'affirme lajustesse ou l'injustice de mes conclusions. Il vous incombera, lecas chant, de les modifier. Mon vu le plus cher et le plusprofond, l'ardeur mme qui m'a guide tout au long de cetteinvestigation sont de vous faire observer, simplement observer,comme le naturaliste ou l'amateur de peinture, non seulement ledveloppement d'une pense, mais aussi son laboration le plusterre terre qui soit par les mots, leur agencement et leursglissements de sens originaux. Et, dcouvrant ainsi ce qu'untexte peut dire de lui-mme (en termes barbares un mtalangage),de vous offrir explorer La Servitude volontaire en tantqu'objet d'art total, et non plus comme le quelconque textepolitico-littraire d'un ami de Montaigne .

    NADIA GONTARBERT

  • PRSENTATION

    Le xvie sicle. Priode charnire de notre histoire, o lessanglants rglements de comptes gnrs par les dissensionsreligieuses portent sur le devant de la scne, nationale etinternationale, des questions qui les dpassent, jusque-ldemeures en sommeil Qu'est-ce que le pouvoir? Pourquoil'tat? lesquelles vont mrir jusqu' notre sicle.

    A l'encontre des propositions de constitutions lgales d'unSeyssel ou d'un Bodin, des programmes dguiss en utopie ouen trait de gouvernement d'un Thomas More ou d'un Conta-rini, complice, le cynisme en moins, de la clairvoyance d'unMachiavel, clt soudain un texte diffrent et neufLa Servi-tude volontaire est la seule, en effet, son poque, dborderdu cadre de la lgalit et s'attaquer de front au fond duproblme du politique habilement contourn par ses contem-porains celui de la lgitimit du pouvoir en tant que tel.

    Si l'on tient compte du fait qu'au xvie sicle le traitementde la vie publique en gnral passe invitablement par ledroit, La Botie, juriste lui-mme, ne peut ignorer celui-cidans La Servitude volontaire, mme si l'analyse de l'autorits'y fonde essentiellement sur le bon sens. Aussi ne trouvons-nous pas de liste exhaustive commente de toutes les formesde gouvernement possibles, non plus que de prcisions rela-tives au rgime sous lequel vit le locuteur.

    Une citation d'Homre, critique, dveloppe, nourrit ledbut de sa rflexion D'avoir plusieurs seigneurs aucunbien je n'y vois. Qu'un sans plus soit le matre et qu'un seul

  • Prsentation

    soit le roi. Les circonstances, tant politiques (la France deLa Botie vit sous un rgime monarchique) que culturelles(lecture des Anciens), ne peuvent rendre compte de la digres-sion qui suit

    S'il n'eust rien plus dit, sinon, D'avoir plusieurs seigneurs aucun bien je n'yvoy, c'estoit

    autant bien dit que rien plus mais au lieu que pour le raisonneril falloit dire que la domination de plusieurs ne pouvoit estrebonne, puisque la puissance d'un seul, deslors qu'il prend cetiltre de maistre, est dure et desraisonnable, il est all adjoustertout au rebours,

    Qu'un sans plus soit le maistre, et qu'un seul soit le roy.

    Refuser l'autorit de plusieurs ou d'un seul, c'est apparem-ment rejeter la notion de Rpublique, si chre au peuple grec,en mme temps qu'insulter gravement la monarchie.

    C'est ici que reparat la loi. Mais il ne s'agit plus de la loid'tat. La Botie invoque le droit naturel. En effet, si l'autoritpaternelle se justifie parce qu'elle mane de celui-ci, si l'auto-rit d'un bon roi se dfend, dans la mesure o elle assure auxsujets paix et bien-tre, rien ne lgitime l'autorit du tyran. sice n'est l'homme mme qui s'y soumet, faisant ainsi incompr-hensiblement violence sa nature.

    Une seule rponse pour La Botie. Si l'homme participe son propre enchanement, c'est qu'il est dnatur, au senspropre du terme. Animal parmi les animaux, l'hommedevrait ragir comme ceux-ci ruer comme le cheval, secouerle joug comme les bufs, se dfendre comme l'lphant. Lanature enseigne partout la libert et celle-ci est un devoirpour l'individu l'intrieur mme de la socit que sa ten-dance particulire la vie communautaire l'a incit construire. Mais, avec les premires briques de l'dificesocial, l'homme ne cimentait-il pas les fondations de saprison? Ne brisait-il pas les lans de son imagination?

    Quelle que soit la rponse, il est indniable que la forme dela socit constitue un moule pour les esprits un homme du peuple , n dans une socit o l'esclavage a toujours tde rgle, ne peut s'imaginer qu'un autre mode de vie soit pos-

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  • Prsentation

    sible pour lui-mme et pour les autres. Il a donc toutes lesraisons d'tre un lche, un tratre lui-mme .

    L'ternelle opposition de la nature la coutume reparatici quand l'acquis l'emporte sur l'inn au point de le lui faireoublier, l'homme est vou subir son sort au lieu de le forger.A preuve les individus mieux nays , eux, n'oublientjamais que la libert existe, mme si elle n'est pas de misedans la socit laquelle ils appartiennent. Autre preuve lestyrans se plaisent maintenir leurs sujets dans l'ignorance.

    C'est l'amorce d'une apologie de la culture, du savoir, del'crit, autant de recours au service de la nature et de lalibert et, en filigrane de l'loge de Ronsard, Baf et DuBellay, peut-tre peut-on lire galement un hommage laparole, seule capable d'veiller les consciences.

    Cette interprtation ne parat pas exagre si l'on considreles moyens dont use le tyran pour se maintenir au pouvoir.Tout est bon pour divertir et pour tromper le peuple thtre,jeux, etc. Sous la frule du despote, la religion mme, deve-nue religion d'tat, glisse vers la reprsentation.

    La crdulit des sujets fait d'eux une proie facile pour leconteur de miracles. Mais attention, prvient La Botie, letyran se fait lui-mme des contes. Son autorit est fragile,du fait mme qu'elle est autorit. Les amis d'aujourd'hui,lasss d'obir et avides de pouvoir, guettent la moindrefaiblesse. et la religion n'offre gure au despote le refugequ'elle rserve aux justes.

    Critique modre de l'autorit abusive? Appel la rvolte?Les interprtations oscillent entre ces deux ples. Si beaucoupde lecteurs se cantonnent dans une prudente rserve1,lespolitiques accaparent le texte. Mais se trompent-ils absolu-ment ? Il est permis d'en douter. Pourquoi La Servitude volon-taire ne pourrait-elle tre lue comme un appel la rvolte?

    Il est impratif de tenir compte de la prudence laquelle LaBotie devait tre astreint, en une poque o rchauffementdes esprits aurait rendu difficile une interprtation non parti-sane. Montaigne lui-mme, en justifiant la mise l'cart du

    1. Voir d. Garnier-Flammarion, dition de Mme Goyard-Fabre, 1983.

  • Prsentation

    texte de l'dition posthume qu'il proposait de l'oeuvre de sonami, s'exprime en ces termes

    Parce que j'ay trouv que cet ouvrage a est depuis mis enlumire, et mauvaise fin, par ceux qui cherchent troubler etchanger l'estat de nostre police'

    Oublier cette ncessaire rserve reviendrait affirmer queLa Botie aurait crit sans motif La Servitude volontaire. A

    quoi bon, en effet, dvelopper ces considrations sur la tyran-nie, son absurdit et la lchet des peuples, si ce n'est pourtre compris et pour que le texte serve de base de rflexion?.Et qui dit rflexion envisage le plus souvent l'action qui peuts'ensuivre.

    Autres objections formules couramment La Botie veutrendre conscientes les masses incultes2. Il ne propose pasde programme. Ses paroles manquent donc de force.

    Deux rponses s'imposent alors. La premire, un peu cava-lire il est vrai, consiste, en paraphrasant La Botie, rappe-ler aux critiques que toujours, quel que soit le rgime souslequel ils vivent, certains possdent la facult d'en imaginerun autre. La seconde est une question Pourquoi le tyranserait-il exclu d'office du rang des lecteurs de La S. v. 3 ?Laforce de La Botie consiste avoir t au-del des structures

    lgales qui emprisonnaient Seyssel, Bodin, Hotman et lesautres penseurs politiques de l'poque.

    Si l'ami de Montaigne est parvenu poursuivre sa rflexionjusqu'ses limites extrmes, c'est parce qu'il a pris en comptenon pas le contenu des structures plus ou moins autoritairesque constitue tout tat, quel qu'il soit, mais la structurepyramidale mme de celui-ci, en fonction du droit des gens etdu bon sens, avec des yeux d'architecte et non de bricoleur.

    A la diffrence de ses contemporains, l'auteur de La S. v. ne

    1. Montaigne, Essais, Livre I, Ch. XXVIII De l'Amiti .2. Il semble, en effet, que la Botie ne veuille pas limiter aux seuls lettrs le

    nombre des sujets. Seul l'ensemble du peuple est assez puissant pour s'opposerau tyran. Peut-tre les lecteurs humanistes de La Servitude volontaire auraient-ils un rle d'interprtes jouer son gard.

    3. Sv. La Servitude volontaire.

  • Prsentation

    se pose ni en thoricien, ni mme en prospecteur. L'avenir nelui appartient pas, non plus que le prsent. Il ne se reconnataucun droit de les rglementer. Seule l'indignation a droit decit, car elle est ternelle et imprescriptible. Elle permet defaire sentir avec force ce qu'a d'intolrable la tyrannie, nonpas comme principe thorique, mais pratique et concrte,agression permanente contre l'tre et la conscience.

    Que ceux qui rejetteraient absolument l'aspect constructifdu message songent Spartacus. Ils auraient sans doute aussibien qualifi d'utopistes les projets de celui qui parvint secouer pendant un temps le joug de l'Empire romain. Sansdoute ceux-l dnient-ils galement toute puissance au mes-sage crit. La Servitude volontaire, en effet, constitue unvibrant hommage l'criture et, plus largement, la ferventeclbration de l'humanisme, auquel elle doit l'existence.

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  • INTRODUCTION

    La servitude volontaire victime des alas

    de l'histoire et de la critique

    Peu de textes ont connu une trajectoire aussi perturbe quecelui de La Botie. Vou un jeu de cache-cache permanentavec l'Histoire, le texte n'a t mis au jour, jusqu'au xixe sicle,que sous le couvert d'interprtations tendancieuses idologieou pusillanimit d'rudits suivant avec des fortunes diverses lestraces de leurs prdcesseurs.

    C'est en 1571 que l'auteur des Essais dcide d'diterl'oeuvre de son ami, disparu huit ans plus tt. Il fait paratreles traductions de Xnophon et de Plutarque', exceptantintentionnellement La Servitude volontaire et le Mesmoire sur

    l'dit de janvier 1562, ainsi qu'il le prcise dans l'Avertisse-ment au lecteur

    Asseure toy que j'y ay faict ce que j'ay peu, et que, depuissept ans que nous l'avons perdu, je n'ay peu recouvrer que ceque tu en vois, sauf un Discours de la servitude volontaire, etquelques Mesmoires de noz troubles sur l'Edict de Janvier 1562.

    Mais quant ces deux dernieres pieces, je leur trouve lafaon trop dlicate et mignarde pour les abandonner au grossieret pesant air d'une si malplaisante saison 2.

    1. Montaigne diteur de La Botie La Mesnagerie de Xnophon, les Rgles dumariage de Plutarque, Lettre de Consolation de Plutarque sa femme, le touttraduict de grec en franois. Item un Discours sur la mort dudit Seigneur de LaBotie, par M. de Montaigne, Paris, Morel, 1571, in-8.

    2. uvres compltes d'Estienne de La Botie. Publies avec Notice biogra-

    Extrait de la publication

  • Introduction

    En 1572, Montaigne complte l'dition prcdente des versfranais de La Botie, laissant toujours de ct les deux textesen prose, qui feront encore dfaut toutes les ditionsanthumes des Essais. Au chapitre De l'Amiti , Montaignejustifie nouveau la mise l'cart de La Servitude volontaire

    (Parce que) j'ai trouv que cet ouvrage a t depuis mis enlumire, et mauvaise fin, par ceux qui cherchent troubler etchanger l'tat de nostre police, sans se soucier s'ils l'amende-ront, qu'ils l'ont ml d'autres crits de leur farine, je me suisddit de le loger ici

    Nous sommes alors au plus fort des conflits religieux quiont dchir le sicle et il est probable que l'auteur des Essaisfait allusion la premire en date des appropriations du textepar les huguenots. Ceux-ci font paratre, en 1573, un recueilde dialogues rdigs en latin et intitul Rveille-Matin desFranois et de leurs voisins, dont une version franaise seradonne l'anne suivante.

    La page de garde de cet ouvrage porte les indicationssuivantes compos par Eusbe Philadelphe Cosmopolite, enforme de Dialogues.

    A Edimbourg, de l'imprimerie de Jaques JamesAvec permission15742.La participation de Nicolas Barnaud et de Thodore de

    Bze la rdaction du recueil, qui se prsente comme collec-tif et anonyme, ne fait pas de doute pour les historiens de lalittrature. La mention A Edimbourg ainsi que la permis-sion sont de toute vidence des faux. D'aprs H. G. Aldis3,l'ouvrage aurait t imprim soit Ble, soit Genve,principaux fiefs des diteurs protestants.

    phique, variantes, notes et index par Paul Bonnefon, Slatkine Reprints, Genve,1967, pp. 61-62.

    1. Les Essais de Michel de Montaigne. Publis d'aprs l'exemplaire de Bor-deaux.par Fortunat Strowski. Bordeaux, F. Pech, 1906-1920. Tome 1, pp. 253-254.

    2. Cote B.N. Lb33 344.3. A list ofbooks printed in Scotlandbefore 1 700, including thse printed furth

    of the realm for Scottish booksellers. With a brief note on the printers andstationers. Edimburg, National Library of Scotland, 1970, in-4

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  • Introduction

    La version qu'offre le Rveille-Matin du texte de La Botieest totalement dforme. Il y est tronqu, dcoup, manipulpour s'adapter aux dialogues et soutenir de ses arguments lediscours des huguenots. C'est d'ailleurs l'unique dition danslaquelle l'ouvrage se trouve dsarticul de la sorte.

    Si la dtrioration de celui-ci rend difficile la piste dumanuscrit dont le Rveille-Matin a pu s'inspirer, il existe unmanuscrit correspondant La Servitude volontaire tellequ'elle est imprime dans la seconde dition rforme.

    L'crit se trouve insr dans un recueil intitul Pices sur

    l'histoire de FrancePour la premire fois, il est donn dansson intgralit. L'criture, assez carre, parat archaque. Leslettres tymologiques sont nettement plus abondantes quedans les autres manuscrits de La Servitude volontaire. Mais la

    datation prcise d'aprs la graphie ou le filigrane seraitimpossible, d'aprs les conservateurs de la B.N., tant donnla survivance de ces types d'criture et de papier au dbut duXVIIe sicle. Force nous sera donc de nous fier aux variantes, la comparaison avec les autres versions pour tenter de situerchronologiquement le manuscrit. Toujours est-il que le textede celui-ci correspond presque mot pour mot (les seulescorrections sont d'ordre grammatical) la version proposepar les ditions de 1577 et 1578 des Mesmoires de l'Estat deFrance sous Charles neufiesme. Il s'agit, l encore, d'un recueilcollectif d'crits protestants (la Franco-Gallia de FranoisHotman figure d'ailleurs au tome III des Mesmoires).

    L'ouvrage se compose de trois volumes, vraisemblable-ment compils et imprims Genve par les soins de SimonGoulard2.

    Le texte de La Botie est imprim des pages 116 v 139 vdu tome III de l'dition de 1578.

    La page de garde du tome 1 de ce recueil porte Mesmoiresde l'Estat de France, sous Charles Neufiesme, contenans leschoses plus notables faites et publies tant par les catholiquesque par ceuxde la Religion, depuis le troisiesme Edit de pacifica-

    1. Bibliothque nationale, manuscrit du Fonds franais, n 20157.2. Voir Michaud Biographie universelle.

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  • Introduction

    tion fait au mois d'Aoust 1570 jusques au rgne de Henrytroisiesme, et reduits en trois volumes, chacun desquels a unindice des principales matires y contenues.

    Seconde Edition, reve, corrige, et augmente de plusieursparticularitez et traitez notables.

    A MeidelbourgPar Heinrich Wolf1578.

    J. Calemard'asoigneusement tudi les diverses ditionsde cet ouvrage, dont il a recens dix-sept volumes et troisditions successives

    La premire remonte 1576. J. Calemard n'a retrouvaucun tome III portant cette date.

    1577 voit une nouvelle dition, comprenant tous lestomes de l'ouvrage. La Bibliothque nationale possde unesrie de volumes datant de 15772.

    1578, enfin, est l'anne d'une nouvelle dition, plusimportante, dont les volumes sont plus faciles retrouver,que ce soit la Bibliothque nationale ou celle de l'Arsenal,qui possdent chacune deux sries de trois volumes d'ail-leurs dpareills (caractres, dates).

    A ce propos, J. Calemard nous invite ne pas nous laisserabuser par la date de 1579, qui apparat notamment sur l'undes exemplaires de l'Arsenal. Il s'agirait l de volumes ditsen 1578 et dont la date aurait t modifie par le libraire,dsireux d'couler ses invendus de l'anne prcdente, argu-ment de peu de poids pour expliquer un fait d'ailleurs ala-toire.

    Nous aurons l'occasion de revenir plus loin sur cette ver-sion du texte de La Botie, en la confrontant aux leons desautres manuscrits. Contentons-nous de dire que l encore LaS.v. est tire vers une interprtation didactique par desvariantes en tout genre.

    k

    1. J. Calemard L'dition originale du discours de La Servitude volon-taire , Paris, Giraud-Badin, 1947, pp. 9 11.

    2. Cote 8" Lb 335.

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