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LA ROCHE-MAURICE (FINISTERE) Château de Roc’h Morvan Enceinte basse : le « petit château » Rapport de fouille programmée arrêté SRA n° 2013-008 Ronan Pérennec (dir.), Bertrand Grall Quimper-Le Faou Conseil général du Finistère Centre départemental de l’archéologie 2014

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LA ROCHE-MAURICE (FINISTERE) Château de Roc’h Morvan

Enceinte basse : le « petit château »

Rapport de fouille programmée arrêté SRA n° 2013-008

Ronan Pérennec (dir.), Bertrand Grall

Quimper-Le Faou

Conseil général du Finistère Centre départemental de l’archéologie

2014

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Avis au lecteur

Le présent rapport comporte les résultats d’une opération de fouille archéologique.

Les rapports constituent des documents administratifs communicables au public, après remise au Service régional de l’archéologie, suivant les dispositions de la loi modifiée n°78-753 du 17 juillet 1978.

Aux termes de la circulaire de mars 1996, prise pour application, ils pourront donc être consultés en respect des droits de propriété littéraire et artistique possédés par les auteurs et des contraintes qui en résultent.

La prise de notes et les photocopies sont autorisées pour un usage exclusivement privé et non destinées à une utilisation collective (article L122-5 du code de la propriété intellectuelle).

Toute reproduction de texte, accompagnée ou non de photographies, cartes ou schémas, n’est possible que dans le cadre de la courte citation, avec les références exactes et complètes de l’auteur et de l’ouvrage.

Par ailleurs, l’exercice du droit de la communication, exclut, pour ses bénéficiaires ou pour les tiers, la possibilité de reproduite, de diffuser ou d’utiliser à des fins commerciales les documents communiqués (loi n°78-753 du 17 juillet 1978, art.10).

Pérennec R., (dir.), Grall B., LA ROCHE-MAURICE (Finistère), château de Roc’h Morvan : enceinte basse : « le petit château », rapport de fouille programmée 2013. Le Faou - Quimper : Conseil Général du Finistère, Centre départemental de l’archéologie - Service Régional de l’Archéologie de Bretagne, 2014.

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SOMMAIRE Fiche signalétique ................................................................................................................................................... 3 Générique de l’opération......................................................................................................................................... 4 Arrêté d’autorisation ............................................................................................................................................... 5

I Présentation générale de l’intervention (Ronan PERENNEC) ............................................................................. 8

1. Nature du site 8 2. Aperçu historique 8 3 Les travaux de fortifications d’après les actes conservés 8 4 L’apport des fouilles précédentes 14

4-1 Opérations diverses 14 4- 2 La fouille programmée 2001-2006 15

5 Objectifs de la fouille 17 6. Méthodologie 19

6-1 Emprise du secteur étudié 19 6-2 Moyens mis en œuvre 19

II. Résultats (Ronan Pérennec)............................................................................................................................. 21

1. La démolition 21 2. Les travaux du XXe 23 3 La tour d’artillerie 24

3-1 La mise en œuvre 24 3-2 Portes et dispositifs de fermeture 25 3-3 Dallage intérieur 27 3-4 Chronologie relative et éléments de datation 27 3-5 Intégration au système défensif 29

4. La courtine orientale 30 4-1 La niche 30 4-2 Les archères 33 4-3 Les reprises du mur M31 34 4-4 La chronologie de la courtine orientale 38

5. La courtine nord 39 6. Le Logis 46

6-1 Etat 1 46 6-2 Etat 2 50

Les latrines 53 6-3 Etat 3 ? 56

7. Le rempart sud 57 7-1 Premier état 59 7-2 Deuxième état 63 7-3 Troisième état 66 7-4 Les aménagements annexes 69

8. Le mobilier (Ronan Pérennec et Bertrand Grall) 71

CONCLUSION 75

BIBLIOGRAPHIE 79

TABLE DES ILLUSTRATIONS 81

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Fiche signalétique

Identité du site

Opération archéologique

Résultats

Région : Bretagne

Département : Finistère Commune : La Roche Maurice N° INSEE : 29 237 002

Lieu-dit ou adresse : Bourg, château de Roc’h Morvan

Cadastre (2012) : Section AA, parcelles : 130

Coordonnées RGF93 CC48 : - X : 1168055,04, Y : 7277474,33

Propriétaires du terrain : Conseil général du Finistère

Protection juridique : Inscription M.H. en 1924

Nature de l’opération : Fouille programmée Arrêté(s) de prescription n°: 2013-008 en date du 16 juillet 2013 Responsable de l’opération : Ronan PERENNEC (Conseil général du Finistère – DCJS/CDPM - Centre départemental de l’archéologie)

Maître d’ouvrage : Conseil général du Finistère

Localisation : plate-forme orientale (« petit château »)

Surface décaissée ou fouillée : 177 m2

Fouille menée jusqu’au substrat : non

Dates d’intervention sur le terrain : 21 octobre – 29 novembre 2013

Chronologie : Moyen Age Vestiges immobiliers : Courtines, tour, logis, latrines, archères

Vestiges mobiliers : céramique, lapidaire (boulets de canons) Lieu de dépôt du mobilier archéologique : Centre départemental de l’archéologie (Conseil général du Finistère) – Le Faou / Dépôt de fouilles archéologiques du Finistère

Résumé : L’intervention a permis de mettre en évidence une assez bonne conservation des structures. Elles ont permis de mettre en évidence une évolution chronologique plus ou moins bien datée, concernant deux ou trois états successifs selon les secteurs. Elle concerne aussi bien les fortifications à proprement parler, que la zone d’habitat, marquée ici par un logis avec cheminée et latrines annexées. Le château semble s’être étendu jusqu’à la plate-forme orientale au moins depuis le XIIIe siècle. Une tour d’artillerie s’installe dans l’angle sud-est au début du XVIe siècle. Un aménagement contemporain lié au stockage des boulets a été retrouvé à proximité.

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Générique de l’opération

Prescripteur et suivi scientifique : DRAC de Bretagne – Service Régional de l’Archéologie

Stéphane DESCHAMPS (CRA), Yves MENEZ (adjoint du CRA), Jean-Charles ARRAMOND (contrôle scientifique)

Suivi administratif : Bernard JACQ (CDPM), Sophie CASADEBAIG, Ronan PERENNEC (CDPM/ CDA), Anne BADICHE-DESILLE (CDPM/ Patrimoine architectural), Gaëlle ALCARAZ (CDPM – marchés publics)

Équipe archéologique :

Centre départemental de l’archéologie :

Ronan PERENNEC – responsable d’opération Bertrand GRALL – topographe dessinateur Sophie CASADEBAIG Muriel FILY Stagiaires de l’Université de Bretagne Occidentale (Quimper) : Angélique BEGOT Merlin MUZELLEC Alexia PENGAM

Terrassements : Entreprises Minou Paysages (Daniel HALL et Jean-Paul LE GALL) et ART (Daniel LAUTHEULIER et Steven LE BOUIC).

Gestion du mobilier : CDA, Marie GRALL

Relevés topographiques : Bertrand GRALL, MURIEL FILY

Relevés de terrain : Merlin MUZELLEC, Alexia PENGAM, Ronan PERENNEC, Angélique BEGOT Relevés photogrammétriques : Art Graphique et Patrimoine Informatisation des plans : Bertrand GRALL

Fonds topographiques : Service topographique de L’INRAP ; Bertrand GRALL, CDA ; IGN ; cadastre.gouv.fr

Rédaction du rapport : Ronan PERENNEC

Crédit des illustrations : Conseil général du Finistère – Centre départemental d’archéologie

Remerciements : Patrick KERNEVEZ, Jocelyn MARTINEAU, Frédéric BOUMIER

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ARRETE D’AUTORISATION

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Fig. 1 : localisation du site sur carte IGN et plan cadastral. DAO B. Grall, CG29/CDA.

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I) Présentation générale de l’intervention

1) Nature du site

La position géographique du château de La Roche-Maurice est celle d’un promontoire rocheux (Roc’h) dominant la vallée de l’Elorn (Fig.1). Cela lui a permis d’occuper un rôle stratégique non négligeable en Léon, correspondant au nord du département du Finistère. Cette situation lui permettait de contrôler des axes routiers et fluviaux le mettant en relation avec les principales villes léonardes, et la Cornouaille. D’autre part, la faible distance le séparant de la ville et du port de Landerneau (4 Km), lui conférait en quelque sorte un rôle de défense de cette cité.

2) Aperçu historique1

La première mention du site castral n’apparaît qu’en 1263.

La citadelle a vraisemblablement été fondée par un vicomte du Faou du nom de Morvan, au XIe siècle, pour contenir les velléités d’expansion des vicomtes de Léon. Ainsi Guyomarch Ier, suite à des incursions en Cornouaille, entre 1047 et 1055, est battu par le comte de Cornouaille Alain Canhiart, assisté de Morvan (Martineau et Kernévez 2009 ; Kernévez 2011).

Le château est passé semble-t-il assez tôt aux mains des vicomtes de Léon, « au plus tard vers le milieu du XIIe siècle » (Martineau et Kernévez 2009). La famille vicomtale de Léon est alors assez puissante pour usurper le titre ducal, et s’opposer à la mainmise des Plantagenêt sur la Bretagne. Cette révolte est matée vers 1167-1187 : l’ancien comté 1 Les informations historiques concernant les vicomtes et seigneurs de Léon proviennent des différentes publications de Patrick Kernévez, et de sa thèse inédite, qu’il nous a aimablement communiquée.

est alors divisé et partagé entre les fils de Guyomarc’h IV de Léon. L’aîné conserve le titre vicomtal et les châtellenies de Lesneven et Brest/Saint-Renan ; et le cadet, seigneur de Léon, les châtellenies de Landerneau, Landivisiau et Daoulas (Kernévez 2005, t2).

Le château de Roc’h Morvan devient alors l’une des principales places fortes des seigneurs de Léon, dont le lignage va prospérer. Atout important lors des relations de ces derniers avec la branche aînée des vicomtes de Léon, ou celle, cornouaillaise, des vicomtes du Faou, la forteresse passe, à l’extinction du lignage seigneurial de Léon, aux vicomtes de Rohan, en 1363. Son histoire rejoint alors plus généralement celle, souvent mouvementée, de la Bretagne : guerre d’indépendance à la fin du XVe siècle, guerre de la Ligue un siècle plus tard, qui signe la ruine définitive de la place.

3) Les travaux de fortifications d’après les actes conservés2

Les mentions de réfections sont tardives, et vagues : si des travaux sont mentionnés, ils ne sont jamais détaillés. Les citations les concernant permettent cependant de se faire une idée de l’état de la place, à partir du XVe siècle. Antérieurement, on peut seulement supposer qu’elle est convenablement entretenue, puisque c’est là qu’Hervé VIII de Léon est né en 13413, et qu’en septembre 1359, son père y réside4.

2 L’inventaire et la compilation des actes a été assuré par P. Kernévez, Université de Bretagne Occidentale, Quimper (Kernévez 2005, t. 1). 3 Mention de la naissance d’Hervé VIII de Léon sur la bible des seigneurs de Léon, juillet 1341. Bibliothèque Sainte-Geneviève, Paris, ms. 22, f°545v° (A. Ramé, Mélanges d’histoire et

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Une des conséquences de la guerre de succession de Bretagne avait été le retranchement dans Brest d’une garnison anglaise susceptible de contrôler le pays alentour. Du Guesclin mena sans succès le siège de la ville en 1373. Après cet échec, Jean Ier de Rohan fut nommé par le roi Lieutenant général en Basse-Bretagne. De 1373 à 1387, Brest fut assiégée quatre fois par les armées bretonnes, sans succès. Mais les cantonnements de ces dernières pouvaient s’effectuer jusqu’à Morlaix. Il est donc logique de penser que durant toutes ces années, La Roche-Maurice a pu faire partie d’un réseau de places fortes destinées à contenir les sorties de la garnison anglaises. Dans ce contexte, le château a pu être fortifié, sans que nous n’en ayons de trace d’archives directes5. A partir de 1420, le duc autorise le vicomte de Rohan à effectuer des levées d’impôts pour la réparation de ses places fortes de Rohan, Josselin, La Chèse, Blain et la Roche-Morice, « qui puent et pourroint moult valloir et prouffiter à la garde et seurté de noz païs et subgiz qui pour eulx et leurs biens y ont et puent avoir leur recours et reffuge ». Lesdites forteresses étant « de présent moult besoigneux, et y a très-grant necessité de repparacion et d’habillemens de deffense »6. Concernant le Léon, les taxes perçues concernent notamment des prélèvements « sur vin et

d’archéologie bretonne, t. I, 1855, p. 242 ; P. Kernévez 2005, t. 1, p.65). 4 Lettre d’Hervé de Léon à son oncle, Guillaume du Chastellier, septembre 1359. « Titre de Blain », publié par Morice, Preuves…, t.I, c.1530 ; (Kernevez 2005, t.1, p. 66-67). 5 Kernévez 2005, t. 2, p. 244. 6 Lettre d’octroi durant deux années pour les réparations des villes, forteresses et châteaux du vicomte de Rohan, 18 mai 1420. Médiathèque de Nantes, fonds Bizeul, 1689, n°22, ancien n°205 des actes divers et notables de la maison de Rohan…, (Blanchard 1889-1895, t. VI, p.5, n°1401 et L. ; Rosenzweig1895, n°725 ; Kernevez 2005, t. 1, p. 78).

autres marchandises entrants et issants ès havres et ports de Landerneau et illecques adjacents (…) pour faire mettre et employer à la réparation de son chastel et forteresse de la Roche Morice, qui est sur port de mer et en danger et lequel à métier de réparation »7. Le duc prorogera ces impositions exceptionnelles, dont la moitié sera versée au vicomte de Rohan, au moins jusqu’à la moitié du siècle : en 1453, il est en effet encore expressément mentionné que le produit de cet impôt est affecté « en la réparation des chasteaux et forteresses de nostre païs »8. En 1468, une autre ordonnance de billot en faveur du vicomte de Rohan pour la réparation de ses châteaux de Rohan et Blain ne mentionne pas La Roche-Maurice, à moins que le site ne figure au nombre des « autres places (…) plus indigentes de réparacions »9. En 1477, à nouveau, le duc François II autorise le vicomte à percevoir un billot pour l’entretien de ses forteresses pendant 3 ans. Sont nommément citées « Bleing, La Cheze, Rohan et La Roche-Morice », pour remédier aux « grans ruynes et décadences desdites places et deffaulx de réparacions d’icelles »10. 7 Règlement du duc pour les vaisseaux qui abordent à Landerneau, 28 octobre 1421 (Morice 1974, t. II, c. 1099-1100 ; Blanchard 1899-1895, t.VI, p. 79-80, n° 1510 (extraits) ; Kernevez 2005, p. 80). 8 Billot prélevé sur les vins dans les terres du vicomte de Rohan par le duc avec l’accord du vicomte, 24 septembre 1453. Copie : Bibliothèque nationale, ms. fr. 22333, f°108r°-v° (Kernévez 2005, t. 1, p. 89). 9 Ordonnance de billot en faveur le vicomte de Rohan pour la réparation de ces châteaux, 20 juin 1468, transcription M. Kermarrec : Transcription et étude du registre des lettre scellées à la chancellerie de Bretagne en 1468, mémoire de maîtrise d’histoire, UBO, Brest, 2 vol., t. I, p. 349, acte n°978 (Kernévez 2005, t. 1, p. 89-90). 10 Mandement du duc François II autorisant le vicomte de Rohan à percevoir un billot pour l’entretien de ses forteresses pendant trois ans, 13 juin 1477. Archives départementales de Loire-Atlantique, B8, f°111v°-113r°. Transcription Y. Bihan : Transcription et étude de registre des lettres scellées à la chancellerie de Bretagne en

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Sans discontinuer, de 1420 à 1477, les Rohan reprennent les travaux de fortifications de places fortes délaissées. Aucun document ne mentionnant les travaux effectivement réalisés, il est impossible de se faire une idée de l’ampleur des réfections ou des réaménagements. Sans doute faut-il relativiser l’état de délabrement des châteaux, qui a pu être accentué auprès du duc pour légitimer des impositions supplémentaires au bénéfice du vicomte de Rohan. A moins qu’il ne s’agisse ici d’un prétexte pour gratifier un fidèle serviteur, ayant contribué à la libération du duc incarcéré lors de la conspiration des Penthièvre, en 1420 (Seltenreich 1982, Kernevez 2005). Car à l’opposé, pour justifier des questions de préséance, La Roche-Maurice devient en 1479, une magnifique forteresse, soit deux ans seulement après que les châteaux des Rohan aient été signalés comme de « grans et somptueux édifices, et ou temps passé, par deffault de réparacion, entrenement d’iceulx, sont cheüz en grant ruyne et décadence »11. En 1479, en effet, la description est toute autre : « de tout temps ladicte seigneurie a esté emparée d’un très-bon, fort et grand autre chasteau fort et puissant de deffense autant ou plus que chasteau de Bretagne, nommé la Rochemaurice, qui grandement a servy et peut servir quand le cas en adviendra à la tuition et garde des biens subjets de tout le païs »12. En décembre 1486, un mandement de François II autorise le vicomte de Rohan à rétablir le guet à Pontivy et Corlay, ce qui y est rendu possible par les importants

1477, mémoire de maîtrise d’histoire, UBO, Brest, 1991, t.II, acte n°611, p. 162-163 (Kernévez 2005, t. 1, p.98-99). 11 Mandement du duc François II…, 13 juin 1477, op. cit. 12 Mémoire du vicomte de Rohan contre le comte de Laval pour la préséance aux états de Bretagne (extraits), 1479. Morice et Taillandier 1974, t.II, p. CLXI-CLXXXV (Kernévez 2005, t. 1, p. 100-101).

travaux de réédifications qui y ont été entrepris. L’autorisation de fortifier et de lever le guet ou sa contrepartie financière dans ces deux places est accordée à Jean II de Rohan « tout ainsi qu’il a et joist à ses châteaulx, places et forteresse de Rohan, Josselin, La Cheze, Bleing, La Rochemorice et aultres »13. Il faut donc convenir qu’à cette date, les travaux menés sur le Roc’h Morvan sont suffisamment aboutis pour considérer que la place est désormais sûre. Cette condition est en effet un préliminaire à l’obtention du droit de guet, ce qui est explicité dans un acte du roi Charles VIII en 1491, concernant Pontivy et Corlay : « voulons et octroyons qu’il (Jean II de Rohan) puisse et luy loisir ( ?) par ses capitaines et gouverneurs ès dittes places faire lever ledit guet et à ce compeller et contraindre ses hommes sujets, tout ansy et par la forme et manière qu’il est contenu ès lettres du dit feu duc, et qu’il en a jouy par cy devant, pourveu et toutes fois que nostre dit cousin sera tenu de faire réparer et mettre en bon état suffisant et reparation les dittes places de Pontivy et Corlé, avant que de prendre n’y faire prendre, cueillir n’y lever aucune chose du dit droit de guet »14. L’accélération des travaux de remise en état et de fortification de la place se situe dans un contexte de tensions et de conflits armés importants, de 1465 à 1491, que l’on a désormais coutume d’appeler guerre d’indépendance de Bretagne, ou guerre de Bretagne.

13 Permission accordée au vicomte de Rohan de rétablir le guet dans ses châteaux de Pontivy et de Corlay, 16 décembre 1486. Copie, Bibliothèque nationale, ms.fr. 22340, f°218r°-v°. Publié par Morice, Preuves…, t.III, 525-526 (titre de Guéméné), (Kernevez 2005, t. 1, p.103-104). 14 Mandement de Charles VIII en faveur de Jean II de Rohan au sujet du droit de guet à Pontivy et à Corlay, 23 décembre 1491. « Titre de Blain », copie : Bibliothèque nationale, ms.fr. 8269, f°361-363. Transcription P. Kernévez (BNF 2005), (Kernevez 2005, t. 1, p. 107-108).

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L’armée bretonne est défaite à Saint-Aubin du Cormier en 1488, et la percée française sera telle qu’un certain nombre de places importantes, au nombre desquelles Brest, seront prises au début de l’année 1489. Si les Bretons les reprennent peu après, grâce au concours de contingents étrangers, ce n’est pas le cas de Brest, assiégée en juillet 1489 par le maréchal de Rieux. A cette occasion, les troupes françaises démantèlent le château de La Roche-Maurice, bien que Jean II de Rohan ait pris à cette occasion le parti du roi de France contre le duc de Bretagne. La capacité de mise en résistance de ce verrou pouvait en effet influer directement sur les opérations contre Brest. C’est ce qui ressort d’un mémoire du vicomte, vers 1500 : « il est tout cler et notoire que les gens et cappitaines du roy ont démoly ladite place durant les dernières guerres de Bretaigne de leur autorité sans que en icelle ledit sr de Rohan tenist aucunes gens de guerre ne autres adversaires ou tenant party contraire au roy. Vray est qu’ilz disaient que ladite place estoit et est assez proix de Brest et que en icelle se fussent pu mettre durant lesdites guerres aucuns adversaires dont ladite place de Brest eut peu estre endommagée ; à l’occasion de quoy ils disoient avoir fait ladite démolicion, contre laquelle le sr de Rohan n’eust voulu résister ne icelle empescher (…) Aussy lui ont lesdites gens de guerre et cappitaines estant à Brest pour ledit sr (roi), prins, abattu, coppé et démoly les boys de fustaye de la fourest dudit lieu de La Roche pour faire les logeys, habitacion et fortification dudit Brest »15. L’état de la place-forte est exposé dans un mandement de Charles VIII de 1492 : « au

15 Extrait d’un projet de mémoire destiné à soutenir les droits du vicomte de Rohan face à la reine Anne à propos de la succession des ducs François I et pierre II, vers 1500. Médiathèque de Nantes, fonds Bizeul, 1697, f°5-v° (Kerhervé 1982, Kernévez 2005, t. 1, p. 115-116).

moein des guerres et divisions qui dernièrement ont eu court à nostre dit pais et duché de Bretagne, èsqueles nostre dit cousin nous a soutennu luy et grandement et vertueusement emploié pour nous et nostre service ladite place et forteresse de la Roche Morice qui avoit esté prise et occupée par nos adversères ennemis estanz lors audit pays furent pris et mise en nostre (effacé)..obéissance par nos gens et nous av(oir) (pris) hostage…(effacé)..guerre fut par led(ict) reprise et pour ce qu’ils avoint avisé…(effacé)..pour sa garde, firent ruyner ou desmolir lad(ite) place ; quoyque ce fus le plus par v(in)dicte ?? de manière quil n’y demoure qu’une ruine en la muraille et vielle place, et une garneson qui leur fust entièrement deffensable »16. Cette destruction du château sert de prétexte aux habitants de Landerneau pour contester le droit de guet. Selon eux, « ladite place est ruyneuse, par où, veü la constitution dudit usement au bas, ils ne sont subjets audit debvoir de guet »17. C’est peut-être sans doute pour étouffer les causes de cette contestation que des travaux sont entrepris dès février 1493. Un devis de charpentier nous est en effet parvenu, concernant « le pont leveix et le pont dormant et un petit huys en la porte qui joignt ledit pont leveix avecques ung petit pont pour entrer en ladite porte », ainsi que divers travaux sur la prison, dans

16 Mandement de Charles VIII en faveur de jean II de Rohan au sujet du droit de guet à La Roche-Maurice, 26 juin 1492. Copie de 1696 : Archives départementales du Morbihan, fonds de Kerguéhénnec, 20 J 224, n°11, pièce n°1, f°1 r°-2v°, d’après une copie du 7 novembre 1492. Transcription P. Kernévez, R. Le Roy (Kernévez 2005, t. 1, p. 109) 17 Procès au sujet du droit de guet à La Roche-Maurice entre le capitaine du château et les bourgeois de Landerneau, 17 février 1493. Copie de 1696 : Archives départementales du Morbihann fonds de Kerguéhennec, 20 J 224, n° 11, pièce n°1, f°2v°-3r°. Transcription P. Kernévez, R. Le Roy, (Kernévez 2005, t. 1, p. 110-111).

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une basse fosse18. La réalité de la réalisation des travaux est fournie par un acte du 26 avril 1493 (Kerhervé 1982). Jean Kerhervé avait déjà signalé que la modestie du devis du charpentier en 1493, 20 livres, laissait « planer un doute sur l’ampleur et la réalité des travaux entrepris » (Kerhervé 1982). Il proposait alors d’y voir une intervention liée à la préparation du futur statut de prison de la place, plutôt qu’à la volonté de la maintenir en état de défense. La destruction du château ayant été opérée par l’armée française de Brest et non par les Bretons tenant le pays alentour, il semble a priori difficile d’envisager que les dégradations aient pu être vraiment systématiques et de grande ampleur, faute de temps. Quoiqu’elle ait appartenu à un grand seigneur pro-français, la forteresse n’a pas eu de rôle majeur et affirmé de tête de pont pour les royaux, qui n’auraient sinon pas eu à y sévir. Le maigre butin archivistique dont nous disposons semble plutôt témoigner d’une volonté de défense tournée vers Brest. Les exactions à La Roche-Maurice ont donc pu être plus accentuées sur la forêt, pour en ramener le bois à Brest, que sur les murs du château. Dans un contexte de mise hors défense d’une place non durablement occupée, il est en effet plus facile de se focaliser sur des points de faiblesse, tels la porte, pour affaiblir rapidement les possibilités de défense, et donc de réutilisation de celle-ci. Il s’agit là d’une pratique courante et durable, puisqu’elle avait déjà pu être observée sur les fortifications abbatiales de Landévennec lors du raid Viking de 913 (Bardel 1991, Bardel et Pérennec 2002). Il semble donc possible que les Landernéens aient pu, lors du procès qui

18 Devis des travaux de charpenterie à faire au château de La Roche-Maurice, février 1493. Archives départementales du Morbihan, 20 J 224 (Kerhervé 1982, p. 333-334, Kernévez 2005, t. 1, p. 110).

les opposa au capitaine du château, exagérer l’état de ruine de celui-ci, en se basant sur celui de l’entrée, pour tenter d’échapper à l’impôt. Il est en effet frappant que les travaux stipulés au devis aient été si limités, à l’exclusion des couvertures, charpentes, menuiseries et huisseries intérieures. Quoiqu’il en soit, l’incomplétude des archives conservées ne permet pas d’être catégorique et de sortir de l’hypothèse, puisqu’il est patent que la guerre a affecté le château, comme en témoignent des traces de destruction et d’incendie mises au jour par Jocelyn Martineau au cours des fouilles (Martineau 2007a). Au tout début du XVIe siècle, des travaux d’envergure semblent avoir été entrepris à La Roche-Maurice, comme dans les principaux châteaux des Rohan : Rohan, Josselin, Pontivy, Blain (Kernevez 2005). En 1504, un mandement de jean II de Rohan au receveur de Landerneau, passé à La Roche-Maurice, est à ce sujet explicite : « à présent avons encommancé de rédiffier, bastir et fortiffier nostre place et chastel de La Roche Morice, où désirons estre vacqué et besongné à toute diligence, Nous voulons et ordonnons que les deniers, qui de ce nous sont et pourront estre deuz tant du temps passé que avenir, iceulx estre mys convertiz et employez oudit œuvre et édiffice ainsi qu’il sera requis et que ordonnerons »19. En 1529, seules des réparations légères sont envisagées, pour maintenir « le payement du guet »20.

19 Mandement de Jean II de Rohan au receveur de Landerneau, 22 mai 1504. Archives départementales du Morbihan, 20 J 224 (Kerhervé 1982, Kernévez 2005, t. 1, p. 118). 20 Rapport de visite dans la seigneurie de Léon : coupes de bois dans la forêt de La Forest-Landerneau et réparations au château de La Roche-Maurice, v. 1529. Médiathèque de Nantes, fonds Bizeul, ms. 1706, n°15, pièce n°3. Transription R. Le Roy (Kernévez 2005, t. 1, p. 123)

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Dans le minu de la principauté de Léon, en 1549, la mention laconique du « chasteau de La Roche Morice, son jardin et parc, dict parc au colombier o les boys tant de haulte futaye que tailliz », tranche singulièrement avec celle d’ « Ung viel chastel ruyné dict la Joyeuse Garde »21, autre citadelle de Landerneau, en aval de la ville. Elle est confirmée dans un aveu de 157122. Dans une fin de siècle agitée, Ligueurs et protestants s’affrontent en Bretagne. Les Rohan tiennent pour le parti huguenot, minoritaire dans la région. En 1592, les états de Bretagne demandent le démantèlement des places fortes non essentielles à la défense du pays : « les garnisons sont inutiles dans les autres places, si les propriétaires ne les veulent entretenir de leurs deniers, autrement doivent souffrir que leurs maisons soient ouvertes et démolies »23. Il est difficile d’envisager que cette mesure ait pu être rapidement appliquée, surtout dans le contexte de l’époque. La signature de l’édit de Nantes, en 1598, calmera les tensions, que l’assassinat d’Henri IV ravivera quelques années plus tard. Henri II de Rohan entre ainsi, en 1621, en rébellion contre Louis XIII. Ses biens sont confisqués en 1627 et remis au prince de Condé, chargé de démolir les forteresses. 21 Minu de la principauté de Léon, 13 octobre 1549. Médiathèque de Nantes, fonds Bizeul, n°1716, cahier, parchemin, 50 pages (Kernévez 2005, t. 1, p. 129. 22 Aveu et dénombrement de la principauté de Léon produit par Henri de Rohan après le décès du vicomte, René de Rohan, prince de léon, comte de Porhoet, baron de Fontenay, décédé en 1522, 16 novembre 1571. Archives départementales de Loire-Atlantique, B 1694, cahier de 44 feuillets. Copie de 1628, archives départementales du Finistère, 1 E 740 ( Kernévez 2005, t. 1, p. 131. 23 Les états de Bretagne demandent le démantèlement des places fortes non utiles pour la défense du pays et où pourraient se loger des brigands, 31 décembre 1592. Registre des états de Bretagne ; copie Bibliothèque nationale, ms. fr. 22311, f° 137r-v° (Kernévez 2005, t. 1, p. 133).

Ces destructions programmées eurent au moins un début d’exécution sur certaines places, comme Josselin (Kernévez 2005), sans que l’on sache dans quelle mesure La Roche-Maurice a pu en être affectée. Toujours est-il qu’en 1641 sont signalés « Les chasteaux et forteresses de La Joyeuse Garde et de La Roche Morice, (…) avecq leurs clostures, estanz à présent comme à demi ruinés »24. Des maisons sont sans doute dès cette époque installées sur des parties du château, où tout au moins les douves, telle « La maisonnette de Paol Rioual estant au pied du château (…) celle de Marye Helléouët, (…) celle de Yves Bondeur »25. C’est ce qui est expressément précisé dans un acte de 1681 : « Le four à ban dudit bourg couvert d’ardoises et deux maisonnettes couvertes de genest dans les issues des douffves du chasteau y avoict autour foyer de meschantes cahuttes et maisons quy sont à pésent ruisnées et estoient tenues en ferme, scavoir l’une par paiol Rioual (…), Celle de Marye Helleouet (…), Celle de Guillaume Courault (…), Celle de Fiacre le Brunec (…), Celle d’Yves le Boudeuc »26. C’est que le château a désormais perdu tout rôle militaire. Mais il continue de servir de prison, si l’on en juge par la pancarte des voyers de Daoulas en 1678. Ces derniers sont tenus « de garder les prisonniers ( ) et detenus par les officiers de ladite cour de Daoulas, jusques au lendemain de leur prise, à l’heure de 24 Aveu, minu et déclaration de Marguerite de Rohan pour la principauté de Léon rendu après le décès de Henry, duc de Rohan, le 13 avril 1638, 8 août 1641. Archives départementales de Loire-Atlantique, B 1694 ; transcription R. Le Roy, P. kernévez (Kernévez 2005, t. 1, p. 136-139). 25 Ibidem 26 Déclaration de la baronnie de Landerneau par Louis de Rohan-Chabot, pour la réformation du domaine royal suivie de la sentence royale, 21 août 1681. Archives départementales de Loire-Atlantique, B 1728 (Kernévez 2005, t. 1, p. 143-147.

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prime, et pour lors lesdits officiers sont obligez de prendre dudit voyer lesdits prisonniers, pour les mener aux prisons de la Roche-Maurice avec l’aide de quelques-uns des habitans dudit Daoulas, qui sont sujets, à cause de leur demeurances, d’aider à mener et conduire lesdits prisonniers ausdites prisons de la Roche-Maurice »27. Le château va ensuite servir de carrière de pierres. En 1795, il est décrit ainsi : « Les ruines du château de La Roche. (…) C’est un amas de pans d’anciennes maçonneries dont quelques parties subsistent encore sur leurs fondations, au moins jusqu’à une certaine hauteur. Les fouilles faites pour le salpêtre, des démolitions subséquentes destinées à la reconstruction du pont qui s’est écroulé l’année dernière sur la grande route ont diminué la quantité de pierres et de matériaux qui étaient sur cette élévation »28. Durant tout le cours du XIXe siècle, les propriétaires n’auront de cesse que d’essayer, sans vraiment beaucoup de succès, d’empêcher les dégradations et récupérations de matériaux. Les courriers, procès-verbaux, voire procédures judiciaires qui subsistent témoignent de dégradations parfois importantes : manufacturier construisant son usine avec les pierres du château, municipalité de La Roche-Maurice pour un tracé routier, etc. (Kernévez 2005).

27 Pancarte des voyers de Daoulas, 21 août 1681. Archives départementales du Finistère (A. de COURSON, Essai sur l’histoire, la langue et les institutions de la Bretagne armoricaine, Brionne, p. 567-571, p. 569 ; Kernévez 2005, t. 1, p. 143) 28 Estimation des biens appartenant au prince de Léon en Léon, 5 messidor an III, 1795. Archives départementales du Finistère, 63 J 1, liasse n°3 (Kernévez 2005, t. 1, p. 159-160)

4) L’apport des fouilles précédentes

4-1) Opérations diverses

Indépendamment de trouvailles fortuites opérées lors de l’exploitation des lieux comme carrière de pierres, les premiers travaux de dégagement sur le site eurent lieu dans la fin des années 1960. Ils se sont notamment concentrés sur l’éperon polygonal situé au nord de la plate-forme principale, celle du donjon, mais aussi sur la tour ronde du XVe siècle, au sud-est. Ces travaux, arrêtés en 1971, ont consisté en déblaiements de remblais, sans véritable atteinte aux niveaux archéologiques en place. Ils ont contribué à compléter le plan de la forteresse, et à faire prendre conscience de sa complexité à une époque ou le château était surtout perçu au travers du seul Roc’h, et plus particulièrement du donjon.

Des sondages, diagnostics ou surveillances de travaux ponctuels ont été successivement menés de 1993 à 2010 par M. Le Goffic, F. Tournier, R. Pérennec et B. Grall.

Ces interventions ont permis de mettre en évidence diverses maçonneries :

- la muraille d’enceinte au pied du donjon, et deux poternes donnant accès à la partie haute du château. Un escalier a été mis en évidence, et des emplacements de portes ont été reconnus. Leur condamnation s’effectuait au moyen de barres de bois disposées dans des logements prévus à cet effet.

- Des éléments des courtines et des systèmes de mise en défense de la plate-forme sommitale, et du logis adossé au donjon.

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4-2) La fouille programmée 2001-2006 (Fig. 2)

L’apport principal à la connaissance du château provient cependant des campagnes de fouille programmée menées de 2001 à 2006 par Jocelyn Martineau sur le sommet du Roc’h.

Les investigations archéologiques ont permis de mettre en évidence 5 phases d’occupation, datables du XIe au XVIe siècle.

La première phase, antérieure au XIIe siècle, n’a pas livré de vestiges bâtis. Elle est caractérisée par l’exploitation du rocher. Le nivellement de ce dernier est ensuite scellé par un niveau d’occupation de plaques d’argiles rubéfiées et niveaux cendreux (phase II).

Les fondations d’un premier château en pierres sont datées, d’après le contexte historique, de la seconde moitié du XIIe siècle (phase III.1). Il s’agit d’une salle rectangulaire flanquée par une tour triangulaire, au nord, et deux tours semi circulaires à l’ouest. Les données de la fouille ne permettent pas de répondre à la question de l’existence possible, dès cette époque, d’un premier donjon renfermant le front sud.

Cette forteresse est détruite au milieu du XIIIe siècle (phase III.2), avant d’être relevée dans la seconde moitié du siècle (phase III.3). Une « salle à tour » est reconstruite contre la face nord d’un donjon de plan carré. Le logis est rénové

sans modification profonde. La galerie occidentale est renforcée par l’adjonction d’un nouveau mur venant s’appuyer contre le côté ouest de la grande salle. Un incendie a provoqué d’importants dégâts au milieu du XIVe siècle (phase III.4). De nouvelles rénovations modifient ensuite considérablement le plan du logis. La courtine orientale est reconstruite, avec adjonction de gradins en pierre dans l’embrasure des tours occidentales (phase IV.1). Un talus maçonné, élevé contre la face nord de la tour carrée, condamne la connexion entre salle primitive et donjon. Ce programme résidentiel est repris courant XVe siècle , avec la création d’un mur de refend portant deux belles cheminées adossées (phase IV.2) Ce « grand logis » coexiste avec une tour maîtresse qui conserve sa structure d’origine, ce qui laisse penser que les Rohan, au-delà de la dimension militaire, l’ont utilisée comme symbole de l’ancienneté de leur lignage. A la fin du XVe siècle, le logis est de nouveau victime d’un incendie, conséquence probable d’opérations militaires menées pendant la guerre d’indépendance, de 1464 à 1491 (phase IV.3).

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Fig. 2, Proposition de chronologie relative (Martineau et Sanz-Pascual, dans Martineau 2007b)

Ces destructions ne sont cependant pas causes du démantèlement du château, dès la fin du XVe siècle. La fouille a en effet permis de reculer ce terminus, en mettant en évidence une occupation du XVIe siècle (phase V.1). Le site n’est

détruit et abandonné qu’à la fin du XVIe siècle ou au début du XVIIe siècle, après un incendie extrêmement violent pendant les guerres de Religion (phase V.2). Le château est ensuite laissé à l’abandon, et sert de carrière de pierres dès le XVIIIe

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siècle, avant d’être protégé au titre des Monuments Historiques en 1924.

5) Objectifs de la fouille

La présente intervention vise l’enceinte basse du château, à l’est du site (Fig. 3).

A terme, les objectifs en sont multiples :

Définir les premières traces d’occupation sur cette éminence secondaire : sont-elles contemporaines de celles du Roc’h, ou interviennent-elles dans un second temps ? En cas de contemporanéité avec les premières occupations du château, peut-on disposer d’éléments nouveaux permettant une datation de cette phase mal documentée ? Appréhender le type d’implantation et son évolution chronologique. L’emplacement a-t-il toujours été fortifié, ou le château s’est-il étendu au fil du temps, éventuellement au détriment d’autres occupations ?

L’importance de ce secteur dans la défense du château peut ressortir à la fois des vestiges encore perceptibles, de l’appellation de « petit château » qui lui était donné par les habitants du village, mais aussi de la présence anciennement attestée d’au moins une tour aujourd’hui disparue. La présence des divers ouvrages actuellement ruinés (tour d’artillerie, moineau) ou disparus, permet de localiser la porte du château de ce côté (Fig.19). Bien que la fouille demandée ne puisse pas répondre aux diverses questions qui se posent sur l’emplacement précis de la porte et les rapports château/bourg, nous espérons documenter les systèmes de défense proches, dominés par le Roc’h et son donjon.

Les travaux menés sur le Roc’h ont permis de montrer la modernité du premier château, et, par opposition, le manque d’évolution des systèmes de défense au cours du temps. Deux raisons sont invoquées, simultanément ou selon les époques : - la volonté de conserver un château

symbole, dont l’ancienneté témoigne de celle du lignage de ses seigneurs.

- la contrainte importante du relief.

A l’heure actuelle nous ne connaissons pas vraiment le plan du château, bien que nous le supposions beaucoup plus vaste que les témoignages subsistant (cf. la « rue des remparts », bien à l’ouest des vestiges du château). On peut donc proposer l’hypothèse d’une évolution et d’une adaptation plus grande des systèmes de défense dans les secteurs bas en fonction du développement de l’artillerie au bas Moyen Age. Le secteur le plus sensible de ce point de vue serait celui de l’accès principal, c’est-à-dire le « petit château » et ses environs. Encore faut-il vérifier, ou infirmer, cette hypothèse.

Les interventions archéologiques successives, en particulier celle de J. Martineau, ont permis des avancées très importantes dans la connaissance du château et de son évolution, en identifiant cinq phases d’occupations principales, des Xe-XIIe aux XVIe-début XVIIe siècles (Fig. 2). Mais elles ont aussi permis de souligner l’emprise méconnue de la forteresse dont, à l’heure actuelle, seule la plate-forme principale est réellement documentée. De la même manière, les archives, malgré leur apport indéniable, sont lacunaires. Elles ne permettent donc en aucun cas de reconstituer le plan de la place-forte et son évolution, ni de percevoir les aspects de la vie quotidienne de ses occupants. Seules des recherches archéologiques nous paraissent donc de nature à pouvoir

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combler les énormes lacunes qui s’offrent à nous, concernant l’histoire du château et des hommes qui y vécurent.

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Plus généralement, ce programme de recherche s’inscrit dans une dynamique de recherches nouvelles sur les châteaux bretons. Paradoxalement, le fait castral, l’évolution des systèmes de défense, de résidence, les influences extérieures ou les spécificités régionales, etc., sont en effet très mal connus dans la région. Nos connaissances sont tributaires, ou renouvelées par quelques sites emblématiques comme Le Guildo, Guingamp, La Roche-Maurice, etc. Enfin, des connaissances accrues sur la place-forte ouvriraient aussi la voie, à terme, à la valorisation du site. Une opération de restauration et présentation au public, réalisée en 2010, avait ainsi suivi les fouilles sur le sommet du Roc’h. Une nouvelle cristallisation, au terme des fouilles, répondrait à des impératifs de sécurité, et à une attente forte en terme de médiation, pour permettre aux visiteurs une meilleure compréhension des lieux. Celle-ci, déjà initiée par les recherches précédentes, passe en particulier par le fait de rendre intelligible une partie de la complexité de cette fortification, trop longtemps perçue comme une tour quasiment isolée. Les fortifications orientales, ignorées ou incomprises du public, sont à cet égard symptomatique. La Conservation départementale du patrimoine et des musées s’est investie en ce sens, en envisageant ce problème en amont : ainsi, les maçonneries les plus fragiles découvertes en fouille seront, après relevés, consolidées chaque année, pour éviter qu’un délai d’attente trop long ne soit nuisible à leur bon état de conservation (sur budget de la mission Patrimoine architectural, au Conseil général).

6) Méthodologie 6-1) Emprise du secteur étudié La zone de fouille projetée concernait une plate-forme de moindre importance que le Roc’h du donjon. Elle est située à l’est, près de la place du château, au débouché vers le bourg. Cette zone est appelée « petit château » par les habitants du village (fig. 3). Il s’agit d’un ensemble fortifié initialement relié au rocher du donjon par une courtine, et délimitée au sud-est par les vestiges d’une grosse tour d’artillerie. Dans un premier temps, seule l’étude de la partie orientale de cette fortification était envisagée. En effet, la topographie actuelle des lieux en fait un ensemble à part. La courtine étant effondrée au milieu de son tracé nord, une intervention sur la partie orientale est dans un premier temps plus facilement envisageable, pour des raisons de sécurité des personnes. D’autre part, on peut préciser qu’en l’état actuel de conservation des vestiges, et en l’absence de confortement permettant de pallier le mauvais état des maçonneries, il n’était pas prévu cette année d’intervenir sur la tour d’artillerie.

6-2) Moyens mis en œuvre

Le château de La Roche-Maurice est un site de hauteur, présentant un relief escarpé. Cet état de fait n’est pas sans incidence lors d’une intervention. Des dénivelés importants obligent à garantir la sécurité des fouilleurs et des visiteurs (le site est ouvert au public) au moyen de barrières, de façon à interdire l’accès aux zones dangereuses. Les vallonnements importants sur la plate-forme obligent à définir des chemins de circulation sécurisés. D’autre part, du fait du relief du site, l’évacuation des déblais

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est problématique, obligeant à recourir à des échafaudages (support de goulotte). En liaison avec la Conservation départementale du patrimoine et des musées, il a été convenu d’apporter une réponse à ces problèmes via une entreprise spécialisée, apportant son savoir faire et sa compétence technique (garde-corps, etc.).

Cette première année devait permettre d’évaluer le potentiel et les contraintes du site. Si nous connaissions l’épaisseur des remblais stériles du Roc’h, nous n’avions en revanche aucune donnée pour le « petit château ».

Fig. 4 : Aperçu de l’infrastructure technique et sécurité, et du stockage temporaire de pierres, pendant les terrassements mécaniques. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. Un terrassement préalable a été réalisé à la fin du printemps (fig. 4). L’évacuation des remblais stériles devait en effet avoir été effectuée avant la fouille, à la minipelle, sous surveillance archéologique. Cette opération était aussi conditionnée par des impératifs de sécurité des personnes. En permettant l’évacuation des remblais stériles provenant de la démolition des structures, elle devait permettre de constituer à moyen terme des garde-corps naturels, en matérialisant et restaurant les courtines. Pour permettre la réalisation de cette opération, des barrières de sécurité ont été installées en partie basse, pour interdire l’accès de la zone au public. Des lices ont aussi été installées en partie haute, pour garantir la sécurité des personnels. Enfin, l’évacuation des déblais était permise par la réalisation d’un

important échafaudage, de niveau avec la zone traitée, et matérialisant un chemin jusqu’à l’aplomb d’une benne située en contrebas. Les terrassements se sont avérés de grande ampleur, les remblais stériles pouvant atteindre jusqu’à 3m d’épaisseur. Ces remblais ont généré quantité de blocs de grande taille, et d’un poids trop élevé pour pouvoir être évacués sans risques via les passerelles. Leur stockage temporaire a donc été réalisé sur place, malgré l’exigüité des lieux. D’autre part, l’état sanitaire de certaines maçonneries pouvait aussi poser problème. Ces deux facteurs représentaient des risques potentiels de chute de pierres sur un chemin situé en contrebas. Nous avons donc choisi, pour répondre à cette situation, de faire interdire le chemin

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à la circulation, et de reporter provisoirement la fouille. Ce report a permis d’organiser le démontage des échafaudages, mais aussi le grutage et l’évacuation des pierres de taille qui étaient jusque là stockées sur place. La réorganisation du programme de fouille initialement prévu s’est faite en concertation avec le Service régional de l’archéologie de Bretagne. L’opération de fouille à proprement parler s’est transformée en une phase de terrassements supplémentaires, manuels cette fois, accompagnée d’une campagne de relevés. Ces nouveaux dégagements ont permis le dégagement de structures piégées sous des éboulis parfois importants, dont le traitement n’était pas envisageable par des moyens mécaniques. Ils ont aussi permis de sonder, au sud-ouest, une zone jugée trop sensible pour être appréhendée mécaniquement. Enfin, ils devaient aussi permettre d’élargir la zone traitée, en évacuant les terres conservées pour assurer la stabilité des lices de protection, dans la partie nord-est de la zone : ces remblais masquaient en effet des parements partiellement mis au jour, mais

dont le relevé pierre à pierre avait, en concertation avec le SRA, été décidé cette année. L’opération manuelle s’est donc aussi orientée sur le nettoyage des parements mis au jour, et sur la fouille des sommets de murs, même difficiles d’accès, pour en permettre la stabilisation. Parallèlement aux décaissements, des contacts étaient pris pour organiser :

- des relevés photogrammétriques - une campagne de maçonnerie

visant à assurer la stabilisation des structures mises au jour, dès les relevés effectués.

La fouille archéologique manuelle a donc été très restreinte, et l’on peut globalement considérer que l’intervention de 2013 n’a pas impactés les niveaux archéologiques. Cette intervention manuelle s’est déroulée en octobre - novembre, avec des relevés manuels et topographiques jusqu’au 29 novembre. Ces derniers ont été réalisés suivant un nivellement indépendant, d’après un niveau de référence installé sur un sommet de mur de la tour, apparent depuis les dégagements des années 1968-1971. Le raccordement au nivellement général de la France sera effectif en 2014.

II) LES RESULTATS

1) La démolition Sous une faible épaisseur de terre végétale, un remblai US 2001 nappe toute la zone concernée par le décapage. Il s’agit d’un apport généré par une démolition : argile jaune et gravats de mortier ou enduit, avec une très grande concentration de moellons et pierres de taille. L’épaisseur de ce remblai est d’environ 0,90m à l’ouest. Dans la partie orientale, elle est par contre de l’ordre de 2,20m à 3m. Cette surépaisseur correspond à l’emprise d’un ancien bâtiment. Les murs arasés de celui-ci sont

recouverts par ce remblai, qui se répand en coulée, vers l’ouest, au-delà de la façade de l’édifice (fig. 5 et 6).

Fig. 5 : Les remblais de l’intérieur du bâtiment débordent au-delà de la façade occidentale de ce dernier, qui commence à apparaître au premier plan. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

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Fig. 6 : Plan des structures mises au jour. DAO B. Grall, CG29/CDA.

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Les pierres de taille qui y ont été mises au jour proviennent principalement du parement de la tour située au sud-est. Ces pierres imposantes sont facilement reconnaissables, à la fois par les traces de taille qu’elles portent, non encore repérées ailleurs, et par la forme de leur parement. Un certain nombre d’entre elles étaient plantées quasi-verticalement. Un pan de mur de la tour, assez haut, s’est donc effondré vers le nord. Ce choc a pu contribuer à fragiliser la courtine nord, beaucoup plus arasée que celle de l’est. Ce remblai US 2001 recouvre une couche compacte d’ardoises de toitures de 10 à 30 cm d’épaisseur. Cette US 2004 est plus épaisse au nord du bâtiment qu’au sud, où elle est mêlée d’argile brune. Les ardoises 2004 recouvrent un niveau d’argile brune à brun-jaune US 2008, non fouillé, susceptible d’avoir constitué le dernier sol d’occupation du bâtiment. Il recouvre légèrement, au sud, près de la tour, une US maçonnée 2009, correspondant soit à un retrait d’aplomb de la tour, soit, plus vraisemblablement, à une structure arasée. Le pendage de 2008, assez marqué vers le nord, n’est vraiment prononcé que dans la partie nord du bâtiment, la partie sud étant relativement plane. Le différentiel de 0,28m entre les deux extrémités de la salle ne semble pas résulter d’un tassement des remblais sous-jacents provenant de problèmes de fondations : la partie nord affaissée est assise sur une proéminence rocheuse. On peut penser à un tassement plus important suite à l’effondrement des maçonneries de la tour, s’effectuant d’une plus grande hauteur à

mesure que l’on s’éloigne de l’aplomb de celle-ci. Cependant, l’affaissement du terrain est aussi observable à l’ouest du bâtiment. Même si le décapage de cette zone n’a pas encore été exhaustif, il semble bien que le pendage soit ici bien plus prononcé. Les observations ont porté sur un secteur qui a livré peu de pierres de parement de la tour, mais où, en revanche, pour asseoir la stabilité de leurs édifices, les constructeurs sont allés chercher le rocher très loin sous le niveau décapé…

2) Les travaux du XXe siècle Un terrassement ponctuel a été opéré au pied de la courtine orientale M31, entre deux archères alors visibles de l’extérieur. Le remblai de démolition US 2001 a été décaissé en surface pour permettre la réalisation d’un muret de soutènement US 2003, parallèle à cette courtine (fig.7).

Fig. 7 : Muret de soutènement US 2003. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

Ce muret, distant de 0,55m de M31, présente une amorce de retour parallèle à la courtine nord M32. Réalisé au moyen de moellons de taille irrégulière, il n’est

parementé que d’un côté, sur une soixantaine de cm de hauteur. Ce petit ouvrage contient ainsi le remblai 2001, en ménageant un espace libre le long de la

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courtine. Sa présence témoigne clairement de la volonté d’alléger le poids du remblai sur le rempart, pour limiter les risques d’écroulement de ce dernier. Ces travaux sont probablement contemporains des dégagements menés sur la tour à la fin des années 1960.

3) La tour d’artillerie Des terrassements, en 1968-1970, avaient permis la mise en évidence d’un tronçon du mur extérieur et de structures internes d’une tour de 16m de diamètre (fig. 3, 7, et 15). La « mise en valeur » du parement externe de l’ouvrage avait alors été obtenu par le biais d’une tranchée de 0,60/0,70m de largeur, creusée jusqu’au seuil des portes de l’ouvrage. La fouille de la tour n’était pas prévue cette année. L’intervention a cependant permis de recueillir des informations la concernant.

Les décaissements ont en effet permis de doubler la longueur de parement connue. Ce dernier est conservé, au maximum, sur 2,16m d’élévation. L’élévation conservée de la tour, en tenant compte du blocage interne de la maçonnerie, est de 2,56m.

3-1) La mise en œuvre Les pierres de taille des parements ont été montées à carreaux et boutisses, en lits réguliers. Car bien que l’on puisse observer une variation de 0,19 à 0,24 m, la hauteur des assises est plutôt de l’ordre de 0,23 à 0,24 m dans la partie mise au jour. Les moellons sont réservés au blocage interne de la maçonnerie. Pour les parements, les constructeurs ont eu recours à des pierres de taille, très majoritairement obtenues dans des blocs de schiste imposants. Il n’est en effet pas rare que la longueur de ces derniers atteignent ou dépassent le mètre (fig. 8).

Fig. 8 : Aperçu du mode de construction de la tour. Parement mis au jour en 2013, vu du nord. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. On notera aussi que l’appareillage de la tour est obtenu au moyen de pierres de plus gros calibre à l’ouest du mur M33 (fig. 11). Cet état de fait correspond sans doute à la nécessité de renforcer la maçonnerie dans un segment où elle peut être affaiblie par le percement de portes. A l’inverse, à l’est de M33, la partie basse de la tour, protégée par les courtines est et nord

toutes proches, n’était pas directement exposée à d’éventuels tirs directs. Mais cette considération n’a pas du être la seule à intervenir. Il est en effet plus facile de charrier et manipuler de gros blocs à cet endroit, qu’à l’est du mur M33, correspondant à l’intérieur d’un bâtiment dont il sera question plus loin (fig. 17). De plus, la mise en œuvre des blocs en intérieur ne contribue pas à la recherche d’un effet majestueux, comme cela a pu être le cas, à l’extérieur, avec la façade d’un logis (M33). Ces pierres ont été dressées pour obtenir un léger galbe, correspondant à un segment de la circonférence de la tour (fig. 9).

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Fig. 9 : Aperçu de la circonférence de la tour et du faible galbe des pierres de parement. Vue prise en cours de travaux, du nord-est. Cl. R. Pérennec, CG 29/CDA. Cette mise en œuvre, vraisemblablement obtenue au moyen d’outils de type pics ou broches, a été faite avec beaucoup de soin (fig. 10).

Fig. 10 : Détail de la taille des pierres de parement de la tour. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. Alors que le blocage est lié à l’argile, la pose de ces pierres de taille s’est effectuée au moyen de joints de chaux beige très peu épais. Cette technique de pose a aussi été observée sur le pourtour d’un logement de barre de porte.

3-2) Portes et dispositifs de fermeture Lors de l’intervention de 1968-1971, deux portes de la tour ont en effet été mises au jour. Au sud-ouest, l’ouverture US 2102 donne accès à un couloir non rectiligne.

L’étroitesse de ce boyau en chicane, à peine plus large que la porte, peut avoir été dicté par la volonté de pouvoir ralentir ou stopper aisément des assaillants ayant réussi à forcer la porte. Les montants chanfreinés de granit de celle-ci présentent de nombreux percements de faible diamètre, réalisés a posteriori, et qui correspondent à l’emplacement de gonds et de systèmes de fermeture métalliques. Une autre porte, US 2101, est située plus au nord. Sa largeur est le double de celle de 2102, soit 1,20 m. Les montants chanfreinés à griffe sont en granit. Le système de fermeture était assuré par des poutrelles de bois disposées en travers de la porte pour bloquer l’ouverture de celle-ci. Les barres étaient maintenues dans des logements aménagés dans la maçonnerie du mur (fig. 12 et 6). L’un d’eux, US 2104, était déjà connu : 0,20m de largeur pour 0,21 de hauteur, le fond affleurant 0,51m au dessus du seuil. Un second a été mis au jour cette année : l’US 2105, reconnu sur 1,02m de longueur conservée, pour 0,33 à 0,35m de largeur et 0,20m de hauteur. La partie basse de ce creusement est distante de la partie haute de l’US 2104 de 0,34m, ce qui correspond à deux assises de la maçonnerie. Un mortier de chaux visuellement identique à celui qui scelle les pierres de parement a été mis au jour sur le pourtour de ce logement. Dans un édifice lié à l’argile, les constructeurs semblent donc avoir réservé le mortier à des usages ponctuels, en renfort de parties plus exposées (parement), ou plus fragiles : les logements de barres, qui sont creux, peuvent en effet être considérés comme une zone de faiblesse de la maçonnerie. Ces cavités, comme il a été mentionné plus haut pour l’exemple de l’US 2105, sont en effet plus profondes qu’il n’est.

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Fig. 12 : Les logements de barres de bois US 2104 et 2105 et la porte US 2101 de la tour. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. nécessaire pour la simple action de fermeture De fait, leur profondeur réelle était de 1,60m. La possibilité de rétracter les barres dans leurs logements offrait une dimension d’utilité pratique, et permettait de les déployer très rapidement en cas d’alarme. On notera que ce système de renfort de porte était d’autant plus efficace que la section des bois utilisés était, comme ici, relativement importante ; et que les barres étaient rapprochées : dans notre cas, 2 pour 1,30m d’élévation. L’épaisseur de la porte elle-même concourrait à l’efficacité de la défense. Nous en avons une estimation, basée sur la distance entre la feuillure de la porte et les logements de barres de bois, qui est de 18cm.

3-3) Dallage intérieur Les restes d’un dallage de pierres sur chant 2103 sont conservés dans un angle de la pièce sur laquelle ouvre la porte

2101. Ce dallage affleure alors 4cm plus haut que le seuil intérieur de la porte (fig. 13).

Fig. 13 : Dallage de pierres sur chant 2103. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

3-4) Chronologie relative et éléments de datation

La fouille de cette année s’est attachée à définir un cadre d’intervention satisfaisant : dégagement de remblais, obtention d’un plan de la zone à traiter, confortation des structures, tant pour assurer la préservation du bâtiment que la sécurité des bénévoles. De plus, elle ne s’est déroulée qu’à l’extérieur de la tour, et non à l’intérieur de celle-ci. En l’absence de données stratigraphiques permettant de proposer des datations plus précises, la datation de la tour et de son moineau ne peut donc être qu’approchée, ou estimée. L’insertion de cette grosse tour dans le dispositif de défense de la plate-forme orientale s’est faite tardivement. Nous ne connaissons pas le tracé initial des courtines et des éventuels ouvrages de flanquement dont il aurait pu être doté : la tour a été construite dans un angle de la fortification basse du Roc’h Morvan, en saillant (fig. 15). Les élévations conservées permettent d’observer que la courtine orientale a été

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partiellement démontée lors de la construction de la tour.

Fig. 14 : Reprise de maçonnerie à la jonction de la courtine orientale et du parement de la tour. Vue prise de l’ouest. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. Le raccord entre courtine et tour, en fin de construction, n’a pas été soigné. Côté ouest, la courtine orientale présente, à la jonction avec la tour, une reprise de 0,16 à 0,22m de largeur, quasiment sans maillage (US 2043). Le manque entre les deux structures bâties a en effet été comblé par empilement de près d’une vingtaine de moellons, sans ajustement au plus près du parement de la tour ou de la maçonnerie de la courtine : les manques étaient colmatés à l’argile, qui fait le liant de cette réfection (fig. 14). Une observation de même type, bien que plus lacunaire, a aussi faite plus au sud-ouest, près de la porte 2102. Il en sera question ultérieurement.

La construction de ce genre d’ouvrage peut-être attribuée à la seconde moitié du XVe siècle, ou au début du XVIe siècle. Le croisement avec les archives fournit des précisions supplémentaires, comme nous l’avons déjà vu. Le Roc’h Morvan est ainsi signalé en ruine en 1477, ce qui n’est plus le cas en 1479 ni en 1486. Nous pourrions avoir ici, dans le dernier tiers du XVe siècle, un créneau possible de construction. Quelques comparaisons d’adaptation à l’artillerie peuvent ainsi être fournies, comme la tour-donjon du château de Ham vers 1470, et le château de Nantes, vraisemblablement pas remanié avant les années 1480-1490 (Rocolle 1989). Puis le Roc’h est endommagé en 1489 durant la guerre franco-bretonne. Les réfections, attestées en 1493, semblent avoir pris de l’ampleur en 1504. L’extrême fin du XVe siècle, et surtout le début du XVIe siècle, fournissent donc une autre possibilité pour caler ces travaux. Charles VIII octroya en 1491 au vicomte de Rohan de réparer ses châteaux dont « la plus part ont été gastés, desmolis et dégarnis par le fait et disposition des guerres qui dernièrement ont eu cours audit pais »29. « Le même Jean II de Rohan entreprend la reconstruction de son château de Blain (44) et de Pontivy (56), entièrement adapté à l’artillerie entre 1499 à 1505 » (Martineau et al. 2002). La comparaison des tours d’artillerie entre La Roche-Maurice et Pontivy permet de privilégier l’extrême fin XVe-début XVIe siècle comme période de construction. Compte-tenu des possibilités actuelles de datation (céramiques médiévales bretonnes mal connues, etc.), il n’est pas sûr que l’archéologie puisse confirmer ou infirmer cette attribution. Etant donné l’étroitesse de la fourchette chronologique concernée, 25 à 30 ans, nous touchons

29 Dom Morice, Preuves…, t. 1, col. 783, titre de Blain (Martineau et al. 2002).

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sans doute là aux limites de la discipline. L’enjeu est pourtant important, puisqu’il concerne la réactivité des ingénieurs et maîtres d’œuvres dans l’adaptation d’une place forte d’origine féodale aux progrès constants et accélérés de l’artillerie. La comparaison avec Pontivy, dans une fourchette de datation de l’extrême fin du XVe siècle et surtout du XVIe siècle, nous semble cependant la mieux assurée, compte-tenu des temps de diffusion, et de la longévité significative, tout en étant très ciblée dans le temps, de ce dispositif. La tour à canon a constitué, avant l’apparition des fortifications bastionnées, la principale réponse des ingénieurs quant à l’intégration de l’artillerie pour la défense d’une place. Si l’on considère les tâtonnements inhérents à la recherche de nouvelles solutions défensives, ces deux techniques ont même coexisté un temps. La tour à canons présentait, dans un

premier temps, l’avantage d’adapter des formes existantes : tours suffisamment larges et dotées de plates-formes pour recevoir des canons. Leur succès fut très important outre-Rhin, puisqu’on en construisit jusqu’au milieu du XVIe siècle (Rocolle 1989). En France, la construction des tours à canons concerne semble-t-il surtout les trente ou quarante premières années du XVIe siècle, avec cependant des réalisations plus tardives, comme à Langres jusqu’en 1573 (Rocolle 1989).

3-5) Intégration au système défensif Une petite casemate, appelée caponnière ou moineau (Viollet le Duc 1978 ; Pérouse de Montclos 2002), est située en contrebas de la tour (fig. 3). Elle n’est pas connue en intégralité. Son rôle était de

flanquer le fossé, et d’empêcher ainsi le franchissement de ce dernier.

Fig. 15 : Plan topographique – levé 2001 et 2002 (Martineau, Boumier, Sanz-Pascual, 2002)

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Elle se compose de plusieurs chambres et couloirs de taille variable, à partir desquels des meurtrières ont été disposées pour des armes à feu. Une liaison vers, ou avec la tour, était assurée au moyen d’un escalier. Ces vestiges ont été dégagés en 1926. Leur mise au jour, qui avait suscitée beaucoup d’effervescence dans le bourg, est à la base du classement monument historique du château. Grâce à la «fièvre » qui s’empara des habitants, des articles de journaux ont rendu compte des découvertes. Les remblaiements de l’ouvrage ont ainsi livré des boulets de pierre, des ossements, des céramiques. De plus, un autre départ de « souterrain » a été repéré environ 50m plus au sud, orienté sud-ouest/nord-est. Il s’agissait d’un couloir (double-caponnière ?) délimité par deux maçonneries de soutien distantes de 1m. Son existence « permet de supposer l’existence à cet endroit d’ouvrages avancés ce qui concorde avec l’ancien tracé oriental de la parcelle n°33, section du cadastre de 1811 » (Kernévez 2005). J. Martineau a aussi signalé que la tour et le moineau situé en contrebas (fig. 3), devaient « faire partie d’un ensemble plus conséquent appartenant à un dispositif d’entrée tourné vers le bourg » (Martineau et al. 2002). De fait, en 1832 le chevalier de Fréminville, après s’être intéressé à l’éminence principale du château, décrit ainsi les vestiges proches du bourg : « on y remarque les bases de deux énormes tours rondes qui défendaient le portail » (Fréminville 1832, Kernévez 2005). Mais cette description reste insuffisamment détaillée pour se faire une idée réelle du système de défense de la place : s’agit-il d’un châtelet intégrant au moins une tour d’artillerie, sinon deux ? De même, la mention en 1926 de l’existence d’un possible couloir de circulation au sud de l’ensemble tour/moineau ne permet pas

non plus de présumer de la nature d’éventuels ouvrages avancés.

4) La courtine orientale Le mur M31 fait 11,50m de longueur extérieure (parement est), et 9,20m de longueur intérieure (parement ouest). Il est construit principalement en moellons de schiste liés à la terre, avec quelques occurrences de quartz ou quartzite. Il est percé de deux archères, US 2012 et 2013, et d’une sorte de niche basse US 2028 (fig. 17 et 18).

4-1) La niche Cette dernière présente une ouverture de 0,97m de longueur, pour 0,65m de hauteur. Elle est fortement évasée, et se termine à l’est par un petit conduit US 2029, de 0,10m de largeur pour 0,22m de hauteur (fig. 16). La niche 2028 est couverte par un mince linteau plat de schiste, fracturé sous le poids de la maçonnerie sus-jacente. Pour cette raison, il n’a pas été possible de l’observer dans le détail. Il semble pourtant que le conduit 2029 soit une évacuation ménagée en escalier dans le mur de la courtine, vers l’extérieur du rempart. La hauteur de ce dernier, conjuguée aux jointoiements dont il a fait l’objet, n’ont pas permis d’en observer l’éventuel débouché.

Fig. 16 : Niche 2028 et possible départ de conduit 2029. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

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Fig. 17 : Plan des structures mises au jour. DAO B. Grall, CG29/CDA.

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4-2) Les archères Les fenêtres de tir des archères sont conservées respectivement sur 0,97m (US 2012) et 0,95m de hauteur (US 2013). Leur largeur varie de 7 à 5 cm (fig. 19).

Fig. 19 : Détail des montants, et base chanfreinée de l’ouverture de tir de l’archère US 2012, en M31. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. Leurs encadrements sont constitués de pierres de taille de granite. La base est chanfreinée, pour augmenter l’angle de tir vers le sol (fig. 19). De telles archères à étrier pourraient, à La Roche-Maurice, être datées de la seconde moitié du XIIIe siècle, sur la base de la comparaison avec Joyeuse Garde tout proche, et de la chronologie du bâti, telle qu’elle ressort des archives et, surtout, des investigations menées sur la plate-forme du donjon30.

30 Communication orale J. Martineau.

Les ouvertures maximales, côté ouest, sont de 1,37m et 1,53m. Les montants intérieurs des différentes ouvertures ont été obtenus par l’emploi de moellons de schiste d’un gabarit plus régulier, et plus grands que ceux du reste de la maçonnerie. Il en est de même pour le parement occidental du segment de courtine situé au sud de l’archère 2012. L’accès à chaque archère est facilité par la présence de deux gradins d’une cinquantaine de cm de hauteur. Leurs dimensions sont relativement standardisées. Le gradin bas de l’archère US 2012, 2012-1, est profond de 0,61m ; contre 0,64m pour celui de son homologue, 2013-1. Ces gradins bas sont assez mal conservés, notamment celui de l’archère 2012 (fig. 23, 24, 25). Les gradins supérieurs sont plus profonds : 0,79 m pour l’US 2012-2 ; 0,82m pour 2013-2. Ils ne paraissent pas avoir été particulièrement maillés au mur. Dans les deux cas, la partie sommitale de ces gradins était recouverte par de l’argile jaune de 8 à 9 cm d’épaisseur près du bord du gradin, et s’épaississant obliquement jusqu’à la base des fenêtres de tir (fig. 23 et 24). Le rôle de cette couche d’argile n’a donc rien à voir avec la volonté d’obtenir une surface plane, en finition. En revanche, l’épaisseur même de cet apport d’argile peut avoir été motivée par le confort de l’archer. Suivant la distance de la cible, pour tirer, ce dernier pouvait être amené à poser un genou sur le gradin supérieur, dont la hauteur semble avoir été prévue pour cet usage. Ainsi, ce niveau d’argile a pu jouer un rôle de coussin. Une autre hypothèse pour expliquer cet aménagement serait, compte tenu de sa pente, d’envisager un rôle d’étanchéité. Les murs montés en schiste présentent souvent un appareil irrégulier, dans lequel figurent un nombre important de pierres de petit gabarit. C’est particulièrement vrai pour le blocage interne entre les

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parements. Si ce dernier contribue à créer une masse compacte, il n’a en revanche pas toujours un rôle important de cohésion entre les parois. D’autre part, les propriétés mécaniques de la pierre employée rendent les murs sensibles à la fracturation des pierres, du fait du poids de la maçonnerie qu’elles portent. C’est particulièrement vrai quand le joint de terre s’est tassé, ou qu’il a disparu. De telles fracturations sont observables sur les parements des courtines. La cause principale de l’érosion des joints, qui peut occasionner une dislocation de l’appareil, provient des entrées d’eau. Il est donc possible qu’un apport d’argile ait pu être envisagé pour éloigner de l’intérieur du mur les entrées indirectes d’eau se faisant par les ouvertures externes, pour les canaliser vers l’intérieur. Malheureusement, l’état de dégradation des gradins inférieurs ne permet pas de vérifier cette hypothèse.

Fig. 20 : Détail du montant nord de l’archère 2013, et des traces résiduelles de sa voûte. Vue prise après fouille de l’argile jaune 2013-3 qui recouvrait le gradin supérieur. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

Une seule archère, US 2013, au nord, présente encore quelques pierres de la voûte en plein-cintre qui assurait le couvrement de la structure (fig. 20). Celles-ci étaient liées au mortier, à la différence de celles du reste de la courtine.

4-3) Les reprises du mur M31

Fig. 21 : Basculement du parement occidental de la courtine vers l’extérieur (est). Vue du sud. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. Le mur M31 est loin d’offrir un tracé rectiligne. On observe, à l’intérieur du château, un dévers important vers l’extérieur, à l’est (US 2046, fig. 17 et 21). Cette inclinaison de la maçonnerie est plus prononcée au sud, et quasiment nulle au nord, près de l’angle du mur M32. La liaison des deux maçonneries a sans doute contribué à renforcer la stabilité à cet endroit. La courtine, ou tout du moins son parement oriental, seul observable, étant fondée sur la roche, ce « mouvement » du mur est surprenant. Le parement oriental est, quant à lui, d’aplomb (fig. 22).

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Fig. 22 : Profil du parement oriental de la courtine est, et implantation sur le rocher de quartz. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. Le différentiel des aplombs des maçonneries est particulièrement apparent dans les embrasures des archères (fig. 23, 24 et 25).

Fig. 23 : Montant sud de l’archère US 2012. On observe clairement au premier plan une maçonnerie basculée, US 2046, et au second une reprise en lits horizontaux, US 2045, construite d’aplomb. Noter aussi le « coussin » d’argile 2012-3 sur le gradin supérieur. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

Nous sommes clairement ici en présence d’une reprise importante du mur M31, apparemment nécessitée par l’écroulement du parement externe du rempart. Il est pour l’instant délicat de s’avancer sur les raisons de cet état de fait. La cause peut en effet en être tout autant un problème de stabilité du mur mal envisagé lors de la conception, que la résultante de dommages causés par l’un des sièges dont le château a fait l’objet durant son histoire mouvementée. Quoiqu’il en soit, la reprise de maçonnerie est plus importante au sud, là ou le dévers du rempart est plus accentué (cf. montant sud de 2012, fig. 23), qu’au nord (montant sud de 2013, fig. 25).

Fig. 24 : Montant nord de l’archère 2012. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

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Fig. 25 : Montant sud de l’archère 2013. Vue prise après fouille de l’argile jaune 2013-3. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. A l’extérieur, l’examen du parement oriental confirme la chute d’une portion de rempart, suivie d’une réfection par chemisage d’un nouveau parement US 2045 (fig. 26). Cette réfection peut actuellement être datée d’après le style de l’entourage des archères, de la seconde moitié du XIIIe siècle. Elle peut donc témoigner de travaux de restauration consécutifs à la guerre entre Hervé de

Léon et le duc de Bretagne Jean Ier Le Roux, en 1240. Il est difficile d’imaginer que le château, compte-tenu de son importance et de sa position géographique, n’ait pas été impacté par le conflit. A l’issue de celui-ci, et de la mort d’Hervé III de Léon, le duc va administrer directement le fief des Léon jusqu’à la majorité d’Hervé IV. Les relations entre les deux protagonistes ne se stabiliseront que vingt ans plus tard, par accord passé entre les deux parties. Encore celui-ci a-t-il un coût exorbitant pour Hervé IV : ce dernier s’engage en effet à payer au duc, en réparation des actes de son père, la somme de 10 000 livres (Kernevez 2005). Il est donc difficile d’envisager une restauration rapide du château : A la fin des hostilités, c’est le duc qui perçoit à son profit les revenus de la seigneurie. Les travaux ne peuvent donc selon toute vraisemblance être envisagés qu’à partir de 1260. Encore faut-il alors considérer que les finances d’Hervé IV sont grevées par l’énorme dette contractée auprès du duc…

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Fig. 26 : Courtine orientale M31 : principales reprises visibles depuis le sol. Cl. R. Pérennec, DAO B. Grall, CG29/CDA. Au sommet du rempart, l’US 2050 correspond à un remaniement contemporain opéré à la fois pour conforter, et pour assurer un couronnement étanche aux structures conservées (fig. 26). Le parement du retour de courtine septentrional M32, (US 2049), ne paraît pas avoir été concerné par l’effondrement partiel qui a touché la partie haute de M31 (fig. 26). Un contrefort US 2034 confortait le rempart, au sud de l’archère 2013 (fig. 26). Il en subsiste un massif conservé sur une assez faible hauteur, et coiffé d’un toit à simple pente. Toutefois, l’appareil de M31 garde la trace d’une élévation beaucoup plus importante, aujourd’hui disparue, 2034b (fig. 26). Les vestiges ne consistent

pas en un arrachement laissé par une maçonnerie démolie. L’arrachement initial a en effet été re-parementé. On peut envisager à titre d’hypothèses provisoires que le contrefort ait fait partie prenante du premier état du mur M31, où qu’il ait été construit après le basculement de ce dernier (US 2045). Dans les deux cas, soit il a été inefficace, soit après la stabilisation du mur et la reprise de son parement, il n’a plus eu d’utilité. Comme l’arasement de la structure s’accompagne d’un réaménagement parementé de l’arrachement, il est possible que ces travaux soient contemporains du chemisage de la partie haute du parement externe de M31, dans la seconde moitié du XIIIe siècle. Au sud du contrefort, une maçonnerie de schiste et quartzite US 2047 est montée

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dans un appareil irrégulier (fig. 26). Les pierres utilisées sont de plus petite taille que celles du chemisage 2045. D’autre part, leur mise en œuvre est aussi moins soignée : les lits sont plus irréguliers, et pas toujours horizontaux, notamment au sud. Rien ne permet cependant d’envisager qu’on ait ici la trace d’un nouvel élément de chronologie relative. Cette US 2047 a servi d’assise à la reprise du parement en partie haute, US 2045, dans les années 1260-1270, ou 1260-1280. Elle pourrait donc garder la trace, soit d’un premier état du XIIIe siècle, soit d’un état du XIIe siècle. L’emploi du conditionnel est ici motivé par la liaison de cette maçonnerie avec le contrefort, qui semble infirmer cette hypothèse, sauf cas de maillage imparfait entre les deux appareils. Il sera donc nécessaire d’avoir un meilleur accès à la maçonnerie pour pratiquer des observations plus précises. Le parement est en effet intégralement rejointoyé. Cet état de fait ne facilite pas, dans une maçonnerie de moellons de schiste, le repérage de reprises ponctuelles de maçonneries, pouvant avoir été gommées par cette opération. Au nord du contrefort 2034, sous la reprise 2045, le parement présente l’aspect d’une maçonnerie très désordonnée, US 2048 (fig. 26). La différence de traitement avec ce qu’on peut observer au sud du contrefort 2034, ne permet pas de considérer qu’il puisse s’agir là d’une seule et même maçonnerie avec 2047. Il est plus vraisemblable d’y voir la fourrure interne d’un massif de maçonnerie aujourd’hui disparu, à la fonction indéterminée ; peut-être liée au contrôle du chemin donnant accès au pont sur l’Elorn en fond de vallée, et, au-delà, à Landerneau et au plateau léonard. Ce chemin était en effet l’accès principal au château jusqu’à la construction de la route neuve au XIXe siècle. Il longe actuellement M31 à l’est, avant de descendre juste au nord de M32. La

reconstruction du parement 2045 sur ce massif probable 2048 s’est faite après pose de pierres allongées, qui ont sans doute joué le rôle de retrait d’aplomb et d’assise de stabilisation de la maçonnerie.

4-4) La chronologie de la courtine orientale

En l’absence d’éléments de datation absolue, il convient de rester prudent sur l’évolution chronologique de cette courtine. Celle-ci demande à être précisée par des données issues de fouilles, et des observations complémentaires ; notamment sur le parement est, actuellement peu accessible. A titre d’hypothèse provisoire, on peut envisager un premier état matérialisé par les US 2047, le contrefort 2034, l’US 2048. La coïncidence entre les US 2047 et 2046 est probable, même si elle ne peut être confirmée. Si l’on excepte les longues pierres de schiste des entourages de baies de 2046, le style de construction est proche : petits moellons de schiste agencés de manière plus ou moins régulière. Le dévers de l’US 2046 vers l’est, plus accentué au sud qu’au nord, n’a pas d’écho sur l’US 2047. Cet état de fait peut se comprendre si ce dévers ne provient pas d’un désordre quelconque des fondations. Et si le basculement partiel du rempart n’a affecté que les parties hautes de l’élévation. Un cas similaire a été mis en évidence sur le gouttereau occidental du bras sud de transept de l’église abbatiale du Relec, en Plounéour-Ménez, du fait de la poussée d’une voûte (Pérennec et Grall 2009). Ici le dévers du mur pourrait être la conséquence du conflit qui opposa les seigneurs de Léon et le duc de Bretagne vers 1240 : Des traces de destructions consécutives à un siège, qui ont été repérées sur la plate-forme du donjon, ont été attribuées à cet épisode (Martineau 2007a). Le changement d’aplomb du

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rempart en élévation pourrait avoir été occasionné soit par des impacts de machines de guerre ; soit plus vraisemblablement par l’écroulement d’un logis attenant, qui sera évoqué plus loin. Pendant vingt ans, la gestion directe de la seigneurie par le duc ne plaide pas en faveur de la reconstruction de dommages infligés à une famille dissidente. La courtine, montée en moellons de schiste liés à la terre, s’est donc dégradée davantage. A partir de 1260, la réconciliation avec le duc permet au seigneur de Léon de reprendre pleinement possession de ses biens. Ce n’est qu’alors, dans la ou les décennies qui suivent, que l’on peut envisager des réfections. Celles-ci consistent en la reconstruction d’un parement oriental déjà écroulé, ou que son dévers rend trop vulnérable en cas de siège. La reprise du parement 2045 s’accompagne de l’arasement du contrefort 2034. Ce dernier est peu profond, et sa partie supérieure a donc pu accompagner le dévers du rempart. L’arrachement des pierres engagées dans la courtine est lui aussi repris et re-maçonné, pour obtenir un parement 2034b. Au-delà du souci de renforcer le parement sur le long terme, cette intervention est sans doute aussi motivée par la volonté de supprimer des aspérités susceptibles d’accrocher des projectiles. A l’extrême fin du XVe siècle ou plutôt du début du XVIe siècle, l’insertion de la tour d’artillerie, a posteriori dans le système de défense du château, a nécessité la destruction partielle de la courtine. Celle-ci a ensuite été grossièrement reprise, au moyen d’un empilement de moellons, US 2043, pour fermer la brèche (fig. 14). Ce « colmatage » n’est visible que sur le parement occidental de M31. Côté est, la jonction entre la tour et la courtine est en effet masquée sous une végétation abondante et quelques éboulis.

5) La courtine nord

C’est un front d’environ 43 m de longueur, reliant la courtine orientale au donjon (fig. 3 et 15). Ce rempart s’est effondré sur toute sa partie centrale, crevée par une large brèche qui sépare les tronçons encore debout. Côté ouest, la courtine est matérialisée par une maçonnerie M44 noyée sous la végétation. Elle se raccorde au rocher du donjon, sur la face orientale de ce dernier (fig. 27).

Fig. 27 : Vestiges de la courtine nord sous le donjon. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

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Fig. 28 : Vue de la courtine nord, du nord-est. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. La stabilité du rempart de ce côté était favorisée par son insertion dans une faille entre deux blocs rocheux. Le choix des constructeurs n’a donc pas été de bâtir sur un bloc, selon un usage bien répandu, mais d’habiller le rocher sud. Le donjon est bâti sur une éminence rocheuse. Cette faille, dont l’ampleur et la profondeur sont inconnue, est le seul endroit où la maçonnerie de la tour maîtresse est développée en contrebas, hors plate-forme. L’avantage de ce positionnement de la courtine était donc sans doute de masquer cette zone de faiblesse. A un rôle de protection contre la sape s’ajoutait sans doute un rôle d’étaiement d’une élévation extrêmement importante. Le débordement du massif de maçonnerie adossé au nord-ouest du donjon, dans la courtine oriental de la plate-forme haute, n’est sans doute pas non plus étranger à cette position de la courtine nord du petit château.

D’autre part, on notera que le bloc rocheux sud, situé sous le donjon, présente un front de taille très rectiligne, sans équivalent pour les autres rochers de quartz ayant servi de fondation. De même, son nivellement paraît lui aussi très régulier. Il n’est donc pas impossible que sa surface ait servi pour des circulations. Côté est, de l’autre côté de la brèche, le front nord se compose de deux parties distinctes : M44 et M32. Les vestiges conservés sous le donjon, M44, se prolongent au-delà de la brèche, vers l’est (fig. 17 et 28). Ce mur est conservé sur une quinzaine de mètres de hauteur. La rareté des boules rocheuses dans ce secteur semble avoir conduit les constructeurs à compenser la faiblesse relative des fondations qui en résulte, en donnant un fruit important à cette courtine, bâtie en moellons de schiste et quartzite (fig. 29). Par ailleurs, il subsiste un contrefort plat 2035, à l’est (fig. 17 et fig. 29 et 30).

Fig. 29 : Profil de la courtine nord M44, dans sa partie est. A l’arrière plan, le contrefort 2035, puis le mur M32. Vue prise de l’ouest. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

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Le cône de remblais qui a recouvert les vestiges du rempart écroulé ne permet pas d’observations plus complètes. Il est actuellement impossible de vérifier si ce contrefort est isolé, ou s’il fait parti d’un ensemble cohérent de confortement de la courtine. Faute de moyens, il n’a pas été possible d’accéder à la maçonnerie pour l’observer. On notera cependant, au dessus du contrefort, et légèrement à l’est de celui-ci, une réfection notable : une brèche importante a été colmatée avec des petits moellons de schiste, sans parement très soigné (fig. 30). Postérieurement à ce comblement, une reprise de la partie haute a été effectuée avec des moellons relativement bien calibrés et agencés (fig. 30). Il sera question plus loin d’un aménagement de latrines ayant laissé des traces sous forme de saignées dans la maçonnerie. D’autre part, la conception de ce front nord pose question. Etant donné son étendue, et la présence avérée de tours dès le XIIe siècle sur la plate-forme du donjon (Martineau 2007a); on peut se poser la question de l’existence ou non de moyens de flanquements sur cette partie du rempart. Les difficultés d’accès à ces élévations n’ont pas permis de s’assurer de la chronologie des structures M44 et M32. Le parement nord du mur M32 est décalé vers le nord de près de 0,70m par rapport à celui de M44 (fig. 17 et 29). Ce décalage semble d’ailleurs aussi correspondre à une différence semblable de l’épaisseur des deux murs. Or, ici, le mur le plus épais, M32, est celui qui est fondé sur un gros rocher de quartz, et dont l’élévation était la moins importante. Mais Le tronçon

de courtine M32 est aussi plus large que la courtine orientale M31. D’autre part, l’aplomb septentrional du mur M32 est vertical, contrairement au mur M44, dont la partie basse présente un fruit accentué. Il n’en va pas de même en revanche de son parement occidental : l’angle ouest de M32 présente en effet un fruit marqué vers l’est, un peu à la manière d’un contrefort (fig. 31).

Fig. 30 : contrefort 2035. Vue du nord-est. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

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Fig. 31 : Courtine nord : murs M32, M44, et contrefort 2035. Vue du nord, à partir du chemin situé en contrebas. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. L’angle oriental ne présente quant à lui aucun traitement de ce genre. La maçonnerie de petits moellons de schiste, de même type que celle de l’US 2047 du parement oriental de la courtine est M31, est assise sur le quartz. L’angle est simplement renforcé par une avancé en éperon oblique (fig. 32). Une observation complète des éventuelles reprises du parement nord de M32 sera à mener ultérieurement, en parallèle à la fouille.

Fig. 32 : Renfort de la fondation de l’angle des courtines nord et est. Vue du nord-ouest. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

Cette façade M32 est aveugle, à l’exception d’une baie unique US 2030 (fig. 17). Sa largeur ne peut être déterminée côté nord, puisque toute la partie septentrionale, avec l’appui, a disparu (fig. 35). Elle était de toute façon inférieure à 1m, et plus vraisemblablement

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à 0,50m. L’ouverture, au sud, était en revanche de 2m. L’embrasure de 1,80 m de longueur conserve les vestiges de deux coussièges. Un gradin US 2031, de 0,39m de largeur pour 0,41m de hauteur, est partiellement conservé du côté ouest. En

vis-à-vis, se voient les traces d’un second gradin, US 2032, d’une trentaine de cm de hauteur initiale. Son arasement est quasiment général, et nous n’avons pas de traces de sa largeur (fig. 33 et 34).

Fig. 33 : Ortho-image du parement sud du mur M32, et des côtés de l’embrasure de l’ouverture US 2030. Art Graphique et patrimoine. DAO B. Grall, CG29/CDA.

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Fig. 34 : Détail de la fenêtre US 2030 dans M32. Vue du sud-est. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

Fig. 35 : Arrachement consolidé. Tableau de la fenêtre US 2030, côté est. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. La fouille, et une étude des élévations des deux parements, permettra sans doute de

dater cette ouverture. S’agit-il d’une archère (nous ne connaissons pas l’ouverture initiale côté nord), ou d’une baie remaniée dans un second temps, lors d’une transformation intégrant des préoccupations résidentielles ? Il sera question plus loin de la fonction de logis de la zone mise au jour à l’angle des courtines nord et sud. De plus, la fenêtre US 2030 est très proche des fenêtres de la courtine orientale de la plate-forme principale (Martineau 2007a) : embrasure de même ouverture, bordée de coussiège, y compris en retour devant l’appui de la fenêtre. Ces fenêtres sont datées du XIVe siècle (Martineau 2007a et Martineau 2007b). Dans toute sa partie occidentale, le mur M32 a été profondément remanié. Le but des travaux était la création d’un passage, aménagé à l’intérieur de la courtine. Celle-ci se trouvait de ce fait rétrécie et réduite à un petit parement décalé US 2037. Le parement bordant ce passage à l’est conserve les traces d’un logement dégradé et en partie arrachée US 2038,

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Fig. 36 : Plan des structures mises au jour. DAO B. Grall, CG29/CDA.

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correspondant à un montant de bois (fig. 35). Nous reviendrons sur cet aménagement un peu plus loin. L’appareil de la courtine est assez homogène : moellons de schiste, utilisés en longues pierres plates bien agencées, dans l’embrasure et les encadrements de la fenêtre US 2030, ce qui représente la plus grande partie du mur (fig. 33). Le mode de construction est donc très proche de celui de la courtine orientale M31, dans laquelle les ouvertures étaient aussi très soignées. Le petit parement 2037 est, quant à lui, plus irrégulier.

6) Le logis

La partie orientale de la plate-forme basse a été mise à profit pour installer un logis, prenant appui sur les courtines nord et est, puis sur ces courtines et sur la tour d’artillerie (fig. 36). La longueur du bâtiment n’est pas vraiment connue dans le premier état. La largeur, 5m, restera inchangée dans l’état 2, pour une longueur d’un peu plus de 9m. Les deux états successifs de ce bâtiment ont été mis en évidence au travers de l’évolution de sa façade occidentale, le mur M33. Ils ont été numérotés dans l’ordre de découverte, soit M33-1 pour l’état le plus récent, et M33-2 pour le plus ancien.

6-1) Etat 1 : Il s’agit là du premier état qui nous soit connu, sans préjuger s’il s’agit de l’état initial ou non. Pour le mur de façade, M33-2, il est surtout visible sur le parement oriental de la structure (fig. 40). Le parement occidental n’est conservé qu’à l’état de traces. M33-2 est une maçonnerie de moellons de schistes et quartzite relativement bien calibrés et agencés. Elle est liée à l’argile dans sa partie nord. L’emploi d’un mortier de chaux blanc de bonne tenue,

comportant des inclusions coquillières, a cependant été mis en évidence sur l’US 2006. Il s’agit d’un petit massif de maçonnerie situé entre deux ouvertures, côté est. La situation particulière de ce trumeau pourrait avoir conditionné l’utilisation du mortier. Celui-ci, comme pour la voûte de l’archère 2013 en M31, a pu n’être utilisé, lors du montage, que pour des zones de faiblesse des murs. L’usage de la chaux aurait alors été parcimonieux, hors cadre seigneurial. La présence de coquillages laisse de plus penser à une utilisation de ressources locales et non d’importation. La matière première pouvait être fournie par les coquillages de la rade de Brest, et acheminée via le port de Landerneau. Cependant quelques vestiges, au sud de la porte, qui sont assimilés au mur M33-2, sont eux aussi liés au mortier. Il est délicat de préciser, après une étude somme toute préliminaire, si ce recours au mortier résulte ou non d’une réfection. Ce que suggère l’usage de deux liants différents, s’il est plus tard confirmé. Cette partie de la maçonnerie a en effet été en partie reprise dans l’état 2. Mais la réfection d’ensemble du mur, à ce moment, témoigne plutôt d’un usage de l’argile comme liant, même si les joints sont de mortier. Le logis ouvrait vraisemblablement à l’ouest par une porte US 2019, dont la réfection a masqué le premier état. Cette porte était flanquée au nord d’une archère US 2014 (fig. 36 et 37). Son embrasure fait 1,20m de longueur, son ouverture interne, d’1m, est la plus étroite repérée dans ce secteur. L’ouverture de tir n’est pas visible. Deux marches de 0,20m de hauteur en permettaient l’accès. Elles sont partiellement conservées (fig. 37). L’embrasure nord est mieux conservée que celle du sud. Une partie du parement occidental en retour US 2020 du mur M33-2 est fossilisée (fig. 38, et fig. 41, n°C). Seule la destruction du mur M33 aussi bas

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a permis de s’assurer de façon aussi nette de la présence d’un premier mur M33-2, de 1,12m de largeur.

Fig. 37 : Vue d’ensemble de l’archère US 2014, du nord-est. Au premier plan, les vestiges des marches 2014bis et 2014ter. Au second plan, un bouchon de maçonnerie plus tardif. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. Des vestiges de ce premier mur M33-2 sont aussi repérables dans le massif de maçonnerie du montant sud de la porte US 2019. Ils consistent en un parement très net, décalé à l’est par rapport à l’aménagement des montants en pierres de taille de la phase suivante (fig. 39, et fig. 41, n° D). Ce parement est interrompu par la présence ou l’arrachement de boutisses de la construction suivante, et par deux cavités quadrangulaires, elles aussi postérieures. Il ne s’agit pas là d’un effet de parement pouvant résulter de la pose de moellons contre la face non apparente de pierres régulières utilisées dans un appareil très homogène. En effet, les pierres du parement ne sont pas partout au contact de l’arrière des

pierres de taille du seuil de l’état 2, ce qui a nécessité, lors de la pose de ces dernières, le recours à des calages.

Fig. 38 : Détail de l’embrasure nord de l’archère US 2014, et du parement ouest de M33-2 qui lui est associé. Vue du sud. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. D’autre part, ces traces de parement du mur M33-2 sont cohérentes avec le retour de parement lié à l’embrasure de l’archère US 2014, plus au nord.

Fig. 39 : Détail du montant sud de la porte US 2019, dans M33. Vestiges du parement du mur M33-2, derrière l’aménagement du seuil en pierres de taille de M33-1.

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Fig. 41 : Détail des élévations transversales du mur M33. Ortho-images Art Graphique et Patrimoine. DAO B. Grall, CG29/CDA. Environ 1,20m au nord de l’archère 2014, la façade du logis comportait une cheminée US 2022, de 1,75m de longueur pour 0,72m de profondeur (fig. 36, et fig. 40, parement est). L’emprise exacte de

l’âtre n’est cependant pas encore connue : en l’absence de fouille stratigraphique, un éventuel débordement du foyer en avant de l’aplomb du mur n’a pas été vérifié. Les montants de granite des jambages ont été récupérés, hormis une pierre côté nord

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(US 2041). Il en subsiste l’arrachement, particulièrement bien apparent des deux

côtés : US 2041 et 2042 (fig. 40, parement est ; fig. 41, n° A et B et fig. 42).

Fig. 42 : Détail de l’arrachement du jambage sud (US 2042) de la cheminée US 2022. Au second plan, les pierres de taille US 2011 en base de maçonnerie pourraient correspondre au fond de la cheminée. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. Deux pierres US 2011 (fig. 42), engagées sous une maçonnerie postérieure, pourraient sous réserve témoigner de la présence d’un contre-cœur en pierres de taille, comme dans les cheminées du logis seigneurial. A priori, son insertion paraît un peu problématique, si l’on en juge par ce qui reste du montant sud de la cheminée US 2022 : celui-ci laisse entrevoir un contre-cœur avec un dévers prononcé vers l’ouest (fig. 41, n° B). Une mise en œuvre de ce genre a cependant été appliquée pour la cheminée nord du logis seigneurial (Martineau 2007a).

6-2) Etat 2 :

Le mur M33-2 est en partie repris. La réfection M33-1 concerne principalement le parement occidental, c’est-à dire la façade extérieure (fig. 40). La maçonnerie antérieure est en effet conservée à l’intérieur, et intégralement chemisée côté ouest. Un nouveau parement de moellons de schiste US 2051 englobe le parement US 2020 (fig. 38 et 39, et fig. 41, n°B, C, D). Au sud, le parement occidental de M33-1 n’est pas rectiligne, mais est, sur le massif US 2005, à pan coupé (fig. 36). Ce dernier a occasionné un changement d’orientation du mur, à l’ouest. De plus, le côté sud du massif 2005 n’est pas parfaitement rectiligne, mais légèrement incurvé (fig. 43). Cet état de fait semble

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être commandé par la forme du parement du mur M30 de la tour d’artillerie : la disposition du massif à pan coupé US 2005 permettait d’établir une circulation, via une porte US 2053, le long de la tour. Cette porte a été murée postérieurement. Le mur M33-1 paraît donc devoir être considéré comme étant contemporain ou postérieur à la tour. La création du pan coupé du parement ouest de M33-1 aurait alors été nécessitée par la volonté de dégager la porte US 2101 du mur M30. Le maintien d’un parement occidental rectiligne de la façade du logis aurait en effet occulté une petite partie de la baie, et masqué son piédroit oriental.

Fig. 43 : Incurvation du côté sud du massif US 2005 (à droite), de M33-1. A gauche, la tour d’artillerie. Au centre, le bouchon US 2002 dans le seuil US 2053. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. On notera aussi que le mur de façade du logis a fait l’objet, soit lors de la construction, soit ultérieurement, d’un jointoiement au mortier de chaux beige-jaunâtre. Les traces de ces joints sont encore apparentes sur les faces internes et externes de M33, au sud de la porte (US 2005), moindres au nord de la porte, sur la face interne de l’US 2006. Le jointoiement concerne donc surtout le massif à pan coupé US 2005, entre les portes US 2019 et US 2053. Cet état de fait résulte soit de la charge supportée par ce pan de mur (voûte d’un côté, voûte ou

linteau de l’autre ?); soit de l’importance à cet endroit de la reprise du mur antérieur. Celle-ci ne s’est pas limitée à un simple chemisage, mais a été plus profonde, du fait du changement de tracé de M33. Par contre, la perception, à l’œil, d’une différence de maçonnerie entre le massif US 2005 et le reste de M33-1 (parement US 2051) ne semble pas se confirmer. Elle ne proviendrait que de la présence des joints, et du pan coupé, qui a nécessairement occasionné un soin particulier apporté à la maçonnerie, comme du reste sur tous les chaînages d’angle ou entourages de baies. Les deux parements utilisent en effet le même mode de construction de moellons de schistes plus ou moins retaillées. Le montage à carreaux utilise un nombre important de pierres longues en lits réguliers. Au terme du chantier de reprise de la façade du logis, le mur M33 passe de 1,12m à 1,55m de largeur. Cette opération condamne l’archère US 2014 puisque la reprise du mur s’accompagne du murage partiel de celle-ci au moyen d’un bouchon maçonné (fig. 37, 38, 40, et fig. 41 n° C). La condamnation de l’ancienne ouverture de tir n’ayant pas été totale, elle a pu être convertie en niche murale. Mais la conservation des marches, non nivelées, peut aussi laisser penser que l’archère a pu être transformée en une petite meurtrière adaptée aux armes à feu (cf. celles du moineau). Le chemisage du mur antérieur M33-2 par la nouvelle maçonnerie M33-1 comprend aussi la réfection du seuil de la porte US 2019. Elle est marquée par des piédroits de granite taillé, à deux ressauts reposant sur une même base chanfreinée (fig. 44). La couleur sombre des pierres de taille évoque la kersantite, mais la pierre offre ici une surface assez friable, bien loin des qualités du premier matériau. Les piédroits

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supportaient un arc en plein cintre US 2017 (fig. 40, et fig. 41 n° D). Son départ s’effectue 1,95m au dessus du seuil de l’US 2019. Un certain nombre de blocs effondrés, provenant tant de cet arc que des montants, ont été retrouvés dans la porte lors de la fouille du remblai de démolition (voir à droite de la photo). Sur la largeur du mur, le couvrement était assuré par une voûte en berceau faite de moellons et de plaques de schiste, US 2018, dont le départ est conservé (fig. 39). La porte présentait donc un traitement architecturalement élaboré, qui devait lui conférer un aspect assez monumental. Le granite employé l’a sans doute été pour deux raisons : la facilité de taille, et une origine sans doute locale, qui reste à

confirmer. Mais la qualité de la pierre ne semble pas en adéquation avec une volonté ostentatoire patente, ce qui traduit sans doute un souci réel d’économie lors de la réalisation. Le montant de la porte, en arrière des piédroits, est percé de deux logements quadrangulaires US 2015 et 2016 (fig. 39 et fig. 41, n° D). Leurs dimensions respectives de 22 x 21cm, et 14 x 15,5cm, peuvent les faire assimiler à des logements de barres de porte. Leur localisation aux deux extrémités de la porte peut cependant surprendre. La position de celui du haut l’a sans doute aussi destiné à supporter le cintre de bois sur lequel la voûte US 2018 a été construite.

Fig. 44 : Vue d’ensemble de la porte US 2019 du logis, vue de l’ouest. L’arrachement résultant de la récupération du piédroit nord est particulièrement visible. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. L’intégralité du parement externe de M33 n’a pas encore été dégagée. Cependant, le parement US 2051 comporte, au nord, une anomalie US 2036 (fig. 36 et 45). Le parement s’infléchit en effet nettement vers l’est. Ce pan coupé correspond à une structure qui n’a pas été dégagée, pour éviter de déstabiliser la maçonnerie

supérieure. La localisation de cette US 2036 est problématique, puisqu’elle se situe face à la cheminée US 2022. S’agit-il d’un dispositif d’aération destiné à améliorer le tirage ? La cheminée 2022 a-t-elle été transformée en baie lors de la reprise de M33-1 ? Il est pour l’instant impossible de répondre à ces questions.

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Fig. 45 : Mur M33, parement ouest. Départ en pan coupé de l’US 2036. Les latrines : Un aménagement résidentiel affecte à la fois la façade du logis, et la courtine nord

M32/M44 (fig. 36). Il s’agit de la création de latrines, qui semble intervenir durant cette phase de travaux. Extérieurement, leur présence est marquée par des ancrages ménagés dans le mur M44 de la courtine nord. Il s’agit de deux saignées US 2054 ménagées dans la maçonnerie, mais aussi du remaniement de l’angle occidental du mur M32 (fig. 46). Le chaînage d’angle a en effet partiellement été démonté en partie haute. Cette opération a eu pour but de permettre, comme dans les excavations 2054, l’insertion de pièces de charpente d’une structure porteuse. Un parement assez grossier US 2025 en lieu du chaînage démonté de M32 témoigne en négatif de ce dispositif (fig. 46).

Fig. 46 : Ancrages de la structure porteuse des latrines. A gauche, le chaînage d’angle ouest de M32, démonté, et le petit parement US 2025, au même niveau que les saignées US 2054 pratiquées dans l’appareil de M44. Le parement du mur 2037 est visible au dessus de 2025. On aperçoit au dessus des excavations les pierres en débord US 2055. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

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Des pierres harpées sont associées à ces aménagements. Elles sont repérables au dessus des logements US 2054 (fig. 46). Elles sont les vestiges de la substruction disparue. Leur rôle était aussi, en débordant au dessus des pièces de charpente, de maintenir celles-ci en place, sous le poids de l’élévation. Intérieurement, l’emplacement des latrines est marqué par une reprise notable de la courtine nord. Deux couloirs d’accès, US 2024 et US 2027, y sont ménagées de part et d’autre de la façade du logis (fig. 48). Ils donnaient chacun accès à un lieu d’aisance. Il ne semble pas qu’il y ait eu de communication entre les deux : une mince cloison de pierres, US 2026, isole en effet les deux couloirs (fig. 47).

Fig. 47 : Cloison US 2026 entre les deux couloirs d’accès aux latrines. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. Cette cloison se trouve à l’aplomb d’un des deux logements US 2054. Côté logis, la création de l’accès aux latrines a nécessité de re-parementer la courtine après création du couloir US 2024. Un mur St 2037, de 0,67m de largeur pour 0,76m de longueur, remplace ponctuellement la courtine de 2m de largeur. Il est parementé côté ouest en débord par rapport au parement inférieur du support, US 2025. Le même mode de construction est d’ailleurs appliqué de l’autre côté de M33, puisque le logement US 2054b est lui aussi décalé par rapport

au montage du parement situé de l’autre côté du couloir US 2027 (fig. 46).

Fig. 48 : Latrines, vue générale prise de l’est. Au premier plan, le couloir US 2024, puis, de l’autre côté de la cloison US 2026 et du massif US 2044, le couloir US 2027. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. Le couloir US 2024 est établi selon un tracé en équerre. Sa largeur est variable. Elle est de 0,94m à l’entrée, extérieurement. Elle est, intérieurement, de 0,79m dans son tracé nord-sud, et diminue à 0,64m pour le segment est-ouest. La dimension extérieure est donnée avant un petit massif maçonné US 2044, qui prolonge le mur M33 au nord. Côté est, ce massif est bien délimité du reste de la maçonnerie de M33 par un petit parement et une arête parementée US 2040 (fig. 40, parement est, et fig. 49).

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Fig. 49 : L’arête maçonnée US 2040 et le logement US 2039 du montant de bois de la porte d’accès aux latrines, côté ouest. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. Entre les deux, côté nord, un logement vertical US 2039 à un pendant moins bien conservé US 2038 de l’autre côté du couloir, dans la maçonnerie de la courtine (fig. 49 et 50). Ces logements accueillaient des montants de bois verticaux : le couloir d’accès à la latrine était séparé de la pièce du logis par une porte.

Fig. 50 : Les logements de la porte d’accès aux latrines, depuis le logis : US 2039 et US 2038. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

Hors du logis, les observations se sont limitées à l’observation d’un retour de mur est-ouest, qui délimite de ce fait un couloir d’accès US 2027 au tracé en équerre à angle droit, comme pour le couloir précédent (fig. 51). La largeur de 2027 est cependant inférieure à celle de 2024 : 0,58m au lieu de 0,64m.

Fig. 51 : Amorce du retour en équerre du couloir US 2027. Vue prise de l’ouest. Cl.R. Pérennec, CG29/CDA. Au final, la création des latrines devrait pouvoir être considérée comme une amélioration résidentielle notable. Mais leur insertion a posteriori dans le cadre du bâti existant ne semble pas témoigner d’une grande qualité d’exécution et de conception. Les supports étaient charpentés, peut-être aussi d’ailleurs l’élévation. Dans un climat plutôt humide et sur un site très exposé, ce choix ne paraît a priori pas celui d’une construction s’inscrivant dans la durée. Il paraît plutôt revêtir un caractère d’économie appliquée à un édifice nécessaire, sans caractère d’exemplarité. Nous sommes en effet loin de petits édifices pouvant revêtir un caractère tout autant ostentatoire que fonctionnel. Certains éléments de confort sont présents, telle la porte donnant accès, depuis le logis, au couloir 2024. La localisation de l’édicule est prévue pour assurer une desserte à la fois depuis l’intérieur du logis, et depuis l’extérieur. Mais elle a un inconvénient significatif.

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L’arasement partiel de l’angle de M32 pour installer un troisième support charpenté reste limité. Or il est un obstacle à l’évacuation des matières fécales depuis le logis. Il y a deux solutions pour pallier, ou atténuer ce fait : disposer un couronnement d’ardoises inclinées au sommet de l’arase, ou établir un débordement très important de l’élévation. La première solution peut atténuer une partie du problème, en facilitant le glissement d’une partie des matières vers l’extérieur. Mais elle ne résout pas tout. La seconde solution comporte un risque accrut de fragilisation de la structure. Cette impression de bricolage peut aussi résulter de l’agrandissement d’une latrine préexistante, dont l’emplacement serait marqué par les saignées US 2054. L’élargissement se serait fait vers l’est, par ajout d’un lieu d’aisance situé à l’intérieur du logis, ce qui n’aurait pas été le cas auparavant. Enfin, le retour de maçonnerie est-ouest qui délimite le couloir d’accès US 2027 dessert-il un espace ouvert dans une cour, ou un petit bâtiment situé le long de la courtine ? Seule la poursuite des investigations dans ce secteur pourra répondre à cette question.

6-3) Etat 3 ?: Le fond de la cheminée US 2022 (ou bien une ouverture US 2036 postérieure), fait place à un mur de moellons de schiste, dont seul le parement occidental US 2052 est bien conservé (fig. 52). Dans le premier cas de figure, on peut supposer que le dévers important donné au contre-cœur de cheminée lors de sa construction, associé à la faible largeur du mur à cet endroit, a fragilisé celui-ci sur la durée.

Fig. 52 : US 2052, reprise partielle du parement US 2051. Réfection d’un contre-cœur de cheminée ? Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. La porte US 2053, accolée à la tour, est condamnée. Le murage de cette baie est effectué au moyen d’un bouchon de maçonnerie US 2002, parementé côté interne (est : fig. 53), mais pas externe (fig. 54). Le bouchon externe est relativement d’aplomb. Mais il semble pourtant s’agir clairement du blocage interne de la maçonnerie. Une pierre de seuil attribuée à l’ancien seuil, pouvait se prêter à la fondation de l’élévation du bouchage. Elle est apparente, en avant de celui-ci. Il faut donc envisager que ce parement occidental a bien pu exister. Le mode de construction peut ici s’apparenter à deux parements externes enserrant un blocage interne, sans liaison importante entre les différents éléments. Le parement a pu s’effondrer de manière indépendante, sans que cet effondrement n’affecte la totalité de la structure.

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Fig. 53 : Murage US 2002 du seuil US 2053 : parement oriental (à gauche). Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

Fig. 54: Bouchon de maçonnerie US 2002 dans le seuil 2053, parement ouest. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. Une des structures interne au logis a été entrevue mais non encore dégagée (fig.

55 et 14). Il s’agit d’un mur ou muret US 2009, recouvert par le niveau d’argile brune US 2008 mis au jour sous les remblais de démolition ou d’effondrement des maçonneries (US 2001) et des toitures (ardoises US 2004). Elle ne correspond à aucune perturbation qui aurait affecté la courtine orientale à cet endroit. On peut donc la considérer comme étant a priori antérieure à l’US 2046, représentant le plus ancien état connu de la muraille à cet endroit (retour méridional du logis ?). A moins qu’il ne s’agisse d’une structure plaquée contre la courtine. Sa position au pied de la tour pourrait ainsi la mettre en rapport avec un massif de fondations de cette dernière. Ces points devront être vérifiés en cours de fouille. Un fragment d’enduit, en place sur l’embrasure sud de l’archère US 2012 de la courtine orientale, a été mis au jour. Il n’y a pas de possibilité de le rattacher à l’une ou l’autre des différentes phases de travaux. Néanmoins, quelques traces ténues de chaux ont aussi été découvertes sur le parement M30 de la tour à canons. Dans ce cas précis, il ne s’agit peut-être que de reliquats de mortier : Une partie a pu s’étaler sur certaines pierres lors de la récupération du surplus des joints. Mais ces traces témoignent peut-être aussi de la présence d’un enduit recouvrant en tout ou partie l’intérieur du logis.

7) Le rempart sud Un secteur au relief plus accentué correspondait à une boule de quartz visible depuis l’esplanade en contrebas. Cette bosse pouvait donc témoigner d’affleurements rocheux, comme aussi receler des aménagements peut-être mal conservés, avec une stratigraphie réduite. Elle a donc été fouillée manuellement, à l’exception d’une petite surface d’environ

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Fig. 55 : Plan des structures mises au jour. DAO B. Grall, CG29/CDA.

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2m2. Une tranchée du XXe siècle creusée autour de la tour d’artillerie a ponctuellement entamé les niveaux. La stratigraphie de remblai visible en coupe autorisait le recours à un décapage mécanique très restreint. Les structures mises au jour dans ce secteur l’ont été sous la terre végétale, et sous un remblai de terre plus ou moins argileuse brune à brun clair US 2204, contenant de très nombreuses inclusions sous forme de cailloutis, gravats de mortier, petites pierres.

7-1) 1er état : Un mur M34 est orienté est-ouest. Seul le parement sud de cette courtine a été mis au jour (fig. 55). L’ouvrage, construit en gros moellons de quartzite, schiste et quartz, est lié à l’argile. Il est recouvert par des éboulis (fig. 56 et 58). Seul un démontage partiel de ces derniers a pu être réalisé. Il a révélé des structures légères, plus au nord, sur lesquelles nous reviendront ultérieurement. Ce démontage est à poursuivre sur le reste du secteur, de manière précautionneuse.

Fig. 56 : La courtine sud M34 en cours de fouillle. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. Le parement mis au jour est interrompu 1,50m à l’ouest du mur M30 de la tour d’artillerie. Ce tronçon de courtine n’a donc été dégagé que sur une longueur de 2m : car l’ouvrage n’est pas rectiligne, et présente

un retour nord sud M35, lui aussi découvert sur une longueur d’environ 2m (fig. 55 et 57). L’appareil est constitué de moellons de quartzite et de schiste, lié à l’argile, tout au moins en partie haute.

Fig. 57 : La courtine sud M34, au premier plan, et son retour nord-sud M35, au second plan. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. Ce parement présente un fruit, à l’exception des trois assises sommitales, scellées par des structures postérieures (fig. 60 et 58). La plus grande partie du parement (tout le fruit), est enduite de mortier, appliqué sans finition soignée. Plus qu’un enduit à pierre-vue, il s’agit sans doute là d’un enduit destiné à conforter les gros joints argileux de cette maçonnerie. Aucune trace d’un tel traitement n’a été mise en évidence sur le parement de la courtine sud M34. Le tracé du retour nord-sud est aussi légèrement curviligne : M35 oblique vers l’ouest.

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Fig. 58 : Murs M34 et 35. Ortho-image Art Graphique et patrimoine. DAO B. Grall, CG29/CDA

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Fig. 59 : plan des différents états du rempart sud, et des structures annexes découvertes à proximité :

terrasse St. 2220 (M36/M37/St. 2219/M34/M35) et ses aménagements internes ; murette St. 2201. DAO B. Grall, CG29/CDA.

Ces deux ouvrages ont en cours d’intervention été perçus comme le départ d’une tour médiévale, dont un pan de muraille découvert plus au sud, M41, aurait pu constituer un prolongement. Une telle restitution rendrait compte d’une tour semi-hémisphérique, ouverte à la gorge, et de faible diamètre : quelques mètres seulement. Ce diamètre est bien inférieur à celui des tours de la courtine sud de la

plate-forme du donjon (Martineau 2007a et 2007b). Il pourrait être relativement comparable à celui des tours du véritable château qui protégeait l’abbaye de Landévennec au XIIIe siècle. L’existence de cette tour n’est cependant pas assurée. Il peut tout aussi bien s’agir d’un décrochement du tracé de la courtine, soit pour coller au plus près aux irrégularités du socle rocheux ; soit qu’il

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soit en lien avec d’autres aménagements. Les dégagements partiels opérés ont en effet permis de découvrir dans le même temps l’amorce d’un départ de mur nord-sud, à moins qu’il ne s’agisse d’un contrefort M42. L’extension des investigations dans ce secteur permettra sans doute d’apporter des éléments de réponse à ces questions.

Fig. 60 : Profil du mur M35 (à droite). A gauche, une structure postérieure M43 s’y est accolée. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. Le mur M41 est orienté nord-est/sud-ouest (fig. 61). Il est implanté sur une grosse boule de quartz, qui domine l’actuelle esplanade d’accès au château, en contrebas (fig. 62). Il est conservé sur 1,20m de longueur, et une dizaine d’assises en élévation.

Fig. 61 : Vue verticale du parement de M41. A gauche, l’amorce du retour de mur M42. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. Il est parementé au moyen de moellons de schiste et quartzite, liés à l’argile. Les failles du bloc rocheux de support avaient été au préalable bouchées à l’aide de pierres et de petits moellons (fig. 63). Le rocher n’a en effet pas été préalablement préparé, ou aplani. Toutes les irrégularités de la surface ont été compensées par un nivellement. Ce dernier à été opéré à l’aide de terre et de pierres de petit module. La solidité de l’assise est renforcée par le fruit qui a donné aux assises conservées, comme dans le cas du mur M35. A la différence de ce dernier, les moellons du mur M41 ne conserve pas de trace de mortier, ou d’enduit de jointoiement. L’examen des cartes postales du début du siècle a cependant permis de constater que ce parement était alors visible. Il a donc été apparent sur une très longue période, avant d’être recouvert par la végétation. Ce fait pourrait suffire à expliquer la disparition d’un éventuel enduit. L’orientation de ce parement ne correspond à aucune de celles des structures mises au jour dans le secteur. L’existence possible d’une tour médiévale ne peut donc pour l’instant être écartée. Le départ d’un mur pratiquement perpendiculaire à M41 dans son tronçon dégagé a aussi été mis au jour (fig. 63).

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Fig. 62 : Mur M41 et retour nord-sud M42, vue générale du sud. Le niveau d’arase est bien apparent. A droite de la photo, on distingue des pierres de parement de la tour d’artillerie. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

Ce mur de moellons M42 est orienté nord-ouest/sud-est. Il est conservé sur quelques assises, et de façon très ponctuelle, sur 0,40m de hauteur. La liaison avec M41 n’a pas encore été parfaitement vérifiée, pour ne pas affaiblir la structure. La compréhension de ces agencements passe donc par une reprise, et une extension de la fouille, pour avoir une vision plus globale des différentes constructions.

Fig. 63 : Le parement sud de M41, et l’amorce du mur nord-sud M42. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

7-2) 2e état :

Une nouvelle courtine sud est construite sur l’arasement de M41. La nouvelle

maçonnerie M40 est partiellement conservée (fig. 55 et 59). Seul un tronçon de 2m de longueur en a été mis au jour, sous la forme d’un unique parement de

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moellons, liés à l’argile, et d’une partie du blocage interne. Au mieux, seulement deux assises du parement nord ont pu être observées. En effet, l’implantation d’une structure postérieure M39 a masqué une partie du parement, bien observable seulement dans une partie épierrée de celle-ci, côté est (fig. 64).

Fig. 64 : A l’arrière plan, parement nord de M40. Au premier plan, mur postérieur M39. Vue prise du nord. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. Le parement sud de M40 n’est pas conservé. Ce mur est construit sur l’arasement de M41 (fig. 65). Mais les constructeurs n’ont pas choisi de reconstruire à l’identique, mais d’englober l’ancienne maçonnerie dans la nouvelle (fig. 66). Ce choix est surprenant, étant donné l’aplomb important du bloc de quartz qui sert de fondation. Un ressaut du rocher, à mi pente, a pu servir d’assise à la construction. Néanmoins, il paraît inévitable que le parement sud ait, au moins partiellement, été plaqué contre le rocher. La nouvelle courtine donne donc l’impression d’avoir été rebâtie dans l’urgence, ou à l’économie. Les chemisages répétés du rocher et du mur antérieur induisaient des zones de faiblesse potentielles de la défense. Les structures n’étant pas liées les unes aux autres, tout un pan de parement courrait le risque d’effondrement en cas d’impact de projectile lancé par une machine de guerre.

Fig. 65 : Implantation de M40 sur M41 (à gauche). Vue prise du sud-est, depuis la tour d’artillerie. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

Fig. 66 : Vestiges du mur M40, vue verticale. La démolition de M40 fait apparaître le parement sud du mur antérieur M41, en arrière-plan. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. Par manque de données, la compréhension de l’articulation de la zone reste en suspens. L’effondrement d’une berme dans les derniers jours de l’intervention a permis la mise au jour d’un mur M43 de même orientation que M40, mais situé plus à l’est (fig. 55 et 59). Seul le parement nord de cette maçonnerie a pu être observé. Ce mur M43, est principalement construit en moellons plats de schiste liés à l’argile. Mais les maçons ont aussi eu recours à des moellons plus grossiers de quartzite (fig. 67). Le mur prend appui, à l’ouest, sur le parement oriental de M35. Il est clairement postérieur à ce dernier (fig. 60). De l’autre côté, le mur M43 est détruit dans sa partie

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orientale. Cette destruction est antérieure à la réalisation, vers 1970, de la tranchée creusée sur le pourtour de la tour d’artillerie. Une partie du parement est en effet conservée au sud, sous la tranchée. Car cette dernière était à cet endroit moins profonde, sans doute du fait d’une plus grande résistance du terrain lors de l’excavation. Les terrassiers semblent en effet avoir rencontré et partiellement éventré cette maçonnerie M43, ainsi que des vestiges probables du mur M42. Le tronçon de parement conservé sous la tranchée est interrompu au droit du parement externe de M30. C’est donc l’implantation de la tour qui a causé sa dégradation. De plus, près de la tour, l’appareil semble être plus fruste. Une

seconde maçonnerie paraît avoir été montée entre la tour et les dernières pierres de M43, qui sont légèrement basculées (fig. 67). On se trouve semble-t-il ici dans le même cas de figure que pour l’US 2043, dans la courtine orientale. Après insertion de la tour, la brèche dans la courtine aurait été rebouchée de façon relativement sommaire. La fouille permettra de s’assurer ou non de cette première approche. Le parement nord, de même orientation que celui de M40, est pourtant légèrement décalé vers le nord (fig. 55 et 59). L’écart entre les alignements des deux murs est peut-être en lien avec la présence du mur M42, intercalé entre les deux.

Fig. 67 : A l’arrière plan, mur M43, entre la tour d’artillerie et M35. Au premier plan, M34, puis une murette postérieure St. 2201. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. Il est possible que les murs M40 et M43 représentent deux segments d’une même courtine rectiligne, contrairement à la précédente. Cette hypothèse mérite

cependant d’être confirmée. Si tel était le cas, la suppression d’une tour ou de redans maçonnés a pu intervenir dans le cadre d’une simplification du tracé et donc

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de l’entretien de la courtine. Mais elle peut tout aussi bien être liée à une évolution de la fortification et de son entrée, non perceptible actuellement. Le mur nord-sud M42 pourrait avoir été remonté. Mais la faible surface dégagée ne permet pas d’affirmer l’existence de ce deuxième état de M42. L’effet de parement observé peut tout autant résulter d’une maçonnerie rustique que d’un éboulis. Ce point est à vérifier.

7-3) 3e état : La reprise de maçonnerie pour colmater la brèche entre la tour et M43, déjà mentionnée précédemment, interviendrait à ce moment, après, ou au moment de la construction de la tour d’artillerie. La porte US 2102 de cette dernière se trouvait ainsi à l’intérieur d’un périmètre de défense bien contrôlé.

Un mur d’1,20m de largeur, M39, est installé sur M35 arasé (fig. 55 et 59). Son parement nord est bien agencé et régulier. Ce n’est en revanche pas le cas du parement sud, contre le mur M40. Les moellons ne sont pas ici parfaitement jointifs, et n’ont pas forcément une face présentées dans le parement. La maçonnerie a été appliquée contre le parement arasé de M40, qui a donné le cadre à ce parement sud (fig. 68). Il faut donc envisager que la partie apparente au sud ait été une fondation. Le parement pouvait être plus soigné en élévation, mais nous ignorons s’il se trouvait réellement à cet emplacement, ou s’il était posé sur les vestiges de M40. L’absence de niveau d’occupation sur cet ancien mur peut en effet laisser penser que M39 s’est installé en partie dessus.

Fig. 68 : Mur M39, accolé au parement nord de M40 arasé (à gauche). Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. Chronologiquement, ce mur M39 semble témoigner d’une réfection de la courtine

sud, sans doute contemporaine de la reprise de la brèche de M43. Les travaux

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n’auraient donc pas concerné la totalité du rempart, mais une partie seulement de celui-ci. Elle fonctionnerait en effet avec M43 maintenu en activité. La fouille, à l’est des vestiges dégagés, permet en effet d’exclure que les vestiges de la courtine M39 se soient prolongés vers l’est. Une structure légère St. 2201 prend appui à la fois sur M43 et sur les vestiges de la première courtine sud, M34 (fig. 55 et 59, 67 et 69).

Fig. 69 : Murette St. 2201, vue de l’est. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

Il s’agit d’un muret de soutènement consistant en un unique parement oriental,

contenant un apport de terre argileuse. L’ensemble définit une petite esplanade, entre les murs M34, M35 et M43 (fig. 69). Cette petite estrade est distante du parement M30 de la tour à canons de 0,70m à 1,20m. Le couloir ainsi définit permet de conserver un accès à la porte US 2102. Cette murette est conservée sur 0,36m en élévation. Le parement, agencé au moyen de dalles et pierres de schiste et de quelques moellons de quartzite, est par endroit incliné vers l’est. La raison en provient apparemment du choc causé par l’effondrement de maçonneries de M39. Toute la petite esplanade était en effet recouverte d’un cône d’éboulis en pente, depuis le sommet du mur M35 et la base de M39, vers l’est. Les couches sus-jacentes à cet épandage de moellons étaient constituées de lentilles hétérogènes de terre et d’argile pierreuses (fig. 70). Des boulets de pierre ont été mis au jour sur la partie occidentale de la structure 2201. Aucun d’entre eux n’a été repéré en parement. Les boulets mis au jour correspondent à la partie qui semble la plus arasée de St. 2201. On peut supposer qu’ils ont été utilisés en remploi dans cette structure. Cependant, le remblai argileux disposé entre St. 2201 et M35 ne paraît pas avoir été partiellement arasé. L’estrade délimitée par la structure St. 2201 pourrait donc aussi avoir été un lieu d’entrepôt de boulets, à proximité immédiate des pièces d’artillerie.

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Fig. 70 : coupe sud-ouest/ nord-est réalisée en avant du mur M43, dans les remblais recouvrant St. 2201 : 1- argile jaune, pierres et mortier blanc, 2- argile jaune et pierres, 3- argile jaune à brun-jaune, plus ou moins terreuse (3bis), 4- argile brun-jaune, 4bis- terre brun jaune granuleuse, 5- terre brune granuleuse. DAO B. Grall, CG29/CDA.

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7-4) Les aménagements annexes : L’insertion de la murette St. 2201 entre les murs M43 et M34 suggère que ce dernier était encore partiellement en activité. Il correspond pourtant à une courtine très anciennement abandonnée, au profit d’une muraille plus récente M43 installée plus au sud. L’hypothèse retenue pour expliquer la longévité de M34 est sa conservation partielle au sein d’une structure trapézoïdale St. 2220, matérialisée par des parements fragmentaires : St. 2219, M36, M37, M34 parement sud. Les structures M36 et M37, en gros moellons de quartzite et schiste, sont au moins partiellement implantées sur des affleurements rocheux (fig. 71). Dans le cas de M37, il semble aussi que la construction se soit en partie effectuée sur des éboulis, ce qui sera vérifié lors de leurs démontages l’an prochain. Elles sont orthogonales et dessinent l’angle nord-ouest de St. 2220 (fig. 72).

Fig. 71 : Parement nord de la structure St. 2220, vue du nord-ouest. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. Les parements ont un aspect assez rustique, qui est notamment dû à l’imbrication ou aux saillies provoquées par la présence des blocs de quartz. Leur régularité est parfois altérée : c’est le cas de M37. Le changement d’orientation de ce parement se produit d’ailleurs au niveau d’une boule de quartz (fig. 73).

Fig. 72 : Angle de la structure ST. 2220 (M36-M37).

Fig. 73 : Le parement M37, vu de l’ouest. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. A l’est, le côté de St. 2220 est un parement partiel St. 2219. Ce dernier semble avoir servi, par la même occasion, à délimiter la courtine M34 arasée : son tracé, à l’est de ST. 2219, n’a pas été mis au jour. Enfin, ce segment précis de M34 est conservé, au moins en partie basse, jusqu’au XVIe siècle. Il est possible que la raison de cette conservation soit la réutilisation partielle de cette maçonnerie

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dans une sorte de terrasse St. 2220 accolée à la courtine sud. Du côté ouest, il est possible que la structure St. 2220 ait été limitée, au sud de M37, par un parement St. 2210 légèrement décalé (fig. 74). Cette hypothèse reste à vérifier. La surface dégagée n’est pas suffisante pour se prononcer : les racines du couvert végétal sont extrêmement imbriquées dans les pierres, qu’il est difficile de ne pas ébranler à cet endroit.

Fig. 74 : Possible trace d’un muret St. 2210 ? Vue prise de l’ouest. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. Le rôle de la terrasse St. 2220 pouvait être de faciliter l’accès des défenseurs à la courtine, au moyen d’un escalier, ou d’un plan incliné à petits gradins. De tels aménagements ont en effet été mis au jour, sous la terre végétale et l’éboulis US 2217 qui recouvre les structures (M34, M35, St 2219), mais aussi sous une US 2218 de terre brune granuleuse, de couleur et consistance très proche de la terre végétale. Des petites marches très plates 2207, 2209, 2205bis, ont été mises au jour à l’intérieur de la « terrasse » St. 2220 (fig. 75 et 76). Elles sont constituées de moellons et de lames de schiste. Leur orientation est parallèle au parement est St. 2219, et perpendiculaire au parement nord M37. Le plus long de ces

emmarchements, l’US 2207, est dégagé sur une longueur d’environ 1m. Il est associé à un petit dallage US 2208, accolé à son parement oriental (fig. 75).

Fig. 75 : Vue de détail du dallage US 2208, et des « marches » US 2207, 2209 et 2205bis. Un tel dallage n’a pas été retrouvé en liaison avec les autres marches. Mais l’état de conservation des vestiges est à cet endroit résiduel. A tel point qu’il est délicat de se prononcer sur la nature même des vestiges. S’agit-il d’une voie dallée, comme le suggère la faible épaisseur des marches (5cm entre US 2207 et US 2209)? Ou s’agit-il d’un escalier arasé ? C’est en tout cas ce que la hauteur de la marche Us 2205bis tendrait à prouver. La montée s’effectuait dans le sens est-ouest, mais ces marches accusent aussi une pente marquée vers le nord. Elles sont antérieures à une modification des aménagements, qui se traduit par la présence de petits parements légers, pouvant eux aussi correspondre à des marches. Ces parements sont orientés est-ouest. Il s’agit de l’US 2205, à l’est, qui recouvre les marches US2207 et 2209, en se calant sur la marche US 2205bis (fig. 76). Le second parement, US 2206, est un simple alignement de pierres alignées, décalé vers le sud par rapport à US 2205 (fig. 59 et fig. 77). Le décalage d’orientation s’effectue au niveau de la

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marche 2205bis. Au-delà, vers l’ouest, est un bloc de quartz.

Fig. 76 : dallage US 2208 et marches nord-sud US 2207, 2209, 2205bis, recouvertes par les parements est-ouest US 2205 et US 2206. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. Le parement US 2206 est posé sur le remblai de terre brune US 2218.

Fig. 77 : A droite, alignement US 2206. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. A l’ouest de la terrasse St. 2220, un sondage très partiel a permis la mise au jour, sous la terre végétale, d’un alignement de pierres parementées M38 (fig. 59). Il pourrait s’agir de vestiges de marches. L’ouverture pratiquée est cependant trop restreinte pour s’en assurer cette année.

8) Le mobilier (Ronan Pérennec et

Bertrand Grall)

Les tessons médiévaux et modernes mis au jour sont principalement issus de la terre végétale ou de remblais de démolition du château. Ils seront intégrés dans l’étude du mobilier en 2014, dans un corpus qui sera alors plus contextualisé. Armement : La présence de l’artillerie sur le site ne ressort pas seulement de la typologie de la tour. La vocation militaire du lieu ressort aussi de la découverte de pièces d’armement. Un éclat de granite provenant de la terre végétale, lors de la fouille de la courtine sud M39, est assimilé à un fragment de boulet de canon en pierre.

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Fig. 78 : boulets de canon en pierre de la structure St. 2201. Cl. et DAO B. Grall, CG29/CDA

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Juste à côté, quatre boulets ont été mis au jour dans la structure St. 2201, quasiment accolée au parement de la tour, au sud-ouest de la zone fouillée (fig. 78):

Boulet 2201-1 : Diamètre 25,5 cm, hauteur 24,5 cm Poids : 21,4 kg Roche : granite Pierre taillée calibrée. Elle affecte la forme, bien qu’imparfaite d’une sphère. Elle repose sur un méplat circulaire à la planéité irrégulière (diamètre moyen : 12 cm). La roche a un grain fin à grossier, dont de gros cristaux blanc rectangulaires de 5mm à 30mm de longueur. L’état de la surface bien que régularisé, par frottement, laisse apparaître de nombreuses imperfections dont des traces d’outils et des défauts de la roche. Boulet 2201-2 Diamètre 25,5cm, hauteur 26,6cm Poids : 23,15 kg Roche : granite Pierre taillée calibrée. Sphère imparfaite. Elle repose sur un méplat circulaire plan (diamètre moyen : 7 cm). La roche a un grain plus homogène, son état de surface, poli, est mieux régularisé malgré des traces d’outils apparentes. Un long filon ferreux associé à une fissure fait apparaître une faiblesse dans la roche. Boulet 2201-3 Diamètre 20 cm, hauteur 18,7cm Poids : 8,35 kg Roche : granite Pierre taillée calibrée incomplète. Sphère imparfaite aux pôles aplanis. Elle repose sur un méplat circulaire plan et érodé (diamètre moyen : 7 cm). Roche à structure hétérogène. L’altération est différente du sommet à la base. Son état de surface est irrégulier et usé, il ne permet pas de distinguer son degré de finition. Une dépression circulaire traversée par une fissure, elle-même

parallèle au plan de fracture de l’éclat manquant est interprétée comme une trace probable d’impact. Boulet 2201-4 Diamètre 21cm, hauteur 20cm Poids : 12,10 kg Roche : granite Pierre taillée calibrée. Sphère imparfaite aux pôles aplanis. Elle repose sur un méplat circulaire plan (diamètre moyen : 6 cm). Roche homogène, qui présente peu d’imperfections. Le travail de taille soigné ne semble pas avoir nécessité de polissage. Présence de quelques fines saignées. Comme on peut le constater, il s’agit de boulets de pierre destinés à des tubes de deux calibres différents. Seuls deux autres boulets ont été mis au jour lors des différentes opérations de fouille sur le Roc’h, qui a en revanche livré un certain nombre de projectiles plus informes, adaptés à l’usage de trébuchets, mangonneaux, ou autres machines de projection. En revanche, les quatre boulets de pierre mis au jour cette année, s’ajoutent à ceux découverts lors du dégagement du moineau en 1926 : les découvertes de ce genre sont indéniablement concentrées autour de la tour d’artillerie. Cela ne suffit dans l’absolu pas à les attribuer aux canons de cet ouvrage, qui en cas de siège était lui-même une cible pour les artilleurs ennemis. Cependant, à compter du début du XVIe siècle, date probable de construction de la tour, les seuls troubles qui ont pu concerner la garnison du château sont ceux des guerres de la Ligue, à la fin du siècle. L’évolution technique de l’artillerie vers des canons en bronze et des projectiles en fonte de plus petit diamètre que ceux en pierre des bombardes ne plaide pas pour une datation de la fin du XVIe siècle, même si

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l’usage de boulets en pierre a pu perdurer longtemps pour des raisons d’économie. Il en a par exemple été retrouvé un à l’abbaye de Landévennec, attribué lui aussi à la fin du XVIe siècle, mais d’un calibre nettement inférieur (9,3 cm de diamètre), et correspondant à celui des plus gros boulets de fonte retrouvés sur ce site (Bardel et Pérennec, non paru). Enfin, une mention textuelle est particulièrement intéressante : celle de Léonards vendant « aux Nantais et aux Rennais des « boules » de canon taillées à Daoulas » (Leguay 1985). Les producteurs, ou intermédiaires de l’opération, sont les frères Jehan et Michel Le May, de Ploédern. C’est-à dire de Plouedern, près de Landerneau et La Roche-Maurice. Plouedern comme Daoulas relevaient du vicomte de Rohan. Ce dernier a donc pu encadrer une activité « stratégique », liée à l’armement. D’autre part, ces exportations lointaines permettent de penser que Daoulas a pu constituer un centre relativement important dans cette activité. L’hypothèse du façonnage à Daoulas de boulets destinés au Roc’h Morvan mérite donc d’être considérée. Un projectile métallique a aussi été mis au jour, dans le remblai de démolition de l’intérieur du logis US 2001 (fig. 79).

Fig. 79 : petit projectile en fer d’arme à feu. Cl. B. Grall, CG29/CDA. Balle 2001-1 Dimension : 2,8 à 2,9 cm, Poids : 89gr Matière : fer Sphère métallique pleine, sa surface est partiellement corrodée et laisse apparaître un état de surface facetté ou bosselé. Deux boulets de fer d’un calibre de 4,6 et 5 cm retrouvés au château du Guildo en contexte de la fin du XVIe siècle sont attribués à des armes semi-portatives de type couleuvrine (Zaour 2000). Il en est de même pour un petit boulet érodé de 4,7 cm de diamètre, provenant cette fois de l’abbaye de Landévennec (Bardel et Pérennec, non publié). Le projectile de La Roche-Maurice pourrait lui aussi provenir d’un canon à bras de type couleuvrine. Mais son diamètre, bien inférieur à ceux des exemples cités, le prédestine peut-être plutôt à un autre bâton à feu plus proche de l’arquebuse.

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CONCLUSION De part sa position topographique et géographique (à proximité de Landerneau, contrôlant des voies de communication, et servant de verrous entre vicomtés du Faou et de Léon), le château de La Roche-Maurice fut l’une des citadelles majeures des vicomtes, puis des seigneurs de Léon, enfin des vicomtes de Rohan. Les fouilles menées sur le Roc’h ont permis d’appréhender l’organisation de cette partie haute et son évolution. En revanche, l’enceinte basse nous était inconnue. Cette dernière se développe entre le donjon et un autre promontoire rocheux situé plus à l’est. Cette partie basse est indissociable de la plate-forme haute, dont le donjon contrôle les cheminements venant des deux versants du Roc’h (probable village médiéval d’un côté, et enceinte basse de l’autre). C’est là que se trouvait le dispositif d’entrée principal : c’est sans doute pour cela que cette partie du château est devenue depuis celle qui est tournée vers le bourg contemporain. Moins contrainte par le relief, elle a potentiellement subi une plus grande évolution que le Roc’h, et s’est adaptée au développement de l’artillerie. Toute l’organisation et l’évolution chronologique de l’enceinte basse, à l’appellation locale évocatrice de « petit château » n’étant pas renseignée, c’est la perception même du château en son entier qui est profondément altérée. La campagne de 2013 n’a concerné que la partie orientale de l’enceinte basse, la plus remblayée. Pour des raisons techniques, elle a été plus restreinte que prévue, notamment pour ce qui est de la fouille, mais apporte cependant des résultats intéressants. Des remblais ponctuellement importants, provenant majoritairement de l’effondrement des bâtiments, recouvrent

toute la partie basse du château, nappant les vestiges et interdisant une véritable lecture d’ensemble du site. L’intervention de 2013 a permis un premier aperçu sur leur emprise. On a aussi pu constater, notamment dans la partie la plus comblée, le logis, qu’il ne s’agissait pas de phases différentes de remblaiements. La présence des longues pierres de parement de la tour d’artillerie, plantées verticalement sur toute l’épaisseur du remblai US 2001, a permis de s’assurer qu’il s’agissait là soit du témoignage d’un écroulement unique des maçonneries, soit d’écroulements successifs de pans de murs, très rapprochés dans le temps. Les élévations mises au jour permettent une lecture des différents aménagements et reprises. Il est déjà possible d’envisager une succession chronologique de différents travaux et reprises. L’étude documentaire et archivistique réalisée par P. Kernévez, et les résultats des fouilles de J. Martineau sur le rocher du donjon ont permis d’établir un cadre de l’évolution historique globale du château et des reprises majeures. Ces données générales ne concernent cependant pas directement la partie basse du château, où l’évolution des travaux entrepris intervient peut-être avec léger décalage. La séquence la plus précisément identifiée concerne la courtine orientale. Le schéma en serait, sur une base du XIIe ou XIIIe siècle, une réfection dans la seconde moitié du XIIIe siècle. Une modification interviendrait ensuite vraisemblablement au début du XVIe siècle, avec notamment la construction d’une grosse tour d’artillerie et la reconstruction du logis. La fouille dira si cette évolution hypothétique, proposée en l’état, se vérifie ; et si elle est généralisable aux autres murailles. Car elle ne tient pas compte d’éventuelles modifications aux XIVe et XVe siècle. Or ce qui est concevable sur un segment

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restreint de muraille, paraît difficile à maintenir sur un ensemble complet. Sauf à considérer que les réfections de ces époques ont pu concerner surtout des élévations qui ne se sont pas conservées jusqu’à nous. D’autant plus que des travaux de cette époque sont bel et bien attestés sur la plate-forme du donjon (Martineau 2007b). L’intervention a permis de constater à plusieurs reprises des reconstructions partielles, avec chemisage d’un mur antérieur. Ce type d’intervention, appliqué à des murailles exposées à des projectiles, est évidemment surprenant. Un parement plaqué n’offre pas les mêmes garanties de durabilité dans le temps qu’une maçonnerie convenablement chaînée. L’effondrement du parement externe de M40 en fournit un bon exemple. La raison d’une telle conduite peut être dictée par la volonté de mise en état rapide de la place pour raison de péril imminent, comme par des considérations fiscales moins avouables liées à la perception du droit de guet. On a aussi mis en évidence un réel potentiel de conservation des structures sur cette partie basse. Le fait n’a pas besoin d’être mentionné pour le logis, où pour les courtines nord et est. Il a été plus surprenant pour la courtine sud, du fait de l’absence totale d’indices de vestiges affleurant à cet endroit. Il y reste encore des élévations intéressantes. Mais, même quand celles-ci ont disparu, la juxtaposition des structures permet aussi une chronologie relative. Il semble donc permis d’espérer pouvoir réunir suffisamment d’éléments pour comprendre l’organisation de cette fortification basse : Quels sont ses rapports avec la plate-forme du donjon ? Sont-elles intégrées dans un même ensemble depuis le début ? Les différences de plan et de traitement de M44 et M32, dans la

courtine nord, seraient alors la conséquence de différences de fondations. Ou y avait-il un ouvrage isolé sur un piton annexe à l’est, agrégé dans un second temps au château principal ? Les différences entre M44 et M32 pourraient alors témoigner de cela. La fouille seule pourrait permettre de définir le type d’implantation initiale et son évolution : - Savoir si l’emplacement a toujours été

fortifié, ou si le château s’est étendu au fil du temps, éventuellement au détriment d’autres occupations.

- Permettre aussi peut-être de disposer de nouveaux éléments pour appréhender les premières occupations du château, particulièrement mal documentées.

Peut-on percevoir le positionnement des bâtiments, et leur articulation fonctionnelle ? Il est actuellement difficile d’envisager qu’un grand corps de logis ait flanqué l’intégralité de la courtine nord. Ce point reste bien sûr à vérifier. Mais la présence de bâtiments reste de toute façon posée, y compris contre la courtine septentrionale. Le front de taille rectiligne du grand bloc de quartz qui supporte à l’est le donjon pourrait d’ailleurs s’expliquer de cette manière. Le dénivelé existant entre les deux éminences et la partie centrale donne plus d’acuité à la question des cheminements internes de l’enceinte basse. Quelles sont-ils ? La présence d’un logis situé contre la courtine nord aurait-elle pu permettre de « gommer » une partie des dénivelés ? En 2010 deux murs marquant un accès au donjon ont été mis au jour sur le flanc oriental de la tour située au sud du donjon. Cette poterne constitue, avec un chemin en escalier situé cette fois au sud-ouest du donjon, les seuls accès connus à la plate-forme seigneuriale. Ces deux accès aboutissaient tous les deux sous le front sud du donjon. La « poterne » de 2010

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dessert-elle à la fois l’enceinte basse et l’extérieur ? Dans ce dernier cas, est-elle la seule porte desservant l’enceinte basse ? Le départ vers le sud du massif de maçonnerie M42, situé contre la courtine sud, pose question. S’agit-il d’un contrefort renforçant l’angle d’un redan de la muraille ? La fortification se poursuit-elle au devant de la courtine sud, de quelque manière que ce soit ? C’est précisément dans ce secteur que la tour d’artillerie et son moineau sont implantés, près de la porte. Il nous semble important d’essayer de documenter au plus près les systèmes de défense proche, voire la porte elle même si cela pouvait s’avérer possible. Pour toutes ces raisons, le secteur d’étude pour les années à venir est envisagé sur une surface suffisamment étendue pour espérer pouvoir appréhender l’enceinte basse (fig. 80). Mais il faudra définir le mode d’intervention sur cette surface, l’étendue des décapages et des fenêtres pratiquées, en fonction des premiers résultats des fouilles en 2014. Il est prévu, en 2014 : - la fouille du logis adossé aux courtines est et nord. Indépendamment des informations sur cette salle, les investigations auront aussi pour but de permettre une meilleure datation de ces courtines. Il importe en effet de savoir quand le château s’est étendu sur le promontoire annexe de l’est. - la fouille des éboulis qui recouvrent en partie la courtine sud M34 et les

aménagements annexes situés au sud, afin de comprendre leur organisation et leur succession dans le temps. - La zone de fouille sera aussi étendue vers le sud, afin de vérifier la présence d’éventuels départs de murailles vers le sud ou le sud-est. - Enfin, dans la mesure du possible, la fouille sera amorcée à l’ouest du logis, jusques y compris la terrasse artificielle St. 2220, adossée à la courtine sud. A partir de 2015, l’objectif sera, dans un cadre pluriannuel, de poursuivre les investigations entamées, et de les compléter : - Vérifier l’agencement de la courtine sud, en ouvrant plus à l’ouest. De cette façon il sera possible de mieux appréhender son tracé, l’existence ou non de moyens de flanquements, la datation des différents états repérés cette année, par la fouille de sols associés. - Ouvrir au sud de ce rempart, pour vérifier l’existence éventuelle d’autres aménagements défensifs en avant de cette courtine, et si possible en lien avec l’entrée. - S’attacher à comprendre l’agencement de la tour d’artillerie dans le dispositif défensif du château, ses liens avec l’entrée, et éventuellement la douve. - Explorer l’intérieur de l’enceinte, pour en comprendre le bâti, les aménagements internes, le fonctionnement, les circulations. - Vérifier la datation des différents tronçons de la courtine nord, et la présence éventuelle de moyens de flanquement sur ce grand front.

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MARTINEAU J., SANZ-PASCUAL F., BOUMIER F. 2003 : Château de Roc’h Morvan, La Roche-Maurice, rapport intermédiaire, année 2003, volume 2, non publié, 53 planches.

Martineau 2005 : MARTINEAU J. (dir.), Château de La Roche-Maurice (Finistère), rapport intermédiaire, année 2004, non publié, 2005, 24 p.

Martineau 2006 : MARTINEAU J. (dir.), Château de La Roche-Maurice (Finistère), Fouilles programmées, rapport d’activité annuelle 2005, non publié, 2006, 38 p., annexes non paginées.

Martineau 2007a : MARTINEAU J. (dir.), La Roche-Maurice, Château de Roc’h Morvan (Finistère), Fouilles programmées, rapport final d’opération 2002-2005, non publié, 2007, 224 p.

Martineau 2007b : MARTINEAU J. (dir.), La Roche-Maurice, Château de Roc’h Morvan (Finistère), Fouilles programmées, rapport final d’opération 2006, non publié, 2007, 38 p.

Morice 1974 : MORICE H., Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de la Bretagne, Paris, 1742-1746, 3 vol., réed. Paris, 1974.

Morice et Taillandier 1974 : MORICE H., TAILLANDIER C., Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, 2 vol., Paris, 1750-1756, réed. Paris, 1974.

Pérennec et Grall 2009 : PERENNEC R. et GRALL B., Abbaye du Relec, rapport de fouilles 2004-2006. Service départemental d’archéologie du Finistère, non publié, 2009, 161 p.

Pérennec et Grall 2010 : PERENNEC R. et GRALL B., Compte-rendu de la surveillance de travaux, château de La Roche-Maurice, 3 et 4 mars 2010, non publié, 2010, 4 p.

Pérouse de Montclos 2002 : PEROUSE DE MONTCLOS J.-M., Architecture, méthode et vocabulaire, 1972, réédition, Monum, éditions du Patrimoine, 2002.

Rocolle 1989 : ROCOLLE P., 2000 ans de fortification française, 2 vol., éd. Lavauzelle, Paris 1989.

Rosenzweig 1895 : ROSENZWEIG L., Cartulaire général du Morbihan : recueil de documents authentiques pour servir à l’histoire des pays qui forment ce département, Vannes, 1895.

Seltenreich 1982 : SELTENREICH Y., La famille de Rohan (1396-1540), thèse de doctorat d’histoire, dactylographiée, 3 vol., Université de Nantes, 1982.

Tournier 2000 : TOURNIER F., Château de Roc’h-Morvan, La Roche-Maurice, fouille d’évaluation archéologique, AFAN, Service départemental d’archéologie du Finistère, non publié, 2000, 36 p.

Viollet le Duc 1978 : VIOLLET LE DUC E., Dictionnaire raisonné de l’Architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, réédition partielle : L’encyclopédie médiévale, Millau, 1978.

Zaour 2000 : ZAOUR N., Etude du mobilier métallique du château du Guildo (Côtes d’Armor), mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Rennes 2, 2 tomes, non publié, 2000.

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TABLE DES ILLUSTRATIONS

Fig. 1 : Localisation du site sur carte IGN et plan cadastral. DAO B. Grall, CG29/CDA. p. 7

Fig. 2 : Proposition de chronologie relative (Martineau et Sanz-Pascual, Inrap, 2006) p. 16

Fig. 3 : Localisation de l’enceinte basse (à l’est), par rapport à la plate-forme seigneuriale et au donjon. DAO B. Grall, sur base plan fournie par le Service topographique de l’Inrap Bretagne

p. 18

Fig. 4 : Aperçu de l’infrastructure technique et sécurité, et du stockage temporaire de pierres, pendant les terrassements mécaniques. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 20

Fig. 5 : Les remblais de l’intérieur du bâtiment débordent au-delà de la façade occidentale de ce dernier, qui commence à apparaître au premier plan. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 21

Fig. 6 : Plan des structures mises au jour. DAO B. Grall, CG29/CDA. p. 22

Fig. 7 : Muret de soutènement US 2003. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA p. 23

Fig. 8 : Aperçu du mode de construction de la tour. Parement mis au jour en 2013, vu du nord. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 24

Fig. 9 : Aperçu de la circonférence de la tour et du faible galbe des pierres de parement. Vue prise en cours de travaux, du nord-est. Cl. R. Pérennec, CG 29/CDA.

p. 25

Fig. 10 : Détail de la taille des pierres de parement de la tour. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. p. 25

Fig. 11 : Développé du parement externe du mur M30 et aperçu de l’appareil. Ortho-image Art Graphique et Patrimoine. DAO B. Grall,

p. 26

Fig. 12 : Les logements de barres de bois US 2104 et 2105 et la porte US 2101 de la tour. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 27

Fig. 13 : Dallage de pierres sur chant 2103. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. p. 27

Fig. 14 : Reprise de maçonnerie à la jonction de la courtine orientale et du parement de la tour. Vue prise de l’ouest. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 28

Fig. 15 : Plan topographique – levé 2001 et 2002 (Martineau, Boumier, Sanz-Pascual, 2002)

p. 29

Fig. 16 : Niche 2028 et possible départ de conduit 2029. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. p. 30

Fig. 17 : Plan des structures mises au jour. DAO B. Grall, CG29/CDA. p. 31

Fig. 18 : Parement occidental du mur M31, et montants des archères 2012 et 2013. Ortho-image Art Graphique et Patrimoine. DAO B. Grall, CCG29/CDA

p. 32

Fig. 19 : Détail des montants, et base chanfreinée de l’ouverture de tir de l’archère US 2012, en M31. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 33

Fig. 20 : Détail du montant nord de l’archère 2013, et des traces résiduelles de sa voûte. Vue prise après fouille de l’argile jaune 2013-3 qui recouvrait le gradin supérieur. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 34

Fig. 21 : Basculement du parement occidental de la courtine vers l’extérieur (est). Vue du sud. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 34

Fig. 22 : Profil du parement oriental de la courtine est, et implantation sur le rocher de quartz. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 35

Fig. 23 : Montant sud de l’archère US 2012. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. p. 35

Fig. 24 : Montant nord de l’archère 2012. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. p. 35

Fig. 25 : Montant sud de l’archère 2013. Vue prise après fouille de l’argile jaune 2013-3. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 36

Fig. 26 : : Courtine orientale M31 : principales reprises visibles depuis le sol. Cl. R. Pérennec, DAO B. Grall, CG29/CDA.

p. 37

Fig. 27 : Vestiges de la courtine nord sous le donjon. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA p. 39

Fig. 28 : Vue de la courtine nord, du nord-est. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. p. 40

Fig. 29 : Profil de la courtine nord M44, dans sa partie est. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. p. 40

Fig. 30 : Contrefort 2035. Vue du nord-est. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. p. 41

Fig. 31 : Courtine nord : murs M32, M44, et contrefort 2035. Vue du nord, à partir du chemin situé en contrebas. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA

p. 42

Fig. 32 : Renfort de la fondation de l’angle des courtines nord et est. Vue du nord-ouest. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 42

Fig. 33 : Ortho-image du parement sud du mur M32, et des côtés de l’embrasure de l’ouverture US 2030. Art Graphique et patrimoine. DAO B. Grall, CG29/CDA.

p. 43

Fig. 34 : Détail de la fenêtre US 2030 dans M32. Vue du sud-est. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 44

Fig. 35 : Arrachement consolidé. Tableau de la fenêtre US 2030, côté est. Cl. R. Pérennec, p. 44

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CG29/CDA. Fig. 36 : Plan des structures mises au jour. DAO B. Grall, CG29/CDA. p. 45

Fig. 37 : Vue d’ensemble de l’archère US 2014, du nord-est. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. p. 47

Fig. 38 : Détail de l’embrasure nord de l’archère US 2014, et du parement ouest de M33-2 qui lui est associé. Vue du sud. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 47

Fig. 39 : Détail du montant sud de la porte US 2019, dans M33. Vestiges du parement du mur M33-2, derrière l’aménagement du seuil en pierres de taille de M33-1

p. 47

Fig. 40 : Mur M33, parements est et ouest. Ortho-images Art graphique et Patrimoine. DAO B. Grall, CG29/CDA.

p. 48

Fig. 41 : Détail des élévations transversales du mur M33. Ortho-images Art Graphique et Patrimoine. DAO B. Grall, CG29/CDA.

p. 49

Fig. 42 : Détail de l’arrachement du jambage sud (US 2042) de la cheminée US 2022. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 50

Fig. 43 : Incurvation du côté sud du massif US 2005 (à droite), de M33-1. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 51

Fig. 44 : Vue d’ensemble de la porte US 2019 du logis, vue de l’ouest. L’arrachement résultant de la récupération du piédroit nord est particulièrement visible. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA

p. 52

Fig. 45 : Mur M33, parement ouest. Départ en pan coupé de l’US 2036. p. 53

Fig. 46 : Ancrages de la structure porteuse des latrines. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. p. 53

Fig. 47 : Cloison US 2026 entre les deux couloirs d’accès aux latrines. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 54

Fig. 48 : Latrines, vue générale prise de l’est. Couloirs US 2024 et US 2027, cloison US 2026 et massif US 2044. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 54

Fig. 49 : L’arête maçonnée US 2040 et le logement US 2039 du montant de bois de la porte d’accès aux latrines, côté ouest. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 55

Fig. 50 : Les logements de la porte d’accès aux latrines, depuis le logis : US 2039 et US 2038. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 55

Fig. 51 : Amorce du retour en équerre du couloir US 2027. Vue prise de l’ouest. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 55

Fig. 52 : US 2052, reprise partielle du parement US 2051. Réfection d’un contre-cœur de cheminée ? Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 56

Fig. 53 : Murage US 2002 du seuil US 2053 : parement oriental (à gauche). Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 57

Fig. 54 : Bouchon de maçonnerie US 2002 dans le seuil 2053, parement ouest. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 57

Fig. 55 : Plan des structures mises au jour. DAO B. Grall, CG29/CDA. p. 58

Fig. 56: La courtine sud M34 en cours de fouillle. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. p. 59

Fig. 57 : La courtine sud M34, et son retour nord-sud M35. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. p. 59

Fig. 58 : Murs M34 et 35. Ortho-image Art Graphique et patrimoine. DAO B. Grall, CG29/CDA

p. 60

Fig. 59 : plan des différents états du rempart sud, et des structures annexes découvertes à proximité : terrasse St. 2220 (M36/M37/St. 2219/M34/M35) et ses aménagements internes ; murette St. 2201. DAO B. Grall, CG29/CDA.

p. 61

Fig. 60 : Profil du mur M35 (à droite). A gauche, une structure postérieure M43 s’y est accolée. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 62

Fig. 61: Vue verticale du parement de M41. A gauche, l’amorce du retour de mur M42. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 62

Fig. 62 : Mur M41 et retour nord-sud M42, vue générale du sud. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 63

Fig. 63 : Le parement sud de M41, et l’amorce du mur nord-sud M42. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA

p. 63

Fig. 64: A l’arrière plan, parement nord de M40. Au premier plan, mur postérieur M39. Vue prise du nord. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 64

Fig. 65: Implantation de M40 sur M41 (à gauche). Vue prise du sud-est, depuis la tour d’artillerie. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA

p. 64

Fig. 66 : Vestiges du mur M40, vue verticale. La démolition de M40 fait apparaître le parement sud du mur antérieur M41, en arrière-plan. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 64

Fig. 67 : A l’arrière plan, mur M43, entre la tour d’artillerie et M35. Au premier plan, M34, puis une murette postérieure St. 2201. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 65

Fig. 68 : Mur M39, accolé au parement nord de M40 arasé p. 66

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Fig. 69 : Murette St. 2201, vue de l’est. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. p. 67

Fig. 70 : coupe sud-ouest/ nord-est réalisée en avant du mur M43, dans les remblais recouvrant St. 2201. DAO B. Grall, CG29/CDA.

p. 68

Fig. 71 : Parement nord de la structure St. 2220, vue du nord-ouest. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 69

Fig. 72 : Angle de la structure ST. 2220 (M36-M37). p. 69

Fig. 73 : Le parement M37, vu de l’ouest. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. p. 69

Fig. 74 : Possible trace d’un muret St. 2210 ? Vue prise de l’ouest. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 70

Fig. 75 : Vue de détail du dallage US 2208, et des « marches » US 2207, 2209 et 2205bis. p. 70

Fig. 76 : US 2208 et marches nord-sud US 2207, 2209, 2205bis, recouvertes par les parements est-ouest US 2205 et US 2206. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA.

p. 71

Fig. 77 : A droite, alignement US 2206. Cl. R. Pérennec, CG29/CDA. p. 71

Fig. 78 : boulets de canon en pierre de la structure St. 2201. Cl. et DAO B. Grall, CG29/CDA.

p. 72

Fig. 79 : Petit projectile en fer d’arme à feu. Cl. B. Grall, CG29/CDA. p. 74

Fig. 80 : Cadre géographique de la fouille projetée dans les années à venir. DAO B. Grall, CG29/CDA, sur base plan cadastral (cadastre.gouv).

p. 78