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LA PORTE DU TEMPS

En ces temps de « hard core » que nous vivons, il n'est peut-être pas inutile de se replonger dans un véritable livre érotique. Qualifier ainsi « La Porte du Temps » de- mande un minimum de définition, alors même qu'on a amplement admis la subjec- tivité critique de règle dans ce domaine. Je me garderais de renier les charmes directs des livres expressément pornographiques — et d'ailleurs Donica Roud sera, au moins partiellement, de mon avis sur ce point. Mais ce qui est demandé au vrai livre éro- tique est autre chose : par son écriture comme par son sujet, par les personnages qu'il met en scène, bref, par l'ensemble des codes de référence qu'il utilise, le roman érotique doit remplir une certaine fonction de conte de fées, satisfaire une certaine caté- gorie de l'imaginaire. Il n'est pas là pour défouler directement, pour agir comme pro- duit de substitution. Il nous propose des intrigues et des lieux où, comme dans une tragédie racinienne, les éléments les plus directement quotidiens doivent avoir une importance minimale. Certes, « La Porte du Temps » n'aurait pas été écrit ainsi, si ne l'avaient précédé « Emmanuelle » et « His- toire d'O », et l'hommage qui les salue est amplement justifié. Mais il serait erroné d'oublier les autres références, qui vont du conte fantastique allemand au récit de voyage. Donica Roud joue, de façon inof- fensive, avec messes noires, vampirisme et sado-masochisme : de la même façon, après tout, que dans « La Porte du Temps », ces éléments se retrouvent dans les contes de fées classiques. Et la grande nuit finale évo- que moins Walpurgis que Peau d'Ane ou La Belle et la Bête.

P.-L. THIRARD.

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Déjà parus :

Guylaine de Bailleul

L'ONANISTE

Théorodic Foulkes

LE STYX

Delphine Pont-Aven

LA CHAISE ECLECTIQUE

Olivier Blue

L'AMOUR BLEU

Mario Mercier

L'ODYSSEE FANTASTIQUE D'ARTHUR DEMENT

A paraître :

Ernest de Gengenbach

LA MESSE D'OR

Charles Duits

INTERDIT AUX CHIENS

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L PORTE

DU TEMPS

« Et la porte du temps ouverte entre tes jambes. »

Paul ELUARD.

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Illustration de couverture : Franz von Bayros.

© 1976 Editions P. N. 14-16, rue de Verneuil, 75007 Paris

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DONICA ROUD

LA PORTE

DU TEMPS

ERIC LOSFELO COLLECTION DE SECOND RAYON

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A toutes celles, à tous ceux par qui ces « contes de fées pour grandes personnes » peuvent devenir réalité...

D. R.

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PREFACE

En ces temps de « hard core » que nous vivons, il n'est peut- être pas inutile de se replonger dans un véritable livre érotique. Qualifier ainsi « La Porte du Temps » demande un minimum de définition, alors même qu'on a amplement admis la sub- jectivité critique de règle dans ce domaine. Je me garderais de renier les charmes directs des livres expressément porno- graphiques — et d'ailleurs Donica Roud sera, au moins par- tiellement, de mon avis sur ce point. Mais ce qui est demandé au vrai livre érotique est autre chose : par son écriture comme par son sujet, par les personnages qu'il met en scène, bref, par l'ensemble des codes de référence qu'il utilise, le roman éroti- que doit remplir une certaine fonction de conte de fées, satis- faire une certaine catégorie de l'imaginaire. Il n'est pas là pour défouler directement, pour agir comme produit de substi- tution. Il nous propose des intrigues et des lieux où, comme dans une tragédie racinienne, les éléments les plus directement quotidiens doivent avoir une importance minimale. Certes, « La Porte du Temps » n'aurait pas été écrit ainsi, si ne l'avaient précédé « Emmanuelle » et « Histoire d'O », et l'hommage qui les salue est amplement justifié. Mais il serait erroné d'oublier les autres références, qui vont du conte fantastique allemand au récit de voyage. Donica Roud joue, de façon inoffensive, avec messes noires, vampirisme et sado-maso- chisme : de la même façon, après tout, que dans « La Porte du Temps », ces éléments se retrouvent dans les contes de fées classiques. Et la grande nuit finale évoque moins Walpurgis que « Peau d'Ane » ou « La Belle et la Bête ».

Parallèlement aux classiques, il court, dans la littérature française, un certain courant qui va, mettons, de Scarron à Sade, et qui comprend aussi le conte de fées. Dans ce domaine,

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c'est au conte libertin non sadien que fait penser (par son écri- ture aussi) « La Porte du Temps ». On a souvent parlé, à propos de libertinage, d'amoralisme ; là encore, il faudrait définir. S'il s'agit de l'absence de souci métaphysique, du refus du sens du péché, les personnages de Donica Roud sont amo- raux. Mais — et Vailland le montre à propos de Laclos comme de Bernis —, le refus de la morale traditionnelle n'implique pas l'absence de toute éthique.

When you see a fair form chase it and if possible embrace it Be it a girl or a boy Don't be blasheful, be brash, be fresh Life is short, so enjoy Whatever contact your flesh May at the moment crave There is no sex-life in the grave,

écrivit peu de temps avant sa mort W. H. Auden. Visconti fait citer ces vers par un de ses personnages, et les redit, fin 75, à son dernier interviewer. C'est cette saine morale de l'ima- ginaire, qui ne retient des aspects déplaisants de la vie réelle (misère, répression, refoulement...) que ce qu'il en faut pour baser son envol, qui donne à « La Porte du Temps » le carac- tère artificiel et exhaltant qui est celui du vrai roman éroti- que.

Mais le rôle d'un préfacier convenable doit se borner à celui d'un valet un peu gourmé qui accueille, à la porte, les invités venus à la fête. Entrez donc, faites connaissance de Juliette et des fortunes de sa vertu.

P.-L. THIRARD.

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« Le mariage entre gens sensibles et bien élevés peut être, après tout, une institution charmante. »

André Fermigier (« Le Monde », juin 1974).

Chapitre premier

La Caravelle s'arrêta en bout de piste ; le bruit des réacteurs devint de plus en plus fort, aigu, assourdissant. L'appareil com- mença à rouler en vibrant sur les inégalités du béton. Par le hublot, Juliette observait le tremblement des ailes ; chaque fois qu'elle prenait l'avion, elle s'étonnait de les voir si flexibles.

Puis le sol s'éloigna. Elle ne put dire l'instant précis auquel ils avaient décollé. L'avion fit un tour en prenant rapidement de l'altitude. En bas, des rectangles réguliers, plantés de grosses boules placées en damier, les orangeraies de la Mitidja, de grandes fermes aux toits rouges, puis Alger au fond de sa baie, la mer parfaitement bleue, les lignes blanches le long du rivage où la houle venait se briser, quelques bateaux isolés en mer, le large...

Juliette défit sa ceinture. Adieu Alger, ses rues austères et mornes, sa saleté, ses cafés pleins d'hommes tristes buvant de la limonade sous la photo d'un colonel aux lèvres sèches, et son ennui que des années durant elle avait éprouvé, subi jour après jour... par la faute de Roger.

Roger, son mari, était professeur à Alger, consciencieux, sévère, bien vu de ses supérieurs (mais guère de ses élèves), recevant son avancement au « grand choix », satisfait de sa vie en Algérie, aussi incapable de s'ennuyer que de s'amuser. Inca- pable aussi de comprendre qu'elle puisse souffrir de cette exis- tence. Au bout de cinq ans, elle avait exigé de partir d'Algérie. Il avait refusé, elle l'avait quitté. Maintenant, elle était libre...

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L'avion survolait les Baléares. Elle eut aimé connaître Ibiza. Elle se sentait en vacances. On était le dix-neuf juin. Tout un été s'ouvrait devant elle, « sans projets, sans habitudes ».... Elle se souvint que Roger n'aimait pas Moustaki...

Midi. L'hôtesse s'approcha, jolie, les mains fines, très brune comme Juliette, mais plus élégante. Elle posa un plateau sur la tablette. Il y avait du jambon avec le hors-d'œuvre. Quand Juliette avait-elle mangé du jambon pour la dernière fois ? Elle ne s'en souvenait plus. En Algérie, elle avait rarement l'occasion de manger du porc. On n'en trouvait presque nulle part. Islam et austérité. La liberté, c'est aussi le droit de manger une tranche de jambon quand on en a envie...

La banlieue parisienne, grise, interminable, des usines, des H.L.M. rangées comme de grands morceaux de sucre, des gares de triage, des voitures en longues files, puis Orly, la douane, l'autocar jusqu'aux Invalides...

Elle laissa le gros de ses affaires à la consigne, prit le métro avec une petite valise... une direction presque au hasard ; elle changea machinalement quelque part et se retrouva au quartier Latin. Chaque fois qu'elle revenait à Paris, le Quartier était son village au milieu de la ville, son refuge... Elle n'y avait pourtant vécu qu'un an, petite étudiante de province. Ensuite, à peine reçue à Propédeutique, son mariage, quelques années à Quimper, puis Alger... Un vieux tropisme à présent la ramenait. Elle prit une chambre, dans un petit hôtel près du Panthéon, un hôtel pour étudiants, avec des tapis de coco rouge le long des couloirs. Elle croisa un couple vietnamien dans l'escalier. Elle déposa sa valise dans la chambre, fit un brin de toilette, se recoiffa. Puis, impatiente, elle sortit dans la rue.

Elle fit une longue promenade. Elle se réapprivoisait à Paris. Aux endroits où elle passait, elle connaissait chaque rue, chaque café ; ses vieux souvenirs redevenaient réalité. Alger était loin, si loin... Elle l'avait quitté le matin même ; il était trois heures de l'après-midi. Cinq heures, six heures seulement ; le temps lui paraissait déréglé.

Au Tabac de la Sorbonne, elle commanda un café. Elle ne connaissait plus le serveur, Sylvain avait dû prendre sa retraite. On était en 1970, Juliette avait vingt-huit ans. Déjà, une nouvelle

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génération d'étudiants occupait le Quartier. Les visages lui étaient inconnus.

Elle descendit le boulevard Saint-Michel. De nouvelles bou- tiques s'étaient ouvertes, d'autres avaient changé de style. Cette année, les filles portaient de longues robes de Gitanes, souvent avec des jupes fendues. Certaines étaient coupées dans des tissus hindous, d'autres dans des cretonnes fleuries. C'était beau.

Juliette avait un type méridional, presque espagnol. « J'achè- terai une robe gitane », se dit-elle, « ça m'ira bien ». Elle se sen- tait terne dans sa robe de toile beige, une robe classique, gentil- lette, choisie par Roger... Elle détestait cette robe à présent.

Bientôt quatre heures. Près de Saint-Germain-des-Prés, une boutique vendait des robes de daim, et aussi des manteaux de cuir fin, glacé, de coupe étroite, fendus derrière, et tombant jus- qu'aux chevilles. Ils pouvaient en été servir d'imperméables. Elle entra dans le magasin, fouilla longuement, essaya plusieurs de ces manteaux, en acheta un... En sortant, elle vit que le temps se cou- vrait. « S'il pleut, je l'étrenne ». Il lui restait cent francs en poche, et les banques étaient déjà fermées. « Tant pis, j'achèterai une robe demain ». Elle avait décidé de renouveler entièrement sa garde-robe, de se débarrasser de tout un passé, de mettre les cinq dernières années entre parenthèses... « J'ai vingt-huit ans, et la vie devant moi. » Il lui fallait aussi un homme... Depuis son mariage, elle n'avait connu d'autre homme que Roger. « Je vais draguer », se dit-elle, « mais pas dans cette robe ». Elle croisait d'autres filles, en maxi-jupes, une qui portait une blouse roumaine, une autre un manteau semblable à celui qu'elle venait d'acheter, enfilé sur une mini ultra-courte. La fille s'éloignait. Juliette regar- dait ses jambes par la fente du manteau. Vue de dos, elle sem- blait nue en dessous.

L'église Saint-Sulpice, Juliette franchit le portail. A cette heure, la nef était presque déserte. Un touriste était absorbé dans la contemplation d'une toile, peu intéressante pourtant. Une vieille femme priait à genoux. Juliette flâna un peu, aper- çut un confessionnal dont la porte n'avait pas été fermée à clé, hésita un instant puis, le cœur battant comme une collégienne qui s'apprête à faire une farce, elle s'approcha avec une fausse nonchalance, vérifia d'un coup d'œil que personne ne la regar-

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dait, et disparut à l'intérieur. Elle referma soigneusement. A travers le grillage de bois elle voyait ce qui se passait à l'exté- rieur, mais elle-même ne pouvait être vue. Elle prit le manteau dans la grande poche qui lui servait d'emballage, ôta sa robe et l'y rangea, enfila le cuir à même la peau nue. Elle resta un moment immobile, réfléchissant. Elle n'arrivait pas à se déci- der. Puis, retirant le manteau, elle enleva son soutien-gorge. Elle le regarda longuement. Il était en nylon épais, ni pigeon- nant, ni transparent, un soutien-gorge sans fantaisie, pudique et banal... Sans regrets, elle le mit avec la robe. Ensuite, elle sor- tit du confessionnal, écrivit sur le paquet « Pour les pauvres de la paroisse », et abandonna celui-ci près du tronc de l'église.

Cinq heures. Comme toujours, il y avait du monde à la Rhumerie Martiniquaise. Juliette chercha une place. Elle finit par apercevoir une table libre, se dirigea vers elle, puis se ravisa, et, avec un sourire de défi à peine perceptible, adressé plutôt à elle-même, elle s'installa sur un tabouret, au bar. Elle prit un punch au lait de coco. Le manteau glissa sur ses cuisses nues.

En face d'elle, elle remarqua un homme, attablé seul. Elle n'arrivait pas à lui attribuer un âge précis. La trentaine, ou la quarantaine peut-être ? Il avait un type anglo-saxon, à la rigueur allemand. L'expression du visage était très jeune, était-ce sim- plement dû à ses yeux clairs ? Par contre, sa barbe fournie, qu'il portait en collier à peine taillé, était grisonnante, même franchement blanche par endroits. Il avait des cheveux mi-longs et portait une chemise de soie banane. Il regardait Juliette avec un léger sourire du coin des lèvres. Elle but une gorgée d'alcool, bougea un peu. Sous l'angle d'où il la voyait, il pouvait aper- cevoir son slip. Devinait-il qu'elle était nue sous son manteau, ou croyait-il simplement qu'en s'asseyant, elle avait laissé remonter sa mini-robe ? Ils restèrent un moment à se regar- der, en buvant à petites gorgées. Ils reposèrent leurs verres presque en même temps. Juliette porta lentement la main au bouton supérieur de son manteau, le dégrafa avec difficulté, car la boutonnière neuve n'avait pas eu le temps de s'assouplir, puis en ouvrit un second. Son sac était posé par terre au pied du tabouret. Elle se pencha pour le ramasser, accrochée d'une main au bar, sans quitter son siège. Par l'ouverture du manteau,

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le regard de l'homme plongeait directement sur ses seins. Il put voir qu'elle ne portait pas de corsage, même très échancré, même complètement ouvert. « Il doit se demander si j'ai une jupe » se dit-elle. Elle regretta un instant de ne pas avoir osé se défaire de son slip...

Elle paya, descendit lentement de son tabouret, en regar- dant l'homme dans les yeux, et sortit d'un pas tranquille. Elle se dirigea vers l'Odéon. Il la suivait. Elle bifurqua rue de Tour- non. Il se rapprochait, cherchant à l'aborder. Elle accéléra le pas, de manière à l'en empêcher. Elle se rendit compte qu'il la suivait toujours, mais sans essayer de la rejoindre. Ils atteigni- rent de la sorte le théâtre de l'Odéon. Arrivée sous les arcades, Juliette s'arrêta une seconde, passa la main dans l'entrebaille- ment du manteau, et d'un geste rapide, ôta son slip qu'elle abandonna au milieu du trottoir. Quelques instants plus tard, l'homme le ramassait en souriant ; il le mit dans sa poche. Il était à dix mètres derrière elle. Juliette défit son dernier bou- ton, tourna sur elle-même, laissant le manteau s'ouvrir sur son corps entièrement nu, puis, retenant les pans d'une main, se mit à courir vers le Luxembourg. Essoufflée, elle ralentit son allure en franchissant les grilles du jardin. Le ciel était de plus en plus couvert. Quand elle atteignit le bassin central, les pre- mières gouttes commençaient à tomber. Puis, l'averse se déclen- cha très vite. Des mères de famille pressées ramassaient des jouets et couraient avec leurs enfants se réfugier sous les arbres. En quelques instants, le jardin semblait s'être vidé de ses pro- meneurs. Juliette marchait sous la pluie. L'homme la suivait, elle voyait les taches d'eau sur sa chemise. Ils arrivèrent dans le parc à l'anglaise qui se trouve au fond du jardin. Juliette ne retenait plus son manteau, qui s'ouvrait à chaque pas. Ils étaient pratiquement seuls. Des filets d'eau commençaient à couler entre ses seins, descendaient sur son ventre, atteignaient son sexe, ses cuisses. Son visage, ses cheveux étaient trempés. Elle quitta l'allée et s'engagea sur la pelouse. L'homme s'était arrêté au bord et la regardait. Il essuyait ses cheveux et sa barbe. Juliette jeta son manteau sur un buisson et s'offrit nue à la pluie. Elle sentait le picotement des gouttes sur la peau. Elle passait ses mains sur ses bras, sur son ventre, elle caressait son corps ruisselant, elle était heureuse... L'homme vint la rejoindre

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sur la pelouse, prit le manteau et voulut le lui mettre sur les épaules.

— Vous avez peur que je mouille ma robe ? — Vous risquez des ennuis avec les gardiens. Elle rit : — Ils ne viendront pas. Il faut être fou comme vous pour

sortir sous cette pluie tout habillé ! Elle s'échappa ; il lui courut après. Elle se réfugia dans un

buisson et s'y laissa rattraper. Il la saisit par les épaules et parcourut son corps de ses lèvres. Elle lui offrait ses seins, elle écartait ses cuisses. Elle lui déboutonna sa chemise, caressa son torse. C'était bon, un homme nouveau, un homme qui ne soit pas Roger...

La pluie s'arrêta aussi brusquement qu'elle était venue. Juliette se laissa remettre le manteau. Ils quittèrent rapidement la pelouse interdite, et s'échappèrent sans ennuis du jardin.

Quelques minutes plus tard, elle le faisait monter dans sa chambre d'hôtel. Elle lui ôta ses vêtements trempés, puis écarta lentement les pans de son manteau déboutonné. Mais quand il voulut le lui enlever, elle résista. Ils luttèrent un moment. Il la repoussait lentement vers le lit. Elle sentait son sexe dressé contre son ventre. Puis elle se laissa dévêtir, s'éten- dit, sentit l'homme la pénétrer. Elle fit l'amour avec une atten- tion nouvelle, presque avec application. « J'aime ça », se dit- elle, « je ferai tout le temps l'amour désormais, avec beaucoup d'hommes, jamais je ne tolèrerai un mari ou un amant jaloux, jamais plus de Roger »... Elle jouit violemment, puis, fatiguée, elle s'endormit...

A son réveil, il faisait nuit, elle chercha le bouton de la lampe de chevet et alluma. Elle était seule ; sur la table de nuit, elle trouva un petit mot : « Je suis rentré chez moi pour me changer. Je voudrais vous inviter à dîner ce soir. Je vous téléphone à neuf heures. Reinhardt. » Elle regarda sa montre. Il était neuf heures moins le quart. Elle se leva, arrangea un peu ses cheveux. Puis elle se regarda nue, dans la glace en pied de l'armoire. Elle était satisfaite de son corps, et contente de pouvoir de nouveau en disposer à son gré.

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Le téléphone sonna. Elle décrocha. C'était Reinhardt. Il voulait passer la chercher. Elle refusa.

— Vous n'êtes pas libre ce soir ? — Je suis libre, mais je veux le rester. J'ai décidé de ne

plus vous revoir. — Je vous ai fâchée ? — Ah non, pas du tout, au contraire ! Il ne s'agit pas de

ça. Je vais vous expliquer... Elle ajouta d'un trait : — Il se trouve que j'ai quitté mon mari ce matin même,

après huit ans de mariage, huit ans de vie d'épouse fidèle ! On ne croirait pas ! Alors voilà, maintenant j'ai décidé de ne plus faire l'amour deux fois avec le même homme. C'est le seul moyen de rester vraiment libre. Pas de collage, pas d'amant jaloux. Je veux pouvoir coucher avec qui ça me plaît, sans ren- dre de comptes à personne !

Reinhardt se mit à rire : — Ne craignez rien, je vous jure que nous ne serons pas

jaloux de vous. Venez dîner avec nous ce soir, cela ne vous engage à rien.

Juliette se demanda ce que signifiait ce « nous ». Elle ne posa pas de questions, mais elle était tout de même intriguée. Elle hésita un instant et répondit :

— Bon, passez me prendre à l'hôtel dans une demi-heure. Puis elle raccrocha. Elle ouvrit l'armoire, contempla sa

garde-robe. Pas grand-chose de mettable... Sauf peut-être une robe de guipure noire, à manches longues et dont le corsage montait jusqu'au cou. Elle était entièrement doublée de pongé noir. Juliette la regarda d'un air désapprobateur. Mais c'était son unique tenue habillée. Encore une chance qu'elle ne fût pas dans une des valises laissées en consigne.

Juliette s'assit au bord du lit, mit la robe sur ses genoux. Elle prit une paire de ciseaux et commença à défaire la dou- blure. Elle était cousue à points serrés, et Juliette n'avait pas encore terminé son travail quand Reinhardt vint la chercher. Elle le reçut nue, le fit asseoir, et se remit à l'ouvrage. Il la regardait, amusé.

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— Je me prépare une robe indigne d'une bonne épouse, dit-elle en riant, et en repensant à Roger.

— En êtes-vous bien sûre ? Elle défit les derniers centimètres de la couture, jeta la

doublure dans la corbeille à papier et enfila la robe. — Constatez vous-même. Elle se plaça devant le miroir, tourna sur elle-même. A

quelques mètres de distance, on ne voyait pas grand-chose, mais vue de près, la robe était tout à fait indécente. Entre les motifs de la guipure noire, on apercevait la peau de son ventre, bron- zée, mais qui paraissait blanche par contraste. On voyait égale- ment ses seins, dont on distinguait parfaitement l'aréole.

— Alors, connaissez-vous un mari qui accepterait que sa femme sorte dîner dans une tenue pareille ?

— Il pourrait se faire que j'en connaisse. — Dans ce cas, il me reste encore des choses à appren-

dre, dit Juliette sur un ton ironique. — Nous nous chargerons volontiers de votre éducation. Ils descendirent. Une femme les attendait en bas, assise

dans une grande torpédo blanche et noire, une Mercédès d'avant-guerre, imposante et désuète, sortie tout droit d'un film de Stroheim, avec des marchepieds chromés et de profonds fau- teuils de cuir. Reinhardt fit monter Juliette et lui dit :

— Je vous présente ma femme. Daphné, voici la jeune sauvageonne qui veut changer d'amant chaque fois qu'elle fait l'amour.

— Un principe comme un autre, dit Daphné en riant. C'est une excellente chose que d'avoir des principes, à condi- tion bien entendu de ne pas les respecter !

Juliette sourit mais ne répondit pas. Il semblait avoir raconté toute l'histoire à sa femme ; drôle de couple !...

Ils rangèrent la voiture près de la Contrescarpe. Le res- taurant où ils emmenèrent Juliette était situé sur la place. Il s'appelait le « Requin Chagrin ». Elle en avait déjà entendu parler, et se rappelait même une annonce, vue dans un journal, représentant une femme, en robe très décolletée, qui promenait un requin en laisse...

Comme ils étaient descendus de voiture, Juliette pouvait contempler Daphné à son aise. Celle-ci était grande et large

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d'épaules. Elle portait une mini-robe, de soie vert émeraude très légère, avec une jupe en forme de corolle. Le haut, on ne pouvait dire le corsage, était formé d'une simple bande de tissu pareille à une écharpe passée derrière la nuque, dont cha- que pan couvrait de justesse un sein, et tenait à la jupe par une couture étroite. Ainsi, le décolleté descendait jusqu'à la taille, et il suffisait que Daphné se penche légèrement pour que l'on aperçoive ses seins nus. Juliette remarqua que ceux-ci étaient bronzés, sans la moindre marque de maillot. Le dos était entiè- rement découvert. Ses cheveux acajou flottaient librement. Juliette se dit qu'elle trouvait Daphné bien plaisante.

Ils s'installèrent à une table éclairée aux bougies. Reinhardt commanda un punch en guise d'apéritif. Juliette but. Elle regar- dait Daphné, sa robe, puis se tourna vers Reinhardt :

— Cela ne vous ennuie vraiment pas que votre femme porte une tenue si... provocante ?

Il se mit à rire, et ce fut Daphné qui répondit : — On dirait que non. Ma robe vous déplaît ? — Oh non ! fit Juliette. Puis, après un moment de silence,

elle demanda : — Daphné, n'êtes-vous pas jalouse ? — Parce que Reinhardt a fait l'amour avec vous ? Non,

je ne suis pas jalouse. Puis elle ajouta sur un ton aimable, presque affectueux : — Ne le prenez pas mal ; si je vous considérais comme

une ennemie, je trouverais au contraire que vous êtes une rivale dangereuse. Vous êtes si tentante dans cette robe... n'est-ce pas, Reinhardt ?

Juliette crut d'abord déceler une certaine ironie dans les paroles de Daphné. Pourtant le ton était plutôt complice. L'atti- tude du couple la déroutait toujours un peu, mais l'amusait. Elle était contente d'avoir accepté leur invitation.

Après le dîner, ils sortirent prendre le café sur la place, à une terrasse. Juliette resta silencieuse un long moment, puis se tourna vers Reinhardt :

— Votre femme admet que vous ayez des maîtresses ; mais que diriez-vous si elle couchait avec d'autres hommes ?

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— Ça lui arrive assez souvent. — Et vous n'êtes pas jaloux ? — Non, ou pour être tout à fait franc, un peu ; juste assez

pour donner un certain piquant à la chose. Juliette se tut. Elle remuait lentement le sucre dans son

café. Puis elle demanda : — Et si elle faisait ce que j'ai fait moi cet après-midi ? — Si j'allais draguer un homme ? dit Daphné. — Oui. — Pourquoi pas ? répondit Reinhardt. Juliette resta pensive un moment. — Ce n'est pas possible ! Vous me racontez des histoires. Elle s'imaginait aussi qu'ils lui disaient cela par délicatesse,

pour ne pas avoir l'air de condamner son attitude de l'après- midi.

— Alors vous ne nous croyez pas ? Juliette ne dit rien. Reinhardt se tourna vers sa femme : — Tu lui montres ? Daphné jeta un coup d'œil circulaire : — Il n'y a pas de types seuls par ici. — Les deux à la table du coin à droite, dit Reinhardt en

désignant le café d'en face. — Les deux ? s'écria Juliette. Daphné haussa les épaules et regarda sa montre. Il était

onze heures. — Je vous rejoins vers une heure chez Lucien, ça va? — D'accord, dit Reinhardt. Daphné se leva, traversa la place et s'assit à la table voi-

sine de celle des deux hommes. Elle croisa haut ses jambes que la mini-jupe découvrait. Elle commanda à boire. Les deux hommes se retournèrent plusieurs fois dans sa direction. Elle sortit une cigarette et leur demanda du feu. Elle se pencha au-dessus du briquet, laissant voir ses seins dans l'entrebaille- ment de sa robe. Elle s'y prit à plusieurs fois avant d'allumer sa cigarette, riant de sa maladresse. Ils engagèrent la conversa- tion.

Quelques minutes plus tard, elle se levait avec eux, mon- tait dans une Volkswagen décapotable qui fit le tour de la

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place, en passant à deux mètres devant la table de Juliette et de Reinhardt, et disparut dans une ruelle. Juliette regardait fascinée ; Reinhardt lui souriait, ironiquement.

— Je ne voyais pas le mariage sous cet angle, dit-elle ; mais êtes-vous vraiment sûr qu'elle va faire l'amour avec eux ? Vous ne m'avez pas monté une petite mise en scène ?

— Je suis sûr qu'elle le fera, mais je ne vous oblige pas à me croire.

Juliette était perplexe. — Venez, lui dit Reinhardt, on va danser quelque part.

Cela vous amuse ? — Bien sûr. Ils se rendirent dans une petite boîte de nuit, près du

Pont-Neuf. Le décor était antillais, avec des bambous sur les murs, des calebasses tamisant la lumière des ampoules. Le bar- man était noir et s'appelait Lucien ; Reinhardt le salua ; il leur servi un daïquiri, tout en regardant les seins de Juliette. Un petit orchestre afro-cubain jouait une biguine. Le public était à moitié antillais, à moitié européen ; il y avait quelques filles très belles, aux grands yeux fendus, à la peau plus dorée que noire. Une blonde platinée dansait avec un Noir de haute taille aux cheveux longs, crépus, en crinière de lion. Elle portait une robe du soir noire, profondément décolletée sur une peau très blanche, et fendue très haut, trop haut pour qu'elle pût porter un slip en dessous. Par contre, à la manière dont sa poitrine jaillissait de la robe, Reinhardt se dit qu'elle devait avoir un soutien-gorge, sans doute un de ces modèles vendus à Pigalle qui s'arrêtent sous l'aréole, car, à la faveur d'un mouvement de la danse, il aperçut une pointe rose. D'un coup d'œil, il dési- gna la fille à Juliette :

— Regardez, d'une manière différente, sa robe est aussi indécente que la vôtre. Un de ces jours, vous finirez par être battue !

Juliette rit. Reinhardt l'entraîna sur la piste. Elle dansait d'une manière très sensuelle, sans retenue ; tantôt, elle rejetait les épaules en arrière, faisant pointer ses seins sous la guipure, tantôt elle se penchait en avant, ses cheveux défaits tombant dans son visage. Des gouttes de sueur mouillaient ses tempes...

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Après plusieurs danses, ils s'assirent à une table, fatigués. Ils prirent un second daïquiri. Reinhardt se mit à caresser les seins de Juliette. A travers la dentelle, il sentait la pointe dur- cir sous ses doigts. « C'est la première fois que l'on me caresse les seins en public », se disait-elle, « c'est amusant ». Elle eût aimé avoir une robe pareille à celle de Daphné, afin qu'il puisse glisser ses mains à l'intérieur du décolleté, ou, pourquoi pas, l'écarter complètement...

Vers une heure du matin, Daphné apparut, seule, dans sa mini-robe verte. Les hommes se retournaient sur son passage. Elle vint s'asseoir à côté de Juliette, et commanda elle aussi un daïquiri.

— Sais-tu, lui dit Reinhardt, que Juliette s'imagine que nous l'avons fait marcher ?

Daphné rit. Elle souleva sa jupe. La table la dissimulait aux autres clients. Elle ne portait pas de slip. Elle écarta les cuisses. Juliette et Reinhardt aperçurent des gouttes de sperme sur sa toison. Elle prit la main de Juliette et la posa sur son sexe mouillé :

— Vous me croyez à présent ? Juliette était sidérée. Elle eut un bref moment de vertige,

elle sentit battre ses tempes. Daphné vida son verre. Elle prit Juliette par la main :

— Vous venez danser ? Elles se levèrent. L'orchestre jouait une rumba. Reinhardt

regardait danser les deux jeunes femmes. La jupe de Daphné virevoltait autour de ses hanches, découvrant parfois ses fesses nues. Juliette riait. Elle contemplait les seins de Daphné, qui, libres sous sa robe entrebaillée, bougeaient au rythme de la musique.

A la fin de la danse, elles revinrent s'asseoir. Juliette appro- cha une main de la poitrine de Daphné, et écarta la fente du corsage. Un sein apparut, entièrement nu. Quelques hommes regardèrent, avec plus ou moins de discrétion. Juliette avait agi par curiosité, afin de savoir quelle serait la réaction de Daphné et de Reinhardt. Ils ne dirent rien. Daphné resta un moment sans chercher à se recouvrir. Puis elle prit la main de Juliette, et la posa sur son sein. Juliette sentit la douceur de

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la peau de Daphné sous ses doigts, la pointe dressée au creux de sa paume. La chaleur monta à ses propres joues, un désir qu'elle n'avait pas encore connu (ou qu'elle ne s'était jamais avoué), elle eut l'impression de chavirer, hors des limites du réel, du possible ; peut-être avait-elle simplement trop bu.

Juliette se rappela ensuite avoir traversé Paris en voiture. Elle se retrouva Place des Vosges, dans l'appartement de Daphné et Reinhardt. Ils lui ôtèrent sa robe. Elle éprouva un plaisir inattendu à se montrer nue devant eux. Reinhardt l'éten- dit sur un grand lit, très bas, très large. Ensuite Daphné jeta sa robe d'un geste. Elle était belle. Ses seins écartés étaient moins épanouis que ceux de Juliette, mais la pointe en était presque aussi brune. Les épaules larges et rondes à la fois, le ventre et les cuisses musclés faisaient penser aux Eves de la Renaissance allemande. Son pubis était bombé à la limite de l'indécence, et les boucles rousses qui le recouvraient parais- saient aussi soyeuses que celles de ses cheveux. Elle donnait une impression de sensualité païenne, éclatante et sereine à la fois, qui aurait pu être inquiétante par sa force, n'eût été la douceur de ses gestes et de son regard. Juliette la contempla un long moment, puis ferma les yeux. Elle attendit ainsi, offerte, disponible... Elle sentit une bouche chaude sur ses seins, une main sur ses hanches, sur son ventre, puis écartant les lèvres de son sexe. Elle ouvrit les jambes pour être plus accessible, se cambra... Elle savait que ce n'était pas Reinhardt, mais tant qu'elle n'ouvrait pas les yeux, elle pouvait faire semblant de croire le contraire. « Juliette tu es ridicule », se dit-elle, « voilà que tu n'oses pas faire l'amour avec une femme, petite sotte »... Elle frotta son corps contre celui de Daphné, posa sa bouche sur son sexe humide (y trouverai-je encore du sperme ? se demanda-t-elle)...

Reinhardt était resté habillé. Il buvait un dernier rhum blanc en contemplant les deux femmes. Juliette, crispée au début, s'abandonnait de plus en plus aux caresses de Daphné...

Puis Reinhardt se dévêtit à son tour, s'approcha du lit. Daphné se dénoua de Juliette, maintenant les cuisses de la jeune femme ouvertes afin que son mari puisse la pénétrer. Celle-ci eut un petit gémissement d'animal sous cette attaque plus violente, puis s'abandonna de nouveau.

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