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1 Béton précontraint 4A Génie civil 2012-2013

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Béton précontraint

4A Génie civil

2012-2013

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Introduction

Le béton est largement utilisé dans plusieurs types de structures grâce à son faible coût, à la

possibilité de le produire dans différents endroits, sous diverses formes et particulièrement

grâce à sa capacité de résistance en compression au niveau mécanique. Néanmoins, une limite

importante du béton est sa faible résistance en traction.

Ce défaut de faible résistance en traction du béton est amélioré par un remplacement des

renforts en aciers dont la résistance en traction est beaucoup plus grande. Ces renforts

subissent les efforts en traction à travers l’adhérence des aciers ancrés dans le béton. Dans le

cas de faibles valeurs d’efforts en traction, les aciers et une partie du béton peuvent subir ces

efforts. Dans ce cas la contrainte du béton est inférieure à la résistance en traction du béton.

Lorsque les efforts sont plus importants, la contrainte dans le béton dépasse la résistance en

traction qui génère les fissures dans les structures béton armée. Dans ce cas, on considère que

ces efforts en traction sont occupés seulement par les renforts en aciers.

La méthode de renforcement présentée ci-dessus est appelée le béton armé. Elle est très

efficace dans le cas où la dimension de la structure est faible ou modérée et où le niveau de la

fissuration n’est pas très important. Toutefois, quand la longueur de la poutre augmente à

quinzaine (ou jusqu’à centaine) de mètres, dans ce cas les aciers passifs ne sont pas suffisants

pour subir les charges ou pour diminuer les déformées et les fissurations. Cela influence donc

la durabilité de la structure.

L’exigence de construire des ouvrages à grande dimension a forcé les ingénieurs en génie

civil de trouver une méthode pour dépasser les difficultés rencontrées dans le béton armé. Et

l’idée du béton précontraint moderne a été proposée pour la première fois en 1928 avec

l’invention d’un ingénieur français, Eugène Freyssinet. Cet auteur a déposé les brevets qui

définissent à la fois le fonctionnement théorique du matériau « béton précontraint » et les

dispositifs technologiques de mise en œuvre. L’idée principale du béton précontraint est de

générer artificiellement dans les structures un système de contraintes préalables qui, ajoutées

aux effets des charges extérieures, permettent au béton de rester dans le domaine des

compressions (on supprime les contraintes en traction dans le béton). Il corresponde donc à

diminuer les déformées et à éliminer la fissuration dans le béton.

L’objectif de ce module dans un premier temps est de présenter les principaux concepts, les

aspects règlementaires et les techniques souvent utilisées dans le béton précontraint. Dans le

deuxième temps, on s’intéressera à la méthode du dimensionnement de la précontrainte des

éléments structuraux (isostatique et hyperstatique) suivant les normes Eurocode 2.

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Chapitre 1 : Généralité de la précontrainte

1. Présentation générale sur le principe de la précontrainte

Sur la figure 1.1 est présenté le principe du béton précontraint dont l’idée est de générer

artificiellement dans les structures un système de contraintes préalables qui, ajoutées aux

effets des charges extérieures, permettent au béton de rester dans le domaine des

compressions. Cet effet de précontrainte peut être modélisé comme les forces ponctuelles P

imposées aux deux extrémités de la poutre. La charge de précontrainte crée les contraintes en

compression dans le béton qui élimine donc la contrainte en traction sous la flexion des

charges extérieures. La contrainte totale dans la poutre est la contrainte en compression. Cela

permet donc à diminuer les déformées et à éliminer la fissuration dans le béton. Aujourd’hui,

ce principe peut être compris dans le sens plus large où la précontrainte (totale ou partielle)

permet de diminuer la fissuration dans le béton en autorisant certains efforts de traction du

béton.

Figure 1.1 : Principe de la précontrainte

2. Panorama des applications du béton précontraint

Le principe de la précontrainte a apparu depuis longtemps avant l’application dans le domaine

de génie civil. Un exemple est le cerclage en fer des tonneaux. Le refroidissement de cerclage

en fer engendre un serrage des douelles qui assure l’étanchéité des tonneaux.

En 1928, E. Freyssinet dépose le premier brevet de procédé de précontrainte qui comporte la

technologie de mise en œuvre et le choix des matériaux (notamment les aciers qui supportent

des tensions initiales élevées).

En 1934, les ingénieurs allemands (F. Dischinger et U. Finsterwalder) proposent les bases du

précontraint extérieur non adhérent qui sont ensuite appliquées aux ponts en 1937 et 1938.

En 1940, E. Freyssinet a présenté une nouvelle méthode avec un procédé de précontrainte par

câble et un ancrage par cône en béton.

Après la second guerre mondiale, la précontrainte se développe rapidement et est utilisée dans

de nombreux ouvrages : ponts routiers, ponts ferroviaires continus. Dans les années cinquante,

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U. Finsterwalder présente la technique de construction des ponts précontraints par

encorbellements.

Jusqu’à présent, la précontrainte est appliquée dans plusieurs types de structures: les ponts (à

haubans, ponts dalles courants), les bâtiments de dimension importante, les réservoirs, les

enceintes de réacteurs nucléaires, les pieux de fondation, les tirants d’ancrage, les

boulonnages des tunnels…

3. Différentes modes et les matériels de précontrainte

3.1 Classification de la précontrainte

La classification de la précontrainte peut être réalisée par divers moyens, par exemple

- par la source de la force de précontrainte qui consiste en 4 sources principales :

mécanique, hydraulique, électrique et chimique.

- Par la géométrie de membre (précontrainte linéaire ou circulaire).

- par la location des câbles de précontrainte par rapport de la section du béton qui

consiste de la précontrainte extérieure et intérieure

- par le procédé de la génération de précontrainte avant ou après le coulage du béton qui

consiste de précontrainte pré-tension et post-tension. Cette classification est la plus

importante.

On considère par la suite les deux types de classification qui sont les plus souvent abordés en

réalité.

3.1.1 Précontrainte extérieure et précontrainte intérieure

Quand les aciers de précontrainte sont à l’extérieure par rapport à la section en béton de la

structure, nous avons la précontrainte extérieure. Cette méthode de précontrainte est utilisée

depuis une vingtaine année notamment dans les ponts à grande dimension.

Vice versa, quand les aciers de précontrainte se localisent à l’intérieur de la section en béton

de la structure, nous avons la précontrainte intérieure. La plupart des structures en béton

précontrainte sont réalisées par la précontrainte intérieure. Dans ce cas, le béton est coulé

autour des aciers de précontrainte.

3.1.2 Précontrainte par pré-tension et précontrainte par post-tension

On distingue les précontraintes par pré-tension ou post-tension lorsque la création de

précontrainte dans les aciers est avant ou après le coulage du béton.

a. Précontrainte par pré-tension

Dans cette méthode, les câbles de précontrainte sont préalablement tendus sur un banc de

préfabrication. Très souvent le tracé des câbles est rectiligne. Le béton est ensuite coulé

directement au contact des câbles. Après le durcissement du béton, les câbles sont libérés et

coupés aux extrémités de poutre. L’adhérence entre les câbles et béton entraîne de contrainte

en compression dans la poutre. Cette méthode est donc adaptée à la production en usine.

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Figure 1.2 : Précontrainte par pré-tension

La précontrainte par pré-tension est efficace pour les poutres de faible portée de l’ordre de

30m maximum. Elle est donc très utilisée en bâtiment notamment pour la préfabrication des

poutrelles de plancher.

b. Précontrainte par post-tension

La mise en tension des armatures après le coulage et le durcissement du béton est définie

comme la précontrainte par post-tension. Ces armatures sont souvent logées dans les gaines

situées à l’intérieur du béton. En outre, les vérins sont utilisés pour tendres les armatures en

appuyant sur la pièce à comprimer. Cette méthode de précontrainte est utilisée notamment au

chantier pour les structures importantes à grande dimension.

Les étapes de la précontrainte par post-tension sont détaillées comme suivant :

- les gaines sont mises dans un premier temps dans le coffrage avant le coulage du béton

- après le durcissement du béton, les armatures de précontrainte sont mises dans les

gaines. Ces gaines empêchent donc le contact entre le béton et les armatures.

- Mise en place des dispositifs d’ancrage et de vérins

- Mise en tension des armatures

- Injection d’un colis de ciment

- Blocage par le système d’ancrage et puis couper les armatures

Les armatures peuvent être tendues aux deux extrémités de la pièce (ancrage actif - actif) ou

une seule extrémité (ancrage actif – passif).

L’injection est une étape importante dans le béton précontrainte par post-tension et à

l’intérieure du béton. Le coulis de ciment injecté dans les gaines permet d’améliorer

l’adhérence entre les armatures et les gaines (et donc entre les armatures et le béton). Il a

également un rôle pour la protection contre la corrosion des armatures. Quelques exigences

pour les coulis utilisés dans la précontrainte par post-tension sont notamment la faible

viscosité, la résistance suffisante, le faible retrait. En effet, une faible viscosité permet de

couler et pénétrer facilement le coulis dans la gaine et entre les fils des câbles de

précontrainte. Une résistance est suffisante pour assurer l’adhérence des armatures au béton.

De plus, le coulis choisi n’est pas agressif vis-à-vis de l’acier de précontrainte.

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Figure 1.3 : Précontrainte par post-tension

c. Avantages et limitations de la précontrainte par pré-tension et par post –tension

La précontrainte par pré-tension est efficace pour les éléments préfabriqués dans les usines.

Elle est plus économique par rapport à la méthode de précontrainte par post-tension car elle

n’a pas besoin des gaines, des dispositifs d’ancrage et de l’injection des coulis. De plus, elle

est plus simple à réaliser en assurant une bonne collaboration du béton et des armatures. Par

contre on peut compter parmi ses inconvénients sont sa limite du choix des formes des

éléments (due à la nécessité d’un système d’installations), sa difficulté de réalisation des

tracés courbes d’armatures et son impossibilité de régler l’effort dans les armatures après la

mise en tension.

Au contraire, la précontrainte par post-tension est très efficace pour les éléments à très grande

dimension avec différentes formes. En outre cette méthode permet de régler l’effort dans les

armatures après la mise en tension. Les tracés courbes des armatures sont également faciles à

réaliser.

3.2 Matériels de précontrainte

3.2.1 Les armatures de précontrainte

Les premiers éléments qu’on peut aborder dans la précontrainte sont les armatures de

précontrainte. On peut rencontrer les armatures sous la forme des barres ou les câbles.

a. Câbles

Les câbles sont formés à partir les fils en acier à haute résistance.

- Les fils ont les diamètres de 4, 5, 6, 7, 8, 10 ou 12.2mm.

- Dans le cas de précontrainte par pré-tension, pour assurer l’adhérence avec le béton,

les fils sont crantés, nervurés et ondulés.

- Dans le cas de post-tension, on utilise les fils lisses. Ces fils lisses sont mis en

juxtaposition pour former les câbles (par exemple un câble 547 constitué de 54 fils

de 7mm). Néanmoins, le plus fréquemment utilisés sont les torons qui sont composés

d’un fil central autour duquel s’enroulent six fils de diamètre plus faible. Deux types

de torons souvent rencontrés sont les T13S (section A=100mm2) et T15S

(A=150mm2). On a aussi les torons T13 (A=93mm

2) et T15 (A=139mm

2). Un câble

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dans ce cas est formé de plusieurs torons ; par exemple un câble 12T13S consiste de

12 torons de type 13S et la section du câble est 12 x 100mm2=1200mm

2.

En réalité, nous avons les câbles plus utilisés comme les suivants :

- câbles à fils parallèles : 147, 187, 307, 547

- câbles formés de torons : 1T15S, 6T13S, 12T13S, 12T15S, 19T15S. Il existe

également les câbles 37T15S, 55T15S ou 127T15S comme dans la construction des

ponts à haubans.

b. Barres

L’armature de précontrainte dans ce cas est constituée à partir d’une barre rigide. Le diamètre

de la barre varie de 12 à 36mm. Dans certains cas, on peut utiliser les barres à 75mm de

diamètre. Ces barres de précontrainte peut être lisses munies de filetages aux deux extrémités

ou crénelées pour le vissage d’écrou. Ce type d’armature de précontrainte est peu utilisé en

France notamment dans le cas de la précontrainte à faible longueur.

(a) (b)

Figure 1.4 : Armatures de précontrainte : torons (a), barres (b)

3.2.2 Les gaines

Les gaines ne sont utilisées que dans la précontrainte par post-tension. Elles réservent dans la

section des places pour les armatures de précontrainte qui sont tendues après le coulage et le

durcissement du béton. Pour cela, ces gaines sont disposées dans le coffrage avant le coulage

du béton en fixant sur le ferraillage passif. Pour assurer la qualité de la procédure de

précontrainte :

- les gaines doivent avoir une résistance suffisante pour subir les charges appliquées due

à la pression hydrostatique du béton frais lors du bétonnage.

- Elles doivent être déformables suivant sa longueur qui permet de générer des tracés

courbes dans le béton.

- Elles sont étanches pour empêcher la pénétration de laitance dans les câbles

- Elles sont adhérentes au béton pour assurer la transmission de précontrainte à partir

des câbles au béton.

Le diamètre des gaines dépend de la section du câble enfilé. Le diamètre intérieur des gaines

doit être au moins égal à pA6.1 où pA est la section transversale du câble. Le tableau 1.1

donne quelques valeurs du diamètre des gaines en fonction du type de câble choisi.

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Câble Diamètre intérieur de la gaine (mm)

6T13S 55

12T13S 65

12T15S 80

19T15S 100

Tableau 1.1 : Diamètre intérieur des gaines

3.2.3 Matériels de mise en tension : vérins

Le vérin constitue d’un cylindre et d’un piston qui délimitent une chambre. L’huile est

injectée dans cette chambre pour faite glisser le piston par rapport au cylindre. La mise en

tension des câbles est réalisée en appuyant le vérin sur le béton, alors que le câble est fixé au

piston. Cette fixation du câble au piston est assurée par le coincement ou par le vissage. Le

mouvement du piston lorsqu’on injecte l’huile tend donc les câbles.

Figure 1.5 : Mise en tension du câble par le vérin

3.2.4 Système d’ancrage et coupleurs

3.2.4.1 Système d’ancrage

Le système d’ancrage est important dans la procédure de précontrainte. Trois types d’ancrage

souvent utilisés sont : ancrage par coincement conique, calage et vis-écrou.

a. Ancrage par coincement conique

Ce type d’ancrage consiste d’une tête épaisse en acier percée de n trous (de 4 à 37) de forme

conique. Les torons après la mise en tension sont bloquées dans ces trous (chaque toron pour

un trou) au moyen de mors métalliques constitués de deux ou trois éléments appelés clavettes.

Le jonc d’assemblage est utilisé pour assurer la même position des clavettes.

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Figure 1.6 : Ancrage par coincement conique

Cette technique est la plus utilisée sur les chantiers. Cependant, une limite de ce type

d’ancrage est le glissement relatif entre le câble et son ancrage (de l’ordre de 6 à 8mm) lors du

relâchement du câble par le vérin qui provoque une perte de tension dans les câbles.

b. Ancrage par calage

Figure 1.7 : Ancrage par calage

Ce type d’ancrage se compose d’une tête d’ancrage qui est fixée à l’extrémité du câble avant

de sa mise en tension et on les bloque par des cales sur le béton. L’effort de précontrainte est

reporté sur le béton par l’intermédiaire de cales (en forme de coquille de demi-cylindriques).

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Dans cette catégorie on utilise souvent le système BBR-B. Le câble dans ce cas est constitué

de n fils parallèles (de 7mm de diamètre). A leur extrémité, ces fils s’appuient sur une tête

d’ancrage métallique percée de n trous. Cette tête filetée extérieure permet de visser sur elle la

tige de traction du vérin et ainsi de tendre en même temps les fils (et donc le câble).

Ce type d’ancrage réduit le risque de glissement du câble par rapport à son ancrage mais il est

beaucoup plus encombrant que les ancrages à coincement conique à cause de l’allongement

du câble.

c. Ancrage par vis-écrou

Ce type d’ancrage est utilisé pour les barres de précontrainte qui sont filetées à chaque

extrémité. La mise en tension par le vérin est poursuivie par le serrage de l’écrou jusqu’à sa

mise au contact avec la plaque d’ancrage.

Figure 1.8 : Ancrage par vis – écrou des barres de précontrainte

3.2.4.2 Coupleurs

La construction des ouvrages en précontrainte peut être réalisée en plusieurs phases (par

exemple les ponts en encorbellement). Dans ces cas pour assurer la continuité de la force de

précontrainte en plusieurs tronçons d’une même poutre, on utilise les coupleurs. Ce type de

dispositif permet d’accrocher un nouveau câble dit secondaire à l’extrémité d’un câble dit

primaire déjà tendu.

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Figure 1.9 : Système de coupleurs

3.2.4.3 Plaques d’ancrage

Les dimensions des plaques d’ancrage sont précisées dans les fiches d’agrément et sont

spécifiques pour chaque procédé de précontrainte. Le tableau 1.2 retient les ordres de

grandeur de quelques paramètres comme la taille de la plaque (D), la distance minimale entre

axes des plaques (d) et la distance minimale entre l’axe de la plaque et la paroi la plus proche.

Câbles D(cm) d(cm) e(cm)

6T13S 15 20 10 à 15

12T13S 20 à 25 25 à 30 15 à 20

12T15S 25 à 30 30 à 35 20 à 25

Tableau 1.2 : Dimension et disposition des plaques d’ancrage

3.2.5 Système d’injection de colis du ciment dans la gaine et cachetage

Le câble est muni à ses extrémités des tubes d’injection. Après la mis en tension des câbles,

le coulis est injecté à travers les tubes d’injection qui sont ensuite fermés lorsque la

consistance du produit est suffisante. La pression d’injection est de l’ordre de 1.5MPa.

La circulation de l’eau dans la structure de précontrainte est catastrophe pour la conservation

des armatures. Donc le cachetage est une opération importante pour assurer la protection des

armatures de précontrainte et l’étanchéité au niveau d’ancrage. Pour cela, les ancrages des

câbles sont en général logés dans des encoches qui sont positionnées à l’intérieure du béton

environ d’une dizaine de cm par rapport à la paroi. Cette encoche est bouchée avec beaucoup

de soin en utilisant les mortiers (mortier à l’époxy) qui empêchent toute entrée de l’eau à

l’intérieur des gaines. Pour les structures importantes, on peut utiliser un capot métallique

étanche définitif qui est injecté en même temps que les gaines.

3.3 Disposition des câbles dans le béton et enrobages

Très souvent dans les structures précontraintes, on utilise les câbles dont le tracé est curviligne

qui permet d’assurer une résistance optimale aux efforts appliqués. Néanmoins, la courbure

du câble ne doit pas être très forte pour réduire le frottement des câbles sur les gaines. On

limite les rayons de courbure aux valeurs minimales comme les suivantes :

- fils de 7mm : mR 5

- fils de 8mm et torons de 13mm : mR 6

- torons de 15mm : mR 8

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Pour avoir un bétonnage optimal autour des gaines, les gaines ne doivent pas être mises

juxtaposées. L’espacement entre les gaines doit vérifier les conditions suivantes :

- espacement suivant la direction verticale : ev , cmev 4 et dgev

- espacement suivant la direction horizontale : eh , cmeh 5 et cmdgeh 5

où est le diamètre de la gaine et dg désigne le diamètre du plus gros granulat.

Pour la protection des câbles contre la corrosion, l’épaisseur minimale des pièces (âmes,

hourdis…) est à trois fois le diamètre de la gaine. De plus, pour une âme comportant une

gaine centrée de diamètre , l’épaisseur minimale (en cm) est au minimum de :

)]5.32(102[2min àe

Un enrobage est calculé égal au diamètre du câble (majoré de 5mm si le diamètre du plus gros

granulat est supérieur à 32mm) avec une valeur minimale compris entre 20 et 50 mm. Cette

valeur est ensuite majorée de 10mm pour tenir compte des tolérances de pose.

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Chapitre 2 : Caractéristiques des matériaux, les sollicitations et les sections de calcul

Dans ce chapitre, les caractéristiques des matériaux (béton, aciers de précontrainte, aciers

passives), les sollicitations et les sections de calcul seront détaillés.

2.1 Le béton

Le béton est un matériau hétérogène dont la composition consiste de graviers, de sable, de

ciment et d’eau (et éventuellement les adjuvants). Donc les propriétés physiques du béton

dépendent de nombreux paramètres qu’on peut citer par exemple:

- la granulométrie et la nature des graviers et du sable

- la qualité du ciment et son dosage

- la teneur en eau

- la température, l’humidité, les conditions de mise en œuvre

- l’âge du béton

- la durée du chargement

2.1.1 Résistance à la compression et à la traction

La résistance caractéristique en compression ckf du béton est déterminée sur les éprouvettes

cylindriques à 28 jours d’âge. En effet, dans quelques pays, on peut mesurer cette résistance

sur les éprouvettes cubiques cubeckf , .

Selon l’Eurocode, la résistance du béton est définie par un couple cubeckck ff ,/ qui présentent la

résistance caractéristique déterminée sur les éprouvettes cylindrique et cubiques

respectivement. La relation entre ce couple est 8.0/ , cubeckck ff . L’EC donne les classes du

béton de C12/15 à C50/60. Pour les classes de résistance supérieure jusqu’à C90/105, ces

bétons sont appelés bétons à haute performance.

Très souvent, le béton est subi les chargements avant 28 jours. On définit donc une résistance

caractéristique jckf , à «j » jours après le coulage du béton :

jccck

js

ckjck feff ,

)28

1(

,

(2.1)

Où :

2.0s : ciment à haute résistance et à durcissement rapide (classe R)

25.0s : ciment normal à durcissement rapide (classe N)

38.0s : ciment à durcissement lent (classe S)

En effet, après 28 jours, la résistance du béton continue d’augmenter mais cette valeur assez

faible (de 15 à 20% à 90 jours) n’est pas prise en compte. La valeur moyenne de la résistance

en compression est égale :

MPaff ckcm 8 (2.2)

La résistance moyenne en traction du béton est déterminée comme la suivante :

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60/50);10/1ln(12.2

60/503.03/2

Cff

Cff

cmctm

ckctm

(2.3)

La résistance caractéristique en traction est donc calculée en fonction du fractile à 5% ou

95% :

%95;3.1

%5;7.0

95.0,

05.0,

fractileff

fractileff

ctmctk

ctmctk

(2.4)

2.1.2 Courbe contrainte déformation

Sur la figure (2.1) est présentée la tendance générale de la courbe de contrainte déformation

du béton. On constate à partir de cette courbe quelques caractéristiques :

- la première partie correspondant à la déformation en traction du béton est très faible.

- Une partie dans une zone de faible compression est quasi-linéaire. Par la suite, la courbe

tend vers la forme parabolique avec un pic au voisin de 0.2% de déformation en compression.

Ensuite, l’apparition des microfissures dans le béton s’abaisse légèrement la courbe. La

rupture est constatée au moment où le raccourcissement est l’ordre de 0.3 à 0.4%

Figure 2.1 : Courbe de contrainte déformation du béton

Une forme analytique est proposée pour la courbe de contrainte déformation du béton comme

la suivante (qui est utile surtout dans le calcul non linéaire du béton) :

cm

ccm

c

c

ck

c

fEk

k

k

f

1

1

2

05.1

;

;)2(1

(2.5)

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15

Où :

1c : déformation correspondant le pic de la courbe qui varie en fonction de classe du béton.

Par exemple pour le béton de fck=40MPa elle est de l’ordre de 0.23%.

cmE : module élastique sécant déterminée entre 0c et cmf4.0 . On peut utiliser la formule

suivante pour calculer cmE (en MPa) :

;)10/(22000 3.0

cmcm fE (2.6)

Pour la simplification dans les calculs des sections (la vérification de la résistance des

sections), la courbe de contrainte déformation en comprimé est adoptée sous la forme

parabole-rectangle dans le cas où MPafck 60 :

;5.3;

;20;)1(1

000

22

000

2

2

2

cuccckc

cc

c

cckc

f

f

(2.7)

Figure 2.2 : Courbe parabole – rectangle de contrainte déformation du béton en comprimé

On peut remarquer que dans les calculs des sections, la résistance caractéristique ckf est

remplacée par la résistance de calcul cdf . Cette dernière est déterminée comme la suivante :

c

ckcd

ff

(2.8)

avec :

c : coefficient partiel relatif au béton.

: coefficient tenant compte des effets à long terme sur la résistance en compression et des

effets défavorables résultant de la manière dont la charge est appliquée. Normalement, ce

coefficient est pris égal à 1 mais il peut varier de 0.8 à 1.

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16

Pour ce qui concerne le coefficient de Poisson du béton, on prend une valeur de 0.2 pour le

béton non fissuré alors qu’il est égal à 0 dans le cas du béton fissuré.

2.1.3 Retrait du béton

Le phénomène de raccourcissement du béton en l’absence des chargements est appelé le

retrait cs . Il consiste de retrait de séchage cd dû à l’évaporation de l’eau libre dans le béton et

de retraite endogène ca .

cacdcs (2.9)

La déformation dûe au retrait de séchage évolue lentement car elle est fonction de la

migration de l’eau au travers du béton durci. Plus précisément, elle est fonction des

paramètres :

- teneur en eau

- dosage en ciment

- sécheresse de l’atmosphère (humidité relative)

- minceur des pièces

En fonction du temps, cette déformation de retrait de séchage est calculée à partir de cette

formule :

3

0

0,

04.0)(),(

),()(

htt

tttt

kttt

s

ssds

cdhsdscd

(2.10)

Où :

t est l’âge du béton à l’instant considéré (en jours)

st est l’âge du béton (en jours) au début du retrait de dessiccation (normalement à la fin de la

cure)

0h est le rayon moyen (mm) de la section transversale. Elle est calculée à partir de l’aire de la

section du béton cA et le périmètre de la partie de la section exposée à la dessiccationU . Donc

UAh c /20

hk est un coefficient dépendant du rayon moyen 0h . Il est présenté sur le tableau 2.1

0,cd est le retrait de dessiccation non gêné

0h hk

100

200

300

500

1.0

0.85

0.75

0.7

Tableau 2.1 : Valeur de hk en fonction de 0h

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Tableau 2.2 : Valeurs nominales du retrait de dessiccation non gêné 0,cd (en 000 )

pour le béton avec des ciments CEM de la classe N

La déformation dûe au retrait endogène se développe au cours du durcissement du béton dont

une partie majeure est dans les premiers jours suivant le coulage. Au temps infini, le retrait

endogène ca est calculée (en 000 ) par la formule :

t

as

ckca

caasca

et

f

tt

2.0

6

,

,

1)(

10)10(5.2

)()(

(2.11)

où t étant exprimé en jours.

2.1.4 Fluage du béton

Le phénomène d’accroissement de la déformation du béton au cours du temps sous le

chargement constant est appelé le fluage du béton. Cette déformation dite également la

déformation différée dépend de plusieurs paramètres (composition du béton, âge du béton au

moment de la mise en charge, la contrainte appliquée). Elle est observée au bout de 3 à 5 ans

sous l’action des charges permanentes. Au contraire, la déformation est dite instantanée lors

de l’application des charges.

La déformation de fluage du béton à l’infini ),( 0tcc sous la contrainte de compression

c appliquée à l’âge du béton 0t est donnée par :

c

ccc

Ett

),(),( 00 (2.12)

Où :

),( 0t est la valeur finale du coefficient de fluage. Dans le cas où une grande précision n’est

pas exigée, et pour des taux limités de compression du béton, on peut prendre les valeurs

présentées dans le tableau 2.3. Les formules exactes de ce paramètre sont présentées dans le

chapitre suivant.

0t est l’âge du béton au moment du chargement (en jours)

Page 18: Cours_béton_précontraint_Chapitre1et2.pdf

18

Age du

béton au

chargement

(jours)

Rayon moyen 0h (mm)

50 150 600 50 150 600

Atmosphère sèche (intérieure)

RH=50%

Atmosphère humide (extérieure)

RH=80%

1

7

28

90

5.4

3.9

3.2

2.6

4.4

3.2

2.5

2.1

3.6

2.5

2.0

1.6

3.5

2.5

1.9

1.6

3.0

2.1

1.7

1.4

2.6

1.9

1.5

1.2

Tableau 2.3 : Coefficient de fluage à l’infini

2.1.5 Masse volumique

Dans le calcul de la section brute (la section du béton seul qui ne tient compte pas des trous

des gaines ou des aciers la traversant), le poids volumique du béton est pris égal à

0.025MN/m3

(densité de 2.5).

2.1.6 Coefficient de dilatation thermique

La valeur du coefficient de dilatation thermique du béton est prise égale à 161010 K

2.2 Les armatures de précontrainte

2.2.1 Résistance de l’acier de précontrainte

Les aciers de précontrainte (fils, torons et barres) sont caractérisés par leur résistance, décrite

par la valeur de la limite d’élasticité conventionnelle à %1.0 d’allongement )( 1.0 kpf , par la

résistance en traction )( pkf et par l’allongement sous charge maximale )( uk (figure 2.3). La

valeur caractéristique de )( uk est de l’ordre de 002 .

Figure 2.3 : Courbe contrainte déformation de l’acier de précontrainte

Page 19: Cours_béton_précontraint_Chapitre1et2.pdf

19

Les aciers de précontrainte (fils, torons) ont les résistances de l’ordre de :

MPafMPa

MPafMPa

pk

kp

19001600

16001400 1.0

(2.13)

Les barres de précontrainte ont la résistance en traction plus faible ( pkf de 1000 à 1200 MPa).

Pour le dimensionnement des sections, la courbe de contrainte déformation de l’acier de

précontrainte est simplifiée (courbe bilinéaire). Cette courbe peut consister :

- d’une branche inclinée avec une limite de déformation )( uk

- d’une branche supérieure horizontale, sans limite pour la déformation

Dans le calcul, la valeur de calcul de la contrainte de l’acier pdf est prise égale à :

pkkp

skppd

ff

ff

9.0

;/

1.0

1.0 (2.14)

Figure 2.4 : Courbe contrainte déformation simplifié de l’acier de précontrainte

et diagramme de calcul pour les aciers de précontrainte

2.2.2 Module d’élasticité

La valeur de calcul du module d’élasticité pE peut être prise égale à 205GPa pour les fils et

les barres. La valeur réelle peut varier entre 195 et 210GPa, selon le procédé de fabrication.

La valeur de calcul du module d’élasticité peut être prise égale à 195GPa pour les torons. La

valeur réelle peut varier entre 185 et 205GPa, selon le procédé de fabrication.

La masse volumique moyenne des armatures de précontrainte peut être supposée égale à 7850

kg/m3.

2.2.3 Relaxation

Le phénomène de diminution de la contrainte lorsque l’on tend un fil d’acier à une longueur

maintenue constante est appelé la relaxation. Il dépend de quelque paramètre notamment :

- de la qualité intrinsèque de l’acier.

Page 20: Cours_béton_précontraint_Chapitre1et2.pdf

20

- la tension initiale de l’armature. La relaxation est faible tant que la contrainte est inférieure à

60% de la limite en élastique. Plus la contrainte initiale est importante, plus la relaxation

augmente.

- la température. Ce paramètre sera pris en compte lorsqu’on injecte des gaines par de la cire

opération qui s’effectue à chaud.

On établi la perte de contrainte due à la relaxation des aciers de précontrainte sur la base de la

valeur 1000 , la perte par relaxation (en %) à 1000 heurs après la mise en tension, pour une

température de 20°C. Les caractéristiques du comportement en relaxation des armatures de

précontrainte sont fournies par le producteur.

L’Eurocode définit trois classes de relaxation

- classe 1 : fil ou toron – relaxation normale

- classe 2 : fil ou toron – basse relaxation

- classe 3 : barre laminées à chaud, ayant subi un traitement complémentaire

La valeur de 1000 peut soit être pris égal à 8% pour la classe 1, à 2.5% pour la classe 2 et 4%

pour la classe 3 soit être donné par le certificat.

La perte de contrainte par relaxation en fonction du temps exprimé en heures est de la forme :

3)1(75.0

10001 10)1000

(2

tek

k

pipr (2.15)

Où :

pi est la contrainte initiale

pkpi f/

Les valeurs de 1000 , 1k et 2k sont résumés dans le tableau 2.4

1000 1k 2k

Classe 1 8% 5.39 6.7

Classe 2 2.5% 0.66 9.1

Classe 3 4% 1.98 8

Tableau 2.4 : Paramètres des formules de relaxation

Pour les structures importantes, on utilise des aciers de classe 2 (torons ou fils à basse

relaxation).

Les valeurs à long terme (finales) des pertes par relaxation peuvent être estimées à un temps t

égal à 500 000 heures (soit 57 ans environ).

2.3 Les armatures passives

Les propriétés pour les aciers passifs du béton précontraint suivant la norme EN 10080 sont

caractérisées par :

- la limite élastique caractéristique ykf , généralement entre 400 et 600MPa. Si la limite

d’élasticité n’est pas prononcée, elle est remplacée par kf 2.0 qui correspond à un allongement

de %2.0 .

- le module d’élasticité GPaEs 200

Page 21: Cours_béton_précontraint_Chapitre1et2.pdf

21

- la résistance en traction tkf qui est définie comme la valeur caractéristique de la charge

maximale, en traction directe, divisée par l’aire nominale de la section.

Pour un calcul courant, on peut utiliser le diagramme contrainte déformation simplifié

(diagramme bilinéaire) qui consiste :

- soit d’une branche supérieure inclinée, avec une contrainte maximale sykfk / pour

00010uk avec yktk ffk /

- soit d’une branche supérieure horizontal de valeur s

ykf

(sans limite à uk ).

La valeur moyenne de la masse volumique peut être supposée égale à 7850kg/m3. Un

coefficient de dilatation thermique est 12 x 10-6

K-1

Figure 2.5 : Courbe contrainte déformation d’aciers de béton armé types

Figure 2.6 Diagramme bilinéaire de contrainte déformation d’acier passif

2.4 Les actions, les sollicitations et les sections de calcul

2.4.1 Les actions

Les actions sont l’ensemble des charges appliquées à la structure qui peuvent être dûes aux

poids propres, aux surcharges, à la dilatation thermique, au fluage…On distingue :

Page 22: Cours_béton_précontraint_Chapitre1et2.pdf

22

- les charges permanentes (G) qui représentent les actions permanentes ou peu variables dans

le temps. Les poids propres des éléments structuraux, des équipements fixes (cloisons,

revêtement…), les efforts exercés par des terres… sont classés dans ce type d’action.

- les charges variables (Q) dont l’intensité varie fréquemment et de façon importante dans le

temps. Cette classe d’action comporte :

+ les charges d’exploitation par exemple les charges de camion ou des convois, force de

freinage…

+ les charges non permanentes dans la phase de construction (équipements, matériaux,

engins…)

- les actions climatiques : neige, vent, température…

- les charges accidentelles (A) par exemple les effets du séisme, les chocs, explosions…

- la charge de précontrainte dans les structures en béton précontraint

Pour chaque situation de projet (en fonction de l’étape par exemple en construction, en

service…), différents types d’action appliqués à la structure seront définis. A partir de ces

actions, plusieurs combinaisons d’action sont effectuées. Dans EC2 les combinaisons sont

distinguées suivant les états limites ultimes (ELU) et les états limites de service (ELS).

- Etats limites ultimes sont les états où le dépassement conduit à la ruine de la structure. Ces

états correspondent à la limite de :

l’équilibre statique de la structure

la résistance du matériau

la stabilité de forme (flambement).

- Etats limites de service sont les états liés aux conditions normales d’exploitation et de

durabilité. Ces états correspondent à la limite de :

l’ouverture excessive des fissures

la compression excessive du béton

la déformation excessive : flèche maximale

la vibration inconfortable

2.4.2 Les sollicitations de calcul en ELU

Les sollicitations sont les efforts (l’effort normal et l’effort tranchant) ou moments (moment

fléchissant et moment de torsion) produis par les actions extérieures ou intérieures à l’élément

étudié. Ces sollicitations sont calculées pour chaque section droite d’élément.

a. Combinaison fondamentale

La combinaison fondamentale des actions est la suivante :

11minminmaxmax kQGGmp QGGP (2.16)

où :

p : coefficient applicable à la précontrainte. Ce coefficient vaut 1 dans une grande majorité

des cas. Néanmoins, dans certain cas où la précontrainte est défavorable, il peut prendre la

valeur 1.2.

PPPm 0 : valeur probable de la précontrainte telle qu’elle résulte du calcul des pertes de

tension. La précontrainte 0P représente la valeur à l’origine alors que P est la perte de

précontrainte.

minmax ,GG : valeurs défavorables et favorables des actions permanentes qui ressortent du

calcul.

Page 23: Cours_béton_précontraint_Chapitre1et2.pdf

23

minmax , GG : coefficients appliqués aux charges permanentes. Les valeurs de ces coefficients

sont respectivement 1.35 et 1.

1kQ : valeur caractéristique d’une action variable

1Q : coefficient appliqué à l’action variable. Ce coefficient vaut 1.5 dans le cas général et

égale à 1.35 pour les actions liées au trafic.

Si nécessaire, il faut ajouter les autres actions variables d’accompagnement :

iikQGGmp QQGGP 011minminmaxmax 5.1 (2.17)

b. Combinaison accidentelle

Dans le cas où l’action accidentelle est prise en compte (l’effet d’un séisme par exemple), on

a la combinaison suivante :

121minmax kmp QGGPA (2.18)

où :

A : l’action accidentelle

121 kQ : valeur quasi-permanente d’une action variable

Si nécessaire, dans le cas échéant, il faut ajouter les autres actions variables

d’accompagnement avec leurs valeurs quasi-permanentes.

2.4.3 Les sollicitations de calcul en ELS

Il est nécessaire de calculer en fourchette en remplaçant mP par kP qui représente 2 valeurs

caractéristiques de la précontrainte encadrant mP :

mk

mk

PP

PP

9.0

1.1

inf,

sup, (2.19)

Dans le cas où les câbles non liés au béton (câbles sans adhérence) les valeurs de kP sont :

mk

mk

PP

PP

95.0

05.1

inf,

sup, (2.20)

a. Combinaison caractéristique (ou non fréquente)

kiikk QQGGP ,01minmax (2.21)

b. Combinaison fréquente

kiikk QQGGP ,2111minmax (2.22)

c. Combinaison quasi-permanente

Page 24: Cours_béton_précontraint_Chapitre1et2.pdf

24

kiik QGGP ,2minmax (2.23)

2.4.4 Les sections de calcul : section bruite, section nette, section homogène, section

homogène réduite, section d’enrobage

a. Section bruite

La section bruite est la section du béton seul qui ne tient pas compte des trous des gaines ou

des aciers la traversant. On utilise la section bruite pour déterminer les sollicitations dûes au

poids propre ou calculer les flèches des ouvrages. Dans la phase de pré-dimensionnement,

cette section est également utilisée comme la précontrainte n’est pas connue à ce stade. Les

caractéristiques de la section bruite comprennent : la surface cbA , la position du centre de

gravité par rapport à la fibre inférieure cbY et le moment d’inertie cbI .

b. Section nette

La section nette est obtenue après la déduction des trous des gaines. Les caractéristiques à

nouveau pour cette section nette comportent : la surface cnA , la position du centre de gravité

cnY et le moment d’inertie cnI en enlevant la section des gaines.

La section nette est utilisée pour calculer les contraintes dues aux efforts permanents

(précontrainte, poids propre et autre charges permanentes). L’excentricité du câble est

calculée par rapport à la position du centre de gravité de cette section nette. Dans la phase de

dimensionnement, lorsque les positions des gaines sont connues, il faut utiliser la section

nette.

c. Section homogène

La section nette en ajoutant la section des câbles adhérents de précontrainte multipliée par un

coefficient d’équivalence est appelée la section homogène. Ce coefficient d’équivalence est

pris égal au rapport du module d’élasticité du câble de précontrainte sur celui du béton

( cp EE / ) qui est très souvent de l’ordre de 5. Pour évaluer les effets à long terme, ce

coefficient peut être compris entre 10 et 15.

La section homogène est utilisée pour le calcul des contraintes sous charges variables avec

une hypothèse du comportement élastique des matériaux. Dans le cas échéant, des armatures

passives peuvent être prises en compte dans le calcul de la section homogène de la même

façon.

Les caractéristiques de la section homogène sont: la surface chA , la position du centre de

gravité chY et le moment d’inertie chI .

Page 25: Cours_béton_précontraint_Chapitre1et2.pdf

25

(a) (b)

Figure 2.7 : Section bruite (a) et section nette (b)