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Tous droits réservés © Les Publications Québec français, 2012 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ Document generated on 06/21/2022 8:30 p.m. Québec français Comment Mario Francis a écrit la série Leonis Monique Noël-Gaudreault L’actualité du mythe Number 164, Winter 2012 URI: https://id.erudit.org/iderudit/65912ac See table of contents Publisher(s) Les Publications Québec français ISSN 0316-2052 (print) 1923-5119 (digital) Explore this journal Cite this article Noël-Gaudreault, M. (2012). Comment Mario Francis a écrit la série Leonis. Québec français, (164), 108–109.

Comment Mario Francis a écrit la série Leonis

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Page 1: Comment Mario Francis a écrit la série Leonis

Tous droits réservés © Les Publications Québec français, 2012 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit(including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can beviewed online.https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/

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Document generated on 06/21/2022 8:30 p.m.

Québec français

Comment Mario Francis a écrit la série LeonisMonique Noël-Gaudreault

L’actualité du mytheNumber 164, Winter 2012

URI: https://id.erudit.org/iderudit/65912ac

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Publisher(s)Les Publications Québec français

ISSN0316-2052 (print)1923-5119 (digital)

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Cite this articleNoël-Gaudreault, M. (2012). Comment Mario Francis a écrit la série Leonis.Québec français, (164), 108–109.

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108 Québec français 164 | H I V E R 2012

Dès son jeune âge, Mario Francis était passionné de lecture. Issu d’un milieu modeste, pendant

que son père est en prison, il lit Tintin et des recueils de contes. À l’âge de neuf ans, dans le sous-sol de son immeuble à loge-ments, il est attiré par une caisse de livres anciens, reliés en cuir, aux pages jaunies, écrits par Victor Hugo, Alphonse Daudet, Alexandre Dumas, entre autres. La concierge lui en fait cadeau. Fasciné par les mots, Mario Lemieux, alias Mario Francis, lit à voix haute Les Misérables, dont il ne comprend pas grand-chose. Trois ans plus tard, en dévorant la série des Bob Morane, il sait qu’il sera écrivain. Très jeune, il connaît la solitude de ce « métier ». Ses amis doivent attendre qu’il ait �ni d’écrire son chapitre s’ils veulent le voir sortir avec eux. À quatorze ans, il rédige son premier roman à la main et ose le donner à lire à un de ses professeurs… qui l’égare !

Un peu plus tard, il découvre Louis-Ferdinand Céline et Romain Gary, ainsi que les écrivains russes classiques comme Dostoïevski, Gogol, Tolstoï. Dans la jeune trentaine, il écrit son premier livre, un roman d’horreur intitulé Le livre de Poliakov, qui parait aux Intouchables en 2002. En trois ans et demi, tout en travail-lant pour la Société de transport de la Rive-Sud de Montréal, il rédige les 350 pages de ce récit. L’histoire se passe en 1937, en Russie, avec un retour en arrière, au temps de la Révolution russe. L’auteur y peint, dit-il, le côté sombre, un peu désespéré, mais grandiose, de l’âme russe.

Actuellement, il revient à Victor Hugo, avec la poésie de La légende des siècles.

Recherches innovantesLeonis est une commande de Michel

Brûlé qui lui donne sept mois pour rédiger les trois premiers tomes d’une série de

douze... La veille du jour de l’An, alors que Mario Francis s’apprête à partir jouer dans un bar avec son groupe de rock, l’éditeur lui téléphone à neuf heures du soir, pour lui donner le choix entre trois époques : l’Égypte ancienne, les Mayas ou l’Empire mongol. Il choisit, et rédige le synopsis à quatre heures du matin. Comme il s’agit d’une grosse commande, il �nit par donner sa démission de l’entreprise où il travaille à l’entretien des véhicules.

Pour écrire, Mario Francis suit une discipline stricte. Beaucoup de recherches s’avèrent nécessaires sur la quatrième Dynastie de l’Ancien Empire. Parmi les quelque 250  livres qu’il consulte, il n’en trouve qu’une vingtaine qui ne reprennent pas les idées toutes faites au sujet de l’Égypte ancienne. Il décide de laisser ses personnages le guider, et invente Leonis, héros capable de se trans-former en lion quand les circonstances

E N T R E V U E

Comment Mario Francis a écrit la série LeonisPROPOS RECUEILLIS PAR MONIQUE NOËL-GAUDREAULT*

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H I V E R 2012 | Québec français 164 109

l’exigent. Pour le décor global, lui qui n’est jamais allé en Égypte, il s’inspire du voyage de Champollion, égyptologue fran-çais du XIXe siècle. Fils d’un scribe, Leonis, devenu orphelin, est vendu comme esclave et participe à la construction du palais de la �lle du Pharaon. Contrairement à l’in-formation que l’on trouve dans plusieurs ouvrages traitant du sujet, les bâtisseurs des Grandes Pyramides étaient bien nourris et ne pouvaient être des esclaves, main-d’œuvre jugée trop méprisable pour s’adonner à une telle œuvre de prestige. Parmi ses sources �ables, l’auteur privi-légie les écrits de Christiane Desroches-Noblecourt, archéologue, conservatrice du musée du Louvre à Paris.

Entre discipline et e�ervescenceÀ partir du synopsis proposé à son

éditeur, Mario Francis écrit sans plan, ouvert, dit-il, aux surprises que ses person-nages lui réservent. C’est le répertoire des tombes de la Vallée des rois qui lui fournit les noms et prénoms égyptiens. Au début, les lieux eux-mêmes bénéfi-cient d’une géographie minimale, mais la faune et la flore locales, le désert et, bien sûr, le Nil nécessitent, par la suite, une recherche plus détaillée. En�n, pour décrire la vie quotidienne de l’Égyptien de l’époque, il fait appel à l’historien Héro-dote (du Ve siècle avant notre ère), même si certaines de ses informations sont un peu biaisées. Comment s’allumer un feu à l’époque ? Quoi manger ? Si le Nil leur procure tout ce dont ils ont besoin, la mer e�raie les Égyptiens de cette époque, et ce n’est donc qu’avec beaucoup de craintes qu’ils entreprennent un voyage lointain. L’auteur mise sur ces caractéristiques pour entraîner Leonis et ses compagnons dans l’Aventure.

En plus de la structure sociale très complexe, l’auteur convoque aussi les dieux en intégrant la mythologie. Leonis rencontre la déesse-chat dans ses rêves. La plupart des personnages arrivent par accident dans le récit. Tati, la petite sœur enlevée, apporte une touche mélodra-matique, et au tome 3, Mario Francis n’a aucune idée de la façon dont son histoire va se terminer ! Le sorcier, un petit rôle à l’origine, prend finalement de l’im-portance et devient un ressort drama-

tique essentiel. À partir de ce personnage, l’auteur créer Sia, la sorcière, dont le nom signi�e sagesse. Les membres de la secte des Adorateurs d’Apophis ayant trouvé Tati avant son frère, il faut l’aide d’une sorcière bienveillante.

Pures inventionsDès le début, le personnage de Leonis

se transforme en lion blanc, et ce pouvoir ajoute beaucoup à l’intérêt dramatique. Sur la toile de fond historique, l’auteur invente le clan des Hommes rouges et dessine des lieux imaginaires comme le Royaume des rêves, l’île volcanique des Oubliés ou le Marais des démons. Il y exploite aussi l’idée de jeu, les pièges à la Indiana Jones. Pour sa part, le tome 4 se transforme en enquête policière  : il faut découvrir qui est l’espion. Tcha, ce personnage, est bossu, comme il y en avait beaucoup à l’époque à cause des mariages consanguins. Quant aux Dunes sanglantes, elles permettent, entre autres, d’exploiter la couleur rouge du person-nage de Seth, symbole de virilité, qui s’op-pose à la déesse Hathor dont la peau est dorée. Enfin, avec Mérit et Raya, deux servantes entrées par la suite au service du Sauveur de l’Empire, Mario Francis insère une histoire d’amour qui inclut Leonis et son meilleur ami ; en effet, la princesse Esa ne saurait se compromettre avec un personnage de sang non royal. Raya aime Leonis un peu plus que ne le commande son rôle de servante auprès de lui, et cela se remarque particulièrement lorsque le héros revient des Dunes sanglantes, au tome 8.

La réception de la sérieMario Francis est soucieux de ses desti-

nataires. D’autant plus qu’il les rencontre lors des salons du livre et qu’il leur rend visite dans les écoles. Très tôt, son comité de lecture, formé de cinq personnes adultes, lui interdit de faire mourir Tati. La mort de la gerboise de Tati bouleverse déjà les jeunes lecteurs qui, aux dires de leurs parents, mettent beaucoup de temps à s’en consoler. Dans les salons du livre, il arrive que l’auteur rencontre les mêmes enfants trois ans de suite. Une petite �lle lui récite même par cœur des dialogues tirés de ses livres ! Atteinte d’un cancer, une autre,

Pascaline, le remercie d’avoir écrit Leoniset lui donne des nouvelles de l’évolution de sa maladie. Tout à coup, plus rien ! Il s’inquiète, mais six mois plus tard, elle est là, devant lui, en quête d’un autographe, au Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean, en rémission. Ce qui fait dire à Mario Francis que, comme écrivain, il a la chance de vivre des moments extraordinaires.

À venirKrialnar est une nouvelle série en

préparation, dont la sortie est prévue pour février 2012. À cause des thèmes traités, elle s’adresse davantage à un public de jeunes adultes. Mettant en scène un monde médiéval, mélange de Star Treket du Seigneur des anneaux, l’histoire se passe sur Krialnar, une planète luxuriante entourée de trois lunes. Les survivants d’une civilisation très évoluée ont autrefois été contraints d’abandonner leur monde en péril pour entreprendre un long voyage dans l’espace. Ils vivent depuis trois millé-naires sous des dômes situés au cœur du pôle austral de la planète Krialnar, leur terre d’accueil. Dans leur environne-ment reclus, la biochimie a remplacé la technologie. Pour obéir aux lois de l’uni-vers, les gens de ce peuple (les Sanva-lians) ne peuvent intervenir sur Krialnar. Malgré tout, un groupe de jeunes explo-rateurs exilés des dômes sera confronté aux innombrables dangers de ce monde barbare. À suivre !

* Professeure, Département de didactique, Université de Montréal

Titres des 12 tomes de Leonis (éditions les intouchables)

Le talisman des Pharaons

La table aux douze joyaux

Le marais des démons

Les masques de l’ombre

Le tombeau de Dedephor

La prisonnière des dunes

La libération de Sia

Les gardiens d’outre-tombe

Le royaume d’Esa

L’île des oubliés

Le temple des ténèbres

L’o�rande suprême

L’œil enchanté