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(0-0) AVANT LE COMMENCEMENT : L'EQUATION _______________ Avant... L'équation Le silence Avant le commencement La Parole Application Exemples Les signes _______________ AVANT... Dans quelques instants, nous allons, ô lecteur, ensemble, reprendre notre lecture du texte de Saint Marc en étudiant, par séquence, des groupes de versets. Bientôt, alors que le récit viendra à peine de commencer, nous allons lire comment "le Seigneur (Jésus)" (cfr : XVI-19) vient en disant (= à qui ?) : "Est- accompli le moment..." (I-15). Alors que le moment finit, il y a encore le moment, de même que, dans le livre de la Genèse, avant que le temps commence, il y avait déjà le temps. Car il allait y avoir l'homme et il y avait déjà Dieu ((= avec, pour le verbe 'avoir', un temps d'une infinie durée)). Ainsi se révèlent les moments et le temps, et toute la Création : pour l'homme. 'Elohim dit : Faisons l'homme à notre image... Elohim créa donc l'homme à son image' (Genèse I-26 et 27). Et, depuis ce moment (ou : ce temps), toi-lecteur avec moi, nous voyons arriver la Création. Lecteur ! Permets que je t'offre, en avant-chapitre, une loi fondamentale du texte, mais aussi de la vie de tout homme, de tous les temps, car elle est loi de la Révélation, ou encore loi du Dieu qui se révéla. Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

(0-0) AVANT LE COMMENCEMENT : L'EQUATIONdigital.fides.org.pl › Content › 106 › CD_1 › TOME04 › Sequences_Mc_00.pdfSEQUENCES Mc 00 - 2 - L' EQUATION Au premier paragraphe

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    AVANT LE COMMENCEMENT : L'EQUATION

    _______________ Avant... L'équation Le silence Avant le commencement La Parole Application Exemples Les signes

    _______________ AVANT... Dans quelques instants, nous allons, ô lecteur, ensemble, reprendre notre lecture du texte de Saint Marc en étudiant, par séquence, des groupes de versets. Bientôt, alors que le récit viendra à peine de commencer, nous allons lire comment "le Seigneur (Jésus)" (cfr : XVI-19) vient en disant (= à qui ?) : "Est-accompli le moment..." (I-15). Alors que le moment finit, il y a encore le moment, de même que, dans le livre de la Genèse, avant que le temps commence, il y avait déjà le temps. Car il allait y avoir l'homme et il y avait déjà Dieu ((= avec, pour le verbe 'avoir', un temps d'une infinie durée)). Ainsi se révèlent les moments et le temps, et toute la Création : pour l'homme. 'Elohim dit : Faisons l'homme à notre image... Elohim créa donc l'homme à son image' (Genèse I-26 et 27). Et, depuis ce moment (ou : ce temps), toi-lecteur avec moi, nous voyons arriver la Création. Lecteur ! Permets que je t'offre, en avant-chapitre, une loi fondamentale du texte, mais aussi de la vie de tout homme, de tous les temps, car elle est loi de la Révélation, ou encore loi du Dieu qui se révéla.

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc 00 - 2 -

    L' EQUATION Au premier paragraphe du premier chapitre qui va suivre et dont le titre Le prologue annonce l'analyse du commencement de l'évangile selon Saint Marc, je vais me référer à une équation :

    incohérence + crainte

    avec le silence

    FONT - ARRIVER(1)

    l a C R E A T I O N .

    Le premier mot du texte grec de Saint Marc est arche et il correspond au premier mot du texte hébreu de la Tora bereshit. En français, il y a, bien évidemment commencement. Tu sais, lecteur, combien je travaille étroitement avec celui que, anonyme-ment, j'appelle 'mon rabbin'. Il me fournit des analyses et commentaires, des informations et données, mais aussi des textes en hébreu. Pour le mot 'bereshit', il m'a donné plusieurs explications. 1.- La plus fondamentale comporte l'association "Be + Reshit" et signifie strictement : Au principe, avec pour 'au' le sens suivant : 'par, avec, dans...' selon l'esprit. Le mot 'reshit' est le 'principe' et il peut être vu, également, comme donnant le génitif. Bref, 'bereshit' lance et réalise; il contient déjà en lui la tota-lité de ce qui va être créé, quoique ce dernier mot serve de traduction à l'hébreu bara qui est seulement le deuxième mot de ce texte :

    Bereshit bara Elohim... Le commencement ne peut être un commencement que s'il y a au commencement de puisque, sans ce de, il n'y aurait aucun commencement. C'est là une difficulté du texte, car tout est dans le possible, et le possible est contenu dans ce de qui suit obligatoirement, même s'il n'est pas exprimé, le premier mot du texte : bereshit. Un texte, un récit va commencer, une porte s'ouvre par le "commencement".

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc 00 - 3 -

    2.- Mon rabbin m'a expliqué comment il est permis de lire d'une autre façon le mot initial :

    Bereshit = Berit + Ech Commencement = Alliance + Feu .

    C'est là une lecture mystique, car le feu brûle le corps et l'âme; l'alliance est comme un feu d'Amour entre Dieu et chaque homme. Au point de rencontre : le sommet du Sinaï avec éclairs et hurlements de bruits qui sont flash de lumière et roulement de tonnerre. Alors il y a la rocaille, le rocher ou le roc, taillé en dualité de pierres pour être la loi et cette table en son unicité est l'Alliance. Le un unit les deux; il y a une loi qui par cinq paroles est la Révélation du Dieu Unique (pas d'idole, pas de blasphème, un seul Dieu, et le respect du Nom) avec cette 'deuxième' table qui, par cinq paroles, est la constitution donnée à l'homme par cinq négations pour cinq verbes actifs : ne-pas : tuer, voler, ... ni convoiter. Par une pierre, l'homme apprend à connaître l'amour fraternel qu'il doit à tous les hommes afin de révérer la Création (Genèse I-26). L'autre pierre lui garantit que ce Dieu-Unique toujours sera là pour s'allier à l'homme à cause de l'image (Genèse I-26). Cette unique loi double est l'alliance donnée dans le feu. Déjà en bereshit tout était contenu. Avant que le verbe bara vienne dans le texte, déjà je sais qu'il y aura des eaux séparées des luminaires pour apporter aussi une ténèbre, une terre voulant presque encore se pointer vers le ciel; et ce sera le Sinaï, le feu, la pierre gravée. 3.- Mon rabbin m'a encore expliqué comment, dans "bereshit", je pouvais voir les hommes, l'homme et ... moi-même dans mon comportement. Il m'a dit :

    Bereshit = Yira + Boshet . commencement = crainte + incohérence.

    Ici, il me faut expliquer, car je suis allé plus loin que mon rabbin : "Yira" = C'est la crainte, mais ce n'est pas ce que l'on nomme communément la peur. C'est plutôt un malaise intellectuel face à tout changement. Si rien ne bouge, que deviendrai-je ? Mais si quelque chose de neuf arrive, que sera-ce ? Face à l'inattendu et à l'insolite, quelle nouveauté ? Alors que, si tout était maintenu, quelles difficultés ?

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc 00 - 4 -

    Ici, mon rabbin intervient pour me signaler que le mot 'yira = crainte' peut, dans un autre ordonnancement des mêmes lettres, se lire : 'riya = vue'. Cette 'crainte' prend tout son effet quand elle est vue par l'homme; c'est la vision des choses qui illumine la crainte et fait prendre conscience VERS quoi ? ... Quoi faire ? "Boshet" = c'est la confusion, la honte, la gêne, la difficulté, mais ce n'est pas un sentiment de déshonneur. J'ai pris le mot de "incohérence" mais en connotation uniquement à l'homme. Il ne s'y trouve aucune relation avec ce que, par ailleurs, j'ai appelé la cohérence (divine) laquelle est la perfection, donc extra-humaine. De même qu'il y a les vérités des hommes et la vérité (de Dieu), de même il y a la cohérence (de Dieu) et les incohérences que nous vivons. "crainte et incohérence" = c'est à la fois : avoir conscience de l'incohérence qui régnait avoir crainte du nouveau qui régnera. Avant : il y a une impression de gêne et de non-conforme qui fait difficulté. Dans une situation incohérente, tout homme se sent étranger et impossible. La crainte est la prise de conscience de cette situation (actuelle) mais en la projetant vers le futur immédiat (l'incohérence va devenir celle qui 'régnait'). Aussitôt l'homme perçoit un danger, un changement, un mouvement qui mènera (le futur) et cela est la crainte. Pour qu'il y ait cette sorte de 'crainte', il faut qu'il y ait perception d'une 'incohérence'; mais la perception de toute 'incohérence' entraîne VERS l'idée de mouvance et celle-ci est déjà la 'crainte'. Avec cette précision capitale : il n'y a ni déshonneur, ni peur. C'est plutôt dans l'intérieur de la conscience humaine la prise en compte de :

    une immobilité le présent qui tombera dans le passé... une mobilité vers quel nouveau présent ?

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc 00 - 5 -

    LE SILENCE C'est le basculement de la situation dans laquelle se trouve l'homme à la suite de sa prise de conscience par "incohérence + crainte". Si le silence est respecté, il n'y a aucun bruit : c'est le silence des sons : non-entendre, il n'y a aucun mouvement : c'est le silence des actions : non-faire, il n'y a aucune clarté : c'est le silence des lumières : non-voir. Alors, il y aura obligatoirement :

    L A C R E A T I O N ... et ceci est l'équation ! Ces formes de silence sont celles qui respectent le voir et l'entendre de l'homme ou, en d'autres termes, qui suspendent le cours du temps(2) (humain). L'homme étant plongé dans le silence, et lorsque l'homme respecte le silence, il se rend disponible et il s'offre(3) à tout ce qui va arriver. AVANT LE COMMENCEMENT Avant que le mot bereshit ne soit écrit dans le texte, il y a : pas de relief la surface pas de solide l'eau pas de lumière la ténèbre Ne cherche pas ce que signifient ces deux séries de mots : relief solide lumière ou surface eau ténèbre. Mais écoute le (silence... hurlements ? et vois la (ténèbre ... lumières ?). Alors, comme tu n'as rien dit (= ton silence) voici que Dieu parle : Y - ehi - or ! Que - soit - lumière - !

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc 00 - 6 -

    Sa Parole vient après que tu as pris conscience de cette incohérence des reliefs la surface des solides l'eau des lumières la ténèbre Cela t'a fait peur, car tu es inquiet de ce qui 'arrivera'. Si l'homme(4) ne dit rien, Dieu parle... et, dans chaque silence, Dieu parlera toujours. Et que fut la-lumière ! Ve - y - ehi - o r !

    Même la parole n'a pas osé changer et la réponse aux premiers mots les fait identiquement ré-entendre par l'écho des mêmes mots apportant la lumière. LA PAROLE Lorsque la Parole vient, elle est Règne de Dieu. Il n'y avait ni surface, ni eau, ni ténèbre. Le temps qui régnait n'était d'aucun temps et le mot n'avait aucun sens car tout temps est humain et nécessite un homme pour pouvoir (exister). Lorsque l'homme entre dans la crainte et dans l'incohérence et s'il garde le silence, il suspend son propre temps et accède au temps de Dieu. Il se veut à l'écoute de la Parole de Dieu. Ainsi celui qui écoute reste dans son silence : hors de son propre 'agir', tout son être est tendu vers l'attente et il se met en totale disponibilité, c. à d. acceptation anticipée de l'événement qui arrive (= le verbe arriver vient toujours dans le texte en référence à Dieu). Lorsque l'homme se confie au silence, il force Dieu à dire sa Parole. (Lecteur, tu iras dans le texte de Saint Marc; tu noteras comment le silence a souvent 'obligé' Jésus à parler !). Lorsque Dieu parle, sa Parole est action pour l'homme. Mais si l'homme refuse d'offrir (ou : de se confier à) son silence, il annihile toute parole pouvant lui être adressée. L'équation devient :

    incohérence et crainte

    avec les paroles des hommes

    (pas de création)

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc 00 - 7 -

    L ' EQUATION Pardonne-moi d'avoir été aussi long. L'équation a pris son origine dans le premier verbe d'action venu créer cette chose nouvelle qui a pour nom : lumière. La Création a été ainsi lancée vers l'homme car, s'il n'y avait point eu d'homme, à quoi auraient pu servir des mots comme 'or = lumière', 'bara = créer' et même 'commencement = bereshit' ? APPLICATION Ami lecteur, désormais lorsque tu liras une séquence, tu regarderas si tu peux, pour l'un des protagonistes, trouver une situation qui lui permette de vivre :

    incohérence + crainte. Si, aussitôt, l'acteur reste dans le silence (il ne dit rien et ne fait rien : donc il est à l'écoute), alors tu verras arriver pour lui une réalisation nouvelle... mais, s'il réagit (en paroles ou en actes), il ne sera pas trans-formé. EXEMPLES 1.- I-16 à 18 = Simon et André sont en train de pêcher dans la mer de Galilée. Un homme arrive et les appelle. Ils ne disent rien ... et suivent. 2.- I-21 à 28 = Des hommes sont dans la synagogue. Arrive un homme qui crie et Jésus chasse l'esprit-impur. Ils se mettent à parler (= on entend leurs voix : "Quoi est cette chose-là ?" Et ils furent-stupéfiés : il ne suivent pas. 3.- I-40 à 42 = Un homme est lépreux. Jésus le touche. Le lépreux (qui se sait 'intouchable') ne dit rien. Il est guéri. 4.- II-1 à 12 = Le paralytique ne bouge pas et ne dit rien. On l'amène par le toit... il est guéri.

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc 00 - 8 -

    Les scribes ne bougent pas, mais parlent très violemment. Jamais ils ne suivront Jésus. "Beaucoup" (II-2) s'assemblèrent et virent toutes ces choses insolites (le convoi par le toit, les scribes hurler de rage, le paralytique lever son grabat et sortir d'une pièce par la porte alors que personne ne pouvait entrer !). Ils ne disent rien. Alors ils "glorifiaient Dieu"(5). 5.- II-13 et 14 = Lévi, un publicain, est assis tranquillement. Il fait ses comptes et prépare son rapport de gestion. Passe un juif qui lui dit : "Suis-moi !". Lévi ne dit rien "et, se-levant, il le suivit". Si Lévi avait répondu un seul mot, jamais il ne l'aurait suivi. D'ailleurs, il serait allé raconter son histoire au directeur central du personnel des bureaux des publicains de la Palestine occupée. LES SIGNES L'équation fonctionne ainsi dans tout le texte de Saint Marc, comme elle fonctionne le long de toute vie de l'homme, à toute époque, en tout lieu, de toute culture, car son principe (g: arche // h: be-reshit) est le silence pour l'homme. LE SILENCE : c'est Dieu avant la Création et c'est l'obligation de la Parole de Dieu, venant confirmer (l'Alliance) à-travers les signes qui accompagnent°° (cfr : Mc XVI-20).

    _______________

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc 00 - 9 -

    Note 1 = FONT - ARRIVER = Page : 02 Les deux verbes 'g: poieô = faire' et 'g: ginomai = arriver' doivent être lus comme théologiquement associés l'un à l'autre avec toute leur Puissance et leur Gloire. Note 2 = du temps = Page : 05 Lorsque, dans le texte de Saint Marc, Jésus donne le voir et l' entendre aux apôtres, ceux-ci reçoivent la pleine 'connaissance' de leur temps propre. Note 3 = il s'offre = Page : 05 La prière la plus belle de toutes celles composées par les hommes a su mettre le 'fiat' en son centre : "Angelus Domini... FIAT mihi... Et Verbum caro factum est...". Note 4 : l'homme = Page : 06 C'est à dire : Toi ! Lecteur : à la lecture de ce commencement du texte du livre de la Genèse, tu as 'peur' et tu es 'inquiet' et tu ne dis rien... Note 5 : glorifiaient Dieu = Page : 08 L'équation fonctionne bien car le texte a la délicatesse de ne pas indiquer de bruit provoqué par "beaucoup" : nul lecteur ne peut entendre ce qu'ils disent si tant est qu'ils prononcent acclamations ou cris. L'expression "glorifier Dieu" reste dans un (silence).

    _______________

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • (I-1 à 15)

    ' LE PROLOGUE '

    _______________ Lectio divina Résumé du prologue Sur la dualité : Beth = 2 Sur : "est accompli" Sur "arriva" QUI est Jésus ? Le désert Annexe 1 : La charnière de Genèse I/II Annexe 2 : Fils de David

    _______________ LECTIO DIVINA 1 = Commencement du Message-Divin de-Jésus Messie... Le premier mot de l'évangile de Saint Marc est ce même mot qui commence le premier chapitre du Livre de la Genèse : "Commencement". Nous voici face à un récit pour un nouveau temps qui commence, car :

    quand l'action commence elle est déjà commencée le temps présent le temps passé

    "Maintenant" . L'origine (ou) le principe signifie que :

    dès l'instant où cela quelque chose déjà commence "est-accompli" (I-15)

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 2 -

    Le commencement est inclus... dans ce qui "arriva" (I-4). Je rejoins ainsi la formulation retenue depuis les lectures passées de l'Ancien Testament (= l'ancienne alliance) :

    incohérence + crainte avec le silence

    = l a C r é a t i o n

    Ce qui va se passer, le temps qui vient et que le texte va raconter, est déjà implicitement contenu dans le "commencement". ... de-Jésus Messie ((Fils de-Dieu)) Au moment où commence la vie de Jésus Messie, le texte emploie à son sujet le qualificatif de "Fils de Dieu" qui marquera, dans l'évangile de Saint Marc, le moment de la mort, ainsi qu'il est écrit : "Or le centurion qui était-présent, en-face°-de lui, voyant que, ainsi, il avait expiré, dit° : 'En-vérité celui-ci l'homme était Fils de Dieu'." (XV-39). L'expression "Fils de..." installe, dès le début du texte, une difficulté considérable : Jésus est-il un Fils ? Et Dieu est-il un Père ? Le Père a-t-il engendré le Fils ? Le Fils vient-il parce qu'il y eut la Création ? Le terme "Fils de..." est de l'ordre terrestre et appartient au langage et au physique de l'homme. Un jour, j'ai noté : 'Isaïe utilise cette expression pour marquer un juste qui a vécu selon la Loi, ou même tout le peuple d'Israël. Pour Saint Marc, il confesse dès le début que Jésus est dans un rapport très spécifique avec tout ce que l'A.T. dénomme Dieu. Mais cela ne fait pas deux dieux. L'Esprit de Dieu ne doit pas être pensé comme un attribut divin, mais comme un troisième qui est semblable à Dieu. Lorsque le centurion confesse que Jésus est "Fils de Dieu", il le situe, selon (sa perception de) la culture juive(1), comme étant entièrement juste ou encore hors du commun. Jésus a subi un jugement d'iniquité auquel il n'a pas opposé de violence. Le centurion utilise donc une expression qui met Jésus à part de tous les hommes, du côté de ce que l'on appelle Dieu. Sa parole est une émergence du champ culturel des nations, car il s'agit là d'une question en discussion chez les païens. Platon écrira : "zone du divin".

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 3 -

    Le sort réservé à un tel juste oblige la conscience humaine à dire qu'elle déclare ce juste "Fils de Dieu". C'est une manière humaine de dire quelque chose d'extrême. Dieu jugera lui-même si Jésus est vraiment fils de Dieu. La formule, dans la bouche du centurion, n'est pas (encore) une formule chrétienne, mais elle appartient à la culture de l'époque. On ne pourra en rester là; la formule fonctionne comme une formule-relais; elle est un concept qui opère un rebondissement de la question. L'évangile de Saint Marc pose, dès son commencement, ce qui va faire question à tous les hommes, à partir des événements que le texte va relater' (fin de citation, dans laquelle j'ai introduit les double-parenthèses.) 2.- Selon(-ce-)qui est-écrit en Isaïe le prophète : ... C'est la référence à l'Ecriture qui est citée aussitôt. Ce rappel du passé va poser, comme étant à l'origine de ce commencement du texte, l'histoire d'Israël, c. à d. l'Alliance que Dieu passa par la bouche du prophète du peuple d'Israël (le prophète = l'ensemble des prophètes = médiateurs entre YHVH et le peuple qu'il s'est choisi.) 'Voici : j'envoie mon missionnaire devant ta face pour préparer ton chemin. Voix de-qui-clame dans le désert : apprétez le chemin du Seigneur, faites plats ses sentiers. "Une voix crie : Dans le désert, frayez le chemin de YHVH; dans la steppe, aplanissez une route pour notre Dieu" (Isaïe XL-3). "Voici : je vais envoyer un messager devant toi pour qu'il veille sur toi en chemin..." (Exode XXIII-(20). "Voici que je vais envoyer mon messager pour qu'il fraye un chemin devant moi..." (Malachie III-1). Mais, cette voix qui crie m'a fait penser à la première parole de Elohim : 'Alors Dieu dit... et la lumière fut' (Genèse I).

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 4 -

    4.- Arriva Jean celui-qui-baptise dans le désert et en proclamant... Le texte ne perd aucun temps (= annule le temps) en accolant le temps de Jean au temps d'Isaïe, car voici "dans le désert". Il y a comme une incohérence dans la juxtaposition des mots "désert" et "proclamant"; mon attention est attirée par ce fait et me signale l'importance que va trouver, dans la suite du récit, le mot "proclamant". ... proclamant un-baptême de-conversion vers un-pardon de-péchés. En un temps où les sacrifices font partie de la liturgie du Temple et 'payent' les fautes de chacun, je suis frappé par une expression nouvelle : "baptême de conversion vers un pardon de péchés". La nouveauté va marquer l'accomplissement de la nouvelle Alliance, annoncée par Jérémie (XXXI-31). Et je note : ... un pardon de péchés...", ce qui n'est pas : le pardon des péchés (= de tous les péchés) ! 5.- Et s'en-allait auprès-de lui tout le pays de-Judée et tous les habitants-de-Jérusalem et ils étaient baptisés par lui dans le fleuve Jourdain en confessant leurs péchés. Il y a la référence à l'eau, qui donne la nouvelle vie (un pardon de péchés) et régénère, de même que l'eau du déluge fut l'occasion d'une nouvelle création à l'époque de Noé. 6.- et Jean était revêtu de poil de chameau ((et d'une ceinture de-peau autour-de sa hanche)) et mangeait des sauterelles et du miel sauvage. Celui qui est vêtu d'une peau de chameau et mange des sauterelles a tué ces animaux. Si Jean a tué des bêtes, c'est qu'il fonctionne dans un système d'Alliance offert à Noé et à sa descendance. C'est l'Alliance de sang, celle où bêtes et hommes mangent après avoir tué. Ce n'était pas la situation de Genèse I.

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 5 -

    7.- Et il proclamait en-disant :... Le même verbe déjà lu : 'proclamer' (I-4). ... proclamait ... 'Vient le-qui-est-plus-fort que moi, derrière moi, dont je ne suis pas digne en me-courbant, de délier° la courroie de ses sandales.' La sandale est cette pièce du vêtement qui fut l'objet de la première parole adressée par YHVH à Moïse; elle marque le lieu saint. Ne pas enlever sa sandale, c'est rester en terre impure ou païenne. Ne pas délier les sandales n'est-il pas alors se bloquer dans toutes ces difficultés de l'histoire qui empêchent de vivre pleinement (= d'accéder à) l'alliance de paix ? n'est-il pas s'interdire de délier les filets tendus par toutes ces formes de l'ancienne alliance que l'histoire a accumulées autour des hommes depuis le choix (= l'élection) que Dieu fit de son peuple ? Jérusalem est là, en Galilée, auprès de Jean Baptiste, avec tout son passé. Jean Baptiste déclare que ce n'est pas lui qui dénouera tous les nœuds des diverses promesses, que ce ne peut être lui qui règlera tout le contentieux entre Israël et son Dieu. 8.- 'Moi-je vous ai-baptisés dans l'eau, mais Lui vous baptisera dans l'Esprit-Saint.' Moi-je ai baptisés l'eau (un passé) Lui baptisera l'Esprit (un futur). 9.- Et arriva en ces jours-là que Jésus vint, à Nazareth de la Galilée, et fut baptisé vers le Jourdain par Jean. Le Jourdain vient de Césarée de Philippe. Jésus vient de Nazareth. Tout cela - Césarée comme Nazareth - est, pour l'un et l'autre, fort loin dans le nord. C'est dans cette eau, venant de la ville de Césarée, que Jésus se fait baptiser par ce Jean qui est le dernier des porteurs de l'ancienne alliance. L'eau, comme l'alliance ancienne, viennent de très loin : dans l'espace... dans le temps.

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 6 -

    Je me suis toujours imaginé que Dieu, lorsqu'il fit le monde, signa sa Création d'un grand trait de stylet, trait droit du nord au sud, de plus en plus marqué, s'enfonçant de plus en plus dans la terre (= dam : la terre rouge). Voici que Jésus (= de Nazareth) et le fleuve Jourdain (= de Césarée) arrivent dans le texte et tous les deux viennent de la région où le stylet de Dieu a commencé son trait. Jérusalem est la ville située sur la montagne, bourrelet de terre repoussé par le stylet, à la fin de la signature alors qu'il est profondément enfoncé dans la dépression qui va collecter toutes les eaux et sera la mer Morte. En ce point du talus, avec la terre rouge (h: adamah), Dieu fit l'homme (= Adam). Voici que ces hommes (= les fils d'Adam) s'en-sont-allés auprès de Jean et ils étaient baptisés par lui dans le fleuve Jourdain. Ainsi je reviens, moi-lecteur, au Commencement : 'bereshit' (premier mot de Genèse I-1). 10.- Et aussitôt, en montant hors de l'eau, il vit les cieux se déchirer... La déchirure annonce une séparation, de même qu'il y eut une séparation des eaux, en Genèse I... Est-ce un geste habituel de Dieu que de déchirer quelque chose ? (Voir XV-38). ... et l'Esprit comme une colombe descendre-et-rester vers lui ... Cette colombe me renvoie au temps d'après déluge. Elle m'annonce la fin de ce grand tumulte de l'eau, elle-même qui apporta le témoignage que la terre 'montait hors de l'eau', car en Genèse (VIII-10), j'ai lu : '(Noé) attendit encore sept autres jours et recommença à lâcher la colombe hors de l'arche. La colombe vint à lui, au temps du soir, et voici qu'en sa bouche il y avait une feuille d'olivier toute fraîche. Alors Noé sut que les eaux avaient diminué de dessus la terre. Il attendit encore sept autres jours et lâcha la colombe, mais elle ne revint plus vers lui.' (Genèse VIII-10 à 12). La colombe de Noé revint lorsque Jean baptisa Jésus au Jourdain, au moment précis où il monte hors de l'eau. Jésus vint de Nazareth... la colombe revint(2) de l'espace-temps du patriarche Noé, de celui-là même dont nous savons qu'il passa une alliance avec YHVH, alliance à laquelle Jean se réfère, lui qui est vêtu d'une peau de chameau et qui mange des sauterelles et du miel sauvage.

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 7 -

    11.- ... Et une voix (arriva) hors des cieux : 'Toi, tu-es mon Fils, le Bien-Aimé, Toi que j'ai moi-même en faveur'. Une voix vient hors du ciel prononcer une parole d'élection : "Toi, tu-es mon Fils, le Bien Aimé" et elle ajoute, pour montrer l'Esprit du choix : "Toi que j'ai moi-même en faveur". A la ville de Césarée de Philippe, point d'origine de cette eau qui coule en Jourdain, il y aura la parole symétrique mais humaine : "Pierre lui répond : 'Toi tu-es le Messie'." (VIII-29). Le centurion reprendra la voix de toutes les nations à la Croix : "En-vérité, celui-ci l'homme était Fils de Dieu" (XV-39), parole qui dépassera la voix de Pierre issu(e) d'Israël et proposera au monde humain tout entier comme en résurgence, la parole divine entendue, attestée par Jean-Baptiste. Mais, juste avant, j'aurai pu recevoir dans les bruits racontés par le texte la réponse à la voix de (I-11), car j'ai entendu : "Toi, tu-es mon Dieu !" (cfr : XV-34 et 35). La parole divine est dite par l'Eternel 'en mémoire' de tout le passé d'Israël. Jean, par son baptême, amène cette voix venant des cieux à dire : tu es mon Fils le bien-aimé, il me plaît de te choisir, que j'ai entendue déjà dite par Isaïe :

    'Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu que j'ai moi-même en faveur' (Isaïe XLII-1)

    'celui que j'ai choisi' (Isaïe XLIV-2). Et aussitôt... La précision du temps est marquée par "aussitôt" : il y a comme une suspension du temps, comme une simultanéité, comme une occurrence, un lien, une nécessité, conséquence du baptême. La conjonction et qui suggère l'hébreu ve marque la simultanéité des faits et l'immobilisation du temps. "Et aussitôt" précise nettement que, par la volonté de l'auteur, le temps est annulé. Le déroulement des faits ne dépend pas du temps car ce qui va arriver est lié (= l'alliance) intimement à ce qui a précédé. "L'Esprit" (I-12) est ce même "esprit" qui a été vu "comme une colombe descendre-et-rester vers lui" (I-10). L'esprit, qui est vers lui, "le chasse...".

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 8 -

    La surprise du lecteur devient question grave du fait que le texte apporte des éléments paraissant incohérents : "désert... quarante jours... Satan...", ce qui semble contradictoire avec ce que la perfection de Dieu (= la voix venant des cieux) aurait dû apporter. ...aussitôt, l'Esprit le chasse vers le désert... Nous vivons comme une Création à l'envers. Il y a eu l'eau et une séparation des eaux. Il y a eu la parole avec la fondation du Fils Bien-Aimé. Et voici l'aboutissement au désert. 13.- ... Et il était dans le désert quarante jours, mis-à-l'épreuve par le Satan... Ici le temps est suspendu pendant "quarante jours". Re-gardant le livre de l'Exode, je lis que YHVH dit à Moïse : 'Monte vers moi sur la montagne et demeure là que je te donne les tables de pierre... La nuée couvrit la montagne. La gloire de YHVH s'établit sur le mont Sinaï et la nuée le couvrit pendant six jours. Le septième jour, YHVH appela Moïse du milieu de la nuée... Moïse entra dans la nuée et monta sur la montagne. Et Moïse demeura sur la montagne quarante jours et quarante nuits.' (Exode XXIV-12 à 18)... 'Quand il eut fini de parler avec Moïse sur le mont Sinaï, il (= YHVH) lui remit les deux tables du témoignage, tables de pierre écrites du doigt de Dieu.' (Exode XXXI-18). Moïse descend parmi son peuple et il trouve les hébreux adorant une idole : le veau d'or. 'Moïse s'enflamma de colère : il jeta de sa main les tables et les brisa au pied de la montagne.' (Exode XXXII-19). Une nouvelle médiation repart de Moïse vers YHVH. Moïse taille deux tables de pierre et revient au mont Sinaï. 'YHVH descendit dans une nuée et il se tint là avec lui... Il (= YHVH) dit : 'Voici que je vais conclure une alliance...' (et YHVH dit les termes du contrat; puis :) YHVH dit à Moïse : 'Mets par écrit ces paroles car selon ces clauses, j'ai conclu mon alliance avec toi et avec Israël.' (Moïse écrit les deuxièmes tables de la Loi, alors que les premières étaient écrites du doigt de Dieu). Moïse demeura là avec YHVH quarante jours et quarante nuits. Il ne mangea ni ne but et il écrivit sur les tables les paroles de l'Alliance, les dix paroles.' (Exode XXXIV-5 à 28).

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 9 -

    Puis-je voir dans ce temps de "quarante jours" la durée dont a besoin Jésus le Messie pour préparer sa mission : définition de l'Alliance Nouvelle qu'il va porter aux hommes ? Arrivé à ce point de mon analyse, je me suis arrêté et j'ai cherché à fonctionner, dans mon intelligence, comme un juif de ce temps lisant pour la première fois le texte (grec) de l'œuvre de Saint Marc. Comme les juifs d'alors, je connais les textes de la Bible hébraïque et ma pensée va vers la Tora : c'est pourquoi mon premier réflexe fut de visiter le livre de l'Exode en son chapitre XXXIV (voir ci-dessus). Au-delà de la Loi, il y a les Prophètes (au sens juif : ce sont les livres où il est question des prophètes). Alors ma mémoire m'envoya au premier livre des Rois : 'Pour lui (= Elie), il marcha dans le désert... et s'endormit. Mais voici qu'un ange le toucha et lui dit : 'Lève-toi et mange !'. Il regarda et voici qu'il y avait à son chevet une galette cuite sur les pierres chauffées et une gourde d'eau. Il mangea et but... (de même une seconde fois) l'ange de YHVH... le toucha et dit : 'Lève-toi et mange, autrement le chemin sera trop long pour toi.' Il se leva, mangea et but puis, soutenu par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu'à la montagne de Dieu, l'Horeb.' (I Rois XIX-1 à 8). Voici que je trouve dans ces lignes le texte de Saint Marc : "Et il était dans le désert, quarante jours... Et les missionnaires (en grec : aggeloi = les anges) le servaient" (I-13). Ceci me fait voir aussitôt que Jésus est le nouvel Elie au sens où il vient à la suite (immédiate) d'Elie, le prophète qui a été servi en I Rois par 'un ange' (XIX-6) et par 'l'ange de YHVH' (XIX-7). En venant deux fois, l'ange se met au pluriel : les anges le servaient. Or, depuis (I-6), je sais que Jean, celui-qui-baptise, 'c'est Elie le Tishbite' (= II Rois (I-8) = 'poils de chameau et... ceinture de-peau autour de sa hanche'). Cette intimité entre Elie et Dieu me fait vivre intensément à la montagne de l'Horeb : 'Et voici que YHVH passa et il y eut un grand ouragan... mais YHVH n'était pas dans l'ouragan. Et../ (il y eut) un tremblement de terre... mais YHVH n'était pas dans le tremblement de terre. Et... (il y eut) un feu... mais YHVH n'était pas dans le feu.'

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 10 -

    Alors j'ai vu, avec Elie : '... après le feu... (il y eut) une brise légère.' (I Rois XIX-11 et 12). YHVH était dans la brise légère et Elie 'se voila le visage avec son manteau... ((Dieu)) dit : 'Que fais-tu ici Elie ?' Il répondit : '... les israélites ont abandonné ton alliance...'.' (I Rois XIX-13 et 14). J'ai fermé les yeux un instant et je me suis trouvé transporté "vers la Galilée" (I-14). Alors j'ai vu Jésus "cheminant le-long-de la mer de Galilée" (I-16). Et cela m'a rappelé, il y a très longtemps : 'Ils entendirent le pas de YHVH qui se promenait dans le jardin à la brise du jour' (Genèse III-8). Jésus, le nouvel Elie, ne serait-il pas Dieu venu depuis le jardin de l'Eden, lui qui aime se promener à la brise légère ? Les deux textes du livre de l'Exode et du livre des Rois aboutissent l'un et l'autre à l'alliance. Mon parcours dans la Bible hébraïque m'a obligé à passer par : Livre de l'Exode : Dieu - la nuée - quarante jours et la Loi - la Loi cassée par Moïse - la Parole de Dieu : 'Voici que je vais conclure une alliance' - quarante jours, le temps pour Moïse de ré-écrire la Loi. Livre des Rois : le désert - quarante jours - les anges - (tout ceci comme avec Elie) - Dieu et la brise légère - la Parole de l'homme : 'les israélites ont abandonné ton alliance'. Livre de Saint Marc : Jésus le Messie, qui est Dieu de la Création, celui à qui les bêtes sauvages (I-13) "obéissent" (cfr : IV-41),vient se promener sur les rives de la mer de Galilée. Et j'ai senti le souffle de la brise légère, car - en hébreu - la brise (ou) le vent (ou) l'esprit se disent par le même mot. Or "l'Esprit" imprègne le texte (I-10 et I-12). Lorsque l'humanité est en détresse, Dieu vient parmi les hommes car cette alliance qu'il a conclue avec Moïse (Exode XXXIV-10) a été abandonnée par les israélites (I Rois XIX-14), avec :

    "Est-accompli le moment et s'est-approché le Règne de Dieu" (Mc I-15)

    "L'heure est venue ! Voici..." (Mc XIV-41)

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 11 -

    ... Et il était avec les bêtes-sauvages. Et les missionnaires le servaient Au-milieu des bêtes sauvages, la paix régnait; Jésus n'avait pas à se défendre contre elles. Les missionnaires (= anges) le servaient. Lorsque Jean qui baptise a été au désert, il y a tué le chameau, les sauterelles et les abeilles : le texte a tenu à le préciser. Jésus est aussi au désert, mais ce désert change : la paix de l'Eden, du début de la Création, devient la marque de la vie. La proclamation de l'élection : "Toi que j'ai moi-même en faveur" définit bien cette paix au milieu de toutes les bêtes sauvages, malgré la présence de Satan l'accusateur, l'affabulateur, le dissociateur. A ce point du texte, Jésus a déjà gagné sa propre vie, son histoire, son messianisme = il est "Messie" (Fils de Dieu) et nous sommes dans un temps de l'accomplissement, mais pour Jésus seul, car il y a le désert et les bêtes sauvages... et il n'y a pas l'homme. 14.- Or, après que Jean eut été livré... Voici une date historique, marquée par la disparition de Jean, qui a été livré, ce qui annonce : Judas celui qui le livra (III-19). ... Jésus vint vers la Galilée en proclamant le Message-Divin de Dieu et en disant : 'Est-accompli le moment et s'est-approché le Règne de Dieu. Convertissez-vous et ayez-foi au Message-Divin'. la Galilée : Saint Marc m'a présenté précédemment tous les habitants-de-Jérusalem quittant leur ville pour aller auprès de Jean, en un endroit mal précisé, sinon qu'il est proche d'un désert et qu'il est sur les rives du Jourdain. Je puis trouver étrange que Jésus aille en Galilée annoncer le Message de Dieu, c. à d. en un endroit autre que la Jérusalem-sainte, ville de l'histoire : Jésus va là où tous les habitants-de-Jérusalem ont décidé d'aller. proclamant : Jésus prend le relais de Jean le baptiste; il proclame comme lui. Mais Jean proclamait "dans le désert" (I-4) alors que nous arrivons au pays de Galilée. Tout le texte qui précède résumait les présupposés : il y a eu, jusqu'ici, deux personnages :

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 12 -

    -Jean, celui qui baptise annonce l'ancienne alliance; -Jésus celui qui est baptisé sera la nouvelle alliance. Voilà pourquoi le texte dit, à ce moment précis : "Est accompli le moment..." ou encore : 'Voici le Message Divin !'. est accompli le moment : L'expression évoque en moi la fin des actes de la Création réalisée par 'Elohim' en Genèse I, alors que la bénédiction (= la Parole de Dieu dite à l'homme) ouvre l'espace d'un long temps pour le 'septième jour'. La formulation est celle de la charnière(3) entre le chapitre premier du livre de la Genèse et le début du deuxième chapitre, car j'ai lu :

    YoM HaShiShiY VaYKhoLoU HaShaMaYM au-jour sixième furent-accomplis les-cieux furent accomplis : le tournant du temps. Voici que vont entrer les acteurs, les gestionnaires du monde. est accompli le moment : voici que vont entrer les acteurs de l'évangile. Ainsi, à la fin du sixième jour, j'ai vu entrer le Seigneur avec son NOM d'Amour (= le Tétragramme), lui qui était depuis le troisième mot du Livre de la Genèse "Elohim", le Dieu des Puissances qui "créa" l'univers. Ainsi "est accompli le moment" m'annonce ce même Dieu par Jésus le Messie ! Convertissez-vous ! : Le texte me donne l'ordre de tourner la page pour lire plus loin que Genèse I et entrer dans la suite du récit. Le texte de Saint Marc est organisé et structuré, car il met en évidence toutes sortes de présupposés qu'il fait crier à mes oreilles. Ma pensée est en alerte. Rien n'a encore pour moi le statut de chose vérifiée, mais la lecture de ce prologue fait bouillonner en moi les souvenirs de ma lecture du livre de la Genèse, "Commencement" du livre de Moïse (= la Tora).

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 13 -

    RESUME DU PROLOGUE Dans la vallée du Jourdain, il y avait un homme appelé Jean. Il baptisait et tout Jérusalem venait à lui.

    Jean : c'était le Tishbite : l'Esprit d'Elie était venu se poser sur lui.

    Montant hors du Jourdain, il y eut un homme appelé Jésus. Il fut baptisé et une voix vint du ciel sur lui :

    l'Esprit vint se poser sur lui. L'Esprit chassa Jésus au désert durant quarante jours : un délai nécessaire pour que Dieu - puis l'homme - gravent la Loi sur la pierre : Loi passée en contrat = l'Alliance (entre Dieu et Moïse). un délai nécessaire pour la préparation d'Elie à sa mission : lorsque les israélites eurent abandonné l'Alliance. Ainsi, Jésus "arrive" aussitôt à la suite d'Elie,

    "selon qu'il est écrit en Isaïe le prophète". Et Jésus, au désert, durant quarante jours, a vécu dans (l'alliance de) la paix (= don de la Création). Venu en Galilée, il dit sa première parole : "Est accompli le moment..." qui est rappel du même texte (en hébreu) à la naissance du septième jour, qui est aussi Son Nom de l'Eternel, tel qu'il est apparu dans le texte de la Genèse à la fin des oeuvres de Puissances des six jours :

    Y H V H , le Dieu d'Amour.

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    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 14 -

    SUR LA DUALITE : BETH = 2 Commencement du Message Divin de-Jésus Messie : Tout commence par le chiffre 'deux = 2' avec le 'commencement' (en hébreu : bereshit) premier mot du livre de la Genèse, donc premier mot de la Bible. L'apparition du mot 'commencement = bereshit' marque une fin pour le début d'un temps, moment de la Création. Or le mot commence par la lettre beth qui est la deuxième de l'alphabet hébreu et a pour valeur le chiffre 'deux'. Pourquoi ? Avant le premier mot, il y avait le 'UN' qui est absent du texte, car nul ne peut voir ce 'un' qui est Dieu Seul - Unique - principe de toutes choses. Ce Dieu est un car il n'y a nul autre Dieu que lui. Ceci entraîne pour mon entendement humain d'adhérer au concept qu'il est parfait, c'est à dire intemporel et/donc éternel : il englobe le tout. Le UN n'est pas concrétisable car c'est un infini et je ne peux pas voir sa forme (= sa face). Il ne peut y avoir d'image comme il ne peut y avoir de temps pour Dieu. Le mot initial (('g: arche / h: bereshit / f: commencement')) n'a aucun sens pour Dieu. C'est pourquoi avec le mot commencement nous entrons dans l'histoire de l'humanité, ère des relations entre Dieu Créateur-de-tout et l'homme créé-de-rien (en hébreu : bara / en latin : creare ex nihilo). Le Dieu Unique risque l'Etant (de son Etre) dans l'homme qui est Son oeuvre et le Dieu Unique devient Dieu de la dualité : le Dieu des hommes, le Dieu en-relation-avec les hommes. Cette dualité devra très vite être limitée et réduite par le moyen du contrat passé entre Dieu et quelques-uns des hommes : le petit peuple errant parti de UR, lumière de l'Orient, arrivé en Egypte à l'obscurcissement de la servitude. Dieu aidera ce peuple et peu à peu une dualité va se créer en lui par la Loi qu'il reçoit et les Prophètes qu'il se donne. Une nouvelle dualité se réalise au travers de l'Ecrit (= la Loi) et la Parole (= les Prophètes), ou encore entre le Silence et le Bruit, le Matériel (= le Livre) et l'Immatériel (en hébreu : ruah). Et tout cela est déjà dans le premier mot : bereshit et dans sa première lettre : un beth. Ainsi, le premier mot bereshit, par sa première lettre 'beth = 2', introduit le temps avec l'homme, donc le temps de la dualité : Dieu et l'homme.

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 15 -

    La dualité dans l'évangile : Saint Marc retient pour base (= fondement) de son texte le mot commencement qui est rappel de la Genèse par l'identité du mot et par la similitude de position (= le premier mot). Ainsi l'auteur institue la prééminence du beth initial qui est la dualité. Quelle dualité ? Il y a la relation de Dieu à son Messie qui est dualité Père/Fils annoncée par le titre : "Commencement du Message-Divin de-Jésus... Fils de Dieu : Dieu-Unique = UN Fils de Dieu = DEUX = dualité, c. à d. beth = 2. Le '2' du commencement pose, dès le principe, la relation Fils/Dieu. Or Dieu est Unité. Cette unité ne peut être maintenue que grâce à l'Esprit et ceci arrive quelques versets après le commencement. La manifestation de l'Esprit réalise elle-même une dualité : -par la parole prophétique = le verbe est au futur : "Celui-là vous baptisera dans l'Esprit-Saint" (I-8). -par l'écrit-témoignage = le verbe est au temps de l'accompli : "Il VIT les cieux se déchirer et l'Esprit, comme un colombe descendre-et-rester vers lui." (I-10). La dualité Dieu/Fils maintient l'Unité de Dieu par le lien intemporel que réalise l'Esprit entre les deux. Pour l'homme, lecteur qui se fond dans le texte, les mots écrits sont la révélation d'une dualité qui arriva en ces jours-là et demeure durant tout l'évangile : c'est l'action conjuguée du voir et de l'entendre. (On entend la prophétie et on voit le témoignage). Les cieux se déchirent et la colombe représente l'Esprit, dualité d'images qui viennent se poser sur une parole en forme doublée :

    Toi tu es mon ... Toi que j'ai moi-même...

    La parole s'entend dans le contrepoint de ses mots et vient comme l'écho renvoyé par le mur-nuée de la première parole entendue, elle-même parole en forme doublée :

    MOI-je vous ai-baptisés dans... Celui-là vous baptisera dans...

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 16 -

    Ainsi je vois et j'entends les mots du texte et je vis intimement au-milieu d'eux(4). Une dualité se révèle aussitôt par le mot "arriva" et voici deux noms simples, ramassés et courts, propulsés l'un et l'autre, l'un pour l'autre, l'un par l'autre :

    arriva Jean ... Et arriva Jésus

    Le vécu de ce texte me révèle alors que l'Esprit ne peut demeurer sous forme de doublet. Avec Jean, celui-qui-baptise, je vois le désert avec le fleuve Jourdain, un (vêtement) de poil ((et une ceinture de-peau)), des sauterelles et du miel. Par Jean la voix me parle et elle dit : "... l'Esprit-Saint = pneumati agiô" (I-8). Jésus arrive. La Judée avec Jérusalem se mutent en Nazareth avec la Galilée (région + ville = ville + région). Le fleuve-Jourdain devient le Jourdain-eau (deuxième inversion). Les bruits que font les habitants et ceux du pays en s'en allant, confessant leurs péchés, est remplacé par le déchirement des cieux et le vol stationnaire de la colombe. L'Esprit arrive aussi, mais il est simplement :

    "... l'Esprit = to pneuma". Le passé du texte m'a dit : du poil de chameau et une ceinture de-peau, c'est Elie le Tishbite, et la sanctification du dire oblige à 'pneuma agion'. Avec Jésus, un homme arrive et le texte, avec délicatesse, note sa pleine humanité, car il dit : "... l'Esprit = pneuma" (le mot 'agiô' a disparu). Mes yeux voient et mes oreilles entendent des choses nouvelles. Je prends acte de l'écart entre Jean et Jésus. Jean a prophétisé avec le futur. Avec l'arrivée de Jésus, la Parole se borne à témoigner. Un seul lien entre eux : le Jourdain. Même l'Esprit diffère car la sonorité des mots interdit tout rapprochement : pneumati agiô to pneuma to pneuma I-6 I-10 I-12. Alors, le texte brusque tout et l'Esprit, sentant l'incohérence, va supprimer l'eau et tous les détails multiples qui encombrent la scène. En une seule phrase je vois s'évanouir les sauterelles, le miel, les hommes confessant leurs péchés, Jérusalem et Nazareth, la Galilée et la Judée, et surtout le Jourdain : E t a u s s i t ô t L'Esprit = to pneuma... le chasse vers le désert.

    (I-12)

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 17 -

    Afin que je prenne conscience du décor, le texte dit à la suite : Et il était dans le désert.

    (I-13) Je regarde la scène et je vois d'abord le désert, puis lui dans le désert. Je ne sais rien de cet homme nouveau et les mots sont devenus flous comme le brouillard :

    ... L E chasse ... I L était ... Ce que j'ai lu depuis le "commencement" a laissé en moi des impressions heurtées. beaucoup de mots inattendus au début d'un tel récit qui pourrait n'être que narration du vécu d'un homme ordinaire : Nombre d'emplois : une fois : face - sentiers - pardon - chameau - ceinture - sauterelles - miel - courroie - sandales - colombe - Ce sont des mots qui évoquent la marche dans un pays chaud. deux fois : chemin - proclamer - péchés - Jourdain - eau - cieux - Le paysage s'installe; il y a toujours la marche, mais de plus le lieu est situé par le Jourdain (une vallée en ligne quasi droite du nord au sud). Les bruits arrivent avec 'proclamer', mais aussi avec 'péchés' (car il n'est aucun péché possible dans l'immobilité et le silence). trois fois : l'Esprit (I-8 / I-10 / I-12) = 3 ) arriver (I-4 / I-9 / I-11) = 3 ) total = 6 quatre fois : le désert (I-3 / I-4 / I-12 / I-13) = 4 six fois : baptiser / le baptême (I-4 / I-4 / I-5 / I-8 / I-8 / I-9) = 6 Ainsi apparaît un jeu complexe entre deux entités dont chacune vise à supprimer l'autre : le désert et le rite du baptême qui est présence d'eau. De l'eau dans un désert : ce n'est plus un désert, surtout quand cette eau coule et s'appelle le fleuve - Jourdain.

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 18 -

    Les chiffres que j'ai mentionnés ci-dessus m'offrent une vision nouvelle : arriver indique la Présence de Dieu (= l'agir de Dieu). L'Esprit est le souffle de Dieu. Par six fois Dieu est physiquement dans le texte; par six fois le rite de baptiser/le baptême est dans le texte. Et le désert, présent quatre fois, se trouve /encadré/. Le désert est ce que je m'imagine pour un temps d'avant le Commencement/ Dieu "arrive" et "l'Esprit" se présente pour garantir l'Unicité de Dieu. Mais un homme nouveau est là qui a juste entraîné avec lui l'Esprit (et non pas l'Esprit-Saint). De cet homme, je ne sais rien et le texte prend soin de le dissoudre dans l'anonymat :

    L E chasse ... I L était ... I L était ... (I-12 et I-13)

    Alors, Q U I est cet homme, nommé Jésus ?

    Bien plus tard, alors que Jésus viendra d'expirer, je serai aux côtés de Joseph d'Arimathée. Pilate vient de lui offrir le cadavre de Jésus : Ayant acheté un drap, L ' ayant-descendu°, il L ' enserra dans le drap et LE déposa dans un monument.

    (XV-46) Le cadavre emmène avec lui son poids d'anonymat (= son humanité pure). Mais :

    Q U I est Jésus ? Q U I est Jean ?

    Et :

    QUELLE dualité entre Jean et Jésus ?

    (Oelenberg : fête de la Dédicace de l'église abbatiale.)

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 19 -

    SUR : "EST ACCOMPLI" Il y a une présentation remarquable par le texte : "Jésus vint... en proclamant... et en disant : 'Est-accompli le moment...'." (I-15) = à qui parle-t-il ? Aucune présence d'homme ou de foule n'est mentionnée et il n'est pas fait référence à un lieu quelconque, sauf : "Jésus vint vers la Galilée = elthen o Iesous eis ten Galilaian" (I-14). C'est le cinquième emploi de la préposition 'eis' (voir au lexique le mot vers) et, selon la loi du texte, cela signifie que l'identité arrive ou encore : voici le Messie ! Lecture étrange ? Non, pour celui qui vit intensément le texte car ce Messie, arrivant par le chiffre cinq en eis, est Dieu dans son Eternité venant dire sa Parole d'un nouveau temps. A qui parle-t-il ? L'Eternel (Béni soit-Il !) se souvient. Déjà, il y a très long temps, il disait cette même parole : "est accompli" (voir au présent chapitre et ci-dessus : Prologue) et ce fut l'occasion pour écrire par les lettres initiales des mots hébreux (Genèse I /Y.H.V.H./ Genèse II) les quatre lettres qui sont le Tétragramme. Le texte de Saint Marc me renvoie ainsi au texte de Genèse I, là où tout est Parole de Dieu, aux mots provoquant l'arrivée du Nom Saint, où la Parole est dite en la présence de l'homme créé depuis Genèse (I-26) puis immobile et silencieux : l'homme écoute ! Ici, en (I-15), la Parole de Jésus est dite, mais le texte ne parle pas de l'humanité qui écoute. Jusqu'à la fin du verset (I-13), Jésus est "dans le désert" et y passe "quarante jours". Puis, "vers la Galilée" (I-14), il proclame le Message Divin et c'est la parole qui lance un nouveau temps. L'humanité est immobile et silencieuse : elle écoute !

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 20 -

    SUR : "ARRIVA" Pour résumer le texte depuis (I-1) jusqu'à (I-11), on peut noter : 1.- (I-1) : Le titre (peut-être écrit après le reste de l'œuvre, mais il fallait un titre). 2.- (I-2 et 3) : La référence au prophète Isaïe sert à installer le pronom personnel 'autou' par les sentiers de lui = Kurios-Incarné. 3.- (I-4 à 8) : "Arriva..." Jean, celui qui baptise. C'est donc à la suite d'une décision de l'Eternel (Béni soit-Il !) que Jean entre dans le texte. Mon lecteur sait, par ailleurs, que ceci signifie l'arrivée d'Elie (= son esprit est sur Jean). La fin du verset (I-8) installe, par une parole d'Elie, le pronom 'autos' : "lui vous baptisera dans l'Esprit-Saint". Ceci annonce le dépassement de (l'esprit = d'Elie venu sur Jean) par "l'Esprit-Saint" (I-8). 4.- (I-9 et 10) : "Arriva..." que Jésus vint... C'est donc à la suite d'une décision de l'Eternel (Béni soit-Il !) que trois événements se sont produits : - "en ces jours-là" : la détermination du temps, et c'est un temps marqué par les baptêmes de Jean. - "à Nazareth de la Galilée" : la fixation du lieu qui diffère du Jourdain (I-5), là où Jean baptisait. - "Jésus" : un nom nouveau pour un homme différent de Jean, mais qui est aussitôt soumis au baptême : "et fut baptisé dans le Jourdain par Jean" (I-9). J'ai déjà dit combien la conjonction grecque 'kai' détermine la simultanéité de réalisation des deux éléments de phrase qu'elle unit. Donc, à cause de arriva, voici que Dieu, en ces jours-là, à Nazareth, fait venir Jésus et voici qu'il le fait immédiatement baptiser dans le Jourdain par Jean. 5.- (I-11) : "Arriva..." : une voix confirme aussitôt, car il y a : "hors des cieux", comme en réponse à la montée de Jésus "hors de l'eau".

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 21 -

    Le lecteur se rappellera deux mots hébreux : Sha - Ma - ïm = (les) cieux (Genèse I-1)

    Ma - ïm = (les) eaux (Genèse I-2) mots qui rayonnent de leur présence dans le texte initial du livre de la Genèse. Jusqu'à cet 'ici' du texte, Jésus 'vint = est-venu', puis 'fut-baptisé', comme si Dieu seul avait décidé qu'il fût ainsi. Aussitôt, il 'est-chassé' vers le désert et y 'est-mis (-à-l'épreuve)'. Il y 'est-avec' les bêtes et il 'est-servi' par les anges. Puis il 'vint = est-venu' vers la Galilée et là, tout change car cet homme habitué à vivre les verbes d'action comme des verbes qui lui sont imposés, va proclamer et dire : "Est-accompli...". Lecteur ! Tu remarqueras que, dans les paroles de Jean en (I-7 et 8), il y a plus de MOI que de LUI; puis que dans ce que dit la voix de la nuée, il y a comme une équivalence (I-11). Dans la parole de Jésus, il n'y a aucun pronom personnel, à la première ou à la deuxième personne : Sa Parole est Message de Dieu ! QUI EST JESUS ? Arrivé à ce point du récit, lecteur, tu t'inquiètes : pourquoi le texte ne parle-t-il pas de l'enfance de cet homme nouveau qui a pour nom Jésus ? As-tu bien lu tout ce que j'ai écrit ? Voici un homme qui arrive et subit tout, au Jourdain, puis dans le désert, sans rien dire. Toi, qui connais le texte, te voici surpris car, avant que l'action commence, voici que "Jésus ne° répondit plus° rien" (XV-5) de sorte que Pilate, ou toi-même, vous êtes étonnés ! Le silence de Dieu est lourd à entendre et ce silence a effacé tous les bruits sur sa jeunesse, sur sa naissance, sur son origine. Crois-tu que si tu avais lu, en forme de préface, des phrases décrivant comment Jésus est fils de David, ou fils d'Abraham, ou fils de ce Joseph qui fut l'homme de Marie (Mt I-16), crois-tu que ta foi serait plus grande ? Serais-tu, toi aussi, de ces païens qui attendent, pour commencer à croire, de regarder le ciel et d'y voir "son astre au lever" (Mt II-2) ? Te faudrait-il marcher en suivant l'astre "qui précédait" (Mt II-9) ? Comme moi, humblement, reste soumis au texte et, ensemble, allons cheminer "le-long-de la mer de Galilée" (I-16). Lecteur, restons ensemble jusqu'à voir Bar-Timée qui "le suivait sur le chemin" (X-52). Cet espace de texte nous est offert pour vivre avec lui et dire ensemble : "J'ai-foi !" (IX-24).

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 22 -

    Si nous lisons avec grande attention et en profondeur la seule première partie de l'évangile de Saint Marc, nous sommes totalement convertis car nul homme autre que le Messie n'aurait pu faire tous ces gestes-de-puissance, ni parler de telles paroles de Sagesse, ni vivre autant tous ces accomplissements de l'ancien testament, ni poser les structures, les expressions, les mots et jusqu'aux lettres. Cette première partie va de l'alpha grec de 'arche' (I-1) jusqu'à une lettre (= iota souscrit) en forme d'oméga pour la finale du mot 'odoï' (X-52). Frère ! Nous avons tous été créés sur la montagne arrondie, crâne de l'humanité, à Jérusalem. Là, 'Dieu forma l'homme avec le limon de la terre'. Puis nous sommes descendus vers un jardin toujours en fleurs et en fruits : ce fut la Galilée, mais nous avons oublié la mémoire du crâne. "Et arriva que Jésus vint" (I-9) et nous, l'humanité, nous avons entendu : "Ayez-foi au Message-Divin !" (I-15). Nous avons écouté, immobiles et muets, de la même façon dont, peu d'instants auparavant, le-long-du fleuve Jourdain, nous avions entendu le roucoulement amoureux de la colombe : "Mon Fils, le Bien Aimé, Toi que j'ai moi-même en faveur" (I-11). Surpris, étonnés, fascinés par la voix et lancés vers un avenir nouveau par une proclamation nouvelle : "Est-accompli le moment..." (I-15), nous avons voulu voir et entendre plus et nous L'avons suivi. Nous avons commencé "le-long-de la mer de Galilée" (I-16) et nous ne savions rien. Nous sommes restés fidèle-ment à ses côtés et nous avons reçu deux dons séparément, successivement, complémentaires l'un de l'autre : l'entendre avec l'homme sourd et bègue, le voir à Beth-Saïde avec l'aveugle. Avant : nous étions sans-parole (g: Alalous = VII-37) et ne savions pas voir (g: Blepeis = VIII-23). Ainsi en est-il en tout commencement, que celui-ci soit grec : Arche, ou hébreu : Bereshit. Toute énumération des lettres d'un alphabet commence de même ! Nous avons traversé le texte en marchant ou en barque passant d'une rive à l'autre, d'une séquence à l'autre, et notre passage a été notre transformation (= transfiguration : IX-2). Nous avons su, comme Israël, 'écouter' (= entendre : IX-7) la Parole.

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 23 -

    Quand il a rappelé que "Elie est aussi (= déjà) venu" (IX-13), nous avons dit : "J'ai-foi !" (IX-24) et notre cri nous a fait écouter (= entendre) les cris de l'aveugle-mendiant : "Fils de David, Jésus (X-47)... Fils de David (X-48)". Jésus a dit la conclusion : "Pars, ta foi t'a sauvé" (X-52), dernier mot pour conclure notre séjour dans la vallée de l'eau (avant Jérusalem). Chacun de nous a entendu avec netteté : "Ta foi..." car nous tous avons foi qu'il est Fils de David. Alors, écoutant (= entendant) l'ordre donné de partir, nous le suivions "sur le chemin" (X-52) qui nous menait à l'oméga final (= odô). Frère ! En vérité, nous n'avons pas besoin d'un évangile de l'enfance pour savoir que Jésus est Fils de David(5) et qu'il est le Messie. Lecteur, restons ensemble, car nous avons-foi ! LE DESERT Lorsque, pour la première fois, quelqu'un est chassé vers un désert (I-12), il est surpris, car le désert est toujours une zone sans eau... Or, voici quelques instants, Jésus sortait tout ruisselant hors de l'eau (I-10). En l'espace d'un verset, c'est l'entrée au désert. Longtemps je m'étais imaginé le fleuve Jourdain comme bordé de palmeraies et de riches cultures, avec jardins de fleurs lui faisant une haie d'honneur. Il a fallu que je fasse un voyage(6) pour découvrir un paysage tout autre que celui imaginaire de mes rêves. Voici ce que j'ai appris à propos de ce désert : 'C'était d'abord le désert de Juda, qui s'étage sur le versant oriental des montagnes, au-dessus de la mer Morte. Large de 20 à 30 kilomètres, sur une longueur de 100 à 110, il dissimule de secs et arides ravins entre des collines qui se dressent pareilles à des cônes. A peine les pluies d'hiver déterminent-elles çà et là un peu de fraîcheur et de végétation, utilisées par les bergers de Maon, de Carmel et de Thékos. Quand arrive la saison chaude, les gorges qui dévalent sur la mer Morte ne laissent voir que la roche nue et des éboulis. Sur ce terrain, le paysan juif demeurait vaincu.

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 24 -

    Il le demeurait encore dans la vallée du Jourdain. Les villes ou les villages ne dépassèrent jamais les promontoires de rochers qui, de très haut, surplombent le fleuve. Ni lui, ni ses abords n'attirent la culture. Il fertilise à peine ses berges immédiates. C'est son orgueil et sa splendeur, disait la Bible : là foisonnent des tamaris, des roseaux, des papyrus, toute une flore tropicale, où émergent des peupliers. Mais que rapportent ces magnifiques et stériles bosquets ? Au-dessus, des terrasses de sable montent comme par étages et demeurent à jamais arides : le fleuve ne les arrose point, même au temps de ses plus hautes crues. Le Jourdain n'est donc pas, comme le Nil ou l'Euphrate, un de ces cours d'eau qui dérivent leur trop-plein sur les campagnes riveraines, suggèrent l'établissement de digues régulatrices et de canaux irrigateurs, fleurissent le désert, nourrissent le blé, développent les villes et les villages, condensent et enrichissent les populations. Si, dans la plaine de Jéricho, une splendide oasis arborescente, herbue et maraîchère entoure le Bas-Jourdain, ce sont des sources particulières qui alimentaient sa fécondité. En exception de ce territoire privilégié, les juifs ne s'établirent pas sur les rives du Jourdain. Phénomène peut-être unique dans l'histoire des fleuves, il demeurait insociable. On n'approchait de ses eaux que pour les franchir ou pour trouver la solitude. Elie se cacha dans ses fourrés, vers le torrent de Carith. De la Judée et de Jérusalem, les multitudes accoururent dans ses flots, au baptême de Jean. Mais leurs campements s'évanouirent quand le prophète disparut.'

    * * * *

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 25 -

    ANNEXE I

    LA CHARNIERE DE GENESE I / II Le texte de la Bible fut écrit avec l'écriture des hébreux, c'est à dire uniquement au moyen des 'consonnes' se succédant de manière ininterrompue en un texte continu. Pour des raisons pratiques, il y eut lieu d'introduire des repères permettant de situer facilement telle partie du texte : ces 'repères' sont ce que nous connaissons sous les noms de = chapitres et versets, mais ils ne font pas partie du texte d'origine. Ces 'repères' sont purement conventionnels et ne sont pas liés à l'Inspiration du texte. Dans le livre de la Genèse, au moment où le texte 'quitte' le premier chapitre après avoir dit ce qui se passa durant les six jours initiaux, il y a la curiosité des quatre lettre commençant les mots dont la traduction française donne :

    ... au-jour six furent-accomplis les-cieux et mon lecteur se rappellera comment j'ai franchi la traduction du mot 'h: ha-shamaïm = les cieux' pour aller vers 'les mouvements', lisant le passage initial de Genèse (I-1) :

    Au-commencement furent-créés les-mouvements et l'immobilité

    Pour justifier les quatre lettres nouvellement ordonnées dans ce texte pour manifester pour la première fois LE NOM, voici ce qui est dans toutes les Bibles d'Israël, depuis que ce texte est connu, toujours répété à l'identique, dessiné mêmement, recopié avec fidélité, car c'est la Vérité dite par l'Inspiration de ce texte.

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    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 26 -

    TEXTE DE GENESE I / II =

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 27 -

    ANNEXE II : FILS DE DAVID 1.- J'ai montré, par ailleurs, les liens étroits entre les textes de Saint Matthieu et de saint Marc et j'ai pu en conclure la filiation depuis le plus ancien (Mc) vers le plus récent (Mt). Je me limiterai donc, dans le présent texte, à dire comment Mt démontre que Jésus peut être ce Messie qui, selon les scribes (et selon l'Ecriture) doit obligatoirement être fils de David. 2.- Le texte de saint Matthieu commence par un titre : "Livre de l' engendrement de Jésus-Christ, fils de David, fils d'Abraham" (Mt I-1). Ainsi, Jésus est juif, descendant direct de David. La généalogie donnée aussitôt (Mt I-2 à 16) garantit la filiation très humaine depuis Abraham. J'ai volontairement écrit 'très humaine', car il y a quelques maillons de cette longue chaîne raccordés au moyen de diverses 'prostituées' : cela enlève tout caractère 'divin' à la filiation : ce sont parfois des rois ou des prêtres ou des gens de tous les trottoirs de la vie. Celui qui arrive en fin de liste est un nommé "Jésus, qui est dit Christ" (Mt I-16). 3.- Afin que le lecteur retienne : "donc toutes les générations d'Abraham à David = quatorze générations et de David jusqu'à la déportation de Babylone = quatorze générations, et de la déportation de Babylone jusqu'au Christ = quatorze générations." (Mt I-17). L'auteur montre qu'il n'ignore rien des réflexions juives transmises à l'aide des nombres. Mais il ne donne pas la signification de ce trois fois quatorze, car ce n'est pas un nombre sacré venant de l' A.T. Donc à temps nouveaux, nouvel homme par ce nouveau juif. 4.- Le long passage introductif démontre que ce "Jésus, qui est dit Christ" est - d'abord - un homme. Il est fils de Joseph (sept emplois), l'homme de Marie (trois emplois), venant à Beth-Lehem (= en hébreu, c'est la maison du pain, un nom chargé de prédestination = cinq emplois). Il est lié à l'histoire de l'Egypte (quatre emplois), car il faut qu'il aille en Egypte afin que le lecteur se souvienne de l'histoire de Joseph (= l'autre...) en Egypte(7).

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 28 -

    5.- Les deux chapitres initiaux du texte de saint Matthieu font référence à des textes de l' A.T. : Isaïe en Mt (I-23) Isaïe en Mt (I-23) encore Michée en Mt (II-6) Samuel en Mt (II-6) encore Osée en Mt (II-15) Jérémie en Mt (II-18). Ce sont là des citations explicites faites par l'auteur et présentées de façon à ce que tout lecteur en prenne acte. Moi, j'ai simplement noté que ce sont là des textes humains écrits par des prophètes, mais je n'ai noté aucun texte issu de la Tora, le livre de Moïse directe-ment dicté par Dieu. Ainsi, en Saint Matthieu, Jésus vient en référence à des textes humains de l' A.T., alors que je m'étais habitué, en Saint Marc, à entendre parler le Messie par les mêmes paroles dites par lui à Moïse, afin qu'elles soient gravées dans la pierre. 6.- Ce sont là quelques idées, 'jetées' (= offertes) au lecteur comme points de départ pour diverses réflexions sur l'écriture de ces deux textes.

    "Que le lecteur réalise !" (Mc XIII-14).

    * * * *

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 29 -

    Note 1 : la culture juive = page : I-1 Sa fréquentation du peuple des juifs, ce qu'il voit et entend venant des juifs. Note 2 : la colombe revint = page : I-6 Dans le texte de Saint Marc, on trouve le mot 'g: peristeras = colombe' au seul verset (I-10), au moment du baptême de Jésus. Ce mot se rencontre sous une forme identique en Genèse : Gen. VIII- 8 = apesteilen ten peristeran : Noé la lâcha Gen. VIII- 9 = - e peristera : - Gen. VIII 10 = ex-apesteilen ten peristeran : Noé la re-lâcha Gen. VIII-11 = - e peristera : - Gen. VIII-12 = ex-apesteilen ten peristeran : Noé la re-lâcha... ..."mais elle (= la colombe) ne revint plus vers lui". Note 3 : la charnière = page : I-12 Voir ci-dessus l'annexe I. Note 4 : la vie intimement au-milieu d'eux = page : I-16 Aux vêpres, en la fête de la Dédicace de l'église, nous chantions ensemble : "Le Temple de Dieu, c'est vous. Quand deux ou trois sont réunis en mon Nom, je suis au-milieu d'eux" (puis ensuite le Psaume CX). "Laissons éclater notre joie : Dieu est au-milieu de nous" (puis le Psaume CXLVII). Note 5 : Fils de David = page : I-23 Voir ci-dessus l'annexe II. Note 6 : un voyage = page : I-23 Voir : R.P.Schwalm : La vie privée du peuple juif - 1910. Ce livre décrit avec précision la relation entre Israël et sa terre, telle il la reçut, avec son climat, son sol, son relief.

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 30 -

    Note 7 : en Egypte = page : I-27 Afin que le lecteur se souvienne, voici un tableau donnant le nombre d'emplois en Mt et en Mc des noms propres évoqués ci-dessus : en Mt en Mc (ch. I et II) (totalité) Joseph 7 0 Marie 3 1 Beth-Lehem 5 0 Egypte 4 0

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    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 31 -

    (I-2 et 3)

    CHEMIN (et) SENTIERS Selon(-ce-)qui est-écrit Apprêtez ! Pluriel et singulier Les malédictions Les sentiers

    _______________ SELON(-CE-)QUI EST-ECRIT Longtemps après avoir écrit le chapitre qui précède, je me suis senti obligé de revenir sur le début du texte. Deux temps y sont utilisés : "il est écrit" : le passé, car quelqu'un a écrit, se projetant dans l'actuel présent (l'Ecriture demeure toujours aussi présente). "Isaïe le prophète" : le futur car quelqu'un pose-devant ce qui est sa parole, c. à d. sa pensée, sa réflexion, sa méditation et sa foi. Lorsque l'esprit d'un homme est dans la vérité(1), il est aussi de tous les temps, c. à d. encore l'actuel présent. La parole du prophète est toujours disponible pour l'homme de chaque temps. Alors j'ai relu avec attention la citation introductive au Message Divin, mais je l'ai re-gardée avec tout mon acquis des nombreuses heures de méditation sur l'ensemble du texte et j'ai découvert deux chemins nouveaux que j'offre à mon lecteur.

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 32 -

    APPRETEZ ! Le mot 'g: hetoimazô = apprêter' n'est pas d'un usage très courant. Or, le texte de saint Marc s'est révélé comme (aimant) jouer avec les mots. Lorsqu'il ose présenter un verbe avec une négation (exemple : 'ne pas dire'), je sais que physiquement le verbe ainsi nié (ici : le verbe 'dire') va disparaître du texte pour un certain temps. Comme il faudra, par nécessité, l'utiliser à nouveau plus tard, le texte s'arrangera toujours pour que ce soit Jésus (= le Messie = Dieu) qui en décide lui-même par une nouvelle 'Création' (pour reprendre l'exemple, on aura alors : "Et Jésus dit..."). Il y a ainsi un souffle du texte, physique et très concret, comme d'une brise légère : Présence de l'Eternel se promenant sur les lèvres des phrases. Le mot apprêter n'est pas d'un usage courant. Il me faut avoir une grande attention pour pouvoir entendre côte à côte : "j'envoie (I-2)... apprêtez (I-3). Accomplissant le moment en me projetant dans la deuxième partie du texte de Saint Marc, en un temps qui est "premier jour des Azymes" (XIV-12), voici que je trouve : "Et il envoie deux de ses disciples" (XIV-13). Puis il leur dit : "Apprêtez pour nous..." (XIV-15). PLURIEL ET SINGULIER A Jérusalem je vis un temps nouveau d'une chambre qui est "prête" (XIV-15) et qu'il faut 'apprêter' (XIV-15) Or le temps est présenté comme une dualité car la séquence se passe "au premier jour des Azymes" = un pluriel "lorsqu'on immolait la Pâque" = un singulier. Je suis trop habitué à ce texte qui conserve toujours la parfaite maîtrise de ses signes (= les mots) pour ne pas être alerté. Comme la dualité 'envoyer... apprêter', ayant servi pour préparer la chambre, semble provenir de la citation d'Isaïe le prophète (I-2 et 3), je suis poussé à y prêter attention sur la dualité entre le pluriel et le singulier. Aussitôt se manifeste l'ensemble des deux expressions :

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 33 -

    ton chemin = le chemin de toi = ton odon sou ses sentiers = les sentiers de lui = tas tribous autou, c. à d. :

    ton chemin = le singulier ses sentiers = le pluriel .

    J'ai arrêté la main qui écrit et j'ai laissé un long espace à la prière, à l'écoute du silence. Le chemin... les sentiers... "Il y a deux voies : l'une de la vie et l'autre de la mort. Mais la différence est grande entre les deux voies." (Didachè des douze apôtres, doctrine du Seigneur pour les nations, par les douze apôtres : 1,1), car ce sont les premiers mots de la première phrase de ce qui est le premier livre liturgique des judéo-chrétiens. J'ai vu, dans mon rêve, le Seigneur venir en majesté sur "le chemin" (Mc I-3) : "Voici donc la voie de la vie : Tu aimeras d'abord Dieu qui t'a créé, puis ton prochain comme toi-même et tout ce que tu ne veux pas qu'il te soit fait, toi non plus ne le fais pas à autrui." (Didachè 1,2) J'écrivais ci-dessus que, peut-être, il y a là 'le premier commentaire'. Ce texte donne la loi d'amour telle le Messie l'avait redite, au Temple, face à un scribe : "Et tu aimeras Seigneur ton Dieu... (et) tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Mc XII-30 et 31). Le Messie avait ajouté une prescription négative : "Il n'est pas d'autre commandement plus grand que ceux-ci" (XII-31). Dans le texte de la Didachè, il y a également un commandement négatif : "Tout ce que tu ne veux pas... toi non plus ne le fais pas...". Lecteur ! Il faut que tu te rappelles comment, pour les juifs, la Loi comporte deux sortes de commandements : les uns sont des ordres de faire et les autres sont des interdictions. Ou encore : commandements positifs et commandements négatifs. Comme pour toute loi, il y a un code d'application et les rabbins avaient tarifé les diverses infractions. C'est ainsi qu'une transgression d'un commandement négatif était beaucoup plus grave, car lorsqu'il s'agit de faire, on peut (oublier) de faire; mais celui qui volontairement fait ce qu'il ne faut pas faire montre sa volonté de transgresser la loi.

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 34 -

    Lecteur ! Tu te rappelleras comment, dans l'évangile de Saint Marc, cette remarque prend une importance considérable lorsque, à Jérusalem, après la Résurrection de Jésus, les Onze "n'eurent-pas-foi" (en Marie-Madeleine) : ce n'est qu'une simple erreur. Mais aussitôt après, les Onze "eurent-foi (que) non" et Jésus "insulta leur non-foi... parce qu'ils avaient-eu-foi (que) non" (XVI-14). Avoir-foi (que) non = proclamer sa non-foi, donc agir contre la loi d'amour. Ne- pas avoir-foi = ne pas prêter attention à un signe qui aurait dû alerter notre foi. Dans le premier cas, il y a volonté de transgresser la loi; dans le deuxième, c'est une simple faiblesse. Ainsi sont les juifs face à la Loi, dans le livre de Saint Marc, à Jérusalem. Et c'est pourquoi je pense le texte de la Didachè comme très proche (dans le temps) du texte de Saint Marc. Je l'ai lu comme un premier commentaire des judéo-chrétiens. LES MALEDICTIONS Le texte de la Didachè continue avec : "Voici l'enseignement de ces paroles : Bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour vos ennemis..." (Didachè : 1,3). Le lecteur se reportera au chapitre sur les 'Dix-huit bénédictions' et il ressentira en lui la cruelle vérité du texte ci-dessus, en un temps qui suit de très près la mort et la résurrection de Jésus le Messie. LES SENTIERS J'avais vu, dans mon rêve, le Seigneur s'en aller avec majesté sur "le chemin" (Mc I-3). J'ai eu peur de voir, comme une sorte de cauchemar, l'homme fréquenter abusivement "ses sentiers" (Mc I-3) : "Voici maintenant la voie de la mort : meurtres..." (Didachè : 5,1) J'ai cité ailleurs ce texte (voir lectio divina des versets VII-21 et 22). Les sentiers sont alors irréguliers, rugueux, informes, erratiques, comme il sied bien souvent aux sentiers des montagnes, évitant un rocher, contournant un buisson, longeant un précipice, semblant sans but précis, obligeant à une constante attention, car ils sont des terrains où la pierre aime heurter ton pied, allant jusqu'à cacher sous elle une vipère :

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 35 -

    ... "Faites plats ses sentiers !" a dit le prophète... et le verset suivant fait arriver Jean, celui-qui-baptise, afin qu'il proclame "un-baptême de-conversion pour un-pardon de-péchés" (I-4)...

    ... jeu nouveau du pluriel avec le singulier. Note 1 : la vérité = page : I-31 Le mot 'h: emeth = vérité' est un des NOMS de l'Eternel. Un prophète n'est vrai que s'il est 'de tous les temps'. Il dit en formules de Sagesse la vision qu'il a reçue des choses au temps de son présent et ceux qui entendent aujourd'hui (= le présent) en vivront demain (= le temps futur) l'accomplissement. Ainsi 'l'écrit' (d'un prophète) est un acte du passé venu dans le présent, parce que 'le prophète' est un homme de tous les temps projeté vers le futur.

    * * * *

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 36 -

    (I-4)

    UN PARDON DE PECHES "Arriva Jean" Singulier et pluriel Une question

    _______________ "ARRIVA JEAN" Le récit est à peine à son commencement et voici l'événement qui est un mouvement dans l'espace : "Arriva Jean... dans le désert et en proclamant...". arriva = quelque chose de nouveau; par la volonté de (qui) ne peut être un homme; un acte fini et terminé : 'est arrivé'. Ainsi, avant que l'action commence, déjà quel-QUE(1) chose a été finie. Si incohérence il y avait avant l'arrivée du verbe egeneto, la voici dans une mouvance basculant l'éternité statique. dans le désert = un nom de lieu, un singulier qui n'est pas pulvérulence de 'les déserts', un endroit où le rien est le tout, puisqu'il n'y a nul relief, nulle vie, nul bruit donc nulle proclamation, ni voix. Dans le désert, il n'y a ni voie, ni vérité, ni vie et rien ne peut arriver de soi-même, hors la volonté du Créateur de ce désert; sinon le texte, précis dans chacun des détails, aurait dû écrire : arriva Jean dans ce qui avait été un désert. Puisque ceci n'est pas, c'est que le vrai sujet du verbe arriver n'est pas celui 'Jean', mais Celui par qui, jadis, auparavant, le désert arriva... à moins que 'Jean' ne soit "mon missionnaire que j'envoie" (I-2), ce qui le rend mandaté par 'Celui'.

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 37 -

    en proclamant = l'apparente brisure de la cohérence statique ayant régné jusqu'à ce moment de l'entrée du verbe arriver, elle est devenue rupture d'un silence qui est l'élément constitutif de tout désert. La Parole parle mais l'inattendu du mot dépasse tout 'dire' habituel et orne de solennité : "... un-baptême de-conversion pour un-pardon de-péchés = eis aphe-sin amartiôn" (I-4). SINGULIER ET PLURIEL aphesin = un pardon amartiôn = de péchés (il n'y a pas 'de les = des' péchés, car il n'y a pas l'article défini). aphesin amartiôn =

    singulier puis pluriel J'ai regardé aux quelques phrases écrites auparavant, depuis le commencement avec le mot arche, et je n'ai vu qu'une seule fois l'emploi du pluriel, mais je suis obligé d'admirer, car il y a : dans le désert en te eremô le chemin du Seigneur ten odon Kuriou les sentiers de LUI tas tribous autou dans le désert + EIS en te eremô + VERS = EIS un pardon aphesin de péchés amartiôn UNE QUESTION Mon rabbin questionna : 'A quoi pouvons-nous reconnaître, de nos jours, quand un péché nous a été remis, puisque nous n'avons plus de prophètes ?' (Rabbi Bounam de Pjyzha, dans Martin Buber : Récits hassidiques - Plon 1963). Je lui dis : Tout péché est comme une pierre informe qu'un homme lancerait dans le désert : celle-ci blasphémerait la cohérence du sable fin (= sans forme, fluide, marqué d'aucune trace car coulant sur lui-même, sans bruit, intemporel, infini, sans ombre, uni, sans reflet...).

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 38 -

    Mon péché est rupture, brisure, cassure et ne peut m'être pardonné que par Dieu et (= 'et') le dire d'un autre homme, car j'ai offensé à la fois Dieu et ceux qu'il fit "à l'image de Dieu". Ce pardon, je l'acquiers par la cassure, la brisure, la rupture de l'incohérence introduite en moi et je dois me retourner (= convertir) : par une humilité offerte; je dois bannir l'orgueil, cause de mon péché. Or l'orgueil est silence : je dois dire ma faute pour casser, briser, rompre mon silence d'orgueil. Il est un signe nouveau de mon retournement (= ma conversion) qui est conséquence (donc MA preuve ?) du pardon de péché : "C'est le fait qu'on ne le commet plus :". Sur la voie (= le chemin) de la vie, lorsqu'il y a la pierre que mon pied a heurtée, si l'ange de ma vie me force à prêter attention afin que mon pied ne heurte plus la pierre, alors je sais que je ne suis plus seul et que je puis oser suivre tous les sentiers de lui, car sur chaque sentier il passe et repasse, il a apprêté le chemin et fait plats les sentiers, singulier et pluriel pour moi, l'indigne, qui suis toujours à semer de péchés puis vouloir UN pardon : pluriel et singulier. Avec l'article défini quand il s'agit de Dieu : LE chemin, LES sentiers; et un flou anonyme de l'indéfini, quand il s'agit de moi : UN pardon DE péchés. Dieu s'offre à tous les hommes : c'est le UN du chemin (que) VERS son DEVENIR en forme de LES sentiers : le singulier s'élargit en pluriel pour toutes les nations, et durant tous les temps. L'homme, par ses péchés, est tombé dans la pulvérulence des pluriels et "UN pardon DE péchés" = singulier puis pluriel ne peut être acquis que par UNE conversion (= un retournement) qui, inversant le sens, ramène l'homme dans les mouvements de Dieu : singulier puis Pluriel ( UN chemin, DES sentiers). C'est pourquoi, dans la Genèse, il y a ce même ordre des genres : Au commencement créa Dieu(x) les mouvements (= les cieux : le pluriel) et l'immobilité (= la terre : le singulier), car Dieu(x) va créer l'homme (Genèse I-26).

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    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 39 -

    Note 1 : QUE = Cfr :

    Je Me ferai devenir pour toi

    Q U E

    Je Me ferai devenir pour toi

    (Exode III-14)

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    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 40 -

    (I-16 à 20)

    " L ' APPEL " Venez derrière moi

    _______________ VENEZ DERRIERE MOI Les mouvements = Jésus chemine le long de la mer de Galilée et il s'avance peu à peu. Des hommes sont là, les uns dans la barque jetant° (les filets), des autres aussi dans la barque arrangeant les filets. Tous travaillent. Le voir = Le verbe 'g: horaô = voir' a déjà été employé une fois lorsque Jésus monta hors de l'eau : "Il vit les cieux se déchirer" (I-10). Voici, coup sur coup, deux emplois nouveaux : "Il vit Simon et André" (I-16) et : "Il vit Jacques... et Jean" (I-19). Aussitôt, je puis écrire = à trois : l'aboutissement arrive avec Jacques et Jean, puisque cela fait en tout une plénitude (= quatre) d'hommes et qu'il n'y a pas d'autre appelé avant un certain temps. Les trois premiers emplois du verbe 'voir' ont pour sujet Jésus et c'est pour cela que la règle de trois fonctionne ainsi : le triple 'voir' du Messie aboutit à l'humanité, car l'humanité est la plénitude (= le couple de couples) des hommes. L'entendre = Par symétrie de pensée, je me suis demandé à quel moment et comment l'entendre arrive dans le texte. II-1 à (la) maison° à Capharnaüm "il fut-entendu" II-17 dans sa maison - Jésus "ayant-entendu" (des scribes) III-8 près de la mer (en Galilée) une multitude nombreuse a entendu

    Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

  • SEQUENCES Mc I - 41 -

    Ainsi se montre l'écart entre voir et entendre. Dieu 'fait attention' à ce que font les hommes et il voit. L'entendre fonctionne autrement, presque comme un bruit, une rumeur qui doucement s'infiltre nimbée d'une sorte d'anonymat : il fut entendu que Jésus était à (la) maison° / Jésus a entendu comme un murmure des scribes / la multitude a entendu dire tout, "autant-qu'il faisait". Lorsque Moïse montre au peuple les tables de la Loi, celui-ci donne son adhésion en criant : Nous le ferons et nous l'écouterons. Le faire vient avant l'entendre. En Saint Marc, Dieu regarde ce qu'ils font et c'est le verbe voir, trois fois pour le Messie. Et personne n'entend. Le temps =

    En cheminant... il vit... jetant... et dit... Venez° Et laissant... ils le suivirent.

    Et avançant... il vit... arrangeant... et appela... Et laissant... ils s'éloignèrent.

    Ainsi présentée, l'action semble se reproduire à l'identique, sauf un vide lors du deuxième appel : à Jacques et à Jean, Jésus ne dit rien. "Venez°" est un verbe d'alliance : venez derrière moi et je vous donnerai. Ce sont des paroles contractuelles. Telles furent les paroles d'alliance dites par YHVH à chaque renouvellement de la promesse d'aide. Or, voici, il y a une différence par rapport aux paroles d'alliance de l' A.T. Jadis, chaque fois, le récit recommençait à dire l'histoire