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Traduire aux confins du lexique : les nouveaux terrains de la terminologie

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Cahiers de Linguistique Revue de sociolinguistique et de sociologie de la langue française

Cahiers de LinguistiqueRevue de sociolinguistique et de sociologie de la langue française

Les Cahiers de Linguistique, qui poursuivent le travail éditorial entrepris depuis 1972 par les Cahiers de l’Institut de Linguistique de Louvain, sont désormais plus spécifiquement consacrés à l’étude des rapports entre une langue dans sa variation – le français – et la société ou, plutôt, les sociétés où elle est employée, dans des contextes toujours plurilin-gues. Des comparaisons avec d’autres situations enrichissent les perspectives. Les Cahiers de Linguistique paraissent à raison de deux fascicules par an d’environ 200 pages chacun. La rédaction privilégie les numéros thématiques.

Rédacteur en Chef :

Philippe Blanchet (Rennes)

Comité de Concertation :

Safia Asselah-Rahal (Alger), Thierry Bulot (Rennes), Stéphanie Clerc (Aix-Marseille), Moussa Daff (Dakar), Anne-Rosine Delbart (Bruxelles), Christian Delcourt (Liège), Alain Di Meglio (Corte), Joaquim Dolz (Genève), Jules Duchastel (Montréal), Alexandre Duchêne (Fribourg), Michel Francard (Louvain), Françoise Gadet (Paris), Jean René Klein (Louvain), Estela Klett (Buenos Aires), Jean-Marie Klinkenberg (Liège), Patricia Lamarre (Montréal), Marielle Rispail (Saint-Etienne), Pierre Swiggers (Leuven), Rada Tirvassen (Maurice).

Correspondance et propositions d’articles ou de thématiques :

Les articles, les propositions de thématiques, les ouvrages pour recension et la corres-pondance sont à adresser au Rédacteur en Chef, Philippe Blanchet. Prière de demander la feuille de style et les conditions de publication. Les offres et les exemplaires d’échanges sont à adresser au Rédacteur en Chef, Philippe Blanchet ([email protected])

Abonnements et commandes :

Prix de l’abonnement annuel : 50.00 €. (cf. également en troisième de couverture les condi-tions spéciales pour un abonnement au bouquet de revues de linguistique française), frais de port et d’emballage en sus, à adresser à :

E.M.E. & InterCommunications S.P.R.L.40, rue de HanretBE - 5380 Cortil-WodonTél. : 00[32]81.83 42 63 et 00[32]473.93 46 57Fax : 00[32]81.83 52 63Courriel : [email protected] : www.intercommunications.be

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TRADUIRE AUX CONFINS DU LEXIQUE : LES NOUVEAUX TERRAINS

DE LA TERMINOLOGIE

Numéro coordonné par Marc Van Campenhoudt, Nathalie Lemaire et Rita Temmerman

E M E

Table des matières

Introduction .................................................................................................7 Marc Van Campenhoudt, Nathalie Lemaire, Rita Temmerman

« Fiction pulpeuse » : retour sur la traduction multilingue des noms propres ......................... 11 Thierry Grass

La terminologie vue du côté de l’organisation et de ses besoins ............35 Dardo de Vecchi

Prolexbase A Multilingual Relational Database of Proper Names ........49 Denis Maurel, Malgorzata Baron, Béatrice Bouchou-Markhoff, Duško Vitas

Abréviations juridiques et traduction .....................................................73 Kira Peshkov

Hybridation et traduction : deux inconciliables ? Le cas du nom de marque déposée .........................................................95 Gérard Petit

Creation and use of multilingual named entity variant dictionaries .................................................................................. 113 Ralf Steinberger, Guillaume Jacquet, Leonida Della Rocca

How does molecular biology terminology develop in English and French ? ...........................................................................133 Rita Temmerman

Points de vue sur les noms déposés ........................................................159 Jean-Louis Vaxelaire

The many variants of abbreviated forms : Abbreviated forms used in German legal and administrative university language and their variation within and across legal systems .............177 Tanja Wissik, Elena Chiocchetti

Cahiers de LinguistiqueRevue de sociolinguistique et de sociologie de la langue française

Introduction

Marc Van Campenhoudt et Nathalie LemaireCentre de recherche en linguistique appliquée Termisti,

Institut supérieur de traducteurs et interprètes, BruxellesRita Temmerman

Centrum voor Vaktaal en Communicatie Vrije Universiteit Brussel

Le vendredi 31 mai 2013 s’est tenu le 6e séminaire de terminolo-gie de Bruxelles, coorganisé par l’Institut supérieur de traducteurs et interprètes et la Vrije Universiteit Brussel. Il était consacré au traite-ment en terminologie multilingue des unités lexicales que l’on hésite souvent à intégrer dans les dictionnaires spécialisés : noms d’orga-nismes, noms de marques, noms de produits, raisons sociales, sigles, acronymes, toponymes, anthroponymes, phénomènes naturels, molé-cules, spécialités culinaires, produits du terroir, hapax, etc. Ce volume des Cahiers de linguistique présente une sélection de textes issus des communications présentées.

L’usager qualifiera intuitivement de « mots » nombre d’unités du lexique que, de tradition, le lexicographe est réticent à faire figurer dans les dictionnaires de la langue générale, avec l’appui du lexico-logue prompt à justifier ce choix sous un angle théorique. Agissant de la sorte, tous deux n’adoptent-ils pas avant tout une posture essentielle-ment didactique, héritée tout à la fois de la tradition grammaticale et du discours métalexicographique distinguant « dictionnaire de choses » et « dictionnaire de mots » ? Lorsqu’ils évoquent le finis terrae, les bons manuels de lexicologie envisagent – rapidement – la question du nom propre, la variation dans le discours et les termes techniques, parfois bien rapidement rattachés à des « technolectes » distincts de la langue générale.

De tradition encore, l’étude des lexiques spécialisés a souvent été considérée comme relevant d’une linguistique appliquée au monde de la traduction. Ce n’est donc pas un hasard si les textes ici réunis envisagent

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des unités lexicales dans un contexte multilingue ou transfrontalier et relevant de sphères d’activité particulières.

S’agissant de les resituer dans les perspectives de cette revue, nous serions tentés d’adopter le point de vue d’une sociolinguistique qui s’intéresse au discours savant sur le lexique. Serait-il un discours de ségrégation, sinon de relégation ? Ainsi, les toponymes et anthro-ponymes sont souvent exclus du champ d’études, car ils ne posséde-raient pas de signifié et seulement une référence unique. L’examen des dictionnaires montre que cette position se révèle rapidement intenable dès lors qu’ils intègrent des antonomases (un venturi [fr], een jan-van-gent [nl] ou, inversement, The Pentagon [en], der Reich der aufgen-henden Sonne [de]), des dérivés de noms propres (a nobelist [en], onu-sien [fr], zapatista [es], kafkaësk [nl]), des noms de vents orthographiés avec ou sans majuscule selon les normes typographiques de la langue concernée (l’alizé [fr], der Zephyr [de], el mistral [es], de sirocco [nl]) ou encore des syntagmes incluant un nom propre (el número de Avoga-dro [es], la loi de Bernoulli [fr]). Par ailleurs, le nom propre n’est pas nécessairement stable à l’intérieur d’une langue, voire d’une langue à l’autre (Brandt’s syndrome = Danbolt-Closs syndrome = enteropathic acrodermatitis [en] se traduit uniquement par acrodermatite entéro-pathique [fr]).

En traductologie, l’argument de l’intraduisibilité des noms propres a fait long feu et l’ingénierie linguistique ne peut faire l’économie d’une description détaillée de leur usage dans la langue. Ils sont intégrés dans les classes d’objets et la sémantique a reconnu la possibilité d’établir des liens de sens entre des unités qui en sont censément dépourvues. Ainsi en va-t-il de la relation méronymique particulière qui peut lier Alioth et Grote Beer [nl] ou de la relation hyponymique entre Leclerc et char de combat [fr] ou entre Saturn et Planet [de]…

Les désignations d’une marque ou d’un produit, d’une institution, d’un phénomène météorologique ou encore des molécules sont très fréquemment assimilées au nom propre en tant que catégorie de relé-gation. Au-delà des problématiques liées à l’onomastique, leur plus ou moins grande spécialisation les voue de toute manière à échapper au dictionnaire de la langue générale. Pourtant, les mondes de l’entreprise, du droit ou encore de la science peuvent créer nombre de réalités nou-velles dont les désignations relèvent de l’étude linguistique et traduc-tologique : Velaro® désigne, quelle que soit la langue, un type de TGV développé par Siemens, alors que Xyzal®, Xazal™, Xozal™, Xusal™, Xuzal™, Xyzall™ sont autant de noms commerciaux de la lévocétirizine développée par UCB Pharma ; la loi Hadopi 2 est un concept du droit français ; le courant marin El Niño a donné son nom à un phénomène climatique qui semble désigné partout sous sa désignation espagnole.

Chargés de transmettre un contenu d’une langue à l’autre, ni le traducteur, ni l’interprète, ni même l’ingénieur de la langue ne peuvent se satisfaire des préventions du lexicographe « de papier ». Face à un terme non répertorié, voire jugé non répertoriable, ils doivent tout à

Introduction 5

la fois en maîtriser l’équivalence – donc le sens –, la prononciation, le genre, le pluriel, les synonymes (y compris les formes brachygra-phiques), les antonymes, les dérivations possibles, savoir si un déter-minant doit être utilisé ou encore déjouer les pièges de l’homonymie. L’enseignant de langue travaillant sur objectif spécifique ne peut pas davantage exclure toutes ces expressions, s’agissant de répondre aux besoins d’un apprenant spécialiste d’un domaine.

Pour construire des bases de données qui répondent à ces besoins, les terminographes doivent-ils pour autant s’affranchir de la pratique lexicographique ? Dans la tradition de l’École de Vienne et des normes ISO, l’approche conceptuelle permet de donner le statut de terme à bien des formes de désignation, de même qu’elle permet d’identifier des concepts uniques. D’un point de vue terminologique, l’intégration de lexèmes « marginaux » suscite néanmoins diverses interrogations. La fiche terminologique classique est-elle adaptée à leur description complète ? Faut-il les isoler dans une base séparée ? Une typologie des termes concernés permet-elle de déterminer des critères d’intégration et ceux-ci sont-ils indépendants des langues ? Jusqu’à quel point les désidératas du mandataire – gouvernement, institution ou personne privée – ou la diversité de l’usage peuvent-ils être pris en compte sans engendrer bruit et désordre ? À cet égard, les perceptions sociolinguis-tiques des locuteurs – qu’ils soient donneurs d’ordre, terminologues, traducteurs ou lecteurs finaux – à l’égard des termes concernés méritent d’être considérées.

Ce numéro des Cahiers de linguistique ne pouvait prétendre épui-ser l’ensemble des questions évoquées dans l’appel à communications. Il reste que chacun des textes – rassemblés ici tout simplement dans l’ordre alphabétique des contributeurs – se situe bien au cœur de la problématique.

Le souci de prendre en compte l’utilisation des lexies en discours transparaît partout. Qu’il s’agisse du monde de l’entreprise (Dardo de Vecchi), de la gestion universitaire (Wissik & Chiocchetti), des tribu-naux (Kira Peshkov), de la presse (Ralph Steinberger et al.), du mar-keting (Gérard Petit ou Jean-Louis-Vaxelaire) ou encore des sciences du vivant (Rita Temmerman). Se trouvent ainsi posées d’emblée, les questions de la diversité, de l’évolution, du sens, de l’efficacité pragma-tique, de l’aménagement linguistique et de l’identification automatique. La problématique du statut du nom propre se retrouve, bien entendu, au cœur des préoccupations. Chargé de la conférence inaugurale lors du séminaire initial, Thierry Grass dresse une synthèse détaillée de l’état de la réflexion sur la nature du nom propre autant que sur ses catégori-sations, sa morphologie, sa traduction et sa description lexicographique. Ce dernier point est plus particulièrement approfondi dans la descrip-tion de la base de données ProlexBase par Denis Maurel et ses collè-gues des universités de Tours et de Belgrade. Au-delà des questions de modélisation et d’échange de données, ces auteurs soulignent la néces-sité d’un tel dictionnaire informatique dans notre monde d’échanges

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des unités lexicales dans un contexte multilingue ou transfrontalier et relevant de sphères d’activité particulières.

S’agissant de les resituer dans les perspectives de cette revue, nous serions tentés d’adopter le point de vue d’une sociolinguistique qui s’intéresse au discours savant sur le lexique. Serait-il un discours de ségrégation, sinon de relégation ? Ainsi, les toponymes et anthro-ponymes sont souvent exclus du champ d’études, car ils ne posséde-raient pas de signifié et seulement une référence unique. L’examen des dictionnaires montre que cette position se révèle rapidement intenable dès lors qu’ils intègrent des antonomases (un venturi [fr], een jan-van-gent [nl] ou, inversement, The Pentagon [en], der Reich der aufgen-henden Sonne [de]), des dérivés de noms propres (a nobelist [en], onu-sien [fr], zapatista [es], kafkaësk [nl]), des noms de vents orthographiés avec ou sans majuscule selon les normes typographiques de la langue concernée (l’alizé [fr], der Zephyr [de], el mistral [es], de sirocco [nl]) ou encore des syntagmes incluant un nom propre (el número de Avoga-dro [es], la loi de Bernoulli [fr]). Par ailleurs, le nom propre n’est pas nécessairement stable à l’intérieur d’une langue, voire d’une langue à l’autre (Brandt’s syndrome = Danbolt-Closs syndrome = enteropathic acrodermatitis [en] se traduit uniquement par acrodermatite entéro-pathique [fr]).

En traductologie, l’argument de l’intraduisibilité des noms propres a fait long feu et l’ingénierie linguistique ne peut faire l’économie d’une description détaillée de leur usage dans la langue. Ils sont intégrés dans les classes d’objets et la sémantique a reconnu la possibilité d’établir des liens de sens entre des unités qui en sont censément dépourvues. Ainsi en va-t-il de la relation méronymique particulière qui peut lier Alioth et Grote Beer [nl] ou de la relation hyponymique entre Leclerc et char de combat [fr] ou entre Saturn et Planet [de]…

Les désignations d’une marque ou d’un produit, d’une institution, d’un phénomène météorologique ou encore des molécules sont très fréquemment assimilées au nom propre en tant que catégorie de relé-gation. Au-delà des problématiques liées à l’onomastique, leur plus ou moins grande spécialisation les voue de toute manière à échapper au dictionnaire de la langue générale. Pourtant, les mondes de l’entreprise, du droit ou encore de la science peuvent créer nombre de réalités nou-velles dont les désignations relèvent de l’étude linguistique et traduc-tologique : Velaro® désigne, quelle que soit la langue, un type de TGV développé par Siemens, alors que Xyzal®, Xazal™, Xozal™, Xusal™, Xuzal™, Xyzall™ sont autant de noms commerciaux de la lévocétirizine développée par UCB Pharma ; la loi Hadopi 2 est un concept du droit français ; le courant marin El Niño a donné son nom à un phénomène climatique qui semble désigné partout sous sa désignation espagnole.

Chargés de transmettre un contenu d’une langue à l’autre, ni le traducteur, ni l’interprète, ni même l’ingénieur de la langue ne peuvent se satisfaire des préventions du lexicographe « de papier ». Face à un terme non répertorié, voire jugé non répertoriable, ils doivent tout à

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la fois en maîtriser l’équivalence – donc le sens –, la prononciation, le genre, le pluriel, les synonymes (y compris les formes brachygra-phiques), les antonymes, les dérivations possibles, savoir si un déter-minant doit être utilisé ou encore déjouer les pièges de l’homonymie. L’enseignant de langue travaillant sur objectif spécifique ne peut pas davantage exclure toutes ces expressions, s’agissant de répondre aux besoins d’un apprenant spécialiste d’un domaine.

Pour construire des bases de données qui répondent à ces besoins, les terminographes doivent-ils pour autant s’affranchir de la pratique lexicographique ? Dans la tradition de l’École de Vienne et des normes ISO, l’approche conceptuelle permet de donner le statut de terme à bien des formes de désignation, de même qu’elle permet d’identifier des concepts uniques. D’un point de vue terminologique, l’intégration de lexèmes « marginaux » suscite néanmoins diverses interrogations. La fiche terminologique classique est-elle adaptée à leur description complète ? Faut-il les isoler dans une base séparée ? Une typologie des termes concernés permet-elle de déterminer des critères d’intégration et ceux-ci sont-ils indépendants des langues ? Jusqu’à quel point les désidératas du mandataire – gouvernement, institution ou personne privée – ou la diversité de l’usage peuvent-ils être pris en compte sans engendrer bruit et désordre ? À cet égard, les perceptions sociolinguis-tiques des locuteurs – qu’ils soient donneurs d’ordre, terminologues, traducteurs ou lecteurs finaux – à l’égard des termes concernés méritent d’être considérées.

Ce numéro des Cahiers de linguistique ne pouvait prétendre épui-ser l’ensemble des questions évoquées dans l’appel à communications. Il reste que chacun des textes – rassemblés ici tout simplement dans l’ordre alphabétique des contributeurs – se situe bien au cœur de la problématique.

Le souci de prendre en compte l’utilisation des lexies en discours transparaît partout. Qu’il s’agisse du monde de l’entreprise (Dardo de Vecchi), de la gestion universitaire (Wissik & Chiocchetti), des tribu-naux (Kira Peshkov), de la presse (Ralph Steinberger et al.), du mar-keting (Gérard Petit ou Jean-Louis-Vaxelaire) ou encore des sciences du vivant (Rita Temmerman). Se trouvent ainsi posées d’emblée, les questions de la diversité, de l’évolution, du sens, de l’efficacité pragma-tique, de l’aménagement linguistique et de l’identification automatique. La problématique du statut du nom propre se retrouve, bien entendu, au cœur des préoccupations. Chargé de la conférence inaugurale lors du séminaire initial, Thierry Grass dresse une synthèse détaillée de l’état de la réflexion sur la nature du nom propre autant que sur ses catégori-sations, sa morphologie, sa traduction et sa description lexicographique. Ce dernier point est plus particulièrement approfondi dans la descrip-tion de la base de données ProlexBase par Denis Maurel et ses collè-gues des universités de Tours et de Belgrade. Au-delà des questions de modélisation et d’échange de données, ces auteurs soulignent la néces-sité d’un tel dictionnaire informatique dans notre monde d’échanges

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électroniques multilingues. Le dictionnaire encyclopédique des noms propres, outre qu’il n’est que monolingue, ne saurait en aucun cas suf-fire pour consulter et dépouiller efficacement une information désormais diffusée en masse sur les réseaux informatiques. L’article de Steinber-ger, Jacquet et Della Rocca se situe dans une semblable perspective, abordant, en outre, la problématique de la diversité des langues et des graphies. La manière de dénommer varie en fonction des langues et des cultures : identifier correctement les articles qui traitent d’un même sujet suppose que les désignations des personnes, les lieux, des institutions, des événements ou encore des produits soient rassemblés, avec toutes leurs variantes, dans une base comme JRC-Names.

L’adéquation de la désignation à la référence est assurément un enjeu de communication majeur dans le monde de l’entreprise et plus particulièrement dans celui du commerce, contraint par des règles de dénomination. L’étude des noms de marques déposées, délicate, fait l’objet d’une intéressante disputatio entre Gérard Petit et Jean-Louis Vaxelaire, dont les points de vue se trouvent ici confrontés.

On voit émerger en trame de fond une problématique récurrente : nombre d’unités lexicales relevant d’une sémantique de la référence et qui sont bel et bien des « unités de compréhension » (Rita Temmerman) semblent exclues du dictionnaire de langue. La question de l’équiva-lence ne peut, bien entendu, pas faire abstraction de la référence, là où le dictionnaire classique dégage le signifié d’une analyse interne au sys-tème linguistique. Les enjeux de l’intercompréhension conduisent ainsi à replacer les besoins des usagers de la langue, locuteurs ou auditeurs, scripteurs ou lecteurs, au centre des préoccupations du dictionnairiste.

Cahiers de LinguistiqueRevue de sociolinguistique et de sociologie de la langue française

« Fiction pulpeuse » : retour sur la traduction multilingue

des noms propres

Thierry GrassUniversité de Strasbourg

Résumé

Pour un grand nombre de traducteurs, le nom propre ne se tra-duit pas véritablement, tout au plus sera-t-il adapté aux spécificités grapho-phoniques de la langue source. Cette contribution a pour but de montrer le contraire : il est certes nécessaire en traduction d’adapter le nom propre à la morphologie, à la syntaxe et à la phonétique de la langue d’arrivée, mais il s’agit aussi de refléter la diversité culturelle, ce qui se reflète notamment dans l’attitude d’une communauté linguis-tique par rapport aux noms propres en anglais. Après avoir abordé les questions du statut linguistique et de la catégorisation des noms propres, cette contribution se proposera d’illustrer les problèmes les plus mar-quants inhérents à la traduction des noms propres et proposera certaines pistes de manière à aboutir à un traitement homogène du nom propre en traduction.

Introduction

Dix ans après les travaux ayant mené à la réalisation de la base de données multilingue de noms propres Prolexbase1 sur le site du Centre

(1) http://www.cnrtl.fr/lexiques/prolex/

Un bouquet de revues de linguistique française

Plusieurs revues belges, spécialisées dans différentes approches de la langue française, se sont associées étroitement de manière à pouvoir fournir, deux fois par an, une livraison simultanément.

Rejoignez ce groupement de spécialistes qui étudient la langue française sous des angles divers. Contactez-nous, écrivez-nous, proposez-nous vos contributions ou des numéros thématiques.Revue de politique et d’aménagement linguistique du français.

Français et Société Revue de politique et d’aménagement linguistique du français.

Le Langage et l’Homme Revue de didactique du français

Cahiers de Linguistique Revue de sociolinguistique et de sociologie du français

Le discours et la langue. Revue de linguistique française et d’analyse du discours.

Français et SociétéRevue de politique et d’aménagement linguistique du français

Le Langage et l’HommeRevue de didactique du français

Cahiers de LinguistiqueRevue de sociolinguistique et de sociologie de la langue française

Le discours et la langueRevue de linguistique française et d’analyse du discours