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VINDIJA-industrija

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Paleolit

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L’industrie du site néandertaliende la grotte de Vindija (Croatie) :

une révision des matières premières lithiques

The industry from neandertalian siteof the cave Vindija (Croatia):

revision of the lithic raw materialsFrédéric Blasera,*, Drazen Kurtanjekb, Maja Paunovic´ c

aUMR 7055, Préhistoire et technologie, Paris X, MAE Nanterre, FrancebFaculté des sciences, département de géologie, institut de minéralogie et de pétrographie,

Horvatovac bb, HR 10 000 Zagreb, CroatiecAcadémie des sciences et des arts de Croatie, Institut de paléontologie et de géologie du

Quaternaire, A. Kovacˇica 5, HR 10 000 Zagreb, Croatie

Résumé

L’analyse de l’industrie non étudiée de la grotte Vindija (Croatie), provenant des niveaux duPaléolithique moyen, nécessite une révision des travaux précédents, notamment ceux sur lesmatières premières(Kurtanjek et Marci, 1990). Au terme de cette révision, plusieurs points sontsoulignés. Le premier est l’importance du quartz au Paléolithique moyen, sous estimé au profit dusilex. Il est aussi intéressant de noter que les deux ruptures majeures dans l’utilisation des matièrespremières se situent au début du Paléolithique supérieur et à l’Épigravettien. Pour le silex, enparticulier un changement clair intervient au Paléolithique supérieur. Des nodules crayeux de silexse substituent en grande partie aux galets de rivière traditionnellement utilisés au Paléolithiquemoyen. Ces nouvelles sources d’approvisionnement ne sont malheureusement pas localisées pourl’instant. © 2002 Editions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Abstract

The new analysis of the Middle Paleolithic industry from the cave Vindija (Croatia), showed anecessity of revision of the previous obtained data especially considering the use and origin of theraw materials(Kurtanjek and Marci, 1990). The results presented in this study pointed out some

* Auteur correspondant.Adresse e-mail :[email protected] (F. Blaser).

L’Anthropologie 106 (2002) 387−398www.elsevier.com/locate/anthro

© 2002 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.PII: S 0 0 0 3 - 5 5 2 1 ( 0 2 ) 0 1 1 1 8 - 4

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new aspects of interpretation. First, the significance of quartz in the Middle Paleolithic wasunderestimated. At the same time it is obvious that the major change in the use of the raw materialwas at the beginning of the Upper Paleolithic and of the Epigravettian, especially in the use ofchert. The second change is registered in the use of chert between Middle and Upper Paleolithic:the chalky nodules of chert are more frequent in the Upper Paleolithic then the river pebbles usedin the production of Middle Paleolithic artefacts. Still, the origin of this new raw material is at themoment unknown. © 2002 Editions scientifiques et médicales Elsevier SAS. All rights reserved.

Mots clés: Vindija; Croatie; Matières premières; Paléolithique moyen; Paléolithique supérieur

Keywords: Vindija; Croatia; Raw material; Middle Palaeolithic; Upper Palaeolithic

1. Introduction

La grotte de Vindija, connue par ses Néandertaliens, se situe au nord-ouest de laCroatie dans la région de la Zagorje, à 20 km de Varazdin. L’entrée de la grotte fut engrande partie fouillée à partir de 1928 et jusque dans les années 60 par Stjepan Vukovic.Des fouilles systématiques reprirent par la suite sous la direction de Mirko Malez, del’Académie des Sciences de Zagreb. Durant cette dernière période, presque l’ensembledu remplissage a été fouilléet a livré la totalitédes vestiges humains, ainsi que la majeurepartie des restes lithiques et fauniques.

Le remplissage de Vindija, épais de 16 m, se divise en 13 niveaux (A–M) sur la basede la paléontologie, de la sédimentologie et de l’ industrie (Malez et Rukavina, 1979). Ensupposant que les étapes du remplissage soient continuelles on observe la successionstratigraphique suivante : la base du remplissage (M, L) correspond au Riss, surmontépar des niveaux éemiens (K – les datations Uranium-Thorium ont donné un âged’environ 114 ka ans Wild et al., 1987–1988). L’ensemble suivant J-D est rapporté auWürm et les dépôts C-A à l’Holocène (Malez et Rukavina, 1979 ; Malez et al., 1984 ;Rukavina, 1983). Mais de nouvelles datations Uranium-Thorium (U-Th) effectuées surdifférents échantillons indiquent que l’on méconnaît l’espace temporel du remplissage etla valeur chronologique des discontinuités séparant les différents ensembles (Wild et al.,2001). Le niveau K possède un âge approximatif de 200 ka, tandis que les niveaux J etI, dateraient d’environ 171 ka et 90 ka (Fig. 1). Tout ceci indique une grande difficultépour corréler ces unités lithostratigraphiques avec les stades isotopiques de l’oxygène.Pour le moment seule la partie supérieure du remplissage, de G à D, peut raisonnable-ment être attribuée aux stades isotopiques 3 et 2.

En même temps, les études paléontologiques ont démontréque la faune du plus anciencomplexe (niveaux M, L, K) se distingue par ses caractéristiques de celle retrouvée dansles couches les plus récentes (Paunovic, 1988 ; Karavanic et al., 1998 ; Paunovic et al.,2001) : la disparition du Rhinocéros de Merck et l’apparition de la Marmotte, du Loupalpin et du Bouquetin dans la couche J, sont les meilleurs indicateurs du début de laglaciation. La faune des niveaux plus récents (I-D) est plus riche en diversité d’espèces.Les spectres de faune varient dans le temps par leur structure, reflétant ainsi desoscillations climatiques et des changements de l’environnement. Les restes humains(Malez et al., 1980 ; Karavanic et al., 1998) peuvent être divisés stratigraphiquement en

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Fig. 1. Coupe litho-stratigraphique et chronologique de la grotte de Vindija (d’après Wild et al., 2001).Fig. 1. Lithostratigraphical and chronological cross-section of Vindija cave (after Wild et al., 2001).

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trois groupes : le premier contient les restes de Néandertaliens en association avec duMoustérien tardif dans la couche G3, le second ceux de Néandertaliens de la couche G1,dont l’association avec une industrie du Paléolithique supérieur reste controversé du faitde la cryoturbation affectant ces couches (Malez et Rukavina, 1975). Enfin, le troisièmegroupe comprend les restes de l’homme moderne associés à une industrie gravettienne.

L’ industrie moustérienne des couches inférieures (M-G4) n’est publiée jusqu’à présentque partiellement (Gabori, 1976 ; Ivanovna, 1979 ; Karavanic, 1995 ; Malez, 1978 ;Montet-White, 1996). Le Moustérien tardif de la couche G3 se distingue des niveaux plusanciens par la présence caractéristique de types d’outils du Paléolithique supérieur, oùune production laminaire apparaît aux côtés d’une production d’éclats plus traditionnelle(Karavanic et Smith, 1998). Les dépôts würmiens les plus récents sont typo-logiquementattribués à l’Aurignacien (F) et à l’Epigravettien (E, D), alors que les dépôts holocènescontiennent de la céramique de l’Enéolithique, de l’âge du Bronze et des témoignages del’époque romaine.

Dans le cadre d’une thèse de doctorat, l’un de nous (F.B) a repris l’analyse du matériellithique des 7 complexes du Paléolithique moyen et c’est ainsi que nous avons découvertdans le dépôt à l’Académie des Sciences et des Arts de Zagreb d’autres caisses dematériel lithique non étudié. Celui-ci appartenait exclusivement au Paléolithique moyen.Du fait de ces nouvelles données certains résultats précédents sont apparus caducs etparticulièrement ceux concernant les matières premières (Kurtanjek et Marci, 1990).Dans une étude précédente, 2226 pièces appartenant à l’ensemble du remplissage ont étéanalysées, dont 1506 attribuées au Paléolithique moyen. Pour cette période, ce chiffres’élève désormais à 7239 unités, modifiant ainsi la part relative de chaque matièrepremière au profit du quartz et au détriment du silex (Tableau 1). Comme, parallèlement,est apparu dans les milieux archéologiques un regain d’ intérêt pour les sites comportantune industrie en quartz (Première table ronde sur l’exploitation du quartz au Paléolithi-que, 1997), il nous a parus intéressant de publier des résultats préliminaires de cetterévision.

La méthode adoptée précédemment a été reprise : une analyse macroscopique a étéentreprise en s’appuyant sur les acquis précédents (analyse microscopique de lamesminces par Kurtanjek et Marci, 1990, en référence aux importants travaux de A. Simunic,1992). Certaines lames minces supplémentaires ont été réalisées. Si cette procédure estdans son ensemble valable, il existe une marge d’erreur entre certaines matières trèsproches (tufs silicifiés et silex, quartz et quartzites).

Tableau 1Echantillons étudiésStudied samples

Roches Quantité Pourcentage

Kurtanjek et Marci, 1990 Blaser et al., 2001 Kurtanjek et Marci, 1990 Blaser et al., 2001Quartz 1112 5434 49,95 70,5Chert 703 837 31,6 10,9Tuf 295 982 13,25 12,7Grès 69 304 3,1 3,9Indéterminés 47 148 2,1 1,9Total 2226 7705 100 100

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Nous reprendrons brièvement les différentes catégories de matières premières précé-demment définies et leur possible origine. Par la suite, nous montrerons leur importancerelative au sein du Paléolithique moyen par comparaison avec le Paléolithique supérieur.Deux types de données ont été relevés, le nombre de pièces et leur poids.

2. Les matières premières et leur origine

2.1. Le quartz

Il existe de nombreuses variétés de quartz, plus ou moins homogènes dans leurstructure. Leur grain diffère passant de microscopique à l’aspect de gros sel. Il s’agitavant tout de quartz filonien (voir Mourre, 1997) issu de veines hydrothermales. Certainsquartzites et grès sont aussi présents en minorité, mais leur distinction systématique avecle quartz étant souvent problématique, nous les avons intégrés dans nos comparaisons parcomplexes avec les quartz. Cette décision a été encouragée par le fait qu’ ils ont souventeu les mêmes fonctions de percuteur, le quartz étant néanmoins privilégié pour laproduction d’éclats.

La petite rivière coulant en contrebas de la grotte est l’origine la plus probable de cesroches en position secondaire. Cependant, les galets de plus grandes dimensions n’ont puêtre charriés par ce ru et l’origine la plus probable est le bassin de la Drava (comm. oraleA. Simunic) situé àune dizaine de kilomètres au nord, nord-est du site.

2.2. Le tuf

Il s’agit de produits d’éruptions volcaniques plus ou moins silicifiés et de différentescouleurs. Une grande partie a subi une désilicification postdépositionelle faussant lesdonnées en poids. Dans l’étude précédente (Kurtanjek et Marci, 1990) quatre types de tufont été distingués :

• un tuf rougeâtre à jaunâtre caractérisé par une structure microcristalline et unetexture laminaire ou massive. Les grains xénomorphes des feldspaths, dont certainscorrespondent àde l’albite, sont englobés dans la pâte. Des agrégats fibreux d’oxydede fer donnent une teinte rouge à la roche. On trouve aussi quelques fragmentsgrossiers d’albite et de sanidine ainsi que de rares fragments de quartz ;

• un tuf vert à vert foncé : c’est le tuf le plus utilisé pour la production de supportd’outils. Sa texture est homogène et à grains très fins. Il s’agit de verre vitrifié etcristallisé. La base de la matrice vient d’une dévitrification du verre. Sa couleur estfaite d’agrégats fibreux de chlorite parfois orientés parallèlement. À côté de cettechlorite, on peut noter la présence de grains xénomorphes d’albite et de calcite. Letaux de fragments cristallisés (le plus souvent des feldspaths) et leur dimension sonttrès variables ;

• un tuf vert clair homogène vitro cristallin avec des cristaux de feldspath (albite ?)dont certains visibles à l’œil nu. Présence d’agrégats fibreux de chlorites crypto-cristallins et presque isotropes. Certains fragments très frais et plus grossiers deplagioclase sont aussi présents en quantités variables ;

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• un tuf rouge à structure grossière typique de l’ ignimbrite. La matrice a pour origineun processus de dévitrification avec une masse vitreuse changée en chlorite et enalbite, imprégnée d’hématite donnant une couleur rouge à la roche. Les fragmentsfins d’albite sont très rares.

Leur origine est probablement la même que celle des quartz, à savoir la petite rivièrecoulant en bas de la grotte.

2.3. Le chert

De la même manière, 3 types de silex ont été distingués :• des radiolarites issues de sédiments calcaires et composées en grande partie de

quartz microcristallins et de calcédoine se mêlant sporadiquement à des partiesd’opales complètement amorphes et isotropes. Des oxydes de fer donnent sa couleurrouge à la roche ;

• du silex rouge sans restes de carbonates à structures « pseudo-microquartzitique ».Il peut s’agir de restes de radiolarites qui ont subi une recristallisation ;

• un silex noir (« lidite »), issu lui aussi de radiolarites recristallisées et composé degrains de quartz micro- et cryptocristallins. De nombreuses substances organiquesdessinent des bandes de concentration irrégulières dans la roche.

C’est la seule roche absente du petit ru proche de la grotte. La source la plus procheserait la rivière Bednja et ses affluents, à une dizaine de kilomètres au sud de la grotte.

2.4. Autres

Dans cette catégorie ont été classées diverses roches volcaniques (ryolithe, basalte),des graywacks et des roches indéterminées.

3. Importance relative des matières premières

3.1. Paléolithique moyen/Paléolithique supérieur (Fig. 2)

Avec ces nouvelles données, il apparaît clairement que l’ importance du quartz et dugrès était sous-évaluée au profit du chert. On peut aussi remarquer que la part des quartzet des grès est bien plus importante au regard de leur poids ce qui s’explique parl’ important nombre de galets entiers ou fragmentés alors que le silex et le tuf sont plussous forme d’éclats.

La rupture avec le Paléolithique supérieur est encore plus flagrante.Si cette dissociation Paléolithique moyen/Paléolithique supérieur est commode pour

nos esprits, elle n’en reste pas moins artificielle et la situation apparaît plus complexelorsqu’on effectue un découpage par niveaux. Pour cette comparaison, le nombre desubdivisions effectuées par l’ inventeur du site est trop important pour discerner deschangements (voir annexes 1 et 2). Nous les avons intégrés au sein de complexes plusimportants (G, H, I, J, K, L et M) en écartant les pièces rapportées à deux complexes

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différents (223 pièces attribuées à «K/L », à «J-K1 » et à «G-H »). L’ensemble « I-J »a été lui conservé du fait de son importance quantitative (662 pièces pour 15,5 kg).

3.2. Les divers complexes

Les données (Fig. 3) pondérables montrent que la part du quartz est largementmajoritaire (entre 70 et 90 %). Par contre au niveau quantitatif, il existe des variationsimportantes, la part du quartz décroissant régulièrement à partir des couches inférieuresjusqu’à chuter autour de 50 % au complexe J puis remontant entre 70 et 80 % par la suite.La constance des données pondérales reflète l’usage des galets comme percuteur, alorsque les variations quantitatives reflètent celle de leur utilisation comme matrices àsupports. L’emploi du tuf est aussi constante (10 % en poids, 20 % en quantité), alors quecelui du silex et des « autres » roches varient conjointement.

La courbe de répartition des matières premières (Fig. 4) est la plus explicite. On yobserve que si la part du tuf et des autres roches est constante tout au long de notreséquence, celle du quartz et du silex varie nettement dans trois complexes : les complexesJ (Moustérien), F (début du Paléolithique supérieur) et D (Epigravettien). Le Paléolithi-que supérieur a donc subi deux ruptures d’aussi grande importance rendant caduque uneexplication de type biologique (extinction des Néandertaliens au profit des Homo sapienssapiens). Quant au Paléolithique moyen, d’ importantes variations apparaissent, notam-ment au complexe J (Würm I chez Malez et Rukavina, 1979 ; Rukavina, 1983), maisdans un ensemble néanmoins plus monotone.

Fig. 2. Pourcentages des roches utilisées au Paléolithique moyen et au Paléolithique supérieur.Fig. 2. Percentages of rocks utilised during Midde and Upper Palaeolithic.

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Fig. 3. Histogrammes de répartition des matières premières par complexe.Fig. 3. Distribution of raw materials/complex.

Fig. 4. Courbe de répartition des matières premières par niveau.Fig. 4. Raw material distribution curve by level.

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4. Conclusion

Au terme de cette révision, plusieurs points sont à souligner. Le premier estl’ importance du quartz au Paléolithique moyen, sous-évalué au profit du silex. Lasituation à Vindija est similaire à celles observées dans d’autres sites (Le Prône, PuigD’En Roqua...). Ces sites, selon la classification de J. Jaubert (J. Jaubert, 1997),appartiennent au « groupe A » où le quartz est utilisé à plus de 70 %. Dans un cadrerégional, peu de sites présentent ces caractéristiques (voir Zupanic, 1970). Les industriesdes sites voisins de Velika Pecina (moins de 5 km) et de Krapina (25 km) sont soitdépourvus de quartz (Velika Pecina, observation personnelle), soit celui-ci est trèsminoritaire (moins de 3 % à Krapina- Zupanic, 1970). Un peu plus au sud dans la grottede Veternica, à une quarantaine de kilomètres, on trouve une exploitation du quartzimportante (près de la moitié des produits, 47 % – observation personnelle), bien quemoindre qu’à Vindija. En fait c’est au nord que l’on trouve le plus d’ industrie analogue,avec le quartzite se substituant au quartz. En Hongrie tout d’abord, à Erd, où 76,2 % desrestes lithiques sont en quartzite (Dienes, 1968). Enfin nombre de grottes rattachées auMoustérien alpin ont aussi privilégié ce matériau : de manière quasi exclusive à

Annexe 1Répartition des matières premières au Paléolithique Moyen : quantitésMiddle Palaeolithic raw materials distribution: quantity

Couches Quartz Grès Tuf Chert Autres Total

M 70 10 1 6 87L 236 71 19 1 327K/L 44 2 15 4 65K 557 36 219 55 12 879J-K1 50 6 1 57J 58 27 22 2 109I-J 506 142 14 662I 88 2 13 24 5 142H 101 20 20 3 144G5–H 31 4 2 3 40G4–H 33 0 0 4 37G-H 23 1 24Würm 2 57 2 6 1 66G5 167 10 10 3 190G4 338 31 42 2 413G4–G5 292 21 19 5 337G3 244 47 52 11 354G3–G4 655 46 56 50 9 816G dole (inf.) 18 2 7 18 4 49G srednij (moyen) 7 0 4 8 0 19G gornji (sup.) 22 4 13 37 8 84G3–G5 64 12 10 5 4 95G2 5 2 0 5 1 13G2–G3 1 0 0 4 1 6G1–G3 74 8 16 33 6 137G1 29 8 19 4 60G 1530 160 170 130 47 2037Total 5300 274 922 604 139 7239

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Drachenhöhle-Mixnitz (J.P. Jéquier, 1975) majoritaire à Repolust et au Wildkirchli(autour de 70 % dans ces deux sites). Ces analogies en termes de matière premièrepeuvent tout autant refléter des occupations diversifiées déterminées par les rochesdisponibles que des faciès spécialisés. La prise en compte des données techniques de laproduction, des outillages ainsi que l’ensemble des caractéristiques extrinsèques del’ industrie lithique, à savoir la géographie, et l’écologie des différentes régions estindispensable pour apporter une réponse.

À Vindija, il est aussi intéressant de noter que les deux ruptures majeures dansl’utilisation des matières premières se situent au début du Paléolithique supérieur (groupeB de Jaubert : utilisation du quartz à même proportion que d’autres matériaux) et àl’Epigravettien (groupe C de J. Jaubert : « production de quartz minoritaire »). La mêmeévolution a déjà été soulignée par J-P. Bracco en Espagne dans les grottes de l’Arbredaet de Reclau Viver (J.P. Bracco, 1997), avec une rupture importante entre l’Aurignacienet l’Epigravettien.

Si l’approvisionnement est en grande partie local, une étude plus qualitativepermettrait de nuancer cette vision. En particulier pour le silex où un changement clairintervient au Paléolithique supérieur. Des nodules crayeux d’un silex marron très

Annexe 2Répartition des matières premières au Paléolithique Moyen : poids en kgMiddle Palaeolithic raw materials distribution: weight in kilos

Couches Quartz Grès Tuf Chert Autres Total

M 2,70 0,35 0,5 0,01 0,6 4,16L 7,20 2,2 0,87 0,2 0,01 10,48K/L 0,75 0,25 0,07 0 1,07K 19,70 9,4 3,9 1,4 3,2 37,6J-K1 3,50 3 0,3 0,01 0,01 6,82J 2,30 2,05 0,6 0,5 0,03 5,48I-J 10,70 2,4 1,9 0,15 0 15,15I 2,50 0,7 0,5 0,6 0,2 4,5H 3,20 0,9 0,6 0,7 0,35 5,75G5-H 0,88 0,02 0,05 0,01 0,2 1,16G4-H 0,70 0 0 0,05 0 0,75G-H 1,40 0,1 0 0 0,5 2Würm 2 1,75 0,85 0,03 0,15 0,05 2,83G5 3,70 0,3 0,01 0,01 0,6 4,62G4 6,40 2 0,5 0,7 0 9,6G4-G5 6,10 1,5 0,3 0,4 0,4 8,7G3 4,75 1,15 0,8 0,7 0,7 8,1G3-G4 17,10 2,2 0,9 1 0,3 21,5G dole 0,50 0,1 0,1 0,2 0,3 1,2G srednij 0,20 0 0,1 0,1 0 0,4G gornji 0,50 0,1 0,2 0,4 0,2 1,4G3-G5 2,20 0,9 1,25 0,05 0,1 4,5G2 0,02 0,01 0 0,02 0,02 0,07G2-G3 0,02 0 0 0,02 0,01 0,05G1-G3 1 0,1 0,25 0,5 0,2 2,05G1 0,9 0,05 0,1 0,3 0,01 1,36G 46,89 20,24 4,43 3,35 2,81 77,72Total 147,56 50,62 18,44 11,6 10,8 239,02

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homogène se substituent en grande partie aux galets de rivière plus traditionnellementutilisés au Paléolithique moyen. Ces nouvelles sources d’approvisionnement ne sontmalheureusement pas localisées pour l’ instant.

Remerciements

Cette recherche a pu aboutir grâce à une bourse du ministère français des AffairesEtrangères et du ministère des Sciences et de la Technologie de Croatie. L’aide de M.Simunic de l’ Institut de géologie et de minéralogie de Zagreb nous a été précieuse. Nousl’en remercions.

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