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2S56 Rev Mal Respir 2006 ; 23 : 2S55-2S59 Oncologie thoracique Expression de COX-2 par les cellules tumorales : un nouveau facteur pronostique ? La valeur pronostique en termes de survie de la surexpression de COX-2 dans les cancers bronchiques a fait l’objet d’une méta- analyse regroupant 10 études portant toutes sur les CBNPC et qui, individuellement, concluaient 5 fois à l’absence de valeur pro- nostique, 4 fois à une valeur péjorative, une fois à une amélioration du pronostic [1]. La méta-analyse permet de conclure à l’absence de toute valeur pronostique sur la survie, mais l’analyse des 3 études portant sur les stades I est significative. En ce qui concerne les lésions pré-cancéreuses, l’analyse par immunohistochimie de l’expression de COX-2 sur des biopsies bronchiques ne montrait pas de surexpression pour les lésions de bas grade [2]. Par contre, 8 des 14 dysplasies sévères, 8 des 14 carcinomes in situ et 5 des 8 carcinomes invasifs pré- sentaient une surexpression de COX-2. COX-2 est donc un marqueur précoce potentiel de carcinome épidermoïde. Les modèles animaux montrent qu’il existe dans les tissus normaux un équilibre entre la PGE2, pro-tumorigénique et la PGI2, anti-tumorigénique ; dans le tissu tumoral, on constate un switch avec production augmentée de PGE2 et diminution de PGI2. Or, les inhibiteurs de COX-2 sont anti-PGE2 et anti-PGI2. L’iloprost, qui augmente la PGI2, serait plus efficace dans la pré- vention et le traitement des carcinomes bronchiques : un essai de phase II avec cette molécule chez des sujets à risque est en cours. Références 1 Mascaux C, Martin B, Paesmans M, Berghmans T, Haller A, Meert A- P, Dusart M, Lothaire P, Lafitte J-J, Sculier J-P : COX-2 as prognostic factor in lung cancer : systematic review of the literature with meta-ana- lysis. Eur Resp J 2005 ; 26 : 481s. 2 Mascaux C, Martin B, Verdebout J-M, Ninane V, Sculier J-P : COX-2 expression during early lung squamous cell carcinomas oncogenesis. Eur Resp J 2005 ; 26 : 456s. Traitement des CBNPC par chimiothérapie inhalée L’administration de chimiothérapie par aérosol offrirait l’avantage d’une concentration élevée de cytotoxiques dans les bronches avec peu de diffusion systémique et donc vraisem- blablement moins d’effets secondaires. Les auteurs présentent les résultats d’une étude chez l’ani- mal (la souris nude) chez laquelle une lignée de carcinomes à grandes cellules a été implantée en endobronchique à J0 [1]. Un des animaux est mort lors de cette implantation. Des sprays endotrachéaux de placebo ou de gemcitabine ont été adminis- trés à J1, J8, J15, J22 et J29. Trois groupes de souris ont été étudiés : un groupe contrôle recevant uniquement l’aérosol « vecteur », et deux groupes avec la gemcitabine, l’un à la dose de 8 mg/kg (G8) et l’autre à la dose de 12 mg/kg (G12). Tous les animaux ont été sacrifiés à J36 pour examen histologique. Les 7 souris du groupe contrôle ont développé un volumineux carcinome infiltrant. Trois souris du groupe G12 ont développé plusieurs heures après l’administration de la gemcitabine un œdème pulmonaire fatal. La dose a donc été réduite à 8 mg/kg pour toutes les autres souris. On notait dans ce groupe l’absence de toute tumeur dans 4 cas et une tumeur significa- tivement plus petite que dans le groupe contrôle dans les 9 autres cas. La tolérance du traitement était bonne à la dose de 8 mg/kg. À l’examen histologique, aucune lésion inflamma- toire ou fibrosante n’était observée. Cette étude préclinique démontre la faisabilité de l’admi- nistration de la gemcitabine en aérosol chez l’animal et son effi- cacité. De nombreuses étapes doivent encore être franchies avant son utilisation potentielle en cancérologie bronchique. Et sa place dans la stratégie thérapeutique devra être déterminée. Référence 1 Gagnadoux F, Le Pape A, Lemarié E, Lerondel S, Valo I, Leblond V, Racineux J-L, Urban T : Aerosol delivery of chemotherapy in an ortho- topic model of lung cancer. Eur Resp J 2005 ; 26 : 12s et Eur Respir J 2005 ; 26 : 657-61. Quel type de chimiothérapie choisir pour les cancers neuro-endocrines à grandes cellules ? La prise en charge thérapeutique diffère selon le diagnos- tic histologique avec des approches différentes selon qu’il s’agit d’un carcinome non à petites cellules ou d’un carcinome à petites cellules. Or, il apparaît clairement qu’au sein des carci- nomes non à petites cellules, une différenciation de type adé- nocarcinome représente un facteur prédictif de réponse aux inhibiteurs de EGF-R. Une différenciation neuro-endocrine a-t-elle des implications thérapeutiques ? Le carcinome neuro- endocrine à grandes cellules (CNEGC) appartient aux tumeurs neuro-endocrines : il est caractérisé par une prolifération car- cinomateuse de cellules tumorales de grande taille, des signes morphologiques de différenciation neuro-endocrine comme une architecture en palissade ou en rosettes, la présence de mitoses et en immunohistochimie l’expression de plusieurs marqueurs neuro-endocrines [1]. Une variante de ce CNEGC est le CNEGC combiné avec une composante de carcinome non à petites cellules. La prise en charge thérapeutique opti- male de ces CNEGC n’est pas définie. La résection chirurgi- cale doit être proposée dans les formes résécables. La chimio- thérapie la plus adéquate est pour certains une chimiothérapie de type « non petites cellules », pour d’autres une chimiothé- rapie de type « petites cellules » associant un sel de platine et l’étoposide. G Rossi a présenté les résultats d’une étude de

Traitement des CBNPC par chimiothérapie inhalée

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2S56 Rev Mal Respir 2006 ; 23 : 2S55-2S59

Oncologie thoracique

Expression de COX-2 par les cellules

tumorales : un nouveau facteur pronostique ?

La valeur pronostique en termes de survie de la surexpressionde COX-2 dans les cancers bronchiques a fait l’objet d’une méta-analyse regroupant 10 études portant toutes sur les CBNPC etqui, individuellement, concluaient 5 fois à l’absence de valeur pro-nostique, 4 fois à une valeur péjorative, une fois à une améliorationdu pronostic [1]. La méta-analyse permet de conclure à l’absencede toute valeur pronostique sur la survie, mais l’analyse des3 études portant sur les stades I est significative.

En ce qui concerne les lésions pré-cancéreuses, l’analysepar immunohistochimie de l’expression de COX-2 sur desbiopsies bronchiques ne montrait pas de surexpression pour leslésions de bas grade [2]. Par contre, 8 des 14 dysplasies sévères,8 des 14 carcinomes in situ et 5 des 8 carcinomes invasifs pré-sentaient une surexpression de COX-2. COX-2 est donc unmarqueur précoce potentiel de carcinome épidermoïde.

Les modèles animaux montrent qu’il existe dans les tissusnormaux un équilibre entre la PGE2, pro-tumorigénique et laPGI2, anti-tumorigénique ; dans le tissu tumoral, on constate unswitch avec production augmentée de PGE2 et diminution dePGI2. Or, les inhibiteurs de COX-2 sont anti-PGE2 et anti-PGI2.L’iloprost, qui augmente la PGI2, serait plus efficace dans la pré-vention et le traitement des carcinomes bronchiques : un essai dephase II avec cette molécule chez des sujets à risque est en cours.

Références

1 Mascaux C, Martin B, Paesmans M, Berghmans T, Haller A, Meert A-P, Dusart M, Lothaire P, Lafitte J-J, Sculier J-P : COX-2 as prognosticfactor in lung cancer : systematic review of the literature with meta-ana-lysis. Eur Resp J 2005 ; 26 : 481s.

2 Mascaux C, Martin B, Verdebout J-M, Ninane V, Sculier J-P : COX-2expression during early lung squamous cell carcinomas oncogenesis. EurResp J 2005 ; 26 : 456s.

Traitement des CBNPC par chimiothérapie

inhalée

L’administration de chimiothérapie par aérosol offriraitl’avantage d’une concentration élevée de cytotoxiques dans lesbronches avec peu de diffusion systémique et donc vraisem-blablement moins d’effets secondaires.

Les auteurs présentent les résultats d’une étude chez l’ani-mal (la souris nude) chez laquelle une lignée de carcinomes àgrandes cellules a été implantée en endobronchique à J0 [1].Un des animaux est mort lors de cette implantation. Des spraysendotrachéaux de placebo ou de gemcitabine ont été adminis-trés à J1, J8, J15, J22 et J29. Trois groupes de souris ont étéétudiés : un groupe contrôle recevant uniquement l’aérosol« vecteur », et deux groupes avec la gemcitabine, l’un à la dose

de 8 mg/kg (G8) et l’autre à la dose de 12 mg/kg (G12). Tousles animaux ont été sacrifiés à J36 pour examen histologique.Les 7 souris du groupe contrôle ont développé un volumineuxcarcinome infiltrant. Trois souris du groupe G12 ont développéplusieurs heures après l’administration de la gemcitabine unœdème pulmonaire fatal. La dose a donc été réduite à 8 mg/kgpour toutes les autres souris. On notait dans ce groupel’absence de toute tumeur dans 4 cas et une tumeur significa-tivement plus petite que dans le groupe contrôle dans les9 autres cas. La tolérance du traitement était bonne à la dose de8 mg/kg. À l’examen histologique, aucune lésion inflamma-toire ou fibrosante n’était observée.

Cette étude préclinique démontre la faisabilité de l’admi-nistration de la gemcitabine en aérosol chez l’animal et son effi-cacité. De nombreuses étapes doivent encore être franchiesavant son utilisation potentielle en cancérologie bronchique. Etsa place dans la stratégie thérapeutique devra être déterminée.

Référence

1 Gagnadoux F, Le Pape A, Lemarié E, Lerondel S, Valo I, Leblond V,Racineux J-L, Urban T : Aerosol delivery of chemotherapy in an ortho-topic model of lung cancer. Eur Resp J 2005 ; 26 : 12s et Eur Respir J2005 ; 26 : 657-61.

Quel type de chimiothérapie choisir pour

les cancers neuro-endocrines à grandes

cellules ?

La prise en charge thérapeutique diffère selon le diagnos-tic histologique avec des approches différentes selon qu’il s’agitd’un carcinome non à petites cellules ou d’un carcinome àpetites cellules. Or, il apparaît clairement qu’au sein des carci-nomes non à petites cellules, une différenciation de type adé-nocarcinome représente un facteur prédictif de réponse auxinhibiteurs de EGF-R. Une différenciation neuro-endocrine a-t-elle des implications thérapeutiques ? Le carcinome neuro-endocrine à grandes cellules (CNEGC) appartient aux tumeursneuro-endocrines : il est caractérisé par une prolifération car-cinomateuse de cellules tumorales de grande taille, des signesmorphologiques de différenciation neuro-endocrine commeune architecture en palissade ou en rosettes, la présence demitoses et en immunohistochimie l’expression de plusieursmarqueurs neuro-endocrines [1]. Une variante de ce CNEGCest le CNEGC combiné avec une composante de carcinomenon à petites cellules. La prise en charge thérapeutique opti-male de ces CNEGC n’est pas définie. La résection chirurgi-cale doit être proposée dans les formes résécables. La chimio-thérapie la plus adéquate est pour certains une chimiothérapiede type « non petites cellules », pour d’autres une chimiothé-rapie de type « petites cellules » associant un sel de platine etl’étoposide. G Rossi a présenté les résultats d’une étude de