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1 * Mai 2020 RAPPORT DE L’EVALUATION RAPIDE SUR LA PREVENTION ET LA PRISE EN CHARGE DES VIOLENCES BASEES SUR LE GENRE DANS LE CONTEXTE DE LA COVID-19 DANS LA REGION DU NORD DU BURKINA FASO

RAPPORT DE L’EVALUATION RAPIDE SUR LA PREVENTION …

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Mai 2020

RAPPORT DE L’EVALUATION RAPIDE SUR LA PREVENTION ET LA PRISE EN

CHARGE DES VIOLENCES BASEES SUR LE GENRE DANS LE CONTEXTE DE LA

COVID-19 DANS LA REGION DU NORD DU BURKINA FASO

Page 2: RAPPORT DE L’EVALUATION RAPIDE SUR LA PREVENTION …

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1. Situation Humanitaire de la région

Le contexte actuel du Burkina Faso est marqué par les attaques des groupes armés non identifiés qui ébranlent le pays depuis la fin de l’année 2015. Cette situation met à rude épreuve le fonctionnement des services sociaux de base (santé, éducation, action sociale, …) en particulier celui des régions les plus touchées que sont le Sahel, le Nord, l’Est, la Boucle du Mouhoun et le Centre-Nord. Selon les statistiques publiées par le CONASUR en date du 7 juin 2020, le Burkina Faso comptait 921 471 Personnes Déplacées Internes (PDIs) et majoritairement des femmes et des filles (54%) issues de 110 013 ménages, soit une augmentation du nombre de PDIs d’environ 50% par rapport à la situation du 27/01/2020 (613 792 PDIs). A ces déplacements massifs des populations, sous contrainte, est venu s’ajouter depuis le 9 mars 2020, la crise sanitaire due à la maladie au nouveau Coronavirus obligeant le gouvernement à prendre des mesures de mise à l’arrêt de certaines activités, principalement dans le secteur informel (où évoluent beaucoup de femmes), accompagnée des restrictions des mouvements. Ces différentes mesures de lutte contre la propagation de la maladie ont des effets sur les violences basées sur le genre et l’offre de services intégrés aux victimes. En effet, les risques de violences conjugales sont devenus grands du fait que les bourreaux sont contraints de rester plus longtemps avec les femmes et les enfants à la maison. , Les PDI sont accueillies dans des familles d’accueil et sur des localités d’accueils officiels et temporaires. Les perspectives de retour immédiat vers les sites d’origine ainsi que les opportunités, sont très faibles pour les déplacés internes, d’où une amplification de leurs besoins et ceux des familles d’accueil déjà fragilisées par la crise alimentaire et nutritionnelle. Des évaluations sur la Protection générale conduites à la suite de l’afflux des déplacements des populations ont permis de relever des besoins dans l’ensemble des différents secteurs dont la protection. Eu égard au modus operandi des groupes armés non identifiées (GANI), il a été rapporté des cas d’agressions sexuelles et autres formes de violences sexuelles et basées sur le genre. C’est dans ce contexte que le Sous-cluster VBG a organisé du 18 au 25 mai 2020 une évaluation rapide de la situation sur la prévention, la prise en charge des survivant-e-s de viol et autres victimes de violences basées sur le genre, ainsi que l’actualisation de la cartographie des intervenants et des interventions dans les 5 régions humanitaires. Aussi, cette évaluation a pris en compte le contexte actuel de COVID 19 pour percevoir l’impact de cette pandémie sur la mise en œuvre des activités dans la région.

Ce présent rapport fait le point des différents résultats obtenus à travers cette évaluation rapide dans la région du Nord du Burkina Faso.

2. Objectifs de l’évaluation

Objectif général : De façon générale, cette évaluation visait à faire un état des lieux de la situation de la prévention et de la prise en charge des survivant-e-s de violences basées sur le genre, en lien avec le Covid-19, dans les régions humanitaires du Burkina Faso. Objectifs spécifiques : Quatre (04) objectifs spécifiques étaient visés à travers cette activité. Il s’agissait de :

- Identifier les besoins en matière de VBG, y compris les ressources et mécanismes de réponse au sein des communautés dans le cadre de réponse aux VBG dans les régions humanitaires du pays ;

Page 3: RAPPORT DE L’EVALUATION RAPIDE SUR LA PREVENTION …

3

- Identifier les risques d’exposition aux violences basées sur le genre des populations déplacées, refugiées et hôtes, ainsi que les possibilités de les atténuer, dans le contexte de Covid-19 ;

- Actualiser la cartographie de différents intervenants et des interventions en matière de VBG et Covid 19 ;

- Elaborer un plan de réponse du Sous-cluster aux VBG dans le contexte d’urgence qui s’adapte au covid-19

3. Participants à l’évaluation

Pour l’atteinte des objectifs visés par cette évaluation dans la région du Nord, les organisations membres

du Sous Cluster VBG présentes dans la région du Nord se sont mobilisées sous le leadership de l’UNFPA.

Au total 19 personnes dont 07 femmes appartenant à 06 organisations (UNFPA, UNHCR, PLAN

INTERNATIONAL BURKINA FASO, INTERSOS, ICAHD INTERNATIONAL, ASSOCIATION BON

SAMARITAIN) membres du sous cluster VBG ont pris part à cette évaluation dans la région du Nord du

Burkina Faso. La liste détaillée des participants est en annexe du document.

Au total 10 focus groupes dans 6 localités

de la région ont été réalisés avec 102

personnes membres de la communauté

d’accueil ainsi que des personnes

déplacées internes répartie selon les

tranches d’âges présentés dans le

graphique.

4. Méthodologie

L’approche méthodologique mixte combinant à la fois une approche quantitative et une approche

qualitative pour la collecte des données, a été utilisée afin d'atteindre les objectifs de cette évaluation.

Le contexte épidémique actuel nous exige le respect strict des mesures de prévention de la propagation de

la COVID-19. La collecte des données a été effectuée avec les ressources humaines internes, à savoir les

acteurs terrain des organisations membres du Sous-Cluster VBG. Des sorties terrain ont permis de

recueillir les données à travers des entretiens face à face avec les informateurs clés. Les focus groups ont

été réalisés en prenant les mêmes précautions.

Sous le lead du Sous-Cluster VBG, l’évaluation s’est déroulée en trois phases : une phase préparatoire, la

collecte de données, le traitement des données et l’élaboration du rapport.

La phase préparatoire a consisté à élaborer les termes de référence, finaliser la composition des équipes,

réaliser le briefing des acteurs locaux sur remplissage des outils et la rencontre avec les autorités locales

et leaders des sites concernés par les évaluations. Au total 04 types d’outils ont été utilisés pour la collecte

des données dans chaque commune. Il s’agit de :

FICHE 1 : Evaluation rapide VBG au Burkina Faso : P1 Entretien avec les informateurs clés acteurs de la réponse

FICHE 2 : Evaluation rapide VBG au Burkina Faso : P2 Entretien avec les prestataires de services de prise en charge

FICHE 3 : Questionnaire focus groupe VBG – COVID FICHE 4 : Audit de sécurité

18 35

24 25

Femme (moins de 18ans)

Femme (18 ans et +) Homme (moins de 18ans)

Homme (18 ans et +)

Répartition des personnes touchées à travers les focus groupe

Page 4: RAPPORT DE L’EVALUATION RAPIDE SUR LA PREVENTION …

4

- L’identification et la répartition des acteurs de la région pour la collecte des données

La répartition définitive s’est faite lors de la réunion de cadrage et de formation sur les outils de collecte.

Les différents acteurs se sont positionnés en fonction de la présence de leurs agents dans les communes.

Une évaluation de sécurité a été faite sur place avec l’ensemble des acteurs et a révélé que la commune

de Kain était inaccessible du point de vue sécuritaire car différents enlèvements de leaders s’y sont opérés

les jours précédents l’organisation de la collecte. Le tableau ci-dessus récapitule les communes touchées

par la collecte avec les acteurs ayant réalisé la collecte dans ces communes.

Communes Organisations impliquées

OUAHIGOUYA - INTERSOS - ASSOCIATION BON SAMARITAIN - ICAHD INTERNATIONAL

THIOU - INTERSOS

SEGUENEGA - INTERSOS

KAIN -

TITAO - ASSOCIATION BON SAMARITAIN - PLAN INTERNATIONAL BURKINA FASO

OUINDINGUI - ASSOCIATION BON SAMARITAIN Tableau 1: répartition par communes des acteurs impliqués dans la collecte de données

- La réalisation de la réunion de cadrage et formation des acteurs sur les outils de collecte

Une réunion de cadrage et de formation des acteurs sur les outils et la méthodologie a été organisée du 18

au 19 mai 2020 dans la maison commune des Nations Unies à Ouahigouya. Au cours de cette rencontre,

tous les acteurs participants à l’évaluation étaient présents. Il a été question de passer en revue les

objectifs et résultats attendus de l’évaluation, de procéder à l’identification des acteurs à toucher en

fonction des objectifs et des outils de l’évaluation, de former les acteurs sur les outils de collecte, de

procéder à une répartition des acteurs et à des orientations pratiques sur l’approche méthodologique à

utiliser pour la collecte des données à travers les différents outils à utiliser.

- La collecte des données auprès des acteurs identifiés

Rencontre de cadrage avec les

organisations impliquées et

formations sur les outils de

collecte des données

Page 5: RAPPORT DE L’EVALUATION RAPIDE SUR LA PREVENTION …

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Cette collecte des données s’est effectuée dans les communes identifiées auprès des acteurs intervenants

dans la prise en charge médicales, psychosociales, protection/sécurité, judiciaire/juridique des survivantes

de VBG. Aussi des focus groupes (homme, femme, PDI, Jeunes, Population hôte...) ont été réalisé dans

ces communes afin de comprendre les préoccupations et les besoins des femmes et des filles en rapport

avec les mesures de restriction des mouvements édictés suite à l'épidémie de COVID-19 pour une

meilleure adaptation des interventions de prévention et de réponse aux VBG en situation de crise sanitaire.

5. Résultat de l’évaluation rapide

5.1. Situation des personnes déplacées internes (PDI) dans la région du Nord

Selon les données du CONASUR à la date du 25 mars la région du Nord comptait au total 62 491

représentant 7% du nombre total de personnes déplacées au Burkina Faso estimé à 838 548 personnes

plaçant ainsi la région à la 3ème position après la région du Sahel (310 059) et du Centre Nord (386 706).

Cette population déplacée interne dans la région du Nord est composée de 24% de femmes et de 55%

d’enfants répartit dans les provinces du Loroum (37 507), du Yatenga (24 624), du Passoré (314) et du

Zandoma (46) comme l’indique le tableau suivant.

Province Hommes Femmes Enfants TOTAL PDI

Loroum 7265 9456 20786 37507

Passore 59 66 189 314

Yatenga 5508 5701 13415 24624

Zondoma 12 14 20 46

Total 12844 15237 34410 62491 Tableau 2: Répartition des PDI par province dans la région du Nord

Les communes concernées par cette évaluation abritent 84% des personnes déplacées de la région

répartie comme l’indique le tableau 3.

Provinces Communes Homme Femme Enfants TOTAL PDI

YATENGA Ouahigouya 1 629 2 511 5 646 9 786

Kain 1 573 1 049 1 113 3 735

Séguénéga 813 725 2 381 3 919

Thiou 455 376 992 1 823

LOROUM Titao 3 519 4 515 11 380 19 414

Ouindigui 2 709 3 836 7 142 13 687

TOTAL 10 698 13 012 28 654 52 364 Tableau 3: Répartition des PDI dans les communes ciblées par l’évaluation rapide VBG

5.2. Existence des services (médical, psycho, juridique judiciaire, réinsertion socioéconomique,

prévention)

Un des objectifs de l’évaluation rapide VBG COVID 19 était l’identification et l’analyse de l’efficacité et des

capacités des services de prévention et de prise en charge des survivantes de violences basées sur le

genre dans la région du Nord. La collecte des données révèle les résultats suivants.

- Acteurs de prise en charge médicale

Communes Acteurs

Page 6: RAPPORT DE L’EVALUATION RAPIDE SUR LA PREVENTION …

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Ouahigouya FS de Bingo, CM lazaré, MSF, Oufré, AMMI

Thiou CENTRE MEDICAL(CM), ALIMA, TDH, MSF, CICR, Projet 3 FRONTIERES, DRC, CROIX ROUGE, HELP

Séguénéga CMA de Séguénéga

Kain

Titao CMA de Titao, CSPS, MSF, TDH, CROIX ROUGE

Ouindigui MSF Tableau 4: Tableau de répartition des acteurs de prise en charge médicale identifiés par commune

De ces acteurs de prise en charge sanitaire identifiés, au total 4 acteurs ont été interviewés à savoir, ceux du CMA de Séguénéga, de Titao, du CM lazaré de Ouahigouya, et du CM de Thiou. Les types de violences basées sur le genre les plus couramment rencontré dans ces structures sanitaires sont les cas de viols, d’agressions sexuelles, des agressions physiques et de mariage d’enfants avec une forte proportion des cas de viols qui est estimé à près de la moitié des cas de VBG rencontrés généralement. Les victimes sont exclusivement des femmes de plus de 18 ans pour les cas de viols et d’agressions physiques. Pour les mariages forcés il s’agit généralement de filles de moins de 18 ans et de façon partagée entre les tranches d’âges pour ce qui concerne les agressions sexuelles. En termes de ressources humaines impliquées dans la prise en charge des survivant-e-s de VBG, nous pouvons noter une faiblesse à travers une analyse des effectifs des agents de santé présents dans ces formations sanitaires. Pour ce qui concerne les formations reçues, les agents de santé de Titao ont déclarés avoir été déjà formés sur la gestion clinique des survivant-e-s de viols par l’ONG Médecin Sans Frontières (MSF), contrairement aux agents la province du Yatenga. Les acteurs sanitaires ont déclaré ne pas avoir des kits post viols à leurs dispositions. Il n’y a pas de frais institués pour la prise en charge sanitaire. Au sein de ces formations sanitaires, il existe des espaces confidentiels dédiés à la prise en charges des survivant-e-s. De ces 4 structures au total 55 agents de santé ont été recensés avec une forte proportion des infirmiers (42%) et des sages-femmes (20%). Les médecins constituent seulement 13% du personnel sanitaire et il n’y’a pas de gynécologue, ni de chirurgien.

- Acteur de prise en charge psychosociale

Communes Acteurs

Ouahigouya DPFSNFAH, AJBF, MBDHP

Thiou Service de l’action sociale, DRC, TDH, AJBF

Séguénéga Service de l’action sociale

Kain

Titao DPFSNFAH

Ouindigui Conseil municipal Tableau 5: Tableau de répartition des acteurs de prise en charge psychosociale identifiés par commune

Des échanges avec ces acteurs de prise en charge psychosociale, les types de VBG les plus couramment rencontrés par ces services sont les cas de violences physiques, et de mariages forcés. Ces deux types de

41%

22% 14%

0% 0% 0% 0%

22%

Répartition des types d'agents dans les FS enquêtées

Page 7: RAPPORT DE L’EVALUATION RAPIDE SUR LA PREVENTION …

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VBG occupent plus de 90% des VBG généralement rencontrées. Les cas de viols, d’agressions sexuelles, et de violences psychologiques sont rarement rencontrés par ces acteurs. Au regard du sexe et l’âge, les cas de viols et d’agressions sexuelles sont rencontrés fréquemment chez les filles de moins de 18 ans de même que les cas de mariages forcés dont 90% sont des mineures (moins de 18 ans). Les violences physiques concernent aussi bien les hommes que chez les femmes. En termes de capacités humaines pour la prise en charge des survivant-e-s de VBG, il ressort de notre analyse, une insuffisance dans les effectifs des agents des services de prise en charge psychosociales.. Nous notons une inexistence de psychologues cliniciens et d’assistants sociaux au sein de ces structures. Il faut noter aussi, l’inexistence d’espaces confidentiels pour la réalisation des entretiens avec les survivantes de VBG qui viennent au sein du service. Les bureaux des agents qui sont souvent plusieurs sont utilisés pour les différents entretiens. Les agents ont exprimé avoir un besoin en renforcement des capacités sur les VBG notamment sur les mutilations génitales Féminines, le Genre et les droits pour une meilleure prise en charge des survivantes identifiées. La plupart des références après la prise en charge psychosociale se fait vers les structures sanitaires ainsi que les structures de protection et sécurité comme la gendarmerie et le commissariat de police.

Acteurs de protection sécurité

Communes Acteurs

Ouahigouya Commissariat de Police, Gendarmerie

Thiou Commissariat de Police, Gendarmerie

Séguénéga Commissariat de Police, Gendarmerie

Kain

Titao Commissariat de Police, Gendarmerie

Ouindigui Tableau 6: Tableau de répartition des acteurs de la protection/sécurité identifiés par commune

Les services de protection / sécurité ont déclaré rencontrer des survivantes de la plupart des types de VBG à l’exception des cas de dénis de ressources et d’opportunités de services. Les victimes de ces violences sont majoritairement des femmes de moins de 18 ans. Les violences sexuelles sont les cas les plus rencontrés (43%), suivis des agressions physiques (29%) et des mariages forcés (21%). Quelques cas de violences psychologiques/ émotionnelles sont enregistrés par ces services. Dans la région, il y’a des cas de proxénétisme et de traite sexuelle qui apparaissent et qui sont de plus en plus constatés dans la prise en charge par les services de la sécurité. En matière de capacités humaines dont disposent ces services pour la prise en charge, il n’existe pas de point focaux VBG spécifiquement, et les prises en charge des cas de VBG sont effectuées par les officiers de police judiciaire (OPJ) qui n'ont pas reçu de formation spécifique en VBG. Les différents services de références sont les services de l’action sociale et le parquet de justice. Acteurs de prise en charge juridique et judiciaire Communes Acteurs

Ouahigouya Palais de justice, DPFSNFAH

Thiou

Séguénéga Commissariat de police, Gendarmerie

Kain

Titao Commissariat de police, Gendarmerie, Préfecture

Ouindigui Tableau 7: Tableau de répartition des acteurs de prise en charge juridique et judiciaire par commune

Page 8: RAPPORT DE L’EVALUATION RAPIDE SUR LA PREVENTION …

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Les services de prise en charge juridique et judiciaire ont déclaré recevoir généralement des cas de viols, d’agressions sexuelles, d’agressions physiques et de mariages forcés. Les cas d’agressions physiques et de mariages forcés sont les plus couramment rencontrés soit respectivement 52% et 29% des cas de VBG rencontrés. Il faut noter que les commissariats de police et de gendarmerie rencontrés dans les communes font la prise en charge juridique et judiciaires à travers les officiers de police judiciaires. Le constat fait par ces services est l’apparition de plus en plus de viols commis sur des mineures. Il faut aussi noter que pour les cas de viols des femmes majeures, souvent, elles ne dénoncent pas par peur d’être stigmatisées. Il n’existe pas un endroit spécifique pour recueillir la plainte et mener les entretiens de façon confidentielle avec les survivant-e-s. Cela se fait généralement dans les bureaux des juges ou celui du procureur. Il faut noter que pour les cas de viols ou les affaires touchants les mineurs, le huit clos sont requis.

5.3. Mécanismes communautaires de prévention et de réponse aux VBG existants

Dans l’objectif de comprendre les mécanismes communautaires de prévention utilisés, des entretiens avec

les communautés ont été réalisés. Aucun mécanisme endogène de survie et de lutte contre les VBG n’a

été développé par les communautés. La raison avancée est dû aux faites qu’ils ne sont pas dans leurs

localités donc difficile de mettre en place une organisation quelconque Néanmoins, il existe des services de

prise en charges accessible connus des communautés tels que les formations sanitaires, les services de

l’action sociale, la gendarmerie, la police, ainsi que certaines associations et ONG comme MSF, et la Croix

rouge Burkinabé.

5.4. Risques et facteurs des VBG

A partir des échanges avec les communautés, les risques de protection ont été identifiés et ces risques diffèrent d’une catégorie de personnes à l’autre. Pour les femmes, les risques identifiés sont les mariages forcées et mariages d’enfants, les viols, les agressions sexuelles et les dénis de ressources et opportunités de services. Chez les hommes par contre, il s’agit des tortures, des assassinats, des enlèvements, des extorsions. A ces risques, s’ajoute aussi la peur d’être attaqués ainsi que la perte des capacités financières. Au niveau des jeunes enfants, il y’a le risque de déscolarisation, d’être contraint à se mettre dans les travaux domestiques ainsi que les risques de mariage forcé et d’excision spécifiquement pour les jeunes filles. La dénonciation des problèmes de protection se fait mais cela tient compte du type de VBG et des survivant-e-s. Les problèmes des hommes sont dénonces et sont pris en compte alors que ceux des femmes non. Certains types de VBG comme les viols ne sont pas souvent dénoncés. Selon les communautés les types de VBG les plus fréquents dans leurs localités sont par ordre d’importance les viols et agressions sexuelle, les mariages forcés surtout d’enfants. Il y’a aussi les cas de mutilations génitales féminines, ainsi que la traite et la maltraitance d’enfants. Il existe selon les communautés des services accessibles de prise en charge des survivant-e-s de VBG qui sont entre autres les services de l’action sociale, la gendarmerie, la police, les formations sanitaires ainsi que certaines associations et ONG comme MSF, et la Croix rouge Burkinabé. Les survivantes de VBG sont le plus souvent mal perçues et discriminées au sein de la communauté et ce selon le type de violence. Dans certains cas, il y’a de la compassion et du soutien de certains membres de la communauté envers ces survivant-e-s. L’analyse des informations à travers l’audit de sécurité révèle les facteurs suivants pouvant favoriser la survenue des VBG au sein des communautés.

- Le surpeuplement du lieu d'accueil des PDI dû à l’insuffisance d’espace des PDI pour s’abriter ;

Page 9: RAPPORT DE L’EVALUATION RAPIDE SUR LA PREVENTION …

9

- L’absence de clés pour la fermeture des abris ;

- Le manque d'éclairage dans les passages entre les maisons ;

- L’inexistence d'espaces privés dans les familles d'accueil/lieu de réinstallation des ménages ;

- L’éloignement des points d’eau des maisons/abris ;

- L’insuffisance de latrines et de douches qui fonctionnent dans certains lieux d’accueil des PDI ;

- L’absence de latrines dans certaines maisons d’accueil des PDI ;

- La non séparation pour la majorité des latrines et des douches par sexe dans les maisons d’accueil des PDI

ou il en existe ainsi que l’absence de dispositif de fermeture interne ;

- L’absence d’espaces sûrs pour les femmes/espace pour les enfants dans les environs, accessible à la

communauté.

Les tableaux synthèse de l’audit de sécurité en annexe donnent un aperçu plus détaillé de la situation dans les

communes de collecte de la région du nord.

5.5. Auteurs et lieux des violences

Il n’y’a pas de lieux spécifiques de survenu des VBG. Les VBG surviennent aussi bien dans les marchés (Séguénéga), en brousse que dans les concessions des victimes ainsi que des auteurs. Selon les communautés interviewées, les auteurs des VBG sont pour la plupart du temps les membres de la famille (parents, oncles, cousins…), ainsi que les tuteurs des survivantes.

5.6. Situation sur le COVID 19 dans la communauté

« C’est une maladie très contagieuse et mortelle. Par la radio, on entend parler de cette pandémie »

déclare une participante dans un groupe de communauté interviewée. L’ensemble des groupes interviewés

ont déclaré avoir des informations sur la pandémie de la COVID 19, de son niveau de contagion et propagation ainsi que du fort taux de mortalité qu’elle occasionne et ceci à travers la radio, les crieurs publics, les agents de santé. « Si les mesures barrières (interdiction de rassemblements,) sont prises ici, les femmes et les filles risquent de faire de la prostitution » déclare une participante dans un focus groupe de femmes, pour traduire la difficulté que les communautés spécifiquement les femmes et les filles rencontreront si des mesures de fermetures des commerces, des lieux de culte ainsi que l’interdiction des rassemblements sont prises dans la lutte contre la COVID 19. « Réellement si ces mesures de restriction sont prises ici, et que nous n'avons pas à manger et qu'il n'y a pas de financements les femmes et les filles risquent de violer les mesures prises » déclare une autre. D’autres commentaires ont fait ressortir le développement de violences domestiques. En cas de survenue de violences conjugales sur une femme au cours de cette période de pandémie, les avis sont partagés quant à l’aide possible qu’elles peuvent recevoir et de qui cette aide peut provenir. Les unes soutiennent qu’elles peuvent bénéficier de l’aide des agents de santé en cas de blessures, des services de l’action sociale, ainsi que de la protection sécurité comme la gendarmerie pour la résolution et les sanctions nécessaires. Les autres par contre soutiennent que les voisins, les membres de la famille ou la belle-mère s’ils sont présents pour intervenir et faire la médiation pour la résolution du problème. Enfin, une catégorie soutien que dans une telle situation elle ne pourra pas bénéficier d’une aide comme traduit dans cette phrase « Si ce n’est pas DIEU qui va te sauver tu vas mourir ». En présentant leurs préoccupations auprès des décideurs, les femmes et les filles peuvent être écoutées mais il y’aura des représailles déclarent les femmes interviewées à travers les focus groupe. En effet dans leurs communautés, les femmes doivent subir et se taire. Elles pensent qu’une accentuation des

Page 10: RAPPORT DE L’EVALUATION RAPIDE SUR LA PREVENTION …

10

sensibilisations sur les VBG pourrait contribuer au changement de mentalité et de comportement dans leurs communautés.

6. Les difficultés rencontrées dans le cadre de cette étude

La difficulté majeure rencontrée au cours de cette mission demeure l’absence d’autorisation pour réaliser la collecte auprès des autorités de la région. Cette situation a entrainé une augmentation du temps de la collecte, lié à l’attente des autorisations nécessaires pour pouvoir réaliser la collecte de données auprès de certains acteurs de la région. Nous pouvons aussi noter la situation sécuritaire de certaines communes qui a empêché la réalisation de la collecte. Il s’agit de la commune de Kain qui s’est même vidée de ces PDI et la commune de Thiou dans laquelle il n’a pas été possible de réaliser les focus groupes pour ces mêmes raisons sécuritaires. Outre ces difficultés citées, nous pouvons noter aussi :

- Le nombre insuffisant des enquêteurs pour la réalisation de l’activité ; - L’insuffisance du temps de la formation pour une meilleure appropriation des outils de collecte ; - Le manque de budget pour la prise en charge d’agent de saisie, ce qui a rallongé le temps de la

saisie des données ;

7. Recommandations

A partir des différents entretiens et de l’analyse de la situation dans la région du nord, nous pouvons

formuler les recommandations suivantes :

- Organiser des séances de sensibilisation sur les VBG au profit des populations ;

- Organiser les acteurs de prise en charge des VBG en un cluster pour permettre les échanges sur

les contraintes et les besoins afin d’avoir une bonne synergie des interventions pour une meilleure

prise en charge intégrée des survivant-e-s ;

- Organiser le renforcement des capacités des acteurs des organisations nouvellement installées

(INTERSOS, ICAHD INTERNATIONAL, ASBEJ) sur les VBG, le référencement et la gestion des

cas de VBG ;

- Renforcer les capacités des acteurs de la protection sécurité sur les VBG et le système de

référencement;

- Elaborer un circuit de référencement pour les différentes communes abritant des PDI ;

- Mettre à disposition des acteurs des outils de collecte et renforcer leurs capacités pour permettre

d’avoir un meilleur aperçu de la situation des VBG dans la région.

Conclusion

Malgré les difficultés rencontrées dans la réalisation de cette étude, nous pouvons noter l’atteinte des

objectifs escomptés dans le cadre de cette évaluation rapide. Cette collecte de données et l’analyse

réalisée nous a permis de :

- Avoir une meilleure connaissance sur les types de VBG les plus fréquentes des besoins et les

mécanismes au sein de la communauté dans la réponse aux VBG,

- Identifier les risques d’exposition aux violences basées sur le genre des populations déplacées,

refugiées et hôtes, ainsi que les possibilités de les atténuer, dans le contexte de Covid-19 ;

- D’identifier les différents intervenants et des interventions en matière de VBG pour la réalisation

d’une cartographie des acteurs ;

Page 11: RAPPORT DE L’EVALUATION RAPIDE SUR LA PREVENTION …

11

- D’obtenir les informations nécessaires pour permettre au sous cluster VBG d’élaborer un plan de

réponse VBG dans ce contexte de double urgence sécuritaire et sanitaire

Annexe :

1. Cartographie des sites évalués

Communes Sites évalués Nombre de personnes touchées

Ouahigouya Tansin (Secteur 10), Youba 18 femmes, 29 hommes

Séguénéga Séguénéga 12 femmes, 10 hommes

Titao Bounayiri, Non Loti AK 11 femmes, 10 hommes

Ouindigui Bissinguin 12 femmes

2. Acteurs touchés dans le cadre de la collecte des données

Types d’acteurs Acteurs touchés Communes

Médicale - CMA de Séguénéga

- CMA de Titao

- CM lazaré

- CM de Thiou

Séguénéga, Titao,

Ouahigouya, Thiou

Psychosociale - DPFSNFAH yatenga

- DPFSNFAH loroum

- Service sociale Séguénéga

- Service sociale Thiou

Ouahigouya, Titao,

Ouindigui, Séguénéga,

Thiou

Protection /

Sécurité

- Commissariat centrale de Police de Ouahigouya ;

- Gendarmerie de Séguénéga

- Commissariat de police de Séguénéga

- Gendarmerie de Titao

Ouahigouya, Séguénéga,

Titao

Judiciaire /

Juridique

- Palais de justice de Ouahigouya

- Gendarmerie de Séguénéga

- Commissariat de police de Séguénéga

Ouahigouya, Séguénéga

3. Tableaux synthèses de l’analyse de l’audit de sécurité

Configuration Générale

Critères d'appréciation TITAO OUAHIGOUYA OUINDIGUI SEGUENEGA THIOU

PROPORTION REGION

OUI NON OUI NON OUI NON OUI NON OUI NON

OUI NON

Existence de moyens d'éclairage la nuit X X

X X

X

60% 40%

Utilisation de lampes de poche par la population la nuit

X

X

X

X

X

100% 0%

Surpeuplement du lieu d'accueil (est ce que le lieu d'accueil est surpeuplé ?)

X

X

X

X

X

100% 0%

Existence de personnes dormant à la belle X

X

X X

X

40% 60%

Page 12: RAPPORT DE L’EVALUATION RAPIDE SUR LA PREVENTION …

12

étoile

Est-ce que les personnes ont de l'espace suffisante pour bien s’abriter ?

X

X

X

X

X

0% 100%

Existence de clés pour la fermeture des abris

X

X

X X

X

0% 100%

Existence d'éclairage dans les passages entre les maisons

X

X

X

X

X

0% 100%

Existence d'espace privé dans les familles d'accueil/lieu de réinstallation des ménages

X

X

X

X

X

0% 100%

Existence de sites, des centres ou des abris collectifs

X

X X

X X

60% 0,4

Si oui y'a-t-il des partitions entre familles ? X

X

X

33% 67%

Eau et assainissement

Critères d'appréciation TITAO OUAHIGOUYA OUINDIGUI SEGUENEGA THIOU

PROPORTION REGION

OUI NON OUI NON OUI NON OUI NON OUI NON

OUI NON

Est-ce que le lieu d'accueil des déplacés et/ou des retournés a des points d’eau qui fonctionnent ?

X

X

X

X

x

100% 0%

Combien de points d’eau ?................

8

1

3

3

Est-ce que l’emplacement des points d’eau est sécurisé ?

X

X

X

X x

60% 40%

Sont-ils proches de la périphérie des maisons/abris ? X

X

X

X

x

60% 40%

Est-ce que les femmes et filles utilisent les points d’eau ?

X

X

X

X

x

100% 0%

Est-ce que la queue est exceptionnellement longue pour accéder aux points d’eau ?

X

X

X

X

x

100% 0%

Y-a-t-il des acteurs armés visibles près des points d’eau ?

X

X

X

X

x

0% 100%

Est-ce que le lieu d'accueil des déplacés et/ou des retournés a des latrines qui fonctionnent ?

X X

X X

x

60% 40%

Est-ce que les maisons ont des latrines ? X

X

X

X x

20% 80%

Est-ce qu'il y a des latrines publiques ? X

X X

X

x

60% 40%

Sont-elles dans une zone sécurisée ?

X

X X

X

50% 50%

Est-ce que les latrines se trouvent à la périphérie des maisons/abris ?

X X

X X

X

60% 40%

Sont-elles séparées par sexe ? X

X

X X

X

20% 80%

Est-ce que les latrines peuvent être fermées à clé de l’intérieur ?

X

X

X X

X

20% 80%

Y-a-t-il des acteurs armés visibles proches des latrines ?

X

X

X

X

X

0% 100%

Est-ce que les lieux d'hébergement disposent de douches qui fonctionne ?

X X

X X

X

60% 40%

Est-ce que les maisons ont des douches ? X X

X

X

X

20% 80%

Est-ce qu'il y a des douches publiques ? X

X

X

X

X

0% 100%

Communauté

Critères d'appréciation TITAO OUINDIGUI SEGUENEGA OUAHIGOUYA THIOU

PROPORTION REGION

OUI NON OUI NON OUI NON OUI NON OUI NON

OUI NON

Y-a-t-il des écoles ouvertes dans la communauté ?

X

X

X

X

X

0% 100%

Page 13: RAPPORT DE L’EVALUATION RAPIDE SUR LA PREVENTION …

13

Est-ce qu’il y a une route sûre pour aller jusqu’aux écoles ?

X

X X

X

X

60% 40%

Est-ce qu’il y a des acteurs armés dans les environs des écoles ou qui utilisent les écoles ?

X

X

X

X

X

0% 100%

Est-ce qu’il y a un marché dans la communauté ou dans les environs de la communauté ?

X

X

X

X

X

100% 0%

Est-ce qu’il y a une route sûre pour aller jusqu’au marché ?

X

X X

X

X

60% 40%

Est-ce qu’il y a des acteurs armés dans les environs du marché ?

X

X X

X

X

20% 80%

Est-ce qu’il y a un espace sûr pour les femmes/espace pour les enfants dans les environs, accessible à la communauté ?

X

X X

X

X

60% 40%

Est-ce qu’il y a une route sûre pour aller jusqu’à l’espace ?

X

X X

X X

40% 60%

Est-ce qu’il y a des acteurs armés dans les environs de l’espace ?

X

X

X

X

X

0% 100%

Y a-t-il des acteurs armés ou autre qui ont établi des barrières ou des points de contrôle dans les environs de la communauté ?

X

X X

X

X

40% 60%

Est-ce que les barrières/points de contrôle bloquent les routes principales d’accès aux centres de santé, écoles, ou autres services essentiels ou zone de la communauté ?

X X

X

X

X

40% 60%

4. Liste des participants à l’évaluation rapide VBG COVID 19

Nom et Prénom Organisation Contact Email

PORGO Souleymane Bon Samaritain 75770998 [email protected]

OUEDRAOGO Fati Bon Samaritain 72807692

TRAORE Haoua Bon Samaritain 70487439 [email protected]

KOMI Madi Bon Samaritain 70794348

GANAME Boukary Bon Samaritain 72633133 [email protected]

OUEDRAOGO K. Yvette Plan international Burkina Faso 70361456 [email protected]

TAHO Aimé Plan international Burkina Faso 70772182 [email protected]

TAMBOURA Idrissa Plan international Burkina Faso 70796016 [email protected]

KABORE Servais Plan international Burkina Faso 76564582

KABORE Hamidou Plan international Burkina Faso 73029060

DAMALAM/ILBOUDO Maimounata ICAHD International 60229969 [email protected]

VALEA P Ely INTERSOS 70875424 [email protected]

ZONGO S Edwige INTERSOS 74353674 [email protected]

OUEDRAOGO Mariam INTERSOS 72499836 [email protected]

TINTO Haïdara INTERSOS 68508523

SIRIMA Yacouba INTERSOS 72064221 [email protected]

ZANGO Thierry UNFPA 07206910 [email protected]

SOW/OUEDRAOGO Raissa UNHCR 65504798 [email protected]

NIKIEMA Ousmane UNHCR 65504604 [email protected]