Upload
others
View
5
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
1
Direction de l’environnement
Rapport 6 : Les acteurs‐Tautira
Programme de recherche RAHUI (CNRS‐CRIOBE) Pluralisme culturel et normatif à Tautira
Septembre 2010 Service du Patrimoine et de la Culture de la Polynésie française B.P 380 586 - 98 718 Tamanu Courriel : [email protected]
CENTRE DE RECHERCHES INSULAIRES ET OBSERVATOIRE DE L’ENVIRONNEMENT
MOOREA - POLYNESIE FRANCAISE UMS 2978 CNRS-EPHE -
SERVICE D’OBSERVATION INSU
2
SOMMAIRE
1 OBJECTIF DE LA RECHERCHE‐ACTION (RAPPEL) 4
2 METHODOLOGIES 4
3 LOCALISATION DES ENQUETES ET LES ENJEUX 7
4 PROBLEMATIQUE DE L’ETUDE : LE PHENOMENE D’URBANISATION PERIPHERIQUE ET LES CHANGEMENTS DANS LES MODES DE VIE. 9
6 LES ACTEURS 12
6.1 LES AUTORITES ADMINISTRATIVES 12 6.2 LES PECHEURS LAGONAIRES 13 6.2.1 LA DEFINITION DU PECHEUR 13 6.2.2 LE LAGON : UN ENJEU TERRITORIAL MAJEUR 14 6.2.3 LE LAGON : LIEN DE COMMUNICATION IMPORTANT 18 6.3 L’AGRICULTURE 19 6.4 LES ACTIVITES AQUACOLES 23 6.5 LES ACTEURS TOURISTIQUES 24 6.5.2 LES GUIDES TOURISTIQUES 25 6.5.3 LES AUTRES ACTIVITES DE LOISIR 26 6.6 LES ASSOCIATIONS 28 6.7 LES ACTIVITES TRADITIONNELLES 29
7 CONCLUSION 29
10 BIBLIOGRAPHIE 30
9 TABLES 31
9.1 TABLE DES FIGURES 31 9.2 TABLE DES PHOTOS 31
10 ANNEXE : LISTE DES ETABLISSEMENTS CLASSES ICPE 32
3
Remerciements Nous tenons à remercier Jean‐Pierre et Chantal Mallégoll pour leur accueil chaleureux à Tautira au fenua aihere. Beaucoup de rencontres n’auraient pu avoir lieu sans leur entremise Madame le maire, Juliette Nuupure Madame, la cousine de Christiane
4
1 Objectif de la rechercheaction (rappel) Pour rappel, « ce projet de recherche poursuit un objectif principal : a) analyser et comprendre les modalités de gestion des ressources naturelles terrestres et lagonaires dans un contexte de pluralisme culturel et juridique en Polynésie française ; et b) proposer des analyses prospectives qui permettent de concilier durabilité de la gestion des ressources et respect des identités culturelles. » (Programme de recherche RAHUI) Ce travail vise donc à :
‐ Un travail de recherche fondamentale.
‐ Un travail de mise à disposition d’outils de gestion d’un espace ou de ses ressources.
Ce sixième rapport d’étape est une synthèse qui fait état de l’avancement du travail commencé en octobre 2008. Ce programme, en partie financé par la DIREN, le Service de la culture et du patrimoine, le CNRS et l’EPHE, est conduit sous la responsabilité T Bambridge (CRIOBE‐CNRS, EPHE). Parallèlement, un autre programme de recherche et de gestion « Gestion des bassins versants et des récifs coralliens » dirigé par Jean‐Brice Herrensmidth (IRD‐CRISP) allait commencer sur un des sites choisi pour le programme RAHUI –Taiarapu. Les deux responsables ont ainsi décidé d’unir leurs ressources pour mener à bien les programmes en cours. Le travail commun a été redéfini et proposé aux populations concernées de la manière suivante :
Etude des systèmes de gestion locale des ressources naturelles, de la terre et de la mer, pour mieux assurer l’avenir des ressources
et le respect des identités culturelles. Au cours des missions qui se sont succédées, 5 principales activités ont été mises en œuvre :
• Identifier les acteurs locaux porteurs d’identités culturelles concernées par les ressources ;
• Cartographier l’organisation humaine et culturelle : activités, zones culturelles, lieux importants pour les habitants ;
• Analyser les dispositifs publics de gestion des ressources et des espaces existants ; • Analyser la perception que les acteurs ont de ces dispositifs publics passés et
présents ; • Evaluer l’efficacité des gestions traditionnelle et moderne des ressources et la
manière dont elles sont acceptées par les habitants.
2 Méthodologies Depuis octobre 2008, plusieurs équipes composées de chercheurs en sciences humaines (civilisation polynésienne, tradition orale, linguistique, anthropologie, droit des pêche,
5
géographie), en télédétection et en géologie, ont participé, en équipe, à 4 principales missions de terrains, qui ont duré entre 7 et 10 jours.
‐ En octobre 2008; (7j)
‐ Du 1er au 10 décembre 2008; (10j)
‐ Du 11 au 19 mars 2009; (9j)
‐ Du 28 juin au 4 juilllet 2009; (7j)
‐ En Octobre 2009 (10j)
‐ En janvier 2010 (7 j)
‐ En juin 2010 (7 j)
Au cours des enquêtes menées pendant les 7 missions : ‐ 4 réunions de groupes ont eu lieu à la mairie de Teahupoo;
‐ Plus de 32 réunions avec des personnes ressources ont été provoquées.
‐ De nombreux entretiens individuels sur des sujets très variés liés au territoire.
De très nombreuses enquêtes de terrain ont été réalisées sur les zones de village, du fenua aihere et du Te Pari, en mer et sur la terre. Les méthodes de travail expérimentées ont été les suivantes :
• Organisation du travail avec les populations locales • Enquêtes auprès des populations : noms des lieux, histoire, connaissances locales,
activités économiques, attentes en terme de gestion, priorités exprimées, • Visites et observations sur le terrain, relevés de terrain (GPS) • Réunions avant, pendant et après le déroulement de l’étude • Présentation et Restitution du travail réalisé (juillet 2009)
L’outil cartographique (SIG) a été également utilisé afin d’intégrer les informations suivantes :
6
A1 – Informations à collecter
Terrestres
Cadastre Limites administratives
Marines
Repères culturelsTerritoires culturels
Activités économiques Activités économiques
HUMAIN
Topographie
Occupat° du sol /végétat°
Hydrologie / bassins versants
Récifs
Courants
Bathymétrie
PHYSIQUE
SIG et production d’outils
A noter que les informations collectées au titre des éléments physiques ont déjà fait l’objet d’un rapport GERSA pour la Polynésie1. Nous n’y reviendrons donc pas dans le cadre du présent document. L’équipe de recherche est composée de plusieurs personnes provenant de différentes institutions ou services de la Polynésie française, partenaires :
QUI ? D’OU ? POUR ? Tamatoa Bambridge CNRS‐CRIOBE Anthropologue Jean‐Brice Herrensmidth IRD‐GERSA Géographe François Feral Université de Perpignan Juriste
Edmée Hopuu Service du patrimoine et de la culture
Civilisation polynésienne
Flora Devatine Université de la Nouvelle‐Calédonie
Doctorante en anthropologie
Tokainiua Devatine Centre des métiers d’art et CREDO (CNRS)
Doctorant en anthropologie
Christiane Dauphin Service du patrimoine et de la culture
Département d’archéologie
Christian Ghasarian Institut d’ethnologie de Neuchatel
Ethnologue
Lewis Villierme Université de la Polynésie française
Géographe
Un stagiaire, Lewis Villierme, étudiant en 2ème année de licence au sein de l’UFR de géographie de l’université de la Polynésie française, a également participé à l’élaboration du
1 Cf rapport GERSA n°1/PF
7
SIG. Son travail a fait l’objet d’un mémoire sous la responsabilité scientifique de A. Mascret (UPF) et de Tehei Taiore (Service de la topographie, Polynésie française). L. Villierme a ensuite bénéficié d’une formation sur les outils d’image et de télédétection au cours d’un stage qui s’est déroulé à l’IRD de Nouméa (laboratoire Espace) en juin 2010. Il a contribué à la réalisation des indicateurs qui seront par ailleurs présentés dans le cadre du travail de Arnaud Campaner.
3 Localisation des enquêtes et les enjeux Le travail a également été mené à des échelles différentes :
2) Taiarapu
1) Tahiti
3) Echelle locale
A2 – Echelles
SIG et production d’outils
Après une étude préliminaire du terrain (Taiarapu), il est apparu pertinent de définir une zone de travail qui englobe à la fois les communes associées de Teahupoo (Taiarapu ouest) et de Tautira (Taiarapu est), au regard des :
‐ Enjeux culturels qui s’y posent et qui remontent parfois à une époque pré‐
européenne;
‐ Des conflits d’usages des ressources et de l’espace sur un même territoire
relativement homogène: conflits sur les ressources lagonaires, enjeux lies à l’usage
d’une zone frontalière (Te Pari) entre les deux communes.
‐ Deux communes associées qui devront faire face dans les prochaines décennies à une
urbanisation croissante de la presqu’île (construction d’un port, d’une zone
industrielle, urbanisation croissante de Tahiti iti avec le développement de
lotissements résidentiels et agricoles, etc.)
8
Figure 1 Carte Taiarapu avec zoom sur les 2 communes associées.
9
4 Problématique de l’étude : le phénomène d’urbanisation périphérique et les changements dans les modes de vie. Dans les catégories des acteurs locaux, au sens anthropologique du terme, il ne faut jamais oublier rappelle M. Shalins (2000) que dans la problématique centre‐périphérie, c’est le local qui constitue le centre et l’urbanisation qui apparaît comme périphérique. A Teahupoo, la vie villageoise est au centre, celle de Taravao (pôle urbain de la presqu’île) y apparaît comme la périphérie. A l’échelle tahitienne, cette partie de Tahiti fait aussi l’objet d’un mythe : ce serait le dernier lieu sauvegardé de l’île. Le « fenua aihere » apparaît ainsi comme la dernière côte littorale sans route et encore sauvage. Les promenades du « Te Pari » sont aux confins de la recherche de l’aventure et de l’authenticité naturelle et culturelle. Au cours de nos enquêtes, le phénomène de l’intégration urbaine est apparu incontournable. Comme nous le mentionnions en conclusion du rapport 5 :
la « forte intégration urbaine ne signifie pas nécessairement une atténuation des identités culturelles à Tautira. Au contraire, et c’est là le principal paradoxe, l’intégration urbaine de Tautira au travers de ses activités socio‐économiques, va de paire avec le maintien de spécifiques culturelles souvent revendiquées. C’est un paradoxe que partage à la fois Teahupoo et Tautira. »
Située sur la côte est de la presqu’île de Tahiti, la commune associée de Tautira, commune de Taiarapu est2, est localisée à environ 75 kilomètres de Papeete, capitale administrative de la Polynésie française. Cette commune compte 2344 habitants en 2007, soit une augmentation de 66% en 24 ans. La part de la population de Tautira dans l’ensemble de la commune a tendance à légèrement diminuer (‐0,8%). La moyenne d’âge de la population se situe aux alentours de 31 ans.
Subdivision Commune Comas RP 1983 RP 1988 RP 1996 RP 2002 RP 2007
Iles du vent
Taiarapu-Ouest
Teahupoo 920 1 002 1 007 1 194 1 321
Toahotu 1 233 1 420 2 013 2 519 3 129
Vairao 1 411 1 785 2 004 2 368 2 557
Taiarapu-Est
Afaahiti 1 876 2 378 3 315 4 495 5 280
Faaone 828 1 033 1 329 1 597 1 877
Pueu 1 202 1 428 1 724 1 972 2 037
Tautira 1 411 1 763 2 447 2 363 2 344
Total Polynésie française 166 798 188 814 219 521 244 830 259 706
Teahupoo/ total PF 0,55% 0,53% 0,46% 0,49% 0,51%Tautira/ total PF 0,85% 0,93% 1,11% 0,97% 0,90%Source : ISPF‐INSEE, RGP 1983 à 2007
2 La commune de Taiarapu Ouest regroupe les communes associées de Teahupoo, Toahotu et Vairao
10
ISPF‐INSEE : population recensé par commune associée à chaque recensement Les principales activités au sein de cette commune‐associée en 2007 sont la catégorie « ouvrier » (342 personnes), les employés (179) et les agriculteurs exploitants (122). Les autres personnes sans activité restent les plus nombreux (736) sur une population active de 1704 personnes. D’une manière générale les activités tertiaires et primaires dominent, avec, contrairement à Teahupoo, une quasi‐absence d’activité touristique.
Source : ISPF‐INSEE RGP 2007 Il convient également de remarquer que de nombreux changements ont affecté la vie de la commune comme l’ouverture de la marina, le nombre croissant d’habitations qui se construisent au fenua aihere, le démarrage de nouvelles activités aquacoles. Sachant que la population a peu augmenté en quelques années, il convient de noter que cette commune devient un espace de résidence secondaire, surtout au fenua aihere.
11
Le village de Tautira Le village de Tautira est vraiment original à plus d’un titre. Par rapport à d’autres communes et notamment celle de Teahupoo, toutes les habitations sont regroupées dans une pointe bordée à l’ouest par la rivière qui descend de la vallée de Vaitepihaa, au nord par le récif et à l’est par le lagon protégé par la barrière de corail. Au sud du village, on distingue nettement les parcelles agricoles qui montrent que l’agriculture continue d’être une activité importante du village.
Source : google, le 2 avril 2011. Photo datant du 8 août 2005. L’entrée du village est bordée par une allée de uru planté dans les années 80 par les élèves de . Lucas, aujourd’hui devenu le maire de la commune de Taiarapu est.
Source : Tahiti Héritage
12
6 Les acteurs Les documents consultés au cours de l’étude :
‐ Le système d’information géographique développé par le Service du Développement
Rural (SDR) depuis 2009
‐ Les données statistiques de l’ISPF (recensement de la population 2007) ;
‐ Les documents consultables à la commune associée de Tautira ;
‐ Mémoire de master 2 de Arnaud Campaner en géographie de l’environnement,
(collaboration IRD‐GERSA‐Prog. Rahui), Université de la Nouvelle‐Calédonie, 2010.
‐ Les enquêtes menées dans le cadre des programmes RAHUI‐GERSA (IRD, CNRS, EPHE)
entre octobre 2008 et juillet 2009 et en juin 2010.
Par acteurs, il faut entendre à la fois les personnes physiques ou morales porteurs d’une activité et les experts (tahu’a) au sens traditionnel et polynésien du terme. Une présentation descriptive des acteurs présents sur la commune associée de Tautira fait apparaître :
6.1 Les autorités administratives Par autorité administrative, nous entendons essentiellement la commune associée de Teahupoo. Le maire, Mme Juliette Nuupure est notre principale interlocutrice dans cette commune. La commune en Polynésie française se situe dans une situation originale. Elle est à la fois la plus petite unité décentralisée de la République française et ses membres étant élus au suffrage universel, elle constitue le niveau politique local le plus légitime aux yeux de la population. Nous n’avons pas pu organiser à ce jour de présentation du projet à la commune de Taiarapu est (dans laquelle la commune de Tautira constitue une commune associée), en raison de difficultés politiques internes à la commune, malgré l’envoi de plusieurs courriers ou coups de téléphones. Le maire de la commune de Tautira a, en revanche, bien accueilli le projet et s’est toujours révélé d’une grande aide dans nos contacts avec les populations ou lors des visites des captages d’eau. Les élus de la commune de Tautira ont par ailleurs souligné les difficultés possibles de gestion du lagon de Tautira‐Teahupoo, en raison des conflits réguliers qui opposent les acteurs des deux communes.
13
6.2 Les pêcheurs lagonaires
6.2.1 La définition du pêcheur Nous l’avons remarqué au travers des recensements, il est difficile de caractériser un pêcheur lagonaire ou même un agriculteur en raison de la polyvalence des activités, des changements fréquents qui arrivent au cours d’une vie, de la pratique d’une activité (la pêche) puis d’une autre selon le moment de la journée ou selon la période considérée. Les chiffres communiqués par le service de la pêche font apparaître que Tautira est de loin la
commune associée qui dispose du plus grand nombre de pêcheurs. Nous estimons à environ
80 le nombre de pêcheurs réguliers. Il s’agit surtout de pêche lagonaire (filet, fusil, canne à
pêche) et quelques pêcheurs dont les bateaux sont amarrés à la marina, pratiquent
également la pêche au large, qui n’excède pas deux ou trois jours de mer.
nouvelles cartes renouvellement 2008 2009 2008 2009
Taiarapu
ou
est TEAHUPOO 35 15 3 5
TOAHOTU 4 6 1 2
VAIRAO 20 19 11 29
Taiarapu
est
AFAAHITI 6 7 2 0
FAAONE 11 4 6 10
PUEU 29 12 10 1
TARAVAO 5 1 1 1
TAUTIRA 77 10 17 21 Source : service de la pêche, 2009
Autre difficulté, la caractérisation d’un statut n’a pas de rapport direct avec l’importance du
prélèvement des ressources. Par exemple, nous avons pu constater lors de nos enquêtes que
la pêche de loisir pouvait contribuer à un prélèvement important de la ressource, surtout le
week‐end. Il faut en outre ajouter, comme nous le verrons ensuite, Autre exemple, la pêche
en plongée sous marine avec bouteille, formellement interdite que l’activité extractive
(agricole et de pêche) est très intégrée aux principaux marchés de l’île (Papeete, Pirae,
Taravao) si bien que l’activité de pêche est importante en fin de semaine pour être présent
sur les marchés. Les pêcheurs rencontrés sont d’ailleurs très fiers de leur réputation car
disent‐ils, « c’est notre district qui nourrit Tahiti ».
14
Photo 1 Chez un pêcheur, Tautira, juin 2010 Photo 5 Pêche au fusil, lagon de Tautira, juin 2010 Lors de n os enquêtes, nous n’avons pas assisté aux grandes pêches collectives notamment de ature, qui ont fait la renommée de Tautira et de sa population (cf. Ottino). En revanche, la grande plage publique face au village,
6.2.2 Le lagon : un enjeu territorial majeur Lors de l’enquête de faisabilité réalisée par PTPU concernant la mise en place d’un PGEM à Taiarapu ouest, celui‐ci expose : Actuellement, la pêche est une activité familiale et artisanale, très peu professionnalisée au niveau de la commune de Taiarapu-Ouest, où les habitants dépendent plus de l’agriculture (Source : Service de la Pêche, comm. pers.). Les enjeux sont faibles par conséquent, la pêche n’est pas source de conflits. Une ressource crée néanmoins des tensions entre les pêcheurs de Tautira et de Teahupoo : les burgaux. (Rapport Pai tai Pai uta, 2004) Si nous pouvons être d’accord avec la première partie de l’analyse (activité familiale, peu professionnalisée au sens des techniques modernes), les premiers résultats de notre enquête démentent l’idée selon laquelle la pêche ne serait pas source de conflits. Cette idée provient d’une confusion souvent faite (et qui a des conséquences particulièrement graves en terme de gestion, dans un autre contexte, celui du PGEM de Moorea) entre importance économique de l’activité et appropriation du territoire lagonaire. En réalité, comme nous le montre le rapport relatif au territoire déjà effectué, l’espace terrestre, comme l’espace marin, en particulier lagonaire (mais pas seulement), sont largement appropriés par les groupements familiaux qui occupent le territoire de Tautira. Cela est sans doute encore plus vrai à Tautira qu’à Teahupoo. En effet, si beaucoup de maisonnées au fenua aihere de Teahupoo sont habitées par des retraités ou sont des résidences secondaires, il n’en est pas de même du côté du fenua aihere de Tautira. Beaucoup d’habitants quoiqu’âgés, pratiquent une activité agricole et de pêche régulière. L’espace lagonaire, nous l’avons évoqué, rempli plusieurs fonctions :
‐ Un territoire de pêche vivrière et commerciale;
‐ Un territoire de jeux;
15
‐ Un territoire d’activités communautaires;
‐ Un espace de circulation dominant dans cette commune.
Si les Polynésiens soulignent tous dans leurs discours et leurs pratiques la continuité terre‐mer du territoire, il ne fait aucun doute que les modes d’appropriation du territoire terrestre diffèrent de ceux du territoire marin. Si cette question est importante et mérite d’être approfondie, elle demeure néanmoins en dehors du champ de la présente étude.
Les lagons de Teahupoo et de Tautira, la mer qui sépare les deux communes‐associées, sont l’objet d’une appropriation très forte par les habitants et les pêcheurs des deux communes. Ces derniers ont des relations continues faite de concurrence, de rivalité, et de compétition. Cela se perçoit facilement au travers des discours, plus du côté Teahupo que Tautira. Mais cette rivalité est ambigüe. Parfois, les gens de Teahupoo parlent des pêcheurs de Tautira à la fois en termes de jalousie mais aussi d’admiration. Ce sont les premiers à se rendre sur les marchés le dimanche, les stands qui y sont appropriés depuis plusieurs décennies. Les gens de Tautira, vue de Teahupoo, sont reconnus comme des gens travailleurs et courageux.
‐ Conflits entre pêcheurs de Teahupoo et Tautira sur la zone du fenua aihere;
‐ Conflits entre pêcheurs de Teahupoo et de Vairao sur la pêche au troca et au burgo
dans la zone de la passe de Te ava ino. Dans ce dernier cas, il est certain que le conflit
sur la frontière du territoire déjà évoqué en 1 est sous jacent.
‐ Conflits entre les pêcheurs de Teahupoo et les pêcheurs extérieurs venant à
Teahupoo.
Dans certains cas, il nous semble même que les conflits de pêche sur le lagon de Teahupoo renvoient des tensions qui datent soit d’une époque pré européenne, soit qui ont trait à des causes extérieures à la pêche agissant ici comme un prétexte. Poria, un pêcheur reconnu, souligne à cet égard l’importance de l’appropriation communautaire et en particulier familial du territoire : Notre filet, le ‘hopai’. Avant, le ‘ufu’ venait pratiquement au bord pour manger les algues. On coupe une branche de ‘aito’ et on tapait sur la mer. Nous étions un grand nombre dans la famille. Notre chef était notre père, nous étions 12 personnes. Par famille nous pêchons.
Ta matou upea, te hopai. Na matou hoa e haamani. I te matamua haere roa mai te ufu i tatahi e amu te remu. E tapu noa matou te aito e tairi ai te miti. Mea rahi roa matou te mau famille. Te chef to matou papa, e haere roa 12 taata. Par famille hoa matou e haere taia.
Concernant l’appropriation du territoire, mentionnons à nouveau, aujourd’hui, le caractère familial de l’appropriation d’une zone située sur la pente externe du récif de Teahupoo. Par exemple Patrick Rochette discutant d’une pierre à poisson, située à une extrémité de la zone du fenua aihere indique : Il y avait une pierre à thon au bord de la mer avant d’aller au Te Pari. Elle était à la famille. Elle a été pris et maltraité.
Te vai ra hoe puna aahi i tatahi,na mua ae ona e haere i te pari. Tera puna e puna fetii. Ua rave eana hia tera puna totoa hia (…).
16
Figure 2 Le territoire de pêche à Tautira‐Teahupoo
17
Figure 3 : Le territoire de pêche selon PTPU
18
Dans d’autres cas, l’usage du filet par les pêcheurs de Tautira est clairement dénoncé. Le discours d’Adrien est représentatif de beaucoup d’autres : Beaucoup de gens viennent de Papeete pour pêcher au filet, raisons des disputes ici. Ce qui est injuste ; c’est le règlement relatif. Au lieu de doigts penchés pour les mailles, on aurait dû maintenir les trois doigts. Cela permet notamment aux poissons de grandir et aux femelles de pondre avant d’être pêchés. On tient pas compte de cela.
(…) Mea rahi te taata e haere mai nei no Papeete, eaha ua peapea iho nei i’o nei tera mea. Te vahi aita e tano ; te faatureraa te ra ohipa upea. Tuu hia mai e piti rima opa, aore pai e faaore tera mau pueraa, e rave e toru rima. Ua paari hoa ia tera mau mama e faarue ihoa ia ratou te huero a rave hia atu ai ia ratou. Aita oe e taua hia mai.
Il semblerait que les règles de préservation des ressources comme les tailles minimales, les périodes de pêche autorisées et la taille des filets ne soient pas respectées au vu et au su de tous. Ce constat est assez général au niveau des îles de Polynésie française, et peut peut‐être s’expliquer par un individualisme de plus en plus marqué. (Rapport Pai tai Pai uta, 2004)
Cette assertion générale, répandue en zone urbaine, demande à être confirmée ou infirmée. Nos premières enquêtes montrent cependant que le problème crucial réside moins dans le prétendu « individualisme de plus en plus marqué » que dans les changements historiques et institutionnels profonds que connaît l’île de Tahiti. En déclarant, le lagon domaine public, en énonçant, de ce fait, qu’il « appartient à tous » et en n’exerçant aucun contrôle sur l’usage de celui‐ci, les autorités ne font qu’encourager un usage débridé du lagon. Autrement dit, là où certains y perçoivent un problème individuel, nous faisons l’hypothèse d’un problème institutionnel, voire politique.
6.2.3 Le lagon : lien de communication important Il convient enfin de noter que le lagon est un lien de communication important. Nous l’avions déjà noté à Teahupoo, mais cela nous a encore plus frappés à Tautira. Dans la mesure où le village de Tautira est beaucoup plus localisé qu’à Teahupoo, les communications entre la zones dites du fenua aihere et le village, entre le villages et les lotissements construits du côté du fenua aihere, sont très importants. Le lagon est le principal vecteur de communication. C’est par le lagon que passe le transport scolaire (voir ci‐après), le transport des productions, aquacoles, agricoles, toutes les semaines. Ce vecteur pourrait s’accentuer dans les années à venir dans la mesure où des projets économiques d’envergure sont développés dans la zone du fenua aihere. Le planning ci‐dessous donne un aperçu des navettes de transport scolaires réalisées toutes les semaines.
Les rotations du bateau de la commune qui fait le transport scolaire des enfants du Fenua ‘Aihere les jours et horaire lundi - mardi - jeudi
19
matin : à 5 h30 pour les élèves des collèges et lycées à 6 h15 pour les classes du primaire et pour celles de la maternelle
retour : à 15 h 30 pour les élèves du primaires et de la maternelle à 17 h pour les élèves des lycées et collèges
mercredi
matin : à 5 h30 pour les élèves des collèges et lycées à 6 h15 pour les classes du primaire et pour celles de la maternelle retour : à 11h 30 (Primaires et Maternelles) à 13 h (Collèges et lycées)
Vendredi
matin: à 5 h30 pour les élèves des collèges et lycées à 6 h15 pour les classes du primaire et pour celles de la maternelle retour
à 11h 30 (Primaires et Materelles) à 17 h (Collèges et lycées)
6.3 L’agriculture A Tautira, la distinction entre activité agricole commerciale et vivrière, n’est pas très pertinente. Comme pour la pêche lagonaire, la majeure partie de la production agricole est destinée à différents marchés (Papeete, Pirae, Taravao) et aux magasins qui parsèment la commune de Taiarapu. En ce qui concerne l’agriculture commerciale, on peut distinguer deux périodes qui correspondent à deux modes d’appropriation du territoire. Jusque dans les années 1950, la coprah‐culture était très pratiquée. Elle est aujourd’hui délaissée. Mais cette activité laisse des traces visibles dans le paysage (voir carte n°..). Aujourd’hui, il existe des exploitations commerciales de petites tailles produisant essentiellement des productions dites traditionnelles et des légumes. Ces exploitations sont localisées sur la carte ci‐dessous. Tautira est sans nul doute tourné vers l’agriculture. Le SDR a recensé 148 parcelles agricoles, pour une surface agricole utile (SAU) de 216 ha. Ces parcelles sont souvent détenues par des personnes différentes. Ces chiffres appellent un premier commentaire. La taille moyenne de la SAU par agriculteur est de 1,4 hectare. En réalité, les parcelles sont souvent plus petites et n’excèdent pas 5000 m² car quelques grandes exploitations (celle de Tapuvana’a Ching notamment), dominent. Il n’y pas de spécialisation agricole à l’échelle de la commune associée, tout au plus certains agriculteurs produisent en priorité certains produits que leur voisin ne produit pas. Les produits cultivés sont essentiellement le taro, banane, fei, papaye, coco, nono, tarua, tomate, salade, concombre, un producteur de mandarine dans la plaine face à la salle omnisport. Tous ces produits sont de plusieurs variétés. Parfois, des moyens de lutte ou de l’engrais chimiques, sont utilisés pour favoriser la croissance des plantes, y compris en ce qui concerne les plantes dites « vivrières » (en réalité vendues aux marchés).
20
Il convient également de noter l’existence d’un lotissement agricole près du village de Tautira, dont les parcelles sont louées à des agriculteurs de la commune. Environ une vingtaine de parcelles d’une superficie moyenne de 5‐7000 m² sont ainsi cultivées essentiellement en produit traditionnels, tous destinés aux marchés.
Les parcelles du domaine public près du village, louées à des agriculteurs qui y cultivent le taro En haut à droite, la marina, d’où sont débarqués tous les produits agricoles et de pêches pour être livrés aux marchés
Photo 2 Plantation de non chez un agriculteur de Photo 7 Champ légume et taro, Tautira, juillet 2010 Tautira
21
Photo 8 Champ de mandarine avec désherbage Photo 9 Champ de taro au village Tautira juillet 2010 chimique à Tautira
Plantation mixte taro, papaye, Tautira Un agriculteur devant son champ, en compagnie de l’agent du SDR Juillet 2010
22
Figure 4 Le territoire agricole
23
Les problèmes évoqués avec les agriculteurs. Lors de nos enquêtes, plusieurs problèmes ont été évoqués avec les agriculteurs. Il est utile de les mentionner car certains auront vraisemblablement un impact le jour où un plan de gestion de l’environnement sera mis en place. Il y a tout d’abord le problème de la terre : les familles, de plus en plus nombreuses, manquent de terre à cultiver. Cela constitue un enjeu important car les cultivateurs, par nécessité, sont amenés à utiliser toujours plus d’engrais chimique pour favoriser la croissance des plantes.
6.4 Les activités aquacoles Deux grandes entreprises aquacoles sont implantées à Tautira, mais leur production n’en sont que dans une phase expérimentale. Le projet de production aquacole sur le domaine appartenant à Quito‐Braun Ortega à Tautira, a été abandonné et laisse la place à de grandes cocoteraies exploitées pour leur cœur. Cette production est vendue sur le marché international. SOPOMER Basée sur la commune de Tautira, cette société dispose d’environ 1 hectare de bassins destinée à la crevette. La société bénéficie du programme crevette IFREMER-Territoire depuis 1983 qui produit toute l’année des post-larves de L. stylirostris. . Bora Bora Aquaculture Une antenne de cette entreprise est localisé au fenua aihere, à Tautira. Cette ferme piscicole possède des cages d’élevage en lagon et d’une personne qualifiée en aquaculture, formée aux pratiques d’élevages de Paraha peue à Vairao par l’équipe SPE/IFREMER. En juillet 2010, un premier transfert de 5000 alevins à la société est effectué afin de tester le site d’élevage de Tautira. La production finale est estimée à 2 à 3 tonnes de Paraha peue. Il s’agit du premier transfert pour un élevage commercial à une société privée. (source : SPE)
Le Centre de Recherches Insulaires et Observatoire de l’Environnement (CRIOBE) a été chargé par le Service de la pêche de suivre les paramètres environnementaux et zoosanitaires de la zone piscicole. Résultats de l’étude ??
Il convient de souligner que, comme à Teahupoo, ces entreprises sont localisées à la sortie d’un bassin versant, : interaction bassin versant‐zone activité acquacole3 Les autres activités aquacoles sont surtout du fait de certains riverains qui élèvent quelques poissons ou piègent pendant un certain temps des poissons en partie destinés à la consommation, en partie pour les marchés. Une autre question plus générale est relative à la gouvernance des activités aquacoles. Si dans l’avenir, les élevages lagonaires devaient se développer au fenua aihere, la question de 3 Dans la même perspective, notre enquête de terrain semble indiquer que la liste des ICPE de la direction de l’environnement est incomplète. Au fenua aihere, presque tout le monde dispose d’un groupe électrogène, mais nous n’avons pas vérifié si ceux‐ci relève d’une des classes établie par le code de l’environnement.
24
leur localisation doit se poser par rapport à une gestion durable du lagon. Le système actuel de la concession maritime, incite à demander une occupation du domaine public maritime en fonction du lieu d’habitation du propriétaire et non en fonction de l’optimum recherché pour le type d’élevage poursuivi.
Photo 3 Cage flottante au fenua aihere Photo 4 Parc à poisson, fenua aihere, Tautira
Piège à poisson, fenua aihere, Tautira Lors des enquêtes effectuées, l’activité de pêche est réputée rapporter de l’argent plus vite que l’activité agricole qui nécessite un délai certains avant une possible commercialisation. Cela explique peut‐être la raison pour laquelle cette commune est très tournée vers la pêche. Cela explique aussi que de nombreux agriculteurs réalisent aussi régulièrement des activités de pêche. En juin 2010, Romelda Rongomate résume les activités qui se déroulent au rythme des saisons. Elle indique :
Poissons : toute l’année Oursins (vana) : à la saison Cocos : pape ha’ari, toute l’année Mape : à la saison (juillet) bananes: quand il y en a
6.5 Les acteurs touristiques Le nombre d’acteurs touristiques varie en fonction de l’époque de l’année. C’est surtout du côté de Teahupoo, lors de la compétition internationale de Surf qui se déroule dans la passe de Hava’e chaque année au mois de novembre, qu’une grande partie des habitants de
25
Teahupoo est en effervescence. Pendant quelques semaines, une partie importante des activités de la population sera tournée vers des prestations touristiques : location de maison ; tel pêcheur se convertit en chauffeur de bateau ; tel autre en guide pour touriste, etc. En ce qui concerne Tautira, ce sont surtout les activités de randonné principalement organisées par deux guides qui permettent une activité touristique, impliquant des personnes venant notamment de Papeete pour de telles excursions. Il convient également de noter l’importance des activités de loisirs essentiellement le week‐end ou pendant les vacances scolaires, qui ont lieu à certaines périodes de l’année. Ces activités concernent des groupes scolaires, des colonies de vacance ou des non résident de Tautira qui y reviennent pour passer des vacances ou un week‐end. En dehors de ces périodes là, nous n’avons pas recensé de prestataires d’activités touristiques plus permanents.
6.5.2 Les guides touristiques Pour l’ensemble de la zone du Pari, il existe principalement deux guides touristiques reconnus à Teahupoo et à Tautira :
1) Valentin (Teahupoo) 2) Mata (Tautira)
Il est difficile d’évaluer précisément le nombre de personnes qui fréquentent le fenua aihere ou le Pari à titre de loisir. On peut considérer :
1) Des activités récréatives dans ces lieux de la part des habitants de Teahupoo. A noter que la coutume d’activités récréatives de groupes,
courante dans les années 1950, avec des parcours d’étape importants
(grotte de Vaipoiri, pêche au filet traditionnel collectif de nuit, etc.), à
des périodes déterminées (grandes fêtes chrétiennes) a aujourd’hui
disparu.
2) Des activités récréatives liées aux activités des touristes présents dans les pensions de Teahupoo.
Selon Valentin, il est amené à accompagner des visites tous les ans, et cela concerne une moyenne de 400 personnes par an. La clientèle concernée est surtout composée de popa’a et d’étrangers. Très peu de personnes locales profitent de l’expertise d’une visite guidée. Nous aurons une vision plus complète lorsque nous réaliserons l’enquête auprès de Mata, du côté de Tautira.
26
Quant à l’impact écologique de ces parcours, nous rejoignons dans son principe les mises en garde évoquées par PTPU. Ce parcours peut en partie s’effectuer en passant sur le platier frangeant lorsque les conditions météorologiques le permettent. Le piétinement du platier par les marcheurs peut avoir de grave conséquence au niveau de la zone frangeante. Si ce type d’activité vient à se développer, une évaluation de la capacité de charge écologique des sites présents lors de cette traversée (pétroglyphes, bain de la reine, etc. …) devra être entreprise. Il en va de même pour les autres sites qui sont visités comme la grotte de la Vaipoiri. (PTPU, 2004)
Parcours fenua aihere, Tautira Hiéroglyphe, Tautira juillet 2010
Un touriste, Pascal, devant un hiéroglyphe
6.5.3 Les autres activités de loisir Les autres activités de loisirs sont de plus en plus nombreuses. Elle concerne : la pratique du surf, la pratique de la pirogue, du jet ski, du kayak, et dans une moindre mesure à Teahupoo, la plongée sous‐marine. La carte ci‐dessous localise les principales activités de loisirs.
27
Figure 5 Les flux économiques (agricoles et poissons) entre Tautira et les marchés urbains
28
6.6 Les associations Il est important de noter la présence de nombreuses autres associations car quelque soit leur objet, elles concourent souvent directement ou indirectement à la gestion d’un territoire ou à l’organisation et à la transmission des savoirs. 35 associations son recensées par l’ISPF (RGP, 2007). Lors de nos enquêtes, les associations recensées sont plus nombreuses, ce qui dénote un nombre important d’associations existantes à Teahupoo et qui n’ont pas été déclarées officiellement. Le tableau ci‐dessous recense quelques associations, déclarées ou non, particulièrement actives à Tautira.
En terme d’associations, il convient également de mentionner les associations familiales, déclarées ou non, en vue de la sortie de l’indivision, ou pour rester dans une gestion familiale, ou communautaire, du patrimoine foncier. Il convient également de mentionner les associations formées entre les membres d’un même groupement (exemple : vallée de Vaitapihaa) pour partager entre les descendants héritiers des biens fonciers de la partie plane habitable, avec la conservation dans la communauté familiale des vallées, falaises, montagnes qui sont alors mises à la disposition de tous les membres. Enfin il convient de souligner la présence des associations du groupe de chants et celle du groupe de danses qui se rendent au Heiva une fois l’an.
29
6.7 Les activités traditionnelles Les activités traditionnelles sont souvent soit classées dans la catégorie « folklore », soit ne sont tout simplement jamais répertoriées. Ces activités sont minorées dans la mesure où elles ne représentent pas des flux financiers importants ou en raison du fait que les flux financiers dont elles sont le support sont le plus souvent informels et ne sont donc pas comptabilisés dans les statistiques de la Polynésie française. Ignorer ces activités comme celle des associations, constituerait un contresens avec des conséquences graves en termes de gouvernance de la biodiversité. D’une part parce que cela reviendrait à ne pas prendre en compte des acteurs essentiels de la gestion des ressources. D’autre part, parce que ces acteurs ont une importance fondamentale dans l’appropriation du territoire. Nous le verrons plus longuement à l’occasion de la présentation du rapport n°3 sur les savoirs écologiques traditionnels.
7 Conclusion La diversité des acteurs, plus que leur nombre, est frappante dans la commune de Teahupoo. A ce propos, dans le domaine de la gouvernance de la biodiversité, il convient de prendre en compte de nombreux acteurs spécifiques : les associations, les experts en sens polynésien de tahu’a. On peut considérer que tous les acteurs socio‐économiques ne sont pas à « ranger » dans les mêmes « classes ». En effet, l’analyse dominante des découpages sectoriels de l’économie en secteurs primaire, secondaire et tertiaire, prévaut. Or, suivant en cela les travaux de Antony Hooper (2000) à propos du Pacifique, il conviendrait plutôt de distinguer trois types de secteurs : public, privé, traditionnel. Ce découpage apparaît plus adapté aux réalités locales. Les prochaines enquêtes, élargies à Tautira, devront se focaliser un peu plus sur les logiques d’acteurs et les conflits possibles entre ces logiques.
30
10 Bibliographie BATAILLE BENGUIGUI M. C., « Inshore fishery in Tongan islands: antagonism between development projects and traditions », Aquatic living resources, 1989, vol. 2, no1, pp. 31‐43 (1 p.). Crocombe Ron et Marjorie, The works of Ta'unga. Australian National University Press, XXV, 164 p., ill., cartes, 1968. Hooper Antony, Culture and Sustainable Development in the Pacific. Australian University Press, 244pp ISBN 1 920942 23 8 (Print version), 2000. Hviding E, Guardians of Marovo Lagoon: Practice, Place, and Politics in Maritime Melanesia. Pacific Islands Monograph Series, 14. 1996. Raynal J.B., Le littoral en mutation de Taiarapu ouest, Rapport de maîtrise de géographie, Université de la Polynésie française, octobre 2004.
31
9 Tables
9.1 Table des figures Figure 1 Carte Taiarapu avec zoom sur les 2 communes associées. ____________________________________ 8 Figure 2 Le territoire de pêche à Teahupoo ______________________________________________________ 16 Figure 3 : Le territoire de pêche selon PTPU _____________________________________________________ 17 Figure 4 Le territoire agricole et aquacole _______________________________________________________ 22 Figure 5 Le territoire des activités économiques __________________________________________________ 27
9.2 Table des photos Photo 1 La marina de Teahupoo Photo 2 Bateaux de plaisance et bonitiers à la marina __ Erreur ! Signet non défini. Photo 3 et 4 Ramassage de Taramea par des employés municipaux de la commune de Taiarapu ouest (octobre 2008) ________________________________________________________________ Erreur ! Signet non défini. Photo 4 Scènes de pêche à Teahupoo, au village, mars 2009 _____________________________________ 14 Photo 5 Préparation de la pêche prévue vers Mehetia _________________________ Erreur ! Signet non défini. Photo 6 Plantation de Fe’i à Toanoano _________________________________________________________ 20 Photo 7 Cage flottante au fenua aihere Photo 8 Aquapac au village de Teahupoo _____________________ 24 Photo 9 Commune de Teahupoo, PK 0 Photo 10 Passe de Hava’e, jour de compétition ____ Erreur ! Signet non défini.
32
10 Annexe : liste des établissements classés ICPE (Direction de l’environnement)
DESIGNATION Rubrique principale Classe
Commune associée Localisation Exploitant
Elevage de volailles (1000 poules pondeuses)
35-4 1 Teahupoo PK 15 c/mont - Terre Ahotutuana MAAMAATUA Paul
Elevage de volailles (1000 poules pondeuses)
35-4 1 Teahupoo c/mont - Pté Parker TEAHU Robert
Elevage de 800 poulets 35-4 1 Teahupoo c/mont - Terre Atioro TERE Lucien Groupe électrogène de 13 KVA
118-2 2 Teahupoo Fenua aihere c/mer ROSE René
Etablissement de fumage de poissons
180 1 Teahupoo Aivaro PK 17 c/mont LEVY Gustave
Réfrigération (chambre froide)
189-2 2 Teahupoo PK 16,5 c/mont - Terre Atituarai Lot B KIOU Joseph
Elevage de poules pondeuses (4000)
35-4 1 Teahupoo c/mer - Terre Atimoua 2 TAIORE Albert
Groupe électrogène (50 KVA de secours)
118-2 2 Teahupoo PK 17,5 c/mont VIRMAUX Clothilde
Cuve d'hydrocarbures 130 2 Teahupoo Farearoa Asso. Pêcheurs de Farearoa - PAOFAI Félix
33
Liste des personnes rencontrées Mission (Fenua ‘Aihere ‐Tautira, 09‐13 juin, 2010) Taraua Devatine (officier spécialisé de la Marine, en vacances au fenua, aide de Jean‐Pierre) Jean‐Pierre Mallégoll et Chantal, son épouse : nos hôtes.
Mme Terai Raipuni. épouse Haro, propriétaire (chez elle) L’entretien roule sur l’éducation des enfants, l’enseignement, la foi, l’aide aux enfants en difficultés, la terre, le partage des terres entre parents, entre sœurs, entre cousines dont l’une, propriétaire d’un lot, habite Teahupoo
Mme Vve Nare Rochette épouse Vezelsky Yaloslav dit Laulau senior et une de ses filles (chez elle), propriétaire Julius Vezelski, fils de feu Yaloslav Vezelsky dit Laulau senior, frère de Laulau Vezelski junior (chez lui, sur son lieu de travail) : réparation de son bateau Hendrick Vézelsky et sa femme (dans leur fa’aapu mis à leur disposition par Jean‐Pierre Mallégoll) Etienne Faatuarai dit Punuarii (chez lui), propriétaire : visite de son fa’aapu Jean‐Marie Pifao (chez lui) : visite de son fa’aapu sur un terrain familial indivis Romelda Rongomate épouse Laulau Vezelski junior (chez elle, sur son lieu de travail) pendant qu’elle nettoyait les vana, aidée par sa jeune sœur, Merehau Rongomate, venue de Raiatea (d’où elles sont originaires) en vacances : un long échange très intéressant sur la pêche aux vana. Mme Vve Nare Rochette épouse Vezelsky Laulau senior : (assez bref, sur son lieu de travail) nettoyage des vana avec plusieurs membres de sa famille La femme de Julius (chez elle, sur son lieu de travail) nettoyage des vana Une petite‐fille de feu Emmanuel Vézelsky dit Bobby (chez elle), sur la propriété du grand‐père : préparation de glacières de poissons Mme Vve Milada Vezelski, épouse Marahiti Marere, dite Lada, sœur de Bobby et de Laulau senior, propriétaire Michel Pambrun, fils de Andrée Copie épouse Coco Pambrun, petit‐fils de feu Jules Copie, propriétaire d’un grand domaine partagé entre ses trois enfants. Paheroo, dit Grand‐Père, fils de feu Tehahe. Relevés de toute la côte