Polos'Mak - Ukok ArtAs

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  • 8/17/2019 Polos'Mak - Ukok ArtAs

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    Natalia PolosmakHenri-Paul Francfort

    Un nouveau kourgane à « tombe gelée » de l'Altaï (rapport

    préliminaire)In: Arts asiatiques. Tome 46, 1991. pp. 5-20.

     Abstract

    In the summer of 1990, the Southern Altay Section of the Institute of Archaeology of Novosibirsk excavated a "frozen tomb" at

     Ak-Alakha (2500 m above sea level). The burial pit (5 x 5 m) and the funerary chamber were preserved. Nine sacrificed horses

    were found, with their horse trappings similar to Pazyryk. A man and a woman were buried in two wooden sarcophagi. Felt and

    fur dresses as well as daggers, bows and arrows were deposited in the sarcophagi. A carved piece of quiver depicted two tigers

    attacking a boar. The high and complex headdresses in felt, were decorated with birds and deer in wood gilted with gold foil. The

    saddles were decorated with ornaments representing fish. The representations of Ak-Alakha are similar to the royal kurgans of 

    Tuekta, Bashadar and Pazyryk art, but belonged probably to people of the small nobility of a higher class than the deceased of 

    Ulandryk, Justyd and Bashanta.

    Citer ce document / Cite this document :

    Polosmak Natalia, Francfort Henri-Paul. Un nouveau kourgane à « tombe gelée » de l'Altaï (rapport préliminaire). In: Arts

    asiatiques. Tome 46, 1991. pp. 5-20.

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1991_num_46_1_1297

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_arasi_102http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_arasi_60http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1991_num_46_1_1297http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1991_num_46_1_1297http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_arasi_60http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_arasi_102

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    Natalia

    Polosmak

    Un nouveau kourgane à «tombe gelée»

    de

    l A ltaï

    (rapport

    préliminaire)

    Traduit du russe

    par

    Henri-Paul

    Francfort

    La culture de Pazyryk de

    l'Altaï

    (ve-me siècles avant J.-C.) a été

    révélée

    au monde par les fouilles,

    dans

    les

    années

    trente

    et

    soixante, des kourganes «royaux» à «tombes gelées»1.

    Dans

    la

    glace antique, des

    objets

    uniques en bois, en

    feutre,

    en cuir, en

    laine, avaient été

    conservés,

    ainsi

    que des

    étoffes et

    les

    corps

    momifiés

    des

    défunts.

    Des

    aspects inconnus

    jusqu'alors

    de

    la vie

    des

    anciens nomades

    sont

    apparus

    dans

    leur saisissante variété

    et

    toute leur splendeur. Tout un monde de représentations

    mythiques et de sujets

    semblait

    un

    art

    qui se révélait, comme

    un phénix

    naissant

    sous les yeux

    bouleversés des chercheurs.

    Dans

    ces inhumations des kourganes de l'aristocratie nomade,

    réparties à la périphérie des anciennes civilisations, se reflétait

    comme dans

    une

    goutte

    d'eau,

    le

    monde

    immense qui leur

    était

    contemporain ;

    en

    dehors des

    objets

    de leur propre production,

    les tombes renfermaient les

    plus

    anciens tissus et tapis de laine

    du Proche-Orient,

    des

    soies

    brodées

    et des miroirs chinois, et

    bien d'autres choses 2. Le contenu des « tombes

    gelées

    » de l'Al

    taï ut

    en

    vérité

    comme

    un

    dépôt

    « en or » effectué par

    l'archéo

    logie

    oviétique dans

    le

    trésor

    de l'art

    mondial.

    Plus

    de

    trente

    ans

    ont

    passé

    depuis les

    derniers travaux de

    S. I. Rudenko

    à

    Bashadar

    et

    à

    Tuetka, après quoi

    il

    fut possible

    à

    nouveau

    d'entreprendre des travaux

    sur les

    kourganes

    d'époque scythe à «tombes gelées». Une telle «pause» est

    due

    en

    grande partie

    au fait que les fouilles de

    ces

    kourganes, même

    de dimensions moyennes,

    nécessitent

    les efforts de divers spé

    cialistes

    le rôle des restaurateurs étant primordial, car la

    conservation et la restauration d'une quantité énorme

    d'objets

    en bois, en

    cuir,

    de pelleterie, de feutre

    et

    de

    tissus est un

    problème fondamental dès le stade des

    recherches

    de terrain. La

    difficulté

    d'accès des régions

    de haute montagne de

    l'Altaï

    pose

    de nombreux problèmes,

    liés

    à

    l'approvisionnement

    de l'ex

    pédition

    et

    au

    transport

    du matériel découvert,

    y

    compris

    des

    billes

    de

    bois qui

    constituent

    la chambre sépulcrale,

    les cuves

    funéraires et les ossements. Le premier

    problème

    est muséolo-

    gique, c'est simplement celui de

    la bonne conservation des

    objets

    uniques,

    pour

    qu'ils soient accessibles

    pour la

    visite

    et le

    travail. La recherche portant sur les kourganes aux «tombes

    gelées

    » est une branche particulière de l'archéologie qui, ind

    épendamment du fait

    que les premiers

    kourganes de

    cette sorte

    ont été fouillés dès la fin du

    siècle

    dernier, est en

    train

    de naître.

    Il est douteux

    que

    le travail sur les « tombes

    gelées

    » puisse

    être

    appelé

    une fouille; c'est plutôt

    un

    «dégel»,

    utilisant

    ses

    méthodes propres et un appareillage technique de

    haut

    niveau.

    L'Institut

    d'Archéologie

    et

    d'Ethnographie de

    la branche

    sibé

    rienne

    de

    l'Académie

    des Sciences

    d'URSS

    a

    pris

    en

    charge

    tous

    ces

    problèmes, insurmontables

    pour

    un seul

    chercheur.

    L'été de

    1990,

    la section de

    l'Altaï

    du

    Sud

    de l'Expédition

    Complexe de l'Asie

    Septentrionale

    de

    l'Institut

    d'archéologie et

    d'ethnographie

    de

    la

    branche

    sibérienne

    de

    l'Académie des

    Sciences de l'URSS

    a

    étudié un unique kourgane

    des

    ive-

    111e siècles avant J.-C, possédant une

    «tombe

    gelée». Il

    se

    trouve

    dans le

    district de

    Kosh-Agach du territoire

    autonome

    Fig. 1. Carte de situation

    du

    cimetière

    d A k-Alakha.

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    Fig. 2. Reconstruction d une partie

    des

    harnais de chevaux

    (ornements

    de bois).

    Fig. 3. Reconstruction d une

    partie

    des harnais de

    chevaux

    (ornements

    de bois).

    Fig. 5. Griffons de bois ornant les harnais de chevaux.

    Fig. 4. Griffons

    de

    bois

    ornant les harnais de chevaux.

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    *«V«

    Si©

    Fig. 6.

    Reconstruction

    d une enveloppe

    de selle en

    feutre.

    Fig.

    7. Détail d une enveloppe

    de selle en feutre.

    du Gorno-Altaï, dans le bassin de Bertek, sur la rivière Ak-

    Alakha, à

    14 km de

    la frontière avec la RPC (fig.

    1),

    à

    une alt

    itude de 2 500

    m

    au-dessus du niveau de la

    mer.

    Le

    kourgane étudié

    était

    le

    plus

    grand

    d'un

    groupe

    de

    six,

    disposés en une

    « chaîne »

    pas tout

    à

    fait droite,

    caractéristique

    de la culture de Pazyryk,

    d'orientation

    générale N-S. A l'est du

    remblai se dressaient

    deux balbals [stèles anthropomorphes

    d'époque turque, n.d.t.] en dalles

    gris-noir,

    hauts d'environ

    1 m.

    A

    l'ouest s'étendait la

    chaîne

    de sept cercles funéraires se

    touchant

    l'un

    l'autre, faiblement

    marqués par leurs

    construc

    tionse pierre, d'un diamètre de 5 m.

    Le kourgane mesurait 17 m

    du

    nord

    au sud et 18 m de

    l'ouest

    à l'est, il

    était

    haut

    de 70

    cm

    au-dessus de

    la surface

    actuelle du sol on l'a fouillé à la main sur toute sa surface,

    ce

    qui

    a donné la possibilité

    d'observer

    la construction du tumul

    us. l

    était renforcé par trois

    rangs de

    grosses pierres

    calées

    dans

    la

    terre, en

    partie plates,

    mais

    complètement arrachées. La

    partie

    supérieure

    du tumulus était

    en

    petites pierres

    surmontant

    de gros blocs et des pierres moyennes. La

    faible

    hauteur du

    tumulus est en

    partie due

    au fait que les rejets de

    la

    fosse

    funéraire, qui constituent l'essentiel du remblai,

    étaient peu

    importants, dans la mesure où la plus grande

    partie servit

    au

    rebouchage de

    la fosse.

    La fosse

    funéraire

    mesurait 5 X 5

    m

    ; elle

    était

    profonde de

    3

    m,

    orientée NO-SE. Pratiquement depuis le bord, les parois de

    la fosse

    funéraire furent renforcées par de minces rondins, sur

    neuf assises vers le bas,

    parce

    que

    le sol était mouvant (couches

    alluviales) et ne se solidifiait que lorsqu'il était gelé.

    La

    merzlota

    commençait à

    une

    profondeur

    de

    50 cm. La

    fouille de la fosse funéraire consista à déblayer les grosses

    pierres

    qui

    la

    comblaient

    jusqu'à

    la couverture

    de

    bois

    de

    la

    chambre

    sépulcrale.

    A

    une

    profondeur de 180 cm du

    bord,

    la

    fosse était

    occupée

    par une cage en rondins de

    mélèze

    sur toute

    sa

    surface.

    Elle était en poutres non équarries et se composait de

    sept

    assises.

    Cette

    cage en poutraison

    était

    couverte

    par

    des

    solives provenant d'une habitation polygonale démontée :

    les

    mortaises

    à

    l'extrémité

    des

    poutres

    étaient

    taillées

    en angle

    et

    nullement

    reliées

    à la

    construction de

    la chambre

    sépulcrale

    il

    s'agit

    là d'un trait original qui

    n'avait

    pas encore été rencontré.

    Cette couverture n'existait pas au nord-est de la fosse, où se

    continuait le remplissage

    de pierres.

    Cette partie nord-est

    de

    la

    chambre

    était occupée par

    des

    chevaux,

    au nombre

    de

    neuf

    d'après le

    décompte

    des crânes. Le pelage

    subsistait

    ainsi que

    huit queues

    tressées. A

    vrai

    dire,

    une

    partie des

    chevaux furent

    enterrés

    bridés,

    mais

    on

    ne

    peut l'assurer qu'en

    ce

    qui concerne

    quatre d'entre eux

    qui

    avaient

    des mors de fer dans la bouche.

    On

    a

    trouvé sept assemblages

    complets d'ornements

    de

    bois

    pour

    les harnachements (fig. 2, 3). Cinq

    d'entre

    eux

    furent

    trou

    vés ur

    la tête des

    chevaux (fig. 4 et

    5),

    les autres

    simplement

    posés

    à

    côté.

    Quatre

    petits

    écussons

    de

    bois rectangulaires

    gisaient avec les selles, dont ils faisaient probablement partie.

    Ces selles

    étaient conservées en l'état

    qu'elles

    avaient lors

    qu elles

    étaient sur

    les chevaux. Par leur

    agencement, elles

    répètent

    celles

    qui sont connues par les

    kourganes

    de

    Pazyryk :

    deux coussins

    cousus ensemble, bourrés d'herbe

    et

    de laine3.

    Les enveloppes de feutre des selles sont ornées d'appliques

    colorées, les

    pommeaux

    et les

    troussequins

    sont rehaussés par

    des «médaillons» de

    feutre

    à

    ornements

    découpés

    représentant

    des

    griffes

    ornementales variées, et ils sont renforcés par des

    arceaux de

    bois. A l'enveloppe sont

    cousus

    des

    découpages de

    feutre représentant des poissons et des loups

    (deux

    représentat

    ionse

    chaque

    côté) (fig. 6 et 7).

    Après l'enlèvement des solives de la

    couverture supérieure,

    on découvrit la construction

    de

    rondins

    intacte,

    occupant

    la

    partie

    sud-ouest de la chambre, de 2,40 X 3,40

    m.

    Cette

    construction

    de rondins était

    comme

    enveloppée

    dans

    de

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    Fig.

    8. Photographie

    de

    la chambre

    funéraire, remplie de glace,

    dans laquelle se

    trouvent les

    deux cuves (avec couvercle).

    Fig.

    9. Photographie de la

    chambre

    funéraire, remplie de glace,

    dans

    laquelle

    se trouvent

    les

    deux cuves (sans couvercle).

    l'écorce de bouleau

    :

    la partie

    supérieure

    était entièrement cou

    verte

    de

    feuilles

    d'écorce

    de

    bouleau

    en

    quatre couches passant

    aussi

    sur

    les

    murs.

    La chambre sépulcrale était faite de cinq assisses de poutres

    de

    mélèze non

    équarries;

    le sol

    était

    formé

    de

    douze

    billes,

    taillées à plat du côté intérieur.

    Dans

    la

    partie

    sud de la

    chambre,

    complètement

    remplie par

    la glace, et l'occupant aux

    deux

    tiers,

    se trouvaient deux cuves funéraires en

    mélèze,

    très

    bien faites, serrées l'une contre l'autre

    (fig.

    8

    et 9).

    Du

    matériel

    funéraire

    se trouvait dans la

    partie

    libre de la chambre, dans

    l'angle est

    :

    deux

    cruches

    de terre, des

    vases

    de bois

    à

    fond

    rond et deux rhytons, deux plats

    de

    bois sur pied lisse cir

    culaire, sur lesquels étaient posés

    des os

    de la

    partie caudale

    de

    moutons.

    Les cuves funéraires étaient

    fermées par

    des chevilles de

    bois quadrangulaires

    et

    remplies

    de

    glace. Dans chacune d'entre

    elles

    se

    trouvait un corps,

    tourné

    sur

    le côté

    gauche,

    la tête

    vers

    le nord-est.

    Sous

    les

    têtes

    étaient disposés des oreillers de bois à

    angles arrondis soigneusement

    exécutés.

    Le corps déposé

    dans

    la plus grande des deux cuves était celui d'un homme de

    45-

    50 ans, de type europoïde.

    Sur

    sa tête

    et sur l'oreiller s'étalaient

    des

    parties

    d'une

    coiffure en feutre décorée

    avec des

    figurines

    de

    cerf

    et de cheval, en bois revêtu de feuille d'or.

    Une repré

    sentation

    stylisée de

    tête

    d'oiseau,

    au sommet de laquelle, dans

    une

    mortaise spéciale, on

    avait

    fixé

    une figurine de cheval, ser

    vait de

    cimier.

    Les cornes, les oreilles et les queues de tous ces

    animaux

    n'étaient

    pas

    conservées,

    bien

    qu'il

    y ait eu

    des

    loge

    ments pour

    les

    unes et

    les

    autres.

    Sur

    le

    cou

    de l'homme on

    retrouva

    une

    parure

    compliquée

    :

    la partie postérieure

    consist

    ait

    n

    une

    tige

    recourbée sur

    elle-même,

    faite

    de bois

    et

    de

    cuir,

    elle-même

    enveloppée

    dans une feuille de bronze et

    par-dessus,

    dans une feuille

    d'or.

    La

    partie

    antérieure était faite de figurines

    de

    félins

    taillées

    dans du bois; dans l'ouverture

    entre leurs

    gueules ouvertes se

    tenait

    la

    tête

    en relief

    d'un cerf (fig. 10, 2, 3,

    4). Cette partie de

    la

    parure était également recouverte de feuille

    d'or. A son

    oreille

    apparaissait

    une

    boucle,

    en

    forme de

    pétale,

    avec une âme de bois sur

    laquelle

    était collée une feuille

    d'or.

    Au

    cou

    furent trouvés

    quatorze

    cordonnets

    tressés de

    couleur

    rouge, avec des pompons à l'extrémité,

    enfilés

    à raison de

    sept

    par

    fil. Les

    parties de feutre

    des

    vêtements de

    dessus

    étaient

    conservées avec leurs appliques et de la

    fourrure.

    A

    la ceinture

    une

    paire de plaques-boucles de bois recouvertes de feuille d'or

    avec

    la représentation

    de

    panthères

    (fig.

    10,

    5)

    et

    d'autres

    plus

    petites

    avec une ornementation

    taillée

    (fig. 10, 6), un peigne de

    bois

    dont

    le

    bord

    dessinait

    un feston

    et

    un

    bouton (fig. 10, 4).

    Le long de la

    jambe

    droite, l'extrémité guerrière tournée

    vers

    le

    haut,

    était

    posé

    un

    marteau d'arme en

    fer

    à

    long

    manche.

    Sur

    la

    cuisse

    droite

    il

    portait un

    poignard de

    fer

    dans un fourreau de

    bois, et le long de la cuisse gauche la

    partie

    en

    bois

    d'un car

    quois

    non conservé. A côté on découvrit cinq pointes

    de

    flèche

    en os

    avec leurs tiges ainsi

    que

    des parties d'un arc

    composite.

    Le défunt portait

    des pantalons longs

    en tissu de laine serré, et

    Fig. 10. Ornement de bois de la sépulture masculine

    :

    1,

    bouton; 2, 3, 4, éléments de

    parure;

    5, 6,

    paire

    de boucles.

  • 8/17/2019 Polos'Mak - Ukok ArtAs

    6/17

    Fig. 11. Photographie

    de

    la

    cuve

    funéraire renfermant la

    femme,

    après

    enlèvement du couvercle.

    des chaussures de

    feutre

    soulignées

    en

    haut

    par de la

    fourrure

    et

    un long ruban

    rouge.

    Dans

    la

    seconde cuve, plus

    petite,

    gisait une

    femme

    de

    type

    europoïde de 17 ans (fig. 11). Les parties en feutre de sa

    coiffure

    n'étaient

    pas conservées mais tout

    le

    reste l'était

    ; le

    sommet en

    forme de

    tête

    d'oiseau dans

    une

    feuille d'or et

    les figurines

    de

    cerf et de cheval permettent de dire qu'elle était identique

    à

    celle de

    la tombe

    de

    l'homme.

    Sur

    le

    cou de

    la

    défunte

    s'étendait

    une parure compliquée

    dont

    la

    partie

    avant était

    ornée

    des

    représentations

    en bois

    de deux loups recouverts de feuille

    d'or.

    Dans

    la région de la cage thoracique furent trouvés cinq

    cordons avec pompons, tout comme dans la première sépulture

    masculine,

    mais de plus

    petites

    dimensions. Dans

    la région pel

    vienne étaient disposés des cauris, le

    long

    de la

    jambe

    droite

    un

    marteau

    de fer

    à manche

    de

    bois

    et

    à

    la ceinture, un miroir de

    bronze circulaire

    à

    attache

    dans

    un

    étui de

    cuir,

    et

    une

    pochette, de cuir également. Sur la cuisse droite se trouvait

    un

    poignard de fer dans un fourreau de bois et le

    long

    de la cuisse

    gauche

    l'armature

    de

    bois d'un

    carquois. Sur cette dernière était

    gravée

    une

    scène

    de

    « prédation» d'un

    sanglier par des félins.

    A

    côté on découvrit sept pointes de flèche en

    os

    et des

    fragments

    d'un

    arc composite. La femme était

    vêtue d'un

    grossier tissu de

    laine rouge,

    dont

    des

    fragments

    furent découverts dans la

    région

    pelvienne

    et sur les os des jambes. Des restes de la four

    rure et

    du feutre

    des vêtements et des chaussures

    étaient

    conservés.

    La

    construction

    de

    la chambre

    sépulcrale et les détails

    des

    pratiques

    observés dans le kourgane

    d'Ak-Alakha

    répètent

    par

    bien

    des

    traits

    ceux qui

    sont connus

    par

    les

    kourganes

    de

    Pazyryk, Bashadar

    et

    Tuekta.

    Mais, comme on le

    voit d'après

    la

    description,

    ils

    présentent

    une variante

    assez originale.

    Ce

    monument funéraire

    appartient à la «moyenne» noblesse,

    occupant, selon

    toute

    vraisemblance,

    une

    position médiane

    entre les

    membres

    ordinaires de la société, dont les

    sépultures

    sont bien connues

    par les fouilles

    de V.

    D.

    Kubarev à Ulandryk,

    Justyd, Tashanta4 et autres cimetières, et la haute «élite»

    enterrée

    dans les grands kourganes

    de

    Pazyryk,

    Bashadar,

    Tuekta,

    Berel

    et

    Katanda.

    Le rang

    supérieur

    des défunts du kourgane d'Ak-Alakha,

    par rapport

    aux sépultures

    ordinaires de

    la

    culture de Pazyryk,

    est

    souligné

    par la

    grande

    quantité de chevaux les accompa

    gnant

    n

    riche harnais, la construction

    en

    double cage de bois

    avec

    une

    double

    couverture, la

    disposition des corps

    dans

    des

    cuves, mais

    aussi la panoplie à la ceinture de l'homme

    avec

    des

    plaques-boucles représentant des félins et l'armature gravée du

    carquois avec une

    scène

    de

    «

    prédation

    » dans la sépulture

    de

    la

    femme.

    Dans

    aucune des tombes ordinaires étudiées cette caté

    gorie

    d'objets

    n'était décorée de

    figures d'animaux

    5 ; cela

    n'était

    vraisemblablement possible qu'aux

    individus

    de

    statut

    social plus élevé. L'homme et la femme inhumés dans le kour

    gane d'Ak-Alakha

    (d'après

    les

    pratiques

    funéraires), étaient

    probablement moyens

    par

    leur position sociale. Les

    objets

    per

    sonnels

    les accompagnant sont principalement des

    armes.

    Pas

    de

    biens

    de

    prestige

    importés

    l'exception

    des trente-quatre

    cauris),

    ni

    d'ornements

    en

    or massif ou

    en

    argent.

    Parmi les

    objets

    de

    bois

    trouvés

    dans

    le

    kourgane, beaucoup

    reproduisent

    les

    formes

    connues dans

    les

    tombes

    «royales»

    aussi bien

    que

    dans les tombes ordinaires. Mais il y a des

    articles

    très originaux,

    n'ayant pas d'analogues directs, bien

    que

    dans l'ensemble

    ils ne sortent

    pas des limites de la tradition

    artistique des «

    Pazyrykiens

    ».

    Le

    cadre d'un article et le caractère

    préliminaire de cette

    communication

    ne

    permettent de s'arrêter brièvement que sur

    quelques sujets, montrant

    l'originalité du

    kourgane d'Ak-

    Alakha.

    La partie en bois du

    carquois

    de la tombe féminine est une

    œuvre

    d'art

    unique

    (fig. 12).

    Dans

    les tombes de la culture de

    Pazyryk on connaît

    nombre de telles

    planchettes,

    qui

    sont l a

    rmature de

    carquois

    peu coûteux.

    Ils

    sont de forme standard et

    varient

    peu

    en

    dimensions (de

    56

    à

    74

    cm)6. La

    longueur

    de

    l'armature du

    carquois

    de la

    tombe

    féminine du kourgane

    d'Ak-

    Alakha

    est de 64 cm, plus courte de 8 cm

    que

    celle de la sépul

    ture

    masculine. Mais

    il

    n'y

    a

    que

    trois lames

    de

    bois

    qui portent

    des

    représentations gravées

    : celles qui

    ont

    été trouvées dans le

    premier kourgane de

    Tuekta

    et la nôtre. Dans le premier cas

    il

    s'agit simplement d'un

    ornement

    végétal fin,

    additionnellement

    décoré de couleur rouge

    7. Sur

    l'article découvert

    ici,

    également

    avec des traces de

    couleur

    rouge, une

    scène

    de «prédation»

    artistiquement

    gravée

    occupe

    le centre

    de

    la composition, que

    limitent d'un côté une

    tête

    de vautour, et de l'autre un sanglier.

    La

    forme donnée

    de

    l'objet,

    définie

    fonctionnellement,

    dicta

    la

    disposition de toute la composition,

    dont

    la

    figure

    centrale est

    un

    sanglier,

    sur

    lequel

    se

    jettent

    deux

    panthères

    disposées

    symétriquement de part

    et

    d'autre, avec de grosses têtes

    rappel

    ant elles de lions.

    Elles

    sont représentées avec la

    gueule

    ouverte et

    les pattes

    repliées.

    Sur

    la

    figure

    de

    droite,

    la patte

    arrière (on en

    a

    représenté deux par panthère) n'est

    pas

    du tout

    exécutée.

    Les griffes sont

    figurées sur les pattes

    et les crocs dans

    Fig.

    12. Photographie

    de l armature en bois du carquois de

    la

    sépulture féminine.

  • 8/17/2019 Polos'Mak - Ukok ArtAs

    7/17

    les gueules ouvertes. Les oreilles sont rondes et les queues

    repliées. Toute la scène semble très paisible, à

    voir ce sanglier

    obstinément calme, qu'il n'est visiblement pas si simple de

    tailler en pièces.

    Cette

    représentation n'a pas de parallèle

    direct

    dans l'art de

    la culture de Pazyryk, ni dans

    l'ensemble

    de l'art scythe. Obser

    vons 'aspect extérieur de

    l'animal

    représenté

    : le dos

    droit sans

    relief

    tellement particulier du

    garrot

    du sanglier, est

    dû pour

    beaucoup,

    comme

    nous

    l'avons

    remarqué,

    à

    la

    forme

    donnée

    par l'objet. Ce sanglier

    est représenté comme très puissant,

    comme

    un

    animal fort, à quatre

    pattes

    épaisses, avec des

    raies

    en

    relief,

    qui donnent une impression de fermeté et

    d'invincibil

    ité

    a

    hure allongée est rendue de façon

    très réaliste avec

    d'énormes

    défenses

    et l'oreille légèrement pointue. Les soies du

    garrot

    sont exprimées d'une façon intéressante,

    rappelant

    fort

    ement

    la longue

    crinière

    des

    chevaux. Une « frange »

    est délimi

    tée

    ar les mêmes

    lignes parallèles. Sa petite queue ferme la

    gueule d'une

    panthère

    (cf. planche en

    couleurs, p.

    13).

    Bien que

    dans l'ensemble la plaque représente la scène, te

    llement

    répandue

    dans l'art

    scythe,

    de la « prédation » d'un her

    bivore par un

    fauve,

    en l'occurrence l'herbivore

    n'est

    pas tout

    à

    fait habituel.

    Le sanglier occupe en

    effet

    une

    situation inte

    rmédiaire

    8,

    réunissant

    en

    lui des

    traits

    de

    l'herbivore,

    mais

    aussi

    du fauve. L'issue de

    la lutte

    représentée

    n'est

    pas

    déterminée

    d'avance.

    L'artiste

    a

    introduit

    dans la composition

    une autre

    hure

    de

    sanglier

    au

    rictus

    agressif, tournée

    vers

    l'arrière,

    vers

    une panthère. Le corps de l'animal n'est représenté qu'à moitié,

    la partie restant

    était

    couverte

    par

    le cuir du

    carquois. Le

    retournement de la gueule manifeste une expression de bête

    prête

    à la

    lutte. La lutte représentée est égale. Une tête d'aigle,

    heureusement inscrite dans l'extrémité pointue de la

    plaque,

    n'est pas plus qu'un détail décoratif, qui termine avec bonheur

    la composition.

    Le

    sanglier

    est

    un

    animal assez rare dans l'art de la culture

    de Pazyryk, bien que, finalement, cet

    animal

    fût

    connu

    et

    chassé. Les

    défenses

    de

    sanglier, comme

    leurs imitations

    en

    bois, sont très répandues dans la décoration des harnais de

    chevaux. Dans le kourgane d'Ak-Alakha seul,

    il

    y en avait

    plus

    de soixante. Il est possible

    que

    la

    chasse

    au

    sanglier ait eu un

    caractère de compétition

    sportive,

    qu'elle comptât non seul

    ement comme

    chasse

    mais

    aussi comme entraînement guerrier,

    permettant de

    montrer

    vaillance,

    courage et

    force. Elle

    est

    représentée sur quelques productions remarquables de

    l'orfè

    vrerie scythe

    :

    une pièce sommitale de Balgazin (Tuva)

    9 et

    une

    paire

    de

    plaques

    de

    la collection

    de

    Pierre le Grand, «

    chasse

    au

    sanglier

    » 10, mais aussi sur un pommeau de poignard

    en

    fer de

    la

    vallée

    d'Achik

    (sud-ouest

    du Gorno Altaï)

    u. Dans toutes

    ces

    scènes de

    chasse

    le

    sanglier

    est agressif; il est à

    l'attaque

    et

    l'issue

    de

    la

    lutte

    n'est pas

    claire. On

    ne pouvait

    frapper le

    sanglier qu'au poignard

    ou

    à

    la lance,

    ce qui demandait un

    grand courage, de la force physique et de l'habileté. Effective

    ment,

    l s'agissait

    de jeux « héroïques » car le

    poitrail,

    le cou et

    le

    flanc de

    l'animal sont protégés comme

    par

    un bouclier

    12 par

    une

    formation

    de cuir épais.

    Deux représentations gravées de sangliers de la cuve sépul

    crale de

    Bashadar,

    bien

    que stylistiquement quelque peu

    dif

    férentes des

    figures d'Ak-Alakha, transmettent

    le même

    comportement agressif d'un

    animal

    ne

    capitulant

    pas.

    Sur

    le

    couvercle de

    la cuve,

    ils occupent

    le

    registre

    inférieur,

    en

    même

    temps

    que

    des ongulés

    que

    «mettent

    en

    pièces»

    les tigres

    dis

    posés au registre

    supérieur 13.

    Mais ils

    n'ont

    en rien la

    résigna

    tion

    es

    élans

    et des mouflons. Au contraire, comme l'écrit

    S.

    I. Rudenko,

    l'un

    des

    sangliers

    est

    «exécuté

    dans

    la

    pose

    d'un

    animal

    contracté avec

    intensité, hérissé, et

    prêt à

    bondir »

    14.

    Par

    la ressemblance d'éléments particuliers dans le rendu de

    Fig.

    13.

    Reconstruction

    de la coiffure

    de la

    tombe

    masculine (dessin en coupe).

    la

    gueule,

    des oreilles, et des pattes avec les représentations

    gravées de

    Bashadar,

    par

    sa

    pose

    et

    par son

    aspect, le

    sanglier

    de la plaque

    d'Ak-Alakha

    rappelle la

    figure

    du même animal sur

    le miroir d'argent de Kelermès, un exemple ancien de l'art

    scythe. Celui-ci,

    à

    son tour,

    selon

    M. T. Maksimova, est une

    copie directe d'un type produit

    par

    l'art

    de l'Orient, qu'elle

    appelle le type scytho-ourartéen

    15. L'artiste

    qui

    a gravé la scène

    de « prédation » sur

    la plaque

    n'a pas suivi une tradition locale

    dans

    le

    rendu

    de

    la

    forme

    du

    sanglier, mais

    a

    vraisemblablement

    utilisé quelque prototype emprunté ainsi

    que

    sa

    propre fantais

    ie.

    Dans

    la sépulture masculine du kourgane d'Ak-Alakha

    furent trouvées des parties d'un

    bashlyk

    de feutre, d'un

    aspect

    inquiétant, et des

    figurines de

    bois qui l'ornaient. C'est

    un

    exemple des

    «coiffures

    en feutre serré

    à sommet pointu se

    tenant dressé» que décrit Hérodote.

    Sur

    les figures 13 et 14

    nous présentons

    une

    reconstruction graphique de

    cette coiffure.

    Le

    cimier

    pointu

    du casque de

    feutre

    ne se maintient pas

    seulement par la

    coupe

    de l'étoffe (le

    feutre

    n'est

    justement

    pas

    épais).

    Une plaque de

    bois

    était

    insérée dans la partie

    de

    feutre,

    permettant

    au chapeau de

    tenir droit.

    Elle prenait appui sur la

    tête

    par son extrémité inférieure. En haut, sur la partie pointue

    du

    bonnet,

    était

    placée

    la

    représentation

    d'une

    tête

    d'oiseau,

    proche d'un pigeon, consistant en deux moitiés séparées entre

    lesquelles était

    réservé

    le logement destiné au feutre. Les moi-

    10

  • 8/17/2019 Polos'Mak - Ukok ArtAs

    8/17

    Fig. 14.

    Reconstruction

    de la coiffure

    de

    la

    tombe

    masculine.

    tiés de

    l'oiseau se réunissaient

    par de petits

    trous ménagés à la

    base. Pour cela, vraisemblablement, on utilisait quelque

    sys

    tème de

    collage,

    sur lequel on fixait

    un

    revêtement de fine

    feuille

    d'or.

    Au sommet de

    la

    tête

    d'oiseau on

    avait pratiqué

    une

    mortaise dans

    laquelle, par une

    terminaison spécialement

    sculptée, était fichée une

    figurine

    de cheval en bois, également

    couverte

    de

    feuille d'or

    (fig. 13).

    Dans

    l'Altaï, même dans

    les

    kourganes appelés « royaux » de

    Pazyryk, Bashadar, Tuekta, on n'a pas trouvé de casque de

    métal, bien

    que des

    coiffures de

    cuir et

    de feutre y

    figurassent.

    Selon

    M.

    V.

    Gorelik,

    c'étaient des sous-casques,

    précisément

    des reproductions d'apparat de

    sous-casques,

    qui, par la

    force

    de leur

    prestige

    (les

    porteurs

    de casque, sans aucun doute.

    avaient

    un

    statut social élevé) pouvaient avec

    le

    temps supplant

    er,ans quelques territoires scythes orientaux, d'autres

    formes

    habituelles

    de bashlyk16.

    Une

    telle hypothèse est pleinement vraisemblable. Mais il

    faut

    remarquer

    que, dans le Gorno-Altaï, il existait à l'époque

    scythe une coiffure particulière dont l'exemple

    le plus

    complet

    est celui d'Ak-Alakha. Elle était portée dans diverses couches

    de

    la

    société

    : dans

    les

    sépultures

    ordinaires, une variante très

    proche

    de

    la

    coiffure

    de

    la

    «moyenne»

    noblesse,

    mais plus

    simple, avec

    un

    moins grand nombre de détails 17

    ;

    dans les

    sépultures royales c'était

    un

    objet

    de construction compliquée,

    une

    œuvre

    d'art, dont

    le

    cimier

    avait la forme d'un

    oiseau

    grif

    fon tenant une

    tête

    de cerf dans son bec

    18.

    Ce type de coiffure-

    bashlyk

    est de toute

    évidence,

    à

    sa

    manière, un

    marqueur

    ethnique.

    Sur

    toutes les représentations connues reproduisant des

    coiffures pointues de

    Saka,

    il n'y

    a pas,

    en principe, de cimier

    zoomorphe

    ou de figurines.

    Il est

    peu

    probable

    que de telles

    coiffures

    compliquées étaient prévues pour être portées

    en

    per

    manence, bien que le

    système

    de fixation

    des

    figurines de bois

    soit

    suffisamment

    solide

    pour que l'on puisse tranquillement

    marcher et même monter à cheval en portant ce bonnet. Néan

    moins,

    c'est avant

    tout

    une version d'apparat

    du

    bashlyk

    de

    feutre, qui était aussi funéraire.

    Dans l'ensemble, toute

    la

    forme de

    la

    coiffure évoque un

    oiseau

    ;

    elle est sommée par une

    tête d'oiseau,

    et

    des

    silhouettes

    d'oiseaux découpées dans de la feuille d'or ornent la

    partie

    frontale du bonnet (fig.

    13).

    La sémantique de

    la

    coiffure d'Ak-Alakha est l'objet

    d'une

    recherche particulière. Remarquons seulement

    qu'elle

    fait écho

    par bien des traits à la tiare d'Issyk, sans avoir toutefois la

    symétrie

    des

    parties de cette dernière19.

    Parmi les nombreuses et intéressantes

    trouvailles

    du kour

    gane d'Ak-Alakha figuraient

    des

    poissons en

    feutre,

    qui étaient

    suspendus à l'enveloppe

    brodée

    des selles (vraisemblablement

    douze)

    (fig.

    7).

    Le

    poisson n'est pas une

    image

    très

    populaire

    dans

    l'art

    des Saka,

    mais il

    se rencontre

    assez

    souvent dans

    les

    kourganes de Pazyryk sous la forme de pendentif de selle

    20 (de

    six

    à

    quatre),

    décorant

    les harnais de chevaux21 et plus rar

    ement les vêtements22.

    Les

    figures de poisson, découpées

    dans le feutre, sont

    tout

    à

    fait

    identiques entre

    elles et aux tatouages de la

    jambe

    d'un

    homme enterré dans le second kourgane de Pazyryk23. Dans

    l'art

    de

    Pazyryk on

    représentait une seule

    variété

    de poisson,

    dont la forme était vraisemblablement inspirée des poissons de

    rivière réels, tels

    que la

    loche ou le silure

    24.

    Il est remarquable

    qu'ils

    soient

    représentés comme vus du dessus,

    en une sorte

    d'écorché.

    Il est difficile de dire

    par

    quoi ces

    poissons

    frap

    paient

    l'imagination des nomades.

    Il

    est

    possible

    qu'ils

    savaient

    que la

    loche

    peut se

    nourrir de

    cadavres,

    de

    charognes.

    En

    relation avec cela,

    un

    fait curieux est

    que

    la plus

    grande

    partie

    du

    « corps »

    des

    poissons de feutre d'Ak-Alakha est recouverte

    par

    des appliques représentant des griffons aux grandes

    oreilles.

    L'image

    de cet être est largement connue dans l'art de

    divers peuples et clairement empruntée

    à d'autres

    par les

    « Pazyrykiens

    »,

    mais elle correspondait à

    un

    type connu de

    vautour,

    répandu

    dans

    les

    montagnes de l'Altaï, se nourrissant

    de

    charognes.

    Cette

    composition

    sur un objet de deux

    espèces

    de

    charognards

    (bien

    que

    sous une

    forme

    fantastique

    et

    mythol

    ogique), naturellement,

    possède une

    profonde signification. La

    symbolique de la mort, sans aucun

    doute,

    était présente dans

    les

    ornements

    funéraires

    du cheval.

    Outre les poissons de

    feutre,

    on avait

    fixé

    sur

    les

    revêtements

    de

    selles

    des

    figures

    de

    loups identiques

    à celles

    trouvées

    dans

    le

    second

    kourgane de

    Bashadar25.

    Dans

    l'ancien système

    tripartite

    du

    monde, les

    pois-

    11

  • 8/17/2019 Polos'Mak - Ukok ArtAs

    9/17

    sons et les loups

    appartenaient à

    la série des animaux chtoniens

    et marquaient le

    monde «d'en

    bas».

    Il est

    probable que

    les ornements de chevaux connus par

    Pazyryk

    et les autres

    kourganes

    « royaux », consistant en orne

    ments de bride

    en

    bois et

    en

    enveloppes de selles

    en

    feutre,

    masques

    et panaches, étaient une

    décoration

    funéraire, peut-

    être

    d'apparat,

    mais

    non

    utilisée

    dans la

    vie quotidienne.

    On peut juger de cela également

    par

    la représentation bien

    connue

    du

    cavalier

    du

    tapis

    de

    feutre

    du

    cinquième kourgane

    de

    Pazyryk,

    dont

    le cheval est

    figuré avec un

    nombre minimal

    d'ornements

    26.

    En conclusion

    de

    cette brève

    notice sur le kourgane et des

    quelques

    réflexions

    sur des objets particuliers,

    nous

    remarque

    rons

    ue

    l'interprétation de tout le matériel recueilli reste

    encore à faire.

    Si loin

    vers le

    sud,

    à proximité directe de la Chine,

    les

    kour

    ganes

    de l'âge du fer ancien n'avaient pas

    encore

    été étudiés,

    bien

    que, à

    en

    juger

    par

    leur

    nombre, cette

    région

    ait

    été

    bien

    exploitée par les «Pazyrykiens». Le centre de diffusion de

    cette

    culture, à la lumière des dernières recherches, doit

    être déplacé

    plus vers le sud de

    l'Altaï, dans

    les régions de

    haute

    montagne,

    la merzlota

    était

    «éternelle»,

    ce

    qui

    nous donne

    de

    plus

    grands espoirs de

    découvrir

    de nouveaux kourganes avec des

    tombes

    «gelées».

    A new frozen

    tomb

    in

    Altay

    In the summer of

    1990,

    the Southern Altay Section of the

    Insti

    tute of Archaeology of

    Novosibirsk excavated

    a frozen tomb

    at

    Ak-Alakha (2500 m

    above sea

    level).

    The burial

    pit

    (5

    x

    5

    m)

    and

    the

    funerary

    chamber

    were preserved. Nine sacrificed

    horses

    were

    found,

    with

    their

    horse

    trappings similar

    to

    zy

    ryk. A

    man

    and

    a

    woman

    were buried

    in

    two wooden

    sarco

    phagi. Felt and fur

    dresses as

    well

    as daggers,

    bows and arrows

    were deposited

    in the

    sarcophagi. A carved

    piece

    of

    quiver

    depicted two

    tigers

    attacking a boar. The high

    and

    complex

    headdresses

    in

    felt, were decorated with

    birds and

    deer

    in

    wood gilted with gold

    foil. The

    saddles were decorated with

    ornaments

    representing fish. The

    representations

    of

    Ak-Alakha

    are

    similar

    to the royal

    kurgans

    of Tuekta,

    Bashadar and

    zy

    ryk

    rt, but

    belonged

    probably to

    people of

    the small

    nobility

    of a higher class than the

    deceased

    of Ulandryk, Justyd and

    Bashanta.

    1. Voir par exemple : M. I. Grjaznov, Pervyj

    Pazyrykskij

    kurgan,

    Leningrad, 1950; S. I. Ru-

    denko, Gornoaltajskie

    nakhodki

    i

    Skify,

    Moscou-

    Leningrad, 1952; S. I. Rudenko, Kul tura nasele

    nija

    ornogo

    Altaja

    v

    skifskoe

    vremja, Moscou-

    Leningrad, 1953; S.

    I.

    Rudenko,

    Kul tura

    nasele

    nija

    Central nogo

    Altaja

    v skifskoe

    vremja,

    Moscou-Leningrad, 1960.

    2. S. I.

    Rudenko,

    Drevnejshie v mire khudo-

    zhestvennye

    kovry

    i

    tkany,

    Moscou,

    1968.

    3.

    S.

    I.

    Rudenko,

    Kul tura

    naselenija

    Gornogo

    Altaja v

    skifskoe vremja, Moscou-Leningrad,

    1953,

    p.

    161, 164;

    Id.,

    Gornoaltajskie

    nakhodki

    i

    skify, Moscou-Leningrad, 1952, p. 125-126.

    4.

    V. D. Kubarev,

    Kurgany

    Ulandryka,

    Novos

    ibirsk, 1987.

    5. Id., ibid., p. 81.

    6. Id.,

    ibid.,

    p. 72.

    7. S. I.

    Rudenko,

    Kul tura naselenija Central

    nogo

    ltaja

    v skifskoe

    vremja,

    Moscou-Lening

    rad,

    960,

    p. 123,

    pi.

    LX,

    1-3;

    CXXVII, 3.

    8. E.

    V.

    Perevodchikova, «

    Vosproizvedenie

    vida zhivotnogo v skifskom zvernom stile»;

    KSIA, 186, Moscou, 1986,

    p. 12.

    9. N. L. Grach, A. D. Grach, «Zolotaja kom-

    pozicija

    skifskogo vremeni iz Tuvy», Central-

    naja

    Azija,

    Moscou,

    1980, fig. p. 334.

    10.

    S.

    I.

    Rudenko,

    Sibirskaja

    kollekcija Petra

    I (Arkheologija

    SSSR.

    Svod arkheologicheskikh

    istochnikov), Moscou-Leningrad, 1962, p. 15,

    pi. I, 5 ; IV, 5 ; XXIV, 4.

    11. A. S.

    Surazakov,

    «Zheleznij kinzhal iz

    doliny

    Achik

    Gorno-Altajskoj avtonomnoj

    oblasti»,

    SA, 1979,

    3,

    p.

    265-269,

    fig. 1-2.

    12. L. B. Ermolov, « K

    voprosu

    o proiskhozh-

    denii

    kul ta

    kabana v skifskoe vremja»,

    Skifo-

    sibirkoe

    kul turno-istoncheskoe edinstvo,

    rovo, 1980,

    p.

    159-160.

    13. S. I. Rudenko, Kul tura naselenija Cen

    tral nogo Altaja v skifskoe vremja, Moscou-Lening

    rad,960, fig. 21, 27.

    14. Id., ibid., p. 50.

    15. M. I. Maksimova, «Serebranoe zerkalo iz

    Kelermesa»,

    SA, XXI, 1954, p. 298-299.

    16. M.

    V.

    Gorelik, «Sakskij dospekh»,

    Central naja

    Azija,

    Moscou, 1987,

    p. 122.

    17.

    V.

    D. Kubarev,

    Kurgany

    Ulandryka,

    Novosibirsk,

    1987,

    p.

    97-100,

    fig.

    38,

    39.

    18. M.

    P.

    Grjaznov, Vtoroj

    Pazyrykskij

    kur

    gan, Leningrad, 1948, pi. XXVIII.

    19.

    K. A.

    Akishev,

    A. K.

    Akishev,

    «Prois-

    khozhdenie i semantika issykskogo golovnogo

    ubora »,

    Arkheologicheskie

    issledovanija drevnego i

    srednevekovo

    Kazakhstana, Alma-Ata,

    1980.

    20 .

    S. I. Rudenko, Kul tura naselenija

    Gor

    nogo Altaja v skifskoe vremja, Moscou-Lening

    rad,

    953,

    p. 182, pi. CVII, 4.

    21 .

    S. I. Rudenko, Kul tura naselenija Cen

    tral nogo Altaja v

    skifskoe

    vremja, Moscou-Lening

    rad,960, p. 260, fig. 134, b v.

    22 . V. D. Kubarev,

    Kurgany Ulandryka,

    Novosibirsk,

    1987, p. 88.

    23 . S. I. Rudenko, Gornoaltajski

    nakhodki

    i

    skify,

    Moscou-Leningrad,

    1952,

    p.

    135,

    fig.

    61

    (b).

    24. S. I. Rudenko, Kul tura naselenija Gor

    nogo

    Altaja

    v skifskoe

    vremja,

    Moscou-Lening

    rad,953, p.

    294.

    25 . S. I. Rudenko, Kul tura naselenija Cen

    tral nogo Altaja

    v skifskoe

    vremja,

    Moscou-Lening

    rad,

    960, p.

    82,

    fig.

    48.

    26 .

    S. I. Rudenko,

    Drevnejshie

    v mire khudo-

    zhestvennye kovry i

    tkany,

    Moscou,

    1968,

    p.

    60,

    fig.

    50.

    12

  • 8/17/2019 Polos'Mak - Ukok ArtAs

    10/17

    Partie

    en

    bois

    du

    carquois

    de la

    sépulture

    féminine (détail).

    Tombe d Ak-Alakha, ve-nie siècles avant J.-C,

    Sibérie,

    U.R.S.S.

    (Cf. N. Polosmak,

    p.

    5

    et

    fig. 12)

    13

  • 8/17/2019 Polos'Mak - Ukok ArtAs

    11/17

      Illustration non autorisée à la diffusion

    ■\

    '\ _-t^v

    &m

  • 8/17/2019 Polos'Mak - Ukok ArtAs

    12/17

      Illustration non autorisée à la diffusion

    ci-contre :

    La vie de Mi-la-ras-pa

    ;

    troisième thangka

    (détail :

    registres

    C4, C5, C6 -

    traces

    d usure),

    fin xixe-début xxe

    siècle, Tibet.

    Musée

    de

    l Homme,

    Paris.

    (Cf. P. Dollfus,

    p.

    50

    et fig. 21)cl. Musée

    de

    l Homme

    -

    M. Delaplanche

    «

    Cochon-Dragon »,

    jade,

    H.

    15,25

    cm,

    deuxième

    moitié

    du

    IVe

    millénaire,

    Chine.

    Musée Guimet,

    Paris.

    (Cf. E. Childs-Johnson, p. 82)cl.

    R.M.N.

    - M. Ravaux

    .

  • 8/17/2019 Polos'Mak - Ukok ArtAs

    13/17

      Illustration non autorisée à la diffusion

    La

    Naissance du Maître

    de

    la conjonction

    des

    Astres,

    Tïmûr.

    Illustration du premier volume

    de Z Akbar-nàme.

    École moghole, vers

    1590, Inde.

    Musée Guimet,

    Paris.

    (Cf.

    illustration

    couverture

    et

    A.

    Okada, p.

    34 et

    fig.

    1)

    cl.

    R.M.N. -

    M.

    Ravaux

    16

  • 8/17/2019 Polos'Mak - Ukok ArtAs

    14/17

      Illustration non autorisée à la diffusion

    Messagers

    accrédités

    auprès

    des

    Trois Mondes,

    vu e

    générale

    du

    rouleau Pelliot

    EO

    719,

    xve siècle, dynastie Ming, Chine.

    Musée

    Guimet,

    Paris.

    (Cf. C. Gyss-Vermande,

    p.

    96)cl.

    R.M.N.

    - M. Ravaux

    17

  • 8/17/2019 Polos'Mak - Ukok ArtAs

    15/17

      Illustration non autorisée à la diffusion

    18

  • 8/17/2019 Polos'Mak - Ukok ArtAs

    16/17

      Illustration non autorisée à la diffusion

    ci-contre

    :

    Trident, Fer martelé incrusté d or

    et

    d argent,

    en

    partie polychrome

    ;

    H. 0,502 m. xviie siècle

    (?),

    Tibet.

    Musée Guimet,

    Paris.

    (Cf. Activités du musée

    national

    des Arts asiatiques -

    Guimet, p.

    126)

    -

    cl.

    R.M.N.

    - G. Vanneste

    Tête au visage

    souriant,

    mingqi en terre cuite;

    H.

    0,26 m , l. 0,23 m.

    Han postérieurs (25-221

    après

    J.-C),

    Sichuan, Chine.

    Musée Guimet,

    Paris.

    (Cf. Activités

    du musée national

    des

    Arts

    asiatiques

    - Guimet, p. 129)cl.

    R.M.N.

    - M. Ravaux

  • 8/17/2019 Polos'Mak - Ukok ArtAs

    17/17

      Illustration non autorisée à la diffusion

    r

    Six Gentilhommes

    de

    Badashanren.ouleau

    à

    suspendre,

    .

    0,80

    m ,

    l.

    0,45

    m

    encre

    sur

    papier.

    até

    1694,

    Chine.

    usée

    Guimet,

    Paris

    Cf.

    Activités

    du

    musée

    nationales

    Arts

    asiatiques

    - Guimet,

    p.

    129)