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HAL Id: tel-00157738 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00157738 Submitted on 26 Jun 2007 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Modélisation et Réorganisation des Processus dans le Cadre de l’Externalisation Andréa Wattky Crestan To cite this version: Andréa Wattky Crestan. Modélisation et Réorganisation des Processus dans le Cadre de l’Externalisation. Sciences de l’ingénieur [physics]. Université Lumière - Lyon II, 2006. Français. <tel-00157738>

Modélisation et Réorganisation des Processus dans le … · Chapitre 1 Contexte Général de la gestion de la chaîne logistique ... Comment améliorer l’organisation des processus

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  • HAL Id: tel-00157738https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00157738

    Submitted on 26 Jun 2007

    HAL is a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research centers.

    Larchive ouverte pluridisciplinaire HAL, estdestine au dpt et la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche, publis ou non,manant des tablissements denseignement et derecherche franais ou trangers, des laboratoirespublics ou privs.

    Modlisation et Rorganisation des Processus dans leCadre de lExternalisation

    Andra Wattky Crestan

    To cite this version:Andra Wattky Crestan. Modlisation et Rorganisation des Processus dans le Cadre delExternalisation. Sciences de lingnieur [physics]. Universit Lumire - Lyon II, 2006. Franais.

    https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00157738https://hal.archives-ouvertes.fr

  • Universit Lumire Lyon 2

    Ecole Doctorale : Informatique et Information pour la Socit

    Laboratoire PRISMa (Productique et Informatique des Systmes

    Manufacturiers)

    Doctorat

    Informatique

    Andra WATTKY CRESTAN

    Modlisation et Rorganisation des Processus dans le Cadre

    de lExternalisation

    Thse dirige par Abdelaziz BOURAS

    et codirige par Gilles NEUBERT

    Soutenue le 29 Juin 2006

    Jury :

    Andr Thomas, Matre de confrences habilit diriger des recherches

    lUniversit Henri Poincar, Nancy 1 Rapporteur

    Bernard Grabot, Professeur LE.N.I. de Tarbes Rapporteur

    Eswaran Subrahmanian, Professeur lUniversit Carnegie Mellon, USA Examinateur

    Herbert Heinzel, Vice Chairman, BTC/H2O, Allemagne Examinateur

    Abdelaziz Bouras, Professeur lUniversit Lumire Lyon 2 Directeur de Thse

    Gilles Neubert, Matre de Confrence lUniversit Lumire Lyon 2 Co-directeur de Thse

    Bertrand Bucaille, Directeur des Achats Logistiques du Groupe Rhodia Invit

  • i

    Remerciements Cette thse naurait pas pu voir le jour sans laide et le soutien prcieux de bon nombre de

    personnes que je me dois de remercier dans ces quelques lignes.

    Il me faut tout dabord remercier chaleureusement, en la personne de Gilles Neubert, celui qui

    a su maccueillir au sein du laboratoire PRISMa et sans qui cette thse ne serait jamais arrive

    son terme. Il a t pour moi la fois un rfrant et un mentor qui ma permis dacqurir un

    regard scientifique pour contrebalancer mon point de vue plus industriel du sujet de

    recherche.

    Je tiens galement remercier tout particulirement Abdelaziz Bouras qui, en tant que

    directeur de thse, ma aid recadrer mes ides et qui a su me guider dans mon travail de

    recherche.

    Puis, je voudrais remercier vivement Bertrand Bucaille qui a t, pendant les trois annes

    passes au sein du Groupe Rhodia, un ple tranquille alors que bien plus dune fois, tout

    semblait scrouler autour de moi. Il a accept de me guider, ma accord sa confiance et

    fourni un support important pour lequel je lui suis particulirement reconnaissant.

    Il me faut galement remercier :

    Andr Thomas et Bernard Grabot pour avoir accept dtre rapporteurs sur mes travaux et de

    bien vouloir faire partie du jury.

    Eswaran Subrahmanian pour ses remarques intressantes et conseils concernant mon travail

    de recherche et pour avoir accept de faire partie de mon jury de thse en tant quexaminateur

    et, pour cette occasion, de faire le voyage de Washington.

    Herbert Heinzel pour avoir galement accept, comme examinateur, de faire partie de mon

    jury et ainsi apporter son regard dexpert, notamment sur le modle SCOR.

  • ii

    Et puis, je remercie ma famille pour le support quils mont accord et leur confiance en ma

    russite de ce projet ce qui ma permis daller toujours de lavant.

    Enfin, mon mari, Eric pour le rconfort moral quil ma apport et sa bienveillance quand

    javais besoin de ses comptences informatiques pour des milliers de SOS service

    informatique

    Et ma fille, Gwendolyn, qui a t prsente tout au long de la rdaction de cette thse - aussi

    bien avant, quaprs sa naissance et qui est devenue une des plus grosses joies de ma vie

  • iii

    Table des matires Introduction ................................................................................................................................ 9

    1 Rflexions sur le changement denvironnement des organisations dans les Chanes

    Logistiques ............................................................................................................................. 9

    2 Mthode suivie et organisation de la thse................................................................... 12

    Chapitre 1 Contexte Gnral de la gestion de la chane logistique........................................ 17

    1 Les processus au centre de la gestion des chanes logistiques de lentreprise ............. 18

    1.1 La chane logistique principales dfinitions et visions...................................... 18

    1.2 Les processus comme base pour la gestion des chanes logistiques .................... 23

    1.3 Problmatique : Comment amliorer lorganisation des processus et externaliser

    des parties dune organisation au sein de chanes logistiques mondiales ? ..................... 29

    2 Analyse du contexte et grandes tapes du projet : ....................................................... 32

    2.1 Les segments du secteur de la chimie .................................................................. 32

    2.2 Les enjeux de la chimie........................................................................................ 33

    2.3 Prsentation de lentreprise tudie : Rhodia SA................................................. 36

    3 Synoptique du mmoire de thse ................................................................................. 43

    Chapitre 2 Approche structurante et mthodologie globale................................................... 45

    1 La rorganisation des processus de la chane logistique : les fondamentaux............... 47

    1.1 Le processus : principales dfinitions et visions .................................................. 49

    1.2 La rorganisation des processus de la chane logistique ...................................... 52

    2 Lexternalisation dans la chane logistique : les fondamentaux................................... 59

    2.1 Lexternalisation : principales dfinitions et visions............................................ 60

    2.2 La mise en place de lexternalisation dune activit de la chane logistique ....... 74

    3 Prsentation de la dmarche adopte : une mthodologie structurante........................ 79

    3.1 La modlisation des processus - les fondamentaux ............................................. 80

    3.2 Deux standards de modlisation des processus en dtail ..................................... 96

    3.3 La modlisation des processus vis--vis de lexternalisation............................. 117

    3.4 La dmarche danalyse des processus retenue dans le cadre de lexternalisation

    120

    Chapitre 3 Applications industrielles de rorganisation des processus en vue de dfinir un

    plan dexternalisation ............................................................................................................. 131

  • iv

    1 Le Groupe Rhodia et son approche SCM................................................................... 132

    1.1 Lorganisation du rseau de chanes logistiques du Groupe Rhodia ................. 133

    1.2 Le modle SCOR au sein du Groupe ................................................................. 134

    1.3 Les processus hors scope SCOR ........................................................................ 137

    2 La rorganisation des processus travers le modle SCOR au sein du Groupe Rhodia

    139

    2.1 Application au cas Rhodia Electonics & Catalysis (REC)................................. 139

    2.2 La rorganisation des processus travers le modle SCOR sur le site de

    production de La Rochelle (VLR).................................................................................. 144

    3 Lexternalisation dune partie des processus au sein du Groupe Rhodia................... 170

    3.1 Le cheminement vers lexternalisation .............................................................. 170

    3.2 La problmatique dexternalisation - Application au cas Rhodia Coatis........... 185

    3.3 Le projet dexternalisation LOGO Pont de Claix (PCL)................................. 186

    4 Les consquences de linterdpendance des processus.............................................. 212

    4.1 La problmatique de rorganisation des processus - Application au cas Rhodia

    Organique ....................................................................................................................... 212

    4.2 Le projet de BPR hors scope SCOR St. Fons Chimie (SFC) .......................... 216

    5 Proposition dun plan dexternalisation par le PBR................................................... 232

    5.1 Les prrequis pour notre proposition dapproche dexternalisation................... 232

    5.2 Lapproche prconise pour la mise en place dune opration dexternalisation

    233

    Conclusion et Perspectives..................................................................................................... 237

    1 Bilan des apports acadmiques et industriels............................................................. 238

    2 Perspectives envisages.............................................................................................. 241

  • v

    Liste des figures Figure 1 : Square the circle [Thisse, 2004] .............................................................................. 10

    Figure 2 : Redfinition des structures de performance de lentreprise .................................... 11

    Figure 3 : La chane logistique simple [Metz, 1998] ............................................................... 19

    Figure 4 : La chane logistique intgre [Metz, 1998] ............................................................. 20

    Figure 5 : Le rseau de chanes logistiques [Lambert et al., 2000].......................................... 20

    Figure 6 : Architecture de gestion dune chane logistique [Chan et Qi, 2003] daprs [Cooper

    et al., 1997]....................................................................................................................... 22

    Figure 7 : Organisation matricielle [Wisdorff, 2004] .............................................................. 24

    Figure 8 : Organisation transversale et intgre [Wisdorff, 2004]........................................... 24

    Figure 9 : Les diffrentes approches de la chane logistique COPILOTES [COPILOTES,

    2004]................................................................................................................................. 27

    Figure 10 Architecture du modle SCOR ................................................................................ 30

    Figure 11: La maison du SCM [Stadtler et Kilger, 2000]........................................................ 48

    Figure 12 : Dfinition spontan de lexternalisation [Source Ernst&Young, 2003]................ 59

    Figure 13 : La segmentation de loffre selon la valeur ajoute................................................ 62

    Figure 14 : Les tendances dexternalisation par fonction ........................................................ 63

    Figure 15 : Les rgles de dcision dexternalisation [Barthlemy, 2002]................................ 66

    Figure 16 : Les avantages de lexternalisation en 2003 ........................................................... 67

    Figure 17 : La chane de valeur [Porter, 1985] ........................................................................ 68

    Figure 18 : Les inconvnients et freins lexternalisation....................................................... 70

    Figure 19 : Contrle de lentit externalise un dfi [Iyer et Kusnierz, 1996] ..................... 73

    Figure 20 : Dmarche dtude adopte .................................................................................... 80

    Figure 21 : Classification des techniques et mthodes de modlisation selon [Shen et al.,

    2004]................................................................................................................................. 83

    Figure 22 : Exemple de cartographie standard ISO 9001 du processus logistique [Heintz,

    2003]................................................................................................................................. 84

    Figure 23 : Classification des approches de modlisation des processus [Wattky et Neubert,

    2004]................................................................................................................................. 85

    Figure 24 : Synthse des approches de modlisation des processus [Wattky et Neubert, 2004]

    .......................................................................................................................................... 87

  • vi

    Figure 25 : Mthodes de modlisation selon [Bal, 2004] ........................................................ 89

    Figure 26 : Le framework de Zachman.................................................................................... 91

    Figure 27 : Exemple de simulation de processus avec ARIS Toolset...................................... 93

    Figure 28 : Workflow graphique pour la dfinition dune requte [Wardenburg et van

    Emmerik, 2005]................................................................................................................ 95

    Figure 29 : Gestion des processus dans SCOR par le BPR...................................................... 99

    Figure 30 : Cinq processus principaux du modle SCOR...................................................... 100

    Figure 31 : Les diffrents niveaux du modle SCOR ............................................................ 102

    Figure 32 : Les dix processus principaux du rfrentiel logistique de lASLOG .................. 110

    Figure 33 : Les leviers cls de la chane logistique du Groupe.............................................. 133

    Figure 34 : Tableau de bord standard basique Rhodia ........................................................... 135

    Figure 35 : Cartographie des flux REC.................................................................................. 140

    Figure 36 : Lorganisation as is de REC [Neubert et al., 2006]....................................... 142

    Figure 37 : Lorganisation to be de REC [Neubert et al., 2006] ...................................... 143

    Figure 38 : Macro-cartographie du processus de planification de VLR ................................ 147

    Figure 39 : Fiche didentification du processus Livraison..................................................... 149

    Figure 40 : Comparaison as is VLR et SCOR.................................................................. 150

    Figure 41 : Implmentation des Donnes VLR et SCOR dans le processus Livraison ......... 153

    Figure 42 : OTIF dpart usine REC en 2002 ......................................................................... 157

    Figure 43 : Stocks en jours de couverture REC en 2002 ....................................................... 159

    Figure 44 : Fiabilit des prvisions des ventes REC oct. dc. 2002.................................... 160

    Figure 45 : Organisation to be VLR................................................................................. 164

    Figure 46 : Quatre points de ruptures majeures VLR ............................................................ 166

    Figure 47 : Les sites concerns par des opportunits dexternalisation ................................. 173

    Figure 48 : Rpartition des volumes et expditions des quatre sites tudis ......................... 174

    Figure 49 : Phase 1 : Extrait de lanalyse des flux administratifs .......................................... 179

    Figure 50 : Lvaluation des gains par rapport aux risques encourus.................................... 181

    Figure 51 : Lexternalisation dune partie de la logistique .................................................... 183

    Figure 52 : Lidentification de la partie logistique externaliser .......................................... 188

    Figure 53 : Identification des tches externalisables laide de SCOR................................. 191

    Figure 54 : Processus expdition as is PCL ..................................................................... 195

  • vii

    Figure 55 : Exemple dvaluation du temps en ETP (Equivalent Temps Plein).................... 198

    Figure 56 : Processus daffrtement standard to be PCL................................................. 203

    Figure 57 : Rpartition des dysfonctionnements / Total commandes traites PCL ............... 205

    Figure 58 : Weekly status report ...................................................................................... 208

    Figure 59 : Tableau de bord de suivi de la performance dexternalisation ............................ 210

    Figure 60 : Flux simplifi du traitement et du rglement des factures de Rhodia Organique 214

    Figure 61 : Fiche didentification du processus Facturation .................................................. 219

    Figure 62: Flux du Processus Facturation .............................................................................. 220

    Figure 63 : Description du as is et mise en avant des points durs.................................... 221

    Figure 64 : Relve dactions correctives dans le processus Facturation as is .................. 224

    Figure 65 : Suivi rgulier des plans dactions ........................................................................ 227

    Figure 66 : Indicateurs de performance suivis pour le processus Facturation ....................... 228

    Figure 67 : Le traitement des factures du processus Facturation to be ............................ 230

    Figure 68 : Lapproche prconise pour la mise en place dune opration dexternalisation 236

  • 9

    Introduction

    1 Rflexions sur le changement denvironnement des organisations

    dans les Chanes Logistiques

    Lenvironnement des entreprises a fortement volu ces dernires dcennies et est devenu

    plus complexe et plus difficilement prvisible que jamais. Les entreprises font face des

    enjeux multiples, notamment des cycles de vie produit de plus en plus rapides ainsi que de

    nouvelles contraintes industrielles et environnementales.

    Elles voluent dsormais dans un march de forte concurrence qui est domin par une

    conomie de l'offre. Trs dpendantes de leurs clients, elles sont tenues des amliorations

    permanentes de leurs performances : rduction des dlais et des cots, augmentation de la

    diversit des produits et de leur qualit, innovation soutenue. Leurs contraintes sont encore

    augmentes par un environnement de plus en plus incertain et perturb. Comme le prcise

    [Thisse, 2004], les organisations essaient aujourdhui de rendre carr le cercle (cf. Figure

    1) car elles doivent rpondre de nouveaux enjeux internes (amlioration de la performance

    industrielle en terme de cot, dlais, adaptabilit, varit, traabilit, etc.) et externes

    (concurrence accrue, relations et collaborations entre partenaires, partage de linformation et

    lintgration dans les systmes dinformation des partenaires, etc.) tout en perfectionnant le

    service client et restant productif et rentable.

  • 10

    Figure 1 : Square the circle [Thisse, 2004]

    Lorganisation des entreprises a longtemps conduit une sparation des diffrentes activits

    de lentreprise : gestion, comptabilit, ventes, marketing, production, maintenance, etc. Cette

    organisation a souvent entran le dveloppement de systmes de gestion et daide la

    dcision locaux, sappuyant sur des applications informatiques et des bases de donnes

    spcifiques chaque fonction. Le morcellement des systmes dinformation de lentreprise,

    chacun dentre eux centr sur une fonction, a ainsi conduit llaboration de processus de

    rgulation permettant de garantir les zones de pouvoir fonctionnelles tout en assurant une

    certaine cohrence densemble. Il est aussi concomitant un systme de dcision bas sur une

    logique de territoire : les transactions ne sont pas transparentes, pas plus que les mthodes de

    traitement [St. Lger, 02].

    Cette organisation fonctionnelle qui a conduit la formation de silo est aujourdhui

    considre comme obsolte car peu ou mal adapte aux exigences multiples de

    lenvironnement de lentreprise moderne.

    Ces dernires dcennies ont connu une trs forte volution technologique notamment dans le

    domaine des technologies de linformation et de la communication supportant le systme

    dinformation : passage dune logique centralise (mainframe) une logique dcentralise

    (rseau et client serveur), volution des outils logiciels, ouverture vers lextrieur (web, e-),

  • 11

    capacits de traitement dmultiplies, gestionnaires de bases de donnes puissants,

    progiciels intgrs, etc.

    Ces nouvelles technologies de linformation et de la communication ont permis lmergence

    et le dveloppement de nouvelles relations au sein des organisations tout comme entre les

    organisations. Elles ont favoris une certaine intgration fonctionnelle et technique ncessaire

    la globalisation des marchs et la mondialisation de la concurrence. Lentreprise sest alors

    transforme pour voluer vers des formes transverses permettant de mieux rpondre une

    situation toujours changeante. La prise en compte de linterdpendance des organisations dans

    ce quil est convenu dappeler les rseaux ou chanes logistiques, et lapproche processus

    oriente client sont devenues les nouveaux leviers de la performance.

    Comme le soulignent [Diridollou et Vincent, 1997], compte tenu dun certain nombre de

    facteurs environnementaux (cf. Figure 2), lentreprise fait face aujourdhui une redfinition

    de ses structures de performance.

    Redfinition des

    structures de performance dune

    organisation

    Dmocratisation Systmes de

    march Drglementation Etablissement de

    priorits

    Economies

    transnationales effaant les frontires

    Ordinateurs,

    outils de communication et dinformation

    Pays

    Industries Corporations

    TRANSFORMATION DU POUVOIR

    TRANSFORMATION DES TECHNOLOGIES

    RESTRUCTURATION DE LECONOMIE

    GLOBALISATION

    Figure 2 : Redfinition des structures de performance de lentreprise

  • 12

    Sur le plan organisationnel, cette redfinition repose sur la reconception des processus.

    Celle-ci peut tre conduite de manire diffrente, selon quon choisit une redfinition totale et

    un basculement brutal [Hammer et Champy, 1993] (Business Process Reengineering, BPR), de

    type big bang, ou une mthode plus incrmentale damlioration des processus de type

    continu. Cette reconception a pour objectif de mieux prendre en compte lintgration

    dactivits autrefois fortement cloisonnes et de permettre lentreprise de se recentrer sur

    son cur de mtier par transfert dactivits ou de fonctions juges non stratgiques vers des

    partenaires externes.

    Cette restructuration qui conduit vers une intgration fonctionnelle plus importante, permet

    travers des processus redfinis datteindre un objectif commun tous : satisfaire le client au

    moindre cot.

    Cest dans ce contexte quintervient notre travail de recherche. Nous traitons dans cette thse

    la rorganisation logistique dun grand groupe industriel. La problmatique porte sur la

    modlisation et la rorganisation des processus pour une gestion transversale optimise

    (aspect interne), la redfinition des processus dans le cadre de lexternalisation dune partie

    dun processus (recentrage des activit), et finalement lorganisation de processus

    interdpendants multi acteurs (relations partenariales).

    Dans cette perspective, notre travail vise apporter des outils mthodologiques et des

    pratiques daide la configuration des chanes logistiques en nous concentrant

    particulirement sur les processus qui les constituent, les liens existant entre les activits, et

    les acteurs qui les conduisent.

    2 Mthode suivie et organisation de la thse

    Notre volont, dans ce travail de recherche, est de dmontrer limportance de lorganisation

    des processus au sein des chanes logistiques ainsi que de prsenter les concepts et approches,

    voluant autour de la modlisation des processus, pour proposer, en fin de thse, en nous

    appuyant sur notre exprience de dveloppement de cette approche dans un contexte

  • 13

    industriel, une mthodologie dexternalisation supporte par la modlisation et la

    rorganisation des processus.

    Cette thse comprend trois chapitres qui appuient et dveloppent nos propositions :

    Le premier chapitre pose le cadre de nos recherches : lorganisation des chanes logistiques et

    limportance des processus au sein de celles-ci. La complexit globale croissante de

    lenvironnement industriel de lentreprise a fait changer les principes de fonctionnement et

    dorganisation. Lentreprise sengage alors vers une amlioration de sa faon de travailler, la

    fois en interne et en externe avec ses partenaires directs.

    Le concept de gestion de la chane logistique sassocie clairement cette volution. Celui-ci

    se fonde largement sur la rorganisation des processus de lentreprise pour laquelle lenjeu

    majeur est une gestion transversale pour le bnfice global de la chane logistique et non plus

    une optimisation locale dans chacun des silos.

    Enfin, ce premier chapitre nous permet de prsenter la problmatique aborde dans cette

    thse : lorganisation des chanes logistiques dans le cadre de lexternalisation. Nous

    introduisons alors le contexte industriel de notre tude (le redressement de lorganisation

    tudie) ainsi que le secteur dactivit et les enjeux concerns (les objectifs dexternalisation

    dans le secteur de la chimie de spcialit). Le Groupe Rhodia fait face des enjeux majeurs

    de rduction des cots et a pour objectif de se recentrer sur son cur de mtier, la chimie de

    spcialit, en externalisant les parties de sa chane logistique, considres comme non cur de

    mtier. Rhodia vise ainsi, par un redressement de ses activits et lexternalisation dune partie

    de ses processus, simplifier et allger les structures de faon tre plus productif ainsi que

    garder et atteindre de nouveaux avantages comptitifs sur ses marchs principaux : chimie

    dapplications, les matriaux et services de spcialits, chimie fine.

    Ce chapitre nous permet de poser et prsenter les bases de notre rflexion pour dfinir et

    mettre en uvre un processus dexternalisation.

  • 14

    Pour atteindre cet objectif, le deuxime chapitre est centr sur les concepts et approches

    relatifs la modlisation et la rorganisation des processus. Nous dterminons dans un

    premier temps larticulation gnrale de lapproche dintervention que nous proposons et nous

    prsentons un certain nombre de modles, mthodes, outils, etc. pour permettre une

    rorganisation des processus internes et accompagner lexternalisation dactivits vers des

    prestataires extrieurs.

    Nous constatons que si la rorganisation des processus est une notion relativement rcente,

    elle fait lobjet dune attention toute particulire, ces dernires annes, dans les milieux

    industriels. Le tour dhorizon des travaux de recherche et des mthodologies, techniques,

    outils, etc. utiliss par les industriels, montre quil existe une prpondrance sur laxe

    technologie par rapport laxe organisation .

    Cest sur ce dernier point que nous positionnons nos travaux en proposant une mthodologie

    de rorganisation des processus, applique au cadre de lexternalisation et du partage

    dactivits pour lexcution du processus logistique. Nous utiliserons pour cela un standard

    international des processus de la chane logistique, le modle SCOR, qui a t choisi par le

    Groupe Rhodia pour la gestion de ses processus principaux.

    Ce chapitre nous permet alors de dvelopper une mthodologie structurante en trois temps

    ( as is - to be - go live ) et demployer celle-ci dans le cadre de lexternalisation

    Le troisime chapitre nous permet dappliquer notre proposition au niveau industriel. A

    travers diffrentes tudes menes au sein du Groupe Rhodia, nous illustrons lintrt dune

    vision intgrant standardisation et dpendances entre activits, dans la rorganisation des

    processus applique la mutualisation ou lexternalisation.

    Nous proposons une volution en trois temps : modlisation, analyse et restructuration des

    processus pour une volution interne lentreprise, puis pour lexternalisation dactivits

    (logistiques dans le cas qui nous intresse), et finalement pour lamlioration du

    fonctionnement multi acteurs.

  • 15

    Avant dexternaliser quelque activit que ce soit, il est ncessaire davoir une vision de

    lensemble des tches raliser afin didentifier celles qui peuvent tre externalises et celle

    qui doivent tre gardes en interne de faon dfinir un processus cohrent et sous contrle.

    En outre, il est indispensable dintgrer le prestataire en tant que partenaire dans leffort de

    rorganisation pour que celle-ci se fasse de manire optimale et que linterdpendance entre

    les activits internes et externalises soit respecte dans le processus global et donc la chane

    logistique.

    Le troisime chapitre nous permet alors de proposer une approche pour la modlisation des

    processus dans le cadre dune opration dexternalisation de la faon suivante :

    Pourquoi externaliser - la dcision dexternalisation

    Quoi externaliser - la dtermination des activits externaliser

    Comment externaliser - le BPR travers le modle SCOR ou le BPR traditionnel

    pour les processus ntant pas adresss par SCOR

    Nous tablissons donc dans ce chapitre, partir des rsultats issus de nos tudes industrielles,

    une dmarche de rorganisation des processus et dexternalisation dans le cadre de la chane

    logistique de Rhodia et dfinissons un plan dexternalisation par la rorganisation des

    processus.

    Enfin, nous concluons cette thse en revenant sur les apports acadmiques et industriels de ce

    manuscrit concernant la rorganisation des processus de lorganisation dans le contexte de

    lexternalisation. Nous ouvrirons enfin un certain nombre de perspectives de recherches dans

    ce domaine.

  • 17

    Chapitre 1 Contexte Gnral de la gestion de la

    chane logistique

    De moins en moins systme ferm, lentreprise sinsre aujourdhui dans un rseau

    dentreprises cooprantes lies par des flux tendus issus de la mise en uvre des concepts du

    juste temps, consistant en la distribution dun produit ou service au client dans le nombre

    qu'il demande ainsi quau moment o il le souhaite, l'endroit dsir et dans le standard de

    qualit et de cots fixs [Lamouri et Thomas, 2002]. Une part importante de la performance

    des entreprises repose dsormais sur leur capacit grer leurs flux et en avoir une vision

    globale. Le pilotage de leur chane logistique est apparu ces dernires annes comme un

    lment cl de leur performance.

    La logistique nest pas une discipline nouvelle mais son largissement vers une acceptation

    plus large de logistique globale ou logistique intgre conduit porter un autre regard

    sur son dveloppement dans les entreprises.

    Aujourdhui, une organisation transversale de lentreprise est promue avec pour objectif de la

    dcloisonner et la rorganiser de faon grer dsormais des processus, et non pas des

    fonctions, avec pour objectif final la satisfaction des clients.

  • 18

    1 Les processus au centre de la gestion des chanes logistiques de

    lentreprise

    Longtemps rduite un ensemble de techniques de transport, de manutention ou de stockage,

    la logistique est devenue aujourdhui la fois un systme organisationnel et un systme de

    pilotage, capable dapporter un vritable avantage concurrentiel lentreprise.

    Le management de la chane logistique impose de passer dune logique fonctionnelle une

    logique de processus, de crer un interfaage suffisamment fort entre les acteurs pour

    permettre une globalisation et crer ainsi un tout l o il y avait deux ou plusieurs entits

    distinctes.

    Les travaux effectus dans le cadre du projet COPILOTES [COPILOTES, 2004], mettent en

    vidence la profusion et la confusion dans la terminologie utilise pour dcrire la chane

    logistique (supply chain) et le pilotage de la chane logistique (Supply Chain Management).

    La section suivante apportera quelques prcisions sur ces deux notions.

    1.1 La chane logistique principales dfinitions et visions

    La chane logistique trouve ses origines dans le terme logistique qui tait utilis surtout au

    sens militaire du terme. Il sagissait alors dactivits militaires sur le plan tactique et

    stratgique pour combiner tous les moyens de transport, de ravitaillement et de logement

    des troupes . Lobjectif de la logistique tait alors de permettre lutilisation de produits des

    endroits diffrents de leur production et, pour ce faire, den faciliter le transport.

    Les concepts de la logistique ont ensuite t adapts au monde industriel et aujourdhui, elle

    est considre comme cruciale dans la russite et le dveloppement de lentreprise. La

    logistique concerne aussi bien les produits que les services et consiste en tous les moyens

    pour organiser les flux de matires avant, pendant et aprs une production (coordination de

    l'offre et de la demande activits de transport, gestion des stocks, service aprs-vente, etc.).

    La littrature relative la chane logistique tmoigne de dfinitions diverses. Elle met parfois

    laccent sur le flux produit et les processus [Supply Chain Council, 2000] [Rota-Franz et al.,

  • 19

    2001] [Russel et al., 2000], ou sur la notion de rseau, mettant ainsi en avant les

    nombreuses dimensions de la chane logistique (les fournisseurs, fabricants, entrepts,

    distributeurs, etc. de la chane travaillant ensemble pour livrer le produit au client final)

    [Simchi-Levi et al., 2000] [Lee et al. 1997] [Christopher, 1998].

    La chane logistique est par exemple classiquement dfinie par [Tayur et al., 1999] et [New et

    Payne, 1995], comme un systme de sous traitant, de producteurs, de distributeurs, de

    dtaillants et de clients entre lesquels schangent des flux matriels dans le sens des

    fournisseurs vers les clients et des flux dinformation dans les deux sens . Selon [Eksioglu,

    2001], la chane logistique est un processus intgr, dans lequel des entits diffrentes

    (fournisseurs, fabricants, etc.) travaillent ensemble pour planifier, coordonner et contrler le

    flux de matires des fournisseurs jusquaux clients. Le terme chane logistique sest ainsi

    impos en mettant laccent sur le fait que lentreprise est un maillon situ dans une chane de

    production de bien ou de service, depuis les fournisseurs de matires premires, jusquaux

    clients finaux..

    Du point de vue structurel, on peut considrer que lapproche logistique globale repose sur la

    progression dune organisation mono-entreprise vers une organisation multi-entreprises.

    Ainsi, les frontires de lentreprise stendent et intgrent dans un premier temps des flux

    physiques et informationnels avec ses plus proches partenaires (cf. Figure 3).

    Figure 3 : La chane logistique simple [Metz, 1998]

    Ce modle peut tre reproduit de proche en proche pour figurer ce qui est parfois appel la

    chane logistique intgre (parce quelle intgre les fournisseurs et les clients). [Metz, 1998]

  • 20

    parle de chane logistique multi niveau ( multi-stage supply chain ) (cf. Figure 4) pour

    indiquer que des acteurs intervenant diffrents stades dlaboration du produits sont en

    relation dchange.

    Figure 4 : La chane logistique intgre [Metz, 1998]

    Enfin, dans une vison extensive, [Lambert et al., 2000] parle de rseau logistique. Ce rseau

    se structure selon deux dimensions : la dimension verticale concerne le nombre de

    fournisseurs et clients de lentreprise (largeur variable selon le nombre de partenaires en

    relation directe), la dimension horizontale sintresse aux partenaires tiers dans la chane

    (longueur variable en fonction du nombre dtages dans la chane depuis le premier

    fournisseur jusquau client final). La position horizontale dfinit la position de lentreprise par

    rapport au client final de la chane logistique (cf. Figure 5).

    Figure 5 : Le rseau de chanes logistiques [Lambert et al., 2000]

  • 21

    La logistique a pris alors un sens largi et est devenue une activit part entire qui permet,

    travers loptimisation de l'ensemble des processus et des flux physiques de lentreprise, mais

    aussi la prise en compte de ses interactions avec ses diffrents partenaires, de dvelopper, en

    sappuyant sur de nouveaux modes de gestion, un avantage concurrentiel.

    1.1.1 La gestion de la chane logistique (ou Supply Chain Management, SCM)

    Comme le dcrit le rapport [COPILOTES, 04], les problmatiques relatives la matrise des

    flux dans une chane logistique sont nombreuses et couvrent les diffrents horizons de la prise

    de dcision. Rota-Franz et al. [Rota-Franz et al., 2001] distinguent les problmes de

    configuration, qui conditionnent les problmes de circulation des diffrents flux (long terme),

    de ceux lis la gestion de ces flux (moyen et court termes).

    Ces nouveaux modes de gestion, eux aussi dfinis de faons diverses, sont regroups sous

    lappellation gestion de la chane logistique ou Supply Chain Management (SCM). Ils

    mettent laccent sur la cration de valeur par lintgration des fonctions des entreprises, de

    lorganisation, des activits ainsi que des processus [Supply Chain Council, 2000].

    Depuis ces dernires annes, ce concept a fait lobjet dun intrt croissant tant de la part de

    chercheurs que de consultants ou de managers. Comme en tmoigne Croom et al [Croom et

    al., 2000], dans la littrature anglo-saxonne, on le trouve abord sous diffrents termes :

    network supply chain , network sourcing , supply pipeline management , supply

    network , integrated purchasing strategy , supplier integration , supplier

    partnership , supply base management , strategic supplier alliances , supply chain

    synchronisation , value chain management , value-added chain , value stream

    management , lean chain approach .

    La gestion de la chane logistique globale a ainsi pour ambition de grer, synchroniser et

    intgrer les diffrentes entits des partenaires de la chane logistique pour crer de la valeur

    ajoute pour le client final. Plus prcisment, [Mentzer et al., 2001] dfinissent la gestion de

    la chane logistique comme la coordination un niveau stratgique et tactique des activits

    fonctionnelles traditionnelles, que ce soit lintrieur dune entreprise, ou entre partenaires de

    la chane logistique, dans le but damliorer la performance long terme de chaque entreprise

    membre et de lensemble de la chane .

  • 22

    Ds 1997, Cooper proposera un modle mettant en interrelation les trois facettes dune

    chane logistique : les processus, les composants de gestion et la structure de la chane (cf.

    Figure 6).

    Figure 6 : Architecture de gestion dune chane logistique [Chan et Qi, 2003] daprs [Cooper

    et al., 1997]

    Ce modle, coiff par le flux dinformation, est centr sur neuf processus (business

    processes), dont deux qui concernent directement le flux physique ( product flow et

    return channel ) et sept autres qui correspondent des processus informationnels (depuis la

    gestion de la relation client jusquau dveloppement et la commercialisation de produits).

    Selon [Harland et al., 2001], on peut parler de gestion globale de la chane logistique quand

    les activits et processus parmi les diffrentes entits de la chane logistique sont intgrs.

  • 23

    Lapproche processus a peu peu merge pour devenir incontournable dans lanalyse et le

    pilotage des chanes logistiques. Dans la section suivante, nous allons en prciser les contours

    et montrer son impact sur lorganisation de lentreprise et le basculement quelle a entran

    vers une approche plus globale et collaborative.

    1.2 Les processus comme base pour la gestion des chanes logistiques

    Les processus traversent les fonctions et services de lentreprise et concernent donc toute la

    chane logistique interne (flux physiques, dinformations et financiers). Selon [Lambert et al,

    2005], la gestion de la chane logistique est un travail ambitieux qui, conduit les managers

    implmenter des processus transversaux et les intgrer avec les membres cls de leur chane

    logistique. Ainsi, les processus, qui auparavant taient considrs comme un moyen dintgrer

    des fonctions intra-entreprises, sont aujourdhui utiliss pour structurer les activits entre les

    membres de la chane logistique.

    Selon [Davenport, 1993], un processus is simply a structured set of activities designed to

    produce a specified output for a particular customer or market . Il dfinit le processus

    comme un ensemble structur dactivits conues pour produire un rsultat spcifique pour

    un client ou march particulier . Il consiste en la combinaison de toutes les activits

    contribuant la cration de valeur pour un client externe celui-ci.

    Sintressant toutes les activits de lentreprise, le processus est une suite logique dtapes

    souples qui sont bases sur la connaissance et construites de manire servir au mieux les

    besoins et exigences du client. Selon [Wisdorff, 2004], on peut mme parler dune gestion du

    changement (Supply Change Management), plutt que de Supply Chain Management, car elle

    a pour but de mobiliser les personnes autour de la transversalit de lorganisation pour la

    librer des frontires fonctionnelles et professionnelles. La difficult de pilotage dun

    processus ne rside donc pas dans la complexit de sa ralisation mais dans la conduite des

    changements transversaux.

    Aujourdhui, lentreprise cherche dcloisonner son organisation dune forme matricielle (cf.

    Figure 7) en une organisation transversale (cf. Figure 8) pour dcrire et amliorer non plus

  • 24

    une structure fonctionnelle dentreprise mais des processus transfonctionnels [Wisdorff,

    2004].

    Figure 7 : Organisation matricielle [Wisdorff, 2004]

    Wisdorff prcise que ce dcloisonnement de lentreprise conduit vers une organisation

    transversale (cf. Figure 8).

    Figure 8 : Organisation transversale et intgre [Wisdorff, 2004]

    La mise en place de lapproche dune gestion transversale de la chane logistique par les

    processus, et non plus dune gestion cloisonne et base sur des objectifs de performance

    locaux, permet lentreprise de se concentrer sur lensemble des activits qui permettent de

    planifier, excuter et grer les flux physiques et les flux d'information travers toute la chane

    logistique, afin de satisfaire ses clients et la stratgie de l'entreprise.

  • 25

    Fortement mise en avant par la norme ISO 9000 version 2000, lapproche processus rside

    en une dmarche d'analyse qui prsuppose un cadre rigoureusement tabli caractris par la

    politique et les objectifs qualit. Pour cette norme, ce sont en effet la politique nonce et les

    objectifs qualit qui fixent le cap d'optimisation des processus qu'il importe avant tout de

    mettre jour. Ainsi, l'objectif de cette approche est d'accrotre la satisfaction des clients par le

    respect de leurs exigences.

    C'est un outil de management qui donne le la dans la dtection des risques et la

    progression durable de l'entreprise en terme d'organisation. Concrtement, lapproche

    processus dsigne l'application d'un systme de processus au sein d'un organisme, ainsi que

    l'identification, les interactions et le management de ces processus. On cherche ainsi

    retrouver la linarit et l'enchanement logique d'actions qui concourent satisfaire les

    exigences du client, plutt qu'une succession d'tapes indpendantes et cloisonnes par

    service. LAFNOR a publi en Juin 2000 un fascicule de documentation (FD X 50-176) qui

    dtaille ce que l'on appelle lapproche processus. La norme distingue 3 grandes familles de

    processus :

    Les processus de ralisation (Produit, conception, fabrication, vente, prestation)

    Les processus de support ou de soutien (Ressources, Formation, Informatique,

    comptabilit, maintenance),

    Les processus de management ou de pilotage (Politique, stratgie, technologie et

    innovation, plan, budget, Dcision, Mesure)

    Le Supply Chain Management est ainsi troitement li au concept de la gestion par les

    processus car la valeur cre par celle-ci nest pas seulement un rsultat de la consommation de

    ressources spcifiques qui sont prises en compte de faon indpendante des unes des autres.

    Ces ressources sont galement dployes de manire structure et planifie avec des

    ajustements dans le temps et une coordination et synchronisation des comptences afin de

    grer les processus de manire optimale et faciliter la collaboration entre les acteurs de ces

    processus.

  • 26

    1.2.1 Lapproche collaborative pour le pilotage des processus de la chane logistique

    [Tayur et al., 1999] et [Stadtler, 2000] considrent la chane logistique comme un ensemble

    de relations clients/fournisseurs successives qui intgrent pour chaque entreprise les activits

    dapprovisionnement, de production et de distribution. Laccent porte ici sur les acteurs de la

    chane logistique et leurs relations dans le rseau. Cherchant une optimisation conjointe de la

    chane logistique, les acteurs doivent entretenir des relations bases sur la confiance et la

    collaboration mutuelle, crant ainsi un partenariat essentiel au fonctionnement optimal de la

    chane logistique en question.

    [Thierry, 2003] sintresse la collaboration dans le processus en reprenant la dfinition de la

    gestion de la chane logistique de [Mentzer et al., 2001] et en distinguant deux types. Ainsi, la

    gestion de la chane logistique peut tre rgie par une entit dominante qui est assimil un

    donneur dordre, ou au contraire, elle peut tre gre par un systme de partenariat ncessitant

    la mise au point de processus de coordination, de collaboration ou de coopration complexes.

    Ce deuxime cas de figure aboutit alors au concept de chane logistique collaborative dont

    lobjectif est de gagner en comptitivit, en amliorant la performance globale grce une

    vision complte de la supply chain [Bernhard et al., 2005].

    Selon [Bowersox et al., 2005], le SCM est crateur de valeur ajoute grce la

    synchronisation des activits logistiques des acteurs de la chane logistique. Ils avancent que

    lentreprise fait partie aujourdhui dune chane logistique tendue o lefficience

    oprationnelle et la rduction des cots proviennent dune plus grande visibilit, intgration et

    synchronisation parmi les acteurs concerns qui collaborent de faon dpasser les frontires

    de lentreprise. Daprs les travaux du projet COPILOTES, la chane logistique collaborative

    est celle qui intgre toutes les entreprises amont et aval de lentreprise (cf. Figure 9).

  • 27

    Figure 9 : Les diffrentes approches de la chane logistique COPILOTES [COPILOTES,

    2004]

    Lapproche processus dans la gestion de la chane logistique a pour objectif de mieux

    permettre la collaboration entre les acteurs depuis lintgration de fonctions engages dans la

    production de flux physiques et dinformations de lamont laval dune chane interne, la

    gestion de relations inter-organisationnelles, jusquau management de rseaux de

    fournisseurs. Cette varit de points de vue sur les chanes logistiques conduit autant de

    perspectives sur les processus de collaboration intra ou inter-entreprises : partage

    dinformation, contrat avec des fournisseurs ou des clients, externalisation, intgration de

    ressources humaines financires ou techniques, etc [BOW 03].

    La collaboration dans les chanes logistiques est largement supporte par lchange

    dinformations entre les diffrents maillons. Or, comme le souligne [Barut et al., 2002], les

    partenaires doivent certes partager leurs informations mais surtout les exploiter, pour

    capitaliser le bnfice escompt. Lauteur cherche alors valuer et mesurer lefficacit de

    linformation change, en construisant un couple dindicateurs destin caractriser le

    niveau de profondeur de lutilisation des informations changes dans une chane logistique

    (ltendue de linformation) ainsi que la richesse et la quantit de celles-ci (lintensit de

    Flux dinformations

    Ach

    at/A

    ppro

    .

    Prod

    uctio

    n

    Dis

    trib

    utio

    n Fournisseur Client Client du client Fournisseur du fournisseur

    CHAINE LOGISTIQUE INTERNE

    Flux de matires

    CHAINE LOGISTIQUE INTEGREE

    CHAINE LOGISTIQUE COLLABORATIVE

  • 28

    linformation). [Barut et al., 2002] appelle ceci le couplage de lentreprise avec sa

    chane logistique. [Danese et al., 2004] sintressent galement aux processus et aux

    mcanismes de coordination qui sont ncessaires entre les membres de la chane logistique.

    Ils avancent que la collaboration est cruciale entre les diffrents partenaires de la chane

    logistique pour planifier les activits et processus cls, de la production et livraison de

    matires premires la production et livraison du produit fini au client final.

    La transition de lorganisation vers plus dintgration entre les fonctions et services de

    lentreprise a fait merger dans les annes 90 le concept de rorganisation des processus, en

    anglais Business Process Reengineering (BPR). Il signifie la rorganisation des processus de

    lorganisation, permettant des amliorations significatives de la performance de lentreprise

    [Hammer et Champy, 1993] [Davenport, 1993]. Selon [ONeill et Sohal, 1999], le BPR peut

    tre considr comme prolongement des travaux de [Porter, 1980, 1985, 1990] concernant

    lavantage comptitif.

    Le BPR concerne alors la transformation dune organisation verticale, fonde sur des silos, en

    une organisation qui est base sur des processus (organisation transverse ou horizontale).

    Cest ce niveau de rorganisation des processus de la chane logistique que se situent nos

    travaux, aussi bien des processus internes, que de la reconfiguration de processus multi

    acteurs.

  • 29

    1.3 Problmatique : Comment amliorer lorganisation des processus et

    externaliser des parties dune organisation au sein de chanes logistiques

    mondiales ?

    Ce travail de recherche est n dun besoin industriel de lentreprise Rhodia SA qui est un

    Groupe mondial de chimie de spcialits dveloppant une large gamme d'innovations

    technologiques pour quatre grands marchs : pharmacie et agrochimie, alimentaire et produits

    de consommation, industrie et services, automobile ainsi qulectronique et fibres. Le modle

    de dveloppement de Rhodia repose sur le croisement de ses expertises chimiques et

    technologiques ainsi que sur une relation plus troite avec ses clients partenaires. Cette

    stratgie se traduit par une volution de lorganisation, de la culture et galement de loffre.

    Les questions poses sont les suivantes : comment amliorer et piloter lorganisation des

    processus intra-entreprise et inter-entreprise du Groupe et assurer la prennit de ses activits

    dans un contexte de forte pression concurrentielle et de recentrage du portefeuille dactivits ?

    Comment ceci est-il possible dans un contexte dexternalisation dune partie de lorganisation

    du Groupe ?

    Confront des besoins bien spcifiques, Rhodia a souhait [Wattky, 2005] :

    Etablir une gestion de son organisation par les processus sans rinventer un processus

    normalis ,

    Adapter des standards internationaux valids (amlioration de la productivit, mesure de

    performance, comparaison des performances sous forme de benchmark),

    Externaliser les parties de sa chane logistique, considres comme non performantes et

    ntant pas parmi les activits faisant partie du cur de mtier du Groupe,

    Utiliser un support au dploiement des outils.

    1.3.1 Les enjeux dexternalisation pour Groupe Rhodia

    Le Groupe Rhodia est confront des enjeux majeurs avec une centaine de sites industriels

    dans le monde qui prsentent une forte htrognit des processus et des outils dploys.

  • 30

    Avec un poids lourd des actifs et cots associs directs et indirects, lobjectif de Rhodia est

    de se recentrer sur son cur de mtier pour tre plus performant et rpondre la pression

    concurrentielle importante et aller vers un recentrage de son portefeuille dactivits. Pour ce

    faire, Rhodia a dcid dexternaliser certaines activits de sa chane logistique (logistique

    interne, logistique de transport, maintenance, support technique, comptabilit, etc.), activits

    qui sont considres comme extrieures son cur de mtier quest la chimie de spcialits.

    Dans ce contexte, notre travail sest focalis sur lorganisation et la redfinition des processus

    logistiques et en nous intressant plus particulirement au cas de lexternalisation dune partie

    de lorganisation de du Groupe Rhodia [Wattky et Neubert, 2006].

    1.3.2 Le modle SCOR comme support pour les processus du Groupe Rhodia

    Ce travail se situe dans un projet plus global du Groupe Rhodia de dploiement de la Supply

    Chain au niveau mondial, dont ltape cl a t la cration dune fonction Supply Chain

    Corporate en 2001. Avec pour mission dtablir les bonnes pratiques et de dployer celles-ci

    sur lensemble des divisions, entreprises et sites du groupe, ce projet a choisi dutiliser le

    modle SCOR comme modle support de la modlisation et de la rorganisation des

    processus, de la mise en place des bonnes pratiques et de la dfinition des indicateurs de

    performance cls. Ce modle sera donc utilis comme support de notre travail. Il sagit dun

    rfrentiel international de diagnostic, de conception et de mesure des performances des

    processus de la chane logistique.

    Customers Customer

    Deliver

    Suppliers Supplier

    Supplier

    Internal or External Your Company

    Customer

    Internal or External

    Source Deliver Make Deliver Make Source Source

    Plan

    Return Return Source Deliver Make

    Return

    Return

    Plan Plan Plan Plan

    Return Return Return

    Return

    Figure 10 Architecture du modle SCOR

  • 31

    La chane logistique selon le modle SCOR, qui est base sur cinq processus principaux de

    gestion, tant dfinie et valide par la fonction Supply Chain du Groupe, la structure

    principale de la chane logistique ne constitue pas un degr de libert de ltude.

    Nous considrons donc des chanes logistiques diverses et htrognes selon modle SCOR :

    Un premier niveau constitue les processus stratgiques de lentreprise et leur type

    (approvisionnement pour la relation entreprise fournisseurs, distribution pour la relation

    entreprise clients etc.), un deuxime niveau explicite les diffrentes configurations et sous-

    processus de la chane logistique considre (fabrication la commande, sur stock, etc.) et

    enfin un troisime niveau distingue les sous-processus de la chane logistique en diverses

    lments et tches.

    Pour le cadre de notre travail de recherche, le rseau logistique considr est constitu

    dEntreprises du Groupe. Ces entreprises sont tudies dun point de vue interne (au niveau

    de leurs sites de production) et dun point de vue externe travers les relations existant avec

    les principaux partenaires dun site ou dune entreprise.

    Dans ce contexte, nous nous appuyons sur le rfrentiel SCOR pour identifier les principaux

    vecteurs danalyse des processus et sous-processus cl de la chane logistique, den dfinir les

    indicateurs pertinents et didentifier les bonnes pratiques applicables aux diffrentes

    entreprises du Groupe Rhodia.

    Nous tenterons de montrer dans cette thse les avantages et limites du modle SCOR dans la

    rorganisation des processus de Rhodia [Wattky, 2005]. Notre travail mettra en particulier en

    avant le cas o cette rorganisation intgre une externalisation d'une partie des activits

    logistiques.

  • 32

    2 Analyse du contexte et grandes tapes du projet :

    Ce travail de recherche sinscrit dans une perspective industrielle ; la connaissance du

    contexte est importante pour en saisir les objectifs, enjeux et les choix raliss. Rhodia est une

    entreprise du secteur de la chimie de spcialits visant des marchs aussi divers que

    lautomobile, lagrochimie, la pharmacie ou encore llectronique. Afin de mieux clarifier le

    contexte de cette tude, nous allons prciser dans un premier temps les spcificits de ce

    secteur dactivit.

    Le secteur chimie/pharmacie, qui est li en amont au secteur ptrolier mais aussi l'industrie

    minire ou aux produits agricoles, fournit en aval tous les secteurs industriels, et ceci dans des

    domaines aussi divers que la sant, les transports, le BTP ou encore l'agroalimentaire.

    L'industrie franaise de la chimie/pharmacie se place, aprs celle des Etats-Unis, du Japon et

    de l'Allemagne, au quatrime rang mondial des producteurs et au troisime rang des

    exportateurs. Les 1200 entreprises de ce secteur emploient 250 000 salaris, soit 7,8% de la

    main d'uvre travaillant dans l'industrie manufacturire, et ont gnr au total un chiffre

    d'affaires de 85Md en 20011.

    Malgr le fait que l'une relve clairement d'une activit industrielle multi secteurs et que

    l'autre se concentre exclusivement sur la sant, on peut lier la chimie et la pharmacie car le

    secteur pharmaceutique est un dbouch naturel de l'industrie chimique et formule notamment

    les principaux actifs labors par la chimie fine. On trouve ainsi parfois des acteurs communs

    ces deux secteurs (sant des vgtaux, pesticides, fongicides).

    2.1 Les segments du secteur de la chimie

    Lindustrie chimique a un caractre plutt cyclique , sa sant financire dpendant

    amplement de la position stratgique de ses diffrents acteurs sur les grands segments de la

    chimie (chimie de base, chimie de spcialit ou chimie fine).

    1Source Cabinet de conseil en gestion des risques :

    http://www.marsh.fr/marshv2/risquescomplexes/Offredediee/chimieenjeux.html

  • 33

    2.1.1 La chimie de base

    La chimie de base est galement appele chimie lourde car elle suppose une stratgie de

    volume. Ce segment de la chimie fournit des produits standardiss faible marge, de gros

    volumes permettant des conomies d'chelle. De plus, la chimie de base est caractrise par

    de fortes dlocalisations vers des zones faible cot de production.

    Les produits de base sont souvent utiliss comme matires premires pour d'autres produits

    chimiques dits de spcialit . Les produits types sont : acide sulfurique, chlore ou des

    engrais pour la chimie minrale, matires plastiques, lastomres, benzne, thanol pour la

    chimie organique, etc.

    2.1.2 La chimie de spcialit

    La chimie de spcialit, aussi appele chimie intermdiaire, est marque par une stratgie de

    prix avec une forte spcialisation des produits, une recherche de niches plus fortes marges,

    un co-dveloppement d'applications spcifiques avec le client et des produits plus en aval de

    la chane logistique. Les produits type sont : actates, latex, phosphates, hydrocollodes, etc.

    2.1.3 La chimie fine

    Enfin, la chimie fine distribue des produits forte valeur ajoute qui comportent souvent des

    principes actifs de mdicaments, dvelopps ensuite par le secteur pharmaceutique. Ce

    segment de la chimie est caractris par une trs forte technicit qui est obtenue grce de

    trs importants cots de dveloppement de produits.

    2.2 Les enjeux de la chimie

    Pour l'industrie chimique franaise, 2001 a t une anne fatale, avec notamment la tragdie

    lie l'explosion de l'usine AZF le 21 septembre 2001, Toulouse. Paralllement cet

    vnement dramatique, la hausse du cot des matires premires et le ralentissement de la

    demande ont accentu les difficults de ce secteur.

    Une dcroissance de -1,3% du volume des ventes de la chimie a t la consquence de ces

    diffrents vnements en 2001 contre une croissance de +4,4% en 2000. Il y a galement des

  • 34

    facteurs externes qui expliquent la fragilit du secteur de la chimie. Les fluctuations des

    prix des matires premires et notamment du ptrole, qui reste la premire ressource utilise

    dans la production, ont impact de manire importante lindustrie chimique. A ceci s'ajoute la

    rpercussion difficile des hausses de prix auprs des clients, souvent galement de grands

    industriels. De plus, une concentration progressive des acteurs autour de quelques grands

    gants europens ou mondiaux, la standardisation inluctable des produits et la fin de vie de

    certains brevets ont permis, ces dernires annes, l'apparition de nouveaux comptiteurs

    moindre cot, comme par exemple des acteurs chinois qui viennent encore augmenter la

    pression sur les marges fragiles de la chimie. Enfin, l'industrie chimique est aussi une

    industrie risque, la fois pour les hommes et pour l'environnement. Il existe une rgulation

    stricte qui impose des restrictions et des normes de plus en plus contraignantes sur les

    mthodes et les outils de production du secteur de la chimie. Il y a par exemple les lois des

    nouvelles rgulations conomiques (NRE) et leur volet d'obligation de transparence sur

    l'impact environnemental de leurs activits et le risque li l'amiante. Puis, il y a des

    rglements au niveau du transport des produits chimiques et de leur retraitement. Lobjectif de

    cette rgulation est lamlioration de la mesure et de la gestion de ces risques.

    2.2.1 Les risques dans le secteur de la chimie2

    Le secteur de la chimie fait face de nombreux risques gnriques (dommages) mais aussi

    des risques propres au secteur chimique. On peut distinguer un certain nombre de risques :

    Les risques traditionnels : Ce sont les risques lis aux actifs, aux outils industriels, aux

    employs, aux rseaux informatiques et la responsabilit des cadres dirigeants.

    Les risques pesant sur les biens matriels : Ce sont les risques concernant la capacit de

    production (usines, racteurs, sites de stockage...) car elle reprsente un actif cl dans la

    bonne marche de l'entreprise. Il y a par exemple le risque catastrophique d'origine

    naturelle (inondation, tremblement de terre) ou dorigine humaine (acte de sabotage ou de

    terrorisme) qui affecte fortement et durablement les rsultats d'une entreprise.

    2 Source Cabinet de conseil en gestion des risques :

    http://www.marsh.fr/marshv2/risquescomplexes/Offredediee/chimieenjeux.html

  • 35

    La dangerosit des produits chimiques : Il y a un certain nombre de risques pour

    l'environnement (pollution), pour les employs (risque d'accidents du travail) ou pour les

    clients (dans le maniement ou l'utilisation du produit) car beaucoup de produits chimiques

    peuvent potentiellement tre dangereux.

    Les risques pesant sur les actifs immatriels : Il sagit ici de la protection des brevets sur

    les produits et les procds qui constituent galement un enjeu important pour les acteurs

    de la chimie. Les risques lis aux actifs immatriels concernent souvent la chimie de

    spcialit et la chimie fine o les marges restent protges par ce type de barrires).

    Les risques politiques : La stabilit du pays d'accueil prsente galement des risques pour

    des sites de production dlocaliss et pour des nouveaux dbouchs car il peut y exister

    des risques de coup d'tat, de nationalisation des biens, dmeutes, etc. ceci inclut

    galement les risques la solvabilit d'un dbiteur dans un pays mergent.

    Les risques lis au cot des matires premires : La hausse du prix du baril constitue un

    facteur de risque important dans le secteur de la chimie car elle affecte directement la

    rentabilit de cette industrie.

    Les risques ports par les oprations de fusions et acquisitions : Des sinistres qui

    dgradent l'environnement peuvent survenir aprs la date de clture d'une fusion ou

    acquisition. Ils sont alors la charge de l'acheteur, ou du vendeur si ce dernier a

    auparavant sign une garantie de passif. Sil y a assurance, il peut lui tre transfr.

    2.2.2 Les volutions rcentes du secteur de la chimie

    Pour rpondre aux diffrents enjeux du secteur de la chimie, dimportantes restructurations

    ont eu lieu. Le secteur a connu tout d'abord un grand nombre de scissions, fusions ou

    acquisitions afin de recentrer les diffrentes activits sur des segments cls de la chimie afin

    datteindre une taille critique de survie (plus le produit est standardis, plus l'effet-taille

    apparat crucial pour la comptitivit). Dautres restructurations, comme loptimisation des

    achats, des flux logistiques, la saturation et rationalisation des outils de production, la

    dlocalisation, etc. ont vu le jour. Une recherche pour de nouveaux dbouchs, par exemple

    sur de nouvelles applications, et des expansions gographiques vers des zones fort

    dveloppement (Asie, Brsil) ont galement eu lieu ainsi que le dveloppement des ples

  • 36

    de chimie plus forte valeur ajoute (spcialits permettant des marges plus confortables,

    stratgies de niche, signatures de partenariats de dveloppement avec le client, etc.).

    Le processus de restructuration de lindustrie chimique est encore loin dtre fini car toutes les

    grandes entreprises chimiques sont continuellement soumises des changements. La lutte

    pour figurer parmi les dix premires entreprises au classement mondial fait rage et les

    stratgies employes par ces dernires pour tenir ou amliorer leur position ont de multiples

    apparences.

    Dans le futur, nous pouvons nous attendre dautres fusions dans le secteur de la chimie car

    celui-ci se trouve dans une grande phase de rorganisation qui est encore loin dtre termine.

    Il est aujourdhui impossible de prvoir les directions qui seront prises ou de dire quand ces

    restructurations prendront fin.

    2.3 Prsentation de lentreprise tudie : Rhodia SA

    Rhodia est n en 1998 par le dtachement et le placement sous ce Groupe de toute la partie

    chimie de Rhne-Poulenc. Lhistoire de cette dernire remonte au dbut du 19me sicle avec

    la fusion des entreprises S.C.U.R (Socit chimique des Usines du Rhne) et Poulenc Frres

    en 1928 pour devenir la Socit des Usines chimiques Rhne-Poulenc (S.U.C.R.P.) [Cayez,

    1988].

    Rhodia, un Groupe indpendant cot en bourse depuis 1998, trouve ainsi ses origines dans

    une grande gamme de produits chimique, tels que les colorants, la vanilline, le nylon, la

    pnicilline et le silicone.

    Lanctre de Rhodia, la socit Rhne-Poulenc, a t marque par un grand nombre

    dvnements [Cayez, 1988]. :

    1968 : La fusion de Rhne-Poulenc avec de grands groupes franais tels que Pchiney

    (aluminium), St-Gobain (glaces et verre plat) et Progil (chlore, phosphates, matires

    synthtiques et ptrochimie) pour former un grand groupe.

    1982 : Jusqu'en 1993, la nationalisation de Rhne-Poulenc est rest proprit de lEtat.

  • 37

    1993 : La privatisation de Rhne-Poulenc avec un recentrage des activits centrales du

    Groupe et un rassemblement de certains domaines de production.

    En 1998, Rhne-Poulenc regroupa en une seule et unique nouvelle entreprise, Rhodia, toutes

    les activits autres que les sciences du vivant de la chimie. Depuis indpendant de Rhne-

    Poulenc, le Groupe Rhodia, est confront de nombreux problmes. Malgr le fait que

    Rhodia soit le leader mondial en ce qui concerne la production de vanilline, diphnol, aspirine

    et le deuxime producteur mondial de paractamol, la concurrence croissante dans la chimie

    de base est problmatique.

    Ces dernires annes, Rhodia a donc dvelopp ses secteurs de chimie fine et de spcialit.

    Beaucoup de sites ont t crs et des filires de production ont t vendues dautres

    entreprises chimiques pour continuer dans la voie du recentrage sur le cur de mtier du

    Groupe quest la chimie de spcialit.

    Aujourdhui, l'organisation du Groupe Rhodia repose sur des Entreprises ayant une logique

    marchs/clients. Ces Entreprises disposent d'une large autonomie d'action et sont responsables

    de leurs rsultats. Des fonctions (achats, finance, marketing, supply chain) apportent leur

    appui et leur expertise aux Entreprises. Elles contribuent la dfinition et la mise en place

    des politiques fonctionnelles assurant la cohrence sur le long terme et la mobilit au sein du

    Groupe. Elles animent galement des programmes transversaux (par exemple les achats de

    logistique) visant installer les meilleures pratiques internationales au sein de Rhodia. Les

    Zones gographiques (Amrique du Nord, Amrique du Sud, etc.) ainsi que la Direction des

    Affaires Internationales (DAI) assurent une coordination internationale du Groupe.

    2.3.1 Le plan de redressement du Groupe

    En 2003, Rhodia a publi un chiffre daffaires de 5 453 millions deuros, en retrait de 17,6 %

    par rapport 2002. Cette baisse sexplique principalement par un effet de primtre (-8,8%)

    li aux cessions intervenues en 2002 et 2003 et par un effet de change (-7,8%), d la

    faiblesse persistante du dollar. A structure et taux de change comparables, le chiffre daffaires

  • 38

    a diminu de 1,2% par rapport 2002 en raison dune baisse des volumes, notamment sur

    les marchs de la Pharmacie, de lAgrochimie et du Textile.

    En 2004, cette tendance sest confirme, le chiffre daffaire du Groupe atteignant 5 281

    millions deuro.

    La hausse du prix des matires premires, la baisse des volumes et une augmentation des

    charges de restructuration ont galement fortement dgrad les performances oprationnelles

    du Groupe.

    2.3.2 Analyse de lactivit oprationnelle des quatre divisions du Groupe

    Avec un portefeuille trs diversifi, un fort endettement, une organisation et des processus

    complexes ainsi quun environnement dfavorable, un plan de redressement a t dvelopp

    pour les quatre divisions du Groupe :

    Pharmacie & agrochimie : Une baisse significative de lactivit a t enregistre en 2003,

    principalement en raison dun effet volumes et dun effet de conversion. La baisse des

    volumes sexplique par les consquences du report, anticip depuis juillet 2002, du

    lancement de nouveaux mdicaments pour lesquels lentreprise Pharma Solutions fournit

    des intermdiaires et par une baisse globale de la demande des produits de lentreprise

    Parfumerie, Performance & Agro.

    Alimentaire et produits de consommation : Toutes les activits de cette division, hormis la

    dtergence en Europe et les cosmtiques, ont enregistr une progression de leurs volumes

    en 2003. La lgre baisse du chiffre daffaires de la division sur lanne 2004 sexplique

    essentiellement par un effet de conversion li laffaiblissement du dollar.

    Industrie et services : La division a enregistr une lgre baisse de ses rsultats en 2003.

    Celle-ci sexplique principalement par les mauvaises performances de lactivit Silicones,

    qui a souffert dune hausse du prix des matires premires ainsi que dune forte pression

    sur les prix. Les entreprises Silices et Eco Services maintiennent leur croissance du fait de

    leurs bonnes positions sur des marchs en croissance tels que le pneumatique et la

    rgnration de lacide sulfurique.

  • 39

    Automobile, lectronique et fibres : Particulirement affecte par la chute de la

    demande sur les marchs aval du polyamide, par la forte dprciation du dollar par rapport

    leuro et par le niveau lev du prix des matires premires, lactivit de cette division

    sest inscrite en retrait sur 2003. Seule, lentreprise Engineering Plastics a enregistr une

    croissance de ses volumes.

    2.3.3 Quatre objectifs de redressement

    Le portefeuille du Groupe tant trs vari (avec certains actifs sous performants), le Groupe

    est confront un endettement important, une organisation et des processus complexes ainsi

    quun environnement dfavorable (taux de change, exposition au cot des matires

    premires). Un plan de restructurations a donc t lanc en 2003 avec quatre objectifs

    principaux : le recentrage du portefeuille des activits du groupe, le renforcement de

    ressources financires, la simplification des structures du groupe ainsi que le suivi

    dindicateurs concernant le redressement de lentreprise.

    Le recentrage des activits du groupe constitue une approche pragmatique en cohrence avec

    la stratgie moyen terme de Rhodia. Elle a pour but didentifier lensemble des activits

    susceptibles dtre cdes (montant total de cessions estim 1,3 Md) pour ne cder

    effectivement que les actifs les mieux valoriss. Ce sont des activits ayant un positionnement

    stratgique attractif sans tre fortement gnratrices de cash.

    Pour renforcer ses ressources financiers, Rhodia a pour objectif de consolider moyen terme

    ses financements bancaires, la simplification de son organisation, lallgement de ses

    structures pour raliser des conomies et un plan de cessions de ses actifs. En finalisant un

    accord de refinancement de sa dette bancaire avec lensemble de ses 23 banques crancires

    en 2004, le groupe peut maintenir les lignes de crdit existantes, ouvrir une nouvelle ligne de

    crdit moyen terme pour remplacer des financements antrieurs et raliser une augmentation

    de son capital. La dgradation persistante des conditions de march a conduit le groupe

    procder, en accord avec ses commissaires aux comptes, une restimation de la valeur de ses

    actifs corporels et incorporels de long terme.

  • 40

    La simplification des structures du Groupe tant un des objectifs majeurs de Rhodia, le plan

    de rduction des cots des fonctions du Groupe est l'un des axes essentiels du plan de

    redressement. Pour cela, la standardisation des processus et des mthodes de reporting, larrt

    ou la rduction de la frquence de certaines activits juges aujourdhui accessoires par le

    groupe, la mutualisation des expertises dans des plates formes de services partags ainsi que

    la sous-traitance et lexternalisation de certaines tches transactionnelles basiques sont

    considrs comme des leviers de simplification et de rduction des cot.

    Suite aux mesures d'conomies et afin de contrler avec une attention particulire la gestion

    de la trsorerie du groupe, des indicateurs de suivi ont t mis en place et sont publis toutes

    les quipes de Rhodia qui participent ces efforts. Trois indicateurs de suivi de gestion de la

    trsorerie ont t dfinis :

    Contrle du fond de roulement et des investissements corporels et incorporels (capital

    expenditure, CAPEX) :

    En rduisant les investissements ( lexclusion des investissements financiers) au strict

    ncessaire, le Groupe cherche amliorer de faon significative la rentabilit notamment en

    raison de charges de restructuration rduites.

    Les cots de voyages :

    Les dpenses de voyages du mois daot 2004 sont infrieures de 34% par rapport aot

    2003. Au total, les cots de voyages cumuls fin aot sont 29% plus bas qu' la mme

    priode en 2003 et donc sous contrle.

  • 41

    La rduction des chus clients pour atteindre au plus vite 5% d'chus dans le dcouvert

    clients :

    Cet indicateur permet de suivre le niveau d'chus qui reste trop lev. Il permet daccentuer

    les efforts entrepris travers la mutualisation des moyens.

    Toutes ces actions de redressement ont pour objectif de restructurer et recentrer le groupe sur

    ses activits comptitives autour de trois ples. Rhodia entend ainsi dvelopper ses activits

    de Chimie dApplications (regroupe quatre entreprises : Novecare (Home Personal Care &

    Industrial Ingredients), Coatis (Performance Coatings and Services), Silicea (Rare Earths,

    Silicones & Silica Systems) et Phosphorus & Performance Derivatives) car le groupe estime

    quil existe l des solides opportunits de croissance. Le deuxime ple, les matriaux et

    services de spcialits (regroupe trois entreprises : Polyamide, Acetow et Eco Services),

    continue gnrer de fortes et rgulires rentres de cash grce une comptitivit forte des

    technologies et de la matrise des cots du groupe. Le troisime et dernier ple concerne la

    poursuite de la restructuration et le repositionnement de son activit de chimie fine (Le ple

  • 42

    Chimie Fine regroupe 2 Entreprises : Pharma Solutions et Organics (Perfumery,

    Performance & Agro) afin den restaurer la comptitivit et de capitaliser sur son

    redressement.

    En outre, le groupe souhaite renforcer ses positions en Chine avec comme objectif dy

    raliser, moyen terme, 10% de son chiffre daffaires total. Disposant dj dune solide

    implantation industrielle et commerciale dans ce pays, le Groupe souhaite tirer pleinement

    avantage du fort potentiel de croissance de ce march ainsi que de la base de production

    faibles cots quil constitue.

    2005 reprsente une anne de transition, consacre la poursuite de la transformation et du

    recentrage du Groupe, dans un environnement conomique toujours incertain. En 2006,

    lachvement de la reconfiguration du Groupe est prvu car Rhodia vise cette mme anne un

    retour un rsultat net positif et des perspectives de rentabilit durable.

    Notre travail de recherche sinscrit dans leffort de redressement du Groupe. Il sintresse la

    simplification et lallgement des structures logistique. Notre intervention porte sur la

    rorganisation des processus avec des objectifs de modlisation et de standardisation. Ces

    deux directions ont pour but de conduire diffrentes entreprises du groupe vers de possibles

    mutualisations ou externalisations de certaines parties de leur chane logistique.

  • 43

    3 Synoptique du mmoire de thse

    Ce chapitre a permis de fixer le cadre de notre tude. Il sagit de proposer une mthodologie

    de dploiement de lexternalisation dactivit logistique dans plusieurs entreprises du groupe

    Rhodia. Ce travail doit sappuyer sur la modlisation des processus dj bien ancre chez

    Rhodia travers le modle SCOR.

    Ce cadre dtermin, nous allons prciser, dans le chapitre 2, les notions cl exploites dans

    nos travaux et dvelopperons larticulation globale de la dmarche que nous proposons pour

    prsenter les orientations retenues (mthodologie, outils)

    Nous traiterons les principales dfinitions et approches mthodologiques de la rorganisation

    des processus dans les chanes logistiques pour mieux comprendre et cibler les processus et

    modes de fonctionnement des diffrents acteurs intervenant dans la chane logistique ainsi que

    leurs interactions (Chapitre II). Lobjectif de cette partie est de dvelopper clairement la

    mthodologie de rorganisation des processus de lentreprise dans le cadre de

    lexternalisation et la dmarche adopte dans nos travaux.

    Nous nous focaliserons ensuite sur lexternalisation dans les chanes logistiques et plus

    spcifiquement les modalits dexternalisation existantes (Chapitre III). Nous proposerons

    une dmarche et des outils permettant une externalisation dans le cadre dune partie de la

    logistique de lorganisation de lentreprise.

    Chacune de nos propositions sera illustre dune application industrielle concrte et grande

    chelle travers le cas Rhodia.

    Nous prciserons notamment, dans le cadre de ces applications, comment nous arrivons une

    mthodologie commune et originelle dexternalisation dune partie de la chane logistique (fin

    du Chapitre III). Cette ultime tape vise llaboration dun support de dploiement pour la

    mise en place et lamlioration continue de la chane logistique nouvellement structure et de

    ses parties externalises.

    Nous appuierons ici notre dveloppement sur trois axes :

  • 44

    Dtection des points de dficience de processus partir dune mthodologie commune

    dveloppe au Chapitre II,

    Identification des axes damlioration sur la base des outils proposs au Chapitre III,

    Formalisation et excution dun plan daction dexternalisation propos au Chapitre III.

  • 45

    Chapitre 2 Approche structurante et mthodologie

    globale

    Deux concepts distincts, mais complmentaire structurent notre tude : la rorganisation des

    processus de la chane logistique et lexternalisation . Le premier se rfrant

    lamlioration de lorganisation et la matrise des processus de celle-ci, le second concernant

    le dplacement dune ou plusieurs activits, jusque l excutes en interne, vers un partenaire

    extrieur lorganisation.

    La rorganisation des processus (BPR) trouve ses sources dans lapproche oriente client :

    cest dans le pilotage de linterdpendance fonctionnelle et la cration de valeur au cours du

    droulement des activits que se construit la performance de lentreprise. La rorganisation

    des processus intgre la dfinition des activits, leur squencement et leurs interdpendances

    (entre, sorties, information support), leur mode de pilotage, les acteurs concerns.

    A travers ces redfinitions, lapproche processus vise le dcloisonnement de lorganisation et

    lamlioration de la performance de lentreprise travers des processus transversaux reposant

    sur une meilleure collaboration entre les acteurs concerns. Avec le BPR, cest travers la

    matrise de linterdpendance des fonctions et services dune mme entreprise que des

    amliorations significatives dans les mesures de performance critiques sont ralises

    [Mentzer, 1999].

    Cette approche transverse, qui sappuie sur une redfinition interne du processus de cration

    de valeur, permet de sinterroger sur les acteurs, fonctions, services, ou mme les partenaires

    externes qui doivent prendre en charge le pilotage de tel ou tel sous processus. Des activits

    autrefois ralises par une certaine fonction sont prises en charge par une autre fonction, voir

    par un acteur externe lorganisation [Wattky et Neubert, 2006]. On parle alors

    dexternalisation, comme dans les stratgies Make Or Buy concernant les flux physiques,

  • 46

    il sagit ici de co-traiter un processus avec un partenaire spcialis qui apportera plus de

    performance au moindre cot. Lexternalisation est une approche qui vise dune part

    permettre lentreprise de se concentrer sur ses comptences cls et dautre part faire des

    conomies dchelle [Abdel-Malek et al., 2004]. Lexternalisation, parce quelle met en jeu,

    dans le pilotage des activits, des acteurs extrieurs lorganisation, repose sur des alliances

    privilgies avec des prestataires externes sappuyant sur une forte synchronisation et un

    travail de partenariat hautement collaboratif.

    Le concept du BPR peut ainsi tre tendu lexternalisation en visant, au del de la

    collaboration interne inter-fonctionnelle, une collaboration troite inter-entreprises avec les

    partenaires quelle a slectionn pour ses oprations externalises.

    Dans ce contexte, il convient de rpondre deux questions dordres diffrents :

    Comment caractriser et dfinir oprationnellement les processus dune organisation

    horizontale de lentreprise ?

    Comment la notion de lexternalisation sintgre dans le concept de rorganisation des

    processus de la chane logistique ?

    Lorsque les concepts cls de notre tude auront t fixs, nous prsenterons lapproche

    globale que nous prconisons pour modliser une organisation en processus et russir des

    oprations dexternalisation. Pour ce faire, nous expliciterons les diffrents modles et

    mthodes utiliss ainsi que larticulation globale de notre dmarche.

  • 47

    1 La rorganisation des processus de la chane logistique : les

    fondamentaux

    Comme nous lavons indiqu dans le chapitre prcdent, la chane logistique dcrit le chemin

    des marchandises (matires premires, approvisionnement, production et distribution) partir

    de la commande dun produit jusqu sa livraison au client final. Le concept de gestion de la

    chane logistique repose sur le pilotage de nombreux processus qui contribuent la cration

    de valeur ajoute pour un client externe. Sont alors mis en uvre et contrls lensemble des

    processus permettant de planifier, excuter et grer les flux physiques et les flux d'information

    travers toute la chane logistique, dans le but de satisfaire les attentes du client et la stratgie

    de l'entreprise.

    Le terme de SCM na pas t utilis uniquement en ce qui concerne les activits logistiques et

    la planification et le contrle des flux physiques et dinformation intra entreprise ou

    interentreprises [Croom et al., 2000]. Comme soulign dans [Wacquet, 2001] des auteurs lont

    employ pour dcrire les problmes stratgiques et inter-organisationnels [Cox, 1997],

    dautres pour prsenter une forme organisationnelle alternative lintgration verticale

    [Thorelli, 1986], dautres encore pour identifier et dcrire les relations quune entreprise

    dveloppe avec ses fournisseurs [Lamming, 1993]. Les entreprises ne cherchent plus obtenir

    des rductions de cot ou des aug