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Le journal du Théâtre Dijon Bourgogne - n°3
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J O U R N A L D U T H É Â T R E D I J O N B O U R G O G N E
SPÉCIALTHÉÂTRE EN MAI
Découvrezle programme completdu festival en p. 2
INVITATIONParticipez à la présentation
publique du festival
lundi 4 mai à 19 hau Parvis Saint-Jean
en présence deFrançois Rebsamen
avec un spectacle surpriseet des gourmandises
au bar du Parvis
Entrée libre (dans la limite des placesdisponibles) Réservation conseillée
au 03 80 30 12 12
Théâtre en mai fête sa vingtième édition avec une moisson de spectacles venus des qua-tre coins du monde, des créations, des lectures, un grand débat, de la musique, des ren-contres, des repas. Mélange des genres, mélange des gens : un beau précipité d’hu-main, une grande diversité de formes liées par l’envie commune d’explorer et departager des histoires d’aujourd’hui, de s’ouvrir en grand aux bruits de la cité etde ceux qui l’habitent. En racontant notre monde, nous voulons le questionner,affirmer des engagements artistiques et citoyens. Un festival politique, donc (suite p.2),
P O U R Q U O I C E M O N D E E S T - I L S I B E A U ? - G E O R G B Ü C H N E R , W O Y Z E C K
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N ° 3 - 1 2 A V R I L 2 0 0 9 - J O U R N A L P A R A I S S A N T C H A Q U E T R I M E S T R E
Des 4 coinsdu monde
Ils arriventd’Argentine,
du Burkina Faso,de Corée,
de Biélorussie,de Hongrie :
découvrez-les au fildes pages de cespécial Théâtre
en mai.
3 spectaclesen création
Quoi de plus ré-jouissant que lanaissance d’untexte, d’un objet
théâtral nouveau ?Trois spectacles
voient le jour lorsdu festival : Je suisen colère, mais çame fait rire ; King,Malcolm, Baldwin ;
et Ministre.
Petiteset grandesformes…
Retour de compa-gnies bien connuesdes Bourguignons,accueil de jeunespousses, lectures,
concerts, films, tou-tes les formes se
croisent à Théâtreen mai...
Théâtre enmai moded’emploi
Sommaire (p.2)Informations pra-
tiques, tarifs,horaires,
lieux (p.16),agapes culinaires
et culturelleset (p.19)
Une vie aprèsle festival
Supplémentspécial en pages
centrales :tout savoir sur la
fin de saisondu TDB et, en
avant-première,les temps fortsde la saison2009/2010 !
THÉÂTRE ET POLITIQUE
Le théâtre dans la Cité20e édition de Théâtre en mai. Cette année, ce festival très prisé des amateurs de théâtre s’ouvre
sur les quartiers dijonnais et innove, grâce à une thématique originale mais non moins actuelle,le théâtre et la cité.
En effet, si le rapprochement entre ces deux entités peut apparaître comme une évidence, cette
initiative lui donne sens. Le théâtre et la cité sont tous les deux des lieux d’expression et de
partage. Ils rassemblent des populations, défendent des idées et des valeurs et chaque indi-
vidu y a sa place. Un théâtre dans la cité, c’est ainsi que François Chattot conçoit son art et
ses différentes formes d’expression.
Pour rester fidèle à sa tradition de découverte et d’échanges, le festival Théâtre en mai proposeradonc un programme 2009 riche et créatif mettant à l’honneur l’art dramatique des quatre coins
du monde mais aussi des talents régionaux.
Temps fort de la vie culturelle dijonnaise, cet événement a toujours été accessible à tous, sym-
bole d’un parti-pris bien défini, celui que l’art et la culture ne sont pas des domaines réser-
vés à une partie de la population. Au nom de la ville de Dijon, je ne peux que soutenir ce choix
en réaffirmant ici que la municipalité actuelle a toujours défendu la volonté d’une politique
culturelle ouverte, faite par et pour tous.
Je profite également de cette occasion pour saluer l’engagement des personnes qui s’inves-
tissent chaque année pour le festival. A n’en pas douter, la qualité et la réussite de cet évé-
nement traduisent la passion de ses organisateurs.
Je vous souhaite un très bon festival et une belle continuation à Théâtre en mai.
François RebsamenSénateur-maire de Dijon
Président du Grand Dijon
(suite de la page 1) politique au sens noble du terme : l’art de vivre ensemble, de se confronter et de
s’accorder. Théâtre et politique, la relation est ancienne et toujours actuelle, comme nous le rappelle
Bernard Sobel : Athènes a inventé le théâtre en même temps que la démocratie. Si la démocratie était
accomplie, il n’y aurait plus besoin de théâtre. Pour l’heure, certains des artistes qui nous font le
grand plaisir de participer au festival portent témoignage qu’aujourd’hui encore cet art est un art
de résistance, de combat. Et s’il ne peut pas tout, il est toujours urgent de réfléchir à « comment
les mots et les images, les histoires et les performances peuvent changer quelque chose au monde
où nous vivons. » (Jacques Rancière).
Un grand débat ponctuera cette vingtième édition le 18 mai à 19h. Il sera consacré aux relations
entre culture et démocratie, un enjeu essentiel des politiques culturelles : quelle place donner à la
culture, quels acteurs, quel rôle pour les responsables publics, les institutions culturelles, selon
quelles modalités détermine-t-on les choix et les engagements, en bref comment marier culture et
citoyenneté. Telles sont les questions que nous agiterons au cours de cette rencontre.
Avec François Rebsamen, Kasimir Bisou et d’autres intervenants prestigieux, intellectuels, artistes,
politiques, ce débat organisé en partenariat avec Sciences-Po Dijon marquera un temps fort de ce
Théâtre en mai.
Enfin, cette vingtième édition est aussi l’occasion d’un coup de chapeau amical à tous ceux qui
ont fait le festival, en commençant par
François Le Pillouër et Marie-Odile Wald,leurs fondateurs en 1990. Coup de chapeauaussi au public, acteur essentiel de ce suc-
cès, grâce auquel, au fil des ans, ce rendez-
vous s’est imposé comme une manifesta-
tion théâtrale essentielle dans le paysage
bourguignon, rythmant le mois de mai de
ses découvertes et curiosités.
François ChattotActeur, directeur
du Théâtre Dijon Bourgogne
THÉÂTRE EN MAI
Le Théâtre Dijon Bourgogneest subventionné par
Le Théâtre Dijon Bourgogneremercie ses partenaires
Le Théâtre Dijon Bourgognecollabore avec
La librairie
Grangier
POLITIQUES CULTURELLESET DÉMOCRATIERENCONTRE PUBLIQUElundi 18 mai à 19 h, Parvis Saint-Jean
Introduction par Doc Kasimir Bisou
avec François Chattot, Matthias Langhoff,Claude Patriat, François Rebsamen,et (sous réserve) Jean-Louis Hourdin,Jack Ralite, Jan Rubes, Bernard Sobel,un représentant du ministère de la CultureEn partenariat avec Sciences-Po Dijon
SOMMAIREKING, MALCOLM, BALDWIN – LESCHEMINS DE LA RÉVOLTE – USA 1963
Kenneth B. Clark, Françoise Lepoix p3
LES CORÉENSMichel Vinaver, Byun Jung Joo et MarionSchoëvaërt p4
SAINT JEANNE DES ABATTOIRSBertolt Brecht, Bernard Sobel p5
POTESTAD et SOLO BRUMASEduardo Pavlovsky, Norman Briski
et Claudio Tolcachir p6
L’OPÉRA PAYSANBéla Pintér p7
TATU OU LA GUERRE DU CHEAU CONGOLuis Marquès, Dioari Abidine Coulidiaty p8
GÉNÉRATION JEANS et ZONEDE SILENCENikolaï Khalezine, Natalia Koliada etVladimir Scherban p9
JE SUIS EN COLÈRE,MAIS ÇA ME FAIT RIREEugène Durif, Jean-Yves Picq, Jean-Pierre
Siméon et Jean-Louis Hourdin p10
MINISTREIvan Grinberg, Damien Bouvet p11
WE ARE LA FRANCEJean-Charles Massera, Benoît Lambert p12
FLORILÈGE DU DISCOURS POLITIQUEStéphan Castang p13
Deux lectures de Muriel Mayette
Cinéma à l’Eldorado : cycle de films
Noir-Américains
Rencontres p14
Partenariats / nourritures / concerts p15
Agenda / pratique / tarifs p16
SUPPLÉMENT EN PAGES CENTRALES :Saison 2009/2010 : préprogramme p IBeautés de fin de saison : LE PETIT CIRQUEDES TRIBUNS (Chattot, SF), RICERCAR(Tanguy-Théâtre du Radeau) p IILes Brèves du Parvis p IIILe Portrait : Théâtre en mai, 20e p IV
L’accession de Barack Obama à la présidence des États-Unis incite
à mesurer le chemin parcouru : moins d’un demi-siècle nous sépare
des luttes menées parallèlement par Malcolm X ou Martin Luther
King pour la reconnaissance des droits civiques des Afro-Améri-
cains. Le choix de Françoise Lepoix de travailler, en collaboration
avec Anisia Uzeyman et Frédéric Leidgens, sur ces figures ma-
jeures de la révolte noire américaine paraît donc ici d’autant plus
judicieux. En redonnant chair et corps à leurs paroles, le spec-
tacle King, Malcolm, Baldwin – Les Chemins de la révolte risque
donc fort de nous aider à comprendre les ressorts de la révolte
d’alors. Et d’éclairer un peu mieux l’histoire directement
contemporaine.
3
Françoise Lepoix – est née en
1954 à Valence - se forme à l’école du Théâtre
national de Strasbourg de 1975 à 1978 – joue en
1980 dans la création collective Vous êtes ici, on
est là d'après la métamorphose et le Journal de
Frantz Kafka aux ateliers costumes du théâtre de
Gennevilliers, avec François Chattot – joue, entre
autres, sous la direction de Renata Scant, Michel
Froelhly, Moni Grego, Jean-Paul Wenzel,
Bernard Bloch, Matthias Langhoff – participe
à l’aventure Théâtrale des « Fédérés » à
Hérisson et Montluçon – met en scène une
vingtaine de spectacles avec sa compagnie
Cinétique (créée en 1987) – est lauréate de la
Villa Médicis hors les murs en 2009 – crée
King, Malcolm, Baldwin – Les Chemins de la
révolte - USA 1963 au Théâtre Dijon
Bourgogne.
Alors que l’Amérique vient d’élire pour lapremière fois de son histoire un Noir commeprésident, Françoise Lepoix nous invite à unjuste regard en arrière. Vers un passé pas siéloigné que ça...
KING, MALCOLM, BALDWINLes Chemins de la révolte USA 1963 [création]
King, Malcolm X, Baldwin, trois figures de la révolte Noire Américaine © P. Cox
KING, MALCOLM, BALDWIN
Les Chemins de la révolte USA 1963
d’après Nous, les Nègres. Entretiens avec Kenneth B. Clark
un projet de Françoise Lepoix en collaboration avec Anisia
Uzeyman et Frédéric Leidgens
adaptation Frédéric Leidgens, Françoise Lepoix
avec Françoise Lepoix et Lyazid Khimoum (Kenneth B. Clark)
maquillage Isabelle Lemeilleur, recherches sonores et musicales
Anisia Uzeyman et Quentin Dumay, lumière et son équipe
technique du TDB
production déléguée Théâtre Dijon Bourgogne - CDN
coproduction Compagnie Cinétique
jeudi 14 et vendredi 15 à 22hsamedi 16 à 14h30dimanche 17 à 19h30salle Jacques Fornier
Itinéraire d’une mise en scèneEn mai 1963, une chaîne de télévision publique de Boston (USA) invite troisgrandes figures des mouvements noirs américains des années 1960 : le pas-
teur Martin Luther King (né en 1929, il sera assassiné le 4 avril 1968), le
« ministre » Malcolm X (Malcolm K. Little né en 1925, assassiné le 21 février1965), leader des musulmans noirs, et l’écrivain James Baldwin (1924-1987).
Ils s’entretiennent séparément à l’antenne avec Kenneth B. Clark (1914-
2005), enseignant, psychologue et écrivain noir américain, militant de l’inté-
gration des enfants noirs à l’école publique.
La parole de ces trois hommes nous permet de mieux comprendre la complexitéde l’engagement humain dans l’action, d’entendre au travers de leur biographie
le processus qui entraîne l’un à une philosophie de l’amour, l’autre à la violence
et à la religion musulmane et le troisième à la littérature. Malcolm X s’oppose à Mar-tin Luther King. Baldwin essaye de comprendre et interroge les limites de chacun.
Il me semble nécessaire aujourd’hui, de faire entendre, avec le recul de l’Histoiresur une scène française, ces engagements humains dans la lutte pour la dignité.
Françoise Lepoix (janvier 2009)
« L’avenir du Noir dans notre pays est exactement aussi lumineux ou aussi sombre que
l’avenir du pays. C’est au peuple américain et à ses représentants, c’est au peuple amé-
ricain seul de décider si oui ou non il va regarder en face cet étranger qu’il a si long-
temps calomnié, s’il va s’occuper de lui, et assumer sa présence. Ce que les Blancs doi-
vent faire, c’est chercher en eux-mêmes pourquoi il leur a fallu un nègre au début. Parce
que je ne suis pas un nègre, je suis un homme, mais si vous croyez que je suis un nègre,c’est parce que vous en avez besoin. [...] Si je ne suis pas le nègre ici, et si vous l’avez in-
venté – c’est vous, les Blancs, qui avez inventé le nègre – alors il faut que vous trouviezpourquoi. Et l’avenir du pays en dépend. »
James Baldwin, extrait de Nous, les Nègres. Entretiens avec Kenneth B. Clark
« King, Baldwin, Malcolm X, ne sont pas trois solutions historiques possibles au problème noir,entre lesquelles les Américains pourraient choisir. Il n’existe pas plusieurs visages d’oppri-més (...) il n’y en a qu’un seul, qui bouge, qui se transforme lentement, de l’étonnement dou-
loureux et encore plein d’espoir, à la haine et à la violence, aux envies de meurtre et de des-
truction. King, Baldwin et Malcolm X jalonnent le même et implacable itinéraire de la révolte,dont il est rare que le ressort, une fois lâché, ne se détendra pas jusqu’au bout. »
Albert Memmi, Nous, les Nègres. Entretiens avec Kenneth B. Clark, préface à l’édition de 1965
(
En contrepoint, cycle de films «Black American» au cinéma Eldorado (p. 14)
Deux ans après la fin de la guerre de Corée (1950-
1953), Gabriel Monnet commande une pièce de théâtre
à un jeune romancier, Michel Vinaver. Initialement in-
titulé Aujourd’hui, le texte est rebaptisé Aujourd’hui ou
les Coréens lors de sa première mise en scène par
Roger Planchon, en 1956 à Lyon. Rarement reprise
par la suite, la pièce doit attendre 1991 pour être tra-
duite en coréen, puis 2006 pour être jouée en Corée,
à l’initiative de la compagnie Wuturi. C’est ce spec-
tacle mis en scène par le duo franco-coréen Marion
Schoëvaërt et Byun Jung Joo que Théâtre en mai
accueille en ouverture de sa 20e édition.
4
1950, 1er roman Lataume, publié chez Gallimard
1980, quitte Gillette France après y avoir tra-
vaillé 28 ans en tant que cadre supérieur puis
PDG2002, écrit 11 septembre 2001, sa 17e pièce (hors
adaptations)
2003, parution du 8e volume de son théâtre
complet
2009, met en scène avec Gilone Brun l’Ordi-
naire, sa 1re pièce à entrer au répertoire de la
Comédie-Française
Entre Corée et France, Histoire et théâtre, cultureancestrale revivifiée et écriture contemporaine,les Coréens cultivent les espaces de rencontres.Ils nous invitent à les découvrir, en toute curiosité...
LES CORÉENSSÉOUL
LES CORÉENSde Michel Vinaver
mise en scène Marion Schoëvaërt et Byun Jung Joo
avec Ko Ki Hyug, Seo Sang Won, Moon Jeong Soo, Kim
Wan, Kim Hyun Jung, Kong Sang A, Park Jun Mi, Oh Yujin,
Jee Hyun Jun, Ahn Byung Chan, Sung Youl Suk, Lee Jin,
Yang Jong Yook et les musiciens Kim Jin Yuck, Byun Jung
Joo, Kim Dong Kun, Chen Ji Yoon, Park Jun Goo
traduction Marion Schoëvaërt, Byun Jungjoo (basée sur la traduction
originale de Ahn Chi Woon), surtitrage Hervé Pejaudier, Han Yumi,
direction musicale Choi Young Suk, composition Kim Dong Kun,
chorégraphie Park Jun Mi, maître de danse masquée Ko Kihyug,
maître de kung fu Bae Sangpil, accessoires et décor Cho Eun
Byeol, lumière Lee Yu Jin, costumes Choi One, maquillage Lee
Dong Min
production Wuturi Players avec l’aide de Korea Foundation
et du Seong Nam Art Center
la première des Coréens a eu lieu le 10 novembre 2006 au
Seong Nam Art Center
remerciements à Art Council Korea, Seongnam Art Center,
Seongnam Cultural Foundation, Fondation Beaumarchais
remerciements spéciaux à Michel Vinaver, Han Yumi, Hervé
Péjaudier, Choi Jun Ho - directeur du Centre culturel
Coréen à Paris, Uijeongbu Arts Center
L’histoireAprès un bombardement américain, tout est détruit dans le petit village nord-coréen de
Yu-Won et de nombreux villageois sont morts. Non loin, dans la forêt, cinq soldats français,volontaires des forces de coalition, sont perdus. Une petite fille de Yu-Won trouve un caporal
français blessé. Elle l’aide à enterrer un soldat américain qui a succombé à ses blessureset lui demande en échange de l’aider à trouver le corps de son frère mort.
Autour des Coréens, quelques notes de Michel VinaverLe politique et le sacréIl a fallu sans doute qu’un demi-siècle s’écoule avant que la pièce puisse être montée et reçue
par le public en Corée du Sud sans susciter de remous. En effet, les habitants du village (imagi-naire) de Yu-Won voient dans l’armée du Nord les troupes qui vont libérer le pays, et dans l’ar-
mée du Sud y compris ses alliés de l’ONU (pour l’essentiel des effectifs américains), l’envahisseur...On sait aujourd’hui quelle illusion recouvrait cette conviction.
Mode de représentationPuisant dans une tradition théâtrale, fondée sur une fusion de la danse, de la musique et du jeu, les
comédiens de Wuturi, dirigés par Byun Jung Joo et Marion Schoëvaërt, ont osé laisser de côté toutsouci de réalisme dans la figuration, non seulement des personnages autochtones et, ô surprise, par
le fait de la liberté qu’ils se sont donnée, mais aussi de la stupéfiante énergie qu’ils y ont mise, et,sans rien sacrifier de l’histoire qui très exactement se raconte, ils ont débouché dans le mythe.
Michel Vinaver, janv. 08
BEAUGERON. – Et si on jouait au monument ?
BONASSIER. – On n’est plus assez nombreux.
EXAXERGUÈS. - Et qui fera le monument ?
BEAUGERON. – On est toujours assez nombreux. Amène le mouflet au milieu. Il fera le monu-
ment. (Le garçon coréen est traîné au centre, on le fait tenir debout.) Moi, je suis le préfet, toi t’es laveuve, toi t’es l’ancien combattant, toi le général, toi les enfants des écoles. (La veuve se voile la
tête d’un linge, l’ancien combattant présente une branche comme un drapeau, ils font cercle.) Conci-
toyens, amis, vous autres femmes éplorées, vous autres jeunes espoirs de la France que je salue
avec fierté, vous qui portez les culottes courtes, vos culottes bientôt deviendront longues, etvous autres, là...
LHOMME. – Le monument devrait être voilé.
On jette une vareuse sur la tête du petit Coréen.
BEAUGERON. – C’est avec une émotion indicible que je viens vous inviter, oui, je vous inviteà vous incliner bien bas, très bas, devant la mémoire de ceux qui sont morts – allez, Bonassier,plus bas ! - qui sont morts pour beaucoup de choses à la fois, tellement de choses que tout ça,ça se mélange un peu, forcément. D’abord pour leurs aïeux. Et puis, pour la gloire. Et puis,pour la liberté chérie. Et puis, pour les arbres de leur pays.
Les Coréens, scène 3, Actes Sud, 1993
Michel Vinaver (1927, Paris)
jeudi 14 à 19hvendredi 15 à 19hsamedi 16 à 19hParvis Saint-Jean 2hen coréen surtitré en français
(
Du politiqueCette pièce est-elle politique et, si elle l’est, que dit-elle ? En réalité, on ne le sait pas. Elle dit ce quele public reçoit. Et que fait l’auteur ? Il explore un champ politique. Il ne prend pas un parti et ne donnepas une vision de ce qui serait la position juste politiquement contre une autre qui ne le serait pas. Il dé-crit un champ, un espace. Dans cet espace, devient politique, du point de vue du théâtre, ce qui donneau spectateur la possibilité de se repérer. Or, tel spectateur se repérera autrement que tel autre.
Michel Vinaver, propos recueillis par Joëlle Gayot, UBU, Scènes d’Europe, mai 2008
Les Coréens de Vinaver joués, chantés et dansés par les Wuturi de Corée :
un spectacle qui croise traditions et création contemporaine © DR
L’histoireA Chicago, Pierpont Mauler, roi de la viande et magnat
de la conserve, se débarrasse de ses concurrents en les
entraînant à la faillite. Jeanne Dark, fervente croyante,croit pouvoir aider les travailleurs des abattoirs de Chi-
cago soumis au chômage et au désespoir. Mais face àla misère sociale et morale des pauvres, son discours
et ses actes ne font que conforter le système et le pou-
voir des industriels…
5
1930 – Première pièce, Baal
1930 – Sainte Jeanne des abattoirs
1941, s’installe aux États-Unis
1949, retour en Allemagne, fonde
le Berliner Ensemble à Berlin Est
1957-1960, est assistant et membre du collec-
tif de mise en scène du Berliner Ensemble
1974, crée la revue Théâtre/Public
1964-2006, dirige le Théâtre de Gennevilliers,
où il met en scène une cinquantaine de spec-
tacles
2008, met en scène Sainte Jeanne des Abattoirs
2009, met en scène la Pierre de Marius von
Mayenburg en novembre au TDB
Sainte Jeanne des abattoirs, portée par une troupede jeunes comédiens tout juste sortis du Conservatoirenational d’art dramatique de Paris, questionne avecforce notre actualité et ses contradictions : celles
d’une humanité confrontée à sa propre violenceet à la faillite de ses illusions.
SAINTE JEANNE DES ABATTOIRSPARIS
SAINTE JEANNE DES ABATTOIRS
de Bertolt Brecht
texte français Pierre Deshusses
mise en scène Bernard Sobel
en collaboration avec Sophie Vignaux
avec Jérémie Bédrune, Olivier Bernaux, Priscilla
Bescond, Chloé Chevalier, Christophe Degli Esposti,
Adama Diop, Caroline Espargilière, Eva Hernandez,
Noémie Rosenblatt, Sylvain Sounier, Marianne Téton,
Clio Van De Walle, Geneviève Voisin, Slimane Yefsah
lumière Bernard Sobel, son Bernard Valléry, musique Olivier
Bernaux, Eva Hernandez, Vimala Pons, costumes Mina Ly,
assistantes costumes Emilie Delannoy, Clotilde Lerendu
coproduction Compagnie Bernard Sobel, Conservatoire
national supérieur d’art dramatique
coréalisation Théâtre Dijon Bourgogne
remerciements à la MC 93 Bobigny et au Jeune Théâtre
National
L’Arche est éditeur et agent du texte représenté
Bertolt Brecht écrit cette pièce en 1930. Est-ce le contexte de crise sociale
et économique de l’Allemagne à cette époque qui justifie cette œuvre ?
Je ne crois pas que cette œuvre soit une réponse à la crise de 1930 mais elle est plu-
tôt une réflexion plus générale sur l’humanité et sur l’organisation qui régit les rap-
ports entre humains dans la société en Allemagne et ailleurs, hier et aujourd’hui.
Aujourd’hui, en France en 2008, nous vivons avec la remise en cause quotidienne de
l’idée même de révolution. Certains remettent en cause la révolution au nom de la luttecontre la violence et au nom d’une société pacifiée. Quand Bertolt Brecht écrit Sainte
Jeanne des abattoirs en 1930 ce n’est pas la crise économique qui l’intéresse mais l’en-
vie de poser la question de la violence dans l’histoire.
Sainte Jeanne des abattoirs est donc une œuvre pour aujourd’hui ?
Bien sûr, puisque la violence est notre quotidien même si l’on tente de la nier, de l’effa-
cer, de faire semblant que le progrès de l’humanité va vers une sorte de paix fictive etfactice qui régulerait les rapports humains... Il y a violence permanente, puisqu’il y a en
permanence castration de nos pulsions. Ce poème dramatique est un outil tout à fait per-tinent pour analyser ce qui nous entoure, surtout maintenant que nous sommes débarras-
sés de l’illusion de l’espoir.Vous avez créé ce spectacle avec des acteurs issus du Conservatoire national supé-
rieur d’art dramatique. Qu’est-ce que cela vous a apporté ?
Le fait de travailler avec cette jeune équipe de comédiens m’a permis de faire jouer le même
personnage par plusieurs acteurs et de montrer les différentes facettes des personnages.
Des personnages qui n’existent pas car ils ne sont que des données, des allégories. Il y aune pureté naturelle dans le jeu qui permet de faire semblant « d’incarner » des personnages.
Ces jeunes gens étaient intensément pris par ce que Brecht écrit et qui leur rappelait ce
qu’ils lisent tous les jours dans leurs journaux : délocalisations, retour du religieux, casse ducontrat social.
Sainte Jeanne des abattoirs est-elle une pièce didactique ?
Non, c’est un apologue, une parabole. Mais toutes les pièces de Brecht ont un point commun,c’est qu’elles ont été écrites pour faire avancer les comédiens et les spectateurs dans laconnaissance des choses. Brecht ne donne pas de leçons aupublic ou aux acteurs, il propose une maïeutique pourapprendre. Et l’équipe d’acteurs avec la-
quelle j’ai travaillé a beaucoup apprisdans la période troublée qui est la nô-
tre. Ils ont appris historiquement,sociologiquement, philosophi-
quement à mieux comprendrel’univers dans lequel ils vivent.
Entretien avec Bernard Sobel,
réalisé par Jean-François Perrier,
juin 2008 (extraits)
L’impératif de se défaire de toute
illusion sur son propre sort n’est rien
d’autre que l’impératif de se défaire d’un
état des choses qui a besoin d’illusion.
Karl Marx
Bertolt Brecht(1898, Augsbourg – 1956, Berlin Est)
vendredi 15 à 19hsamedi 16 à 16hdimanche 17 à 16hCaserne Heudelet 2h50
(
Bernard Sobel (1936, Paris)
Théâtre en mai, 20e!
Il y a une quinzaine d’années, Théâtre
en Mai était l’événement de l’année. À l’époque
de Dominique Pitoiset, c’étaient les quinze jours
ou il se passait quelque chose à Dijon.
Où il y avait des concerts, où ça bougeait...
Le Magic Mirror, les soirées à l’Usine, certaines
soirées au Parvis, ce ne sont que de très
bons souvenirs !
Mathieu Munier, Simone Traiteur,
gérant du Bar du Parvis
La Jeanne Dark de Brecht face aux ouvriers © Anne Gayan
L’histoireDans le huis clos de son appartement, un homme nous confie son
histoire. Il revient notamment sur les deux événements qui ont bou-
leversé sa vie. Il évoque ce jour où, après des années de doutes
et de douleurs, lui et sa femme réussissent enfin à avoir cet en-
fant, cette petite fille Adriana. Il raconte aussi dans quelles cir-
constances, quelques années plus tard, des hommes « bien
comme il faut » sont venus et ont emmené sa fille, lui expliquant
simplement que l’époque « d’âvaant » était révolue.
« Pendant la dictature, entre 1976 et 1982, notre pays a
développé l’une des pathologies sociales les
plus graves et les plus difficiles à diagnosti-
quer. Ce nouveau phénomène était jusque-là in-
connu de la psychiatrie mondiale. Des hommes
et des femmes se sont spécialisés dans l’enlè-
vement des enfants de militants tombés pen-
dant la répression, enfants qu’ils considé-
raient comme butin de guerre. Est née alors
une nouvelle secte d’hommes « normaux »
qui assassinaient les parents pour s’approprier
les enfants dont ils changeaient l’identité. Ils
justifiaient ces enlèvements en prônant une
nouvelle éthique : ils étaient les nouveaux « papas gentils »
de ces enfants qu’ils avaient « sauvés de l’enfer rouge ».
Potestad est né de la nécessité impérieuse de dénoncer ce phé-
nomène, nouveau type de monstruosité issu de la dictature,
cette nouvelle faille « éthique » qui a compté tant de
complices (…) »
Eduardo Pavlovsky, extraits de « Prológo »
et de « Balbuceos del proceso creativo »,
in Teatro Completo I, Atuel, Buenos Aires, 1997
6
Figure majeure du théâtre contemporain argentin,Eduardo Pavlovsky présente deux pièces, dont
l’une pour la première fois en France. Son écritureincisive et musicale décrypte la violence derrièrel’apparente humanité. Dans ce théâtre simple et
direct, le propos est politique et non dénué d’am-biguïté...
POTESTAD / SOLO BRUMASBUENOS AIRES
POTESTADde Eduardo Pavlovsky
mise en scène Norman Briski
avec Susana Evans et Eduardo Pavlovsky
assistant à la mise en scène Eduardo Misch, musique Martin Pavlovsky
avec l’aide de la Cancillería argentina - Ministère des Affaires étran-
gères argentin et du Théâtre Caliban, direction Norman Briski
Potestad a été édité avec La Mort de Marguerite Duras
(traduction Françoise Thanas) aux éditions Théâtrales
L’histoireDeux femmes et un homme, portant une blouse identique, sont dans une sorte de
dépôt. Leur « travail » consiste à recevoir et classer des berceaux qui arrivent re-
couverts d’une toile, à mettre les bébés dans des sacs dès que leur mort estconstatée, et à les jeter… on ne sait où...
« En 2004, on apprenait que dans la province
de Tucumàn (intérieur de l’Argentine), desbébés pesant moins de 500 g à la naissance
ne recevaient aucun soin médical et étaient“considérés comme morts’’.
Dans Solo brumas, il ne s’agit pas pourPavlovsky de raconter un événement - Tu-
cumàn n’est pas nommé – mais plutôt de
partir des faits pour dénoncer, ou aborder,par le biais d’une écriture précise et tran-
chante, des thèmes universels comme l’ins-
tallation de l’indifférence du monde face
aux injustices et aux inégalités, leur accep-
tation (hypocrite) par ceux qui ne veulent pas regarder la réalité, se sentant sans doutedégagés de toute responsabilité. »
Françoise Thanas, traductrice des pièces de Pavlovsky
SOLO BRUMASde Eduardo Pavlovsky
mise en scène et lumière Norman Briski
avec Mirta Bogdasarian, Susana Evans, Eduardo Misch,
Eduardo Pavlovsky et la voix de Marcelo D’Andrea
assistante à la mise en scène Silvana Correa, assistant technique Andrés Bai-
lot, assistantes à la scénographie Fabiana Battauz, Marìa Pía Molina Brescia,
chorégraphie Silvina Laguna, costumes Marìa Claudia Curetti, scénographie
et décor Bea Blackhall, construction décor Jordana Secondi, Verónica Vojciki,
Oscar May et Paula Rossenfeld, bande son Martin Pavlovsky, régie son Miguel
Gentile, conseiller dramaturgique Osvaldo Saidon, photo Marilina Calòs, tra-
duction et surtitrage Françoise Thanas, remerciements Fernando Ulloa
avec l’aide de la Cancillería argentina - Ministère des Affaires étrangères argentin
et du Théâtre Caliban, direction Norman Briski
Solo Brumas a été créée au Centro Cultural de Cooperación,
à Buenos Aires, en juillet 2008
vendredi 15 à 22h,samedi 16 à 19h30,dimanche 17 à 19h30Tente du Radeau 1hen espagnol surtitré en français
(mardi 19 à 19h30,mercredi 20 à 19h30,jeudi 21 à 14h30Parvis Saint-Jean 1h15en espagnol surtitré en français
(
Psychanalyste, acteur de cinéma et de théâtre, auteur, Eduardo
Pavlovsky a écrit une quinzaine de pièces de théâtre. Toutes ont
été publiées et montées en Argentine et plusieurs sont
régulièrement jouées dans d’autres pays, en Amérique latine et
ailleurs. Ainsi Potestad, écrite en 1985, a été présentée dans de
nombreux festivals en Amérique latine, aux États-Unis, au Canada
et en Europe. Jean-Louis Trintignant en donne une lecture en 1992
lors du festival d’Avignon et la met en scène en 2003. Solo Brumas,
dernière pièce écrite par Pavlovsky, a été jouée pour la première fois
en juillet 2008 à Buenos Aires.
Eduardo Pavlovsky (1933, Argentine)
Solo Brumas est une pièce sur la “brumosité” du quotidien.
La monstruosité du quotidien. Le quotidien du monstrueux.
Dévoiler l’argument, c’est déjà trahir l’esprit de la pièce.En tant qu’auteur, c’est la pièce la plus brumeuse que j’ai écrite.Eduardo Pavlovsky
Potestad - Naître ou ne pas être à Tucumàn (M. Bogdasarian, S. Evans) © A. Fernandez
L’histoireUn mariage se prépare à la hâte. Pour les parents du garçon il n’y a pas de temps
à perdre car la mariée est enceinte. Et tant qu’à célébrer des alliances, le père
du jeune fautif profite de l’occasion pour marier sa fille adoptive avec le chef de
gare. Sauf que celle-ci n’en veut pas, elle en pince pour le marié qui ne lui est
pas destiné. Voilà où l’on en est quand s’ouvre une cérémonie dans laquelle les
secrets de famille s’invitent sans crier gare... Les aveux succèdent aux mélodies
dans ce spectacle mascotte de Béla Pintér, metteur en scène considéré comme
l’un des représentants de la nouvelle génération du théâtre hongrois.
7
1998, fonde la compagnie Béla Pintér &
Company
2003, intègre le Théâtre national hon-
grois comme metteur en scène invité
2007, 1er séjour en France au festival
Passages de Nancy avec Korcula et l’Opéra
Paysan
2008, l’Opéra paysan est joué au Festival
d’Automne à Paris
L’Opéra paysan, extravagant spectacle de théâtre musi-cal, est emblématique du travail de Béla Pintér. Tout ense coulant dans le style de l’opéra baroque, la créationbouscule le genre avec vivacité et énergie et y introduitde bruyants contrastes : légendes et chansons villageoi-ses intemporelles croisent musique baroque, folkloriquetransylvanienne, contemporaine et pop-rock.
L’OPÉRA PAYSANBUDAPEST
L’OPÉRA PAYSANtexte et mise en scène Béla Pintér
avec Szilvia Baranyi, Sándor Bencze, Tamás Deák, Éva
Enyedi, Zoltán Friedenthal, Sarolta Nagy-Abonyi, Béla
Pintér, László Quitt, Hella Roszik, Tünde Szalontay, Zsófia
Szamosi, Szabolcs Thuróczy, József Tóth
les musiciens Benedek Darvas, Antal Kéménczy, Lajos Ke-
lemen, Krisztina Molnár, László Nyíri, Andrea Pass, Gá-
bor Pelva, György Póta, Bertalan Veér
maître de chant Beáta Berecz, assistante à la mise en scène
Krisztina Kovács, décors Péter Horgas, costumes Mari Benedek,
lumière Zoltán Vida, musique Benedek Darvas, assistants Szilvia
Matók, Andrea Pass, son János Rembeczki, régie de scène Ta-
más Kulifay, Gábor Tamás, répétiteur Beáta Berecz
production Compagnie Béla Pintér
avec le soutien de l’Onda
spectacle accueilli en collaboration avec le Festival Passages /
Nancy, qui a présenté en 2007 avec le Szkéné Theatre, la pre-
mière en France
Pourquoi avoir intitulé le spectacle l’Opéra paysan ?Béla Pintér : Le public ne doit pas s’attendre avec ce titre à un opéra, mais à un spec-
tacle mêlant tradition et modernité, sacré et profane, tragique et comique. Ainsi, les mor-ceaux musicaux se basent sur la musique populaire hongroise de Transylvanie et sur desmélodies baroques que nous interprétons au fil du spectacle. Le spectacle n’a rien à voiravec l’Opéra des Gueux de John Gay, c’est une création de la compagnie.
Vous dites que ce spectacle est particulièrement important pour vous, par la place
qu’il occupe dans le paysage théâtral hongrois contemporain. Pourquoi ?
Béla Pintér : L’Opéra paysan exploite et met en jeu la musique populaire hongroise et laculture populaire dans une forme novatrice, tant dans la mise en scène, la structure, que
dans l’humour à l’œuvre.
Vous êtes venus plusieurs fois en France jouer l’Opéra paysan. Cela a-t-il influencé le jeu
ou votre façon d’aborder le spectacle ?
Béla Pintér : Je mets en scène les spectacles de la compagnie en Hongrie, sans me soucierd’une « adaptation » lors de tournées à l’étranger. Ainsi, nous avons joué l’Opéra paysan danstreize pays sans modifier la création. C’est un plaisir énorme de voir ce spectacle apprécié pardes spectateurs de cultures différentes.
Que représente pour vous le fait de faire
du théâtre aujourd’hui en Hongrie?
Béla Pintér : Le théâtre est mon
unique moyen d’expression. J’ai lachance de pouvoir travailler avecma compagnie de façon totale-
ment indépendante, sans res-
triction aucune et mon travail
artistique est en accord total
avec mes idées, ce en dépit desdifficultés financières.
(propos recueillis par C.C.)
Béla Pintér (1970, Budapest)
samedi 16 à 20hdimanche 17 à 20hGrand Théâtre 1h15en hongrois surtitré en français
(
Théâtre en mai, 20e!
Un souvenir, c’est Royal de Luxe...
ils sont venus plusieurs fois, avec Embouteillages
et Peplum. Embouteillages c’était des conneries en ville
comme un arbre qui sortait d’une voiture,
ou une nana sur un tas de sable qui bronzait.
Et avec Peplum ils faisaient une parodie
de cirque romain, là encore en plein air.
J’adore leurs trucs.
Gérard Ravé, régisseur
de scène au TDB
Autour de l’Opéra paysan,concert avec les Fauves (1h - entrée libre)
Dimanche 17 à 16h, cour du musée des Beaux-Arts
Les musiciens de l’Opéra paysan revisitent les mélodiespopulaires et folkloriques hongroises. Un concert pourtous, organisé par le musée des Beaux-Arts dans le ca-
dre de la saison culturelle hongroise, et en résonance
à l’exposition des Fauves hongrois (exposition ayantlieu jusqu’au 15 juin 2009).
Tarif réduit de 4€ pour l’exposition les Fauves hongrois,
sur présentation d’un justificatif, pour les abonnés TDB (sai-
son 08-09 et Théâtre en mai 2009).
Tarif réduit pour l’Opéra paysan pour tout titulaire d’un
billet d’entrée à l’exposition Fauves hongrois.
Un mariage extravagant et joyeux © Éric Didym
J O U R N A L D U T H É Â T R E D I J O N B O U R G O G N E
N E D É S E S P É R E Z J A M A I S / F A I T E S I N F U S E R D A V A N T A G E - H E N R I M I C H A U X , T R A N C H E D E S A V O I R
N ° 3 - S U P P L É M E N T S P É C I A L - M A I - J U I N 2 0 0 9 - R E N S E I G N E M E N T S 0 3 8 0 3 0 1 2 1 2
En avant première,l’avant-programmede la saison 2009-2010du Théâtre Dijon Bourgogne(sous réserve de modification)
NOVEMBRE
LA JEUNE FILLE DE CRANACHJean-Paul Wenzel
LA PIERREMarius von Mayenburg /
Bernard Sobel
DÉCEMBRE
MÉDÉEEuripide / Laurent Frechuret
VIE DE JOSEPH ROULINPierre Michon / GuillaumeDelaveau
VAN GOGHVincent Van Gogh / AntoninArtaud / O’Cottrell
JANVIER
WE ARE L’EUROPEJean-Charles Massera /
Benoît Lambert
SEXAMORPierre Meunier
FÉVRIER
TRISTAN ET …Richard Wagner / Lancelot
Hamelin / Mathieu Bauer /
Cie Sentimental Bourreau
MARS
LA NUIT DES ROISWilliam Shakespeare / Jean-LouisBenoit
LES TRAVAILLEURS DE LA MERVictor Hugo / Paul Fructus
AVRIL
CASIMIR ET CAROLINEÖdön von Horváth / Leyla Rabih /
Grenier/Neuf
MAI
L’AMOUR DES TROIS ORANGESSerge Prokofiev / Pascal Verrot /
Sandrine Anglade
coréalisation Opéra de Dijon
FESTIVALTHÉÂTRE EN MAI 2010
EN TOURNÉES TRÉTEAUX
CHEMISE PROPREET SOULIERS VERNISJean-Pierre Bodin
LES TRAVAILLEURSDE LA MERVictor Hugo / Paul Fructus
ET AUSSI
Des spectacles en partenariat
(ABC / A pas contés, Art Danse,Why Note, etc.),le Cabaret de l’Âne,les disputes du Parvis, des forma-
tions pour les professionnels et
pour les amateurs,des projets pédagogiques, des
rencontres avec le public,un nouveau site Internet…
Programme complet cet été.
OCTOBRE
LE MÉDECIN MALGRÉLUIMolière / Gounod / PascalVerrot / Sandrine Angladecoréalisation Opéra deDijon
CHEMISE PROPREET SOULIERS VERNISJean-Pierre Bodin
A.L.I.C.E.ALICE & LEWIS IN CARROLL
EXPÉRIENCES
Lewis Carroll / BenoitBradel
SEPTEMBRE
PRÉSENTATION PUBLIQUEDE LA SAISON (12/09)
ARRÊTEZ LE MONDE,JE VOUDRAIS DESCENDREThéâtre Dromesko
II
AU TDB APRÈS LE FESTIVAL« Ceci n’est pas du théâtre d’images » proteste François Tanguy pastichant Magritte1.
La dimension picturale est pourtant présente dans son théâtre et plus encore dans
Ricercar où l’orchestration des lumières et l’utilisation de gélatines de couleur sont
particulièrement prégnantes.
Mais, il est vrai, on ne peut parler d’arrêts sur image.
Le théâtre du Radeau est un théâtre en perpétuel mouvement : tout circule, se déplace,se transforme. Des acteurs en chapeau, costumes et jupe de tulle ne cessent d’effec-
tuer des traversées, d’entrer, de sortir, d’installer puis de déplacer comme dans un ate-
lier de peintre des châssis, toiles, portes, panneaux, reconfigurant chaque fois la scène
différemment. Mouvement de flux et de reflux.
Le théâtre du Radeau est une ardoise magique : les images fugaces, à peine constituées,s’effacent et se succèdent dans un fondu enchaîné.Le spectateur de Ricercar ressemble à celui qui contemplerait un ciel nuageux : plus la vi-
tesse de déplacement des nuages est fulgurante plus il est comme happé par ces formes fuyan-
tes toujours à recomposer. L’imagination est ainsi constamment sollicitée.
Sur cet espace mouvant et décentré (où plusieurs actions peuvent se jouer simultanément
à des endroits différents du plateau) la contemplation fascinée n’exclut pas la liberté de ca-
drage.
François Tanguy entend « nettoyer les optiques » d’un spectateur émancipé2 rendu ainsi ca-
pable d’ajuster en permanence ses propres perceptions.
Et pour être bien sûr que ni ces perceptions ni le sens jamais ne se figent, François Tanguy met
en tension et en danger - souvent avec humour - tous les éléments constitutifs du théâtre : lamusique, par exemple, couvre comme dans les films de Godard la voix des acteurs ou intervient
en contrepoint d’une situation ou d’un texte ; la lumière éclaire de façon artisanale et disconti-
nue ; les textes convoqués par fragments n’obéissent souvent à aucune logique narrative ; les ac-
teurs, avec une apparente désinvolture, tournent parfois le dos au public…Le théâtre du Radeau, on l’aura compris, n’est pas un théâtre d’expression ni d’illustration. Il ne
raconte rien sinon l’acte poétique lui-même.
Ricercar3 au final, porte bien son nom. À l’instar de la musique, la pièce emporte le spectateur sur
les chemins de l’émotion.
Carole Vidal-Rosset
À fin de saison estivale, nomadisme théâtral... Après sa mise enscène de l’École des génies de Miklós Hubay, la compagnie SFrevient. Elle prend cette fois la clé des champs en compagniedu directeur du TDB, François Chattot, pour un « road-trip-moped »joliment cinglé (et en mobylettes, donc) à suivre au fil du canalde Bourgogne.
RICERCARThéâtre du Radeau
mise en scène François Tanguy
Tente du Radeau, 40 avenue du Drapeau, Dijon
du 2 au 11 juin
mar 2, ven 5, sam 6, mar 9 à 20h30, mer 3, jeu 4,
mer 10, jeu 11 à 19h30, sam 6 et dim 7 à 17h
mer 3 (spectacle suivi d’une rencontre publique
menée par Jean-Luc Mattéoli)
(spectacle accueilli en partenariat avec l’Opéra
de Dijon)
Rens. TDB, 03 80 30 12 12,
www.tdb-cdn.com
“CECI N’EST PASDU THÉÂTRE D’IMAGES”
LE PETIT CIRQUE
DES TRIBUNS
tournée mobylettes
du 15 juin au 19 juillet
en Bourgogne
mise en scène Sébastien Foutoyet
scénographie Romain Nieddu
avec François Chattot, Julien
Colombet, Ingrid Reveniault
et Pascale Oudot (en alternance)
accordéon Stéphanie Miroy
technique Gérard Ravé
Rens. TDB, 03 80 30 12 12,
www.tdb-cdn.com
La genèseLa tournée clôturant la saison du TDB a une histoire particulière : « C’est autour de ce projet de mobylettes quenous nous sommes rencontrés avec les SF » note François Chattot, ajoutant que c’est cette « capacité à vouloir “col-porter’’, par tous les moyens possibles », qui l’a séduit dans la jeune compagnie. « Partir comme cela en tournée enrégion, ça ne propage pas uniquement du théâtre, mais aussi, simplement, de la vie... »
Le principe1 mois, 15 représentations, 6 mobylettes, 3 comédiens, 1 metteur en scène, 1 accordéoniste, 1 scénographe et 1 voi-ture-balai. Voilà pour l’inventaire de cette drôle de tournée-tréteaux. Équipées de carrioles, les mobylettes transpor-teront le matériel, les artistes installant à chaque étape leur Petit Cirque improvisé. Cette économie de moyens revendiquée,ajoutée à l’âge des mobylettes, risquent fort de piquer les curiosités ! Car les SF étant fondus de vieilles bécanes, cesont, pour certaines, de vrais objets de collection qui battront la campagne. Là encore, ce souci de “faire du bruit, dedécaler le regard’’ vise à éveiller l’attention, pour susciter écoute et échanges. Si le spectacle constitue l’élément ma-jeur d’une telle démarche, il s’inscrit au milieu d’une constellation de petits gestes, telles la clôture de la représenta-tion par une guinguette, la gratuité du spectacle pour le public et les municipalités qui l’accueillent, ou encore une ré-sidence de travail de quinze jours à Pernand-Vergelesses. C’est dans ce village emblématique de l’histoire de ladécentralisation théâtrale que le Petit Cirque verra le jour.
Parole de TribunsConstruit sur un enchevêtrement de textes, le Petit Cirque des tribuns mêle des extraits du Souverain fou d’Hervé Péjaudieret de la Maladie d’être mouche de Anne-Lou Steininger aux paroles d’un « Tiers-Etat » incontrôlable. Comme l’explique lemetteur en scène Sébastien Foutoyet, « Les deux tribuns sont des fictions : la reine s’adresse à ses mouches, tandis que lesouverain ne s’adresse qu’à lui-même. Face à ce qui pourrait être une sorte de père et mère Ubu modernes, le peuple aussis’exprime. Cette parole est constituée d’articles de journaux travaillés et remaniés, parlant de la crise financière. » Les troisvoix se répondent et dialoguent, chacune renvoyant, qui sait, à sa propre absurdité.
LE PETIT CIRQUE DES TRIBUNS : ON THE ‘’MOB’’ AGAIN
1 Référence au tableau de Magritte Ceci n’est pas une pipe. 2 Jacques Rancière, Le Spectateur émancipé, Ed. La Fabrique, 2008. 3 Ricercar (du latin ricercare : rechercher), ancienne forme musicale basée sur le procédéde l’imitation, dit « tout » : la filiation avec d’autres pièces du Radeau (Orphéon, Cantates, Coda…), la dimension musicale (variations libres autour d’un motif, polyphonie, absence de figuration) mais aussi la recherche.
Poésie et musique pour un spectacle privilegiant l’imagination © F. Tanguy
Du théâtre, oui, mais en mobylettessinon rien ! © R. Nieddu
Regard sur...
L’éducationDu 6 au 9 avril 2009, neuf
classes option théâtre de
neuf lycées bourguignons ontclos le travail d’une saison
sur Hamlet de Shakespeareau cours du stage final de
Traverses. La saison pro-chaine sera consacrée à Ca-
simir et Caroline, d’Ödon von
Hörvath (mis en scène parLeyla Rabih).
Les formationsCentre de formation profes-
sionnelle des acteurs duspectacle vivant, le TDB aparticipé à une journée dé-
partementale d’information
et d’échanges organisée le
31 mars, par Musique Danse
Bourgogne. Deux rendez-
vous sont à suivre, à Aux-
erre en mai et à Chalon-sur-Saône en juin.
À venir, à Dijon,en Bourgogne,et ailleurs
J’vais l’dire à la merdu 20 au 24 avril
stage ados dirigé par Chris-
tian Jehanin
salle Jacques Fornier
La Charrue et lesÉtoiles en tournéedu 21 avril au 2 mai
à la Comédie de Genève
de Sean O’Casey, mise en
scène Irène Bonnaud
Radeau mon beausouci, rencontreconférence6 mai (*)par Jean-Luc Mattéoli, docteuren études théâtrales, en lien
avec le spectacle Ricercar
Parvis Saint-Jean
mer 6 mai, 18h (tout public)
Dire peindre / Frag-ments d’une fiction1er juin (*)En clôture de l’atelier Dire
peindre mené par FrançoisChattot, les étudiants de l’É-
cole nationale supérieure
d’art présentent les installa-
tions, happenings ou perfor-mances réalisés sur le thème
du “dire’’ l’acte de création.
Suivra la projection des tra-
vaux réalisés durant l’atelierFragments d’une fiction.
Parvis Saint-Jean
lun 1er juin, 20h30
Ricercardu 2 au 11 juin
Théâtre du Radeau, mise en
scène François Tanguytente du Radeau, 40 avenue
du Drapeau, Dijon
mar 2, ven 5, sam 6, mar 9 à
20h30, mer 3, jeu 4, mer 10,jeu 11 à 19h30, sam 6 etdim 7 à 17h
mer 3, spectacle suivi d’une
rencontre publique menée
par Jean-Luc Mattéoli
Les 8 faces du théâtre,Face 8 - en lien avecRicercar8 juin
animé par François TanguyParvis Saint-Jean
Le Texte inapparent,le geste inapparentdu 8 au 19 juin
Destiné aux professionnelsdu spectacle, ce stage estmené par Daniel Dobbels,danseur, assisté de Carole
Fèvre (en partenariat avecArt Danse).
Le Petit Cirque des tri-bunsdu 15 juin au 19 juillet (*)en Bourgogne
tournée mobylettes par lacompagnie SF et FrançoisChattot (voir ci-contre)
Boby ditdu 17 au 20 juin
Gérard Guillaumat, aprèsD’où viens-tu mon petit ? nousconvie à un récital Boby La-
pointe. Il est accompagné de
l’accordéoniste Victor Zuc-
chini, sous la direction duchef de troupe Jean-LouisHourdin.
Parvis Saint-Jean
(mer 17, jeu 18 à 19h30, ven
19 à 20h30, sam 20 à 17h)
Le Balde la contemporaine24 juin
Deuxième round pour ce Bal
mariant plaisir de la danse etmusique contemporaine, di-
rigé par Pablo Cueco (en par-tenariat avec l’Opéra de Di-
jon).
auditorium, Dijon
mer 24 à 20h (+ d’infos :03 80 48 82 82)
Le TDB et le Conser-vatoire de Dijon (*)Partenaire du Conservatoire,le TDB accueille :Spectacles de théâtre,danse classique et
contemporaine
22 au 27 juin
Parvis Saint-Jean et salle
Jacques Fornier (+ d’infos :03 80 48 83 40)
(au Théâtre des Feuillantsle 9 juin à 21h, la classe d’artdramatique joue Mon Ismé-
nie d’Eugène Labiche )
Ciné-concertsdu 6 au 12 juillet
festival Dièse (en partena-
riat avec Scènes occupations,programmation courant juin)
Parvis Saint-Jean
Press10 et 11 juillet
chorégraphie Pierre Rigal
salle Jacques Fornier (en
partenariat avec Art Danse)
Soirée cabaret cirque11 juillet
festival Dièse (en partena-
riat avec Scènes de Cirque)
Parvis Saint-Jean
(*) entrée libre dans la limite des pla-
ces disponibles
+ d’infos :TDB, 03 80 30 12 12,www.tdb-cdn.com
Édité par le Théâtre Dijon BourgogneDirecteur de la publication François ChattotRédaction Caroline Châtelet, François Chattot, Ivan Grinberg, Florent Guyot, Carole Vidal-RossetContributions Eugène Durif, Jean-Yves Picq, Jean-Pierre Siméon, Dioari Abidine Coulidiaty, MathieuMunierVisuels Paul Cox (p1, p3, p9, p11)Crédits photographiques Anne Gayan (p5), Eric Didym (p7), Antonio Fernandez (p6),
François Tanguy (pII), Romain Nieddu (pII), Nikolaï Lasita (p9), Clément Bartringer (p 12),John Foley (p14), Vincent Arbelet (p19)Croquis François Chattot (pIII, pIV)Remerciements à Jeanne Buszewski, Élodie Chataignier, Marie-Paule Languet,Anne-Marie Lebeslé, Véronique Philibert, Bernadette PugetRéalisation tempsRéel, DijonImpression Le Bien Public, Dijon (21)
III
LES BRÈVES DU PARVIS
AU FOUR ET AU PARVIS,PAR MATHIEU MUNIERBŒUF À LA FICELLEpour 4 à 5 personnespréparation : 1h15boisson conseillée : Madiran
Ingrédients
1 kg de bœuf à rôtir, très tendre(filet ou rumsteack),
Pour le bouillon : vert de poireau,carottes, céleri branche, laurier,persil plat, thym, clou de girofle,gros sel et grains de poivre.
Pour la garniture :400 g de haricots verts400 g de carottes5 poireaux5 pommes de terre roseval1/4 de céleri boule.
Condiments : raifort, gros sel, moutarde, etc.
Matérielficelle fine, cuillère en bois à manche long, faitout.
- Faire un bouillon de légumes avec 2,5 litres d'eau et tous les ingrédients citésprécédemment.
- Porter à ébullition et laisser mijoter 20 minutes.- Pendant ce temps, faire revenir la viande.- Ficeler la viande aux deux extrémités et l'attacher à une cuillère en bois à man-
che long.- La poser à cheval sur le faitout contenant le bouillon. Y plonger la viande en vé-
rifiant qu’elle ne touche pas le fond. Le bouillon doit être en pleine ébullitionpour que la viande soit saisie.
- Laisser cuire 25 minutes par kilo de viande.- Servir immédiatement, accompagné des légumes cuits dans le bouillon et des
condiments.
(Le Bar du Parvis est ouvert avant et après chaque représentation.)
© François Chattot
LE PORTRAITThéâtre en mai, histoires d’un festivalThéâtre en mai fête sa vingtième édition. L’Acteur public revient sur la genèsede ce qui est devenu aujourd’hui une manifestation essentielle de la vie culturelle à Dijon.
L’aventureNouvelles ScènesLa généalogie du festival est
longue et complexe. En 1986,voit le jour Nouvelles Scè-nes, l’un des (si ce n’est le)
tout premiers festivals orga-
nisés à Dijon. Il rassemble
autour d’un projet ouvert etpluridisciplinaire diversesstructures de la ville, l’A-
theneum, l’Université de
Bourgogne, le Consortium,le Nouveau Théâtre de Bour-gogne et le CROUS. FrançoisLe Pillouër et Marie-Odile
Wald, membres avec notam-
ment Jean Maisonnave duGrenier de Bourgogne en as-
surent l’organisation. Vasteréunion, gros succès qui vacompromettre son avenir : la« fratrie » des fondateurs se
divise rapidement, tant le re-
tentissement national attise
les ambitions de chacun.
Naissancede Théâtre en maiC’est de cette scission que naîtThéâtre en mai dont la pre-
mière édition s’étend sur un
mois entier, du 2 mai au 1er
juin 1990. Le nouveau festi-val, créé à l’initiative de F. Le
Pillouër et M.-O. Wald, estporté par l’association Ar-
temps, avec l’aide de Gildasle Boterf de l’ABC et de lacompagnie Dominique Pitoi-
set. Son objectif, précise Ma-
rie-Odile Wald, est de se « re-
centrer sur le théâtre. Nousentendions partout dire que lanouvelle génération n’existaitpas, qu’il n’y avait pas de re-
lève. Or il existait à l’époque
un “théâtre de garage’’, descompagnies isolées jouant où
elles pouvaient. L’idée était de
les réunir. » Une gageure, d’au-
tant que programmer en mai àl’époque relevait d’une « to-
tale folie, ce qui n’a pas em-
pêché un succès critique et
public. » Le festival est lancé,chaque édition apporte samoisson de rencontres, cer-
taines inoubliables comme
celle entre Stéphane
Braunschweig et Giorgio Bar-berio Corsetti pour le Manteau
du diable. Dès lors, sous desformes et avec des contenus
différents, Théâtre en mai
s’impose comme une plate-
forme théâtrale ouverte sur lacréation, sur le monde et sesbruissements...
Un festival,des festivalsLorsque François Le Pillouër,nommé directeur du théâtrenational de Bretagne, quitteDijon avec Marie-Odile Wald
en 1994-1995, une page se
tourne. Dominique Pitoisetdevient directeur du NouveauThéâtre de Bourgogne et le
festival est intégré à ce der-nier. Renommé en 1996 «
Rencontres Internationalesde Théâtre », il fait une large
place aux compagnies étran-
gères. On se souvient desgrandes heures du MagicMirror. En 2001, Pitoisetcède la place à Robert Can-
tarella, le festival se tourne
résolument vers les écritu-
res contemporaines et de-
vient « Frictions ». En 2007,tout juste arrivé à Dijon,François Chattot intitule pro-
visoirement le rendez-vous «
Le Festival », façon d’apprê-
ter une page blanche, avantde renouer l’année suivanteavec son nom de naissance,Théâtre en mai.
Une identitévivaceEn bientôt vingt ans, le fes-
tival s’est fait découvreur de
talents multiples et s’est ou-
vert à l’international, nom-
bre d’artistes étrangers (Ro-
méo Castellucci, Christoph
Martaler, Thomas Oster-
meier…) faisant leurs armesen France en passant par Di-jon. Chaque édition est l’oc-
casion d’une moisson de
théâtre, remodelant la circu-
lation de la culture et despublics. Faire redécouvrir laville à ses habitants, bous-
culer les frontières entre
l’art, les places qui lui sontdévolues et la cité, sont desquestions régulièrement po-
sées par Théâtre en mai.
L‘édition 2009 s’apprête àles réitérer, preuve que le
festival n’en a pas fini avecses germinations artis-
tiques...
C.C., I.G.
IV
© François Chattot
tdbwhat else ?
agence de communication fabrice roy & florence menu 03 80 44 11 75 www.tempsreel.fr
tempsRéel
tempsRéel aime la culture !
9
Dans certaines régions du monde, jouer, pratiquer le th-éâtre, relève de l’urgence. C’est le cas au Bélarus (ou Bi-élorussie), où vit et travaille l’équipe du Théâtre libre deMinsk. Régulièrement accueillie en France notammentpar le festival Passages de Nancy, la compagnie présenteà Théâtre en mai Génération jeans, pièce emblématiquede son travail, et Zone de silence, l’un de ses derniersspectacles. À découvrir.
GÉNÉRATION JEANS - ZONE DE SILENCEMINSK - THÉÂTRE LIBRE DE MINSK
GÉNÉRATION JEANS
texte Nikolaï Khalezine avec la participation de Natalia
Koliadatraduction française Alexis Vadrot et Youri Vavokhine
mis en scène et interprété par Nikolaï Khalézine
assistante à la mise en scène Natalia Koliada,
musique Laur Berdjanine (Dj Laurel)
production Théâtre libre de Minsk
spectacle accueilli en collaboration avec le festival Passages /
Nancy
ZONE DE SILENCE« Epos » social contemporain en trois parties
Partie I – Légendes d’enfance – Natalia Koliada, Nikolaï Khalezine,
Vladimir Scherban
Partie II – Différents – Vladimir Scherban
Partie III – Chiffres – Vladimir Scherban
mise en scène Vladimir Scherban
avec Pavel Rodak-Gorodnitski, Yana Rusakevitch, Oleg Sidortchik,
Anna Solomianskaya, Denis Tarasenko, Marina Yurevitch
rédaction littéraire Konstantin Steshik, assistantes à la mise en scène Svetlana
Sougako (Partie I) et Irina Yarochevitch (Parties II et III), traduction et adap-
tation Youri Vavokhine (en collaboration avec Alexis Vadrot)
production Natalia Koliada et Nikolaï Khalezine, Théâtre libre de Minsk,
mars 2008
première européenne, XIIe édition du Prix Europe pour le théâtre, Théâtre na-
tional de la Grèce du Nord, Thessalonique, le 12 avril 2008
spectacle accueilli en collaboration avec le festival Passages / Nancy
Génération jeans est une référence au symbole de liberté qu’a été le
jean à l’époque soviétique et qui est de nouveau l’un de ceux choisis par
l’opposition. Nicolaï Khalezine retrace le parcours d’un dissident politique
et relate sa conception de la liberté, enracinée dans la pratique clandestine
des jeans et de la musique à l’époque soviétique.
Constituée de trois parties indépendantes, Zone de silence explore
différents tabous de la société bélarusse : le mythe de “l’heureuse
enfance soviétique’’, les marginaux - qui officiellement n’existent pas -et la manipulation de l’opinion par les statistiques.
Zone de silence « a été donné pour la première fois au Théâtre na-
tional de Thessalonique le 12 avril 2008, lors d’un raout culturo-
européen («Prix Europe») où Warlikowski, le Théâtre libre et Ché-
reau étaient honorés. Un «souvenir horrible», confiera Natalia, où
l’équipe a eu la désagréable impression d’avoir été utilisée comme
caution et faire-valoir «humanitaire», à mille lieues de leur pro-
jet théâtral dont tout le monde se foutait. On leur a demandé de
jouer Zone de silence devant une salle de 800 places, sur un pla-
teau immense où l’on avait donné juste avant la Traviata. On ne
leur a posé des questions que sur la situation politique, on ne
leur a jamais parlé théâtre. Malaise donc. Car la force du Théâ-tre libre de Minsk, c’est bien d’apporter des réponses théâtrales,artistiquement fortes, à ce questionnement là et non de tenir
des discours. Autrement dit, quel théâtre faire aujourd’hui en
Biélorussie ? Zone de silence y répond avec force. »
Propos recueillis par Jean-Pierre Thibaudat
(Conseiller artistique du festival Passages)
mercredi 20 à 22hjeudi 21 à 19h,vendredi 22 à 19hTente du Radeau 1h20
en russe surtitré en français
(
Théâtre libre,mode d’emploiLe Théâtre libre de Minsk est fondé en 2005 parNikolaï Khalezine (1964, Minsk), journalisteet dramaturge, et Natalia Koliada (1973, Minsk),journaliste et militante. Ils sont rejoints par plu-
sieurs artistes, dont le metteur en scène Vladi-
mir Scherban (1975, Donetsk), tous vivant souspression permanente. Et pourtant, ils continuentà jouer... Dans des conditions bien particulières,expliquées par Nikolaï et Natalia :Nikolaï : Pour assister à une représentation du
Théâtre libre de Minsk, il vous faut d’abord téléphoner à Macha, lui donner vos coordon-
nées. Un jour avant le spectacle elle vous rappellera et vous donnera un lieu de rendez-vousqui ne sera pas l’endroit où l’on va jouer le spectacle. Vous serez accueilli par une personne
et accompagné, par petits groupes, à l’endroit où se déroulera le spectacle.
Natalia : En décembre, on a donné rendez-vous aux gens dans un cimetière au milieu de
la nuit car on jouait à côté.
Nikolaï : Le plus souvent, on joue dans des bars, des clubs, des bistrots mais récemment
la plupart des bars ont été privés de licence suite à nos représentations. Nous avons es-
sayé de développer en réaction le concept de “théâtre total’’ emprunté à l’équipe de foot
des Pays-Bas des années 70. C’est simple et à l’époque ce fut révolutionnaire : 1) faire despasses, 2) passer de la défense à l’attaque rapidement, très rapidement, 3) faire pression
sur tout le terrain. Pour l’instant cette tactique s’avère être la bonne. Il y a une relation
de cause à effet : plus on a de succès en Europe, moins cela va pour nous en Biélorussie.
Propos recueillis par Jean-Pierre Thibaudat
(conseiller artistique du festival Passages), in Bulletin n°8, Passages 2007
jeudi 21 à 21h30venredi 22 à 21h30samedi 23 à 21h30Caserne Heudelet 2h45 (avec entracte)en russe, biélorusse et trasianka* surtitré en français
(Nikolaï Khalézine, un théâtre de résistance en Biélorussie © Nikolaï Lasita
* trasianka : dialecte sans grammaire né du mélange entre le biélorusse et le russe.
© Nikolaï Lasita
« Il s’agit, à travers ce cabaret, de porter notre
colère grâce à un rire franc et généreux, nous me-
nant à une sorte de compassion et de solidarité,
nous les acteurs et vous les spectateurs, face à un
monde où la loi glacée du plus fort est l’unique
projet. » Pour donner corps à cette colère,Jean-Louis Hourdin a sollicité trois auteurs,Eugène Durif, Jean-Yves Picq et Jean-Pierre Si-
méon, tissant leurs voix dans un cabaret sa-
vant et populaire. Chacun d’eux nous livre ici
un regard sur le titre du spectacle.
10
Formé au Théâtre national de Strasbourg,
Jean-Louis Hourdin fonde en 1976 avec
Arlette Chosson le GRAT (Groupe d’action
théâtrale et culturelle), compagnie avec
laquelle il a mis en scène à ce jour plus de
trente spectacles présentés en France et
à l’étranger. En 1979, avec Olivier Per-
rier et Jean-Paul Wenzel, il crée les Fé-
dérés (nés de la réunion de trois com-
pagnies, les Fédérés alliaient dans leur
projet conscience politique, esprit
populaire et exigence poétique).
Un cabaret, ça mélange. Sentiments, arts, idées, genres
et personnes... Avec Je suis en colère, mais ça me fait rire,le chef de troupe Jean-Louis Hourdin nous convie à un« cabaret poétique et politique, gai et joyeux sur l’étatde notre terrible monde ».
JE SUIS EN COLÈRE, MAIS ÇA ME FAIT RIREMASSILLY [création]
JE SUIS EN COLÈRE,
MAIS ÇA ME FAIT RIRE
textes de Eugène Durif, Jean-Yves Picq et Jean-Pierre
Siméon
chef de troupe Jean-Louis Hourdin
avec Eloïse Brunet, Priscille Cuche, Paul Fructus,
Pierre Henri, Julie Kpéré, Laurent Meininger
les musiciens Marie-Claire Dupuy, Stéphane
Gueydan, Karine Quintana
costumes Cissou Winling, Catherine Sardi, musique
Karine Quintana, régie générale Jean-Pierre Dos,
régie lumière Félix Jobard, régie son Antoine Richard
production GRAT – Cie Jean-Louis Hourdin, Groupe
des Vingt Théâtres en Ile-de-France,
Théâtre Dijon Bourgogne - CDN
avec le soutien de la DRAC Bourgogne et de
la SPEDIDAM
De rire et de colère, oui. Mais il y a rire et rire, colère
et colère.
Il y a par exemple le show-rire : rire à pleine bouche qui bave
aux commissures des lèvres et qui sent le rot. Celui-là me
fait froid dans le dos. Il y a le rire-de-force : c’est celui qu’on
vous arrache comme la dent du fond, avec de grosses pa-luches bien grasses. Celui-là me fait vomir.Pareil pour la colère. Il y a par exemple la colère-qui-pète :mauvaise digestion des peurs, des rancœurs et des pe-
tites haines faisandées. Elle pue. Il y a la colère Me-faire-
ça-à-moi : quand la tête est si grosse qu’une piqûre d’a-
mour-propre la fait éclater. Celle-là me ferait plutôtmarrer.Et puis il y a le rire et la colère de l’homme humain.
Le rire de l’homme humain ne s’entend pas en géné-
ral. Il allège, il dénoue, il lave à l’eau claire. Comme
un baiser, une poignée de mains, un regard échangé.
Pas un rire de gorge : un rire d’âme. D’ailleurs il se
partage, lui.
La colère de l’homme humain ne hurle ni ne trépi-
gne. Elle n’est pas aveugle : elle voit très bien où
elle veut en venir. Elle ne pense pas qu’elle a rai-
son mais elle pense. Elle se sait nécessaire mais
elle préférerait ne pas. La colère nécessaire de l’-
homme humain finit dans un rire.
Jean-Pierre Siméon
Poète, romancier, dramaturge et critique, Jean-Pierre Siméon
est auteur associé au TNP de Villeurbanne et directeur ar-
tistique du Printemps des poètes depuis avril 2001.
Le rire naît du grave, nous le sa-
vons de tout temps. Et comme
aujourd’hui c’est grave de chezgrave, nous allons donc rire encoreplus. De ce rire étrange et hébété,fait de détresse et de silence, de
consternation et d’étonnement,comme quand on reçoit un coup de
couteau mortel. On n’y croit pasquand on le reçoit, on pense seule-
ment à un coup de poing. Ce n’estque quand le sang se met à couler de
la plaie que l’on commence un peu às’inquiéter. Mais c’est trop tard. Ceci
dit “tout est relatif” comme le suggé-
rait ce facétieux d’Einstein, en vous ti-rant une langue qui allait devenir lavoie lactée. C’est seulement ainsi qu’on
réinvente l’univers : rien n’est jamaistrop tard à une langue bien tirée.
Jean-Yves Picq
Auteur d’une vingtaine de pièces de théâtre, de li-
vrets d’art lyrique ou de danse, Jean-Yves Picq col-
labore avec de nombreux théâtres et compagnies,
en tant que metteur en scène et comédien.
Jean-Louis Hourdin(1944, Héricy)
mercredi 20 à 22hjeudi 21 à 21h30vendredi 22 à 21h30samedi 23 à 20hsalle Jacques Fornier
(
En tentant d’imaginer
Ils seraient là à se débattre,même plus personnages, ni acteurs,un petit groupe, une communauté brinquebalanteet fragile dans la lumière d’une éphémère agora,chacun avec ses mots,ses accès de parole solitaire, ses échappéesses embardées,comme des petites vies dont nous parviendraientdes échos fugitifs.
Des petits moments d’être.
Là, ils seraient là,À ne plus jouer.À ne plus pouvoir jouer,à jouer comme des enfants parfois,à bouger un peu à côté de leurs gesteslégèrement à côté d’eux-mêmes.
À tenter d’en rire parfoisÀ ne plus pouvoir en rireÀ tenter de parler de ce qui les étouffe
À trouver les mots quand ils les perdent,quand ils s’éloignent d’eux comme il fautEn éclats de colère étouffée
en comptines et litaniesen paroles fredonnées pour rien.
Menues chansonnettes qui leur viennentparfois à la gorge ou aux lèvres.
et qui s’en vont aussitôt se perdre.
Eugène Durif
Eugène Durif a publié récemment un roman, Laisse les hommes pleurer, et une
pièce de théâtre, la Nuit des feux (Actes Sud), créée en mai 2008 au Théâtre de
Guéret et au Théâtre national de la Colline par Karelle Prugnaud.
Un cabaret des rires et de leurs possibles © P. Cox
L’histoireUn homme seul nous fait face. Il porte costume de ville etcasque de chantier. Comme nous, il attend que commencela cérémonie des vœux du ministre du Travail. Car le mi-nistre, depuis peu, c’est lui. Alors il s’est attelé à la tâ-che, prépare ses discours, lance des études, délègue,commande, prend des mesures. Faire face. Avec unequestion lancinante, pour le chanteur de charme qu’il est :pourquoi lui ? Et une autre, inquiétante par les abîmesqu’elle découvre : le travail, qu’est-ce que c’est ? L’a-bomination et l’esclavage aliéné, ou l’activité qui faithomme ? Qu’en est-il alors des animaux qui, parfois, par-lent à travers lui ?
11
1980 à 1983, joue sous la direction
de Philippe Genty, Gilles Chavas-
sieux, Jacqueline Boeuf, etc.
1986, 1er solo, Damien Bouvet met
sa langue dans sa poche
2008, joue Kifelozof et Finifini
à Théâtre en mai
2009, reprend la parole dans
Ministre
1991, met en scène le Souverain
fou de Hervé Péjaudier au Festi-
val d’Avignon
1999-2003, est conseiller de l’Or-
chestre de Paris pour le jeune
public2001, publie Un épisode du
monde moderne
2009, écrit et met en scène
Ministre
Accueilli à Théâtre en mai en 2008,Damien Bouvet revient, mis en scène par
Ivan Grinberg. Le clown dont les spectacles
se passent en général de paroles reprendici de la voix dans une forme récitale dé-pouillée et néanmoins très habitée.
MINISTRENEUVY-DEUX-CLOCHERS [création]
MINISTREsottie tragi-comique de Damien Bouvet et Ivan Grinberg
avec Damien Bouvet
musique de Guillaume Druel
production Cie Voix-Off
avec le soutien de la DRAC Centre, Conseil régional du Centre,
Conseil général du Cher
et l'aide du Théâtre Dijon Bourgogne
Paroles croiséesI.G. : Les mots, ces dernières années, étaient presque complètement exclus du travail
de Damien. Là, il avait l’envie de s’y frotter de nouveau. Partis de l’idée d’un bonhomme
qui se retrouve à son corps défendant ministre du travail, nous lui fabriquons un texte, ma-
tériau dont la forme finale naîtra au cours des répétitions.D.B. : C’est un puzzle, on crée l’image et la forme des pièces simultanément, tout en le fai-
sant. Il y aura de la friction entre des moments de silence, où on va ressentir le corps, les
mouvements, l’usure, et des moments de parole. Avec de grands écarts entre ces différents
temps.
I.G. : Quand Damien dit « Je n’ai pas de mots, je n’ai pas de textes », c’est vrai et faux. Ses
spectacles ont toujours comporté du son, du borborygme, quelque chose qui “va vers’’ et qui
est même d’avant la parole. C’est une sorte de parole matérielle, concrète, son travail ren-
voie à des éléments archaïques liés à des sensations.
D.B. : J’ai l’impression que dans le théâtre où on n’utilise pas la parole, tout parle. Mais les
mots ouvrent un autre espace. Leur arrivée vient d’une nécessité pour moi de déstabiliser les
acquis, de me “re-verticaliser’’. Auparavant, lorsque je jouais avec du texte je singeais un peu,ça ne m’appartenait pas véritablement. Peut-être est-il question aussi de ça dans le spectacle...
I.G. : Indirectement, Ministre parle de ce que c’est d’avoir une voix, des voix. Le ministre est
au sens étymologique celui qui “sert’’. C’est donc un réceptacle intéressant pour donner chair
à cette idée de quelqu’un qui prend la parole ou qui est “pris de parole’’. Il y a un rapport entre
le politique et l’expérience mystique qui est lié au don de soi : tu “es’’ le pouvoir mais tu ne l’es
qu’en étant le serviteur de quelque chose de plus grand que toi. D’où, peut-être, la présence de
“descentes d’animaux’’ dans le texte...
D.B. : Les animaux, c’est une construction de l’enfance : enfant, j’allais souvent dans une por-cherie voisine voir les cochons de lait, avec leurs jolis cils et leur peau très douce. Lorsque tu es
petit, tu fais un amalgame de tout ça et tu te dis que tu aurais pu être un animal, ou que tu l’es
encore un peu. Après, les mots et comportements nous rappellent constamment notre appartenance
au monde animal. Tout cela ça ne s’oublie pas... Et sur scène, tu n’en finis pas d’être tout à la fois.
I.G. : Le travail est à la fois la chose la plus humanisante et la plus déshumanisante. C’est le lieu
de l’aliénation et le lieu de la constitution de l’identité. Entre ces deux choses-là il y a toute la place
pour “qu’est-ce que c’est que naître au monde ?’’, qu’est-ce qui nous différencie de la bête de
somme... Cela ramène à des espaces travaillés par Damien depuis longtemps : les frontières entre
celui qui parle et celui qui ne parle pas, le fou et le non fou, l’humain et l’animal.
D.B. : Je suis plus intéressé par la peinture, la sculpture, que par le théâtre. Un peintre est seul à exprimer
ce qu’il doit exprimer. Lorsqu’on est seul sur scène c’est pareil, on parle de solitude en touchant au
multiple. Partant du corps, le mien, “je fais avec’’, en étant à l’écoute de ce que j’ai et
j’exprime le monde à travers mon corps. Ce qui me passionne c’est qu’il y ait tout dans un spectacle :mort, vie, dérisoire, désopilant, navrant...
Damien Bouvet(1961, Nantes)
jeudi 21 à 16hvendredi 22 à 19hsamedi 23 à 16hBourse du travail
(
Ivan Grinberg(1961, Bruxelles)
C’est un fait bien connu que l’ouvrier qui peut subvenir à ses besoins en travaillant trois
jours sur sept sera oisif et ivre le reste de la semaine. Les pauvres ne travailleront jamais
un plus grand nombre d’heures qu’il n’en faut pour se nourrir et subvenir à leurs débau-
ches hebdomadaires… Nous pouvons dire sans crainte qu’une réduction des salaires dans
les manufactures de laine serait une bénédiction et un avantage pour la nation – et ne fe-
rait pas de tort réel aux pauvres.
J. Smith, Memoirs of Wool, 1747
Ministre au travail © P. Cox
12
Théâtre en mai, Rencontres internationalesde théâtre, Frictions... Si le festival a vu sonnom muter au fil des directeurs, les fidélités,elles, demeurent. La venue de We are laFrance mis en scène par Benoît Lambert pro-longe un compagnonnage fidèle et précieux
avec le Théâtre de la Tentative. Et proposedans une forme grinçante et drôle « une pe-tite leçon d’économie politique ».
WE ARE LA FRANCEBELFORT
WE ARE LA FRANCE
textes Jean-Charles Massera
mise en scène Benoît Lambert
avec Marc Chevillon, Guillaume Hincky, Elisabeth Hölzle
scénographie et images Antoine Franchet, costumes Violaine
L. Chartier, régie générale Marc Chevillon
production déléguée Le Théâtre de la Tentative
coproduction Le Granit - Scène nationale de Belfort, le Nou-
veau Théâtre de Besançon - Centre dramatique national,
Equinoxe - Scène nationale de Châteauroux
création le 18 mars 2008 au Centre d’affaires et de rencon-
tres de Baumes-les-Dames
Depuis l’installation de sa compagnie en Bourgogne, Benoît Lambert a jalonné
son parcours d’incursions au TDB. Que ce soit dans la saison ou lors du festi-
val, le Théâtre de la Tentative a fait ses armes à Dijon, creusant au fil de ses
passages son propre sillon théâtral. We are la France constitue d’ailleurs une nou-
velle étape dans les projets de la compagnie. Première collaboration entre Be-
noît Lambert et Jean-Charles Massera, We are la France sera suivi d’un deuxième
opus We are l’Europe, commande de textes à Massera. Sortie officielle prévue en
novembre 2009 avec un passage en janvier 2010 au TDB, affaire à suivre...
We are la France, What is it ?Comme Benoît Lambert l’explique : « We are la France est une variation autourde l’œuvre de Jean-Charles Massera, une plongée dans son univers esthétique
et conceptuel. Élaboré à partir de plusieurs textes, le spectacle se présentecomme une petite leçon d’économie politique à l’usage de tous. Deux acteurs, ac-
compagnés d’un technicien et d’une télévision, viennent soulever plusieurs ques-
tions brûlantes : pourquoi nos sociétés dites “avancées’’ sont-elles si anxiogènespour ceux qui y vivent ? Le travail docile et la consommation effrénée peuvent-ils constituer la base d’un monde habitable ? Quel rapport puis-je établir entre l’évo-
lution du taux de croissance ou celle du pouvoir d’achat, et les contenus concretsde ma vie quotidienne ? Sommes-nous condamnés à rester les spectateurs pas-
sifs du grand spectacle du monde ? Comment fait-on pour survivre en temps de
paix ?… » À partir de ces interrogations, le dispositif scénique simple suggère une
conférence. Mais ce sentiment s’estompe rapidement, tant tout, dans le langage
et les sujets abordés, dérape lentement. Et lorsque la mécanique se grippe, l’ironie
et l’humour prennent le pas sur l’hyperréalisme initial. On bascule alors dans un
univers où auto-dérision et absurdité dominent, court-circuitant les propos aux al-
lures didactiques. Les deux comédiens, Guillaume Hincky et Elisabeth Hölzle –
comédienne membre d’Idem Collectif, compagnie soutenue pour la saison par le TDB– quittent alors leurs rôles initiaux pour devenir de vrais super-héros...
J’ai un point de vue, mais je n’ai pas de certitudes à opposer à d’autres certitudes.
En ce sens, j’espère faire un théâtre politique, mais pas forcément un théâtre mi-
litant, ou partisan. Je ne fais pas un théâtre au service d’une cause, ou alors si, d’une
seule : l’entretien public de l’imaginaire. C’est notre vraie tâche et c’est une tâche
politique parce qu’elle est indispensable à la bonne vie d’une société. L’imaginaire
est un bien public, qu’il faut défendre, parce qu’il s’adresse à bien plus de monde
qu’on ne le pense, il rayonne, il profite au-delà de ceux qui le produisent et au-delàde ceux à qui il semble s’adresser d’abord : d’autres s’y trouvent exposés, ça béné-
ficie à tout le monde.
Benoît Lambert, entretien avec Patrick Lardy,
Nouveau Journal n°15, Nouveau Théâtre de Besançon
1993, agrégé de sciences sociales (sociologie)
1993, création avec Emmanuel Vérité du Théâtre
de la Tentative
1999-2002, le Théâtre de la Tentative est associé
au Théâtre, Scène nationale de Mâcon
depuis 2005, Benoît Lambert est artiste associé
au Granit scène nationale de Belfort
2010, mettra en scène au TDB We are l’Europe,
de Jean-Charles Massera
1971-1974, ceinture blanche de judo
1994, publie son 1er roman, Gangue Son
2001, écrit Quelque chose en nous de général, une
commande du festival Nouvelles Scènes
2003, se lance dans une carrière cycliste sous
le nom de Jean de la Ciotat
2005, redevient Jean-Charles Massera à plein
temps, commence à collaborer avec Benoît Lam-
bert2008, s’engage avec d’autres auteurs dans la pu-
blication de la revue TINA (There is no alternative
– littérature)
Benoît Lambert(1971, Rennes)
Jean-Charles Massera(1965, Mantes-la-Jolie)
mardi 19 à 15h (scolaires) et 19h30lycée Montchapetmercredi 20 à 18hIUP Denis Diderotjeudi 21 à 17hHôtel Bouchu1h
(They are la France, they have burning questions (E. Hölzle, G Hincky) © C. Bartringer
À l’heure de la communication à tout crin, lacompagnie du Détour secoue notre torpeur faceaux habituels discours politiques. Un commandomené par trois chantres d’un nouvel art de vivrel’entreprise. Burlesque et pince-sans-rire.
FLORILÈGE DU DISCOURS POLITIQUEMÂCON
FLORILÈGE DU DISCOURS POLITIQUE
texte et mise en scène Stéphan Castang
avec Stéphan Castang, Agnès Larroque, Laure Seguette
production Cie du Détour
L’histoireIls sont trois sur scène, en costume gris et tailleurs pastel, trois “révolution-
naires’’ venus proposer des solutions à la situation actuelle de la France.
Totalement sincères dans leurs engagements, ils prônent une révolution “libé-
rale’’ et s’engagent même à réveiller le leader qui est en nous... Ceci sous une
forme burlesque, car comme le trio l’explique, « il ne s’agit pas d’attaquer fron-
talement les politiques. C’est la rhétorique qui nous intéresse. Notre vision se pré-
sente plutôt de profil, sur un point de vue décalé : celui de nos trois protagonis-
tes, persuadés d’œuvrer pour le bien commun, prenant un auditoire en otage à des
fins “pédagogiques’’. Ainsi transformés en “tribuns’’ d’un jour, ces “apôtres’’ d’un
genre nouveau apparaîtront à la fois dangereux et ridicules dans l’espérance d’un
monde meilleur, dans cette volonté de rééduquer l’humanité, nous enseignant lamaxime du moment : “Il faut avant tout gagner la bataille de la communication avant
de gagner la bataille des idées’’. »
13
Florilège du discours politique enquelques mots, par Stéphan Castang
GenèseLe texte a été écrit pour l’essentiel en 2005 et ce qui est plutôt amu-
sant, c’est qu’il comportait déjà le “travailler plus pour gagner plus’’,alors que Nicolas Sarkozy ne l’avait pas encore intégré dans son dis-
cours politique. Je ne suis pas médium, mais c’est un vieux gimmick
lié à une idéologie du travail, qui existait déjà au XIXe siècle.
ProposOn essaie de faire entendre au plus près 50 minutes de discoursultra-libéral et de montrer l’idéologie qu’il peut y avoir derrière cesmots-là. Lorsqu’un homme politique dit : “ce n’est pas agir par idéo-
logie mais par pragmatisme’’, cette pensée comporte une idéologie.
Prôner la concurrence comme moteur, avoir recours à la métaphoresportive, relèvent d’une idéologie.
PolitiqueComment le politique peut-il devenir une marque comme une autre ?
Comment se rendre attractif et vendre du politique ? Les progrès de
ces dernières années n’ont trait qu’à la communication, ce qui faitque le discours politique est devenu quelque chose de très synthé-tique, avec peu de vocabulaire. C’est le fameux “parler vrai’’. Cetteévolution-là fait qu’il y a du sens à faire entendre le Florilège. De
même, comment le discours du marketing nourrit-il un certain
discours politique ? Quels pourraient être les dangers sur un plan
économique mais également humain à vouloir diriger un Étatcomme une entreprise ?
Mireille – Vous croyez peut-être que le monde s’arrête de tourner quand vous par-tez en vacances ?
Ghislaine – Non ! Alors battez-vous ! La concurrence est le meilleur moteur de l’-
homme.
Mireille – Les vacances, c’est pour les autres... ceux qui veulent rien faire !
Ghislaine – Travaillez ! Même le dimanche si vous pouvez ! On ne peut restercomme ça sans rien faire... Nous devons changer ! Et ça commence chez vous ! Im-
posez la compétition... À Noël, battez-vous pour avoir la plus grosse dinde du quar-tier ! Rendez jaloux vos enfants, n’achetez qu’un seul cadeau, et obligez-lesà se battre pour l’obtenir, on n’a pas tout sans donner rien, et ça très jeune, il fautle comprendre ! Nous devons devenir plus compétitifs, plus rentables, en un motdevenons meilleurs.
Florilège du discours politique (extrait)
vendredi 22 à 19hSciences Po Dijonsamedi 23 à 14h30 et 18hThéâtre des Feuillants50mn
(
La compagnie du DétourCréée en 2001, la compagnie du Détour est dirigée par Stephan Castang, Agnès Larroque etLaure Seguette. C’est un travail commun sur le récit et les formes burlesques qui réunit le
trio, chacun étant selon les spectacles acteur, metteur en scène ou bien auteur. Ainsi depuissa création, le Détour a monté : Solange, Tri Sélectif, Le Défilé de César, Boule de gomme, Mo-
destes Propositions…, La révolution n’aura pas lieu dimanche, Richard III à 3 (chantier). Ces créa-
tions n’empêchent pas les trois artistes de travailler sur d’autres projets. Ainsi, en 2009, tan-
dis que Stéphan Castang tourne avec la compagnie l’Artifice le solo Nam-Bok le hâbleur d’aprèsJack London, Laure Seguette et Agnès Larroque préparent la prochaine création du Détour,Éloge du dépassement de soi par le travail....
Ils sont jeunes, ils sont la révolution (A. Larroque, S. Castang, L. Seguette)
Congédier les fantasmes du verbe fait chair
et du spectateur rendu actif, savoir que les
mots sont seulement des mots et les spec-
tacles seulement des spectacles peut nous
aider à mieux comprendre comment les
mots et les images, les histoires et les per-
formances peuvent changer quelque chose
au monde où nous vivons.
Le Spectateur émancipé,
Jacques Rancière, 2008
14
Enrôlé de force en 1993, il rejoint en
1998 les États-Unis. Là, il y réalise
de brillantes études secondaires et uni-
versitaires. Ambassadeur de l’Unicef, il
fait partie du Human Rights Watch Chil-
dren’s Rights Division Advisory Commit-
tee et intervient dans le monde entier
pour défendre la cause des enfants
soldats.
LECTURES / CINÉMA / RENCONTRES
Sierra
Leone. À douze ans, la vie d’Ishmael bascule brusquement: capturé par l’armée, il devient « enfant-soldat ». Dans un
pays ravagé par la guerre, les deux camps - armée gou-
vernementale et groupes rebelles - recrutent les enfantset leur apprennent à égorger, torturer, mutiler. Il a seize
ans lorsqu’une mission humanitaire lui permet de quit-ter l’armée, et son existence se trouve une nouvelle foisbouleversée...
Ishmael Beah (1980)
Tchernobyl. Ce mot évoque une catastrophe écologique majeure. Mais que savons-nousdu drame humain, quotidien, qui a suivi l’explosion de la centrale en 1986 ?Svetlana Alexievitch cède la parole aux survivants, et nous fait entrevoir un mondebouleversant. L’événement prend, alors, une toute autre dimension..
Comédienne, administrateur général dela Comédie-Française, Muriel Mayettenous invite à la découverte de récits terri-bles et poignants. Deux lectures,aux écarts autant géographiques que géo-politiques.
dimanche 17 à 14h30Hôtel Bouchu 1h (entrée libre)( jeudi 21 à 14h30
Hôtel Bouchu 1h (entrée libre)
LE CHEMIN PARCOURU
de Ishmael Beah
traduit de l’anglais (États-Unis) par Jacques Martinache
LA SUPPLICATIONChronique du monde après l’apocalypse
de Svetlana Alexievitch
traduit du russe par Galia Ackerman et Pierre Lorrain
Écrivain et journaliste biélorusse soutenue
par le Parlement européen des écrivains,
elle mène depuis les années 1980 un in-
lassable travail de fouilles au cœur des
récents traumatismes de l’histoire so-
viétique. Ses ouvrages, fondés sur des
entretiens, touchent ainsi à des sujets
tels que la participation des Soviétiques
à la guerre russo-afghane (les Cercueils
de zinc, 1990), les femmes soldats de
l’Armée rouge durant la Seconde
Guerre mondiale (La guerre n’a pas un
visage de femme, 2004), ou encore la
catastrophe de Tchernobyl.
SvetlanaAlexievitch (1947)
Nous allons vivre à Tchernobyl. Désormaisnotre maison est ici. Tchernobyl est notre mai-
son, notre patrie... (Soudain, elle sourit.)
Ici, les oiseaux chantent comme partout. Et il y aun monument à Lénine... (Près de la porte, en nous
disant au revoir.) Tôt le matin, nous avons entendudes coups de marteau dans la maison d’à côté : on en-
levait les planches clouées sur les fenêtres. Il y avaitune femme :
D’où venez-vous ?
De Tchétchénie.
Elle n’ajoute rien. Elle se contente de pleurer.
Les gens me posent des questions et s’étonnent. L’un d’eux
m’a posé la question tout de go : Est-ce que j’aurais emmené
mes enfants dans un endroit où sévirait la peste, ou le
choléra ? Mais moi, je connais la peste ou le choléra. Je sais ce
dont il s’agit. Mais, la peur dont on parle, ici, je ne la connais
pas. Je ne l’ai pas dans ma mémoire... »
La Supplication, Chronique du monde après l’apocalypse, p76,éditions Jean-Claude Lattès, 1999
(
RENCONTRES en apéroEn partenariat avec Sciences-Po Dijon,le TDB nous invite à aller plus loin au-
tour des spectacles. Des rencontres,animées conjointement par des étu-
diants de Sciences-Po et l’équipe du
TDB, ponctueront le festival. Le Parvis
Saint-Jean s’improvise en lieu d’apéri-
tif, un bon moyen pour prolonger avecles artistes le plaisir de la découverte.
Apéro coréen – samedi 16 mai, 12h
Apéro hongrois – dimanche 17 mai, 12h
Apéro argentin – mercredi 20 mai, 12h
Apéro burkinabé – jeudi 21 mai, 12h
Apéro bélarusse – samedi 23 mai, 12h
CINÉMAAvec le cinéma Eldorado, Théâtre en mai se met à lapellicule... Durant le festival et en résonance au spec-
tacle King, Malcolm, Baldwin – Les Chemins de la ré-volte, USA 1963, l’Eldo diffuse un cycle de quatrefilms, emblématiques des mouvements des Noirs-
Américains. (En version originale sous-titrée.)
Cycle Black AmericanCotton Comes To Harlem ou la Case de l’oncle Tom
Ossie Davis, États-Unis, 1970, 1h37Un pêcheur noir escroque les habitants de Harlem en
leur vendant un hypothétique billet pour l’Afrique.
(jeudi 14 à 20h, dimanche 17 à 16h, jeudi 21 à 18h)
Shaft, les nuits rouges de Harlem
Gordon Parks, États-Unis, 1971, 1h40John Shaft, détective noir-américain, opèrant à Har-
lem est engagé par un gros bonnet de la drogue dontla fille a été enlevée.
(samedi 16 à 22h, lundi 18 à 20h, samedi 23 à 22h)
My Brother’s Wedding
Charles Burnett, États-Unis, 1983, 1h20Le mariage du frère de Pierce a lieu le même jour que
les obsèques de son meilleur ami, tué après sa sor-tie de prison. Un choix s’impose.
(vendredi 15, mardi 19 et vendredi 22 à 18h15)
Black Sheep (diffusion vidéo)
Charles Burnett, Etats-Unis, 1983, 1h23La vie quotidienne dans le ghetto de Watts ou l'on
suit Stan, le tueur de moutons.
(dimanche 17 et dimanche 24 à 12h)
+ d’infos : cinéma Eldorado, 03 80 66 51 89
477e sociétaire de la Comédie-
Française
Entrée à la Comédie-Française
le 15 septembre 1985
Sociétaire depuis le
1er janvier 1988
Administrateur général
depuis le 4 août 2006
Muriel Mayette(Paris, 1964)
MURIEL MAYETTE : deux lectures
© John Foley – Opale Comédie-Française
Musique en MaiThéâtre en mai, 20e ne déroge pas à la règle des concerts.Version fauves ou rock bourreau, le festival monte le son lors de deux sets.
Concert avec les Fauves
Dimanche 17 à 16h (entrée libre)Cour du musée des Beaux-Arts
Revisitant les traditions populaires hongroises, les musiciens de l’Opéra paysan (p.7) s’instal-lent pour un concert unique, familial et joyeux, à l’occasion de l’exposition les Fauves hongrois.En partenariat avec le musée des Beaux-Arts.
Fin de partie avec les Sentimental Bourreau
Samedi 23 à 23h30 (entrée libre sur réservation)Parvis Saint-JeanRock’n’roll en clôture du festival avec la troupe des Sentimental Bourreau. L’équipe, qui aimeles rencontres entre théâtre et musique, revient à Dijon, après Tendre jeudi l’an dernier et avantun Tristan et Iseult de son invention la saison prochaine.
Mots d’imagesScénographe, illustrateur, dessinateur, Paul
Cox a réalisé l’affiche de Théâtre en mai
2009, ainsi que les images accompagnant
les trois créations.
Il a voulu « une affiche qui ne soit pas littérale,privilégiant une image un peu mystérieuse etfortement symbolique ». Soit une table, destréteaux, et de multiples raisons : « La table aune très longue histoire dans la peinture, l’artcontemporain, en tant que support du par-tage des repas, etc. Quant aux tréteaux, j’at-tache de l’importance au fugace, au dé-
ployable, aux choses qui ne sont pasdéfinitives. La table sur les tréteaux me
semble être une belle illustration de cela. »
Cette collaboration est également l’occa-
sion pour Paul Cox de revenir à la création
d’affiches de spectacles, une activité qu’il
a longtemps exercée pour l’Opéra de
Nancy. C’est d’ailleurs là-bas que Chattotet Cox se sont connus, lors de la mise en
scène de l’Histoire du Soldat (1997), spec-
tacle pour lequel le premier jouait et le
deuxième signait les décors.
15
L’école du théâtreLe TDB travaille depuis de nombreuses années avec lacité scolaire de Montchapet, liant un peu plus étroitementau fil des projets théâtre et éducation. Ainsi, pourThéâtre en mai, Montchapet accueille deux représenta-
tions de We are la France, tandis que des élèves inves-
tissent le festival. Des allers et retours bénéfiques et pré-
cieux, que détaillent en quelques mots Robert Lebœuf
et Carole Vidal-Rosset.Proviseur, Robert Lebœuf, est un partisan convaincu de
l’activité théâtrale en établissement scolaire. « Je considère cela comme une école de vie formidable, aux effets particu-
lièrement positifs. Sur la cité scolaire cette année, 450 élèves au bas mot auront, de près ou de loin, touché à l’activité théâ-
tre, que ce soit en tant que spectateurs, participants à des actions, ou acteurs. Une dynamique claire se crée et la diversifi-
cation des activités rayonne sur d’autres établissements. L’équipe d’enseignants de la cité scolaire est soucieuse de
travailler à la construction de la culture de nos jeunes, dont le théâtre constitue un élément majeur. »
Carole Vidal-Rosset, enseignante, assure un service éducatif au TDB. Elle souligne l’enjeu pour les élèves d’une
participation active au festival : Soucieux de permettre à de “jeunes pousses” régionales de s’exprimer, François Chat-
tot a encouragé les élèves de terminale de l’option théâtre de Montchapet à mettre en espace avec le metteur en scène Guy
Martinez quelques pages de la pièce d’Ivan Grinberg, Un épisode du monde moderne, publiée à Théâtre ouvert. Ce texte,qui tresse ensemble la grande Histoire (putsch à Moscou en 1991) et la petite histoire (histoire d’amour, quête du père,aventures d’un mafieux, trafics en tous genres...) met sous loupe, dans une langue à la fois très chorégraphiée et très
jubilatoire, les dérives et les impasses (idéologiques, médiatiques...) de notre temps. Le TDB offre ainsi aux élèves lachance de s’emparer d’un texte contemporain encore pratiquement jamais monté, de participer pleinement au proces-sus de création et de devenir acteurs (à tous les sens du terme) de ce festival 2009.
(propos recueillis par Caroline Châtelet)
UN ÉPISODE DU MONDE MODERNEdimanche 17 à 14h30Parvis Saint-JeanWE ARE LA FRANCE
mardi 19 à 15h (scolaires) et 19h30Lycée Montchapet
LES BRÈVES DE MAI
« Le théâtre est une institution entre parenthèses,
une sorte d’oracle coûteux, un lieu chèrement payé,
mais dont on n’a pas encore fini, loin de là, de pen-
ser l’énergie productive ; un lieu où l’apparition, le
fait de prendre la parole et de rendre visible ce qui
ne l’était pas jusqu’alors, peuvent s’accomplir. C’est
une institution miraculeuse. On ne s’étonnera ja-
mais assez qu’une société parvienne de temps en
temps à faire jouer son inconscient dans des lieux
de spectacle définis. »
Peter Sloterdijk, Ni le soleil ni la mort, Hachette, Pa-
ris, 2003 pour l’édition française, p.101
Nourrituresprintanières
Théâtre en mai, ce ne
sont pas que des plaisirs vi-
suels et textuels. Les arts de
la bouche aussi font la fête auParvis Saint-Jean et la Can-tine du festival ouvre ses por-tes. Menus légers ou assiettespantagruéliques, Simone Trai-
teur - aka Mathieu Munier et Sté-
phanie Duvignon -, déballe sa carteprintanière.
Plats salés, desserts, boissons pourtoutes les bourses, du 14 au 23 mai,de 12h à 15h et de 19h à 23h (formule
à 9€ - hors boisson / réservation
03 80 30 12 12).
Le Bar, lui, est ouvert du lundi au vendredi de 12h à 15h puis à partir de 18h etles samedi et dimanche à partir de 12h.
La Librairie du Parvis, une sélection de livres et publications sur le théâ-
tre proposée en partenariat avec la librairie Grangier. Tous les jours à partirde 18h.
Au Parvis, la cantine du festival © Vincent Arbelet
LUNDI 4 MAI19h Présentation publique* du Festival suivied’un spectacle surprise Parvis Saint-Jean
JEUDI 14 MAI19h Les Coréens Parvis Saint-Jean (2h)20h Cotton Comes to Harlem Eldorado (1h37)22h King, Malcolm, Baldwin - Les Chemins de larévolte. USA 1963 Salle J. Fornier [création]
VENDREDI 15 MAI18h15 My Brother’s Wedding Eldorado (1h20)19h Les Coréens Parvis Saint-Jean (2h)19h Sainte Jeanne des Abattoirs Caserne Heude-let (2h50)22h King, Malcolm, Baldwin - Les Chemins de larévolte. USA 1963 Salle J. Fornier [création]22h Potestad Tente du Radeau (1h)
SAMEDI 16 MAI12h Apéro coréen* Hôtel Bouchu (1h)14h30 King, Malcolm, Baldwin - Les Cheminsde la révolte. USA 1963 Salle J. Fornier [création]16h Sainte Jeanne des Abattoirs Caserne Heude-let (2h50)19h Les Coréens Parvis Saint-Jean (2h)19h30 Potestad Tente du Radeau (1h)20h L’Opéra paysan Grand Théâtre (1h15)22h Shaft, les nuits rouges de Harlem Eldo-rado (1h40)
DIMANCHE 17 MAI12h Apéro hongrois* Parvis Saint-Jean (1h)12h Black Sheep Eldorado (1h23)14h30 Un Épisode du monde moderne*Parvis Saint-Jean (1h)14h30 Le Chemin parcouru* (lecture) Hôtel Bou-chu (1h)16h Sainte Jeanne des Abattoirs Caserne Heude-let (2h50)16h Concert Opéra paysan* muséedes Beaux-Arts (1h)16h Cotton Comes to Harlem Eldorado (1h37)19h30 Potestad Tente du Radeau (1h)19h30 King, Malcolm, Baldwin - Les Cheminsde la révolte. USA 1963 Salle J. Fornier [création]20h L’Opéra paysan Grand Théâtre (1h15)
LUNDI 18 MAI19h Débat / Politiques Culturelles*Parvis Saint-Jean20h Shaft, les nuits rouges de HarlemEldorado (1h40)
MARDI 19 MAI15h We are la France (scolaires)Lycée Montchapet (1h)18h15 My Brother’s Wedding Eldorado (1h20)19h30 Solo Brumas Parvis Saint-Jean (1h15)19h30 Tatu ou la guerre du Che au Congo GrandThéâtre (1h30)19h30 We are la France Lycée Montchapet (1h)
MERCREDI 20 MAI12h Apéro argentin* Hôtel Bouchu (1h)18h We are la France IUP Denis Diderot (1h)19h30 Solo Brumas Parvis Saint-Jean (1h15)19h30 Tatu ou la guerre du Che au Congo GrandThéâtre (1h30)22h Génération Jeans Tente du Radeau (1h20)
22h Je suis en colère mais ça me fait rireSalle J. Fornier [création]
JEUDI 21 MAI12h Apéro burkinabé* Parvis Saint-Jean (1h)14h30 La Supplication* (lecture)Hôtel Bouchu (1h)14h30 Solo Brumas Parvis Saint-Jean (1h15)16h Ministre Bourse du travail [création]17h We are la France Hôtel Bouchu (1h)18h Cotton Comes to Harlem Eldorado (1h37)19h Génération Jeans Tente du Radeau (1h20)19h30 Tatu ou la guerre du Che au Congo GrandThéâtre (1h30)21h30 Je suis en colère mais ça me fait rire SalleJ. Fornier [création]21h30 Zone de silence Caserne Heudelet (2h45)
VENDREDI 22 MAI18h15 My Brother’s Wedding Eldorado (1h20)19h Florilège du discours politique Sciences PoDijon (50mn)19h Génération Jeans Tente du Radeau (1h20)
19h Ministre Bourse du travail [création]21h30 Je suis en colère mais ça me fait rire SalleJ. Fornier [création]21h30 Zone de silence Caserne Heudelet (2h45)
SAMEDI 23 MAI12h Apéro bélarusse* Hôtel Bouchu (1h)14h30 Florilège du discours politique Théâtredes Feuillants (50mn)16h Ministre Bourse du travail [création]18h Florilège du discours politique Théâtredes Feuillants (50mn)20h Je suis en colère mais ça me fait rireSalle J. Fornier [création]21h30 Zone de silence Caserne Heudelet (2h45)22h Shaft, les nuits rouges de HarlemEldorado (1h40)23h30 Clôture / Concert* des SentimentalBourreau Parvis Saint-Jean
DIMANCHE 24 MAI12h Black Sheep Eldorado (1h23)
* entrée libre
PROGRAMME / INFORMATIONS PRATIQUES / THÉÂTRE EN MAI 2009
1 Parvis Saint-Jean - rue Danton • 2 Salle Jacques Fornier - 30, rue d’Ahuy • 3 Grand Théâtre - place du théâtre• 4 Hôtel Bouchu - 1, rue Monge • 5 Caserne Heudelet - 40, av. du Drapeau, Grand Dijon • 6 Tente du Radeau /40, av. du Drapeau, Grand Dijon • 7 Musée des Beaux Arts - rue de la Liberté • 8 Bourse du travail - 17, rue duTransvaal • 9 Lycée Montchapet - 36, boulevard François Pompon • 10 IUP Denis Diderot - 36, rue Chabot Charny• 11 Théâtre des Feuillants - 9, rue Condorcet • 12 Sciences Po Dijon - 14, avenue Victor Hugo •13 Cinéma Eldorado - 21, rue Alfred de Musset • 14 Administration du théâtre - 23, rue Courtepée
NAVETTES GRATUITES (sauf les 14 et 18)
départ place Bossuet30 mn avant le début des spectacles(Caserne, Tente du Radeau, lycée Montchapet)
LES TARIFSFORMULES EN MAIChoisissez parmi les formules proposées celle quiressemble à votre festival :· Pass journée en mai Nouveauté
18 € (tarif plein) 13 € (tarif réduit)
Valable pour 1 journée du festival (tous les spectacles,
films de la journée)
· Pass en mai 1 : 40 € (tarif plein) 20 € (tarif réduit)
Tout le festival (tous les spectacles, films)
· Pass en mai 2 : 60 € (tarif plein) 30 € (tarif réduit)
Tout le festival à deux (tous les spectacles, films à deux)
· Carte Tribu en mai : 60 € (tarif plein) 10 entrées
à 6 €, valables sur tout le festival (tous les spectacles,
films)
* Tarif réduit : abonnés TDB 08-09, abonnés structurespartenaires (Théâtre de Beaune, Nouveau Théâtre de Be-sançon, L’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône, l’Arc auCreusot, L’Opéra Dijon, l’Association Bourguignonne Cul-turelle ABC, musée des Beaux-Arts de Dijon, les Amis del’Eldo, Mâcon Scène Nationale, Scènes du Jura, Le Théâtred’Auxerre), demandeurs d’emploi, allocataires des mi-nima sociaux, intermittents et professionnels du specta-cle, moins de 26 ans, étudiants, familles nombreuses,Passeports-Loisirs, carte Cezam
TARIFS HORS FORMULESLes spectacles de Théâtre en mai sont accessibles
aux tarifs suivants : Plein tarif 15 €, Tarif réduit* 10 €,groupes (à partir de 10) 8 €, groupes scolaires 6 €,films tarifs Eldorado
Pour profiter de votre formule, pensez à réserver.
L’accès aux spectacles se fait dans la limite des places
disponibles.
ACCUEIL BILLETTERIEau Parvis Saint-Jean rue Danton - DijonTél. 03 80 30 12 12 – Fax 03 80 30 01 89
Ouverture à partir du mardi 14 avril aux horaires
habituels, du lundi au vendredi de 13h à 19h et lesamedi de 11h à 16h
Du jeudi 14 mai au samedi 23 mai, la billetterieest ouverte tous les jours de 12h à 20h
Possibilité d’achat de place sur le lieu de la re-présentation 30 minutes avant le début du spectacle(dans la limite des places disponibles)
Réservations par téléphone
ou au Parvis Saint-Jean
Elles doivent être confirmées impérativement par
paiement 48 heures avant la représentation choisie
Mode de paiement
A l’accueil du théâtre : espèces, carte ou chèquebancaire, chèque postal, chèque vacances,chèque “ Access “Par correspondance : chèque bancaire ou postal li-bellé à l’ordre du TDB, chèque vacances,chèque “ Access “Par téléphone : carte bancaire
Administration
23, rue Courtepée - BP 72936 - 21029 Dijon cedex
tél 03 80 68 47 47 / fax 03 80 68 47 [email protected]
RENSEIGNEMENTSRÉSERVATIONS03 80 30 12 12
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