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18 & 19 NOVEMBRE 2014 Paris SYNTHÈSE ET RECOMMANDATIONS POUR LA RECHERCHE

L’ ADEME EN BREF...L’ ADEME EN BREF L'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (ADEME) participe à la mise en œuvre des politiques publiques dans les domaines

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  • L’ ADEME EN BREFL'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de

    l'Energie (ADEME) participe à la mise en œuvre

    des politiques publiques dans les domaines de l'en-

    vironnement, de l'énergie et du développement

    durable. Afin de leur permettre de progresser dans

    leur démarche environnementale, l'agence met à

    disposition des entreprises, des collectivités lo-

    cales, des pouvoirs publics et du grand public, ses

    capacités d'expertise et de conseil. Elle aide en

    outre au financement de projets, de la recherche

    à la mise en œuvre et ce, dans les domaines sui-

    vants : la gestion des déchets, la préservation des

    sols, l'efficacité énergétique et les énergies renou-

    velables, la qualité de l'air et la lutte contre le bruit.

    L’ADEME est un établissement public sous la tu-

    telle du ministère de l'Écologie, du Développe-

    ment durable et de l’Énergie et du ministère de

    l’Éducation nationale de l’Enseignement supérieur

    et de la Recherche.

    18 & 19 NOVEMBRE 2014

    Paris

    SYNTHÈSE ET RECOMMANDATIONSPOUR LA RECHERCHE

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    3e Rencontres nationales

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    Les 3e Rencontres nationales de la recherche sur les sites et sols polluésse sont tenues les 18 et 19 novembre 2014 à Paris. Elles ont réuni plusde 570 participants venus s’informer sur les avancées et les faitsmarquants de la recherche dans le domaine des sols et débattre sur lesquestions de gestion des sols pollués par les activités industrielles sursols urbains, industriels ou agricoles.

    Elles ont été l’occasion de valoriser plus de 170 résultats de recherchesur les différentes thématiques de gestion des sites et sols pollués.

    Ce document, préparé avec l’aide des présidents de séance et du comitéscientifique fait la synthèse :- des principaux résultats acquis à travers les différents ateliers ;- des besoins de recherche identifiés au cours de ces Rencontres ainsique lors des discussions au sein du comité scientifique ou par l’apportdes présidents de séance. La distinction a été faite entre les besoinsen termes d’acquisition de connaissances, de développement et dedémonstration de méthodes ou de techniques.

    Dans certains cas, des besoins de valorisation des connaissancesexistantes ont également été mis en évidence.

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    15 - ISBN : 978-2-35

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    rédits photos : ADEME/Roland Bourguet, CNRS, G

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    couv SYNTHESE SSP 2015_Mise en page 1 18/09/15 09:37 Page1

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    3e Rencontres nationales

    syNthèse et recommaNdatioNs pour la recherche

  • remerciements

    L’ADEME remercie vivement le comité scientifique ainsi que les présidents des atelierspour leur participation active à la préparation du colloque et à la rédaction de cette synthèse.

    comité scientifique

    Claire ALARY, GIS3SP

    Olivier ATTÉIA, Institut Polytechniquede Bordeaux/Fondation INNOVASOL

    Béatrice BÉCHET, IFSTTAR-IRSTV

    Thierry BLONDEL, UCIE

    Frédérique CADIÈRE, ADEME

    Bernard COLLIGNAN, CSTB

    Bénédicte COUFFIGNAL, Association RECORD

    Christel de LA HOUGUE, UPDS

    Annette de VAUFLEURY, Universitéde Franche-Comté

    Sébastien DEHEZ, TOTAL

    Christelle GRAMAGLIA, IRSTEA

    Laurence HAOUCHE-BELKESSAM, ISSEP,Belgique

    Patrick HÖHENER, Aix Marseille Université

    Roger JACQUET, SOLVAY, Belgique

    Antoine JOUBERT, SERPOL/UPDS

    Franck KARG, HPC Envirotec/UPDS

    Agnès LABOUDIGUE, MINES ParisTech

    Christine LAFEUILLE, Lille Métropole

    Patricia LAUDATI, Université de Valenciennes

    Tina LÉGER, Ministère de l’Écologie,du Développement durable et de l’Énergie

    Jean-Louis MOREL, Université de Lorraine/GISFI

    Christian MOUGIN, INRA

    Patrice PHILIPPE, ADEME

    Martine RAMEL, INERIS

    Claire ROLLIN, DREAL Picardie

    Hélène ROUSSEL, ADEME

    Laurent ROUVREAU, BRGM

    Christophe SCHWARTZ, Université de LorraineGISFI

    Olivier SIBOURG, ENOVEO/UCIE

    Elisabeth VERGES, Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieuret de la Recherche

    Président

    Jean-Marie CÔME, BURGEAP

    Membres (par ordre alphabétique)

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    3e Rencontres nationales

    Un colloqueorganisé par

    en collaboration avec

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    Présentation des 3e Rencontres nationales de la recherche sur les sites et sols pollués 5

    Session plénière d’ouverture - Synthèse 6

    Synthèse atelier 1 - Devenir des polluants, compréhension des mécanismes 1/2 13

    Synthèse atelier 2 - Transferts vers le vivant et impacts 15

    Synthèse atelier 3 - Mise en œuvre des travaux et actions sur la source 18

    Synthèse atelier 4 - Approche durable de la dépollution 21

    Synthèse atelier 5 - Interprétation des résultats et référentiels 24

    Synthèse atelier 6 - Investigations de terrain et outils /Outils biologiques 28

    Synthèse atelier 7 - Phytotechnologies pour la gestion des risques 32

    Synthèse atelier 8 - Outils intégrateurs et planification urbaine 35

    Synthèse atelier 9 - Devenir des polluants, compréhension des mécanismes 2/2 38

    Synthèse atelier 10 - Investigations de terrain et outils / Outils physico-chimiques 41

    Synthèse atelier 11 - Recherche sur la dépollution : les besoins des professionnels 43

    Conclusions des 3e Rencontres 48

    Synthèse des principales perspectives de recherche 52

    sommaire

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    3e Rencontres nationales

  • Deux journées pour partager la connaissance

    Structurées autour de deux sessions plénières, onze ateliers et une session posters, ces Rencontres ont étél’occasion pour les laboratoires et les organismes de recherche, mais aussi pour les maîtres d’ouvrage, bureauxd’études, entreprises de dépollution et collectivités, de partager leurs expériences et confronter leur point devue.

    … mais aussi pour identifier les besoins de recherche

    Riche en contenus et débats, cet événement a également permis de formuler des perspectives de recherche.

    Préparé avec l’aide des présidents de séance, du comité scientifique et de son président Jean-Marie Côme,Directeur recherche & développement de BURGEAP, ce document fait la synthèse :

    • des principaux résultats acquis à travers les différents ateliers ;

    • des besoins de recherche identifiés au cours de ces Rencontres ainsi que lors des discussions au sein ducomité scientifique ou par l’apport des présidents de séance. La distinction a été faite entre les besoins entermes d’acquisition de connaissances, de développement et de démonstration de méthodes ou de tech-niques.

    Dans certains cas, des besoins de valorisation des connaissances existantes ont également été mis en évi-dence.

    Pour accéder aux présentations des Rencontreswww.rencontres-recherche-ssp.ademe.fr

    Un rendez-voustrès attendu par la communautéscientifique et technique

    Les 3e Rencontres nationales de la recherchesur les sites et sols pollués se sont tenuesles 18 et 19 novembre 2014 à Paris.

    Elles ont réuni plus de 570 participants venuss’informer sur les avancées et les faits marquantsde la recherche dans le domaine des solset débattre sur les questions de gestion des solspollués par les activités industrielles sur solsurbains, industriels ou agricoles*.

    Plus de 170 résultats de recherche,sélectionnés à l’issue d’un appel à communications,ont été présentés sur les différentes thématiquesde gestion des sites et sols pollués.

    *sont exclues les pollutions d’origine agricole ou radioactive. 5

    Retour sommaire

    http://www.rencontres-recherche-ssp.ademe.fr

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    session plénière d’ouvertureSynthèse

    • ouverture

    Marie-Christine PRÉMARTIN, Directrice exécutive des programmes de l’ADEME

    En introduction, Marie-Christine Prémartin a rappelé le rôle essentiel des sols en tant quesupport aux activités humaines, mais également les menaces qui pèsent sur cette res-source fragile et non renouvelable à l’échelle humaine.

    Deux siècles d’industrialisation ont laissé des traces dans le sol, avec des pol-luants de toute sorte, mettant en péril la qualité des sols et de la ressource eneau, la qualité de la chaine alimentaire et des écosystèmes, et hypothéquantsouvent, parfois durablement, les sols pour de nouveaux usages comme l’habitat.

    100 000 ha de sites ayant auparavant accueilli des activités industrielles etpotentiellement pollués ont été dénombrés par l’ADEME dans les airesurbaines. Ce potentiel constitue un enjeu important, celui de la reconquêteurbaine.

    De ce fait, l’ADEME investit pour orienter, animer, soutenir la recherche sur lessites et sols pollués, mettre en réseau les acteurs et valoriser les résultats. A ce

    titre, l’ADEME a défini une stratégie de recherche en 2014, dont un axe est dédiéà la recherche sur les sites et sols pollués, pour donner le cap. Ces Rencontres natio-

    nales et leur synthèse préciseront les orientations à accompagner.

    L’ADEME concentre ses efforts sur le développement de connaissances nouvelles, àvisée opérationnelle, ainsi que sur la démonstration sur sites. Le soutien que l’ADEMEpeut apporter à la recherche, soit près de 2 millions d’euros annuels, vise ainsi au déve-loppement d’outils de caractérisation des pollutions et des transferts dans les milieux etde la démonstration de modes de gestion et techniques de traitement sur sites pourrépondre aux besoins du marché. Les questions d’organisation des filières et de traite-ment sur l’enjeu de la valorisation des terres excavées de ces sites doivent égalementêtre prises en compte.

    C’est donc une recherche appliquée que l’ADEME souhaite soutenir afin de contribuer àla définition des politiques publiques par l’apport de guides ou outils méthodologiques, àla décision des gestionnaires de sites pollués et à l’amélioration des pratiques profession-nelles. Enfin, l’ADEME tient à favoriser l’accès à des sites expérimentaux tel que le réseaudes sites ateliers SAFIR.

    L’ensemble de ces travaux vient alimenter également d’autres missions de l’Agencecomme les interventions en qualité de maîtrise d’ouvrage pour la mise en sécurité dessites pollués à responsable défaillant pour le compte de l’État ou le soutien à la recon-version des friches.

    Pour consulter la stratégie Recherche de l’ADEME

    www.ademe.fr, rubrique recherche et innovation, stratégie recherche développement etinnovation.

    Retour sommaire

    http://www.ademe.fr/recherche-innovation/strategie-recherche-developpement-innovation/objectifs-programmes-strategie-rdi-2014-2020/objectifs-strategie-rdi-2014-2020

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    • Les services écosystémiques et le sol

    Que sont-ils ? Quelles sont leurs utilisations ? Quelle est leur place dans la gestion des sites et solspollués ?Le sol est au cœur des principaux enjeux de l’humanité. Il est le support de nos villes, de nos lieuxde déplacements mais surtout de la production croissante d’aliments, de matériaux et d’énergies re-nouvelables. Le sol est donc le support d’activités économiques et sociales très variées, conduitespar des acteurs qui agissent de façon indépendante et, en général, sans concertation.

    Claire CHENU, Professeur, AgroParisTech

    Le concept des services écosystémiques s’est fortement développé depuis plu-sieurs années et a été considérablement renforcé par le groupe de travailinternational Millenium Ecosystem Assessment (2005). L’objectif des travaux derecherche en cours est d’évaluer les services rendus par les écosystèmes pourl’Homme (ex : approvisionnement en bois, en eau douce, en ressources éner-gétiques, régulation de la qualité de l’eau, services culturels…). Plusieursévaluations, économiques, sociales et biophysiques sont possibles sans qu’unconsensus soit obtenu pour les méthodes d’évaluation. Aussi, au travers de troisexemples, régulation du climat global, régulation du cycle de l’eau et atténuationdes contaminants, Claire Chenu a illustré les différents types d’évaluation desservices écosystémiques proposés.

    Les sols des zones urbaines, industrielles, de transport, minières et militaires (SUITMAs),caractérisés par une grande diversité, un fort degré de modification et de perturbation,notamment par la présence de contaminants, sont classés en sols pseudo-naturels, solsconstruits, sols de dépôt et sols imperméabilisés. L’évaluation des services rendus par les SUITMAs tendà montrer que les sols construits ou végétalisés fournissent davantage de services que les sols imperméabi-lisés. En conséquence, pour la gestion des sites et sols pollués, il est nécessaire d’identifier, d’évaluer etd’optimiser les services rendus par les sols dans les choix de gestion et d’ingénierie.

    Roland COTTE, Chef du groupe Air Bruit Nature, Cerema

    Roland Cotte a souligné le lien entre les politiques de soutien à la biodiversité et les questions relatives auxsols pollués par la présentation du projet EFESE, Évaluation Française des Écosystèmes et des ServicesÉcosystémiques. Ce projet, piloté par le ministère en charge de l’environnement et découlantdes objectifs d’Aïchi (Internationaux), SEB (Européens) et SNB (Français), vise à sensi-biliser les collectivités françaises aux services rendus par les écosystèmes et à enfavoriser une meilleure connaissance. L’objectif est d’orienter les actions publiquesvers la prise en compte des écosystèmes et la valeur des services qu’ils rendentdans une approche systémique. Les écosystèmes forestiers, marins, monta-gneux, les zones humides, les agro-écosystèmes, mais également les zonesurbaines sont concernées par le projet EFESE et font l’objet d’un travail engroupes thématiques.

    Concernant le groupe de travail urbain piloté par le Cerema, une enquêteauprès des collectivités montre que les populations ont exprimé de fortesattentes en matière de qualité du cadre de vie et de santé. Ces enjeux doivent êtrecombinés aux problématiques environnementales et économiques. Roland Cottepointe la valeur ajoutée d’une participation de tous les acteurs (chercheurs, métiersde la ville, aménageurs et décideurs) en vue d’aboutir à la construction d’un référentieloptimal pour l’évaluation biophysique et socio-économique des services écosystémiques.Il s’agit in fine de promouvoir le maintien et la restauration de la biodiversité, y comprisdans les zones urbaines.

    Retour sommaire

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    Après une phase de construction menée en 2015, le projet EFESE produira un rapportsur l’évaluation des écosystèmes et les services écosystémiques, basée sur des connais-sances scientifiques, des développements d’indicateurs, des référentiels d’évaluation etdes illustrations de mises en œuvre sur des territoires définis. La comparaison des ser-vices fournis entre un sol sain et un sol pollué fait partie des enjeux traités dans le cadrede ce projet.

    En conclusion de ce travail, Roland Cotte a souligné l’importance de la disponibilité et dela qualité des données dans les territoires urbains pour garantir la déclinaison efficientede l’évaluation des services écosystémiques.

    Pour en savoir plus www.certu.fr, rubrique Environnement Cadre de vie puis Nature en ville

    • La place des sols dans la programmationrecherche et développement en europeet en France

    Ana PAYA PEREZ, Responsable scientifique, Centre commun de recherche(JRC), Commission européenne

    Ana Paya Perez a réaffirmé la volonté forte de la Commission européenne d’agir en faveurde la protection des sols en Europe, malgré le retrait du projet de directive relative àla protection des sols en janvier 2014 (directive en projet depuis 2006).

    En effet, le gisement de sites potentiellement pollués est estimé en Europe à2,5 millions de sites. Un programme d’action environnementale est entré envigueur en novembre 2013 avec pour objectif prioritaire de protéger le capitalnaturel de l’Union européenne à l’horizon 2020. Pour ce faire, des actionsvisent à réduire l’impact de l’homme sur les sols et les écosystèmes, à gérerdurablement les sols et à procéder à la remédiation des sols contaminés.

    Ana Paya Perez a invité la communauté scientifique française à participer auxréflexions en cours au niveau européen, en particulier sur l’évaluation des éco-systèmes.

    Elle invite également à se mobiliser autour des programmes de financement dela recherche en Europe, tels que le programme LIFE dont un nouvel appel à projets

    sera ouvert en 2015, le programme EUREKA de collaboration avec le secteur privé,les fonds régionaux en matière de protection de l’environnement et le programme Hori-zon 2020. Elle a rappelé que les projets de recherche constituent des gisements d’emploisi les investissements nécessaires y sont réalisés.

    Un projet soutenu dans le programme Horizon 2020 visera à structurer la recherche surles sols en Europe par l’élaboration d’un agenda stratégique de recherche.

    Pour en savoir pluswww.inspiration-h2020.eu

    Retour sommaire

    http://www.territoires-ville.cerema.fr/services-ecosystemiques-r363.htmlhttp://www.inspiration-h2020.eu/

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    Dominique DARMENDRAIL, Responsable scientifique technologies pour l’environnement, Agence Nationale de la Recherche (ANR)

    Dominique Darmendrail a dressé le bilan du soutien de l’ANR aux technologies de l’en-vironnement et, en particulier, aux sites et sols pollués. L’ANR a été dotée en 2013d’un budget général de 432 millions d’euros qui a permis le financement de prèsde 4 850 projets, toutes thématiques confondues. Depuis sa création en 2005,l’ANR a financé plus de 12 000 projets, dont environ 140 relatifs aux sites etsols pollués correspondant à un budget de 92 millions d’euros. Pour l’année2013, dernière année du programme ECO-TS (technologies de l’environne-ment), 10 projets ont été retenus à hauteur de 7 millions d’euros avec, pourprès de la moitié d’entre eux, la participation d’entreprises privées garantissantla dimension appliquée de la recherche.

    En 2014, des changements majeurs sont intervenus dans la programmation dela recherche de l’ANR avec l’alignement des thématiques sur les challenges socié-taux retenus par la Commission européenne pour le programme Horizon 2020 etsur les autres programmations nationales. Il n’existe donc plus aujourd’hui de pro-grammes ANR spécifiquement dédiés à la thématique des sites et sols pollués, mêmes’ils sont traités dans plusieurs défis scientifiques et en particulier, les défis 1 (gestion sobredes ressources et adaptation au changement climatique) et 10 (tous les savoirs, recherche amontnon reliée à un challenge sociétal). La procédure de sélection des projets ANR se fait désormais en deuxphases, pré-propositions puis dossier complet, avec un taux de succès à l’appel à projets 2014 de près de10 % lorsque l’on inclut ces deux phases (à mettre en lien avec la pression sur le budget en baisse de l’ANR,de plus de 50 % en cinq ans).

    L’ANR dispose de plusieurs instruments pour le soutien aux jeunes chercheurs (JCJC), à la recherche colla-borative (PRC avec entreprises, PRC à l’international) et au montage de projets européens et internationaux(MRSEI). Cette nouveauté pour 2015 permet le versement d’une subvention aux équipes françaises pour lesaccompagner dans la recherche de partenaires et le montage de projets en réponse à des appels à projetseuropéens ou internationaux.

    Dominique Darmendrail a souligné que l’ANR se doit d’articuler de plus en plus les programmes avec ceuxexistants au niveau national, européen et international afin d’accentuer l’effet de levier des financementspublics dans le cadre contraint actuel.

    Ary BRUAND, Professeur sciences du sol, Université d’Orléans,représentant le Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignementsupérieur et de la Recherche

    La recherche sur les sites et sols pollués s’inscrit dans un environnement com-plexe qui tient compte des différents acteurs (Commission européenne, ANR,ADEME, régions…). Le financement de la recherche évolue. On peut citer parexemple l’arrêt d’appels à projets dans le cadre du programme GESSOL pourles années 2015 et 2016. La question des moyens se pose. Il est de ce faitdifficile pour les différents acteurs de la recherche d’identifier les budgets at-tribués sur un thème précis, comme celui des sites et sols pollués. A ce titre,l’étude sur les guichets de financement réalisée pour le compte de l’ADEMEpermet d’identifier clairement les interlocuteurs possibles.(www.ademe.fr, rubrique médiathèque)

    Retour sommaire

    http://www.ademe.fr/sites-sols-pollues-etude-panorama-financements-disponibles-france-recherche-mise-place-solutions-innovantes

  • 10

    Ary Bruand a également mis en évidence le besoin d’accroître la présence des chercheurssites et sols pollués dans les structures de programmation de la recherche, telles que lesAlliances (AllEnvi pour les sites et sols pollués). Au regard du dynamisme et des compé-tences de la communauté scientifique française sur les sites et sols pollués, il lui sembleregrettable de ne pas investir plus dans ces structures de programmation.

    Concernant les difficultés relatives à la recherche sur les sites et sols pollués, il estimeque les enjeux sont présentés comme des problématiques R&D très appliquées, qui sont,par conséquent, assez mal considérées par les milieux académiques.

    Laure HUGONET, Chargée de mission, Pôle de compétitivité Axelera

    Créé en 2005 sous l’impulsion de cinq membres fondateurs (Solvay, Arkema, GDFSuez/Suez Environnement, IFP Energies Nouvelles, CNRS), le pôle de compétitivitéAXELERA bénéficie du soutien de l’État et des collectivités locales Rhône-Alpines.

    Le pôle fédère des acteurs industriels et académiques autour de cinq axes stra-tégiques conjuguant chimie et environnement dont la préservation et restaurationdes espaces naturels et urbains. AXELERA rassemble actuellement plus de 300adhérents dont 75 % sont des entreprises, parmi lesquelles de nombreusesPME.

    Les actions du Pôle AXELERA sont organisées en trois piliers (innovation, busi-ness, réseau) afin de favoriser le développement de ses membres. Le Pôleintervient ainsi sur les différentes étapes du cycle-projet : identification de sujetsprospectifs, mise en relation des acteurs, labellisation et accompagnement dans les

    dispositifs de financement, en particulier le Fonds Unique Interministériel (FUI), valo-risation.

    Le pôle organise des journées techniques pour favoriser les échanges entre acteurs surdes sujets prospectifs. En septembre 2014, une journée technique intitulée « De la recon-version à la refonctionnalisation des sols » a réuni 80 participants, adhérents ou non aupôle AXELERA, dans l’objectif de présenter les problématiques et d’identifier des pistesde recherche sur cette thématique.

    • Le point d’actualité réglementaire

    Aurélien LOUIS, Chef du bureau du sol et du sous-sol, Ministère de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Energie

    Aurélien Louis a évoqué les quatre axes de travail majeurs du ministère :

    •la mise à jour de la méthodologie nationale de gestion des sites et sols polluésde 2007. Elle vise à utiliser le retour d’expérience sur les sept années d’applica-tion, à mettre les textes en cohérence avec les normes, à clarifier certains pointset intégrer tous les éléments de référence postérieurs à 2007. Ce travail s’appuiesur des groupes de travail regroupant les différents acteurs, établissementspublics et professionnels. Concernant la méthodologie de réutilisation hors site des terres excavées, le guide

    actuel va être enrichi en incluant de nouvelles voies de valorisation des terres exca-vées, en cohérence avec les guides relatifs au traitement des matériaux alternatifs etsur la base du retour d’expérience. Des propositions seront faites en 2015.

    Retour sommaire

  • 11

    • les travaux d’ampleur relatifs aux méthodes d’analyse vont conduire le ministère à créer ou à modifier lesarrêtés ministériels afin d’imposer des normes d’analyse de référence et de faire évoluer la norme NF X31-620d’ici la fin de l’année 2015. La même démarche sera mise en œuvre pour les méthodes de prélèvement etd’échantillonnage ;

    • la mise en place de dispositifs de formation continue dès l’année 2014. Un module sur les essais de faisa-bilité, la réalisation d’un diagnostic, les techniques de dépollution et le suivi des chantiers sera complété en2015 par une formation sur les prélèvements. Une formation diplômante de niveau Licence Pro consacréeà la conduite des diagnostics et au suivi de chantiers de dépollution sera également dispensée à compterde septembre 2015 à l’université de Paris-Est (www.u-pem.fr/formations/699) ;

    • les évolutions réglementaires concernent l’ajout d’annexes dans le guide méthodologique sur la réalisationdes rapports de base prévus dans la directive IED pour la définition de l’état initial des sols sur les installa-tions concernées. En outre, trois décrets d’application de la loi ALUR doivent couvrir les champs majeurs del’article 173 du texte : les secteurs d’information sur les sols, le dispositif du tiers demandeur et la respon-sabilité subsidiaire du propriétaire négligeant. Une phase de concertation renforcée se poursuit. Elle impliquele concours du groupe de travail du ministère sur les sites et sols pollués, des relations avec les collectivitésterritoriales, des échanges avec des professions juridiques mais aussi des échanges bilatéraux avec des pro-fessionnels des sites et sols pollués, comme par exemple l’UPDS, l’UCIE…

    • rencontres nationales de la recherche sur les siteset sols pollués : de la 2e à la 3e édition…

    Les présidents des comités scientifiques des Rencontres 2009 et 2014 ont présenté le lienentre les deux éditions et souligné les constats, les acquis et les besoins de recherche.

    Jean-Louis MOREL, Professeur, Président du GISFI,Président du comité scientifique des 2e Rencontres 2009

    Jean-Louis Morel a rappelé les grands thèmes traités en 2009 : les risques, lesdiagnostics et les solutions de gestion et de traitement.

    Les défis majeurs renvoient, quant à eux, à la multidisciplinarité, à l’approchemulticritères, aux changements d’échelle spatiale et temporelle, au besoin dedémonstrateurs, mais aussi aux processus socioéconomiques et environnemen-taux.

    Parmi les perspectives de recherche évoquées en 2009, figuraient la caractérisa-tion et l’intégration de la biodisponibilité dans l’évaluation quantitative des risquessanitaires, la prise de décision en matière d’évaluation des risques et de traitement, lecouplage entre bioindicateurs et tests, les polluants organiques et émergents, la miseà disposition de valeurs de référence pour interpréter les diagnostics, des besoins de modé-lisation, des solutions de gestion, la prise en compte de l’atténuation naturelle par l’administrationet les outils d’aide à la décision notamment.

    Le concept de services écosystémiques impose aux différents acteurs de travailler ensemble sur lesquestions relatives aux sites et sols pollués.

    De plus, il a été souligné le besoin de gagner en efficacité au niveau international pour larecherche française, par ailleurs d’une excellente qualité, notamment en impliquant davan-tage les entreprises.

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  • 12

    Jean-Marie CÔME, Directeur recherche & développement de BURGEAP,Président du comité scientifique des 3e Rencontres 2014

    Jean-Marie Côme a présenté un bilan des travaux de recherche 2009-2014 au traversde l’analyse des 177 réponses reçues à l’appel à communications des 3e Rencontres.Elles sont articulées autour des thématiques de caractérisation et de transfert, des solu-

    tions de gestion, de gestion intégrée du territoire et d’approche durable de ladépollution. Près de 60 % des propositions reçues relèvent du premier thème.Suite à cette première analyse thématique des papiers, une seconde analyse,transversale, a mis en exergue les thématiques nouvelles par rapport à 2009 :l’aménagement durable et la planification urbaine, avec cependant très peude propositions sur ce sujet, et les services écosystémiques qui représen-tent un changement de paradigme et invitent à un nouveau regard sur lesphytotechnologies.

    Afin de contribuer à la rédaction d’une feuille de route sur la recherche àl’issue de ces 3e Rencontres, Jean-Marie Côme a proposé sept questionsen guise de fil rouge pour les échanges au cours des onze ateliers. Lesquestions portaient sur les points suivants : le décalage entre les besoins desopérateurs et les résultats de la recherche, la recherche sur les phytotechno-

    logies dans le cadre de démonstrateurs, les conditions d’émergence de projetsplus intégrés, les conditions d’appropriation des nouveaux outils par les acteurs opé-

    rationnels de la gestion des sites pollués et leurs conditions d’acceptation par lesmaîtres d’ouvrage et administrations, la réconciliation entre l’injonction à mettre en œuvredes méthodes d’évaluation transversale (ACV, ACB, évaluation SES…) dans des projetsde recherche et le manque de mises en œuvre opérationnelles, les moyens pour déve-lopper la R&D sur les sites pollués, et l’exportation du savoir-faire de la communautéscientifique SSP française.

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  • 13

    SYNTHÈSE ATELIER 1

    devenir des polluants, compréhensiondes mécanismes (1/2)

    Présidence de l’atelier Béatrice BECHET, IFSTTARVéronique CROZE, ICF Environnement / UPDS

    • Le constatLes ateliers 1 et 9 ont traité du devenir despolluants et de la compréhension desmécanismes. Plus spécifiquement, l’atelier 1a couvert la problématique du devenir despolluants à des échelles allant du pore ausite. Cela a permis de mettre en évidence ladiversité des processus pris en compte et lesmodèles associés. Des discussions ont égale-ment été menées sur les processus detransfert des polluants inorganiques et orga-niques.

    Les résultats présentés ont mis en avant l’appropriation des outils génomiques et isotopiques pour passer dustade de la compréhension des processus à leur intégration dans des outils opérationnels. Des avancéesimportantes ont été réalisées en termes d’augmentation des fonctionnalités des codes recherche pour lamodélisation des systèmes complexes. Les processus de transfert multiéchelles / multiphasiques / multicom-posants sont décrits avec plus de précision. Ils sont modélisés avec une approche plus globale et plus intégréedans l’ensemble des phénomènes de transfert. Des progrès sont également relevés pour la modélisation desprocessus géochimiques en milieu non saturé. Les exposés ont aussi souligné l’intérêt des techniques demesures actuelles pour revenir de façon critique sur certaines données ou modèles utilisés classiquementpour décrire les transferts (exemple du transfert de HAP aux plantes).

    • Les lacunesL’acquisition de données de validation des modèles constitue toujours un besoin important. On notera notam-ment la difficulté à obtenir des données de caractérisation de l’hétérogénéité des milieux, malgré la diversitédes outils de mesure disponibles.

    Le passage entre expérimentation laboratoire et terrain est toujours un frein à la validation des modèles et àla confiance accordée dans les simulations réalisées à l’échelle du site. La description partielle des processusgéochimiques en zone non saturée est également une contrainte forte à l’intégration de la complexité dansdes modèles opérationnels. Des lacunes sont aussi présentes dans l’intégration de la complexité desréactions biochimiques en présence de polluants organiques. Enfin, aucun des travaux présentés n’aévoqué le transfert colloïdal comme composante potentielle dans le devenir des polluants.

    De nombreuses communications ont porté sur les phénomènes de biodégradation, sans tou-tefois expliciter les phénomènes de biodisponibilité ou les mécanismes qui rendent lepolluant inaccessible aux microorganismes. Aucune suggestion d’amélioration dessolutions n’a donc été proposée. Retour sommaire

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    • Les perspectives• continuer le développement des approches combinées terrain et laboratoire pour validerles processus et mieux appréhender leur complexité ;

    • mieux exploiter les nouvelles techniques de mesure et de caractérisation des transfertset de spéciation (ex. méthodes isotopiques, biomarqueurs…) pour enrichir les bases dedonnées et revenir de façon critique sur les modèles empiriques ;

    • proposer des pistes d’intégration et de hiérarchisation de la complexité des systèmesdans les modèles opérationnels ;

    • améliorer la compréhension des phénomènes de transport et de mobilité des polluantsdans les milieux. Quels sont les phénomènes dominants et sous quelles conditions ?Comment appréhender la problématique du transfert colloïdal ?

    • favoriser les études et l’acquisition de données terrain sur les processus réactionnels enmilieu non saturé ;

    • mieux estimer la durée de vie d’une source de pollution ;

    • développer des approches et des outils intégrés de type caractérisation / géostatistique /modélisation/ risques. Comment mettre en place une chaîne de traitement logicielle ?

    • mieux estimer les cinétiques de (bio)dégradation et de transfert.

    Pour en savoir plus

    • Programme R&D ADEME - BRGM OPUSS. Modélisation du transport de polluants dansles sols et sous-sol en milieu urbain. État de l'art et usages en France. C. Le Guern, B.Béchet, V. Gujisaite, Y. Lotram, M. Bouzit, V. Guérin, N. Saiyouri, T. Khalil avec la collabo-ration de S. Béranger, M. Parmentier, G. Boissard, G. Picot, N. Croizet, D. Guyonnet 2012.Rapport final BRGM/RP-60997-FR (www.infoterre.brgm.fr)

    • Programme R&D ADEME MACAOH (2001-2006). Modélisation du devenir des com-posés organo-chlorés aliphatiques dans les aquifères, JM Côme, M. Quintard, R Mose,G Schafer, F. Haeseler, P Delaplace, 2007. Connaître pour agir,192 p, Réf. 6173.(www.ademe.fr rubrique médiathèque)

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    http://infoterre.brgm.fr/search/search.htm;jsessionid=F75B90A3EA79181C6A0DD723CF6575ABhttp://www.ademe.fr/programme-rd-macaoh-2001-2006-modelisation-devenir-composes-organo-chlores-aliphatiques-aquiferes

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    SYNTHÈSE ATELIER 2

    transferts vers le vivant et impacts

    Présidence de l’atelierMuriel ISMERT, INERIS Franck KARG, HPC Envirotec / UPDS

    • Le constatCet atelier avait le double objectif de traiter à la fois des risques sanitaires et des risques environ-nementaux. Le point commun entre ces deux thématiques était le concept de biodisponibilité des polluantsmétalliques et organiques vers le vivant.

    Quatre études portant sur la biodisponibilité / bioaccessibilité ont été présentées, mettant ainsi en exerguel’enjeu de cette notion dans la démarche sites et sols pollués. En effet, une meilleure prise en compte de labiodisponibilité / bioaccessibilité pourrait permettre de limiter le recours à des approches conservatrices entraî-nant la mise en œuvre de mesures de gestion parfois disproportionnées. Aussi, à l’instar du test UBM (UnifiedBioaccessibility Method) développé par le groupe BARGE (BioAccessibility Research Group of Europ), validépour trois métaux (Pb, As, Cd) et actuellement en cours de normalisation, il convient de poursuivre les déve-loppements méthodologiques. Les travaux présentés ont mis en évidence la nécessité de poursuivre lesrecherches, d’une part sur le développement de tests pour les composés organiques et d’autre part, sur l’amé-lioration de la compréhension des paramètres influençant la bioaccessibilité orale. De plus, la simplificationde la méthode BARGE permettrait d’accroître son utilisation en raison d’un coût inférieur (projet GESIPOL2014 – ODESSA). Enfin, l’une des présentations a attiré l’attention de l’assemblée sur la disponibilité desinformations toxicologiques qui n’est pas toujours suffisante pour utiliser à bon escient les résultats des testsde biodisponibilité / bioaccessibilité.

    Parallèlement à ces approches, un exposé sur la biosurveillance a été présenté et, plus précisément, surle dépistage du saturnisme. Cette étude a mis en évidence la nécessité dans certaines circonstancesde recourir à la biosurveillance et les difficultés rencontrées. Ces difficultés portent principalementsur les aspects de communication et de participation des populations.

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    Un des axes importants de la recherche dans le domaine du transfert des polluants versle vivant et l’évaluation des impacts est la mise en œuvre d’une approche complémentairecouplant les mesures physico-chimiques aux bioindicateurs. Cette approche a permis nonseulement d’orienter différemment les mesures de gestion ne se référant qu’aux mesuresphysico-chimiques, mais aussi d’envisager l’utilisation de certains indicateurs pour le suivià long terme des opérations de phytoremédiation.

    Enfin, une présentation portant sur la caractérisation de la génotoxicité environnementaledes sols a montré l’intérêt que pourrait porter cette approche qui nécessite encore desdéveloppements.

    • Les lacunesConcernant la mesure de la biodisponibilité orale humaine, des difficultés sont rencontréeslors de son utilisation dans les évaluations quantitatives des risques sanitaires (EQRS). Eneffet, cela nécessite de bien connaître les matrices utilisées pour la valeur toxicologiquede référence (VTR) ainsi que les matrices d’exposition utilisées pour le calcul de la bio-disponibilité relative. Il est souvent observé une forte variabilité des résultats entre lesdifférents tests, mais aussi au sein d’un même site (hétérogénéité de la matrice sol).

    Le manque d’applications sur cas réels afin de bénéficier d’un vrai retour d’expérience pourles composés organiques est également souligné.

    En ce qui concerne les risques sur les écosystèmes, on constate que :

    • différents types de mesure existent : mesure de la bioaccumulation, de l’écotoxicité etde la génotoxicité ;

    • la prise en compte des expositions est difficile au regard de la multiplicité des cibles ;

    • les mesures de bioaccumulation n’entraînent pas toujours des effets ;

    • les valeurs écotoxicologiques de référence (VéR) sont lacunaires.

    • Les perspectivesUne meilleure prise en compte de la biodisponibilité / bioaccessibilité dans la gestion dessites et sols pollués ne pourra se faire sans :

    • la poursuite des développements méthodologiques tant pour les métaux que pour lescomposés organiques ;

    • une meilleure compréhension des phénomènes influençant la biodisponibilité / bioac-cessibilité (pH, MO, etc.) ;

    • une meilleure disponibilité des informations toxicologiques et une amélioration de la priseen compte de la biodisponibilité dans les VTR ;

    • la mise au point d’une méthode simplifiée de la méthodologie BARGE, qui serait moinscoûteuse et de ce fait plus utilisée (projet ODESSA).

    Il est nécessaire de poursuivre les travaux de recherche et le développement de méthodessimples pour évaluer la bioaccessibilité / biodisponibilité dans le cadre de la biosurveillancede l’environnement. Cependant, il ressort un besoin de référentiels pour interpréter cesnouvelles données environnementales (lien avec le bruit de fond et les outils biologiques,cf. ateliers 5 et 6).

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    Une meilleure prise en compte de la biodisponibilité / bioaccessibilité nécessite des échanges entre les cher-cheurs de différentes disciplines, les laboratoires d’analyses et les évaluateurs impliqués dans la gestion dessites et sols pollués. Ces échanges pourraient être facilités par la constitution d’un réseau national incluantles acteurs de la santé. Il s’agirait de sortir in fine des outils opérationnels pour la gestion des sites et solspollués.

    Par rapport aux Rencontres 2009, on observe la mise en application lors d’un plan de gestion par deuxbureaux d’études, de plusieurs outils de bioindication des sols. Ils ont permis d’orienter les mesures de gestionsur des zones présentant une plus importante biodisponibilité. Cette démonstration ayant montré tout sonintérêt, il reste à démocratiser ces techniques (cf. atelier 6). Un rapprochement entre les approches classiquesphysico-chimiques et l’utilisation de bioindicateurs serait à promouvoir. Les objectifs seraient d’ajuster au mieuxles mesures de gestion mais également de concilier l’évaluation des risques pour la santé humaine et pourles écosystèmes. Ces approches doivent également être mises en œuvre sur un ensemble de sites présentantdes caractéristiques de pollution diverses. La recherche sur des typologies différentes de sites viserait à mieuxpréciser l’intérêt de ces approches complémentaires. Elle permettrait ainsi de mettre en œuvre simultanémentune démarche destinée à préserver la santé humaine et les écosystèmes.

    Afin de vulgariser ces techniques, il est nécessaire de sensibiliser les acteurs des sites et sols pollués à l’uti-lisation de la bioaccessibilité / biodisponibilité. Et, pour favoriser l’acceptation de ces outils, il serait bond’encourager leur recours via la révision des textes de la circulaire du 8 février 2007.

    Pour en savoir plus

    • Biodisponibilité et bioaccessibilité des polluants dans le cas des sols pollués. État des connaissances etpistes de recherche. Étude RECORD 2012, Réf. 10-0671/1A. (www.record-net.org)

    • Bioaccessibility Research Group of Europe (BARGE) (www.bgs.ac.uk/barge)

    • Programme Bioindicateur : des outils biologiques pour des sols durables(www.ecobiosoil.univ-rennes1.fr/ADEME-Bioindicateur)

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    http://www.record-net.org/catalogue/en-savoir-plus/27http://www.bgs.ac.uk/barge/https://ecobiosoil.univ-rennes1.fr/ADEME-Bioindicateur/

  • SYNTHÈSE ATELIER 3

    mise en œuvre des travauxet actions sur la source

    Présidence de l’atelierStéfan COLOMBANO, BRGMLaurent THANNBERGER, VALGO / UPDS

    • Le constatCet atelier, axé sur les solutions de dépollution,s’est penché à la fois sur le traitement des sourcessol et eau, et sur le traitement du panache. A l’inversede l’édition précédente des rencontres nationales derecherche en 2009, la majorité des présentations traitaiten 2014 des polluants organiques et non plus principa-lement des éléments traces métalliques.

    Maturité des travaux présentés

    Globalement, le niveau de maturité des sujets d’étudeprogresse. La majorité des techniques présentées a été

    développée au travers de retours d’expérience ou de démonstrateurs à l’échelle préindus-trielle. Les laboratoires interviennent essentiellement pour appuyer le transfert vers ledémonstrateur ou le terrain (optimisation des conditions, levée d’incertitudes), ou pourdévelopper des sujets émergeants précurseurs (compréhension des phénomènes, modé-lisation, mise au point d’essais spécifiques, analyse de sous-produits, analyse de produitsémergents, disponibilité de polluants...).

    Cette approche reflète aussi l’antériorité des études menées en amont et le peu d’inno-vation des technologies présentés. En effet, on assiste uniquement à une améliorationincrémentale des connaissances.

    Cette réflexion n’empêche pas l’amélioration des applications sur le terrain. Les transfertsde technologies en provenance d’autres secteurs d’activité représentent un réel caractèrenovateur. Dans ce cas, le processus est inversé : abondamment utilisé en conditions réellesdans d’autres métiers, le procédé nécessite un retour au laboratoire pour amorcer saconversion vers la dépollution des sols (cas du blocage des horizons perméables par lesmousses, technique héritée du secteur pétrolier).

    L’utilisation des mousses à été présentée à plusieurs reprises, notamment pour montrerque l’action de la bulle d’air emprisonnée avait un rôle au moins aussi important que lesurfactant générant la mousse.

    Dans la même veine, le venting est amélioré par l’utilisation de liquides pressurisés (ici auCO2), savoir-faire que l’on retrouve dans le traitement de l’eau.

    Ces innovations se heurtent cependant aux réalités économiques, les rendant souventplus coûteuses car peu utilisées. Ainsi, les bénéfices environnementaux qu’elles apportentpar rapport aux méthodes classiques qui sont amorties, rodées et optimisées, sont à pren-dre en compte dans le bilan de l’opération.

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  • 19

    Vers une meilleure prise en compte de la complexité

    Entre l’acteur en sites et sols pollués qui doit appréhender le gigantisme d’un mégasite et l’infiniment petitdes réactions physiques ou chimiques dans le sol, la complexité des cas nécessite de développer de nouvellestechniques de traitement. En effet, une meilleure compréhension de la complexité ouvre la voie à des appli-cations opérationnelles mieux maîtrisées, même si les processus physiques ou chimiques mis en jeu restentclassiques (stabilisation, réduction des solvants chlorés, …).

    Au niveau de l’interaction entre les polluants et la matrice solide, l’amélioration de la connaissance fine desmilieux s’est traduite par la prise en compte des anisotropies des encaissants (composés aromatiques polairesPAC, nanoparticules).

    Avec ces ruptures d’échelles, la compartimentation est perçue différemment et permet l’optimisation des bilansde masse dans les différentes phases (PAC, mousses).

    De manière générale, on constate une meilleure prise en compte des réactions en compétition due à l’encais-sant (nanoparticules, réduction in situ).

    Connaissance des interfaces

    La complexité des relations interfaciales a été évoquée à plusieurs reprises. La compréhension des interfacessolides, les polluants et les réactifs est approfondie pour optimiser les procédés de traitement.

    Les tensioactifs et mousses sont aux premiers rangs de ces notions. Les nanoparticules sont également hyperréactives, grâce à leur surface spécifique, à tel point qu’il est nécessaire de les pelliculer (coating) pour aug-menter la rémanence de réactivité.

    De la même façon, le microbullage décuple les effets du venting classique, qu’il soit réalisé avec du CO2 oudes surfactants.

    En conclusion, l’ensemble des techniques abordées progresse en maturité ; chacune acquière de la robustessepar l’élargissement de son champ d’application ou par la meilleure maîtrise de son fonctionnement. De ceconstat, aucune de ces techniques ne nous paraît vouée à un échec proche.

    • Les lacunesLes techniques évoquées ci-dessus concernent des cas de figure radicalement différents. Établir une priori-sation de ces techniques n’a donc pas de sens. Il arrive aussi qu’elles s’enrichissent les unes des autres. Defait, les mener de front peut permettre de singulières avancées.

    • Les perspectivesLes axes d’amélioration, d’orientations futures et de priorités à donner devraient porter sur l’optimisation destechniques de dépollution (rendements épuratoires, durées, effets rebonds, consommation énergétique, greenremediation), avec une attention particulière portée sur leur prix de revient. Les efforts devraient viser lespoints suivants :

    • l’amélioration de la compréhension du transfert des polluants vers la phase eau (notions de disponibilité) ;

    • l’amélioration de la compréhension de l’adsorption des polluants sur la matrice solide (notion de vieil-lissement) ;

    • l’amélioration de la disponibilité des polluants afin d’améliorer l’efficacité de la dépollution ;

    • l’amélioration du transfert de polluants vers la phase gazeuse pour les techniquesd’extraction physique ;

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  • 20

    • l’optimisation de la récupération de produits purs (NAPL) (notion de saturation résiduelle) ;

    • la prise en compte des sous-produits de dégradation des molécules complexes ;

    • la prise en compte de polluants émergents plus récalcitrants ;

    • la combinaison de techniques de dépollution complémentaires thermiques, chimiques etbiologiques ;

    • la prise en compte de l’anisotropie (chimique et hydrogéologique) dans les procédés dedépollution (amélioration des techniques d’injection et de mélange) ;

    • la recherche de réactifs de substitution novateurs (plus performants et plus respectueuxde l’environnement) ;

    • l’amélioration des connaissances relatives à la pérennité des traitements (prise encompte des effets rebonds, des « back diffusion », de la pérennité de la stabilisation /solidification, de la pérennité des ouvrages) ;

    • la remise en fonction (fonctionnalisation) des milieux traités ;

    • le retour d’expérience sur les opérations de dépollution qui ont été un échec, à la fois viales maitres d’ouvrages, les chercheurs et les bureaux d’études ;

    • la prise en compte des écarts entre les attentes de l’administration et la faisabilité destechniques.

    Pour en savoir plus

    • Outil ADEME – BRGM SELECDEPOL. Outil interactif de pré-sélection des techniquesde dépollution (www.selecdepol.fr)

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    http://www.selecdepol.fr/

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    SYNTHÈSE ATELIER 4

    approche durable de la dépollution

    Présidence de l’atelierAgnès LABOUDIGUE, MINES ParisTechVincent AURIAT, SNCF

    • Le constatLorsque le comité scientifique a élaboré les thèmesde l’appel à communications, l’aspect de durabilité dela dépollution s’entendait au sens large : évaluationde la durabilité des procédés de dépollution, critèreset méthodologie de choix des méthodes les plusdurables, recyclage et valorisation.

    Au regard de cette attente, on note que l’essentiel des propositions reçues a porté sur des méthodes de phyto-remédiation et de gestion des sols dans le but de leur refonctionnalisation plutôt que sur la durabilité destraitements classiques (chimiques ou biologiques). L’ensemble de ces exposés a porté sur des expérimenta-tions sur sites réels. Il s’agissait pour la plupart d’exposés sur des approches collaboratives et pluridisciplinaires.On peut se féliciter de cette approche au regard du thème de la durabilité. Des signaux intéressants appa-raissent comme la présence de plus en plus nombreuse de paysagistes et d’urbanistes dans les projets dedépollution.

    L’atelier a été partagé en deux sessions. La première a été consacrée aux méthodes de phytoremé-diation, avec, d’une part, la recherche d’inclusion dans des filières des produits végétaux issus de traitementsde phytoremédiation, et, d’autre part, l’apport de la phytoremédiation dans la valorisation des sites sur lesquelselle est appliquée. La seconde session a été dédiée à l’approche globale de la refonctionnalisation degrands espaces dégradés via des approches intégrées.

    Les paragraphes qui suivent reprennent les acquis présentés et en tirent des besoins complémentaires derecherche.

    Valorisation chimique des métaux extraits par phytoextraction

    Le procédé d’extraction et de traitement de la biomasse pour en extraire les catalyseurs est bien rôdé et encours de développement industriel. La valorisation des métaux extraits a tout son sens dans un contexte depénurie de ressources à moyen terme. Le système polymétallique original (Ni, Zn, Cu, Mn, Co Pd) obtenu parphytoextraction sur sols miniers s’avère plus performant en termes d’activité, de sélectivité, que d’autres cata-lyseurs dans un certain nombre de réactions. De plus, la phytoextraction permet d’obtenir des métaux à desdegrés d’oxydation originaux, impossibles à obtenir par voie chimique. La filière est complète, certains cataly-seurs sont utilisés en production sur place. D’un point de vue gestion de site, on s’intéresse plutôt à la miseen place d’une couverture végétale pérenne nécessaire pour éviter tout envol de poussière ou l’érosionhydrique qu’au rendement d’extraction (dans le sens de l’efficacité d’une dépollution).

    Cette filière de revalorisation est à encourager. Elle est au stade de mise sur le marché mais nécessiteencore un développement agronomique fiable et une validation vis-à-vis de la règlementationREACH. Cette approche est à élargir à d’autres sites et d’autres contextes : faisabilité selonles espèces, les métaux en présence, d’autres contaminations, les conditions du milieu…

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  • Valorisation de la biomasse en production d’énergie

    Les travaux présentés s’inscrivent dans le projet européen GreenLand. Des espèces végé-tales ligneuses utilisées en phytoextraction ont été testées comme combustibles dechaudières à biomasse. Les cendres et les fumées ont été récoltées pour analyse. Lorsde la combustion, les métaux (Zn et Cd) se concentrent majoritairement dans les cendresvolantes plutôt que dans les cendres sous foyer, ce qui peut constituer un risque de trans-fert. Mais aujourd’hui, les freins majeurs au développement de cette filière sontréglementaires : la plupart des plantes ne répondent pas aux contraintes réglementairesdes teneurs autorisées en combustion de biomasse. La valorisation des cendres sousfoyer est à explorer. De même, la viabilité de la filière dans son ensemble fait partie desperspectives à explorer.

    Au sein de ce même projet, des essais de phytostabilisation à grande échelle sont encours pour démontrer l’applicabilité de cette méthode en gestion d’espaces dégradés etson insertion dans une filière de valorisation bois-énergie. Au stade actuel du projet, lesrecherches portent sur l’optimisation des cultures et la limitation des transferts de métauxvers les parties aériennes des plantes. Divers essais de valorisation énergétique sont àl’étude (BIOFILTREE) : torréfaction, pyrolyse, gazéification.

    L’impact de la phytoremédiation sur les écosystèmes

    Le projet ANR RESACOR a étudié l’impact de la végétalisation par Miscanthus sur lespropriétés agropédologiques des sols. Les essais pluriannuels montrent que cette cultureentraîne des modifications des propriétés physico-chimiques et biologiques du sol, avecdes conséquences sur la colonisation des sols pollués par les organismes vivants et surla spéciation et la biodisponibilité des métaux dans les sols. Après plusieurs années desuivi, le projet a été arrêté faute de moyens, ce qui est dommage au vu de la valeur scien-tifique de la pérennité du dispositif et des expérimentations en grandeur réelle.

    Approche globale de la remédiation d’espaces dégradés

    Le projet LORVER vise à gérer de manière globale les sites délaissés. Il inclut à la foisl’étude des filières de production de biomasse végétale et de valorisation de biochars, defibres et de produits à base de métaux. Ce projet, en cours de démarrage, permettra desuivre les écosystèmes avec l’étude de la biodiversité et l’étude de la place du vivant dansles sols reconstitués sur des parcelles diverses, en parallèle des différentes options degestion testées. Il s’intéresse également aux services rendus par les espaces réhabilités.Les technosols construits pour la restauration de friches industrielles font l’objet d’ap-proches collectives et multidisciplinaires. Le fonctionnement, la biodiversité et lapédogénèse contribuent à la connaissance des futures fonctionnalités de ces néosols.Des essais en grandeur réelle sont également menés.

    Enfin, une l’étude du rôle de la végétalisation non planifiée dans la dynamique des frichesurbaines apporte un angle de vue sociologique intéressant et utile à l’évaluation desvaleurs des espaces dégradés et à la préservation de l’histoire de leur évolution dans leurfutur développement.

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    • Les lacunesIl est à regretter le manque de prise de recul sur la notion de durabilité : à quoi sert notre action collective ?Où sont les pertinences environnementales et sociétales de nos actions ? Est-ce le fruit d'une approche pourl'essentiel technique ? Comment transposer à d’autres sites en l’absence de modèles ?

    Un rapprochement avec les sciences économiques et sociales aiderait à progresser, notamment via l’intégra-tion des urbanistes, économistes, sociologues et paysagistes dans les groupes de travail et les projets deR&D. Ce rapprochement permettrait, entre autres, d’avoir un regard économique global sur les opérations deréhabilitation. En particulier, les critères économiques sont très présents dans les décisions d’aménagementde sites pollués des collectivités.

    • Les perspectivesLes pistes à poursuivre sont en priorité :

    • privilégier le maintien d’expérimentations pluridisciplinaires, à l’échelle 1 sur site réel et sur le long terme ;

    • développer l’approche écosystémique en lien avec les sols pollués et leur réhabilitation ;

    • étudier les fonctionnalités des sols et des espaces dégradés ;

    • associer les acteurs des sites et sols pollués avec les entreprises des filières de valorisation de biomasse :envisager la filière dans son ensemble et avec toutes ses opportunités et contraintes. Prendre en comptel’approche socio-économique et la faisabilité réglementaire des filières (cf. atelier 7) ;

    • envisager les changements de paradigme : inciter à changer de point de vue et démontrer qu’un espacedégradé est une ressource (ce qui entrainera aussi des évolutions réglementaires) ;

    • oser les nouvelles filières comme celle de la valorisation des métaux ;

    • élargir les essais de valorisation des métaux extraits à d’autres contextes, contaminants, etc. ;

    • associer le monde de la chimie, de l’agronomie et des sites pollués afin de rendre faisable la phytoextractionsur de grandes surfaces ;

    • intégrer des économistes à travers l’approche des services écosystémiques ;

    • poursuivre les recherches sur le long terme. Il n’y a, par exemple, pas suffisamment de recul pour le momentdans la construction de technosols pour créer de la confiance autour de la gestion de tels substrats.

    Pour en savoir plus

    • Projet LORVER. Filière de production de biomasse à usage industriel par la valorisation des délaissés(www.lorver.org)

    • Programme GESSOL. Fonctions environnementales et gestion du patrimoine sol (www.gessol.fr)

    • Projet BioTechnosol. Biodiversité et fonctionnement d’un technosol construit utilisé dans la restauration defriches industrielles (www.montpellier.inra.fr/ecosols)

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    http://www.lorver.org/accueil/index.htmlhttp://www.gessol.fr/http://www6.montpellier.inra.fr/ecosols/Recherche/Les-projets/BioTechnosol

  • SYNTHÈSE ATELIER 5

    interprétation des résultatset référentiels

    Présidence de l’atelier Matthieu GROSSEMY, TOTALLaurent ROUVREAU, BRGM

    • Le constatCet atelier a permis de mener des réflexions autour de l’acquisition, de l’interpré-tation et de la gestion des données. Il a également été l’occasion d’aborder l’intérêtdes outils de mesure et d’aide à l’interprétation des données à différentes échelles.

    A l’échelle d’une zone source ou d’un site industriel, les données de caractérisation dessols sont généralement de qualité homogène, avec une méthodologie de prélèvement etd’analyse similaire et connue. La bonne identification et compréhension des impacts surle site reposent sur l’interprétation de ces données, notamment pour l’évaluation de la qua-lité des sols entre les points de prélèvements ponctuels et la représentation spatiale desimpacts dans les sols. Une première interprétation est réalisée sur la base d’un traitementdes données (collecte, vérification et classement) sur la qualité des sols et sur les calculsd’estimation empiriques accompagnés d’une expertise technique.

    Les outils géostatistiques apportent une aide dans la gestion des données sur la qualitédes sols et sur l’interprétation qui peut en être faite. La phase d’analyse exploratoire etvariographique des données permet d’identifier des valeurs non cohérentes, d’y établir desliens ou des corrélations et d’aider dans la définition de programmes d’investigations com-plémentaires. Il est par la suite possible, par des méthodes d’interpolation, de réaliser unecartographie des teneurs estimées dans les sols. Et, au-delà des méthodes d’interpolationles plus fréquentes, l’utilisation de méthodes de géostatistique non linéaires (modélisation)permet de tenir compte de l’incertitude d’estimation et d’affiner ainsi l’interprétation qui enest faite.

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    La géostatistique apporte ainsi, en complément de l’expertise technique, une rigueur méthodologique et uneaide à la représentation spatiale de la qualité des sols. Les présentations proposées dans cet atelier ont mon-tré les avantages qu’apporte l’utilisation de la géostatistique dans l’évaluation d’une source de pollution oudans la préparation de travaux d’excavation. On constate également que le recours aux outils géostatistiquesne s’est pas encore généralisé, alors que des avantages financiers à y recourir peuvent être démontrés.

    A une échelle plus importante que celle du site (une commune, un département, une région, un pays) ou pourla création de référentiels, il est plus difficile de maîtriser les données sur la qualité des sols. Si elles sontgénéralement nombreuses, ramenées à la surface considérée, leur densité reste souvent faible à l’échelled’un territoire et peut être très variable au sein de la surface considérée. Par exemple, en milieu urbain, lesdonnées disponibles se concentrent généralement au droit des zones végétalisées, tandis que les zonesconstruites souffrent souvent d’une absence de données.

    La qualité de ces données présente souvent une plus grande variabilité car elles peuvent être d’origines mul-tiples (données provenant de différentes études dont les objectifs peuvent être différents) et issues deméthodologies de prélèvement différentes. La mise en commun de données provenant de plusieurs sourcesest un exercice qui rencontre des difficultés, notamment en ce qui concerne leur propriété. Les prélèvementset analyses à grande échelle sont effectués sur des surfaces dont l’occupation ou l’utilisation peuvent êtretrès différentes. Ces paramètres peuvent influer sur la représentativité de ces données et impliquer des varia-tions temporelles. Et quand bien même un programme dispose de ressources suffisantes pour réaliser desinvestigations à grandes échelles, la préparation d’un tel programme d’investiga-tions nécessite un travail non négligeable pour la prise en compte de cesdifférents paramètres.

    Les sujets présentés au cours de cet atelier ont ainsi permis d’avoirune approche du traitement des données, de leur incertitude etde leur variabilité, ainsi que de leur spatialisation. Ce sont autantd’éléments nécessaires :

    • à l’évaluation des enjeux (extension et intensité de la pol-lution) ;

    • à la constitution de référentiels permettant d’avoir unepremière évaluation des risques sanitaires induits par laprésence de composés (ou de concentrations) toxiques ;

    • à l’évaluation des incertitudes associées, que l’on parled’approche géostatistique (quels risque de trop ou de nepas assez en faire ?) ou de référentiels auxquels compareret confronter les données (quel est le fond géochimique etcomment le définir ?).

    Les travaux présentés relatifs aux méthodes géostatistiques ontmis en avant différentes expertises techniques. Ces traitements dedonnées ont été réalisés dans des objectifs bien précis et les résultatsobtenus ne sont vraisemblablement valides qu’aux bornes des objectifsfixés. Ce constat souligne l’importance de bien définir le contexte dans lequelon met en œuvre ce type d’approche et les enjeux associés.

    Il apparaît ainsi important de rappeler que les référentiels sont réalisés pour répondre à des objectifs bienprécis. Ainsi, les résultats ne peuvent pas forcément être extrapolés à des conditions différentes quecelles définies initialement. Les travaux présentés sur la chlordécone, indépendamment de l’objetd’étude lui-même, ont notamment montré l’intérêt d’une approche raisonnée qui définirait une stra-tégie d’échantillonnage et de caractérisation pragmatique et représentative, dans un contexte etpour un objectif donné. La mise en œuvre d’outils de terrain (géophysique, mesure sur site)relève d’une même logique d’orientation et d’optimisation des moyens.

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  • • Les lacunesLe retour d’expérience sur l’utilisation de méthodes géostatistiques semble se focaliserprincipalement sur l’évaluation de volume de terres à excaver à l’issue des phases de diag-nostic. Un autre positionnement de la géostatistique pourrait être développé à partir destravaux présentés, d’une part sur les notions d’incertitude et de seuillage dans la prise dedécision (quelles probabilité de dépolluer trop ou pas assez, quelle prise de risque asso-ciée ?) et, d’autre part, sur l’utilisation des méthodes géostatistiques à différentes étapesde diagnostic (et pas seulement à la fin). L’objectif serait d’orienter la densité et la locali-sation des investigations à différents stades du diagnostic, en mettant en perspective lesincertitudes associées. Il serait également intéressant d’avoir des retours complémentairessur l’utilisation de ces méthodes dans le cadre de l’interprétation de l’état de contaminationà partir de types de données différentes (par exemple, données d’analyse de gaz de solset données d’analyse de sol, gaz de sols de surface et gaz de sols en surface de lanappe,…) ou d’appliquer ce type d’approche au suivi de traitements in situ.

    L’utilisation de la géostatistique serait aussi un atout dans le calcul des bilans de massede polluants.

    De nombreuses études de caractérisation sur la qualité des sols sont réalisées sur le ter-ritoire national et pourraient constituer une source de données conséquente pour laconstruction de référentiels. Il serait intéressant de croiser ces bases de données (RMQS,ADES, etc.) afin d’en tirer un maximum d’informations et ainsi optimiser les échantillon-nages grâce à des mises en évidence de relations linéaires ou non.

    Néanmoins, des difficultés existent pour la mise en commun et la mutualisation de cesdonnées. Elles sont notamment liées à la question de leur propriété et à la mise en placede procédures standardisées pour tout ce qui concerne les protocoles de prélèvements,d’analyses et les programmes analytiques. La question de la viabilité de cette mise en com-mun des données reste également à traiter (alimenter un outil commun, mettre cesdonnées à la disposition de la communauté des bureaux d’études, aménageurs, cher-cheurs, collectivités…).

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    • Les perspectivesIl semble pertinent d’adapter ou de faire évoluer les méthodes pour aller au-delà du simple constat statiquede la qualité des sols et d’évaluer les flux et le devenir des pollutions. Cette approche permettrait par la suited’anticiper les potentiels impacts sanitaires et environnementaux.

    La réflexion et les travaux sur l’utilisation des outils géostatistiques doivent continuer et se focaliser notammentautour des notions d’incertitudes et de leur utilisation pour orienter les diagnostics ou les travaux. Il faudraitégalement étendre cette réflexion à d’autres champs : y aurait-il un intérêt de la géostatistique dans l’évalua-tion des concentrations dans les gaz de sols ou des eaux souterraines ? Il semble également nécessaire defaire valoir auprès des maîtres d’œuvre, des maîtres d’ouvrages et des gestionnaires de sites, l’intérêt de l’uti-lisation de la géostatistique, à la fois dans la phase amont d’un diagnostic comme dans le suivi d’opérationsde dépollution.

    Concernant les référentiels sur la qualité des sols, il existe encore des besoins non couverts dans leurconstruction et leur exploitation à différentes échelles. La création d’une base de données sur la qualité dessols impliquant les détenteurs de données (bureaux d’études, industriels, aménageurs, collectivités, adminis-trations) nécessiterait au préalable de bien exposer les objectifs et contraintes des différentes parties, dedéfinir les règles de bonnes pratiques tant pour l’enrichissement de cette base de données que pour son uti-lisation. Le développement d’un outil d’automatisation pour le contrôle des données permettrait un gain detemps considérable lors de l’alimentation des bases de données. Il faudrait ensuite déterminer comment cesdonnées potentiellement différentes pourraient être mises en commun et en permettre une interprétationjuste. Cette réflexion renvoie aux notions de représentativité, d’incertitudes et de stratégie, largement évoquéesdans le cadre de cet atelier.

    Il est à noter ici tout l’intérêt de créer un groupe de travail sur la thématique du bruit de fond et de la gestiondes bases de données associées. Lors de cet atelier, le lancement d’un groupe de travail piloté par l’ADEMEet co-animé par l’ISA de Lille a été annoncé. Ce consortium scientifique aura pour but de concevoir un guidede bonnes pratiques pour l’utilisation des valeurs de bruit de fond lors de la gestion d’un site pollué en milieuurbain, rural ou industriel. Une attention particulière sera portée à la problématique du bruit de fond en milieuurbain. Liée à cette thématique, se pose la question du regroupement et de la gestion des données. Uneréflexion sera dédiée aux bases de données de valeurs de bruit de fond et notamment à leur construction,regroupement, traitement et diffusion.

    Pour en savoir plus

    • Retour d'expérience critique sur l'utilisation de méthodes géostatistiques pour la caractérisation des siteset sols pollués. Étude RECORD 2013, Réf. 11-0514/1A. (www.record-net.org)

    • Groupe de travail GEOSIPOL. Les pratiques de la géostatistique dans le domaine des sites et sols pollués(www.geosipol.org)

    • Réseau de mesure de la qualité des sols RMQS et INDIQUASOL (www.gissol.fr)

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    http://www.record-net.org/catalogue/en-savoir-plus/18http://www.geosipol.org/2012/12/17/presentation-des-resultats-des-etudes-de-demonstration/http://www.gissol.fr/tag/rmqshttp://www.gissol.fr/outils/indiquasol-353

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    SYNTHÈSE ATELIER 6

    investigations de terrainet outils / outils biologiques

    Présidence de l’atelierJuliette FOURNIER, ENVIRON/UPDSAnnette de VAUFLEURY, Université de Franche-Comté

    • Le constatLes ateliers 6 et 10 ont traité des outils de caractérisation de terrain.

    Les présentations de cet atelier ont exposé la palette actuelle des outils biolo-giques (communautés microbiennes, végétaux, invertébrés des sols) mis en œuvre pourcaractériser et suivre l’évolution in situ des pollutions et de leurs effets dans les sols et leseaux. Il est souligné que, au sein de cette palette, chaque outil apporte des informationsspécifiques en réponse à des objectifs d’étude qu’il convient de définir.

    Les outils de biologie moléculaire (OBM)

    Sur la base d’une synthèse bibliographique sur les outils de biologie moléculaire (OBM)disponibles, l’intérêt de certains de ces outils est reconnu pour l’étude des communautésmicrobiennes et la gestion des sites pollués (par exemple, le suivi de l’évolution desconcentrations en gènes fonctionnels ou des empreintes génétiques. Leur analyse com-parative met en évidence des différences entre les communautés microbiennes dans letemps ou selon le traitement). Ainsi, l’analyse de la présence, de la quantité et de l’activitéd’un gène ou d’un genre bactérien permet de conclure quant au potentiel de biodégrada-tion du milieu. Ces OBM apportent donc des informations utiles pour la caractérisationd’une pollution, la dépollution, le monitoring ou la réception d’un site pollué. Ils peuvent parexemple :

    • renseigner sur le potentiel microbien pouvant dégrader les polluants tels que les solvants(la bioremédiation est-elle envisageable ?) ;

    • informer sur le devenir des molécules et la dynamique de l’activité de biodégradation ;

    • montrer l’intérêt de biostimuler l’activité naturelle.Retour sommaire

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    Des exemples d’application de l’analyse des microorganismes via lesOBM ont illustré des réponses concrètes sur des sites contaminés pardes hydrocarbures ou de la chlordécone (biodégradation, bactériesfavorisées, gènes fonctionnels stimulés). Pour un suivi spatial et tem-porel de l’efficacité de la biostimulation des bactéries dans unenappe polluée, l’usage d’échantillonneurs passifs et de biocapteursdans les aquifères paraît intéressant. Le type de support est encoreà valider.

    La métagénomique (ensemble des gènes dans une matrice) appli-quée à l’étude des communautés fongiques et bactériennes desols naturels ou anthropogéniques a montré qu’elles présentent plusde 60 % de genres communs, ce qui pourrait être un signe de refonc-tionnalisation. Cet OBM a aussi mis en évidence des genres bactérienset fongiques particuliers dans les sols anthropisés. Un des intérêts de lamétagénomique est de permettre une caractérisation très complète des com-munautés microbiennes.

    Les méthodes de phytoscreening et dendrochimie

    Les arbres permettent via le phytoscreening (analyse de la partie superficielle du tronc des arbres) d’analyserdes échanges récents avec la nappe phréatique et de dater les pollutions via la dendrochimie (analyse d’unéchantillon de bois allant de l’écorce jusqu’au cœur). L’analyse des nombreuses données obtenues en den-drochimie est désormais facilitée par le logiciel libre, SCANCHEM.

    Les bioindicateurs (microbiens, végétaux et animaux)

    Un large panel de bioindicateurs microbiens, végétaux, animaux, applicables à l’analyse de la biodiversité dessols et à l’évaluation de l’impact de leur pollution et perturbation, fait à présent l’objet d’une interface webaccessible en français et en anglais. Ces outils reposent sur des mesures allant du niveau moléculaire jusqu’àcelui des communautés. Les critères de sélection des bioindicateurs (coût, facilité d’application, interprétation,normalisation) ont été déterminés avec les utilisateurs potentiels (bureaux d’études, industriels, centresd’études et d’expertise, chambres d’agriculture…).

    Deux de ces bioindicateurs ont fait l’objet de présentations détaillées. Le premier a montré l’intérêt de l’étudedes communautés de nématodes pour l’analyse de la réhabilitation de friches industrielles ou de la fonction-nalisation d‘un sol construit. Le second présentait l’indice Oméga 3, basé sur la composition en acides grasdes feuilles de végétaux comme biomarqueur de la pollution des sols. Cet indice renseigne sur la biodisponi-bilité et les effets des contaminants. Il est applicable ex situ et in situ pour évaluer par exemple l’impact despolluants (métaux et organiques), suivre l’efficacité d’une dépollution, répondre à des questions relatives àl'épandage de boues de stations d'épuration… L’intérêt des bioindicateurs par rapport aux méthodes phy-sico-chimiques est d’intégrer la biodisponibilité des polluants à des échelles spatiales et temporelles variées.L’utilisation de plusieurs biomarqueurs a pour avantage d’étudier la biodisponibilité (pour des vers de terre)dans des situations de contaminations multiples. Parmi les acquis de la vaste étude conduite sur les bioindi-cateurs de la qualité des sols, il faut souligner :

    • la proposition des premières valeurs de référence pour interpréter les réponses aussi bien en termes d’effetssur la biodiversité (microflore, nématodes, vers de terre, microarthropodes) que de transfert de polluants(indicateurs d’accumulation : communautés végétales, dendrochimie, escargots, micromammifères) ;

    • l’existence de structures commerciales pour l’analyse des bioindicateurs, autres que les laboratoires derecherche les ayant mis au point.

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  • • Les lacunesIl ressort de ces échanges que l’application des outils biologiques (OBM et bioindicateurs)aux problématiques des sites et sols pollués est encore limitée : les outils sont encoreméconnus des acteurs des sites et sols pollués. Leur interprétation et la valeur ajoutéequ’ils apportent n’est pas évidente pour les gestionnaires de sites et les bureaux d’études.Ces derniers ne comprennent pas suffisamment comment ces méthodes peuvent les aiderà répondre aux questions posées sur le terrain : comment les mettre en œuvre face auxcontraintes réglementaires actuelles qui ne les préconisent pas explicitement ? Commentles intégrer par exemple pour faire une étude d’impact ? L’administration acceptera-t-ellel’utilisation de bioindicateurs comme outil de diagnostic, de suivi ou de gestion ?

    Pour les biocapteurs et échantillonneurs passifs visant à étudier les communautés micro-biennes, le choix des supports reste une étape clé délicate. Une limite évoquée est ladurée d’échantillonnage de trente jours.

    Certains référentiels restent à développer pour les communautés microbiennes, fongiquesnotamment dans les milieux fortement anthropisés. Pour certaines méthodes (par exempleanalyses EDXRF pour la dendrochimie), il n’y a pas de laboratoire capable de réaliser cesanalyses en France. C’est une limite au développement commercial des techniques mêmesi des collaborations internationales peuvent être mises en place.

    • Les perspectivesLes perspectives de recherche concernent aussibien les OBM, avec des champs d’investigations trèsvastes sur les approches méta-omiques (métagéno-mique, métatranscriptomique, métaprotéomique), quele développement d’approches multivariées pourmieux comprendre et modéliser les relations entreles pollutions, les organismes et le fonctionnementdes milieux. L’analyse des effets de contaminationsmultiples doit être poursuivie. La question des voieset sources de contamination intégrées par lesarbres a été soulevée. Ces travaux pourront préciserles réponses apportées par la dendrochimie et lephytoscreening.

    La mise en relation de la biodiversité et des servicesattendus des écosystèmes est une voie à développer, que ce soit pour la recherche oupour améliorer la communication sur les approches basées sur les outils biologiques. Deplus, il est toujours nécessaire de confronter et combiner les outils biologiques avec lesoutils physiques et chimiques (géophysique, isotopie, géostatistique) pour les optimiser etlever certains verrous (robustesse, fiabilité, facilité d’utilisation, etc.).

    Un effort de communication important doit être réalisé sur les méthodes d’investigationde terrain qui mettent en œuvre des outils biologiques (OBM, bioindicateurs). L’objectif estde mettre en évidence leur intérêt face aux besoins des gestionnaires et de les aider àidentifier les situations dans lesquelles les outils biologiques amènent des solutionsconcrètes (par exemple, évaluation de l’efficacité et de l’innocuité de techniques de remé-diation). Un effort de vulgarisation et de démocratisation des outils est à faire. La créationd’un groupe de travail pluridisciplinaire permettrait de faciliter le transfert des outils biolo-giques vers les entreprises, les administrations et les gestionnaires de sites réhabilités. Ledéveloppement du marché de ces outils biologiques pourrait ainsi aboutir à une réduction

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    de leur coût de mise en œuvre. Actuellement, le nombre de structures privées capables de mettre en œuvreces outils biologiques n’est pas suffisant. Un transfert de compétences des universités vers les bureauxd’études ou des start-up reste à faire dans le domaine.

    Pour que cela soit efficace, il est important que les gestionnaires, les centres techniques et autres acteurs deterrains fassent remonter aux chercheurs les problèmes majeurs rencontrés in situ. Il est également nécessaireque ces acteurs contribuent à la promotion de ces méthodes en les intégrant dans leurs prestations. Cettesuggestion semble réalisable, par exemple dans une étude d’impact pour caractériser un état initial ou poursuivre les effets du projet sur l’environnement. Les outils biologiques pourraient aussi être intégrés dans uneoffre globale de prestation IEM ou plan de gestion pour répondre aux obligations du Code de l’environnementou dans diverses offres de prestation telles que prévues dans le guide du donneur d’ordre (2012). Il paraîtégalement nécessaire que les services de l’administration rédigeant les arrêtés d’autorisation (fixant lesmoyens d’analyses et de mesures nécessaires au contrôle de l’installation classée et à la surveillance de seseffets sur l’environnement) aient connaissance de ces méthodes et les préconisent. L’amélioration de la trans-férabilité des outils présentés lors de cette session nécessite des efforts, des échanges et des retoursd’expérience de diverses communautés concernées (chercheurs, donneurs d’ordre, bureaux d’études, ges-tionnaires…). Les travaux conduits en partenariat entre bureaux d’études et chercheurs (par exemple, ceuxen cours sur l’indice oméga 3) sont à encourager. Il en est de même pour les projets de démonstration dansune grande diversité de situations d’étude. Cette avancée permettrait d’améliorer les référentiels actuels etde les élargir à une large gamme de polluants. Le manque de valeurs de référence du type bruit de fond bio-logique est constaté alors qu’il permettrait de faciliter l’interprétation des données biologiques. On pourraitainsi disposer d’une gamme étendue de cas illustrant l’intérêt des méthodes biologiques pour la caractérisationdes impacts des pollutions, le suivi de l’efficacité d’une dépollution, la fonctionnalisation d’un sol reconstitué,la résistance et la résilience aux perturbations des sols et aquifères de territoires requalifiés. A terme, il seraitintéressant d’acquérir un retour d’expérience afin de proposer un catalogue de résultats possibles qui répon-dent à des questions concrètes, comme ce que l’on peut avoir sur les outils biologiques de suivi de la qualitéde l’eau (IBGN, Indice diatomées, etc.).

    Il semble également nécessaire de préciser les domaines d’application des outils biologiques (diagnostics,monitoring, suivi long terme d’une refonctionnalisation des sols, etc.) pour faciliter leur mise en œuvre par lesbureaux d’études, les maîtres d’œuvre et les gestionnaires de sites.

    Un travail de R&D reste à faire sur la mise en relation des outils biologiques et des services écosystémiquespour répondre à la question « Quel outil pour quelle réponse ? » pour des gestionnaires de grandes zonescontaminées mais aussi de friches urbaines de petites tailles.

    Pour en savoir plus

    • Étude ADEME-ENOVEO. Les outils de biologie moléculaire et leur utilisation dans le domaine de la gestiondes sites pollués. Monier J.M., Cécillon S., 27 p. 2015 (www.ademe.fr, rubrique médiathèque)

    • Programme BIOINDICATEUR. Des outils biologiques pour des sols durables. (www.ecobiosoil.univ-rennes1.fr/ADEME-Bioindicateur)

    • Ouvrage ADEME. Biodiversité et reconversion des friches urbaines polluées. 2014, 19 p.(www.ademe.fr, rubrique médiathèque)

    • Apports des outils écologiques pour évaluer l’efficacité d’un traitement de dépollution. Bilan et perspectives.Étude RECORD 2013, Réf. RECORD 11-0674/1A. (www.record-net.org)

    • Bioaccumulation, bioamplification des polluants dans la faune terrestre : un outil pour la biosurveillancedes écosystèmes. A. De Vaufleury, F. Gimbert, L. Gomot. Novembre 2013, 682 p., EDP Sciences -ADEME

    • Projet PIT. Pollution identification by tree (www.dendroremediation.univ-fcomte.fr)

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    http://www.ademe.fr/outils-biologie-moleculaire-utilisation-domaine-gestion-sites-pollueshttps://ecobiosoil.univ-rennes1.fr/ADEME-Bioindicateur/http://www.ademe.fr/biodiversite-reconversion-friches-urbaines-pollueeshttp://www.record-net.org/catalogue/en-savoir-plus/12http://laboutique.edpsciences.fr/produit/663/9782759811304/Bioaccumulation%20bioamplification%20des%20polluants%20dans%20la%20faune%20terrestre?search_text=bioaccumulationhttp://dendroremediation.univ-fcomte.fr/spip.php?rubrique19

  • SYNTHÈSE ATELIER 7

    Phytotechnologiespour la gestion des risques

    Présidence de l’atelierRoger JACQUET, SOLVAYChristophe SCHWARTZ, Université de Lorraine

    • Le constatCet atelier a présenté les résultats de plusieursgros programmes de recherche axés sur lesphytotechnologies (PHYTENER, PHYSAFIMM,GREENLAND, SYMETAL), pilotés par des uni-