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Interview A. Gautier suite

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Page 1: Interview A. Gautier suite

Dieppe

9VENDREDI 3 MAI 2013LES INFORMATIONS DIEPPOISES -

En matière de tourisme?

Je vais reprendre l’une des phrases choc qui avait été dite parSébastien Jumel lors de la dernière campagne municipale : « Je neveux pas transformer Dieppe en une station pour culs bronzésparisiens ». Eh bien moi, « les culs bronzés parisiens », je lesaccepte et j’en veux bien (rire). Le tourisme est une activité qui n’estpas délocalisable, nous avons un potentiel exceptionnel, une posi-tion idéale entre Paris et l’Angleterre, une marque: La Normandie…Notre projet est en train d’être élaboré : il faut une structurationde la filière au niveau de l’agglomération. Mais quand je dis agglo-mération, c’est l’ensemble du pays dieppois et pas seulementDieppe-Maritime. C’est au moins 100 000 habitants. Tous lesacteurs doivent profiter des atouts du pays dieppois.

Il faut valoriser aussi l’office du tourisme. Je suis d’ailleurs inquietde la tournure que ça prend à Dieppe-Maritime. Je ne suis pas sûrque c’est un bon choix de reprendre en régie directe la gestion del’office du tourisme. Je crois plus en une gestion souple en EPCI,un établissement public à caractère commercial et industriel. Nousdevons travailler aussi l’accueil avec les commerces et revoir les horai-res d’ouverture.

Quelle sera votre politique sportive?

Je suis dans l’opposition, mais je reconnais que les investissementsfaits sous ce mandat en matière de politique sportive ont permisd’avoir un dojo, une salle de boxe, une salle d’escrime… c’esttrès bien. Tout n’est pas rose : on a les vestiaires de l’ES Janval quicoûtent 1,7 million d’euros et qu’on ne peut toujours pas utiliser.

Moi, je suis attentif à ce que le sport ait une vocation sociale.Je pense qu’il faudra mettre l’accent sur tous les sports qui parti-cipent à la croissance et au développement des jeunes en matièrephysique. Il y a un autre axe de travail : c’est une politique spor-tive au niveau de l’Agglo Dieppe-Maritime. Nous manquons danscette ville d’une salle omnisports, tout le monde est d’accord maisaujourd’hui, il faut passer des études à la réalisation.

Enfin, la Ville doit continuer à soutenir le FC Dieppe. L’équipefanion fait briller Dieppe, le club doit obtenir les financementspour se maintenir en CFA. Et si demain d’autres équipes ou spor-tifs font briller Dieppe et font parler de la ville, alors il faudra lessoutenir à leur juste valeur.

Les Dieppois paient deux fois plus d’impôts que leshabitants des communes alentours. Si vous êtes élu maire,que comptez-vous faire pour diminuer les impôts?

La pression fiscale est réelle à Dieppe. Aujourd’hui, un Dieppoispaie environ 100 euros de plus qu’il y a cinq ans. La pression fis-cale est passée de 453 euros par habitant en 2007 à 547 euros parhabitant en 2012. Elle se remarque de façon très importante auniveau du foncier. Il est 65 % plus élevé que dans les communesde la même strate démographique sur le plan national.

Ces impôts ont augmenté contrairement à ce que dit le maire.Les taux d’imposition n’ont pas bougé, mais la taxe sur les ordu-res ménagères a augmenté de 53 %! De 6,73 %, elle est passéeà 14 %. Tous les Dieppois ont subi cette augmentation. La taxefoncière est payée par le propriétaire, mais la taxe sur l’enlèvementdes ordures ménagères est payée par tous les ménages.

Comment les baisser ? La première décision sera de faire unaudit financier de la ville de façon à voir dans quelle perspectivenous pouvons baisser les impôts. Il faudra que ce soit durable surl’ensemble du mandat et que ce soit un signe et un symbole pourattirer de nouvelles entreprises et des habitants. Qui dit baissedes impôts, dit baisse des recettes. Nous gagnerons en diminuantles dépenses de fonctionnement de la Ville, notamment en dimi-nuant du personnel dans le cadre des efforts de mutualisation àfaire et dans d’autres domaines.

Le budget, aujourd’hui, montre que nous avons des dépensesde personnel qui sont de 135 euros plus élevés que des villes dela même strate. Nous en sommes à 831 euros par habitant endépense de personnel. Et si nous prenons les dépenses de fonc-tionnement plus globalement, elles sont 413 euros plus élevées àDieppe que dans les autres villes. Je sais qu’il y a plus d’actions socia-les à Dieppe qu’ailleurs. Pour autant, atteindre des chiffres élevéscomme cela, c’est inacceptable et ça fait fuir les habitants. Il fautenvoyer un signe fort : ce sera la réduction des impôts.

Allez vous maintenir la tarification de la cantine scolaireà Dieppe telle qu’elle existe aujourd’hui, à savoir lagratuité pour les familles les plus défavorisées ?

La collectivité doit venir en aide auprès de ceux qui ont le plusde difficultés et je ne vois pas au nom quoi nous devrions revenirsur cette tarification, surtout en cette période de crise. Encorefaut-il qu’elle soit appliquée à ceux qui en ont réellement besoin.C’est tout le problème du suivi de l’aide sociale. Il ne faut pasmaintenir l’aide sociale comme étant quelque chose d’acquis défi-nitivement.

Les relations entre Alain Le Vern, président du port, etSébastien Jumel, le maire, sont très difficiles alors qu’ilssont tous les deux de gauche. Comment travaillerez-vousavec Alain Le Vern?

Le conflit haineux entre Sébastien Jumel et Alain Le Vern est demauvais augure pour le développement économique de la ville deDieppe. Nous ne pouvons pas continuer comme ça, ces deux per-sonnes ne se disent même pas bonjour sur une manifestation offi-cielle. Ils ne sont pas capables de se mettre autour d’une table pourévoquer la domanialité, la vente de poisson aux Barrières, la zoneindustrialo-portuaire, le pont Colbert… Ce sont des sujets d’affron-tement stérile. Personnellement, je n’ai de conflit personnel, ni avecAlain Le Vern, ni avec Sébastien Jumel, mais j’imagine que ce seraplus facile pour Alain Le Vern de travailler avec moi qu’avec lemaire actuel sur le développement du port.

Après la suppression de 553 postes d’enseignants enSeine-Maritime ces dix dernières années, les premières vic-times ont été les élèves en difficulté (aucun Rased completà Dieppe) et les élèves en difficulté (20 AVS manquent dansles écoles dieppoises). Comment comptez-vous aider les élè-ves à réussir leur scolarité afin qu’ils puissent réussir leur sco-larité et s’intégrer dans la vie active?

En Seine-Maritime, il est annoncé 50 fermetures et une trentained’ouvertures de classes. Si Dieppe n’a que des fermetures, c’estparce que Dieppe perd des habitants. A l’école Jules-Ferry parexemple, l’établissement a perdu une cinquantaine d’élèves encinq ans, pour autant il n’y a pas eu une seule fermeture.

La brutalité comptable que dénonce un certain nombre de syn-dicats et politiques qui se font forts de se faire de la popularité surle sujet, n’est pas forcément le seul critère pour adapter le nom-bre de classes au nombre d’élèves. En l’occurrence, ce n’est pasforcément non plus un gage de réussite scolaire puisqu’on s’estaperçu que dans cette même école où il y avait 18 enfants par classeen moyenne, le nombre de redoublement a fortement augmenté.

C’est toujours dommage de supprimer des aides comme lesAVS ou les Rased, mais le gouvernement gère en fonction desmoyens qui sont les siens. Le principal problème, ce n‘est pascelui-ci. Dieppe a perdu 200 élèves en cinq ans et le maintien desclasses n’est pas possible financièrement.

Je trouve étonnant que le président du port ait pris la décisionde ne pas rénover le pont. Les Dieppois ne sont pas au courant descoûts des différentes études. Il y en a trois : soit la réparation dupont actuel, soit un nouveau pont équivalent, soit un tout autrepont. Si la rénovation du pont Colbert coûte plus cher comme l’af-firme Alain Le Vern, dans ce cas, il doit présenter les chiffres auxDieppois pour qu’ils puissent se faire une idée.

Le choix doit se faire sur trois critères: que l’on soit le moins long-temps coupé de Neuville, que le coût soit le moins cher possibleet prendre en compte un certain attachement des Dieppois à leurpont.

En décembre, j’ai envoyé un questionnaire aux Dieppois et lesréponses continuent à arriver. Pour l’instant, je constate que la moi-tié des gens qui ont répondu considèrent qu’il faut le restaurer et25 % pensent qu’il faut le remplacer à l’identique.

Personnellement, je suis attaché au pont Colbert dans sa formeactuelle. C’est encore un sujet qui est traité sans concertationavec les Dieppois et la décision est prise tout simplement dans lebureau du président du syndicat mixte du port de Dieppe, jetrouve ça inquiétant. Je le déplore. Alain Le Vern pourrait faire ungrand exercice de démocratie locale en mettant tout sur la table.

Serez-vous le défenseur du pont Colbert dans sa formeactuelle? Réparation ou remplacement ?

Et pour les nouvelles technologies?

Si nous voulons attirer des entreprises, des habitants, il fautl’accessibilité au très haut débit, c’est-à-dire 100 gigas. Le porteurde ce projet très important doit être l’agglo Dieppe-Maritime,l’instance qui coordonne le développement économique.

Que comptez-vous faire du projet de Dieppe-Sud ? Unnouveau retrait ou continuer sur la même longueur d’ondeque Sébastien Jumel?

Un retrait, j’aimerais bien mais je crains qu’il ne soit trop tard.(…) Il faut des logements avec de la mixité sociale, c’est-à-dire deslogements locatifs, des logements sociaux, des logements enaccession à la propriété. Il faut aussi qu’il puisse s’y développer uneactivité économique et compatible avec le développement decette zone. L’implantation d’un cinéma multiplex pourrait êtreaussi une bonne piste. Puisque Sébastien Jumel ne cesse de direque « la ville appartient à tous ses habitants », je l’invite à atten-dre les élections pour que les Dieppois tranchent, projet contre pro-jet pour Dieppe-Sud. Sébastien Jumel ne propose qu’un déména-gement du territoire avec 14000 mètres carrés de bureau pour lacaisse d’allocations familiales.

Alors que les bruits les plus alarmants courent sur le lientransmanche, dites-nous ce que vous pensez de l’avenir dela ligne Dieppe - Newhaven?

Sombre ! Sombre, si j’en crois les déclarations du conseil géné-ral. Sur les faits, Edouard Leveau et Charles Revet ont sauvé le trans-manche. Aujourd’hui, alors que la gauche est au pouvoir sur l’en-semble des échelons du territoire, la ligne transmanche est menacée.Le conseil général considère que c’est coûteux, c’est vrai, c’est18 millions d’euros, mais cette ligne est vitale pour Dieppe. A titrede comparaison, on ne se pose jamais la question de savoir si uneroute est rentable ou pas. Transmanche, c’est 600 emplois, deuxtiers du remplissage du centre d’affaires, c’est 50 % des recettesdu port, c’est deux tiers du tonnage du port. Comment sauver laligne?

Je réitère l’appel à Alain Le Vern, président du port de Dieppe,pour qu’il mette à disposition du port et de la ligne transmancheles moyens financiers de la Région pour rentrer un peu plus dansle financement de cette ligne. Qu’il utilise ses marges de manœu-vres financières importantes pour ce sujet d’intérêt général. J’es-père qu’il ne le fera pas dans un sens purement électoral. C’estmaintenant qu’il doit dire si oui ou non la Région s’engage et nepas arriver dans quelques mois, juste avant les élections munici-pales, comme un sauveur de la ligne transmanche pour servir lesintérêts du Parti socialiste.

L’Agglo peut également mettre un peu plus, pourquoi pas la Villeégalement, mais je n’imagine pas une seule seconde Dieppe sanssa ligne transmanche.

Quelle sera votre politique de stationnement en centre-ville?

Aujourd’hui, c’est l’incohérence et le non-sens. Le parking dela Rotonde est redevenu gratuit à côté du parking payant desBains, le parking du centre Jean-Renoir va passer en payant, la muni-cipalité prévoit de réaliser un souterrain devant la mairie… Cettepolitique de stationnement intègre la construction d’un parkingpayant en silo près de la gare. Nous nous y opposons.

Moi je pense que dans une ville de 36 000 habitants, il fautfaire en sorte de créer un pôle de stationnement de dissuasion etgratuit. Ça évitera les problèmes de circulation que Dieppe connaîtchaque samedi ou jour de manifestation. Ce pôle de dissuasion doitse trouver près des gares et la future entrée de ville par la RN 27.

Pensez-vous que la ville de Dieppe est une ville propre?

C’est un sujet du quotidien et qui met en œuvre le civisme desDieppois eux-mêmes. Ça ne suffit pas toujours. Dans ces cas-là,il faudrait peut-être remettre en marche les motocrottes non uti-lisées. Il y a une réflexion aussi à amener sur la voirie.

Je regrette que la municipalité n’ait pas mis les moyens suffisantspour qu’un plan pluriannuel d’investissements qui soit aussi impor-tant que celui qui avait été mis en place sous la mandatured’Edouard Leveau, soit mis en place.

Si vous êtes élu maire de Dieppe, célébrerez-vous lesmariages entre deux personnes de même sexe?

Je suis favorable à une union civile pour les couples homo-sexuels avec l’élargissement des droits, notamment en matièrepatrimoniale. Pour autant, j’ai manifesté contre la loi Taubira à deuxreprises ; je trouve qu’on ne peut pas faire une loi avec des impli-cations aussi importantes sur l’affiliation sans véritable débat. Legouvernement n’a pas entendu les manifestants, il les a même ridi-culisés. Si on ouvre aujourd’hui le mariage homosexuel, on ouvrirademain la GPA et la PMA au nom de l’égalité.

Cela dit, Dieppe n’est pas en dehors de la République et Dieppeappliquera la loi dans le cadre du mariage pour tous.

Ça veut dire que si vous êtes maire de Dieppe l’annéeprochaine, vous êtes prêt à célébrer personnellement desmariages entre deux personnes de même sexe?

L’équipe municipale célébrera les mariages et fera en sorte queDieppe respecte la loi.

Mariage pour tous :« Dieppe n’est pas en dehors de

la République et appliquera la loi »

Transmanche :« Alain Le Vern doit dire maintenant

si la Région est prête à investir »

En matière d’enseignement supérieur?

Je suis totalement d’accord avec Sébastien Jumel. C’est dom-mageable de voir disparaître des BTS. Nous devons développer desfilières supérieures courtes en liaison avec le développement éco-nomique local comme l’énergie ou l’agroalimentaire. Je m’étonneaussi qu’on entende plus parler du projet d’une école d’ingénieurdans les cartons du précédent gouvernement.

André Gautier a été interviewé dans nos locaux.

Interview réalisé par la rédaction.