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couverture 21 février 2014 • N°5752 • 7,50 - www.lemoniteur.fr BÉTON Un matériau qui a du grain _ p.26 Pathologies et durabilité _ Cahier pratique Fondation Jérôme-Seydoux-Pathé Une bulle de verre et d’alu coincée dans Paris _ p.36 MÉDITERRANÉE Le rail, locomotive des territoires _ p.65

Extrait Le Moniteur n°5752

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Page 1: Extrait Le Moniteur n°5752

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re21 février 2014 • N°5752 • 7,50 € - www.lemoniteur.fr

BÉTONUn matériau qui a du grain _ p.26

Pathologies et durabilité _ Cahier pratique

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Fondation Jérôme-Seydoux-Pathé

Une bulle de verre et d’alu coincée dans Paris _ p.36

MÉDITERRANÉELe rail, locomotive des territoires _ p.65

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Page 2: Extrait Le Moniteur n°5752

26 LE MONITEUR _ 21 février 2014

Architecture & UrbanismeENQUÊTE

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MATÉRIAU

Quand le béton a un grain« Si j’ai du goût, ce n’est guère. Que pour la terre et les pierres. » Arthur Rimbaud inspirerait-il les architectes, qui redécouvrent l’élégance hiératique des bétons ordinaires ? Graviers, sable, ciment et eau…

Ce sont des bétons pauvres, des bétons de peu, que le culte moderne de la performance nous avait fait oublier.

Ici, presque pas d’adjuvants, ni d’agents démoulants. Pas davantage de fibres poly-propylène ni de coffrages à la morphologie complexe. Malaxés à la bétonnière dans un recoin de chantier, ces bétons « rustiques » agrègent les granulats du lieu avec le ciment et le sable, pour donner naissance à des « bé-tons de site » aux allures de pierre calcaire. « On prend ce qu’on trouve » aime à dire l’architecte Hervé Beaudouin, précurseur dans la démarche. Loin des laboratoires où la R & D invente les matériaux du futur, certains architectes un peu sorciers puisent leur ins-piration dans les bétons artisanaux de nos campagnes, lorsque le paysan s’improvisait maçon pour construire un muret de clôture bientôt couvert de mousses et de lichens. Du

quasi-bricolage, une technicité minimale, où la pâte du béton fait alliance avec la patte de l’architecte pour livrer une matière fruste, une texture brute qui accroche la lumière et le regard. De même pour les coffrages sans lesquels la « pierre liquide » ne prendrait pas corps : des planches de récupération aux veinures grossières, des « coffrages sauteurs » de faible hauteur qui obligent à des coulées par passes multiples, lesquelles donneront à la paroi son bel aspect en strates. Vibré ou non, tassé à la pelle, désactivé, piqueté, brossé, ou brut de décoffrage : formulation et finition multiplient ad libitum l’effet plastique recherché. Inhomogènes souvent, grossiers parfois, « matiérés » toujours, ces bétons low tech réinventent une « rusticité contempo-raine » qui n’attend plus, pour être magnifiée, que la lasure de la patine du temps. n Jacques-Franck Degioanni et Margot Guislain

L’EXPERT

« Nous avions le désir de réaliser de l’architecture contem-poraine dans les zones rurales et patrimoniales. Devant la défiance envers la modernité, nous avons mis au point un béton ‘‘rustique’’, ancré dans le territoire. L’inspiration nous est venue de Frank Lloyd Wright (1867-1959) qui, pour sa résidence-école de Taliesin West (Arizona), a créé un ‘‘béton du désert’’ où apparaissaient des morceaux de rochers. Elle provient aussi de Georges-Henri Pingusson (1894-1978), qui a recyclé les pierres d’édifices en ruines à Grillon (Vaucluse) pour des logements sociaux en béton ; ou encore de son mémorial des Martyrs-de-la-Déportation (Paris), où le béton martelé fait apparaître la pierre rocailleuse des graviers. Nous-mêmes sommes partis de réalisations en pierre ban-chée pour, progressivement, la remplacer par des graviers et aboutir à un béton brut texturé, proche d’un matériau naturel. Les bétons industriels actuels, à l’inverse des bétons de site, ne permettent pas d’arriver à de tels résultats : ils sont remplis d’adjuvants qui provoquent des fissures de retrait, qui ne permettent même pas de les laisser apparents. »

« Un matériau rustique ancré au territoire »

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HERVÉ BEAUDOUIN, architecte, agence Hervé Beaudouin & Benoît Engel.

Un bâtiment presque austère. « Nous nous sommes imposé la simplicité, par obligation, mais aussi par goût ; faire simple n’est pas toujours facile », souligne l’architecte.

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