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Mathias Enard Remonter l’Orénoque roman ACTES SUD

Extrait de "Remonter l'Orénoque"

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Extrait du roman "Remonter l'Orénoque", de Mathias Énard, paru en 2005 dans la collection Domaine français et adapté au cinéma par Marion Laine sous le titre A cœur ouvert, en août 2012

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LE POINT DE VUE DES ÉDITEURS

Dans les corps qu’ils ouvrent, les patients qu’ils soignent, et jusque dans leur amitié, deux chirurgiens cherchent, comme à tâtons, une vé rité qui justifierait leur propre existence. Youri opère sous les yeux de Joana, la jeune infirmière qu’Igna cio convoite ; au cœur d’un été cani-culaire et d’un hôpital en pleine déliquescence, l’un se perd dans la passion comme l’autre dans l’alcool et la folie. Ils pousseront Joana à les fuir, à entreprendre un long voyage au Venezuela : remonter le grand fleuve Oré noque sera pour elle l’occasion de démêler, depuis le ventre tiède d’un cargo, l’écheveau de leurs vies.

Au fil de ce voyage vers l’Amazonie, le deuxième roman de Mathias Enard nous em porte au centre d’un triangle amoureux dont les sommets seraient la nais-sance, le corps et le désir, tous trois si ténus qu’ils ne sont peut-être que des reflets sur les eaux boueuses d’une rivière mythique.

Né en 1972, Mathias Enard a étudié le persan et l’arabe et fait de longs séjours au Moyen-Orient. Il vit à Barcelone. Il est l’auteur de quatre autres romans chez Actes Sud : La Perfection du tir (2003, Prix des cinq continents de la francophonie), Zone (2008, prix Décembre, prix du Livre Inter), Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants (2010, prix Goncourt des lycéens, prix du livre en Poitou-Charentes) et Rue des Voleurs (2012).

Remonter l’Orénoque a été adapté au cinéma par Marion Laine en 2012 sous le titre A cœur ouvert.

Photographie de couverture : Juliette Binoche et Edgar Ramirez dans le film de Marion Laine A cœur ouvert (2012). © Marion Stalens.

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DÉP. LÉG. : JUIL. 201218,30 e TTC Francewww.actes-sud.fr

ISBN 978-2-330-01394-3

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Mathias Enard

Remonter l’Orénoque

roman

ACTES SUD

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Assis sur ma chaise, je pensais il a raison, ce quel’on attend à présent des corps c’est la putréfac-tion en silence, l’oubli, et de l’âme la survie surles rôles et les registres, les certificats et lespapiers, les marbres, les images. L’embaume-ment n’est plus de mise, les cadavres doivent dis-paraître, ils sont confiés à des professionnelschargés de les dissimuler, responsables de leurentrepôt, de leur manutention, de leur stockage,de leur destruction dans la terre ou les flammes– entiers ou morcelés, jeunes accidentés ouvieux rongés de maladies il convient de lescacher ; plus de dépouilles charriées par le vent,les yeux cavés, la barbe pelée ; de cercueilsouverts, de morts à ciel ouvert, le regard fermédans leur plus beau veston, leur robe noire, il n’yen a plus ; à présent enveloppés de chêne ou desapin, éloignés sitôt l’agonie du regard desvivants, ils sont portés, poussés en hâte vers lescoulisses, vers le sous-sol où l’on ne les croiserapas, vidés et lavés, évacués du monde qui n’aimeplus les voir, ennuyé de ne savoir qu’en penser,se rassurant de photographies, de témoignagesdigitaux ou celluloïd, autant de défunts immaté-riels que l’heure éloigne de la chair et poussevers l’armée de spectres dont nous emplissonsnos armoires.

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Assis sur ma chaise, je pensais aux instructionsque nous donnons ici au personnel soignant,débranchez tout, retirez toute trace de médecine,éloignez les machines, les perfusions, surélevezlégèrement le haut du corps pour éviter l’afflux defluides vers la tête, décrispez immédiatement lesmembres du cadavre, fermez-lui la bouche, arran-gez ses draps, liste de procédures somme toutebanales – voilà ce qu’il convient de faire avec unpatient qui perd la vie chez nous, avant les visites,les formulaires, les dispositions, les déplacementssilencieux sur un lit à roulettes, l’ascenseur, lesous-sol et la disparition. Les morts ne sont plus àpersonne, ils provoquent l’effroi, à peine entrevusaussitôt on les cache ; les familles les regardent deloin, sans savoir qu’en faire, interloquées, ébahies,désemparées devant cette chair toujours étran-gère que la fin révèle. Là où, quelques secondes,quelques minutes auparavant se tenait un êtrecher, accroché à ce qu’il savait devoir perdre, setrouve à présent un simulacre, un masque fragileet cireux devenu le miroir de l’angoisse, le bustede la peur. Les cadavres aussi, pensais-je assis surma chaise, ont leur fonction comme moi j’ai lamienne, moi qui lutte contre eux – je les combats,je me débats, sans même m’en rendre compte,dans de futurs cadavres, je n’épargne ni montemps ni ma peine pour préserver le mouvement,l’indécision qui caractérise le vivant, pour le gué-rir, temporairement, de l’irrémédiable que noustâchons d’oublier, par nécessité, précisément, dumouvement face à l’immobile, et il y a des joursoù ce n’est pas facile, pas facile, non, d’accepterl’échec, d’admettre, même si la plupart du tempson se résigne, d’admettre une défaite qui n’en estpas une, puisque le repos est l’état naturel desâmes, et des corps, la putréfaction.

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Mon métier s’arrête là, assis sur ma chaise, surce seuil, dans cette antichambre, auprès des ins-truments stériles rangés dans leurs trousses clas-sées par opérations, clamps, pinces, lasers, sondes,des plus antiques aux plus modernes. Ma mis-sion prend fin ici, une fois les lames posées, lesgants retirés, le masque jeté (le masque nous dis-simule, disait Youri, d’un improbable regard dupatient, à l’hôpital nous sommes tous identiques,des moines ou des soldats), alors que j’observedu coin de l’œil un débutant faire ses gammesde suture, derrière la vitre, point à point, appli-qué, concentré, silencieux. Il ne sait pas ce qu’ilfait, pensais-je. Il le saura bien assez tôt – moi-même, est-ce que je sais ce que je viens de faire,en ai-je réellement conscience ? Heureusement,je ne comprends pas ce que je manipule, ce quibat ou s’éteint sous mes mains ; j’ignore, en fait,de quoi il s’agit réellement, je reste en surface– cette chair, ce n’est plus personne ; cette palpi-tation mourante déjà, ce n’est que le hasard desgènes ; ces yeux, que j’ai vus ôtés pour leur cor-née, précautionneusement arrachés à leur visage,ce ne sont que des globes oculaires, et ce dosdéchiré, ces reins ouverts, un réceptacle vide desens.

Dans le sentiment diffus de la perte, qui estune longue paresse de tous les membres, assissur ma chaise, je me demande ce qui reste dansce corps allongé, recousu jusqu’à l’absurde par lestagiaire. Une onde me porte, à la fois calme etpuissante, vers un grand fleuve patient.

Pourtant, je sais que je vais prendre mes affaires,comme toujours, me changer, mettre mon cha-peau, descendre au parking, saluer le concierge,puis sortir, traverser Paris, rentrer chez moi ; jen’y trouverai personne à cette heure, Aude à son

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cabinet, ma fille encore en vacances, je m’assié-rai confortablement, peut-être même mettrai-jede la musique, un fond sonore, j’appuierai matête contre une des grandes oreilles du fauteuil,je chercherai le sommeil, et, je me connais, jevais, malgré tout ce que l’on pourra penser descirconstances, le trouver sans difficulté aucune.

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Voilà, je suis enfin moi-même, ce que j’ai tou-jours voulu être, dans ce réduit comme une cale,bercée par le hublot ouvert sur l’immensité d’eautourmentée, boueuse et verdâtre, envahie par lamangrove et la paresse, ainsi allongée les yeuxvers le large, vers une rive dont on pourrait dou-ter tant le fleuve est ample, allongée les mainssur le ventre, balancée doucement comme aucœur du monde, protégée, ce que j’ai toujoursvoulu être, pense-t-elle, alors que je suis sur lepoint d’aller vers les singes, les fourmiliers et lescataractes, vers les chercheurs d’or, les aventu-riers, les contrebandiers et les guérilleros, ainsiroulée tranquillement par la rivière, au creux d’unbateau à quai dont elle sent les moteurs vibrer,l’odeur de moisissure et de gazole, de chaleurhumide, enfin étendue dans cette cabine étouf-fante, la valise au pied de la couchette, le départapprochant, les adieux faits, sur le quai, à cettecousine et à cette famille transitoire, découverte,aimée comme le début d’un voyage un peueffrayant, rapidement, combien de temps, dix,quinze jours de transition entre un départ etl’autre, deux semaines d’attente, d’indécision, dedoute et de souvenirs. Un port est un bien belendroit pour attendre, pour laisser son corps glis-ser petit à petit dans le voyage, un lieu à la fois

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terrien, maritime et fluvial, un rocher, une forte-resse d’Amérique fondée par Colomb lui-même,un lieu de l’existence duquel on pourrait presquedouter s’il n’y avait les mouvements des cargos,des barges, des porte-conteneurs et des grues quiles chargent, de l’aube au couchant dans un balletbesogneux. Les longs minéraliers paressent commedes baleines dans les remous limoneux de l’em-bouchure du Grand Fleuve, les remorqueursvirevoltent, les conteneurs multicolores qui s’em-pilent sur la berge ne laissent rien deviner desrichesses qu’ils renferment, le café, les fruits, lesconserves, l’or, les armes, le rhum ou la cocaïnes’y cachent sans qu’aucun parfum s’en exhaleet les seules embarcations odorantes sont lesvolaillers, dont les innombrables cages de métaldissimulent mal les cris effrayés des poulets etrépandent une puanteur de cloaque en guise defumée.

Personne ne me trouvera dans cette cabineemplie de la fadeur humide de la rivière, pense-t-elle, et elle ne sait si en être triste ou heureuse,le cœur suspendu entre deux départs, coincéedans ce recoin exigu dont elle a juste vérifié qu’ilferme bien à clé – la couchette et le lavabo étroit,l’armoire minuscule, voilà mon monde à présent,avec pour seule ouverture ce hublot à un mètrecinquante de la surface, noyé dans les reflets ver-dâtres du fleuve qui viendra, dès la premièretempête, se lancer à l’assaut du plat-bord et frap-per avec une force digne d’un océan le verresali, au pourtour rouillé, qui protège ma fuite,elle pense sa fuite, mais de quoi pourrait-ellefuir, elle emporte tout avec elle, les mains surson ventre, les trois livres auxquels elle tient danssa valise et les souvenirs – spectres, fantômes,plaisirs et douleurs – bien serrés dans son cœur

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tout près de la soudaine angoisse qui l’étreint auplus profond de ce bateau, dans la chaleur moited’une journée du tropique.

Cette ville qu’elle quitte, c’est une lame, refer-mée sur elle-même. Elle en a la beauté fine, lelong profil, du phare aux murailles. Jusqu’à lacouleur du métal, le reflet de l’eau sur les im -meubles. C’est un péril replié. Elle resserre sesmains sur son ventre. Il n’y a aucun changementnotable, aucune transformation à part l’absencedu sang, elle s’observe fréquemment. C’est le cli-mat et la chaleur, sûrement, quoi d’autre ; pour-quoi se cacher ici et à soi-même, ce serait sisimple, un médecin résoudrait tout en uneseconde ou deux, elle ne peut être une excep-tion, malgré les apparences. Rien ne bouge, toutest comme arrêté, malgré les moteurs qui tour-nent au ralenti, elle sait que le départ se feraattendre, on l’a prévenue ; ils appareilleront à lanuit tombée, vraisemblablement, lorsque le char-gement sera achevé.

La tendresse de sa cousine était dangereuseaussi, autre genre de lame, regarder dans lesyeux ses beaux enfants bruns, sa maison, voir,observer chaque jour son combat pour le foyer :le ménage, les courses, la lessive, le bain, les mèresse ressemblent toutes, ou presque, la sienne n’au raitpas agi différemment avec une lointaine parentecomme elle, elle l’aurait adoptée car elle aussiavait besoin de ces obligations pour vivre, desautres pour exister, qu’ils la remercient ou pas, etelle était bien contente de cette nouvelle enfanceofferte, en un sens, elle n’avait qu’à se laisser aller,flotter doucement, attendre qu’on la conduise àce bateau, elle a résisté aux invitations à rester,aux avertissements, aux dangers qu’on lui énumé-rait, une femme seule, une jeune fille, seule, tu

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vas traverser tout le pays et une fois dans le Sud,que feras-tu, ces con trées sont sauvages, tu ne terends pas compte du risque, on lui répétait dixfois par jour, ma petite, tu ne te rends pas compte,ce n’est pas Paris, ici, c’est un autre monde, maison lui avait tout de même trouvé une embarca-tion plus sûre qu’une autre, d’une compagnie enlaquelle on pouvait avoir confiance, peut-être,plus qu’en une autre, au moins y avait-il de vraiescabines, tu pourras t’isoler, c’est un peu commela première classe, mais ce n’est pas un paque-bot, ne te fais pas d’illusions, et une fois à PuertoAyacucho, une fois parvenue à l’orée du dédalede l’Amazonie, le bateau arrêté par les cataractes,tu iras voir un cousin que nous avons là-bas, ilt’attend. Même si elle n’a pas peur, elle n’a pus’empêcher (c’était plus un caprice qu’autre chose,d’ailleurs) de s’acheter un beau couteau fincomme un scalpel, un stylet, léger, long et terri-blement tranchant, elle l’a ici près d’elle, et cetallié imaginaire (comment donnerait-elle un coupde couteau ?) est une présence tout de mêmerassurante, allez savoir pourquoi.

Malgré l’émotion qui l’a prise en montant lapasserelle conduisant au bateau, après avoir em -brassé longtemps sa cousine émue, les enfants,après la légère angoisse de la découverte desa cabine, de l’équipage bourru, elle est bien,allongée sur le dos, en dépit de la chaleur que leventilateur n’arrive pas à dissiper, tout juste àbras ser. S’il n’y avait pas son ventre tout seraitparfait. Elle se laisse un peu aller à la nostalgie,bien sûr (un port est un bon couteau, il pénètrebien profond dans l’âme), mais recroquevilléeainsi dans la moiteur du songe elle est plus oumoins heureuse. Certains fantômes sont mêmeagréables ; s’il n’y avait pas le ventre, et son sexe

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toujours sec (il faut appeler un chat un chat), toutserait absolument parfait, se dit-elle. De quellecompagnie aurait-elle besoin ? Elle a les livres etles couteaux.

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Dans les corps qu’ils ouvrent, les patients qu’ils soignent, et jusque dans leur amitié, deux chirurgiens cherchent, comme à tâtons, une vé rité qui justifierait leur propre existence. Youri opère sous les yeux de Joana, la jeune infirmière qu’Igna cio convoite ; au cœur d’un été cani-culaire et d’un hôpital en pleine déliquescence, l’un se perd dans la passion comme l’autre dans l’alcool et la folie. Ils pousseront Joana à les fuir, à entreprendre un long voyage au Venezuela : remonter le grand fleuve Oré noque sera pour elle l’occasion de démêler, depuis le ventre tiède d’un cargo, l’écheveau de leurs vies.

Au fil de ce voyage vers l’Amazonie, le deuxième roman de Mathias Enard nous em porte au centre d’un triangle amoureux dont les sommets seraient la nais-sance, le corps et le désir, tous trois si ténus qu’ils ne sont peut-être que des reflets sur les eaux boueuses d’une rivière mythique.

Né en 1972, Mathias Enard a étudié le persan et l’arabe et fait de longs séjours au Moyen-Orient. Il vit à Barcelone. Il est l’auteur de quatre autres romans chez Actes Sud : La Perfection du tir (2003, Prix des cinq continents de la francophonie), Zone (2008, prix Décembre, prix du Livre Inter), Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants (2010, prix Goncourt des lycéens, prix du livre en Poitou-Charentes) et Rue des Voleurs (2012).

Remonter l’Orénoque a été adapté au cinéma par Marion Laine en 2012 sous le titre A cœur ouvert.

Photographie de couverture : Juliette Binoche et Edgar Ramirez dans le film de Marion Laine A cœur ouvert (2012). © Marion Stalens.

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