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IUFM de BOURGOGNE CONCOURS DE RECRUTEMENT : Professeur des écoles Comment l’enseignement des sciences rénové peut-il aider à la réussite des élèves en difficulté ? BOUCHARD Marion Directeur : M. Jean-Charles ALLAIN Professeur à l’IUFM de BOURGOGNE Centre départemental de Côte d’Or Dijon 2004-2005 0364328J

Comment l’enseignement des sciences rénové peut-il …€¦ · 3. Mise en place d'une séquence sur la circulation sanguine _____20 a) ... le cahier du jour en CM2, une fiche

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IUFM de BOURGOGNE

CONCOURS DE RECRUTEMENT : Professeur des écoles

Comment l’enseignement des sciences rénové peut-il aider à

la réussite des élèves en difficulté ?

BOUCHARD Marion

Directeur : M. Jean-Charles ALLAIN Professeur à l’IUFM de BOURGOGNE

Centre départemental de Côte d’Or Dijon

2004-2005 0364328J

2

Sommaire

Introduction ______________________________________________________ 4

I. Motiver des élèves en difficulté grâce à l’enseignement des sciences ? ____ 6

A. Motivation __________________________________________________ 6

B. Comment définir un élève en difficulté ? _________________________ 7

C. L'enseignement des sciences ___________________________________ 8

a) Bref historique de l'enseignement des sciences ___________________ 9

b) Comment enseigner les sciences ?____________________________ 11

II. Mise en place de séances et analyse des pratiques __________________ 12

A. Une séquence sur la découverte de la matière en maternelle _______ 12

1. Profil de la classe et objectifs _________________________________ 12

2. Les programmes ___________________________________________ 12

3. Les difficultés possibles _____________________________________ 13

4. Questionnement des enfants __________________________________ 15

5. Phases d’observation et de manipulation ________________________ 16

6. Bilan ____________________________________________________ 17

B. Des sciences en cycle 3 _______________________________________ 19

1. Profil de la classe __________________________________________ 19

2. Le programme du cycle 3 ____________________________________ 19

3. Mise en place d'une séquence sur la circulation sanguine ___________ 20

a) Conceptions initiales ______________________________________ 20

b) Objectifs________________________________________________ 24

c) Séances mises en place ____________________________________ 25

d) Bilan de cette séquence ____________________________________ 27

4. Mise en place d'une séquence sur l'eau en lien avec l'EEDD _________ 27

a) Objectifs fixés ___________________________________________ 27

3

b) Séances mises en place ____________________________________ 28

c) Bilan de cette séquence ____________________________________ 30

5. Bilan et conclusion de cet enseignement en cycle 3 _______________ 30

III. Conclusion _________________________________________________ 32

IV. Bibliographie _______________________________________________ 34

V. Annexes _____________________________________________________ 35

4

Introduction

« Le plus tôt possible, et avec prudence, il faut repérer les difficultés pour les résoudre

vite. La prévention de la difficulté scolaire quel que soit son degré de gravité est liée à des

interventions précoces ; les enseignants sont les mieux à même de repérer des signes précurseurs

de difficulté et, sur cette base, d’entamer un dialogue avec les personnels spécialisés [...] et avec

les parents.»1

L’école est obligatoire pour tous et nous avons l’obligation d’accueillir tous les enfants.

Ce fait nous amène à un autre constat : l’hétérogénéité des niveaux dans les classes. Dans mes

différents stages, j’ai été confrontée à des classes aux niveaux variés. D’ailleurs, il est très rare

d’avoir une classe homogène puisque les élèves sont tous différents. Cette hétérogénéité

s’exprime au niveau des connaissances, des méthodes, des motivations, de l’âge, de la classe

sociale, du comportement. Comment la gérer ? Il nous faut amener tous ces élèves au plus haut

niveau possible pour chacun d’eux. Cette tâche est ardue car nous n’avons pas le temps, les

moyens de différencier l’enseignement pour chaque élève. Mais également, il est très difficile

d’établir avec exactitude le niveau d’un élève, ses besoins et les remédiations nécessaires. Doit-

on abandonner pour autant ? Même si on ne sait jamais avec exactitude si la méthode utilisée

permettra à tous les élèves d’apprendre, on peut mettre en place des solutions variées et

réorienter son enseignement selon les résultas obtenus.

Le recours aux sciences, et plus particulièrement avec une pédagogie inspirée de

l'opération « La main à la pâte », semble évident puisque G. Charpak s’est inspiré d’un

programme pour jeunes américains des quartiers défavorisés2 . Selon lui, les enfants

« manipulent pour comprendre » et « ils apprennent ainsi à lire, à écrire et à dessiner »3 . Il paraît

donc possible, grâce à l’enseignement des sciences rénové, d’aider les élèves en difficultés non

seulement en sciences mais aussi dans les autres disciplines puisque les élèves sont amenés à

rédiger des textes, lire et comprendre des documents, schématiser une expérience, calculer pour

vérifier un résultat.

1 Bulletin officiel n°13 du 29.03.01, Préparation de la rentrée scolaire 2001 dans le premier degré. 2 Programme « Hands On » à Chicago 3 In « La main à la pâte », 1996.

5

Pourtant, l’application n’est pas simple et « il faut s’assurer que certains ne s’enferment pas

dans un activisme de surface en passant à côté des enjeux réels de l’apprentissage » selon J. P.

Astolfi1. Comment doit-on mettre en place des activités scientifiques ? Quels impacts ont-elles

sur les apprentissages dans les autres disciplines ?

Nous allons donc nous interroger sur la manière d’enseigner les sciences pour donner du

sens aux apprentissages et faire réussir tous les élèves. Pour cela, dans ce mémoire, nous allons

réfléchir à une façon d’enseigner les sciences qui permet la réussite du plus grand nombre. Par la

mise en place de séances en cycle 1 et cycle 3, nous tenterons d’appliquer les principes que nous

présenterons dans une première partie et les différents programmes et circulaires sur

l'enseignement des sciences et l'EEDD. Enfin nous analyserons ces résultats obtenus à court

terme. Nous verrons s’ils correspondent à nos attentes et dans la négative, nous proposerons des

remédiations.

1 Cahiers pédagogiques 12/2002

6

I. Motiver des élèves en difficulté grâce à l’enseignement des sciences ?

A. Motivation

Ce sujet est vaste et controversé puisque certains auteurs comme Maslow considèrent que la

motivation doit venir avant tout travail et d’autres, tel que Girard, que c’est le travail qui doit

amener la motivation. Mais également cette motivation peut être extrinsèque lorsqu’elle a une

source extérieure à l’apprenant, comme l’envie d’avoir une bonne note ou de faire plaisir. La

motivation intrinsèque est à privilégier puisqu’elle vient de l’élève lui-même qui a envie de

nouveaux apprentissages. Elle est liée aux bénéfices que le sujet pourra tirer directement de son

activité. Deci (1975) insiste sur l’importance de développer le sentiment de compétence et

d’autodétermination chez l’élève pour obtenir ce type de motivation1.

Selon R. Viau2, il y a dix conditions pour susciter la motivation des élèves. Il faut que :

o l’activité représente un défi pour l’élève : l'élève est face à un problème, à une

contradiction avec ce qu'il pense et il doit trouver une solution,

o l’activité soit authentique : elle doit avoir un lien avec la réalité, comme une

étude sur la présence de l'air,

o il y ait un engagement cognitif : l'élève doit trouver une expérience pour valider

son hypothèse, comme plonger un verre à l'envers puis libérer l'air et voir les

bulles remontant à la surface,

o elle comporte des consignes claires : l'enseignant formule en quelques mots sa

demande, comme « A ton avis, que contient le sac ? »,

o elle se déroule sur une période de temps suffisante : il faut laisser aux élèves le

temps de se questionner, d'expérimenter et de trouver la solution par eux-mêmes:

« Je vois des bulles qui remontent, il y a de l'air ».

1 Définitions de D. Delignières et P. Duret.

2 Article dans le Monde de l' Education avril 2004.

7

o il y ait un caractère interdisciplinaire : un travail sur l'air amène des discussions et

des lectures sur l'air pollué, l'environnement en Education Civique et en

Littérature,

o elle soit diversifiée et qu’elle s’intègre aux autres activités,

o elle permette d’interagir et de collaborer avec les autres : les élèves confrontent

leurs points de vue et s'entraident pour réaliser des expériences, des montages,

o elle responsabilise en lui permettant de faire des choix : les élèves mettent en

place leurs solutions pour valider leur hypothèse,

o l’activité soit signifiante aux yeux de l’élève : l'expérience est réalisée pour

valider une hypothèse.

Pour conclure, on peut citer cette phrase de Ph. Jacqué : « Qui est motivé, motive »1. Un

enseignant qui motive ses élèves, c’est un enseignant qui croit en ce qu’il fait, qui s’intéresse

aux élèves, qui garde un goût pour l’autre et qui continue à se cultiver, qui vit ce qu’il enseigne2.

Il est donc important que l'enseignant s'investisse dans la préparation mais également qu'il

encourage ses élèves à persévérer dans leur recherche en les guidant, en les aidant à franchir les

obstacles.

B. Comment définir un élève en difficulté ?

J’entends par élève en difficulté pas seulement ceux qui sont en échec scolaire mais aussi

ceux qui ont des retards, des lacunes. Evidemment, si on se réfère à JL Chabanne3, tous les

élèves doivent être à un moment en difficulté face aux apprentissages puisque selon la définition

du décalage optimal de Vigotsky, la nouvelle tâche doit faire appel à des savoirs d’un cran

supérieur aux savoirs actuels de l’élève. Mais, normalement, ils ne le sont pas constamment et

sont en général, par une réflexion individuelle ou collective, un questionnement et une situation

mise en place par l’enseignant, capables de franchir l’obstacle.

Le terme d'échec scolaire est souvent utilisé dans les différents rapports sur l'école, mais

selon B. Charlot, « L'échec scolaire n'existe pas, ce qui existe ce sont des élèves en échec »4.

1 Monde de l’éducation, avril 2004. 2 S. Thiercy, avril 2004. 3 Les difficultés scolaires d’apprentissage, Nathan, 2003. 4 Du rapport au savoir, 1997.

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Pour tenter de remédier au problème, je pense qu'il ne faut pas s'intéresser à un phénomène

social mais se centrer sur l'élève et donc le définir.

Le comportement d’un élève dans la classe peut être un indice dans le repérage de

difficultés, que ce soit au niveau de son comportement avec l’adulte ou au niveau de sa relation

aux autres élèves. Un élève qui n’est pas attentif, qui n’écoute pas ou s’occupe à une autre tâche

a plus de chances que les autres de ne pas comprendre la notion abordée, même si certains

élèves ont besoin de toucher des objets pour rester attentifs. J’entends par élève inattentif, un

élève qui, par exemple, joue avec ses affaires (stylo, règle, gomme,…), fouille dans son casier,

regarde par la fenêtre, sans être capable de dire ce qui est en train de se dire dans la classe si on

le lui demande. A partir de là, il est moins réceptif et aura plus de difficultés à comprendre.

Egalement, on peut reconnaître un élève en difficulté par son travail, non seulement lors

des interrogations sur le cahier d'évaluation par exemple mais aussi par toute trace écrite comme

le cahier du jour en CM2, une fiche en maternelle. Un élève peut parfois obtenir une réponse

juste mais il aura utilisé une stratégie peu efficace et coûteuse en temps. Par exemple, dans ma

classe de CM2 pendant une séance de mathématiques sur l'aire, une élève a utilisé ses doigts

pour sur-compter et trouver la solution de 16 + 10. Elle a effectivement trouvé le bon résultat

mais elle a perdu beaucoup de temps. Elle ne maîtrise pas la décomposition des nombres en

dizaine et unité. Cette lacune peut nuire à ses futurs apprentissages et il faut donc

immédiatement y remédier.

Pour conclure, un élève est considéré en difficulté lorsqu'il ne parvient pas à franchir seul

les obstacles. Il faut donc être très attentif au déroulement de la séance et la compréhension de

chacun. De plus, il faut pouvoir moduler la séance selon les difficultés de chacun et prévoir des

remédiations. Un élève qui est constamment en échec se refuse à de nouveaux apprentissages. Il

faut donc le motiver dès le commencement.

C. L'enseignement des sciences

« La science est le discours par lequel l’homme décrit les objets et les phénomènes de la

nature. Le caractère majeur de ce discours est l’objectivité ; sa charpente est le raisonnement,

9

souvent bâti à partir d’intuitions ou d’hypothèses ; sa justification se fonde sur la vérification

expérimentale »1.

a) Bref historique de l'enseignement des sciences L’enseignement des sciences à l’école débute officiellement avec la loi du 28 mars

1882.2 Il a avant tout un caractère utilitaire puisque les études sont courtes, mais il a également

un objectif éducatif en développant l’observation avec la leçon de choses. Les instructions

officielles de 1945 maintiennent les leçons de choses mais décrètent que l’observation est la

seule opération de la science accessible à l’école primaire. La leçon de chose est remplacée par

les disciplines d’éveil et le tiers temps pédagogique en 1969. L’expérimentation est valorisée

dans les textes, mais la réalité sur le terrain est autre. La volonté de rendre l’élève autonome et

citoyen est visible, mais il faut attendre la mise en place de l'opération « La main à la pâte » en

1996 dans des classes pilotes avec le soutien de l'académie des sciences. C’est à G. Charpak que

l'on doit cette initiative. Sa prise en compte dans les programmes, dans le B.O. n°23 du 15 juin

2000, avec la mise en place d'un plan de rénovation de l'enseignement des sciences et de la

technologie à l'école est annoncée par le ministère de l’éducation nationale. Ce plan est distinct

de l'opération "La main à la pâte", il s’inspire de ses acquis et l'intègre en tant que pôle innovant.

On observe alors une plus grande application sur le terrain de la charte des 10 principes de la

main à la pâte. En effet, les professeurs des écoles sont accompagnés dans leurs projets grâce à

un dispositif national et des centres départementaux ; les IUFM et leurs professeurs mis à

disposition. Le programme la main à la pâte met également à disposition sur son site

(http://www.inrp.fr/lamap/) de nombreuses informations et ressources pour concevoir et mettre

en oeuvre des séances. De plus, un forum est à disposition sur ce site afin de trouver réponse à

des questions difficiles ou inattendues des élèves.

Pour la maternelle, dans les programmes de 2002, l'enseignement des sciences appartient

au domaine « découvrir le monde ». « L'école maternelle permet à l'enfant d'exercer sa curiosité

en découvrant, au-delà de l'expérience immédiate, quelques-uns des phénomènes qui

caractérisent la vie, la matière ou encore les objets fabriqués par l'homme ». Avec ses

apprentissages, l'élève doit pouvoir « distinguer le monde physique et le monde vivant », il a

1 G. Charpak, La main à la pâte, 1996.

2 G. Berthou, « Quand et comment a été pensé l’enseignement des sciences expérimentales? », Revue Grand N,

n°63, 1998-1999

10

ainsi « l'occasion de mieux connaître les besoins de son corps et de structurer ses actions dans

l'univers qui est le sien ».

Au cycle 3, « le nouveau programme de sciences et technologie est, en effet, résolument centré

sur une approche expérimentale. Les connaissances proposées sont d'autant mieux assimilées

qu'elles sont nées de questions qui se sont posées à l'occasion de manipulations, d'observations,

de mesures. Ces enseignements s'ouvrent aussi sur les grands problèmes éthiques de notre temps

auxquels les enfants sont particulièrement sensibles (développement économique,

environnement ou santé) ».1

Plus particulièrement, nous allons voir l’enseignement de l'EEDD (l’éducation à

l’environnement pour un développement durable) qui fait partie intégrante de la formation

initiale des élèves, tout au long de leur scolarité, de la maternelle au lycée à compter de la

rentrée 2004. Une éducation à l'environnement a été mise en place dans le système éducatif

depuis une trentaine d'années. Mais son importance a été particulièrement soulignée depuis juin

2003. « Cette éducation doit leur permettre d'acquérir des connaissances et des méthodes les

aidant à comprendre la complexité des divers phénomènes et à ses situer dans leur

environnement de manière responsable ». Le développement durable est défini, selon les termes

du rapport Brudtland de 1987, comme “Notre avenir à tous” et comme “un développement qui

répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de

répondre aux leurs”.2 Ce concept de développement durable impose de prendre en compte :

- les différentes échelles de temps et d’espace (du local à la planète),

- les différentes composantes de l’environnement (aspects physiques,

chimiques et biologiques, facteurs sociaux, économiques et culturels),

- le principe de responsabilité de chacun et le principe de solidarité.

Selon les textes, l’EEDD ne constitue pas une nouvelle discipline et a pour particularité d’être

un enseignement transdisciplinaire et doit donc être traitée en relation avec plusieurs disciplines.

Les équipes pédagogiques sont appelées à définir « de manière collégiale des temps forts et des

points d’ancrage dans chaque discipline pour construire une progression coordonnée ». Dans le

premier degré, le projet d’école définit, au niveau de chaque cycle, une programmation annuelle

des thèmes à aborder et des projets.

1 Hors série n°1 du BO du 14 février 2002. 2 B.O. n°28 du 15 juillet 2004.

11

b) Comment enseigner les sciences ?

La discipline scientifique à l’école a toujours eu une volonté d’expérimentation selon un

article des Cahiers pédagogiques1. Cette expérimentation était menée par les élèves qui devaient

suivre un protocole. Aujourd’hui, les enfants sont amenés à s’interroger, à émettre des

hypothèses que l’expérimentation, l’observation vont, ou non, valider. Mais attention ! Selon A.

Giordan, le protocole donné aux élèves qui est : observation, hypothèse, expérience, résultat,

interprétation, conclusion est un système trop linéaire. La réalité serait plutôt un système

d’interactions entre ces étapes. Cet auteur nous donne également des pistes principales pour

enseigner la science :

- « Avoir toujours à l’esprit un certain nombre d’objectifs de « savoir être » et de « savoir

faire » ». Par exemple, les élèves apprennent à travailler en groupe en ayant chacun leur

rôle et en respectant les décisions des autres.

- « Se donner quelques objectifs conceptuels, pas trop ambitieux et clairement définis ».

Une séquence sur l'air amènera les élèves de cycle 3 à reconnaître des bulles d'air dans

l'eau, à savoir que l'air est pesant et comprimable.

- « Choisir des situations et des outils pédagogiques directement en rapport avec ses

objectifs ». Les expériences doivent être mises en place pour valider une hypothèse,

comme comprimer une bouteille 'vide ' fermée pour montrer la présence de l'air et sa

capacité à être comprimé.

- « Faire émerger et tenir compte des conceptions des apprenants ». Une réponse à une

question par un schéma ou un texte par les élèves permet à l'enseignant de savoir, par

exemple, qu'ils pensent que la bouteille 'vide' ne contient rien.

- « Ne pas « donner », « montrer » mais plutôt « faire élaborer ». » Ce sont les élèves qui,

face à un problème, à un doute vont imaginer et mettre en place une expérience pour

valider une hypothèse.

1 décembre 2002

12

II. Mise en place de séances et analyse des pratiques

A. Une séquence sur la découverte de la matière en maternelle

1. Profil de la classe et objectifs

C'est une classe de moyens et de grands à l’école maternelle des Violettes à Chenôve. Un

élève n’était présent que la moitié du temps dans l’école. Il allait ensuite à l’hôpital de jour. 5

enfants étaient suivis par le RASED et partaient donc à différents moments de la semaine. Dans

cette classe, 3 enfants étaient particulièrement éveillés.

Mon objectif était d’amener les enfants à se questionner, à observer le monde qui les

entoure. Par ce biais, les enfants devaient verbaliser, réutiliser ce qu’ils avaient appris.

2. Les programmes

Pour la séquence de travail sur les aimants et la découverte des propriétés de différents

matériaux, on peut se référer à deux parties du programme.1

1 - Découverte sensorielle

« Pour qu'il puisse établir des connaissances, il importe d'abord de guider l'enfant

vers une toute première analyse de son environnement, fondée sur la mise en ordre des

perceptions qu'il en reçoit. C'est par l'usage de ses sens que l'enfant reconnaît les objets et les

événements qu'il perçoit. L'aider à mieux découvrir le monde, c'est donc enrichir et

développer ses aptitudes sensorielles, lui permettre de s'en servir pour distinguer des réalités

différentes, les classer ou les ordonner, les décrire grâce au langage. Dans cette perspective,

on lui propose des situations mettant en jeu :

- l'exploration des qualités tactiles : rugueux, lisse, doux, piquant, chaud, froid, etc. ;

- l'exploration tactile des formes et des surfaces, y compris en fermant les yeux ;

- l'exploration des caractéristiques gustatives et olfactives : textures, odeurs, saveurs, etc. ;

- la reconnaissance des éléments du monde sonore, leur reproduction ;

- l'exploration des caractéristiques visuelles des objets : couleurs, intensités, oppositions

brillant/terne, clair/sombre. »

1 Programmes 2002 « Qu'apprend-on à l'école maternelle ? »

13

2 - Exploration du monde de la matière

Une première appréhension intuitive du concept de matière peut être sous-tendue

par la distinction entre les objets et les substances dont ils sont constitués, elles-mêmes

caractérisées par leurs propriétés.

En agissant sur la matière, l'enfant élabore des représentations. Il peut ainsi s'exercer à

modeler, tailler, couper, morceler, mélanger, assembler, fixer, transporter, transvaser,

transformer en agissant sur des matériaux nombreux et variés.

Grâce à ces actions, il complète son expérience du monde en découvrant quelques propriétés

de matières usuelles comme le bois, la terre, la pierre, le sable, le papier, le carton, le tissu... Il

repère des réalités moins visibles comme le vent et ainsi prend conscience de l'existence de

l'air.

Cette exploration conduit à des dialogues avec l'enseignant qui permettent de repérer, classer,

sérier, désigner les matières, les objets et leurs qualités.

3. Les difficultés possibles

Pour prévoir les difficultés que l'on peut rencontrer en maternelle pour découvrir le

monde, je m'appuie sur l'étude en quatre parties de M. Coquidé-Cantor et A. Giordan dans

« L'enseignement scientifique à la maternelle » en 2002 et j'applique ces critères dans ma

préparation de séquence sur la découverte de la matière : concevoir un problème, émettre des

hypothèses, expérimenter et coopérer.

• Concevoir un problème

Les jeunes enfants ont un mode de pensée qui fait qu'ils expliquent tout par le finalisme

et cela les empêche de se poser des questions. Ils ne doutent pas un instant que ce qu'ils pensent

puisse être faux même s'ils ne sont pas d'accord entre eux. Le maître doit alors souligner les

désaccords et faire naître le doute dans leur esprit.

Par exemple, les élèves vont définir les matériaux par leur utilisation comme une bouteille ou un

meuble. Je pourrais alors leur faire remarquer qu'il existe des bancs en fer et en bois et ainsi les

amener à douter de leurs critères et en définir de nouveaux.

14

• Emettre des hypothèses

Les enfants très jeunes ont beaucoup de mal à imaginer des solutions possibles à un

problème donné et à concevoir qu'elles devront être testées ensuite. L'enseignant doit alors faire

verbaliser les enfants en les questionnant pour faire émerger les différentes questions et les aider

à imaginer des situations validantes.

En effet, comme nous l'avons vu précédemment dans le chapitre de l'enseignement des sciences,

ce sont les enfants qui doivent, face à un problème, trouver une solution et la mettre en place

pour répondre à leurs questions. Or, dans cette classe, les élèves n'ont pas l'habitude de

s'interroger et d'avoir une recherche scientifique. En revanche, je pense qu'ils ont une capacité

d'observation et d'étonnement propre à cet âge. Il faudra donc, sans doute, induire au début des

solutions aux élèves pour les laisser ensuite plus libre. Naturellement, cela se fera tout en les

guidant avec des questions pour faire avancer leur questionnement. A cet âge, l'écoute des autres

n'est pas acquise, l'enseignant devra donc répéter ce qui a été trouvé et faire régulièrement des

bilans.

• Expérimenter

Les enfants qui se satisfont de la première explication trouvée ne voient pas la nécessité

d'expérimenter pour avoir confirmation de leurs hypothèses : ils sont sûrs que c'est vrai. Il faut

tenter d'introduire le doute peu à peu dans leur esprit afin de les conduire à vérifier leurs

propositions par des manipulations avant de les valider.

Là encore, il est important que les enfants verbalisent et surtout s'écoutent entre eux. C'est par

l'écoute des différentes réponses que le doute pourra s'installer dans le groupe si les enfants ne

sont pas d'accords. Nous pouvons, de plus, nous appuyer sur l'observation d'objets dans la classe

pour contredire un élève.

• Coopérer

On sait que la capacité à coopérer est une des compétences transversales que l'on doit

développer dès la maternelle car l'égocentrisme des très jeunes les pousse à ne pas tenir compte

15

de leurs pairs. Ils sont, en outre, à un âge où le processus de socialisation ne fait que balbutier,

notamment pour ceux qui n'ont pas connu de collectivités jusqu'alors. L'enseignant devra

privilégier des manipulations et des discussions en petits groupes en alternance avec des phases

de mise en commun en grand groupe. Cela permettra également de diversifier les réponses des

enfants qui, s'ils sont tous regroupés, auront plus facilement tendance à imiter les autres.

Pour la mise en place de ma séquence, je tâcherais donc d'utiliser le travail de groupe et ainsi de

faire verbaliser les enfants dans cette situation en passant dans les différents groupes. De plus,

certains moyens faisant la sieste l'après-midi, les enfants ne sont pas aussi nombreux que le

matin.

4. Questionnement des enfants

Pour amener les élèves à se questionner sur la matière, je commence cette séance par une

remarque à propos d'une bouteille d'eau. En effet, nous avons dans la classe un élève qui souffre

de problèmes aux reins et il doit donc boire régulièrement dans la journée. Sa maman qui veut

s'assurer qu'il ne boira pas d'eau du robinet apporte régulièrement une bouteille réservée à

Redha. Les enfants connaissent bien ce fonctionnement et ne mélangent pas cette bouteille avec

celle remplie au robinet par l 'ATSEM pour la collation. Comme le remarquent M. Coquidé-

Cantor et A. Giordan, les enfants fondent leur réflexion principalement sur la fonction de l'objet

et me disent : « C'est une bouteille en bouteille». L'observation d'autres objets en plastique

apporte le même type de réponse ! Assez étonnée par ces réponses, je continue mon

questionnement à propos du bois, un matériau qu'ils fréquentent dans leur vie de tous le jours. A

cette nouvelle question, la meilleure réponse est « Un arbre est en bois ! », évidement !

Cette séance continue par le questionnement des élèves par rapport à un objet qu’ils

manipulent tous les jours pendant les rituels et les différents exercices collectifs : les aimants du

tableau. Leurs formes et leurs utilisations sont variées. La participation des élèves porte

exclusivement sur ces sujets lorsque je les interroge sur le principe de l’aimant. L'aimant sert

pour la date, pour tenir la pochette avec les prénoms. Mais ils ne répondent pas directement à la

question sur le fonctionnement, ils détournent en la reformulant, comment s'ils ne pouvaient

l'assimiler. Cette classe se caractérise par la participation presque exclusive d’un groupe de

quatre à cinq élèves. Certains ne peuvent répondre (que ce soit juste ou faux) que si on les

16

sollicite particulièrement. D’autres ne s’expriment jamais en collectif et très peu en situation

individuelle.

Mon objectif est d’amener tous les élèves à s’interroger sur ce sujet, découvrir le fonctionnement

et à vouloir participer et s’exprimer. En effet, beaucoup d’élèves ne conçoivent les activités

faites à l’école que « pour faire plaisir à la maîtresse ».

5. Phases d’observation et de manipulation

Après cette observation des élèves et en prenant appui sur la théorie, nous pouvons nous

fixer plusieurs objectifs :

• tous les élèves doivent participer,

• les séances seront construites autour de la manipulation et de

l’observation de la réalité,

• l’objectif à atteindre sera clairement donné aux enfants,

• les solutions seront trouvées collectivement et non données par le

maître,

• la solution trouvée est utilisée dans un problème pratique.

Pour cette deuxième séance, les enfants sont face à un problème clair : pouvoir dire à

l’avance si un objet se fixera sur l’aimant ou non. Les enfants sont tous ensemble au coin

regroupement et j'accroche l'affiche que l'on a réalisée le matin avec le groupe des moyens sur

les pommes pour leur présenter. J'utilise donc des aimants sur le tableau. A la fin de ce moment

de discussion, je change l'affiche de place et tente de la fixer sur le mur avec les aimants. Elle

tombe (!!!). Les enfants me disent que « ça ne peut pas marcher ». Je leur demande pourquoi.

Leurs réponses me montrent que c'est par expérience qu'ils connaissent la solution. Je leur

propose alors différents objets et ils doivent prédire s'il l'aimant peut s'accrocher sur cet objet ou

non. Ils sont incapables de donner un pronostic précis et je n'arrive pas à guider la discussion

pour leur faire proposer des solutions.

Je propose alors un travail en atelier où chaque enfant manipulera les aimants et les différents

objets présents sur la table. Les enfants sont assis par groupe de quatre autour d'une table, ils

disposent chacun d'un aimant qu'ils ont pris au tableau (ils ont donc vu qu'ils « fonctionnaient »)

et au centre de la table différents objets en métal, bois et plastique sont disposés. Ils ont la

possibilité de verbaliser leurs actions avec moi puisque je circule entre les tables et demande à

17

chaque groupe de me montrer les objets qui permettent une réussite. La mise en commun n'est

pas très concluante, les élèves ne peuvent pas caractériser des groupes d'objets. Ensuite, dans le

coin rassemblement, nous procédons à un petit jeu par équipe. La classe est séparée en deux

groupes. Le but du jeu est de pêcher, avec un aimant au bout d'un fil, un objet dans une caisse en

une seule tentative. Le groupe qui a rapporté le plus d'objets a gagné. Ensuite, on procède à un

classement des objets gagnés et ceux dans la caisse. On distingue leur couleur, leur solidité, leur

bruit quand on les frappe.

La troisième séance commence par un rappel de ce que l'on a fait précédemment. Les

élèves se souviennent des caractéristiques trouvées après le jeu de la séance précédente. On

recommence une nouvelle fois le jeu de pêche avec un aimant et cette fois, la réussite est

presque totale, les deux équipes sont à égalité. Un bilan permet aux élèves cette fois-ci de citer

des objets d’un matériau d’un certain type.

6. Bilan

Dans ces séances, les élèves ont appris à caractériser des matières usuelles comme le

bois, le plastique, le métal. Ils les ont touchées et ont ainsi senti des différences comme la dureté

et la souplesse, le rugueux et le lisse. Ce qui les a surtout frappés, c'est d'expérimenter le bruit

de ces différents objets. En effet, on obtient un bruit mat avec du bois et un autre qui résonne,

plus aigu avec le métal.

Pour faire un bilan au niveau de mes objectifs, je vais les reprendre un à un et voir s'ils

ont été remplis :

• « Tous les élèves doivent participer ». En effet, j'ai tenu à ce que tous les élèves

manipulent pendant le travail en atelier et puissent verbaliser avec moi. De plus, le

fonctionnement en jeu, par groupe, a permis à chaque élève de passer à l'action tout en

gardant les autres élèves motivés pendant cette attente. J'ai pu observer que des

enfants, qui pouvaient être muets toute la journée, avaient plaisir à participer car ils

avaient quelque chose d'important à dire. Je ne saurais montrer s'il y a eu une

influence sur d'autres comportements.

• « Les séances seront construites autour de la manipulation et de l’observation de la

réalité ». Je crois que cet objectif a été atteint car la séquence a débuté sur un fait

18

appartenant à leur quotidien. Ils ont également eu plus de temps de manipulations que

de verbalisation, ce qui est primordial avec des enfants de cet âge.

• « L’objectif à atteindre sera clairement donné aux enfants ». Pour respecter cet

objectif, le travail des enfants s'est essentiellement centré sur le fait de trouver des

objets qui se fixaient sur l'aimant. L'interrogation des enfants s'est également portée

sur le fonctionnement de l'aimant puisqu'ils l'ont définis comme « Ça colle ». Mais je

ne me suis pas engagé dans cette recherche car j'ai estimé qu'elle n'était pas fortuite à

cet âge.

• « Les solutions seront trouvées collectivement et non données par le maître ». Sur cet

objectif, j'ai éprouvé des difficultés car les enfants contournaient mes questions ou ne

répondaient pas comme je l'attendais et cela m'a désorientée. Je n'ai pas su les guider

par un questionnement propre à les amener à proposer des solutions. Ils ont surtout

manipulé et constaté si l'hypothèse était vraie ou fausse.

• La solution trouvée est utilisée dans un problème pratique. Lors de la préparation de

ma séance, j'ai pensé que la mise en place d'un jeu pourrait répondre à cette demande.

Mais je crois aujourd'hui qu'il est préférable de répondre à un problème de la vie de

tous les jours. Par exemple, j'aurais pu mettre les enfants face au problème d'afficher

tous les dessins de la classe dans la salle avec des aimants et donc de prévoir les

surfaces sur lesquelles cela allait fonctionner.

Je pense qu'il est difficile d'appliquer tous les principes de l'opération « La main à la pâte » en

maternelle. En effet, il faut du temps avant de changer des habitudes de fonctionnement et je

crois que ces enfants n'étaient pas encore habitués à cet exercice. Les enfants ont principalement

manipulé et observé grâce au fait, surtout, qu'ils étaient en face d'un problème simple qu'ils ne

pouvaient pas oublier. Au niveau des enfants en difficultés, j'ai pu observer des interventions

lors des rassemblements faites avec plaisir par des enfants qui avaient plus envie de

communiquer. Mais je ne saurais dire si cela est dû au fait que je me sentais plus à l'aise dans la

classe au fil des semaines, à des ateliers de langage ou à cette séquence de sciences. Les progrès

des élèves en difficultés ne sont pas quantifiables dans un délai si court, toutefois je pense que

ces situations motivantes et ludiques sont très importantes en maternelle. En effet, la première

expérience scolaire est déterminante.1

1 Programmes de l’école primaire, 2002

19

B. Des sciences en cycle 3

1. Profil de la classe

Mon second stage s'est déroulé à l'école Paul Bert de Genlis. Cette classe de CM2 est

composée de 26 élèves dont 6 redoublants (Sergine, Océane, Stéphanie, Amandine, Adeline et

Jordan). L’un d’entre-eux a été évalué comme ayant un niveau CP en lecture et CE1 en

mathématiques. Certains élèves (dont 4 garçons) sont de très bons élèves. En sciences, le cahier

montre que les élèves ont abordé les sujets essentiellement à travers des documents dont ceux du

manuel édité chez Magnard1, que seule possède la maîtresse et que je trouve particulièrement

riche au niveau des illustrations et des questionnements. Les élèves ne semblent pas être

habitués à utiliser une démarche expérimentale.

2. Le programme du cycle 3

• Comme nous l’avons vu dans la première partie de ce mémoire, le recours à l’approche

expérimentale est souligné.

• L’initiation à la démarche scientifique, en cycle 3 peut recourir à diverses formes de

travail :

« - Expérimentation directe (à privilégier chaque fois qu'elle est possible) conçue et

réalisée par les élèves ;

- réalisation matérielle (recherche d'une solution technique) ;

- observation directe ou assistée par un instrument, avec ou sans mesure ;

- recherche sur des documents ;

- enquête et visite.

La confrontation à des ouvrages de référence consolide les connaissances acquises et

contribue à l'apprentissage de stratégies de lecture adaptées à la spécificité de ces

textes. »

• Éducation à l'environnement

En plus de la définition que nous avons donnée dans la première partie, l’éducation à

l’environnement doit, en liaison avec l'éducation civique, « développer une prise de

1 Sciences au cycle 3, Magnard, 2003

20

conscience de la complexité de l'environnement et de l'action exercée par les hommes.

Elle s'appuie sur une compréhension scientifique pour des choix raisonnés :

- approche écologique à partir de l'environnement proche ;

- rôle et place des êtres vivants ; notions de chaînes et de réseaux alimentaires ;

* adaptation des êtres vivants aux conditions du milieu ;

* trajet et transformations de l'eau dans la nature ;

* la qualité de l'eau. »

• Le corps humain et l'éducation à la santé

« L'éducation à la santé est liée à la découverte du fonctionnement du corps en

privilégiant les conditions de maintien du corps en bonne santé :

- les mouvements corporels (fonctionnement des articulations et des muscles) ;

- première approche des fonctions de nutrition (digestion, respiration et circulation) ;

- reproduction des humains et éducation à la sexualité ;

- conséquences à court et long terme de notre hygiène ; actions bénéfiques ou nocives de

nos comportements (notamment dans l'alimentation) ;

- principes simples de secourisme : porter secours, en identifiant un danger, en effectuant

une alerte complète, en installant une personne en position d'attente.

Une information sur l'enfance maltraitée est effectuée chaque année. »

3. Mise en place d'une séquence sur la circulation sanguine

a) Conceptions initiales

Cette séquence sera mise en place sur la demande de l'enseignante que je remplace. En

effet, dans sa programmation, les élèves qui ont vu la respiration et la digestion abordent ensuite

la circulation sanguine.

Nous allons tout d'abord analyser les représentations des élèves et en déduire des

objectifs de travail en nous inspirant des recherches de A. Giordan et G. De Vecchi. Tout

d’abord, ces auteurs précisent que « Ce qui obscurcit la compréhension, ce sont bien les idées en

place et leur résistance aux objections ou à certains faits nouveaux mis en avant par d'autres »1.

1 A. Giordan et G. De Vecchi, les origines du savoir, 1987.

21

Il nous faut donc principalement collecter les représentations des élèves, les analyser pour

ensuite travailler avec elles.

Les élèves organisent leurs différentes leçons dans un classeur. Pour se rapprocher d'un cahier

de sciences sans toutefois bouleverser entièrement leur fonctionnement, je propose alors aux

élèves ce titre « Ce que je crois savoir » en haut de leur feuille en leur expliquant que ce ne sera

ni noté ni corrigé. La leçon sera sur une autre feuille pour marquer le fait que ce seront cette

fois-ci des connaissances vérifiées. Les conceptions des élèves sur le coeur et son

fonctionnement peuvent être classées en plusieurs catégories :

1. Le coeur est représenté par une forme ovale, il n'est pas représenté avec des tuyaux. L'élève

considère le coeur dans son aspect extérieur, qu'il ne connaît pas précisément, sans lien avec

un ensemble. Il ne considère pas sa fonction. Il doit penser que l'on a besoin d'un coeur pour

vivre mais il ne sait pas pourquoi.

2. Le coeur est représenté également comme une forme ovale entière mais avec des tuyaux qui

sortent de la forme assez ronde qui est le coeur. Les dessins ressemblent un peu à un soleil.

Le nombre de tuyaux varie. Les élèves connaissent peut-être un peu plus l'anatomie du coeur

où veulent le rattacher à un système.

22

3. Cette fois-ci certains élèves ont représenté et/ou cité la présence du sang. L'élève a cette fois

en plus un début d'explication sur le fonctionnement et sur le rôle du coeur puisque le sang

semble circuler par ses différents tuyaux sans que l'on sache vers où, comment, ni pourquoi.

4. Enfin, une dernière et unique représentation d'élève montre un coeur en forme de muscle

allongé avec deux tuyaux aux extrémités. Peut-être cet élève connaît-il la représentation d'un

muscle dans un manuel. En tout cas, il ne semble pas avoir déjà les savoirs dans ce domaine

puisqu'il ne donne pas d'explication sur le fonctionnement du coeur («Il sert à vivre »). De

23

même, il représente le sang comme étant présent dans tout le corps mais sans circuler dans

des tuyaux et sans rapport avec la respiration.

Ces représentations se retrouvent chez les élèves de cette classe selon la répartition

suivante :

Représentation 1 Représentation 2 Représentation 3 Représentation 4

Nombre d'élèves

14 4 7 1

On voit donc que, majoritairement, les élèves ne se représentent pas le cœur comme une

partie d’un ensemble. Il faudra donc insister sur l’anatomie du cœur et les liens entre celui-ci et

les autres organes.

« La construction de la connaissance passe par la prise en compte des conceptions des

apprenants, que celles-ci évoluent à partir d'un questionnement, à travers des activités de

confrontation avec les conceptions des autres et avec les faits ».1 Pour faire évaluer ces

conceptions, je confronterais tout d'abord les quatre grands types de représentation que je viens

de définir, puisque pour G. Charpak, il faut « faire se confronter les conceptions initiales, tout

en s'appuyant sur elles, pour les transformer »2 . Le questionnement mené dans une phase

collective doit amener les élèves à douter et à envisager des solutions différentes. Quelle forme a

le cœur ? Combien de tuyaux sont reliés à celui-ci ? Comment le sang circule-t-il ? Où va-t-il ?

Pourquoi ?

1 A. Giordan et G. De Vecchi, Les origines du savoir, 1987. 2 1996

24

b) Objectifs

Pour la préparation des séances, il faut porter particulièrement attention à la sélection des

connaissances que l'on veut enseigner. Il faut qu'elles soient adaptées au niveau des élèves et que

la transposition didactique des savoirs scientifiques en savoirs à enseigner ne dénature pas les

principes de fonctionnement et la réalité. Pour cette séquence, je me concentrerais sur l'anatomie

du coeur et son fonctionnement en lien avec la double circulation coeur-poumons et coeur-

muscle. Le sang sera abordé en étudiant son rôle à travers sa composition et ses lieux de

circulation.

Ensuite, nous allons appliquer les principes vus dans la première partie pour cette

séquence1 :

- « Avoir toujours à l’esprit un certain nombre d’objectifs de « savoir être » et de « savoir-

faire ». Les savoir être seront principalement ceux en lien avec un travail de groupe,

comme dans les autres disciplines puisque les élèves n'en ont pas l'habitude. Pour les

savoir-faire, comme les élèves sont néophytes dans le fonctionnement en sciences, ils

porteront principalement sur le dessin d'une expérience et sa mise en place.

- « Se donner quelques objectifs conceptuels, pas trop ambitieux et clairement définis. »

Les élèves devront « être capables de développer des arguments mettant en évidence le

rôle de la circulation sanguine dans l’alimentation des organes à partir des poumons et du

tube digestif ».2 Nous rejoignons ici les objectifs définis dans le paragraphe précédent.

- « Choisir des situations et des outils pédagogiques directement en rapport avec ses

objectifs. Pour cela, la première séance portera uniquement sur le coeur et son

fonctionnement, la deuxième sur le rôle du sang pour enfin élaborer un schéma de

synthèse. »

- « Faire émerger et tenir compte des conceptions de apprenants ». Nous rejoignons encore

le paragraphe précédent. La première séance devra donc débuter en tenant compte du

niveau des élèves, nous avons vu qu'ils ignoraient en majorité le rôle de pompe du coeur. 1 Voir p 9, analyse de A. Giordan 2 Document d'application en sciences et technologie au cycle 3

25

- « Ne pas « donner », « montrer » mais plutôt « faire élaborer ». Il faudra donc essayer de

faire imaginer aux élèves des expériences pour valider leurs hypothèses sur le

fonctionnement du coeur. Il faut toutefois prendre en compte que cette séquence ne

permet pas aisément ce travail car les concepts sont difficiles à manipuler. En effet on ne

peut pas reproduire exactement la réalité.

c) Séances mises en place

Séance 1: recueil des conceptions (cf. paragraphe précédent p 20)

Pour amener ces conceptions initiales, les élèves sont amenés à prendre leur pouls après une

séance de course longue en EPS. Il s'avère assez difficile à prendre. Je questionne donc les

élèves sur ce battement qu'ils entendent, sa provenance. Je leur demande ensuite de me dessiner

un coeur dans un corps humain et de m'expliquer par un petit texte à quoi il sert.

Séance 2 : confrontation des conceptions, formulation d'hypothèses et conceptions

d'expériences

La confrontation des conceptions amène les élèves à douter sur l'anatomie du coeur. La classe ne

peut se mettre d'accord sur le nombre de « tuyaux » qui sortent du coeur. Un élève propose en

plaisantant d'observer un vrai coeur. Ils sont assez surpris lorsque je leur annonce qu'il est

possible d'observer des coeurs d'animaux. Les élèves ne sont pas très productifs quand au rôle du

cœur. En effet, ne connaissant pas la bonne réponse, ils ont peur de dire des bêtises. Ils font

souvent référence aux livres, manuels et encyclopédies pour trouver la solution.

Séance 3: l'anatomie et le rôle du coeur

Le fonctionnement mit en place est en atelier.1 Les différentes tâches sont proposées par

l'enseignant car les élèves ont été peu productifs comme nous l’avons vu précédemment. Les

élèves sont répartis sur 7 ateliers, par groupes de 4. Les groupes sont hétérogènes et les rôles

dans les groupes sont donnés afin de ne pas pénaliser ceux en difficultés ou au contraire de les

motiver. Deux de ces ateliers sont gérés par l’enseignant qui est situé dans un coin de la salle

pour voir le reste des groupes. La classe a pour avantage d’être grande, avec deux grandes tables 1 Cf. annexe 1

26

au fond autour desquelles on peut circuler librement. Il y a également deux ordinateurs sur

lesquels j’ai installé une animation du fonctionnement du cœur et deux grands lavabos dans

lesquels l’expérience de transvasement sera réalisée en autonomie. Les différents ateliers sont

expliqués en relation avec le fonctionnement du cœur, sans donner les résultats finaux.

Pour les ateliers que je gère, les élèves sont amenés à manipuler de véritables cœurs d’agneau. A

l’origine particulièrement dégoûtés, les enfants sont rapidement impatients de toucher ce cœur,

de sentir les différents trous et cavités. Seul un élève Boris, n’a pu y toucher, malgré l’utilisation

de gants en plastique.

Séance 4: le rôle du sang

Après une rapide synthèse des ateliers de la séance précédente et une comparaison de leurs

résultats et ceux du cœur, nous passons à l’étude du sang. En effet, les enfants ont remarqué la

séance précédente la présence de sang coagulé dans les cœurs d’agneau. Pour pallier au manque

de productivité de la dernière fois, je commence l’étude du sujet à partir de documents sur la

composition du sang. Les élèves font des hypothèses sur son rôle, sur ses lieux de passage en

répondant à des questions liées aux. documents. Ce travail commence donc individuellement

puis collectivement avec les confrontations des différentes hypothèses. Pour cette séance, je n’ai

pas su mettre en place des expériences capables de vérifier ces hypothèses. Ce sont donc les

manuels et l’enseignant qui ont validé les hypothèses.

Séance 5: schéma de synthèse

Après une synthèse des différentes informations trouvées durant la séquence et un rappel de la

respiration et la digestion, nous avons mis en place la double circulation. En effet, les élèves

connaissent le fonctionnement du cœur, la composition du sang, le rôle des poumons et de la

digestion.

A partir d’un schéma au tableau du corps humain, d’organes en carton et de fils de laine bleue et

rouge, les élèves doivent trouver les différents liens. Un élève va au tableau et propose une

organisation. Les autres enfants donnent leur avis et proposent des changements. A la suite des

différentes synthèses, ce schéma est copié sur le classeur avec pour en-tête « Ce que l’on a

appris ».

Dans la semaine, un contrôle vient sanctionner les connaissances des élèves.

27

d) Bilan de cette séquence Il est assez difficile de respecter tous les principes de « La main à la pâte » pour ces

séances car les différentes expériences et manipulations sont difficiles à trouver si on ne connaît

pas déjà les concepts. De plus les élèves ne sont pas habitués à ce fonctionnement.

En revanche, lors de l'évaluation finale, j'ai été étonnée par la réussite des élèves, même ceux

qui ont rencontré des difficultés aux contrôles de français et de mathématiques. Ils se

souvenaient parfaitement de l'anatomie du coeur. L'observation et la manipulation de vrais

coeurs ont dû les marquer. De même, la double circulation a été reproduite dans son ensemble

par 80% des élèves. Par contre, le rôle du sang a été beaucoup moins maîtrisé, c'est vrai que la

séance portait principalement sur des documents.

4. Mise en place d'une séquence sur l'eau en lien avec l'EEDD

Cette séquence est mise en place à la suite d'un travail en géographie sur l'agriculture où

nous avons abordé la pollution de l'eau à travers la lecture d'un document. De plus les élèves

étudient en histoire le 19ème siècle et les travaux d'Haussman dans Paris pour assainir la ville

dont la population a fortement augmenté. Enfin, les enfants ont tous, au cours de leur

scolarité, abordé au moins une fois le cycle de l'eau.

a) Objectifs fixés De même que la séquence précédente, nous allons appliquer les principes vus dans la

première partie pour cette séquence.

- « Avoir toujours à l’esprit un certain nombre d’objectifs de « savoir être » et de « savoir-

faire ». Les savoir être seront ici plus liés au débat de fin de séquence sur le

comportement responsable et solidaire que les élèves doivent avoir envers

l'environnement. Les savoir-faire se porteront encore une fois sur la mise en place

d'expériences pour valider des hypothèses puisque cet objectif n'a pas été acquis dans la

séquence précédente.

28

- « Se donner quelques objectifs conceptuels, pas trop ambitieux et clairement définis ».

Pour limiter les objectifs, ils porteront essentiellement sur la rareté et la préciosité de

l'eau. Pour y parvenir, les élèves devront retrouver le fonctionnement d'une station

d'épuration et constater que ce travail nécessite de nombreuses étapes.

- « Choisir des situations et des outils pédagogiques directement en rapport avec ses

objectifs ». Les situations porteront sur des expériences concrètes pour nettoyer de l'eau

sale avec du matériel rappelant celui des stations d'épuration.

- « Faire émerger et tenir compte des conceptions de apprenants ». Je poserais la question

suivante aux élèves « Où va l'eau de la vaisselle, du bain ? » pour voir s'ils connaissent le

fonctionnement de la station d'épuration et comment ils l'expliquent.

- « Ne pas « donner », « montrer » mais plutôt « faire élaborer ». Comme la séquence

précédente, la confrontation des conceptions amènera la formulation d'hypothèses et la

mise en place d'expériences pour les valider ou non.

b) Séances mises en place

Séance 1: recueil des conceptions

Les conceptions des élèves ont été assez peu variées. On peut les regrouper en deux sortes. Tout

d'abord celles qui conduisent les tuyaux de la maison directement dans la rivière sans envisager

de traitements des eaux1. Les élèves envisagent peut-être que l'eau qui arrive au robinet est une

eau toujours nouvelle. Les secondes montrent un passage par une usine, un endroit ou bien

souvent ce sont des hommes qui « lavent » l'eau, bien souvent le terme de « javel » est cité. Le

nettoyage de l'eau est envisagé mais les processus ne sont pas connus. Les élèves font donc

références à des activités quotidiennes comme faire la vaisselle ou laver le linge.2

Séance 2 : confrontation des conceptions, formulation d'hypothèses, propositions et

réalisation d'expériences

Les deux principales conceptions sont confrontées et j'interroge les élèves sur le devenir de cette

eau sale dans la rivière et la provenance de l'eau de leur robinet. Il y a donc un problème car les

deux étant au même endroit, ils ont l'impression de boire de l'eau sale. Ensuite, les questions 1 Cf. annexe 2 2 Cf. annexe 3

29

vont sur le nettoyage de l'eau dans les stations d'épuration. Les élèves font comme hypothèses

d'utiliser une grille, de l'eau de javel ou du produit à vaisselle1 . Les expériences mises en place

ne sont pas concluantes car l'eau est mousseuse, sent fortement la javel et est encore noire.

Séance 3: bilan et secondes hypothèses et expériences

Cette séance commence par un rappel de la séance précédente. Les expériences n’ont pas été

concluantes, il faut donc trouver d’autres solutions. En revanche, la première séance a été

bénéfique dans le sens où les élèves ont été confrontés à une démarche expérimentale dans son

intégralité, même si la solution n’a pas été trouvée. Peut-être les élèves avaient-ils besoin de se

représenter l’objectif de la tâche ou la première manipulation leur a-t-elle apporté des solutions.

En tout cas, les enfants ont imaginé des expériences différentes, tout en gardant les idées

efficaces comme l’utilisation d’une grille et d’une passoire. Les nouvelles expériences utilisent

surtout des filtres et du coton2 pour obtenir « une filtration plus lente et plus efficace ».

Séance 4: schéma de synthèse et débat

Le bilan n’a pu être fait la séance précédente par manque de temps. En effet, cette

activité est particulièrement salissante et il a fallut un temps assez long pour nettoyer. Les

enfants ont constaté que les filtres à café se déchiraient rapidement sous le poids des cailloux. Ils

en concluent en groupe qu’il faut donc utiliser auparavant une passoire pour ôter les gros objets.

Ensuite, un groupe remarque que le filtre à café ne permet pas de nettoyer l’eau car elle n’est pas

tout à fait claire après la filtration. Un autre groupe propose ses résultats : il a réalisé plusieurs

filtrations dont une dernière avec filtre et coton qui a été assez longue mais très efficace.

En revanche, aucune solution n’a été trouvée la semaine précédente en ce qui concerne

l’huile contenue dans l’eau sale. Les élèves ont constaté que celle-ci, après un temps de repos se

séparait du reste du mélange. Un élève propose donc de l’enlever avec une cuillère après un

certain temps d’inertie du liquide. Cette expérience n’est pas réalisée par manque de temps.

1 Cf. annexe 4 2 Cf. annexe 5

30

La classe en déduit donc que le processus de nettoyage de l’eau est assez long et qu’il

faut donc économiser l’eau. Je distribue ensuite aux élèves le schéma du fonctionnement d’une

station d’épuration et nous tentons de retrouver les différentes étapes que nous avons réalisées.

Dans un temps de vie collective, un débat est mis en place sur les différentes économies

possibles de l’eau.

c) Bilan de cette séquence

Cette séquence a permis plus particulièrement de respecter une démarche scientifique,

comme je me l’étais fixé dans mes objectifs même si celle-ci a été difficile à mettre en place. Je

pense qu’il faut habituer dès le début de l’année les élèves à ce fonctionnement. Il n’y a pas eu

d’évaluation sommative mais une évaluation de la participation des élèves. Les expériences étant

réalisées en groupe, un leader s’installe rapidement et prend les décisions. Les élèves en

difficultés et timides n’osent alors pas donner leur avis sur les démarches à mettre en place. Je

n’ai trouvé comme solution que de passer dans les groupes pour les interroger ou d’attendre le

moment d’échange collectif pour les faire participer. Toutefois, la motivation était présente pour

la grande majorité, même si elle s’accompagne de déceptions à gérer lorsque l’expérience n’est

pas concluante. Il faut donc savoir relancer l’activité et orienter les élèves en les questionnant.

La synthèse a porté comme prévu sur la rareté de l’eau et un débat a suivi. De mes objectifs que

je m’étais fixé, seul celui de la démarche expérimentale ne s’est pas déroulé comme prévu,

puisque j’ai été amenée à « donner » des solutions.

5. Bilan et conclusion de cet enseignement en cycle 3

Cette classe de CM2 n’avait pas l’habitude de s’interroger face à un problème. D’ailleurs ce

comportement se retrouve dans d’autres situations comme en mathématiques mais également en

vie collective où chacun prenait la parole mais sans véritable discussion entre les enfants. C’est

donc tout un rapport au savoir qu’il faut changer, me semble-t-il. Et ces séances m’ont montré

que ce n’était pas chose facile ! En effet, j’estime que même pour la deuxième séquence, les

élèves n’ont pas utilisé une démarche scientifique complète puisque leurs expériences ont été

induites par le matériel disponible.

31

En revanche, j’ai noté une plus grande facilité au débat, une plus grande propension à la

recherche de solutions. Par exemple, lors d’un exercice de géométrie, les élèves devaient

retrouver un dessin à partir de pièces d’un Tan Gram. Des élèves dont j’aurais pensé qu’ils

auraient abandonné depuis longtemps, découragés, n’ont eu de cesse de trouver la solution.

Nous ne pouvons pas prouver ce lien, mais peut-être est-ce la transversalité ou le transfert de

méthode de raisonnement dont parle G. Charpak.

32

III. Conclusion

Les séances de sciences qui appliquent les principes de l'opération « La main à la pâte »

et ceux de l'enseignement des sciences rénovés sont motivantes. En effet, elles respectent les

points définis par R. Viau1 . Il faut que l’activité soit un défi, un engagement cognitif, avec des

consignes claires, une responsabilité et un rapport aux autres pour l’élève, qu’elle soit liée avec

d’autres disciplines, la réalité. Ce sont donc des situations motivantes qui permettent à tous les

élèves de participer. Toutefois, ma pratique m’a permis de constater un inconvénient lorsque

l’on fait travailler les élèves en groupe. En effet, le manque de matériel amène les enseignants à

regrouper les élèves, même si ceux-ci n’ont pas toujours imaginé les mêmes expériences. De

même le travail de groupe, si les rôles ne sont pas bien définis et changés régulièrement, favorise

les leaders qui prendront les décisions, manipuleront, au détriment de leurs camarades qui ont

pourtant envie de participer.

De plus, j'ai cru remarquer que ce fonctionnement dans lequel on laisse aux élèves une

part d'autonomie, une prise de décisions, un temps de manipulation, amène ceux-ci à donner du

« crédit » à l'enseignement du maître. En effet, ces situations qui permettent de donner du sens

aux apprentissages donnent également confiance en l'enseignant. Cette remarque ne se base pas

sur des critères scientifiques mais sur une impression. Je crois tout de même avoir remarqué que

les élèves pouvaient ensuite mieux travailler sur des séances qui sollicitaient moins leur

imagination et leur engagement. Nous en revenons à cette citation d’un auteur en première

partie : « Qui est motivé, motive »2

Il faut redonner aux élèves l’envie d’essayer, de tester. En effet, une élève de ma classe,

Clara, protestait régulièrement en mathématiques en remarquant que de toute façon elle n’y

comprendrait rien. Les élèves sont habitués à l’échec parfois et il faut dédramatiser l’erreur.

C’est ce que permet l’enseignement des sciences rénové.

Il est difficile de concevoir une séance de sciences répondant à tous les principes de

l'opération « La main à la pâte ». Je trouve que les critères définis par les différents auteurs

présentés dans la première partie permettent d’y répondre. Je conserverais donc ces points

d’analyse pour chaque séance de sciences que j’aurais dorénavant à faire. Quant à l’aide

1 VIAU R., La motivation en contexte scolaire, De Boeck Université, 1994. 2 Ph. Jacqué , 2004.

33

apportée aux élèves en difficultés, je me suis aperçu qu’il est difficile de quantifier les progrès

réalisés et encore plus de déterminer la cause de ceux-ci. Toutefois, les résultats obtenus lors de

l’évaluation finale dans la classe de CM2 pour la séquence sur le cœur et la circulation sont une

preuve qui, au moins, m’aura convaincu. Je pense donc que l’enseignement des sciences est

important aussi bien à l’école maternelle qu’à l’école élémentaire pour favoriser la réussite de

tous.

34

IV. Bibliographie

ASTOLFI J.-P., L'école pour apprendre, Paris ESF, 1992. BERTHOU G., Quand et comment a été pensé l'enseignement des sciences expérimentales ? ,

Revue Grand N, n°63, 1998-1999

CHARPAK G., La main à la pâte: les sciences à l'école primaire, Flammarion, 1996. COQUIDE-CANTOR M. et GIORDAN A., L'enseignement scientifique à la

maternelle, Delagrave éditions, 2002.

DELIGNIERES D. et DURET P, Lexique thématique en STAPS, Vigot, 1996.

GIORDAN A., L'enseignement scientifique, comment faire pour que ça marche? Z'éditions,

1994.

GIORDAN A et De VECCHI G., Les origines du savoir, Delachaux et Niestlè, 1987.

VIAU R., La motivation en contexte scolaire, De Boeck Université, 1994.

Programmes 2002 « Qu'apprend-on à l'école maternelle ? »

Programmes 2002 « Qu'apprend-on à l'école élémentaire ? »

Le Monde de l' Education, dossier sciences, janvier 1997.

Le Monde de l' Education, avril 2004.

BULLETIN OFFICIEL n°13 du 29 mars 2001.

BULLETIN OFFICIEL n°28 du 15 juillet 2004.

Sciences au cycle 3, Magnard, 2003.

35

V. Annexes Annexe 1

Fiche de consigne pour un travail en atelier en CM2

Atelier 1 : Consigne : il faut compter le nombre de battements de son cœur pendant 1 minute au repos et après un effort (15 flexions). Rôle : 1 qui chronomètre 1 minute et qui écrit

1 qui compte les battements de son cœur

Prénom Nombre de pulsations au repos

Nombre de pulsations après un effort

Atelier 2 Consigne : il faut compter combien de fois on peut serrer une balle de tennis dans sa main en 1 minute. Rôle : 1 qui chronomètre et qui écrit 1 qui fait l’expérience

Prénom Nombre obtenu

Atelier 3 et 4 : Observation du cœur avec la maîtresse Atelier 3 : l’anatomie du cœur : Atelier 4 : expérience avec de l’eau colorée.

36

Atelier 5 : Consigne : regarde l’animation sur l’ordinateur du fonctionnement du cœur et dis pourquoi, à ton avis, le cœur fonctionne ainsi. Atelier 6 Consigne : le plus vite possible, il faut transporter les 4 litres d’eau d’un seau à un autre à l’aide de la tasse. Le temps est chronométré. L’expérience peut être tentée par plusieurs personnes. Rôle : 1 qui chronomètre 1 qui fait l’expérience 1 qui écrit 1 qui surveille qu’il n’y ait pas d’eau par terre

Prénom Temps mis au 1° essai Temps mis au 2° essai

Atelier 7 Consigne : d’après le document, ajoute des légendes au crayon de papier sur le dessin.

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Annexe 2 Conception initiale d’élève de CM2, réponse à la question : « Où va l’eau de la vaisselle, du bain ? »

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Annexe 3 Conception initiale d’élève de CM2, réponse à la question : « Où va l’eau de la vaisselle, du bain ? »

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Annexe 4 Réponses variées d’élèves de CM2 à la question : « Trouve des expériences pour nettoyer l’eau sale ».

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Annexe 5 Deuxième réponse d’élèves de CM2 à la question : « Trouve des expériences pour nettoyer l’eau sale. »

• utilisation d’un filtre :

• utilisation de plusieurs filtres :

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Comment l’enseignement des sciences rénové peut-il aider à la réussite des élèves en difficulté ?

Résumé : Les programmes de l’école primaire de 2002 reprennent les principes de l’opération « La main à la pâte » pour définir l’enseignement des sciences rénové. Ce mémoire tente de donner des critères sur lesquels s’appuyer pour mettre en place des séances respectant les directives nationales et conservant cet « esprit » de l’entreprise de G. Charpak pour pouvoir motiver les élèves et plus particulièrement conduire ceux en difficulté vers les apprentissages. Mots clés :

• Sciences • Motivation • Elèves • La main à la pâte