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 UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES Faculté de Philosophie et Lettres A  NAL YSE D' UN FILM D'EUROPE DE L'EST Comment j'ai fêté la fin du monde (Cum mi-am petrecut sfârşitul lumii) de Cătălin Mitulescu (Roumanie, 2006) LOUIS-DE W ANDELEER Laurent Travail présenté dans le cadre du cours Auteurs et cinémas nationaux – Partie Europe de l'Est CINE-B505 Dominique Nasta ANNÉE ACADÉMIQUE 2014-2015

Comment j'ai fêté la fin du monde (Mitulescu, 2006)

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Analyse du film "Comment j'ai fêté la fin du monde" de Cătălin Mitulescu (2006).

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  • UNIVERSIT LIBRE DE BRUXELLESFacult de Philosophie et Lettres

    ANALYSE D'UN FILM D'EUROPE DE L'EST

    Comment j'ai ft la fin du monde (Cum mi-am petrecut sfritullumii) de Ctlin Mitulescu (Roumanie, 2006)

    LOUIS-DE WANDELEERLaurent

    Travail prsent dans le cadre du cours

    Auteurs et cinmas nationaux Partie Europe de l'Est

    CINE-B505

    Dominique Nasta

    ANNE ACADMIQUE 2014-2015

  • Introduction

    l'exception des longs mtrages du cinaste Lucian Pintilie, il aura fallu attendre le dbut du

    XXIe sicle pour assister l'apparition d'un cinma roumain qui soit reconnu par les critiques

    internationaux comme tant digne d'intrt, la faute un contexte politique totalitaire, contamin

    par les drives du communisme, qui continua faire des vagues mme aprs sa chute en 1989.

    Comment j'ai ft la fin du monde, ralis en 2006 par Ctlin Mitulescu, fait partie de cette

    mouvance de films roumains salus par la critique1. Revenant sur la dernire anne de la dictature

    de Nicolae Ceauescu, le film met en scne deux protagonistes, l'adolescente Eva et son jeune frre

    Lalalilu, dans leur qute vers la libert. Eva tente en effet de fuir le pays tandis que Lalalilu fomente

    un complot farfelu avec ses amis pour tuer Ceauescu et ainsi mettre fin des annes de pauvret.

    Au final, ces deux reprsentants de la nouvelle gnration assisteront au renversement du rgime et

    l'tablissement d'une nouvelle Roumanie. Lalalilu poursuivra sa vie dans ce nouveau paysage

    politique tandis qu'Eva deviendra htesse sur un bateau de croisire.

    Le prsent travail aura pour but d'analyser le film de Mitulescu selon plusieurs aspects. Ainsi,

    aprs avoir abord plus en dtails le contexte socio-historique roumain dans lequel s'inscrit l'uvre

    et la faon dont il y est trait, nous tenterons de montrer comment cette ralisation emprunte la

    fois au minimalisme et aux tendances hollywoodiennes. Les chapitres ultrieurs seront davantage

    thmatiques puisqu'ils concerneront l'utilisation de la musique par Mitulescu, l'exploitation de la

    sensorialit et, enfin, la symbolique des quatre lments.

    Tout au long de notre tude, nous tenterons de relier nos analyses l'Histoire des cinmas

    d'Europe de l'Est, en crant des parallles avec d'autres ralisateurs qu'ils soient Roumains ou

    d'une autre origine afin de montrer comment le film de Mitulescu ne fait, au final, que s'inscrire

    dans une tradition profondment ancre dans les mentalits des cinastes d'Europe de l'Est.

    1 En tmoigne le prix d'interprtation obtenu Cannes par l'actrice principale, Dorotheea Petre.

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  • 1 Contexte socio-historique : le soulvement roumain et lachute du rgime de Ceauescu

    l'instar de plusieurs films roumains relevant du courant que les thoriciens du cinma ont

    baptis la Nouvelle Vague roumaine (mme s'il n'existe pas, proprement parler, de mouvement

    antrieur structur en Roumanie mais plutt des ralisateurs isols (NASTA 2007)), Comment j'ai

    ft la fin du monde utilise le contexte socio-historique trs spcifique de la fin des annes 1980

    et, plus prcisment, l'anne 1989 comme toile de fond pour construire son scnario. De fait,

    l'anne 1989 marque le soulvement du peuple roumain face au rgime totalitaire du dictateur

    Ceauescu et la chute de ce dernier suite la rvolution qui prit place entre le 16 et le 25 dcembre.

    tant donn l'importance historique de l'vnement, il n'est pas tonnant que de nombreux cinastes

    aient choisi de traiter ce sujet, comme l'crivait THE ECONOMIST (ONLINE) en 2013 ( Since the

    bloody revolution in 1989 a new generation of directors has turned its lens on the Ceauescu era,

    making films that show how people really lived under the regime and the post-communist traumas

    that followed after democracy was installed. ).

    Si le sujet de la rvolution roumaine se retrouve galement au cur du film 12h08 l'Est de

    Bucarest ralis en 2006 par Corneliu Porumboiu, il semble cependant plus judicieux de rapprocher

    le long mtrage de Mitulescu de celui ralis en 2007 par un autre artisan de la Nouvelle Vague,

    Cristian Mungiu, savoir 4 mois, 3 semaines, 2 jours. De fait, l o Porumboiu propose un regard

    rtrospectif sur l'Histoire roumaine, les films de Mitulescu et Mungiu s'inscrivent quant eux

    pleinement dans le contexte de la fin des annes 1980 et font office de vritables tmoignages

    visuels, comme le note Zo PROTAT (2008 : 47) :

    Les films de la nouvelle cole roumaine se trouvent pour la plupart intimement lis l'histoire. Il y

    a tout d'abord le cas douloureux d'une histoire passe, voque dans Comment j'ai ft la fin du monde

    et 4 mois, 3 semaines et 2 jours. [...] la rvolution a provoqu une telle rupture dans le temps que ces

    films demeurent des uvres historiques documentant une poque aujourd'hui rvolue. Les films de

    Mitulescu et de Mungiu abordent ainsi une Roumanie qui n'existe plus, celle de Ceauescu, de la

    dictature, de la censure, des privations et de l'absurdit d'un rgime hors du monde et du temps.

    Certes, les dmarches et parti-pris des deux films sont, bien entendu, trs diffrents. En effet,

    Mungiu propose une approche crue et raliste de la Roumanie sous Ceauescu, sans jamais mettre

    3

  • en scne explicitement le rgime, sa politique ou ses dirigeants ; Mitulescu, lui, explore plutt une

    veine potique (nous y reviendrons) et n'hsite pas mettre en scne Ceauescu lui-mme, que ce

    soit par des moyens dtourns ( travers une imitation par un personnage secondaire) ou bien

    directement (par le biais d'images d'archives). Il n'empche que les visions historiques des deux

    longs mtrages s'entrecroisent pour former cette forme de tmoignage dont parle Protat sans

    oublier la porte symbolique de l'avortement dans 4 mois, 3 semaines, 2 jours, renvoyant la

    ncessit d'avorter le rgime communiste et rejoignant donc la tentative de Lalalilu de renverser le

    dictateur dans Comment j'ai ft la fin du monde.

    Au-del de la Nouvelle Vague roumaine, on peut galement tendre ce devoir de mmoire des

    uvres plus anciennes, notamment Le Chne que Lucian Pintilie ralisa en 1992. Ici aussi, la

    volont de transmettre la ralit roumaine de la fin des annes 1980 est prgnante, d'autant plus que

    l'hrone, pourtant fille de grad, ne peut plus supporter le rgime communiste, ce qui donne lieu

    plusieurs scnes de dnonciation (pensons la scne du poste de police quand l'hrone se couche

    sur le trottoir en guise de protestation). La conclusion du film se veut la fois dramatique avec la

    mort de dizaines d'enfants dans l'explosion d'un bus scolaire pralablement pris en otage par des

    hommes dnonant les drives de la Securitate et tourne vers l'espoir avec l'enterrement

    symbolique des cendres du pre, comme l'indique Maria IONITA (2010) : This burial of a

    monstrous father is also the ritual burial of a monstrous past.

    travers son statut de tmoignage post-rvolutionnaire du contexte communiste, Comment j'ai

    ft la fin du monde relve donc d'une double inscription : dans l'hritage de Pintilie d'une part et,

    d'autre part, dans la mouvance des films contemporains de la Nouvelle Vague roumaine (relevant

    eux-mmes du legs de Pintilie).

    2 Entre minimalisme roumain et tendances hollywoodiennes

    En considrant les partis pris esthtiques et la ralisation apporte par Mitulescu, force est de

    constater que Comment j'ai ft la fin du monde se situe dans un entre-deux plutt original, entre

    minimalisme roumain et cinma tendance hollywoodienne. Le prsent chapitre aura ainsi pour

    objectif de montrer quelles caractristiques du film permettent de le classer dans l'une ou l'autre

    catgorie.

    2.1 lments minimalistes

    Mme si Dominique NASTA (2013 : 155 ; 181) retient seulement quatre noms principaux dans le

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  • cadre du courant minimaliste roumain ( savoir Puiu, Porumboiu, Mungiu et Radu Muntean),

    plusieurs lments permettent tout de mme de placer Catalin Mitulescu aux cts de ses

    compatriotes prcits.

    Premirement, tout comme les autres uvres de la Nouvelle Vague roumaine et dans l'hritage

    de Pintilie, Mitulescu refuse de cder totalement l'esthtique hollywoodiene classique, comme

    l'explique Dominique NASTA (2007) :

    This acknowledgement [to Lucian Pintilie] can be seen in the young filmmakers' overall refusal (even

    if economically conditioned) to produce large-scale spectacular movies that is, action films that

    unfold in exotic locales and are studded with national and/or international stars and lots of special

    effects, ideally backed by a fashionable score, with lots of easily recognizable musical hits.

    De fait, malgr une production internationale (notamment franaise et allemande travers les

    participations respectives des compagnies de production Pellas Films et Acht Frankfurt), Mitulescu

    s'est cantonn mettre en scne un rcit dans la veine des productions minimalistes contemporaines

    (mme si, nous le verrons, il en va autrement concernant la ralisation proprement dite). Toute

    l'action du film se passe en effet selon la perspective d'une famille roumaine plutt pauvre et dans

    un cadre folklorique, ce qui ne laisse place aucun aspect spectaculaire ou exotique.

    Dominique NASTA (2007) poursuit plus loin : [...] these filmmakers have demonstrated a strong

    belief in the virtues of textual and visual messages that are both very close to the ironic and

    absurdist Romanian psyche, on the one hand, and able to achieve an international audience appeal,

    on the other. nouveau, ces caractristiques se retrouvent dans Comment j'ai ft la fin du monde,

    Mitulescu proposant un travail important sur les dialogues et les symboles vhiculs dans le film

    (pensons notamment au buste bris de Ceauescu ou la bulle de chewing-gum gante s'levant

    dans le ciel). En outre, l'ironie fait partie intgrante du film, ne ft-ce qu' travers le rcit qu'il met

    en scne : celui d'un petit garon persuad de pouvoir renverser le rgime lui tout seul.

    Un second point rapprochant le film de Mitulescu du courant minimaliste rside dans la volont

    d'insrer une histoire personnelle au sein de la grande Histoire de la Roumanie. Ici, ce sont les

    prgrinations d'une famille qui sont relates au spectateur, principalement les faits et gestes des

    enfants, Eva et Lalalilu. Ceci corrobore l'avis de Rodica IETA (2010) selon qui : The most notable

    change [in Romania after 1989] was the adoption of a style that I would call realism-without-

    borders : everything is worthy of being the subject of a film [...] and everything can be represented

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  • as is, in its momentary occurrence, without concern for consequences. Mme si l'hypothse d'une

    contrainte temporelle n'est pas aussi forte que dans les productions minimalistes classiques (l'action

    de 4 mois, 3 semaines, 2 jours se droule sur 24 heures, celle de La Mort de Dante Lazarescu (Cristi

    Puiu, 2005) sur une nuit), la contrainte spatiale, elle, est bel et bien prsente : ce sont toujours les

    mmes lieux qui sont prsents et reviennent inlassablement (l'cole puis l'atelier, le quartier

    pauvre, le Danube et ses rives...). Ces lments, a priori sans importance, se voient insrs dans une

    macrostructure historique, celle des derniers temps de la dictature de Ceauescu.

    Enfin, le jeu tout en underplaying de l'actrice principale, Dorotheea Petre (interprtant Eva),

    finit d'associer l'uvre de Mitulescu au minimalisme. De fait, Petre reste plus ou moins neutre

    durant toute la dure du film, ne prononant jamais un mot au-dessus d'un autre et ne s'nervant

    jamais (mme lorsqu'elle se fait exclure des jeunesses communistes et de son cole, ce qui rend ces

    sanctions d'autant plus ironiques).

    2.2 lments hollywoodiens

    Par rapport aux films minimalistes classiques dans lesquels l'utilisation de plans fixes et le

    principe de frontalit sont fortement mis contribution , la camra chez Mitulescu ne cesse de

    bouger et de suivre les personnages. Comment j'ai ft la fin du monde est un film trs construit, fait

    de plans gnralement courts, ne laissant que peu de place aux plans-squences.

    La narration du film se rapproche, elle aussi, de la structure hollywoodienne, ainsi que le note

    Dominique NASTA (2013 : 209) :

    In terms of storytelling [...] the film sticks quite close to Classical Hollywood principles : transparent

    narration with multiple storylines converging at the end via a satisfactory pay-off, recurring themes

    and motifs situated at pivotal moments, engaging characters from all generations carefully portrayed,

    implicative music at key moments, and so on.

    De fait, l'utilisation de la musique revt une grande importance dans Comment j'ai ft la fin du

    monde (comme nous en parlerons dans un chapitre ultrieur) alors que les minimalistes prnent

    plutt un refus quasi total d'illustration musicale. Mitulescu, lui, n'hsite pas multiplier les

    occurrences de musique intra-digtique et extra-digtique, ce qui contribue le rapprocher des

    tendances hollywoodiennes.

    La gestion de l'empathie est galement diffrente chez Mitulescu par rapport ses compatriotes

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  • minimalistes. De fait, l o Mungiu et ses pairs tentent d'tablir une certaine distance entre les

    personnages et le spectateur (Mungiu le racontait lui-mme lors d'une interview accorde CIEUTAT

    et TOBIN en 2007 : Je voulais un style d'expression qui tienne le spectateur distance, en

    repoussant les effets de style, la musique et tout ce qui joue sur les sentiments. ), Mitulescu use de

    plusieurs subterfuges (que nous avons dj mentionns) afin de renforcer l'implication de son

    audience et ne pas perdre son attention. Ainsi, les plans trs courts, la musique implicative ainsi que

    la narration classique sont autant d'lments dont l'efficacit accroche le spectateur et lui font

    ressentir de l'empathie pour les personnages l'cran (notamment au moment o Eva est la rise de

    ses camarades de classe dans l'atelier et o Andrei, fils d'un dissident politique, vient l'aider

    nettoyer son ressort).

    Enfin, l'orientation potique et lyrique emprunte par Mitulescu, qui dpeint ici une espce de

    fable, rapproche galement Comment j'ai ft la fin du monde des films grands publics, comme

    l'crit Dominique NASTA (2007) : Paradoxically, a quite nostalgic, slightly nationalistic flavor

    emanates from these films, implying that Causescu's reign also had some good points [...] . This

    explains why in terms of style the visuals stress the country's uncontested beauties in a lyrical

    way, quite close to mainstream cinema [...] . De fait, au-del des illustrations de la pauvret des

    familles sous le rgime de Ceauescu, Mitulescu se plat proposer des moments plus

    contemplatifs vis--vis des paysages et du folklore roumains (notamment le plan de nuit sur le

    Danube et ses alentours lors de la tentative d'vasion d'Eva ou encore la longue scne de danse lors

    du repas collectif).

    3 L'utilisation de la musique

    Comment j'ai ft la fin du monde propose plusieurs occurrences de musiques intra-digtiques

    et extra-digtiques. Chaque illustration musicale possde sa signification que nous tenterons

    d'analyser dans les lignes qui suivent.

    3.1 Les musiques intra-digtiques

    Ds les premires minutes du film, une musique de fanfare fait son apparition afin

    d'accompagner l'entre en scne de Ceauescu (on se situe ici dans l'espace onirique de Lalalilu qui

    imagine sa rencontre avec le chef du rgime). Au-del de son caractre militaire et politique, cette

    musique renvoie la fois l'Histoire de la Roumanie et l'histoire des cinmas de l'Est

    notamment L'Homme de marbre d'Andrzej Wajda (1977) et ses nombreuses images d'archives

    renvoyant l'poque communiste, toutes illustres par une musique de fanfare. Par ailleurs, et dans

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  • un cadre certes fort diffrent, Milo Forman apprciait lui aussi l'utilisation de fanfares dans ses

    films (pensons L'Audition (1963) ou Au feu les pompiers (1967)). Nanmoins, l'ironie qui se

    dgage du rve de Lalalilu peut renvoyer aux situations burlesques des films du ralisateur tchque.

    D'autres occurrences de musique intra-digtique dans le long mtrage de Mitulescu revtent

    tantt un ct folklorique, tantt un aspect patriotique. Plusieurs scnes paradigmatiques viennent

    ainsi immdiatement l'esprit : la scne de danse lors du repas collectif, l'orchestration organise

    durant la remise des prix de l'atelier que frquentait Eva ou encore la rptition de la chorale des

    enfants en vue des clbrations destines glorifier Ceauescu. Ces diffrentes utilisations

    musicales participent au ct lyrique et/ou potique du film.

    En ce qui concerne la scne de danse, on remarque que la musique se compose d'un accordon et

    d'un violon. Or, l'accordon est l'instrument rcurrent composant, nous le verrons, la plupart des

    occurrences de musique extra-digtique (le violon, lui, sera utilis pour deux occurrences).

    Mitulescu introduit donc ici un systme de rimes auditives permettant d'insister sur la composante

    folklorique roumaine, ce qui renforce encore le ct lyrique du film et son aspect de fable.

    Remarquons galement que le chant patriotique auquel a particip Eva revient lors du gnrique

    de fin, ce qui tend prouver, selon Dominique NASTA (2013 : 210) que les chansons officielles

    feront toujours partie de l'tat d'esprit pr-rvolutionnaire roumain2 .

    Enfin, quelques autres occurrences de musique intra-digtique font leur apparition durant le

    film, notamment la chanson rock qui permet Andrei de sduire Eva ou encore la chanson joue

    la guitare par Lalalilu d'abord puis par Eva. Les paroles de cette dernire finissent de traduire le

    mal-tre de la nouvelle gnration roumaine vis--vis de sa situation prcaire et de son abandon par

    le rgime ( Je n'ai pas de mre, je n'ai pas de pre / Je ne suis qu'un malheureux / Je n'ai pas de

    frre, je n'ai pas de sur / Suis-je n d'une fleur ? ). Ce n'est en effet pas un hasard si les deux

    enfants de la famille entonnent tour tour ces paroles mtaphoriques.

    3.2 Les musiques extra-digtiques

    Mitulescu fait le choix d'utiliser avec parcimonie les occurrences de musique extra-digtique,

    limite sept apparitions sur l'ensemble du film :

    la premire fois que l'on voit la vieille voiture transforme en sous-marin par les enfants

    (accordon et violon) ;

    l'atelier, lorsque Andrei vient aider Eva lustrer un ressort. Les autres lves jouent au

    2 Notre traduction de l'anglais.

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  • football ou s'amusent draguer Eva en lui adressant des gestes obscnes (accordon et violon) ;

    lorsque Eva et Andrei attendent le dpart du train dans lequel ils ont embarqu

    clandestinement. La musique se termine sur une pose contemplative de Lalalilu (accordon seul) ;

    quand Eva aide Lalalilu enfiler son bel habit de choriste (accordon seul) ;

    la scne dans laquelle les enfants laissent s'envoler une norme bulle de chewing-gum

    (accordon et synthtiseur) ;

    lorsque Lalalilu est dans la voiture/sous-marin pour aller poster la lettre adresse sa sur

    (accordon et synthtiseur) ;

    juste avant le gnrique de fin, lors du plan sur le bateau bord duquel se trouve Eva et qui

    s'loigne vers l'horizon (accordon et synthtiseur).

    Il y a donc une progression au niveau de l'utilisation des instruments : l'accordon est d'abord

    employ en coordination avec le violon, il est ensuite employ seul et, enfin, il se voit rejoint par un

    synthtiseur.

    Cette progression musicale correspond galement une progression narrative. De fait, les deux

    premires occurrences de musique extra-digtique illustrent la vie d'Eva et de son frre avant leurs

    rbellions respectives contre le systme le violon introduisant ici un motif mlancolique et

    traditionnel, tourn vers le pass. Les deux occurrences suivantes soulignent un tat de transition et

    montrent les prmices de la rvolution en marche seul l'accordon subsiste, preuve que le pass

    est dj oubli. Enfin, les trois dernires occurrences s'inscrivent dans la modernit apporte par le

    souffle de la nouvelle gnration et la rsolution de leur parcours vers une nouvelle libert qu'ils ont

    acquise l'emploi d'un synthtiseur, instrument bien plus moderne que l'ancestral violon, va en ce

    sens.

    Ainsi, les musiques extra-digtiques de Comment j'ai ft la fin du monde servent non

    seulement alimenter le ct folklorique du film, mais galement appuyer la narration et, par

    consquent, impliquer le spectateur dans le droulement du rcit. C'est aussi une manire pour

    Mitulescu de crer de l'empathie spectatorielle envers ses personnages ( travers, notamment,

    l'aspect mlancolique de la musique).

    4 Le paradigme familial et l'image-cristal

    La composante familiale constitue un aspect important du cinma de la Nouvelle Vague

    roumaine (encore une nouvelle trace de l'hritage de Pintilie, dans la ligne de son film Le Chne

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  • par exemple). Toutefois, Comment j'ai ft la fin du monde parvient se dmarquer des longs

    mtrages contemporains en exploitant la notion de point de vue de manire singulire. En effet, si 4

    mois, 3 semaines, 2 jours se focalisait sur un point de vue fminin, 12h08 l'Est de Bucarest sur un

    point de vue masculin adulte et La Mort de Dante Lazarescu sur le point de vue de la vieillesse,

    Mitulescu prend le parti de traiter le paradigme familial partir du point de vue adolescent et

    enfantin, travers les regards d'Eva et de Lalalilu.

    Le choix de cette perspective permet d'expliquer en partie pourquoi le ralisme cru inhrent aux

    autres ralisations a ici disparu pour laisser place un cinma color, plutt enjou et enfantin. Il

    n'empche que le paradigme familial a tout autant sa place chez Mitulescu que chez les autres

    cinastes.

    De fait, Comment j'ai ft la fin du monde ne cesse d'explorer les rapports entre l'ancienne et la

    nouvelle gnration. Cela se marque tout d'abord au niveau de la cellule familiale laquelle

    appartiennent Eva et Lalalilu. Les parents font ici figures d'autorit et ne sont qu'une reprsentation

    domestique du dictateur Ceauescu (que le pre imite d'ailleurs lors d'une scne en dbut de film).

    Ce sont eux qui choisissent l'avenir d'Eva, quel garon elle se doit d'aimer et donc quelle destine

    elle doit emprunter. C'est notamment grce aux rapports enfantins qu'elle entretient avec son frre

    cadet qu'Eva parvient ne pas sombrer dans la morosit.

    La scne du repas collectif est nouveau un moment paradigmatique, cette fois vis--vis du

    traitement de la famille. Toutes les gnrations sont ici rassembles, de sorte que pass et prsent

    coexistent, ils ne font plus qu'un. Nous retrouvons ici le concept de l'image-cristal invent par

    Gilles DELEUZE (1985), savoir une connexion entre une image actuelle et l'image virtuelle d'un

    pass qui reste toujours prsent. La musique intra-digtique accompagnant la scne, compose

    d'un accordon et d'un violon, contribue illustrer cette fresque roumaine, inter-gnrationnelle et

    inter-temporelle.

    La dmarche particulire de Mitulescu apparat avec d'autant plus de transparence si on compare

    la scne du repas avec des scnes du mme ordre provenant d'autres films de la Nouvelle Vague

    roumaine. Ainsi, dans 4 mois, 3 semaines, 2 jours, la scne du repas en plan fixe ne contribue

    qu' isoler un peu plus la protagoniste et fait office de condens de la condition sociale roumaine de

    la fin des annes 1980. De mme dans Au-del des collines, ralis galement par Cristian Mungiu

    en 2012, le repas, lui aussi en plan fixe, s'avre tre d'une austrit absolue et en dit long sur

    l'environnement du couvent en plus de servir de prambule un drame humain. Dans Comment j'ai

    ft la fin du monde, Mitulescu prend donc le contre-pied de Mungiu pour proposer une vritable

    scne de fte, sans aucune arrire-pense ni consquence dramatique. Comme l'crit Dominique

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  • NASTA (2013 : 210) propos de cette scne : Implicit nostalgia for happy moments despite hard

    times is palpable in the way the director films alternative universes in the neighbourhood [...] .

    On retrouve l'ide de l'image-cristal la toute fin du film, lorsque l'ensemble du quartier semble

    faire signe Eva dans une espce de tableau idyllique, face camra (qui ne manque pas de rappeler,

    dans un tout autre registre, la fin du film Le Chne de Pintilie (1992)). nouveau, toutes les

    gnrations coexistent, toutes les destines se rejoignent pour aboutir cette image de bonheur et de

    libert retrouvs : Lilalilu et ses jeunes amis qui pensent avoir russi leur complot contre Ceauescu,

    le simple d'esprit Boulba qui a vcu l'oppression et la rvolution sans vritablement s'en soucier, le

    pre d'Alex (l'ancien petit ami d'Eva), autrefois serviteur du rgime et devenu, lui aussi, simple

    d'esprit aprs la chute de ce dernier, le soldat qui apparat dj dans le rve de Lalalilu en tout dbut

    de film, renforant l'hypothse onirique de ce plan-tableau...

    Enfin, la thmatique scolaire a galement son importance chez Mitulescu. Les professeurs

    incarnent une autre facette de l'autorit et sont, leur manire, les pres des lves qu'ils dirigent

    ainsi qu'une nouvelle reprsentation de Ceauescu ( Qui ne russit pas en classe, partira travailler.

    Sinon, c'est la prison ! Il faut savoir apprcier les efforts de l'tat. affirme ainsi le directeur de

    l'atelier o s'inscrit Eva). Le paradigme familial se voit ici agrment d'lments propres au

    panslavisme : l'identit individuelle de la nouvelle gnration tend disparatre au profit de la

    prosprit collective et de l'essor du pays tout entier ( nouveau, nous ne sommes pas loin des

    images d'archives de L'Homme de marbre tout comme on se rapproche des thmatiques du cinma

    des annes 1920, notamment La Ligne gnrale de Sergue Eisenstein (1929)). Ce n'est que par la

    rbellion que la jeunesse pourra se dfaire de l'emprise de ses ans, comme le prouvent les

    dmarches d'Eva et de Lalalilu.

    5 Polysensorialit : l'veil des sens

    La polysensorialit fait partie intgrante de l'histoire du cinma roumain. nouveau, on peut

    citer les films de Lucian Pintilie comme rfrences (la scne de la fort dans La Reconstitution

    (1968) traduisant un rapport fusionnel la nature, les premires minutes du Chne avec la camra

    au ras du sol et la scne de fin introduisant encore une fois ce rapport fusionnel la nature, Trop

    tard (1996) et l'exploration en profondeur des mines de charbon...).

    Comment j'ai ft la fin du monde s'inscrit lui aussi dans cette recherche polysensorielle, dans

    cette exploitation synesthsique des cinq sens que sont la vue, l'oue, l'odorat, le got et le toucher.

    Ainsi, tous les plans sur le quartier o vivent Eva et ses voisins sont souvent reprsents comme

    11

  • humides, sales et boueux, insistant sur la situation prcaire des classes les plus pauvres sous le

    rgime de Ceauescu (voir notamment la scne de l'emmnagement d'Andrei durant laquelle pluie

    et boue s'entremlent et o les affaires d'Andrei tombent sans mnagement sur le sol crasseux).

    Il est intressant de noter la faon dont cette perception sensorielle du quartier d'habitation se

    transforme aprs la chute du rgime de Ceauescu. Ainsi, si l'on se rfre au plan-tableau inter-

    gnrationnel situ en fin de film, on constate que la polysensorialit inhrente au lieu a en effet

    compltement chang : la pluie a laiss place au Soleil, la boue a totalement disparu et la nature se

    veut plus prsente que jamais travers la prsence de verdure. Mitulescu utilise ainsi les sensations

    pour dresser un constat d'avant/aprs : le changement de rgime correspond un changement

    mtorologique, lequel correspond lui-mme la mentalit des personnages l'cran. On revient ici

    la fois La Ligne gnrale d'Eisenstein, au Chne de Pintilie et au Sacrifice de Tarkovski (1986)

    avec la fusion de l'homme et de la nature, de l'homme avec le mtorologique.

    Par ailleurs, le bain glac partag par Andrei, la fuite d'Andrei et d'Eva par le biais des eaux du

    Danube et, dans une moindre mesure, la tentative de suicide de Lalilu dans ce mme fleuve,

    participent galement de cette volont de recherche polysensorielle, relevant ici du principe

    physique et mtaphorique de l'immersion : les personnages s'immergent pour tenter de remdier

    leur malheur tandis que le spectateur s'immerge d'autant plus dans le rcit en se mettant la place de

    ceux qu'il observe.

    En outre, le gestion de la vue et du regard renvoie au cinma primitif et la figure du voyeur. En

    effet, nombre de plans montrent Lalalilu et ses jeunes amis en train d'espionner le voisinage (voire

    mme Eva et Andrei dans leur bain glac) travers la fente d'une barrire ou par le biais d'un

    interstice. Mitulescu en profite pour impliquer le spectateur au moyen de l'utilisation d'une camra

    subjective. Le spectateur devient ainsi le voyeur qui transgresse l'interdit. Le point de vue subjectif

    est galement employ lors du renversement de Ceauescu que les personnages regardent la

    tlvision3. Le spectateur devient ainsi un tmoin privilgi

    Enfin, la question du got n'est pas carte, en tmoignent la scne o Alex mange un repas des

    plus frugaux aux cts de son pre ou encore le repas collectif durant lequel les convives se

    contentent de manger des fruits et du pain. Mitulescu utilise ici la perception sensorielle pour

    insister une nouvelle fois sur la pauvret du milieu.

    La polysensorialit dans Comment j'ai ft la fin du monde a donc une triple fonction :

    3 propos de l'usage de la tlvision dans le film, Dominique Nasta (2013 : 211) crit : In the line of [...] Pintilie(The Oak, Too Late, Niki and Flo) and Muntean (The Paper Will Be Blue), [...] the core of the action is transferred tothe medium of television, where archive images and fictitious ones eventually blend. Ceci constitue une nouvelletrace de la double inscription de Mitulescu, entre l'hritage de Pintilie et la Nouvelle Vague roumaine.

    12

  • une fonction de dnonciation de la pauvret du milieu dans lequel voluent les personnages ;

    une fonction mtaphorique travers la fusion des personnages avec la nature et le

    mtorologique ;

    une fonction implicative, le but tant de placer le spectateur dans la peau des personnages.

    6 La logique des quatre lments

    La logique des quatre lments est une composante rcurrente travers toute l'Histoire des

    cinmas des pays de l'Est. Les quatre lments l'air, l'eau, la terre, et le feu se retrouvent tous

    dans Comment j'ai ft la fin du monde et revtent chacun une signification reprsentative et/ou

    symbolique.

    Tout d'abord, la composante de la terre est relier au quartier d'habitation de la famille d'Eva.

    Nous l'avons dj mentionn dans le chapitre sur la polysensorialit, la terre (et la boue) sont les

    lments majoritaires dans la reprsentation de la zone. Ce premier lment physique, palpable,

    renvoie la notion de foyer. La terre revient galement dans la caractrisation de l'tablissement

    scolaire, l'atelier servant finalement de second foyer pour la jeunesse roumaine telle qu'elle est

    dpeinte par Mitulescu.

    Deuximement, l'hypothse aquatique peut se voir assimile chez Mitulescu la notion de

    libert. De fait, c'est en traversant le Danube qu'Andrei et Eva tentent d'chapper au rgime (seul

    Andrei ira jusqu'au bout de son entreprise) et, la fin du film, Eva devient htesse sur un bateau de

    croisire luxueux qui vogue vers l'horizon. On retrouve ainsi dans Comment j'ai ft la fin du

    monde l'ide de purification par l'eau, dj prsente dans d'autres films de l'Est (notamment chez

    Tarkovski avec Le Miroir (1975) ou bien chez Vra Chytilov avec Les Petites Marguerites (1966)).

    Ici, le but des personnages est de se purifier du communisme, quitte devoir endurer la souffrance

    pour arriver leurs fins (voir la scne du bain d'eau glace). L'lment aquatique est ainsi

    troitement li la polysensorialit, comme nous l'avons mentionn dans le chapitre prcdent.

    L'lment arien peut galement se voir associ la notion de libert. Ceci transparat

    principalement travers la scne symbolique o Lalalilu et ses amis envoient une norme bulle de

    chewing-gum dans le ciel en criant que celle-ci n'clate pas, preuve que l'on peut sortir indemne de

    la dictature communiste.

    Enfin, le feu arrive lors des dernires minutes du film, lorsque l'un des voisins d'Eva dcide de

    suivre le mouvement initi par une autre personne en brlant sa voiture. Comme dans de nombreux

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  • autres films des pays de l'Est (Le Sacrifice de Tarkovski bien entendu mais aussi Le Chne de

    Pintilie), le feu permet de faire table rase du pass en immolant dans un geste symbolique une trace

    de l'poque dsormais rvolue.

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  • Conclusion

    Malgr son aspect un peu merveilleux, simpliste et, finalement, peu dnonciateur (ce qui lui fut

    d'ailleurs reproch par certains critiques roumains (NASTA 2013 : 212)), Comment j'ai ft la fin du

    monde propose un point de vue original sur la fin du rgime de Ceauescu travers les

    protagonistes qu'il met en scne. En outre, la ralisation de Mitulescu s'inscrit pleinement dans la

    tradition des cinmas d'Europe de l'Est en traitant plusieurs thmatiques et symboles rcurrents,

    comme nous avons tent de le dmontrer tout au long de notre tude. Nanmoins, cela n'empche

    pas le ralisateur de proposer des lments novateurs par rapport ses prdcesseurs, notamment au

    niveau de l'utilisation de la musique et de la progression instrumentale relier aux mentalits des

    personnages.

    Ce travail ne se veut bien entendu aucunement exhaustif et ne prtend pas aborder toutes les

    thmatiques mises en place consciemment ou non par Mitulescu. Nanmoins, il permet de

    lancer plusieurs pistes de travail et contribue complter les tentatives d'exgse du cinma

    roumain.

    Fiche du film

    CUM MI-AM PETRECUT SFRITUL LUMII 2006

    Aux tats-Unis : The Way I Spent the End of the World (titre alternatif : How I Celebrated the End of the

    World) ; en France : Comment j'ai ft la fin du monde

    Ralisation : Ctlin Mitulescu Scnario : Ctlin Mitulescu et Andreea Valean Photographie :

    Marius Panduru Montage : Cristina Ionescu Musique originale : Alexandru Blnescu Production : In-

    Ah Lee, Philippe Martin, Ctlin Mitulescu, Daniel Mitulescu, David Thion Distribution : Metropolis Film

    et Pyramide Distribution Origine : Roumanie Dure : 110 min.

    INTERPRTES : Dorotheea Petre (Eva Matei), Timotei Duma (Lalalilu Matei), Ionu Becheru

    (Alexandru Vomic), Cristian Vraru (Andrei), Carmen Ungureanu (Maria Matei), Mircea Diaconu (Grigore

    Matei), Marius Valentino Stan (Tarzan), Marian Stoica (Silvic), Corneliu igancu (Bulba).

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  • Bibliographie

    Source Primaire

    MITULESCU Ctlin, 2006, Comment j'ai ft la fin du monde, Metropolis Film et Pyramide Distribution,

    110 min.

    Sources secondaires

    CIEUTAT Michel et TOBIN Yann, 2007, Entretien avec Cristian Mungiu : Une faon franche de filmer ,

    Positif, vol. 559, pp. 17-21.

    DELEUZE Gilles, 1985, L'image-temps, Paris, ditions de Minuit, 378 p. Texte disponible l'adresse

    suivante : http://www.cineclubdecaen.com/analyse/livres/imagetempsv2.htm.

    IETA Rodica, 2010, The New Romanian Cinema : A Realism of Impressions , Film Criticism, vol. 34,

    n2-3, pp. 22-36.

    IONITA Maria, 2010, Niki and Dante : Aging and Death in Contemporary Romanian Cinema , Film

    Criticism, vol. 34, n2-3, pp. 37-50.

    NASTA Dominique, 2013, Contemporary Romanian Cinema : The History of an Unexpected Miracle,

    Londres New York, Wallflower Press, 267 p.

    PROTAT Zo, 2008, Cinma roumain : Aprs la rvolution , Cin-bulles, vol. 26, n3, pp. 44-49.

    Sitographie

    L. C., The Pearls of a New Generation : Romanian Cinema , The Economist, cr le 14 mars 2013,

    http://www.economist.com/blogs/prospero/2013/03/romanian-cinema, consult le 22 dcembre 2014.

    NASTA Dominique, The Tough Road to Minimalism : Contemporary Romanian Film Aesthetics ,

    KinoKultura, dernire mise jour le 15 juin 2007, http://www.kinokultura.com/specials/6/nasta.shtml,

    consult le 22 dcembre 2014.

    CEAUSESCU.ORG, Ceausescu's Chronology , dernire mise jour le 31 aot 2006,

    http://www.ceausescu.org/ceausescu_texts/ceausescu_chronology.htm, consult le 23 dcembre 2014.

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  • Table des matires

    Introduction..........................................................................................................................................2

    1 Contexte socio-historique : le soulvement roumain et la chute du rgime de Ceauescu..............3

    2 Entre minimalisme roumain et tendances hollywoodiennes.............................................................4

    2.1 lments minimalistes...............................................................................................................4

    2.2 lments hollywoodiens............................................................................................................6

    3 L'utilisation de la musique.................................................................................................................7

    3.1 Les musiques intra-digtiques..................................................................................................7

    3.2 Les musiques extra-digtiques.................................................................................................8

    4 Le paradigme familial et l'image-cristal............................................................................................9

    5 Polysensorialit : l'veil des sens.....................................................................................................11

    6 La logique des quatre lments.......................................................................................................13

    Conclusion..........................................................................................................................................15

    Fiche du film.......................................................................................................................................15

    Bibliographie......................................................................................................................................16

    Sitographie..........................................................................................................................................16

    Table des matires..............................................................................................................................17

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    UNIVERSIT LIBRE DE BRUXELLESFacult de Philosophie et Lettres

    Introduction1 Contexte socio-historique: le soulvement roumain et la chute du rgime de Ceauescu2 Entre minimalisme roumain et tendances hollywoodiennes2.1 lments minimalistes2.2 lments hollywoodiens

    3 L'utilisation de la musique3.1 Les musiques intra-digtiques3.2 Les musiques extra-digtiques

    4 Le paradigme familial et l'image-cristal5 Polysensorialit: l'veil des sens6 La logique des quatre lmentsConclusionFiche du filmBibliographieSitographieTable des matires