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C O L L E C T I O N Nouveau Départ

J'ai failli mal tourner…

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Livre évangélisation Daniel Coronès

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C O L L E C T I O N

N o u v e a u D é p a r t

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BLF Europe • Rue de Maubeuge59164 Marpent • France

En collaboration avec FE

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J’ai failli mal tourner… • Daniel Coronès

© 2010 BLF Europe • Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • [email protected] • www.blfeurope.comTous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.

Couverture, mise en page et impression :BLF Europe • Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France

Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible du Semeur, © 2000, Société Biblique Internationale. Avec permission.

ISBN 978-2-910246-40-2Dépôt légal 2e trimestre 2010Index Dewey (CDD) : 259.5Mots clés : 1. Délinquance. Marginalité. 2. Évangile. Jésus-Christ.

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Remerciements et dédicaces

À mon épouse Isabelle et à mes enfants Manon, Samuel Angelo et Marie Ève.

Ce livre m’a remémoré des événements peu glorieux que j’avais presque oubliés, voire occultés. Sachant que ma mère allait me lire, j’ai longuement hésité à les raconter. Elle sait combien je l’aime et que, pour rien au monde, je ne voudrais lui faire de la peine. Elle est mon diamant.

Je tiens à remercier Alain Stamp qui a su m’accompagner dans cette aventure. Avec un gars comme moi, il lui fallait du savoir-faire, et il en a eu ! Il a su m’encourager sans me brus-quer, avec finesse, avec foi. Sans lui, j’aurais rapidement baissé les bras.

Un grand merci aussi à toute l’équipe de BLF Europe. J’ai été impressionné par son professionnalisme.

J’ai une pensée toute particulière pour Sammy Gibson, Jean-Pierre Audéoud et Yves Perrier qui me témoignent leur af-fection depuis tant d’années. Ils sont mes modèles.

À tous mes amis d’enfance « du quartier » et d’ailleurs.À Cheriff, Yacine, Karim, Rachid, Michel qu’on surnom-

mait « Travolta ».À Richard « Le viet », Nordine dit « Le tombeur » (sous-

entendu « de ces dames »). S’il était là, il me dirait : « Tu m’as reconnu ! »

À Jean-Marc, dit « Boulette », à cause de… son kyste pilo-nidal (j’en ai eu un aussi, c’est une galère).

À Saïd alias « Terminator », avec ses biceps naturels.

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À Robert le Corse, dit « Démarre au quart de tour » à cause de sa susceptibilité.

À Victor le Portugais, dit « La dent creuse », et à Robert « Le taxi » du quartier Solidarité.

À Chaïbou et à son frère Ismaël du quartier de Belsunce.Je n’oublierai jamais aussi mon ami Luc ou « Lucky », un

« monte-en-l’air 1 » parti dans l’au-delà bien trop tôt.À Saddek et Hamid, les deux frangins d’origine kabyle que

j’aime profondément.À Vincent, mon ami sans faille.À Grégoire, mon grand frère originaire du Bénin.Sans oublier mon « zincou 2 », mon frère Jean-Michel. On

en a coupé et pesé des barrettes tous les deux. On en a plus fu-mées que vendues.

Daniel, dit « Le blond », garde un bon souvenir de chacun de vous.

Que ce livre, s’il tombe entre vos mains, vous fasse décou-vrir celui qui me passionne. Vous me connaissiez sous un autre aspect certes, mais certains d’entre vous ont été les témoins de grands changements dans ma vie. Quels que soient vos choix de vie ou vos croyances, vous savez déjà que je les respecte.

Mon affection pour chacun de vous est immense.

1 Cambrioleur particulièrement agile pour grimper jusqu’aux fenêtres ouvertes des immeubles.

2 En verlan : cousin.

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Préface

Vous aimez l’authenticité, la sensibilité et la sincérité ?Alors vous allez aimer le premier livre de Daniel Coronès

qui parle à cœur ouvert, sans masque ni langue de bois. Et ce n’est pas là la moindre de ses qualités.

Ce livre révèle aussi sa passion, son amour débordant pour les autres.

Son regard, sa sensibilité si personnelle vont rejoindre vos questions, vos aspirations, votre vécu aussi peut-être.

Vous allez découvrir que cet auteur est un peu l’ami que chacun rêve d’avoir. C’est aussi le mien.

Alain Stamp, Président de BLF Europe et de FE

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Introduction

Voyous ?Délinquants, truands, gangsters, brigands, loubards, crimi-

nels, etc., tous catalogués à la rubrique « Voyous ».Vous avez vécu dans une cité de Marseille, une banlieue de

Paris, une favela de Rio de Janeiro ou de Bogotá ? Votre quar-tier, c’est celui de Mantes-la-Jolie à Paris, la Solidarité, le Pa-nier ou la Castellane à Marseille, le Bronx, Harlem ou Brooklyn à New York ? On vous a stigmatisé à cause de votre lieu de vie, de votre arrière-plan socioculturel, à cause de votre couleur de peau, de votre façon de vous exprimer, de votre look ? Vous avez fait les « 400 coups » ? Prison ou non, votre expérience, c’est « la rue » ? Ce livre est pour vous !

Non parce qu’il fait référence à la jungle urbaine dans la-quelle vous habitez ou avez habité. Mais parce que dans ces lieux souvent critiqués et montrés du doigt, vous savez qu’il s’y trouve, malgré tout, une âme, un certain savoir-vivre, parfois de la sensibilité, de l’entraide, du partage, de la générosité… et de la loyauté… à part pour les « balances ».

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C’est vrai, la violence et le « système D » font partie du décor, mais il y a aussi de belles leçons de vie. C’est pourquoi ces pages s’adressent à tous !

Certains vont peut-être dire : « Encore un livre religieux qui va nous faire la morale ! »

Et bien non !Si vous me connaissiez, vous sauriez que je suis allergique

aux « bondieuseries ».Il se peut que vous ayez l’impression que j’essaye de vous

convaincre de croire en celui en qui j’ai cru. Si vous êtes comme moi, je ne pense pas qu’un livre d’une centaine de pages y par-vienne. Il va vous falloir beaucoup plus… peut-être une révéla-tion du Grand Patron. J’espère qu’il vous l’accordera.

Quelques chiffresQuelque 63 277 personnes sont incarcérées en 2009 dans

les prisons hexagonales pour 51 000 places. La surface de cel-lule dont dispose un détenu se situe entre 2,4 et 4 m2. La France est sur le point de battre un nouveau record. L’abandon de la possibilité d’accorder une grâce présidentielle collective depuis juillet 2008 aurait contribué à aggraver la situation 3.

Et pas uniquement dans le domaine de l’incarcération.Le ministère de l’Intérieur publie chaque année depuis

1972 des statistiques énumérant les faits constatés par les ser-vices de police et de gendarmerie. C’est sur ces statistiques que se fonde depuis 2002 le « nouveau management de la sécurité » instauré par Nicolas Sarkozy. Or, à la rubrique « Crimes et délits contre les personnes », l’année 2006 indiquait au total 375 414 faits constatés et, l’année 2007, 386 603, soit une augmentation de 3 %. Au sein de cet ensemble, la sous-catégorie la plus im-portante numériquement est celle des « coups et blessures vo-lontaires » : l’augmentation est de 7 %, de 164 541 (en 2006) à

3 Chaîne d’information LCI [article mis en ligne le 18 juillet 2008]. Page consultée le 18 février 2010. Adresse URL : http://lci.tf1.fr/france/societe/2008-07/nouveau-record-nombre-detenus-france-4889724.html.

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176 053 (en 2007) 4. Le nombre des violences aux personnes, point noir de la délinquance depuis 1996 a, quant à lui, augmen-té en 2009 de 2,8 % environ. Leur hausse est légèrement supé-rieure à celle enregistrée en 2008 par rapport à 2007 (2,40 %) 5.

C’est beau les chiffres, mais représentent-ils la réalité ? Combien de femmes battues se rendent dans un commissariat pour déposer une plainte contre leur conjoint ? Dans certaines agglomérations, combien sont prêts à faire la queue quatre heures d’affilée devant un guichet de commissariat à cause du manque d’effectif ?

Exprime-toi minot« Je suis un pitbull ! » ou « C’est un pitbull sans laisse » est

une carte de visite dont il faut se méfier. Le sous-entendu n’est pas difficile à décrypter :

« Reste à ta place, ne me regarde pas dans les yeux et ne te la joue pas car mon seuil de tolérance est très bas et je deviens rapidement agressif. Tu risques de le regretter ».

Mais cette façon de communiquer n’est pas réservée aux banlieusards. Le 4 septembre 2008 à Saint Paul aux États-Unis, Sarah Palin passe son grand oral lors de la Convention républi-caine aux côtés du candidat John McCain. Dans son discours contre Barak Obama, elle se présente sous la forme d’une mé-taphore :

– Connaissez-vous la différence entre un pitbull et une ma-man qui emmène ses enfants au hockey ?

Un temps de silence…– C’est le rouge à lèvres, répond-elle à sa question devant

un auditoire qui rit aux éclats.4 Mediapart [en ligne]. Page consultée le 2 septembre 2008. Adresse URL :

le http://www.mediapart.fr/journal/france/020508/laurent-mucchielli-les-statistiques-de-la-police-sont-un-outil-de-communicatio.

5 Page actu de Voilà [article mis en ligne le 14 janvier 2010]. Page consultée le 15 janvier 2010. Adresse URL : http://actu.voila.fr/actualites/politique/2010/01/14/delinquance-en-baisse-globale-en-2009-malgre-une-hausse-des-violences-aux-personnes_476238.html.

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Le message est on ne peut plus clair : « Ne vous fiez pas aux apparences, je mords ». Elle a du caractère, la meuf !

De plus en plus de Français sont concernés par la violence et la criminalité. Cette triste réalité engage de nombreux débats politiques, mais alimente aussi grassement nos médias. Phéno-mène de banlieue ?

Je me souviens de la sortie du film Scarface. Le person-nage principal s’appelait Tony Montana. Il était incarné par Al Pacino. Il est devenu l’icône de toute une génération de jeunes de la cité. J’en faisais partie. On était des minots et on s’expri-mait comme Tony : « Entra, entra, pana ».

Pour nous, violence et délinquance représentaient un moyen de nous en sortir, d’échapper à un état de victime, de nous valoriser, de défier, de réagir contre l’exclusion, de nous venger d’une société qui nous ignorait quelles que soient nos origines. Cette violence n’était pas réservée aux immigrés comme certains essayent de le faire croire. Mes amis et moi, étions d’origines diverses : italiens, portugais, espagnols, sud-africains, vietnamiens, gitans et français de souche.

« Alors, dites bonne nuit au mauvais garçon. Attention, place au mauvais garçon. Mauvais garçon… chaud devant ! »

Planète M.A.R.S.S’il y a bien une ville que j’aime, c’est Marseille. Normal,

j’y suis né et j’y ai grandi. Mon quartier : Saint-Lazare, dans le 3e arrondissement. Ma rue : Félix Pyat, à quelques mètres d’une cité baptisée Le Parc Bellevue. À mon avis, la « belle vue », c’est une plaisanterie de mauvais goût des promoteurs immobiliers. 6 000 habitants entassés dans de grands immeubles qui peuvent compter jusqu’à dix-huit étages, la plupart sans ascenseur en état de marche ! En contrebas, un amas de carcasses de voitures calcinées. Il était fréquent qu’une machine à laver en panne at-terrisse sur le trottoir… après une chute de douze étages.

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13 Introduction

Lorsque nous taillions l’école 6, nous restions « bloqués » au quartier. On coinçait la bulle dans le triangle du « J’attends que ça passe ». Le triangle, c’était une torréfaction, un bar PMU et une cabine téléphonique. De temps à autre, on rentrait dans la torréfaction acheter un petit sachet de graines de courges et quelques têtes de nègres 7. Madame Jean, sympathique commer-çante d’origine vietnamienne, nous offrait toujours quelques sucreries en plus. Elle pensait que ça lui éviterait qu’on lui en vole. Va surveiller dix gamins en même temps. On avait entre 9 et 11 ans.

Les « grands 8 », quant à eux, s’attablaient à la terrasse d’un bar un peu plus haut, dans l’avenue Camille Pelletan : le bar du Sans souci. Ne ris pas, c’était vraiment son nom ! Il existe même un bar juste en face du centre pénitentiaire des Baumettes. Il s’appelle Ici, c’est mieux qu’en face ! « En face », quelques-uns y allaient aussi de temps en temps. C’était leur seconde maison.

Lorsqu’IAM, le groupe de rap de la cité phocéenne intitule son album De la planète Mars, il y décrit cette ville hors du commun :

Marseille, tu es une autre planète et pour te diriger il faut une autre manette […] On vient de M.A.R.S., ce n’est pas une farce. IAM Live de la planète Mars où le soleil devient un violent poison pour ceux qui nous enferment derrière une cloison. Une cité à part, plongée dans le noir. De la délinquance des rues quand vient le soir.

Effectivement, Marseille n’est pas en odeur de sainteté pour le reste de la France et les Marseillais se sont fait une répu-tation. De Belsunce à la Buisserine, de la Savine à la Solidarité, de la Castellane à la Rose, la violence issue de la délinquance a

6 Lorsque nous faisions l’école buissonnière.7 Réglisse en forme de tête d’une personne de couleur.8 C’est-à-dire les « grands frères » : les aînés.

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creusé son sillon. « Marseille, c’est chaud ! vous dira-t-on, c’est la ville de la French Connection 9 ».

Et si on dédramatisait tout ça ?Présentons les choses sous un angle moins médiatique.

Dans un blog, un internaute originaire des quartiers nord de Marseille a publié ce texte :

On ne va pas vous décourager. Mais si vous êtes en va-cances à Marseille, attention aux mauvaises surprises. On ne fait pas référence à la délinquance qui vous attend au coin de la rue mais au danger qui, à Marseille, vient du ciel.

Vous risquez, par exemple, de recevoir violemment une daurade sur la tête. Et ce n’est absolument pas une bla-gue. Un jour, une jeune Marseillaise, qui passait sous un immeuble, a levé les yeux au ciel, rageuse, après avoir pris une tête de poisson sur le crâne. Elle a grimpé furibonde les marches de l’immeuble, quatre à quatre, pour trou-ver le goujat qui avait fait ça. Elle a frappé aux portes de toutes ses forces. Mais personne ne lui a ouvert. La peur bien sûr. L’odeur aussi.

Et pourtant, après une petite enquête dans la rue, elle s’en est retournée toute confuse. Parce que la tête de poisson, c’est un gabian 10 qui l’avait lâchée au-dessus d’elle, inca-pable de l’avaler. Eh oui, à Marseille, le poisson ne vient pas de la mer mais du ciel 11.

Les Marseillais ne sont pas uniquement adeptes de la dé-linquance et de la violence, mais aussi du rire et de la joie de vivre, même si certains vivent dans un ghetto. Alors, rassurés ?

9 La French Connection ou parfois appelé Corsican Connection est une appellation d’ensemble pour désigner la totalité des acteurs qui prirent part à l’exportation d’héroïne de la France aux États-Unis.

10 Un gabian est une mouette.11 Blog La Provence, « Touristes attention : Marseille est dangereuse ». Page

consultée le 16 février 2010. Adresse URL : http://blogs.laprovence.com/comptes/fiorito/index.php/post/05/08/2007/Touristes-voila-ce-qui-vous-attend-a-Marseille.

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15 Introduction

La réputation n’est pas toujours la réalité ! N’écoutez pas tout ce que l’on vous dit.

La cité de DieuLa Cité de Dieu est le titre d’un film tiré du roman écrit en

1997 par Paulo Lins, qui a passé son enfance dans une favela de Rio. C’est l’histoire de Fusée, un gamin noir de onze ans, issu d’une famille pauvre. Fusée est bien trop fragile pour devenir un hors-la-loi, mais il est assez malin pour ne pas se satisfaire d’un boulot mal payé. Cet enfant qui grandit dans un environ-nement très violent essaye de voir la réalité autrement. Fusée a un cœur d’artiste et rêve de devenir photographe professionnel. Cet enfant va être témoin de la vie dans une cité gangrenée par les trafics de drogue et les guerres de gangs. Un de ses copains qui s’appelle Petit Dé, a l’ambition de devenir le plus grand criminel de Rio. Il commence sa formation en rendant des petits services à la pègre locale. Petit Dé admire le gang de Tignasse qui va lui donner l’occasion à onze ans de commettre son pre-mier meurtre, malheureusement le premier d’une longue série.

Cette histoire décrit parfaitement une des causes de la cri-minalité. Ce n’est pas pour rien que ce film a reçu 4 nomina-tions aux Oscars du cinéma 12 en 2003 : meilleur réalisateur, meilleure adaptation cinématographique, meilleur montage et meilleure photographie. S’il vous venait à l’idée de voir ce film, un conseil : mettez de côté votre sensibilité. Il est « brut de décoffrage ». À côté, les films de Quentin Tarantino sont des contes pour enfants… ou presque.

La Cité de Dieu. Pourquoi ce titre ? Peut-être parce que la mégapole Rio de Janeiro, située à l’Est du Brésil est surplom-bée par la statue Cristo redentor (Christ rédempteur) au sommet du Corcovado. Cette statue, bras en croix, d’une hauteur de 38 mètres, domine la ville de Rio depuis 1931.

12 http://fr.wikipedia.org/wiki/Oscar_du_cinema.

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Rio, avec Johannesbourg 13 et Bogotá 14, est l’une des villes les plus violentes du monde en temps de paix, avec un taux d’homicides 15 de 50 pour 100 000. Entre début janvier et mi-avril 2007 16, les autorités ont recensé un millier de morts vio-lentes et plus de 1 000 braquages par jour. On est loin des belles Brésiliennes, dans des costumes de rêve, défilant au son d’une musique qui ferait bouger le pied virtuel d’un unijambiste.

Une question me brûle les lèvres. Qu’est-ce que le Cristo redentor a changé dans la vie des habitants de Rio ? Je ne fais pas références aux diverses étiquettes religieuses qui foisonnent dans cette ville. Les étiquettes, on s’en fiche. Ce qui compte, c’est ce que ça change.

Il y a une vingtaine d’années, ce n’est pas un poisson qui m’est tombé sur la tête, mais Jésus-Christ. Il a changé ma vie. Je sais que tout ça évoque en toi des tas de choses : religion, croyance, secte, illuminisme, mysticisme, fanatisme, etc. Mais souviens-toi : la réputation n’est pas toujours la réalité.

De même, un immeuble HLM mal entretenu – avec ses boîtes aux lettres démontées, sa cage d’escalier négligée, l’odeur de renfermé qui y règne, sa peinture passée et taguée – peut ne pas représenter réellement ceux qui y vivent. Derrière tout ça, n’y a-t-il pas des êtres humains avec des cœurs, de l’amour, de la solidarité, des vraies familles, des vies authentiques ?

C’est pareil pour Jésus-Christ !Derrière toutes les étiquettes, le fanatisme, la religiosité, le

sectarisme, la puanteur des bondieuseries hypocrites, il y a une personne exceptionnelle. Comme toujours, certains s’acharnent à la dénaturer, à la défigurer et à la trahir. Les médias agissent de même avec la banlieue ou la cité. Ils ne font que brosser un tableau négatif. Je n’ai jamais vu une émission sur l’hospitalité,

13 Article Wikipedia. Adresse URL : http://fr.wikipedia.org/wiki/Johannesbourg.

14 Article Wikipedia. Adresse URL : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bogota.15 Article Wikipedia. Adresse URL : http://fr.wikipedia.org/wiki/Homicide.16 Article Wikipedia. Adresse URL : http://fr.wikipedia.org/wiki/2007.

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17 Introduction

l’entraide ou l’amitié dans la cité. C’est toujours violence, dé-linquance, chômage, etc. Pourquoi ?

La prière du matin– Tu es devenu un illuminé, m’a-t-on dit.À l’époque, je travaillais dans des discothèques. Les co-

pains étaient « sur le cul » lorsque je leur ai raconté ma décou-verte. Faut dire que pour des hommes fichés au grand bandi-tisme, évoquer une personne telle que Jésus-Christ, ça semblait un peu loufoque… surtout venant de moi.

– Ça y est, Daniel a pété un plomb ! Faut qu’il arrête le TGV [Tequila Gin Vodka] ! Il doit se sentir coupable lorsqu’on va faire payer les dettes de nos clients avec une batte de base-ball et un crochet de boucher. Il ferait mieux d’aller « à confesse » et d’arrêter de nous pomper l’air avec son Jésus ! Le joint et la coco, ça ne lui réussit pas.

À qui ça réussit ? À Tony Montana ? Pas sûr.Eh bien, que tu le croies ou non, j’ai entendu un de mes

patrons dire : « Merci mon Dieu ! »Il était six heures du matin, nous fermions la porte derrière

nous. Quelques rayons de soleil caressaient à peine l’enseigne éteinte au-dessus de la porte d’entrée, et nos yeux mi-clos se laissaient rafraîchir par une légère brise. Nos oreilles étaient presque bouchées après sept heures de musique non-stop. C’est un miracle si je ne suis pas devenu sourd. De l’autre côté de la rue, deux types en voiture nous ont alors pris pour cible avec un fusil de chasse. Ça réveille. Nous avons tous plongé derrière une petite camionnette garée à quelques mètres. Heureusement, personne n’a été blessé. Passé indemne au travers des plombs, mon patron a eu le réflexe de remercier Dieu. Nous l’avons tous regardé et un des barmans a rétorqué : « Et ben… manquait plus que ça ! » En fait, au fond de nous-mêmes, nous l’avons tous remercié. Les deux barmans, le videur, le patron et moi, nous avons fait notre prière du matin, et en plus, avec génuflexion et face contre terre !

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Si je dis que Jésus-Christ m’est tombé sur la tête, c’est que j’ai découvert qui était ce type. Ce qu’il a dit et surtout ce qu’il a fait. Je t’assure que cette expérience n’a rien de mystique, même si certains se plaisent à l’appeler ainsi. Ce serait plutôt une révolution, une transformation ! En tout cas, ça l’a été pour moi. Si tu es un peu du style rebelle, en colère contre l’injustice qui règne dans notre société, je suis sûr que tu trouveras pas mal de choses intéressantes dans les pages qui vont suivre.

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Le cercle infernalUne chose est claire. Tu sais que j’ai vécu mon enfance

dans un quartier difficile de la cité phocéenne, bercé entre la « Bonne Mère », l’Olympique de Marseille… et les chichis-fré-gis 17 de l’Estaque. Certes, ce n’était pas une favela, mais en y regardant de plus près, il y a de nombreux points communs. Je passerai sur les pseudos donnés aux collègues du quartier comme « Zigzag » (sous-entendu « orange » pour les connais-seurs de papiers à rouler), ou « Trompette » qui est celui qui « se cague dessus » (qui a la trouille). Comme au Brésil, il y avait l’enthousiasme pour le football, le soleil, la plage… ou plutôt le « carénage », à la sortie du port. On y allait en vélo Solex sans moteur avec quelques baguettes de pain, quelques boîtes de thon à la tomate, deux ou trois bouteilles de Québec et une demi-barrette de shit. Il y avait aussi la religion, chacun la sienne, mais tous amoureux de l’élégante et célèbre « Bonne Mère ». On était marseillais avant d’être italiens, nord-africains ou gitans.

17 Les chichis-frégis sont des beignets longs qui se vendent dans des bungalows sur le port de l’Estaque à Marseille. Ils sont fris devant vous et existent en différents parfums (nature, chocolat, chantilly, pomme, etc.).

Chap

itre

1

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Tout en ayant reçu une éducation religieuse, chacun dans sa branche familiale et culturelle, mes copains et moi n’avions aucun remords à voler, vendre de la drogue ou agresser les gens pour les alléger de leur argent. Nos prétendues « croyances » n’avaient que peu d’influence sur nos vies quotidiennes. Nous étions comme dans un labyrinthe dont il nous semblait impos-sible de sortir. C’était la loi de la jungle, la loi du plus fort, la loi du plus malin, du moins peureux (ou du moins, de celui qui savait cacher sa peur). Dans ce contexte, la prison était souvent le diplôme.

Le décor s’y prêtait : rues taguées par la colère, immeubles insalubres, trottoirs jonchés d’ordures, façades sombres et dé-labrées, cages d’escalier rouillées, magasins poussiéreux avec de larges barreaux noircis. Il était fréquent qu’à la boulangerie du coin, une ou deux petites blattes fassent leur apparition entre la caisse et le comptoir. On y achetait quand même notre pain.

Pantoufles en affaireJ’ai commencé ma préadolescence avec dans ma poche,

quelques brisures de porcelaine. Vous savez, cette matière blanche qui entoure les bougies de voiture. Devant le garage du quartier, je ramassais des bougies usagées et je les jetais vio-lemment sur le sol. Je rassemblais ensuite les petits morceaux blancs. Un petit bout de quelques millimètres lancé sur une vitre de voiture la faisait éclater en mille morceaux. Il ne restait plus qu’à passer le bras pour ouvrir la portière… se dépêcher d’ex-traire l’autoradio du tableau de bord, d’ouvrir la boîte à gants et de jeter un coup d’œil furtif sous les sièges. Je commençais à l’aube, à midi, j’avais assez d’argent pour le reste de la jour-née… en théorie.

Mais ce n’était pas assez.Je me suis alors mis à faire quelques cambriolages. Nous

travaillions à deux. Cela nous prenait du temps, surtout pour le repérage. Nous calculions les horaires de présence des lo-cataires d’appartements. Nous glissions ponctuellement un pe-tit morceau de papier pratiquement invisible entre la porte et

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son encadrement. Au bout d’une semaine, nous savions plus ou moins à quel moment nous pouvions agir sans risquer de tom-ber nez à nez avec les locataires.

Tous les jours, dans des tranches horaires différentes, nous placions notre petit bout de papier. Lorsque ce dernier restait en place entre la porte et son encadrement, et ceci sur plusieurs jours à la même heure, on en déduisait que l’appartement pou-vait être visité dans cette tranche horaire. En général, nous choi-sissions ceux dont les locataires roulaient en belle bagnole.

Un jour, les locataires sont rentrés plus tôt que prévu. Sau-ter du deuxième étage était une folie. Mon collègue s’est cassé les deux pieds et il a quand même réussi à s’enfuir en rampant. Plus de trois mois en chaise roulante, ça calme. Quoique ça ne l’a pas empêché de descendre tous les jours en ville vendre quelques barrettes de shit. Il roulait sur la voie des bus. Tu vois le tableau ?

Les magasins du quartier commençaient alors à nous ten-ter. Mais nous avions besoin d’un véhicule pour transporter la marchandise. Tu sais faire les fils 18 ? Une petite formation en électricité auto s’est imposée à nous. Elle nous a été donnée par un spécialiste. Un garagiste du quartier qui volait devant chez ses clients leurs belles BMW. Devinez comment il savait où ses clients habitaient ? Notre première voiture empruntée : une Renault 16 TX. À nous, les magasins de vêtements ! Nous nous sommes retrouvés un jour avec cinq cents paires de pantoufles sur les bras. Allez fourguer un tel stock de charentaises 19 !

Tout le quartier se moquait de nous.

Au cinochePour sortir de ce cercle infernal, une seule solution : partir

loin !

18 Faire les fils, c’est tout simplement démarrer une voiture sans les clés. En associant soigneusement plusieurs fils sous le tableau de bord, côté conducteur.

19 Célèbres pantoufles.

Le cercle infernal

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Mais où ? Avec quoi ? Avec qui ? Comment ?Même si la question religieuse revenait de temps à autre

dans nos discussions dans la cage d’escalier d’un immeuble, les réponses étaient déconcertantes. Et Dieu dans tout ça ? Il s’en fiche de nous ! C’est le chaos ! P… Daniel, tu peux crever la bouche ouverte, c’est chacun pour soi. Soit Dieu n’existe pas, soit il nous a oubliés ! Aussi bizarre que cela puisse paraître, très peu d’entre nous pensions que Dieu n’existait pas. Pour nous, il avait créé l’humanité ; il avait ensuite vu que ça ne tournait pas rond et nous avait abandonnés à notre triste sort. C’est vrai, pourquoi certains naissent sous une bonne étoile, avec des pa-rents équilibrés financièrement, qui habitent une jolie maison et font de beaux voyages pendant leurs vacances… alors que nous, nous vivons dans un immeuble pourri ? Notre seul dépla-cement, nous le faisions sur le parking avec un 103 20 volé ou en allant au ciné voir « un bon film où ça cogne ». Pour 5 francs, tu pouvais voir jusqu’à deux films sans changer de salle.

À l’affiche du cinéma Variété : Le Temple Shaolin ! Si tu avais vu comment Jue-Yan utilisait la technique de la cigogne ! Rien qu’avec le déplacement d’air de ses bras et de ses jambes, il t’aurait enrhumé.

Tu ne serais pas choqué si je te disais qu’il m’est arrivé de m’imaginer Jésus en super héros ? Ponce Pilate se demandant comment arrêter un homme capable de botter le c… à toute une légion 21 romaine. Bruce Lee face à face avec Chuck Norris dans La fureur du Dragon. Impossible de l’arrêter car hyper organisé comme Robin des Bois dans la forêt de Sherwood. Jé-sus, grand défenseur des pauvres et des opprimés. N’hésitant pas à détrousser les riches pour redistribuer ensuite le butin aux pauvres.

Mais les choses vont plutôt mal tourner.

20 Cyclomoteur Peugeot 103.21 Une légion est composée de 10 cohortes numérotées de I à X (la 1re est

la plus prestigieuse et la plus nombreuse) : cela représente environ 6 000 légionnaires.

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23

Au lieu de cela, Jésus va être recherché et balancé comme un voyou. Pour lui, pas d’avocat commis d’office. Procès à l’emporte-pièce. Verdict : il va être cloué sur un poteau en bois en forme de croix.

* * *En fait, il y avait trois croix ce jour-là. Une pour Jésus, et

deux autres pour des voyous. J’aurais pu être l’un d’eux. Par contre, je n’aurais jamais pu être Jésus. Pourquoi ? Tout sim-plement parce que lui ne méritait pas ce qui lui arrivait. Jamais volé, jamais menti, jamais fait de mal, ni en acte, ni en parole, ni même en pensée.

Jésus est le seul être au monde qui peut dire : « Qui d’entre vous peut m’accuser d’avoir commis une seule faute 22 ? » Une autre traduction de ce texte dit : « Qui d’entre vous me convainc de péché ? »

Personne au monde, même pas le religieux le plus engagé, le plus haut placé dans la hiérarchie qu’il représente, ne peut faire une telle déclaration. Il serait un grand « mytho ». Autre-ment dit : « Qui d’entre nous peut dire qu’aucune situation, ni personne au monde ne peut nous pousser à commettre ce qui est mal ? »

Devant la calomnie, nous sommes tous prêts à nous dé-fendre. Devant l’injustice, nous sommes tous enclins à crier « Justice ! » Qui d’entre nous est prêt à être condamné pour avoir fait le bien ? Qui est capable de ne pas se révolter contre ses bourreaux alors qu’il en a les moyens ? Qui a la force de ne pas crier « Vengeance ! » face à ceux qui le torturent sans raison ?

Tout notre être est en ébullition devant la vengeance finale de Jue-Yan. Il va enfin pouvoir utiliser ses dernières techniques pour affronter les méchants. Il va enfin les humilier et les écra-ser comme les cafards qu’ils sont. Le jour de la vengeance est enfin arrivé… et nous, on a les yeux tout écarquillés devant

22 La Bible : Évangile selon Jean, chapitre 8 verset 46.

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J'ai failli mal tourner...24

l’écran de cinéma. On s’identifie, on prend parti, on se laisse gagner par nos émotions.

Ces dernières années, j’ai beaucoup mieux géré les séances ciné que pendant mon adolescence. En revanche, à cette époque, si les films avaient été des pâtisseries, je crois que je serais dia-bétique.

TupacJe repense au passé Je me souviens de mon adolescence Un jeune gangster Gagnant de la tune grâce aux accros à la drogue Dépensant l’argent que je gagnais Négro, ça sert à quoi de travailler dur ? Si tu ne joues jamais Je vends de la drogue Restant dehors jusqu’à l’aube Et revenant à la maison À 6 heures du matin La main sur mon flingue Les yeux sur ma tune Le doigt sur la détente quand un négro arrive Je tire sur ces saloperies Faisant passer les négros à travers la porte Je ramasse mon argent qui est par terre Dieu bénit les flingues […]

Thug Life, écrit par 2Pac.

Thug Life est le titre d’une chanson du rappeur Tupac Amaru Shakur plus connu sous le pseudo « 2Pac ». Fils de deux membres des Black Panthers 23, Tupac est né à New York. Ses

23 Le Black Panther Party (à l’origine le Black Panther Party for Self-Defense) était un mouvement révolutionnaire afro-américain formé aux États-Unis en 1966 par Bobby Seale et Huey P. Newton. Il a atteint une échelle nationale avant de s’effondrer à cause de tensions internes et des efforts de suppression par l’État, en particulier par le FBI.

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25 Le cercle infernal

parents se séparent avant même sa naissance. Tupac se retrouve donc seul avec sa mère et sa sœur luttant contre la pauvreté et l’exclusion. Malgré tout, il réussit à être accepté à l’école prestigieuse Baltimore School of the Arts. Un miracle pour un homme noir de la banlieue ! Il n’est qu’un adolescent, mais très doué d’un point de vue artistique. À cette époque, il commence à composer quelques morceaux de rap et à jouer quelques pièces au théâtre. Sa famille doit partir pour la Californie et il ne parvient pas à recevoir son diplôme. Lorsque sa famille s’ins-talle à Marin City, Tupac n’a que 17 ans. Au cours des années suivantes, il vit dans la rue et se fraie un chemin avec de petits délinquants. Il fait alors la connaissance d’un certain Shock-G, leader de Digital Underground, groupe de rap d’Oakland. Le groupe l’embauche comme danseur et technicien. Plus tard, son charisme lui donnera l’opportunité de se produire lui-même. Tupac a quelque chose de spécial.

En tant qu’ancien disc-jockey 24, je me suis intéressé à la vie de ce chanteur aujourd’hui décédé. Le 7 septembre 1996, Tupac est mortellement touché dans une fusillade alors qu’il est dans une voiture au retour d’un match de boxe de Mike Tyson. Les balles viennent d’une Cadillac blanche dont on ne retrou-vera plus jamais la trace. Il tombe dans un coma d’où il ne res-sortira jamais, et décède le vendredi 13 septembre 1996.

J’aime bien le style de son rap, mais aussi la personnalité ambivalente qui se dégageait de ce jeune homme. Alors qu’il n’est qu’un adolescent marqué par la discrimination raciale et la pauvreté, il découvre que sa mère se drogue. Garçon hyper doué, il multiplie les compositions et les labels des disquaires s’arrachent son talent. Tupac revendique souvent des idées justes, mais en même temps il multiplie les délits et les incarcé-rations. Quel gâchis ! Violence et douceur, brutalité et humanité sont en constante opposition chez ce jeune homme. On dirait qu’il lui est impossible de trouver une stabilité, un équilibre de vie. Capable du pire, mais aussi du meilleur, il n’hésitera pas à acheter 850 jouets pour les enfants de l’école Foster à Compton.

24 Animateur dans les discothèques et dancings.

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Lors d’une fête de Thanksgiving, Tupac aide un certain Death Row à nourrir les pauvres de Los Angeles en achetant pour 400 000 dollars de dindes. On raconte même que, lors d’une soirée musicale, il s’est mis à danser pendant quatre heures avec une vieille dame en chaise roulante dont personne ne se préoc-cupait. Joshua, un enfant condamné lui a écrit pour lui deman-der de le rencontrer avant de mourir. Avec un cœur aussi grand que son talent, Tupac décide d’accompagner l’enfant jusqu’à sa mort. Suite à cela, il crée une maison d’édition appelé « Jos-hua’s Dream » en hommage à ce petit garçon.

MektoubCrois-moi, les choses ne sont pas si simples, même si au-

jourd’hui on m’appelle « pasteur ». Désolé de te décevoir, mais je suis loin d’avoir trouvé l’équilibre espéré. Je suis très loin d’être aussi bon que je le souhaiterais. Daniel a encore du che-min à faire. Mon passé a laissé des traces et il faudra des années pour qu’elles disparaissent complètement. Certaines s’efface-ront lorsque je serai au paradis. Pour l’instant, comme les nou-veaux titulaires du permis de conduire, j’ai un « A » collé dans le dos.

Un dicton qui me paraît très juste est formulé ainsi :Sème une pensée et tu moissonneras une action, Sème une action et tu récolteras une habitude, Sème une habitude et tu récolteras un caractère, Sème un caractère et tu récolteras un destin.

Depuis que j’ai découvert Jésus, mon système de pensée a commencé à changer. De ce fait, mes actions sont devenues en grande partie, différentes. Ce qui en découle, ce sont de nou-velles habitudes, un caractère qui a progressé dans le bon sens. Résultat : mon destin a changé !

Avec Jésus, je fais le chemin inverse de celui que j’ai pris il y a bien longtemps. Les choses ne changent pas du jour au len-demain. Il faut du temps. Dieu a tout son temps ! Une chose est sûre, c’est qu’il a commencé à reconstruire ma vie voilà main-

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tenant plus d’une vingtaine d’années. D’une manière générale, je sais que j’avance avec Jésus.

Avouons-le : nous sommes tous capables d’une chose… et de son contraire. Chaque être humain est capable du meilleur, comme du pire. C’est lié à notre nature profonde, mais aussi aux habitudes, bonnes et mauvaises, que nous avons prises.

Qui que nous soyons, nous luttons avec nous-mêmes, quand bien même nous aurions grandi dans du coton, le « der-rière bordé de nouilles ».

Voici l’extrait d’un des poèmes les plus étonnants de Tu-pac. On y découvre un autre aspect de sa personnalité :

Quand j’étais seul et que je n’avais rien, J’ai demandé un ami pour m’aider à supporter ma dou-leur. Personne ne vint sauf… Dieu. Quand j’avais besoin d’un souffle pour me lever de mon sommeil, Personne ne vint m’aider sauf… Dieu. Quand tout ce que je voyais était la tristesse et que j’avais besoin de réponses, Personne ne m’entendit sauf… Dieu. Donc lorsqu’on me demande à qui je donne mon amour inconditionnel, [Je réponds] Ne cherche aucun autre nom que… Dieu.

Aucun rapport avec sa chanson Thug Life où il dit « Dieu bénit les flingues ! » Tupac était, lui aussi, comme dans un la-byrinthe sans issue, même si de temps en temps, une fenêtre lumineuse s’entrouvrait dans son esprit.

Tupac a été abattu de sang-froid.Quelles étaient ses fréquentations ? Pourquoi n’avait-il pas

pu se détacher de ce et ceux qui le tiraient vers le bas ? Qu’est-ce qui aurait pu lui éviter une fin si tragique ?

Certains de mes amis du quartier diraient « Mektoub » : c’est le destin.

Le cercle infernal

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RegretsTrois heures du matin, sur le chemin du retour pour Mar-

seille. Robert est au volant de sa Renault 5 Turbo grise. Atten-tion : volant Momo ! Le lecteur cassettes Alpina envoie les watts dans la caisse : Kool & The Gang à fond. On chante tous en cœur : « Guette-ta-monnaie 25 ». Nous sommes quatre : Cheriff, Hamid, Robert et moi. Nous revenons d’Aix-en-Provence où nous venons de braquer un pauvre type dans sa bagnole avec un colt 45 automatique… à grenailles. Une patrouille de policiers en civil nous arrête juste en arrivant au quartier. « Et m… ! », c’est ce qu’on se dit dans ce genre de situation.

Un des flics du commissariat du Parc Bellevue est présent. On le connaît bien car il ressemble à Serpico 26. Barbe, cheveux longs, trois-quarts en cuir noir, bonnet noir en laine et 357 Mag-num à la main. Waouh ! La caricature.

25 NDE : francisation phonétique de la chanson Get down on it [Mets-toi au boulot].

26 Frank Serpico, policier à New York qui a entrepris de dénoncer la corruption générale qui régnait au sein de son service de police. Son histoire a fait l’objet d’une réalisation cinématographique et d’un feuilleton télévisé.

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Ses collègues nous font signe de descendre du véhicule, mains bien en vue. La R5 est un coupé trois portes et je des-cends le premier avec Robert car nous sommes à l’avant. Che-riff et Hamid à l’arrière suivent lorsqu’un des policiers fait bas-culer le siège baquet côté conducteur. C’est le moment de la fouille du véhicule, et bien entendu, le 45 est tout de suite repéré par un des policiers. Il se trouve près du siège arrière, du côté de Cheriff.

Pas de pot.Cheriff s’écrie :– Qu’est-ce que c’est que ça ? C’est pas à moi chef !Et hop ! Une petite claque de Serpico avec la grosse cheva-

lière bling-bling des années quatre-vingt :– On t’a rien demandé, tu parleras lorsqu’on te le deman-

dera !Résultat : une dent cassée. Robert se fait alors secouer

comme un prunier car il est le propriétaire du véhicule :– Ça sent mauvais tout ça, s’écrie Serpico. Je suis sûr que

cette nuit, ce flingue a braqué !On est mal. On commence à regretter d’être sortis en va-

drouille ce soir-là. Finalement, on ne sait pas par quel miracle, mais la patrouille nous laisse partir. Robert est convoqué le len-demain au commissariat. Aucune preuve de ce qu’ils ont avan-cé. Ils voulaient voir nos réactions.

« Robert ! Rooobeeert ! Tu vas fermer ta gueule demain ! T’a pas intérêt à balancer, fais gaffe ! » Robert n’a rien dit et tout s’est bien terminé, à part le « grenaille » que les flics ont gardé. Heureusement que nous n’avions pas encore trafiqué ce maudit flingue.

On n’aime pas beaucoup les balances, pourtant on en trouve partout. Surtout là où on ne s’y attend pas. On savait que notre ami Robert n’en était pas une et on avait tous entièrement confiance en lui.

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Le baiser du traîtreJe vais maintenant te présenter la plus grande « balance »

que le monde ait connue :L’aube s’était levée. L’ensemble des chefs des prêtres et des responsables du peuple tinrent conseil contre Jé-sus pour le faire condamner à mort. Ils le firent lier et le conduisirent chez Pilate, le gouverneur, pour le remettre entre ses mains.

En voyant que Jésus était condamné, Judas, qui l’avait trahi, fut pris de remords : il alla rapporter aux chefs des prêtres et aux responsables du peuple les trente pièces d’argent et leur dit : J’ai péché en livrant un innocent à la mort ! Mais ils lui répliquèrent : Que nous importe-t-il ? Cela te regarde !

Judas jeta les pièces d’argent dans le Temple, partit, et alla se pendre 27.

Judas était l’un des douze amis de Jésus. Son job dans la bande ? Trésorier ! Je sais… mauvais choix. Il était chargé de gé-rer l’argent du groupe. Jésus savait que Judas allait le trahir pour trente malheureux deniers. Ce dernier allait indiquer aux gardes romains qui était Jésus. Il l’a fait d’une manière très symbo-lique, c’est-à-dire en l’embrassant. D’où l’expression « le baiser de Judas » : le baiser du traître. Ce baiser qui me rappelle étran-gement le baiser de Lino Ventura à Charles Bronson dans Cosa Nostra ou dans L’affaire Joe Valachi 28. Certes, c’est Don Vito Genovese, le balancé, qui dans cette histoire vraie, embrasse Joe Valachi la balance. Et en plus sur la bouche… Beurk !

Dans ce texte tiré de la Bible, nous voyons Judas, pris de remords, aller se pendre à un arbre.

Bon débarras.

27 La Bible : Évangile selon Matthieu, chapitre 27 versets 1 à 5.28 À la suite d’une affaire de drogue, Joseph Valachi est emprisonné pour

quinze ans. Croyant que la mafia veut se débarrasser de lui, il tue un prisonnier qui avait pour mission de l’assassiner. Pour ce crime, il sera condamné à vie. Au procès, il décide de tout raconter au sujet de Vito Genovese, le chef de la mafia. Ceci est une histoire vraie.

Regrets

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Bien mal acquisCe jour-là dans le jardin, Judas suit certainement des yeux

les événements. Il se tient à l’écart, peut-être de peur de se ra-masser une « claquasse » des grosses paluches de Pierre. Judas reste donc planté là, à l’endroit même où il a donné à Jésus son baiser de traître. Il suit des yeux la troupe des sbires qui entraî-nent violemment le meilleur homme que la terre ait vu naître. Judas ne mesure pas encore l’ampleur de son geste.

Les torches incandescentes illuminent le chemin au milieu des oliviers centenaires. Ça sent la suie et la balance. Au milieu des épées et des lances dressées, le cortège avance silencieu-sement, à pas cadencés, comme une bande de voleurs dans la nuit. Un des serviteurs du grand prêtre appelé Malchus vient d’avoir une oreille coupée par l’épée de Pierre. Pierre n’est pas du genre à plaisanter lorsqu’on touche à un de ses amis. Mal-chus se remémore ce qui vient de lui arriver. Il se souvient du sang chaud qui dégoulinait dans son cou avant que Jésus ra-masse l’organe auditif tombé sur le sol humide et le lui recolle comme on le ferait avec une figurine en plastique pour enfant. Malchus jette en arrière un regard sur Judas tout en caressant de sa main son oreille guérie… au cas où elle serait retombée. Son regard croise celui de Pierre, puis une nouvelle fois celui de Jésus. Celui de Jésus le marquera à jamais.

La troupe armée s’enfonce dans la campagne et disparaît. Le visage de Judas est tourné du côté de la ville. Il reste un ins-tant sur place et ne parvient pas à savourer ce qui vient d’arriver. Il essaye pourtant… Il s’enveloppe de sa veste en s’appuyant sur un tronc d’olivier bicentenaire. C’est une nuit de pleine lune.

D’un pas décidé, Judas se dirige vers la cité et à quelques mètres des remparts, un vieil homme à la barbe blanche s’ap-proche de lui. C’est la rencontre des deux trésoriers. Celui de Jésus et celui du Temple de Jérusalem. Le vieil homme tend une bourse à Judas avec un sourire cynique. Tenant dans sa main le gain de sa trahison, Judas s’éloigne, le cœur presque léger. Près d’un arbre, il s’arrête, jette un coup d’œil furtif autour de lui et tire sur la lanière de cuir qui entoure la bourse. Son re-

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gard s’illumine devant toutes ces pièces qui scintillent. Il vide le contenu dans sa main, puis remet délicatement une à une ces belles pièces marquées de l’effigie impériale dans le sac. Il se souvient alors des paroles de Jésus à un groupe de religieux : « Rendez donc à César ce qui revient à César, et à Dieu ce qui revient à Dieu 29 ».

Sagesse déconcertante.Pris dans ses pensées, Judas sursaute au cri d’un hibou.

Pour les Romains, ce cri présage une mort prochaine. Une an-goisse le saisit à la gorge. Ses jambes semblent ne plus le porter. Il y a tellement longtemps qu’il n’avait pas eu ce genre de sen-sations : Qu’est ce qui m’arrive ? se dit-il.

Enfouissant la bourse dans la ceinture de sa robe, il se di-rige alors vers Jérusalem. Finalement, ces pièces ne lui font pas l’effet espéré. La joie n’y est pas !

J’ai possédé beaucoup d’argent, sans jamais le garder. Il venait si facilement qu’il me semblait inutile d’en garder pour le lendemain. Rares sont ceux qui jouissent et parviennent à prévoir l’avenir avec de l’argent gagné de façon malhonnête.

Le proverbe semble juste : « Bien mal acquis ne profite ja-mais ».

TémoignagesVincent, 52 ans, ancien braqueur de station-service :Le jour où mon cousin s’est fait braquer et que j’ai vu dans quel état il était pendant plusieurs mois, j’ai décidé d’arrêter. J’ai compris le mal que je faisais ! J’ai compris ce qu’une personne agressée pouvait ressentir.

Le témoignage de Vincent le jour de son baptême a boule-versé l’auditoire. Vincent est aujourd’hui peintre en bâtiment et travaille de ses mains.

J’ai aussi rencontré Marty, à Belfast, en Irlande du Nord. Ancien membre de l’IRA (Armée Républicaine Irlandaise), il

29 La Bible : Évangile selon Matthieu, chapitre 22 verset 21.

Regrets

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avait été inculpé et emprisonné pour terrorisme, puis libéré au bout de quelques années suite à un processus de paix amorcé dans les années quatre-vingt-dix. Marty a découvert Jésus-Christ il y a environ cinq ans. Tellement heureux de sa dé-couverte et de son changement de vie, il s’est fait tatouer le psaume 23 sur la cuisse :

Grâce à lui, je me repose dans des prairies verdoyantes, et c’est lui qui me conduit au bord des eaux calmes. Il me rend des forces neuves, et, pour l’honneur de son nom, il me mène pas à pas sur le droit chemin 30.

Marty, comme on dit, c’est quelqu’un. Il avait bien be-soin de trouver le droit chemin. Les responsables de son église n’osent plus lui demander de mettre autre chose qu’un marcel31 pour venir à l’office du dimanche. Avec beaucoup d’égard et de prévenance, ils ont incité Marty à s’acheter une veste de cos-tume. Marty est arrivé à l’office avec une veste vert fluorescent. Vous auriez vu la tête du pasteur !

Chez Marty, comme une mayonnaise avec trop d’huile, le conformisme ne prend pas.

C’est souvent le cas des personnes qui viennent « de loin ». Les communautés religieuses ne jouent pas toujours la carte de l’accueil sans jugement devant des personnages un peu diffé-rents, hors normes et marginaux.

Jésus est tombé sur la tête de Marty et il passe aussi par-fois de longues heures d’angoisse quand il repense à son passé. Même si Marty est sur la voie de la guérison, il ne peut pas effacer ses souvenirs. La prise de conscience de toutes ses mau-vaises actions et la souffrance engendrée lui font dire : « Heu-reusement que Jésus-Christ est entré dans ma vie ! Sinon, je me serais flingué tellement mon remord est immense ».

30 La Bible : Livre des Psaumes, chapitre 23 versets 2 et 3.31 Le marcel est un débardeur souvent blanc, décolleté et très près du corps.

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TaulardsBarabbas est le voyou relâché à la place de Jésus le jour de

sa condamnation.Caïphe, le grand prêtre, interroge Jésus.Judas prend le chemin du palais… pour voir. Il longe les

rues où quelques fenêtres laissent apparaître les à-coups des flammes des lampes à huile. Les terrasses sont vides, la rue to-talement déserte. Tout à coup, le chant d’un coq : Tiens, le jour ne va tarder à se lever.

Judas arrive dans la cour où un grand feu est allumé. De l’autre côté du feu, il remarque Pierre qui discute avec une jeune femme. Celui-ci paraît inquiet. Il lève les bras au ciel et dit à la femme : « Mais non, tu te trompes, je te jure devant Dieu que je ne connais pas cet homme ! » Le chant du coq se fait à nouveau entendre. Bizarrement, Pierre s’écroule à terre en pleurant. Où est passé son courage ?

Judas regarde Pierre un instant, lève les yeux au ciel, puis fait demi-tour. Il se dirige maintenant vers le tribunal de Pilate. Plus il se rapproche du lieu, plus il entend les cris de la foule : « Barabbas ! Barabbas ! Nous voulons Barabbas ! »

Chap

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Il ne comprend pas tout de suite ce qui se passe. Il se faufile au milieu d’une foule toute excitée. Tout à coup, il saisit tout. Ce que désire le peuple : « Barabbas, Barabbas… nous voulons Barabbas… Crucifie Jésus, crucifie, crucifie, crucifie… ! »

La gorge de Judas se noue. Il ressent à nouveau une an-goisse. Il fait demi-tour et, d’un pas décidé, il retourne vers le palais.

La foule est toujours pressée devant l’esplanade où Pilate se tient. Deux légions de soldats sont alignées près du mur de l’enceinte. Pilate semble accablé. Au même moment, une im-mense porte revêtue de larges plaques en métal s’ouvre. Les cris cessent et laissent place au silence. Courbé, avançant d’une démarche lourde, heureusement soutenu par deux soldats, il est là, le voici : l’homme Jésus. Il se tient là, debout, portant un ro-seau à la main et une couronne d’épines enfoncée sur son front. Son visage est maculé de sang et une étoffe de couleur pourpre entoure à peine son corps ensanglanté.

Quelques personnes du milieu de l’assistance hochent la tête, le montrent du doigt, d’autres détournent les yeux !

Un coupable vient d’être libéré et un innocent condamné.

Jésus de NazarethQui est donc cet innocent du nom de Jésus ? Un idéaliste ?

Un communiste ? Un philosophe ? Un religieux ? Un utopique ? Un fou ? Un visionnaire ?

Jésus de Nazareth était d’abord un homme de relation !Pas du genre à venir faire la morale à une bande de jeunes

de quartier. Il ne leur dirait pas d’aimer ceux qui les ont empri-sonnés dans des cages à poules. Jésus irait certainement d’abord trouver ceux qui possèdent bien plus que ce dont ils ont besoin pour leur demander de partager avec ceux qui n’ont même pas le nécessaire.

Je suis sûr que si des jeunes de banlieue connaissaient vrai-ment Jésus, 99 % d’entre eux l’inviteraient à la discussion au rez-de-chaussée du bloc de leur immeuble. Et il viendrait.

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Dans notre société, on parle beaucoup des Droits de l’Homme, d’humanisme et d’amour. Mais ce qui découle de ces beaux discours reste souvent stérile et uniquement théorique.

Il ne faut pas nous leurrer. Par exemple, « Travailler plus pour gagner plus » s’adresse à l’élite, à ceux qui ont les moyens de travailler plus, à ceux qui sont nés avec les ressources in-dispensables, comme une bonne santé par exemple, un solide patrimoine social et génétique. Ce n’est donc pas pour tout le monde ! Que fait-on des autres ? Jésus s’intéresse d’abord à eux.

Il n’est pas non plus du genre à polémiquer sur les pro-blèmes de société. Il est plutôt du style à parler à notre cœur et à mettre en pleine lumière ce qui s’y trouve. Que l’on soit voleur, menteur, drogué, délinquant, taulard, fils d’immigré ou français de souche, Jésus s’intéresse à nous et désire nous faire du bien.

Jésus était conscient de la faiblesse humaine, de son infir-mité, de sa captivité. D’ailleurs, il disait : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire 32 ».

Jésus a aimé… il a vécu et enseigné l’amour au point de donner sa vie pour cette cause que nous croyons souvent per-due ! Si Jésus avait été coincé, rabat-joie, moralisateur, dogma-tique… en un mot « prise de tête », crois-tu qu’il aurait été régu-lièrement invité à des fêtes et à des repas entre amis ?

À l’époque, c’est-à-dire il y a plus de 2 000 ans, ce sont les plus pointilleux, l’élite spirituelle et sociale, ceux qui étaient censés le reconnaître et l’aimer à sa juste valeur qui, au contraire, l’ont persécuté, condamné et crucifié !

En tant que Messie 33, Jésus était attendu. Il est venu vers ceux qui l’ont désiré le plus mais ils ne l’ont pas reçu. Ils n’ont pas su reconnaître en lui celui qui avait été promis par Dieu et annoncé par les prophètes. Comme quoi, entre ce que les hommes pensent de Dieu, écrivent sur lui, et ce que Dieu est réellement, il y a souvent un énorme décalage… même pour des religieux qui connaissaient parfaitement les écrits des pro-

32 La Bible : Évangile selon Jean, chapitre 15 verset 5b.33 Messie : envoyé de Dieu pour sauver les hommes de leurs péchés et

rétablir la justice divine sur la terre.

Taulards

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phètes sur le bout des doigts. Une des phrases les plus tristes de la Bible dit que Jésus « est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas accueilli 34 ».

Ton adresseTu vis dans un immeuble où les murs sont tellement fins

que tu sais à quel moment tes voisins vont aux toilettes. L’odeur dans l’ascenseur te donne la nausée. Ça empeste l’urine. La porte de l’immeuble, dont la vitre est brisée, tu ne la vois même plus : tu t’es habitué ! Elle aurait dû être remplacée, mais on ne t’a pas dit en quelle année. Qu’est-ce que tu peux faire ? Tu veux appeler la police parce que le mari cogne sur sa femme et sur ses gosses ? Il sort tout juste de prison. S’il apprend que tu l’as balancé, tu vas t’embrouiller avec lui. Donc : rien vu, rien entendu, rien à dire !

Le parking entouré d’un long mur de béton est entièrement tagué. Tu n’y prêtes même plus attention. C’est le décor.

Le boulot, quel boulot ? Avec ta gueule qui en dit long, ton manque de diplômes, d’expérience et ton adresse, tu ne te fais plus d’illusions. Les stages : combien tu en as fait !

Tes enfants ? Où veux-tu qu’ils aillent en classe ? Dans une école privée ? Tu veux rire ! Tu n’as même pas l’argent pour les inscrire. De toute façon, le dossier d’inscription sera refusé, surtout en voyant les notes des précédents bilans. Tes gosses ont déjà redoublé deux ou trois fois,… faut pas rêver !

Tu as quand même réussi à les empêcher de traîner leur peau en bas de l’immeuble… mais jusqu’à quand ? Que veux-tu qu’ils fassent, toute la journée à tourner en rond dans cinquante mètres carrés ? Après, on vient te dire que la télé et la Plays-tation, c’est très mauvais pour leur éducation. Dans quel club de sport, de musique ou de théâtre tu peux les inscrire ? À part celui de la « Maison pour tous » ou de la MJC 35 du quartier. C’est vrai que c’est gratuit, mais es-tu déjà allé y faire un tour ?

34 La Bible : Évangile selon Jean, chapitre 1 verset 11.35 Maison des Jeunes et de la Culture.

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Certes, ça les occupe un peu, mais surtout, ça leur évite de trop traîner en bas des immeubles.

Jusqu’à quand ?C’est comme l’aide sociale. Avec un peu d’argent, les ar-

deurs se calment et tu oublies, le temps d’une dépense, les cir-constances dans lesquelles tu vis.

Le docteur ? Mieux vaut être malade en journée et du lundi au vendredi car la nuit et le week-end, même SOS Médecin ne vient pas dans ta cité.

Et moi, je viens te dire que Dieu t’aime ? J’avoue que ce doit être difficile pour toi de le croire.

En prisonImagine un instant que tu sois Dieu et que tu décides de

venir toi-même aider les marginaux. Quel serait ton lieu de naissance ? Quel quartier choisirais-tu ? Jésus est né dans une petite étable de Bethléem, une petite bourgade d’Israël, car il n’y avait pas de place pour lui dans l’hôtellerie quatre étoiles du coin. Ses parents ont dû immigrer de leur région de Galilée afin de protéger leur enfant. Ça ne te rappelle rien ? Ça ne ressemble pas un peu à ta vie ?

Vu les conditions dans lesquelles Jésus est né et la façon dont il a vécu, je crois qu’il sait ce qu’est une personne margina-lisée. Jésus s’identifie tellement à toi qu’il affirme avoir connu la faim et la soif. Au travers de toi, il a été un étranger, parfois nu, malade, et même en prison… Jésus s’identifie à toi, et avec ses amis, il vient vers toi. Il dit :

Car j’ai souffert de la faim, et vous m’avez donné à man-ger. J’ai eu soif ; et vous m’avez donné à boire. J’étais un étranger, et vous m’avez accueilli chez vous. J’étais nu, et vous m’avez donné des vêtements. J’étais malade, et vous m’avez soigné. J’étais en prison, et vous êtes venus à moi.

Alors, les justes lui demanderont : Mais, Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, et t’avons-nous donné à man-ger ? Ou avoir soif et t’avons-nous donné à boire ? Ou

Taulards

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étranger et t’avons-nous accueilli ? Ou nu, et t’avons-nous vêtu ? Ou malade ou prisonnier, et sommes-nous venus te rendre visite ?

Et le roi leur répondra : Vraiment, je vous l’assure, chaque fois que vous avez fait cela au moindre de mes frères que voici, c’est à moi-même que vous l’avez fait 36.

Aujourd’hui, Jésus vient vers toi à travers ce bouquin afin qu’à ton tour, tu ailles vers lui tel que tu es, avec ton passé, tes erreurs, tes mauvais choix de vie, etc.

Qui que tu sois, tu as tellement de valeur aux yeux de Jésus qu’il s’identifie à toi.

36 La Bible : Évangile selon Matthieu, chapitre 25 versets 35 à 40.

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Gran TorinoJe ne déroge pas à ma culture ciné. J’aime regarder un bon

film, et Clint Eastwood est un de mes acteurs préférés. Il aura dû attendre ses 78 printemps pour faire exploser le box-office. Le 25 février 2009 sortait le 29e long-métrage du réalisateur : Gran Torino. Ce film raconte la rédemption d’un vieillard ra-ciste devenu le héros d’une communauté asiatique hmong. Walt Kowalski est un ancien de la guerre de Corée, un homme in-flexible, amer et pétri de préjugés. Hormis sa chienne Daisy, il ne fait confiance qu’à son fusil d’assaut, toujours propre, tou-jours prêt à l’usage… Il affectionne aussi sa belle voiture, une Gran Torino de 1972, un véritable bijou pour collectionneurs avertis.

Les anciens voisins de Walt ont déménagé ou sont morts depuis longtemps. Son quartier est aujourd’hui peuplé d’immi-grants asiatiques qu’il méprise. Walt ressasse ses haines innom-brables, en l’occurrence à l’encontre de ses voisins, des adoles-cents aux yeux bridés. Dans son quartier, il y a les Latinos et les Afro-Américains. Ses propres enfants étant devenus pour lui des étrangers, Walt tue le temps comme il peut, en attendant le grand départ. Jusqu’au jour où un adolescent hmong tente de lui voler sa précieuse Ford Gran Torino…

Chap

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4

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J'ai failli mal tourner...42

Pour se faire pardonner, le jeune Hmong du nom de Tao va travailler pour Walt. Une amitié sans précédent va se former jusqu’au jour où un gang s’attaque à la famille de Tao. Ceux qui comme moi s’attendraient à une vengeance en bonne et due forme – style « Inspecteur Harry » – peuvent quitter la salle de cinéma. Walt va volontairement se faire tuer en sortant un vul-gaire briquet de sa poche devant le gang armé jusqu’aux dents. Tout le gang sera jeté en prison et Tao et sa famille pourront vivre désormais en sécurité.

Une scène du film que je trouve particulièrement humoris-tique est celle où la famille se retrouve chez le notaire pour le partage des biens légués par Walt. Tous sont presque déshérités par ce père et grand-père qu’ils méprisaient. Ils ont récolté ce qu’ils ont semé. Le notaire ouvre le testament et lit : « Je vou-drais léguer ma Gran Torino 1972 à mon ami Tao Van Lor, à la condition que tu ne coupes pas le toit comme le font ces sales tacos, que tu ne peignes pas dessus des flammes débiles comme le font un tas de péquenots de tarés blancs et que tu ne mettes pas un aileron de pédé sur le coffre arrière comme on en voit sur toutes les voitures de bridés – c’est absolument horrible. Si tu arrives à t’abstenir de ces conneries-là, elle est à toi ».

Voilà un film où l’on rit parfois jusqu’aux larmes et en même temps, où l’on est ému. Comme d’habitude, Monsieur Eastwood a su mettre le doigt là où ça fait mal.

Le prix du sacrificeCe qui m’a vraiment interpellé dans ce film, hormis le côté

discriminatoire de Walt, c’est que l’amitié peut faire changer les positions d’un homme, quelle que soit leur radicalité. Ce film nous présente deux Walt ! Celui qui ne supporte rien ni personne, encore moins ceux qui sont différents de lui. Il va jusqu’à reprocher à son fils d’acheter des voitures japonaises. Puis, il y a Walt… ou plutôt Wally, diminutif que la sœur de Tao ose utiliser avec une affection telle qu’il est obligé de revoir ses convictions raciales les plus ancrées. Puis pour terminer, il y a

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le don ultime, celui d’un homme qui se sacrifie volontairement pour une communauté qu’il détestait au départ.

Walt a donné sa vie afin que ses voisins hmong puissent enfin mener une existence normale, afin qu’ils ne soient plus importunés et menacés par la gangrène qui pourrissait son quar-tier.

Jésus a donné sa vie afin que nous puissions vivre une vraie vie ! Il a donné sa vie afin que la gangrène du mal qui pourrit nos cœurs et nos relations puisse disparaître.

Quelle leçon que ce film de Clint Eastwood ! Une leçon de vie et de remise en question. L’amour a vaincu la haine. L’amour a vaincu les préjugés et la violence.

À quel prix ? Au prix du sacrifice ! C’est malheureusement souvent le cas. Il faut accepter de perdre une chose pour en ga-gner une autre.

En Jésus, Dieu a accepté de passer par la mort afin que nous puissions vivre notre vie.

Tu n’y crois peut-être pas encore… c’est bien dommage !Judas n’y a pas cru non plus. Lorsqu’il a réalisé son geste

et qu’il s’est rendu au palais pour rendre l’argent de la trahison, c’était trop tard.

Avec Jésus, il n’est jamais trop tard, mais Judas ne pouvait pas réparer sa faute uniquement en rendant l’argent. Il aurait dû se reprocher son geste, s’en repentir. Il aurait dû implorer le pardon de Dieu, et reconnaître sa misère. Il ne l’a pas fait ! Même son suicide n’a rien changé à sa situation devant Dieu. Il a commis un meurtre dont il n’a pas voulu se repentir.

Certains pensent que mourir règlerait leurs problèmes. Ils ne s’imaginent pas que la mort n’est pas la fin des ennuis, mais le commencement. Car quelques secondes après, chacun de nous va se retrouver devant Dieu. Là, impossible de s’échapper, aucun remboursement possible, pas de système D. Rien, il n’y a absolument rien à faire pour arranger les choses. Tout ce que nous aurions dû faire, il nous aurait fallu le faire avant. Après, c’est trop tard.

Gran Torino

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Certaines affirmations de la Bible sont sans appel :Le sort de tout homme est de mourir une seule fois, après quoi, il est jugé par Dieu 37.

Le matin vient, et la nuit vient aussi. Si vous voulez poser des questions, posez-les, convertissez-vous et venez 38.

En effet, Dieu déclare dans l’Écriture : Au moment favo-rable, j’ai répondu à ton appel, et au jour du salut, je suis venu à ton secours. Or, c’est maintenant, le moment tout à fait favorable ; c’est aujourd’hui, le jour du salut 39.

37 La Bible : Lettre aux Hébreux, chapitre 9 verset 27.38 La Bible : Livre du prophète Ésaïe, chapitre 21 verset 12.39 La Bible : Seconde lettre de Paul aux Corinthiens, chapitre 6 verset 2.

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Mon amiDans ce chapitre, nous allons faire des découvertes que

tu n’aurais peut-être même pas imaginées. Le plus déroutant, c’est qu’elles nous concernent tous. Elles nous sont adressées personnellement et peuvent littéralement bouleverser nos vies, quelles qu’elles soient.

Es-tu prêt à me suivre ?Après avoir roulé plusieurs années avec des cyclomoteurs,

motos et voitures volées, je me suis enfin acheté une voiture à mon goût. C’était dans les années quatre-vingt. Une superbe Alpha Roméo rouge Ferrari. Je la bichonnais ! Je lui avais ins-tallé un autoradio Pioneer, un ampli GM 120, ainsi que quatre énormes baffles « boomers ». Tout mon argent passait dans cette belle italienne et je ne négligeais rien : des jantes alu 18 pouces montées super large, un volant sport Momo en bois teinté, un intérieur en cuir noir, etc.

Tous les potes du quartier bavaient en me voyant passer, coude dehors, lunettes Lozza sur le pif.

Travailler dans les boîtes de nuit tout en vendant des pro-duits illicites, ça rapporte !

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C’est à cette époque-là que Saddek, mon meilleur ami d’enfance, disparut. Pendant trois jours, tout le monde le cher-cha. Sa famille, ses copains… et moi. La nouvelle est tombée quelques jours plus tard : Saddek venait d’être retrouvé en bas de la cage d’escalier d’un vieil immeuble du quartier. Apparem-ment battu à mort dans des circonstances inconnues, il resta plu-sieurs semaines dans un coma profond. Il vit maintenant dans une maison d’accueil spécialisée à Marseille. Il est immobilisé dans un fauteuil roulant et pris en charge 24 heures sur 24 par une équipe médicale. Il ne parle plus et il m’est impossible de dire s’il me reconnaît.

Saddek est mon ami. J’ai souvent pleuré secrètement en pensant à lui. Je me souviens que nous nous donnions rendez-vous en bas d’un immense immeuble de vingt étages qu’on appelait « la Tour ». Nous bavardions tous deux pendant des heures, nous refaisions le monde, nous rêvions d’un avenir meilleur. Parfois, nous nous faisions un petit cadeau, comme pour marquer notre amitié profonde. Nous nous invitions à tour de rôle et nous partagions tout. Ce qu’il possédait était à moi, et inversement. Une amitié forte, sans arrière-pensée, sans esprit de compétition, sans limite. Lorsque j’ai perdu Saddek, c’est une partie de moi qui a disparu. C’était un grand jeune homme brun aux yeux verts, réservé et travailleur. Dans mon quartier, peu d’entre nous auraient été capables de travailler pendant plus de six mois dans une entreprise de nettoyage. Saddek le faisait déjà depuis de nombreux mois. Mon ami…

Comme ThomasNous sommes tous de ceux qui croient uniquement à ce

qu’ils voient. Tu as déjà entendu l’expression : « Moi je suis comme Thomas ! » Nous voyons les objets qui se présentent à notre vue physique et jamais nous ne mettrions en doute leur existence. Par contre, les pensées, les dispositions de notre cœur et notre volonté ne peuvent être décelées et vues que par notre âme. Moi, je voyais les pensées et les dispositions du cœur de Saddek envers moi, et il en était de même pour lui. Nous ne les

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voyions pas uniquement avec notre regard physique, mais nous les voyions avec les yeux de notre âme. D’ailleurs, comment voir physiquement un sentiment, une volonté ou une disposition de cœur ?

Mais si je ne peux pas voir certaines choses de mes propres yeux, comment puis-je en même temps affirmer croire unique-ment à ce que je vois ? Certainement au travers des actes et des attitudes. Mais il y a dans l’amitié beaucoup plus que des actes et des attitudes. Il y a aussi du « spirituel », de l’âme, du cœur. Il y a des dispositions silencieuses, immobiles, sans actes parti-culiers – peut-être une phrase – mais qui peuvent être décelées uniquement par notre cœur.

Dans la cité, les manifestations d’affection un peu trop in-tenses font souvent l’objet de moqueries et de jalousies. De ce fait, discrétion oblige ! On est des mecs, des vrais.

L’affection que nous nous portions, Saddek et moi, était authentique et profonde. Nul besoin d’en faire étalage. Ceux qui nous cotoyaient connaissaient notre degré d’amitité.

Vous allez me dire qu’il est possible de cacher ses senti-ments, qu’ils soient bienveillants ou malveillants. Je suis d’ac-cord, mais réfléchissez un peu ! Lorsqu’une personne cache sa malveillance à votre égard, ne le ressentez-vous pas ? Même si vous vous interdisez d’y croire, les sentiments de votre âme vous trompent rarement. Plusieurs fois, vous vous êtes dit : « Je le savais ! » même si parfois vous êtes, comme on dit, « tombé de haut » après une déception ou une trahison.

Jésus voyait dans les cœurs et il savait très précisément ce qu’il en était de Judas.

En général, les yeux de notre âme nous trompent rare-ment… à la différence de nos yeux physiques !

C’est un peu comme ça, la foi en Jésus !J’y ai cru car, au fond de moi, je savais que ce type-là m’ai-

mait vraiment et qu’il avait, lui seul, la possibilité de changer ma vie. Je savais au fond de moi qu’il était fondamentalement différent de tous les autres, rempli de bienveillance et de bonnes dispositions à mon égard, ne me faisant aucun reproche et tou-

Mon ami

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jours prêt à m’accueillir, peu importait la condition dans la-quelle je me trouvais. J’y ai cru, j’ai fait ce qu’on appelle un pas de foi, et je ne le regrette pas, même plus de vingt ans après lui avoir donné ma confiance.

Lorsque Thomas a vu Jésus, il est tombé à genoux en di-sant :

– Mon Seigneur et mon Dieu !

– Parce que tu m’as vu tu crois ! lui dit Jésus. Heureux ceux qui croient sans avoir vu 40.

« Un ami aime en tout temps »À cette époque, nombreux sont ceux qui m’ont dit que

j’étais fou, que je m’étais fait embrigader dans une secte, que je m’étais fait « endoctriner », laver le cerveau. Pour eux, j’avais viré « bonne sœur ». Il m’est arrivé de me dire que je faisais de l’autosuggestion et que le fait de « croire » m’apportait un cer-tain réconfort devant les échecs de ma vie. En revanche, lorsque ma vie a commencé à changer, non pas en surface, mais en pro-fondeur, j’ai compris que ce que je croyais était vrai. Jésus a éclairé ma vie.

Je suis la lumière du monde, dit-il. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres : il aura la lumière de la vie 41.

Jésus est mon ami ! Il est mon partenaire de vie.Même si je vois rarement de façon « physique » mon ami

Saddek, je ne mettrai jamais en doute notre amitié. De la même manière que je ne mettrai jamais en doute l’amour de Jésus pour moi.

Un proverbe dit : « Un ami aime en tout temps et, quand survient l’adversité, il se révèle un frère 42 ».

40 La Bible : Évangile selon Jean, chapitre 20 versets 28 et 29.41 La Bible : Évangile selon Jean, chapitre 8 verset 12.42 La Bible : Livre des Proverbes, chapitre 17 verset 17.

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Que ce soit mon amitié avec Saddek ou mon amitié avec Jésus, même si elles ne sont pas tout à fait sur le même plan, j’ai pu expérimenter avec chacune d’elles ce proverbe.

Ma confiance en mon ami a pu être parfois mise à l’épreuve, par des situations, des événements imprévus. Mais notre affec-tion l’un pour l’autre est restée intacte. Nous sommes de véri-tables amis !

Avez-vous un ami comme celui-là ?

Mon ami

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MamanDans sa grande majorité, la foule est hostile à Jésus ce

jour-là. Du haut de l’esplanade, Pilate s’est lavé les mains et le peuple porte maintenant la responsabilité de la condamnation de Jésus. Le procurateur romain s’est dit que, finalement, c’était leur choix, leur problème.

Tout cela reste encore à voir.Jésus est sali, au sens propre comme au figuré. Sali, non

pas par le sang coagulé sur son visage, mais par les crachats des moqueurs et les fausses accusations qu’on lui porte. Les reli-gieux ont joué une mauvaise carte devant Dieu, celle du men-songe et de la calomnie. Jésus est traîné à la sortie de la ville comme un vulgaire criminel.

Sur son dos, il y a maintenant l’instrument de son supplice. La croix. Elle est en bois massif et très lourde. Il a reçu des centaines de coups, ses plaies sont profondes. Par endroit, ses os sont à nu. Cette croix l’écrase et ses jambes se courbent sous son poids. Les voix de femmes, d’hommes, d’enfants crient tout autour de lui. Quelques familles se sont installées sur les ter-rasses et aux fenêtres. Quelques sales gosses en profitent pour lui jeter des cailloux au visage, des fruits pourris et des branches de palmier desséchées.

Chap

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J'ai failli mal tourner...52

Une petite délégation de religieux tirés à quatre épingles suit l’escorte en furie. Elle se tient en retrait, observatrice. Les religieux discutent entre eux tout en jetant un regard furtif sur la scène. Leurs visages paraissent satisfaits. Ils restent là pour s’assurer que l’exécution ne sera pas abandonnée en cours de route. On ne sait jamais ! Il faudrait une fois de plus qu’ils fas-sent pencher la balance de leur côté en crachant à la foule tout leur venin sur Jésus. Leur avis a du poids. Quelques soldats languissent que tout soit terminé et tuent le temps en faisant les yeux doux aux jeunes filles. Ils joignent l’utile à l’agréable. Elles rient.

D’autres femmes, quant à elles, sont désespérées. Elles pleurent toutes les larmes de leur corps. Parmi elles, il y a cer-tainement des femmes de mauvaise vie. Marie-Madeleine est là… encore et toujours. Elle est accompagnée de quelques dis-ciples de Jésus, dont Marie, la propre mère de Jésus. La mère de Jacques et Jean est également présente.

Deux autres malfaiteurs suivent aussi le cortège sanglant en portant leur croix. C’est plus facile pour eux car ils n’ont pas subi le même traitement que Jésus. D’ailleurs, ce dernier ploie de plus en plus sous le gigantesque morceau de bois. Il halète, des gémissements sortent de sa bouche et les soldats sont fatigués de lui indiquer la direction. Ils soufflent, vocifèrent, relèvent Jésus avec une extrême violence.

Jésus est épuisé et ses pensées sont confuses. Ses gémis-sements deviennent des prières. Tout à coup, un homme surgit d’une rue transversale. Il revient des champs et semble pressé de rentrer chez lui afin de retrouver sa famille. De toute évi-dence, il n’a pas pris la bonne route… quoique. La foule le heurte et il se retrouve face à Jésus, qui trébuche, tombe à terre, écrasé sous l’énorme poutre. Quelques épines de sa couronne se sont encore plus enfoncées sur son front. Le sang se remet à couler et quelques gouttes tombent à terre se mélangeant à la poussière blanche.

Deux soldats surgissent et attrapent cet homme par le pan de sa tunique. C’est un grand brun, barbu et il se nomme Simon.

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Il est de Cyrène. Ils lui font signe de prêter main forte à Jésus. Il tente pourtant de s’esquiver, trouve des excuses, prétextant qu’il est pressé, mais voilà qu’un des soldats porte sa main sur son épée. Simon abdique. Qu’est-ce que je fous là ? se dit-il. Cet homme se trouve maintenant dans une situation qu’il n’avait pas envisagée. Sa famille l’attend alors qu’il aide un criminel à porter l’instrument de son supplice. Simon souffle et jette un regard sur le condamné : Mais… ne serait-il pas ce Jésus dont tout le monde parle ? Il se retourne pour voir les deux autres. Il compare leur état. Jésus le regarde. Il se souviendra de ce regard jusqu’à son dernier souffle. Ce n’est pas le regard d’un criminel, mais celui d’un saint homme. De cette rencontre involontaire naîtra la foi.

On aperçoit au loin le lieu du Calvaire, le mont appelé « Golgotha », ce qui signifie « lieu du crâne ». Encore quelques dizaines de mètres et d’autres souffrances vont arriver. Celles des trois clous, de la gorge qui se dessèche, de la langue qui colle au palais, des os qui se disloquent sous l’effet de la pesan-teur. Le supplice d’entendre les insultes et la cupidité de ceux qui, dans un moment pareil, ont le culot de se partager encore sa tunique.

Jusqu’ici, Jésus n’est pas gâté du point de vue « amis ». Il en a peu. Judas l’a trahi et ses disciples ont tous pris la tangente lorsqu’on est venu l’arrêter. Sa maman, quant à elle, est accou-rue à toute vitesse dès qu’elle a su. Elle est là et elle assiste à tout.

MarieMarie, la maman de Jésus assiste au spectacle le plus cruel

qui n’ait jamais existé. Elle se souvient qu’un vieux prophète lui avait prédit que son âme serait transpercée par le glaive. Cette prédiction est en train de se réaliser. Elle a tellement mal. Voir son fils traité de la sorte, quelle torture ! Marie est accompagnée de Marie-Madeleine qui a suivi Jésus depuis la cour du grand prêtre jusqu’au tribunal de Pilate. Elle était même là lorsque Jésus fut conduit chez Hérode. Jean est là aussi, complètement

Maman

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J'ai failli mal tourner...54

terrorisé. Lui qui est si sensible. Il tremble. Les trois sont blot-tis, l’un contre l’autre. Ils se soutiennent mutuellement, ils se regardent, grimacent, éclatent en sanglots. Jean ne lâche pas la main de Marie.

Le statut de Marie devant Jésus n’appartient à aucun autre membre de l’Église. Elle est « la maman » par excellence. Pas étonnant que dans des sociétés dites « de type matriarcal », elle soit tellement mise en valeur. Les gangs latinos ont tous un tatouage de la Señora de Guadalupe, figure emblématique au Mexique et en Espagne.

Le sentiment d’injustice vécu par Marie est terrible. C’est une mère, et comme toute mère, si elle avait pu prendre la place de son fils, ne serait-ce qu’un seul instant, elle l’aurait fait. Chaque coup reçu, chaque crachat, chaque insulte, chaque clou, lui transpercent le cœur. C’est elle qui, aux origines de l’Évangile, tient le premier rôle. C’est une femme pieuse, fidè-lement soumise à la loi de Dieu. Marie est une perle choisie par Dieu parmi toutes les femmes pour porter en son sein le Messie, le sauveur de l’humanité. Depuis des siècles, c’est ce qui était promis. On pouvait d’ailleurs le lire dans les rouleaux saints de la Torah. Après une révélation divine, le prophète l’avait lui-même annoncé, 500 ans auparavant.

C’est pourquoi le Seigneur vous donnera lui-même un signe : voici, la jeune fille sera enceinte, et elle enfantera un fils, elle lui donnera pour nom : Emmanuel 43.

Emmanuel, ce qui veut dire : Dieu est avec nous 44.

Jésus, c’est Dieu avec nous !

PardonMarie souffre de voir son fils traité comme un criminel

alors qu’il est sur terre pour donner la vie et la vie en abon-dance : c’est-à-dire à 100 %. Si son fils avait été un voleur, un

43 La Bible : Livre d’Ésaïe, chapitre 7 verset 14.44 La Bible : Évangile selon Matthieu, chapitre 1 verset 23.

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menteur ou un délinquant notoire, elle se serait peut-être fait une raison. Comme n’importe quelle maman, elle aurait aus-si souffert de voir son fils condamné et torturé à cause de ses fautes, mais elle aurait pu, au minimum, mettre des mots der-rière le « Pourquoi ? »

Je vais te faire une confidence. J’ai fait beaucoup de mal à ma mère, mais aussi à mon père. J’étais quelqu’un de faible et d’égoïste. Lorsque je repense aux larmes que mes parents ont versées pour moi, j’ai honte. Je n’ai aucune excuse.

Je leur demande pardon.Je pourrais établir une liste d’événements et de circons-

tances qui m’ont conduit à faire ce que j’ai fait, à être ce que j’étais, à prendre les chemins que j’ai pris, à fréquenter des per-sonnes que j’aurais dû éviter, etc. Face à l’amour d’une maman, aucune excuse n’est valable, aucune circonstance ne peut être atténuante.

J’ai même l’impression parfois, que jusqu’à ma rencontre avec Jésus, je n’étais pas le vrai Daniel. J’étais quelqu’un d’autre, quelqu’un de méprisable, centré sur lui-même, égoïste et insensible. Mes parents sont mes héros terrestres. Certes, je suis leur fils, mais rien ne les obligeait à me supporter. Impos-sible de mesurer tout le souci, l’immense patience et l’amour inconditionnel qu’ils ont eus à mon égard.

Ce bouquin est aussi une demande écrite de pardon. Il ne peut en être autrement.

Je serais tellement heureux qu’il puisse te servir aussi à toi qui es en train de le lire. S’il pouvait te convaincre d’avouer : « C’est vrai, je n’ai jamais pris le temps de demander pardon à ma mère, à mon père, à ceux qui m’aiment et supportent mon arrogance depuis tant d’années. Je n’ai jamais eu le courage de prendre ma mère dans les bras pour lui dire que je l’aime » !

Quel bonheur que d’entendre : « Je t’aime, tu comptes pour moi » !

Quel gâchis ! Quel temps perdu !

Maman

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Une fois encore, ta mère est assise sur le canapé du salon et elle pleure. Toi, tu claques la porte de l’appartement en vocifé-rant. Le pire, c’est que tu n’es pas défoncé. Tes potes t’attendent en bas de l’immeuble. Ils sont si importants à tes yeux. Tu as autre chose à faire que rester à la maison écouter tes parents te prendre la tête. Ta mère t’a demandé d’aller lui faire quelques courses au supermarché. Tu n’as pas le temps. Tu es bien trop occupé par ton nombril. Tu es au chômage, mais tu n’as jamais le temps pour ceux qui t’aiment vraiment. Tu as autre chose de prévu pour aujourd’hui et aussi pour demain. Des affaires à régler. D’ici quelques années, la plupart de ceux qui t’aiment ne seront plus là. Ta mère vieillit. C’est elle qui, peut-être au-jourd’hui, ne manque pas une visite au parloir du centre péni-tentiaire où tu as été incarcéré il y a quelques semaines, mois, années. C’est elle qui te donne un peu de blé pour te payer tes clopes et ta « boulette ». C’est elle qui attend le bus tôt le matin, de peur d’être en retard. Il fait un froid de canard dehors. C’est encore elle qui traverse la ville avec un panier rempli de sucre-ries dont tu raffoles. Hier soir, elle s’est mise au lit à une heure du matin après avoir repassé et bien rangé dans un sac, le linge propre qu’elle va te porter. Elle le soigne son petit… même si c’est un « mauvais garçon ».

Ton père t’aime tout autant, mais il ne te le montre pas car il est épuisé. Il y a bien longtemps qu’il a baissé les bras. Pourtant, il a tout essayé. Pour lui, c’est l’échec d’un père. Tu l’as tellement humilié ! Tu te souviens du jour où, lors d’une dispute, tu l’as insulté tout en levant le poing contre lui ? Tu as brisé son cœur.

Ce que je viens de décrire, sais-tu que c’est aussi l’état des hommes devant leur créateur ?

Les Hommes. Oui : toi, moi, nous avons brisé le cœur de notre créateur en lui tournant le dos. Chaque fois que nous l’avons rendu responsable de notre situation. Chaque fois que nous l’avons sali par nos pensées ou par nos actes. Nous attris-tons Dieu chaque fois que notre regard se détourne de son fils Jésus-Christ.

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La pègreÀ l’époque, je fréquentais un descendant d’une famille de

truands marseillais. Ils étaient les gangsters les plus puissants de France jusque dans les années soixante. Leur clan faisait en-core parler de lui à mon époque. Toute la famille de mon ami était très fière d’appartenir à la plus grande figure de la pègre marseillaise. Je ne citerai pas leur nom.

Mon ami et moi avions une petite vingtaine d’années et nous vendions de l’héroïne. Dans la cave d’un vieil immeuble insalubre, près du quartier de la Joliette, nous avions soigneuse-ment planqué notre came. Plusieurs fois par semaine, très dis-crètement, nous venions nous ravitailler. Elle était rosée et nous la coupions trois fois sans qu’elle perde beaucoup de ses effets. C’était une tuerie ! Coupée, pesée et servie soigneusement en petits paquets pliés dans les règles de l’art. L’argent coulait à flot, au point qu’il nous était presque impossible de le dépenser. On s’offrait les meilleurs restaurants, et c’est uniquement en taxi que nous nous déplacions. Des pieds à la tête, nous étions fringués des plus grandes marques du moment.

Nous passions nos journées dans un bar corse du quar-tier, essentiellement fréquenté par des « anciens » truands. Ils avaient tous entre 50 et 70 ans. La crème, quoi ! Nous étions

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leurs petits protégés et nous nous sentions en sécurité. Maurice, l’oncle de mon ami était un des gars les plus respectés. Sa répu-tation l’avait précédé. Il avait pris vingt-cinq ans pour braquage et pour avoir fait la peau à celui qui l’avait balancé. Un gars pouvait être cinq fois plus costaud que lui, il lui rentrait dans le lard. Tu le menaçais avec tes poings, il te sortait une batte de base-ball. Tu venais vers lui avec une lame, il te sortait un flingue. Et si tu pointais un flingue sur lui, tu avais intérêt à le tuer car il allait revenir à la charge jusqu’à ce que l’un des deux meure. Il devait mesurer 1,65 m et, pour paraître plus grand, il portait des bottines avec des talons d’au moins 5 centimètres.

Un petit nerveux !Ils n’avaient l’air de rien ces vieux, mais c’est eux qui

contrôlaient beaucoup de choses à Marseille, à commencer par le quartier de l’Opéra et ses innombrables bars à prostituées. La plupart d’entre eux portaient de larges lunettes fumées à montures dorées. Ils étaient élégants avec leurs ensembles en flanelle noirs, parfois bordeaux et blanc cassé. Leurs chaus-sures « Nebuloni » et « Socrates » vernies, souvent bicolores, brillaient autant que leurs énormes chaînes grains de café en or massif. La classe.

– Hé petit ! Tu peux aller au tabac pour moi ? Tu me prends deux paquets de Gauloises filtres.

Le petit bar du quartier leur appartenait aussi, c’était en quelque sorte leur seconde maison. Ils en avaient même fait un mini casino, avec ses bingos et ses vidéos pokers dans l’arrière-salle. Ici, on ne craignait aucune descente de flics car ces der-niers étaient certainement arrosés de gros biftons. Vous savez, ceux qui, à l’époque, avaient la tronche de Blaise sur le côté.

Une seule chose nous était demandée : interdiction de voir des junkies, ni devant le bar, ni dans la rue. Pas de drogue dans les poches non plus. Nous nous donnions donc rendez-vous sur une place publique, à quelques pâtés de maison. Les junkies nous attendaient, gueules enfarinées, tout en se grattant comme s’ils étaient tombés dans les orties. Certains étaient tellement accros, que même en plein été, ils portaient des anoraks de ski

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(le « manque » agit sur la thermorégulation). Les flics commen-çaient à tourner et nous devions faire gaffe.

Je ne sniffais de l’héro que très rarement ; ce n’était pas mon truc. Mon copain ne crachait pas dessus, quoique rien qu’en la regardant, il se mettait à vomir toutes ses tripes. C’était psychologique.

Les contrôles de police commençaient à se multiplier sur la place, si bien que j’envisageais de laisser tomber ce business pourri, aussi lucratif pouvait-il être. Je savais que pour trois malheureux grammes de came, certains junkies étaient prêts à balancer jusqu’à leur propre mère. Mon copain, comme pris par la fièvre de l’or, s’enfonçait lentement dans la dépendance. Il était comme aveuglé.

À cette époque, l’opportunité de travailler dans une disco-thèque suisse s’est présentée à moi.

Je suis parti en laissant mon copain continuer ses affaires. Les junkies n’allaient pas tarder à le balancer. Quelques mois plus tard, mon copain a mal tourné. Il a été arrêté pour trafic de stupéfiants et incarcéré aux Baumettes. La prison l’a rendu pire qu’avant. Il a pété les plombs. Je ne l’ai plus jamais revu.

Moi, je travaillais en Suisse dans une boîte de strip-tease. Pour un autre destin.

Une chose est sûre, ce job en Suisse me donna l’occasion d’un nouveau départ. J’ai pu éviter la dépendance… et le vio-lon. Les peines carcérales pour trafic de stupéfiants ne sont pas les plus courtes. J’avais fait le bon choix.

Boîtes de nuitNous venions de rouler une bonne partie de la journée et

nous avions passé quelques heures à la douane. Un contrôle as-sez minutieux où les douaniers sont allés jusqu’à dégonfler la roue de secours de notre Fiat Panda. Quelques kilomètres avant la douane suisse, mon père et moi nous nous sommes arrêtés pour boire un café. J’avais eu la présence d’esprit de retirer l’enveloppe de 200 grammes d’herbe planquée dans ma caisse

La pègre

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de disques pour la caler entre mon slip et ma ceinture. Je n’ose imaginer s’ils l’avaient trouvée. Mon père et moi arrêtés pour trafic de stupéfiants. Lui qui n’avait jamais vu une seule bou-lette de shit de sa vie et dont le seul délit était un stationnement gênant.

Je me souviens encore de sa tête lorsque nous sommes ar-rivés à Neuchâtel et que nous nous sommes garés devant un cabaret du nom d’ABC.

J’allais signer mon premier contrat d’animateur. La façade était de couleur noire mat et deux vitrines d’un mètre carré lais-saient apparaître quelques grandes photos de filles en petite te-nue. J’avalai ma salive et essayai de ne pas croiser le regard de mon père.

Je ne suis pas resté bien longtemps dans ce lieu de pros-titution légale. Après avoir envoyé à l’hôpital deux clients un peu trop irrespectueux envers mes nouvelles copines, j’ai dû me chercher un nouveau job. Je me suis donc retrouvé au Noctam-bule, à Crans-Montana. Ah ! La montagne… Le grand air… et les maisons closes. Là aussi, ça a mal tourné avec le patron, un repris de justice marié à une Suisse. Il fit l’erreur de dire à mon père, lors d’une de ses visites, que je me droguais. Je les avais rejoints au bar où ils buvaient une bière. Lorsque j’ai vu des larmes dans les yeux de mon père, mon sang n’a fait qu’un tour. Je perdis bêtement mon job et tous ses avantages.

Après avoir tourné dans plusieurs villes de Suisse et m’être fait plein de nouveaux copains peu fréquentables, je suis retour-né à Neuchâtel. Je bossais dans une magnifique discothèque. Le patron et moi sommes devenus amis. Il m’a proposé la gérance d’une de ses nouvelles discothèques. Le rêve ! Il mettait même à ma disposition sa villa à la montagne avec un jacuzzi et sa superbe Ferrari. Mais nous sommes entrés en conflit. Je quittai alors la Suisse pour revenir vivre en France.

En hiver, je bossais dans les Hautes-Alpes, au cœur des sta-tions de ski, et l’été, sur la Côte d’Azur. De nouveaux copains, encore moins honnêtes que les Suisses. Repris de justices clas-sés au grand banditisme dont certains étaient mêmes interdits

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de séjour dans les Bouches-du-Rhône. Nous tenions des disco-thèques en gérance car les patrons se faisaient racketter, soit par manque de connaissance, soit parce qu’ils n’avaient pas ce qu’il fallait, là où il le fallait. Je crois que c’est à cette époque que j’ai vu le plus de flingues de toute ma vie.

C’est à ce moment-là que j’ai commencé à me poser des questions sur le sens de ma vie : Pourquoi suis-je sur terre ? Pour quoi faire ? Quel est le sens de ma vie ?

La pègre

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Tony MontanaSi vis pacem, para bellum : Si tu veux la paix, prépare la

guerre.C’était mon slogan préféré jusqu’à ce que je prenne

conscience qu’il m’engageait dans un cercle vicieux. Ma vie sur terre était-elle uniquement une guerre sans fin ?

Jésus l’avait dit : « Tous ceux qui se serviront de l’épée mourront par l’épée 45 ».

Nous savons tous que cette parole de Jésus est vraie. Elle a été prouvée des milliers de fois. Pourtant, nous continuons à prendre l’épée, inconsciemment ou pas. Un des modèles qui ont bercé mon adolescence et celle de mes copains du quartier, c’est un roi de la pègre.

Comment un voyou macho et mégalo tel que Tony Monta-na, dans Scarface, a pu devenir l’icône de toute une génération de jeunes de la rue ? C’est quand même étonnant, surtout au re-gard de sa fin tragique. Richissime, drogué à mort, ayant perdu toute affection envers ses amis proches, et pour finir mitraillé dans sa luxueuse maison en Floride.

45 La Bible : Évangile selon Matthieu, chapitre 26 verset 52.

Chap

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Bienvenue dans la génération Scarface. Ce film a eu une popularité sans précédent dans les ghettos de toutes les grandes villes occidentales. Ses répercussions ont été surprenantes : hausse de la consommation de drogue dure, hausse du « métier » de dealer. Sans compter des milliers d’overdoses.

Les nombreux copains de rue que j’ai vus sniffer ou s’en-voyer de la came ont peu à peu perdu tout comportement hu-main. La majorité d’entre eux sont morts. Quelques-uns du sida, d’autres d’accidents de la route, d’autres tués par un mauvais coup de couteau ou par une balle de revolver. Je ne compte plus ceux qui sont morts d’overdose, laissant derrière eux veuves et orphelins.

Comment cette curieuse devise de Tony Montana – « The world is mine [Le monde est à moi] » – a pu devenir la phrase des délinquants, maintes fois entendue dans le rap américain ?

C’est comme si la morale morbide de cette histoire avait été ignorée, voire volontairement occultée par les fans.

Le groupe rap marseillais Akhenaton semble être un des premiers à avoir pris conscience des effets pervers de cette ido-lâtrie. En 1995, dans son album Métèque et mat, le groupe rap-pait déjà sur les ravages de cette identification à Tony Montana :

Scarface, le film, est sorti, puis il a vrillé l’esprit,De beaucoup de monde et moi y compris. Tu venais chez moi, on te disait : « Entra, entra, pana », Bienvenue chez Tony Montana. On nous a fait croire que l’on était des merdes et à force on l’a cru. Le stéréotype a pris le dessus, Aucun héros à notre image, que des truands. L’identification donne une armée de chacals puants.

Plus récemment, le rappeur Disiz la Peste n’hésite pas à critiquer ceux qui font de Tony Montana un modèle. Dans son deuxième album, Jeu de société, il s’exprime de la façon sui-vante :

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Rien à foutre de Tony Montana, j’préfère Amélie Poulain Un vrai super héros est censé protéger veuves et orphe-lins.

Quel modèle suprême pour ma vie, pour ta vie ? Tony Mon-tana ? Bonjour les résultats. Même si Al Pacino fait partie de mes acteurs préférés, le rôle de Tony Montana reste seulement une de ses meilleures prestations.

Et si Jésus pouvait être un nouveau modèle pour ta vie ?

Ils sont tombésBeaucoup de mes anciens copains ont fini par « tomber ».

Leur choix de vie les a inévitablement conduits en prison, ou au cimetière.

Je te propose maintenant de nous arrêter sur les derniers instants de la vie terrestre de Jésus.

Pourquoi ? Juste avant de mourir, Jésus a fait de curieuses rencontres. Faisons les présentations.

Avec Jésus, on emmena aussi deux autres hommes, des bandits qui devaient être exécutés en même temps que lui. Lorsqu’ils furent arrivés au lieu appelé « le Crâne », on cloua Jésus sur la croix, ainsi que les deux bandits, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche. Jésus pria : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. Les soldats se partagè-rent ses vêtements en les tirant au sort. La foule se tenait tout autour et regardait. Quant aux chefs du peuple, ils ri-canaient en disant : Lui qui a sauvé les autres, qu’il se sauve donc lui-même, s’il est le Messie, l’Élu de Dieu ! Les soldats aussi se moquaient de lui. Ils s’approchaient et lui pré-sentaient du vinaigre en lui disant : Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! Au-dessus de sa tête, il y avait un écriteau portant ces mots : « Celui-ci est le roi des Juifs ».

L’un des deux criminels attaché à une croix l’insultait en disant : N’es-tu pas le Messie ? Alors sauve-toi toi-même, et nous avec ! Mais l’autre lui fit des reproches en disant : Tu n’as donc aucun respect de Dieu, toi, et pourtant tu su-

Tony Montana

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bis la même peine ? Pour nous, ce n’est que justice : nous payons pour ce que nous avons fait ; mais celui-là n’a rien fait de mal. Puis il ajouta : Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras régner.

Et Jésus lui répondit : Vraiment, je te l’assure : aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le paradis.

Il était environ midi, quand le pays tout entier fut plon-gé dans l’obscurité, et cela dura jusqu’à trois heures de l’après-midi. Le soleil resta entièrement caché. Le grand rideau du Temple se déchira par le milieu. Alors Jésus poussa un grand cri : Père je remets mon esprit entre tes mains. Après avoir dit ces mots il mourut. En voyant ce qui s’était passé, l’officier romain rendit gloire à Dieu en disant : Aucun doute, cet homme était juste. Après avoir vu ce qui était arrivé, tout le peuple, venu en foule pour assister à ces exécutions, s’en retourna en se frappant la poitrine. Tous les amis de Jésus, ainsi que les femmes qui l’avaient suivi depuis la Galilée, se tenaient à distance pour voir ce qui se passait. Il y avait un homme, appelé Joseph, qui était membre du Grand-Conseil des Juifs. C’était un homme bon et droit. Il n’était pas d’accord avec la décision et les actes des autres membres du Grand-Conseil. Il était d’Arimathée, en Judée, et attendait le royaume de Dieu 46.

Deux hommes se retrouvent dans la même situation que Jésus. Deux types qui parlent fort, à l’insulte facile. Ils avaient certainement fait les 400 coups, et les voilà « tombés » entre les mains de la justice implacable de l’époque. Pas de pitié pour la racaille prête à te planter une lame dans le bide.

J’étais ce genre de type.Heureusement pour moi, j’ai souvent fait partie de l’équipe

gagnante. Celle, comme on disait, qui avait le plus de « quin-caillerie 47 ». Tu te crois le maître du monde avec tout cet attirail, surtout lorsque tu n’as pas encore réalisé que ceux d’en face

46 La Bible : Évangile selon Luc, chapitre 23 versets 32 à 51.47 C’est-à-dire des armes à feu.

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sont plus et mieux équipés que toi. Un jour ou l’autre, tu tombes sur un os. Ou tu tombes tout court.

Les deux brigands, eux, sont tombés. Ils savaient que tôt ou tard ça allait arriver. Ils se retrouvent dans une situation que personne n’envie. Mais dans leur malheur, la chance a quand même l’air de leur sourire. Moi j’appellerai plutôt cela de la providence divine. « The world is mine [Le monde est à moi] » ? Ce ne serait pas plutôt « The world is God’s [Le monde est à Dieu] » ? Le monde ne t’appartient pas, il appartient à Dieu.

L’instant d’une crucifixion, ils vont faire connaissance avec Jésus de Nazareth. Certes, chacun d’eux n’a pas la même opinion sur Jésus. Un des brigands va comprendre que Jésus ne devrait pas se trouver là. Peut-être a-t-il été interpellé par sa prière : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ».

Comment un voyou pourrait-il prononcer une telle prière ?Soit c’est un fou, soit c’est un saint homme. Et dans ce

milieu, on rencontre rarement des saints hommes.Le brigand interpellé par l’attitude de Jésus va aller jusqu’à

décrire sa situation et celle de son compagnon comme étant jus-tifiée : « Pour nous, ce n’est que justice : nous payons pour ce que nous avons fait ; mais celui-là n’a rien fait de mal 48 ».

En d’autres termes : « Avec tout le mal que nous avons fait toute notre vie, comment pourrions-nous être ailleurs qu’ici ? On mérite ce qui nous arrive. Pas lui ».

Sauver sa peauCette histoire parle de toi et moi. Ces brigands, c’est nous.Deux brigands qui ont dû, peut-être à plusieurs reprises,

payer leur dette à la société.Au travers de ces deux brigands, on retrouve aussi les réac-

tions de chaque être humain dans le monde :

48 La Bible : Évangile selon Luc, chapitre 23 verset 41.

Tony Montana

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– Lui qui a sauvé les autres, qu’il se sauve donc lui-même, s’il est le Messie, l’élu de Dieu !

– Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même !Et celui qui ne pensait qu’à sauver sa peau :– N’es-tu pas le Messie ? Alors sauve-toi toi-même, et nous

avec !Si Jésus est vraiment le Messie, il n’a qu’à faire ceci ou

cela, il n’a qu’à répondre à mes prières. Et si effectivement, il a tous les pouvoirs, il n’a qu’à me sortir de la situation dans la-quelle je me suis fourré, me sauver d’une mort certaine et, dans la foulée, me faire gagner à la loterie. Tant qu’à faire !

Il y a donc, le brigand avec des « si » et le brigand sans « si ». Ce dernier n’hésite pas à souligner le manque de res-pect de son compagnon : « Tu n’as donc aucun respect de Dieu, toi ? » Non seulement il se reconnaît coupable, mais il proclame en même temps l’innocence de Jésus. Quant à l’autre brigand, aucun aveu de culpabilité. Lui, recherche une libération phy-sique immédiate et non une libération de son âme. L’un croit que Jésus va régner dans le paradis, l’autre non.

Celui qui place sa confiance en Jésus prie à haute voix :– Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras régner.La réponse de Jésus est une promesse extraordinaire :– Vraiment, je te l’assure, aujourd’hui même, tu seras avec

moi dans le paradis.

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Le bon brigandPeut-on être voyou et bon en même temps ?De la même manière qu’un jour je me suis posé la question

suivante, je te la pose à toi aussi : Quel brigand veux-tu être ? Celui qui insulte Jésus ou celui qui aime Jésus ? Celui qui ne croit pas en Jésus, ou celui qui place sa confiance en lui ?

Reviens en arrière s’il le faut. Prends le temps de relire le texte. Réfléchis à ma question. Si tu veux, pose-toi cette question plusieurs fois… mais réponds-y en toute franchise. La question est simple, claire et précise : dans la peau de quel bri-gand veux-tu être ?

Il y a une vingtaine d’années, j’ai fait mon choix.Sur les deux brigands, un seul a reçu cette magnifique pro-

messe : « Vraiment, je te l’assure, aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le paradis 49 ». Et avec une telle promesse, je plains ceux qui pensent que nous irons tous au paradis !

Beaucoup de gens pensent que pour rentrer au paradis, il faut au préalable avoir adhéré à un mouvement religieux, ac-compli un certain nombre d’actes ou d’œuvres de bienfaisance. D’autres croient qu’il faut avoir été baptisé ou avoir suivi un

49 La Bible : Évangile selon Luc, chapitre 23 verset 43.

Chap

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certain cursus rituel religieux. Par la promesse faite à ce bri-gand, Jésus vient détruire ces conceptions.

Des voleurs au paradisUn criminel, attaché à une croix, était-il en mesure de se

rendre à l’office du dimanche, dans une synagogue, une mos-quée ou dans tout autre lieu de culte ? Pouvait-il, du haut de la croix, se faire baptiser ou passer par un rituel religieux quel-conque ? Était-il en mesure de demander l’aumône ? Non ! Im-possible pour lui de faire toutes ces choses.

Cet homme est pourtant actuellement dans le paradis, d’après les paroles de Jésus. Tout n’est pas terminé pour lui.

Le destin de ce brigand parmi les hommes était celui d’un condamné. Pas pour Dieu. Dieu lui a offert le paradis sans la moindre contrepartie.

Dieu lui a offert le paradis alors qu’il ne le méritait pas.Jésus lui dit clairement qu’il sera auprès de lui au paradis.

Est-ce que tu arrives à t’imaginer une telle promesse, faite à un tel homme ? À ce moment précis, tu es certainement en mesure de comprendre pourquoi je n’arrête pas d’affirmer que Jésus est vraiment un être exceptionnel, complètement différent de tout concept religieux ou philosophique. Il n’a pas la même échelle de valeurs que toi et moi.

Dans ce monde qui ne nous a jamais fait de cadeaux, c’est difficile de comprendre Jésus, d’accepter que ses valeurs ne sont pas les mêmes que les nôtres. Ici-bas, les cadeaux ne sont jamais gratuits. Ils sont faits en remerciement de quelques ser-vices rendus ou de gentillesses. Pour recevoir un cadeau, il faut pouvoir le mériter. Pas pour Jésus !

« Vraiment, je te l’assure : aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le paradis. »

Un criminel, un marginal, un voleur, certainement un tueur, un repris de justice, reçoit le plus beau cadeau qu’un homme puisse recevoir : le ticket pour le paradis. Si lui l’a reçu, pour-quoi pas moi ? Pourquoi pas toi ?

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Les paroles de Jésus prennent alors tout leur sens : « Vrai-ment, je vous l’assure : les voleurs et les prostituées vous précè-dent dans le Royaume de Dieu 50 ».

La porte du Royaume de Dieu serait donc grande ouverte aux voleurs et aux prostituées ? Voilà une Bonne Nouvelle.

Alors ?Quel brigand veux-tu être ?Celui qui tourne bien ou celui qui tourne mal ?Moi, j’ai failli mal tourner… jusqu’à ce que je réalise le

cadeau que Dieu voulait me faire.

50 La Bible : Évangile selon Matthieu, chapitre 21 verset 30 – Parole vivante.

Le bon brigand

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Tu as une detteJe crois que, de temps en temps, il faut savoir écouter la

petite voix de sa conscience, même si elle n’est pas toujours fiable à 100 %.

À cette époque, j’étais encore très loin de Jésus, même si avec le recul, je suis convaincu que lui était très proche de moi. De nombreuses circonstances de ma vie ont été directement liées à l’obéissance à cette petite voix que j’entendais au fond de moi.

Je suis sûr que les deux voyous crucifiés aux côtés de Jésus ont aussi entendu la voix de leur conscience. L’un l’a ignorée, alors que l’autre y a cru. Leur réaction respective les a amenés, chacun, à une destinée totalement différente.

Une multitude qui crie « Crucifie ! » Une multitude qui se moque de lui. Une foule qui insulte Jésus, le frappe et lui crache au visage. Au milieu de cette multitude, un tout petit nombre qui pleure, qui soutient, qui accompagne Jésus dans sa Passion. Une poignée d’hommes et de femmes qui croient en lui.

Depuis le début, les deux criminels sont témoins de toutes ces choses. Ils entendent les insultes proférées contre Jésus. Ils

Chap

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sont témoins de la haine, de la méchanceté et de la barbarie de ses bourreaux. Ils sont témoins aussi des réactions de Jésus.

De toute évidence, un seul des deux criminels qui accom-pagnent Jésus s’est donné la peine d’écouter et de réfléchir face à sa prière : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Une prière courte, mais qui en dit long sur l’homme. Soit c’est un fou, soit c’est un saint. Beaucoup de gens pensent que Jésus était un fou. Je l’ai pensé aussi. Ma vie a commen-cé à changer lorsque j’ai réalisé que je me trompais, ou plutôt lorsque j’ai écouté la petite voix au fond de moi qui me disait : « Non, ce n’est pas un menteur, mais quelqu’un qui dit la vérité. Non, ce n’est pas un fou, mais un saint ».

Lorsque je prenais Jésus pour un fou, je ressemblais à ce criminel : « L’un des deux criminels attaché à une croix l’insul-tait en disant : N’es-tu pas le Messie ? Alors sauve-toi toi-même, et nous avec ! »

Lorsque j’ai commencé à réaliser que Jésus était un saint, mes réactions ressemblaient plutôt à celles du second brigand : « Pour nous, ce n’est que justice : nous payons pour ce que nous avons fait ; mais celui-là n’a rien fait de mal ».

Facture saléeCombien de vies brisées à cause de mauvais choix ? Il nous

faut, tôt ou tard, payer pour ce que nous avons fait, et la facture est souvent salée.

Selon une enquête de l’INSEE de février 2002 51, plus de 50 000 mineurs ont un père ou un beau-père en prison. Seule-ment 45 permissions de sortie sont données pour 100 détenus. En 1998, une étude menée par l’administration pénitentiaire a permis de constater que sur une période d’un mois, plus de 250 000 personnes entrent en prison pour y exercer un droit de visite.

51 Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE), L’histoire familiale des détenus, février 2002.

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Témoignage d’une mère de famille dont l’époux est incar-céré :

J’ai 28 ans et je suis mère de 3 enfants dont le père est in-carcéré depuis janvier 2003. Lorsque les visiteurs arrivent, ils sont tous « fichés », comme ceux qu’ils viennent visiter. On nous regarde comme des marginaux. Il y a une diver-sité de population qui vient rendre visite à des détenus. Les enfants s’imaginent que les prisons sont remplies de criminels incurables, avec des couteaux attachés à leur ceinture, alors que les détenus viennent de milieux divers. Le simple fait de visiter nos familles suffit pour faire croire que l’on est des complices. Je peux en vouloir à mon mari d’avoir commis un crime, mais je peux en même temps avoir besoin de le voir et de le soutenir.

Dieu est à la fois en colère et triste à cause des actes que nous commettons… comme une épouse envers son mari, comme une mère envers ses enfants. Quelle que soit la gravité de l’acte, l’amour peut subsister.

Jésus nous aime d’un amour que j’ai parfois du mal à com-prendre, tellement il est profond et sans limite. Tu peux être dans la pire des situations, au fin fond d’une cellule miteuse. Tu peux être dans un environnement totalement hostile et violent. Jésus est quand même là. Il te regarde et te dit inlassablement : « Je t’aime, mon gars, et je peux changer ta vie ».

Tu peux être un voyou de la pire espèce, tu peux penser que c’est trop tard, mais Jésus se tient tout de même devant toi en te proposant un nouveau départ. Il attend seulement que tu lui dises « Oui ». Jamais il ne s’imposera à toi.

L’amour de Jésus n’est pas uniquement celui que l’on ren-contre au parloir d’une maison d’arrêt, au travers d’une épouse désemparée ou du regard rempli de larmes d’une mère. L’amour de Jésus est aussi tout près de celui qui veut le voir, l’entendre. Aussi près que nous voulons qu’il soit. Ni les murs, ni les bar-reaux, ni les heures de visites n’arrêtent Jésus. La seule chose qui peut le stopper, c’est la dureté de notre cœur et notre mépris pour lui et ce qu’il nous propose.

Tu as une dette

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Jésus déclara à haute voix : Si quelqu’un me fait confiance, ce n’est pas en moi seulement qu’il croit, mais encore en celui qui m’a envoyé. Qui me voit, voit aussi celui qui m’a envoyé. C’est pour être la lumière que je suis venu dans le monde, afin que tout homme qui croit en moi ne de-meure pas dans les ténèbres. Si quelqu’un entend ce que je dis, mais ne le met pas en pratique, ce n’est pas moi qui le jugerai ; car ce n’est pas pour juger le monde que je suis venu, c’est pour le sauver. Celui donc qui me méprise et qui ne tient pas compte de mes paroles a déjà son juge : c’est cette Parole même que j’ai prononcée ; elle le jugera au dernier jour 52.

Un brigand sur les deux a pris les paroles de Jésus au sé-rieux.

Jésus ne l’a pas condamné, il ne l’a pas non plus jugé… il a changé son avenir. Il a sauvé son âme.

Bien entendu, ce brigand condamné à mort n’a pas pu pro-fiter pleinement ici-bas du cadeau de Jésus. Il en a bénéficié dans l’au-delà. Son compagnon, par contre, n’en a pas joui du tout. Il a choisi les ténèbres plutôt que la lumière. Il n’a pas donné sa confiance à Jésus. Il pensait qu’il était un fou plutôt qu’un saint.

La maladieAu contact de Jésus, combien ont été transformés dans leur

for intérieur ?Combien ont enfin pu trouver un sens à leur vie… ou à leur

mort, comme ce bandit sur la croix qui s’est tourné favorable-ment vers Jésus ?

Seul Jésus peut éclairer notre chemin en ouvrant nos yeux sur la réalité. Seul Jésus peut nous empêcher aussi de rendre Dieu responsable de notre souffrance et de notre malheur… parce qu’en lui… nous prenons conscience de la plus terrible

52 La Bible : Évangile selon Jean, chapitre 12 versets 44 à 48.

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des maladies qui pourrit notre existence. Cette maladie s’ap-pelle le péché.

Le péché, c’est cette tendance congénitale à faire le mal… à agir par instinct, comme des animaux sauvages. Le péché est inéluctablement inscrit dans nos gènes. Même si nous n’avons jamais commis un seul crime, nous en sommes quand même tous atteints. Tous, y compris toi et moi : « Tous ont péché, en effet, et sont privés de la glorieuse présence de Dieu 53 ».

Un jour, j’ai compris une chose : pour que le monde change, il fallait que mon cœur soit transformé, que ma condition de-vant Dieu évolue. J’ai compris que lorsque Dieu me regardait, il voyait un cœur dur… un cœur qui cherche des excuses…

La Bible affirme :Celui qui était innocent de tout péché [c’est-à-dire Jésus, l’irréprochable Jésus], Dieu l’a condamné comme un pé-cheur à notre place [il a accepté la condamnation qui nous était destinée] pour que, dans l’union avec le Christ, nous soyons justes aux yeux de Dieu 54.

Mais que s’est-il réellement passé à la croix de Golgotha ?Quelle est la signification de la condamnation de Jésus de

Nazareth ?Quelle est la signification du sang versé ?

Mon ami a payéConnais-tu les quatre mots qu’il faut connaître dans toutes

les langues ?« Mon ami va payer ».Ça aide, surtout lorsque notre ami ne connaît pas la langue

du pays où nous nous trouvons.J’ai un ami qui a payé !Il a tout payé !

53 La Bible : Lettre de Paul aux Romains, chapitre 3 verset 23.54 La Bible : Seconde lettre de Paul aux Corinthiens, chapitre 5 verset 21.

Tu as une dette

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J'ai failli mal tourner...78

C’est Jésus.J’ai une petite histoire à te raconter.On raconte que, dans un hôpital, une petite fille de trois

ans était gravement malade. Une sale maladie du sang. La seule personne pouvant la sauver, c’était son grand frère de huit ans. Les médecins devaient prélever de son sang pour sauver sa pe-tite sœur. Ils expliquèrent alors au petit garçon que, sans cette transfusion sanguine, sa petite sœur mourrait. Avec quelques larmes, l’enfant accepta de suivre sa petite sœur avec les mé-decins. Ils s’éloignèrent doucement sur un brancard roulant. Quelques minutes plus tard, le petit garçon regardait son sang passer d’un tuyau à l’autre et il sourit à sa petite sœur. Au bout de quelques minutes, son sourire s’éteignit et son regard fixa le plafond. Une larme coula de ses yeux. Le docteur le remarqua et se pencha vers le petit bonhomme pour lui demander les raisons de cette larme. Le petit garçon répondit au docteur :

– C’est quand que je meurs ?Le petit garçon pensait que sa sœur allait vivre et que lui

allait mourir. Par amour pour sa petite sœur, il était prêt à don-ner sa vie !

Dans le dernier livre de la Bible, le livre de l’Apocalypse, une phrase fait référence à Jésus ainsi :

Tu as été mis à mort et tu as racheté pour Dieu, par ton sang répandu, des hommes de toute tribu, de toute lan-gue, de tout peuple, de toutes les nations 55.

Jésus est venu pour toi.Il a donné sa vie pour toi.Il est désormais le seul à pouvoir te mettre en contact avec

Dieu le Père.Le sang représente la vie et son sang représente la vie de

Dieu.La Bible affirme :

55 La Bible : Livre de l’Apocalypse, chapitre 5 verset 9.

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Celui qui était innocent de tout péché, Dieu l’a condamné comme un pécheur à notre place pour que, dans l’union avec le Christ, nous soyons justes aux yeux de Dieu 56.

Au moment où nous venons à Christ, Dieu prend l’en-semble de nos péchés, puis il voit ce que Jésus a fait sur la croix et dit : « Jésus a tout payé ».

Jésus a donc été condamné à ta place, à ma place.J’avais une dette envers Dieu… et mon ami Jésus l’a payée.

Amnistie cosmiqueAu travers de ce qu’a fait Jésus, tu es maintenant « gracié ».

Une amnistie cosmique a été prononcée en ta faveur. En re-vanche, tu peux en bénéficier uniquement si tu l’acceptes.

Imagine-toi attaché à un poteau, pieds et mains ficelés. Tu portes un bandeau sur les yeux. Face à toi, un peloton d’exé-cution. Tu es condamné à mort à cause de tout le mal que tu as fait… et que tu es capable de faire. Au moment où les soldats lèvent leurs armes pour appuyer sur la gâchette, un homme in-tervient en criant : « Stooop ! Le juge m’envoie pour prendre sa place sur le poteau ».

Dire « Oui » à Jésus, c’est accepter qu’il soit attaché à ta place sur le poteau. Si tu fais de Jésus ton sauveur, tu es automa-tiquement détaché de ce poteau. Aux yeux du juge… aux yeux de Dieu… tu es désormais libre et toutes les peines divines qui pesaient sur toi sont maintenant effacées. Les soldats ont ouvert le feu sur celui qui a pris ta place. Si tu dis « Oui » à Jésus, d’un point de vue divin, grâce à son sacrifice, tout ce qui était retenu contre toi dans l’au-delà est effacé.

Ce n’est pas une amnistie présidentielle, c’est une amnistie divine. Ce terme est d’origine grecque. Il signifie « oubli », et c’est une notion de droit public pénal. L’amnistie est un acte qui stipule que les fautes passées devront être oubliées. Il sera

56 La Bible : Seconde lettre de Paul aux Corinthiens, chapitre 5 verset 21.

Tu as une dette

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interdit à quiconque de les rechercher ou de les évoquer sous peine de sanctions.

Tu as peut-être aujourd’hui une dette envers la société. Quelques années de prison ou quelques amendes te donnent la possibilité de t’en acquitter. En revanche, impossible de faire la même chose envers Dieu. Notre dette est beaucoup trop lourde. À vrai dire, elle n’a pas de limite. La désobéissance à un seul commandement de la Loi divine nous rend coupables de déso-béissance à tous les commandements. En fait, chaque être hu-main est endetté devant Dieu. Même celui qui n’a jamais com-mis le moindre vol :

En effet, celui qui désobéit à un seul commandement de la Loi, même s’il obéit à tous les autres, se rend coupable à l’égard de toute la Loi 57.

« Tu ne convoiteras pas58 » est le dernier des dix comman-dements. Aucun être humain sur terre a réussi à ne jamais trans-gresser ce commandement. Cela signifie qu’aux yeux du grand juge, c’est-à-dire Dieu, nous sommes tous coupables. Si je te disais que les disciples de Jésus étaient, devant Dieu, tout aussi coupables que chacun des deux brigands sur la croix !

La seule personne ayant existé sur terre qui n’ait été cou-pable de rien, c’est Jésus.

Oui, Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné (sacrifié) son Fils (Jésus), son unique, pour que tous ceux qui mettent leur confiance en lui (toi et moi) échappent à la perdition (condamnation éternelle) et qu’ils aient la vie éternelle (qu’ils soient acceptés au paradis, dans la présence du Dieu saint) 59.

Dieu a aimé et seul l’amour a pu faire changer quelqu’un comme moi. Pas n’importe quel amour… celui de Dieu. Il est puissant et déroutant. Il s’est manifesté, démontré, prouvé à la

57 La Bible : Lettre de Jacques, chapitre 2 verset 10.58 La Bible : Livre de l’Exode, chapitre 20 verset 17.59 La Bible : Évangile selon Jean, chapitre 3 verset 16.

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croix de Golgotha. Le fait d’avoir dit « Oui » à Jésus a fait de moi le citoyen du paradis dont il est le Roi.

Jésus a ouvert les portes du paradis à chacun d’entre nous en offrant sa vie en sacrifice à notre place… comme un grand frère pourrait le faire pour sa petite sœur.

Tu as une dette

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L'IrlandaisEntre les saisons d’été et d’hiver, je vivais à Marseille sur

mes rentes de disc-jockey. C’est durant une de ces périodes que j’ai fait la connaissance de Sammy Gibson, pasteur irlandais originaire de Belfast. Je l’appelais « le curé ». À cette époque, j’ai un peu changé d’air en me faisant engager dans une équipe de surveillance dans des grandes surfaces. À l’occasion, nous participions aussi au service d’ordre pour des concerts de la ré-gion.

De temps en temps, je rendais visite à Sammy et nous ba-vardions ensemble autour d’un repas. J’étais en admiration de-vant sa petite famille. J’avais l’impression de me retrouver chez la famille Ingalls 60. Comment un gars comme Sammy, ayant vécu les tourmentes terroristes de son pays et chanté dans des pubs une bonne partie de sa jeunesse, pouvait-il jouir d’une vie de famille si équilibrée ?

La réponse : Jésus.Pour Sammy, il n’était pas question d’adhérer à une reli-

gion ou à une philosophie, mais d’être en contact avec Jésus. Ce

60 Nom d’une famille dans la célèbre série télévisée La petite maison dans la prairie.

Chap

itre

11

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J'ai failli mal tourner...84

dernier avait changé sa vie et Sammy savait que Jésus pouvait aussi changer la mienne. Je ne le surnommais plus « le curé ». Il était devenu pour ainsi dire mon meilleur ami. Ses réponses à mes questions étaient d’une logique déconcertante.

Jésus s’est donc servi de Sammy et de sa famille pour m’apprendre les leçons de vie dont j’avais le plus besoin. Sam-my et son épouse Andréa avaient vu en moi le potentiel d’un futur pasteur et ils m’ont appris à servir en commençant par le bas. Mon premier service fut donc celui du balai et de la pelle. Ils savaient aussi que j’aspirais à me former d’un point de vue biblique, mais ils m’ont encouragé à apprendre un vrai mé-tier, avec lequel je pourrais non seulement trouver un équilibre social mais aussi apprendre à aimer mon prochain. Le métier d’aide-soignant allait m’ouvrir une autre perspective.

Jésus croyait en moi et au travers de Sammy, il me le mon-trait.

Ma première prièreUn jour, devant un feu de cheminée crépitant, dans le salon

de la famille Gibson, Sammy et moi avons courbé nos têtes et avons prié. J’ai prononcé à peu près ces paroles :

Jésus. Je suis vraiment une tête de c… Je suis dégoûté de toutes les mauvaises choses que j’ai faites. J’ai fait du mal à ma mère et à mon père. J’ai honte de moi. Je sais au fond de moi que je suis trop pourri pour m’approcher de Dieu. Toi, son fils bien-aimé, tu as donné ta vie pour que je puisse le faire. Aujourd’hui je le fais et te demande de changer ma vie. Merci d’avance. Amen.

Ce soir-là, j’ai salué mon ami en haut de sa terrasse. J’ai descendu lentement, une à une, les larges marches qui menaient jusqu’au portail, une centaine de mètres plus bas. La lune était pleine et je pouvais distinguer les quelques pins parasols qui longeaient la rue en contrebas. Tout en fermant le portail der-rière moi, j’ai sorti mes clés de voiture en regardant le ciel étoilé. J’ai respiré profondément l’air frais. Tout me paraissait

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nouveau, comme si je venais à peine de prendre conscience de leur existence… et de la mienne.

Je me suis assis dans ma voiture, j’ai sorti mon briquet, une Marlboro et une feuille de Zigzag orange 61. Du dos de mon paquet de cigarettes, du bout des doigts, j’ai saisi une petite boulette marron foncée. Avec mes dents, j’ai arraché le filtre d’une cigarette que j’ai recraché par la fenêtre. J’ai soigneuse-ment détaché un morceau de carton blanc d’un des côtés du pa-quet pour en faire un petit tube. Avec la flamme de mon briquet, j’ai caressé lentement la boulette posée sur le petit monticule de tabac. Un petit nuage de fumée épicée est remonté jusqu’à mes narines. J’ai fait mon mélange et je me suis roulé un joint. Vraisemblablement, tout avait changé… enfin, presque.

J’ai démarré. Je me suis rendu au quartier pour raconter à deux de mes copains ce qui venait de m’arriver. Ils se sont moqués de moi.

Premiers changementsCurieusement, la semaine qui a suivi cette expérience a été

particulière. J’ai pleuré comme une madeleine pratiquement toutes les nuits. Je me rappelais sans cesse les pires atrocités que j’avais commises. Les images de ma mère revenaient à mon esprit. Je la revoyais, pleurant, assise sur le canapé du salon. Je prenais conscience de ma misère et en même temps combien l’amour de Jésus pour moi était immense et inconditionnel.

Mon comportement changeait. Je ne voulais plus m’asso-cier pour régler les comptes à qui que ce soit. J’étais tout à coup mal à l’aise devant certaines situations malhonnêtes et certaines mauvaises attitudes. Ma conscience du mal s’aiguisait. En fait, certaines pratiques de ma vie se sont mises à disparaître sans le moindre effort. C’était naturel ! Je n’en avais plus le désir ou je n’y prenais plus aucun plaisir.

Quant à la drogue, c’était différent. Je n’en vendais plus. Par contre, fumer du haschich était aussi évident que prendre

61 Papier à rouler.

L’Irlandais

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J'ai failli mal tourner...86

mon café le matin. Toutefois, ma consommation commençait à me coûter cher, surtout avec un salaire d’agent de sécurité. Je me demandais si je ne devais pas diminuer.

J’ai prié Dieu.Cela faisait plusieurs mois que j’étais angoissé. Je deve-

nais, comme on dit, hypocondriaque. Je m’inventais des mala-dies imaginaires et je prenais rendez-vous avec le docteur toutes les semaines.

Au bout de la énième consultation, le docteur me regarda fixement : « Monsieur Coronès, fumez-vous des joints ? » Je lui répondis que je ne fumais pratiquement que des joints depuis l’âge de treize ans. Le toubib se mit à rire en m’indiquant qu’il était grand temps d’arrêter : « En fait, me dit-il, il arrive que ceux qui fument des joints depuis de nombreuses années finis-sent par avoir des mauvais délires, des sortes de crises d’an-goisse ». J’étais en train de devenir paranoïaque.

Dieu venait de répondre à ma prière. Ce ne fut donc pas difficile pour moi d’arrêter l’herbe car je me sentais beaucoup mieux sans.

Dieu est surprenant ! Beaucoup de choses ont changé. La liste serait longue.

J’ai quitté l’école en 4e. En fait, j’ai entrepris la 4e plusieurs fois. La scolarité ne m’a jamais vraiment captivé. J’ai commen-cé à faire l’école buissonnière lorsque j’étais au CM1. J’avais une dizaine d’années.

Sans même un certificat d’études… je publie aujourd’hui ce bouquin !

Lorsque j’ai décidé d’abandonner mon travail dans les discothèques, la seule chose que je pouvais faire, c’était de la surveillance en grande surface. En tant qu’ancien délinquant, j’avais été à bonne école. Quant au service d’ordre des concerts, ce n’était pas plus dangereux que les bastons au quartier ou sur le parking d’une boîte de nuit. Tout le monde met la main à la pâte. Question d’habitude !

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Après avoir pris la décision de confier ma vie à Jésus, même s’il m’est arrivé parfois de faire une petite distribution de « pains », je n’avais pas le même enthousiasme.

J’ai alors décidé de changer de métier. Non, pas la police !

Du dancing à l’hospiceLe désir de changer de vie et de me former ne cessa de

grandir en moi. Une fois encore, j’ai prié.Attention, mon gars, la prière c’est dangereux. Si elle est

sincère et qu’elle vient des tripes, tu risques de la voir exaucée.Je me suis dit qu’avec tout le souci que j’avais donné à ma

mère, ce serait peut-être bien que je choisisse le même métier qu’elle… pour qu’elle soit enfin fière de son fils. Ma mère a été aide-soignante pendant plus d’une trentaine d’années.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Je me suis renseigné. Problème ! Sans le brevet des collèges (BEPC), impossible d’accéder à cette formation. Et même avec ce brevet, il fallait encore passer un concours d’entrée. Que d’obstacles !

J’en ai parlé à mon ami Sammy qui m’a trouvé quelqu’un pour m’aider à me remettre à niveau. Quelques mois après je réussissais une équivalence au BEPC et dans la foulée, le concours d’entrée à l’école d’aide-soignant. Je partais vivre en-suite à Antibes pour me former durant deux ans.

Je n’avais plus un fusil à pompe entre les mains, ni une batte de base-ball, mais un gant de toilette. Je n’étais plus dans un cabaret ou dans une boîte de nuit, mais dans un hospice. Devant moi, il n’y avait plus une stripteaseuse bien roulée, mais une mémé recroquevillée dans son lit. Jésus avait pris ma vie en main. Il me formait à une autre réalité. Celle de la fragilité de la vie, du temps qui passe, et qui nous rapproche inéluctablement de la fin.

Les deux brigands étaient au bout du rouleau. Un seul a pris conscience que tout n’était pas fini et que Jésus était certaine-ment la clé, non seulement de la vie, mais aussi de la mort.

Je comprends mieux pourquoi il lui a posé la question :

L’Irlandais

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Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras régner. Et Jésus lui répondit : Vraiment, je te l’assure : aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le paradis 62.

Mieux vaut tard que jamais. Si seulement il y avait pensé avant. Quel gâchis ! Quel temps perdu ! C’est ce que je constate chaque jour. Je me dis aussi que le temps de Dieu est le bon. Peut-être qu’aujourd’hui, toi aussi, il t’appelle vers un autre cheminement de vie, une autre destinée.

Il n’est jamais trop tard pour bien faire.Approche-toi maintenant de Jésus et ouvre-lui ton cœur.

Fais-le sincèrement et il te répondra.

62 La Bible : Évangile selon Luc, chapitre 23 versets 42 et 43.

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ConclusionDeux criminels sont crucifiés auprès de Jésus. Chacun

d’eux a un choix à faire. Un seul va faire le bon.Même si nous ne sommes pas à l’aube de la mort, à la porte

du prétendu « tunnel », avouons que le temps passe vite, trop vite. Notre vie est limitée dans le temps !

Belsunce BreakdownUne chanson de Bouga dit ceci :D’où j’sors ? D’une ronde Belsunce Breakdown Tout part et vient d’ici Tu contestes ? Prépare ton testament gars Belsunce, fleuron des quartiers phocéens Coincés entre la gare et le vieux port On n’est pas les plus à plaindre À domicile comme à l’extérieur On sévit sur les cafards comme le Baygon […] Impossible aussi d’oublier ceux qui sont tombés Bons ou mauvais On en garde un souvenir impérissable Si un jour j’deviens vieux

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Ce dont je doute avec la vie qu’je mène J’écrirai un bouquin sur ce quartier Belsunce

Le quartier Belsunce, tu connais ? À l’époque, j’y achetais mes baskets Le Coq Sportif entre autres.

Tant de souvenirs me reviennent lorsque je repense à ce quartier. Durant les années quatre-vingt-dix, la ville de Marseille a racheté de nombreux immeubles pour soi-disant réhabiliter les alentours de la célèbre rue Thubaneau, haut lieu du proxénétisme et du trafic de stupéfiants. Vingt-cinq ans plus tard, on est loin du compte. Que de belles promesses non tenues !

Dans les années quatre-vingt, je fréquentais la petite rue du Baignoir, transversale à la rue Thubaneau. Les parents de mon ami tenaient un bistrot resto africain. Il y avait des kilos de haschisch qui passaient par là. Une cuisinière africaine faisait mijoter de succulents mafés dans une énorme marmite. L’odeur des épices se mêlait à l’odeur du shit et embaumait la petite salle délabrée. Au lieu d’aller à l’école, j’étais là. Avec mes co-pains, nous étions deux ou trois Blancs, pas plus. On écoutait du Bob 63 toute la journée en tirant sur des filtres en carton. De temps en temps, on allait faire un tour au Centre Bourse draguer les gadjis 64.

C’est dans ces rues étroites que je me suis familiarisé avec le trafic de stupéfiants, la prostitution et la violence. Coups de couteaux, de rasoirs, de culs de bouteilles acérés… jusqu’aux dealers qui coupaient trop leur came, descendus par une dé-charge, en pleine tête, de grenaille trafiquée. J’avais entre 17 et 20 ans. C’était presque normal de perdre quotidiennement des copains, des connaissances. Chaque jour, on voyait des per-sonnes disparaître, soit à cause d’une descente de la BAC (la brigade anticriminelle), soit transportés d’urgence à l’hôpital… La meilleure chose qui pouvait leur arriver, c’était une garde à vue à l’Évêché. Que de souvenirs lointains qui me reviennent

63 Bob Marley.64 Gadjo, gadji : dans le vocabulaire des gitans, terme désignant les

gars et les filles non gitans (terme couramment utilisé à Marseille).

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au moment où j’écris ces lignes. Tout ceci me semble être une autre vie, pas la mienne… pourtant j’étais bien là.

Si un jour j’deviens vieux Ce dont je doute avec la vie qu’je mène J’écrirai un bouquin sur ce quartier.

On croit avoir le temps de réaliser ce qu’on aurait dû entre-prendre hier, ou le temps de réparer les mauvais comportements d’avant-hier, le temps de recoller ce qu’on a brisé il y a des an-nées, le temps de récupérer ce qu’on a peut-être perdu à jamais. En ce qui me concerne, même une éternité ne me suffirait pas pour reconstruire ce que j’ai détruit, effacer la peine que j’ai faite autour de moi, et faire oublier les soucis que j’ai causés à ceux qui m’aiment.

Je suis persuadé que, quel que soit son arrière-plan, social, culturel ou religieux, Jésus peut changer un être humain, qu’il s’appelle Vincent, Marty ou Dani. Lorsqu’il y a une vingtaine d’années déjà, je me suis tourné vers celui qui s’intéressait à moi depuis bien longtemps, ma vie a pris un virage à 180°. In-consciemment ou non, je ne sais pas, mais je sais que le jour où j’ai pris cette décision, j’ai fait le bon choix.

Jésus m’a emmené là où je n’aurais jamais pensé aller. Il m’a transformé de l’intérieur. Il a fait de moi un autre homme. Le proverbe dit :

Ceux qui font le mal n’ont pas d’avenir, et la vie des mé-chants s’éteindra. Celui qui me trouve [Dieu] a découvert la vie, il obtient la faveur de l’Éternel 65.

La Bible affirme aussi :Celui qui est uni au Christ est une nouvelle créature : ce qui est ancien a disparu, voici : ce qui est nouveau est déjà là 66.

Tout cela part d’un choix, et personne n’a pu le faire à ma place. Même pas Dieu ! C’est d’ailleurs la seule chose qu’il lui est impossible à faire.

65 La Bible : Livre des Proverbes, chapitre 24 verset 20 et chapitre 8 verset 35.66 La Bible : Seconde lettre de Paul aux Corinthiens, chapitre 5 verset 17.

Conclusion

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La décisionToute décision se prend en connaissance de cause. Consi-

dérons une dernière fois les paroles de Jésus à ce brigand : « Vraiment, je te l’assure : aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le paradis 67 ».

« Vraiment,  je  te  l’assure » – Jésus n’a jamais menti à personne. Ce qu’il affirme, c’est assuré, c’est garanti, c’est du 100 % sûr et certain. Rien ni personne ne peut contrecarrer ce qu’il dit.

« Aujourd’hui… » – C’est aujourd’hui qu’il te le dit. Il ne te dit pas, comme beaucoup : « On verra demain », ou « Si tu fais ceci ou cela ». Il te dit « Aujourd’hui » : où que tu sois, dans n’importe quelle situation où tu te trouves.

« Tu seras avec moi dans le paradis » – Tu ne seras pas avec n’importe qui et n’importe où. Tu seras avec Jésus, dans ce lieu dont il est dit qu’il n’y aura plus ni larmes ni deuil.

Jésus veut dès maintenant être avec toi. Il ne veut pas uni-quement être avec toi après, dans l’au-delà. Il désire être à tes côtés, aujourd’hui, maintenant, tout de suite… et pour toujours.

La Bible dit :Maintenant donc, il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont unis à Jésus-Christ. […]

Que dire de plus ? Si Dieu est pour nous, qui se lèvera contre nous ? Lui qui n’a même pas épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous tous, comment ne nous don-nerait-il pas aussi tout avec lui ? Qui accusera encore les élus de Dieu ? Dieu lui-même les déclare justes. Qui les condamnera ? Le Christ est mort, bien plus : il est ressus-cité ! Il est à la droite de Dieu et il intercède pour nous. Qu’est-ce qui pourra nous arracher à l’amour du Christ ? La détresse ou l’angoisse, la persécution, la faim, la misère, le danger ou l’épée ? […]

Oui, j’en ai l’absolue certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni le présent ni l’avenir, ni les

67 La Bible : Évangile selon Luc, chapitre 23 verset 43.

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93 Conclusion

puissances, ni ce qui est en haut ni ce qui est en bas, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous arracher à l’amour que Dieu nous a témoigné en Jésus-Christ notre Seigneur 68.

N’est-ce pas fantastique ?Je te propose une prière à Jésus. Tu es libre de prendre ou

non cette décision. Réfléchis bien. Si tu la prends, ta vie va changer. Jésus va y entrer et la transformer…

Seigneur Jésus, Aujourd’hui je me tourne catégoriquement vers toi. J’ai pris conscience que tout t’appartient, y compris ma vie. Dès maintenant, je veux faire de toi la priorité de ma vie. Viens à mon secours car je ne peux rien changer par moi-même. Je te demande pardon pour tout le mal que j’ai pu faire. J’ai fait du mal à ceux qui m’entourent, à mes amis, à ma famille, à mon père et à ma mère… De tout mon cœur, je t’en demande pardon. J’ai pris conscience que tu peux changer mon avenir. Tu me promets le paradis comme tu l’as fait à ce criminel crucifié près de toi. Viens sauver mon âme. Fais de moi une de tes brebis, un de tes disciples. Viens m’apprendre à vivre comme tu le souhaites. Amen.

Fin

68 La Bible : Lettre de Paul aux Romains, chapitre 8 versets 1, 31-35, 38-39.

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Table des matières

Remerciements et dédicaces .............................................. 5

Préface .............................................................................. 7

Introduction ....................................................................... 9

Chapitre 1 • Le cercle infernal ...................................... 19

Chapitre 2 • Regrets ....................................................... 29

Chapitre 3 • Taulards ..................................................... 35

Chapitre 4 • Gran Torino ............................................... 41

Chapitre 5 • Mon ami ..................................................... 45

Chapitre 6 • Maman ....................................................... 51

Chapitre 7 • La pègre ..................................................... 57

Chapitre 8 • Tony Montana ........................................... 63

Chapitre 9 • Le bon brigand .......................................... 69

Chapitre 10 • Tu as une dette ........................................ 73

Chapitre 11 • L’Irlandais ............................................... 83

Conclusion ...................................................................... 89

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Grandir dans les quartiers chauds d’une grande ville, se sentir exclu, marginalisé, ne pas avoir toutes ses chances… Il n’en faut pas plus pour finir mal.

À moins qu’une rencontre ne vienne tout chambouler et redonner sa chance à l’espoir.Une histoire authentique, sincère, truffée d’anecdotes colorées… Suivez l’itinéraire mouvementé de l’auteur.Suivez-le aussi dans les rencontres qu’il vous propose, des personnages de l’Évangile et en particulier celui qui lui a offert un « nouveau départ ».

Alain Stamp

Daniel Coronès • Daniel est Marseillais. À l’adolescence, avec une bande de copains, il s’enfonce dans la délinquance. La plu-part de ses amis d’enfance sont aujourd’hui soit en prison soit dé-cédés. Vers 30 ans, il commence à s’interroger sur le sens de sa vie. Violence, trafics, argent facile et drogue ne remplissent pas son existence et il vit un échec total. Daniel fait la connaissance d’un pasteur irlandais qui devient un véritable ami. Celui-ci lui parle de Jésus, de l’amour de Dieu pour les hommes, quel que soit leur parcours. L’existence de Daniel ne sera plus jamais la même ! Devenu aide-soignant dans des hôpi-taux et maisons pour personnes handicapées, il est bouleversé par la souffrance et le désespoir qu’il côtoie. C’est donc avec déter-mination que Daniel s’engage à annoncer le message de l’Évan-gile. Aujourd’hui, marié et père de 3 enfants, il est prédicateur et enseignant itinérant.

9 782910 246402ISBN 978-2-910246-40-2

En collaboration avec FE

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