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Afrique du Sud Pretoria chiffres clés Superficie en milliers de km 2 : 1 221 • Population en milliers (2005) : 47 432 • PIB par habitant en dollars, valorisation PPA (2005) : 11 470 • Espérance de vie (2000-2005) : 49 • Taux d’analphabétisme (2005) : 12.9 Perspectives économiques en Afrique 2005-2006 www.oecd.org/dev/publications/perspectivesafricaines

AFRIQUE DU SUD 03 - OECD · Le secteur secondaire, qui entre pour 23 pour cent dans le PIB, a enregistré une croissance de 4.9 pour cent sur les trois premiers trimestres 2005. Le

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Afrique du Sud

Pretoria

chiffres clés• Superficie en milliers de km2 : 1 221• Population en milliers (2005) : 47 432• PIB par habitant en dollars,

valorisation PPA (2005) : 11 470• Espérance de vie (2000-2005) : 49• Taux d’analphabétisme (2005) : 12.9

Perspectives économiques en Afrique 2005-2006 www.oecd.org/dev/publications/perspectivesafricaines

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Afrique du SudTous les tableaux et graphiques de cette section sont disponibles au format Excel à l'adresse :

http://dx.doi.org/10.1787/315044536808

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EN 2005, LE PIB SUD-AFRICAIN devrait avoisiner 5pour cent – son niveau le plus élevé depuis la fin del’apartheid – et conserver un rythme alerte en 2006,à 4.8 pour cent. Bien que cette bonne performance soiten partie due à un contexte international favorable,elle reflète également la qualité des politiqueséconomiques déployées depuis 1996 dans le cadre dela stratégie pour la croissance, l’emploi et laredistribution, la GEAR (Growth, Employment andRedistribution). La politique monétaire responsables’est révélée fructueuse, avec une inflation stable (àpeine 4.5 pour cent en 2004) et de faibles taux à courtterme. De même, la prudence budgétaire a permis lamaîtrise du déficit, qui se limitera probablement à 0.5pour cent du PIB sur l’exercice 2005/06. Ces mesuresmonétaires et budgétaires, soutenues et responsables,ont nettement gonflé les réserves internationales dupays et rendu les investisseurs étrangers plus confiantsdans l’économie et le rand sud-africains. Plusieurs

agences ont donc relevé la note de l’Afrique du Sud en2005. La prime de risque sur la dette souveraine du paysétant ainsi descendue à des niveaux historiquementbas, les emprunteurs locaux ont bénéficié d’une baissedu coût du capital. Couplée à laforte croissance économique,cette dernière a permis unrelèvement des dépensespubliques de développement etfacilité le financement d’undéficit des comptes courants qui,sous l’effet de la demande, se creuse : il a représenté3.3 pour cent du PIB en 2004.

Malgré ce tableau globalement positif, l’Afriquedu Sud est encore confrontée à un dualisme économiquetrès marqué. Si la plupart des Blancs et une classemoyenne noire émergente profitent d’une économie derang mondial, une grande partie de la population reste

Sur fond d'accélération de la croissance, les autorités ont dévoilé un ambitieux plan de stimulation de l'économie et de redistribution.

pauvre. À ce jour, l’ANC (Congrès national africain)au pouvoir a su maintenir la rigueur macro-économiquetout en conservant le soutien de la majorité noire.

Néanmoins, l’impatience suscitée par la répartitioninégale des fruits de la croissance grandit. Elle pourraitentraîner une instabilité politique et sociale qui mettrait

0

2000

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2007(p)2006(p)2005(e)20042003200220012000199919981997

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2

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4

5

6

Taux de croissance du PIB réel (en pourcentage) PIB par habitant (dollars PPA)

Figure 1 - Taux de croissance du PIB en volume et PIB par habitant(dollars PPA à prix courants)

Source : Données de la banque centrale sud-africaine ; calculs des auteurs pour les estimations (e) et les prévisions (p).

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en péril ces résultats macro-économiques chèrementacquis.

La croissance post-apartheid est respectable ets’accélère, mais elle est lente par rapport à celle observéedans un certain nombre d’autres économies émergentes.De surcroît, elle n’a pas réussi à faire reculer sensiblementun taux de chômage élevé. Cette performance médiocresur le plan de la croissance et de l’emploi s’explique parplusieurs facteurs, notamment des investissementsintérieurs et étrangers insuffisants, des infrastructuresdéficientes, le manque de concurrence et la pénurie demain-d’œuvre qualifiée. C’est pourquoi l’État seconcentre désormais sur ces obstacles avec, pour objectif,une croissance de 6 pour cent dans les prochainesannées. Tirant parti de la solide situation budgétairede son pays, le président Mbeki entendait dévoilerdans son discours sur l’état de la nation, en février2006, une ambitieuse initiative en faveur d’unecroissance accélérée et partagée, l’ASGI (Acceleratedand Shared Growth Initiative). L’ASGI impose uneréduction de la fiscalité, de substantiels investissementsd’infrastructures, une aide aux secteurs stratégiques,ainsi qu’une augmentation des moyens consacrés àl’éducation et à la formation. La réussite de ceprogramme dépendra, de manière cruciale, durenforcement des capacités de mise en œuvre au seinde l’administration publique. Ces dernières années eneffet, les lacunes en la matière ont gravement nui auxavancées dans certains domaines, tels que lesinfrastructures, l’éducation, la lutte contre la pauvretéou les soins de santé.

Développements économiquesrécents

La croissance du PIB devrait tourner autour de 5pour cent en 2005, après 4.5 pour cent en 2004. Cetteaccélération est largement répartie entre les secteurs.

Sur les trois premiers trimestres de 2005, le secteurprimaire – qui contribue au PIB à hauteur de 10 pourcent – a affiché une croissance de 3.9 pour cent parrapport à la même période de 2004. L’agriculture, quireprésente 3 pour cent du PIB, a progressé de 4.9

pour cent, en grande partie grâce à une récolte de maïsexceptionnelle en 2004/05 et au dynamisme de l’élevage.L’horticulture et les cultures fruitières ont elles aussienregistré d’excellents résultats. La vigueur du rand etl’inadéquation des infrastructures ont toutefois pesésur le secteur agricole. Ainsi, le pays n’a pas pu exporterla totalité de ses excédents de maïs. Le cours de cettecéréale s’est donc effondré, menant de nombreux petitsproducteurs au bord de la faillite. La domination del’Afrique du Sud sur les exportations d’agrumes horssaison, de vin et d’autres produits destinés à l’hémisphèrenord en a également pâti. Il est évident qu’uneamélioration des infrastructures des transports et, plusgénéralement, du climat des affaires, serait bénéfiqueaux petits exploitants comme aux grands groupesagroalimentaires tournés vers l’exportation.

Les activités minières, qui ont compté pour 7 pourcent du PIB en 2004, ont été vivement soutenues parla fermeté de la demande et des cours mondiaux : ellesont gagné 3.6 pour cent sur les neuf premiers mois de2005. A l’exception notable de l’or, toutes les grandesfilières (platine, cuivre, nickel, minerai de fer et acier)se sont développées à un rythme alerte. Le platine anotamment tiré parti de la hausse des cours mondiaux.Malgré l’envolée des cours, l’extraction d’or a encorereculé durant les trois premiers trimestres de 2005, de12 pour cent, après avoir chuté de 21 pour cent entre2000 et 2004. Ce piètre résultat s’explique parl’épuisement des gisements d’accès facile et parl’incidence de la vitalité de la monnaie sud-africaine.Cependant, l’augmentation fin 2005 du cours de l’orlibellé en rands laisse augurer pour 2006 d’unaccroissement de la rentabilité et, partant, de laproduction – à condition que les entreprises localescontinuent de privilégier les réductions de coûts et lesrestructurations.

Le secteur secondaire, qui entre pour 23 pour centdans le PIB, a enregistré une croissance de 4.9 pourcent sur les trois premiers trimestres 2005. Le segmentmanufacturier (19 pour cent du PIB) a progressé de4.6 pour cent malgré la vigueur du rand, qui pourrait,en réalité, se révéler bénéfique. En effet, cette bonnetenue de la monnaie nationale permet aux autoritésmonétaires de maintenir les taux d’intérêt à un niveau

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faible. L’indice des responsables d’achats (PurchasingManagers Index – PMI), indicateur industriel avancéétabli par le cabinet Investec, a affiché une tendancegénérale à la hausse en 2005.

Certaines branches manufacturières axées surl’exportation sont toutefois aux prises avec des difficultés.C’est le cas du textile, par exemple. Même si la vigueur

du rand et l’intensification de la concurrence asiatiquedepuis la fin de l’AMF (accord multifibres) jouentprobablement un rôle essentiel, les facteurs locaux – enparticulier les rigidités du marché du travail – entrentégalement en ligne de compte. Entre 2000 et 2004,l’emploi dans le textile et l’habillement a reculé de7.5 pour cent, malgré des droits de douane élevés(supérieurs à 40 pour cent sur certains produits),

Agriculture

Industries manufacturières

Gaz, électricité et eau

Commerce de gros et de détail;hôtels et restaurants

BTP

Services publics

Autres services

Services financiers et aux entreprises

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Mines et extraction

Transports, stockageet communications

Figure 2 - Ventilation sectorielle du PIB en 2004 (en pourcentage)

Source : Estimations des auteurs sur la base des données de la banque centrale sud-africaine.

-1 0 1 2 3 4 5

Agriculture

Mines et extraction

Industries manufacturières

Gaz, électricité et eau

BTP

Transports, stockage et communications

Services financiers et aux entreprises

Services publics

Autres services

PIB aux coûts des facteurs

Commerce de gros et de détail;hôtels et restaurants

Figure 3 - Contributions à la croissance du PIB en 2004 (en pourcentage)

Source : Estimations des auteurs sur la base des données de la banque centrale sud-africaine.

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d’autres formes d’aide publique délivrées au cours dela dernière décennie et un accès préférentiel au marchédes États-Unis au titre de l’Agoa (loi américaine sur lacroissance et les opportunités économiques en Afrique).Les pouvoirs publics étant réticents à pousser ceprotectionnisme encore plus loin, cette branche devrase montrer plus efficace, faute de quoi son déclin sepoursuivra1. Dans une situation moins désespérée, levaste secteur automobile sud-africain – qui a contribuéau PIB à hauteur de 6.4 pour cent et employait 32 000personnes en 2004 – suscite également des inquiétudes.Par rapport à celui des autres pays en développement,il affiche une productivité faible et des coûts de main-d’œuvre substantiels, ce que compensent partiellementà ce jour une électricité et des matières premières bonmarché et, de façon décisive, les subventions àl’exportation et les tarifs douaniers à l’importation quidécoulent du programme de développement du secteurautomobile (Motor Industry Development Programme).Cependant, les subventions à l’exportation ne semblentpas compatibles avec les règles de l’OMC (Organisationmondiale du commerce). Elles risquent d’être amputées,voire supprimées progressivement, ce qui aggraveraitles problèmes que ce secteur doit surmonter.

Le BTP, qui constitue 2 pour cent du PIB, s’estdéveloppé au rythme soutenu de 9.6 pour cent sur lestrois premiers trimestres de 2005, grâce au dynamismedu marché de l’immobilier lui-même tiré par la faiblessedes taux d’intérêt, la hausse du revenu disponible desménages et l’essor des dépenses publiquesd’infrastructures.

C’est le tertiaire (66.1 pour cent du PIB) qui a leplus profité de la vigueur de la demande intérieure en2005, avec une croissance de 5.3 pour cent sur lestrois premiers trimestres de l’année. Le secteur financiera conduit le mouvement, avec un bond de 8.4 pourcent, qui résulte en grande partie de l’expansion dufinancement immobilier et du développement de labanque de détail, étayé par l’initiative des comptesMzansi visant à élargir l’accès des plus pauvres auxservices bancaires. L’immobilier, le génie civil (associé

aux grands projets d’infrastructures), lestélécommunications (notamment la téléphonie mobile),la distribution et les transports ont eux aussi fortementprogressé. Le tourisme sud-africain a également tenule cap face à la fermeté du rand en 2005, avec unehausse de 10 pour cent du nombre de visiteurs étrangersau cours des neuf premiers mois, après un record de6.7 millions de touristes en 2004. En 2010, la Coupedu monde de football insufflera un élan supplémentaireà ce secteur.

La croissance de la production est essentiellementtirée par la demande intérieure, qui a augmenté de 6.5pour cent en 2005. La consommation privée a fait unbond de 6.0 pour cent et la consommation publiquede 7.8 pour cent en termes réels. Plusieurs facteursexpliquent l’accélération de la première au cours desdeux dernières années. Premièrement, le revenu réeldes ménages s’améliore, surtout celui des moins riches,qui ont bénéficié de la progression des salaires, del’emploi et des transferts sociaux. Au quatrième trimestre2004, la rémunération nominale par travailleur a gagné12.7 pour cent en glissement annuel, alors quel’inflation continuait d’avoisiner 4 pour cent. L’enquêtede mars 2005 sur la population active fait état d’unehausse de 6.5 pour cent de l’emploi formel entreseptembre 2001 et mars 2005, ainsi que d’un replicorrespondant du taux de chômage officiel, tombé de29.4 à 26.5 pour cent sur cette période. Deuxièmement,à la faveur de taux d’intérêt bas et de l’expansion desgaranties sous l’effet de l’envolée des prix des logements,l’essor du crédit à la consommation a également stimuléla demande, en particulier au sein de la nouvelle classemoyenne noire. En conséquence, l’endettement desménages s’est nettement creusé au deuxième trimestre2005, à 62 pour cent du revenu disponible. Le servicede la dette demeure néanmoins gérable, à 6.5 pour centdu revenu disponible. Troisièmement, les solidesperformances de la bourse de Johannesburg, qui s’estenvolée de 35 pour cent entre avril et septembre 2005,ont dynamisé la consommation des plus aisés.

Ce contexte favorable a embelli les perspectives

1. Voir Submission to the Portfolio Committee on Trade and Industry - Clothing, Textile & Footwear Sector,

http://www.dti.gov.za/clothing/submission.pdf

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Tableau 1 - Composantes de la demande (en pourcentage du PIB)

Source : Données de la banque centrale sud-africaine ; calculs des auteurs pour les estimations (e) et les prévisions (p).

1997 2002 2003 2004 2005(e) 2006(p) 2007(p)

Formation brute de capital 16.7 16.1 16.6 17.9 18.6 18.4 18.6Publique 4.8 4.1 4.3 4.7 4.7 5.2 5.4Privée 11.9 12.0 12.2 13.2 13.7 13.2 13.3

Consommation finale 82.2 80.2 81.5 82.8 80.7 81.2 80.6Publique 19.2 18.4 19.1 19.9 20.8 21.3 21.7Privée 62.9 61.8 62.3 63.0 59.9 59.9 58.9

Solde extérieur 1.2 3.7 1.9 0.7 0.6 0.4 0.7Exportations 24.6 32.7 27.9 26.6 26.6 24.5 25.3Importations 23.4 29.1 26.0 27.3 26.0 24.1 24.6

pour les entreprises et favorisé l’investissement privé :l’indice de confiance des consommateurs élaboréconjointement par la First National Bank et le Bureaufor Economic Research (FNB/BER) a révélé une netteamélioration du moral des entreprises et des ménagesen 2005. L’investissement public a lui aussi fortementaugmenté en 2005, de 8 pour cent en valeur réelle,contribuant à une croissance globale de 6.5 pour centde la formation de capital fixe. En revanche, le volumedes exportations a stagné à 0.3 pour cent, tandis quecelui des importations grimpait de 6 pour cent sousl’impulsion de la demande intérieure.

En 2006, la croissance du PIB devrait restervigoureuse, à environ 4.8 pour cent. Il est probable quela consommation privée ralentira à 3.4 pour cent, enraison d’une décélération de la rémunération de lamain-d’œuvre et des prix des logements. Selon lesprévisions, c’est l’investissement qui deviendra leprincipal moteur de la croissance, à 7.6 pour cent,grâce aux ambitieux programmes d’investissementASGI dans l’énergie, les transports2 et les zones dedéveloppement industriel. Ces chantiers publicspourraient à leur tour catalyser l’investissement privé.Ainsi, la zone de développement industriel de Coegaest destinée à accueillir le Coega Smelter Project, quidevrait permettre de produire jusqu’à 660 000 tonnesd’aluminium par an, après une mise de fonds compriseentre 2.2 et 2.5 milliards de dollars. Ce projet faitl’objet de négociations entre les autorités sud-africaines

et le groupe international Alcan. Une décision estattendue en 2006. La zone de développement industrielde Coega vise à attirer des capitaux étrangerssupplémentaires.

Politique macro-économique

Politique budgétaire

La croissance étonnamment vive de 2005 devraitramener le déficit budgétaire 2005/06 à 0.5 pour centdu PIB, au lieu des 3.5 pour cent prévus dans le budgetde février 2005. En s’établissant à 1.5 pour cent duPIB en 2004, le déficit était également inférieur àl’objectif de 3.1 pour cent. La baisse du déficitprévisionnel 2005 s’explique essentiellement par desrecettes inattendues (totalisant 41 milliards de rands)et un coût du service de la dette inférieur de 1.9 milliardde rands aux anticipations, alors que les dépenses n’ontété supérieures que de 1.2 milliard de rands à cellesbudgétées.

Les recettes plus élevées que prévu proviennent dela TVA (9 milliards de rands), de l’impôt sur les sociétés(16.2 milliards), de l’impôt sur le revenu des personnesphysiques (8.8 milliards), des taxes sur les transactionsimmobilières (1.2 milliard) et des droits d’importation(5.8 milliards). Bien que l’essentiel de cette mannes’explique par une activité économique plus vigoureuse

2. Eskom et Transnet prévoient de dépenser 134 milliards de rands au cours des cinq à sept prochaines années, dont 26.1 milliards

en 2006.

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qu’escompté, la situation découle aussi d’une plusgrande efficacité en termes de recouvrement de ladirection des impôts du pays, la SARS (South AfricaRevenue Service), et d’un élargissement de l’assiettefiscale. Les rentrées fiscales sont passées de 24.5 pourcent du PIB en 2000/01 à 26.1 pour cent en 2005/06.L’assainissement de la situation a permis des allégementsd’impôts pour les ménages comme pour les entreprises.En 2006, des exonérations plus importantes pour lescotisations médicales et les services de santé instauréspar les employeurs auront des effets bénéfiquessupplémentaires sur les bas revenus. Le budget 2006/07devrait également nettement moins peser sur lescontribuables, via des ajustements des tranchesd’imposition liés à l’inflation.

La discipline budgétaire à laquelle s’astreint l’Étatse traduit par un endettement brut qui n’a absorbé que35 pour cent du PIB en 2005. De surcroît, 86 pourcent de l’encours total de la dette publique sont libellésen rands, ce qui protège en grande partie le budgetcontre le risque de change. Les mesures budgétairessaines adoptées par le pays ont été reconnues à leur justevaleur, sous forme de relèvements de la note de solvabilitéde l’Afrique du Sud. Moody a ainsi porté cette note deBaa2 à Baa1 en janvier et S&P et Fitch, de BBB àBBB+ en août. Le pays rejoint ainsi le Chili, le Mexique,la Pologne et la Thaïlande. Les écarts des taux obligatairessud-africains se sont réduits en conséquence.

La situation budgétaire saine du pays autorisel’augmentation des dépenses au titre de l’ASGI, ainsique les baisses d’impôts déjà évoquées. Le budgetprésenté en février 2006 définit la stratégie budgétairesud-africaine pour 2006/07 et amende le CDMT (cadrede dépenses à moyen terme) pour 2008/09. Dansl’hypothèse de la poursuite d’une croissance annuellede 5 pour cent en moyenne et d’une hausse des recettescorrespondantes, le CDMT permet une haussesubstantielle des dépenses, de 160 milliards de randssupplémentaires, entre 2005 et 2008. Les dépenses neportant pas d’intérêts devraient progresser d’environ 7pour cent par an, passant de 22.8 pour cent du PIBen 2004 à 24.8 pour cent en 2007. Entre 2005 et2008, celles consacrées au secteur social (éducation,santé, protection sociale, logement et développementlocal) gonfleront probablement de 36 pour cent, à305 milliards de rands, pendant que celles concernantles transports et les télécommunications doubleront, à30 milliards de rands.

Parallèlement, l’État maintient une politiquebudgétaire prudente qui permettra, sur 2008/09, decontinuer à maîtriser la part des dépenses d’éducation,de santé et de protection sociale dans le PIB. Même siles dépenses en capital, en particulier pour lesinfrastructures, font partie des priorités des pouvoirspublics et devraient augmenter plus rapidement que lesdépenses courantes, leur proportion dans le total

Tableau 2 - Opérations financières de l’Étata (en pourcentage du PIB)

a. L’exercice budgétaire commence au 1er avril.b. Seuls les principaux postes de recettes et de dépenses sont détaillés.Source : Données du Trésor sud-africain ; calculs des auteurs pour les estimations (e) et les prévisions (p).

1997 2002 2003 2004 2005(e) 2006(p) 2007(p)

Recettes totales (avec dons)b 23.4 24.0 23.5 24.8 26.5 25.9 25.8Recettes fiscales 22.9 23.6 22.9 24.3 26.1 25.5 25.4

Dépenses totales (et prêts nets)b 26.4 25.1 25.7 26.3 27.0 27.8 27.8Dépenses courantes 25.8 24.5 26.0 26.3 26.3 26.9 27.3

Sans les intérêts 20.2 20.6 22.4 22.8 23.2 23.9 24.5Salaires 10.5 9.3 9.5 9.2 9.4 9.8 9.9Paiement d’intérêts 5.5 4.0 3.6 3.5 3.2 3.0 2.8

Dépenses en capital 1.1 1.1 1.2 1.1 1.2 1.3 1.3

Solde primaire 2.5 2.9 1.4 2.0 2.7 1.1 0.8Solde global 3.1 1.1 2.3 1.5 0.5 1.9 2.0

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demeurera faible : elle passera de 4.1 pour cent en2004/05 à seulement 4.8 pour cent en 2008/09. Faittrès significatif, on s’attend à ce que les déficits publicsne représentent que 2.1 pour cent du PIB dans lestrois prochaines années.

Les capacités limitées de l’administration publique,surtout au niveau des provinces et des municipalités,pèsent toujours sur la mise en œuvre d’ambitieux plansde dépenses. Néanmoins, davantage de ressourcestransiteront par les autorités locales, dont il faudra parconséquent renforcer les moyens. L’Afrique du Sudcompte remédier à ce problème grâce à deux grandesactions. Premièrement, il s’agit de développer l’initiativede consolidation de projets (Project Consolidate), parlaquelle des équipes d’experts financiers ainsi que desspécialistes de la gestion et de la planification de projetsforment la fonction publique locale. Ce dispositif seraétendu à 136 municipalités dans les trois années àvenir. Deuxièmement, pendant cette période, lesmunicipalités recevront 1.1 milliard de rands sousforme d’aides au renforcement des capacités et à larestructuration.

Politique monétaire

La banque centrale sud-africaine, la SARB (SouthAfrican Reserve Bank) poursuit une politique de ciblagede l’inflation pour la contenir dans une fourchette de3 à 6 pour cent (selon l’indice CPIX3). Si les autoritésmonétaires n’ont pas fixé d’objectif officiel pour le tauxde change, elles tiennent toutefois compte des éventuellesrépercussions d’une dépréciation monétaire sur les prixintérieurs. En 2005, la SARB n’aura abaissé ses tauxd’intérêt qu’une seule fois, en avril, de 7.5 pour centà 7 pour cent.

Depuis septembre 2003, l’inflation reste dans laplage définie par la banque centrale et s’est établie à3.9 pour cent en 2005. La vigueur du rand a en grandepartie contrebalancé les effets des hausses du coursmondial du pétrole sur le niveau global des prix et leCPIX, hors essence et gazole, n’a guère évolué en 2005.

Les coûts unitaires de main-d’œuvre ont progressé à unrythme annuel de 4.2 pour cent au premier semestre2005, contre 7.2 pour cent en 2004. Apparemment,la crédibilité de la politique monétaire anti-inflationnistede la banque centrale et la fermeté du rand ont réussià endiguer les anticipations d’inflation. Selon le Bureaufor Economic Research, l’inflation exprimée par le CPIXatteindra 5.2 pour cent en 2006 et 5.4 pour cent en2007, soit largement dans la fourchette fixée par labanque centrale. De plus, l’utilisation des capacitésdans les entreprises manufacturières n’a pas évoluédepuis 2004 : elle reste modeste, à 83.9 pour cent, signede tensions inflationnistes faibles.

Le rand est resté relativement stable, malgré ladégradation du déficit des comptes courants. Lamonnaie sud-africaine est soutenue par le niveau élevédes cours des matières premières, par le relèvement desnotes de solvabilité et par les entrées de capitaux, quicouvrent largement le déficit courant avec, à la clé, ungonflement des réserves internationales du pays. Bienque les fabricants locaux continuent de déplorer laforce du rand, le taux de change effectif réel est retombéà sa moyenne de 1996-2000.

En résumé, la politique budgétaire demeureprudente, en dépit d’une augmentation des dépenses,et l’inflation reste maîtrisée grâce à des mesuresmonétaires crédibles, mais qui ne sont pas indûmentrestrictives.

Position extérieure

Conjuguée à la hausse du cours mondial du pétrole,la solidité de la demande intérieure, tant sur le plan dela consommation que de l’investissement, s’est traduitepar un accroissement d’environ 10 pour cent de la valeurdes importations (en rands) durant les trois premierstrimestres de 2005. Les exportations auraient, elles,progressé de 2.5 pour cent en valeur, principalement sousl’effet de la forte demande de ressources naturelles sud-africaines, en particulier le platine et les diamants. Enrevanche, les exportations d’or – deuxième source de

3. Indice des prix à la consommation, hors paiement des intérêts des hypothèques pour les zones métropolitaines et autres zones urbaines.

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recettes extérieures après le platine – ont chuté de 17.2 pour cent. Malgré la vigueur du rand, lesexportations de biens manufacturés sont restées fermes,croissant au rythme de 17.6 pour cent. Les deuxprincipales exportations industrielles de l’Afrique duSud, l’acier et les véhicules à moteur, ont affichérespectivement une progression de 19.2 et 11 pour cent.

Les déficits de la balance commerciale liés auxproduits pétroliers et non pétroliers se sont creusés en2005, à quelque 1.7 pour cent du PIB. On estimeque, dans le même temps, les déficits de la balance desservices et des revenus des investissements ont avoisiné2.5 pour cent du PIB. En conséquence, le déficit des

comptes courants aurait atteint 4.2 pour cent du PIBen 2005.

En décembre 2004, l’Afrique du Sud a signé unaccord d’échanges préférentiels avec le Mercosur(Marché commun des pays du cône Sud). Au secondsemestre 2005, elle a entamé des négociations avecl’Inde, en vue d’un accord analogue. Elle s’efforceégalement de faire de même avec la Chine, mais celarisque de prendre du temps.

Même si les IDE (investissements directs étrangers)demeurent faibles par rapport à la moyenne des marchésémergents, les entrées de capitaux ont été étonnamment

Tableau 3 - Comptes courants (en pourcentage du PIB)

Source : Données de la banque centrale sud-africaine ; calculs des auteurs pour les estimations (e) et les prévisions (p).

1997 2002 2003 2004 2005(e) 2006(p) 2007(p)

Balance commerciale 1.6 4.3 2.1 0.1 1.7 2.1 2.0Exportations de biens (f.o.b.) 21.0 28.5 23.2 22.4 19.8 18.0 18.4Importations de biens (f.o.b.) 19.4 24.2 21.1 22.5 21.5 20.0 20.4

Services 0.4 0.6 0.3 0.5Revenu des facteurs 2.2 2.5 2.8 2.0Transferts courants 0.5 0.5 0.5 0.7

Solde des comptes courants 1.5 0.7 1.4 3.3

0

5

10

15

20

25

30

20042003200220012000199919981997

Figure 4 - Part de l’encours de la dette extérieure dans le RNBet ratio du service de la dette sur les exportations (en pourcentage)

Source : Banque mondiale et FMI.

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importantes en 2005 représentant, d’après lesestimations, 2.8 pour cent du PIB. L’essor observé en2005 avait tenu en partie à plusieurs grandes opérationsdont, dans les télécommunications, l’offre de rachatsupplémentaire d’actifs de Vodacom par Vodafone et,dans le secteur bancaire, l’acquisition d’Absa parBarclays. D’abondants nouveaux flux d’IDE sepréparent. Les groupes indiens Tata Steel et Mita Steelont commencé à négocier avec Anglo American pourracheter 79 pour cent de Highveld Steel & VanadiumCorp. Ltd., le numéro deux sud-africain de l’acier. Onattend également un surcroît d’IDE dans lestélécommunications, le français Orange (téléphoniemobile) étant susceptible de racheter le sud-africainMTN ; dans la distribution, où Wal-Mart manifesteson intérêt ; et dans le tourisme. Cependant, au niveaude la balance des paiements, ces entrées d’IDE attenduespourraient être en partie neutralisées par l’accroissementdes sorties de capitaux, dont une partie à destinationd’autres pays d’Afrique.

Malgré l’expansion des IDE en 2005, lesinvestissements de portefeuille étrangers sont restés laprincipale source de financement des comptes courants,grâce à la plus grande confiance dans l’Afrique du Sudet sa monnaie, déjà évoquée.

Le déficit des comptes courants étant largementfinancé par les entrées de capitaux, les liquiditésinternationales de la banque centrale sud-africaine ontgonflé de 7 milliards de dollars entre janvier 2005 etjanvier 2006. Le nombre de semaines d’importationscouvertes par les réserves est ainsi passé de sept fin2003 à 15 en juin 2005, tandis que le ratio des réservesnettes en devises sur la dette extérieure brute à courtterme ressortait à 120 pour cent en septembre 2005,contre 51 pour cent en décembre 2003. De plus, ladette extérieure de l’Afrique du Sud représentait à peine20.2 pour cent du PIB fin 2005, dont 38.5 pour centlibellés en rands ; quant aux paiements d’intérêts, ilsn’absorbaient que 3.6 pour cent des recettesd’exportation. S’appuyant sur sa position extérieurerenforcée, le pays prévoit une libéralisation plus pousséedes contrôles sur les capitaux. Il relèvera notammenten 2006 les plafonds de détention d’actifs étrangers parles banques sud-africaines.

Questions structurelles

Développements récents

En 2005, l’Afrique du Sud a continué de prêter unegrande attention à la restructuration de ses entreprisespubliques de télécommunications, d’énergie et detransports. Si des gains de compétitivité ont pu êtreréalisés dans les télécommunications au cours de l’année,la restructuration reste difficile dans les autres secteurs.Qui plus est et en dépit d’un climat des affaires largementsatisfaisant, l’Afrique du Sud doit impérativements’efforcer d’abaisser les coûts d’activité des entrepriseset de permettre à la croissance de créer davantaged’emplois.

Le récent boum économique a stimulé la demanded’énergie, ce qui exerce des pressions croissantes sur leréseau électrique. Cela étant, les pénuries ne devraientpas se manifester avant 2010 et l’entreprise d’électricitéEskom estime pouvoir faire face à la demande accrueet financer son programme de dépenses d’équipement.Cependant, l’État a dû revoir son calendrierd’investissements. La situation est manifestement tenduedans certaines provinces, comme au Cap où troispannes générales se sont produites à l’automne 2005.Bien qu’Eskom affirme avoir mis en place une capacitésuffisante pour éviter ce problème à l’avenir, la provincedu Cap-Occidental risque d’être confrontée à des pannesgénérales tournantes avant l’achèvement, en 2007, desnouvelles lignes reliant les centrales au charbon deMpumalanga et de Koeberg.

En 2004, Eskom a reçu l’autorisation d’investirquelque 92.9 milliards de rands dans la constructionde centrales, le transport et la distribution d’énergie.A cette fin, cinq consortiums ont été retenus pourparticiper à un appel d’offres portant sur des droitsexclusifs CPE (construction/propriété/exploitation)pour deux nouvelles centrales, afin de satisfaire auxbesoins d’énergie croissants. Ces centrales, implantéesdans le Cap-Oriental et le KwaZulu-Natal, devraientêtre pleinement opérationnelles d’ici fin 2008. L’arrivéede producteurs indépendants sera synonyme deconcurrence pour Eskom – qui fournit actuellement95 pour cent de l’électricité sud-africaine – et

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comprimera encore davantage le coût de cette énergie,déjà la moins chère au monde.

L’ouverture du marché des télécommunications àla concurrence progresse. En décembre 2005, aprèstrois ans de retard, l’instance indépendante de régulationdes communications de l’Afrique du Sud (IndependentCommunications Authority of South Africa) a accordé unelicence à un deuxième opérateur national de téléphoniefixe publique, ce qui signifie que Telkom devra faire faceà de la concurrence à compter du second semestre2006. Parmi le consortium de six entreprises qui aemporté le marché, on trouve le groupe NexusConnexion, qui a bénéficié des dispositions BEE(émancipation économique des Noirs), et le groupeindien Tata. Comme dans de nombreux pays d’Afrique,ce sont les télécommunications mobiles qui affichentla plus forte expansion. Le pays compte plus de 18millions d’abonnés de téléphonie mobile, contreseulement 4.8 millions en téléphonie fixe. De plus,comme sur les autres marchés émergents, les opérateursinternationaux de téléphonie mobile manifestent de plusen plus d’intérêt pour des investissements en Afriquedu Sud. L’annonce, fin 2005, d’une co-entreprise entrele sud-africain Cell C et le britannique Virgin Mobiledétenu par l’homme d’affaires Richard Branson, a suivicelle du projet d’augmentation de la participation deVodafone dans Vodacom à 50 pour cent, ce quiéquivaudrait à la part de Telkom. Malgré l’intensificationde la concurrence dans la téléphonie, Telkom occupetoujours une place prépondérante sur le marché del’accès à Internet et les prestataires de services Internetcontinuent de dénoncer cette mainmise et des pratiquesanticoncurrentielles.

En 2005, le système bancaire sud-africain est restésolide et les établissements ont bénéficié de la vivecroissance de l’économie nationale. Le ratio moyend’adéquation des fonds propres a légèrement baissé,passant de 13.2 pour cent en décembre 2004 à 12.5pour cent en octobre 2005 ; mais il demeure biensupérieur aux exigences minimales (10 pour cent). En2004, une seule banque est tombée en deçà du seuilrequis. En outre, les arriérés de paiements représentaientmoins de 2 pour cent du total des prêts et des avancesen octobre 2005. Le secteur bancaire sud-africain a

néanmoins souffert de la faiblesse de la concurrence.Il est dominé par quatre grands groupes qui, endécembre 2004, détenaient 83.7 pour cent des actifsbancaires. Il reste à savoir si l’accord Barclays-Absacontribuera à atténuer ce problème.

L’Afrique du Sud, dont le marché financier estefficace et le climat des affaires largement propice,inspire une très grande confiance aux entreprises. Desdifficultés subsistent toutefois. La chambre de commerceet d’industrie sud-africaine, la SACOB (South AfricanChamber of Business) indique que les lacunes des servicespublics pèsent sur les entreprises. Au nombre des autresdéfis qu’il est urgent de relever figurent les qualificationset la formation de la main-d’œuvre, la réglementationdu marché du travail, l’instabilité du taux de changeet la criminalité (South Africa Investment ClimateAssessment, 2005). Le manque de concurrence dans lessecteurs qui produisent des biens intermédiaires, telsque l’acier ou les substances chimiques, engendreégalement inefficacité et surcoûts dans les activités enaval et pour les consommateurs.

Beaucoup considèrent le manque de flexibilité dumarché du travail comme un frein important àl’investissement privé, surtout dans les segments à forteintensité de main-d’œuvre. En effet, par rapport auBrésil, à la Lituanie et aux régions les plus productivesde la Chine, les entreprises sud-africaines affichentdeux fois plus de capital par travailleur. La croissancene peut donc pas absorber autant de main-d’œuvreque dans les autres économies émergentes. Lesorganisations professionnelles expliquent cette faibleintensité de main-d’œuvre par des coûts élevés et parla réglementation du marché du travail, qui gênentl’emploi. Ainsi, nombreux sont ceux qui affirment quela fixation des salaires est trop centralisée, notammentparce que les conventions collectives sont étendues auxpetites entreprises où aucun syndicat n’est présent.Cependant, cet argument est contesté par les syndicatset ceux qui les soutiennent, qui soutiennent que laréglementation du marché du travail n’est passtrictement appliquée.

Indépendamment de ces controverses sur les rigiditésde ce marché, il existe un large consensus quant aux

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causes – héritées de l’apartheid – du dysfonctionnementdu marché du travail : pénurie de main-d’œuvre,inégalités d’accès à l’éducation pour les Sud-Africainsnoirs et absence de mobilité de la population active.La pénurie de travailleurs qualifiés entraveparticulièrement le développement des entreprises. Lesingénieurs, les scientifiques et les artisans sont si raresque beaucoup d’entreprises souhaitent faire venir del’étranger des personnes possédant ces compétences, cequi imposerait d’amender la loi sur l’immigration.Compte tenu du taux de chômage, ce projet ne fait pasl’unanimité. L’État est également en train d’envisagerune révision de la loi sur l’équité au travail, afin delever les obstacles à l’emploi de Sud-Africains blancsqualifiés, notamment des ingénieurs.

Plusieurs initiatives visent à améliorer le niveau dequalification de la population active. Ainsi, la loi de 2003sur le renforcement des compétences et les programmesd’apprentissage s’appuie sur des contributions financièresd’entreprises privées pour investir dans la formation dela main-d’œuvre sud-africaine. Ces programmes nesont pour l’instant guère fructueux, du fait en particulierqu’ils ciblent pour la plupart les salariés. Les 23 autoritéschargées de l’éducation et de la formation (SETA –Sector Education and Training Authorities), qui ont pourmission d’élaborer des stratégies sectorielles dedéveloppement des qualifications et de promouvoir lesapprentissages, produisent aussi des résultats inégaux.

Le programme BEE, fondé sur la discriminationpositive, continue également de susciter un débat enAfrique du Sud. On observe des signes encourageantsd’émergence d’une classe moyenne noire, maisl’élargissement de l’émancipation reste crucial. De plusen plus de secteurs d’activité rédigent des chartes quidéfinissent un cadre et un tableau de bord visant àdonner des moyens aux individus et aux populationshistoriquement désavantagés. La charte des services(Service Charter), qui intéresse particulièrement lespetites et moyennes entreprises, devrait être présentéeen 2006. En outre, l’État propose actuellement des« codes de bonnes pratiques pour l’émancipation »auxquels toutes les chartes devront se conformer.Certains craignent toutefois que ces codes nedébouchent sur une prise de décision trop centralisée

dans des domaines où la négociation sectorielle seraitpréférable.

Infrastructures des transports

L’adéquation des infrastructures des transportsconstitue l’un des volets clés de la stratégie de croissancede l’Afrique du Sud. Même si la situation de ce secteurest excellente par rapport à celle observée dans les autrespays d’Afrique, la qualité des différentes composantesest hétérogène et l’essor de la production et des échangespassera par de nouveaux investissements.L’aménagement et le financement des routes sont mieuxgérés que ceux des autres réseaux de transports. Leschemins de fer et les ports, en particulier, fonctionnentmal et nuisent à l’accélération de la croissance. Desurcroît, la demande augmente et l’expansion du fretest supérieure à la plupart des prévisions sur 20 anseffectuées en 1999 dans le cadre de la stratégie dedéveloppement de l’Afrique du Sud, Moving SouthAfrica (MSA). La rapidité de l’urbanisation et desmigrations vers les villes, ainsi que l’organisation de laCoupe du monde de football en 2010 exercent despressions supplémentaires en faveur d’un renforcementdes infrastructures des transports urbains.

Le ministère des Transports assure la coordinationgénérale de la politique sectorielle. Il est toutparticulièrement chargé des routes, de l’aviation, dutransport ferroviaire de voyageurs sur longues distanceset des réseaux ferroviaires suburbains, tandis que leministère des Entreprises publiques supervise les cheminsde fer et les ports, à savoir l’entreprise parapubliqueTransnet et ses filiales Spoornet, Sapo (South AfricanPorts Operations) et l’agence portuaire nationale, laNPA (National Ports Authority). La politique destransports s’appuie sur le cadre défini par la stratégieMSA et sur la loi de 2000 pour l’évolution des transportsterrestres nationaux. Un plan national pour les routesest en cours d’élaboration.

A l’avenir, l’État veillera à ce que les différentescomposantes du système des transports travaillenteffectivement ensemble. Pour l’heure, cet objectif n’estpas atteint, car certains pouvoirs et fonctions desministères des Transports et des Entreprises publiques

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se chevauchent, ce qui entraîne des gaspillages, de laconfusion et des différends quant aux prérogativesrespectives. Récemment votée, la stratégie nationale2005 pour la logistique du fret (National Freight LogisticsStrategy) est en grande partie axée sur la résolution duproblème du chevauchement des attributions. Elle viseégalement à ouvrir les ports et le réseau ferroviaire à laconcurrence, comme c’est déjà le cas pour les routes etle fret aérien.

Les investissements consacrés au réseau routierdepuis 2001 ont permis de doubler le réseau de routesnationales bitumées, à péage et sans péage ; un nouveaudoublement est prévu à l’horizon 2010. L’Afrique duSud compte 56 000 kilomètres de routes régionalesbitumées, 301 000 kilomètres de routes non bitumées,168 000 kilomètres de routes urbaines bitumées et nonbitumées et 221 000 kilomètres de routes rurales nonbitumées, voies d’accès comprises. Le réseau routierest la seule composante du système de transport nationalqui bénéficie régulièrement d’investissements, mêmesi ces financements sont nettement inférieurs auxniveaux nécessaires pour maintenir toutes les routesen bon état. Les infrastructures routières reçoivent uneallocation budgétaire de 900 millions de rands par an,à laquelle s’ajoutent 5.2 milliards de rands apportés parle secteur privé via les concessions de routes à péage.

En 2003, 74 pour cent du fret intérieur étaientacheminés par la route et 26 pour cent par le rail. Aucours de la dernière décennie, le volume de fret routiera progressé au rythme annuel de 4 pour cent, tandisque le fret ferroviaire enregistrait un léger recul.

Parmi tous les pays du monde, l’Afrique du Suddevrait afficher le plus fort taux de croissance du fretaérien au cours des dix prochaines années. L’aéroportinternational de Johannesburg gagne rapidement enimportance comme plate-forme de fret et risque doncd’être confronté à des limites de capacités dans unavenir proche. Le pays compte deux autres aéroportsinternationaux, au Cap et à Durban, ainsi que septaéroports régionaux.

Les chemins de fer et les ports appartiennent aumonopole public Transnet. Ils constituent les maillons

les plus faibles des transports sud-africains. Spoornet,filiale de Transnet, détient un quasi-monopole sur lefret commercial acheminé par le rail. L’Afrique du Sudreprésente 26.6 pour cent du réseau ferroviaire ducontinent africain, avec 22 300 kilomètres de voies.Certaines lignes sont réservées au minerai de fer et aucharbon, qui constituent l’essentiel des bénéfices deSpoornet.

Les infrastructures ferroviaires pâtissent d’au moins15 ans de reports d’investissements : 45 pour centdes trains sont en retard et 25 pour cent ne partent oun’arrivent jamais. Le chargement de chaque wagon estinférieur de moitié aux meilleures pratiquesinternationales et l’âge moyen des locomotives est de25 ans, contre une moyenne de 16 ans à l’échellemondiale. Les déraillements sont encore trop fréquents :rien qu’en octobre 2005, deux déraillements se sontproduits. Conséquence de ces problèmes d’efficacité,la clientèle ne fait transporter par rail que les produitspour lesquels les délais ne sont pas essentiels, ce quirestreint la capacité de Spoornet à étoffer le trafic parconteneurs.

Les ports sont eux aussi détenus par Transnet, bienque quelques concessions soient administrées par desopérateurs privés. Malgré une augmentation desinvestissements ces dernières années, ces infrastructuressubissent des pressions croissantes en raison d’unedemande plus forte. Le volume acheminé par conteneurset traité dans les sept ports commerciaux sud-africainsprogresse de 7.25 pour cent par an depuis 2000. Quiplus est, les ports restent très inefficaces par rapport auxcritères internationaux. Ils transbordent 17 conteneurspar heure, contre 35 manutentionnés selon les meilleurespratiques. Un problème spécifique tient à l’inefficacitéde l’interface entre wagons routiers et navires, sourcede fréquentes et graves congestions du trafic. Ceproblème s’explique notamment par le manque deconcurrence dans les activités portuaires. Même parrapport à d’autres pays d’Afrique, les ports sud-africainssont peu performants : ainsi, celui de Dar-es-Salaam(Tanzanie) traite en moyenne 21 conteneurs par heureet ceux de la Namibie 18 (alors qu’en Amérique latinepar exemple, les ports brésiliens affichent un taux de42 conteneurs par heure).

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Étant donné que Transnet contrôle les infrastructuresportuaires et ferroviaires, sa stratégie de restructurationest cruciale pour l’amélioration de l’efficacité de cesinstallations en Afrique du Sud. Transnet devra doncdevenir un transporteur de fret et limiter ses activitésaux ports, voies ferrées et oléoducs, actuellementexploités par ses filiales Spoornet, Sapo, NPA et Petronet.Elle se désengagera de plusieurs segments, notammentdu transport ferroviaire de voyageurs, du tourisme etde la gestion des bagages, qui affichent généralementde médiocres résultats et qui ont nécessité des aidescroisées, sur la base des bénéfices de Spoornet et de Sapo.Ainsi, Transnet se séparera de la compagnie aérienneSouth African Airways, qui relèvera directement del’État à compter du printemps 2006. Ces réformesdoivent être accompagnées d’un investissement de40 milliards de rands dans les infrastructures de fret,indispensable pour moderniser le réseau et satisfaire auxbesoins croissants.

Il subsiste néanmoins d’importants obstacles à larestructuration de Transnet. Premièrement, malgré lesefforts déployés par les pouvoirs publics pour permettreun accord entre les syndicats et l’entreprise, via lecomité de restructuration (TRC – TransnetRestructuring Committee), les syndicats appellent à lagrève, affirmant que Transnet n’a pas respecté « l’espritet la lettre » des statuts du TRC. Les dirigeantssyndicaux s’inquiètent particulièrement pour les 25 000emplois qui, d’après eux, risquent de disparaître.Deuxièmement, en raison des substantielles aidescroisées entre les différentes filiales de Transnet, il estdifficile de déterminer quels pôles sont performantset devraient recevoir des investissementssupplémentaires, et lesquels sont à la traîne et devraientêtre supprimés.

Les infrastructures des transports urbains sont, ellesaussi, de plus en plus soumises à des pressions, car lesvolumes de trafic s’accroissent dans les métropoles,telles que Gauteng ou Durban, ce qui gêne la circulationdes personnes et des marchandises. Poussé en partie parle mécontentement croissant des banlieusards, leministère des Transports s’est donné pour prioritéd’améliorer les transports ferroviaires pendulaires. Leprogramme de réforme qu’il a établi met l’accent sur

la création de partenariats public-privé, auxquelsdavantage de fonds publics seront affectés. Ce sera lecas, par exemple, pour la construction de la ligneferroviaire à grande vitesse Gautrain entre Pretoria etJohannesburg. Longue de 80 kilomètres, elle secompose de deux sections, dont l’une va de Pretoriaà Johannesburg et l’autre de l’aéroport international deJohannesburg à Sandton. Ce second tronçon est trèscontroversé, pour plusieurs raisons : son coût(750 millions d’euros), l’ampleur des subventionsgaranties par les autorités à l’opérateur privé, sonmanque d’intégration dans le réseau existant et le faiblenombre de voyageurs attendu quotidiennement. Lorsde sa dernière réunion en 2005, le conseil des ministressud-africain a pourtant réaffirmé son soutien au projetGautrain. Si ce dernier est validé par les pouvoirspublics, il devrait être prêt pour la Coupe du mondede football, en 2010.

Un large consensus prévaut quant à la nécessité deprocéder à de considérables travaux de remise à niveaudes infrastructures des transports de l’Afrique du Sud.L’État manifeste sa volonté d’atteindre cet objectif. Ilportera le budget des transports à environ 14.3 milliardsde rands sur quatre ans, à compter de 2006. Lesinvestissements de Transnet (40.8 milliards de rands)et un financement public des futurs accords departenariat public-privé (18.2 milliards de rands)devraient venir s’ajouter à ce total.

Contexte politique et social

Après une victoire écrasante aux élections généralesde 2004, l’ANC a vu son état de grâce prendre finbrutalement en 2005, lorsque le populaire vice-président, Jakob Zuma, a été accusé de « relationsgénéralement entachées de corruption » avec sonconseiller financier. Devant ces révélations, le présidents’est séparé de Jakob Zuma, au grand dam de nombreuxmembres de l’ANC. Après son renvoi, M. Zuma a étéaccusé de viol dans le cadre d’une autre affaire, ce quia tempéré les protestations suscitées par la décisionprésidentielle. Néanmoins, « l’affaire Zuma » a fait de2005 l’année la plus difficile pour l’ANC depuis sonaccession au pouvoir en 1994.

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Elle a notamment porté sur le devant de la scènela question de la succession de M. Mbeki, dont lemandat s’achèvera en 2009. Si Jakob Zuma étaitauparavant considéré comme l’un des favoris, les chargesde viol et de corruption qui pèsent sur lui ont fragilisésa position. Le processus de sélection est donc trèsouvert. Il mettra l’unité de l’ANC à rude épreuve etpourrait empêcher ce parti de continuer à dominer lapolitique sud-africaine.

D’un autre côté, l’affaire Zuma a amélioré lacrédibilité de l’Afrique du Sud sur le plan démocratiqueen mettant en lumière l’indépendance du pouvoirjudiciaire et en démontrant que même les hautsresponsables ne sont pas au-dessus des lois. SelonTransparency International, la réaction de l’État est lesigne d’une démocratie de plus en plus mature etconstitue un précédent important pour les avancées dela bonne gouvernance.

Les autorités nationales savent parfaitement quel’impatience grandit parmi de nombreux Sud-Africains,notamment dans la majorité pauvre, devant le manqued’amélioration des conditions de vie malgré la croissanceéconomique de la dernière décennie. Le présidentMbeki est bien conscient de la nécessité d’accroître laqualité des infrastructures et des services sociaux ; ilen a d’ailleurs fait sa priorité pour le reste de son mandat.Les protestations suscitées par la médiocrité des services,les problèmes de logement et le chômage ne cessentd’augmenter toutefois et les observateurs estimentqu’une partie de cette frustration pourrait peser sur lerésultat des élections locales prévues en mars 2006.Certains membres de la société civile menacent déjà deboycotter ce scrutin.

Malgré les progrès réalisés par l’État dans le ciblagede l’aide aux plus démunis et aux plus vulnérables, enparticulier via le dispositif d’aides sociales décrit plusbas, la pauvreté n’a pas sensiblement reculé depuis latransition démocratique. Un débat est en cours sur ladéfinition de la pauvreté en Afrique du Sud. En 2000,selon les critères internationaux qui fixent le seuil depauvreté à un ou 2 dollars par jour (soit l’équivalent,à cette date, de 87 ou 174 rands par mois),respectivement 11.3 ou 34.4 pour cent de la population

étaient pauvres (South Africa MDG Report 2005, Nationsunies). En revanche, si l’on prend le seuil de pauvreténational, fixé à 354 rands par mois et par adulte,57 pour cent des Sud-Africains étaient considéréscomme pauvres en 2001. Quoi qu’il en soit, l’Afriquedu Sud reste une société très inégalitaire, avec uncoefficient de Gini de 0.59, qui tombe toutefois à 0.35si l’on inclut les transferts sociaux (voir ci-après).

Les transferts en numéraire – ce que l’on appelleles « aides sociales » – constituent l’une des principalesarmes dont disposent les pouvoirs publics dans la luttecontre l’extrême pauvreté. Les dépenses affectées à cesaides ont été multipliées par 3.7 entre 1994 et 2004(à 37.1 milliards de rands), le nombre de bénéficiairespassant de 2.6 millions à 7.9 millions sur cette période.Outre ce dispositif, divers programmes – comme leprogramme de grands travaux (EPWP – ExpandedPublic Works Programme), le programme agricole StarterPack (qui favorise l’accès des ménages pauvres auxfacteurs de production) et le programme de soutienagricole global (Comprehensive Agricultural SupportProgramme, qui apporte un soutien post-installation auxbénéficiaires du processus de réforme foncière) – visentégalement à atténuer la pauvreté.

Certains mettent en doute l’adéquation de cesprogrammes publics anti-pauvreté. Ainsi, la campagnede People’s Budget – une coalition d’organisations dela société civile – appelle à l’introduction d’un revenuuniversel de base d’un montant de 100 rands parpersonne et par mois, indexé sur l’inflation, ainsi qued’un régime national d’assurance maladie. L’Étatdevrait en toute probabilité rejeter ces propositions,étant donné les préoccupations concernant le coût desaides sociales existantes et son objectif de préserver desincitations à travailler. Dans l’ensemble, le dispositifsocial actuel fonctionne bien. En témoignel’augmentation de la consommation de produits debase (alimentation ou carburants) et du taux descolarisation des enfants des ménages bénéficiant deces aides. La nouvelle autorité chargée de la sécuritésociale (South African Social Security Agency),opérationnelle depuis avril 2005, devrait accroîtrel’incidence des aides sociales en améliorant la prestationdes services et en combattant la fraude qui, selon les

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estimations, entraînerait 1.5 milliard de rands depertes par an.

Le taux de chômage officiel reste très élevé, à 26 pourcent, d’autant qu’il grimpe à 41 pour cent si l’onrecourt à une définition large. Environ 2.5 millions depersonnes travaillent dans le secteur informel (LabourForce Survey, 2005, p. 12). C’est essentiellementl’ampleur du chômage qui explique la persistance dela pauvreté et des inégalités. Par ce qui constitue àl’évidence un héritage durable de l’apartheid, les ménagespauvres ont tendance à être coupés du marché dutravail. Leur manque de qualifications dû, en grandepartie, à l’accès limité des Noirs à l’éducation pendantl’apartheid, les rend difficilement employables. Dansle décile inférieur des revenus, seulement 9 pour centdes individus en âge de travailler ont un emploi, contre68 pour cent dans le décile supérieur (Programme desNations unies pour le développement [Pnud], Banquede développement de l’Afrique australe [DBSA], HumanSciences Research Council of South Africa [HSRC],Development Report 2005, p. 6).

Lancé en 2004, le programme de grands travaux(EPWP) a pour vocation de fournir à une main-d’œuvrenon qualifiée un emploi dans le secteur public,notamment dans le cadre des projets d’infrastructures.Il vise à créer des emplois pour un million de personnes,grâce aux 15 milliards de rands alloués aux provinceset aux municipalités sélectionnées. Malheureusement,les fortes attentes de la population à l’égard de ceprogramme risquent d’être difficiles à satisfaire : laplupart de ces emplois seront temporaires et ne devraientpas concerner plus de 200 000 personnes à la fois(DBSA, Development Report 2005).

Plus de 95 pour cent des garçons et des filles âgésde 7 à 13 ans seraient scolarisés, mais dans desconditions loin d’être optimales dès lors qu’il s’agitd’établissements situés dans les zones pauvres. Certainesorganisations de la société civile dénoncent le faibleniveau des dépenses publiques dans les provincespauvres, qui se traduit par des équipements inadéquats.A l’heure actuelle, il manquerait quelque 57 000 sallesde classe (People’s Budget 2006-07, 2005, p. 28). Desurcroît, même si l’enseignement public est financé

par l’impôt, la plupart des écoles à court d’argentcontinueront de demander des frais de scolarité tantqu’il n’y aura pas d’interdiction claire de cette pratique(ibid., p. 30). Le ministère chargé d’examiner les coûtsd’enseignement a constaté que, dans la majorité desétablissements, ces frais représentaient jusqu’à 100rands par an – somme considérable pour les personnesqui vivent dans des conditions d’extrême pauvreté.

L’accès à l’eau et à l’électricité ne cesse de s’améliorerdepuis 2000, bien que certains retards subsistent. Laproportion de ménages disposant d’eau salubre a atteint85.5 pour cent en 2003 (contre 60 pour cent en 1995)et le taux d’accès à l’assainissement est passé de 49pour cent en 1994 à 63 pour cent en 2003. Nombreuxsont ceux, néanmoins, qui affirment que les 6 000litres d’eau actuellement alloués par ménage et parmois sont insuffisants. Le volume est en effet inférieurà celui recommandé par l’OMS (Organisation mondialede la santé), de 100 litres par personne et par jour. Laproportion de ménages vivant dans des logementsrelevant du programme de reconstruction et dedéveloppement a grimpé à 26 pour cent en septembre2003 mais, là aussi, les retards s’accumulent.

Tant l’État que ses détracteurs conviennent que laredistribution des terres est encore trop lente. A cejour, seulement 3 pour cent des terres ont étéredistribuées, ce qui est nettement insuffisant parrapport à l’objectif de 30 pour cent fixé pour 2014.Un consensus général s’est dégagé du sommet nationalsur le foncier (National Land Summit) organisé enjuillet 2005, à propos des ventes volontaires : elles nesuffisent pas. Il faudra donc envisager des expropriations.Pour des raisons évidentes cependant, les pouvoirspublics hésitent encore à s’engager dans cette direction.

Avec environ 5 millions de séropositifs, l’Afriquedu Sud détient un triste record mondial. D’après unrécent rapport du HSRC, le taux d’infection par leVIH pourrait toutefois être en train de se réduire avec,fin 2003, 21.5 pour cent des 15-49 ans séropositifs(Pnud, Rapport mondial sur le développement humain2005). Les mesures prises par l’État pour la préventionet le traitement du VIH/Sida s’améliorent, malgré lesdéclarations trompeuses répétées du ministre de la

Page 18: AFRIQUE DU SUD 03 - OECD · Le secteur secondaire, qui entre pour 23 pour cent dans le PIB, a enregistré une croissance de 4.9 pour cent sur les trois premiers trimestres 2005. Le

Perspectives économiques en Afrique © BAfD/OCDE 2006

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Santé. Le budget 2005 a accordé 6.6 milliards de randsau programme national intégré qui couvre la santé,l’éducation et les autres secteurs axés sur ledéveloppement social. Il est néanmoins préoccupantque 77 pour cent de l’enveloppe totale consacrée auVIH/Sida soient affectés aux provinces sous la formed’aides conditionnelles, à cause de la faiblesse de leurscapacités de mise en œuvre. Le ministère de la Santédevra donc renforcer ses mécanismes de suivi,d’évaluation et de soutien.

Là encore, la pénurie de travailleurs qualifiésconstitue le plus important frein à un traitement globaldu sida. D’ici 2009, l’Afrique du Sud aura besoind’environ 3 200 médecins, 2 400 infirmiers,765 travailleurs sociaux, 765 diététiciens, 112 pharma-ciens et 2 000 opérateurs de saisie supplémentaires pourdéployer intégralement les traitements ARV(antirétrovirus). L’émigration de personnels de santé versdes pays où les rémunérations sont plus attrayantescontribue à cette pénurie. C’est en partie à cause de ce

phénomène que, sur 53 000 personnes ciblées,seulement 28 786 ont pu bénéficier des thérapies ARVen 2004. Ces thérapies auraient toutefois concerné50 000 individus en 2005 (estimations du South AfricaMDG Report). Cependant, même avec l’élargissementde l’accès aux ARV, le taux de mortalité liée au sidadevrait continuer de progresser jusqu’en 2010 environ(enquête du HSRC sur le VIH/Sida).

Il existe des signes encourageants montrant que lapopulation est aujourd’hui davantage informée sur leVIH/Sida et la disponibilité de traitements ARV.Malheureusement, sa sensibilisation à l’importance dela prévention reste insuffisante et de nombreux Sud-Africains considèrent, à tort, qu’ils ne courent pas derisques de contamination : une enquête du HSRCmontre que la moitié des personnes diagnostiquéesséropositives étaient convaincues d’être à l’abri. Lescampagnes de sensibilisation doivent impérativementfaire la chasse à ces fausses idées.