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Population et santé en Algérie:
besoins en personnels et en infrastructures
sanitaires à l’horizon 2040*
Introduction
La population, par sa dynamique détermine
dans une large proportion la demande et l’offre en
matière de santé. En effet, Il est établi que l’état de
santé d’une population, mesuré généralement par les
indicateurs de la mortalité, est déterminé par le niveau
et la qualité de l’offre en matière de santé.
La figure 1, qui retrace la corrélation entre
l’offre de santé ( mesurée par le nombre de médecins
pour 100000 habitants) et quelques indicateurs de la
mortalité relatifs à quelques 150 pays, montre bien que
plus l’offre est importante, plus le gain en matière de
santé est important.
Figure 1: Relations entre le nombre de médecins pour
100000 habitants et quelques indicateurs de la mortalité
dans 150 pays.
R2 = 0,77
0
20
40
60
80
100
120
140
0 200 400 600
Médecins/100000 habitants
TM
I %
o
TMI : Taux de mortalité infantile
R2 = 0,81
0
100
200
300
400
500
600
700
800
0 200 400 600Médecins/100000 habitants
TM
M %
ooo
TMM : Taux de mortalité maternelle
HAMZA CHERIF Ali
MOKHTARI Abdelaziz
Université d’Oran
R2 = 0,76
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
0 200 400 600Médecins/100000 habitants
eo
eo : espérance de vie à la naissance
Source : Hamza Cherif. A., 2006, p. 249.
1. Evolution du secteur sanitaire en
Algérie
1.1. Personnel médical
L’Algérie, qui détient actuellement une place
satisfaisante parmi l’ensemble des pays du monde en
ce qui concerne les indicateurs sus-cités, avait connu
par le passé une situation bien moins favorable.
En effet au lendemain de l’indépendance, le
pays a hérité d’une situation sanitaire des plus
catastrophiques. Le départ massif des médecins
d’origine européenne n’a laissé que 387 diplômés en
médecine (toutes spécialités confondues) dont 285
médecins, 70 pharmaciens et 15 chirurgiens dentistes.
Cet effectif très faible devait couvrir les besoins d’une
population s’élevant à quelque 10 millions d’habitants
répartis sur quelque 2.8 millions km2.. Les densités
médicales1 étaient alors caractérisées par des disparités
régionales importantes.
Les chiffres présentés au tableau 1 nous
permettent de constater le degré de la gravité de la
situation sanitaire de la population algérienne au
lendemain de son indépendance.
Tableau 1: Nombre d’habitants par praticien de santé
et nombre de praticiens par 100.000 Km2 en Algérie
(1962)
Nombre d'habitants par: Nombre de médecins par
100.000Km2:
Médecin Pharmacien Chir/dentiste Médecin Pharmacien Chir/dentiste
7819 49020 66225 46 7 5
Source : Mokhtari, A., 2001.
L’offre en matière de soins était extrêmement
faible en 1962 et cela même en tenant compte des
médecins d’origine étrangère: à peine 1 médecin pour
7819 habitants, 1 pharmacien pour 49 milles habitants
et 1 chirurgien dentiste pour 66 milles habitants. Pire
encore, la répartition des praticiens de santé sur le vaste
territoire de l’Algérie fait ressortir des densités à peine
1 Nous faisons référence au rapport de l’effectif de la
population et le nombre de praticien de santé (par
catégorie) pour une année donnée.
2
croyables : pour 100 milles km² nous avions 46
médecins, 7 pharmaciens et 5 chirurgiens dentistes.
Face à cette situation le recours à la
collaboration étrangère est devenu nécessaire. En 1963
le nombre de médecins étrangers (toutes spécialités
confondues) était évalué à 1674 médecins soit prés de
80 % de l’ensemble des praticiens de l’époque. Malgré
cet apport l’écart entre l’offre et la demande était
disproportionnée.
En 1970, le nombre de médecins algériens est
passé à 611, celui des pharmaciens à 236 et, enfin,
celui des chirurgiens dentistes à 171. On a ainsi réalisé
des taux d’accroissements annuels moyens de 7.5 %,
18 % et 25 % pour ces professions, respectivement.
Cette performance est, certes, encourageante
si on la compare à l’accroissement de la population. En
effet pour une base de 100 pour 1963 la population
algérienne est passée à 130 en 1970, tandis que le corps
médical est passé à 137, 147, 168 pour les médecins,
les pharmaciens et les chirurgiens dentistes,
respectivement. Cette évolution a permis d’améliorer
les densités médicales puisqu’elles ont baissé de 7 %,
16 % et 17 % pour les mêmes professions. Cependant
en raison du retard énorme en matière d’offre de soins
accumulé pendant la période coloniale, l’offre des soins
demeurait toujours en deçà de la demande de la
population. Ce déséquilibre a contraint le pays à un
recours important aux médecins étrangers sans arriver
pour autant à satisfaire la population en matière de
couverture médicale.
Selon Mokhtari « le système de formation
adopté durant les années 1960 s’est avéré trop
classique. Par conséquent le nombre de praticiens
formés au fil des années ne pouvait suffire aux énormes
besoins » (Mokhtari, A., 2000, p. 5).
En effet durant les premières années de
l’indépendance (1963-1973) la moyenne annuelle de la
formation des médecins atteignait à peine 81 médecins,
26 pharmaciens et 24 chirurgiens dentistes. Avec de
telles performances, il était hors de question d’arriver à
une autosuffisance médicale, même à long terme.
Les autorités de l’époque ont alors entrepris le
lancement de la réforme des sciences médicales qui
consistait à réduire le nombre d’années d’études à 6 ans
au lieu de 7 pour la médecine et 4 ans au lieu de 5 pour
la pharmacie et la chirurgie dentaire.
L’objectif était de former 1000 médecins par
an et de ramener le ratio du nombre d’habitants par
médecin à 1200. Pour la réalisation de cet objectif les
pouvoirs publics ont déployé les grands moyens
comme, par exemple, l’ouverture de plusieurs centres
de formation médicale durant les années 1970 (Oran,
Constantine, Tlemcen, Sidi Bel Abbés, Blida, Tizi
Ouzou, Sétif, Batna et Annaba). Suite à cette réforme le
nombre de médecins formés au fil des années a connu
une augmentation exceptionnelle : il passe de 1171
médecins, toutes spécialités confondues, en 1971, à
3844 en 1976, soit une augmentation annuelle
moyenne de 445 médecins.
Figure 2 : Evolution de la population et du corps
médical (1970=100).
100
420
740
1060
1380
1700
2020
2340
2660
2980
3300
3620
19
70
19
71
19
72
19
73
19
74
19
75
19
76
19
77
19
78
19
79
19
80
19
81
19
82
19
83
19
84
19
85
19
86
19
87
19
88
19
89
19
90
19
91
19
92
19
93
19
94
19
95
19
96
19
97
19
98
19
99
20
00
20
01
Population Médecins
Pharmaciens Chirdent
Source : Données calculées à partir des annuaires
statistiques du Ministère de la Santé.
Dans cette évolution les densités médicales
ont connu une amélioration notable. En l’espace de 6
ans, de 1971 à 1976, le nombre d’habitants par
médecin est passé de 7174 à 4160. Pour les
pharmaciens et les chirurgiens dentistes les ratios ont
chuté du double au simple passant ainsi de 40009 à
20025 et de 49354 à 21694, respectivement.
Ainsi le nombre de médecins formés
augmenta d’une année à l’autre à des rythmes
largement supérieurs à ceux de la population. Déjà
pour la période 1970-1976 et pour une base de 100
pour 1970, la population est passée à 123 tandis que le
corps médical (toutes spécialités et toutes nationalités
confondues) est passé de 100 à 250. La formation s’est,
par la suite, accélérée davantage. En 2003 le nombre de
praticiens généralistes (médecins, pharmaciens et
chirurgiens dentistes) a atteint 50694 dont 72 % de
médecins, 10 % de pharmaciens et 18 % de
chirurgiens dentistes. Les densités médicales ont donc
atteint un niveau très honorable.
Figure 3 : Densités médicales 1970-2003.
0
5000
10000
15000
20000
25000
30000
35000
40000
45000
50000
55000
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2003
Densités
md/hab Phar/hab chird/hab
Source : Données calculées à partir des annuaires
statistiques du Ministère de la Santé.
3
On est donc passé, en l’espace de 30 ans,
d’une situation extrêmement précaire en matière de
couverture sanitaire où plus de 5600 habitants se
faisaient soigner par un praticien généraliste (toutes
spécialités confondues) à une situation où celui-ci
soigne 640 habitants. La baisse la plus prononcée
concerne la médecine : la densité est passé à 866 en
2003 suivie de la chirurgie dentaire avec une baisse de
94% par rapport à 1970, la densité des pharmaciens est
passée, quant à elle de 43650 habitants par
pharmacien en 1970 à 5895 en 2003.
Soulignons que dans cette évolution on a
assuré l’algérianisation à 100 % du corps médical.
Cette tâche apparaissait comme quasi-impossible au
lendemain de l’indépendance. Le corps médical
algérien, qui représentait à peine 30 % en 1962 a atteint
100 % dés 1994.
Figure 4: Algérianisation (%) du corps médical (1962-
1994).
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
1962
1963
1964
1965
1966
1967
1968
1969
1970
1971
1972
1973
1974
1975
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
Années
%
Medecins Pharmaciens Chir/dents
Source : Hamza Cherif, A., 2006, p. 255.
Il faut cependant rappeler que ces évolutions
ne concernent que les praticiens généralistes, car en
matière de couverture sanitaire par les praticiens
spécialistes, les besoins sont très loin d’êtres
satisfaits. « En effet l’absence de proportionnalité
généralistes/spécialistes dans le domaine de la
formation liée, dans la première décennie de
l’indépendance à l’existence d’un système élitiste
(concours d’internat) n’a permis de former que 80
spécialistes entre 1963 et 1971. L’introduction du
diplôme d’études médicales (DEMS) en 1971 a permis
de former 3287 spécialistes durant la période 1975-
1986 » ( Khiati, 1988).
Malgré ces efforts le nombre de spécialistes,
toutes spécialités confondues, n’atteint que 4242 en
1988. Le Ministère de la Santé, ayant estimé que les
besoins étaient de 10000 spécialistes en 1988, proposa
un projet de former 1200 spécialistes par an.
Tableau 2: Evolution du nombre de médecins
spécialistes, du ratio spécialistes/généraliste, et du
nombre d’habitants par spécialiste (1982-2001).
Spécialistes Spécialistes Population Spécialistes
Nombre
d'habitants
pour 100
médecins 1982=100 1982=100
pour un
Spécialiste
1982 1460 14 100 100 13403
1983 1600 14 103 110 12623
1984 1759 14 107 120 11851
1989 5762 20 123 395 4184
1990 6354 20 126 435 3889
1991 6471 19 129 443 3915
1992 6846 19 133 469 3791
1993 10571 21 136 650 2444
1994 10254 21 139 641 2500
1997 12103 22 147 897 2200
1999 13812 32 152 946 2152
2000 14798 33 154 1014 2039
2001 15727 33 156 1077 1946
Source : Annuaires statistiques de l’Algérie (Diverses
années).
Le nombre de médecins spécialistes (toutes
spécialités confondues) a, depuis l’introduction de la
réforme de 1988, atteint des niveaux appréciables: il
passe de 1460 en 1982 à 15727 en 2001, soit un
accroissement annuel moyen de 750 médecins
spécialistes. En conséquence le nombre de spécialistes
pour 100 généralistes est passé de 14 % en 1982 à 33
% en 2001. Les densités des spécialistes ont à leur tour
affiché une amélioration notable : le nombre
d’habitants soignés par un spécialiste est passé de
13403 en 1982 à 1946 en 2001.
Toutefois, dans un pays aussi vaste que
l’Algérie, l’évaluation d’une quelconque situation,
notamment celle relative aux besoins sociaux, ne peut
être appréciée en se limitant aux seules moyennes
nationales. L’exploration des statistiques relatives aux
48 wilayas du pays montre des degrés de disparités très
prononcées (Figure 6).
Comme on peut le constater, les densités
médicales vont du simple au quadruple, voir plus, pour
certaines wilayas du pays qui observent encore des
densités extrêmement basses.
La figure 6 montre que les villes où sont
implantées des facultés de médecine exercent une très
forte attraction pour les médecins. Des wilayas telles
que Alger, Oran, Tlemcen, Constantine et Annaba
observent des densités semblables à celles enregistrées
dans des pays développés. Les densités maximales
sont celle de la wilaya d’Alger qui enregistre une
densité de 311 habitants par médecin, largement en
dessous de la densité recommandée par l’OMS, soit
500 habitants par médecin.
4
Figure 6 : Nombre d’habitants par médecins,
pharmaciens et chirurgiens dentistes par wilaya en
2003.
Habitants par médecin
0
500
1000
1500
2000
2500
3000
Dje
lfa
Chle
fE
l oued
Reliz
ane
Tia
ret
Tis
sem
silt
M's
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efla
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Blid
a
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iC
onsta
Annaba
Ora
n
Alg
er
wilayas
De
nsité
s
Habitants par chirurgien dentiste
0
2000
4000
6000
8000
10000
12000
14000
Dje
lfa
Adra
rT
am
anra
El oued
M's
ilaT
issem
silt
Tebessa
Chle
fR
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aza
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Ora
n
Tiz
i ouzou
Blid
a
Illiz
iA
lger
wilayas
De
nsité
s
Source : Hamza Cherif, A., 2006, p. 256.
Tableau 5: Wilayas ayant des densités
inférieures à la moyenne nationale
Médecin Chirurgien dentiste Pharmacien
Nationale 931 Nationale 3732 Nationale 6283
Tipaza 914 Sidi Bel Abbes 3509 Guelma 6175
Tizi Ouzou 883 Skikda 3381 Mila 5755
Tlemcen 738 El taref 3083 Ain
Temoochent 5655
Blida 625 Tlemcen 2919 Oum el Bouagi 5623
Sidi Bel Abbes 598 Ain
Temouchent 2876 Sidi Bel Abbes 5263
Illizi 539 Annaba 2770 Blida 5246
Constantine 463 Tipaza 2562 Jijel 5193
Annaba 458 Constantine 2436 Skikda 4805
Oran 436 Oran 2362 Tlemcen 4162
Alger 311 Tizi ouzou 2317 Constantine 3768
Blida 2143 Oran 3701
Illizi 1779 Annaba 2970
Alger 1618 Alger 2782
Source : Hamza Cherif, A., 2006, p. 257.
Cependant la réalité pour d’autres wilayas est
loin d’être aussi satisfaisante. Au contraire, certaines
régions connaissent encore une précarité extrême en
matière de couverture sanitaire. A ce sujet l’exemple de
Djelfa est édifiant. On relève 2732 habitants par
médecin et plus de 11 milles habitants par chirurgien
dentiste, c’est à dire 9 fois la densité des mêmes
praticiens relevée pour la wilaya d’Alger. La densité
des pharmaciens n’est pas bien meilleure pour cette
wilaya, même si elle ne détient pas la dernière place.
En effet c’est la wilaya de Tissemsilt qui semble être
en dernière position avec 27 milles habitants pour un
pharmacien, soit 5 fois la densité nationale et 10 fois la
densité maximale.
Ce triste constat est, hélas, partagé par
plusieurs autres régions qui généralement se localisent
dans les hauts plateaux et dans le sud.
Il en va de même pour les spécialistes où l’on
enregistre, une fois encore, des disparités frappantes.
Plus de 40 % des médecins spécialistes exercent dans
les trois principales villes du pays (Alger, Oran et
Constantine), soit 6450 spécialistes pour un total de
15778. Le classement par ordre décroissant des
densités des spécialistes fait ressortir les mêmes profils
observés pour les généralistes.
5
Figure 7 : Nombre d’habitants par spécialiste par
wilaya (2000)
0
1000
2000
3000
4000
5000
6000
Dje
lfa
Chle
fE
l oued
Reliz
ane
Tia
ret
Tis
sem
silt
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iC
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Annaba
Ora
n
Alg
er
wilayas
Ha
bita
nts
pa
r sp
écia
liste
Source : Mokhtari, A., 2001.
La dispersion des densités des médecins
spécialistes autour de la moyenne nationale (1946
habitants pour un médecin spécialiste) est très
importante traduisant, une fois encore, une mauvaise
répartition spatiale de ce corps médical.
Si à Alger un médecin spécialiste soigne 650
habitants, dans d’autres régions du pays les densités
traduisent une pression intolérable. 38 wilayas du pays
ont des densités plus importantes que la moyenne
nationale. Mais c’est surtout dans les wilayas de
Djelfa, de Chlef, d’El Oued et de Relizane qu‘on
retrouve les plus faibles densités. A titre d’exemple,
pour les wilayas de Djelfa et de Chlef les densités sont
de l’ordre de 5710 et 5400 habitants par spécialiste,
respectivement.
Au terme de ce tour d’horizon sur l’évolution du
personnel médicale on retiendra les deux points
essentiels suivants :
i) Au niveau national, on peut dire que l’Algérie a
réussi à couvrir tous ses besoins en matière de
praticiens médicaux. Le nombre de ces derniers est
passé de 285 en 1963 à 50 milles en 2003. En
revanche pour les médecins spécialistes il faut
accélérer les efforts car les densités demeurent toujours
en deçà des besoins de la population.
ii) Le grand défi dans l’avenir est de réaliser une
meilleure répartition géographique du personnel
médical.
1.2. Le personnel paramédical
L’évolution temporelle de ce corps (Figure 8)
montre une fois encore les efforts colossaux réalisés en
matière de formation médicale. Il faut en effet rappeler
qu’au lendemain de l’indépendance, l’Algérie ne
comptait qu’une quarantaine d’infirmiers diplômés
d’état sur un total de 250 paramédicaux.
La dis proportionnalité du nombre de
paramédicaux par rapport à la population était alors
frappante : en 1962, en comptait 40 milles habitants
pour un paramédical.
Figure 8 : Evolution du nombre de paramédicaux en
Algérie de 1962-2001.
0
10000
20000
30000
40000
50000
60000
70000
80000
90000
100000
19
62
19
78
19
79
19
84
19
86
19
88
19
89
19
90
19
91
19
92
19
93
19
94
19
95
19
96
19
97
19
98
19
99
20
00
20
01
Années
Eff
ectifs
Source : Mokhtari, A., 2001.
Face à cette situation l’Etat a, dès novembre
1962, ouvert 7 établissements de formation de
paramédicaux « le système de formation, en essayant
de parer au plus pressé, a institué une formation
sommaire, au départ, basée sur des acquisitions
pratiques » (Khiati,, 1990, p. 228). Le nombre de
paramédicaux est passé de 250 en 1962 à 19676 en
1978. La densité est alors passée de 40000
habitants/agent paramédical en 1962 à 881 en 1978. A
cette date la formation des paramédicaux ne répondait
toujours pas à la demande d’une population qui,
rappelons-le, augmentait à des rythmes très rapides.
Une deuxième réforme a donc été mise en
place en 1980. Son but principal était de former
suffisamment de paramédicaux tout en améliorant la
qualité de la formation. En effet, jusqu'à 1984, la part
des techniciens supérieurs de santé était très
faible (grade ouvert à ceux détenant un Bac plus trois
années d’études).
La part des techniciens supérieurs de santé
représentait à peine 7 % de l’ensemble des
paramédicaux exerçant en 1984. Par ailleurs, les
techniciens et les aides soignants représentaient 32 %
et 61 % respectivement.
Figure 9: Répartition proportionnelle (%) des
paramédicaux (1984-2001)
0%
20%
40%
60%
80%
100%
1984
1986
1988
1997
1998
1999
2000
2001
Années
Pro
po
rtio
ns
Technicien supérieur de santé Technicien de santé
Aide soignant
Source : Mokhtari, A., 2001.
6
Il fallait donc, non seulement former
suffisamment de paramédicaux mais aussi améliorer
leur qualité de formation par rapport à leurs aînés.
De 1984 à 2001, le nombre de paramédicaux a
augmenté d’une manière impressionnante passant de
25040 à 85853. La densité par habitant a baissé en
conséquence : en 2001 elle atteint un paramédical
pour 356 habitants.
Il faut, en outre, rappeler que cette évolution
quantitative des paramédicaux s’est accompagnée
d’une amélioration substantielle de leur qualité de
formation. En effet la part des techniciens supérieurs
de santé est passée de 7 % en 1984 à 57 % en 2001.
Durant la même période la part des aides soignants est
passée de 61 à 12 %.
Quant à la répartition spatiale des
paramédicaux, nous relevons que celle-ci a presque le
même profil que celui constaté pour le corps médical
(Figure 11). La wilaya de Djelfa détient toujours la
densité la plus forte avec 650 habitants pour un
paramédical. Cependant, contrairement aux densités
des médecins, les densités des paramédicaux se
concentrent fortement autour de la moyenne nationale.
Figure 11: Densités des paramédicaux par wilaya en
2001.
Source : Hamza cherif, A., 2006, p. 261.
1.3. Infrastructure sanitaire
L´insatisfaction du citoyen au regard des
infrastructures sanitaires est vécue au quotidien. En
effet, contrairement à l’évolution concernant les
praticiens qui, comme on l’a vu, a observé une
augmentation substantielle depuis l’indépendance, on
ne peut, hélas, pas dire la même chose en ce qui
concerne les infrastructures et les équipements de
santé.
Figure 12: Evolution de la population et de quelques
infrastructures de santé (1974=100).
100
150
200
250
300
350
400
450
500
1974
1977
1980
1983
1986
1989
1992
1995
1998
2001
Années
Indic
es
Hopitaux
Centres
de santépolyclini
quesSlles de
soinsNombre
de litsPopulatio
n
Source : Hamza cherif, A., 2006, p. 261.
En 1974 les densités étaient extrêmement faibles: plus
de 104 milles habitants pour un hôpital, 27 milles pour
un centre de santé, et 141000 pour 1 polyclinique,
11000 pour une salle de soins et 344 habitants pour un
lit (Tableau 4).
Tableau 4 : Couverture sanitaire en 1974.
Infrastructures Nombre d'habitants
Hôpitaux 104280 Centres de
santé 26724
Polycliniques 140679
Salles de soins 10636
Nombre de lits 344
Source : Annuaires Statistiques de l’Algérie (ONS)
Cette situation exigeait des performances de
réalisation exceptionnelles pour d’une part améliorer
l’offre de soins pour la population et d’autre part
combler les déficits anciens.
Qu’en fut-il des progrès qui ont été réalisés à
ce jour ? Seules les structures légères ont pu atteindre,
et même dépasser, le rythme de l’accroissement de la
population. L’augmentation du nombre des
polycliniques a été remarquable : leur nombre est passé
de 106 en 1974 à 504 en 2001, soit une réalisation
moyenne annuelle de 14 polycliniques. Le nombre des
salles de soins a, lui aussi, augmenté d’une manière
fulgurante. Il s’est accru à une moyenne de 96
nouvelles salles par an, passant ainsi de 1400 en 1974 à
4100 en 2001.
Malheureusement ces performances
encourageantes n’ont été réalisées qu’au niveau des
structures légères. Pour les hôpitaux, qui sont
considérés comme des structures lourdes nécessitant
des investissements importants, leur évolution n’a pas
suivi le rythme que la population.
En effet en 28 ans, entre 1974 et 2001, il n’y
a eu que 94 nouveaux hôpitaux. En plus il faut noter
7
que les hôpitaux existants présentent un état de
salubrité très avancé. La plupart de ceux-ci ont été
construits avant l’indépendance. La même situation est
relevée en ce qui concerne les centres de santé dont
l’augmentation n’a pas suivi le rythme de la
population. Pour un indice de 100 en 1974 l’évolution
des centres de santé est passée à 227 en 2001, soit à
peu près le même indice enregistré par la population.
Une bonne mesure des progrès réalisés en
matière d’offre de soins n’a de sens que si l’on rapporte
l’effectif de la population au nombre d’infrastructures
existantes.
Figure 13: Couverture sanitaire par habitants (1974-
2001).
Hopitaux
80000
100000
120000
140000
1974
1977
1980
1983
1986
1989
1992
1995
1998
2001
Années
No
mb
re d
'ha
bita
nts
pa
r h
ôp
ita
l
Centres de santé
1500017000190002100023000250002700029000
1974
1977
1980
1983
1986
1989
1992
1995
1998
2001
Années
No
mb
re d
'ha
bita
nts
pa
r ce
ntr
e d
e s
an
té
Lits
300
380
460
540
620
700
1974
1977
1980
1983
1986
1989
1992
1995
1998
2001
Années
Nom
bre
d'h
abitants
par
lit
Polycliniques
40000
60000
80000
100000
120000
140000
1974
1977
1980
1983
1986
1989
1992
1995
1998
2001
Années
Nom
bre
d'h
abitants
poly
cliniq
ue
Salles de soins
4000
6000
8000
10000
12000
14000
1974
1977
1980
1983
1986
1989
1992
1995
1998
2001
Années
Nom
bre
d'h
abitants
salle d
e s
oin
s
Source : Hamza cherif , A., 2006, p. 263.
Le tableau le plus sombre concerne les lits
d’hospitalisation. En effet, de 1974 à 2001 la situation
s’est détériorée d’une manière claire conduisant ainsi à
une pression encore plus importante. En 1974 on
comptait un lit pour 344 habitants alors qu’en 2001 on
enregistre 580 habitants pour un lit. Tant pour les
hôpitaux que pour les centres de santés, on relève deux
étapes distinctes. La première va de 1974 à 1990 où
l’on constate un effort notable: le nombre d’habitants
par hôpital est passé de 104 milles à 87 milles, soit une
baisse de 17 %. En enregistre, presque la même
tendance pour les centres de santé le nombre
d’habitants par centre de santé étant passé de 27 milles
à 19 milles habitants entre 1974 et 2001.
Malheureusement cette amélioration n’a pas persisté.
Bien au contraire, de 1990 à nos jours, la situation s’est
détériorée de manière préoccupante. Le nombre
d’habitants par hôpital a même dépassé les niveaux
des années 1970. De 1990 le nombre d’habitants par
hôpital a augmenté de plus de 50 % ; il est passé à près
de 14 milles. Concernant les centres de santé on
observe la même tendance : le nombre d’habitants par
centre de santé est passé, pour la même période, de 19
milles à 24 milles.
Ce constat ne peut être imputé au seul
accroissement de la population : le rétrécissement de
l’enveloppe budgétaire allouée au secteur de la santé en
Algérie en est la cause essentielle.
En ce qui concerne les polycliniques et les
salles de soins l’évolution a été plus favorable. En
terme de densité on est passé de 140 milles à 60 milles
et de 11 à 7 milles pour les polycliniques et les salles
de soins, respectivement.
2. Evaluation des besoins2 : introduction et
méthodologie
Pour évaluer les besoins en matière de santé
(personnels et infrastructures) on utilise, souvent, la
technique qui consiste à multiplier les densités
médicales (nombre d’habitants par médecin ou par
infrastructure), extrapolées ou maintenues stables, par
2 Nous ne pouvons malheureusement pas présentés les
tableaux statistiques des résultats de calculs en raison
de leur volume très important. Seules les figures seront
présentées.
8
la population projetée. Cependant il faut savoir que les
besoins en matière de santé ne sont pas déterminés par
le seul volume de la population. La composition par
âge y contribue également. Les besoins d’une
population vieille sont beaucoup plus importants que
les besoins générés par une population jeune. Il est en
effet connu que les populations qui connaissent un
accroissement important des personnes âgées ont des
besoins en santé plus importants que les populations
jeunes.
Autrement dit la technique des densités qui ne
fait intervenir que l’effectif total de la population ne
fournit de bons résultats que si la structure par âge ne
varie pas ou varie très peu dans le temps.
Dans une récente étude (Salhi, 2002) il a été
prouvé qu’il serait plus juste d’évaluer les besoins en
matière de santé en considérant les densités par âges
lorsque celles-ci peuvent être calculées. « La densité
par âge est le rapport des médecins utilisés par cet âge
durant cette année et de l’effectif de ce même âge »
(Salhi, 2002). On peut étendre cette définition pour
l’utilisation des infrastructures médicales, les lits
d’hospitalisation par exemple.
Ce procédé est donc recommandable dans les
pays ayant observés une phase importante du
vieillissement de leur population. Dans l’étude du cas
Belge, Salhi a montré que la marge d’erreur entre une
évaluation considérant les densités de la population
totale et celle considérant les densités par âge peut
atteindre 8 % des besoins en médecins à l’horizon
2020.
Cependant pour mettre en œuvre une telle
approche il faut impérativement disposer du nombre
de médecins « utilisés » par les différents groupes
d’âges de la population. Malheureusement dans des
pays comme l’Algérie on ne dispose d’aucun
renseignement concernant la consommation de la santé
par âge. Nous ne pouvons donc que nous rabattre sur
la première technique, celle considérant les densités
totales. Cette démarche est d’autant plus justifiée que le
vieillissement de la population algérienne est encore
loin du niveau nécessitant une approche des densités
par âge.
Enfin notons que les besoins qui résulteront de
cette démarche ne constituent qu’une part des besoins,
celle liée à l’accroissement de la population et à la
baisse des densités médicales. Un autre besoin devrait
être aussi pris en compte : il concerne le
renouvellement du corps médical et paramédical du fait
des décès et des départs à la retraite. Cependant pour
prendre en considération ces deux variables dans la
quantification des besoins futurs, il faut
impérativement disposer de la composition par âge
relative au corps médical et paramédical. Ce qui n’est,
hélas, pas le cas dans le contexte algérien.
2.1. Evolution hypothétique des densités
médicales
2.1.1. Médecins, Pharmaciens et chirurgiens
dentistes
Dans ce qui précède nous avons vu que les
efforts ont été gigantesques en matière de formation
des praticiens de la santé. Ces efforts ont eu pour
conséquence de faire baisser remarquablement les
densités médicales à des niveaux très satisfaisants.
En revanche nous avons pu voir que la
répartition spatiale du corps médical souffre d’une
grande dispersion autour des moyennes nationales.
L’écart, par exemple, entre les densités minimales et
maximales va de 1 à 6. Cependant il faut observer que
même dans les pays développés qui ont atteint des
niveaux très avancés de couverture sanitaire, les
disparités en matière de couverture sanitaire subsistent
en raison du fait que les grandes villes, disposant
généralement d’infrastructures hospitalo-universitaires,
exercent une forte attraction pour les praticiens de
santé. Ces disparités seront donc maintenues dans
l’avenir mais selon deux hypothèses.
La première (Hs) consiste à simuler un
maintien constant des densités médicales par wilaya,
toutes catégories confondues, pour toute la période de
projection considérée. Les besoins en santé pour le
corps médical (médecins, pharmaciens, chirurgiens
dentistes et spécialistes) seront donc estimés en
multipliant les densités de 2003 par les populations
projetées par wilaya (H1 et H2)3. Cette hypothèse est
en réalité peu vraisemblable en raison des besoins
encore insatisfaits dans beaucoup de régions du pays
mais aussi en raison du profit qui sera tiré de la baisse
de la fécondité dans les prochaines années conjugué
avec le flux très important des médecins formés chaque
année. C’est pourquoi nous avons envisagé une
deuxième hypothèse (Ha) où l’on a convenu de
prolonger la baisse des densités médicales. Pour ce
faire nous nous sommes laissé guider par les
expériences des pays en avance sur le nôtre. Nous
avons fixé comme objectif d’atteindre en 2038, 400
habitants par médecin généraliste. N’ayant aucune base
pour avancer des hypothèses concernant les densités
des pharmaciens et chirurgiens dentistes, nous les
avons estimées grâce à une régression linéaire simple
entre les densités des médecins généralistes et ceux des
pharmaciens et des chirurgiens dentistes. Ainsi nous
avons abouti à une densité moyenne de 2723 habitants
par pharmacien et 1604 habitants par chirurgien
dentiste à l’horizon 2038.
Concernant les densités par wilaya, nous
avons convenu de les estimer en gardant les mêmes
différences proportionnelles par rapport à la moyenne
nationale.
3 HAMZA CHERIF A. , 2006. Les perspectives par âge
et par wilaya ont été menées selon deux hypothèses de
fécondité. Dans l’hypothèse H1 nous avons prolongé la
tendance à la baisse de l’indice synthétique de
fécondité. Dans la deuxième hypothèse H2, nous avons
maintenu l’indice synthétique de fécondité invariable
durant toute la période de projection. Ces deux
hypothèses de fécondité ont été combinées avec
l’évolution probable de la mortalité.
9
Figure 14 : Moyenne nationale des densités médicales
entre 2003 et 2038.
0
500
1000
1500
2000
2500
3000
3500
4000
4500
5000
5500
6000
6500
7000
2000
2003
2008
2013
2018
2023
2028
2033
2038
Densités m
édic
ale
s
Hab/Médecin Hab/Pharmacien Hab/Chir-dent
Il faut noter que malgré les efforts qui seront
déployés pour atteindre ces objectifs nous serons
encore loin des niveaux atteints par les pays
développés. A titre d’exemple le nombre d’habitants
par médecin en Belgique pour l’année 2002 est de 255.
2.1.2. Les médecins spécialistes
Pour l’estimation du nombre de médecins
spécialistes durant la période de projection considérée,
nous avons prolongé l’amélioration constatée au niveau
du nombre de médecins spécialistes pour 100
généralistes. Celui-ci passera de 35 % en 2003 à 50 %
en 2038. Ainsi nous aurons, en 2038, la même
proportionnalité spécialiste/généraliste que celle
observée en France en 1998 (D.R.E.E.S, 1999).
Nous aurons donc deux trajectoires du nombre
de médecins spécialistes à prévoir d’ici à 2038,
résultant toutes les deux des hypothèses que nous
avons avancées concernant les médecins généralistes.
La première résulte de l’hypothèse Hs, la deuxième de
l’hypothèse Ha.
2.1.3. Les paramédicaux et les
infrastructures
Pour la catégorie de paramédicaux, nous
avons envisagé de maintenir constantes les densités par
wilaya observées en 2001, durant toute la période de
projection. Rappelons que la moyenne nationale est de
l’ordre de 356 habitants par paramédical. Ce qui
représente une densité assez satisfaisante. Par ailleurs,
contrairement au corps médical, la dispersion autour de
la moyenne nationale n’est pas très importante. Les
besoins seront donc évalués en multipliant les densités
par wilaya par les populations projetées, par wilaya,
selon les deux hypothèses de projection H1 et H2.
Cette même hypothèse, c’est-à-dire le maintien
constant des densités, sera envisagée aussi pour
l’évaluation des besoins en infrastructures médicales.
3. Besoins en personnel de santé en Algérie
(2003-2038)
3.1. Médecins, Pharmaciens, chirurgiens
dentistes et spécialistes
Nous allons en premier lieu voir comment se
comporteront les besoins au cours de la période de
projection si les densités médicales, observées en 2003,
se maintiennent invariables jusqu’en 2038. Rappelons
qu’en 2003 nous avons enregistré une moyenne
nationale de 866 habitants par médecin, 3472 habitants
par chirurgien dentiste et 5895 habitants par
pharmaciens. La baisse de la fécondité enregistrée ces
dernières décennies a engendré des taux
d’accroissement de la population de plus en plus faible.
Le prolongement de cette baisse dans les années
futures ou/et même le maintien du niveau de la
fécondité (2.49 enfants par femme) stable de 2003 à
2038 engendrera un besoin très modeste en ce qui
concerne le corps médical.
Figure 15 : Nombre requis de praticiens généralistes
(médecins, pharmaciens et chirurgiens dentistes) en
Algérie entre 2003 et 2038.
0
20000
40000
60000
80000
100000
120000
140000
160000
180000
2003
2008
2013
2018
2023
2028
2033
2038
Efféctifs
Ha H1
Hs H1
Ha H2
Hs H2
Ainsi, le maintien des densités médicales
durant toute la période de projection telles qu’elles
étaient en 2003 devrait faire passer le nombre de tous
les praticiens généralistes de 50.7 milles en 2003 à un
maximum de 73.5 ou un minimum de 70.3 milles
médecins généralistes en 2038, soit un accroissement
annuel moyen allant de 652 à 562. Par conséquent les
besoins générés par le seul accroissement de la
population, pour les trois catégories des praticiens
généralistes, ne seront pas énormes. Pour la catégorie
des médecins, par exemple, le besoin engendré par
l’accroissement de la population durant la période
2003-2038 pour maintenir un niveau de couverture
sanitaire de l’ordre de 866 habitants par médecin
nécessitera un besoin total allant de 13.7 à 16 milles
médecins généralistes pour toute la période de
projection considérée.
Figure 16 : Besoins en médecins généralistes
(2003-2038)
10
0
20004000
60008000
10000
1200014000
1600018000
20000
2003-2
008
2
008-2
013
2013-2
018
2018-2
023
2
023-2
028
2
028-2
033
2033-2
038
Eff
ectifs
Ha H1
Hs H1
Ha H2
Hs H2
La moyenne annuelle concernant ce besoin
observera une baisse continue sous l’effet de la baisse
de la fécondité. Ainsi on passera d’un besoin annuel
moyen de 533 médecins généralistes pour la période
2003-2008 à 364 pour la période 2033-2038 dans le cas
d’un maintien de la fécondité à un niveau constant
entre 2003 et 2038. Dans le cas contraire, c’est-à-dire si
la fécondité accuse une baisse substantielle (hypothèse
H2), la moyenne annuelle du besoin en médecins
généralistes serait de 472 entre 2013 et 2018 et 231
entre 2033 et 2038.
Figure 17 : Besoins en chirurgiens dentistes.
0500
100015002000250030003500400045005000
2003-2
008
2
008-2
013
2013-2
018
2018-2
023
2
023-2
028
2
028-2
033
2033-2
038
Effectifs
Ha H1
Hs H1
Ha H2
Hs H2
Concernant les chirurgiens dentistes, la moyenne
annuelle des besoins entre 2003 et 2038 serait comprise
entre 105 et 123. Ce qui donne un besoin total allant de
3.7 à 4.2 milles chirurgiens dentistes pour maintenir
une moyenne de 3472 habitants par chirurgien dentiste.
Enfin en ce qui concerne les pharmaciens, le maintien
des densités invariables durant toute la période de
projection (5895 habitants par pharmacien) fera passer
les besoins de 5.3 milles en 2003 à un maximum de 8
ou un minimum de 7.3 milles. Ce qui générera un
besoin total compris entre 2.3 et 2.6 milles
pharmaciens pour la période 2003-2038.
Figure 18: Besoins en pharmaciens.
0
300
600
900
1200
1500
1800
2100
2400
2700
3000
2003-2
008
2
008-2
013
2013-2
018
2018-2
023
2
023-2
028
2
028-2
033
2033-2
038
Effectifs
Ha H1
Hs H1
Ha H2
Hs H2
En conclusion nous dirons que l’impact du
seul accroissement de la population sur les besoins
futurs en ce qui concerne les praticiens (Médecins,
pharmaciens et chirurgiens dentistes) serait très
modeste : il serait compris entre 20 et 23 milles pour
toute la période de projection considérée dont 40 %
devront être satisfait dans le court et moyen terme
(avant 2018).
Le maintien des densités à leurs niveaux
observés en 2003 générera certes un accroissement des
besoins mais celui-ci sera relativement faible en raison
notamment du faible accroissement de la population
algérienne dans les années futures. Mais l’hypothèse
d'un maintien des densités médicales constantes de
2003 à 2038 est intenable. Il est attendu que les
densités assez précaires que nous avons relevé pour
quelques régions du pays évolueront dans l’avenir vers
des niveaux plus élevés.
La deuxième hypothèse Ha que nous avons
considéré concernant les densités médicales est plus
réaliste. Atteindre d'ici à 2038 une densité moyenne de
400 habitants par médecin, 2723 habitants par
pharmacien et 1600 habitants par chirurgien dentiste
n’est pas impossible en raison, notamment, des
performances de l’université algérienne. Cependant,
atteindre de telles densités engendreront un besoin très
important car cela ferait passer le nombre des praticiens
de santé (médecins, pharmaciens et chirurgiens
dentistes) de 50.6 milles médecins en 2003 à 152 ou
159 milles en 2038 selon que l’on considère
l’hypothèse faible ou forte de la fécondité. Les besoins
seront donc beaucoup plus importants que ceux
résultant de l’hypothèse Hs.
Pour la catégorie des médecins, il faudrait
prévoir d’ici à 2038 un besoin total compris entre 72 et
76.8 milles nouveaux médecins, soit une moyenne
annuelle comprise entre 2000 et 2195. Pour les deux
autres catégories on note aussi un besoin très important
durant la période 2003-2038. Pour la catégorie des
chirurgiens dentistes, le fait de ramener la densité
moyenne à 1604 habitants par chirurgien dentiste en
2038, fait que le nombre requis de chirurgiens dentistes
à cette date devrait avoisiner un chiffre compris entre
18.5 et 19.8 milles. Pour atteindre ces chiffres le besoin
annuel moyen sera compris entre 531 et 567
chirurgiens dentistes. Concernant les pharmaciens,
l’amélioration de la densité par habitant générera un
11
besoin total allant de 11.1 à 11.8 milles pharmaciens
avec une moyenne annuelle comprise entre 317 et 340.
Il apparaît ainsi que les besoins résultant
d’une amélioration des densités médicales seront
énormes. La différence entre les estimations fournies
par l’hypothèse Ha et celles de l’hypothèse Hs seront
de l’ordre de 8 % en 2008, 62 %en 2028 et 117 % en
2038.
Le coût d’une amélioration maximale de la
couverture sanitaire sera donc exorbitant. Pourtant cette
amélioration ne devra pas être considérée comme un
luxe mais comme une priorité primordiale pour
beaucoup de régions du pays qui souffrent d’une
précarité extrême en matière de densités médicales.
Des calculs que nous avons mené concernant
l’évaluation future des praticiens de santé par
catégories et par wilaya, il ressort que les besoins les
plus prononcés dans l’avenir seront localisés au niveau
des grandes métropoles. Ainsi les besoins des quatre
grandes villes du pays (Alger, Oran, Sétif, Constantine)
avoisineront les 40 % de l’ensemble des besoins quelle
que soit l’hypothèse considérée. Cela équivaut à un
besoin allant de 7.8 à 9.7 milles praticiens dans le cas
d’une constance des densités médicales (hypothèse
Hs). Dans le cas d’une amélioration maximale de ces
dernières (hypothèse Ha), les besoins futurs des quatre
villes suscitées, avoisineront un maximum de 43.4
milles ou un minimum de 40.3 milles.
Figure 19 :Part (%) des besoins futurs (2003-2038) en
praticiens graduant par wilaya par rapport au total des
besoins.
Tableau 5 : Nombre requis de médecins spécialistes
(2003-2038).
Ha H1 Hs H1
Ha H2 Hs H2 H2/H1 Ha/Hs
2003 17743 17743 17743 17743 1 1
2008 21794 20116 21794 20116 1 0,923
2013 26833 22706 26911 22772 1,0029 0,8462
2018 32930 25342 33208 25556 1,008 0,77
2023 40280 27920 40870 28329 1,015 0,693
2028 49298 30412 50404 31094 1,022 0,617
2033 60680 32819 62617 33867 1,032 0,541
2038 76196 35188 79592 36756 1,045 0,462 2038/2003
4,294 1,983 4,486 2,072
Rappelons que ces chiffres ont été obtenus en
combinant une amélioration du ratio
spécialiste/généralistes ( 50 % en 2038) avec les deux
hypothèses des densités médicales (Ha et Hs). Il en
ressort que même dans le cas d’un maintien des
densités médicales à un niveau constant, le nombre
requis de médecins spécialistes devrait être multiplié
par 2 par rapport à l’effectif de 2003. Ainsi il faudrait
prévoir d’ici à 2038 un effectif total allant de 35.2 à
36.8 milles spécialistes. Ce qui générera un besoin total
allant 17.4 à 19 milles médecins spécialistes soit une
moyenne annuelle comprise entre 500 et 550 et qui
équivaut, tout juste, à la moyenne annuelle de
formation des médecins spécialistes observée
actuellement.
Dans le cas où l’on voudrait améliorer le ratio
spécialiste/ généraliste à 50 % en 2038 et dans
l’hypothèse Ha concernant les médecins généralistes, il
faudrait disposer en fin de période de projection (2038)
d’un effectif allant de 76.2 à 79.6 milles médecins
spécialistes, ce qui représente plus de quatre fois
l’effectif recensé en 2003. Les besoins seront donc
énormes et les moyens pour les satisfaire devront être
conséquents. Le total des besoins en médecins
spécialistes, dans le cas d’une amélioration du ratio
spécialiste/généralistes, se chiffrera entre 58.5 et 61.8
milles spécialistes avec une moyenne annuelle
comprise entre 1670 et 1770, chiffres largement
supérieures à la moyenne de formation observée
actuellement qui a atteint son maximum entre 2000 et
2001 avec 929 médecins spécialistes.
3.2. Besoins en paramédicaux
L’évaluation des besoins en paramédicaux
repose sur l’hypothèse d’un maintien constant des
densités de ce corps. Comme nous l’avons déjà
expliqué, la densité moyenne est de l’ordre de 356
habitants par paramédical. Par ailleurs la dispersion au
niveau régional n’est pas très importante. Les besoins
seront donc générés uniquement par l’accroissement
de la population durant la période 2003-2038.
Cependant même en considérant la constance des
densités médicales entre 2003 et 2038, le nombre de
paramédicaux devrait passer de 91.3 à un chiffre
compris entre138 et 144 milles paramédicaux en 2038.
Figure 21 : Nombre requis en paramédicaux entre
2003-2038.
12
020000400006000080000
100000120000140000160000
2003
2008
2013
2018
2023
2028
2033
2038
Effectifs
H1
H2
Source :
Cet accroissement engendrera un besoin total allant de
46.7 à 53.6 milles paramédicaux (Tableau 6).
Tableau 6 : Besoins en paramédicaux entre 2003 et
2038.
H1 H2
2003-2008 7418 7418
2008-2013 7841 8202
2013-2018 7632 8398
2018-2023 6900 7780
2023-2028 6185 7312
2028-2033 5617 7216
2033-2038 5149 7294
Total 46742 53620
Bien que réduits à la seule composante
démographique, les besoins annuels en paramédicaux
seront bien plus supérieurs à la moyenne de formation
de ce corps. Pour les techniciens supérieurs de la santé
la moyenne annuelle de formation a accusé une baisse
remarquable ces dernières années en raison de la
fermeture de plusieurs centres de formation. Celle-ci
tourne autour de 1000 paramédicaux par an, alors que
le besoin annuel entre 2003 et 2038 serait compris
entre 1335 et 1532.
3.3. Besoins en infrastructures
En dépit de l’hypothèse que nous avons
avancé concernant les infrastructures, les besoins
seront très importants même en ne tenant pas compte
d’un nécessaire renouvellement de celles existantes et
qui, déjà actuellement, présentent un état de salubrité
très médiocre. La figure 22 fait ressortir que pour
toutes les infrastructures, sans exception, les besoins
générés par le seul accroissement de la population pour
la période 2003-2038 représentent le double de ce qui a
été livré entre 1970 et 2000. Pour les lits, par exemple,
maintenir la moyenne actuelle qui se chiffre à 584
habitants pour un seul lit, devrait générer un besoin
allant de 30.7 à 35.4 milles lits entre 2003 et 2038. Ce
qui représente 67 % du parc existant actuellement. Le
même constat est relevé pour les autres infrastructures.
Concernant les hôpitaux il faut prévoir la livraison de
quelque 130 à 155 unités entre 2003 et 2038. De la
même façon, maintenir une moyenne d’une
polyclinique pour 61000 habitants produira un besoin
total allant de 251 à 290 polycliniques. Celui-ci se
chiffrera à 769 centres de santé et 2700 salles de
soins.
Ces besoins sont certainement candidats à une
augmentation car il est peu réaliste de considéré
toujours les densités actuelles pour le futur.
Figure 22 : Nombre requis d’infrastructures entre 2003
et 2038.
Salles de soins
010002000300040005000600070008000
2003
2008
2013
2018
2023
2028
2033
2038
Effectifs H1
H2
centres de santé
0
500
1000
1500
2000
2500
2003
2008
2013
2018
2023
2028
2033
2038
Eff
ecti
fs
H1
H2
Polycliniques
0100200300400500600700800900
2003
2008
2013
2018
2023
2028
2033
2038
Eff
ecti
fs
H1
H2
13
Hôpitaux
050
100150200250300350400450
2003
2008
2013
2018
2023
2028
2033
2038
Eff
ecti
fs
H1
H2
Lits
0
20000
40000
60000
80000
100000
2003
2008
2013
2018
2023
2028
2033
2038
Effe
ctifs H1
H2
Enfin notons que les besoins évalués plus haut,
concernant les infrastructures, doivent être considérés
comme les besoins résultant uniquement de
l’accroissement de la population. Or les besoins de
renouvellement des infrastructures médicales doivent
être considérés sérieusement. Si ce renouvellement est
envisagé, il contribuera puissamment à l’augmentation
des besoins futurs.
Conclusion
En conclusion nous dirons que l’Algérie a
certes réalisé de sérieuses avancées dans le
développement de son secteur sanitaire. Nous avons pu
relever les changements radicaux concernant, par
exemple, l’amélioration des densités médicales où l’on
est effectivement passé d’une situation extrêmement
précaire à une situation plaçant l’Algérie dans un rang
mondial honorable. Cependant l’évaluation des besoins
futurs que nous avons réalisé montre que les efforts
devront être orientés pour minimiser les écarts
frappants existants entre les différentes wilayas.
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