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MISSION ARCHÉOLOGIQUE FRANÇAISE « DE PÉTRA À WADI RAMM : LE SUD JORDANIEN NABATÉEN ET ARABE » Rapport des campagnes archéologiques 2014-2015 Laurent olbecq Avec la collaboration de Christian Augé, Mehdi Belarbi, Soline Delcros, Jacqueline Dentzer-Feydy, Caroline Durand, ibaud Fournet, Steve Glisoni, Hervé Monchot, Nicolas Paridaens, Xavier Peixoto, François Renel, Isabelle Sachet, Baptiste Vergnaud & Lucy Wadeson

Le site nabatéo-romain du Wadi Sabra : état des lieux, relevé et hypothèses de travail (2014)

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MISSION ARCHÉOLOGIQUE FRANÇAISE

« DE PÉTRA À WADI RAMM : LE SUD JORDANIEN NABATÉEN ET ARABE »Rapport des campagnes archéologiques 2014-2015

Laurent Tholbecq

Avec la collaboration de Christian Augé, Mehdi Belarbi, Soline Delcros,Jacqueline Dentzer-Feydy, Caroline Durand, Thibaud Fournet, Steve Glisoni,

Hervé Monchot, Nicolas Paridaens, Xavier Peixoto, François Renel, Isabelle Sachet,Baptiste Vergnaud & Lucy Wadeson

MISSION ARCHÉOLOGIQUE FRANÇAISE

« DE PÉTRA À WADI RAMM : LE SUD JORDANIEN NABATÉEN ET ARABE »Rapport des campagnes archéologiques 2014-2015

Laurent Tholbecq

Avec la collaboration de Christian Augé, Mehdi Belarbi, Soline Delcros,Jacqueline Dentzer-Feydy, Caroline Durand, Thibaud Fournet, Steve Glisoni,

Hervé Monchot, Nicolas Paridaens, Xavier Peixoto, François Renel, Isabelle Sachet,Baptiste Vergnaud & Lucy Wadeson

Bruxelles, 2015

Illustration de couverture

Le Wādī Sabrā, depuis le Rās Sabrā (2015, Th. Fournet)

Infographie

Nathalie BlochCReA-Patrimoine, Université libre de Bruxelles 50 av. Fr. Roosevelt CP 133/01, B – 1050 Bruxelles

Impression

Presses Universitaires de Bruxelles a.s.b.l. Avenue Paul Héger 42 1000 Bruxelles

Rapport des campagnes archéologiques 2014-2015

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TABLE DES MATIERES

1. Introduction p. 7

1.1. Le quadriennal 2012-2015 : apports et perspectives p. 71.2. Les campagnes 2014 – 2015 p. 91.3. Remerciements p. 91.4. Les équipes de recherche p. 101.5. Financements et partenariats p. 111.6. Publications 2014/2015 p. 111.7. Organisation de rencontres scientifiques internationales p. 151.8. Communication p. 171.9. Conservation, restauration et mise en valeur p. 171.10. Résumé du programme 2014/2015 p. 18

2. Rapports individuels par secteur / site p. 19

2.1. Pétra – Qasr al-Bint. Campagne 2014 p. 19 François Renel

2.2. Sanctuaires de Pétra – Jabal Khubthah (Campagnes 2014 et 2015) p. 312.2.1. Une nouvelle plateforme cultuelle sur le sommet du Jabal Khubthah

Isabelle Sachet, Laurent Tholbecq & Lucy Wadeson p. 332.2.2. Un stibadium associé à un édifice sacré ou pavillonnaire sur le sommet

du Jabal KhubthahBaptiste Vergnaud & Laurent Tholbecq p. 39

2.2.3. Les bains du Jabal Khubthah : la campagne 2015 Thibaud Fournet & Nicolas Paridaens p. 43

2.3. Le site nabatéo-romain du Wādī Sabrā : état des lieux, relevé et hypothèses de travail A.A.V.V. p. 63

2.4. Wādī Ramm. Rapport préliminaire de la campagne 2014 Saba Farès & Jérôme Norris p. 101

3. Études matérielles p. 113

3.1.  Étude architecturale des blocs sculptés de Pétra. Les reliefs figurés des Propylées du Qasr al-Bint Laurent Tholbecq & Soline Delcros p. 113

3.2.   Étude archéozoologique. Deuxième campagne d’étude du matériel faunique du Qasr al-Bint à Pétra Hervé Monchot p. 135

De Pétra à Wadi Ramm : le sud jordanien nabatéen et arabe

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3.3.   Le mobilier céramique du Wādī Sabrā Caroline Durand p. 141

4. Conclusion p. 161

Annexe : bibliographie générale de la mission 2015 p. 163

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2.3. Le site nabatéo-romain du Wādī Sabrā : état des lieux, relevé et hypothèses de travail

Laurent Tholbecq, Thibaud Fournet, Nicolas Paridaens, Soline Delcros, Gaëlle Dumont, Caroline

Durand, Pascal Rieth & Laurent Vallières

Introduction

La mission archéologique française de Pétra, en collaboration avec le CReA-Patrimoine (ULB, Bruxelles), a mené, du 6 au 30 octobre 2014, une campagne de documentation des vestiges du Wādī Sabrā, un avant-poste situé à environ 6,5 km à vol d’oiseau au sud-ouest du centre de Pétra, sur une voie caravanière reliant la capitale au Négeb1 (Fig. 1 et Fig. 2). Ses ruines s’étendent sur une vingtaine d’hectares (ca. 600 x 300 m), sur les rives du Wādī Sabrā, une étroite vallée qui relie la banlieue méridionale de Pétra au Wādī ‘Arabah et qui constitue par conséquent l’un des accès à la capitale nabatéenne (Fig.  3, 4 et 5). Le site présente plusieurs complexes construits en maçonnerie d’appareil et des installations rupestres, en particulier un théâtre associé à des installations hydrauliques aménagées au pied du Jabal al-Jathûm (Alt.  : 1175 m). Il est situé à proximité d’une source probablement pérenne qui alimente aujourd’hui encore une petite oasis, au débouché d’un petit confluent torrentiel2. Ce dernier a creusé la rive droite du wādī principal, ménageant ainsi à la confluence un espace naturellement protégé sur deux de ses flancs que les visiteurs du XIXe siècle désignent comme « Acropole ». Le site fut découvert en 1828 par Louis Maurice Linant de Bellefonds (1798-1883) et par Léon de Laborde (1807-1869), de retour d’une exploration de Pétra3. Plusieurs voyageurs le signalent à la fin du XIXe s. et dans le courant du XXe siècle, mais il faut attendre les années 1970 et l’initiative de Manfred Lindner pour qu’en débute l’exploration archéologique, sous les auspices de la Naturhistorische Gesellschaft Nurenberg (NHG)4. Diverses prospections ont ainsi été menées dans et aux alentours du site, parfois accompagnées de sondages5; en dépit de ces travaux, aucun plan n’en a été dressé depuis le relevé non coté publié en 1830 par Léon de Laborde (Fig. 6). Il nous a par conséquent paru utile de mettre en place une petite opération visant à cartographier les vestiges visibles du site et à en réévaluer la nature6.

1 Nous remercions Laila Nehmé qui nous a amicalement transmis un dossier documentaire inédit : Nehmé 2000.2 Dénommé le Wādī Muthayljeh, si on suit F. Zayadine : Zayadine 1985, 149 ; Zayadine 1997, 55.3 de Laborde 1830, 61, pl. 33 ; Augé & Linant de Bellefonds 1994, 196-197.4 Lagrange 1898, 166 ; Brünnow & von Domaszewski 1904, I, 425-427 ; Lindner 1982 ; Id. 1992.5 Cf. infra. En particulier Zeitler 1992 ; Lindner & Zeitler 1997/98 ; Lindner 2005. Nous remercions R. Wenning qui nous a aimablement adressé une copie de l’article publié par J. P. Zeitler en 1992.6 Un réseau topographique a été implanté (L. Vallières et P. Rieth) ; couplé à une couverture en photographie aérienne de la zone (W. Abu Azizeh), il a permis de créer un modèle numérique de terrain, outil particulièrement adapté aux reliefs escarpés du site (W. Abu Azizeh, L. Vallières et P. Rieth) . Le relevé des vestiges a été réalisé au 1:50 (S. Delcros, G. Dumont, Th. Fournet, N. Paridaens, L. Tholbecq), les structures décrites (Th. Fournet, N. Paridaens, L. Tholbecq) et un premier phasage chronologique proposé sur base d’un ramassage de la céramique de surface (C. Durand, Ifpo). H. Falahat représentait le Département des Antiquités de Jordanie. N. Bloch (CReA-Patrimoine, Bruxelles) a réalisé un premier encrage et assemblage des relevés. L’assemblage des relevés et de la topographie a été réalisé par S. Delcros.

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Historique de l’exploration et interprétations anciennes

C’est donc en 1828, soit une quinzaine d’années après la découverte de Pétra par Johann Ludwig Burckhardt (1812), que Sabrā est documenté pour la première fois. Le site est traversé par L. M. Linant de Bellefonds, ingénieur trentenaire, appelé à devenir ingénieur en chef dans l’Égypte de Méhémed-Ali et d’Ibrahim Pacha (‘Linant Pacha’), et par L. de Laborde, son jeune compagnon de route, alors à peine âgé de 21 ans. Empruntant une « route toute nouvelle » – c. à d. inexplorée – à destination du Wādī ‘Arabah, « traînant après [eux leurs] dromadaires »7, les voyageurs sont « frappés par des murs de soutènement, des débris de construction et les gradins d’un théâtre ». Leur description est succincte : « Le caractère des ruines indique une ville de peu d’importance, qui cherchait à imiter en petit les somptueux monuments de la capitale. Plusieurs temples, un mur d’enceinte, un pont, le

7 Exposant les conditions de son voyage, L. de Laborde évoque “une caravane de 16 dromadaires” : de Laborde 1830, 33).

Fig. 1. Le Wādī Sabrā dans son environnement général (Th. Fournet)

Fig. 2. Le Wādī Sabrā vu depuis Pétra et le Ras Sabrā, vers le Sud (2014, Th. Fournet)

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Fig. 3. Le Wādī Sabrā, vers le Sud, depuis le Jabal al-Jathûm (2014, P. Rieth, L. Vallières)

Fig. 4. Le Wādī Sabrā, vers le Nord, depuis l’oasis (2014)

Fig. 5. Le cœur du site, sur la rive droite du Wādī Sabrā (2013)

Fig. 6. Plan du site établi par Léon de Laborde & Linant de Bellefonds en 1828 (de Laborde 1830, pl. 33)

Fig. 7. Le théâtre du Wādī Sabrā en 1828 (de Laborde 1830, pl. 34)

Fig. 8. Le théâtre du Wādī Sabrā (2013) ; vue vers l’ouest

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sommet de la montagne fortifié, seraient les indices d’une ville puissante, si les détails de chacune de ces constructions ne dénotaient quelque chose de mesquin. Je n’en citerai pour exemple que des colonnes de pierres rapportées, couvertes d’un enduit de plâtre et de chaux, et sur lesquelles on remarque la couleur rouge foncée dont elles étaient peintes ». L’attention des voyageurs est toutefois retenue par le théâtre : impressionné par la présence d’un important réservoir à ciel ouvert situé à l’arrière de la cavea, L. de Laborde suggère, non sans hésiter d’ailleurs, de rechercher dans l’orchestra du théâtre un espace destiné aux naumachies (navalia proelia), hypothèse qui n’est plus retenue aujourd’hui (Fig. 7 et 8)8. Pour sa part, sans emprunter le Wādī Sabrā, David Roberts (1796-1864) rendra compte dans une gravure de son passage une dizaine d’années plus tard (1839) à Naqb edh-Dhawi, au débouché occidental du Wādī Sabrā, dans le Wādī ‘Arabah, à une quinzaine de kilomètres à l’ouest de Sabrā, site dans lequel M. Lindner a depuis lors reconnu un cimetière nabatéen9. Il faudra attendre la fin du XIXe siècle pour que Sabrā soit à nouveau visité. Sans revenir sur l’ensemble des explorations anciennes résumées ailleurs par M. Lindner10, signalons les principales étapes de la reconnaissance du site et les principales hypothèses avancées dans la première moitié du XXe siècle, durant le mandat britannique. C’est en marge de sa carrière dans la haute administration militaire de l’empire que Harry St John Philby (1885-1960) visite le site en 1924, pour le compte de l’ingénieur Sir Alexander B.W. Kennedy, trop âgé pour s’y rendre personnellement (1847-1928) ; impressionné par les ruines de la pseudo-acropole, Philby interprète le site comme une forteresse romaine, point d’appui militaire protégeant les abords méridionaux de Pétra11. Au printemps 1929, dans le cadre d’une exploration générale des environs de Pétra, George Horsfield (1882-1956), Inspecteur en chef des Antiquités de Transjordanie (de 1928 à 1936), et son épouse Agnès Conway sont frappés par la présence sur le site de scories, et sont par conséquent tentés d’assimiler le site à une « copper smelting station »12. N. Glueck confirmera en 1935 le caractère préindustriel de Sabrā, qualifiant le site de « purely Nabataean » sur base de sa connaissance de la céramique de Transjordanie 13 ; il faut comprendre qu’il n’observe pas de céramique de l’âge du Fer mais de la céramique nabatéenne, dont la production, nous le savons aujourd’hui, se poursuit après l’annexion romaine ; « Nabataean  » désigne donc chez N. Glueck une production d’époque nabatéenne indépendante et/ou d’époque romaine à romaine tardive.

La contribution la plus essentielle est due à Manfred Lindner et à l’équipe qui a travaillé dans son sillage. Plusieurs explorations des alentours de Sabrā sont menées14, portant plus spécifiquement sur les aménagements hydrauliques du Jabal al-Jathûm et le réseau alimentant la citerne située à

8 Sur l’absence de bâtiments naumachiques en Orient : Gatier 2007, 177-179, en part. p. 178 et note 65. 9 David Roberts, Approach to Petra an ancient watch tower commanding the Valley of El Ghor Feb. 5th 1839 ; Lindner 1986d.10 Lindner & Zeitler 1997/98, 535-537.11 Kennedy 1925, 19.12 Horsfield & Conway 1930, 376 & 381, fig. 24.13 Glueck 1935, 80-81.14 Lindner 1986a; Lindner 1991.

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l’arrière du théâtre (1980)15, sur les gisements de minerai de cuivre du Wādī Umm el-‘Amad, à 20 km au sud-ouest de Sabrā (1983)16 et sur de petites carrières ainsi qu’une tombe rupestre située à environ 850 m au nord-ouest du site (1989)17, pour nous limiter ici aux vestiges de l’époque classique18. Plus déterminants encore, des sondages sont opérés en plusieurs points du site. En 1982 et 1984, M. Lindner et F. Zayadine ouvrent deux sondages de 6 m x 2 m séparés par une berme de 1 m, dans la cour de ce qui doit désormais être interprété comme un complexe thermal situé immédiatement au sud du principal sanctuaire du site (infra)19. Ils mettent au jour, dans un secteur qui leur semble partiellement pillé, sous environ 3 m de sédiments, un dallage et une colonne de grès in situ, à l’origine stuquée et dépourvue de base (Fig.  9)20. Le secteur, situé sur la rive droite du wādī, paraît avoir recueilli au moins partiellement des sédiments provenant du lessivage de la pente, ceci expliquant pour les fouilleurs la grande fourchette chronologique du mobilier archéologique recueilli dans les cinq horizons (?)

15 Lindner 1982a ; Lindner 1982b ; Gebel 1983/84; Lindner 1986b ; Lindner 1986e ; Lindner 1989 ; Lindner 1992 ; Lindner 1993 ; Lindner 2003a; Lindner 2005.16 Lindner 1986d ; Lindner 2003b.17 Lindner 2006a.18 On y ajoutera la documentation des blocs d’architecture, essentiellement figurés, gisant sur et aux alentours du site : Lindner 1986c. Pour les vestiges de l’âge du Bronze : e.g. Gebel 1986 ; Lindner 1986a. Depuis 2009, le contexte géomorphologique de gisements préhistoriques, du Paléolithique à l’âge du Bronze, et pour certains découverts par la NHG, sont étudiés par nos collègues des universités d’Aix-la-Chapelle et de Cologne ; les travaux portent plus spécifiquement sur trois gisements situés au sud de l’oasis. Nous remercions Thomas Wolter (Université de Cologne) pour les échanges qui ont été engagés.19 Fournet & Tholbecq 2015.20 Zayadine 1985, 149-150, fig. 5-6 ; Lindner & Zeitler 1997/98, 542-544 & fig. 11 ; Lindner 2003b, 96 & fig. 12. Peut-être s’agit-il de réutilisations secondaires d’un espace ouvert, à moins qu’il ne faille restituer là une base en matériaux plus nobles rapportée contre le fût de colonne en grès (cf. infra).

Fig. 9. Sondage de 6 m x 2 m ouvert dans la cour des thermes : M. Lindner & J.P. Zeitler, « Sabra - Entdeckung, Erforschung und Siedlungsgeschichte einer antiken Oasenstadt bei Petra (Jordanien). Mit einem pflanzengeographischen Beitrag von Ingrid Künne », Archiv für Orientforschung 45, 1997/98, 544, fig. 11

Fig. 10. Fragment de Vénus agenouillée : M. Lindner & J.P. Zeitler, « Sabra - Entdeckung, Erforschung und Siedlungsgeschichte einer antiken Oasenstadt bei Petra (Jordanien). », Archiv für Orientforschung 45, 1997/98, 544, fig. 10

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identifiés, Eastern sigillata, tessons de céramique nabatéenne, romaine et byzantine. Les fouilleurs signalent cependant, reposant sur le dallage, du mobilier qualifié de tardo-romain et byzantin. Dans le second sondage ouvert à proximité immédiate du précédent, est découvert un fragment de buste en marbre blanc, une Aphrodite agenouillée, surprise sortant du bain, de type hellénistique (plutôt que l’Aphrodite Apoxyomène suggérée par F. Zayadine), dont la hauteur restituée devait approcher selon les inventeurs 0,70 m21 ; on ne se surprend pas de trouver ce type de sculpture dans un édifice thermal (Fig. 10)22. En 1990 et 1992, J. P. Zeitler ouvre de son côté plusieurs tranchées dans le secteur situé immédiatement au nord, dans ce qui se révélera être un sanctuaire (Fig. 11)23. Le principal sondage porte sur un bâtiment barlong de 10,10 m sur 7,75 m de profondeur, orienté au sud-est et intégré dans une cour d’environ 50 m sur 44 m (Fig. 12). Il s’agit d’un temple, accessible par une porte centrée, ouvrant sur un naos également barlong, autour duquel une circulation est

21 Lindner & Zeitler 1997/98, 544, fig. 10. 22 Il n’y a pas lieu d’y rechercher un argument en faveur d’un sanctuaire ; contra Zayadine 1997, 55.23 Zeitler 1992 (nous remercions R. Wenning qui nous a amicalement fourni une copie de cet important article) ; Lindner & Zeitler 1997/98, 551-558.

Fig. 11. Implantation des sondages ouverts par J. P. Zeitler. D’après J.P. Zeitler 1992. « Ein nabatäisches Heiligtum des 1. Jahrhunderts n. Chr. aus Sabra, Südjordanien », Natur und Mensch, p. 55, fig. 2 & p. 59, fig. 8

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ménagée, dispositif qui n’est pas sans rappeler l’organisation du temple d’Allāt au Wādī Ramm. Ici, le niveau de sol est surélevé à l’arrière du naos, la différence de niveau étant rattrapée par deux petites volées de marches flanquant la chapelle centrale. Au terme d’une analyse minutieuse des éléments errants de décor architectural provenant selon toute probabilité de son élévation, J. P. Zeitler rapproche le monument du groupe B de J.  McKenzie et le date de la première moitié du Ier siècle de n.è. (Fig.  13). La fouille du complexe de la tombe 239 de Pétra a livré de nouveaux éléments de datation absolue qui précisent la chronologie de ces groupes et permettent par conséquent de dater la construction du petit temple de Sabrā entre le milieu et le troisième quart du Ier s. de n.è.24. De son côté, M. Lindner suggéra, dans un article publié peu avant sa disparition, mais sans préciser si sa remarque s’appliquait spécifiquement au temple ou à une autre partie du sanctuaire, que le secteur avait pu être utilisé à l’époque tardo-romaine et byzantine, et éventuellement comme église25. Ce sondage sur le temple est complété par J. P. Zeitler par une série de petites ouvertures ménagées à intervalles réguliers, sur les bases de colonnes des portiques sud et est du téménos, un dernier sondage peu parlant étant ouvert à l’est de cette limite.

Telles sont, en forme résumée, les propositions et connaissances acquises sur le site avant la reprise des travaux  : les hypothèses sont multiples, site de production et/ou de transformation métallurgique26, forteresse romaine, sanctuaire expliquant la présence d’un théâtre27, proposition

24 McKenzie 2014, 312.25 Lindner 2003, 94.26 Zaydine 1992, 227. L. Nehmé rappelle que « des scories de fer et de cuivre ont été découvertes sur le site même mais [qu’] aucun autre indice permettant de supposer l’existence, à Sabrâ, d’un atelier de métallurgie, n’a été relevé. » : Nehmé 2000, 1. De son côté, M. Lindner n’a pas identifié de minerai de cuivre aux alentours du site, mais bien des grès ferrugineux et de l’hématite, présents en quantité variable : Lindner 1993, 264.27 Segal 1995, 93-95, fig. 144-147.

Fig. 12. Plan du temple central. (2014, G. Dumont, L. Tholbecq, S. Delcros)

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qui mérite attention, peut-être transformé en église à l’époque byzantine, toutes hypothèses qui demandent à être vérifiées ou précisées.

Description succincte des vestiges

Nous avons donc procédé au relevé 1.50e des vestiges visibles. Une grille topographique a été définie dans le système universel, grâce à un GPS, avec une marge d’erreur de 1 m, comptant 12 points référentiels. Les relevés et la grille topographique ont ensuite été placés sur le modèle numérique de terrain, réalisé sur base d’images satellites et de photographies, duquel ont été extrudées les courbes de niveau (équidistance : 1 m) (Fig. 14).

Les vestiges sont distribués sur les deux rives du wādī Sabrā mais c’est le secteur sud-ouest du site, situé à proximité de la confluence du wādī Muthayljeh qui constitue le cœur de l’établissement : deux zones s’en distinguent au nord : un large secteur aplani en bordure du wādī Sabrā (ca. 70 m x 50 m) qui correspond au téménos d’un sanctuaire et à ses extensions et, le dominant, une zone construite de ca. 40 x 25 m. Au sud du wādī Muthayljeh se développe un complexe thermal, à l’origine peut-être réuni au téménos par un pont signalé par L. de Laborde. Au nord du téménos, la pente présente de nombreux vestiges, très largement entamés par les crues du wādī. Le modèle numérique de terrain livre ainsi une image spectaculaire des dégâts causés par l’érosion du wādī Sabrā, le courant ayant emporté de nombreux vestiges de la rive droite, parmi lesquels le puissant angle nord-est du téménos du sanctuaire (Fig. 15) ; la rive droite livre par conséquent un écorché des vestiges dont l’archéologue peut tirer parti (infra). Ajoutons que les vestiges de la rive droite, désignés sur le plan de L. de Laborde comme «  murs de soutènement  » ne sont plus visibles aujourd’hui. Le principal monument de la rive gauche est, bien entendu, le théâtre rupestre avec ses aménagements ; on y adjoindra désormais un quartier de ca. 200 m x 25 m situé plus au nord,

Fig. 13. Restitution hypothétique de la façade du temple : J.P. Zeitler 1992. « Ein nabatäisches Heiligtum des 1. Jahrhunderts n. Chr. aus Sabra, Südjordanien », Natur und Mensch, p. 75, fig. 43

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Fig. 14. Wādī Sabrā. Relevé général du site (S. Delcros, W. Abu Azizeh, P. Rieth, L. Vallières)

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habitat ou infrastructures articulées sur une voie partiellement emportée et qui courait le long de la rive. Parmi les aménagements associés au théâtre, signalons ce qui paraît être une pile d’aqueduc, perpendiculaire au wādī et à la voie signalée plus haut, destinée à traverser le wādī et, partant, à alimenter des structures situées plus à l’ouest. Dans ce secteur, une structure de 23 m x 12 m située dans le fond du wādī émerge des sables interprétées à titre d’hypothèse à ce stade de la recherche comme caravansérail.

Le sanctuaire et ses structures associées : un second temple ?

L’apport le plus essentiel de la mission consiste dans le relevé du cœur du site, qui livre pour la première fois une image cohérente du sanctuaire et de ses annexes, du complexe thermal, des structures de la pseudo-acropole et des bâtiments situés dans les zones adjacentes, au sud-est et au nord du téménos (Fig. 16). Le temple partiellement fouillé par J. P. Zeitler (supra, Fig. 17, Fig. 18, Fig. 19) prend place dans un téménos quadrangulaire de ca. 35 m x 40 m (alt. 826 m) dont l’angle nord-est a été totalement emporté par les crues du wādī Sabrā. Les relevés en plan et la lecture de la coupe architecturale ouverte sur cet angle du téménos permettent de saisir l’organisation du secteur  : les bases décrites par J. P. Zeitler définissent la limite interne de portiques dont les murs de soutènement externes sont identifiables, à la fois côté est et côté nord, dans le profil stratigraphique créé par le wādī (Fig. 20). Les portiques oriental et septentrional sont supportés par des cryptoportiques de respectivement 3,83 m et 3,86 m de large, épaisseur du mur externe

Fig. 15. Ligne marquant la limite de l’érosion du site par le Wādī Sabrā (2014)

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Fig. 16. Plan du sanctuaire et de ses abords (relevé au 1:50e)

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comprise (Fig.  21-22). Cryptoportiques et portiques définissent deux niveaux de circulation, réunis par une cage d’escalier de section carrée dont le massif central est conservé contre le flanc externe du portique nord (Fig. 23). Ces deux portiques définissent une grille sur laquelle se règle côté sud un troisième portique dont plusieurs éléments de colonnade sont toujours visibles in situ. Cette organisation est respectée par de nombreuses structures, tant au sud, le long du wādī Muthayljeh, qu’un nord, dans un secteur qui présente un mur puissant contre lequel reposent des dépotoirs largement pillés par les bédouins en quête de céramique à vendre aux touristes de Pétra ; étrangement, et comme J. P. Zeitler l’avait déjà remarqué, le temple ne se conforme pas strictement à cette orientation. En revanche, et de manière peut-être significative, le secteur méridional du téménos présente des aménagements qui pourraient, au moins pour partie, relever de l’architecture religieuse. On note en particulier, et en dépit des réaménagements dont elle paraît avoir fait l’objet, une structure rectangulaire de 15,00 m x 10,15 m qui répond strictement à la grille du téménos (Fig. 24-25). Cette structure est articulée sur le portique sud du téménos, soit par la colonnade du portique dont un certain nombre de colonnes seraient enfouies, soit, ce qui semble être le cas, par une façade ouverte distyle in antis (entraxe central : 4,95 m ; entraxes latéraux : ca. 2,55 m). En plan, deux secteurs se distinguent nettement : côté nord, une probable salle hypostyle de 10,15 m x ca. 9 m (?) dont deux colonnes sont visibles en place, à côté de nombreux éléments en chute ; côté sud, trois pièces contigües répondant à une nette division tripartite de leur façade dont l’ouverture centrale est ornée de demi-colonnes engagées. Le secteur a fait l’objet de transformations importantes – le nettoyage d’un sommet de mur y a mis au jour une lampe d’époque tardo-romaine28 (Fig. 26) – ce qui complique la lecture du bâtiment original ; mais il semble toutefois possible de définir une profondeur de ca. 5,30 m pour ce secteur méridional, une largeur de ca. 3,80 m pour la pièce centrale et de ca. 2,60 m à 2,80 m pour les deux pièces latérales. On le voit, l’organisation générale de cette structure rectangulaire renvoie à la planimétrie de temples nabatéens à cour hypostyle (comme au temple « aux lions ailés » de Pétra) et à division tripartie du naos (Qasr al-Bint, Kh. edh-Dharih). Cette donnée pourrait être déterminante et expliquer l’incohérence de l’orientation du temple partiellement fouillé par J. P. Zeitler et le téménos ; sans doute faut-il par conséquent supposer que le sanctuaire a connu deux phases de construction distinctes.

Les secteurs associés : le secteur sud-est

C’est ce que semble indiquer en effet la lecture préliminaire de l’écorché archéologique de 4 m de haut (alt. : 817 à 821 m) visible le long du wādī Sabrā, au sud-est du téménos (Fig. 27-28-29), secteur qui a livré la plus forte concentration de scories de réduction métallurgiques du site (Fig. 30-31). Le relevé et l’analyse de la coupe stratigraphique sud-nord effectués par Nicolas  Paridaens sont particulièrement suggestifs  : l’horizon le plus ancien (A) qui repose sur les galets de rivière

28 Lampe Type Grawehr K.6, ca. 300-350; le fond est orné d’une croix mais on peine à y reconnaître un chrisme (lecture de C. Durand).

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Fig. 17. Le temple central, vers le sud-est (2014)

Fig. 18. Temple central : moitié nord de la façade orientale (2004)

Fig. 19. Temple central : moitié nord de la façade orientale (2014)

Fig. 20. Socles du portique oriental (2004)

Fig. 21. Angle nord-est du téménos, vue du portique est (2014)

Fig. 22. Angle nord-est du téménos, vue du portique nord (2014)

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Fig. 23. Cage d’escalier adossée au cryptoportique nord (2014)

Fig. 24. La zone sud du téménos, depuis la rive opposée du Wādī Muthayljeh

Fig. 25. Plan de la zone sud du téménos et possible second bâtiment cultuel. (G. Dumont, N. Paridaens, S. Delcros)

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Fig. 26. Lampe de Type Grawehr K.6 (clichés C. Durand)

Fig. 27. Quartier situé au sud-est du téménos : plan et situation de la coupe archéologique au pied de la rive droite du Wādī

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contient du mobilier archéologique parmi lequel se trouve une petite quantité cohérente de céramique nabatéenne peinte datée du tournant de l’ère (fin Ier s. av. – début Ier s. apr. J.-C.) (cf. Caroline Durand, 3.3.). Lui succède directement un niveau cendreux (horizon B), très chargé en céramique, énorme dépotoir largement pillé par les bédouins dont le matériel céramique date de la fin du Ier s. / début du IIe s. de n.è. Ces niveaux paraissent correspondre à une occupation intense de la zone ; peut-être s’agit-il des dépotoirs associés à la fréquentation du sanctuaire. Ces niveaux sont recoupés par des constructions dont les fondations transverses sont clairement visibles. Leur sont associés des remblais roses comprenant un peu de mobilier auquel succède un troisième horizon C, gris cendreux, comprenant beaucoup de mobilier datant de l’époque romaine, IIe s. et peut-être du troisième siècle. De manière significative, la présence de scories métallurgiques est limitée au sommet de cette coupe stratigraphique  : elles présentent une forte concentration comprise entre une première destruction (segment central) et une seconde destruction majeure (segment septentrional), qui constitue la destruction finale du secteur. Cette lecture livre deux informations capitales  : tout d’abord, suivant une occupation nabatéenne dont témoignent les horizons A (pré-téménos ?) et B (sanctuaire ?), le secteur a connu un remaniement majeur et une extension constructive à l’époque romaine (structures liées à l’horizon C). Par ailleurs, l’ensemble de ces données tend à suggérer que l’activité métallurgique du site n’est pas antérieure, du moins dans cette zone, à l’époque romaine tardive. On est donc enclin à interpréter ce secteur comme une adjonction postérieure à la construction du téménos, et à limiter les activités métallurgiques – quelles que soient leur nature exacte – à une phase d’utilisation tardive.

Fig. 28. Ecorché archéologique au pied de la rive droite du wādī, dans la « zone industrielle ». (N. Paridaens)

Fig. 29. Croquis de l’écorché archéologique au pied de la rive droite du wādī, dans la « zone industrielle » (Relevé : Nicolas Paridaens, lectures céramique : Caroline Durand)

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Le bâtiment balnéaire29

Les vestiges des bains de Sabrā occupent une zone pentue en bordure de wādī, d’environ 42 m du nord au sud, sur environ 18 m d’est en ouest30. Les eaux saisonnières de ce dernier ont, au fil des crues, emporté la majeure partie de la façade orientale du bâtiment, tandis que la partie ouest est masquée par des colluvions. La perception actuelle de l’édifice est donc celle d’un « écorché » le long d’un axe nord-sud, qui permet d’observer la totalité de sa structure et, en particulier, la nature de ses installations hydrauliques et de son système de chauffage. Le plan reste très incomplet dans la partie ouest de l’édifice, qui est pourtant assurément conservée sur une élévation estimée de plus de 2,50 m par rapport au niveau de circulation. Ce niveau est lui-même relativement élevé par rapport au fond actuel du wādī, situé près de 3 m plus bas.

Le monument s’organise en deux secteurs (Fig. 32 et 33) : au nord une vaste cour à portique (1), au sud le bloc thermal proprement dit. Ce dernier est composé d’une salle froide (2), accessible depuis la cour, et d’au moins une salle chaude (3), munie d’un bassin et d’un dispositif d’hypocaustes. Une salle de service (4) destinée à alimenter le foyer est également discernable au sud de la salle chaude. D’autres pièces intermédiaires (5, 6), probablement chauffées, devaient, à l’ouest et au sud-ouest de la salle (3), compléter le parcours du baigneur.

Toutes les salles visibles sont bâties en maçonnerie de grès à double parement, aux assises comprises entre 23 et 46 cm, pour une épaisseur totale variable selon les pièces (principalement 65 et 90 cm). La salle (2) conserve ponctuellement (partie est de la façade nord), les vestiges d’un enduit de mortier très altéré, constitué de plusieurs passes. D’autre fragments, peints cette fois, ont également

29 La description et l’étude du bâtiment balnéaire ont été réalisées par Thibaud Fournet, Architecte, CNRS / IFPO. Pour une première présentation du complexe et quelques perspectives de recherche : Fournet & Tholbecq 2015.30 Par convention le nord utilisé pour la description correspond au nord-est géographique (voir Fig. 25).

Fig. 30. Scories de réduction métallurgiques dans la zone située au sud-est du sanctuaire (2004)

Fig. 31. Scories de réduction métallurgiques dans la coupe située au pied de la « Zone industrielle » (2004)

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été trouvés dans la salle 3 (registres rouge et blanc) et dans la cour 1 (fond blanc, courbes rouges ca. 1,30 cm de large appliquées au pinceau). Plusieurs conservent les traces d’une ou deux couches blanches supplémentaires masquant les motifs. Un fragment de marbre blanc trouvé en surface (ép. 1,70 cm, mortaise pour crampon de fixation et traces de mortier gris au verso) signale également l’utilisation de placages.

La cour (1) Le vaste espace situé au nord du bloc thermal ne conserve que peu d’éléments in situ visibles sans fouille31. Sa limite sud (Fig. 34 et 35), la mieux conservée, constitue la façade nord de la salle froide (2). Elle est percée d’une large porte (ca. 1,30 m) encadrée de pilastres (36 cm). Les limites est (emportée par les eaux) et ouest (masquée dans la pente) de cette façade nous sont en revanche inconnues. À l’est, c’est l’ensemble de la cour qui a disparu, laissant entrevoir, en bordure du wādī principal et du wādī secondaire, l’arrachement d’un dallage bâti sur un remblai. Au nord-est, en fond de wādī (ca. 2,20 m sous le niveau du dallage), est conservé un tronçon de mur qui nous donne une indication sur l’extension de la cour, qui était

31 Les deux sondages menés en 1982-84 (Zayadine 1985, 149-150, fig. 5-6), donc seules deux photographies ont été publiées (sans plan), n’ont pu être localisés avec précision et ne contribuent guère à l’interprétation du complexe.

Fig. 32. Vue d’ensemble du wādī Sabrā vers le sud-ouest, localisation du sanctuaire et des bains (2014, W. Abu Azizeh)

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Fig. 33. Plan d’ensemble des bains du wādī Sabrā (relevés Th. Fournet, topographie N. Paridaens)

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Fig. 34. Bains du wādī Sabrā, coupe est-ouest vers le sud au niveau de la cour (1), vers la salle froide (2) (Th. Fournet)

Fig. 35. Vue d’ensemble vers le sud-ouest de la façade orientale des bains, emportée par wādī. Au premier plan le mur nord de la salle froide (2) et le dallage de la cour (1) (2014, Th. Fournet)

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plus large que le bloc thermal, et s’avançait d’au moins 4 m dans le cours actuel du wādī Sabrā.

Au nord-ouest, l’angle de la cour a été repéré au milieu des éboulis (Fig. 33). Son retour nord, à environ 2,50 m de l’angle, est en partie taillé dans le rocher qui affleure dans ce secteur ca. 2 m au-dessus des lambeaux de dallage repérés dans la coupe, et 4 m au-dessus des assises les plus basses, repérées au nord-est. La limite ouest de la cour ne nous est connue que par cet angle et par deux blocs, un peu plus au sud, mis au jour par le ravinement des eaux de ruissellement. L’espace délimité par ces tronçons de mur occupe un large rectangle légèrement trapézoïdal de 18 m nord-sud sur au moins 16,50 m est-ouest (soit environ 300 m2). L’intérieur de la cour est jonché d’une trentaine de tambours de colonne, presque tous d’un diamètre compris entre 52 et 55 cm (Fig. 36). Quatre autres blocs semblent, malgré l’érosion, pouvoir être assimilés à trois chapiteaux et à une base, de même diamètre. Un tambour et un élément de chapiteau (échine d’un chapiteau « nabatéen » à cornes ?) appartiennent cependant à un ordre différent (diam. 45 cm). Si la majorité de ces blocs est en position de chute, ou a versé dans la pente vers le wādī, d’autres en revanche sont posés verticalement et laissent entrevoir un second élément en place sous le premier. Trois tambours en particulier semblent avoir conservé leur position initiale et permettent de restituer – de manière très hypothétique à ce stade – le rythme des portiques qui devaient exister au moins au nord et à l’ouest de la cour. Il est impossible, en l’absence de fouilles, de savoir si les côtés est et sud de la cour étaient également pourvus de portiques32. Les autres éléments de colonne en place, en particulier au centre de la cour, appartiennent probablement à une réoccupation de l’espace après l’abandon et la ruine des portiques d’origine. Cette réoccupation est également visible au nord-est de la cour, où le ruissellement a mis au jour un niveau de sol, constitué d’éléments de destruction (fragments de dalle, petites pierres, éléments d’enduits peints), bâti environ 40 cm au-dessus du dallage initial et visible en contrebas. La colonne mise au jour lors des sondages de 1982-84, posée directement sur le dallage, semble devoir être attribuée à cette réoccupation (le cliché publié (Fig. 9) montre à l’arrière de cette dernière une autre colonne, située à proximité directe, qui semble incompatible avec la restitution d’un portique à cet endroit. La présence d’une base dans les éboulis semble par ailleurs plutôt indiquer que le portique initial en possédait).

Salle froide (2) La porte percée au sud de la cour donne accès à une salle profonde de 6,30 m. De part et d’autre de la porte, et en vis-à-vis sur le mur sud, sont conservés quatre piliers qui recevaient les arcs de la couverture (portée de 5,25 m ; quelques claveaux de l’arc ouest sont conservés au niveau du sol actuel). L’espacement des arcs entre eux, 2,05 m, incite à restituer une couverture mettant en œuvre des solives de bois plutôt que des dalles de pierre. L’arrachement de la partie est de la salle par les eaux du wādī révèle sur toute la largeur un dallage ainsi que, sous celui-ci, une canalisation légèrement oblique (largeur 38 cm), très certainement destinée à évacuer les eaux usées de l’édifice vers le wādī. La présence de cet égout peut indiquer l’existence d’un bassin froid dans la partie ouest de la pièce, actuellement masquée. Le rythme des arcs de couverture nous donne une

32 Notons seulement qu’en suivant le rythme donné par les colonnes en place et en s’appuyant sur la présence des fondations du mur périphérique au nord-est, il est tentant de restituer à l’est un portique qui placerait la porte d’accès à la salle (2) dans l’axe de la cour.

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indication permettant de restituer la limite ouest de la pièce, selon qu’elle ait comporté 3, 4 ou 5 travées. L’hypothèse d’une pièce à trois travées (largeur 7,45 m) placerait la porte nord au centre du mur nord, et permettrait l’accès aux salles chaudes par l’ouest (mais ne laisserait que peu de place à un bassin froid) ; celle d’une salle à cinq travées (largeur 12,80 m) placerait la façade ouest exactement dans le prolongement du mur ouest de la cour. Seule la fouille permettra de trancher entre ces hypothèses de restitution.

Salle chaude (3) Directement au sud de la salle froide, mais sans communication directe avec elle, se trouve une salle carrée (3,90 m de côté) pourvue au nord et au sud de deux exèdres rectangulaires (3,30 x 1,65 m au nord, 3,30 x 1,45 m au sud). Cet espace était sans doute couvert, à l’origine, par un système de voûte (pour les exèdres) et d’une voûte ou d’une coupole pour l’espace central. Là encore, l’action du wādī nous livre un écorché de la pièce, qui révèle un système d’hypocaustes très bien conservé. Le fond de ce dispositif est constitué de briques de terre cuite carrées (26 x 26 cm, ép. 3,50 cm) directement posées sur un puissant remblai qui semble, en partie au moins, être le rocher en place. Au nord, juste en avant de l’exèdre nord, deux pilettes de briques circulaires (diam. 22 cm, ép. ca. 7 cm) sont visibles ; elles étaient destinées à porter la suspensura, détruite à cet endroit.

L’exèdre sud était occupée par un bassin dont la partie basse est entièrement conservée (Fig. 37). Les pilettes qui le portent sont carrées, constituées des mêmes briques que celle du fond de l’hypocauste

Fig. 36. Principaux blocs architecturaux de la cour (1), localisés sur la fig. 25 (Th. Fournet)

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(26 x 26 x 3,50 cm), ainsi que de demi-briques (13 x 26 x 3,50 cm). La hauteur totale des piles, et donc du vide sous la suspensura du bassin, atteint ca. 95 cm. La suspensura, conservée et visible uniquement au niveau du bassin, est constituée de grandes briques franchissant l’espace entre pilettes, d’une couche de mortier de chaux et de cendre, d’éléments de calage et, enfin, de dalles de grès formant le fond. L’épaisseur totale de cette suspensura est de 16 cm. Les parois du bassin sont constituées, au sud et à l’ouest, d’un muret de demi-briques et d’orthostates de grès similaires aux dalles du fond. Le bassin, tel que nous pouvons le restituer, mesurait ca. 2,50 m x 1,10 m (dimensions intérieures) et était profond d’au moins 50 cm. Dans sa partie ouest, la mieux conservée, un espace semble ménagé entre les murs et les parois du bassin ; il était sans doute destiné à accueillir des cheminées ou un dispositif de tubulures aujourd’hui détruit ou masqué. Un ramassage de surface, en contrebas de la partie ruinée, a en effet livré quelques fragments de tubulures, attestant l’utilisation de parois chauffantes dans cette pièce33. Au nord, le bassin est limité par une marche/banquette profonde de 26 cm et par une margelle constituée de briques, en grande partie détruite. Le niveau de circulation dans la salle, hors du bassin, n’est pas visible. Dans l’axe de la pièce, sous le bassin, au sud, s’ouvre le foyer associé à l’hypocauste. Le passage, large de 85 cm dans la maçonnerie, est réduit à 35 cm par deux parois de briques. Ce conduit, probablement voûté à l’origine, avance de 35 cm sous la baignoire et se prolonge au sud sur au moins 50 cm au-delà du mur sud de la salle chaude.

33 Les dix fragments collectés sont malheureusement très incomplets et ne permettent pas de restituer les dimensions de ces tubulures. Elles étaient pourvues, sur le côté, d’ouvertures ovoïdes découpées grossièrement avant cuisson et destinées au passage des gaz chauds d’un conduit vertical à l’autre. Les fragments sont par ailleurs d’une finition très approximative : les parois, d’épaisseur très variable (de 0,40 à 1,10 cm), sont souvent gauches et les angles tantôt presque droits, tantôt très arrondis.

Fig. 37. Piscine chaude de la salle (4), vers l’ouest (2014, Th. Fournet)

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Salle de service (4) Le foyer était alimenté depuis une salle rectangulaire (ca. 3,50 m x 3,80 m) en partie visible au sud du bloc thermal. Le prolongement du canal de chauffe à l’intérieur de cette pièce et la présence – apparemment en place – d’un bloc à 70 cm au sud du mur nord incitent à restituer au-dessus du foyer un dispositif de chaudière destiné à alimenter l’édifice en eau chaude, et plus particulièrement le bassin de la salle 4 situé juste au nord. Les ruissellements et l’érosion de la partie orientale de cette salle de service ont révélé, dans la pente, d’importantes poches cendreuses, logiquement issues du fonctionnement et des nettoyages du foyer (zones hachurées sur la Fig. 33).

Autres vestiges (5, 6, 7, 8) La salle chaude (4) ne pouvait être accessible que par l’ouest, à hauteur d’une lacune dans le mur, dans l’axe du carré central. Il faut donc restituer au moins une autre salle intermédiaire chaude ou tiède (5), juste à l’ouest, qui faisait le lien avec la salle froide (1). Plus au sud, à l’ouest de la salle de service (4), émerge un massif de maçonnerie très érodé, dont le parement nord semble courbe (6). La présence de ce massif est sans doute à mettre en relation avec une seconde salle de service (7) discernable plus au sud encore, qui indiquerait en (6) une autre salle chauffée. Au nord-ouest des bains enfin, en direction du sanctuaire, a été repérée une canalisation creusée dans le rocher (8), semblant se diriger vers l’édifice thermal. Rien ne permet d’associer avec certitude cette canalisation aux bains mais il est tentant d’y voir les vestiges d’un aqueduc destiné à alimenter l’édifice.

Les bains : hypothèses de travail et interprétation des vestiges. Il est exceptionnel de pouvoir décrire un édifice thermal tel que celui du Wādī Sabrā sans donner un seul coup de truelle. L’interprétation de ce monument, son insertion dans le paysage thermal du Proche-Orient et, bien sûr, l’estimation de sa période de construction et de sa durée d’utilisation se heurtent toutefois à de très nombreuses inconnues. Le plan reste lacunaire, en dépit de la qualité des informations disponibles. Le « bloc thermal  », qui permettrait d’insérer l’édifice dans les typologies connues, n’est visible que dans sa partie orientale, le long d’une coupe nord-sud, tandis que les technologies mises en œuvre (hypocaustes, tubulures), qui apparaissent au Proche-Orient en contexte hérodien et perdurent jusqu’à la fin de l’Antiquité, ne permettent pas de déterminer la date de construction du bâtiment. Le décor est absent, les chapiteaux, mal conservés, sont d’un type très standard et la céramique collectée lors du relevé architectural se réduit à quelques briques, pilettes et tubulures. Il est cependant possible, afin de préparer l’éventuelle fouille de l’édifice, de proposer quelques hypothèses de travail.

L’accès aux bains. L’accès à la cour est pour l’instant impossible à localiser. À l’est comme à l’ouest, les niveaux extérieurs sont situés à plus de 2,50 m au-dessous ou au-dessus du niveau de circulation intérieur. Un accès par le nord, du côté du sanctuaire, aurait au contraire permis de ménager un accès axial et de plain-pied à la cour. Le rocher qui borde l’édifice de ce côté, creusé par le wādī secondaire, est cependant escarpé et implique l’installation d’un franchissement quelconque, dont rien n’est conservé, au moins côté bains. Léon de Laborde indique pourtant un pont à cet endroit (Fig. 6), ce qu’il faudra vérifier côté sanctuaire. Une autre solution pourrait être de restituer un escalier à l’ouest de la salle (2), permettant depuis la pente d’accéder au portique ouest de la cour.

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Les circulations antiques restent inconnues mais le chemin actuel, qui depuis le sud longe le wādī pour rejoindre le sanctuaire, passe directement à l’ouest des bains, au niveau de la rupture de pente ; si l’arrivée se faisait historiquement par ce passage (ce que l’aménagement du rocher au niveau du torrent et la présence de l’aqueduc qui le longe pourraient suggérer), l’hypothèse d’une entrée par l’angle sud-ouest semble la plus logique.

Restitution du circuit et datation. Les bains de Sabrā semblent suivre un plan à itinéraire rétrograde : les baigneurs traversent au retour les salles empruntées à l’aller et passent successivement de la cour (1) à la salle froide (2), puis à une ou deux salles chaudes intermédiaires (5), avant d’atteindre la salle chaude principale (3), pourvue d’un bassin chaud. Ils retraversent ensuite ces mêmes salles pour profiter d’un bain froid dans la salle (1). Sans engager ici une véritable étude comparative, un regard vers quelques autres édifices balnéaires de la région permet de préciser ce schéma de base. La proximité topographique de bains et d’un sanctuaire permet en effet de rattacher, de manière certes encore hypothétique, l’édifice de Sabrā à quelques autres bains de Jordanie et de Syrie du Sud, également situés à proximité directe d’un sanctuaire. La salle (6) en particulier peut bénéficier de cette étude comparative : les bains du Wādī Ramm34, tout comme ceux du « Great Temple » de Pétra dans leur premier état35 ou ceux de Sīʿ en Syrie du Sud36, possèdent une salle circulaire interprétée comme une étuve (laconicum). La position de la salle (6) dans les bains de Sabrā, le tracé de son mur sud et la présence probable d’un chauffage spécifique permettent, de manière hypothétique, d’y restituer là aussi une étuve circulaire, accessible par la salle (5). Les circulations seraient dans ce cas comparables à celles des bains du Wādī Ramm et ceux de Pétra : la salle chaude intermédiaire permettrait d’accéder d’une part au caldarium principal et, d’autre part, au laconicum. Si cette hypothèse devait s’avérer juste, la présence d’une telle étuve, absente de la majorité des édifices proche-orientaux, rattacherait les bains de Sabrā au groupe des petits bains « nabatéo-romains » habituellement datés de la fin du Ier s. ou du début du IIe s. de n. ère. Par ailleurs, la proximité entre nos bains et le sanctuaire de Sabrā permet de proposer un second rapprochement, avec cette fois les exemples de Khirbet edh-Dharih et de Sleim37. La comparaison des plans, qui n’est à ce stade de l’étude guère éclairante, semble toutefois suggérer un lien de parenté entre ces édifices, très classiques par rapport au corpus très fourni des « petits bains » plus tardifs. Cette hypothèse d’une datation de l’édifice au tournant des Ier et IIe s. et d’un lien direct entre bain et sanctuaire doit bien entendu être testée par la fouille. Enfin, la présence, dans les bains, d’indices d’une réoccupation postérieure à l’abandon de la fonction thermale (ou au moins de la cour [1]) doit également être confrontée à l’occupation des autres secteurs de Sabrā où une occupation « tardive » est également décelable. Seule une fouille permettra de répondre à ces questions. Le niveau de conservation de l’édifice, en grande partie masqué mais assurément conservé sur plus de 2,50 m d’élévation (ou plus de 5,10

34 Dudley & Reeves 2007.35 Joukowsky 2007. La présence, à Pétra comme à Sabrā, d’une vaste cour à portique associée aux bains ainsi bien entendu que leur proximité géographique, font de ce dernier bâtiment le meilleur parallèle à notre édifice.36 Butler 1919, p. 464. L’édifice, aujourd’hui disparu, n’est connu que par un plan sommaire.37 Fournet 2010.

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m avec soubassement), laisse présager d’importants résultats. Associés aux travaux en cours sur les bains de Khirbet edh-Dharih et sur ceux du Jabal Khubthah (voir supra 2.2.), ils permettraient le cas échéant de mieux comprendre le rôle du bain dans les premiers siècles de la province d’Arabie, son éventuelle association aux sanctuaires – rôle qu’il perd par la suite – , et peut-être de saisir enfin les modes de diffusion et d’appropriation des pratiques thermales dans cette région où les deux siècles qui séparent les bains palatiaux hérodiens38 des constructions monumentales d’époque sévérienne puis byzantine39 restent en effet mal représentés.

La pseudo-« Acropole »

Le secteur défini depuis L. de Laborde comme « Acropole » n’a jamais fait l’objet de description (Fig. 38). Nous nous limiterons dans ces pages à quelques remarques générales, en attendant une étude plus fine des orientations, articulations et appareils. La zone qui s’étend sur ca. 40 x 25 m, présente un dénivelé en pente douce d’ouest en est d’environ 6 mètres, et domine le téménos du sanctuaire d’une douzaine de mètres. La rupture entre les deux espaces est brutale, la partie ouest du téménos ayant été creusée dans la paroi rocheuse, créant ainsi un escarpement abrupt, peut-être pour partie oblitéré par l’élévation d’un portique occidental. En rupture de pente trône une tour rectangulaire isolée (?) en appareil à bossage rectangulaire irrégulier de 6,10 m de large pour ca. 4 m de profondeur conservée, son mur oriental s’étant effondré (Fig. 39 et 39.1). Le flanc méridional de la zone, défini par le wādī Muthayljeh, est occupé par un alignement de structures quadrangulaires (ca. 3 m x 4 m ; 4 m x 5,5 m), pour partie rupestres, conservant pour certaines une partie de leur couverture sur arcs (Fig. 40-41). Sans doute peut-on restituer là deux niveaux partiellement superposés de pièces étagées dans la pente. La nature de leur occupation reste conjecturale. Sur les pentes nord-ouest et nord-est courent de longs murs qui délimitent l’espace construit et se rejoignent au point le plus élevé du secteur, marqué par une impressionnante accumulation de blocs (Fig. 42). On est tenté d’y restituer une tour, bien que l’organisation planimétrique de la structure soit totalement occultée par la ruine. En dépit de la difficulté de lecture, il semble bien que la partie sommitale du secteur réponde à une organisation cohérente, peut-être centrée autour d’une cour (?) vers laquelle convergent deux (ou trois  ?) circulations entre des unités construites (Fig. 43). L’une d’entre elles, limitée par deux murs encadrant un cheminement doté d’un caniveau central, est nettement identifiable dans la pente sud-ouest (larg. 2,08 m), tandis que d’autres circulations se laissent percevoir contre la pente nord-est. Un long mur (deux segments visibles sur ca. 18 m et 14 m et réunis par un angle de 130°) constitue la limite nette de ce secteur de la ruine côté nord. Il est chemisé sur près de 20 mètres, le second mur portant la largeur du ‘rempart’ à 1,55 m. Contre ce mur s’alignent des dépotoirs largement pillés signalés plus haut (Fig. 44 et 45). Les ramassages céramiques suggèrent une occupation massive du secteur à l’époque romaine (matériel des IIe et

38 Small 1987 ; Netzer 1999.39 Fournet 2012.

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IIIe siècles). En l’état, il serait téméraire de tenter d’interpréter cet ensemble. Ce témoignage net d’une reprise dédoublée d’une structure ancienne nous incite cependant à considérer que deux phases majeures sont à rechercher dans ce secteur du site, la céramique de surface des IIe / IIIe siècles datant vraisemblablement de la seconde d’entre elles. C’est la raison pour laquelle nous sommes, à ce stade préliminaire de la recherche, tenté d’interpréter le secteur comme un agrandissement intervenu à l’époque romaine d’un noyau plus ancien ; suivant l’exemple de Kh. edh-Dharih et à l’image de la maison V1, on pourrait par exemple suggérer la présence, à proximité immédiate du

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Fig. 38. L’« Acropole » : vue générale depuis le sud (2014)

Fig. 39. “Tour” (?) isolée (?) surplombant le secteur ouest du téménos (2014)

Fig. 39.1. Plan de la “Tour” (?) isolée (?) surplombant le secteur ouest du téménos (S. Delcros)

Fig. 40. Flanc méridional de l’« Acropole » : vue générale (2014)

Fig. 41. Flanc méridional de l’« Acropole » : couvertures sur arcs conservées in situ (2014)

Fig. 42. Ruine au sommet / angle nord-ouest de l’« Acropole » (2014)

Fig. 43. Plan et circulations dans l’ « Acropole » (S. Delcros, G. Dumont, N. Paridaens)

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téménos, d’un habitat de prestige, peut-être lié au personnel du temple, hypothèse de travail qui pourra bien entendu être démentie par la fouille. De même, rien ne permet à ce stade de caractériser l’établissement d’époque romaine et d’en déterminer l’éventuel caractère « militaire ».

Le secteur situé au nord du sanctuaire

Un quartier est partiellement visible sur la rive droite du wādī, dans la pente située au nord du téménos, qui présente dans ce secteur un dénivelé de 25 mètres ; les structures s’y déploient en éventail en suivant l’inflexion de la pente sur ca. 30 m x 45 m (Fig. 46). L’érosion a mis au jour plusieurs niveaux de circulations, sols et pavements internes de pièces suspendues dans le vide, entre 8 et 10 m au-dessus du lit actuel du wādī Sabrā. L’organisation générale du secteur ne se laisse pas

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Fig. 44. Pillages le long du mur nord de l’Acropole (2014)

Fig. 45. Pillage contre le parement externe du mur nord de l’Acropole (2013)

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deviner mais la densité du bâti ne fait pas de doute ; un mur de près de 12 m de long perpendiculaire à la pente pourrait ici encore définir une limite construite et/ou une circulation sur le versant. Une centaine de mètres plus au nord, quelques vestiges de murs peu lisibles et qu’il est impossible d’interpréter ont été relevés au 1:100e.

Le théâtre et son quartier associé

Nous n’avons pas procédé à une analyse exhaustive du théâtre rupestre creusé dans la rive gauche du wādī, celui-ci ayant fait l’objet de descriptions par le passé40, et avons préféré orienter les énergies de cette première campagne vers le reste du site, nullement documenté avant notre mission. Le théâtre, exceptionnel à plus d’un titre, fera l’objet d’une étude exhaustive et spécifique (Fig. 47). Nos relevés préliminaires, qui visaient à le situer sur le plan général, en améliorent toutefois l’image ; ils permettent en particulier de repérer un mur de 1,38 m de large, visible sur ca. 11 m qui constitue la fermeture du théâtre du côté du wādī, où l’on s’attendrait à trouver, dans le cas d’une utilisation classique, une estrade et/ou un mur de scène (Fig. 48). Plus intéressant encore pour l’établissement du plan général de l’édifice, deux segments de murs convergent vers ce « mur de scène » – appelons-le ainsi pour l’instant –, depuis les extrémités supposées du koilon, suivant des angles de ca. 50°/130°. Les relevés ont également permis d’améliorer la compréhension du réseau hydraulique creusé sous les gradins supérieurs du koilon et relié à la citerne située à l’est de l’orchestra (Fig. 49). Ce réseau alimentait un aqueduc de 1,25 m de large, perpendiculaire au wādī dont une pile de 2 m x 1,40 m est visible à 9,20 m de la limite de la rive gauche du wādī (Fig. 48 et 50). L’existence de cet aqueduc alimenté par la grande citerne supérieure déforce l’idée que l’orchestra partiellement rupestre ait pu servir de réservoir (contra de Laborde, Lindner et Segal). Ce secteur de la rive est protégé par un fort mur de soutènement lequel paraît soutenir une voie empierrée de ca. 6 m de large dont un long tronçon est visible sur la rive gauche du wādī. Il correspond sans doute à la structure reproduite sur

40 Lindner & Zeitler 1997/98, 547-548; Segal 1995, 93-95, Lindner 2006b (n.v.).

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Fig. 46. Rive droite du wādī Sabrā, vestiges des structures situées au nord du sanctuaire

Fig. 47. Gradins des deux cunei conservés de la cavea (2013)

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le plan de L. de Laborde, dans le prolongement nord du « mur de scène »41. Plusieurs structures orthogonales ruinées se succèdent sur la pente, sur plus d’une centaine de mètres (Fig. 51, 52 et 53) ; elles ont également été relevées au 1:50. La céramique récoltée à la surface de ce secteur est datée de la fin du Ier s., déb. du IIe s. de n.è.

La structure isolée, un caravansérail ?

Dans le fond du wādī, à une trentaine de mètres au sud-ouest du théâtre, se trouve une structure de ca. 23 m x ca. 12 m, apparemment isolée, et partiellement mise au jour par les crues (Fig. 54) ; elle présente un grand mur aveugle côté est avec lequel s’articulent plusieurs murs perpendiculaires définissant soit des pièces soit des caissons (Fig. 55, 56 et 57). Seule la fouille permettra d’établir s’il s’agit d’un bâtiment à cour centrale (un caravansérail ? un petit fort ?), une structure destinée à canaliser les eaux du wādī ou, hypothèse moins probable mais qui ne peut être écartée à ce stade, d’une grande citerne construite.

41 de Laborde 1830, 61, pl. 33. Ajoutons que, selon ce document, cette structure se poursuit également au sud du théâtre, le long de la rive gauche du wādī, suivant une nouvelle orientation.

Fig. 48. Wādī Sabrā. Compléments au relevé du théâtre, vestiges associés. (G. Dumont, N. Paridaens, S. Delcros)

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Fig. 49. Canalisation sous le gradin supérieur, vers le Nord-Ouest (2013)

Fig. 50. Rive gauche du wādī Sabrā : pile d’aqueduc (2014)

Fig. 51. Rive gauche du wādī Sabrā : vue générale vers l’Est (2014)

Fig. 52. Structures de la rive gauche du wādī Sabrā : vue vers le Sud, en direction du théâtre (2013)

Fig. 53. Structures de la rive gauche du wādī Sabrā : vue vers l’Ouest (2004)

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Éléments d’une chronologie

Les fouilles anciennes et les ramassages de surface signalent une occupation qui s’étend entre la fin Ier s. av. n.è. et l’époque romaine tardive, les productions étant majoritairement pétréennes, à l’exception de quelques éléments produits à Aqaba et en Afrique du Nord (African Red Slip Ware)42.

Hypothèses et interprétation

Ce premier relevé exhaustif des vestiges visibles de Sabrā autorise une réévaluation des hypothèses anciennes et ouvre la perspective d’un renouvellement important du dossier. On l’aura compris, le cœur du site est formé par le sanctuaire doté d’un téménos fermement implanté sur la rive droite du wādī, son puissant cryptoportique oriental et ses retours nord (assuré) et sud (probable) supportant des portiques internes. À ce sanctuaire est associé un complexe thermal que les parallèles proche-orientaux connus suggèrent de dater de la fin du Ier  s. début du IIe s. de n.è. Cette information corrobore la proposition de J.P Zeitler d’associer le décor architectural du temple central au groupe B de Pétra, désormais daté du milieu ou du troisième tiers du Ier s. La proximité des bâtiments et ces indications chronologiques indépendantes incitent à penser que le sanctuaire et les thermes ont pu appartenir à un programme communément utilisé à l’époque romaine. Dans ce contexte, on ne se surprend plus de trouver à Sabrā un théâtre d’une capacité évaluée à quelques centaines

42 Lectures de Caroline Durand (cf. rapport 3.3)

Fig. 54. Wādī Sabrā. Plan de la structure isolée, caravansérail ? (N. Paridaens, S. Delcros)

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Fig. 55. Wādī Sabrā. Structure isolée (caravansérail ?), vers le Nord-Ouest (2014, L. Vallières)

Fig. 56. Wādī Sabrā. Angle sud-est de la structure (2004)

Fig. 57. Wādī Sabrā. Elevation nord de la structure (2004)

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d’individus, celui-ci étant de toute évidence utilisé dans le cadre de fêtes religieuses. L’implantation géographique du site, au débouché d’une voie caravanière et à quelques centaines de mètres d’une rupture de pente (Rās Sabrā) suggère d’y rechercher une rupture de charge pour les caravanes ralliant Pétra par le wādī Sabrā, en provenance du wādī ‘Arabah, depuis ‘Aqaba et Leukè Komè, ou depuis le Négueb43. De plus, la petite oasis, alimentée en eau de source et de pluie (citernes associées au théâtre), prend place dans une passe étroite formant un goulot d’étranglement. Les fêtes religieuses peuvent donc coïncider avec le départ ou l’arrivée de certaines caravanes et servir de cadre aux échanges occasionnés par ces grands rassemblements de marchands et de communautés impliquées dans le commerce. Il est donc probable que Sabrā a pu servir de cadre aux panégyries, foires commerciales et religieuses dont un Diodore de Sicile se fait par exemple l’écho à l’époque de César et dont témoignent à l’époque romaine encore, quel qu’en soit le contexte à cette date, des inscriptions grecques de Pétra44. Le cas échéant, la présence à Sabrā d’un caravansérail irait dans le même sens.

Quel crédit apporter aux hypothèses anciennes présentées en introduction  ? Sabrā est-il un site fortifié  ? On ne peut nier que la pseudo-« Acropole  » présente des constructions massives, tour dominant le sanctuaire, épais mur de pente chemisé (fortifié  ?), impressionnante ruine dans l’angle-nord-ouest et des constructions dans la pente sud, face au wādī Muthayljeh présentant des subdivisions unitaires, de même qu’une image céramique orientant vers les IIe et IIIe siècles, sans parler de la grande structure rectangulaire isolée de fonction inconnue documentée à proximité du théâtre. Seules des fouilles permettront de déterminer la nature et les étapes du développement de ce secteur. Les témoignages d’occupation de ce secteur du site à l’époque romaine impériale et tardive sont nombreux  : réutilisation non thermale de l’espace des bains, transformation du probable temple sud à l’époque romaine tardive (IVe s.), traces d’artisanat métallurgique daté danss le secteur sud-est de l’époque romaine tardive. Ici encore, seule la fouille permettra de vérifier l’hypothèse fragile d’une christianisation du sanctuaire et d’une poursuite éventuelle de l’occupation à l’époque byzantine, guère documentée par nos travaux.

43 Rappelons, si besoin est, le témoignage de G. et A. Horsfield qui signalent avoir vu le 19 avril et le 15 mai 1929 deux troupeaux de 300 et 1000 dromadaires traverser Pétra, entrant sur le site par le Wādī Turkmaniyeh pour l’un, par le Sîq pour l’autre, et rejoignant le Wādī ‘Arabah à destination des marchés de Palestine en contournant Umm el-Biyara : Horsfield & Conway 1930, 383. Pour Leukè Komè : Strabon, Geogr. 16.4.23 ; 16.4.25 ; Périple de la mer Erythrée, 19 : « À gauche de Bernikè, à deux ou trois jours de voyage de Myos Hormos vers l’est, en traversant le golfe qui les longe, il y a un autre port, avec un fort, appelé Leukè Kômè, d’où part (une route) vers Pétra, jusqu’à Malichas, le roi des Nabatéens*. Il est connu pour ses bateaux qui, bien que pas très grands, (arrivent) chargés d’Arabie. Pour cette raison se trouvent là un collecteur de la taxe du quart sur les marchandises importées, et, pour la sécurité, un centurion avec un détachement. » * D’après J. Pirenne, la mention des Nabatéens pourrait être une correction tardive, le manuscrit le plus ancien donnant « Leukè Kômé, par où il y a, vers Pétra, chez le roi Malichas, une montée. » : Pirenne 1961, 189. Rappelons que la montée est le sens donné au toponyme ‘Aqaba. P. Arnaud souligne par ailleurs que la « notice douanière [de Leukè Komè] faisant appel à un vocabulaire spécifique semble importée dans la trame descriptive » Arnaud 2012, 44. Le site de ‘Aynunah (Arabie Saoudite), vraisemblable Leukè Komè, est étudié depuis 2014 par une équipe saoudo-polonaise.44 e.g. Diodore, B.H., 19, 95 ; Sartre 1993, p. 48-49 ; pour le texte et la datation de IGLS XXI.4.14 : Gatier 2007, 180-182.

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