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Bulletin de la Société préhistorique française 2007, tome 104, n o 1, p. 5-30 Jérôme PRIMAULT, Joël GABILLEAU, Laurent BROU, Mathieu LANGLAIS, Samuel GUÉRIN et coll. Le Magdalénien inférieur à microlamelles à dos de la grotte du Taillis des Coteaux à Antigny (Vienne, France) En hommage à Hervé de Moussac Résumé La grotte du Taillis des Coteaux à Antigny (Vienne), découverte en 1998, est fouillée depuis 2000. Elle conserve une stratigraphie exceptionnelle, comprenant la quasi-totalité du Paléolithique supérieur, depuis l’Aurigna- cien jusqu’au Magdalénien moyen, en passant par le Gravettien, le Bade- goulien et le Magdalénien inférieur. Ce dernier, le niveau AG-IIIa, fouillé sur une vingtaine de m 2 dans le talus de la grotte, retient ici notre attention. Il livre un assemblage archéologique aux caractères typotechnologiques originaux évoquant le Magdalénien, mais dont les datations autour de 17000 BP se rapprochent plutôt du Badegoulien. Les auteurs présentent ici les principaux caractères de l’industrie lithique et plus particulièrement le débitage lamellaire. Une discussion est proposée afin de rapprocher l’in- dustrie du niveau AG-IIIa d’un Magdalénien inférieur. Abstract The cave of Le Taillis des Coteaux, Antigny (Vienne, France) was disco- vered in 1998 and excavations began in 2000. The preserved stratigraphy is exceptional as it represents almost the whole Upper Palaeolithic, from the Aurignacian to the Middle Magdalenian, through the Gravetian, Bade- goulian and Lower Magdalenian. This latter sequence, level AG-IIIa, excavated on 20 m 2 in the slope of the cave, is presented in detail in this paper. It has provided an archaeological assemblage with original typo- technological features evoking the Magdalenian. However, its dating to around 17000 BP is closer to the Badegoulian. The main characteristics of the lithic industry are described, particularly bladelet production. Its rela- tionship with the Lower Magdalenian is also discussed. PRÉAMBULE Cet article se donne pour objectif principal de pré- senter l’industrie lithique de l’ensemble stratigraphique III, et plus particulièrement du niveau AG-IIIa, de la grotte du Taillis des Coteaux à Antigny (Vienne). Mais cet ensemble comporte de nombreux autres témoins archéologiques et paléoenvironnementaux dont l’étude ne serait possible sans le travail efficace et passionné d’une équipe scientifique composée de Jean Airvaux (art), Anne-Laure Berthet (géo-archéologie), Laurent Brou (technologie lithique), Joël Gabilleau (techno- logie lithique), Christophe Griggo (archéozoologie :

Le Magdalénien inférieur à microlamelles à dos de la grotte du Taillis des Coteaux à Antigny (Vienne, France)

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Bulletin de la Société préhistorique française 2007, tome 104, no 1, p. 5-30

Jérôme PRIMAULT, Joël GABILLEAU,

Laurent BROU, Mathieu LANGLAIS,

Samuel GUÉRIN et coll.

Le Magdalénien inférieur à microlamelles à dos de la grotte du Taillis des Coteaux à Antigny (Vienne, France)

En hommage à Hervé de Moussac

RésuméLa grotte du Taillis des Coteaux à Antigny (Vienne), découverte en 1998,

est fouillée depuis 2000. Elle conserve une stratigraphie exceptionnelle, comprenant la quasi-totalité du Paléolithique supérieur, depuis l’Aurigna-cien jusqu’au Magdalénien moyen, en passant par le Gravettien, le Bade-goulien et le Magdalénien inférieur. Ce dernier, le niveau AG-IIIa, fouillé sur une vingtaine de m2 dans le talus de la grotte, retient ici notre attention. Il livre un assemblage archéologique aux caractères typotechnologiques originaux évoquant le Magdalénien, mais dont les datations autour de 17000 BP se rapprochent plutôt du Badegoulien. Les auteurs présentent ici les principaux caractères de l’industrie lithique et plus particulièrement le débitage lamellaire. Une discussion est proposée afin de rapprocher l’in-dustrie du niveau AG-IIIa d’un Magdalénien inférieur.

AbstractThe cave of Le Taillis des Coteaux, Antigny (Vienne, France) was disco-

vered in 1998 and excavations began in 2000. The preserved stratigraphy is exceptional as it represents almost the whole Upper Palaeolithic, from the Aurignacian to the Middle Magdalenian, through the Gravetian, Bade-goulian and Lower Magdalenian. This latter sequence, level AG-IIIa, excavated on 20 m2 in the slope of the cave, is presented in detail in this paper. It has provided an archaeological assemblage with original typo-technological features evoking the Magdalenian. However, its dating to around 17000 BP is closer to the Badegoulian. The main characteristics of the lithic industry are described, particularly bladelet production. Its rela-tionship with the Lower Magdalenian is also discussed.

PRÉAMBULE

Cet article se donne pour objectif principal de pré-senter l’industrie lithique de l’ensemble stratigraphique III, et plus particulièrement du niveau AG-IIIa, de la grotte du Taillis des Coteaux à Antigny (Vienne). Mais

cet ensemble comporte de nombreux autres témoins archéologiques et paléoenvironnementaux dont l’étude ne serait possible sans le travail efficace et passionné d’une équipe scientifique composée de Jean Airvaux (art), Anne-Laure Berthet (géo-archéologie), Laurent Brou (technologie lithique), Joël Gabilleau (techno-logie lithique), Christophe Griggo (archéozoologie :

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grande faune), Samuel Guérin (technologie lithique), Dominique Henry-Gambier (anthropologie), Claire Houmard (technologie osseuse), Mathieu Langlais (technologie lithique), Véronique Laroulandie (archéo-zoologie : avifaune), Despina Liolios (industrie osseuse), Vincent Mistrot (microfaune), Delphine Ram-baud (ichtyofaune), Aurore Schmitt (anthropologie), Ludovic Soler (anthropologie) et Yvette Taborin (pa-rure).

INTRODUCTION

Le Taillis des Coteaux à Antigny (Vienne) est une grotte inédite, découverte lors d’une prospection en 1998 et fouillée depuis 2000. Elle conserve une impo-sante stratigraphie avec une séquence chronoculturelle exceptionnelle, comprenant la quasi-totalité du Paléo-lithique supérieur, depuis l’Aurignacien jusqu’au Magdalénien moyen, en passant par le Gravettien, le Badegoulien et le Magdalénien inférieur. La présente contribution est consacrée plus particulièrement à la présentation préliminaire de l’industrie lithique relevée dans le niveau AG-IIIa, que les auteurs proposent d’attribuer à un Magdalénien inférieur.

Fouillé sur une vingtaine de m2 dans le talus de la grotte, le niveau AG-IIIa coiffe l’ensemble stratigra-phique III. Intercalé entre plusieurs niveaux du Mag-dalénien moyen (ensemble II) et trois niveaux badegou-liens (ensemble V), il est daté autour de 17000 BP. Parmi de très nombreux restes de faune, le niveau AG-IIIa livre une industrie lithique aux caractères typo-technologiques originaux, marquée par un débitage de petites lamelles sur tranche d’éclats utilisées comme supports de lamelles à dos. Les modalités de production de ces lamelles sont maintenant mieux documentées, notamment par d’importantes séries de remontages. Reste le problème de l’attribution chronoculturelle de cet assemblage archéologique qui, par ses caractères typotechnologiques, évoque le Magdalénien mais qui, par ses datations, se rapproche plutôt du Badegoulien.

Dans un premier temps sont donc exposés les prin-cipaux caractères de l’industrie lithique et notamment les modalités qui régissent le débitage de lamelles. Ensuite, une discussion est proposée avec quelques éléments de comparaison qui permettent de rapprocher l’industrie du niveau AG-IIIa d’un Magdalénien infé-rieur.

Cet article est aussi l’occasion de présenter la sé-quence chronologique découverte au Taillis des Co-teaux.

PRÉSENTATION DU SITE : UNE EXCEPTIONNELLE STRATIGRAPHIE

DU PALÉOLITHIQUE SUPÉRIEUR

Présentation de la grotte

La grotte du Taillis des Coteaux fut découverte lors d’une prospection en décembre 1998 par Jean Airvaux (service régional de l’Archéologie du Poitou-Charentes)

et Bruno Paul (Spéléoclub poitevin) (Primault, 2003c). Entièrement comblée, son entrée actuelle ne se signa-lait que par l’épandage de déblais de terriers de fouis-seurs au pied d’un petit aplomb calcaire.

Creusée face à l’ouest dans le coteau de la rive droite de la Gartempe, au cœur d’un léger méandre, la grotte se trouve à moins d’un kilomètre en amont du village d’Antigny (fig. 1). Ce coteau, aujourd’hui boisé d’un taillis relativement dense, présente une pente d’environ 45° régulièrement interrompue par des petits gradins correspondant à l’érosion différentielle de strates du calcaire siliceux bajocien. À l’aplomb de la grotte, le coteau culmine à 129 m (NGF) alors que la vallée est à 80 m en moyenne. L’entrée de la grotte s’ouvre en partie basse du coteau, à 94 m d’altitude, au fond d’un petit cirque de 20 m de large.

Les dimensions réelles de la cavité sont encore difficiles à cerner étant donné son état de comble-ment : il reste en moyenne une trentaine de centi-mètres entre le plafond et le sommet du remplissage, beaucoup moins par endroits. Les explorations me-nées jusqu’alors montrent qu’elle s’étend plutôt en profondeur, sur au moins une trentaine de mètres (et probablement beaucoup plus) et qu’elle n’excède pas 12 m de largeur, soit une surface évaluée entre 300 et 360 m2 (fig. 2).

En avant de la grotte s’étend un important talus, marqué par une pente de 20 à 25°, et qui vient au contact de la terrasse alluviale récente à 30 m en contre-bas de l’entrée de la cavité.

Historique des recherches

Lors de sa découverte, la collecte d’une dizaine de silex taillés attribués au Paléolithique supérieur, de quelques fragments d’os à la surface noircie, d’une petite section de bois de renne et d’un grand fragment de fémur humain laissait déjà entrevoir le potentiel archéologique de la cavité. Celui-ci paraissait d’autant mieux préservé que cette grotte, étant jusqu’alors inconnue, ne semblait pas avoir subi d’excavation clandestine. Les premières explorations de la salle d’entrée devaient confirmer cette impression : aucun graffiti sur les parois, aucun débris de bouteille de verre, ni papier ni plastique ou autres restes contem-porains pourtant généralement présents dans les ca-vités régionales. Seuls des éléments préhistoriques mélangés à des restes osseux récents, reliques des repas des animaux occupant alors la cavité, ont été récoltés en surface du remplissage entièrement rema-nié par l’activité récente de fouisseurs (blaireaux et renards).

En 2000, un premier sondage de 2 m2, le S-2000, a été ouvert dans le talus de la grotte, à 10 m en contre-bas de l’entrée, de façon à tester l’éventuelle préserva-tion de niveaux archéologiques. Toujours en cours d’exploration et maintenant élargi à 6 m2 à son sommet, ce sondage a permis d’explorer 4,5 m d’une stratigra-phie comprenant au moins 17 niveaux archéologiques, plus ou moins bien individualisés, allant du début du Magdalénien à l’Aurignacien récent.

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En parallèle, à partir de 2001, la désobstruction progressive de 35 m2 dans la salle d’entrée de la grotte a permis de compléter la stratigraphie par la fouille de six niveaux du Magdalénien moyen, par ailleurs non conservés dans le talus, portant ainsi le nombre de niveaux archéologiques potentiels à au moins 23 sur 5 m d’épaisseur.

Actuellement, après six campagnes de recherches, nous poursuivons la fouille des premiers niveaux du Magdalénien sur 34 m2, à la fois dans le talus de la grotte (ensemble III) et dans son entrée (ensemble II).

Présentation de la stratigraphie

La présentation qui suit est une synthèse prélimi-naire des études et analyses géologiques en cours par Anne-Laure Berthet. En raison de l’étendue des travaux,

les résultats sont encore préliminaires et ne manqueront pas de faire l’objet d’une publication spécifique.

La stratigraphie actuellement explorée se développe sur environ 5 m d’épaisseur. Huit ensembles stratigra-phiques ont été distingués, regroupés en trois grandes unités géologiques correspondant à des processus dif-férents de mise en place des dépôts sédimentaires et affectés par divers phénomènes post-dépositionnels (fig. 3) :- dans la salle d’entrée de la grotte (secteur EG) : la

sédimentation résulte principalement de la desqua-mation lente de la paroi calcaire, enrichissant ainsi les niveaux de nombreux petits blocs silico-calcaires anguleux inclus dans une matrice sablo-limoneuse brune à jaune (ensemble EG-II) (fig. 3) ;

- dans le talus (secteur AG), deux ensembles s’indi-vidualisent nettement : la partie supérieure de la

Fig. 1 – Localisation de la grotte du Taillis des Coteaux (Antigny, Vienne) et des principaux sites en grotte du Paléolithique supérieur en Poitou.

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Fig. 2 – Plan de la fouille de la grotte du Taillis des Coteaux (Antigny, Vienne).

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stratigraphie (comprenant les ensembles II à V) est caractérisée par une matrice sablo-limoneuse jaune, pauvre en argile et plus ou moins enrichie en blocs silico-calcaires principalement issus de l’érosion de la grotte et du versant. La partie basse de la strati-graphie (comprenant les ensembles VI et VII) cor-respond à des dépôts de sables fluviatiles riches en galets.

Les relations sédimentaires entre les deux zones de la fouille ne sont pas encore clairement établies en raison notamment de la présence d’un grand bloc d’effondrement à l’aplomb du porche. Pour autant, d’une façon générale, on note dans le talus une in-fluence décroissante des conditions alluviales au fur et à mesure que l’on s’élève dans la stratigraphie, avec une rupture bien marquée entre les ensembles V et VI (fig. 3). Cette rupture est comprise entre un Gravettien moyen (ensemble VI) et un Badegoulien (ensemble V) et pourrait correspondre au dernier maximum glaciaire (vers 20000 BP).

La séquence chronoculturelle

Parmi les huit grands ensembles stratigraphiques définis, cinq renferment un à plusieurs niveaux paléo-lithiques (Primault dir., 2005) (fig. 3) :- l’ensemble I coiffe la stratigraphie. Dans le talus, il

mesure une trentaine de centimètres et correspond à la terre humique subactuelle. Il ne renferme prati-quement aucun vestige paléolithique. En revanche, dans la salle d’entrée de la grotte, il se développe sur plus d’un mètre d’épaisseur. Entièrement bouleversé par l’activité des fouisseurs, le sédiment est sombre et très riche en matière organique et en blocs silico-calcaires. Le mobilier archéologique qu’il renferme trahit le remaniement d’une partie des niveaux magdaléniens de l’ensemble II sous-jacent (fig. 4). De même, une centaine de restes humains du

Néolithique récent/final1, correspondant à au moins 12 individus (6 adultes dont une femme, 5 enfants et 1 adolescent) (L. Soler, thèse en cours), a été récoltée sans aucune connexion anatomique, principalement dans les déblais des terriers et en surface du remplis-sage ;

- l’ensemble II a été reconnu sur une surface globale de presque 50 m2 correspondant à l’entrée de la grotte et à son talus. Dans la grotte, l’ensemble II, fouillé sur 25 m2, conserve au moins 7 niveaux dont les mieux do-cumentés (IIe, IIf et IIg) s’apparentent au Magdalé-nien moyen (fig. 5). Ces niveaux sont régulièrement perforés par des terriers de fouisseurs (fig. 3). L’in-dustrie lithique est caractérisée par la présence de lames de grand gabarit (une vingtaine de cm de long pour 2 à 3 cm de large), très probablement débitées hors du gisement et utilisées comme supports de burins dièdres et de grattoirs. Un débitage de lamelles, effectué en partie dans la grotte, est destiné à la production de grandes lamelles à dos à extrémités tronquées. L’industrie osseuse est relativement variée et comprend notamment une sagaie de type Lussac-Angles et des fragments de sagaies rondes rainurées. Quelques éléments de parure en coquillage ont été identifiés, accompagnés de craches de cerf perforées. La faune chassée est essentiellement composée de restes de rennes (plus de 70 % des restes déterminés) et d’un peu de cheval. Dans le talus, ces niveaux archéologiques sont très altérés, probablement remaniés par d’importants phénomènes périglaciaires (solifluxion notamment). La corrélation des niveaux AG-II et EG-II n’est pas encore établie en raison de la présence d’un bloc d’effondrement sous l’aplomb de l’entrée (fig. 3). La grande diversité des vestiges découverts dans les niveaux de l’ensemble EG-II fait écho à d’autres assemblages archéologiques régionaux du Magdalé-nien moyen datés entre 14000 et 14500 BP, tels que le Roc-Aux-Sorciers à Angles-sur-l’Anglin (Dujardin

Fig. 4 – Industries lithique et osseuse récoltées dans l’ensemble I (remanié) du secteur EG de la grotte du Taillis des Coteaux à Antigny (Vienne). Dessins : J. Primault.

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et Pinçon, 2000 ; Airvaux, 2001), la Marche à Lus-sac-les-Châteaux (Pradel, 1980), le Chaffaud à Ci-vray et la Garenne à Saint-Marcel (Allain et al., 1985)…

- l’ensemble III, identifié uniquement dans le talus de la grotte sur 75 cm d’épaisseur, renferme 5 fins ni-veaux archéologiques plus ou moins distinctement séparés par des petits niveaux à blocs silico-calcaires anguleux pratiquement stériles (fig. 3). Le niveau supérieur (AG-IIIa) est daté autour de 17000 BP et se distingue par une industrie lithique presque uni-quement orientée vers la production de lamelles à dos. Celle-ci aboutit à l’abandon de petits nucléus carénés et des nombreux déchets de taille afférents. La présence d’autres outils de silex est exceptionnelle. L’industrie osseuse est relativement pauvre et mono-tone : essentiellement des sagaies rondes non rainu-rées. La faune chassée, comme dans tous les niveaux archéologiques actuellement fouillés sur le site, est très nettement dominée par le renne (de 80 à 88 % des restes déterminés). Le cheval et le bison sont présents mais rares. Le niveau le mieux documenté, AG-IIIa, est fouillé sur 20 m2 depuis 2001. Objet de cet article, il est présenté plus en détail dans le chapitre suivant ;

- l’ensemble IV, épais d’une douzaine de cm, corres-pond à un ensemble stratigraphique sans aucun arte-fact ou vestige faunique. Composé de sables grossiers et de galets alluviaux, la mise en place de ce dépôt est toujours sujette à discussion ;

- l’ensemble V n’a pour le moment été observé que dans le sondage S-2000 (sur 4 m2). Épais d’une trentaine de centimètres, il renferme au moins trois niveaux archéologiques (fig. 3). L’industrie lithique est pauvre et se concentre surtout dans le niveau Vd. Elle comprend deux raclettes, deux petits burins

transversaux, dont un sur encoche (fig. 6) et un grat-toir sur une lame forte. L’industrie osseuse est repré-sentée par une pointe à base raccourcie massive. La faune chassée est en revanche très riche et bien conservée, encore dominée par le renne (de 65 à 85 % des restes déterminés). Daté par AMS à 18140 ± 85 BP (Ly-2639), cet assemblage de l’ensemble V correspond au Bade-goulien, où les raclettes sont présentes en petit nombre dès la phase ancienne (Trotignon et al., 1984), et connue, entre autres, à une trentaine de kilomètres du Taillis des Coteaux à l’abri Fritsch à Pouligny-Saint-Pierre. Ce gisement a livré plusieurs niveaux badegouliens plus ou moins riches en ra-clettes. La couche C6, pauvre en raclettes, est datée à 17960 ± 350 BP et la couche C3, riche en ra-clettes, est datée à 17130 ± 550 BP (Trotignon et al., ibid.) ;

- l’ensemble VI n’a lui aussi été observé que dans le sondage S-2000. Épais de 60 à 70 cm, il renferme 7 niveaux archéologiques, souvent au contact les uns des autres et donc parfois difficiles à distinguer (fig. 3). Pour autant, la séquence archéologique paraît bien préservée et particulièrement riche. Les niveaux supérieurs (VIa à VId) ont livré sept fragments de pointes de la Gravette. Le niveau VIb a été daté par AMS à 20870 ± 105 BP (Ly-2640), soit une date solutréenne. Deux burins de Noailles ont été décou-verts dans les niveaux moyens (VIe et VIe base) alors que le niveau inférieur (VIg) a donné deux burins du Raysse et trois lamelles de type « la Picardie » (Kla-ric et al., 2002) (fig. 7). Ce niveau VIg a été daté par AMS à 24950 ± 135 BP (Ly-2642). L’industrie osseuse est représentée par un poinçon dont la base porte quatre incisions périphériques parallèles (niveau VIe). La faune chassée reste dominée par le renne (de 70 à 84 % des restes déterminés) accompagné d’un peu de cheval (de 10 à 13 %). La sédimentation de l’ensemble VI résulte essentiellement d’une dynamique alluviale, donnant un aspect lenticulaire aux niveaux archéologiques. Il faut donc s’attendre, peut-être plus encore que dans les niveaux sus-jacents, à certaines perturba-tions post-dépositionnelles qui, sans être rédhibi-toires, peuvent avoir provoqué dans le talus des inversions stratigraphiques ou mélangé des indus-tries originellement distinctes. De fait, la superpo-sition des burins de Noailles aux burins du Raysse semble refléter un ordre inverse par rapport à ce qui est documenté dans d’autres sites (Bricker dir., 1995 ; Klaric, 2003). De même, la découverte d’un fragment proximal d’une indéniable pointe à cran solutréenne au sommet du niveau VIe incite à la plus grande prudence quant à la nature définitive de l’assemblage archéologique de ce niveau. La pré-sence d’éléments solutréens laisse présager de la possible existence d’une occupation rapportée à ce technocomplexe, ce que la datation du niveau VIb pouvait déjà évoquer ;

- l’ensemble VII est le dernier ensemble archéolo-gique atteint dans le sondage S-2000. Actuellement fouillé sur 2 m2, il comprend un niveau unique

Fig. 5 – Outillage sur lames de l’ensemble EG-II de la grotte du Taillis des Coteaux à Antigny (Vienne) ; 1 : EG-IIf ; 2 et 3 : EG-IIe. Dessins : J. Primault.

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(VIIa) avec une industrie lithique se démarquant bien des niveaux sus-jacents (fig. 8). Elle se compose d’une série de petites lamelles torses à retouche marginale inverse (moins de 20 mm de long), évo-quant volontiers des lamelles type Roc-de-Combe (Demars et Laurent, 1989 ; Lucas, 1997 et 1999 ; Bordes et Lenoble, 2002 ; Bon, 2002) débitées à partir de front de grattoirs/burins carénés. Elles sont accompagnées de deux lamelles rectilignes à re-touche marginale inverse provenant probablement d’un autre schéma de débitage (Le Brun-Ricalens, 2005). Les lames sont rares, faiblement retouchées, et plutôt de petites dimensions. Cet assemblage évoque une phase récente de l’Aurignacien que semble confirmer le résultat d’une datation par AMS de 29840 ± 210 BP (Beta-210191). L’industrie osseuse est absente pour le moment. La faune, bien conservée mais très fragmentée, présente un état de surface parfois légèrement émoussé poli, confirmant l’importance de la dynamique alluviale dès la base de la stratigraphie. Le tout repose sur un ensemble VIII, strictement stérile, composé d’un limon dolomitique résultant

très probablement de l’altération du rocher bajocien sous-jacent. La découverte d’une telle stratigraphie est excep-tionnelle à plus d’un titre. Tout d’abord, elle se ca-ractérise par l’ampleur de la chronologie conservée : de l’Aurignacien jusqu’au Magdalénien moyen. Par ailleurs, les fouilles ont permis de mettre en évidence des niveaux bien développés d’industries originales datées autour de 17000 BP, comprises entre le Bade-goulien et le Magdalénien moyen et inconnues dans la région considérée. Le caractère exceptionnel de cette stratigraphie confère au site du Taillis des Coteaux une importance scientifique de premier ordre en raison aussi de son extension potentielle, la surface minimale étant actuellement estimée entre 300 et 360 m2.

Fig. 6 – Outillage lithique du niveau Vd, sondage S-2000, de la grotte du Taillis des Coteaux à Antigny (Vienne). Dessins : J. Primault.

Fig. 7 (ci-contre) – Industrie lithique et plaquette calcaire gravée de l’ensemble VI, sondage S-2000, de la grotte du Taillis des Coteaux à Antigny (Vienne). Nos 1 à 3 : niveaux supérieurs VIa à VId ; nos 4 et 5 : niveau moyen VIe ; nos 6 à 11 : niveaux inférieurs VIf et VIg. Relevé : J. Airvaux ; dessins : J. Primault.

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LE NIVEAU AG-IIIA

Présentation générale

Le niveau AG-IIIa est au sommet de l’ensemble III (fig. 3). Actuellement fouillé sur 19 m2, uniquement

dans le talus de la grotte, il est situé à environ 1,20 m sous la couche humique superficielle. Il est affecté d’une pente relativement forte (20 à 25°) et régulière, identique à celle de la surface actuelle du talus. Ce niveau est ponctuellement traversé de petites racines (ces dernières ont été observées jusque dans l’ensemble V, à plus de 2 m sous le sommet du sol actuel).

Fig. 8 – Industrie lithique du niveau VIIa, sondage S-2000, de la grotte du Taillis des Coteaux à Antigny (Vienne). Dessins : J. Primault.

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Le niveau AG-IIIa n’a pas encore été identifié dans la grotte elle-même. Il devrait se situer sous les niveaux du Magdalénien moyen en cours de fouille.

Plus marqué par la présence d’industries que par la nature du sédiment qui le compose, le niveau AG-IIIa est localement plus riche en blocs silico-calcaires, dont certains atteignent des modules de 35 cm, que le niveau AG-IIe sus-jacent. À cette exception près, le sédiment encaissant est un sable limoneux jaune pâle relative-ment homogène dans tout l’ensemble III.

Principaux caractères de l’assemblage archéologique

La fouille a permis de relever dans le niveau AG-IIIa 2 708 silex taillés (dont 822 esquilles) frais et unifor-mément patinés, 5 éléments d’industrie osseuse (dont 2 fragments de sagaies à section ronde), 1 218 restes de grande faune (du renne essentiellement), 150 restes de poissons (de l’ombre, de la truite et/ou du saumon), 2 os d’oiseaux (des charadriidés), 1 fragment de tibia humain et plusieurs milliers de restes de microfaune (surtout Microtus arvalis, campagnol des champs, et gregaris, campagnol des hauteurs), le tout sur une épaisseur de 10 à 15 cm (fig. 9).

Ces restes sont répartis de façon non aléatoire : les silex taillés sont regroupés en trois ensembles distincts et les ossements sont préférentiellement localisés autour d’un grand foyer. Si d’évidence, dans une telle pente en bas de versant, des mouvements ont affecté l’organisation originelle du niveau, le nombre impor-tant de raccords effectués dans l’industrie lithique (115 groupes de raccords impliquant 398 objets), la rareté des raccords interstratigraphiques et l’observa-tion de quelques connexions anatomiques lors du dé-capage confirment leur faible compétence. Enfin, deux structures, en cours de fouille, complètent cette image d’une assez bonne préservation du niveau : un grand foyer couvrant plus de 1,5 m2 (carrés G8, G9, H8 et H9) et un amas de blocs assurément disposés par la main de l’homme (en E10-E11), mais dont le rôle précis n’est pas encore clairement établi (fig. 9).

Le caractère le plus original de cet assemblage tient sans doute à son industrie lithique très spécialisée. La quasi-totalité des déchets retrouvés est en relation avec une production de petites lamelles à dos dont les sup-ports préférentiels sont obtenus dans la tranche ou l’épaisseur d’éclats épais ou, plus souvent, de géli-fracts. Les autres supports, laminaires en particuliers, sont pratiquement inexistants.

La faune chassée découverte dans le niveau AG-IIIa présente un bon état de conservation. Le renne domine (N = 263, NMI = 4) et fait l’objet d’un traitement particulier : seuls les plats de côtes et les parties supé-rieures des membres ont été apportés sur le site ; les têtes, le rachis vertébral et les extrémités des pattes ont probablement été laissés sur la zone de chasse. Dans le même temps, ces ossements ont été volontairement fragmentés, peut-être pour une exploitation de la moelle. Enfin, la présence majoritaire de bois de chute de femelles semble indiquer, dans l’attente des résultats

des investigations en cours, une occupation du site vers la fin du printemps.

Deux datations par 14C AMS sur os viennent préci-ser la place du niveau AG-IIIa au sein de la stratigra-phie du Taillis des Coteaux : entre un Badegoulien à raclettes et un Magdalénien moyen à sagaie Lussac-Angles :- 16920 ± 170 BP, Ly-2264 (os diaphyse) ;- 17130 ± 65 BP, OxA-12180 (os diaphyse).

La fouille du niveau AG-IIIa arrive donc à point nommé dans l’étude des premiers moments du Mag-dalénien post-badegoulien avec sa diversité et sa rela-tive richesse en vestiges : industrie lithique, mais aussi industrie osseuse, témoins esthétiques, foyers, faune…

L’INDUSTRIE LITHIQUE DU NIVEAU AG-IIIA

Caractères généraux

Les 2 708 pièces lithiques (dont 822 esquilles) comprennent essentiellement des déchets de taille en relation avec le débitage lamellaire (nucléus sur tranche d’éclat, éclats fronto-latéraux, tablettes d’avivage et diverses lamelles d’entretien des surfaces de débitage). L’ensemble est en bon état de fraîcheur au vu des bords très peu égratignés, mais affecté d’une patine blanche uniforme allant parfois jusqu’à la désilicification.

L’outillage, bien qu’encore assez pauvre (n = 33), est préférentiellement aménagé sur de petites lamelles axiales, produites spécifiquement pour la fabrication de lamelles à dos (n = 23) ou à retouche marginale directe (n = 2). Le reste de l’outillage comprend 2 burins sur éclat débité au percuteur dur, un burin dièdre déjeté sur un fragment de lame, une forte lame corticale à retouche latéro-distale abrupte et un fragment de lame large à retouche semi-abrupte latérale (fig. 10). Il faut ajouter deux sections de fortes lames portant sur un tranchant une retouche pouvant résulter d’une utilisation et un éclat tronqué. Ainsi, à l’exception des lamelles retou-chées dont la réalisation a nécessité le débitage et la sélection de supports préférentiels, le reste de l’outillage semble régi par une plus grande souplesse de choix des supports, pour être réalisé aussi bien sur des sections de lames trapues que sur des éclats courts.

Deux grandes sources d’approvisionnement en silex

L’environnement immédiat de la grotte du Taillis des Coteaux est relativement pauvre en ressources lithiques taillables (Aubry, 1991 ; Primault, 2003a et b) (fig. 11). Le calcaire bajocien formant l’assise du coteau, bien que siliceux, ne livre que des blocs anguleux et sans cortex de médiocre qualité. Il est exceptionnellement exploité. Seuls les lambeaux de calcaires oolithiques bathoniens, au sommet du coteau, libèrent quelques petits volumes d’un silex brun orangé. Souvent altéré par le gel, il est parfois utilisé dans l’industrie lithique

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du niveau AG-IIIa. En contrebas de la grotte, les allu-vions de la Gartempe ont aussi pu constituer une aire d’approvisionnement en petits volumes de silex juras-siques (rarement plus de 10 cm) plus riche et plus di-versifiée.

Pour autant, les silex les plus employés (89,5 %) proviennent, au plus près, de gîtes du Jurassique moyen affleurant à 3 km en amont dans la vallée de la Gartempe. Ces derniers livrent une grande variété de silex dont le point commun est la structure

Fig. 9 – Plan de répartition des vestiges du niveau AG-IIIa de la grotte du Taillis des Coteaux à Antigny (Vienne).

Le Magdalénien inférieur à microlamelles à dos de la grotte du Taillis des Coteaux à Antigny (Vienne, France) 17

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oolithique héritée du calcaire bathonien dont ils sont issus. Ils se présentent en petits rognons (rarement plus de 20 ou 25 cm) de forme assez régulière, mais souvent altérés par le gel. De teinte généralement sombre, variant du brun très foncé au violet en passant par le noir ou le gris foncé, ces silex restent généra-lement translucides, notamment ceux comportant des dendrites de manganèse. Le cortex conserve toujours la structure oolithique. Le cortège bioclastique comporte des entroques de crinoïdes, des spicules et des petits gastéropodes.

Mais cette variété de silex est connue en d’autres points, à l’est du Taillis des Coteaux dans la vallée de la Bénaize, comme à l’ouest dans la vallée de la Vienne. Aussi, certains de ces matériaux ont pu être prélevés à plus d’une quinzaine de kilomètres du site sans qu’il soit réellement possible de le détecter et, de fait, leur déplacement restera muet. Cela étant, on imagine volontiers que les vallées voisines sont connues et

directement fréquentées, lors d’expéditions de chasse ou encore de déplacements résidentiels.

Dans l’état actuel de l’étude de l’industrie du niveau AG-IIIa, les sources de silex exploitées les plus éloi-gnées sont les affleurements du Turonien supérieur de la région du Grand-Pressigny (Giot et al., 1986 ; Pri-mault, 2003a) (fig. 11). Accessibles dès une vingtaine de kilomètres en aval, comme le silex versicolore de Coussay (Primault, 2003a) (2,65 %), d’autres variétés proviennent cependant de gîtes distants d’une trentaine à une cinquantaine de kilomètres. C’est le cas du type brun uniforme (6,60 %) dont le cortex frais indique un prélèvement dans les altérites du Turonien supérieur, probablement dans la vallée de la Claise, ou encore du silex noir de Larcy (1 lamelle à dos), dans la vallée du Brignon.

Enfin, une dernière source est exploitée, de façon anecdotique certes, mais elle est souvent sous-estimée dans les études lithotechnologiques : le réemploi de

Fig. 10 – Outils sur lames trapues et éclats du niveau AG-IIIa de la grotte du Taillis des Coteaux à Antigny (Vienne). Dessins : J. Primault.

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nucléus abandonnés sur le site lors de passages précé-dents. Ainsi, dans le niveau AG-IIIa, nous avons observé un nucléus à lamelles présentant une double patine.

Ce territoire d’approvisionnement en silex reste relativement restreint et peu diversifié pour une occupation d’entrée de grotte du Magdalénien. Ceci ne s’explique pas par l’importante patine qui affecte la majorité des silex du niveau AG-IIIa et qui rend déli-cate l’identification de certains matériaux, car le nombre d’indéterminés reste relativement réduit (1 %). Nous y voyons plus volontiers le reflet d’une occupa-tion de courte durée, relativement spécialisée quant à ses motivations (halte d’un petit groupe et restauration des outils de chasse), où le très faible nombre d’outils abandonnés (en dehors des lamelles à dos) donne une image d’autant plus restreinte du territoire effectivement

fréquenté et exploité. Cependant, la zone fouillée est encore réduite et circonscrite au talus de la grotte. La fouille de l’entrée de la grotte pourrait profondément modifier cette première impression.

Les lamelles retouchées

Le corpus de lamelles retouchées (n = 25) est faible par rapport au nombre de lamelles brutes (n = 1 158 tous types confondus) retrouvées dans le niveau AG-IIIa. Cependant, les supports recherchés sont des petites lamelles axiales, fines, aux bords parallèles et réguliers. Au final, parmi ces 1 158 lamelles, seules 158 possèdent ces critères morphométriques2, portant alors à 15 % la proportion de supports potentiels présents sur le site.

Fig. 11 – Territoire d’approvisionnement en silex du niveau AG-IIIa de la grotte du Taillis des Coteaux à Antigny (Vienne).

Le Magdalénien inférieur à microlamelles à dos de la grotte du Taillis des Coteaux à Antigny (Vienne, France) 19

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Deux types de lamelles retouchées sont individuali-sés (fig. 12) :- les lamelles à dos (n = 23) montrent une certaine

stabilité morphométrique. Ainsi, et même si la pru-dence est de mise sur ce corpus relativement petit, le rapport largeur/épaisseur varie assez peu (fig. 13) : de 2 à 5 mm de largeur et de 1,5 à 3 mm d’épaisseur. Les longueurs sont plus variables, de 13 à 26 mm (7 lamelles à dos entières ou presque entières). L’al-lure générale de ces lamelles à dos est assez élancée. Le profil est rectiligne ou peu courbe, sans jamais être torse. Le dos est préférentiellement latéralisé à droite. Il est rectiligne et occupe généralement la totalité du bord de la lamelle, sauf lorsque la largeur distale de celle-ci est trop faible (moins de 2 mm), le dos est alors partiel, limité à sa partie proximo-mésiale. La re-touche est abrupte, plus ou moins régulière et directe, à l’exception d’une lamelle avec un dos inverse par-tiel (fig. 12, n° 15). Trois supports un peu plus épais en partie mésiale ont exigé une retouche croisée (fig. 12, nos 1 et 3) de façon à garantir la relative rectitude du dos (Pelegrin, 2004). Le dos rétrécit le support au-delà des 2/3 de sa largeur, parfois jusqu’à la moitié, conférant ainsi aux lamelles à dos une section triangulaire ou trapézoïdale. À noter qu’une lamelle présente un dos bilatéral (fig. 12, n° 16). Le bord opposé au dos porte dans plus de la moitié des cas (n = 13) une retouche inverse très marginale, toujours limitée à la partie mésiale (fig. 12, nos 13 à 15). Cette retouche, assez émoussée, paraît plutôt résulter d’une utilisation que d’une réelle volonté d’aménagement du tranchant. En outre, elle est plu-tôt présente sur des pièces fracturées. L’extrémité apicale, très rarement observable, est convergente (fig. 12, nos 1 et 5) et reste brute. Dans un cas (fig. 11, n° 4), la convergence est accentuée par une retouche courte et directe, sans que l’on puisse toutefois parler de troncature oblique. La partie proximale reste toujours brute et le talon du support est même parfois encore visible ;- deux lamelles à retouche marginale directe ont été individualisées, même si elles sont produites aux dépens des mêmes supports que les lamelles à dos (fig. 12, n° 17). Au final, elles sont plus larges (4,5 et 9 mm), du fait de la très faible modification du support, et présentent toutes les deux une ébréchure d’utilisation sur le tranchant resté brut.

Les critères de sélection des lamelles à retoucher semblent relativement normalisés au regard de la diver-sité de l’ensemble des lamelles issues du débitage effectué dans le niveau AG-IIIa. Ainsi, les lamelles sélectionnées proviennent toutes, à l’exception d’un exemplaire présentant un pan revers (fig. 12, n° 13) (Klaric et al., 2002 ; Langlais, 2004a), du centre de la surface de débitage. De fait, elles présentent les négatifs parallèles des lamelles antérieures, rarement plus de trois, et n’ont jamais de cortex ou de pan naturel. Les talons observés sont lisses à corniche abrasée. La tech-nique de détachement de ces supports lamellaires reste difficile à préciser bien que certaines caractéristiques

pourraient suggérer l’utilisation d’une percussion di-recte tendre minérale (Pelegrin, comm. pers. et 2000). Cependant les référentiels techniques sont encore in-suffisants pour valider cette hypothèse.

D’un point de vue fonctionnel, on retient générale-ment pour ces lamelles une possible utilisation en ar-matures pour des armes de jet en relation avec les ac-tivités cynégétiques. Dans le niveau AG-IIIa, une seule lamelle à dos présente un stigmate macroscopique diagnostique d’une utilisation en armature.

Le débitage lamellaire : deux modalités pour un même objectif ?

La spécialisation apparente de l’outillage lithique du niveau AG-IIIa, marquée par la domination numérique des lamelles retouchées et par la quasi-absence d’autres types de supports (lames notamment), a pour corollaire le fait que l’immense majorité des déchets de taille abandonnés est en relation avec le débitage lamellaire (98 %). Deux modalités de débitage sont apparues à l’examen technologique, documentées par une impor-tante série de remontages (115 groupes de raccords sur les 19 m2 fouillés) (fig. 13) : un débitage « frontal sur la tranche » (Langlais, 2004a), largement dominant (20 nucléus), et un débitage en « nucléus-grattoir » (Le Brun-Ricalens et Brou, 2003) (4 nucléus). Le trait commun de ces deux modalités de débitage est une préparation très réduite, voire inexistante, dont résulte l’abandon de déchets morphologiquement et techno-logiquement très comparables. Si le débitage frontal est bien représenté, il semble que cela ne soit pas un choix délibéré des tailleurs mais plutôt une adaptation à une morphologie propice des blocs.

Il est à noter qu’il existe un traitement différencié des matériaux : le soin apporté aux silex originaires de la région du Grand-Pressigny est plus grand que celui apporté aux matériaux locaux. Cela se traduit notamment par une plus grande diversité des options de mise en forme et d’entretien des nucléus (fig. 14 et 16).

Le schéma de production lamellaire décrit ci-dessous correspond à la modalité la plus représentative du site, le débitage « frontal sur tranche ». Les caractéristiques concernant la gestion du débitage s’appliquent aussi à la modalité « nucléus-grattoir » et donc indépendam-ment de l’orientation du support.

Choix des supports des nucléus

L’un des supports préférés pour le débitage de la-melles semble être le gélifract, cortical ou non, en silex jurassique local (fig. 15, nos 17 et 18). La mor-phologie naturelle de ces petits volumes (rarement plus d’une dizaine de centimètres pour 4 à 5 cm de large et 2 à 3 cm d’épaisseur) permet d’installer la surface de débitage lamellaire sur l’un des bords du support, généralement le moins épais, pour ensuite progresser dans son épaisseur à la façon d’un burin. La mise en forme du nucléus est réduite à une régu-larisation par une courte « retouche directe » de l’arête formée par l’intersection des deux surfaces du géli-

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Fig. 12 – Lamelles à dos et à retouche marginale du niveau AG-IIIa de la grotte du Taillis des Coteaux à Antigny (Vienne). Dessins : J. Pri-mault.

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fract. Au regard du très faible nombre de lamelles à crête (n = 3), le bord du support semble être le plus souvent directement exploité sans aucune mise en forme. Il en résulte des lamelles dont la morphologie est proche de certaines chutes de burin (présence d’un pan revers, cf. supra).

L’aménagement du plan de frappeet son entretien

Les nombreuses diaclases qui traversent ces petits volumes de silex permettent souvent de bénéficier d’un plan de frappe naturel. Cependant, si son incidence n’est pas convenable, il peut être ouvert ou corrigé par le retrait au percuteur dur d’un enlèvement axial ou par une série d’éclats à partir d’un des flancs du nucléus, toujours le même. Le plein débitage peut alors direc-tement intervenir.

Le plan de frappe peut être entretenu par le retrait de tablettes totales souvent réfléchies, percutées à partir de la surface de débitage (fig. 15, nos 13 et 15). Celles-ci présentent parfois des négatifs d’enlève-ments de préparation sur la face supérieure qui les apparentent aux « tablettes lamellaires » décrites sur le site de Thèmes dans l’Yonne (Le Brun-Ricalens

et Brou, op. cit.) (fig. 15, n° 14). Il est remarquable que cette option n’intervienne que sur les nucléus en silex exogènes du Turonien supérieur. Sur les maté-riaux locaux, il est fréquent que le plan de frappe ne subisse aucun entretien jusqu’à l’abandon du nu-cléus.

Plein débitage et entretien

L’objectif du débitage étant d’obtenir des petites lamelles rectilignes à nervures parallèles et bords rela-tivement réguliers, la surface de débitage fait fréquem-ment l’objet de corrections du cintre de façon à main-tenir son étroitesse. Cette opération se fait par le retrait d’une longue lamelle partant d’un des flancs du nu-cléus, croisant et outrepassant l’axe médian de la sur-face de débitage en partie distale (fig. 15, nos 4 à 9). Ces lamelles sont reconnaissables par la présence d’un pan revers (dans le cas de l’exploitation d’un éclat, n = 102) ou d’un pan naturel (dans le cas de l’exploi-tation d’un gélifract, n = 199) (Klaric et al., 2002). Ce procédé de cintrage de la surface de débitage offre aussi l’avantage, par l’outrepassage, de maintenir une certaine convexité distale de cette dernière. Ceci ex-plique certainement la rareté du recours à de véritables

Fig. 13 – Rapports largeur/épaisseur des lamelles brutes et retouchées du niveau AG-IIIa de la grotte du Taillis des Coteaux à Antigny (Vienne). N.B. : Le point blanc excentré est une des deux lamelles à retouche marginale.

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Fig. 14 – Débitage lamellaire du niveau AG-IIIa de la grotte du Taillis des Coteaux à Antigny (Vienne) : deux exemples de remontages en silex de la région du Grand-Pressigny (remontage n° 20) et en silex jurassique local (remontage n° 1). Dessins : J. Airvaux.

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néocrêtes distales, réduites au retrait d’un seul petit éclat perpendiculairement à l’axe de débitage (fig. 15, nos 5 et 6). Dans un cas, une lamelle de direction opposée a été retirée, mais le débitage demeure stric-tement unipolaire.

Lors d’accidents de taille importants ou répétés, le cintrage de la surface lamellaire doit être mené plus radicalement pour permettre la poursuite du débitage. Le tailleur retire alors au percuteur dur un éclat épais plus à l’intérieur du plan de frappe en position frontale

ou fronto-latérale (fig. 15, nos 10 à 12). Le recours à ces enlèvements caractéristiques (Le Brun-Ricalens et Brou, op. cit.) reste un procédé assez peu utilisé dans le niveau AG-IIIa (n = 28).

Les lamelles de « première intention » (Pelegrin, 1995) sont débitées au percuteur tendre (minéral ou organique) le long d’une ou deux nervures parallèles, dans l’axe central de la surface de débitage (fig. 15, nos 1 à 3). Le talon est toujours lisse et la corniche fréquemment abrasée.

Fig. 15 – Divers produits d’entretien et déchets du débitage lamellaire du niveau AG-IIIa de la grotte du Taillis des Coteaux à Antigny (Vienne). Dessins : J. Primault.

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Le débitage laminaire

Des produits laminaires ont été débités sur le site selon un schéma peu élaboré (fig. 17 et 18). Ils sont tous obtenus à partir de blocs diaclasiques locaux sans aucune préparation préalable au débitage ni entretien. Le schéma se limite à l’extraction d’une courte série de lames trapues à partir d’un dièdre naturel depuis un plan de frappe préférentiel (surface naturelle). Les lames irrégulières et épaisses présentent très souvent des surfaces corticales. Les talons sont lisses, larges et présentent des points d’impact marqués. Ce débitage peu important sur le plan quantitatif semble refléter un besoin ponctuel et immédiat en tranchants utiles.

Il existe également des lames plus régulières en silex du Turonien supérieur qui ont été importées sur le site et dont les talons présentent les mêmes caractéristiques que les lames en silex local. Certaines d’entre elles ont été retouchées (n = 4) ou aménagées en burin (n = 1).

La question du débitage d’éclats ?

Aucune modalité de production d’éclats destinés à la fabrication d’outils n’a été jusqu’alors mise en évidence

dans le niveau AG-IIIa, ni dans l’ensemble III en géné-ral (Guérin, 2004). Ce constat n’est pas à négliger, en attente des données provenant de la grotte. Il prendra toute son importance lors de la discussion de la position chronoculturelle de cette industrie (Fourloubey, 1998 ; Cazals, 2000 et 2005 ; Bracco et al., 2004).

ENTRE BADEGOULIEN ET MAGDALÉNIEN MOYEN,

LA PLACE DE L’INDUSTRIE DU NIVEAU AG-IIIA ?

Au Taillis des Coteaux, le niveau AG-IIIa se trouve intercalé entre un Badegoulien (ensemble V) daté à 18140 ± 85 BP et un ensemble magdalénien moyen (ensemble II en cours de datation) à sagaie de Lussac-Angles, généralement daté en Poitou entre 15000 et 14000 BP (Dujardin et Pinçon, 2000 ; Airvaux, 2001).

L’assemblage archéologique de l’ensemble II du Taillis des Coteaux est notamment marqué par la pré-sence d’une industrie osseuse diversifiée comprenant des sagaies rondes rainurées et une sagaie de Lussac-Angles3. L’industrie lithique est nettement laminaire, avec des grattoirs et des burins dièdres. Les lamelles associées sont d’assez grandes dimensions, à dos

Fig. 16 – Schéma de débitage lamellaire du niveau AG-IIIa de la grotte du Taillis des Coteaux à Antigny (Vienne). Conception : J. Gabilleau.

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rectiligne et comportent parfois une ou deux troncatures obliques aux extrémités. Elles sont débitées à partir de nucléus à crête, généralement prismatiques. Le tout est accompagné de quelques éléments de parure (craches de cerf perforées et coquillages) et de plaquettes cal-caires gravées. Même si les études technologiques ré-gionales débutent à peine, s’agissant surtout de l’indus-trie lithique (Jacquot, 2002 ; Taylor, 2003), il est reconnu que ces caractères s’affirment dès le Magdalénien moyen, à partir de 15000 BP, et jusque dans le Magda-lénien final, du moins dans sa forme plus classique.

L’ensemble badegoulien du Taillis des Coteaux se démarque par une industrie lithique comprenant un débitage de petits éclats destinés à produire des ra-clettes. Celles-ci sont accompagnées de burins trans-

versaux sur éclats relativement massifs. Mais, en raison de la faiblesse quantitative de l’industrie lithique pro-venant du sondage de 4 m2, la représentation relative de ces éléments caractéristiques ne permet pas encore de rapprocher l’ensemble V d’une phase précise du Badegoulien. Cependant, la date relativement haute, au-delà de 18000 BP, le rapprocherait plutôt de la phase ancienne pauvre en raclettes.

AG-IIIa : un assemblage inédit

Le caractère inédit de l’assemblage archéologique du niveau AG-IIIa, reconnu pour l’instant seulement

Fig. 17 – Lames trapues du niveau AG-IIIa de la grotte du Taillis des Coteaux à Antigny (Vienne). Dessins : J. Primault.

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devant la grotte, tient surtout à son industrie lithique, dominée par des microlamelles à dos obtenues à partir de nucléus sur tranche de gélifracts et d’éclats. L’outillage domestique est peu abondant, typologique-ment peu marqué et principalement réalisé sur des lames trapues débitées à la pierre. De même, l’industrie osseuse est pauvre et comprend deux fragments de sagaie à section ronde.

L’originalité de cet assemblage, et particulièrement de l’industrie lithique, pose le problème de sa filiation culturelle. Il présente des affinités avec le Magdalénien à lamelles à dos, cependant sa datation relativement ancienne le rapproche chronologiquement du Badegou-lien.

Ce problème d’identification est d’autant plus dif-ficile qu’il se double toujours d’une confusion dans les termes utilisés pour caractériser les premiers temps du Magdalénien (Fourloubey, 1998), ceci en raison du débat qui eut lieu sur la place à donner au Bade-goulien qui correspond traditionnellement aux premiers stades du Magdalénien définis par H. Breuil (Breuil, 1912) et l’utilisation d’un vocabulaire inter-changeable. Dans la suite des travaux et réflexions de A. Cheynier, G. Vacher, E. Vignard (Cheynier, 1939 ; Vacher et Vignard, 1964 ; Vignard, 1965) et du col-loque de Mayence de 1987 (Rigaud dir., 1989), les études litho-technotypologiques récentes ont étayé le postulat que le Badegoulien était une entité à part

Fig. 18 – Exemples de remontages du débitage laminaire du niveau AG-IIIa de la grotte du Taillis des Coteaux à Antigny (Vienne). Dessins : J. Airvaux.

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entière (Le Tensorer, 1996 ; Fourloubey, ibid. ; Bodu et Senée, 2001 ; Ducasse, 2004 ; Chehmana, 2003 et 2004). Ceci n’est pas sans importance car cela a en-traîné un sérieux bouleversement de la nomenclature du Magdalénien stricto sensu avec l’amputation de sa base chronologique. De fait se pose le problème pour nommer les industries qui sont situées entre le Bade-goulien récent et le Magdalénien moyen (faciès Lussac-Angles, la Garenne et autres). En France, les débuts du Magdalénien sont complexes et ses rela-tions phylétiques avec le Badegoulien encore mal connues en raison du manque de sites et d’études (Bosselin et Djindjian, 1988 ; Djindjian, 2000 ; Four-loubey, ibid.). Dans les Cantabres, les chercheurs espagnols distinguent un Magdalénien archaïque dont certains faciès seraient assimilables au Badegoulien (Utrilla, 1981 et 1996), lequel serait suivi par un Magdalénien inférieur, puis par un Magdalénien moyen (Utrilla, 1984 et 1989).

AG-IIIa : quelques éléments de comparaison4

Dans le Sud de la France, quelques gisements datés entre 17000 et 16000 BP présentent des convergences avec le niveau AG-IIIa. Il s’agit de l’abri Gandil (couches C23 et C25) à Bruniquel (Tarn-et-Garonne), de l’ensemble inférieur du gisement de Saint-Germain-la-Rivière (couches C3 et C4) qui sont attribués par leurs auteurs à un Magdalénien ancien stricto sensu, donc distinct du Badegoulien.

L’industrie des couches C23 et C25 de l’abri Gandil comporte « une forte proportion d’éclats-nucléus à lamelles et microlamelles » à dos (Ladier, 2000). Ces lamelles sont débitées à partir de petits rognons et d’éclats selon une diversité de modalités (Langlais, thèse en cours). Ces types de nucléus associés à des microlamelles ont également été décrits par M. Lenoir en Gironde dans l’ensemble inférieur de Saint-Germain-la-Rivière5 (Lenoir, 1982 et 2000 ; Lenoir et al., 1991 et 1996). Par ailleurs, le site de plein air des Piles Loins (Vauvert, Gard), attribué à une phase ancienne du Magdalénien, présente lui aussi un abondant débitage lamellaire à partir de nucléus sur blocs très cintrés et sur « tranche d’éclat » (Bazile et al., 2002 ; Bazile, 2005). L’absence de microlamelle à dos aux Piles Loins distingue ce site du niveau AG-IIIa du Taillis des Co-teaux (Langlais, 2004b).

En Espagne, le Magdalénien inférieur cantabrique se caractérise notamment par la présence abondante de « grattoirs carénés » associés à des microlamelles (Ba-randiaran et al., 1987 ; Gonzalez Echegaray et Baran-diaran, 1981 ; Utrilla, 1981). Dans le Pays basque, des systèmes techniques identiques sont mis en œuvre notamment sur le site d’Erralla (Altuna et al., 1985) et rapprochés de ceux de Saint-Germain-la-Rivière (Cazals, 2005). L’ancienneté des dates effectuées selon la méthode conventionnelle rend difficiles les compa-raisons de ce point de vue6.

D’autre part, les travaux en cours menés sur le site de Montlleo en Catalogne, dans la vallée de la Cerdagne

(Prats i Sansor, Lérida, Espagne), attestent de la pré-sence d’un Magdalénien à microlamelles en altitude, au cœur de l’extrémité orientale des Pyrénées (Man-gado et al., 2005).

AG-IIIa : un Magdalénien inférieur

Sur la base des résultats actuels des études effec-tuées, le niveau AG-IIIa du Taillis des Coteaux se distingue aussi bien du Badegoulien (présence de ra-clettes et de burins transversaux) que du Magdalénien moyen (industrie essentiellement laminaire et grandes lamelles à dos de profil rectiligne). En l’attente de consensus sur la terminologie à utiliser pour les débuts du Magdalénien stricto sensu en France, les auteurs se proposent d’attribuer au Magdalénien inférieur l’indus-trie AG-IIIa du Taillis des Coteaux. Le choix de ce terme n’est pas arbitraire, mais s’inspire des travaux et de la terminologie définie et employée par nos col-lègues espagnols depuis les années quatre-vingt.

CONCLUSION

L’étude du niveau AG-IIIa a permis de mettre en évidence un assemblage archéologique original daté autour de 17000 BP stratigraphiquement intercalé entre un Badegoulien à raclettes et un Magdalénien moyen à sagaies de type Lussac-Angles. Les tenta-tives infructueuses de rapprochements avec ces deux technocomplexes semblent confirmer l’individualité de cette industrie qui, cependant, semble plutôt pré-senter des affinités avec le Magdalénien. En effet, l’attribution de l’industrie du niveau AG-IIIa à une phase inférieure du Magdalénien se justifie, d’un point de vue typotechnologique, par la prépondérance de la production de supports lamellaires pour la fa-brication de lamelles à dos abattu et par l’absence, à ce jour, d’une production normalisée d’éclats supports d’outils tels que des raclettes. Ces deux aspects semblent d’ores et déjà démarquer l’industrie lithique du niveau AG-IIIa du Badegoulien. Certes, la produc-tion de lamelles est reconnue pour le Badegoulien, par exemple à Oisy (Bodu et Senée, 2001 ; Chehmana, 2003 et 2004), mais les modalités de production des supports, ainsi que les armatures (lamelles minces à dos marginal), divergent de celles décrites dans le niveau AG-IIIa. D’autre part, même si les études technologiques régionales sont encore peu nombreu-ses (Jacquot, 2002 ; Taylor, 2003), les schémas de production lamino-lamellaires très normalisés re-connus dans le Magdalénien moyen (nucléus à mise en forme élaborée, aménagement de crêtes, etc.), les supports de grand gabarit et les grandes lamelles à dos, parfois tronquées aux extrémités, constituent des différences patentes.

Au-delà des éléments de discussion concernant son attribution chronoculturelle, l’assemblage lithique du niveau AG-IIIa contribue également à participer au débat actuel sur les productions lamellaires issues de

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nucléus-outils carénés présentes dans différentes industries du Paléolithique supérieur et, en consé-quence, sur la prudence à adopter lors des diagnoses technoculturelles en raison des risques de conver-gences typotechnologiques7 (Le Brun-Ricalens et Brou, 1997 et 2003 ; Brou et Primault, 2002 ; Brou et Le Brun-Ricalens, 2005 ; Le Brun-Ricalens et al., 2005).

La poursuite des recherches dans la grotte du Taillis des Coteaux s’inscrit dans cette logique collective de travail avec l’apport de nouveaux éléments de réflexion, en particulier l’essai de caractérisation technique de l’industrie du niveau AG-IIIa et des quatre niveaux sous-jacents appartenant, d’après les données actuelles issues du sondage S-2000 (Guérin, 2004), au même ensemble du Magdalénien inférieur. Cette étape nous semble indispensable pour aborder d’autres probléma-tiques d’ordre socio-économique et socioculturel. L’apparente spécialisation de l’industrie du niveau AG-IIIa, ainsi que des niveaux sous-jacents de l’ensemble III, reflète-t-elle la spécialisation de l’occupation du site ? Enfin, la difficulté pour caractériser ces industries attribuées aux premiers temps du Magdalénien (Four-loubey, 1998) doit conduire à s’interroger sur les cri-tères de reconnaissance de ce que l’on dénomme technocomplexe magdalénien, critères de reconnais-sance qui sont loin d’être évidents et unanimes.

La grotte du Taillis des Coteaux possède un poten-tiel chronostratigraphique exceptionnel. La séquence découverte couvre la presque totalité du Paléolithique supérieur. Outre l’apport d’un nouvel éclairage sur les premiers temps du Magdalénien, les fouilles en cours pourront enrichir nos connaissances sur d’autres technocomplexes tels que le Magdalénien moyen, le

Gravettien et l’Aurignacien à l’échelle régionale et nationale.

Remerciements : Il nous est particulièrement agréable de remercier les nombreuses personnes qui œuvrent pour le bon déroulement de la fouille de la grotte du Taillis des Coteaux : Mme et M. Augier de Moussac, propriétaires de la grotte, Jean-François Baratin, conservateur régional de l’Archéologie du Poitou-Charentes, Pascale Pinaudeau, maire d’Antigny, ainsi que les nombreux fouilleurs bénévoles qui parti-cipent chaque année à la bonne tenue du chantier. De même, nous tenons à remercier Jacques Pelegrin, Pierre Bodu, Jean-Michel Geneste et Robert Simonnet pour leurs critiques constructives.

Cet article a été en partie réalisé grâce à une sub-vention d’aide à la publication octroyée par la sous-direction de l’Archéologie.

NOTES

(1) Datation 14C AMS sur un fragment de crâne : 4185 ± 45 BP (GrA-24711), 2900/2620 av. J.-C.(2) Ce nombre est probablement sous-estimé du fait de la difficulté d’affirmer la position technologique réelle au sein du débitage de nombreux petits fragments proximaux de lamelles (n = 696).(3) Un fragment de sagaie à section quadrangulaire, dont la base en double biseau est striée, a aussi été récolté dans le sédiment remanié de l’ensemble EG-I. Ce type d’objet est notamment connu dans le Magda-lénien moyen de la grotte de la Garenne à Saint-Marcel (Allain et al., 1985).(4) Nous tenons à remercier E. Ladier, M. Lenoir et F. Bazile pour l’accès aux collections.(5) C 4 : 16200 ± 600 BP (Gif 5479) (Lenoir et al., 1991). C 4 : 16890 ± 130 BP (OxA 7260/Ly 617) (Lenoir, 2000).(6) De nouvelles datations par 14C AMS permettraient d’alimenter cette discussion.(7) En tout premier lieu, l’industrie lithique du niveau AG-IIIa avait été rapprochée d’un Aurignacien.

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Jérôme PRIMAULTArchéosphère, Domaine du Haut-Carré

351, cours de la Libération, 33405 Talence cedexwww.archeosphere.com

Membre de l’UMR 7055Préhistoire et technologie, CNRS

Joël GABILLEAUÉducation nationale

Laurent BROUFoni LEBRUN-RICALENS

Musée national d’Histoire et d’Art du Luxembourg

Mathieu LANGLAISDoctorant, UMR 5608

Université de Toulouse-Le Mirailet SERP – Université de Barcelone

Samuel GUÉRINDoctorant, université de Montpellier III

Anne-Laure BERTHETContractuelle INRAP

Christophe GRIGGOUMR 6636 CNRS

Dominique HENRY-GAMBIERVéronique LAROULANDIE

Aurore SCHMITTUMR 5199 PACEA

Claire HOUMARDDoctorante, université de Paris 10-Nanterre

Despina LIOLIOSMaître de conférence

Université de Paris 10-Nanterre

Vincent MISTROTDocteur, université de Brest

Delphine RAMBAUDÉtudiante en 3e cycle

Université de Toulouse-Le Mirail

Ludovic SOLERAnthropologue

Yvette TABORINInstitut d’Art et d’Archéologie, Paris