Download pdf - L'IMMIGRATION IRREGULIERE ETUDE DE TERRAIN ET RECHERCHE PROSPECTIVE

Ambassade de France en Tunisie

Service de coopération et d’action culturelle

L’IMMIGRATION IRREGULIERE

ETUDE DE TERRAIN ET RECHERCHE PROSPECTIVE

Les auteurs

Ahmed Ben BELHASSEN Anthropologue

Abderazak KHADHRAOUI Chercheur

Fatma Ben SOLTANE Consultante Grh ,Gender

Abid MAZOUZI Expert

Fayçal DCHICHA Expert et coordinateur général

du projet T281

L’IMMIGRATION IRREGULIERE - Etude de Terrain et recherche prospective - 2012L’IMMIGRATION IRREGULIERE - Etu Etude dde de Tee Terrairrain etn et rec rechercherche phe prosprospectiectiveve - 2012

2

« Cette publication a été produite avec l’assistance

de l’Ambassade de France en Tunisie à travers le service

de coopération et d’action culturelle et de l’Union

européenne à travers l’Initiative Conjointe de la Commis-

sion européenne et des Nations Unies pour la Migration

et le Développement. Le contenu de cette publication ne

re�ète en rien la position de l’Ambassade de France en

Tunisie ,l’Union européenne, l’Organisation Internationa-

lepour les Migrations, les Nations Unies à savoir le PNUD,

l’UNHCR, le FNUAP et le OIT, ainsi que les états membres »

L’IMMIGRATION IRREGULIERE - Etude de Terrain et recherche prospective - 2012

Cette étude a été réalisé dans le cadre du projet « sensibilisation et réinsertion

des jeunes clandestins » �nancé par l’Ambassade de France à travers le service

de coopération et d’action culturelle et le projet T 281-2 « Information et forma-

tion des migrants » qui est �nancé par l’union européenne à travers l’Initiative

Conjointe de la Commission européenne et des Nations Unies pour la Migration

et le Développement.

Ce projet qui a été piloté par l’association de Zarzis pour le développement dura-

ble et la coopération internationale en partenariat avec la collaboration de

l’association jasmin d’orient de Montpellier et AMIAS à pour objectifs :

1 - La consolidation et la valorisation du rôle des migrants dans le développe-

ment de leurs pays d’origine ( la Tunisie )

2 - La sensibilisation des jeunes contre l’immigration irrégulière

3 - La réinsertion des jeunes «clandestins/harragas» retournés de France

Ce document regroupe deux parties :

- Une première partie qui représente l’analyse des di#érents résultats de l’enquête,

élaborée par un comité scienti�que formé par des professeurs d’universités, cher-

cheurs et experts.

- Une deuxième partie qui représente les résultats de l’enquête menée aux près

des jeunes clandestins « HARRAGA » en Tunisie et en France

Nous avons suivi une nouvelle approche d’étude et d’analyse pour contribuer

à une meilleure compréhension du phénomène de l’immigration irrégulière et

proposer ainsi des éventuelles solutions et recommandations.

Je remercie toutes les personnes qui ont contribué directement ou indirectement

à l’élaboration de ce travail : les enquêteurs, les membres du comité scienti�que,

les membres et les permanents des associations : ADDCI-Zarzis, Jasmin d’Orient,

AMIAS et collectif 17 avril ainsi que les représentants de : l’Ambassade de France

en Tunisie , l’IFC , l’OFII ,l’OIM Tunisie et l’OTE.

Pr. Fayçal DCHICHA

Président de l’ADDCI-Zarzis

et Coordinateur général du projet T281

L’IMMIGRATION IRREGULIERE - Etu Etude dde de Tee Terrairrain etn et rec rechercherche phe prosprospectiectiveve - 2012

Avant-proposans le cadre du projet « seeeeennnnsssssibilisaaaatttttiiiiooooonnnnn eeeeettttt rrréinsertion Cette étude a été réalisé dan

ancé par l’Ambassade de Frannnnnce ààààà travers le service des jeunes clandestins » �nan

ulturelle et le projet T 281-2 « IInnnnnformation et formade coopération et d’action cu -

tion �nancé par l’union européennnnnnne à travers l’Initiative des migrants » qui est �n

Conjointe européenne et des Nationnnns Unies pour la Migration de la Commission eu

et le Développement.

association de Zarzis pour le développement duraCe projet qui a été piloté par l’a -

ationale en partenariat avec la collaboration de ble et la coopération internat

3


SOMMAIRE

P.16

P.17

P.24

P.26

P.28

P.29

Le contrôle juridique

Les Facteurs/Causes

Retour & Installation

Tableaux Statistique& Diagrammes

Observations & Recommandations

Conclusion

ddiquee

ions

q

P.02

P.03

P.11

P.13

P.05

P.06

P.07

P.08

Présentation du groupe de travail

Avant-propos

Organisation

Introduction

Le cadre juridique

Les Hypothèses de travail

Topographie

de l’échantillon

La $gure du clandestin ( le Harrag)

iiil

e


ORGANISATION

Coordinateur LocalCoordinateur LocalJasmin d’Orient

Montpellier – FranceMontpellier – France

Samia KHOUAJA

EnquêteursEnquêteursMehrez MELIANEMehrez MELIANE

Anissa Ben CHOUIKHAAnissa Ben CHOUIKHA

Intissar BELHADJIntissar BELHADJ

Salem DHOUIBSalem DHOUIB

Comité Scienti#queAhmed Ben BELHASSEN

Abderazak KHADRAOUIAbderazak KHADRAOUIAbderazak KHADRAOUIAbderaraAbde

Fatma Ben SOLTANEFatma Ben SOLTANEFatma Ben SOLTANEFatma

Abid MAZOUZIAbid MAZOUZIAbid M

Coordinateur généralFayçal DCHICHA

AdnenAdnenAdnenA BOUAOUNBOUAOUN

5

Coordinateur LocalADDCI-Zarzis

Zarzis – Tunisie

Zeineb MCHREK Ben DHIAB


otre perception de la forêt correspond-elle à notre connaissance

de l’arbre ? Notre connaissance du paysage humain sous l’angle macro

physique nous dispense-t-elle de la recherche des détails microphysiques ?

Cela nous satisfait-il de souligner le caractère paradoxal de l’existence

humaine comme étant une existence déchirée entre une réalité insatisfai-

sante en même temps que souhaitée et difficile à atteindre, pour que nous

cessions d’observer les composantes de cette existence ? Autant

d’interrogations cruciales qui nous cernent alors que nous entreprenons

l’étude, l’analyse et l’exploration d’une situation-problème unique dans sa

composition et complexe dans son unicité, à savoir la situation actuelle de

l’émigration clandestine ici et maintenant.

Nous sommes en présence d’une situation problématique extrêmement

complexe, si bien que toute approche scientifique et académique sereine

derrière un bureau est une approche timide et d’une importance limitée.

C’est un phénomène qui suppose une rigueur scientifique dans son sens

contemporain, une rigueur qui recherche la vérité et l’efficience en même

temps.

Longtemps encadrées par les catégories juridiques de la nationalité, les

études sur l’immigration, et maintenant celles qui traitent de discrimination,

se sont ouvertes à d’autres modes de désignation de «l’altérité» : immigrés,

puis «seconde génération» ou nouvelles générations de l’émigration, enfin

immigrés clandestins pour qualifier le phénomène de migration "irrégulière ".

En effet, les autorités administratives des différents pays parlent de migra-

tions non contrôlées, irrégulières, illégales ou clandestines, sauvages,

d’invasion. Face à cette diversité des appellations, les termes des migra-

tions irrégulières et clandestines constituent deux notions les plus em-

ployées par les chercheurs en sciences sociales. Mais si le terme de clan-

destin renvoie au coté criminel de la migration, la notion d’irrégularité reflète

la face administrative et légale de ce phénomène. De ce fait, le clandestin

occupe une place intermédiaire entre la criminalité et l’irrégularité, position

on ne peut plus ambigüe qu’il s’agira de préciser dans la présente enquête.


forêt correspond-elle à notrreeeee coonnnnnnaissance otre perception de la fo

ance du paysage humain sooooousssss l’angle macro de l’arbre ? Notre connaissa

elle de la recherche des détttttaaaaaiiiiils microphysiques ? physique nous dispense-t-el

igner le caractère paradoxal de l’existence Cela nous satisfait-il de soulig

xistence déchirée entre une réalité insatisfaihumaine comme étant une ex -

ouhaitée et difficile à atteindre, pour que nous sante en même temps que so

posantes de cette existence ? Autant cessions d’observer les comp

nous cernent alors que nous entreprenons d’interrogations cruciales qui n

IN

INTRODUCTION

6

L’IMMIGRATION IRREGULIERE - Etude de Terrain et recherche prospective - 2012L’IMMIGRATION IRREGULIERE - Etude de Terrain et recherche prospective - 2012

I

La �gure du clandestin ( le Harrag)

L’émigration dans le sens commun du terme est

une action humaine d’une manière générale

et spéci#quement arabe et méditerranéenne,

créée par la géographie et consolidée par

l’histoire.

C’est une action tragique et solennelle en même

temps. Est ce par hasard sémiologique que émi-

gration "hijra" relève dela même racine que cani-

cule "hajir" ? et que émigration clandestine

"harka" dans le langage populaire a la même

étymologie que incendie "harik".

En Tunisie, le parcours du clandestin, du harrag ,

est de traverser les frontières clandestinement

ou de « brûler » les frontières, Ce terme pouvant

être rattaché aux expériences des émigrés

clandestins africains et marocains brûlant leurs

pièces d’identité dès qu’ils atteignent le sol Euro-

péen a#n qu’on ne puisse plus déterminer leur

identité et donc leur pays d’origine.

Dans une perspective Bachelardienne, dont

La psychanalyse du feu est « l'esquisse d'une

détermination des conditions objectives de la

rêverie » , ce terme de Harragpourrait trouver son

explication à la lumière d’ une véritable psychana-

lyse du feu,le feu rend possible, en e)et, sur le

plan imaginaire, l’éventualité d’une consumation

totale de l’émigré clandestin dans la nature ainsi

que de sa dispersion dans les choses ; la harga lui

permettant de ne pas reconnaitre son échec,

puisque, une fois au large, par le simple

contact avec l’eau, dans la mer, empruntée

comme voie de passage,

c’est l’élément maternel qui se charge

d’éteindre son feu combien même il risque de

s’y noyer et de s’y confondre.

Le Harrag, exprime ainsi la nostalgie d’un retour

au sein de la mer et donc de la mère, l'eau étant

une « *amme mouillée » selon Bachelard permet-

tant de trans#gurer le feu comme métaphore de

son sacri#ce, et en même temps de sa propre

libération.

Il est étrange de remarquer que ce même feu

a joué un rôle analogue chez le jeune homme

de sidi Bouzid qui était à l’origine de la révolution

tunisienne, le harrag potentiel en lui, devenant

le mahroug, celui qui a été brulé par le feu et non

pas celui qui brule, qui s’échappe par son sacri#ce

.

Le harrag est un homo sacer par excellence selon

le mot de Agamben qui par son sacri#ce, consacre

sa force et n'avoue pas sa faiblesse , c’est un

homme tuable, qui n’est plus protégé par des

#ctions juridiques, par de la représentation. Il n’est

plus que

du bios, un corps, qui se trouve soudain o)ert

dans sa nudité à la fantaisie des vagues

Mais au-delà de ce portrait psychanalytique

du clandestin, qui n’est pas le propos de ce travail

, on s’attachera à rappeler le cadre juridique dans

lequel s’inscrit son parcours et son statut compte

tenu des accords bilatéraux qui ont réglementé le

contrôle de ses déplacements en vue de les mai-

triser sinon de les réprimer bien avant les évène-

ments du 14 janvier 2011.

7


I

Le cadre juridique

Dans ce contexte légiférer a permis, au gou-

vernement tunisien d’a"cher devant ses parte-

naires et bailleurs de fonds son engagement à

lutter e"cacement contre l’émigration clandesti-

neet à « maîtriser les %ux migratoires ».

Légiférer a en outre permis d’accroître l’étendue

du cadre juridique répressif à partir duquel les

autorités tunisiennes pouvaient surveiller une

activité sensible. Faut-il rappeler à cet e&et que la

Tunisie est le premier Etat maghrébin à avoir

rati(é un accord d’association euro-méditerra-

néen (entré en vigueur en 1998) dont le volet

social l’enjoint à lutter contre l’émigration irrégu-

lière. Elle a entamé en 2010 des négociations en

vue d’obtenir le ‘statut avancé’ auprès de l’UE,

comme le Maroc en 2008.

A ce titre le problème de la clandestinité ne peut

pas être séparé de celui de la réadmission qui en

est la conséquence logique. Ainsi, en plus des

mesures de contrôle des frontières et de l’aide

logistique octroyée par l’Italie dans le cadre

d’accords bilatéraux( note) sur la réadmission des

immigrés clandestins, le régime tunisien s’était

bien distingué par l’édiction de lois répressives et

la signature de conventions de réadmission.

En e&et, en échange de l’octroi de permis de

séjour temporaire (six mois) à quelques 20 000

migrants tunisiens, les autorités italiennes ont

obtenu de la Tunisie l’engagement de réadmettre

tous les migrants arrivés après la signature de

l’accord et surtout une surveillance accrue de ses

côtes pour laquelle l’Italie devra livrer 10 navires

de patrouille et une centaine de jeeps.

Il convient de rappeler à ce sujet que la coopéra-

tion tuniso-italienne en matière de réadmission

des migrants en situation irrégulière n’est pas un

fait nouveau.

Trois accords ont été conclus par le passé, qui

s’apparentent plutôt à des ententes ou arrange-

ments bilatéraux visant à faciliter, entre autres,

l’expulsion des personnes en situation irrégulière.

Il ne s’agit pas d’accords standards de réadmis-

sion à proprement parler, mais bien d’accords liés

à la réadmission qui peuvent être rapidement

renégociés a(n de répondre aux intérêts varia-

bles, pour ne pas dire contrastants, des parties

contractantes.

Aussi, le premier accord, daté du 6 août 1998,

se basait sur une note verbale entre le ministère

des A&aires étrangères italien et l’ambassade de

Tunisie à Rome. Cette note proposait la mise en

place d’un dispositif de contrôle des %ux en

provenance de Tunisie ou transitant par le terri-

toire tunisien, en échange de quotas d’entrée

pour les travailleurs migrants tunisiens en Italie.

La note verbale prévoyait également le (nance-

ment par les autorités italiennes de centres de

rétention sur le territoire tunisien. Par ailleurs, elle

interdisait explicitement les expulsions en masse

de migrants vers la Tunisie.Quelques années plus

tard, un deuxième accord bilatéral de coopération

policière, daté du 13 décembre 2003, fut conclu

entre la Tunisie et l’Italie.

Cet accord avait pour principal objectif de former

NoteAccords bilatéraux : notamment conventions d’établissement avec l’Algérie (1963) et le Maroc (1964) ; convention consulaire avec la

Mauritanie (1964) ; convention pour le droit de propriété, le droit au travail, l’exercice des professions et métiers, le droit

d’établissement et le droit de circulation avec la Libye (1973) ; conventions sur la main d’oeuvre avec la Libye (2003) et la Syrie (2004) ;

contre la double imposition avec le Maroc (1975) ; avec l’Italie sur le travail et le séjour (1995), l’entrée et la réadmission (1998), la main

d’oeuvre saisonnière (2000) ; avec la France en matière de séjour et de travail (1988), d’échange de jeunes professionnels (2004) et pour

la gestion concertée des migrations (2008).

8


Iles forces de police tunisiennes au contrôle

renforcé de la frontière maritime avec l’Italie au

moyen d’une assistance technique et d’une

coopération accrue entre les autorités des deux

pays. A l’instar du premier accord, des quotas

d’entrée en Italie pour les travailleurs migrants

tunisiens étaient proposés a�n d’inciter le gouver-

nement tunisien à coopérer en matière de «lutte

contre l’immigration clandestine».

Pour sa part, la loi organique 2004-6 du 3 février

2004 modi�ant la loi 75-40 du 14 mars 1975

relative aux passeports et aux documents de

voyage avait pour but de lutter contre

l’émigration clandestine et le franchissement

illégal des frontières, et elle a e�ectivement

permis de limiter les départs depuis la Tunisie.

Mais d’un côté, cette loi a eu un e�et répressif

important en Tunisie même : elle a été promul-

guée quelque temps après l’adoption de la loi de

lutte contre le terrorisme �n 2003.

Cette coïncidence a permis de durcir encore

davantage la répression à l’intérieur du pays à

travers la radicalisation de l’arsenal juridique en

exploitant « l’e�et d’aubaine » qui a suivi les

évènements du 11 septembre 2001, qui a ouvert

la voie partout dans le monde à l’adoption de lois

liberticides

Le 28 janvier 2009, un troisième accord fut conclu

entre les ministres de l’Intérieur, M. Roberto

Maroni et M. Ra�k Haj Kacem (ancien ministre

sous le régime de Ben Ali). Il se basait sur une

entente visant à accélérer la délivrance des

laissez-passer – préalable nécessaire à l’expulsion

des migrants irréguliers dépourvus de docu-

ments de voyage et identi�és

comme étant des ressortissants tunisiens – par

les autorités consulaires tunisiennes en Italie.

C’est dans ce cadre que la présente enquête

s’inscrit qui cherche à évaluer la teneur de ces

accords sur le terrain de la réalité de l’émigration

clandestine et à véri�er si les mesures qui ont été

entreprises à la lumière de ces accords sont à

même d’intervenir e�cacement dans la réduction

des �ux de la migration irrégulière ou si au

contraire, ils ont élargi le champ de l’illégalité,

contribuant à fragiliser des pans entiers de la

population, notamment des jeunes.

Cependant, l’émigration clandestine, en

l’occurrence l’émigration de nos jeunes de cette

manière et avec cette intensité est une situation

d’éducation spéci�que qui suppose qu’on quitte

le bureau pour la rue a�n d’ajouter des images à la

perception et d’abandonner la sérénité au pro�t

du souci de la connaissance et de la science,

générateur de pro�t. Il s’agit également de dépas-

ser l’analyse théorique pour toucher l’aventure en

apportant quelques solutions ; et c’est le proces-

sus dans lequel s’est engagée l’Association de

développement durable et de coopération inter-

nationale à Zarzis, avec conscience, dé� et enga-

gement.

L’enquête réalisée par l’Association de développe-

ment durable et de coopération internationale

à Zarzis nous avertit que nous faisons face, réelle-

ment à un phénomène historique exceptionnel

quant à certaines de ses dimensions.

Qu’un jeune mette �n à sa vie parce qu’il n’a pas

eu

9


Ila chance, dans son aventure d’émigration

clandestine, d’atteindre le "paradis promis" ou "

les berges du rêve", qu’un autre de la même

région et dans la même période se suicide parce

que ses parents se sont opposés à son retour du

"paradis promis", vaincu, après avoir eu l’honneur

d’y accéder, que certaines familles vendent une

part de leurs biens (et ce n’est pas peu ) a�n que

leur enfant participe à "la cérémonie" de

l’émigration clandestine, que

ceux qui ont attisé le feu de la révolution de la

dignité, fuient un pays supposé leur o�rir ce pour-

quoi ils se sont soulevés après que les interdits ont

été aplanis, cela signi�e que ce à quoi nous

sommes confrontés, constitue une situation

problématique pluridimensionnelle d’une struc-

ture telle qu’elle ne se prête pas à une approche

unique et hâtive aussi pertinente et scienti�que

soit elle, qu’elle soit structurale, psychologique ,

comportementale, historique ou marxiste.

10


I

Les Hypothèses de travail

En l’absence de statistiques !ables des irrégu-

liers, il était nécessaire que l’e#ectif enquêté soit

su%samment signi!catif et important. Face a

cette di%culté, nous avons eu recours à la

méthode de l’échantillon non aléatoire regrou-

pant des personnes reconnues qui ont franchie

clandestinement les frontières maritimes vers

l’Italie. Le choix de ce type d’échantillon est utilisé

pour réaliser une enquête auprès d’une popula-

tion di%cile à repérer. De ce fait notre enquête

porte sur un échantillon de 686 personnes ayant

quitté irrégulièrement le sol tunisien en direction

de l’île italienne Lampedusa : 558 sont rentrés en

Tunisie d’une manière forcée ou volontaire et 128

parmi les enquêtés sont encore en France .

Il s’agit d’un échantillon indicatif et non représen-

tatif.

Notre première hypothèse pour une meilleure

compréhension de l’émigration clandestine porte

sur la catégorie sociale la plus touchée par

ce phénomène. Les migrants irréguliers sont en

e#et plus jeunes que ceux qui sont impliqués

dans d’autres *ux migratoires connus (migrants

légaux, réfugiés).

Ils constituent selon ce pro!l les principaux

acteurs de ce type d’émigration. A priori,

l’émigration irrégulière apparaît comme essentiel-

lement jeune. C’est ce qu’on peut dégager à

travers notre enquête, la répartition par tranche

d’âge montre en e#et que plus de 85,1% de la

population enquêtée ont moins 35 ans

La population étudiée

La répartition par ville accorde le grand lot à

Zarzis point de passage particulièrement appré-

cié par les nouveaux négriers de l’émigration.

Zarzis abrite en e#et le stock le plus important

des migrants clandestins 47,1% .

Cela signi!e t-il que ces villes sont celles qui sont les

plus pauvres comme pourraient l’admettre certaines

approches marxistes ou wébériennes ? De même, la

plupart des émigrants clandestins étaient de jeunes

célibataires qui n’ont pas encore vécu l’expérience de

l’échec en a#rontant la vie, ni la peur de l’inconnu

après la révolution, alors qu’ils y ont pris part e%cace-

ment comme pourrait le concevoir hâtivement la

tendance psychologique ou comportementale.

Note

D’autre part, et sur un plan plus général la proportion de jeunes âgés entre 15 et 29 ans parmi le �ux total d’émigrés a sensiblement

augmenté. Selon un sondage longitudinal réalisé parle Ministère de la Jeunesse et l’Institut National de la Statistique au niveau

national, la proportion de jeunes déclarant vouloir émigrer est passée de 22% en 1996 à 75,9% en 2009. Cette tendance concerne tous

les individus indépendamment de leur sexe, âge, activité professionnelle ou niveau d’éducation (Fourati, 2008). Références : Fourati H.

2008. consultation de la jeunesse et désir d’émigration chez les jeunes en Tunisie 1996-2005”, CARIM Note d’analyse et de synthèse.

Répartition suivant les villes

11


INous sommes en présence d’un évènement

complexe pluridimensionnel qui nous pousse à

nous armer sérieusement d’un esprit scienti�que

contemporain dont les aspects se transforment

enmodèles et qui mise non seulement sur la com-

préhension mais sur la compréhension et l’action

; et c’est exactement ce qui habite l’Association de

développement durable et la coopération inter-

nationale et ses associés dans la citoyenneté

universelle que ce soit au niveau de

l’appartenance ou des inspirations. Un premier

examen de cette enquête con�rme nos dires.

Entre autre les membres de l’échantillon sont

interrogés sur ce qu’ils attendent de la partie

auteur du questionnaire : assistance pour la créa-

tion d’un projet , stage de formation dans une

spécialité donnée.

La deuxième hypothèse concerne la variable

de la situation sociale et économique des

migrants irréguliers .En e�et, cette hypothèse

considère que les conditions sociales et économi-

ques de ces migrants sont fragiles et défavora-

bles, caractérisées par le chômage et la pauvreté.

En ce sens, l’émigration irrégulière apparaît

comme l’expression d’une réaction contre un

sentiment de frustration par rapport au marché

de l’emploi et de ce fait comme l’ultime moyen

d’accéder à une vie normale en société.

Il apparait cependant dans l’enquête que la part

de la population inactive est de 45,5% seulement

.

situation professionnelle avant le départ

quali�cation professionnelle

secteur de quali�cation

la répartition par catégories socioprofessionnelles

fait ressortir que 56,1% des personnes enquêtées

disposent d’une quali�cation professionnelle.

12


I

Topographie de l’échantillon

Le flux de la clandestinité

Le taux des départs dans l’échantillon étudié indi-

que que la plus grande majorité de ces départs se

situent en 2011 à la suite des évènements de

janvier. En e�et dès les premiers mois de la révo-

lution, on a constaté l’organisation de plus en plus

répétée de véritables expéditions clandestines

vers l’Europe sans le recours au fameux visa de

sortie.

Cette situation est illustrée par le fait que 94,4%

des personnes enquêtées étaient des clandestins

qui faut –il le rappeler faisaient partie des milliers

de personnes qui avaient quitté le sol tunisien à la

suite des évènements de janvier 2011.

Près de 22 à 26000 de ces émigrés clandestins qui,

après le déclenchement de la révolution, ont pris

le large, dans des embarcations de fortune, en

direction de l'île italienne de Lampedusa dans

l'espoir de trouver du travail sur l'autre rive de la

Méditerranée, au

risque de leur vie. Plusieurs centaines sont,

aujourd'hui, portés disparus, ils sont estimés à un

millier par le Forum tunisien pour les droits

économiques et sociaux

Cet état de fait se re�ète éloquemment dans

l’échantillon étudié qui permet de constater que

le nombre des départs clandestins a augmenté

très sensiblement pendant les deux mois suivant

la révolution( 56% en février et 22,1% en mars)

le commencement des troubles internes en Lybie

et en raison des sérieux problèmes de sécurité qui

se sont posés à la frontière des deux pays qui ont

eu pour conséquence la déroute des forces de

sécurité interne en Tunisie. C’est en quelque sorte

un e�et d’aubaine qui a pro�té aux réseaux de

passeurs pour faire le plein d’une clientèle assoif-

fée de franchir la frontière pour découvrir

l’eldorado. E�et de conjoncture, il est vrai, si l’on

considère les 9 années précédant ces évènements

pendant lesquelles les retours enregistrés sont

pratiquement insigni�ants.

Méthode d’immigration

Mois d'immigration

Janvier 48

Février 383

Mars 151

Avril 26

Mai 9

Juin 13

Juillet 10

Aout 3

Septembre 31

Octobre 4

Novembre 3

Décembre 3

7%

56%

22,1%

3,8%

1,4%

1,9%

1,5%

0,4%

4,5%

0,6%

0,4%

0,4%

13


IParadoxes et importance du

marginal

Si les enquêtés étaient des jeunes sans emploi,

sans instruction ni spécialité professionnelle, s’ils

étaient également originaires de villages de

l’intérieur pauvre de la Tunisie, les conclusions et

les interprétations seraient "heureuses" et rapides

et expliqueraient que la pauvreté ( c'est-à-dire le

facteur économique ) est la cause principale, si ce

n’est l’unique, de cet état de fait. Cependant,

l’échantillon est di�érent ; et c’est ce qui con�rme

son aspect complexe. Il y a en e�et des enfants,

des adultes, des garçons et des �lles ; il y a l’élève,

il y a celui qui a une spécialité

professionnelle, il y a des habitants de villages

pauvres, de même qu’il ya des habitants du pôle

industriel (Sfax, Gabes) ; ce qui nous pousse

à a�rmer que le facteur économique, aussi

important soit-il n’épuise pas la réalité de ce phé-

nomène-problème.

Le phénomène de l’émigration clandestine

(illégale ou non organisée) a fait l’objet de nom-

breuses recherches depuis son apparition au

milieu des années quatre vingt du siècle précé-

dent, allant de reportages de presse à des confé-

rences internationales et même à des thèses

académiques.

Par ailleurs, dans ce phénomène interfèrent

le touristique, le scienti�que et même le sécuri-

taire ; et l’on n’a pas enregistré une quelconque

réduction ou régression ; même la loi n° 6 en date

du 3 février 2004 qui a incriminé toutes les actions

en rapport avec la contrebande de personnes et

l’émigration illégale n’a pas réussi à limiter ce phé-

nomène et ses retombées catastrophiques.

Notre présente enquête s’intéresse à un contexte

qui se distingue par certaines particularités, dans

la mesure où il permet d’observer un échantillon

d’émigrants clandestins dont la plupart sont

des jeunes constituant la plus grande catégorie

qui a subi l’injustice du régime précédent en Tuni-

sie et qui, par conséquent, a joué le plus grand

rôle dans la révolution, revendiquant l’emploi, la

dignité de vivre et l’égalité entre les régions.

Cependant, ce qui ressort le plus, c’est leur fuite

avant d’attendre les fruits de leur révolution. Ils

ont fui après la disparition de la frontière qui les

sépare de la réalisation de leurs revendications ;

on dirait que leur désespoir est plutôt un déses-

poir du lieu et non un désespoir de l’homme, un

désespoir du tout et non un désespoir de la partie

, 92,5% des personnes enquêtés ont émigré après

la révolution

Année d'immigration

évolution

14


I Un autre indicateur trompeur quant à la quan-

tité, mais profondément signi�catif, c’est le

nombre de femmes dans l’échantillon.

Elles sont (47 sur 686) , cependant, c’est un

nombre très signi�catif aussi réduit soit-il.

D’abord, qu’une �lle se risque à émigrer

( à remarquer que nous ne parlons pas de d’une

jeune �lle mexicaine qui émigre clandestinement

vers les Etats Unis d’Amérique ou d’une vietna-

mienne qui émigre vers l’Australie ), ensuite

qu’elle émigre clandestinement et de surcroît

dans les "bateaux de la mort où s’entassent les

hommes, voila ce qui transgresse le mur épais des

valeurs et traverse par là les frontières et la géo-

graphie et con�rme que nous sommes en

présence d’un véritable dilemme où le facteur

économique est l’une des composantes mais loin

d’être l’unique.

Par ailleurs, la plus grande partie de l’échantillon

est composée de jeunes venus de Zarzis (81 sur

128 parmi ceux qui sont encore à l’étranger et 242

sur 558 parmi ceux qui sont revenus ). Cela

n’explique pas la réalité économique et sociale de

la ville en comparaison avec d’autres villes .

En e�et, Zarzis n’est pas plus pauvre qu’El Hamma,

Mareth (Gouvernorat de Gabes) ou Béni Khedach

( Gouvernorat de Medenine ) et c’est ce qui expli-

que à nouveau que le facteur économique malgré

son importance ne re�ète pas la véritable identité

du phénomène.

Tous ces éléments, en plus des précédents

sont signi�catifs et con�rment l’aspect complexe

du phénomène que ce soit au niveau des causes,

de la projection dans l’avenir ou du traitement.

Répartition suivant le sexe

15


I

Le contrôle juridique

Les départs massifs qui ont eu lieu au lend-

emain de la chute de Ben Ali re�ètent non seule-

ment l’ampleur des di�cultés économiques et

sociales mais aussi la centralité de la questionmi-

gratoire qui peut faire l’objetd’instrumentalisation

et de jeu de pouvoir dans les relations bilatérales

et à l’échelle régionale avec l’embrasement de la

Libye voisine.

Les réactions au débarquement de migrants sur

l’île de Lampedusa au lendemain de la Révolution

sont signi�catives des limites de la politique

euro-méditerranéenne, basée sur la répression à

tout prix de l’émigration.

C’est à la suite de ces évènements qu’un accord a

été conclu le 5 avril 2011 entre le ministre de

l’Intérieur M. Habib Essid et son homologue

italien M. Roberto Maroni, cet accord visait à

renforcer le contrôle des �ux migratoires irrégu-

liers et faciliter le rapatriement (ou la réadmission)

des ressortissants tunisiens en situation irrégu-

lière.

16

Note

En dehors de l’annonce d’une aide �nancière à la

hausse l’Europe a été incapable de trouver une

solution collective au problème de l’émigration

clandestine. La Commission européenne a, pour la

première fois, parlé de circulation des migrants en

envisageant son partenariat de mobilité. Cependant,

cette proposition ne tient pas compte de la réalité de la

nature des candidats au départ de la dynamique locale

de production de l’émigration et continue à ré�échir

par catégories socioprofessionnelles même si dans les

négociations avec les autorités tunisiennes, la

question de l’origine géographique des migrants a été

posée, en privilégiant les candidats originaires des

régions les plus pauvres. D’autre part et surtout, elle se

heurte aux logiques nationales propres à chaque Etat

membre. La réunion des ministres de l’Intérieur et de la

Justice des Vingt-Sept (le 11 avril au Luxembourg) n’a

abouti à aucune mesure concrète, les di�érents Etats

préférant laisser à l’Italie le poids du « fardeau ». Le

ministre français de l’Intérieur a annoncé pour sa part

le renforcement des contrôles de police à la frontière

franco-italienne ce qui a été concrétisé par la ferme-

ture de la frontière à Vintimille le 18 avril, avec le

soutien de la Commission européenne.

Il aurait ainsi été décidé d’élargir au niveau européen

la décision prise par Rome et Paris d’organiser

des patrouilles conjointes aériennes et navales au plus

près des eaux tunisiennes pour bloquer les départs

d’immigrants illégaux et ce via Frontex, l’Agence

européenne de surveillance des frontières.


I

Les Facteurs/Causes

Le facteur Social

La majeure partie des clandestins est constituée

de jeunes 85,1% sont moins de 35 ans , en raison

de l’absence de perspectives d’emploi. Or, une

telle proportion est grave car elle vide le pays

d’origine de son potentiel de jeunes qui sont

supposés participer à la construction de leur

pays. Ce phénomène ne se limite pas à cette caté-

gorie d’habitants ; même les personnes âgées

sont tentées par l’aventure de l’émigration clan-

destine. C’est une question bizarre et nouvelle en

même temps, en ce sens que près de 14,9% sont

âgés de plus de 35 ans.

Ce qui retient également l’attention en traitant

l’aspect social de la question, c’est le taux élevé de

ceux qui sont mariés, qui n’est pas loin de 23% , ce

qui n’est pas sans incidences négatives sur les

liens familiaux et l’éducation des enfants.

L’ampleur de ce phénomène avec une telle

gravité traduit une réalité qui nécessite un suivi

rigoureux ; car c’est devenu un sujet de discussion

privilégié entrez les familles, dans les cafés et

entre les amis. Bien plus, la question constitue

pour les familles un objet de �erté et a donc pris la

forme d’une compétition.

Les liens familiaux sont présents de façon

incontestable dans les discussions autour de ce

sujet. En e�et 86% des enquêtés envisageaient la

France comme destination �nale puisqu’il n’existe

pas dans la région une famille qui n’ait pas un ou

plusieurs membres qui ne résident pas en France.

Certaines familles même sont presque dans leur

totalité installées dans ce pays.

17

Répartition suivant l’âge

Répartition suivant Etat Civile

Destination �nale

installées dans ce pays.


I

Le facteur économique

Le facteur économique constitue le motif de

base de l’émigration clandestine. La majorité des

enquêtés étaient en e�et au chômage (45,5%).

avant de tenter cette expérience et 77,3% de ceux

qui avaient un emploi percevaient un salaire

qui ne dépassait pas 400 dinars tunisiens, soit

environ 200 euros. Un tel salaire constitue en

réalité une forme de chômage déguisé, alors que

le salaire minimum en France est de 1300 euros.

Cela représente environ sept fois ce que l’ouvrier

perçoit en Tunisie. Au delà du faible niveau du

salaire il faut signaler l’absence de couverture

sociale pour la majeure partie des émigrants.

En dépit de la gravité de l’expérience et de ses

complexités, la plupart des émigrants ont payé

des sommes énormes pour réaliser leur objectif.

Le taux de ces derniers a atteint 91,4% et les

sommes déclarées varient entre 1000 et 5000

dinars.

18

Raisons de ce choix

Situation professionnelle avant la départ

Salaire perçu

Avez vous payé pour immigrer

ag

.

entre 20 et 100 dt

entre200et 400 dt

entre 400et 600 dt

entre 600 et 800 dt

ins tableentre100 et 200 dt

3.2%

17.1%

57%

13.1%

1.9%

7.7%


I Eu égard au réel vécu par les habitants, ce sont

des sommes qui révèlent le désir de ces gens

de s’a�ranchir de l’indigence et dévoilent égale-

ment la profondeur de la crise économique et la

taille des sacri�ces, car certains ont eu recours à

l’emprunt (78,2%), alors que d’autres ont été

contraints de vendre leurs biens (6,6,7%). Tous

ces taux soulignent parfaitement la gravité de la

crise.

Il serait inexact de réduire l’importance du facteur

économique dans l’aggravation ininterrompue

de l’émigration clandestine. En e�et, l’absence

d’équilibre économique au niveau international

et l’étendue du fossé entre les économies

développées et les autres économies et

l’aggravation de la précarité des conditions de vie

dans les pays du sud de la Méditerranée en

général et en Tunisie en particulier avec la propa-

gation de la corruption

et les choix économiques stériles constituent des

facteurs déterminants faisant du nord de la Médi-

terranée un paradis pour tous ceux qui peuvent

y accéder.

Le facteur politique

L’année 2011 s’est distinguée par une augmen-

tation substantielle du nombre d’émigrants clan-

destins 92,5%.

Ceci a une explication logique, puisqu’il y a eu

un grand relâchement sécuritaire qui a dérogé

aux ordres dictés par d’autres pays que la Tunisie

,en bon élève, exécutait soit par des sanctions

pénales soit par un contrôle dans les aéroports ;

ce qui a fait que le phénomène de l’émigration

était presque inexistant dans notre pays confor-

mément à des convention

19

Source d’argent

Année d’immigration

92,5%.


Iexplicites ou non avouées qui servaient les autres,

par procuration bien entendu, et aux dépens des

intérêts de notre pays. Et dès que les tenants de

cette politique ont disparu, la situation a explosé.

Ce taux élevé d’émigrants clandestins s’explique

également par les obstacles que les ambassades

étrangères mettent pour l’octroi d’un visa. Les

tentatives d’émigration légales se réduisent à

mesure qu’augmentent les tentatives de

demande de visas.

Il est clair que les mesures prises par les chancel-

leries occidentales ont généré des résultats

importants et immédiats et ont poussé ces jeunes

à rechercher d’autres solutions illégales. Les

bateaux de la mort étaient alors les plus rapides et

les plus simples, puisque 94,9% ont choisi la mer,

étant donné la facilité du déplacement associé au

contrôle réduit, en comparaison avec les aéro-

ports et les ports.

Les bateaux réservés à la pêche se sont transfor-

més en "navires" embarquant des dizaines pour

ne pas dire des centaines, sans observer les moin-

dres consignes de sécurité.

Nous remarquons une jonction grave entre le

besoin d’émigration et les réseaux de

contrebande.

Le phénomène est devenu un commerce lucratif

orchestré par des réseaux organisés au sein

desquels �gurent des éléments qui fonctionnent

au sein d’organismes o�ciels.

Ce qui s’est passé après le 14 janvier 2011 et avec

la liesse saluant la �n de l’exclusion de la citoyen-

neté, tout le monde a pris conscience du vide

politique et sécuritaire qui allait en résulter et de

l’anarchie et des débordements que cette situa-

tion allait générer ; et ce qui s’est produit alors a

renforcé le sentiment de la peur de l’inconnu et a

mis en garde contre la fragilité de la paix sociale

qui prévalait, surtout avec l’explosion de la situa-

tion en Libye, fragilité qui excluait le sentiment de

sécurité et poussait certains à rechercher cette

paix au delà de la mer.

Le facteur psychologique

Facteur également complexe. En e!et, les émi-

grés qui retournent pendant les vacances, avec

leur confort de vie et leur aisance matérielle

(voitures, argent,

20

Comment avez-vous immigré


Itenue vestimentaire enviable), deviennent un

modèle de réussite dans le conscient ou

l’inconscient collectif ; si bien qu’on peut rencon-

trer des gens qui, ouvertement, condamnent

l’émigration clandestine et s’y opposent, mais qui,

dans le secret, cherchent à ménager une émigra-

tion pour leurs enfants. Il ne faut pas non plus

négliger les penchants personnels des individus

d’une manière générale qui émergent

à travers les frustrations et les désirs secrets de

réaliser la réussite sociale. Certains, vivant dans le

manque dans leur pays d’origine, ne laissent

passer aucune occasion pour concrétiser le rêve

de la réussite, ne serait ce que par l’imitation du

modèle du nord dans la tenue vestimentaire ou

dans la coi�ure. Que dire alors lorsque

l’opportunité de la réussite sociale se présente à

eux comme réalité et non comme illusion par le

truchement de l’émigration clandestine vers les

berges du rêve ?

Vient ensuite, dans ce contexte, le rôle des

médias qui façonnent l’opinion, le goût et les

réactions.

Ils propagent un modèle de citoyen auréolé

de réussite, de bonheur et d’aisance. L’impact de

cet étalage devient plus fort sur un individu

déchiré entre un réel vécu sombre et une image

qu’il rêve de réaliser ; c’est alors que la décision est

prise de tenter l’aventure de l’émigration clandes-

tine.

Si le risque de cette aventure explique la gravité

de la situation matérielle et sociale de l’individu

dans le sud de la Méditerranée, il explique égale-

ment à quel point cette image du modèle du bon-

heur est enracinée dans le conscient et

l’inconscient de l’individu chez nous.

Le facteur psycho éducatif

Parmi les résultats importants auxquels a abouti

cette étude de terrain, !gure le disfonctionne-

ment de la politique éducationnelle en Tunisie au

cours des deux dernières décennies, 85,5% de

ceux qui ont été interrogés n’ont pas dépassé le

niveau du secondaire.

Mais le phénomène nouveau et grave en même

temps c’est l’entrée en lice des universitaires.

Ils sont devenus aussi victimes de l’émigration

clandestine en raison de la durée de la période

.

21

secondaire.

Niveau scolaire

14,4%

34,3%

51,2%


Ide chômage et l’obstruction des horizons devant

eux.

La plupart des personnages des textes de lecture

et des exercices de rédaction dans les di�érentes

étapes de l’enseignement en français et en

anglais étaient des arabes tunisiens qui géraient

leur vie, aimaient la terre, façonnaient l’avenir

selon les di�cultés de leur vécu, énumérées et

rappelées par ces textes.

Alors que de nos jours, les personnages des

manuels de français et d’anglais et même de

certains textes arabes sont John Bernadette et

Catherine qui font étalage de leur vie occidentale

avec ses lumières, son luxe, sa profusion et sa

consommation e�rénée ; ce qui contribue à fragi-

liser la constitution psychologique de l’individu, à

a�aiblir sa relation avec son milieu et à construire

un modèle alternatif du personnage qui a réussi,

modèle de la fortune et de l’enrichissement

rapide personni�é par ceux parmi les émigrés qui

rentrent pendant l’étéqui consolident la foi dans

ce modèle et intensi�ent l’aspiration de nos

jeunes à émigrer de quelque manière que ce soit.

Le facteur Anthropologique

Il faut ajouter à tout cela le facteur anthropologi-

que et structurel propre aux "Akara" et explique le

grand nombre d’émigrés originaires de Zarzis ; en

ce sens

que Zarzis est parmi les régions du sud celle qui

se distingue par sa tolérance et son ouverture

tout au long de l’histoire. Elle accepte l’autre qui

est di�érent et excelle dans l’art de communiquer

avec lui.

C’est un espace de rencontre des civilisations

phénicienne, punique, arabe, berbère, juive

chrétienne, musulmane. Ils intériorisent donc

dans leur inconscient le sens du pardon et la

conviction que l’autre n’est pas moins tolérant

qu’eux. Pour eux, l’humanitaire pourrait voiler

chez l’homme la notion de l’attachement à la

terre. C’est pourquoi ils sont en perpétuel mouve-

ment, tant sur terre que sur mer, tant dans

l’agriculture que dans le commerce

et l’émigration ; la mer leur a appris l’attente

de l’inconnu et la sous estimation des di�cultés.

Les incitateurs à cette émigration clandestine

sont outre des facteurs internes déjà cité dont

c e l u i

du tra�c de migrants de plus en plus organisé,

de promesses d’embauches et d’accueil par les

parents installés.

22

Avant de partir avez-vous reçu

de promesses verbales d’embauche


I

Ce dernier facteur tient a notre avis soit de la

méconnaissance de la sévérité de la loi s des pays

d’accueil en matière de séjour soit d’une certaine

volonté de transgression de ces lois au prix de la

liberté voire de la vie.

Les autres facteurs d’appel sont l’existence

de marché du travail au noir dans ces pays malgré

l’existence d’un dispositif de lois répressives,

l’image de l’Eldorado véhiculée par les médias de

l’autre rive Nord et de celle des retours en vacan-

ces annuelles des émigrés

et en!n de ce qui est nouveau dans cet appel au

large, de l’existence de primes de retours et d’aide

a l’installation qui peuvent motiver au départ

pour en béné!cier au retour malgré les risques

d’une telle aventure humaine.

23

Conditions de séjour dans le pays d’accueil


de promesses verbales d’hébergement AAvez-vous trouve un tarvail

81,9%

18,1%

B onnes

15.6%

Moyennes

27.9%

Mauvaises

56.5%


I La reprise du contrôle des frontières moyennent

l’aide italienne a permis, en conséquence, un

recul sensible des �ux irréguliers vers l’Italie et les

mois suivant la signature de l’accord ont connu

un véritable arrêt de ces �ux comme nous pou-

vons le constater sur le tableau. Les conséquences

de ces accords n’ont pas tardé à se véri�er sur le

plan de leur impact sur les �ux de retour en

Tunisie. C’est ainsi que , dès

le mois suivant sa signature , une augmentation

sensible du taux des retours ( 14,23% en mai, 16%

en juin,) pour connaitre un pic de 23,6% en juillet

de la même année.

Force est de constater que la majorité de ces

retours s’est e�ectuée d’une manière volontaire

(75,6%).

Les raisons avancées concernent les conditions

de logement et les di�cultés à trouver du travail.

mais ce sont surtout les modalités de �nance-

ment du retour et l’appât des primes accordées

pour

24

Type de retour

Retour & Installation

Janvier 1

35

35

32

79

88

131

53

35

31

20

15

Février

Mars

Avril

Mai

Juin

Juillet

Aout

Septembre

Octobre

Novembre

Décembre

Total

Mois de Retour

0.2%

6.3%

6.3%

5.8%

14.23%

16%

23 .6%

9.5%

6.3%

5 .6%

3.6%

3%

555 100%

Nombre Pourcentage

Mauvaises

conditions

du logement

Di"culté de

trouver du travail

Autres

217

133

72

Les raisons du retour volontaire

51.4%

31.5%

17.1%

Nombre Pourcentage

Total 422 100%


I

pour plus de la moitié des personnes enquêtées .

Faut-il rappeler dans ce contexte, que plusieurs

Etats membres, plus particulièrement l’Espagne,

la France, la Grèce, l’Italie et le Royaume-Uni, ont

tenté d’a�ronter la question de la migration clan-

destine en proposant des contreparties ou com-

pensations �nancières, formulées dans le cadre

d’accords �exibles, tels que des échanges de

lettres, des notes verbales, des memoranda

d’entente, ou des accords de coopération tech-

nique comportant une clause en matière de lutte

contre l’immigration irrégulière.

De toute évidence , les retours volontaires

étaient motivés pour plus de 50% des personnes

enquêtées, par l’octroi de primes d’aide au retour

entre 100 et 500 euro par des organisations

comme l’OFII ( somme dérisoire en réalité mais

qui semble avoir été considérée comme

su�sante par les concernés pour renoncer à leur

rêve d’émigrer ) et des promesses concernant la

création de projets économiques dans le pays

d’origine ; c’est à la véri�cation sur le terrain de

cette politique d’aide au retour et sur les motiva-

tions réelles du retour que nous allons procéder

au vu de l’enquête menée en France sur les condi-

tions de séjour des irréguliers .

25

Si vous trouvez l’occasion d’immigrer

clandestinement seriez vous prêt

à refaire l’expérience

Prime de retour

40,8%59,2%

sonnes enquêtées .

Par ailleurs concernant les aides à l’installation : il y

aura lieu de véri�er la cohérence et la pertinence

de ces o�res. Le nombre important de personnes

enquêtées qui admettent ne plus vouloir refaire

l’aventure de l’émigration clandestine nous parait

assez probant tenant compte des risques encourus

et vécus de l’échec de l’intégration en pays

d’accueil, de l’existence de mesures dissuasives pour

réprimer ce type d’émigration.

Organisation


I 556 sur 558 parmi ceux qui sont revenus a�r-

ment qu’ils ne reconduisent pas l’aventure de

l’émigration clandestine. Ce chi�re a plus d’une

signi�cation.

Il souligne d’abord la gravité de l’expérience

et la tragédie qu’elle a engendrée et qui a failli

déposséder l’homme de son humanité ; ce qui

impose de s’intégrer dans un traitement

cosmique et local des causes de ce phénomène

par delà la solution sécuritaire qui s’est avérée une

partie du problème et non une partie de la solu-

tion.

Par ailleurs, ce chi�re élevé signale le début

de l’ébranlement de l’image du "paradis promis"

et la régression de l’illusion de "l’individu qui

a réussi" comme modèle de l’émigré.

Le refus des femmes et des �lles de retourner

aupays ne s’explique pas par le facteur économi-

que mais probablement par un déterminant

culturel, essentiellement. En e�et, la prolongation

de l’expérience là-bas, avec tout ce qu’elle com-

porte comme peine et avec l’espoir de la voir

couronnée par l’obtention des documents de

résidence, est de loin préférable, pour la �lle, à

son retour dans la défaite pour a�ronter le châti-

ment culturel comme la perte du respect,

l’aversion, et peut être même l’état de vieille �lle.

Tandis que l’obtention des documents de

résidence aura un e�et magique faisant oublier

l’émigration clandestine et pardonner la faute.

26

A travers les éléments succincts de cette enquête

de terrain il est constaté une fois de plus

l’ine�cacité de la contractualisation entre pays

de départ et pays d’accueil des mesures de

répression de l’émigration clandestine ainsi que

de celle de l’institution

de procédures compliquées et de prix dissuasifs

de visas.

Toute fois et ce qui nous parait comme un facteur

nouveau dans cette émigration clandestine sont

a la fois les décisions de départ qui si elles sont

majoritairement d’essence économiques ne sont

pas le fait uniquement du chômage mais égale-

ment du désir d’amélioration des conditions de

vie que l’on peut analyser a la fois par les dispari-

tés régionales dans le pays d’origine en terme de

croissance et d’opportunités d’emploi et l’attrait

des avantages en Europe.

Le système de créations d’emploi suscité par

les mesures incitatives ne doit pas quant à lui faire

oublier la limite de créations d’emplois en Tunisie

avec par ailleurs la création nette d’emplois

tendant vers les diplômés du supérieur et vers la

baisse pour les demandeurs de niveau secon-

daire.

Toutefois les créations ou tendance a mieux

correspondre aux besoins des demandes

d’emploi des niveaux du secondaire ce qui tradui-

sent quant a elles l’une des faiblesses du marché

du travail en Tunisie qui crée en conséquence la

dynamique de l’émigration.

Observations & Recommandations


I Aussi et les résultats de cette enquête le démon-

tre, il s’agit d’aborder l’immigration et celle a

caractère clandestin en particulier non plus au

point de vue économique ou sécuritaires mais

sous une forme éducative et également comme

une manifestation des réalités qui justi�ent une

redé�nition des échanges et de la coopération

économique entre pays d’origine et pays d’accueil

des émigrés.

Avec les besoins du marché local, la compétence

des demandeurs en mesure de leur permettre de

réussir leur projet et de rembourser leur emprunt

pour prix de passage clandestin vers l’autre rive.

Le peu de demandes en formation pour

l‘acquisition de meilleures compétences en

gestion et réussite des projets fragilisent le projet

lui-même et nous semblent un important handi-

cap s’il n’était posé comme

condition a l’o�re d’assistance �nancière celle

de l’exigence de formation adaptées

Il s’agit en premier lieu :

- D’organiser l’orientation des postulants

sur la base d’entretiens établis en

commun avec les structures spécialisées

dans les bureaux de l’emploi régionaux.

- D’élaborer des programmes de forma-

tion sur la base d’ingénierie de formations

nouvelles qui intègre entre autre

l’expérience d’une émigration clandes-

tine.

27

- De Constituer un fonds pour des dons de

bourses scolaires au plus jeunes des

migrants a�n d’élever leur niveau scolaire

au point d’accès a des formations capita-

lisant créatrices d’emplois qui puissent

augmenter la force du marché de travail

tunisien.

- D’assurer parallèlement des moyens de

remboursement des dettes engendrées

par ces départs clandestins et qui grèverai

la croissance des projets.


u terme de cette analyse, il semble se dégager que c’est en examinant

la constellation globale (le dispositif ), qui participe à la régulation de

l’immigration, qu’il sera possible de mettre en évidence la manière dont se déploie

ce dispositif de contrôle et de dégager l’objet technico-politique qui est au cœur

de ce gouvernement des populations.

Le harrag prend ainsi toute sa dimension performative et symbolique dans la

désignation de la révolte comme facteur ultime de transgression de ce dispositif

mis en place avec la complicité du système autoritaire et despotique de

surveillance et de punition qui a caractérisé le régime de ben Ali . En ce sens par la

harga, la !gure du clandestin prend également toute sa signi!cation symptomati-

que et opératoire dans la déconstruction du paradigme sécuritaire qui a trop long-

temps déterminé les politiques de migration tant dans les pays du sud que dans

les pays du nord. Elle se situe dans le prolongement de l’acte d’immolation par le

feu inaugural de ce qui a été désigné comme le printemps arabe et y occupe le

même registre de transgression de l’interdit.

Ainsi l'odyssée de la Harga se poursuit, indi#érente à tout système de contrôle

policier si l’on s’en tient à toutes ces $ottilles qui convergent de partout vers les îles

italiennes transportant des clandestins dans des conditions aussi périlleuses que

rudes. Elle pose en plus, un problème, celui du rapport du gouvernement à une

population spéci!que (les émigrants) et, plus généralement, la manière dont

l’émigration fait pour lui, problème et l’autorise du même coup à mettre en place

tout un dispositif de gestion de la population émigrante

En!n, l’intérêt et l’e&cacité de cette recherche seront réels lorsque celle-ci sera

une étape dans un projet humanitaire ambitieux qui sera couronné par l’aide de

ceux-là qui reviennent en vue construire leur avenir et développer leurs projets,

ensuite sensibiliser les jeunes à la nécessité de cesser de penser à l’émigration et de

se tourner plutôt vers la construction de la vie ici. C’est là le projet que l’Association

de développement durable et de coopération internationale s’e#orce de réaliser.


e, il semble se dégager quuue ccccc’est en examinant u terme de cette analyse

e dispositif ), qui participeeee ààààà la régulation de la constellation globale (le

le de mettre en évidence la manière dont se déploie l’immigration, qu’il sera possible

dégager l’objet technico-politique qui est au cce dispositif de contrôle et de d œur

lations. de ce gouvernement des popul

sa dimension performative et symbolique dans la Le harrag prend ainsi toute sa

désignation me facteur ultime de transgression de ce dispositifde la révolte comm

I

A

Conclusion

28


28


Tableaux Statistique et Diagrammes


29

Age

Age Nombre Pourcentage

Entre 15 et 20 46 6.7%

Entre 20 et 25 218 31.8%

Entre 25 et 30 219 31.9%

Entre 30 et 35 101 14.7%

Entre 35 et 40 54 7.8%

Entre 40 et 45 28 4.1%

Entre 45 et 50 10 1.5%

Plus que 50 10 1,5%

Total 686 100%

Ville

Nombre Pourcentage

Zarzis

Tunis 8 1.1%

Benguerdenne

323 47.1%

Djerba

118 17.2%

Medenine

5 0.7%

Tataouine

49 7.1%

Gabes

80 11.7%

Sfax

47 6.9%

56 8.2%

Total 686 100 %

Etude de Terrain et recherche prospective - 2012 Etude de Terrain et recherche prospective - 2012

Informations Personnelles

Nombre Pourcentage

Masculin 639 93.1%

Feminin 47 6.9%

Total 686 100 %

Sexe

Nombre Pourcentage

Celibataire 639 93.1%

Mariee 158 6.9%

Divorce 6 0.9

Etat Civil


30

Nombre Pourcentage

Célibataire 522 76.1%

Marié(e) 158 23%

Divorcé(e) 6 0.9%

Total 686 100%

Etat civil

Nombre Pourcentage

Primaire 236 34.4%

Secondaire 351 51.2%

Universitaire 99 14.4%

Total 686 100 %

Niveau scolaire Qualification professionnelle

Nombre Pourcentage

Avec quali!cation 385 56.1%

Sans quali!cation 301 43.9%

Total 686 100 %

Secteur de qualification

Domaine Nombre Pourcentage

Commerce 54 14%

Agriculture 89 23.2%

Tourisme 56 14.5%

Artisans 86 22.3%

Service 27 7%

73 19%

Total 385 100 %

Batiment

Situation professionnelle avant le depart

Nombre Pourcentage

Employé 374 54.5%

Sans emplois

312 45.5%

Total 686 100 %


31

Secteur d'activité

Batiment

Domaine Nombre Pourcentage

Tourism 23 6.1%

Agriculture 83 22.2%

Commerce 59 15.8%

Artisans 62 16.6%

Restauration 24 6.4%

86 23%

Services 30 8%

Administration 7 1.9%

Total 374 100 %

Salaire perçu

Nombre Pourcentage

Entre 20 et 100 dt 12 3.2%

Entre100 et 200 dt 64 17.1 %

Entre 200 et 400 dt 213 57%

Entre 400 et 600 dt 49 13.1%

Entre 600 et 800 dt 7 1.9%

Instable 29 7.7%

Total 374 100 %

Parcours migratoire

Situation professionnelle avant le départ

Nombre Pourcentage

Oui 454 66.2%

Non 232 33.8%

Total 686 100 %

Est-ce la première tentative d’immigrer clandestinement ?


32

Mois d'immigrationAnnée d'immigration

Nombre Pourcentage

1991 1 0.2%

2000 1 0.2%

2001

2002

3 0,4%

1 0,2%

2003 1 0.2%

2004 3 0,4%

2005 3 0.4%

2006 2 0.3%

2007 4 0.6%

2008 14 2%

2009 7 1%

2010 11 1.6%

634 1.6%2011

Total 685 100 %

Nombre Pourcentage

Janvier 48 7%

Février 383 56%

Mars 151 22.1%

Avril 26 3.8%

Mai 9 1.4%

Juin 13 1.9%

Juillet 10 1.5 %

Aout 3 0.4%

Septembre 31 4.5%

Octobre 4 0.6%

Novembre 3 0.4%

Décembre 3 0.4%

Total 684 100 %

1personne n’as pas repondu à la question

Comment avez-vous immigré ?

Nombre Pourcentage

Avec visa 35 5.1%

Sans visa (clandestinement) 651 94.9%

Total 686 100 %

avez-vous payé pour immigrer ?

Nombre Pourcentage

Oui 627

Non 59

Total 686 100 %

91.4%

8.6%

92.5%


33

Montant payé pour les passeurs

Nombre de personne dans les embarcations

Source d’argent Moyen d’immigration

Nombre Pourcentage

Entre1000 et 2000 TND 115 18.3%

Entre 2000 et 3000 TND 423 67.5%

Entre 3000 et 4000 TND 63 10%

Entre 4000 et 5000 TND 11 1.8%

Plus que 5000 TND 15 2.4%

Total 627 100 %

Nombre Pourcentage

Epargne 93 14,9%

Crédit /

empreint488 78 ,2%

vente de bien 41 6,6%

La famille 42 6,7%

Total 522 100 %

Nombre Pourcentage

bateau 3 0.4%

avion 32 4.7%

Embarcations 651 94.9%

Total 686 100 %

Nombre Pourcentage

Entre 10 et 50P 67 10.3%

Entre 50 et 100P 152 23.4%

Entre 100 et 150P 190 29.3%

Entre 150 et 200P 86 13.3%

Entre 200 et 250P 58 8.9%

Entre 250 et 300P 36 5.6%

Entre 300 et 350 24 3.7 %

Entre 350 et 400 P 15 2.3%

Plus de 400 P 21 3.2%

Total 649 100 %

3 personnes n’ont pas rependus à la question

2 personnes n’ont pas rependus à la question


34

Les raisons de l'immigration

Avant de partir avez-vous reçu des promesses verbales d'embauche?

Avant de partir avez-vous reçu des promesses verbales de logement?

Situation dans le Pays Dacceuil

Nombre Pourcentage

Matérielle 565 82.4%

Psychologique 28 4.1%

Familiale 84 12.2%

Autres 9 1.3%

Total 686 100 %

France 590 86%

Italie 75 10.9%

Allemagne 5 0.8%

Autre 16 2.3%

Total 686 100 %

Nombre Pourcentage

Oui 249 36.3%

Non 437 63.7%

Total 686 100 %

Nombre Pourcentage

Nombre

Nombre

Pourcentage

Pourcentage

Oui 283 41.3%

Non 403 58.7%

Total 686 100 %

Les raisons de ce choix

Destination finale

Présence des proches/ amis/connaissances 397 57.9%

Maitrise de la langue 76 11.1%

Plus de chance pour trouver du travail 153 22.3%

Autres 60 8.7%

Total 558 100 %


35

Avez-vous bénéficié d'une Assitance à votre arrivé

Conditions du Séjour dans le pays d'accueil

?

Organismes d'assistance Les lieux d'hébergement

Nombre Pourcentage

Croix rouge 263 72.2%

Amis/proches 25 6.9%

Croissant rouge 13 3.6%

Organismes/

associations

humanitaires

63 17.3%

Total 364 100 %

Nombre Pourcentage

Proches/Amis 289 44.6%

Centres

d’accueils

Hopital

118 18.2%

Jardins/Parcs 175 27%

2 0.3%

Prison 4 0.6%

Hébergement

associatif60 9.3%

Total 648 100 %

Nombre Pourcentage

Oui 364 56.2%

Non 284 43.8%

Total 648 100 %

38 personnes ont étés arretés lors de leur voyages.

Nombre Pourcentage

Bonnes 101 15.6%

Moyennes 181 27.9%

Mauvaises 366 56.5%

Total 648 100 %

Avez-vous trouvé un Travail?

Nombre Pourcentage

Oui 117 18.1%

Non 531 81.9%

Total 648 100 %


36

Mois de retourAnnée de retour en tunisie

Nombre Pourcentage

2001 1 0.2%

2002 1 0.2%

2003

2004

1 0.2%

1 0,2%

2005 1 0.2%

2006 1 0.2%

2007 1 0.2%

2008 2 0.4%

2009 1 0.2%

2010 2 0.4%

2011 547 98%

Total 685 100 %

Nombre Pourcentage

Janvier 1 0.2%

Février 35 6.3%

Mars 35 6.3%

Avril 32 5.8%

Mai 79 14.23%

Juin 88 16%

Juillet 131 23.6 %

Aout 53 9.5%

Septembre 35 6.3%

Octobre 31 5.6%

Novembre 20 3.6%

Décembre 15 3%

Total 555 100 %

3personne n’as pas repondu à la question

type de retour

Nombre Pourcentage

Retour volontaire 422 75.6%

Retour forcé 136 24.4%

Total 558 100 %

les raisons de retour volontaire

Nombre Pourcentage

Mauvaises conditions du logement 217

Di#culté de trouver du travail 133

Total 686 100 %

51.4%

31.5%

Autres 72 627


31

Prise en charge du billet du retour

Nombre Pourcentage

Amis/famille 61 14.4%

OFII 246 58.3%

OIM 13 3.1%

Consulat tunisien 77 18.2%

Associations/organisations 25 6%

Total 422 100 %

Prime de retour

Nombre Pourcentage

Sans prime de retour 40.8%

Avec prime de retour 250 56.2%

Total 422 100 %

Situation actuelle dans le pays d'origine

Situation actuelle

Nombre Pourcentage

Sans emplois 462 82.8%

Employé 96 17.2%

Total 558 100 %

172

Prise en charge du billet du retour

Nombre Pourcentage

AmAmAmAmAmAmAmis/famille 61 14.4%

OFOFOFOFOFOFOFOFOFII 246 58.3%

OIM 13 3.1%

Consulat tunisien 77 18.2%

Associations/organisations 25 6%

Total 424242424242422222222 100 %

Prime de retour

Nombre Pourcentage

Sans prime de retour 40.8%

Avec prime de retour 250 56.2%

Total 422 100 %

172

Organisation

Nombre Pourcentage

OFII 93.6%

OIM 16 6.4 %

Total 250 100 %

234


37

Besoin d'accompagnement/assistance/aide

Nombre Pourcentage

OUI 541 99.6%

NON 17 0.4%

Total 558 100 %

Type d'accompagnement/Assistance/Aide

Nombre Pourcentage

Créer un projet 90.7%

Béni"cier d’une formation 8 1.4 %

Trouver un travail 27 4.8 %

506

Si vous trouvez l'occasion d'immigrer clandestinement seriez-vous prêt à refaire l'experience

Nombre Pourcentage

OUI 99.6%

NON 2 0.4 %

Total 558 100 %

556

Rien 17 3.1 %

Total 558 100 %

Si vous trouvez l'occasion d'immigrer légalement seriez-vous prêt à tenter l'experience

Nombre Pourcentage

OUI 29.4%

NON 394 70.6%

164

Total 558 100 %


39



Répartition suivant le sexe Répartition suivant l’âge

Répartition suivant Etat CivileRépartition suivant les villes


40



Niveau scolaire

14,4%

34,3%

51,2%

quali!cation professionnelle

secteur de quali!cation situation professionnelle avant le départ


41


Parcours Migratoire

14,4%

34,3%

51,2%

Salaire perçu Salaire d'activité

Est-ce la première tentative d'immigrer clandestinement?

1414141414141414,4%%%%

3434,3,3,3,3,3,3,3,3,3,3,3,3,3,3,3,3,3,3,3,3,3,3%%%%%%%%%%%%%%%%%%

515151515151515151515151,2,2,2,2,2%%%%%

Oui

66.2%

Non

33.8%


39


14,4%

34,3%

51,2%

Année d'immigration

14,4%

34,3%

51,2%

Mois d'immigration

Janvier 48

Février 383

Mars 151

Avril 26

Mai 9

Juin 13

Juillet 10

Aout 3

Septembre 31

Octobre 4

Novembre 3

Décembre 3

7%

56%

22,1%

3,8%

1,4%

1,9%

1,5%

0,4%

4,5%

0,6%

0,4%

0,4%

Methode d'immigration

2001

20

01

20

01

20

01

20

01

20

01

20

01

20

01

20

01

20

01

20

01

20

01

20

01


43


14,4%

34,3%

51,2%

Avez vous payé pour immigrer? Montant payé pour les passeurs

Moyen d'immigrationSource d'argent

1414141414141414141414141414,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4%%%%%%%%%%%%%%%%%%%

34,3%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%

51,2%


44


14,4%

34,3%

51,2%

Nombre de personne dans les embarcations Les raisons d'immigration


des promesses verbales d'embauche?


des promesses verbales d'hébergement?

1414141414141414141414141414,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4,4%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%

343434343434343434343434343434343434343434,3,3,3,3,3,3,3,3,3,3,3,3,3,3,3,3,3,3,3,3,3%

515151515151515151,2%%%%%%%%%%%%%%%


45


14,4%

34,3%

51,2%

Déstination Finale Les raisons de ce choix

Avez-vous béné�cié d'une

Assistance à votre arrivée?Organismes d'assitance

Situation dans les pays d'accéuil

14,4%

34343434343434,3%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%

51,2,2,2,2,2,2,2,2,2,2,2,2,2,2,2,2,2,2,2,2,2,2,2,2,2,2,2,2,2,2%


46


14,4%

34,3%

51,2%

Avez-vous trouvé un tarvail?

Avez-vous trouvé un tarvail? Avez-vous trouvé un tarvail?

81,9%

18,1%

Les lieux d'hébergement dans le pays d'acceuil Conditions de séjour dans le pays d'accueil

B onnes

15.6%

Moyennes

27.9%

Mauvaises

56.5%

289

118

175

2

4

60

44.6%

P roches /Amis

C entres d’accueils

J ardins /P arcs

Hôpital

P ris on

Hébergement as s oc iatif

18.2%

27%

0.3% 0.6%

9.3%


47


14,4%

34,3%

51,2%

Année de retour en Tunisie Mois de Retour

Type de retour

2001

0

250

500

750

1000

2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

Année

Nombre

pourcentage

Janvier 1

Février 35

Mars 35

Avril 32

Mai 79

Juin 88

Juillet 131

Aout 53

Septembre 35

Octobre 31

Novembre 20

Décembre 15

7%

14.23%

1,9%

1,5%

0,4%

5.6%

3.6%

3%

0.2%

6.3%

6.3%

5.8%

16%

23.6%

9.5%

6.3%

Retour forcé

24.4%

Retour Volontaire

75.6%


48


Les raison du retour volontaire

Mauvaises conditions

de logement 51.4%

Difficulté de

trouver du travail

31.5%

Autres

17.1%217

133

72

Prime de retour

Sans prime

40.8%

Avec prime

59.2%

Organisation

OFII

OIM

93.6%

6.4%

6.4%