Transcript

BIBLIOTHÈQUE DU MOYEN ÂGE 16

Patricl< Henriet

La parole et la priè�e

au Moyen Age

t'Uttamdtu �buS Utfiflu't t,olhJs a:bd!momn{.quoufq; "'fps m�rmdutgnnµ .uq; ah.a. tWion��mbabau_ fuom���fe, ptthuclcnntm'll: mm mdlu/ fflltt"'mthgn_m11 .'lm, d2ti�,

m tzl!�.boftunlUfJUm qµl

agnumtmttdl'g{unn:tr�/ g_u; ndtœ wruum.etpd_à tUam

ec; uotrllima ffllt 11011'tdmum œ µiœtaro �nu.c nmç,\ptul foiin �t,oq,muuû qutt.fflt'moz.t f:tl11emtam.1nw no rolmqut fole ttmtU alacr.tm

_Jîr.lfflmOS pf(.tnttW(.1\Jut� tlk-qulbur.-.tg.i �wdtné eJUtl mozlto � nm.ntt po1ft't qtto mbrculo t,. ut aduc!).mu:, fimumn tlhuf datu.r-amJlklfI dtcma dq,ofcal .nun fotlnnpn1 "luo fitdo.v,mi fu1utta dt foui

De Boeckl�I Université

Patricl< Henriet

La parole et la priè�e

au· Moyen Age Le Verbe efficace dans l'hagiographie

monastique des x1e et xue siècles

De Boeck/�/ Université

Illustration de cou;erture:

Ms Paris, BNF, lat. 17716, fol. 35 R. Hugues de Semur guérit à Paris le vir illustris Robert. Il tient le manteau de saint Pierre et récite Actes 9, 33-34, ac si vox illa Petrifuisset specialis. Cf. pp. 75-76. Cliché Bibliothèque nationale de France.

© De Boeck & Larcier s.a., 2000 Éditions De Boeck Université Rue des Minimes 39, B-1000 Bruxelles

Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent ouvrage, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public, sous quelque forme et de quelque manière .que ce soit.

Imprimé en Belgique

D 2000/0074/43 ISSN 0779-4649

ISBN 2-8041-2118-6

À la mémoire de mon père

À ma mère

Table des matières

Introduction .............................................................................................. 7

PREMIÈRE PARTIE La prière des saints moines (Xle-xne siècles): sources et modèles........................................................................ 17

C hapitre I De la pratique de dévotion au lien social : la prière patristique et monastique ............................... 21

A. Une oraison pure et continue ? ........ ............ .................. ... ... ......... ........ 21 O La prière continue: Jésus et saint Paul........................................ 21 O Priez sans cesse: une invitation à l'intériorité.............................. 22 O Prière intérieure et prière vocale.................................................. 25

B. Monachisme et prière............................................................................. 29 O La prière monastique entre ascèse, texte et culte . ........... ....... .. . . 29 O Monachisme et accumulation liturgique .................................... 32 O La dévotion privée carolingienne et le système

du rachat liturgique ....................................................................... 35 O Les vivants et les morts : la prière fonctionnelle

comme instrument de cohésion sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40

C. La prière dans trois textes hagiographiques fondateurs . . . . . . . . .. . . . . . . . .. .. . .. 45 O La prière érémitique d'A ntoine.................................................... 45 O La prière des moines : saint Martin de Tours

et saint B enoît . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47 O Le vocabulaire de la prière dans l'hagiographie........................ 51

473

474 LA PAROLE ET LA PRIÈRE AU MOYEN-ÂGE

Chapitre II La prière efficace des abbés clunisiens......................... 55

A. D' Odon à Odilon : la prière dans les premiers texteshagiographiques cluni�iens . . .. . .. . . .. . .. .. .. .. . .. . .. . . . .. . . .. .. . .. . . . . .. .. .. . . . . . . . . . . . .. . . . . . 55 O Odon: discipline cénobitique et prière solitaire ........................ 56 O La prière angélique de M aieul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60

. 0 Odilon, ou la virtus orationis des clunisiens . . . .. .. . . . . . .. ......... ... . .. .. . 65

B. La prière dans la Vita Hugonis de Gilon (EHL 4017) ......................... 70 O Prière efficace et miracle . . . . . . . . . .. .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 4 O Prière efficace et salut .................................................................... 80 O Prière, louange divine et recentrage clunisien ........................... 84

C. La prière des saints abbés dans son système d'intercession................... 88 O M iracle et prière intérieure .. :........................................................ 88 O J.]ne prière utile ............................................................................... 92

Chapitre III La prière intérieure à l'épreuve de l'hagiographie : Anselme et Bernard ......................................................... . 97

I. LA PRIÈRE ANSELMIENNE ET LA VITA ANSELM! (BHL 525) 98

A. Quelle place pour la prière monastique ? .. . .. .. .. . . . . . . . . . . . . . . .. . . .. .. . . . . . . . . . . . . . . . 100 O Lorsque le moine prie peu : la rareté des occurrences . . . . . . . . . . . . . . 100 O Dans le silence du cœur et dans la foule:

prière privée, prière pastorale .. ...... .. . . . . . . . . .. ... ... . ..... .. . .. . . . . .. . . . . . . . .... 103

B. Dévotion affective ou spéculations théologiques ?Les choix d'Eadmer ................................................................................ 106 O A nselme, maître de prière : une absence ..... ............... ......... ... ... . 106 O La théologie spéculative comme prière ...................................... 109

II. NON INVISIBILEM ILLAM VITAM : LA PRIÈRE DESAINT B ERNA RD CHEZ SES PREMIERS HA GIOGRAPHES .. . 113

A. Guillaume de Saint-Thierry hagiographe.............................................. 114 O Prière, travail manuel et vie intérieure........................................ 115 O La prière au service de la conversion et de l'action................... 119 O La prière de B ernard, fondement d'un monachisme militant . 123

B. Prière et miracles autour de saint Bernard............................................ 127 O Le rôle des miracles chez Guillaume de Saint-Thierry .. . . . ...... .. 127 O Prière, miracle et pastorale: les continuateurs

de Guillaume de Saint-Thierry..................................................... 131 O Saint B ernard hagiographe ................... :....................................... 137

TABLE DES MATIÈRES 475

Chapitre IV Prière érémitique et perfectionnement individuel . ... 143

A. Ascétisme, larmes et m�sses pénitentielles :la prière en milieu romualdin ................................................................ 146

B. Cum aliquis in oratione sua secretius fuerit :les ermites de l'Ouest de la France ........................................................ 159

C. Prière et perfectionnement individuel:des chanoines réguliers aux premiers chartreux.................................... 164 0 « Cave ne monasterium vert as in theatrum » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164 O La Vita Norberti A : prière, contrôle des pensées,

soin de l'Autre................................................................................. 167 O Pénitence et contrôle de soi: fiugues de Grenoble

et Guigues Ier ...................... .................................................... .......................................................... . 172

DEUXIÈME PARTIE Predicatione venerabilis viri: prédication et sainteté............ 181

Chapitre I Les conceptions patristiques et monastiques : instruction et mesure........................................................ 187

A. L'éloquence au service de la foi catholique . . . . . . . . .. . . . . . . . .. . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . 187 O La prédication de Jésus .................................................................. 187 O De l'éloquence à la pastorale. Saint Augustin

et Grégoire le Grand....................................................................... 189 O Ordre chrétien, devoir de pastorale

et prédication monastique............................................................. 194

B. L'éloquence et la prédication dans l'hagiographie monastiquedu haut Moyen-Age ................. :............................................................. 199 O De saint Antoine à saint Benoît : prédication, orthodoxie

et conversion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199 O Colomban, Boniface, et autres « semeurs de foi » . ............... .. . . . 202

C. De l'éloquence de Maieul à la prise de parole bernardine...................... 207 O La prédication bénédictine ............................................................ 207 O L'éloquence de Maieul et la prédication des abbés clunisiens 209 O La parole de saint Bernard: sermo vivus et efficax ...................... 218

Chapitre II Discours d'ermites : parole, désert et réforme . . . . ... ... . . . 225

A. Entre solitude et discours réformateur :les ermites italiens du XIe siècle............................................................. 225 O Romuald, entre discours et larmes .............................................. 228 O Vallombreuse et le souvenir d' Ariald ... .. ...... .. . ... .. . ... ...... .. . . . . . . . . .. . 235

476 LA PAROLE ET LA PRIÈRE AU MOYEN-ÂGE

B. Les ermites de l'Ouest et du Centre de la France:prédication, légitimité morale et pacification ........................................ . O Prise de parole et societas christiana ............................................. . O Auditeurs et réception .................................................................. . O Bernard de Tiran, ou comment justifier la prédication

des ermites ...................................................................................... . O Ermites, prédication et miracle ................................................... .

C. Un ermite prédicateur: Vital de Savigny (t 1122) .............................. . O Le saint et son biographe ............................................................. . O Une éloquence exceptionnelle ..................................................... . O Une prédication de paix ............................................................... .

TROISIÈME PARTIE

243 247 254

256 264

268 268 272 277

Inter verba orationis : prières et paroles de la mort . . . . . . . . . . . . . . . 287

Chapitre I Mort angélique ou mort pastorale ? Vers un déplacement des priorités dans l'hagiographie monastique des x1e et xne siècles ................................. .

A. Modèles, rites et sainteté ....................................................................... .

B. Dernières prières et derniers sermons .................................................. .

Chapitre II Psalmos et antiphonas imponebat : la mort des abbés clunisiens .......................................... .

A. Les clunisiens face à la mort: de la praxis à l'hagiographie ................. . O Les moines, familiers de l'au-delà .............................................. . O La bonne mort clunisienne : coutumes et vitae ......................... .

B. Jotsald et la mort d'Odilon (1049) ........................................................ . O La mort de l'abbé, miroir de l'identité clunisienne

dans les années 1050 ..................................................................... . O Le récit de Jotsald .......................................................................... .

C. Verbe efficace et salut: la mort comme performance ............................ . O Une prédication ritualisée ............................................................ . O Une prière efficace ......................................................................... . O Les deux morts d'Odilon: Jotsald et le récit des moines

de Souvigny .................................................................................... . O Mourir après Odilon : transitus et identité clunisenne ............. .

295

295

301

315

315 315 319

327

327 331

335 335 337

344 348

TABLE DES MATIÈRES 477

C hapitre III Silence, ascèse et caritas : morts érémitiques dans l'Italie du XIe siècle ............... 353

A. Dominique de Gubbio et Dominique l' encuirassé:la mort ascétique selon Pierre Damien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . 354 O Rodolphe de Gubbio : mort précoce et mépris du monde ....... 354 O Dominique l'encuirassé: psaumes et flagellations ................... 356

B. La mort de Romuald . . . . . . . .. . . . . . . . . . . .. .. . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . .. . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . .. . . 363 O Silentium usque ad mortem servaret : solitude et silence .............. 363 O Modèle idéal et réalité de la mort . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 368

C. Jean Gualbert ou la mort dans la caritas .............................................. 370 O Mourir dans la paix de l'Église�.................................................... 370 O L'unité dans la charité.................................................................... 374

Conclusion .............................................................................................. 379

ANNEXES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . 387

Annexe 1 La prière dans la Vita hugonis de Gilon (BHL 4007) .......................................................................... 389

Annexe 2 La prière dans la Vita prima I de Guillaume de Saint-Thierry (BHL 1211) . ... ... .. . . .. .... 396

Annexe 3 La prière dans la Vita Anselmi d'Eadmer (BHL 525) ... . .. ... .. . . .. . . ........... .. .. . . . . ... ...... .. . .. . ... . . . ...... .. . . . . . .. . ... 402

Annexe 4 Éloquence et prédication dans la Vita beati Vitalis Saviniacensis (BHL 8707) ... . .. . . . . ....... 407

Abréviations ............................................................................................. 413

Bibliographie............................................................................................ 417

I. Sources hagiographiques.................................................................. 417

II. Sources non hagiographiques .......................................................... 423

III. Travaux................................................................................................ 425

Index (noms de lieux, de personnes, thèmes) . . .. .... .. . . . ........ ........ .. . . . . . 455

Table des matières ................................................................................... 473

Introduction

À la mort de Boniface, soit en 754, l'évêque de Canterbury Cuthbert écrit à son homologue Lull de Mayence pour lui faire part non seulement de sa peine, mais aussi de ses inquiétudes. La mort du saint homme et la prolifération de nouvelles sectes ne doivent pas être prises à la légère, car elles montrent qu'on entre désormais dans une époque chargée de périls. L'ordre général de l'Église est bouleversé. Que faut-il donc faire pour rétablir l'harmonie ? Avant tout, conseille Cuthbert, dire des messes et prier. Mais aussi, pour rester fidèle à l'action du maître disparu, prendre soin de la mémoire des amis, morts ou vivants, et favoriser leur salut par la pratique de l' interpellatio réc�roque1

. Ce texte met donc au premier plan la responsabilité des hommes <l'Eglise, responsables du verbe sacré sous toutes ses formes. À l'époque carolingienne, la prière et la prédication constituent le double pilier sur lequel repose, ou devrait reposer, tout l'édifice de la société chrétienne. Elles créent, maintiennent ou rétablissent un ordre du monde et

1. Hoc est, ut mutuae pro nabis nostrisque et hic viventibus et hic obientibusinterpellationes, orationes missarumque remedia ad viventem Deum et iudicem omnium suppliciter agantur iuxta apostolica monita: Orate ... (lac. 5, 16). Die Briefe des Heiligen Bonifatius und Lullus, M. TANGL (éd.), MGH, Ep. sel. I, Berlin, 1916, Ep. 111, p. 241. Instant nunc tempora periculosa: d'après 2 Tm, 3,1. Wolfram BRANDES,« Tempora periculosa sunt. Eschatologisches im Vorfeld der Kaiserkrônung Karles des Grossen »,

in R. BERNDT (éd.), Das Frankfurter Konzil von 794. Kristallisationspunkt karolingischer Kultur. Akten zweier Symposien (vom 23. bis 27. Februar und vom 13. bis 15. Oktober 1994) anlafllich der 1200-Jahrfeier der Stadt Frankfurt am Main. Teil I: Politik und Kirche. II: Kultur und Theologie (Quellen und Abhandlungen zur Mittelrheinischen Kirchengeschichte, 80/1 et 80/2), I, Mayence, 1997, p. 49-79, ici p. 67, rapproche ce passage d'autres textes carolingiens à consonance eschatologique. Nous l'utilisons ici dans une tout autre optique.

7

8 LA PAROLE ET LA PRIÈRE AU MOYEN-ÂGE

de la société face aux menaces qui les guettent. La prière et l'exhortation, voire la prédication, sont par voie de conséquence un attribut de la puissance publique, qui les délègue sans jamais cesser de se poser en pivot de l'ordre chrétien. Le Verbe est nécessaire car il est efficace.

Durant de nombreuses décennies, la notion de parole efficace a constitué un domaine presque réservé pour les anthropologues et les linguistes. De nombreux cas d'espèce ont permis de comprendre comment, dans une société donnée, les mots pouvaient faire et défaire, comment, dans une langue donnée, le« dire» pouvait gouverner le« faire »2

• Les historiens du Moyen-Âge n'ont cependant pris en compte que tardivement cette problématique, alors que les &90ciétés médiévales entretiennent avec la parole -un rapport privilégié, que la notion souvent mal définie d' oralité necaractérise que de façon très imparfaite. L'automatisme d'une paroleefficiente par sa seule force, phénomène que l'on retrouve dans bien dessociétés dites traditionnelles, n'a jamais disparu du monde chrétien3

. Uneétude à prétention générale qui ne prendrait en compte que cet aspect de laquestion serait cependant incomplète, voire biaisée. Jusqu'au XIIIe siècleinclus, les sources disponibles sont cléricales dans leur immense majorité, ycompris lorsqu'elles décrivent comme dans les recueils de miracles, descomportements et des paroles« populaires». Les hommes et les groupesayant laissé des textes sont chrétiens dans leur idéologie, dans leur discourset dans leurs références. Étudier l'usage du verbe efficace dans une sociétéqui, à défaut d'être toujours profondément christianisée, se veut toujoursprofondément chrétienne, c'est donc étudier un verbe efficace chrétien. Or,depuis la rédaction des Évangiles, le thème du verbe divin a revêtu uneimportance toute particulière. Jésus est l'incarnation du Verbe et la religiondu Livre est une religion du Verbe. Comme l'a expliqué Jérôme dans sonPrologue de l'Évangile de Mathieu, c'est la voix (vox) de Dieu qui fondel'Église4.

Par l'effet de la grâce divine, le logos est même devenu Écriture, selon unprocessus que l' on peut qualifier de réification. Dans !'Histoire des hommes,

2. Pour une approche anthropologique synthétique, G. CALAME-GRIAULE,« La parole et le discours», in Histoire des mœurs IL Modes et modèles, dir. J. POIRIER,Paris, 1991, p. 7-74. D'un pointdevue linguistique,l'ouvrageclassiquedeJ. AUSTIN, Quand dire c'est faire (How ta do things with words), Paris, 1970 (1re éd. 1962).

3. Peu d'études. Remarques pénétrantes de J. PAUL, L'Église et la culture enOccident. II : L'éveil évangélique et les mentalités religieuses, Paris, 1986, p. 733-7 42. Étude de cas par le même auteur : « La perception du caractère populaire du fait religieux au début du xrve siècle d'après l'enquête sur les miracles de Louis d'Anjou », in La religion populaire, Paris, 1979, p. 77-84.

4. Ecclesia autem quae supra petram Domini voce fundata est, Jérôme, In EvangeliumMatthaei, Prol., PL 26, col. 178.

INTRODUCTION 9

qui s' organise autour de l'incarnation, Dieu a utilisé trois langues, l'hébreu, le grec et enfin le latin, toutes trois sacralisées, ainsi que l'a fait remarquer, le premier, Isidore de Séville, par leur présence sur la Croix5

. Les lettrés du haut Moyen-Âge tiennent généralement l'hébreu pour la langue originelle de l'humanité, une sorte d'Ursprache donnée par Dieu à Adam. Dans le monde occidental, où romanitas est vite devenue synonyme de christianisme, c'est :eourtant le latin qui s'est imposé comme la langue divine par excellence. A partir de la fin du VIIIe siècle, l'oubli généralisé du grec et la double volonté de rénover l'imperium romain tout en débarassant la langue liturgique de ses scories, se conjuguent pour rehausser la dignité de la langue latine, considérée comme le point d'aboutissement de l'histoire linguistique6

Lorsque le pape Nicolas Jer ( t 867) répond à l'empereur byzantin Michel III, qui avait assimilé le latin à une langue barbare, il explique bien que sa position sur la croix lui confère une« indiscutable priorité» sur l'hébreu et le

0

grec7• Véhicule du texte sacré, de la liturgie et des œuvres patristiques, le

latin est de fait devenu la langue dans laquelle Dieu s' exprime8• À la fin du

XIIe siècle, le prémontré Philippe de Harvengt rappelle que le prestige de l'hébreu et du grec ne vient pas de leur « usage », mais seulement de leur fama. Le latin est en revanche la langue par laquelle chacun entend prêcher le plus justement le vrai Dieu9

Le latin était donc aussi la langue dans laquelle il convenait de s'adresser à Dieu, selon des formules et un rituel très précis. L'époque carolingienne constitue de ce point de vue un tournant. Il est maintenant avéré que toute

5. Isidore de Séville, Étymologies 9, 1, 3, J. OROZ RETA et M.A. MARCOSCASQUERO (éds), Madrid, 1993, I, p. 738. Pour A. BORST, Der Turmbau von Babel: Geschichte der Meinungen über Ursprung und Vielfalt der Spracher und Volker, 4 tomes et 6 volumes, Stuttgart, 1957-1963, II/1, p. 454, Isidore est le véritable «inventeur» (Erfinder) du thème des trois langues sacrées: là où Augustin (De mirabilibus sacrae scripturae, PL 35, col. 21618) parlait de linguae principales, il utilise l'expression linguae sacrae. Cf. sur ces questions I.M. RES NICK, « Lingua Dei, Zingua hominis : sacred language and medieval texts », in Viator 21, 1990, p. 51-74, ici p. 65.

6. Sur la volonté d' Alcuin de « rehausser et de purifier, partout et à chaque foisqu'il serait possible, la langue de la communication générale», cf. M. BANNIARD, Viva voce. Communication écrite et communication orale du IVe au IXe siècle en Occident latin, Paris, 1992, p. 348-368.

7. Insignem principatum, Nicolas 1er, ep. 86, PL 119, col. 9328.8. Ce qui ne signifie pas qu'il faille s' adresser à Dieu en une langue déterminée.

Le canon 52 du capitulaire de Francfort (794) précise bien: Ut nullus credat, quod nonnisi in tribus linguis Deus orandus sit, quia in omni lingua Deus adoratur et homo exauditur, si iusta petierit, MGH, Conc. II/1, p. 171.

9. Eam quippe linguam debet quisque affectuosa reverentia venerari, per quam sibiDeum verum audit expressius praedicari, Philippe de Harvengt, ep. 17, PL 203, col. 154A­B; I.M. RESNICK, « Lingua Dei», p. 70.

10 LA PAROLE ET LA PRIÈRE AU MOYEN-ÂGE

l'entreprise royale, puis impériale, caractérisée depuis longtemps comme « Renaissance », a été en grande partie conçue comme une réforme de la liturgie, véritable fondement de toute vie chrétienne10

• L'importance même de l'Écrit, assurément croissante à partir du vme siècle, est largement liée à la volonté d'assurer un culte divin correct, fondé sur une oralité régulatrice. Dans l' Admonitio generalis, Charlemagne prend explicitement pour modèle le roi Josias, dont l'objectif était de ramener son royaume au culte du vrai Dieu par l'inspection, la correction, l'admonestation11

• Dans cette perspective qui confond encore pastorale (ammonestatio) et liturgie (correctio, cultum), la prononciation du mot juste est indispensable, car les formules tronquées ou inexactes perdent l'essentiel de leur valeur.C'est seulement lorsque Dieu entend une prière dite correctement qu'il ouvre ses oreilles12

• L'Écriture est donc indissociable d'une vocalité, et les mots de la liturgie sont le prix à payer pour obtenir tel ou tel bienfait de Dieu, ici-bas mais aussi et surtout dans l'au-delà. La prière est en quelque sorte instrumentalisée, de même que la prédication, laquelle n'a pas encore acquis sa pleine indépendance vis-à-vis de la liturgie.

Le linguiste John A us tin a fait passer dans le langage courant la notion de performance13

• Les mots sont, dans certains cas, constitutifs de l' action qu'ils décrivent, laquelle n'existe pas sans leur énonciation. Ainsi, lorsque je dis« je baptise ce bâteau le Queen Elisabeth », « je donne et je lègue mes livres à mon fils», ou encore « je t'excommunie». La parole ecclésiastique et liturgique rentre bien souvent dans cette catégorie, qui implique une efficacité directe sans s'appuyer nécessairement sur un soubassement magique14

• Les

10. N. STAUBACH, « Cultus divinus und karolingische Reform », inFrühmittelalterliche Studien 18, 1984, p. 546-581, spécialement p. 553-557. G. BROWN, «Introduction: The Carolingian Renaissance», in R. McKITTERICK (éd.), Carolingian Culture: Emulation and Innovation, Cambridge, 1994, p. 1-51, offre un résumé commode de la question et permet de retrouver les principales références.

11. Nam legimus in regnorum libris, quomodo sanctus Iosias regnum sibi a deo datumcircumeundo, corrigendo, ammonendo ad cultum veri Deo studuit revocare, Admonitio generalis, MGH, Cap. I, Hanovre, 1883, p. 54.

12. « Nur wenn Gott das richtig gesprochene Gebet hôrt, offnet sich sein Ohr » :cf. P.E. SCHRAMM, « Karl der Groise: Denkart und Grundauffassungen. Die von ihm bewirkte 'Correctio' (nicht 'Renaissance') », in Kaiser, Konige, Piipste. Gesammelte Aufsiitze I, Stuttgart, 1968, p. 329, qui rappelle que« la magie du verbe qui sous-tend toute liturgie n'est en aucun cas une spécificité médiévale », ainsi que L.E. SA URMA­JEL TSCH, « Das Bild in der W orttheologie Karls des Grossen. Zur Christologie in karolingischen Miniaturen »,inDasFrankfa.rter Konzil,op. cit.,II, p. 635-675,ici p. 644-647.

13. J. AUSTIN, Quand dire c'est faire, op. cit.14. Exemple d'utilisation récente des travaux d' Austin: L. LITTLE, Benedictine

Maledictions. Liturgical Cursing in Romanesque France, Ithaca/Londres, 1993, p. 113-115.

INTRODUCTION 11

discussions tenues au milieu du XIe siècle en réaction aux propos de l' écolâtre Bérenger de Tours, qui s' obstine alors à ne voir la transformation des espèces que comme un symbole, ou encore les débats des universitaires spécialistes de grammaire spéculative à partir du XIIIe siècle, montrent que la notion même de performance n'est pas inconnue des auteurs médiévaux. Il est un fait que dans la pratique liturgique et sacramentelle, les mots sont devenus centraux à partir du moment où l'Église s'est trouvée de plus en plus scindée entre des fidèles et une hiérarchie, seule capable de dire les formules adéquates. L'évolution de la liturgie du baptême est à cet égard révélatrice. Alors que, jusqu'au VIIIe siècle, la formule credo faisait du catéchumène un chrétien, ce sont à partir de cette date les mots « je te baptise », prononcés par le prêtre, qui marquent l'entrée dans la société des baptisés. Le « dialogue » entre l'officiant et l'aspirant, sançtionné par le libre choix de ce dernier, est donc devenu un sacrement reposant en dernière instance sur une performance linguistique autoritaire15

Nombreux sont aujourd'hui les historiens qui, chacun dans leur domaine, ont posé les jalons d'une histoire de la parole chrétienne. Histoire, et non pas seulement résumé des exposés théologiques ou spirituels sans souci de l'environnement social et humain, des rapports de force et des enjeux. Profondément enracinée dans les constructions idéologiques et sociales dont elle participe, la parole sacrée, qu'elle soit prière ou sermon, apparaît en effet dans les sources les plus variées: chartes, traités théologiques et spirituels, chroniques, vies de saints et recueils de miracles, livres liturgiques, libelli precum, recueils de sermons ... Les synthèses restent pourtant rares, et tous les territoires n'ont pas encore été investis avec la même détermination. Ainsi, pour ne prendre qu'un exemple, la prédication carolingienne a fait récemment l'objet de plusieurs travaux d'ensemble, mais la prière comme force motrice de la société franque aux vme et rxe siècles n'a pas encore reçu toute l'attention qu'elle mérite16

• Le présent livre entend être un jalon de plus

15. A. ANGENENDT, « Bonifatius und das Sacramentum initiationis. Zugleichein Beitrag zur Geschichte der Firmung », in Romische Quartalschrift 72, 1977, p. 133-183 (p. 134-137 pour l'évolution du rituel et p. 71-175 pour le processus de ritualisation propre au haut Moyen-Âge), et, du même, Das Frühmittelalter. Die abendlandische Christenheit von 400 bis 900, Stuttgart, 19952

, p. 329-330. Pour un exposé concis de ce« ritual process », cf, du même,« Die Liturgie und die Organisation des kirchlichen Lebens auf dem Lande », in Cristianizzazione ed organizzazione ecclesiastica delle campagne nell' alto medioevo : espansione e resistenze, Atti delle settimane di studio, XXVIII, Spolète, 1982, p. 169-226.

16. Pour la prédication carolingienne: R.E. McLAUGHLIN, « 'The WordEclipsed? Preaching in the Barly Middle Ages>>, in Traditio 46, 1991, p. 77-122, et Th. L. AMOS,« Preaching and the Sermon in the Carolingian World », in De ore domini:Preacher and Word in the Middle Ages, Th.L. AMOS, E.A. GREEN et B.M. KIENZLE(éds), Kalamazoo, 1989, p. 41-60, ainsi que les remarques de M. LAUWERS, « Parole

12 LA PAROLE ET LA PRIÈRE AU MOYEN-ÂGE

dans cette histoire du verbe chrétien qui, du point de vue des historiens, reste à écrire. Quant au choix de bâtir cette recherche sur des sources hagiographiques, il appelle quelques précisions.

Encore une étude d'hagiologie, dira-t-on non sans raison ... Sans doute. Les temps sont favorables au geme, et ce livre est aussi le produit de son époque17

• Il convient cependant de rappeler quelques principes fondamentaux ayant orienté nos réflexions. 1) Notons d'abord que, malgré toutes les vertus dont elles sont désormais parées après des décennies de dénigrement, les sources hagiographiques ne peuvent être indéfiniment sollicitées 18• Il s' agit donc de ne leur demander que ce qu'elles peuvent offrir, ce qui implique, en prélude à toute analyse, de bien repérer leurs éléments constitutifs. 2) L'hagiographe utilise toujours et constamment une topique plus ou moins éculée, qu'il s'agit non pas d'ignorer, mais plutôt de situer dans la cohérence d'un discours. 3) Tissée de lieux communs, l'hagiographie n'est pas pour autant un geme littéraire immuable et rebelle à l'analyse historique. Elle est le produit d'un milieu et renvoie souvent à une réalité factuelle. 4) Les vitae ne décrivent cependant jamais celle-ci sans la passer au filtre d'une idéologie cléricale, épiscopale, canoniale ou monastique. Ne leur demandons, par conséquent, pas trop d'informations sur les individus qui sont le plus souvent, jusqu'au XIIe siècle en tout cas, réduits à des types. Interrogeons-les en revanche sur ces modèles qui, bien qu'ils se construisent toujours à partir des mêmes textes - Évangiles, Vita Antonii d' Athanase, Vita Martini de Sulpice Sévère, Dialogues de Grégoire le Grand, etc. - présentent entre eux des variantes notables. De fait, lorsque les hagiographes décrivent des événements récents, lorsqu'ils s'intéressent à des saints qu'ils ont connus

de l'Église et ordre social: la prédication aux vmqx:e siècles», in Le Christianisme enOccident, du début du vue siècle au milieu du XIe siècle, dir. F. BOU GARD, Paris, 1997, p. 87-107.

17. Les« modes» ont d'ailleurs du bon, en particulier dans la mesure où ellesmultiplient les points de vue et les instruments de travail. Un panorama des textes et de la production hagiologique récente est en cours de publication sous la direction de G. PHILIPP ART, Hagiographies. Histoire internationale de la littérature hagiographiquelatine et vernaculaire en Occident, des origines à 1550, I et Il, Turnhout, 1994 et 1996. Leterme d'hagiologie est peu utilisé mais permet pourtant de distinguer les travaux desmodernes et ceux des hagiographes médiévaux. Cf. le titre du livre de R. GRÉGOIRE,Manuale di Agiologia. Introduzione alla letteratura agiografica (Bibliotheca Montisfani12), Fabriano, 1987.

18. Rappelons qu'en 1927, l'éminent médiéviste Ferdinand Lot n'hésitait pas àécrire ceci : « L'étude des vies de saints d'Orient et d'Occident-et il y en a des milliers - réserve de grosses difficultés critiques, et aussi de pénibles déceptions littéraires.Bien peu de ces vitae sont sincères et émues. L'immense majorité n'est qu'un odieuxfatras. L'hagiographie n'est qu'une basse littérature, comme, de nos jours, le roman­feuilleton », F. LOT, La fin du monde antique et le début du Moyen-Âge, Paris, 1927, p. 185.

INTRODUCTION 13

et fréquentés, leur propos peut difficilement ne pas échapper, au moins partiellement, au lieu commun. Franchir l'écran d'une topique omniprésente ne signifie donc pas atteindre l'essence d'un texte ou d'une expérience personnelle, ce qui serait parfaitement illusoire, mais plutôt reconstruire la cohérence d'un objet littéraire qui véhicule toujours un discours ecclésiologique et idéologique. Les textes hagiographiques sont une fenêtre permettant, pour les plus complexes en tout cas, de pénétrer un système <l'Église, ce qui ne signifie évidemment pas qu'ils en offrent une image globale ou même suffisante.

Dans l'histoire des idéologies cléricales, indépendamment même desréflexions purement théologiques sur le Verbum Dei, la notion de verbeefficace a joué un rôle de premier plan19

• Depuis l'antiquité tardive, en effet,le christianisme s'est progressivement construit selon la double perpectivede l'intercession par la prière et de la christianisation sur le modèleapostolique20

• L'oraison de l'Église et la parole du prédicateur se sont doncretrouvées au cœur d'un édifice chrétien qui sous-tendait l'ensemble de lasociété. Dès le ha ut Moyen-Âge, et plus particulièrement depuis le VIIe siècle,les moines ont joué dans ce lent processus un rôle moteur. Par leur doublefonction de « semeurs du verbe divin» et de spécialistes de la prièreliturgique, les missionnaires irlandais, anglo-saxons, puis, très vite,continentaux, ont assumé, parmi les chrétiens, des tâches qui n'avaient quepeu de rapports avec leur vocation originelle, fondée sur l'appel du désert etle silence21

• Jusqu'à l'époque carolingienne, cependant, le rôle de la puissancepublique qui se faisait un devoir de prendre en charge le salut des chrétiens,ainsi que la cohésion d'un corps épiscopal qui, au début du rxe siècle, avaitappris à se penser comme tel, freinèrent la mise au point d'une idéologiemonastique propre22

. Au xe siècle, dans des centres réformateurs tels que

19. La notion même de réflexion purement théologique est elle-même trèssuspecte. Une étude comme celle de Lieselotte E. SAURMA-JELTSCH, « Das Bild in der Worttheologie », op. cit., montre comment l'étude d'un discours sur le verbe en apparence abstrait gagne à être replacée dans un contexte précis, ici la lutte des carolingiens contre l' adoptianisme.

20. Cf. pour une vue d'ensemble avec de nombreuses référencesbibliographiques A. ANGENENDT, Das Frühmittelalter, op. cit.

21. La bibliographie est gigantesque. Cf. en particulier le livre de F. PRINZ,Frühes Monchtum im Frankenreich. Kultur und Gesellschaft in Gallien, den Rheinlanden und Bayern am Beispiel der monastischen Entwicklung (4. bis 8. Jahrhundert), Darmstadt, 19882 (1re éd. 1965).

22. Sur la constitution d'une idéologie épiscopale sous Louis le Pieux, cf. enparticulier E. DELARUELLE, « En relisant le De institutione regia de Jonas d'Orléans», in Mélanges d'histoire du Moyen-Âge dédiés à la mémoire de Louis Halphen, Paris, 1951, p. 185-192, et la préface d'Alain DUBREUCQ à son édition du De institutione regia, SC 407, 1995, p. 56-102.

14 LA PAROLE ET LA PRIÈRE AU MOYEN-ÂGE

Cluny, Gorze ou Fleury, ce double verrou saute23• Les moines sont alors, plus

que jamais, les spécialistes d'une parole il est vrai plus liturgique que pastorale. Ils se situent désormais au sommet des hiérarchies spirituelles et placent la communauté des croyants dans la dépendance de leurs oraisons24

D'un point de vue idéologique, cette période, qui s' étend jusqu'au milieu du xne siècle, est à la fois un sommet et un point d'aboutissement. D'un point de vue littéraire, elle se caractérise, et ce n'est pas un hasard, par une floraison hagiographique sans précédent qui permet à pratiquement tous les grands centres monastiques de définir leur place dans l'Église tout en amplifiant le cadre de leur mémoire. L'hagiographie participe alors au premier chef d'une intensification de la production écrite, qui se manifeste aussi, entre autres, par la confection de cartulaires ou la codification de coutumes25

• Autant d'efforts pour préciser les c�ntours d'une identité monastique qui, dans la •mesure du possible, se veut souveraine.

Les XIe et XIIe siècles représentent pour la parole chrétienne un tournantcapital. Dès les années qui suivent l'an Mil en Italie, quelques décennies plustard dans le reste de l'Occident, les indices d'une intériorisation de la prièreet du développement d'une conscientia individuelle se multiplient.Franchissant les limites du monastère ou de l'ermitage dont ils sontgénéralement originaires, des prédicateurs plus ou moins autorisés partentà la rencontre des chrétiens. Divers mouvements, qui se réclament tous d'unarchétype évangélique mais débordent parfois le cadre de l'Égliseinstitutionnelle, remettent alors plus ou moins ouvertement en cause lemonachisme bénédictin. Plaçant le mérite individuel avant l'intercession dela communauté, ils réduisent les obligations liturgiques au profit del'ascétisme pénitentiel et du travail manuel26

• C'est donc tout le rapport entre

23. Cluny: D. IOGNA-PRAT, « Les moines doctrinaires de l'an Mil», in LaFrance de l' an Mil, dir. R. DELORT, Paris, 1990, p. 245-263; Fleury : M. MOSTERT, The Political Theology of Abbo of Fleury, Hilversum, 1987. Pour Gorze, les études réunies par Michel PARISSE et O.G. OEXLE dans L'abbaye de Gorze au xe siècle, Nancy, 1993.

24. Ces considérations et celles qui suivent se situent dans une perspectiverésolument différente de celle qui a été exposée par Ludo MILIS dans Angelic monks and earthly men. Monasticism and its meaning to medieval society, Woodbridge, 1992, l'auteur dépréciant systématiquement l'influence monastique jusqu'au xne siècle.

25. Sur la production des cartulaires, cf. P. GEARY, « Entre gestion et gesta », inLes cartula_ires (Mémoires et documents de l'École des Chartes 39), Paris, 1993, p. 13-24, ainsi que les diverses contributions rassemblées dans ce recueil. Sur les coutumiers, cf. l'introduction de K. HAL LINGER au projet du Corpus Consuetudinum monasticarum, 1, Siegburg, 1963, p. XIII-LXXIV, et L. DONNAT, « Les coutumes monastiques autour de l'an Mil», in Religion et culture autour de l'an Mil. Royaume capétien et Lotharingie, éd. D. IOGNA-PRAT et J.C. PICARD, Paris, 1990, p. 17-24.

26. Cf. le livre fondamental de Giles CONSTABLE, The Reformation of the TwelfthCentury, Cambridge, 1996, en particulier p. 257-295.

INTRODUCTION 15

système monastique et verbe efficace qui se trouve alors ébranlé. La remise en cause de ce cénobitisme dit traditionnel, et qui devait en fait beaucoup au monde carolingien, n'entraîne pas pour autant, loin s'en faut, sa disparition, ni même une « crise » généralisée27

• C'est plutôt à des aménagements divers et à des jeux d'influence croisés que l' on assiste alors. Le monde monastique était relativement homogène dans la mesure où il était cimenté, plus que par des institutions, par une conception et une pratique communes de l'intercession. En explorant de multiples voies alternatives, il acquiert alors une complexité sans précédent. Ce basculement, qui pose avec une acuité particulière les termes d'un dilemme insoluble entre action et méditation, fait de la prière et de la prédication des activités désormais mieux distinguées. L'hagiographie monastique, qui est alors florissante, offre un bon aperçu de cette évolution majeure.

Encore convient-il de remarquer que toutes les vitae ne se valent pas, ne serâit-ce que parce qu'elles se situent vis-à-vis des grands centres monastiques dans un rapport de proximité très variable. À l'heure de délimiter un corpus, il nous a donc semblé préférable de réunir un choix de textes significatifs plutôt que de mener une étude sérielle. Les quelques dizaines de vitae retenues et interrogées proviennent essentiellement de certains milieux ou auteurs privilégiés, à savoir Cluny, Pierre Damien, Vallombreuse, le monde cistercien, les cercles érémitiques de l'Ouest et du Centre de la France28

• Ce choix prend en compte un monachisme axé sur laperformance liturgique aussi bien que les expériences réformatrices marquées par le souci du désert et de la pastorale. A défaut d'être exhaustif, il doit permettre de poser les fondements d'une réflexion générale29

• Sans doute, les textes hagiographiques ne sont-ils pas les seuls permettant depénétrer le système de pensée d'un Pierre Damien ou d'un saint Bernard, demême qu'ils ne sont pas toujours, loin s'en faut, les meilleurs de leurs auteurs.Mais ils sont en revanche parmi ceux qui permettent le mieux de saisir lerapport entre expérience individuelle et système <l'Église, entre individu et

27. Relativité de la «crise» du cénobitisme traditionnel au xne siècle: J. VanENGEN, « The 'Crisis of Cenobitism' Reconsidered : Benedictine Monasticism in the Years 1059-1150 », in Speculum 61, p. 269-304.

28. Milieux et auteurs privilégiés mais aussi représentatifs. J'accepte sansréserves la formule de Giles CONSTABLE, The Reformation of the Twelfth Century, p. 312, selon laquelle« The old view that monastic reform originated and spread froma single center of influence, such as Cluny in the tenth century, Vallombrosa andCamaldoli in the eleventh, or Cîteaux in the twelfth, is thus replaced by a view of thesemonasteries as the most prominent examples of tendencies that appeared in manyhouses, which differed (like modem universiti�s and colleges) in specific ways butshared the same basic concems ».

29. Les textes qui font dans cet ouvrage l'objet d'une analyse spécifique sontmarqués dans la bibliographie d'un*.

16 LA PAROLE ET LA PRIÈRE AU MOYEN-ÂGE

institution, entre topique et réalité factuelle. Ils permettent de surcroît l'étude comparative d'individus et de milieux qui ont produit et légué à la postérité des masses documentaires très disparates. En un mot, ils permettent de pénétrer discrètement au cœur de systèmes idéologiques dont ils participent et qu'ils contribuent à façonner.

Ces« systèmes », comme tous les systèmes, ne constituent pas des réalités en soi mais sont bien plutôt des reconstructions d'historien. Les textes hagiographiques étaient en effet pensés, composés et utilisés par et pour un public qui ne pouvait même pas concevoir les questions que les historiens leur posent aujourd'hui. En conséquence, l'idée que l' efficacité du verbe a pu varier ou s'appliquer à des objets différents n'est pas présente dans les textes que nous avons interrogés, en tout cas pas sur un mode explicite. Les sources hagiographiques ne parlent pas du verbe. En revanche, la prière et la prédication se situant nécessairement, sous des formes changeantes et variées, au cœur de tout projet de vie chrétienne, elles mettent en scène l'exercice d'une parole irréprochable. Les saints sont exemplaires, et à ce titre ils doivent déployer leur sainteté selon des catégories connues et compréhensibles. Dans toutes les vitae, ils prient, ils parlent, ils prêchent. Notre travail doit donc d'abord consister à rechercher ces mentions, voire ces descriptions, et à les situer dans un contexte narratif, idéologique et historique. Dans la mesure où la société chrétienne des XIe et XIIe siècles se caractérise par l'extrême importance accordée à la liturgie, dans la mesure aussi où les communautés monastiques ont justifié leur existence par l'exercice de l'oraison, il a semblé raisonnable d'étudier d'abord la prière, puis, en second lieu, la prédication. Ces deux dimensions de toute vie sainte ne peuvent cependant pas être totalement dissociées. Dans le genre hagiographique lui-même, il est une séquence qui, très souvent, les présente sinon simultanément, du moins dans une relation de grande proximité : c'est la scène de la mort, aboutissement presque obligatoire de toute vita. C'est donc par les ultima verba qu'il conviendra de mettre un terme à cette recherche qui nous conduira de la liturgie à la pastorale et_ du Verbe à la parole.

Index (noms de lieux, de personnes, thèmes)

A

Abbaye Blanche (Mortain): 281 Abbé, fonction abbatiale : 90, 122,

207, 215, 217, 310, 332, 335, 337, 342-343

Abbon de Fleury: 45, 55, 184 Abélard : 305, n. 56 Abruzzes : 227 Action/ contemplation: 15, 123, 134,

141, 218, 222-223, 233, n. 47, 234, 262, 283, 381-382

Adalard de Corbie : 36 Adalbert de Moyenmoûtier : 344,

n.160Adalsendis, sœur de sainte

Rictrude : 302 Adam: 9 Adélaïde, fille de Guillaume le

Conquérant : 108 Adélaïde, impératrice (t 999) : 55,

325-327Adhegrin,ami d'Odon de Cluny: 144 Admonitio generalis: 10, 195 Adrald de Brême : 347 et n. 181 Adrevald de Fleury : 208 Aelfric : 196, n. 50

lElred de Rievaulx: 218, 304, 309 Aimoin: 89 Aix-la-Chapelle: 34 Albéric de Cumes : 67 Albéric du mont-Cassin : 227 Alcuin: 36, 39, 53, 196, 211, 380 Aleth, mère de saint Bernard: 219 Alexandre (ermite) : 30 Alexandre II : 369 Alexandre III: 136, n. 197 Alexandre, chartreux,

correspondant de Pierre de Blois : 177, n. 184

Alexandre, moine, auteur des Dicta Anselmi : 103, n. 22

Alexandrie: 66, 226 Alfier, saint (t 1050), abbé de la

Cava: 355 Alfred le Grand, roi de Wessex : 191 Al-Kindi: 385, n. 11 Alphonse VI de Castille (t 1109): 74 Amalaire d'Hornbach : 206, n. 104 Amalaire de Metz : 40 Amand, saint : 205 Amblard, évêque de Clermont

(XIe siècle) : 321 Ambroise de Milan : 23

455

456 LA PAROLE ET LA PRIÈRE AU MOYEN-ÂGE

AmédéedeClermont(tv.1150): 126 Amédée de Lausanne (t 1159) Amédée, évêque de Lausanne

(t 1159) : 126, n. 143" Ameline, abbesse présente dans le

rouleau mortuaire de Vital de Savigny : 281

Ami, saint ( t v. 1045) : 227 Amitié, amis, amici: 1, 43-44, 74-75,

81,83,88,93-94,100,104,l08,ll3, 114, 116, 117, 118, 121, 128, 137, 141, 144, 162, 173, 176, 177, 217, 236,310,316,335,342,365,371.

Amman, moine clunisien (disciple d'Odilon) : 329

Amour: 50, 104-105, 107-108, 149-150, 153

Anaclet : 71, 131 Anchin: 308 André de Fleury : 305 André de Strumi: 236-243, 310, 370-

376 André, biographe de Robert

d' Arbrissel: 243, 264 Angenendt, Arnold: 38 Anges, angélisme: 22, 48-49, 59, 60-

65, 86, 122, 149,226,301,304,309, 314, 337, 361-362

Angilbert : 33 Angleterre : 252, 316 Anjou: 243 Anne, sainte : 27 Anschaire, saint ( t 865) : 206 Anselme de Canterbury: 51, 52, 97-

113, 141, 165, 174,215,303 Anselme de Laon : 198 Anselme de Nonantola: (t 803) : 39 Antioche : 76 Antoine, saint (t 356-357) : 45-47, 51,

88,150,199-200,243,291,292,318, 364-365

Apennins : 229 Apollinaire, saint : 147 Apollos (Actes des Apôtres): 187

Apostolicité: 13, 76, 120, 143, 227, 239,245

Apparitions démoniaques: 46-47, 58,150,169-172,298,304,323,335, 339,340,345,348

Ardon (hagiographe) : 35 Ariald (t 1067) : 228,235-241,274,370 Ariès, Philippe: 303, n. 47 Armagh (Irlande) : 137, 139 Arnaud de Bonneval: 113, 124, 127,

131-134, 135, 138,220,308Arno de Reichersberg: 166 Arpert de Coire : 61 Arrouaise : 165 Arsène, ermite du désert : 25, 2 43 Artige, L': 245 Ascétisme corporel: 29, 31, 103, 154-

157, 159-160, 161, 274, 337-338, 354-363

Associations de prières: 43, 127 Athanase d'Alexandrie : 12, 46 Attigny: 43 Atton de Pistoia : 370 Augustin d'Hippone, saint: 23-24,

27, 32, 42, 44, 81, 88, 89, 151, 165, 171, 189-191, 197, 238, 246, 296, 334, 364-365, 385

Augustin de Canterbury (saint) : 246 Aumônes, offrandes: 31, 69, 80, 81-

82, 83, 90. Aureil: 245 Austin, John: 10 Austrasie: 204 Auvry, Claude: 269 Auxerre: 44 Avicenne : 385, n. 11 Avignon: 61 Aybert de Crépin: 247

Babylone: 226, n. 3 Bacon, Roger : 385

Patrick
Texte surligné
Patrick
Texte surligné
Patrick
Texte surligné
Patrick
Texte surligné
Patrick
Texte surligné
Patrick
Texte surligné
Patrick
Texte surligné
Patrick
Texte surligné

INDEX 457

Bâle: 220 Baptême (liturgie du) : 11 • Barthélémy, abbé de Marmoutier :

55,n. 1 Bas cher (de), Jacques : 256, 285, n. 330 Basile de Césarée : 23, 84 Bassula : 298 Baudri de Bourgueil: 247, 249, 250,

264, 310 Baume: 85 Bavardage: 82-83, 216 Bavière : 204 Bayeux: 2?3 Beaumont-sur-Oise: 316, n. 3 Beauté physique: 215, 234, 236, 348,

356, n. 14 Bec, le: 102, 103, 104, 110, 111 Bède le Vénérable: 193 Benoît d'Aniane: 33, 34-35, 36, 37,

44,92, 144 Benoît de Nursie, saint: 30, 50, 61,

129, 148, 177,201-202,298-299 Benoît VIII (t 1024): 69 Bérard de Riotier : 78, 89 Bérard des Marses, évêque: 89,

n.193Bérenger de Tours: 11, 90, 178, 374,

384-385Bernard (auteur de coutumes

clunisiennes) : 79, 90, 92, 320 Bernard de Clairvaux (saint) : 97, 98,

113-141, 164, 179, 180, 218-223,247,270,276,291,305,308-309

Bernard de Tiran: 159, 160, 161, 162, 180,245,247,248,250,254-255,256-263,265,268,269,272, 285,311-313,379,380

Bernard, évêque de Nantes : 184, n. 6 Bernard, prieur de Grandmont: 163 Bernon : 56, 85, 92 Berthe de Frise : 264 Bertrade de Montfort : 264 Berzé: 52, 80-81 Bessarion (Père du désert): 26

Bethléem : 145 Bezzola, R. : 251, n. 139 Biforco, ermitage romualdin: 149,

230 Blanche, comtesse, correspondante

de Pierre Damien : 358, n. 29 Blum, O.J. : 362, n. 47 Boesch-Gajano, Sofia: 235, n. 56 Boglioni, Pierre : 131 Boniface: 7, 33, 203, 204-205, 229, 380 Bonnevaux: 126 Bononius de Lucedio (t 1026),

saint: 225-226 Bomscheuer, Ludwig: 326 Boson du Bec (t 1136): 304 Bredero, Adrien: 113, 115, 219, 308 Bregenz : 204 Brown, Peter : 267 Bruno de Querfurt : 228 Bruno,saint: 135, 173 Brunon de Cologne: 89, 211 Brunon de Segni: 89, 374 Buckingham : 306 Bultot, Robert : 361 Bynum, Caroline Walker: 166

c

Cadavre: 85, 236-237, 241, 334, 364 Caire, Le : 226 Calixte II : 70 Camaldoli : 370 Camp, abbaye cistercienne: 116 Canonisation: 70, 73, 269-270 Canterbury : 98, 99, 111 Caritas: 130, 178, 242, 310-311, 349,

374-377Casey, Michel: 122, n. 124 Cassien: 23; 24, 27, 31, 33 Cassiodore : 53 Castille et Le6n: 74 Caton le Jeune: 296 Censius, préfet de Rome : 239

458 LA PAROLE ET LA PRIÈRE AU MOYEN-ÂGE

Césaire d'Arles : 27, 194, n. 40 Chaise-Dieu, La: 108, 162, n. 104,

175, 382-383 Chalard, Le: 245 Chalcédoine (451, concile de): 196,

373 Chanoines réguliers: 165-172, 198,

246 Charlemagne: 10, 35, 195-196, 380 Chartres : 262 Chartreuse, Grande : 134, 173 Chartreux: 127, 165, 172-177, 179,

180,217,245,379,380 •

Chatenet: 268 Châtillon : 120 Châtiment - en milieu monastique : 229- et châtiment divin: 278-280Chausey, îles : 162Chaveyriat : 78Chiaravalle, abbaye cistercienne :

136, n. 197 Childebert II : 203, n. 87 Christ Church, Canterbury: 99, 112 Christian de l' Aumône (v. 1146) :

304 Christine de Markyate: 164, n. 112 Chrodegang: 165 Cicéron: 190, 273, 295 Cilice et cendres: 48, 112, n. 76, 298,

et ibid., n. 21, 320, 334, 345, 348-349, 350.

Cimetière: 42, 81, 85, 318 Cîteaux: 98, 114, 120, 122, 128 Clairvaux: 116, 120-123, 127, 128,

136, 137, 139,220,308 Clamor: 53, 78-79, 128, 175, 339, 342 Clément II:331,n.92,332 Cléricalisation du monachisme: 38-

39, 42, 44, 198 Cluny: 14, 15, 41, 44, 55-95, 101, 102,

104, 123-124, 126, 144, 145, 208, 209-218, 235, 284, 285, 301, 315-352, 377

Cologne : 168 Colomban: 202-204 Compostelle: 88, 284 Conant, K.J. : 318 Connor (Irlande): 137 Conrad d'Eberbach: 75-76, n. 125,

136, n. 197, 302 Conrad II (t 1039), empereur: 66 Conrad III (t 1152), empereur: 221 Constable, Giles : 254, 284 Constantinople : 226, 273 Conversion: 86, 119-121, 128, 350,

351 Corbet, Patrick : 326 Coulombs : 262 Couroy: 249 Coutances: 258 Coutumes monastiques : 14, 92, 101,

124, 168, 176, 285, 299, 312, 318, 319,338,341,346

Cowdrey, H.E.J. : 228 Credo: 11, 320, 338, 372 Crépin: 247 Croisade : 249 Croix: 68, 106, 158, 265, 266, 284, 299,

301,321,334,338,339,341,351. Cuno, évêque de Regensburg: 117,

n.97Cura animarum: 196, 206 Cuthbert (archevêque de

Canterbury) : 7, 380 Cuthbert, saint: 30, n. 58 Cyprien de Carthage : 23, 32

D

Dalarun, Jacques: 252 Dalmatius (père d'Hugues de

Semur) : 81, 83 Danemark: 206 Daniel (Bible) : 193, 197, 222, 321 David (Bible) : 193, 253, 321, 386 Delisle, Léopold: 90, 270

INDEX 459

Déodat (héberge Odilon): 67 Dévotion affective, dévotion

privée: 35-38, 98, 106-108, 232, 329,341-342,344,351

Discrétion/indiscrétion: 59, 213, 219,362

Dominique de Sora: 227-228, 253, 367 Dominique l' encuirassé : 89, 153-

157, 307, 354, 356-363, 369, 378 Dunstan, saint (t 998): 299 Durand de Bredon: 82, 90, 216

E

Eadmer: 51, 99-100, 102-105, 108-109, 112

Éboriac (Faremoutiers): 204 Échanges et prières: 40-41 Écrit (pouvoirs de l') : 132, 305-306,

373-374 Éginhard : 36, 37 Égypte:27,46,180,226,244 Élections abbatiales : 242, 337, 346-

347 Élie: 50, 140 Élie le Jeune, saint (t 903) : 366 Élie le Spéléote, saint (t 960) : 366 Élipand de Tolède: 195 Élisée (Bible) : 153, n. 56 Éloquence: 187-188, 190, 199, 200-

201, 211-212, 227, 273, 295 Énée (Bible): 76 Engilbald, fondateur d'Hérival : 263 Éon de l'É toile : 256 Éphèse ( concile d') : 26, 373 Épitaphe: 65, 326, 330 Équitius (Dialogues de Grégoire le

Grand): 202 Érémitisme: 143-180, 203, 225-282,

354,355,360,366 - Faux ermites : 232Ermengarde, comtesse: 164, 165Espaces sacrés : 84, 86-88, 284

Espagne: 77 Étienne (neveu d'Odilon) : 329 Étienne (moine clunisien se

suicidant) : 81-82 Etienne d'Obazine: 159, 160, 161,

249,255,266,310,313 Étienne de Bourbon: 275, n. 285 Étienne de Fougères: 248, 269-270 Étienne de Liciac : 253 Étienne de Muret: 159, 163, 175,

179,246,249,251,266,299,305, • 306, 311Étienne de Tournai: 246, n. 115Etienne Harding (t 1134): 302Etienne IX: 330, n. 85Etienne, évêque du Puy: 329, n. 85Eudes d'Issoudun, aristocrate

berrichon : 284 Eudes de Bayeux: 273,n. 267 etn. 269 Eustaise: 204 Eustochium : 66 Évagre d'Antioche : 46 Évagre le Pontique : 27 Ève, recluse : 252 Évrard d'Ypres : 118 Ewald et Ewald, compagnons de

Willibrord: 169, n. 136 Excommunication: 128, 133 Exemption monastique : 87, 242, 375 Exhortatio, exhortation: 183, 188,

194,202,214,238,239,268,335 Exorcismes: 132, 151, 169-170, 172 Ezelo: 72

F

Falaise: 162 Femmes:91,157, 174,215,239,250-

254, 264; 280-281 Ferdinand Ier (t 1065): 74 Flagellation: 154, 156, 159-160, 170,

354, 356-359 Fleury: 14, 55, 209, 210, 305

460 LA PAROLE ET LA PRIÈRE AU MOYEN-ÂGE

Florence: 154, 232, 235, 239 Fontaine, Jacques: 184, n. 7 Fontaine-les-Blanches: 271 Fonte Avellana: 146, 153, 155, 158,

233,354,355,362,368,370 Fontevraud: 145, 159, 163, 245, 254 Fortunat de Todi (Dialogues de

Grégoire le Grand): 49 Foulque d'Anjou : 264 Foulques de Neuilly: 250, n. 133 Francfort (794, concile de): 195 Francfort : 221 François d'Assise : 297 Fraxinet : 63 Frazer, James George: 51 Frédéric, archevêque de Cologne :

256,n. 165 Fremer, Torston: 205, n. 99 Frise: 205 Fritzlar (concile de): 260, n. 190 Fulbert de Chartres : 211 Fulda : 33, 39

G

Gallinara: 48 Gallois: 276 Gaucher d'Aureil: 252, 255, 256 Caudry, oncle de saint Bernard : 130 Gautier de Pontoise (t 1099) : 297,

299,310 Gauzlin de Fleury (t 1030): 55, 301 Gébizo, ermite cassinien: 226 Geismar : 205 Gélase II : 260 Gembloux : 249 Geoffroy d'Auxerre: 114, 124, 127,

129,131,134-136,138,220,222,308 Geoffroy de Savigny, saint (t 1139) :

306 Geoffroy du Chalard: 249, 250,

n. 133,266,310Geoffroy et Geoffroy, ermites

fondateurs de Fontaine-les­Blanches: 271, n. 257

Geoffroy IV de Semur : 216 Geoffroy le Gros: 161, 248, 250, 254,

256-258,265,311,312Geoffroy, archevêque de Lyon: 349 Gérard (guéri par Hugues de

Semur): 77 Gérard de la Sauve-Majeure: 247,

250,255 Gérard de Toul: 374, n. 109 Gérard, frère de saint Bernard : 128 Géraud d'Aurillac: 55, 59, 320, 322,

324,326 Géraud, disciple de Geoffroy du

Chalard : 310 Gerbald de Liège: 195 Gerbert d'Aurillac : 211 Gestes: 19, 30, 155, 167, 220, 290,

295, 299-300 Gilbert Crispin : 112, n. 75 Gilbert de Senlis, ermite: 217 Gilon (hagiographe clunisien) : 70-

88, 90, 101,215,348-349 Girard de Saint-Aubin: 299 Giraud de Cambrie: 176, n. 179 Giraud de Salles : 243, 244, 280 Giselbert (correspondant de Pierre

Damien) : 230 Glaber, Raoul: 317, 333, 340 Gorze: 14 Goscelin de Saint-Bertin: 252 Gossuin d' Anchin, saint (t 1166):

310 Grammaire spéculative : 1 t 385 Grandmont: 159,164,179,246,n.

115,253,282 Gratien: 198 Grégoire le Grand: 23, 24-25, 27, 30,

42, 44, 49-51, 58, 6t 66, 129, 139, 191-193, 197, 201-202, 238, 260,298-299,306,318,n. 17

Grégoire VI : 331, n. 92 Grégoire VII/ Hildebrand: 87, 165,

INDEX 461

260 Grégoire, moine de Sitrie : 151 Grenoble : 172 Grottaferrata : 366 Guibert de Gembloux : 89 Guibert de Nogent: 99, 208, 249, 255 Guigues, le chartreux: 134, 173,

174, 176-177 Guillaume X d'Aquitaine: 132-133,

221 Guillaume d'Auvergne : 53 Guillaume Dandina : 163 Guillaume de Montevergine,

Wanderprediger italien: 253, n. 149 Guillaume de Newburgh: 306 Guillaume de Saint-Denis: 302 Guillaume de Saint-Thierry: 20, 52,

97,100,101,113-131,136,139,141, 164, 219-222

Guillaume de Volpiano, saint (t 1031): 334

Guillaume du Bec (t 1124) : 299 Guillaume Firmat: 161 Guillaume le Conquérant : 108 Guillaume le Pieux: 41 Guillaume le Roux (t 1100), roi

d'Angleterre : 104 Guillaume, comte de Provence : 212 Guillaume, miles (vita d'Étienne

d'Obazine) : 249 Gunzo: 85 Guy (moine clunisien connu pour

sa voix) : 130 Guy de Velate, archevêque de

Milan: 236 Guy, abbé de Montiéramey : 126 Guy, abbé de Montierneuf : 349 Guy, frère de saint Bernard : 130

H

Habit monastique: 81, 255, n. 157, 262, 348.

Hagiographie - Le genre: 12-13, 15- Écriture hagiographique et idéo-

logie monastique : 14, 55-56, 173Hainaut: 261 Hallinger, Kassius: 93 Harvey, reclus : 252 Hausherr, Irénée: 26 Haüssling, Angelus: 95 Haymon d'Auxerre: 44, 197 Heldric, disciple de Maieul : 340 Henri de Lausanne: 135, 251, 255, • 256,263,280Henri de Mayence, archevêque :

218, n. 172 Henri Ier d'Angleterre : 269, 277 Henri III (t 1056), empereur: 75, 332 Henri IV, empereur : 158 Herbert, moine du Périgord : 340 Hérésie,hérétiques :26, 135, 151, 176,

191, 193, 195, 199, 220, 238, 255, 256,263,339-340,373

Héric d'Auxerre : 44, 211 Hérival : 263 Herlève, mère de Guillaume le

Conquérant, Robert de Mortain et Eudes de Bayeux 273, n. 269

Herluin de Conteville, père de Robert de Mortain et Eudes de Bayeux:273,n.269

Herluin du Bec : 301 Hesse: 205 Hilaire d'Arles : 88 Hilaire de Poitiers: 23 Hilarion, saint: 243, 365 Hildebert de Lavardin: 71, 73, 80,

n. 150,263,348,349Hildebold de Châlon-sur-Saône : 322 Hildemar : 36 Hippolyte_ de Rome : 32 Homblières, Notre Dame de: 283 Homme intérieur, homme

spirituel: 97, 112, 115, 116, 123, 131, 140-141, 172

462 LA PAROLE ET LA PRIÈRE AU MOYEN-ÂGE

Homosexualité : 229 Hongrie: 83 Honorat d'Arles, saint : 88 Honorius II: 168, 248, fcl.. 122 Hucbald de saint-Amand: 302 Hüffer, G.: 113 Hugues Capet: 324 Hugues d'Amiens : 124 Hugues de Flavigny: 300 Hugues de Fouilloy (t 1172) : 166 Hugues de Gournay : 71 Hugues de Grenoble: 134 Hugues de Lincoln, saint: 306 Hugues de Mâcon : 121 Hugues de Marchiennes, saint

(t 1158): 303 Hugues de Semur: 51, 52, 56, 60, 65,

67, 70-90, 100, 101, n. 16, 215-216, 285, 301, 306, 317, 318, 322, 328, 344,346-347,348-350,379

Hugues de Saint-Victor : 166, n. 121 Hugues de Vermandois: 79, n. 147 Hugues Lacerta (t 1157) : 52, 163,

249,266-268,299,311 Hugues, père du pape Léon IX: 64,

n.50Humillimus : 322

1

Idung de Prüfening : 124 Images pieuses: 36-37, 301, 338,

341,351 Imitation du Christ: 20, 259 Innocent II:71, 132 Institutionnalisation : 228, 244, 249, 271 Invocare, invocatio : 52 Iogna-Prat, Dominique: 91 Irlande : 137, 202 Isaac (abbé, Conférences de

Cassien): 24 Isaac (Dialogues de Grég6ire le

Grand): 50

Isidore de Séville : 9, 53 Istrie: 229 Itinérance: 185, 202-203, 205, 228-

229, 244, 261, 272, 283, 285.

J

Jacob : 296-297 Jacques de Vitry: 176, n. 179, 250 Jacques de Voragine : 69 Jean Chrysostome: 341 Jean Climaque : 26 Jean de Fécamp: 98 Jean de Ford: 276 Jean de Gorze: 89, 310 Jean de Lodi: 233-234, 368-370 Jean de L ycopolis : 26 Jean de Matera, Wanderprediger

italien (t 1139) : 261, 304 Jean de Montefeltro, maître de

Dominique l' encuirassé : 154, n. 61 Jean de Porto: 69 Jean de Saint-Arnoult: 89, 310 Jean de Salerne : 55, 56, 57, 69, 82,

209,322 Jean de Salisbury : 109, n. 55 Jean Gualbert: 154, 236, 241-243,

305,310,314,370-378 Jean l'ermite (hagiographe): 131 Jean Moschus, auteur du Pré

spirituel: 58, n. 16 Jean Scot Érigène : 61 Jean XIX: 69, 216, n. 162 Jean, diacre (Ve siècle) : 151, n. 46 Jean-Baptiste: 78, 155, 188, n. 10, 243 Jean-Luc de Sicile, saint (t 910): 366 Jérôme (saint) : 8, 23, 46, 65, 66, 88,

89, 173, 197, 218, 246, 291, 326, 330,364,365

Jérusalem: 143, 145, 188, 226, 250, n. 133,297,300,328

Jérusalem céleste: 62, 252, 254, 283, 364

INDEX 463

Jésus :19,20,21,24,45,47,76,79,132, 133, 149, 187-189, 199, 201, 244, 280,297,325,335,339,341-342,348

Jeûnes : 29-30, 31, 103, 155, 161, 168, 170,247,337,358,n.27,359

Joachim de Flore: 218, 381 Job: 193 Jonas d'Orléans: 195 Jonas de Bobbio: 203 J osbert de la Ferté : 128 Jotsald: 65-70, 90, 214-215, 216, 317,

327-348Jourdain Jourdain·: 153, n. 56 Jousse,J\1arcel:28 Juifs, antijudaïsme: 217, 218 Jungmann, Joseph-André: 94 Justus (moine, Dialogues de

Grégoire le Grand): 49

L

Lac de Constance : 204 Lac de Genève : 135 Lac J\1ajeur : 236 Landolf Cotta: 240, 241 Lanfranc du Bec: 99, 102, n. 21 Langage par signes: 176 Langues (Don des-) : 275-277 Langues sacrées de Dieu : 9 Lanzon, moine de Cluny: 101 Laon: 168 Larmes, pleurer: 32, 35, 37, 50-51, 61-

62, 116, 129, 133, 147, 149-150, 158, 160-161, 175, 218, 232, 276, 300-301, 341

Latium: 227 Latran (1059) concile de: 165 Laurent (antipape, Dialogues de

Grégoire le Grand) : 49 Laurent, archevêque d' Amalfi : 332 Léa (Bible) 222, 234 Leclercq, Jean: 303

Lectio: 24, 28, 31, 66, 110, 119, 201, 309 Léon de Sitrie, ascète : 157 Léon IX: 317 Léon, saint, abbé de la Cava : 244 Levroux: 48 Libelli precum: 37-38 Licencia praedicandi : 189, 260-261, 263 Liège: 246 Lietbert deSaint-Ruf(tca.1110): 166 Lieto, abbé de Passignano: 371, 374 Limoges : 249 Limousin : 159

• Lindisfarne : 30, n. 58Lioba, sainte 33, n. 74Liturgie- Accroissement du poids de la -:

33-34, 92, 162- Critique ou relativisation de

l'accumulation liturgique et de laliturgie /spectacle: 95, 102, 108,110,126,127,146-148,162,166,177

Lohmer, Christian: 148, n. 26 Longpont:316,n.3 Lot, Ferdinand : 12, n. 18 Lothaire II, empereur : 169 Louis le Pieux : 165 Louis VII: 131 Loup de Ferrières : 36 Luc de Démène, saint (t 993) : 366 Luc, évangéliste : 233 Lucain: 296 Lucchesi, G. : 354 Lucedio : 226 Luceoli, ermitage : 154, n. 61 Lull (archevêque de J\1ayence): 7 Luxeuil : 204 Lyon : 72, 104

M

J\1âcon : 78, 105 J\1agdebourg: 167 J\1agie : 10, 386

464 LA PAROLE ET LA PRIÈRE AU MOYEN-ÂGE

Maieul, saint: 45, 55, 60-65, 69, 78, 87, 146, 209-214, 215, 318, 324-325, 327, 328, 332, 333, 334, 335, 340, 344,350

Maillezais : 144, n. 5 Maine: 24 Malachie, saint : 137-141 Malédictions: 78-79, 95, 104, 175,

279,339 Mans, le: 255, 263 Manselli, Raoul : 360 Marbode de Rennes, évêque: 253,

266,281,282,283,382,384 Marcel, pape : 349 Marches : 229 Marcigny: 80, 91, 215, 216, 351 Marie-Madeleine: 52, 163, 244 Marmoutier: 55, 144 Marrou, Henri Irénée : 26 Marthe (Bible) : 222, 243, 381 Martin de Tours, saint: 47-49, 51, 57,

58,59,80,88,140,143,150,200-201, 260, 265, 298, 299, 300, 320, 322, 323,350,352

Martyre: 81, 145, 205, 210, 229, 236, 237,241,243,292,360,370

Martyrs de la légion thébaine: 169, n.136

Mathieu d' Albano: 114, 125, 217, 348, 350-351, 352

Mathieu, évangéliste: 30, 259, 337 Mathilde de Toscane: 106, 107, 108 Maur de Césène, évêque (Xe s.) : 233 Maur,saint: 169,n. 136 Maure de Troyes, sainte : 36 Maurille de Rouen: 106 Mauss, Marcel : 40 Mayence (813, concile de) : 194 Mayence:206,218 McLaughlin, Emmet : 206 Meditatio: 28, 109, 110, 119, 238, n.

74, 239, n. 75, 309 Mémoire des morts : 7, 41-44, 93-94,

315-317

Mémoire monastique: 14, 147, 180, 226,236,271-272,284-285,316

Menat:264 Mépris du monde: 134-135 Messalianisme : 26 Messes : 7, 38-40, 41, 49, 76, 90-91,

102, 133, 155, 157, 170, 177, 184, 209,221,230,234,263,304,317,360

Meunet: 284 Michel III ( empereur byzantin) : 9 Michelet, Jules : 264 Micy: 209 Milan: 131, 133, 235, 237-240 Milis, Ludo: 14, n. 24 Milon Crespin : 299 Miracle

Place du - dans les textes hagiographiques: 88-89, 91, 131, 137-138Critique ou dévalorisation du -:89, 130, 136, 153, 155,264,361-362

Missae speciales : 38-40, 95, 158, 178 Moïse : 52, 130 Moissac: 82, 216 Monforte: 340 Mont des Oliviers : 233 Mont Sinaï : 130 Mont Torano dell' Aquila : 227 Mont-Cassin : 34, 201 Montierneuf:349,n. 189 Mont-Saint-Michel: 269, n. 24 Mort, transitus

Âge de la-: 86, 355 Date ou jour de la -: 86, 302, 322-323, 325, 333-334, 348, 350, 365, 369 Et démons: 298, 304, 333, 334, 339,345 Glorieuse: 303, 325, 326-327, 329, 341,348,352 Joie de la -: 289, 301-302, 303, 336,342 Lieu de la -: 332-333, 348-350, 365 Et liturgie : 301, 303-304, 321, 323,342-343,348-349,369

INDEX 465

- Peur ou angoisse de la -: 290,303-303, 345, 348

- Place du transitus dans ..l'hagiographie: 292, 330-331,348,350,357

- Et prédication: 243, 309-313, 323,332-337, 371

- Publique: 310, 337, 343, 363, 371- Et spéculation théologique: 112-

113- Solitaire: 227-228, 297, 307, 324,

363-368- Ultima verba (Antiquité): 295-296Mortain: 1.59, 268Murphy, James: 192Musulmans, sarrasins: 63, 211-212,

217,226,255

N

Naaman (Bible) : 153, n. 56 Nantes: 184 Nature: 117-118, 121 Nebo, Mont : 297 Néo-platonisme chrétien : 27, 63 Newman, Martha : 222 Nicée (concile de): 320, 373 Nicolas Ier : 9 Nicolas II : 156 Nicolas Pellegrino, saint : 156-157 Nil de Rossano, saint (t 1004): 366 Nîmes, concile de (1096): 259, n. 180 Nitrie: 367 Nivelles: 170 Noé: 193, 197, 222 Nogent-le-Rotrou: 312 Nom (invocation du) : 67-68, 77-78 Nombres (valeur et symbolique

des-) : 82-83, 347, 358 Norbert de Xanten, saint: 167-172,

245,248-249,256,260,262,276,280 Normandie: 146, 159, 243, 245, 257,

276,277

0

Obéisssance: 102, 168, 172, 207, 376 Odilon, saint: 55, 56, 60, 64, 65-70, 78,

81,87,89,90,93,158,212,214-215, 216, 304, 306, 310, 315, 316, 317, 318, 325-348, 349, 350, 351, 352, 369, n. 87

Odon de Cluny, saint: 55, 56-60, 61, 62,63,66,69,82,144,209-210,320-324,330,332,342,350

Odon de Tournai: 105, n. 32 Ombrie: 229 Onze mille vierges : 169 et n. 136 Opus Dei, heures: 32-33, 84, 110,

116-117, 213Oratio: 51-53, 66, 84, 114, 309 Orderic Vital: 116, 145, 270, 275,

276,277 Ordines, organisation de la société

chrétienne et tripartition: 44-45, 59, 157,193, 197,222,237-239

Ordo eremiticus : 157 Ordo monasticus: 157 Origène: 22 Orléanais: 209 Orléans : 340 Osbern, ami d'Anselme de

Canterbury: 104 Otfried de Watten: 260 Otton de Bamberg (t 1139) : 31 Otton rer : 55, 325 Otton III : 325, 366 Ouen, saint : 247, n. 118

p

Paix, pacification, résolution des conflits· 83, 248-249, 273-274, 277-279,283-284,321

Parento, ermitage romualdin: 149 Paris: 75 Parthenay : 132

466 LA PAROLE ET LA PRIÈRE AU MOYEN-ÂGE

Pascal II:248,n. 122,260 Pascase ( diacre, Dialogues de

Grégoire le Grand): 49 Paschase Radbert: 36, 178 Paul (saint): 21-22, 26, 29, 81, 117,

138, 187, 207, 214, 221, 243, 244, 247,252,259,332,337,342

Paul (Père du Désert) : 25 Paul de Thèbes, saint ermite : 364-

365, 367 Pauvres et liturgie: 81, 94, 317 Pavie : 67, 99 Paxton, Frederick S. : 290 Payen Bolotin : 262 Pénitênce: 37, 83, 154, 155, 161, 172,

173, 180, 188-189, 230, 247, 290-291, 319, 338, 359

Peregrinus, abbé de Fontaine-les­Blanches: 271, n. 257

Performance liturgique et linguis­tique : 10, 78, 108, 291, 307, 309, n. 77,335,338,344,352,379,381

Pétrarque: 118, n. 103 Philippe de Clairvaux : 221 Philippe de Harvengt : 9 Philippe Jer : 79, 264 Philon d'Alexandrie: 23, n. 14 Picard, Alain : 131 Pierre d' Anagni, évêque : 89, n. 193 Pierre Damien : 15, 69, 146-159, 198,

228-235, 239, 240, 253, 262, 291,307, 328, 337, 340, 344, 346, 347,348,354-370,373,377,378

Pierre de Blois : 177 Pierre de Bruys : 251 Pierre de l'Étoile: 247 Pierre de Verceil ( évêque, XIe s.) : 226 Pierre Diacre : 226 Pierre II, évêque de Poitiers: 256, n.

164 Pierre l'ermite : 2 49, 251, 255, 256, 280 Pierre le Vénérable: 55, 91, 94, 117,

124, 125, 208, 217, 223, 317, 348, 350-352

Pierre Mezzabarba, évêque de Florence: 235, 242, n. 94

Pierre Pappacarbone (abbé de la Cava):207,n. 109,244

Pierre, compagnon de Romuald : 149 Pierre, saint: 41, 74, 75, 76, 77, 81, 85,

87, 88, 91, 205, 318, 332, 341, 348, 350,369

Pietro Igneo : 3 72 Pietro Pavese ( évêque de

Florence) : 2 42 Pise: 350 Platon: 295 Plotin: 296 Poeck, Dietrich: 318 Poitiers: 48 Polémiques - monastiques : 123-126- entre- moines et chanoines

réguliers : 165-166- anti-érémitiques : 261-262Pons de Léras: 161Pons de Melgueil: 71, 72, 73, 91Pons du Bourget : 83Pontigny : 128Poppon de Stavelot, saint (t 1048):

305,310 Porcaire de Lérins, saint: 210-211 Possidius: 191, 296, 364-365 Pouilles: 156 Preces : 51-53 Prédication - Brève/prolixe: 213, 215, 234,

240,274- carolingienne: 11, 194-195, 380- Dans ses rapports avec la vie

intérieure: 122-123, 141, 193, 232,239

- Dans ses rapports avec laliturgie: 183-184, 209

- Et conversion: 184, 188, 195, 201,205,212,214,220-222,231-232,234,247

- Inefficace : 230.-23

INDEX 467

- -, pastorale, et miracle: 132, 133,135,204-206,217,220-221,276

- 11 Muette" : 206, 217, 232 - Erémitisme et -: 184, 188,199,

225-282- Inspirée: 191-192, 202, 215, 234,

267,275- Monachisme et -: 196-197, 207-

223, 242, 258, 259-260, 275- Réception (de la-): 190-191, 192,

213, 254-256- "sauvage": 193,202,261- Et science des Écritures: 189-191,

200,204,207-208,259- Prêtres mariés: 227, 257-258- Prêtres, prêtrise: 38-39, 44, 77, 90,

117, 155, 156, 158, 177, 179, 189,193, 194,196,197,198,205,240

Prémontrés : 127 Prêtres mariés: 227, 257-258 Prêtres, prêtrise: 38-39, 44, 77, 90,

117, 155, 156, 158, 177, 179, 189, 193, 194, 196,197, 198,205,240

Prière - Brève/prolixe: 24, 62, 108, 166

Comme acte de langage : 19, 20Chrétienne face à la prièrepaïenne: 19Comme arme contre lesdémons:46,48,150Continue: 21-25, 33, 46-47, 48,49-50, 57-58, 156, 201, 226, 238,298,306,338,358Héroïque (ascèse): 25-26, 30De Jésus: 19, 21

151-152, 168-169, 174, 178, 179,265,266,267,382-384

- Pour les morts: 34, 39, 42-44, 68,69,93-94, 126, 153, 155, 158, 177,289,349

- Et perfection monastique : 2, 45,68,75

- Privée, solitaire: 31, 58-59, 61-62,63, 103-104, 122, 147

- Et spéculation théologique : 104,109-113, 141

- Pour les alliés et bienfaiteurs: 64,69,74-75,81, 125,176

- Pour les ennemis: 83Prise-aux-Nonnes (la): 281Prostituées: 249, 250, 251, 252, 264-

265 Provence : 211 Prudence (poète): 211 Prudence de Troyes : 36-38 Psaumes, psalmodie: 32, 34, 38, 58,

59,63,66,84,85,125,l48,154-155, 159, 162, 163, 164-165, 166, 168, 290, 326, 342, 343, 354, 356-359, 360,367

Purgatoire, feu purgatoire: 42, 290 Puy-en-Velay (le): 61, 213

Q

Quercusdocta (Chênedouit, forêt) : 162 Quintillien: 190

Intériorisée: 14, 20, 22, 25 sq., 35- R 36, 61, 89-90, 98, 116-117, 119, 147-148, 163, 164,174, 175 Raban Maur: 39, 190

Rabelais : 176, n. 179 - Instrumentalisation de la -: 10- Comme louange divine: 28, 31,

84-88- Comme memoria Dei : 23- Et miracle: 47-49, 50, 57, 59, 62-63,

66, 67, 68, 74-80, 105-106, 127-141,

Rachel (Bible): 222, 234 Radegonde : 300 Rainaud de Poigny : 115 Raingarde, mère de Pierre le

Vénérable: 91, 348, 351-352

468 LA PAROLE ET LA PRIÈRE AU MOYEN-ÂGE

Raoul de la Futaye : 268 Raoul de Saint-Trond: 169, n. 136 Raoul de Sully : 55 Raoul le moine, auteur•

d'apocryphes anselmiens: 106, 107, n. 42

Raoul, seigneur de Fougères : 269 Raoul, moine cistercien,

prédicateur antijudaïque : 218 Ravenne:150,228,231 Raymond, vicomte de Turenne : 249 Raynaud de Vézelay: 72, 73 Rebillard, Éric : 290 Redbaud, aristocrate berrichon: 284 Réforme - de Benoît d'Aniane : 33-35, 92- du monachisme bénédictin: 114- du monde canonial: 165Réginon de Prüm : 358, n. 27Règle de saint Benoît: 28, 30, 32,

145,207,213,242 Reichenau: 43 Reichersberg: 165 Reims: 125 Reliques: 76-77, 87, 168-169, 184,

208,255,256,300,318,335,347 Renaissance carolingienne : 10 Rennes: 269 Résurrection des défunts: 48, 50,

140,265 Richard de Saint-Vanne, saint (t

1046) :299-300,305,307,n. 73 Richard de Tarbes : 67 Rictrude, sainte (t 688): 302 Ritualisme : 92-93 Robert (avoué de Fleury): 305 Robert (vir illustris, guéri par

Hugues de Semur) : 76 Robert d' Arbrissel: 145-146, 159,

161, 163, 164, 165, 180, 243, 245, 247, 248, 249, 250-251, 253, 260, 264, 268, 269, 280, 282, 283, 306, 310,384

Robert d'Ostrevand: 165, n. 116

Robert de Bourgogne (t 1075), duc: 83

Robert de Châtillon, cousin de saint Bernard: 123

Robert de Molesmes: 116 Robert de Mortain : 273 Robert de Torigni: 269 Robert 1er, duc de Normandie: 273,

n.269Robert II, duc de Normandie: 76,

277,305 Rodez: 68 Rodolphe de Fulda: 33, n. 74 Rodolphe de Gubbio : 354-355 Rodolphe, abbé de Moscheta, suc-

cesseur de Jean Gualbert: 236, 375 Rodolphe, évêque de Paderborn : 235 Roger de Saint-Alban: 164, n. 112 Roger II de Sicile : 253, n. 149 Romagne : 229 Romuald, saint: 146-153, 155, 157,

163, 180,228-235,307,314,353, 355,359,360,363-370,371,377

Romula (Dialogues de Grégoire le Grand): 50

Rottenbuch: 246 Roubaud, comte de Provence : 212 Rouen (1096, concile de): 257 Rouen: 264 Rouleaux des morts: 257, 270, 277,

280 Rüeggisberg : 261 Ruminatio : 28 Rupert de Deutz: 116, 198, 222, 351,

n.201Rusticus, disciple de Jean Gualbert :

371

s

Sabas, saint sicilien (t 991) : 366 Sabine: 227 Saint-Alban: 164, n. 112

INDEX 469

Saint-Apollinaire in Classe: 146, 149 Saint-Arnoul de Crépy: 79 Saint-Aubin de Tours: 322, n. 36 Saint-Celse (Milan): 237 Saint-Crépy-en-Valois: 326 Saint-Cyprien de Poitiers: 162,

n. 104,312Saint-Denis : 67, 324 Saint-Etienne de Bologne: 226 Saint-Evre de Toul: 33 Saint-Evroul: 145 Saint-Gall : 92 Saint-Gédéon de Cologne : 169 Saint-Germain d'Auxerre: 340 Saint-Germain-des-Prés: 33 Saint-Jacques de Compostelle: 284 Saint-Julien de Tours: 322, n. 36 "Saint homme": 267-268 Saint-Lubin de Chassant: 265 Saint-Maixent : 346 Saint-Martin de Tours: 58 Saint-Martin-des-Champs: 350 Saint-Maurice d'Agaune: 33 Saint-Michel de Cuxa: 148 Saint-Michel de Verghereto,

ermitage romualdin: 231 Saint-Nicaise de Reims: 114 Saint-Ouen de Rouen : 247, n. 118 Saint-Pancrace de Lewes: 101, n. 16 Saint-Paul-Hors-les-Murs: 318 Saint-Pierre de A vellana : 227 Saint-Riquier : 33 Saint-Ruf: 165 Saint-Saulve de Valenciennes: 316,

n.3Saint-Sauveur de Fucecchio : 3;72 Saint-Sauveur de Telese : 103 Saint-Savin de Poitiers: 312 Saint-Sulpice de Bourges : 284 Saint-Sulpice de Layrac : 77 Saint-Sulpice-des-Bois : 268, n. 240 Saint-Thierry : 114 Saint-Victor (Paris): 165 Saint-Victor de Marseille : 64

Saint-Vincent de Fossombrone : 146 Saint-Vincent de Mâcon: 61 Sainte-Croix de Poitiers: 300 Sainte-Geneviève: 75-76 Sainte-Marie (Milan): 240 Sainte-Marie de Palazzolo,

ermitage romualdin: 231, n. 35 Salaberge, sainte : 204 Salerne: 57 Salomon (Bible): 253, 352 Samson (Bible): 253, 258

• Samuel (Bible) : 27, 36San Cassiano di Montescalari,

établissement vallombrosain : 371, n. 94

San Michele di Passignano, établissement vallombrosain : 371, n. 94

San Miniato (Florence): 242 San Paolo di Razzuolo,

établissement vallombrosain : 371, n. 94

San Pietro di Moscheta, établissement vallombrosain : 371, n. 94

San Salvatore di Settimo, établis­sement vallombrosain : 371, 376

San Salvatore di Fucecchio, établissement vallombrosain : 371, n. 94

San Salvi, établissement vallom-brosain: 243, n. 96, 371, n. 94

Sanche II, roi de Castille (t 1072): 74 Sansterre, Jean-Marie: 228 Santa Maria Assunta, établissement

vallombrosain: 371, n. 94 Santa Reparata di Marradi,

établissement vallombrosain : 371, n. 94.

Sauve-Majeure, la : 247 Schlavia, la : 103 Schreiber, Georg: 40 Scolastique, sainte : 50-51 Selz: 325

470 LA PAROLE ET LA PRIÈRE AU MOYEN-ÂGE

Sénèque: 118, 296 Séverin de Norique: 88 Sigebert I (561-575) : 203 Signy: 114 Sigulf: 39 Silence : 27, 28, 31, 66, 82-83, 90, 102,

12� 121, 122, 124, 125, 15� 154, 168, 176, 197, 223, 232, 307, 334, 344, 363-368, 377

Silvanès: 161 Silvestre de la Guerche, évêque de

Rennes: 248 Siméon le Stylite (t 459): 26 Simon de Valois, saint : 357, n. 22 Simonie: 156, 235, 237, 242, 372, 376 Sincérité et sens de l'oraison : 32,

36, 126, 149,163, 164, 179,359 Sitrie, ermitage romualdin : 150,

151, 156,n.74,229,232,367 Smaragde de Saint-Mihiel: 36 Smith, Lucy Margaret : 72 Soissons (1132), concile de: 125 Sommeil/veilles: 29, 66, 103, 110,

148, 159, 160, 161, 162,175,253, 304,337,356

Songes, rêves: 85-86, 2i9 Souffle:48,68,151,152,206,306-307 Souffrance: 308-309, 325, 329, 336,

356,359 Southern, Richard William: 99, 100 Souvigny: 81, 88, 324, 327, 328, 332-

333, 336, 338, 340, 342, 343, 344-346, 347, 350

Spire: 221 Spolète: 50 Stock, Brian: 113, n. 78, 143, n. 1 Suavicino, fondation de Pierre

Damien: 156, n. 74 Suède:206 Suèves: 206 Suger: 302 Suicide: 81, 158 Suitger de Bamberg: 331, n. 92 Sulpice Sévère: 12, 47-49, 80, 140,

200-201,298,333,n. 105Sylvestre III: 331, n. 92 Synéisaktisme 253, 281 Syrie: 267 Syrus (hagiographe de saint

Maieul): 60-64, 66, 210-214, 324-325, 330, 332

T

Tabacco,Giovanni:147,n. 17 Tacite: 296 Tanchelm : 256 Tarsilla (Dialogues de Grégoire le

Grand): 50 Tertullien: 22, 23, 32 Teuzon, ermite: 154, 155, n. 67, 232,

262 Thaddée, apôtre : 305 Théobald de Provins, saint: 308 Théodulphe d'Orléans: 194 Thibaut de Champagne: 131 Thomas Becket: 276 Thomas d'Aquin : 53 Tinchebray (1106, bataille): 277 Tiron: 159, 180, 245, 255, 256, 257,

263,265,312,313 Tolède, conciles de: 183 Toscane: 229 Toul: 263 Toulouse: 82, 135 Touraine : 271 Tours (813, concile de) : 194 Tours (1163), concile de: 109, n. 55 Tours: 322 Trani: 156 Transformation, mutation: 11, 41,

90-91, 178, 340Trasmundus, moine cistercien de

Chiaravalle: 136, n. 197 Travail manuel: 14, 116-117, 120-

121, 124, 162, 166, 168 Trêves: 46

INDEX 471

Tristesse : 300-301, 302, 329, 334, 335 Troyes: 36, 305 Tyconius: 190, n. 17

u

Ulrich de Zell: 90, 92, 208, 261, 285, 316,320,346

Urbain rer: 246 Urbain II :242, 246, 249, 260 Utrecht: 256, n. 165

V

V acandard, Émile : 113 Vaison, concile de (529): 194, n. 40 Val di Castro, ermitage romualdin :

229,230,231,232,363,365 Valence (855, concile de): 194 Valère Maxime : 190 Vallombreuse: 15, 228, 235-243,

370-377Van Moolenbroek, Jaap: 257, 270,

n. 250Van Moos, Peter : 329 Van Uytfanghe, Marc: 88 Vaux-de-Cernay, les: 264 Venise: 228 Verbo et exemplo: 189, 191, 207, 217,

260 Verbum/sermo vivum et efficax : 138,

221-222, 247, 386Vermandois : 79 Vertus: 340 Vézelay: 72 Vincent de Beauvais : 72

Virgile : 58, 59, 329 Vision de Dieu : 108, 214, 342 Visions: 43, 77, 81, 104, 121, 123, 136,

138,169, 171,202,204,219,250,n. 133,269,n.246,312-313,331,n.91, 335,345,348,350,351,n.201

Vital de Savigny: 159, 180, 245, 248, 251,260,265,268-282

Vital de Sicile, saint ( t 990) : 366 V ogel, Cyrille : 94 Vogüé (de), Adalbert : 201

• Vosges : 203Vatan: 206Vulgan de Lens, saint : 247, n. 118

w

W alafrid Strabon : 35 Walter (von), Johannes: 225 Walter Daniel : 309 Warasques (peuple païen) : 204 Wederic, moine de saint-Pierre de

Gand: 260 Willibald (hagiographe de

Boniface) : 204, 205 Willibrord : 206 Wilmart, André : 107 Wollasch, Joachim: 93, 315 Wulfric de Haselbury: 276

y

Ysarn, abbé de Saint-Victor de Marseille : 64

Yves de Chartres: 262

Conclusion

Contemporains, Hugues de Semur et Bernard de Tiran appartiennent à n'en pas douter au même monde. Leurs routes auraient pu se croiser. Les vitae qui leur ont été consacrées nous offrent, tout comme celles de nombreux autres saints, des informations relativement précises sur leurs prières et leurs paroles. Or les différences sautent aux yeux. Dans le texte de Gilon tout comme chez les hagiographes qui lui ont emboîté la pas, c'est une logique de la performance liturgique qui domine.L'oraison concourt au maintien d'un édifice ecclésiologique cimenté par des monastères où l'on prie. Les paroles de l'abbé visent essentiellement à remplir ceux-ci, et le miracle prouve la légitimité d'une construction qui peut servir de modèle social. Chez Geoffroy le Gros, c'est une logique de la parole et du comportement qui s'impose. Vissée sur la légitimité du désert, la prédication implique une action

exemplaire offerte en miroir aux auditeurs, lesquels sont issus de toutes les couches de la société. La prière est désormais celle d'un individu, dont elle permet l'épanouissement spirituel, et non celle d'une communauté assumant une fonction dans l'Eglise. Elle peut s'il le faut être raccourcie, pour laisser la place à d'autres activités comme le travail manuel.

Comme tous les autres saints de cette époque, Hugues de Semur et Bernard de Tiran ont perdu dans leurs vitae l'essentiel des traits qui les caractérisaient comme individus.Ilnousrestedestypes idéaux,qui illustrent deux conceptions différentes du monachisme au tournant des xre et xne

siècles. Pour un historien contemporain, les différences relevées tout au long de cette étude et schématisées, non sans simplification, par l'opposition de ces deux textes, sont essentielles. Pour un moine du XIIe siècle, elles l'auraient sans doute été beaucoup moins. Les contacts de tout ordre entre les différents courants monastiques, l'admiration professée pàr les clunisiens pour les chartreux ou par les cisterciens pour les premiers clunisiens, l'institution­nalisation des mouvements érémitiques, l'alignement des liturgies, entre autres, montrent à l'évidence que la diversification des modèles s'est

379

380 LA PAROLE ET LA PRIÈRE AU MOYEN-ÂGE

accomplie sur un arrière-plan consensuel qui ne doit pas être sous-estimé. Il est vrai par ailleurs que l'histoire du christianisme, et plus particulièrement du monachisme, a parfois été envisagée, plus ou moins ouvertement, comme une série de variations· sur un thème immuable et fixé, sinon de toute éternité, du moins depuis la venue du Christ et la rédaction des Évangiles. Or dès les XIe et XIIe siècle, les contemporains ont eu conscience du grand nombre d'innovations caractérisant la vie religieuse. Les polémiques opposant mouvements traditionnels et novateurs, celles qui mirent aux prises moines et chanoines, les satires et les critiques d'un érémitisme déréglé, bien d'autres textes encore, sont là pour rappeler que les historiens, parfois soupçonnés de voir un peu partout des ruptures et des mutations, n'ont pas tout inventé. Dans les quelques dizaines de vitae prises en compte, nous avons entendu des paroles bien différentes : prière efücace du miracle, prière instrumentale de la liturgie d'intercession, prière intime exprimée dans le secret du cœur, paro e du prédicateur semant le verbe, de l'abbé instruisant ses moines, de l'ascète allant à la rencontre des chrétiens. Toutes ces paroles existaient avant le XIe siècle et peuvent être rattachées à des passages évangéliques ou à des textes antiques. Aucune ne disparaît après le XIIe siècle. Il y a pourtant eu une évolution de fond, qui ne doit pas plus être cherchée dans d'illusoires créations ex nihilo que dans de brutales disparitions, mais plutôt dans des glissements de priorité plus ou moins marqués. L'histoire de la parole efficace existe bien en tant qu'histoire, mais c'est avant tout à partir d'une combinatoire qu'elle peut être écrite. Bernard de Tiron, son biographe Geoffroy le Gros et plus généralement tous les Wanderprediger, n'ont jamais pensé que les prières « familières » avaient fait leur temps ou que l'oraison ne pouvait pas agir directement sur le cours des événements. Ils ont en revanche mis en avant d'autres fonctions de la prière, qui, tout en restant essentielle, devenait une activité monastique parmi d'autres. Ils ont donc contribué, avec d'autres courants tels que les cisterciens, les chanoines réguliers et les chartreux, à modifier profondément la fonction du Verbe monastique dans la société chrétienne.

Pour Cuthbert de Canterbury, qui se faisait l'écho d'une conception très prégnante à l'époque carolingienne, la prière et la prédication restaient fondamentalement indissociées. Elles impliquaient toutes deux la prononciation d'un texte sacré et la recherche d'un ordre chrétien par la parole. La réforme de l'Église lancée par Boniface, confirmée puis amplifiée par Charlemagne, était partie des mêmes postulats et avait mis la correction liturgique et la régularité pastorale au premier rang des devoirs d'un empereur praedicator. Pour Alcuin, Charlemagne était doté de la vigueur sacerdotale nécessaire pour bien proclamer le y erbe de Dieu1

. Dans le contexte

1. Dum clementiae vestrae sollicitudo sacerdotalem, ut decet, habet in praedicationeverbi Dei vigorem .. . , Alcuin, De ftde sanctae et individuae trinitatis, PL 101, col. 13A.

CONCLUSION 381

de l'effacement des pouvoirs publics et de la définition d'idéologies de substitution, dont celle des moines, dès le xe siècle, fut assurément l'une des plus cohérentes, la prière liturgique avait assumé un rôle dominant dans la vie des monastères, jutifiant leur existence et soudant la société des chrétiens dans un rapport contractuel complexe, qui impliquait les vivants et les morts, les moines prêtres et les laïques. Les saints moines étaient alors devenus les premiers, voire les seuls dépositaires d'un Verbe transformateur, que les vitae montraient en action dans une perspective sotériologique impliquant le récit de nombreux miracles. La parole que certains mouvements réformateurs mirent au premier plan dès le xre siècle, et singulièrement à partir des années 1080, s'inscrit quant à elle sur un axe que l' on peut qualifier d'horizontal et non plus de vertical. La notion de communication passe maintenant au premier plan, sans impliquer pour autant une égalité hiérarchique entre locuteur et auditeur. Partiellement dégagée de son corset l\turgique, la prise de parole s'insère en revanche dans un ensemble de préoccupations qui renvoient à une éthique chrétienne plus qu'à un ensemble de performances rituelles. Il n'est donc pas abusif de dire que bien avant le XIIIe siècle et la naissance d'une prédication systématique et centralisée, le Verbe a dû faire une place à la parole.

Ce glissement des priorités fonctionnelles, perceptible au cœur des idéologies monastiques, s'inscrit dans une évolution plus générale qui va dans le sens de l'autonomie des différents secteurs de la vie religieuse. La prédication et la prière sont désormais deux activités bien distinctes qui relèvent respectivement de l'action et de la contemplation, ce qui les situe l'une par rapport à l'autre dans un rapport constant de tension/ complémentarité. À partir du XIIe siècle, l'idée que la vie parfaite oscille entre Marthe et Marie est un lieu commun2

• Ainsi pour Joachim de Fiore, les cisterciens jouent le rôle de médiateurs (mediatrix) entre Scholastique (l'action) et Marie (la contemplation). Ils s'adonnent à la prédication« selon la nécessité et le précepte de l'Église, plus encore pour le salut des âmes, mais ils gardent aussi le silence mieux que tous les religieux, car le silence est justice » (Isaïe, 32,17). Lors du dernier âge, cependant, il n'y aura plus que des contemplatifs3

• À la différence du haut Moyen-Âge, où la prégnance d'une

2. G. CONSTABLE,« ThelnterpretationofMaryandMartha »,in ThreeStudies,op. cit., p. 3-141.

3. Congregatio Cisterciensis designata in Scolastica, sicut, ut iam prediximus, inMaria, ita mediatrix Jacta est inter utrumque, ut et verbo pradicationis, cui si necessitate et precepto ecclesie et salute maxime animarum incumbere presensit, sciens illud quod scriptum est, 'cultus iustitie silentium', Joachim de Fiore, De vita sancti Benedicti et de officia divino secundum eius doctrinam 15, éd. C ipriano BARAUT, Analecta Sacra Tarraconensia 24, 1951, p. 42-118, ici p. 36. Cf. G. Constable, The Reformation of the Twelfth Century, op. cit., p. 167.

382 LA PAROLE ET LA PRIÈRE AU MOYEN-ÂGE

vision ecclésiologique d'ensemble faisait de la prière et de la prédication les deux faces d'une même médaille, une bipolarité s'est donc instaurée, qui oppose systématiquement l'intérieur et l'extérieur, le public et le privé. Certes les grands saints concilient les deux options sans en sacrifier aucune, mais ils savent désormais, comme saint Bernard dans le récit de Guillaume de Saint-Thierry, que la prière du cœur et la parole du prédicateur ne relèvent pas exactement de la même logique. À l'image du Christ, le parfait ascète est désormais capable d'aller à la rencontre de l'autre tout en explorant une intériorité qui se fonde sur une prière désinstrumentalisée. Or cette scission entre un espace de l' action et un espace de la contemplation s' est précisément opérée à une époque où la réforme de l'Église dans son ensemble délimitait plus précisément des catégories telles que le spirituel et le temporel, ou la loi publique et la loi privée, qu'elle, hiérarchisait évidemment dans le sens du «religieux». En permettant le développement d'une sphère du« spirituel», cette situat�on a posé les conditions d'un développement nouveau de la prière individuelle. En retracer les étapes serait une autre histoire. Mais il est un fait, en tout cas, qu'à partir du moment où tout chrétien pouvait trouver au fond de lui-même les mots d'un dialogue silencieux avec Dieu, la fonction des moines ne pouvait plus être exactement la même.Pour Étienne deMuret, déjà, tous les chrétiens pouvaient être appelés moines à condition de prendre l'Évangile pour règle de vie et de ne penser qu'à Dieu4

• Sans doute la notion d'intercession est-elle restée plus centrale que jamais dans le système <l'Église des derniers siècles du Moyen-Âge. Mais elle a désormais été prise en charge, plus que par des ecclesiae monastiques structurées par la prière, par une Église universelle et romaine qui assurait, parallèlement, l'exercice d'une prédication soigneusement contrôlée et l'enseignement de chrétiens qui devaient tous assumer leurs responsabilités au sein d'une communauté sacramentelle.

L'étude du Verbe efficace dans les textes hagiographiques, particuliè­rement pour l'époque antérieure aux procès de canonisation, s'insère inévitablement dans celle des idéologies cléricales. Il existe pourtant une autre parole, moins savante, dont quelques bribes nous parviennent ici et là. Dans le récit des miracles de Robert de la Chaise-Dieu, que Marbode de Rennes consigne à la fin du XIe siècle, on peut ainsi lire ce récit: « Un misérable vieillard frappé d'une double infortune, à savoir la vieillesse et la pauvreté, supportait de surcroît le grave poids d'une totale cécité. Anxieuse, son épouse l'amena au sépulcre du confesseur. Fixant imperturba­blement les yeux de la foi sur le Christ, l'aveugle répéta fréquemment durant

4. Omnes etiam christiani possunt dici monaéhi qui in unitate consistunt ; specialitertamen illi dicuntur qui iuxta apostolum a negotiis saecularibus amplius elongantur nec cogitant nisi de Deo tantummodo, Étienne de Muret, De doctrina, CCCM 8, éd. J. BECQUET, p. 5.

CONCLUSION 383

trois jours le nom de Robert, en la protection duquel il avait toute confiance. À aucun moment il ne relachait ses prières. Importunée, irritée même par ce caquetage, sa femme lui dit:« Si tu ne crains pas de faire injure à celui qui repose ici, cesse au moins d'infliger ce supplice à ceux qui sont présents. De fait, tant que tu réclameras la lumière perdue en agressant nos oreilles par de telles demandes, toi qui ne penses pas pouvoir être guéri par le saint sinon en criant sans répit, tu ne mériteras pas d'être exaucé. Tu l'importunes en aveugle comme s'il était sourd. Attends plutôt en silence et prie dans le secret de ton cœur ». Rempli d'indignation, le vieillard rejeta vivement ce conseil et jugea qu'il ne s'agissait pas seulement d'une parole de femme mais aussi du sifflement perfide d'un serpent. Il répondit ainsi:« Femme, cesse de parler stupidement. Tu déguises un blasphème impie sous l'apparence de la foi. Crois-tu que les oreilles des saints �oient si délicates qu'elles puissent être lassées par un excès de cris ? Bien au contraire, instruits par le divin magistère du Ch0rist, ils ne répondent généralement pas à ceux qui demandent aimablement, mais ils exaucent ceux qui les dérangent sans trêve». S'adressant alors de nouveau au saint, il recommença à crier le pieux nom avec plus d'insistance encore »5

.

L'efficacité d'une prière sincère et spontanée, mais en même temps détachée de toute liturgie communautaire, est ici mise en avant. Ce texte passionnant n'est pas véritablement exceptionnel et il est possible de trouver bien des descriptions de prière dans les recueils de miracles6

• Ne nous hâtons cependant pas trop d'y voir le reflet d'une prière authentiquement«populaire», et ce pour au moins trois raisons. D'une part car en bon

5. Inter quos miserum quendam senem, cuius infortunio ad duplex, senectutis scilicetet paupertatis, incommodum, gravissimum plane pessimumque cecitatis anus accesserat, anxia tari consors ad sepulcrum statuit Confessoris. Ubi dum per triduum caecus ille, indefesso studio mentis oculos fixus in Christum, Roberti nomen, cuius fidebat patrocinio, saepius iteraret, nec vel momentum sibi relaxaret a precibus, offensa mulier importuna viri, ut videbatur, garrulitate : 'Desine', inquit, 'vel tandem presentibus inferre molestiam, si quiescenti facere non times injuriam. Nam qui te non pu tas a sancto, nisi clames improbius, exaudiri, dum lumen imploras amissum, quem sic pulsas infamas auditum, nec mereris impetrare quod aras, dum velut surdo cecus improperas. Expecta potius cum silentio, et in cordis cubiculo funde preces. Hanc ille vocem sic indignabundus exhorruit, ut eam non tam femine simplex eloquium quam fraudulentum serpentis sibilum judicaret. 'Parce', inquit, 'parce, mulier, stulte loqui, et impiam blasphemiam imagine fidei palliare. Siccine delicatas aures suspicaris sanctorum, ut eas nimiis putes clamoribus enecari ? Immo edocti divino Christi magisterio, quod non dant arnica plerumque roganti, tandem largiuntur improbo pulsatori'. Statimque conversus ad sanctum, pium nomen acclamare coepit instantius, éd. A. DEGL'INNOCENTI, II,11, p. 58-,60.

6. P.A. SI GAL, L'homme et le miracle, op. cit., p. 126-134, et, du même,« Reliques,pèlerinages et miracles dans l'Église médiévale (XIe-xme siècles) », in Revue d'Histoire de l'Église de France 81, 1990, p. 193-211, ici p. 206 sq.

384 LA PAROLE ET LA PRIÈRE AU MOYEN-ÂGE

hagiographe, pour souligner la sainteté de Robert et la sacralité du lieu qui accueille ses dépouilles, Marbode doit montrer que l'oraison des pèlerins, telle qu'elle existe, est efficace. Ensuite car le discours de cet aveugle, qui s'appuie sur le « divin magistère du Christ», ne donne sans doute qu'une vague idée de ce que celui-ci dit réellement à sa femme, à supposer qu'il ait vraiment prononcé un discours de cette sorte7

. Enfin car l'attitude de la trop discrète épouse, qui met avant la prière silencieuse et le secret du cœur, pourrait bien refléter les préoccupations de l' auteur, évêque lettré proche de Robert d' Arbrissel et des nouveaux courants de piété, plutôt que d'une pauvre laïque8

. Il est cependant difficile de ne voir dans ce récit qu'une construction cléricale au service d'un sanctuaire particulier. Le caractère insistant des prières, leur longueur interminable, le vacarme qui remplissait les églises de pèlerinage, sont attestés dans de très nombreux recueils de miracles. Si notre misérable infirme se justifie d'une façon un peu trop claire, il °Il.' en reste pas moins qu'il agit comme bon nombre de pèlerins, convaincus que toute oraison est potentiellement efficace. Or dans cette histoire, Marbode prend résolument le parti de la prière bruyante, voire inconvenante, contre ceux qui prônent une piété plus discrète. Il ne faut donc pas sous-estimer ce qui, d'un point de vue cultuel, unit les illiterati et les lettrés. Tout le système de l'organisation de l'espace autour de sanctuaires à reliques entretenant avec les populations laïques un rapport contractuel, qui relève autant de ce que nous appelons «religieux» que de ce que nous nommons« social »,n'aurait d'ailleurs pas pu fonctionner sans un minimum de valeurs communes. Les notions d'intercession des saints et de prière efficace, pratiquées puis justifiées sur des plans culturellement et rituellement distincts, ont sans doute joué un rôle de glu sociale qui déborde largement le cadre de ce livre, mais qu'il conviendrait d'étudier systématiquement.

Dans les textes hagiographiques, le verbe efficace est une réalité qui reflète des préoccupations avant tout cléricales. En tant que tel, il joue un rôle central dans l'élaboration d'idéologies monastiques diverses. Il est montré, mais pratiquement jamais discuté. La force de la prière, l'utilité de la prédication ou encore l'efficience des sacrements, vont de soi. Dans d'autres textes, dès l'époque carolingienne puis, plus encore, avec le développement d'une pensée dialectique, le verbe efficace a cependant fait l'objet d'une réflexion approfondie. Au milieu du XIe siècle, le scandale occasionné par les théories de Bérenger de Tours a obligé ses adversaires à préciser la théologie

7. Tout l'épisode est par ailleurs calqué sur l'aveugle des Évangiles, comme ledit Marbode lui-même : Imitatus Evangelicum- caecum, quem turba magis accendebat in preces, increpans ut taceret, col. 326A.

8. Sur Marbode, cf. A. DEGL'INNOCENTI, L' opera agiografica di Marbodo diRennes, Spolète, 1990, p. 3-18.

9.

CONCLUSION 385

augustinienne du rapport entre le signe et lares pour lui insuffler un peu plus de réalisme. La parole sacramentelle a donc été située, vis-à-vis des réalités supérieures qui la justifiaient, dans un rapport d'immédiate identité qui expliquait son efficacité9�Le langage, la vox, les mots, sont ensuite restés au centre des débats théologiques et philosophiques jusqu'à la fin du Moyen­Âge. Leur fonctionnement a été décortiqué dans le cadre des écoles et à l'Université, en particulier chez les grammairiens spéculatifs parisiens, qui, à partir des années 1240, se sont intéressés aux modes de signification 10. Sans doute s'agit-il là d'un domaine qui n'a plus grand-chose en commun avec celui des idéologies monastiques, mais une histoire de la parole efficace et de sa place dans les christianismes médiévaux ne peut l'ignorer pour autant. Elle devra en revanche essayer de croiser des textes de nature très différente pour bien en saisir les enjeux. Et elle aura par ailleurs intérêt à ne pas oublier que les clercs du Moyen-Âge étaient convaincus de l'importance du thème de la parole. Ainsi Roger Bacon parlait-t-il au XIIIe siècle de la maxima potestas des mots, en affirmant que« tous les miracles faits depuis le début des temps ont presque toujours été accomplis par des paroles. L' œuvre principale de l'âme rationnelle est la parole (verbum) et elle s'en délecte au plus haut point. Par conséquent lorsque les paroles sont proférées à partir d'une pensée profonde, d'un grand désir, d'une intention droite et d'une ferme conviction, elles ont une grande force (virtus) »11

• Pour être acceptable - sage et philosophique à la manière de David, nous dit Bacon - la parole doit donc remplir quatre conditions: pensée, désir, intention, conviction. Dans le cas contraire, elle peut encore produire « divers effets» mais relève alors des démons et de la magie. Roger Bacon situe sa réflexion sur l'efficacité de la parole dans un cadre quasiment scientifique et sa démarche est gouvernée par la raison, mais Dieu est l'aboutissement de la raison et David, l'auteur des

9. Cf. sur ce point la synthèse d'I. ROSIER,« Langage et signe dans la discussioneucharistique», in Histoire et grammaire du sens. Hommage à Jean-Claude Chevalier, Paris, 1996, p. 42-58.

10. I. ROSIER, La grammaire spéculative des modistes, Lille, 1983, et surtout La parolecomme acte. Sur la grammaire et la sémantique au XIJie siècle, Paris, 1994.

11. Sed considerare debemus quod verba habent maximam potestatem ; et omniamiracula Jacta a principio mundi Jere Jacta sunt per verba. Et opus animae rationalis praecipuum est verbum, et in quo maxime delectatur. Et ideo cum verba proJeruntur profunda cogitatione et magna desiderio, et recta intentione, et cum Jorti confidentia, habent magnam virtutem, Roger Bacon, Opus Tertium, c. XXVI, éd. J.S. BREWER, Fr. Rogeri Bacon opera quaedam hactenus inedita I, Londres, 1859, p. 96. J'ai repris la traduction d'Irène ROSIER, La parole comme acte, p. 337-338. Bacon semble influencé principalement par Avicenne et surtout Al-Kindi, qui traite le problème de la virtus verborum dans son De radiis : ibid., p. 215-223.

386 LA PAROLE ET LA PRIÈRE AU MOYEN-ÂGE

psaumes, nous est présenté comme le garant de ces« productions vocales »12 •

Cette question de la potestas du verbe, tiraillée entre «philosophie» et «magie», est sel?n lui« la plus difficile qui soit en philosophie».

Le fait que des esprits tels que Bacon aient pu présenter l'efficacité de la parole comme un problème majeur montre bien que celle-ci jouait dans la mise en ordre philosophique du monde, tout autant que dans la théologie, la liturgie, la pastorale ou la dévotion, un rôle de premier plan. Quant à la difficulté à laquelle fait allusion Bacon, elle reste en partie valable pour l'hisforien d'aujourd'hui. Une étude synthétique de la parole chrétienne doit en effet prendre en compte des sources très différentes, dont l'analyse implique des compétences diverses dans des domaines qui, trop souvent, se tournent le dos. L'histoire du Verbum efficax ne peut pas plus ignorer les travaux des historiens de la philosophie médiévale ou des linguistes que

.ceux qui touchent à des matières plus attendues comme la philologie, la diplomatique, l'histoire économique, sociale ou ecclésiastique. Mais elle se doit ensuite d'intégrer ces apports divers dans une réflexion historique d'ensemble. Les idées sont indissociables des idéologies, et les idéologies sont indissociable des faits de société. Le présent livre entendait traiter le thème de la parole, prière ou prédication, dans les sources hagiographiques monastiques. Ces quelques réflexions finales, pour embryonnaires qu'elles soient, suffisent à suggérer qu'il n'illustre que quelques aspects d'un problème qui le dépasse et appelle d'autres études.

12. Si vero fiant (= ces productions vocales qui s'appellent incantations etcharmes) secundum species et conditiones dictas, tune sunt philosophica et sapientis incantantis sapienter, ut recitat David propheta, Opus tertium, ibid., p. 99.


Recommended