Francis Alÿs
AREA Chicago
The Center for Land Use Interpretation (CLUI)
The Center for Urban Pedagogy (CUP)
e-Xplo
Ilana Halperin, kanarinka (Catherine D’lgnazio)
Julia Meltzer and David Thorne
Lize Mogel
Multiplicity
Trevor Paglen
Raqs Media Collective
Ellen Rothenberg
Spurse
Deborah Stratman
Daniel Tucker
Alex Villar
EXPERIMEnTAL GEoGRAPHy
GéoGRAPHIE EXPéRIMEnTAL
Experimental Geography explores
the hybrid intersection of two lines of inquiry:
the academic investigation of humanity’s
relationship to the earth, along one axis,
and the artistic techniques of representation
along the other.
Géographie Expérimentale explore
les distinctions entre l’étude géographique
et l’expérience artistique sur Terre,
ainsi bien que la jonction où ces deux
domaines se rencontrent (et forment
possiblement un champ d’expertise
totalement nouveau).
FOREMAN ART GALLERY OF BISHOP’S UNIVERSITY
2600 College Street, Sherbrooke (Quebec) J1M 1Z7t. 819.822.9600 * 2260www.ubishops.ca/foreman
28 janvier au 19 mars, 2011
January 28 to march 19, 2011
Guest Curator / Commissaire invité
N at o t h o m p s o N
Dans deux directions : la géographie comme art, l’art comme géographie (extraits)1
La géographie expérimentale, comme son nom l’indique, a plus à voir avec
l’expérimentation qu’avec des réponses. L’expression, que l’on doit à Trevor Paglen, évoque
paysages, laboratoires, cartographies absconses ou analyse didactique de quelque région
reculée de ce monde. Et, en fin de compte, la géographie expérimentale est tout cela. Paglen,
écrivain et artiste basé à l’University of California à Berkeley, met sur pied des projets qui
empruntent à différents discours, dont ceux de la scène artistique, du domaine militaire, du
journalisme et de la géographie, et les œuvres dans Géographie expérimentale offrent cette
variété. Géographie expérimentale doit plutôt être vue comme une perspective nouvelle pour
l’interprétation d’un corpus artistique d’inspiration culturelle de plus en plus vaste qui traite
de l’interaction entre l’humain et la Terre. Ce qui revient à dire que ces œuvres gagnent en
dimension intellectuelle quand elles sont décortiquées avec une compréhension tant de la
géographie contemporaine que de l’art contemporain. Analysées sous le seul angle de l’un ou
l’autre de ces domaines exclusivement, elles risquent de se brouiller ou, encore, d’être reje-
tées sans autre forme de procès.
À la différence d’une sélection d’œuvres qui ne porteraient que sur une seule tech-
nique ou une thématique unique (une série de paysages, par exemple), cette exposition se
veut une constellation qui, dans sa globalité, nous permet d’apprécier et de considérer les
possibilités dynamiques qu’offre la géographie expérimentale. Il faut voir ces œuvres comme
intervenant sur une grille en expansion, dont l’un des axes est de nature poético-didactique,
et l’autre, géologico-urbain. Si ces dichotomies ne sont pas nécessairement figées dans le roc
(didactique peut être poétique, géologique peut être urbain et vice-versa), ces dualités sont
l’occasion d’apprécier les œuvres présentées ici dans toute leur variété. […]
Dans la recherche d’antécédents historiques concernant la pratique de la géogra-
phie expérimentale, il est intéressant de commencer par la France de l’après-guerre, avec les
travaux de Guy Debord et de celui qui sera le père de la géographie marxiste, Henri Lefebvre.
[…] Les premiers textes de Debord sur ce qu’il appelle l’« urbanisme unitaire » et la « psycho-
géographie » tracent clairement un cadre extraordinairement cohérent avec celui employé
en géographie expérimentale : « La géographie, par exemple, rend compte de l’action déter-
minante de forces naturelles générales, comme la composition des sols ou les régimes clima-
tiques, sur les formations économiques d’une société et, par là, sur la conception qu’elle peut
se faire du monde. La psychogéographie se proposerait l’étude des lois exactes, et des effets
précis du milieu géographique, consciemment aménagé ou non, agissant directement sur le
comportement affectif des individus5 ». […]
La position de Debord (voulant que nos comportements soient le résultat non
seulement de la façon dont nous voyons le monde, mais aussi dont nous nous y déplaçons)
est une réaction profonde au plus important mouvement artistique du début du XXe siècle
en France, le surréalisme. Pour Debord, l’individu est seulement le produit des forces plus
vastes du capital, et la dépendance des surréalistes à l’inconscient individuel est intrinsèque-
ment malavisée, si ce n’est éminemment immobiliste. Les situationnistes vont adroitement
renverser la conviction d’inspiration freudienne des surréalistes et faire de l’inconscient un
produit, non un producteur, d’urbanisme. Pour changer les esprits, il faut changer les condi-
tions géographiques qui les façonnent.
Au bout du compte, tous les phénomènes se dissipent dans l’espace. Les produc-
tions culturelles et matérielles ne sont pas de simples idées abstraites, mais des forces qui
façonnent qui et ce que nous sommes, et elles le font dans des lieux jusqu’où nous pouvons
marcher, où nous pouvons intervenir, que nous pouvons visiter. Les œuvres réunies ici sont le
fruit de cette compréhension et, idéalement, donnent un aperçu d’une forme de production
culturelle que nous commençons tout juste à comprendre.
In Two Directions: Geography As Art, Art as Geography (Excerpt)1
Experimental geography, like it sounds, is more experiment than answer. The term,
coined by Trevor Paglen, might bring to mind landscapes, laboratories, obscure cartographies,
or a didactic analysis of a remote region of the world. And, ultimately, experimental geog-
raphy is all these things. Paglen, a writer and artist based at the University of California at
Berkeley, produces projects that move between a variety of discourses including those of the
art world, the military, journalism, and geography, and the work in Experimental Geography
has similar variety. Experimental Geography should be considered as a new lens to interpret a
growing body of culturally inspired work that deals with human interaction with the land. That
is to say, the work here gains more intellectual heft when interpreted with an understanding
of both contemporary geography and contemporary art. Interpreted in relation to either field
alone, the work may become clouded or, possibly, be given short shrift.
As opposed to works that demonstrate a single technique or subject (a collection of
landscapes, for example), this collection represents a constellation whose entirety allows us
to appreciate and consider the dynamic possibilities in experimental geography. Think of the
works here as operating across an expansive grid with poetic-didactic as one axis and geolog-
ic- urban as another. While these dichotomies aren’t necessarily set in stone–the didactic can
be poetic, and the geologic can be urban, and vice versa–these binaries provide an opportunity
to appreciate the range of works presented here. […]
In tracing historic antecedents for experimental geographic practice, an interesting
location to begin is postwar France, with the works of Guy Debord and the eventual father
of Marxist geography, Henri Lefebvre. […] Debord’s early writings on what he called “unitary
urbanism” and “psychogeography” clearly lay out a framework that is impressively consistent
with the one employed in experimental geography: “Geography, for example, deals with the
determinant action general natural forces, such as soil composition or climatic conditions, on
the economic structures of a society, and thus on the corresponding conception that such a
society can have of the world. Psychogeography could set for itself the study of the precise
laws and specific effects of the geographical environment, consciously organized or not, on
the emotions and behaviours of individuals.”5 […]
Debord’s position (that our behaviors are a result of the ways we not only see the
world but actually move through it) came out of a deep reaction to the largest French art
movement of the early twentieth century, Surrealism. For Debord, the individual was only a
product of larger forces of capital, and the Surrealists’ dependence on the individual uncon-
scious was deeply misguided if not flagrantly status quo. The Situationists cleverly inverted
the Surrealists’ Freudian-inspired mandate and made the subconscious mind a product, not
a producer, of urbanism. If one wants to change the mind, one must change the geographic
conditions that shape it.
Ultimately, all phenomena resolve themselves in space. Cultural and material pro-
duction are not simply abstract ideas, but forces that shape who and what we are, and they do
so in places we can walk to, intervene in, and tour. The work collected here emerges from this
understanding and, ideally, provides a glimpse into a form of cultural production that we are
just beginning to understand.
[1]
Nato Thompson, “In Two Directions: Geography As Art, Art as Geog-
raphy,” Experimental Geograph y: Radical Approaches to Landscape,
Cartography, and Urbanism. New York: Melville House, 2008: p. 12-33.
[5]
Ken Knabb, ed., Situationist International Anthology, Berkeley: Bureau
of Public Secrets, 1981, p.5.
[1]
Nato Thompson, « In Two Directions: Geography As Art, Art as Geog-
raphy», Experimental Geography: Radical Approaches to Landscape,
Cartography, and Urbanism, New York, Melville House, 2008, p. 12 à 33.
[5]
Publié dans Les lèvres nues, n° 6, Bruxelles, 1955, http://www.lare-
vuedesressources.org/spip.php?article33 [consulté le 23 janvier 2011]
t e x tF R o M
N A T o
T H o M P S o N
T e x T eD E
N A T o
T H o M P S o N
[ Community Art Lab Questions ] 1. How are cities shaped by its inhabitants and vice versa ?
2. Bearing in mind that maps are created by humans, why have we historically recognized maps as representations of truth ?
3. What effect do values, power, and politics have on geography ?
4. What value do the immaterial parts of cities have (i.e. sounds, interactions, and memories) and how are they recorded or measured ?
[ Questions_du Laboratoire d’art communautaire ] 1. Comment les villes sont-elles formées par ses habitants et vice versa ?
2. Tenant compte du fait que les cartes sont créées par les êtres humains, pourquoi les avons-nous reconnus historiquement comme une représentation de la vérité ?
3. Quel effet ont les valeurs, le pouvoir, et la politique sur la géographie ?
4. Quelle valeur ont les aspects immatériels des villes (e.g. les sons, les interactions, et nos expériences) et comment sont-ils enregistrés ou mesurées ?