L’union du Maghreb arabe a constitué depuis le début du
XXème siècle un sujet de discussion entre les pays d’Afrique du
nord, autrefois en période de colonisation. La réunion de ces
pays pendant plusieurs fois a conduit à l’établissement de l’idée
d’une union réelle entre ces pays lorsqu’ils seront décolonisés.
Sauf que cette idée va facilement être éloignée de la scène
politique de ces pays surtout parce que d’un côté, les pays n’ont
pas été décolonisés d’un seul coup et, d’un autre côté, l’héritage
de conflits explosants va certainement placer chaque idée
probable d’union à côté.
Si on retourne en arrière, on remarquera que la Tunisie et
le Maroc seront décolonisés en 1956, suivra la Mauritanie en
1959, puis l’Algérie en 1962. Sauf que le colonisateur à travers
sa période d’occupation, et principalement la France qui occupait
le Maroc et l’Algérie, a participé à la création de sérieux
problèmes entre ces deux pays. Si la France colonisait ces deux
pays en même temps, elle n’a pourtant pas établi de frontières
précisément délimités entre eux et, d’un autre côté, elle a
transmis le contrôle de certaines localités marocaines à l’est aux
autorités algériennes. Une chose qui va faire exploser le conflit
concernant les frontières Marocco-Algériennes pour se traduire
Introduction
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en un conflit militarisé en 1963 dénommé la Guerre des Sables. Une
Guerre qui pourtant ne réussira pas à changer de situation aux
frontières.
D’autres territoires seront libérés par la suite comme
l’enclave espagnole de Sidi Ifni en 1969, la Seguia Hamra en 1975
puis le Rio de Oro en 1979. Ce retard concernant la décolonisation
de ces derniers territoires va certainement poser problème : si d’un
côté, le Maroc consolide ses droits dits historiques sur le territoire
du Sahara Occidental, le front Polisario, indépendantiste, réclame
l’indépendance de ce territoire avec le soutien de l’Algérie et de la
Libye. Un nouveau conflit qui se déclare face à toute idée d’union
possible entre les pays de l’Afrique du Nord.
Si les années 80 ont permis de réaliser un certain
rapprochement entre les pays du Maghreb, ce n’est qu’en 1989 que
l’UNION DU MAGHREB ARABE sera créé finalement, 30 ans après le
départ des colonisateurs. Malheureusement, il ne prendra que 5
ans pour se dissoudre et se briser avec la décision de fermeture des
frontières terrestres entre le Maroc et l’Algérie en 1994. Et jusqu’à
aujourd’hui, on ne réussit toujours pas à établir cette union, un rêve
qu’on ne cesse d’en discuter sans pour autant fournir d’effort afin
de le concrétiser. Aujourd’hui, la non-concrétisation de cette union
nous coûte très cher : elle nous fait perdre chaque année presque
Contexte historique Introduction
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Contexte historique Introduction
3 points de notre PIB. Et ce n’est pas encore fini : le conflit du Sahara
nous coûte chaque année 5 points de notre PIB avec les acquisitions
massives de matériels et de machines de guerre. Il nous a fait perdre
plus de 1500 Milliards DHS depuis l’avènement du conflit en 1976.
Comment est on arrivé à ce point là ? Pourquoi le train de l’union
s’est dérivé de sa voie ? Comment pourrait-on remédier aujourd’hui
face à un contexte international basé sur l’existence d'entités et
d’unions fortes ? Autant de question qu’on essayera de traiter à
travers ce document intitulé : « Maroc & Algérie : Quels obstacles
pour l’UMA ? »
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L’Union du Maghreb Arabe : Toute une
histoire
Le cadre de la colonisation en Afrique du nord a constitué
une principale étincelle pour la naissance de l’idée de l’union entre
les pays nord-africains. L’idée du Maghreb au sens politique est
ancienne, au début du 20ème siècle, alors que les peuples du
Maghreb étaient sous le joug colonial. Si l’Algérie, colonisée en
1830, la Tunisie en 1881, puis le Maroc en 1912, ce sont alors ces
trois pays qui donneront naissance à l’idée de l’union du Maghreb.
Dans le cadre de la lutte contre l'occupation, une commission de
libération du Maghreb en 1927 sera fondée au Caire. Le concept du
Maghreb se forgera d’avantage à travers l’affirmation par les
mouvements nationaux de la dimension maghrébine. Deux
moments historiques de la formation de l’idée maghrébine seront
à retenir : le congrès du Maghreb au Caire (février 1947) et le
congrès de Tanger (avril 1958). Ce dernier arrivera à conclure des
résolutions, notamment la mise en fin de la domination coloniale
dans le Maghreb Arabe afin d’en aboutir à la constitution de cette
union. Ce fut ainsi le point de départ du projet régional
maghrébin. Sauf que le retard concernant la décolonisation de ces
pays avec le décalage entre les dates d’indépendance de chaque
pays et la libération de certains territoires en retard comme le cas
du territoire du Sahara occidental va créer de sérieux problèmes
face à toute tentative de réconciliation et d’union. Le problème de
la souveraineté nationale concernant certaines régions se pose
ainsi entre les pays du Maghreb et principalement entre le Maroc
et l’Algérie. C’est ainsi qu’en Août 1963 que se déclare la guerre
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des sables. Une guerre qui malheureusement va bouleverser le
calme qui résidait entre les deux pays. Les années 1975 serait encore
méprisables puisque la récupération du Maroc de ses dits provinces
du sud va créer un nouveau climat de conflit avec la déclaration de
la guerre contre le Polisario, mouvement indépendantiste réclamant
l’indépendance du Sahara sous le soutien de l’Algérie et de la Libye.
Ce n’est qu’à partir des années 1985 que le calme commencera à se
rétablir avant qu’il ne soit tenu le sommet de Zéralda en Algérie en
juin 1988. Les dirigeants maghrébins se sont ainsi mis d’accord sur le
principe de créer l’Union du Maghreb Arabe. Réunis à Marrakech le
17 février 1989, les dirigeants maghrébins annoncent la création de
l’UMA. Son traité constituant est marqué par le caractère général
de ses objectifs, se contentant de vagues expressions sur la
coopération économique et la politique commune. Cependant,
cinq ans après la création de cette union, elle perdra effet avec la
décision algérienne de fermetures des frontières terrestres, une
action qui a brisé tout espoir de rapprochement entre les pays. Une
action qu’on paie lourdement aujourd’hui comme on le verra après.
On ne peut que s’interroger sur les raisons ayant motivé la
création de l’UMA. Logiquement, elle aurait été créée pour
développer la coopération régionale afin de faire face au principal
partenaire économique du Maghreb, à savoir de l’Europe, et se
mettre en même ligne avec les regroupements régionaux dans le
monde. Sauf que, d’un côté économique, la non-uniformatisation
La non-construction de l’Union du Maghreb
Arabe : Facteurs
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*
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des politiques économiques et sectoriels, et, d’un côté plutôt
politique, l'avènement de nouveaux conflits va dériver le train de
l’union de sa voie. D’autres facteurs participent aussi à
l’avènement de ce drame. Tous ces facteurs peuvent être
énumérés comme suit :
1/ Facteurs économiques :
Les Pays du Maghreb peuvent être divisés en pays
dépendants du pétrole et d'autres non pétroliers. L'Algérie et la
Libye partent vers l'adoption d’une économie basée sur
l'exportation d’hydrocarbures, avec un taux de 90% par rapport
aux exportations totales. Contrairement au pays tels que le Maroc,
la Tunisie et la Mauritanie qui se basent principalement sur les
secteurs de l'agriculture, l'industrie et en particulier les services
tels le tourisme. D’ici se montre la dualité des politiques
économiques et l’absence d’une cohérence et d’un travail d’union
concernant une politique économique unifié basée sur la
complémentarité de chacun par rapport à l’autre. D’ailleurs, les
pays du Maghreb arabe négocient avec le marché européen d’une
façon individuelle et non pas comme un bloc unifié. C’est alors ce
tournant de chacun de ces pays vers soi même qui justifie la
faiblesse des échanges commerciaux entre ces pays. Ainsi, les
échanges commerciaux entre le Maroc et l’Algérie, pour prendre
exemple, ne dépasse guère les 2 MM$. D’autant que le commerce
global entre pays du Maghreb reste toujours affaibli avec moins de
1,5% par rapport aux échanges extérieurs totaux de la zone du
Maghreb. Ceci est dû principalement d’un côté à la fermeture de la
frontière terrestre entre le Maroc et l’Algérie qui stoppe toute idée
de coopération économique et, d’un autre côté, au faible potentiel
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de complémentarité qui réside aujourd’hui. D’autres facteurs
peuvent aussi être énumérés, notamment le non-consentement
sur une monnaie unique, ce qui bloque les échanges inter
maghrébins devant être payés en devise étrangère.
2/ Facteurs politiques :
Le niveau politique constitue le principal volet concernant la
non-construction de l’Union du Maghreb Arabe. Si on assiste à un
décalage concernant l’indépendance entre chaque pays et la
libération de certains territoires comme celui du Sahara en retard,
le problème de la souveraineté nationale concernant certaines
régions se posera ainsi entre les pays du Maghreb et
principalement entre le Maroc et l’Algérie. L’exemple du territoire
du Sahara Oriental considéré aujourd’hui comme territoire ouest
algérien risque d’en être le seul. Ainsi, si le territoire du Sahara
Oriental a été attribué d’une façon injuste au contrôle algérien
pendant les premières périodes de colonisation, la France, en tant
que colonisateur, propose au Maroc en 1958 la restitution de ces
territoires contre l’arrêt du support marocain aux révolutionnaires
algériens. Le Maroc refuse et décide de négocier l’avenir de ces
territoires directement avec l’Algérie lorsqu’elle obtiendra son
indépendance. Malheureusement, après l’indépendance de
l’Algérie en 1962, les dirigeants ont changé. Mohammed V, décédé
en 1961, sera remplacé par son fils Hassan II. Côté algérien, c’est
Ben Bella qui monte au pouvoir. Ben Bella refusera alors toute
négociation concernant les territoires dits algériens libérés par le
sang des martyrs. La Guerre des Sables s’annoncent en Août 1963
marquant ainsi le début d’une nouvelle phase des relations
Marocco-Algériennes. La guerre s’est étendue tout au long du
territoire contesté pendant presque un mois. Cependant,
l’intervention de l’Union Africaine va mettre fin à ce conflit qui n’a
pas permis pour autant de changer de situation. Les frontières
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seront alors conservées comme elles l’étaient avant le
déclenchement de la guerre. Dix ans après, en 1973, un nouveau
conflit voit le jour. Quinze ans après son indépendance, le Maroc
révèle ses droits sur ses dits provinces du sud. Le Maroc fera face
d’un premier coup à la Mauritanie qui désire avoir une partie du
gâteau en affirmant ses droits sur une partie du territoire jugeant les
traditions des populations locales très proches à celles
mauritaniennes. Le Maroc présente alors son dossier à la cour
internationale de la Haye en 1974. Si, en Octobre 1975, la cour
déclare que le territoire du Sahara Occidental dispose de liens
historiques et juridiques avec Maroc. C’est ainsi que la Marche Verte
est proclamée. 350 mille personnes traversent alors la frontière
Marocco-Espagnole. Les pourparlers de Madrid arrivent à un
consentement entre le Maroc et la Mauritanie afin de diviser le
territoire entre eux sans pour autant prendre compte des positions
algériennes et du Polisario, indépendantiste. Celui-ci proclame
l’indépendance du territoire et se lance en guerre contre le Maroc
avec le soutien de l’Algérie et de la Libye. L’UMA est maintenant
gelée à cause de ce conflit. Elle est plutôt à un stade symbolique
aujourd’hui. Quoique ce conflit date bien loin avant la création de
l’UMA, la tension issue entre le Maroc et l’Algérie en 1994 qui a
provoqué la refermerture des frontières terrestres entre le Maroc et
l’Algérie a remis en scène cette affaire comme principale cause du
détour du train de l’union. Aujourd’hui, les conséquences sont
désastreuses. Elles seront comme suit.
Développement des relations Anglo-marocaines
Aujourd’hui nous payons cher cette non-intégration entre les
pays maghrébins, d’un côté à cause des coûts exorbitants de la
guerre au Sahara, une guerre qui nous a coûté plus de 1500
Milliards de Dirhams depuis les années 1975 avec une perte
annuelle de presque 5 points du PIB sur l’armement et la défense
nationale mais, d’un autre côté, le «non-Maghreb» coûte trop
cher du côté des dépenses concernant les achats de matières
premières à l’extérieur et surtout en ces temps de crise
économique. Si on prend notre exemple : le Maroc dépend très
fortement du pétrole. Il importe 90% de ses besoins énergétiques
depuis l’étranger. Si le Maghreb Uni existait aujourd’hui, on
pourra importer du pétrole de l’Algérie à moindre coût. Ce sont ce
genre d’économies qui nous fera gagner en totalité jusqu’à 3
points concernant le PIB pour chaque pays. Alors que le Maghreb
économique pourrait créer un marché de plus de 75 millions de
consommateurs. Cette taille, similaire à nombre de pays leaders
dans le commerce mondial, permet d’exploiter les économies
d'échelle. Les complémentarités, visibles à l’œil nu, devraient
également susciter un accroissement conséquent des
investissements directs étrangers. Et puis, face à la mondialisation
et à la prévalence des regroupements régionaux, le Maghreb
économique semble impératif. Etant divisés, les membres de ce
G5 maghrébin disposent actuellement d’un pouvoir de négociation
réduit en face des puissances internationales, ce qui conduit à un
affaiblissement des économies de chaque pays contrairement à ce
que pourrait être le cas si l’union était concrétisée.
L’Union du Maghreb Arabe : Conséquences
de son échec
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Conclusion
On ne cessera jamais de le dire : L’Union du Maghreb Arabe
constitue aujourd’hui une nécessité pour les pays de l’Afrique du
Nord, aujourd’hui et sans précédant, surtout avec un contexte
international basé sur l’unification et la complémentarité entre les
pays. Si cette union revoit le jour, on pourra gagner beaucoup de
choses, surtout en termes de croissance économique avec la
réduction des coûts d’importation de certains produits issus du
secteur primaire comme l’énergie, les mines, l’agriculture, etc.
Aujourd’hui, cette non-intégration coûte cher. Pour le Maroc, d’un
côté, on perd presque 2 points de notre croissance du PIB chaque
année. Les échanges commerciaux intermaghrébins sont très
faibles : elles ne dépassent même pas 2% du total des échanges
commerciaux établies au Maghreb. Il nous coûte cher aussi avec la
non- résolution du conflit du Sahara, un conflit qui nous a fait
perdre des milliers de milliards de DHS pendant 30 ans. Il nous fait
perdre encore presque 5 points sur le PIB avec les dépenses
excessives en matière de défense nationale et d’armement.
Aujourd’hui, l’Union du Maghreb Arabe ne fonctionne plus, et
c’est à cause du conflit du Sahara : C’est la cause principale du
problème. Il faut savoir qu’aujourd’hui, les potentialités de
reconstitution de l’Union Maghrébine existent. L’affaire du Sahara
est aujourd’hui déclarée comme affaire Onusienne. Le contexte du
printemps arabe a changé d’idée chez les politiciens. Des mesures
pour un rapprochement d’avantage commencent à se sentir : des
visites bilatérales entre les ministres sont effectuées en vue
d’accomplir un travail de coopération par secteurs. Ceci est un bon
indicateur. Espérons que ce travail continue sur la bon voie afin
d’en arriver à une renaissance d’une vraie union du Maghreb,
forte et capable d’accomplir ces buts afin de faire face au nouveau
contexte international.
Introduction ……………………………………………………..…………………………3 L’union du Maghreb Arabe : Toute une histoire ……….…………….…….6 La non construction de l’union : Les facteurs ……………….……….……….7 L’union du Maghreb Arabe : Conséquences de son échec ………………………………………………………………………..………11 Conclusion …………………………………………………………………………..…..…12