Profession écrivainC’est un métier de faire un livre comme de faire une pendule
La Bruyère
Le copisteou scribe, copie les manuscrits dans un ateliermonastique appelé scriptorium. “Ô très heureuxlecteur, lave-toi les mains et prends ainsi le livre, tournelentement les feuillets et pose tes doigts loin des lettres,
car celui qui ne sait pas écrire necroit pas que c’est untravail : il fatigue les yeux,il brise les reins et tord tous les membres. Comme le marindésire arriver au port, ainsi le copiste désire arriver audernier mot.”
La galaxie Gutenberg
Moyen ÂgeLe clerc
Saint Jérôme, traducteur de la Bible
Le temps des manuscrits
En découvrantl’imprimerie vers 1440,
Johannes Gensfleichdit Gutenberg (v. 1397-1468),donne à l’Occident la maîtrise
du livre, mais ausside la science, des arts et
des techniques.
“La main à la plume” Arthur Rimbaud
“L’écrivain public” reste cantonné dansson domaine technique. L’image conventionnelle du “poète crotté” disparaît,
mais les seules sources de revenus restent les pensionsofficielles, les largesses des grands seigneurs… ou lesbénéfices ecclésiastiques. Jusqu’à la Révolution, la conditiond’écrivain n’est pas une sinécure, à moins de disposer d’unefortune personnelle, comme Lesage ou Mirabeau, d’être un
homme d’affairesavisé, commeVoltaire, ou un fermiergénéral, commeHelvétius. Rousseauest obligé de copier dela musique pour vivre,et Diderot de faire destraductions. Corneilleest le premier auteurà vivre de sa plume.
Sans la langue en un mot, l’auteur le plus divinEst toujours quoi qu’il fasse un méchant écrivain.Boileau
Dès 1515, le concile du Latraninstaure l’Index pontifical. C’est au
XVIIIe siècle, en prélude à laRévolution, que pouvoir et littérature
se heurtent le plus : 100 livres sontbrûlés de la main du bourreau
contre 73 au XVIIe et 37 au XVIe.Parmi les embastillés célèbres,
Diderot, Voltaire et Sade… Au XIXe
siècle, Madame Bovary et les Fleursdu mal connaissent
des procès retentissants.
Plaisir d’écrire...
Durant des années, j’ai comptésur le débit torrentiel de l’écritureautomatique pour le nettoyagede l’écurie littéraire.André Breton
Il est aussi facile de rêver un livrequ’il est difficile de le faire.Balzac
Littérature : occupation des oisifs.Flaubert
XVIe siècleLe lettré
de la Renaissance incarnela vision humaniste du savoir
universel et l’idée d’une Europeunie à travers une
“république des lettres”.
XVIIe siècleL’écrivain
La littérature se différencie dudomaine philosophique ou scienti-fique. Le latin reste l’apanage des
savants tandis que les écrivainsdeviennent garants et législateursde la langue française. Descartes,
le premier, écrit en français leDiscours de la méthode
XVIIIe siècle“L’auteur est maître
de son ouvrage.”Diderot
La notion de propriété littérairedate seulement de 1710, même si
l’anglais Milton revendique lecopyright dès 1667. Les
encyclopédistes se battent pendanttout le siècle des Lumières. La loidu 14 juillet 1806 reconnaît enfin
les droits d’auteur. Le régimeactuel est régi par la loi du
11 mars 1957. L’œuvre dontles droits sont arrivés à terme
tombe dans le domaine public.
La Nouvelle Héloïsede J.-J. Rousseau, est le
premier best-seller.
XIXe siècleL’écrivain polygraphe
La révolution industrielle : sous la pression de la presse,
l’écrivain est souvent un forçatdu roman-feuilleton, qui doitd’abord faire ses armes dans
le journalisme. Le Figaro est unepépinière littéraire.
XXe siècleL’intellectuel
L’engagement déplace le centre degravité de l’écrivain à l’intellectuel,
de l’homme de lettres à l’hommede savoir : Jean-Paul Sartre, “guide
des masses”, Albert Camus,“l’homme révolté”...
Le télécrivainou la mort de “l’auteur” ?
Les écrivains qui ont toujoursrefusé de “passer à la télé” :
Henri Michaux, Maurice Blanchot,
René Char, Julien Gracq,Jean-Paul Sartre...
Le diable par la queue
Les risques du métier
De l’horrible danger de la lectureVoltaire
J’ai toujours senti quel’état d’auteur nepouvait être illustre etrespectable qu’autantqu’il n’étaitpas un métier.J.-J. Rousseau
Albert Camus
Jules Vallès
Diderot
Chacun va tirant à ce diable d’argent, vers 1640
Écrivains mauditsVerlaine inventela formule, pour
s’associer à Rimbaudet Lautréamont.
“Mendieurs d’azur”,dira Mallarmé…
Rabelais
Descartes
Goya
Une expériencesurréaliste
Verlaine et Rimbaud
Qui a peur de McLuhan ?Ce sociologue canadien (1911-1980)
prédit la mort de la“galaxie Gutenberg”,
et invente le“village global”
dominé par latélévision.
Chansons d’amour manuscrit du XVe siècle
Keith Haring
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“ ”Un calligrammed’Apollinaire
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Le lecteur, cet inconnuCe vice impuni, la lecture…Valéry Larbaud
codexA l’époque d’Auguste, à Rome,on appelle ainsi, pour le différencierdu volumen, un assemblage de feuillespliées qui donne au livre sa formemoderne. Toutefois, on parletoujours de “volume”...
colophonApparu à la fin du Moyen Âge,il indique en quelques lignes, à la findu livre, les principales référencesde l’ouvrage (nom de l’auteur, titre,lieu et date d’édition...). Aujourd’hui,on l’appelle “achevé d’imprimer”.
ex-librisInscription apposée sur un livre pouren indiquer le propriétaire. Lesbibliophiles utilisent souventdes vignettes artistiques à leur nomou à leurs armes.
incipitSe dit des premiers motsd’un livre ou d’un manuscrit.
incunableNom donné aux ouvrages imprimésavant 1500.
palimpsesteManuscrit dont on a effacé les premièresinscriptions pour pouvoir écrire un nou-veau texte. Pratique courante au MoyenÂge, du fait de la rareté du parchemin.
Les mots de la tribu...
Moyen Âge“Lecteur” veut d’abord
dire enseignant.
A partir du XIVe sièclel’usage du livre d’heures, lié audéveloppement de la dévotion
personnelle, répand lafréquentation du livre dans de très
larges couches de la société. Latradition orale ne disparaît pas
avec la civilisation de l’écrit
XVIe siècleA la conquête de la lecture
silencieuseAlde Manuce (v. 1449-1515),imprimeur vénitien, invente le
“livre de poche” : un in-octavoplus maniable que les volumineuxin-quarto et in-folio de l’époque.
On lui doit aussi le caractèrepenché, l’italique.
1537Le dépôt légal
est instauré par François Ier.Les imprimeurs sont obligés de
déposer deux exemplaires dechacune de leur production à la
Bibliothèque du roy. Il permet deconstituer la bibliothèque royale,
de surveiller le contenu des écrits,et de créer la mémoire
de la France.
L’imprimerie révolutionne lalecture. Le format diminueet l’ouvrage monumental duMoyen Âge, destiné à êtrelu à haute voix sur unpupitre, cède le pas à unlivre aisément maniable.
La révolution typographique permet l’abandon dugothique au profit de caractères plus facilementlisibles. La présentation du livre est une aide à lalecture : création d’une page de titre, mise en pageaérée avec paragraphes et alinéas, mise en valeurdu texte au détriment des enluminures.
Au Moyen Âge, seuls lesmonastères possèdent desbibliothèques. En cas deprêt, il faut fournir ungage - un autre livre ou unbijou. Les livres ne sontpas répertoriés par ordre
alphabétique, mais par disciplines. On aménage aussi despupitres tournants pour la consultation de plusieursouvrages à la fois.Les cabinets de lecture se créent au XIXe siècle pour louerles livres au plus grand nombre à des sommes modiques.
BibliothèquesA l’origine, apanage
des monastères.Jusqu’au XVIIIe siècle,
les livres sontprésentés le dos au
mur, le titre inscrit surun bout de parchemin,
puis de papier, aurecto du plat ou sur la
tranche intérieure. La préoccupation majeure dulibrarius, c’est le vol. Certains livres sont doncfixés aux pupitres au moyen d’une chaîne dont
seul le bibliothécaire possède la clé.
L’Univers, que d’autresappellent la bibliothèque…J.-L. Borges
LibrairiesLes premiersimprimeurs sontmarchands en mêmetemps qu’artisans, etjusqu’au XIXe siècle,éditeur et librairene font qu’un.
Une grande forme en mouvement, la lecture...
Un imprimeur au XVIe siècle
A la Renaissance, leslivres circulent dans destonneaux, “en blanc”,c’est-à-dire en feuilles nonreliées, la reliure sefaisant au goût du client.
Les colporteurs diffusentdans les campagnes la“bibliothèque bleue”.Inventée par Oudot,éditeur à Troyes, dès 1602,c’est une formule quipermet de vendre à basprix, moyennant unequalité médiocre, les“best-sellers” de l’époque.Vecteur de la littératurepopulaire, le colportagesert à propager les idéesd’avant-garde comme leslivres “à l’eau de rose”.Le développement de lapresse, au XIXe siècle,lui est fatal.
Un bon livrene se vend pas plusqu’une femme honnête…Gaston Gallimard
…considérée comme un des beaux-arts
Louis Hachette, 1853 :La littérature de gareinaugure le train deslectures pour tous.
Un vieillard qui meurt,c’est une bibliothèque
qui disparaît.Proverbe africain
Et Fragonard créaLa Lectrice...
Le monde est fait pour aboutir à un beau livre.Mallarmé
Autant de livres,autant de lecteurs.André Gide
La chair est triste, hélas !et j’ai lu tous les livres…Mallarmé
Au XVIe siècle, le nombre totald’éditions atteignait environ 150 000 ; au XXe siècle, il dépassera sans douteles 40 millions. Les happy few auxquelss’adressait Stendhal se sont multipliésmais, à l’instar de Baudelaire, chaque
auteur peuttoujours s’écrier :“Hypocritelecteur, monsemblable, monfrère !”
Un ex-libris
Le Bibliothécaire, Arcimboldo
Marque d’imprimerie d’Alde Manuce
François Ier
Un éditeur au XIXe…
Les Très Riches Heuresdu Duc de Berry.
André Gide
Stéphane Mallarmé par Manet
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L’homme cultivé est le clerc, quipratique les arts libéraux - qui
rendent “libres”- par opposition auxartisans. On rêve de faire, comme
Saint Thomas d’Aquin, la synthèsedes connaissances (Somme
théologique) Les chroniqueurs ou lesdébuts de l’histoire : Commynes,
Froissart, Joinville, Villehardouin.
Les périodes, c’est peut-être très commode pour les historiens, mais dans la vie ça n’existe pas.Aragon
Vents portants…“ ”
1600-1660 Préclassicisme
1635 L’Académie Française
1660 Comédie-Française
1648-1652 La Fronde
1650-1660Baroque et Préciosité
1661-1688 Classicisme
1688-1697 Querelle desAnciens et des Modernes
1699 Quiétisme : le “pur amourde Dieu” (Fénelon)
L’Ancien régime
Moyen Âge IXe-XVe
RenaissanceXVIe - 1515-1610
Contre scolastique etthéologie, science etconscience. Lefèvre
d’Etaples traduit la Bible etJacques Amyot, Plutarque. Henri
Estienne : La Précellencedu langage français. EtiennePasquier : Recherches de la
France. Jean Bodin : LaRépublique. La Boétie…
La révolution cartésienne. Contre l’humanisme encyclopédique,
la connaissance n’est pas uneaccumulation, mais une méthode.
Philosophie = logique + métaphysiqueDescartes, Pascal, Bossuet, Malebranche
Le jansénisme s’oppose aux jésuites au nom de la grâce divine.
La Contre-Réforme catholique, apostolique et romaine.
842 Le Serment de Strasbourg est le premier texte en français
Scolastique et féodalité
1200 Fondation de la Sorbonne
XIIIe La guerre des AlbigeoisLa culture troubadour meurtdans le Midi. Le Nord destrouvères la récupère
1337-1453 Guerre de Cent Ans
Pré-Renaissance
1436 découverte de l’imprimerie
1453 Prise de Constantinoplepar les Turcs. Les savants grecss’exilent en Italie et fondent laRenaissance européenne
1492 découverte de l’Amérique
Humanisme et Pléiade
1507 Révolution copernicienne
1515-1547 François Ier
1529 Création du Collège Royal
1521 La Réforme
1545 Concile de Trente
1548 Interdiction des Mystères.
1572 La Saint-Barthélémy
1598 Édit de Nantes
1632 Le monde selon Galilée
Le Grand Siècle XVIIe
Le siècle des LumièresXVIIIe
1715-1750 Formation de l’esprit critique
1750-1789La lutte philosophique
1750-1772 L’Encyclopédie
1789-1800De la Révolution à l’Empire
PréromantismeLe sentiment entre en littérature
La crise de la conscience européenne(1688-1715) : “philosophes“ avant la
lettre : Bayle et Fontenelle. Naissancedes sciences humaines. Littérature plus
Idées, pour le meilleur - l’Esprit deslois, l’Histoire naturelle, l’Emile et le
Contrat social… Et pour le pire - latragédie voltairienne, le drame
bourgeois ; la poésie ne rime plus…pour cause de didactisme. Naissance
de l’opinion publique, Paris et lessalons contre la Cour. L’aristocratie de
l’esprit, contre les privilèges. Unephilosophie expérimentale et sociale.
Les invasions arabes font redécouvrir lesmathématiques, la médecine, la philosophied’Aristote. La conquête de l’Angleterre parles Normands introduit les légendesceltiques. Les croisades révèlent la gloire deByzance. Marco Polo, le premier des grandsvoyageurs, inaugure les relations de voyage.L’Espagne du XIIe exporte Le Cid. LesNibelungen (Allemagne, XIIIe), ancêtres destroubadours. La France exporte ses chansonsde geste dans toute l’Europe.Le quattrocento (Italie) : Dante, Boccace etPétrarque.
Les guerres d’Italieimportent L’Arioste,Machiavel et laCommedia dell’artequi préfigure notrecomédie classique.Shakespeare met
plus de deux siècles àtraverser la Manche.L’Espagne donne son célèbreroman de chevalerie Amadisde Gaule, qui inspirera lesPrécieux et, a contrario,Don Quichotte.
CosmopolitismeL’Europe parle français, lit français, écrit français…Voltaire chez Frédéric dePrusse ; Diderot et Catherine de Russie. Le modèle anglais
Tolérance, “confortable”, liberté civique,dignité du commerce. Locke, Pope,Richardson, Daniel De Foe, Swift. Entrée de
l’Allemagne : Leibniz, Lessing. LeWerther de Goethe est traduit en1776. La “légende noire” del’Espagne - Inquisition etobscurantisme. Vive l’Europe !Contrefaçon et édition àl’étranger (Hollande,Angleterre…) pour cause de censure…
Robinson Crusoë
Paul et Virginie deBernardin deSaint-Pierre
L’Historien, Manuscrit des“Chroniques” de Jean
Froisssart
1660-1715Règne de Louis XIV
Le baroque, une traînée de poudre sur toute l’Europe, et dans tous les domainesartistiques. Góngora en Espagne, Marini etBernin en Italie, euphuisme anglais. L’apogéedu classicisme, au sens propre du terme, dans
toute l’Europe.L’AngleterreElisabéthaine, et leSiècle d’Or espagnol enphase avec le siècle deLouis XIV.
Je pense donc je suis.Descartes
Le moi est haïssable.Pascal
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Descartes en visite à la cour de Suède
Miniature du roman Renart le Nouvel XIIIe siècle
La Divine Comédie,Dante
Erasme
Sphaera
l’Europepersonnifiée,
allégorie du XVIe
Luther
Montaigne
Le Bernin, Grenade
Rousseau herborisant
Planche de l’Encyclopédie
Diderot, Fragonard
Voltaire jeune, Quentin de la Tour
Le château de Versailles
…parce que c’était lui, parce que c’était moiMontaigne.“ ”
Madame de Pompadour Les comédiens italiens, Watteau (détail)
Fontenelle méditant surla pluralité des mondes,gravure de Moret, 1791
Louis XIV en Apollon, J. Werner le jeune
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PsychanalyseL’œuvre de Freud est traduite en 1921
Gaston Bachelard, Teilhard de Chardin,Phénoménologie
Maurice Merleau-PontyExistentialisme : Jean-Paul
Sartre, Gabriel Marcel.Absurde : Albert CamusStructuralisme : Claude
Lévi-Strauss, MichelFoucault, Jacques Lacan,
Roland Barthes.
Maîtres à penser… Raymond Aron, Louis Althusser, Edgar Morin,
Alain Touraine, Jean Baudrillard,Pierre Bourdieu, Emmanuel Levinas,
Michel Serres, Jacques Derrida,Gilles Deleuze, Félix Guattari…
Situationnisme : Guy Debord : La Société du spectacle
“Nouveau”… histoire, critique, philosophie, roman…
On se trouve bien dans tout pays d’accueillir les influences étrangères…Mme de Staël
Siècle de feu et de ferXIXe
1804-1814Premier Empire
1815-1830Restauration
1830Révolution
1830Prise d’Alger
1830-1848Monarchie de Juillet
1848Révolution
1848-1871 Second Empire1871 La Commune
Années 1880Expéditions coloniales
1881 Loi instaurant la liberté dela presse
Impressionnisme
Traditionalisme : Joseph de MaistreLes idéologues : Maine de Biran, Destutt deTracy, Cabanis. Le public n’est plus ce qu’il
était… Sainte-Beuve prédit la “littératureindustrielle”, sous l’influence grandissante
et conjuguée de la presse et de l’opinionpublique. Genres-rois : roman et théâtre.
Libéralisme : de Tocqueville et Benjamin Constant à Paul-Louis Courier.
Socialisme utopique : Saint-Simon, Fourier,Proudhon. Positivisme : Auguste Comte
Anglomanie La France romantique découvreShakespeare… Young, Milton, Byron, Ossian,Walter Scott : naissance du roman historique.Les brumes allemandes Mme de Staël lance
un engouement, qui ira de 1814 à1870. Kant, Fichte, Schelling.Henri Heine s’installe à Paris.Nerval traduit Goethe, Les Contesd’Hoffmann inspirent-ils les“comptes d’Haussmann” ?…Wagner déclenche une révolution
plus que musicale… L’Espagne joue le grandair de Carmen, qui envoûte Hugo, Gautier,Mérimée, Dumas. Tandis que Goya peint lecauchemar napoléonien. Entrée de la Russieà partir de 1860. Pouchkine et Gogol avantDostoïevski, et Tourgueniev, francophileémérite, correspondant de Flaubert…L’Atlantique est franchi. Les Histoiresextraordinaires, d’Edgar Poe, traduites parBaudelaire.
…Vents d’ailleursLes temps modernes
XXe SiècleCinéma, télévision, ordinateur, libération
de la femme, décolonisation, mondialisation1898-1906Affaire Dreyfus ; naissance des“Intellectuels”
1909Marinetti : Manifeste du futurisme
1910Le cubisme
1914-1918La Grande Guerre
1916Dada à Zurich
1917Révolution russe
1919La revue LittératureSurréalisme
1920Congrès de Tours. Création du PCF
1936Front PopulaireGuerre civile espagnole
1945Existentialisme
1947Apparition du mot goulag dans J’ai choisi la liberté, de Kravchenko
1948Début de la Guerre froideLe 1er ordinateur
1951Les Cahiers du Cinéma ou le “cinéma d’auteur”
1952-1954Guerre d’Indochine
1954-1962Guerre d’Algérie
Années 60Structuralisme
Mai 1968
1989 Chute du mur de Berlin
Le monde véritable que la sciencenous révèle est de beaucoup
supérieur au monde fantastique créépar l’imagination.
Ernest Renan
Je me suis rencontré entre lesdeux siècles comme au confluent
de deux fleuves…Chateaubriand
Avant 1914
Entre-deux-guerres
Années folles, années noires
La “montée des périls” La guerre d’Espagne est un tournant de conscience
- Bernanos, Malraux…
1939-1945Les voies de la guerre - résistance ou collaboration -
sont aussi littéraires…
Les lendemains qui déchantent
Les “sciences humaines” investissent tous les champs d’investigation et d’action autour
de la littérature.
ContemporainesAprès Barthes, le “style” devient définitivement
“écriture”, et l’auteur aventurier d’un texte perdu.“Le philosophe doit devenir journaliste“
Michel Foucault.
Le mur, et après…
Personnalisme :Emmanuel Mounier
fonde la revue Esprit,d’inspiration
chrétienne.Intuitionnisme : Henri Bergson
Les maîtres à penser de la Belle Epoques’appellent Anatole France, Romain Rolland,
Maurice Barrès et Charles Maurras.Sociologie : Emile Durkheim
Linguistique : Ferdinand de Saussure1857-1913 (édition posthume ; 1916)
«Toutes ces femmesde Paris avec leurs
cuisses nues, sidouces, sous
leur jupe mince».Paul Morand
Montparnos BluesVan Dongen (1925)
Il y a longtemps que je suis appliqué à saisir en moi, de toutes manières,
les données de l’inconscient…Max Jacob
Il ne faut pas confondre une littérature d’avant-garde avec une
littérature d’arrière-train.Alfred Jarry
Les monstres du siècle sont étrangers…
Dans le “village planétaire”, l’âge d’or duroman “made in USA” Dos Passos,
Hemingway, Faulkner,Steinbeck… Toutesnationalitésconfondues…Strindberg, Kafka,Brecht, Pirandello,Rilke, Borges,Soljenitsyne et Umberto Eco.La francophonie
1850-1880Réalisme et naturalisme
1820-1850Romantisme
Symbolisme
Marx : le communisme Nietzsche : l’élan vital
Freud : la psychanalyse Einstein : la relativité
Guernica, Picasso
C’est à un espace de l’étrangeté dans lalangue et de la langue que la francophonie
doit son développement. Nabile Farès
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“
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Un sans-culotte et une révolutionnaire
La Liberté guidant lepeuple, Delacroix
Goethe dans lacampagne romaine,
Tischbein
Napoléon, caricature
Les chemins de fer LKa grève, Adler 1899
Impression, soleil levant,Claude Monet
“J’accuse” Zola etl’Affaire Dreyfus
Flag on Orange Field, Jasper Johns (1957)
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Le droit au refus.L’époque est mécène, mais
Rabelais connaît censure, exil et prison. Au“que sais-je ?” de Montaigne répondent “le
bruit et la fureur” de Shakespeare etl’héroïsme pitoyable de Don Quichotte.
L’humanisme est combat et vigilance.
Je ne bâtis que pierres vives, ce sont hommes.Rabelais
Humanisme et RéformeDu libre examen à l’espritcritique, pour la scienceet la vérité, à n’importequel prix… la longue etcourageuse postérité del’humanisme.
Humanisme et imprimerieL’invention de Gutenberg,vers 1440, est un“présent divin”.
Les guerres d’Italie importentle quattrocento. De la chutede Constantinopleà l’assassinat d’Henri IV.1453-1610.
Humanisme
Tant qu’il y aura des hommes…“Le culte de tout ce qui est del’homme…” Renan.
“On ne peut plus vivre sanspoésie, couleur ni amour.”Saint-Exupéry.
Contre La Peste, l’Hommerévolté, Camus.
“Qu’entendez-vous par dignitéhumaine ? - Le contraire del’humiliation, répondit Kyo.”Malraux, La Condition humaine.
“
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Je t’ai installé aumilieu du monde…Pic de la Mirandole
Des lettres humainesLe retour aux sources est principe et révolution.Guillaume Budé, Jacques Lefèvre d’Etaples, Fichet,Amyot inventent la philologie et traduisent sans trahirles textes fondateurs : grecs, romains…sans oublier l’hébreu pour la Bible.
Pour fairel’homme à sonimage,l’idéal humaniste estune école de rigueur,de liberté etd’enthousiasme.A l’abbaye de Thélème,
Rabelais imprime la devise : “Fay ce que vouldras.”Les “Lettres d’humanité” forment l’homo sapiens.
Chaque homme porte en soila forme entière de l’humaine condition.Montaigne
L’éclat des lumièrescontre les “barbares”, les “goths”, lesthéologiens scolastiques effrayés parce retour aux sources trop vives de la
foi… Lefèvre d’Etaples relit la Bible etdénonce les abus - le célibat des prêtres,
par exemple…
Science et véritéDepuis Copernic la Terre tourne autour du
Soleil, malgré l’abjuration de Galilée,en 1531… L’anatomie est pratique courante avec
Ambroise Paré, et un moine, médecin de surcroît,opère en public une des premières dissections sur
corps humain. Il s’appelle François Rabelais.
La Réformes’inscrit dans la pensée humaniste,
même si elle aboutit à la barbariedes guerres de religion…
L’humanisme se définit pourtant contreles fanatismes de tous bords.
Un monde ouvertLe château féodal perd sesmeurtrières et devientchâteau de plaisance, ouvertsur un site choisi. Libre est
la circulation des idées et deshommes ; l’érudition est “circulaire”(G. Budé). François Ier ouvre sabibliothèque de Fontainebleau,l’enrichit de manuscrits anciens etd’ouvrages nouveaux par le dépôtlégal. En 1529, il crée le Collègeroyal, futur Collège de France,pépinière et vivier humaniste.
Le seul mot de passe,c’est l’homme.Gide
Attention !“Ceux qui parlent trop souvent de
l’humanité ont une curieuse tendance àdécimer les hommes.” Anouilh
Le souci pédagogiquetraverse le siècle, de Rabelais à
Montaigne. Mais la boulimie“pantagruélique” reste à l’échelle
humaine : une “tête bien faite”plutôt qu’une “tête bien pleine”.
L’éducation de la liberté s’oppose àla scolastique moyenâgeuse des savants
“pituiteux, chassieux et crasseux” et refusel’imitation servile des Anciens.
“ ”Au nom de l’homme
la substantificque moëlle.Rabelais“ ”
”
“ ”… D’après ton vouloir etpour ton propre honneur,modeleur et sculpteur detoi-même, imprime-toi la
forme que tu préfères.Pic de la Mirandole
“
”
Science sans consciencen’est que ruine de l’âme.Rabelais
“ ”
Secunda musculorum tabula, André Vesale
Erasme par Holbein
François Rabelais par Pierre Sablon
Le Pédagogue ridicule,G. Mathieu
Humani corporis mensura, gravure sur bois
Une révolution culturelle La “République des lettres”
Agrippa d’Aubigné par P. Scarburgh
Ce siècle,autre en ses mœurs,
réclame un autre style.Agrippa d’Aubigné
Guillaume Budé par Jean Clouet
Montaigneélu et réélu maire de Bordeaux
François Ier
CitoyenL’idéal d’héroïsme civique, emprunté aux Romains, prône un homme libre dans une cité libre ; hommed’action, il choisit l’engagement, le contact des autres,en artisan de son propre destin.
Soldat de la paixAprès les terribles pestes du XIVe siècle et lesravagesde la guerre de Cent Ans, Rabelais imagine la guerrepicrocholine pour condamner aussi bien les guerres
Champion ducosmopolitisme
A l’heure des grandesdécouvertes, curiosité et
mobilité signalentl’humaniste. L’Europe estd’actualité vivante, et les
voyages formentl’humanisme de la maturité.
… Un certain polygraphequi ne cesse d’user desa plume pour faire haïr laguerre et aimer la paix.Erasme par lui-même
Tout le monde est plein degens savants, de
précepteurs très doctes, delibrairies très amples.
Rabelais
“”
“”Entrée de
Henri II, roide France,
à Rouen(détail)
”
En continuelle mutation et branle.Montaigne
Saint Socrate, priez pour nous !Erasme
Notre monde vient d’en trouver un autre…Bien crains-je que nous aurons bien forthâté sa déclinaison et sa ruine par notre
contagion, et que nous lui aurons biencher vendu nos opinions et nos arts.
Montaigne
“
”
Humanisme et RenaissanceSphaera, XVe siècle
Comment oninstruit lajeunesse
“”
Étude d’un embryon,Léonard de Vinci
“ ”
Des idées et des hommesLe mot “humanisme” n’apparaîtqu’au milieu du XIXe siècle pourdéfinir le mouvement intellectuelassocié au réveil des langues et dela littérature anciennes, à l’époquede la Renaissance.
Au XVIIIe sièclel’esprit des Lumières reprendle flambeau : L’Encyclopédieet le mythe du bon sauvage.
Au XXe siècleL’Existentialisme est un Humanisme : un titre et un programme.
Héraut de la tolérancePour l’enrichissementpar la différence, au nom dela clairvoyance : ne dit-onpas, dans la symboliquedu XVIe siècle, que les
lunettes sont l’apanage des sots ?…
Frotter et limer notre cervellecontre celle d’autrui.
Montaigne
Je désire être citoyendu monde.
Erasme
Mercure,Jean de Bologne
Au collège deCoqueret,Dorat forme lafuture Pléïade,qui applique lesrègles humanistesau renouveau dela poésie et à
la “Défense et illustration dela langue française”.
“”
“ ”Les Ambassadeurs, Hans Holbein
“
De l’éducation libérale des enfants.Erasme“
Voyages en Amérique,Théodore de Bry
Adam et Eve, Albrecht Dürer
La Géhenne,gravure du XVIe siècle
La Saint-Barthélemy, gravure
Pierre Ronsard
”
Concert dans la courd’un château,
émail limousin
Un des projets initiaux duchâteau de Chambord
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Il faut instruire et plaire.La Fontaine
Puisque le mot “classique” n’existe pas, Voltairel’invente… en 1761 ! L’auteur du Siècle de LouisXIV appelle ainsi les “Modernes” pour lesdifférencier des “Anciens”… Il faut attendre leXIXe siècle et la réaction romantique pour quele classicisme prenne son sens actuel…
Blaise Pascal : Inventeur de génie - la machine àcalculer, la brouette… Polémiste de talent, aunom de la rigueur janséniste contre lechristianisme, trop laxiste selon lui, des jésuites.Écrivain dont “l’éloquence se moque del’éloquence”, pour le pari de la sincérité.“On croyait trouver un auteur, et l’on trouve unhomme.”
1685 Révocation de l’Edit de Nantes
1688-1697Querelle des Anciens et des Modernes
A l’origine, on appelle“classique” ce qui est depremier ordre, “digned’être enseigné dans lesclasses”. Le classicisme estun club d’immortels…
Le classicisme rayonnetraditionnellement,mais arbitrairement surtout le XVIIe siècle
Humanisme,christianismeet rationalismecomposent ensemblecette alchimie qu’onappelle classicisme
Point fixe horsde l’espace etdu temps, le classicismeexprime une tendanceuniverselle et unâge d’or, l’apogée detoute civilisation.
1635Fondation de L’Académie française1666Colbert installe la Bibliothèque nationalerue Vivienne1669Fondation de l’Opéra
1680Création de la Comédie-Française
Je suis maître de moicomme de l’univers.Corneille
Quand Versailles m’était conté…
Les allées du RoyMercenaires du plus grand des
mécènes, les écrivains sont reçus à lacour à l’égal des nobles courtisans et
Louis XIV est connaisseur… mais Colbertet Chapelain tiennent la liste des faveurs.
Chaque année, les “récompenses” sontrévisées… Racine commence au bas de
l’échelle pour finir historiographedu roi… au détriment de la tragédie.
La Fontaine, frondeur impénitent, joue leloup contre le chien… et attend un an la
ratification de son élection à l’Académie !
Dans les règles de l’artLe jardin à la française pour illustrer l’ArtPoétique de Boileau. Les arts et lettres vivent àl’heure des Anciens. Les sujets sont empruntésà l’Antiquité ; les règles classiques inspiréesd’Horace et d’Aristote sont inflexibles.
Au théâtre, les fameuses trois unités- lieu, temps, action - ont force de loi.La séparation des genres est garante du bongoût. Vraisemblance et bienséance sont lesmamelles de la France classique.
Les genres mondainsfont une entrée remarquée oùl’aristocratie se forge d’autreslettres de noblesse.
La grande règle de toutes les règlesest de plaire et de toucher.Molière
Colbert
Racine
“
Une comptinetrès classique :
Sur la Racinede La Bruyère,la CorneilleBoileaude La FontaineMolière.
Molière
La Bruyère
Boileau Corneille
L’honnête hommeLe héros cornélien a vécu.La naissance n’est plus seulgage d’aristocratie, et lesjeux de l’esprit remplacentla gloire des armes. L’art deplaire à la cour forge unidéal de modération,simplicité et respectd’autrui.
Il faut qu’on ne puisse dire qu’il estmathématicien,ni prédicateur, ni éloquent, mais ilest honnête homme : cette qualitéuniverselle me plaît seule.Pascal ”
Classicisme
L’éloge de la raisonLe Discours de la Méthode créel’esprit cartésien. La nouvelleAcadémie impose le bon
usage de la langue contre modes etpatois. Le grammairien Vaugelas donne sesRemarques sur la langue françaiseet les dictionnaires apparaissent pourdicter la loi du mot juste.
Genre-roi, il donne le ton. Tragédie etcomédie sont à leur apogée, et la maisonde Molière devient la Comédie-Française.Les divertissements royaux sont merveillesde machineries, où l’astre royalparaît en personne. Pascal dénonce le”divertissement“, mais l’église elle-mêmeest au goût du jour, et Bossuet fait sallecomble à chaque sermon.
Il y a une espèce de honte d’êtreheureux à la vue de certaines misères.La Bruyère
La parfaite raison fuit toute extrémité.Et veut que l’on soit sage avec sobriété.Molière
Petit Louis prend sa revancheet efface jusqu’au souvenir de
la Fronde (1648-1652) enimposant l’image souveraine
du Roi-Soleil.
Sous le signe du théâtre
Mon imitation n’est pas un esclavage.La Fontaine
On prend quelquefois le mot classique comme synonyme de perfection…
Ordre et beauté“L’art naît de contrainte, vitde lutte et meurt de liberté.”André Gide“L’enthousiasme n’est pas unétat d’écrivain.”Paul Valéry
La langue et le style“Toutes les sauvageriesdu monde ne valent pas unjardin à la française.” PéguyFrancis Ponge écrit Pour unMalherbe de façon à restituerà la langue française “l’ordreet la force”.
“Si, par classicisme, on veutexprimer qu’un auteur n’écritpas dans un style salopéou plein d’acrobaties inutiles,disons-le.” M. Yourcenar
Métier“Un romantique qui a apprisson art devient un classique.”Valéry
Modernité“L’avant-garde, c’est notretemps justement parce quec’est classique.”Ionesco
Une littérature après leclassicisme ?“En réalité, il n’y a pas delittérature classique ni delittérature romantique.Il y a, d’une part, la littératuresaine, intelligible, dont lesmots restent dans un rapportfidèle avec les objets qu’ilsdésignent et, d’autre part, lalittérature viscérale, qui s’estdonnée aux femmes et où lerespect des mots, de la valeurpropre a fait place au culte duflou, du vague, de l’étrange.”Marcel Aymé
“ ”
“ ”“ ”
“ ”
“ ”
“ ”
L’envers du décor
“ ”
Molière en habitde Sganarelle,gravure de Simonin
Louis XIV en Apollon,J. Werner le jeune
Dessin aquarelléde Durand
Pascal et les religieuses de Port-Royal
Vue perspective du château de Versailles, Pierre Patel
Molière
1661-1715Règne de Louis XIV
Le Roi Soleil
Costume deLouis XIVen Apollon
Contes et fables,ou le grain de folie dans
les rouages de la raison classique.Perrault et La Fontaine prennent date
pour une longue postérité.
Les lettressont un genre inéditoù s’illustrentune marquise,Mme de Sévigné,et un comtemystérieux,Guilleragues,traducteur de lanon moins mystérieuseReligieuse portugaise…
Maximes et mémoiresimmortalisent les noms de deux ducs,La Rochefoucauld et Saint Simon.
Le romanclassique s’intitule la Princessede Clèves, et Madame de La Fayetteinaugure l’ère du romanmoderne.
Et la poésie ?Le moi étant “haïssable”, lyrisme nerime pas avec classicisme. SeulLa Fontaine fait exception, “paysandu Danube” de son temps…
L’honnête homme
Gravure du XVIIe siècle
l’Ordre moral détournéLa Contre-Réforme étend sur la France
son intolérance très catholiquePersécutés, les protestants n’ontd’autre choix que la conversion
ou l’exil. La censure est instituée surtous les théâtres…
Misère et obscurantismeLa Bruyère exprime pour la première
fois avec Fénelon une révolte sociale.Philosophes avant la lettre, Bayle et
Fontenelle opposent les lumières de la science à la superstition.
Figure caricaturale de la Ligue
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Préromantisme
1761Rousseau
La Nouvelle Héloïse
1787Bernardin de Saint-Pierre
Paul et Virginie
1791Sade : Justine
1802Chateaubriand : René
1804Senancour : Oberman
1810Mme de Staël
De l’Allemagne
1816Benjamin Constant
Adolphe
1820 - 1850Romantisme
1820Début des traductions de
Shakespeare, Goethe, Shiller,Byron
Lamartine : Méditations
1823-24La Muse Française
Salon de Nodier à l’Arsenal fondation du journal Le
Globe
1828-30Le Cénacle chez Victor Hugo
1830Bataille d’Hernani
Stendhal : Le Rouge et le Noir
1843George Sand
La Petite Fadette
1833-44Michelet
Histoire de France
Ruines et cimetièresattirent le promeneur romantique - réjouissancesmacabres, messes noires et autres pratiquessataniques. L’exhumation est de rigueur : après
Herculanum et Pompéi, leMoyen Âge, l’art gothique,le baroque refont surface et lalittérature-troubadour piétineles ”vieilles perruques“…
Sous le signe de Satanle romantisme arbore sa face frénétique. Le roman noirest importé d’Angleterre. L’imagination déballe le grandjeu de la cruauté et du fantastique. Charles Nodierouvre le défilé des conteurs : Balzac, Mérimée, Gautier,Nerval, Villiers de l’Isle Adam : cauchemar ethallucination garantis… Place aux marginaux :
Don Juan, le poète maudit, le pirate, et Caïn, le mal absolu.
Le mal du siècleest nostalgie de l’AncienRégime chez desaristocrates dépossédés,rongés par un sentiment desolitude et d’échec. Avec le temps, la posearistocratique à la Byron,mort en héros à la bataillede Missolonghi, s’affadit en”bovarysme“ ou s’exaspèreen ”spleen“.
Le romantisme… est dans la manière de sentir.Baudelaire
Romantisme
Un classique,c’est un romantique arrivé.Edgar Degas
Êtes-vous romantique ?Si c’était…une couleur :Le Rouge et le Noirun animal :L’Albatros, de Baudelaireune maladie :la tuberculose, qui emportaChopin… et laDame aux caméliasun paysage :le mont Blanc ou les ruinesde l’Acropoleune fleur :Le Lys dans la vallée,
de Balzacun personnage historique :Napoléonun défi :la dictée de Mériméeun instrument de musique :le piano.
L’éternel romantiqueTous les écrivains qui prônentune littérature irriguée par lapassion et le vécu, contrel’impersonnalité. Unelittérature de confiance dans lacréation et l’art contre letragique de la conditionhumaine. Sachant que lesdjinns et autres vampires sontremplacés, depuis lesurréalisme, par les pulsionsou les complexes del’inconscient…
La force de l’exceptionLe grand poème de l’homme :Roger Martin du Gard,Jules RomainsL’élan vital : BergsonPassion et nostalgie : BarrèsLittérature de l’exploit, dudépassement : Malraux,Saint-ExupéryLittérature aux dimensions“totales” : ClaudelLittérature de la révolte :Camus.“
“ ”
…et lumière
Couleur localeDépaysement et recherche
d’absolu imposent le voyage.Explorant le passé, on fait
renaître les traditions et, auxquatre coins de l’Europe, se
lèvent des revendicationsnationalistes. Le goût du
pittoresque est un besoind’ailleurs : Colomba ou Carmen. Aux marches de
l’Orient, odeurs et couleurs, comme la saveurdes “verts paradis“ de l’enfance.
Barricades de l’histoireLe grand air de la libertéaccompagne les révolutions.Lamartine au balcon après 1830renvoie à Hugo, l’exilé duSecond Empire. Le poètedescend de sa tour d’ivoire.
Le socialisme naissant inspireune littérature de la colère.
Pour défendre la femme, le paysanexploité, la prostituée, le forçat, lesMisérables… George Sand, Vallès, Lamennais, et la grande voix de Victor Hugo, “écho sonore” de son siècle.
La poésie renaîtdu sommeil des Lumières, plusbelle que jamais. Pas d’artpoétique, mais ce ”vague des
passions“ quiexacerbe lesentiment etprivilégie le lyrismepersonnel.
”
Alfred de Musset
Monsieur Michelet, caricature duNouveau Panthéon charivarique,lithographie de Paul Hadol
“Une force de la nature”
Alfred de Vigny
Ombre…
Je suis leténébreux- le veuf -l’inconsolé.Nerval
“”
Littérature totale
Napoléon passant le coldu Grand-Saint-Bernard, David
Les plusdésespéréssont les chantsles plus beaux.Musset
“”
René, gravure de Delannoy
Des héros noirsQuand Chateaubriand invente René,sur le modèle du Jeune Werther de
Goethe, une vague de suicidesconsacre cette mode ravageuse.
”Ô mort, vieux capitaine…“consolation, refuge, évasion : outre-
tombe ou promesse de nouveau. Etdéfi sublime à la médiocrité
bourgeoise, le saut de l’ange noir. Mort violente, depréférence : Pouchkine tué en duel, Hölderlin emporté
par la folie, le suicide éminemment romantique de Kleist et de Nerval…
Le romantismen’est pas unedoctrine littéraire,c’est une façond’entendre la vie.Georges Duhamel
“
”
Voyageur au dessusde la mer de nuages
Caspard David Friedrich
1850Mort de Balzac
1855Suicide de Nerval
Hamlet et Horacio au cimetière,Delacroix
Affiche de librairie par Grasset (1887)
Goethe dans la campagne romaine,Tischbein
Femmes d’Alger dansleur appartement, Delacroix
La Justice et la Vengeance divine poursuivant le Crime,
Pierre-Paul Prud’hon
… Les brumescolorées de l’Orient.
Nerval“
Le classicisme,c’est la santé ; le romantisme,c’est la maladie.Goethe ”
“
“A nous deux, maintenant !“Le rêve de Prométhéehante l’âme romantique.Passion, enthousiasme,goût de l’action forgentdes titans au chevet dumonde : le Balzac de laComédie humaine, Hugoet la Légende des siècles,Alexandre Dumas. Balzacinvente Rastignac, etStendhal Julien Sorel,les héros de l’énergieromantique.
”
La Liberté guidant le peuple Delacroix
La liberté dans l’artA bas les règles classiques, tout est permis,les genres se mélangent et les verrous sautent :prosaïser la poésie, poétiser la prose. Le drameromantique, sur le modèle shakespearien,révolutionne le théâtre. Le roman devientl’“épopée bourgeoise moderne” (Hegel) :
historique, social,régionaliste, policier,roman-feuilleton, à l’eaude rose… Les créateursrêvent de “sommes”,d’œuvres totales.
L’art n’a quefaire des lisières,
des menottes,des bâillons.Victor Hugo”
La Grande Chevauchée de la postérité,Grandville
“
Le romantisme esteuropéen. Né dans lesbrumes du Nord- Angleterre et Allemagne -le “Sturm und Drang”(Tempête et Assaut) reniel’esprit des Lumières.
La France est uneromantique tardive :une forte traditionnéo-classique et un certainNapoléon ne jurant que parl’“ancien régime” littéraire.
Le mot “littérature”acquiert son sensmoderne à l’époqueromantique : du concept techniqueà une conception créativeet esthétique.
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La terre est bleue comme une orange.Paul Eluard
“Quand l’homme a vouluimiter la marche, il a crééla roue, qui ne ressemblepas à une jambe. Il a faitainsi du surréalismesans le savoir” Apollinaireinvente le mot. Troisparrains : Rimbaud,Lautréamont et Jarry.
Le surréel ne s’opposepas au réel comme l’irréel,mais lui intègrel’imaginaire.Poésie contre roman.
Mouvement nonexclusivementlittéraire,qui remet en cause lasignification même del’art… sauf peut-êtrela musique. C’est uneactivité mentale.
Ce n’est pas une école,et toutes les expériencesfinissent par êtreindividuelles. Mais lesurréalisme a imposédans le monde entierune référence universelle.
Naissance du surréalisme 1919Les Champs magnétiques
André Breton et Philippe Soupault(1re “écriture automatique”)
• Benjamin Péret 1920
• Dada (Tzara) 1922• Desnos, Vitrac
1924La Révolution surréaliste
• Artaud, Queneau, Leiris, Limbour
1925 • Jacques et Pierre Prévert, Duhamel
• Soupault est “excommunié” 1926
1927Breton, Aragon, Eluard
et Péret adhèrent au PCF
•Vitrac (tiédeur politiqueet déviation artistique)
• Artaud (ostentation)
19292e Manifeste du surréalisme
• Desnos (coquetterie littéraire)
• Leiris, Prévert, Char, Sadoul, Dali
1930 Les exclus du mouvement
publient un pamphlet anti-Breton
1932 • l’“Affaire Aragon”
(positions infamantes)
• Roger Caillois
1933 Revue Minotaure
1935Suicide de René Crevel
• Le Grand Jeu (Daumal, Vailland)
1936 • Dali (conversion au fascisme)
1939 • Eluard (communisme)
1939-1945Breton s’exile aux USA
L’Honneur des poètes (1943) (Eluard, Aragon, Tardieu, Desnos,
Ponge, Seghers, Pierre Emmanuel, LoysMasson). Le Déshonneur des poètes,
Benjamin Péret (1945)
Desnos, Max Jacob assassinés par les nazis
Et il ne reste bientôt plus que Benjamin Péret auprès d’André Breton,
combattu par les communistes etconcurrencé par les existentialistes…
Mais, surréalisme pas mort… 1947
Un nouveau groupe autour de Breton.
• Alain Jouffroy, Sarane Alexandrian,Pieyre de Mandiargues
• Max Ernst 1954(auto-exclusion pour Prix de peinture,
Biennale de Venise)
• Joyce Mansour 1955
Revue La Brèche 1961
Mort d’André Breton 1966
Revue l’Archibras 1967-1969
1969• auto-dissolution du groupe surréaliste
• adhésion / • exclusion
Surréalisme“ ”
C’est de la boue dansla composition delaquelle n’entrentguère que des fleurs.André Breton
Retrouver la faculté d’émerveillement et forcer le réelpar le “hasard objectif” de la rencontre ou de la
trouvaille. Les objets se laissent détourner, manipuler,ré-inventer : “poème-objet” de
Breton, “objets à fonctionnementsymbolique” de Dali, ou “ready-made” de Marcel Duchamp : aulieu de faire d’un égouttoir une
œuvre d’art, il utilise unRembrandt comme planche à
repasser…
Au-delà d’Eros et de ses jeuxpervers hérités du grand
ancêtre, Sade, c’est l’émotionqui compte - la femme, comme
l’art, centre et circonférenced’une recherche primitive de“sympathie”. Mais la femme
surréaliste reste marginale dans le groupe. Malgré sesappels à l’émancipation, lesurréalisme est resté dans
l’alternative mythique : fée ou sorcière.
Table rase“Plus rien, rien, RIEN, RIEN, RIEN.”
AragonAnarchisme
“… une révolte absolue, une insoumission totale,un sabotage en règle.”
BretonTerrorisme
“L’acte surréaliste le plus simple consiste,revolvers aux poings, à descendre dans la rue et à
tirer au hasard, tant qu’on peut dans la foule.”Breton
Révolution“Monde occidental, tu es mort… Nous nous
liguerons avec les grands réservoirs d’irréels.”La Révolution surréaliste, n° 4, 1925
L’humour noir estmorale et règle de vie,pour concilier la soifde jeu et le besoind’action. Mais “lesurréalisme au servicede la révolution” faitlong feu. Plus fort queMarx et le PCF, le rêvelibertaire et l’utopie…
Les réunions du groupese succèdent
et prennent toutes plusou moins l’aspect
de tribunauxrévolutionnaires.
G. Duhamel
La clé des champs
La clé des songes
Enfants de Freud, les surréalistessont oniriques mais pas
psychanalytiques. Le “sommeilhypnotique” est une technique pourfaire du rêve un moyen de création,non de transcription. Sans compter
que, de rêve à rév…olution…
Au nom de Freud et de Dada, des jeunesgens en colère, après la boucherie de14-18, découvrent les pouvoirslibérateurs de l’inconscient. Deuxétudiants en médecine au front : LouisAragon et André Breton, qui faitdécouvrir Freud en France et devient le“pape” du surréalisme. Mouvementcollectif, et provocateur. Revues, tracts,enquêtes, collages, séances d’hypnose,
expositions, manifestes et manifestations. Leur premier texte : Un cadavre,pamphlet iconoclaste aux funérailles d’Anatole France en 1924.
Portrait degroupe avec
scandale
Freud : l’honneurétoile noire (le Rêvedans le nouveau jeude tarots iventé par
les Surréalistespendant la guerre)
“Au Rendez-vous desamis”, Max Ernst.1 Crevel 2 Soupault4 Ernst 6 Dostoïevski9 Eluard 10 Paulhan11 Péret 12 Aragon13 Breton 17 Desnos…
La Clé des champs,René Magritte
Papillon-tract dada, 1922
Je chante pour chanter,je t’aime pour chanter.Eluard
Ailleurs, le voyage,anticipé par Cendrars, le
“bourlingueur”, et sublimé dansle cinéma ou les paradis
artificiels. Rêve multiforme,plongée dans l’inconscient qui
aboutit à la démence, chezArtaud, ou au suicide, Crevel.
Redécouverte de Nerval,romantique et fou etjustement suicidé…
Le cadavre exquis est un jeu de papierplié qui consiste à fairecomposer une phraseou un dessin parplusieurs personnes…
…beau comme la rencontre fortuite d’une machine à coudre et d’un parapluiesur une table de dissection.Lautréamont
Ou bien le salut par l’artRetrouver le sens du naïf, du
primitif, contre la civilisation,pour une survivance
“du temps et du rêve”.
Il y a un autre monde,mais il est dans celui-ci
Paul Eluard
Révolte sans révolution
Premier numéro dela revue, déc. 1924
Ecrire pour ne pas écrire…hypnose, écriture automatique,cadavres exquis, collages, frottages,décalcomanies… Le langage n’est plus communication, mais tremplinpour l’esprit. L’écriture doit donner la parole à l’imaginaire enfoui sous la conscience.
“”
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L’œil existeà l’état sauvage.
Breton
“ ”
“ ””“
“ ”
“
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“Le Faux miroir”,René Magritte
Louis Aragon René Crevel André Breton
Couverture de Nadja, André Breton
La Joconde, interprétée parMarcel Duchamp
André Bretonà Laval
La clé des songes, René Magritte
l’amour la poésie
L’aventure contre la littérature
“Une vague de rêves”
Étonnez-moi !…Dictée de lapensée, enl’absence de toutcontrôle exercépar la raison, endehors de toutepréoccupationesthétique oumorale.Breton ”
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le Parnasse1860-1866Dans Émaux et Camées,Théophile Gautier enfermela poésie dans un écrin etLeconte de Lisle écrit des“poèmes-musées”. Au nomde “l’art pour l’art”, commeThéodore de Banville,José-Maria de Heredia,Sully Prudhomme.
PanacheStyle travaillé et tenue
sophistiquée. La pointe faitmouche : la préciosité
développe la satire, Proustécrit des pastiches, et
Huysmans a “le style de sesnerfs” (Valéry). Georges Perec,
virtuose des lettres, écrit toutun roman sans la lettre “e”…
Ô charme d’un néant follement attifé…Baudelaire
Exercices de style“ ”
Les Animaux de Chantecler, Daniel Thouroude de Losques, 1910
Heinrich von Meissen à la cour deRodolphe de Habsbourg,
Codex manesse
CourtoisieAu Moyen Âge, le courtois
habite une cour princière ouseigneuriale, par opposition au“vilain”. Au sud de la Loire, à
la charnière des XIe et XIIe
siècles, un arsenal de règlespour un idéal de civilisation.
Préciosité 1650-1660Entre baroque et classicisme,au XVIIe siècle. A l’hôtel deRambouillet ou dans le salonde Mademoiselle de Scudéry, lanoblesse n’est pas de naissance,mais de cœur et d’esprit. Êtreprécieux, c’est savoir donnerdu “prix” à sa personne.
Julie d’Angennes encostume d’Astrée, Claude Deruet, XVIIe
Dans la ruelle,au pied du lit de la dame, les précieux tournent le dos auxbanalités du monde, dans lacontinuité de l’enfermement courtois.Le tournoi remplace la guerre,
et la conversation la joute. Mouvement européen - euphuïsme en Angleterre, marinisme en Italie etgongorisme en Espagne. En France, L’Astrée, d’Honoré d’Urfé et la Carte du Tendre de mademoisellede Scudéry disent l’amour précieux.
Un monde à part
Haut les masques !
La beauté du geste
Une espèce nouvelle d’aristocratiebasée sur les facultés les plusprécieuses, les plus indestructibles etsur les dons célestes que le travail etl’argent ne peuvent conférer.Baudelaire
Maurice Barrès
“Égotisme”et “dilettantisme”,
de Stendhal au Barrèsde La Colline inspirée.
A Reboursdans le luxesubtil et morti-fère d’unedemeure à
l’écart du monde et des gens, vitdes Eisseintes. Le héros deJ. K. Huysmans est devenu le typedu personnage symboliste.
“Châtier” la langueLes précieuses se fabriquent
un jargon à coup demétaphores, périphrases etautres hyperboles. On leur
doit nos adverbes en ment, etcertains mots courants
comme ”lapin”, en placed’un “conil” jugé par trop trivial… Mais les “écluses du
cerveau” n’ont pas remplacé le bon vieux nez, ni les“commodités de la conversation” les fauteuils !…
Les précieuses sont fortementpersuadées qu’une pensée ne vaut rien
lorsqu’elle est entendue de tout lemonde…
Décadentisme.Les fins de siècles trouvent dans lalittérature un équilibre funambulesque.Du grotesque triste de Bouvard etPécuchet, où Flaubert fustige la bêtise,aux actes gratuits, à la manière deGide, une révolte qui n’existe qu’en cequ’elle est “éphémère, stérile,périssable”. Sartre.
A la recherchedu temps perdu.Malade et reclus danssa chambre tapisséede liège, MarcelProust fait del’observation d’unesociété artificielleune des œuvres les
plus profondes de notrelittérature…
Dandysme.Une mise pour parier sur sapersonne, par l’originalité etl’impertinence héritée dansles années 1830 d’un certainGeorges Brummel…
La cravate, c’est l’homme.Balzac
La Coquille, Odilon Redon
Au nom du style,Marivaux et Giraudoux perpétuent
l’héritage léger et pourtant si sérieuxd’une préciosité qui est d’abord féerie du
langage et des sentiments. Les puristesfont leurs gammes… Stendhal admirait le
style du Code Civil… Flaubert, dans son“gueuloir”, voulait faire un roman sur rien,
“qui tienne debout par le style”…
HermétismeMallarmé revendique l’obscurité des mots
au nom de la musique, et Verlaine écrit des Romances sans paroles…
ParadeA Julie d’Angennes, une guirlande de
fleurs… de rhétorique, commandée à dix-neuf poètes par son soupirant platonique,
le duc de Montausier. Le mariage eutlieu… quatorze ans plus tard !
Snobisme.Le mot, fabriqué
outre-Manche, définit une aristo-
cratie d’emprunt sousle vernis de la contre-
façon. Du côté dechez Swann, Proustobserve la foire aux
vanités un peu commeSaint-Simon la cour de Louis XIV… Au
lecteur de distinguer le vrai du faux !
J’ai parfois, dans ma vie,été bien malheureux, maisje n’ai jamais quitté mesgants blancs.Barbey d’Aurevilly
la Revue blanche, couverture de Abel Bonnard.Parmi les jeunes collaborateurs, un tantinet précieux,un certain Léon Blum…
Balzac et T. Gautier en visite chezFrédérick Lemaître, ThéophileGautier, aquarelle
La Guirlande de Julie, N. Robert
MimeUne comédie mondaine
avec des rites, où des“marionnettes” échangent
des signes. Les excèsvestimentaires corres-
pondent à ceux du langageet, devant le miroir, la
danse est menuet oupavane pour l’instant
d’un bonheur…
Ridicules, les Précieuses ?…
Je suis belle, ô mortels,comme un rêve de pierre.
Baudelaire
“Je suis belle”,Auguste Rodin
“”
“ ”
Robert de Montesquiou, par Giovanni Boldini :modèle proustien malgré lui… 1895
Théophile Gautier,
Jules Barbey d’Aurevilly
Sans prendre garde àl’ouragan qui fouettaitmes vitres fermées…Théophile Gautier
“”
“ ”
“
”Une “ruelle”, F. Chauveau
Un style qui serait beau…avec des ondulations, des
ronflements de violoncelle,des aigrettes de feu…
Flaubert
“”
”
Madeleine Béjart et Charles la Grange dans Les Précieuses ridicules, de Molière
L’art ou les manières ?
Le Bal, James Tissot
“
Un meuble de boudoir…mais un être pensant,jamais !Balzac ”
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La vie devant soioù l’action serait la sœur durêve. L’engagement est unetradition depuis l’humanisme.Mais notre siècle met l’écrivainau pied du mur de lalittérature : à quoi ça sert ?…
Absurde et cruautésortent la littérature des boudoirsfeutrés où elle se replie aprèschaque coup de semonce desréalités. Au risque de la tuerdéfinitivement ?…
Philosophe.L’existentialisme, après guerre, fait descendrel’écrivain dans l’arène.Sartre se réfère à l’humanisme,et Camus invoque Vallès, l’”insurgé”
Patenté…Un nom d’écrivain sur une cause, et “l’homme-termite” de Saint-Exupéry se retrouve en Terre des hommes… Calas- Voltaire, Dreyfus - Zola, Péguy et Barbussecontre la guerre, Vercors - Le Silence de lamer… à moins que ne se referme l’impasse des beaux sentiments…
Terroriste ?…Les surréalistes descendant un jour dans la rueavec leur revolver comme avec “… une gommeà effacer l’immondice humain.” Aragon
Changer la vie.Rimbaud
Dès le Moyen Âge, le Roman de Renart,contre le Roman de laRose, inaugure la traditionréaliste. Rabelais prend lerelais sur le modehumaniste.
Réalisme et idéalisme alternent périodiquementdans l’histoire littéraire. En plein Grand Siècle, lesburlesques - Scarron, Sorelet Furetière, qui préfiguredans son Roman bourgeoisle réalisme balzacien.
Diderot invente l’Encyclopédie et le dramebourgeois. L’école naturaliste se faitchampionne de la réalité auXIXe, et, de surréalisme enabsurde, le XXe siècledépasse la fiction.
Batailles du réel“ ”
pour le meilleur…La Satire Ménippée est l’œuvre decirconstance d’une poignée demagistrats et de bourgeois parisiensnourris d’humanités contre lesagissements de la Ligue pour enappeler au “sauveur”, Henri IV.… et pour le pireComme on brûle les livres, onassassine les poètes :
Théophile de Viau brûléen effigie ; Chénier guillotiné ;Robert Desnos, Max Jacob,massacrés.Chienne de vie…Villon réchappé du gibet,Sade embastillé, Verlaine et Genet emprisonnés.Une œuvre, et après ?…… Brasillach fusillé, Drieu laRochelle suicidé, Céline banni…
Pour réaliser le monde
Un dictionnaire des idées vivantesCe siècle invente ou dépoussière les mots de notremodernité - liberté, progrès, tolérance, nature -le bonheur en plus.
L’utile et l’agréableJamais la littérature n’a autantcoïncidé avec tous les “arts”,techniques, libéraux, de vivre etd’agrément. La connaissance est unemaîtrise du monde. Montesquieu fondeL’Esprit des lois et Buffon racontel’Histoire naturelle.
L’aventure de l’Encyclo-pédie
Plus de vingt ans (1750-1772), malgré censures et polémiques,
pour vulgariser l’ensemble desconnaissances.
Le bonheur est une idée neuve en Europe.Voltaire
M. de Buffon, parL. Carmontelle,aquarelle, 1769
Une bombeau milieude lalittérature.Goethe
Aux grands hommes la patrie reconnaissante : Rousseauet Voltaire sur la voie de l’immortalité, gravure anonyme
Le romancier réalistecrée un monde parallèle, maisaussi chargé de sens que levrai. Non pas un trompe-l’œil,mais une entreprise“scientifique”. De Balzac
faisant “concurrence à l’état civil”, aux 20 tomes desRougon-Macquart de Zola, la “rugueuse réalité”brutalise la littérature.
La “tranche de vie”saigne sous l’œil du microscope. Le romancier expérimental, commeClaude Bernard, observe jusqu’à lasensation presque matérielle deschoses. Le héros n’est plus un puresprit, et Zola invente la “bêtehumaine”.
Mais, sur “ce mondeoù l’on s’ennuie”,l’écrivain met une “note d’or et dechair”… Au réalisme agressif de ce“siècle de fer” répondent deslendemains qui chantent…
Journalistedepuis le XIXe siècle. Globe-trotter, grand reporter,l’écrivain raconte un vécu dont l’œuvre se nourrit ;d’où la prolifération des mémoires, journaux,autobiographies.
Intellectuelle mot se fixe vers 1898, àl’occasion de l’AffaireDreyfus. Pour la premièrefois, un groupe de combat -artistes, journalistes,
universitaires - entoure l’écrivain engagé.
Maître à penser.Depuis Lamartine et Hugo, lapolitique est une tentation.L’écrivain se tourne vers lepouvoir. Bernanos à la têtede l’Action française, face àAragon, directeur de Ce soir.Gide et Malraux vont à
Berlin réclamer la libération de Dimitrov, accusé del’incendie du Reichstag.
Un livredoit être
un danger.CioranComment peut-on être écrivain ?
Voltaire aux cent visages,aquarelle de Denon-Divers
Jaurès à la tribune, E. Vincent, 1910
Une œuvre d’art où il y a desthéories est comme un objet surlequel on a laissé la marque du prix.Proust
Je me révolte, donc nous sommes.Camus
“J’accuse” (Zola)
Au nom du despotisme “éclairé”Frédéric II de Prusse et la grande Catherinede Russie font appel aux philosophes. Mais esprit critique et obscurantismecohabitent… On brûle le Dictionnaire soi-disant hérétique de Voltaire, mais aussile corps décapité du jeune chevalier de laBarre, qui a commis le crime de le lire…
Une planche del’Encyclopédie
C’est la faute à Voltaire,…c’est la faute à Rousseau…Gavroche (Victor Hugo)
J’écris pour agirVoltaire
Au café, dit l’Absinthe, Degas, 1876
Les réalistes de talentdevraient s’appelerplutôt des illusionnistes.Maupassant
Zola et le triomphedu naturalisme,caricature deRobida, 1880.
La grève, Adler, 1899
Le vice et la vertu sont des produitscomme le sucre et le vitriol.
Taine
Sans titre, Grosz
La Chaise, Van Gogh
La fonction del’écrivain est defaire en sorte quenul ne puisseignorer le mondeet que nul ne s’enpuisse direinnocent.Sartre
les existentialistes(Douanier Rousseau)
Tout artiste aujourd’hui est embarqué dans la galèrede son temps… Nous sommes en pleine mer…Camus
André Malraux Antoine de Saint-Exupéry
Samuel BeckettGlouglou de vidange…Beckett
L’œuvre et la vie : même combat
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XVIIIe
Que les Lumières soientXIXe
Dans le vif du sujetXXe
La littérature en marche
”
Fontenelle méditant sur la pluralité des mondes,gravure de Moret, 1791
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Le XXe siècle poseaussi le décor,mais dans unchamp de mines…en attendantl’explosion…
Dada,après 14-18,
sème le nihilisme pour mieux récolter la tempête du surréalisme.
L’absurde, après la barbarie, fait del’homme un “étranger” dans un monde de“malentendu” et de non-sens. Dansl’inutilité du désœuvrement existentiel, letragique n’est pas d’en finir, mais de n’enfinir jamais de ne pas finir…
De fantastique en science-fictionUtopie : il était une fois un mot…1516 : Thomas More crée le motUtopia pour intituler un voyageimaginaire vers une île idéale.1532 : Rabelais reprend le mot dansGargantua. 1752 : Première
définition officielle dans le Dictionnaire deTrévoux. Et le mot, traversant les siècles, inspireles États et Empires de la Lune de Cyrano deBergerac, l’An 2440 de Louis-Sébastien Mercier,l’Eldorado de Candide, et tous les voyagesimaginaires des livres.
Alors, l’idée germa dans les imaginations…Le romantisme intronise le mystère, et, de la“fantaisie” - merveilleux et féerique d’antan - tirele “fantastique”. La science détrône la magie, et latechnique remplace l’alchimie. Nodier, en tête,puis Mérimée, Maupassant, Villiers de l’Isle Adam.
Et, à Vingt Mille Lieues sous les mers…Un certain Jules Verne rêve de marcher sousl’eau… ou de voler, ou d’arpenter la Lune…comme, au XVIIe, déjà, Cyrano de Bergerac… Mais
la SF naît quand l’anticipation se faitplus mythique que magique.L’invention du premier sous-marin suitde dix ans seulement la descriptiondu Nautilus…
Le monde à l’enversLe burlesque inverse les valeurs et parleaussi bassement des choses nobles que
magnifiquement des choses vulgaires.Saint-Amant fait sérieusement l’éloge du…
melon ! Le grotesque s’oppose au sublimechez les romantiques : l’envers du beau,
non pas son contraire.
Il y aura toujours une pelle au vent dans les sables du rêve.André Breton
De la fantaisieau fantastique,la littérature pour fairela part du rêve…
L’écrivain, funambuled’un monde enéquilibre instable.
Et, quand le décors’écroule, une idée,un mot, pour recommencerà zéro.
Baroque1550-1560Du portugais “barroco”, pour désigner une perle irrégulière, le mot est d’abord employé enarchitecture dans toute l’Europe.Longtemps étouffé par le classicisme, il exalte la Contre-Réforme.
Agrippa d’AubignéThéophile de ViauTristan L’HermiteSaint-AmantCyrano de BergeracJean de SpondeLe Corneille de l’Illusion comique.
Burlesque1644-1660L’art de la parodie.Boileau, Scarron, et leur postérité :La Fontaine, Voltaire (Candide),Prévert, Queneau…
SymbolismeVers 1880décadents et vers-libristes.
Lautréamont, Verlaine, Mallarmé,Laforgue, Cros, Corbière, Nouveau,Kahn, Moréas…
Mondes et merveilles“ ”
Maquette pour“Pluton” dansProserpine de
Philippe Quinault
Quasimodo, un ange de la laideurdans Notre-Dame de Paris.
Du romantisme…Les paradis artificiels, pour oublier les“miasmes morbides” de la société industrielle.Tentations orientales et goût pour l’ésotérisme.Victor Hugo et le spiritisme ; Balzac et lesnouveaux alchimistes… Le “club deshachichins” est un repaire d’écrivains…
…au symbolismeLittérature de religion et religion de lalittérature, il inocule le mystère vénéneux ausein de la description du monde pourthéâtraliser, dénaturer le réalisme et saplatitude scientifique. A la limite de la stérilitéet du silence, Salomé présente pour l’éternité latête coupée d’une certaine modernité…
Jeune fille thraceportant la têted’Orphée,Gustave Moreau
Cyrano face à la Lune,Henri Maigrot, dit Henriot.
Un monde après la fin du monde ?
Voici le monde démondé…Gautier de Châtillon
Périodiquement, la violence,la guerre, le malheur.Après, tout est permis et,comme un défi à la mortvorace, le déferlement detous les sens montre, côté face une follesarabande, et côté pile le rictus du désespoir.
Rutebeuf, au XIIIe siècle, déplorece monde “bétourné”, qui a perdu
l’idéal féodal, et voilà que laRenaissance détrône l’homme du
centre du monde…
Mes regrets impuissants,mes sanglots violents,qui font dema raison uneguerre civile.Agrippa d’Aubigné
Le baroque,après les guerres
de religion et la Fronde,enferme le désespoir dans une
bulle dérisoire où la société tourneà vide. Instabilité, inconstance,
déguisement, miroir, bulle et balle,nuages et vent, eau qui coule,
feu, temps qui s’écoule,trompe-l’œil, métamorphose,
ostentation, spirale infernale,spectacle : le règne de la
métaphore, ou comment arrêter le mouvement de la vieavec les mots… pour mieux affronter la mort…
Le monde à l’envers gravure du XVIIe
J’ai tenté d’introduireun mot dépourvu designification : Dada.Tristan Tzara, 1921
DadaFondé à Zurich, au Café Voltaire, en1916, par Tristan TzaraPrélude au surréalisme
Science-fictionLe mot est importé des USA en 1950.Jules Verne, Rosny Ainé, Pierre Boulle,René Barjavel
AbsurdeAprès-guerre (39-45)Camus, Sartre, Céline, Beckett, Ionesco
Je tire de l’absurde troisconséquences qui sont ma révolte,ma liberté, ma passion.Camus
Le Triomphe de la mort, École d’Antoine Caron
Au pays des merveilles…
J’étouffe dansl’univers.Rousseau
L’épanchement du songedans la vie réelle.Nerval
C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière.Rostand
Un scandale, une déchirure, uneirruption insolite, presqueinsupportable dans le monde réel.Roger Caillois
Couverture de l’Eve future,de Villiers de l’Isle Adam
Ascension vers la Lune, àl’aide de “quantités defioles pleines de rosée”,attirées par le soleil,gravure du XVIIe
L’ennui naquit un jourde la réalité… Le rêve
entre en littérature avecle romantisme, et lesurréalisme en fera
le ressort systématiquede son inspiration.
La Porte du ciel, William Blake
“”
“ ”
Si ce Dieu visible éclairel’homme, c’est paraccident, comme leflambeau du roi éclairepar accident aucrocheteur qui passe par la rue.Cyrano de Bergerac
Le Bernin, Grenade
“
”
“”
Il joue avec les mondes,J. J. Grandville
“”
Invalides de guerre jouant aux cartes,Otto Dix
“ ”
Le Cauchemar, Johann Heinrich Füssli
“ ”
“”
“ ”Anges baroques, Raguse, Sicile
Le Travesti,Paul-Albert Laurens
Je est un autre.Rimbaud“ ”
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Sans rire… la comédie s’essouffle. Le Sage est ledernier des amuseurs. Marivaux pèse “des œufs de mouche dans desbalances de toile d’araignée”
(Voltaire), et Beaumarchaisinvente un Figaro plus frondeur
que rieur… Ne pas confondremarivaudage et badinage…
Engagé Les clercs font de la scène une
tribune. Sur le modèle deBrecht, le théâtre à thèse meten scène les grandes causes.
(Camus, Sartre, Gatti, Adamov)
Avant-garde Répertoire d’importation :
Pinter, Albee, Osborne,Durrenmatt. Le “Living
Theatre”… Théâtre d’auteur(Duras). Une idée du théâtre,
loin parfois de la littérature…
La Révolution, dès 1791, décrète laliberté complète des théâtres.
Condamnés à expliquer le mystère de la vie, les hommes ont inventé le théâtre.Louis Jouvet“ ”
Renaissance Le théâtre à l’italienne sépare la scène et la salle
et organise l’espace de manière à faciliter l’illusion.La salle semi-circulaire reproduit les clivagessociaux et deviendra le lieu d’exhibition par
excellence au XIXe siècle.
Comédie La comédie de mœurs et de caractère s’affirme avec Molière, contre la formeromanesque, toute d’invention et derebondissements, héritée du théâtreespagnol du Siècle d’or. Mais le pèredes “Comédiens Français” fait rire desridicules de son temps parce qu’il nerenonce ni à la farce ni aux bonnesvieilles conventions de la comédieitalienne.L’époque classique
installe les spectateurs de marque sur la scène et laisse le peuple - exclusivement les hommes - auparterre, debout. Les comédiens, même protégés
des “grands”, sont toujours excommuniés…
Pastorales et tragi-comédies
de l’époque baroquedisparaissent au nom de la
“bienséance” classique.
Sérieux Diderot invente, en 1757, sur le
modèle de la “comédielarmoyante”, le drame bourgeois ou
“tragédie domestique” : une idéede philosophe, un échec théâtral…
XIXe
La bataille d’Hernani plantele décor romantique. Avecson gilet rouge, ThéophileGautier fait la claque. La Comédie-Française transformée en champ debataille : une révolutiondans un sanctuaire…
Le Boulevard du Temple.
XXe
Plus populaire, plus éclaté, moins dépendant ducontexte littéraire. Le règne des metteurs en scèneet l’abolition des frontières culturelles, la fin des
lieux désignés, plus de rampe, un texte à“interpréter” au sens large… Décentralisation et
expression “totale” : théâtre en liberté.
BoulevardAprès Haussmann et la destruction duBoulevard du Temple, le théâtredevient bourgeois sur les GrandsBoulevards. Argent et adultère :l’amant est resté dans le placarddepuis le Second Empire… Opérette etvaudeville en tête d’affiche.
…et farceAlfred Jarry, sur lemode “hénaurme”,avec son père Ubu.
MéloBaptisé “Boulevard du Crime” pour
cause de mélodrame. Les “Enfants duparadis” applaudissent Frédérick
Lemaître en Robert Macaire et le mimeBaptiste Debureau. On appelait
“paradis” les loges où s’entassaientles spectateurs populaires.
Spectacle Le café-théâtre amuse avec lesmoyens du bord ; la parade du“Magic Circus” de Jérôme Savary,le dernier des saltimbanques…
AbsurdeUne farce tragique.
Dérision et défoulement. La plupart des auteurs sontétrangers… et un marginal,
Jean Genet…“Tout est permis au théâtre.”
Eugène Ionesco, roumain.Samuel Beckett, irlandais :
Fin de partie.
Georges Feydeau,Eugène Labiche,
Georges Courteline, Tristan Bernard,
Edmond Rostand,Sacha Guitry,
Marcel PagnolMarcel Achard
Paul ClaudelMaurice Maeterlinck,Jean CocteauJean GiraudouxJean Anouilh
Lugné Poe. Jacques Copeau.Le “Cartel des Quatre” : Georges Pitoeff, Charles Dullin,Louis Jouvet et Gaston Baty. Jean Vilar, Jean-Louis Barrault.Ariane Mnouchkine. Patrice Chéreau. Marcel Maréchal.Guy Rétoré. Jorge Lavelli. Jean-Marie Serreau. Roger Blin.Antoine Vitez. Guy Sobel…
Le théâtre c’est comme la messe, pouren bien sentirles effets ilfaut y revenirsouvent. Alain
Tragédie Elle naît, après l’interdiction des
mystères par le parlement de Paris,d’un retour aux sources antiques. Les
règles classiques sont établies en 1574sur le modèle d’Aristote. Tous les rôles sont tenus par des hommes.
Ni costumes, ni décors.La diction se doit d’être
grandiloquente et unchœur ponctue le
déroulement de l’action.
Farce Tradition comique française, entreMoyen Âge et Renaissance. La Farce de maître Pathelin (1464).Les jeux sont plus satiriques et les
soties, parades bouffonnes des “sots”, serventd’exutoire à une société pour qui “le rire est lepropre de l’homme”…
Le rideau refermé et des questions ouvertes.Brecht
“ ”
Religieux.Du Xe au XIIe siècle,
le drame liturgique met enscène les textes sacrés.
Puis, les miraclesillustrent les sermons, avec la vie
des saints. Aux XIVe et XVe siècles,les mystères représentent
la Passion du Christ.
La première tragédie française : Cléopâtre captive, d’Etienne Jodelle, en 1553.
XVIIIe
Contre le monopole de la Comédie-Française, desgenres nouveaux. Dans la “pièce en écriteaux”, le
public dit les textes, mimés sur scène par les acteurs :l’opéra-comique est né…
les premières comédies classiques régulières, diteshumanistes, apparaissent enItalie. Influencées par latradition antique, elles restentlimitées aux cercles lettrés. La Commedia dell’arte renoueavec les formes populaires du Moyen Âge et immortalise,
à travers ses personnages devenus des types conventionnels - Pierrot, Arlequin, Pantalon - la veine comique.
Le meneur des Jeux,Adam de la Halle
Peindre les hommes au naturel.Molière ”“
Corneille Racine
Décor de la tragédie, gravure du XVIe siècle
Le fils ingrat, Greuze XVIIIe siècle
L’acteur Keandans Othello, 1820
DramatiqueMélodrame + drame historique
= drame romantiqueAu nom de la liberté dans l’art, Hugo
revendique le mélange des genres. Chatterton de Vigny ;
Lorenzaccio de Musset.
Romantique.Anglomanie : Stendhal célèbre lavictoire sur Racine de Shakespeare…qui aura mis un siècle à traverser laManche… Kean, d’Alexandre Dumaspère ; Les Vêpres siciliennes, de Casimir Delavigne.
1880 : Antoine inaugure le règnedes metteurs en scène
Rêve Le symbolisme, sous l’influenced’Ibsen et de Wagner, invente le
théâtre poétique.
La Commedia dell’arte, école française du XVIIe siècle
Décor de la comédie, gravure du XVIe siècle
La loge au mascarondoré, Toulouse -Lautrec
“
”
Arlequin etColombine, anonyme, XVIIIe siècle
Ubu, dessin d’Alfred Jarry
Cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie.
Corneille ”“
Costume de Talma dansCinna, de Racine
Farce, vers 1330Mystère de la Passion de Valenciennes
Moyen Âge Les représentations, trop occasionnelles, ne
nécessitent pas de théâtres permanents. Sur leparvis des églises, les “demeures” représentent le
palais, l’enfer, le paradis…
Sarah Bernhardt,monstre sacrécomme Talma, ouRachel, dans sonrôle-titre : L’Aiglon.
La Perruque de Racine attaquée etdéfendue, lithographie de Mendhouse
Victor Hugo, Dévéria
M. Dazincourt dans Figaro
Entrepôts Lainé, BordeauxCour des Papes, Avignon
Loge un jour de spectaclegratuit en 1830, L. L. Boilly
Molière
Avatars du théâtre©
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Un poète est un monde enfermé dans un homme.Victor Hugo
D’origine grecque,le mot “poésie” signifie“création”.
Premier de tous lesgenres et dans tous lespays, par l’origine et dansl’ordre hiérarchique.
Un poète français, Sully Prudhomme, ouvreen 1901, le palmarèsNobel… Mais Saint-JohnPerse, prix Nobel en 1960,n’augmente pas sestirages…
Clefs pour la poésie“ ” Le monde dans un homme, tel est le poète moderne
Max Jacob
La prose ”marche“, dit Valéry,quand la poésie ”danse“…Même si, depuis Guillaume
de Machaut, les règles pré-définies limitent
l’improvisation, et malgré ledéfilé des ”arts poétiques“ - Du Bellay, Boileau, Hugo,
Moréas, Breton… Le XXe
siècle inaugure une poésie de la vitesse - plus de ponctuation- de la liberté d’expression - vers libre, calligramme - liée à
une esthétique nouvelle - cubisme, abstraction.
Des pouvoirs surnaturels…
Quand elle cesse d’être un bibelot de luxe, “La poésie devient
une activité de l’esprit”. Signé TristanTzara, père de dada, né à Zurich des horreurs de la guerre de 14.
Agrippa d’Aubigné et la StBarthélemy ; Chénier guillotiné ;
Apollinaire et Péguy, “poètesmassacrés” ; Robert Desnos et Max
Jacob, assassinés ; poètes de laRésistance, de toutes les guerres.
“Voleur de feu”, Rimbaud ; “l’enchanteurpourrissant”, Guillaume Apollinaire,
invente le mot “surréalisme” pour lesfuturs “magnétiseurs des temps
modernes” ; “dynamiteur archangélique”,Mallarmé écrit à une cadence de 20 vers
par an une poésie dite hermétique… Mais Malherbe ne
jugeait-il pasRonsard
illisible ?…
Les poètes viventde miracles.Cocteau
Ça a toujours kekchosed’extrême / un poèmeQueneau
Un regard“dévisager l’absolu”
Saint-Pol Roux
La bouched’ombre“magicien duverbe” Hugo
Écho sonore“Je décalquel’invisible”Cocteau
le Prince des poètes, Ronsard
Le cœur”…c’est làqu’est le génie”Musset
“Semelles de vent”Rimbaud
Charles d’Orléans et sa femme Marie deClèves, tapisserie du XVe siècle
Dans le noir nousverrons clair mesfrèresMichaux
Depuis les poètes de La Pléiade,”ministres de la Déité profonde“, en
passant par le poète romantique, ”mage“ et ”prophète“, le débat
est ouvert : technique ou inspiration ?
Sache, lecteur,que celui seravéritablement lepoète que jecherche en notrelangue, qui me feraindigner, apaiser,réjouir, doloir,aimer, haïr.Du Bellay
J’ai voulu nier, anéantir les soleils noirs de maladies et de misère, les nuits saumâtres, tous les cloaques de l’ombre et du hasard, la mauvaise vue, la cécité, la destruction, le sang séché, les tombes. Eluard
Déchiffreur, il trouve lescorrespondances, au-delà des
apparences. Pour faire co-naissance du monde, le nommer et
le créer en même temps. L’”alchimiedu verbe“ de Rimbaud, la ”chimie
verbale“ des surréalistes.
Poète, j’écris ton nom…
Sous la dictée des dieux…
“ ”
L’Inspiration du poète,Nicolas Poussin
Paul Eluard
“ ”De la musique…
Ange musicien, Rosso
Guillaume Apollinaire
“
”
Affiche pour laLibération de Paris,Paul Colin (1944)
La Muse inspirant le poète,Henri Rousseau
L’honneur des poètes
“ ”
Trois pendus,François Villon
Clément Marot
Joachim du Bellay
Victor Hugo
Goethe et la métamorphose des plantes,André Masson
Rimbaud par Verlaine
André Chénier
Charles Baudelaire
Saint John Perse
“Ses ailes degéant l’empêchentde marcher”Baudelaire
“”
Calligrammed’Angot del’Eperonnière
Soyez symboliste,portrait-charge de JeanMoréas, Paul Gauguin
Quand priment les “facultésdescriptives ou instructives” que refuse Rimbaud, le “voyant”…Quand Vigny invente la tour d’ivoirepour conjurer le malheur d’êtrepoète dans un monde matérialiste…Quand les tenants de “l’art pourl’art” se retirent sur le Parnasse…Quand Le XXe siècle favorise la recherche personnelle et la poétique au détriment de lapoésie, une “parole en archipel”selon René Char
Et le poète…Se jura que
la mort nel’aurait pas
vivantCocteau
“
”
Il est mort, le poète
Pour faire le portrait du poète
Le frontceint delauriers,
”
Époque féodale :de la chanson de geste à la poésie…
Troubadours et trouvères, du Sud au Nord de laFrance. La poésie est d’abord aristocratique ;
Rutebeuf, au XIIIe siècle, la popularise.
Pré-Renaissanceou naissance du lyrisme personnel
Le pionnier, au XIVe siècle : François Villon, Charles d’Orléans, Alain Chartier, Christine de
Pisan
La Renaissanceapplique l’humanisme à la poésie
Clément Marot, Marguerite de NavarreÉcole Lyonnaise : Maurice Scève, Louise Labé,
La Pléiade
Le classicisme,après l’explosion baroque.
Malherbe et Boileau : l’art poétique contre la poésie ?Tristan l’Hermite, Saint-Amant, Théophile de Viau :
le baroque n’est reconnu qu’au XXe siècle
Le Siècle des lumières… et des idéesle poète, “grotesque du genre humain”
(Montesquieu). Chénier sauve l’honneur.
Romantisme = poésie“… Quand verra-t-on naître des poètes ? Ce sera
après les temps de désastres…” DiderotLamartine, Hugo, Vigny, Baudelaire, Nerval. Et
pour finir, le Parnasse, ou l’“art pour l’art”,réaction esthétique aux épanchements.
Gautier, Banville, Leconte de Lisle, Heredia
Des décadents aux symbolistesCros, Corbière, Nouveau, Moréas, Laforgue,
Verhaeren, Maeterlinck, et un chef de file,Mallarmé.
Le XXe siècle invente le Vers-librismeApollinaire, Péguy, Valéry, Claudel.
Les fantaisistes : Carco, Fargue, Salmon, Toulet ;L’exotisme : Segalen, Cendrars
Entre-deux guerres : Dada et le surréalismeTzara, Breton, Soupault, Aragon, Péret, Desnos,
Eluard, Crevel…
Après-guerre : retour du Lyrisme…Reverdy, Jacob, Jouve, La Tour du Pin, Supervielle,
Cocteau, Saint-John Perse, Pierre Emmanuel
…Ou place au réalisme ?Prévert, Char, Queneau, Ponge, Leiris, Caillois
Contre-lyrismeFollain, Guillevic, Frenaud, Tardieu
Années 60 : sciences humaines et poésieQueneau et Perec créent l’OU.LI.PO.(Ouvroir de Littérature Potentielle) :
un laboratoire de poésie.
Jean Rousselot recense 749 poètescontemporains… Bonnefoy, Du Bouchet, Roche,Roubaud, Tortel, Jaccottet, Deguy, Faye, Jabès,
Pleynet, Risset, Benezet, Perros…
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Jean Cocteaupar lui-même
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Le Chevalier, miniature extraiteduBréviaire d’amour d’Ermengol
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Pour faire le portrait du poète
Un roman est comme un archet, la caisse du violon qui rend les sons, c’est l’âme du lecteurStendhal
Le “roman” est à l’origine un récit en vers et enlangue vulgaire, qui s’oppose à la chansonde geste. La prose nes’impose qu’au XIVe siècle.
La langue française utilise le même mot pour désigner levraisemblable et lafantasmagorie (“novel” et“romance” en anglais)
Mineur et bas, à l’origine, le roman est devenu genre-roi.Moyen Âge
AntiqueRoman d’Alexandre,CeltiqueTable Ronde, Perceval(Chrétien de Troyes)CourtoisTristan et IseutRoman de la RoseParodique animalierRoman de Renart
RenaissanceChevalerieLes conteurs
XVIIe
PrécieuxPastoral HéroïqueBaroqueParodique (Scarron,Sorel)Trivial (Furetière)ClassiqueDidactique (Fénelon)Psychologique(Mme de Lafayette)
XVIIIe
Epistolaire(Montesquieu,Rousseau, Laclos)Picaresque(Le Sage)
Philosophique(Voltaire, Diderot)Sentimental (l’Abbé Prévost)Fantastique(Cazotte)
XIXe
Tout un romanAfin que ceux quine comprennentpas le latinpuissent prendreplaisir au roman.Chrétien de Troyes
La fictioncommence au XIIe siècle, quand meurtla chanson de geste. Le temps réel de
la narration remplace le tempsmythique du héros guerrier et de ses
exploits. Le roman remplace l’épopée.
L’intrigue devient analyse psychologique
et l’individu centre de lanarration. Souci de la
vraisemblance etsimplicité du ton signent
le roman moderne. Exit leconte, dont Rabelais etMarguerite de Navarre
ont fait l’agrément de laRenaissance.
Romancier,à l’origine, est unverbe qui veut diretraduire un textelatin en français,puis raconter enfrançais.
Naissance du roman
Sans lieu ni loi, le roman est dugenre attrape-tout …Indiffé-
remment poétique, dramatique ouautre, il est essentiellement
multiforme. C’est pour endiguerses débordements - 5 000 pages
de L’Astrée ! - que le classicismeinvente le roman moderne ; et, parcrainte de donner l’air de céder à
la fiction, les Lumièreschoisissent le mode épistolaire
ou philosophique. Mais,décidément bien noir, le roman,
de Laclos à Sade, ose faire de labonne littérature avec les plus
mauvais sentiments ! Et dire que,depuis le XVIe siècle, Don
Quichotte se bat contre les
Mauvais genre…
Ce vague délicieux, riche de surprises attendues, qui est le romanesque.Proust
Cherchez la femme !le roman, d’origine courtoise,
illustre un idéal de sociétéraffinée et pacifique, dominée par
les femmes. Fait pour être lu, etnon plus chanté, il engendre un
spécimen nouveau, la lectrice. Leromanesque prend vite réputation
de “romansonge” et de frivolité,doublée d’effet pervers. Voir DonQuichotte… et Madame Bovary,
amoureuse et sulfureuse,condamnée avec Les Fleurs du
Mal pour atteinte aux bonnesmœurs… Les dernières grandes
héroïnes emportent dans la mort leromanesque, né sur la Carte duTendre… Mathilde de la Mole,
Thérèse Raquin, ThérèseDesqueyroux… Or, le roman n’est-
il pas la première conquête descréatrices féministes ?
Tout est romanRomantisme
rime avec roman, quidevient un instrument
privilégié d’expression,en totale liberté
d’inspiration. Peu à peu,la Révolution industrielle,
la presse à grande diffusion,
l’alphabétisation donnent auroman un rôle d’initiation
au monde moderne.
Démiurges Balzac, humble“secrétaire” de la société française,donne avec sa Comédie humaine une description encyclopédique duréel. A partir de 1850, Zola, pape dunaturalisme, invente le “romanexpérimental”, sur le modèle dupositivisme scientifique.
Lesécrivainsn’invententjamais rienBalzac
Roman-feuilletonLes plus grands se
soumettent à la dureloi du rendement
avec un championtoutes catégories,
Eugène Sue…
Social etrégionalisteHugo, GeorgeSand, Zola,Jules Vallès
FantastiqueMérimée,Maupassant,Villiers del’Isle Adam
MœursInvention duXIXe siècle,réaliste ettotalisant.
XXe
Roman fleuveR. Martin du GardJules RomainsPopulisteLéon Lemonnier,André Thérive (1931)ÉthiqueSaint-Exupéry,MalrauxMétaphysiqueSartre, CamusPoétiqueBernanos, Colette,GionoNouveau RomanMichel Butor, AlainRobbe-Grillet,Nathalie Sarraute,Claude Simon(années 50)
HistoriqueInspiré de Walter
Scott, il trouve sonmaître en Alexandre
Dumas.
AutobiographiqueRené, ChateaubriandAdolphe, B. Constant
Obermann, Senancour
PolicierProduit d’impor-tation, via EdgarPoe. Avec unetradition française- Gaboriau, Leroux,Leblanc.
AnticipationJules Verne,prophète de lascience-fiction
ExotiqueA l’ère de la machine àvapeur et de lacolonisation, avant les“bourlingueurs”…
Roman nouveau
Le roman est un miroirqui se promènesur une granderoute…Stendhal
Stendhal rompt avec la narration
linéaire pour élireun “point de vue” àpartir duquel mener
le récit.
Flaubert invente leroman-œuvre d’art,contre le schémaclassique “intrigue-narration-personnage”.
Céline veut “retrouver l’émotiondu “parlé” à traversl’écrit”, la véhémencepersonnelle au détriment de la repré-sentation du réel.
Marcel Proustne veut plus conquérir le mondemais l’élucider,A la recherche dutemps perdu.
André Giderecherche le “romanpur”, où l’histoire sepasserait dans laconscience.
Vivant sansentrailles.Valéry
L’intrigue,disloquée, se noie dans
l’absence dechronologie, la
fragmentation de lasyntaxe et le dédain de
l’histoire.Le personnagen’est plus le héros
parfait de l’épopée,encore idéalisé dans leroman réaliste. Réduit à
un regard, une voix, ilfait du roman un
monologue intérieur.
Le romanciers’efface en narrateuranonyme devant la“vaste conscience”d’une créature qui ne sedéfinit plus par sonambition sociale, maispar son doute, voire sonéchec, et la myriaded’impressions qui vontavec…Le lecteurest prié de quitter sadéfroque passive de“liseur”…
De La Princesse de Clèves àl’”égotisme”stendhalien, un instrumentd’éducation et deconnaissance de soi.
Le roman est unpoème en prose.Boileau
Honoréd’Urfé et les5 000 pagesde L’Astrée
Le Roman comique décrit la vie d’unetroupe de comédiensambulants. Réalismeet gaieté par unmaître du romanparodique.
Marguerite deNavarre, conteuse,écrit l’Heptaméronsur le modèle duDécaméron deBocace
Actualité romancéele roman du fait diversRoman photoCiné-romanAlain Robbe Grillet
Attention, roman !Le roman contemporain est à deux vitesses. D’un côté,
les “créateurs”, qui privilégient l’écriture (Duras, Le Clezio, Modiano), de l’autre, les classiques, quireviennent à l’intrigue (Tournier, Yourcenar), et les
amuseurs, parfois marginaux - sentimental, policier,SF, BD, etc… Sous le signe romanesque traditionnel,
le roman coule encore des jours heureux…
Madame de La Fayette
Les comtesses de Blot et de Barbantane, Carmontelle
L’apparition du Graalaux chevaliers de laTable ronde,manuscrit du XVe
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Nana, Manet
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Scarron
René, gravurede Delannoy
Illustration pour Zadig, de Voltaire
Balzac Zola
Stendhal Flaubert
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Maupassant
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Cet obscur objet du désir, le corps féminin. Les blasons
où s’illustrent Marot et sesamis au début de la
Renaissance, ou l’érotismeau détail… Tandis que,
retournant la rhétoriqueamoureuse traditionnelle…,
c’est l’homme qui devientobjet érotique.
Deux pigeons s’aimaient d’amour tendre…La Fontaine
Lettres d’amour
Quelques couples de la littérature
Dans la vie…Héloïse et AbélardMme de Staël etBenjamin ConstantChateaubriandet Mme RécamierGeorge Sand et MussetBalzac et Mme HanskaAragon et Elsa TrioletEluard et NushSartre et Simone deBeauvoir (le castor)…
… et dans les livresTristan et YseultRodrigue et ChimènePhèdre et HippolyteJulie et Saint-PreuxPaul et VirginieManon et Des GrieuxRodrigue et Doña ProuhèzePelléas et Mélisande…
“ ”
Les jeux d’Erosou “l’enfer” en vocabulaire
bibliothécaire… Apollinaire :Les Cent Mille Verges ;Mirbeau : Le Jardin des
supplices ; Aragon : Le Cond’Irène, et cette fameuse
Histoire d’O, signée PaulineRéage et seulement préfacée
par Jean Paulhan ?…
La cristallisationou la naissance de l’amour.
“…C’est l’opération de l’esprit,qui tire de tout ce qui se
présente la découverte quel’objet aimé a de nouvelles
perfections.” Stendhal
Éducation sentimentale.L’idéal est féminin, comme les délices,
amours et orgues où se complaîtl’exception grammaticale. Ronsard
- Cassandre, Chateaubriand - laSylphide, Nerval - Aurélia… Marot a
décrit ce monstre adorable, une femme,Marguerite de Navarre…
La leçon d’amourest un éternelrecommencement.Art d’aimer, plaisir d’amour,chagrin d’amour, dans tousles genres, sur tous les tons,“je t’aime” est unedéclaration…de guerre, parfois.
Version galante Comme un livre
Dans la Cité desfemmes, l’amour
est poétique etplatonique. La Belle Dame
sans merci, derrière les toursde son château, écoute le
troubadour, genou à terre etmain sur le cœur, lui rendre“service d’amour”, pendant
que son chevalier guerroie auloin. L’amour courtois est une
passion blanche.
Les précieuses inventent la“carte du tendre”, champ closde l’amour, qui s’y déplacecomme un pion sur un terrain
de mines. Lapréciosité prône lemariage à l’essai,voire l’union libre.“On ne badine pasavec l’amour…”Musset contreMarivaux, maîtredu discoursamoureux avec
trente-deux comédies sur l’amour. Pétrarqueinspire Ronsard puis Honoré d’Urfé, auteur deL’Astrée, le premier roman d’amour de la littératurefrançaise. Marivaudage,bavardage sur l’amour, l’amour de l’amour, qu’on retrouve chez Giraudoux, et Prévert…
Sur le fleuve amour, mêmesi les “intermittences ducœur” se moquent de lagéographie… Amour à
mort. Flotte l’ombre de lamort. Corps désexualisés,
amour éthéré : les lits sontdes tombeaux. Ophélie se
noie dans des rêves demystère. Ou bien, c’est la foliemeurtrière de Sardanapale, la
mort aux couleurs du désir.Romantisme. Amour de tête. Leshéroïnes stendhaliennes. Amour
noir. Thérèse Raquin, ThérèseDesqueyroux, meurtrières,
marginales.
Passion fatale. Depuis Tristan et Yseult,
la tentation d’un amour absolu joue la destinée contre l’amour.
L’amour-passion marque la littérature au fer rouge du malheur d’aimer.
Dans Belle du Seigneur, Albert Cohenreprend ce legs de la chevalerie,
fatal à l’amour. Jalousie …Signe d’unamour exclusif. Pour Marivaux,
elle révèle la naissance de l’amour ; Proust y voit l’expression même
de l’amour, cause et volupté de sasouffrance, qui meurt avec lui.
Il n’y a pas d’amour heureux
Vénalité. Le mythe de la P… augrand cœur… Carmen, MarionDelorme, Marguerite Gautier,autant de courtisanes purifiées parla passion, et la littérature…Banalité. Quand l’absurde s’enmêle… le ”huis clos“ oppressantdu couple, et La Cantatrice chauve,M. et Mme Smith, ou la conjugalitépar défaut…
Si c’était àrecommencer,je te rencontreraissans te chercher.Paul Eluard
Que la fête commence !
Le scandale amoureux éclate avec le libertinage. La Fontaine, conteur licencieux, ferait un bon Don Juan, dansl’esprit de Molière ; rien à voir avec ce personnageau regard froid, qui agit avec méthode contre lamorale et la vertu, incarné par Valmont dans Les
Liaisons dangereuses.On appelle ”bijoux indiscrets“des sexes qui parlent… Diderotles imprime au “Monomotapa”,mais, lestes et effrontés, ilsappartiennent au jeune XVIIIesiècle… avant le moralisme de
Rousseau et Bernardinde Saint-Pierre…Sodome dans le boudoir,des limites de l’érotismeà la jubilation tragiquede la perversion.Casanova et Restif de laBretonne, mais surtout le”divin marquis“, Sade,dernier des aristocrates,ou l’art de la débaucheavant la Révolution.
Si, de mes bras le tenantaccolé,Comme du lierre est l’arbreencercelé…Louise Labé
L’amour à l’ombre vénéneuse et mortelle.Breton“ ”
Amour fou. Le surréalisme créeune femme nommée désir et luivoue un véritable culte.Arrache-cœur. Entreromanesque et romantique :Chloé est belle, Colin est riche.Ils s’aiment. Mais Chloé tombemalade ; un nénuphar luipousse dans la poitrine et ellemeurt… L’Écume des jours, une“love story” signée Boris Vian.
Les contes de fées sont les romansérotiques des enfants.Jean Paulhan
“ ”
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Corps féminin, cœur d’homme et tête d’ange.“ ”
“
Gabrielles d’Estrées et une de ses sœurs,École de Fontainebleau
Les Funérailles de l’amour, Atelier d’Antoine Caron, XVIe
L’idée du crime sut toujours enflammer les sens et conduire à lalubricité.
Sade
Eve, Cranach (détail)
“ ”
Les Amants,Magritte
Hercule et Omphale,François Boucher
Allégorie de l’amour ou de l’eau,École française
Pheodora, ou la forêtde Minki, roman
de Mary Charlton
La Carte du tendre des précieuses, parue en 1654 dans Clélie, de Mademoiselle de Scudéry
Fausse amour ou lemariage, Miniature duXIVe siècle
Dans le jardin d’Amour, Miniature du XVe
Vénus et Cupidon,Lucas Cranach
Le Tombeau des lutteursMagritte
Le Verrou, Fragonard
Le Baiser,Rodin
Le cœur fourobinsonne à traversles romans.Rimbaud
Mignonne,mignonne,si tut’imagines…”
Tristan et Yseult,enluminure du
XIVe siècle
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Le Baiser, Gustav Klimt
ManuscritL’Amour, la poésie,Eluard
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Pour moi donc j’aime la vie.Montaigne
Vivre, c’est apprendre à mourir.Montaigne
A la vie, à la mort“ ”
La danse macabreA la fin du Moyen
Âge, après lesgrandes pestes, la
“camarde” s’installe.Le christianisme
impose le réalismemorbide de la danse macabre et l’art
baroque de la Contre-Réforme donne lamort en spectacle. Le Triomphe de la Mort,
inspiré du cavalier de l’Apocalypse,traverse les âges jusqu’à Cocteau, qui
actualise le thème au cinéma, dans Orphée et ses
La vie en fleur,selon le titre du romand’Anatole France, ou l’hymne àla vie… On la voit en rose chezles épicuriens, qui ont pourdevise le fameux “carpe diem”…
Le don de vivre a passé dans les fleurs.Valéry
Cueillez dès aujourd’huiles roses de la vie…Ronsard
Le but de notre carrière, c’est la mort…Montaigne
Peau de chagrinPour dîner avec le diable, il faut, ditla légende, une grande cuiller… Le
pacte démoniaque est l’éternelletentation de la littérature et, comme
Don Juan, il est des héros témérairesprêts à braver les flammes de l’enferpour brûler la vie par les deux bouts.
Mais, inexorable, la “faucheuse”…
Mort saisit sans exception.Villon
Choses de la vieQuand le Nouveau Roman choisitde raconter la vie par le menu, leroman meurt … et de la vie restel’écume des jours et des choses.Madame Bovary ne choisit-ellepas le poison contre lequotidien ?…
Car la vie est passée avantqu’on ait pu vivre.Hugo
Mort à créditla belle mort
survient à l’heure dite, et àl’improviste… Douce et
naturelle, elle n’est qu’unsommeil sans retour…
Le suicideest romantique quand il fait de
la mort une consolation, unedélivrance, une récompense.Rien à voir avec le suicide philosophique
des stoïciens ni avec la provocationsurréaliste, L’Invitation au suicide de
Philippe Soupault, par exemple. Mais RenéCrevel a appliqué La Mort difficile…
…Elle est la nuit de ce jour inquiet qu’on appelle lavie.
Notre grans et glorieux chefd’œuvre c’est vivre à propos.Montaigne
mais sans mode d’emploi.Alors, prendre la viecomme elle vient : sagesse“Quand je danse, je danse ;quand je dors, je dors…”(Montaigne). Ou bien sedépasser avant detrépasser : la passion “La vie est double dans les
flammes” Vigny. A chaque époque sonmode de vie, des modes qui passent etreviennent, comme la vie et la mort,éternelles…
La mort entre lesdents, ou du moinsentre les gencives ;car de dents je n’enai plus…Voltaire
La vieillesse
et la maladie…
Un seul être vous manque…car la vie est assez cruelle pour
donner et reprendre. La mort d’un êtrecher, d’un enfant. Léopoldine Hugo,
“La Jeune Captive” d’André Chénier.Mort, où est ta victoire ?
La guerreDe Rabelais à Céline en
passant par Zola,Barbusse, Dorgelès,
Malraux, Giraudoux, lalittérature est pacifiste et
crie avec Benjamin Péret :Mort aux vaches et au
champ d’honneur.
La guerre n’est pas unemaladie… C’est un malinsupportable parcequ’il vient aux hommespar les hommesSartre
La mort, spectre masqué, n’a rien sous sa visière.Victor Hugo
Le soleil ni la mort ne se peuvent
regarder fixement.La Rochefoucauld
Entre la vie et les livres
Et Dieu créa l’auteur…Pour témoigner, l’historien - pour juger, le moraliste - pour observer et décrire…
…et, l’auteur se prenant pour Dieuse mit à romancer, poétiser,dramatiser le mondeenvironnant… Il n’hésita pas,romancier tout-puissant, à créeret recréer des hommes et desfemmes à son image, faisantd’apparents personnages desêtres si vraisemblables… Enfin,pour ne plus rien devoir à sonillustre créateur, voilà l’écrivainqui se recrée lui-même…
Ainsi naîtl’autobiographieLe mot apparaît vers 1800 et sedéveloppe avec le romantisme,qui introduit une dimensionpersonnelle dans l’écriture.Mais il y a déjà eu le Montaignedes Essais et les Confessions oùJean-Jacques pose pour lapostérité de Rousseau. Mêmes’il en est qui rusent encore : JV = Jules Vallès ou JacquesVingtras ?…
La mort ne m’intéresse pas, la mienne non plus.Colette
Musiciens pour une danse macabre, XVe
Danse des morts, XVIe
La Belle Rosine, Antoine-Joseph Wiertz, 1843
La Chambrière et la mort, XVIe
…beauté des jeunes mourantes et desfleurs qui se fanent… de la maladiequi mine, de l’amour qui dévore, del’art qui tue ; la mort est partout…Sartre
La mort aux trousses
La vie devant soi
Je hais les livres ; ilsn’apprennent qu’à parlerde ce qu’on ne sait pas.Rousseau.
Le mépris des livres au nomde la vie est une ânerie.Julien Benda
Une récitation du monde.Georges Pérec
La mort du fossoyeur, Carlos Schwabe Flore, Rembrandt
Eva Prima Pandora, Jean CousinL’Étreinte mortelle, Armand Rassenfosse, pour Les Fleurs du mal
La Guerre, Arnold Böcklin La Consolation, Fred Stevens 1857
Caricature,Grandville
Baudelaire et Victor Hugo par eux-mêmes
Vanité au cadran solaire, École Française du XVIIe
Bacchus adolescent, Le Caravage
Le Printemps, Botticcelli (détail)
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La fêteLes libertins du XVIIesiècle lancent lafarandole et le plaisirentre dans le métierd’écrire. Les annéessont folles à Montparnasse : La Closerie des Lilas,Le Select, Le Dôme, LaCoupole, La Rotonde…Au Bœuf sur le toit, letout-Paris entoureCocteau et Sachs,Fargue, Radiguet endécouvrant le jazz…
A Montmartre, de1878 à 1884, au Chat
Noir, coexistenthydropathes, hirsutes,
Zutistes,Jemenfoutistes,
littérateurs de la“décadence”
La littérature est une propriété de l’espritPaul Valéry
Scènes de la vie littéraire“ ”
Qu’est-ce qui fait courir les écrivains ?Pour un fauteuil,la voie royale est une coursed’obstacles… Aux auteurs refusés, la patrie reconnaissante offre larançon de la postérité : Stendhal,Balzac, Baudelaire, Verlaine ou Zola, pour mémoire…
L’Académie Françaiseest créée par Richelieuen 1635 pour “normaliser”la langue française.Le premier dictionnaire
date de 1694. L’habit vert n’apparaîtqu’en 1801 et le premier romancier n’estadmis qu’en 1856… En 1980, la premièrefemme parmi les “immortels” :Marguerite Yourcenar.
Quand je n’aurai plusqu’une paire de fesses
pour penser, j’irail’asseoir à l’Académie
Bernanos
Pour un prix… et il y en a 1500 à tenter par an… depuis leXIVe siècle et les “Jeux floraux” del’Académie de Toulouse…
Le Goncourt date de 1903. Le lauréat, désignéchez Drouant, reçoit un chèque symboliquede 50F… et la promesse d’un gros tirage !Dès 1904, les femmes de lettres réagissenten créant le Fémina : cinq mille francs et untirage honorable. Le même jour, depuis 1958,est décerné le Médicis. Les journalistes
créent le Renaudot pour “corriger” le choix duGoncourt, comme en 1932 avec Céline… Réservé à unjournaliste-écrivain, l’Interallié a couronné Malraux,Vaillant, Blondin.
Une Académie du refus…Julien Gracq, le Goncourten 1951 ; Henri Michaux,le Grand Prix National desLettres en 1965 ; Jean-PaulSartre, le Nobel en 1964.
Pour une critiqueAprès la Querelle des Anciens et
des Modernes, on juge les œuvresen fonction de leur époque. Les
Romantiques découvrent larelativité du Beau. Mais la critiquelittéraire ne naît qu’au XIXe siècle
avec Sainte-Beuve. Le XXe
l’enrichit de l’apport des scienceshumaines. Roland Barthes est l’un des ténors decette “Nouvelle Critique” où se distingue l’école
suisse (Poulet, Starobinski, Rousset…)
…Petit écran devenu grand…la médiatisation comme
consécration… Des émissions comme “Le Masque et la plume”
et “Apostrophes”, entrent dans la mythologie de l’audiovisuel
grâce à la littérature…
Une littérature peuten cacher une autre…Le nerf de la plumea longtemps été le mécénat. Ecrivains de
grande maison - La Bruyère chez lePrince de Condé - ou mécénatd’État pour une littérature“mercenaire”… Mais, dégagée dusouci quotidien, elle y gagne deschefs d’œuvre ! Ce que regrettepeut-être un Jules Vallès réduit àLa Rue…
…L’esprit des lieuxInséparables : Pascal et Port Royal ;Chateaubriand et la Vallée aux loups ;Victor Hugo à Guernesey ; la maison de Pierre Loti à Rochefort… A en croire Rabelais, l’abbaye deThélème existe !…
Je passe là et laplupart des jours de mavie, et la plupart desheures du jour.Montaigne
Des lieux d’esprit…Salons, cafés et clubsdonnent sur le tonallègre et frondeur de laconversation le sensdes Lumières.
Le mouvementperpétuelLa Pléïade s’estd’abord appelée “la Brigade”… le“général” Hugo, à latête de son Cénacleromantique gagne labataille d’Hernani…
Zola et les Soirées de Médan, en 1880,font le naturalisme. Les “Mardis de la ruede Rome” des symbolistes chez Mallarmé
Cherchez l’écrivain !…Des goûts et des auteursSur la route des épices et de la soie : du Moyen Âge à la Renaissance.
Le Grand Siècle découvre “l’herbe àNicot”… Lumières riment avecexcitants - café, thé, chocolat -et ça pétille, comme
l’invention d’un certainDom Pérignon, le champagne… De fer et de feu,
le XIXe siècle s’abrutitdans l’absinthe populaire ou se réfugie dans lesparadis artificiels…
La CauseA St-Germain-des-Prés, jazz et rock’n
roll occupent lescaves de l’après-
guerre avec BorisVian, Prévert,
Camus… Et Sartreécrit sur un coin de
table, au Flore ouaux Deux magots.
Les littératuresdémocratiquesfourmillent
toujours de ces auteurs quin’aperçoivent dans les lettres qu’uneindustrie, et pour quelques grandsécrivains qu’on y voit, on y compte parmilliers des vendeurs d’idées.Tocqueville
S’installer là, jour et nuit, avec son calepin et son crayon à bille,et il n’y aurait rien d’autre à faire qu’à écrire, écrire, écrire.J-M. G. Le Clézio
La coutume des offrandes de fin d’année.Jean Ricardou
Critiques : Leplus sale roquetpeut faire uneblessuremortelle ;il suffit qu’il aitla rage.Valéry
En marge aussi, Nerval le “bousingot”, la“bohême galante” de Théophile Gautier,
façon Jeune-France et, plus tard, lesrapins de la Butte - Alphonse Allais,
Charles Cros, le JulesLaforgue des
Complaintes et leMaurice Rollinat des
Névroses…
Le Lapin Agile, Maurice Utrillo
Le Chat Noir, T. Steinlein
Affiche de Paul Colin, 1925
La préface del’Académie, de l’Hôtel-Dieu ou de la morgue.Henri Murger
Un café sous la Régence. Avec leNeveu de Rameau…Le Procope, ouvert en 1686 parun sicilien, est le plus célèbre
café littéraire. A la mort de Louis XIV, en 1715, onen compte déjà trois cents à Paris.
Suivez les femmes !Mme du Deffand, Mme
du Châtelet, Mlle de Tencin et les autres,incarnent le pouvoir du deuxième sexeavant la lettre… Paris contre Versailles
Le “Royaume” de Mme Geoffrin,modèle du salon philosophique
Le paradis terrestre est où je suis.Voltaire
Au-dessus de la mêléeLes revues connaissent un âge d’or débutXXe. Pour mémoire la NRF - NouvelleRevue française - qui a pignon sur la rueSébastien Bottin…
La “librairie” deMontaigne
Funérailles nationales de V. Hugo
La Critique, gravure anonyme, 1840
Les Intellectuels àla Coupole,Tullio Garbari 1916
Réunion d’amis, Eustache Lesueur
La Belle Chocolatière,Jean-Etienne Liotard
Les frères Goncourt par Nadar
Bibliothèque du monastère deWaldsassen (Autriche)
Louis XIV et Molièredéjeunant à Versailles,J. Dominique Ingres
«…c’est la passion des honnêtesgens, et qui vit sans tabac n’estpas digne de vivre». MolièreLe Fumeur, J. van Craesbeeck
Portrait-charge d’Apollinaireen académicien, Picasso
Valéry, Maurice Henry
Grande Course auclocher académique,
Grandville
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Cetteimpérieusemélancoliequi sort dessaxophones.Paul Morand
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La BohêmeVillon le vagabond, le
“poète crotté” deSaint-Amant…
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J’ai commencéd’écrire à plus dequarante ans etl’extrême bienveillancedu public à mon égard…ne me convaincra pasd’être un écrivainprofessionnel.Georges Bernanos,inspecteurd’assurances, père desix enfants…
Gens de lettres… comme gendarmes…Balzac
Vivre livre“ ”
Une comédie presque humaine
Relieuse de livres, Martin Engelbrecht
Pantagruel, Gustave Doré
Faire concurrence à l’état-civilBalzac
Pour s’y retrouveravec ses 2 500personnages,l’auteur de la Comédie Humaine se confectionnaitdes poupées aide-mémoire…
La vie commence dans le dictionnaire. Rabelaisien, balzacien ouproustien : quand l’auteur perdson patronyme dans lelangage courant, c’est qu’il aété rattrapé par la postéritéet le mythe… De même, il estdes personnages littérairesdevenus noms communs.
Gogo: personnage niais et crédule ;Gribouille: Brave et simplet depuis 1548 ;Jocrisse : type de niais à la logiqueabsurde ; La Mouche du coche : donneurde bons conseils ; Mimi Pinson: unegrisette signée Musset ; Passepartout :valet de chambre fidèle et débrouillard ;Pipelet : concierge parisien.
Plus nos personnages vivent, et moins ils nous sont soumisMauriac
En famille, la communauté des lecteurs sereconnaît à travers ses cousins à lamode littéraire… Gargantua etPantagruel, Panurge et ses moutons,Don Juan, Tartuffe et Harpagon,Gavroche, Rocambole, Tartarin,Ubu… Sans oublier les grandesfamilles qui animent la saga de lalittérature - Nucingen, Rougon-Macquart, Boussardel… A moins des’en tenir avec Le Clezio à desinitiales ou une voix “off”, un“procès-verbal”.
Si tous les personnages deslivres se donnaient la main…Arsène Lupin, Candide, Chérubin,Claudine, Cyrano de Bergerac, Diafoirus,la petite Fadette, Fantômas, Lagardère,Lancelot et Perceval, Maître Pathelin,Monsieur Jourdain, Monsieur Teste,
Perrette, Poil de Carotte, Quasimodo,Raminagrobis, Rastignac, Roland, Rouletabille,Swann, Tristan et Yseult, Zazie…
Un personnage de roman, c’est n’importequi dans la rue, mais qui va jusqu’au boutde lui-mêmeSimenon
Auteurs en quête de personnagesIl y a dans la vocation d’écrire quelque chose qui tient du vol, de la magie et de la religion.M. Jouhandeau
Pseudo…l’écriture comme moyen de
changer de peau, de vie,d’identité. Par jeu
- Romain Gary devenantEmile Ajar pour un
deuxième Goncourt… parréférence, un certain
Isidore Ducasse prenant lenom d’un personnagemalfaisant et cynique
d’Eugène Sue,Lautréamont… pour la
beauté du mot - Aragon,Mac Orlan, Nord…
Achard = FerréolApollinaire = KostrowitzkyAragon = Andrieux Céline = DestouchesCourteline = MoinauxDorgelès = Lecavelé Duhamel = Thévenin Eluard = Grindel Mac Orlan = DumarcheyMarceau = Carette Maurois = Herzog Nord = Brouillard Romains = Farigoule Sagan = Quoirez Saint-John Perse = LégerSollers = Joyaux Stendhal = Beyle Troyat = Tarassov Vercors = Bruller, Voltaire = Arouet…
Beaumarchais, agent secret du gouvernement, arme à ses frais les colons américains insurgés pour leurindépendance… Rimbaud s’embarque un jour pour l’Ethiopiefaire le négoce des peaux et du café ; on le dit mêmetrafiquant d’armes et d’esclaves… Cendrars invente le mot“bourlinguer” pour perdre la trace d’un certain Frédéric-Louis Sauser, né à La Chaux-de-Fonds, Suisse… Paulhan,avant de devenir à la NRF “l’éminence grise des lettres”, est successivement chercheur d’or, coupeur de bois, boxeur,coureur motoycliste, zouave… Malraux, aventurier en Asie,combattant en Chine, dans les Brigades Internationales enEspagne, résistant et ministre de de Gaulle… Jean Genet,marginal, vagabond, prostitué, voleur…
Je décidai de vivre tête baissée et de poursuivremon destin dans le sens de la nuitJean Genet
La vie mode d’emploiIl était une fois un agentde change qui s’appelait
Jules Verne ; quatre diplomates : PaulClaudel, Saint-John Perse, Jean Giraudoux,Albert Cohen ; Germaine de Staël, fille deNecker, ministre de Louis XVI ; uncentenaire, Fontenelle, par ailleurs neveudu grand Corneille; deux Alexandre Dumas,père et fils ; J-M de Heredia et son gendrePierre Louÿs ; des couples pour écrire àquatre mains - Erckmann-Chatrian, Boileau-Narcejac, Flora et Benoîte Groult…
Et, depuis le XVIIIe siècle,le “nègre” écrit…
les best-sellers d’hier etd’aujourd’hui… AlexandreDumas a employé une trentainede collaborateurs pour rédigerses 257 romans et 25 pièces de théâtre… MaisBalzac écrit tout seul Le PèreGoriot… en 3 nuits et 3 jours…
Du côté des éditeurs…Du côté de chez Swann, le pre-mier volume de La Recherche,de Proust, a été publié à compted’auteur… Il s’est vendu 125exemplaires d’En attendantGodot, la première année… etc’est au bout du quatrièmeroman que Georges Pérec trou-ve enfin un éditeur et remportedu même coup… le prixRenaudot…
Nana, par ManetEmile Zola donne lenom de son héroïne àsa barque et à lafameuse tour carréequ’il accole à samaison de Médan. Uneautre tour, hexagonale,eut nom “Germinal”…
Les personnages imaginairesm’affolent, me poursuivent; - ou plutôt,c’est moi qui suis dans leur peau.Flaubert
Vendeur d’images, Martin Engelbrecht
Rastignac,Balzac
Tristan et Iseuts’embarquant,Everardd’Espingues, XVe
Gavroche,Delacroix, d’aprèsVictor Hugo
Don Juan et la statue du Commandeur,Fragonard
Ponson du Terrail,caricature par Gill
Le gentlemancambrioleur de
Maurice Leblanc
Jeune garçon lisant, Franz Hals
Alexandre Dumaspère et son amie
Miss Menken, vers 1867
L’illustre auteur en pleintravail, dessin de Bernanos
Rimbaud “roi des sauvages”, Delahaye
Projet de couverture pour Les Travailleursde la mer, dessin de Victor Hugo
Le vrai Ubu, dessin de Jarry
Poil de Carotte, F. Poulbot
Reliures des ateliers de Bodoni, Parme
Son Excellence E. Rougon, aquarellede H. Lebourgeois 1898
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Quand littérature rime avec aventure
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Le Corbeau et le renard,Grandville
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Salons.Début XVIIe, le “caquetage” desfemmes entre dans la vie de
société. Elles créent le modèle de l’”honnête homme”, sur lemode pédagogique et galant, avant que les Lumières ne leurconfient les philosophes et leur réputation littéraire. Diderotchez Mme d’Epinay ; Buffon chez Mme Necker ; Voltaire, idolechez Mme du Châtelet avant Mme du Deffand.
La femme est l’avenir de l’hommeAragon ”
Entre parenthèses,la femme tient dans la littérature une place
centrale, mais décorative et mythique.
Dame de cœur,elle est inspiratrice et égérie,modèle éternel de beauté et puretéidéales : créature fragile et douce,tendre, maternante et dévouée, auxpieds de laquelle s’accumulenttrophées et dépouilles. Depuis laLaure de Pétrarque et la Béatrice deDante, de rêve ou de chair, elles ont
nom Cassandre, la Sylphide,Mme Récamier, MarieDorval, Mme Hanska…dérisoire royauté…
Dame de pique,elle est démon et maléfice.
Michelet n’écrit-il pas à la fois LaFemme et La Sorcière ? Tentatrice
et perverse, c’est marquise deMerteuil dans Les Liaisons
dangereuses. Suicidaire, MadameBovary est aussi radicalement
destructrice.
Un de ces animaux qu’onappelle généralement“mon ange”, c’est-à-direune femmeBaudelaire
Muse ou madone.Baudelaire
est un domaine réservé où,depuis le Moyen Âge, l’espritvient aux femmes. QuandRutebeuf ricane dans son Dit des béguines, Christine dePisan invente La Cité desDames dès la fin du XIVe siècleet s’impose, la première, auteur à part entière.
Oser, moy femme…
Une coalition contre lagrossièreté
Magendie
Les cours d’amourdu Moyen Âge instaurent une traditionprincière et lettrée qui se poursuit à laRenaissance.
Écrire, disent-elles…Convenances
Jusqu’au XIXe, une femmen’écrit pas pour publier. Mlle
de Scudéry publie d’abord sousle nom de son frère… Entre
“Bas Bleus” et “Femmessavantes”, la comédie se
moque… mais prend date… Enattendant, la pratique épistolaire, qui faisait
office d’exutoire féminin, devient un genrelittéraire avec la marquise de Sévigné…
Écrire, c’est perdre lamoitié de sa noblesse.Mlle de Scudéry
ExceptionsPionnière, Christine de Pisan fait école : Margueritede Navarre ; Louise Labé, la “Belle Cordière”, même déguisée en homme… Mme de Lafayetteinvente le roman, les genres nobles étant interditsaux femmes… Mme de Staël, fille de Necker, aiméede Benjamin Constant, exilée par Napoléon.
Le dix-huitième a proclamé le droit del’homme ; le dix-neuvième proclamera
le droit de la femmeVictor Hugo
Révolution.Tricoteuses, pétroleuses, scandaleuses
- Flora Tristan, Séverine, LouiseMichel, les premières féministes -
elles annoncent en militantesl’apparition sur la scène
littéraire de la femme écrivain
La littérature et la politique sontaujourd’hui ce qu’était autrefoisla dévotion pour les femmes, ledernier asile de leurs prétentions. Balzac
George Sandest la première vraie romancière. Elle
institue la femme-auteur, créatrice etplus seulement lectrice de romans…Mais, le pseudonyme masculin est de
rigueur ! Seul Flaubert, à l’époque, arrive àse glisser dans la peau d’un personnage
féminin : “Madame Bovary, c’est moi !”
Les deux sexes ne font qu’un pour l’être qui écrit.George Sand
ScandaleDe la fougueuse Anna deNoailles aux “femmesdamnées” adeptes de Lesbos,comme Renée Vivien, la modeest aux “garçonnes” et autres“amazones”. Comme Colette,qui se coupe les cheveux,s’exhibe nue au music-hall etécrit des romans libérés.Spontanée, un brin immorale,la littérature féminine estlancée début XXe.
Féminisme.Le XXe siècle pose la question :existe-t-il une “écritureféminine” ? Dès 1904, lescréatrices du Prix Féminaentendent “renforcer lesrelations de confraternité entre
femmes de lettres”. Après les suffragettes,Monique Wittig invente les “guerrières”…
“Ainsi soient-elles”…
La femme et l’ennui attisent la littérature, etla littérature le leur rend bien.Jules Laforgue
Après l’oppression, le silence et le cri, lesfemmes sont devenues écrivains. MargueriteDuras, présente sur tous les fronts - livre,théâtre, cinéma - Marguerite Yourcenar enhabit vert… le combat continue : auxmilitantes de l’écriture de créer descollections spécifiques, une vraie presseféminine, et des œuvres qui ne parlent passeulement d’histoires de femmes…
La chambre des dames les Controversesdes sexesmasculin etfemenin, Gratiandu Port, Toulouse1534
Marquise duChâtelet,
Marianne Loir
La Lettre, Gérard Ter Borch
Madame de La Fayette,gravure du XVIIe
La Dame à la licorne : Le Goûtvers 1500
Couverture deL’École desfemmes, deMolière
Madame de Sévigné,Claude Lefebvre
Colette au music-hall
Culottes fin de siècle,Fernand Fau
Portrait d’une dameinconnue en
costume de bal,Anonyme XVIIe
George Sand,T. Kwiatkowski
Madame Roland coiffée du bonnet girondin,École française du XVIIIe
Conversations dedames en l’absencede leurs maris,d’après AbrahamBosse
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Marguerite d’Orléans-Angoulême, reine deNavarre, vers 1525,
anonyme français XVIe
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Madeleine deScudéry,gravure XVIIe
Femmes de lettres©
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Un métier à métisser les imaginaires.René Depestre
Le mot “francophonie”,inventé au XIXe sièclepar le géographe OnésimeReclus, ne renaît qu’en1962 dans la revue Esprit.
Nouveauté majeure del’histoire littéraire du XXe
siècle : le français n’est niune langue morte ni la pro-priété exclusive des seulsfrançais de métropole
En français dans le monde“ ”
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Nous voulonshabiter notre nom
Jean Amrouche
La métropole reconnaissanteEn 1921, pour la première fois, le Goncourt est attribué à un
“roman nègre”, Batouala, de René Maran. Avant Gabrielle Roy,la Québécoise Marie-Claire Blais, les Belges Charles Plisnier
et Conrad Detrez, Antonine Maillet, Acadienne, et Patrick Chamoiseau, Antillais.
Plus francophones que les français…
Dès 1921, Blaise Cendrarspublie une Anthologie nègre, à partir des littératuresorales.
Négritude
Suisse et Belgique, ou les aléas de lafrancophoniefrontalière…Cendrars ou Simenon
plus français que d’origine ; Baudelaire etVerlaine s’acharnant sur la “pauvreBelgique”… Mais une identité bienpartagée côté critique littéraire avec la Suisse, côté fantastique et surréaliste avec wallons et flamands.
C’est à un espace del’étrangeté dans la
langue et de lalangue que la
francophonie doitson développement.
Nabile Farès
“Le métissage à nos yeux est unenrichissement” Folon, Alechinsky
Une guerrilla linguistique.Rachid Boudejdra
Le Québec était unecolonie canadienne-française ; à partir desannées 50, il devient un”pays”… Rien à voir avecMaria Chapdelaine, imaged’Epinal de LouisHémon…
Je suis d’un pays quiest comme une tachesous le pôle, commeun fait divers, commeun film sans images…Guy Pilon
Afrique NoireSembène Ousmane et Birago Diop(Sénégal) Amadou Hampaté Bâ(Mali), Mongo Beti (Cameroun)Camara Laye et Alioum Fantouré(Guinée) Olympe Bhêly Quénum(Dahomey) Bernard Dadié (Côted’Ivoire) Gérald TchicayaU Tam’Si (Congo)
Antilles Léon-Gontran Damas,Maryse Condé, Edouard Glissant,Simone Schwarz-Bart, RaphaëlConfiant, Patrick Chamoiseau
Algérie Jean Sénac, MohammedDib, Mouloud Feraoun, MouloudMammeri, Kateb Yacine, AssiaDjebar, Malek Haddad, RachidBoudjedra, Rachid Mimouni,Nabile Farès
Tunisie Albert Memmi, MoncefGhachem, Chems Nadir,Mustapha Tlili, Souad Guellouz
Maroc Driss Chraïbi, AbdelkebirKhatibi, Abdellatif Laabi,Mohammed Khaïr-Eddine, Tahar Ben Jelloun.
Et les beurs… Leila Sebbar,Mehdi Charef, Nacer Kettane,Mohammed Choukri
Québec Rita Lasnier, AnneHébert, Jacques Godbout, GastonMiron, Gatien Lapointe, Marie-Claire Blais, Réjean Ducharme,Michel Tremblay, Gilles Vigneault
Acadie Antonine Maillet
Liban Georges Schéhadé, Andrée Chedid
Egypte Edmond Jabès, AlbertCossery, Joyce Mansour
Île Maurice Malcolm de Chazal,Robert-Edward Hart, LoysMasson, Edouard Maunick, JeanFanchette, Marie-ThérèseHumbert
Madagascar Jean-JosephRabeariveloHaiti Jacques-Stephen Alexis,Jacques Roumain, René Depestre,Frank Etienne, Jean Metellus,Davertige
Aujourd’hui que cette langue est en plein déclin, ce qui m’attriste le plus c’est de constater que les Français n’ont pas l’air d’en souffrir. Et c’est moi, rebut des Balkans, qui me désole de lavoir sombrer. Eh bien, je coulerai, inconsolable, avec elle ! E.M. Cioran (roumain)
Une géographie linguistiqueLe monde négro-africain, les îlescréoles, l’aire maghrébine et le
Proche-Orient, Canada, Suisse etBelgique francophones, sans oublier
les survivances en Louisiane,Nouvelle Calédonie, à Tahiti…
Paris, fin des années 30, africainset créoles se rencontrent…“pousser le grand cri nègre”.,déclare Aimé Césaire, l’Antillais ;(à droite) “l’ensemble des valeursde civilisation du monde noir”précise Léopold- Sedar Senghor,l’Africain. La négritude est née…
Belgique Emile Verhaeren, MauriceMaeterlinck, Georges Simenon,Maurice Carême, Henri Michaux,Françoise Mallet-Joris, FélicienMarceau, Béatrix Beck, DominiqueRolin, Hubert Juin
Suisse J. J. Rousseau, BenjaminConstant, Blaise Cendrars, AlbertCohen, Denis de Rougemont…
Femme nue, femme noire Vêtue de ta couleur qui est vie…L-S Senghor
Un cri pour Les Damnés de la terre avec Franz Fanon ;un rêve pour le Tiers-Monde révolutionnaire Rue
Cases-Nègres avec Joseph Zobel ; leDevoir de violence du Malien YamboOuologuem, quand l’imposture post-coloniale fait voler en éclats lemythe de la grande fraternité noire ;une “africanité” à inventer aprèsle départ de l’homme blanc, enréponse à la revendicationd’”antillanité” de la jeunegénération créole. Sans oublier Haïti,indépendante dès 1804, oùRené Depestre, le poète, et Jacques Roumain, leromancier, témoignentpour toute la race noire.Des griots aux écrivains,Cheikh Hamidou Kaneraconte L’Aventureambiguë, le passagedifficile de la tradition à la modernité
Dans le moment que lesOrphées noirsembrassent le plusétroitement cetteEurydice, ils sententqu’elle s’évanouit entreleurs bras.Sartre
Le Maghreb vit sa francophonieà travers la fracture del’Indépendance. L’ÉternelJugurtha de Jean Amroucheexprime la tentative impossible deréunir “dans un même homme sonhérédité africaine, l’Islam etl’enseignement de l’Occident”…Mais kateb, “l’écrivain”, peut-ilencore revendiquer son appartenanceau français, comme un Kateb Yacine ?
Maghreb
Vive le Québec francophone !
Voisins de la patrie
L’histoire se moque de la géographieAux quatre coins de la planète, des écrivains se
retrouvent en langue de connaissance, la francophonie.Par l’intermédiaire du français, la prise de consciencede l’identité et de l’originalité des cultures indigènes.
La colonisation par d’autres moyens ? Une ou des francophonies ?
Voleurs de langue ?Langue de cœur, langue “maternelle” et
maternante… langue d’emprunt, jamais langue debois… la francophonie est un plus-que-français,dans l’affrontement, souvent douloureux, avec la
langue du colonisateur - exil intérieur…
Affiche pour le 2e congrès des écrivains et artistes noirs, Picasso 1958
Portrait de femme noire, M. Benoist
Fête des Gilles, à Binche (Belgique)
Toussaint-Louverture, libérateur deSaint-Domingue, anonyme
Scène de rue à Alger aprèsl’Indépendance
N° 18 des LettresQuébécoises 1980
L’Afrique, Encyclopédie desvoyages, 1796
L’Amérique, Encyclopédie desvoyages, 1796
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Une carted'identité
Les mots sont les passants mystérieux de l’âmeVictor Hugo
Par l’arrêt de Villers-Cotterêts, en 1539,François Ier impose le fran-çais comme langue officiel-le des actes de justice.
En latin médiéval, “litteratura” définit lalangue savante par rapport au “vulgaire”, le français.
1832 : instauration d’uneorthographe officielle1966 : création du HautComité de la langue française
En français dans le texte“ ”
C’estdans ledictionnairele succès del’Encyclopédie de Diderot,
associé au développement de l’industrie du livre etdes sciences, provoque la floraison desdictionnaires… Le XIXe siècle, porteur d’un idéal descience et d’éducation, donne avec Emile Littré et PierreLarousse les deux monuments du genre, le Dictionnaire dela langue française (1863-1872) et le Grand Dictionnaireuniversel du XIXe siècle (1866-1876).
Le baptême des motspasse parfois par la littérature. Et la langues’émaille d’appellations plus ou moinscontrôlées où les auteurs, le plus souvent àtitre posthume, impriment au-delà des livresleur vision du monde. Machiavélisme,dantesque, sadisme, marivaudage,bovarysme…
Jeux de mots, jeux d’écrivains…A travers sa parabole des “parolesgelées”, Rabelais démontre que lalangue est faite pour parler… etl’imagination prend le pouvoir dedire… Contre censure et caviardage,sans y perdre un “traître” mot, au piedde la lettre, les mots font recette
- Langage cuit deDesnos - …Ralentir :mots-valises, s’écrieAlain Finkielkraut,auteur par ailleurs d’unFictionnaire…
Moyen Âge : Vieux françaisLe “jongleur”, du verbe “jogleer” :
bavarder, joue littéralement avec lesmots. Avant de devenir “trouvère” :
trouveur, c’est-à-dire le poète, l’inventeur.
Au Moyen Âge, le français s’exporteen Angleterre avec Guillaume leConquérant, et c’est en français queMarco Polo, à la fin du XIIIe, dicte lerécit de ses aventures.
XVIe : langue vivanteLa Pléïade enrichit la langue et
l’élève à sa dignité littéraire. Du Bellay propose d’inventer des
mots… Irrite-mer pour dire le vent,par exemple… Le e muet ou
comment le français, perdant sesconsonnes finales, met sa
prononciation au diapason de sa modernité
Le français remplacepeu à peu le latin
comme langueinternationale
XVIIe : le corset académiqueMalherbe, Vaugelas, les grammairiens de
Port-Royal et la toute nouvelleAcadémie instaurent les “purges
linguistiques”, au nom du “bonusage” et de la “bienséance”…
Certains mots sont ainsi bannis :angoisse, immense, poitrine,épingle… Mais les cabinets
satyriques préfèrent la languequand… “elle parle en oison
qui jase dans la crotte”…Sans oublier les
Précieux et leursnéologismes : s’encanailler, pommadé,
anonyme, bravoure, féliciter, billet doux,travestir sa pensée, tout langage châtié…
que nous leur devons !
Les patois, définitivementbannis, la France parle à
deux vitesses…Racine à La Fontaine, à propos
d’un voyage à Uzès en 1661 :“J’avais commencé dès Lyon à neplus guère entendre le langage du
pays, et à n’être plus intelligiblemoi-même. Ce malheur s’accrut àValence, et Dieu voulut qu’ayant
demandé à une servante un potde chambre, elle mit un réchaud
sous mon lit…”
L’AllemandLeibniz écrit laplupart de sesœuvres en français
La souplesse et l’esprit s’imposent àl’Europe, mais la poésie cède le pas aux
idées… La langue est “une gueusepincée et dédaigneuse” à qui il faut “fairel’aumône” (Voltaire). Ce siècle voit naître
les mots : humanisme, tolérance,civilisation, bienfaisance, progrès, député,
plébiscite… d’une part… de l’autre,bonheur, nature, sentimentalisme et
bureaucratie, agio, idéologie, néologismecréé par Destutt de Tracy en 1797.
C’est à ce prixque vous mangezdu sucre enEurope.Voltaire
L’Italien Casanova écrit sesMémoires en français, mais…“ Laissez les Français tirervanité de l’expansion actuellede leur langue. Nosétablissements d’Amérique,solides et en pleine croissance…promettent à la langue anglaiseune stabilité et une duréesupérieures”David Hume, 1767
XIXe : Liberté, liberté chérie…
Un bonnet rouge au vieux dictionnaire.Hugo
Libération et élargissement.Réalisme et naturalisme
introduisent le vocabulairetechnique. Après Vidocq, l’argot
- criminalité et misère - entre en littérature.
Les débuts de la francophonievia le colonialisme
XXe : Tout est permisCoexistence de la langue classique - Montherlant,
Julien Green : ”L’amour de la langue française, c’est cetteéconomie de mots”- et populaire (Céline). Avec Boris Vian
et Alfred Jarry, au “Collège de pataphysique”, Queneaujoue au ”chahuteur de mots”, en inventant le
“néo-français” (souplesse, diversité, fonetik…), avec l’aide des mass-media, de la BD, des régionalismes.
L’écrivainvéritable est unhomme qui netrouve pas sesmots. Alors, il lescherche. Et en lescherchant, iltrouve mieux.Valéry
XVIIIe : rayonnement
Les mots, agentsd’une policeintellectuelle.René Crevel
Les Mots en liberté, Marinetti 1919
La Chasse à la liberté, Grandville
Gravure extraite de l’Expédition contre les nègresrévoltés au Surinam, J. Gabriel Stedman,1796
Le Cardinal deRichelieu, Philippe deChampaigne
La révolution en marche,aquarelle de Gœthe
Paysan desenvirons de Paris,
gravure XVIIe
Joachim du Bellay écritLa Défense et illustration de la
Langue française
La Lecture, Fernand Léger
Gargouille de Notre-dame de Paris
Enluminure d’un tropaireprovenant de Saint-Martial
de Limoges, XIe siècle
Pierre Larousse
Portrait imaginaire du marquisde Sade, Man Ray
“Comment entre lesparolles gelées,Pantagruel trouvades mots degueule”, Rabelais
Caricature de Rimbaud pour Voyelles, Charles Decaux
Arthur Rimbaud écritVoyelles en 1872
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