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Roch-Olivier Maistre,Président du Conseil d’administrationLaurent Bayle,Directeur général
Dimanche 29 septembre 2013Danses nocturnes
Dans le cadre du cycle Rêves du 17 au 29 septembre
Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse
suivante : www.citedelamusique.fr
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Les songes de Sylvia Plath, l’imaginaire de Couperin, la vision wagnérienne de Jonathan Harvey… Dans les rêves, tous les artifices semblent naturels.
« À la lumière de quelques bougies, sur un écran rond comme la lune suspendu au-dessus du clavecin, défilent des vignettes peintes à la main dans un dialogue libre et rêveur avec les pièces de François Couperin. » C’est ainsi que Louise Moaty résume le spectacle pour lanterne magique qu’elle a conçu avec la complicité du claveciniste Bertrand Cuiller. Elle a peint elle-même les images sur les plaques de verre qu’elle manipule, créant une féérie d’effets – des cascades d’eau, le soleil qui perce à travers les nuages… – tandis que l’on écoute des pièces évocatrices de Couperin (L’Amphibie, Les Ombres errantes, Les Tours de passe-passe…), de Pancrace Royer (La Marche des Scythes) ou de Rameau (Les Tendres Plaintes).
Jonathan Harvey, disparu en 2012, avait tiré deux interludes et une scène de son opéra Wagner Dream, créé en 2007 sur un livret de Jean-Claude Carrière. L’œuvre évoque la mort de Wagner, à Venise, victime d’une crise cardiaque tandis qu’il se souvient des Vainqueurs, un projet lyrique abandonné sur l’amour entre l’intouchable jeune fille Prakriti et le moine Ananda. Le premier interlude, comme l’expliquait Harvey, relate « le voyage qu’entreprend l’esprit de Wagner ». La scène qui suit se compose d’un air narratif chanté par Ananda et d’une ballade chantée par Prakriti. Le second interlude, enfin, prend la forme d’une danse lente au cours de laquelle les deux personnages s’attirent sans jamais se toucher. À ce singulier rêve wagnérien répond une création de Matthias Pintscher intitulée Bereshit, comme le premier mot de la Genèse, qui signifie « commencement ».
Sonia Wieder-Atherton joue Benjamin Britten. Charlotte Rampling prête les subtilités de sa voix aux poèmes de l’écrivaine américaine Sylvia Plath, qui mit tragiquement fin à ses jours en 1963. L’écriture de Plath, d’une force rarement égalée dans l’histoire de la littérature, fait ressortir les aspérités qui habitent le lyrisme des pages de Britten. Comme si la musique se mettait à rêver à voix haute, au fil de la plume de celle qui, dans sa nouvelle de 1958 intitulée Johnny Panic and the Bible of Dreams, se décrivait ainsi : « Chaque jour, de neuf heures à cinq heures, je suis assise à mon bureau […] et je dactylographie les rêves des autres. »
Cycle Rêves
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MARDI 17 SEPTEMBRE – 20H
La Lanterne magique de M. Couperin
Musique de Michel Corrette, François Couperin, Jean-Philippe Rameau et Joseph-Nicolas Pancrace Royer
Bertrand Cuiller, clavecinLouise Moaty, projections
VENDREDI 27 SEPTEMBRE – 20H
Anton Webern/Johann Sebastian BachFuga (Ricercata) – extrait de L’Offrande MusicaleJonathan HarveyTwo Interludes and a Scene for an OperaBernd Alois ZimmermannSonate pour violoncelleMatthias PintscherBereshit
Ensemble intercontemporainMatthias Pintscher, directionClaire Booth, sopranoGordon Gietz, ténorPierre Strauch, violoncelleCarl Faia, Gilbert Nouno, réalisation informatique musicale Ircam
Avant-concert à 19h à l’Amphithéâtre.
DIMANCHE 29 SEPTEMBRE – 16H30
Danses nocturnes
Textes de Sylvia Plath
Musique de Benjamin Britten
Charlotte Rampling, voixSonia Wieder-Atherton, violoncelle
DU MARDI 17 AU DIMAnCHE 29 SEPTEMBRE
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DIMANCHE 29 SEPTEMBRE – 16H30Salle des concerts
Danses nocturnes (création)
Textes de Sylvia PlathMusique de Benjamin Britten (Suite pour violoncelle n° 2 op. 80 et extraits de la Suite pour violoncelle n° 3 op. 87)
Charlotte Rampling, voixSonia Wieder-Atherton, violoncelle
Sonia Wieder-Atherton et Charlotte Rampling, conceptionEmmanuelle Touati, assistante à la conceptionSonia Wieder-Atherton, mise en scèneFranck Thevenon, création lumières
Ce concert est surtitré.
Fin du concert (sans entracte) vers 17h50.
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Déroulé du concert
Sylvia Plath Lady Lazarus (Dame Lazare)
Benjamin Britten Suite pour violoncelle n° 2 : Declamato. Largo
Sylvia Plath The Night Danses (Les Danses nocturnes)
Benjamin Britten Suite pour violoncelle n° 2 : Fuga. Andante
Sylvia Plath Edge (Extrémité)
Sylvia Plath Ariel
Benjamin Britten Suite pour violoncelle n° 2 : Scherzo. Allegro molto
Sylvia Plath Letter in November (Lettre en novembre)
Benjamin Britten Suite pour violoncelle n° 2 : Andante. Lento
Sylvia Plath Three Women (Trois Femmes) – extraits
Sylvia Plath Daddy (Papa)
Benjamin Britten Suite pour violoncelle n° 2 : Ciaccona. Allegro
Sylvia Plath Wintering (Passer l’hiver)
Sylvia Plath Medusa (Méduse)
Benjamin Britten Suite pour violoncelle n° 3 : Barcarola. Lento
Sylvia Plath Contusion (Lésion)
Benjamin Britten Suite pour violoncelle n° 3 : Fuga. Andante espressivo
Sylvia Plath Love Letter (Lettre d’amour)
Benjamin Britten Suite pour violoncelle n° 3 : Introduzione
Les traductions françaises proviennent de l’édition « Quarto », Gallimard, 2011. « Dame Lazare », « Les Danses nocturnes »,
« Ariel », « Lettre en novembre », « Papa », « Passer l’hiver » et « Méduse », extraits d’Ariel, sont traduits par Valérie Rouzeau,
de même qu’« Extrémité », « Lésion » et « Lettre d’amour ». La traduction des extraits de « Trois Femmes » est de Laure
Vernière et Owen Leeming.
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J’ai découvert Sylvia Plath il y a des années, à l’occasion d’une pièce jouée par Delphine et Coralie Seyrig autour des lettres de Sylvia Plath à sa mère.C’est donc par sa correspondance et plus tard ses journaux, puis enfin sa poésie, que je suis entrée dans son univers.Dans ses journaux il y a toute sa vie. Car à chaque instant de sa vie, elle écrit. Ses éblouissements, ses chutes dans le noir, ses rencontres, ses recherches inlassables.Pour moi, lire ce journal, c’est comme sentir battre le pouls de Sylvia Plath.Le sentir s’emballer, ralentir, au quotidien. Peut-être un travail pour arriver à cette poésie qui nous fait face avec sa force fulgurante.Sa poésie, un chant, un cri, qui bien au-delà de toute notion biographique questionne la vie. Va jusqu’à détruire pour pouvoir renaître. Éternellement renaître.
C’est cette poésie que j’ai imaginée dite par Charlotte Rampling quand est né notre désir de travailler ensemble. Bien sûr j’entendais son timbre un peu rauque, expressif, proche du violoncelle, mais surtout je sentais que porter la voix de Sylvia, cette voix solitaire et radicale, c’était pour elle.Puis j’ai eu cette intuition, Benjamin Britten. Ses suites pour violoncelle seul. Libres et puissantes. D’une telle imagination d’écriture.Dès la première répétition il y a eu une évidence.Comme si l’univers de Britten n’avait pas peur de celui de Plath. De ses extrêmes, du bruissement de sa langue. Bien au contraire. Il allait avec elle, lui donnant la main. La précédant ou la suivant de ses marches obsédantes, ses chants profonds, ses couleurs infinies, ses contrastes, son humour même parfois. Et son sens de la forme.Il y a des choses qui ont leur propre force, leur propre logique. Et qui vous conduisent plutôt que vous ne les conduisez.
Sonia Wieder-Atherton
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née en 1932 à Boston d’un père émigré allemand, entomologiste, professeur de biologie, et d’une mère d’origine autrichienne aimant lire et écrire, Sylvia Plath a huit ans lorsque son Roi des abeilles meurt : « Je ne parlerai plus jamais à Dieu ! » Premiers poèmes.À dix-sept ans, elle note dans son journal : « Je crois que j’aimerais pouvoir m’appeler “La fille qui voulait être Dieu”. » L’enthousiasme est revenu, par l’écriture.Vie intense, interrogations violentes. À vingt ans, la jeune femme aimerait trouver quoi faire du manque et de l’angoisse avec lesquels elle vit. À l’été 1953, elle est si éprouvée que sa mère lui fait consulter un médecin qui prescrit une série d’électrochocs. Effet désastreux. Suicide. Sylvia est sauvée in extremis par son frère, et la dépression est longue à guérir. En février 1954, elle reprend ses études au Smith College, la prestigieuse université américaine où elle est entrée à dix-huit ans, les achève brillamment au printemps 1955, sans cesser d’écrire et de publier dans diverses revues. Le 1er octobre, grâce à une nouvelle bourse, elle est à Cambridge.C’est là qu’elle découvre Ted Hughes, poète comme elle. Le soir de leur rencontre, il s’approche pour l’embrasser, elle le mord. Trois mois plus tard, ils se marient.Le couple voyage en France et en Espagne. nouveaux poèmes, récits, nouvelles.Le 4 mars 1957, Sylvia note : « Je prends peur quand je pense que tout mon être, avec tous ses refus, et après trois ans d’efforts pour le reconstruire, et qu’il soit souple et fort, s’est développé et mêlé si complètement à celui de Ted que si quelque chose lui arrivait, je ne vois pas comment je pourrais survivre. Je deviendrais folle ou me tuerais. »Fin juin 1957, Sylvia et Ted quittent l’Angleterre pour les États-Unis. Travail, rencontres littéraires. Après deux ans, ils décident de revenir vivre à Londres. Sylvia est enceinte.
Été 1962. Installé à la campagne, le couple fête son sixième anniversaire de mariage. Frieda a deux ans, nicholas six mois. Sylvia prépare un second roman. Mais en juillet elle intercepte par hasard la voix d’une amie au téléphone. C’est l’évidence même. Elle brûle des lettres et des manuscrits appartenant à Ted, ainsi que le manuscrit de son second roman. Lit Médée.
27 octobre 1962, elle a trente ans. Ce jour-là comme ceux qui précèdent et ceux qui suivent, elle écrit. La saison est violente : Ted Hughes a quitté définitivement Court Green quinze jours plus tôt pour vivre avec Assia Wevill. Sylvia est seule dans le Devon avec les enfants. Mais il y a cette énergie. Peut-être craint-elle encore que « bêtise noire », « pourriture », « propriété » la possèdent. En réalité elle dispose d’une puissance poétique extraordinaire, qu’elle n’a peut-être jamais éprouvée à ce degré, et c’est cette force inégalée qu’elle exprime.Invitée par la BBC, elle déclare : « Je pense que l’expérience personnelle est très importante, mais il ne faut pas en faire une sorte de boîte fermée, une expérience du reflet dans le miroir. Je crois qu’elle doit faire sens, et faire sens au regard des choses qui la dépassent, qui se produisent à plus grande échelle, comme Hiroshima et Dachau. » Et voici « Papa » qui entre en poésie, immédiatement métamorphosé, toute caractéristique particulière devenant image universelle sitôt que son souffle le touche. Sa mère se prénomme Aurélia et Sylvia sait que c’est ainsi qu’on appelle la méduse commune, aurelia aurita, méduse lune : et voici la Mère, surgie du fond des âges, « rouge gluant, placenta » aux « désirs verts comme des eunuques ».Il faudrait sans cesse pouvoir recréer des aurores : en quête des mots, de « leur galop infatigable », Sylvia combat, « flèche, / rosée suicidaire accordée / comme un seul qui se lance et qui fonce »,
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telle la légendaire Godiva qui vers l’an mille traversa nue les rues de Coventry, à cheval, pour convaincre son mari de suspendre les impôts qu’il prélevait pour la guerre. Telle Ariel, aussi, selon le nom qu’elle se choisit le jour de son trentième anniversaire, et qu’elle décide ensuite de donner à son recueil. Ariel, comme dans la Bible, mais femme, lionne de Dieu, de même que Lazare devenu Lady.Face à la tempête – expérience de la séparation, danger, imminence de la mort –, Ariel est le souffle, chez Shakespeare – musique, abeille –, qui représente l’imagination de Prospero, l’artiste. Le souffle, ce peut être aussi la respiration, réelle, de l’enfant qui dort. Ce don qui protège. À l’automne 1962, Sylvia Plath l’écrit. Danses nocturnes. Les « voix de la solitude », les « voix de la douleur » peuvent « cogner à son dos », elle passera l’hiver. Elle a son miel.À moins qu’il n’y ait trop d’espace à traverser, trop de froid et d’oubli ?Le 12 décembre, Sylvia quitte Court Green et se réinstalle à Londres avec Frieda et nicholas. Le 14 janvier 1963 paraît son premier roman, La Cloche de détresse. La peur revient. Comme un destin. Une contusion, et le corps, « couleur perle », semble se ressouvenir « des asticots gluants comme des perles » de précédentes morts. Soudain « le cœur se ferme ». Sylvia Plath écrit son dernier poème, « Edge » (« Extrémité »), le 5 février 1963. Le 11 février 1963, elle se suicide au gaz après avoir calfeutré la chambre de ses enfants.
Mais il n’y a pas de dernier poème. Qu’elle crie, murmure, ironise ou fredonne, la langue de Sylvia Plath appelle toujours au miracle. Elle bourgeonne encore « tel un rameau de mars ». « Love, the world » : l’amour-monde, le monde par l’amour. L’équinoxe de printemps, c’est son œuvre.
Emmanuelle Touati
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Les Suites pour violoncelle de Benjamin Britten (1913-1976)
Suite pour violoncelle n° 2 op. 80
I. Declamato. Largo
II. Fuga. Andante
III. Scherzo. Allegro molto
IV. Andante. Lento
V. Ciaccona. Allegro
Composition : été 1967 (achevée le 17 août).
Dédicace : Mstislav Rostropovitch.
Création : le 17 juin 1968 au Festival d’Aldeburgh (salle de Snape Maltings) par Mstislav Rostropovitch.
Durée : environ 24 minutes.
Lors d’un dîner, en 1964, Benjamin Britten s’engage auprès de Mstislav Rostropovitch à composer six Suites pour violoncelle, en référence à celles laissées par Bach. Les trois qu’il aura le temps d’écrire avant sa mort comptent parmi les chefs-d’œuvre violoncellistiques du XXe siècle. Elles font bien sûr référence au Cantor et à l’époque baroque en de nombreux points (présence d’une fugue dans chacune, utilisation du lamento ou de la chaconne, par exemple). Composée dans l’été 1967, la Suite n° 2 de Britten sera créée par Rostropovitch au Festival d’Aldeburgh, le 17 juin 1968. Elle s’ouvre avec le grand geste d’un Declamato libre et lyrique. La Fuga qui le suit est un tour de force : en inventant un « sujet » de fugue (c’est-à-dire un thème) aux nombreux silences, Britten met en place un contrepoint à trois voix, qui à l’oreille demeure en réalité monophonique. Le court Scherzo fait alterner deux idées contrastées, un trait rapide et un motif en doubles cordes, qui finiront presque par fusionner. La longue plainte de l’Andante (Lento), jouant de l’ambiguïté entre majeur et mineur, est continuellement soutenue par une étrange pulsation de pizzicatos. Dans la section centrale, le discours s’anime et se densifie – accords pizzicatos, puis avec l’archet –, l’écriture retrouvant peu à peu son dénuement initial. La Ciaccona conclusive, puissante et construite, repose sur une ground bass (ou basse obstinée). Inscrit dans la forme baroque de la chaconne, un discours aux perpétuelles métamorphoses se superpose à une basse toujours identique (étant donné la nature soliste de l’œuvre, cette basse n’est parfois que suggérée). Dans un esprit cyclique, la pièce se referme sur une allusion au premier morceau de la partition.
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Suite pour violoncelle n° 3 op. 87 – extraits
IV. Barcarola. Lento
V. Fuga. Andante espressivo
I. Introduzione. Lento
Composition : 1971.
Création : le 21 décembre 1974 à Snape Maltings par Mstislav Rostropovitch.
Éditeur : Faber Music.
Durée de la sélection : environ 6 minutes.
La dernière des trois suites pour violoncelle de Britten dédiées à Mstislav Rostropovitch et inspirées de celles de Bach, composée en 1971, est un adieu au monde empli d’inquiétude et de douleur, qui laisse peu de place à l’espérance. La Barcarola (Lento) n’est pas sans rappeler les arpèges qui ouvrent la première suite de Bach. La Fuga (Andante espressivo) est non pas une fugue au sens strict, mais un jeu de lignes de plus en plus ardent, qui retourne ensuite au dénuement. Son Introduzione (Lento) est une lamentation énigmatique ponctuée par une note grave en pizzicato.
Nicolas Southon
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Sylvia Plath
née près de Boston le 27 octobre
1932 de parents enseignants, émigrés
allemand et autrichiens, Sylvia Plath
a huit ans lorsque son père décède
à la suite de l’amputation d’une
jambe gangrenée. Elle a eu ce mot :
« je ne parlerai plus jamais à Dieu ».
Ce premier drame l’a marquée et
ce père mythique hante nombre de
ses poèmes. Le cadre familial prône
le culte du travail et encourage
l’ambition. Souvent trop exigeante
vis-à-vis d’elle-même et des autres,
brillante élève, très précoce en poésie,
Sylvia décide dès l’adolescence de
devenir écrivain. Elle poursuit de
brillantes études au Smith College de
northampton, publie des poèmes,
s’occupe d’une revue, participe aux
fêtes et aux bals de la vie étudiante.
Sa beauté et son humour lui
valent de nombreux soupirants et
quelques liaisons. Mais elle se pose
des questions sur son avenir et sa
vocation, son humeur oscille de la
plus grande joie au plus profond
découragement ; elle est prise entre le
conformisme ambiant et l’impérieux
besoin de liberté et d’indépendance
qui est en elle. À 20 ans, les soucis
financiers, les besognes alimentaires
et le surmenage déclenchent une
dépression nerveuse qui aboutit à
une tentative de suicide et une perte
temporaire de la mémoire. Les soins
et l’amitié d’une jeune psychiatre
lui permettent de reprendre une vie
normale et ses études à l’université.
Elle continue à publier poèmes et
nouvelles où l’angoisse est toujours
sous-jacente. Elle obtient en 1956
une bourse pour étudier à l’Université
de Cambridge où elle va faire la
connaissance de Ted Hugues, un
jeune poète anglais. Rencontre
fulgurante. Mariés quelques mois
plus tard, Ted et Sylvia vivent à
Londres. Sa vie d’épouse, ses tâches
ménagères, les soucis financiers,
la dactylographie des manuscrits
de Ted occupent plus Sylvia que sa
propre carrière. Ils décident alors
d’aller vivre deux ans aux États-Unis
et tentent de subsister de leur plume,
mais Sylvia doit occuper de petits
emplois temporaires, notamment
dans un hôpital psychiatrique.
Puis ils retournent à Londres, où
ils vivent en symbiose et s’aident
mutuellement dans leur travail.
Frieda, leur premier enfant, naît en
1960, et leur fils nicholas en 1962.
Ils vivent alors à la campagne. Sylvia
découvre que Ted a une liaison ; elle
brûle des lettres et des manuscrits de
Ted. Paradoxalement, cette période
de colère et de désespoir est la
plus productive pour Sylvia. C’est la
rupture. Elle va bientôt s’installer à
Londres avec les enfants, mais cet
hiver 1963 est rude, Sylvia et ses
enfants sont fréquemment malades,
elle trouve difficilement le temps
d’écrire. Son médecin lui prescrit
somnifères et antidépresseurs. Le 5
février, elle écrit un dernier poème,
Le Bord. À l’aube du 11 février, après
avoir mis ses enfants à l’abri, elle
absorbe des somnifères et ouvre le
gaz de la cuisine.
Anne Auger
Benjamin Britten
né le 22 novembre 1913 à Lowestoft
(Suffolk, Grande-Bretagne), Benjamin
Britten est poussé très tôt vers la
musique par sa mère, chanteuse
amateur. En 1927 (il a 13 ans), il
prend des cours de composition avec
Frank Bridge, qui aura une influence
très marquée sur le compositeur.
De 1930 à 1934, il est au College of
Music de Londres. Il y poursuit ses
études de composition et de piano
et commence à faire remarquer son
talent dans cette période. La guerre
commence. Britten et quelques amis
émigrent aux États-Unis. Parmi ses
camarades, on compte notamment
le jeune ténor Peter Pears (son
compagnon et interprète favori) et
le poète Wystan Hugh Auden. C’est
en Amérique que Britten compose sa
comédie musicale Paul Bunyan. Puis
il repart en Angleterre vers 1942 et
écrit Peter Grimes, chef-d’œuvre qui
relancera l’opéra anglais, statique
depuis Henry Purcell. En 1957, le
compositeur emménage (toujours
avec Peter Pears) dans la célèbre « Red
House » à Aldeburgh et commence à
collaborer avec la maison de disque
DECCA. Il compose ensuite l’opéra A
Midsummer Night’s Dream (ce sera le
dernier pour les dix années suivantes).
En 1961, son War Requiem est créé :
c’est une réussite complète. À partir
de 1969, Britten donne des tournées
en Europe. Il les continuera jusqu’en
1971. Après ces concerts, Britten
compose Death in Venise (après un
voyage dans cette ville). Mais en
1973, il est opéré du cœur et reste
affaibli. Au début de l’année 1976, la
BBC diffuse une nouvelle version de
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la toute première œuvre scénique
de Britten, sa comédie musicale Paul
Bunyan. La légende raconte que le
compositeur, débordé par l’émotion,
éclata en sanglots devant son poste
de radio. Benjamin Britten s’éteint à
Aldeburgh (ville désormais connue
pour son festival Britten) en 1976, le 4
décembre.
Charlotte Rampling
Fille d’un colonel britannique,
Charlotte Rampling a 9 ans lorsque
sa famille s’installe à Fontainebleau.
Inscrite à l’école communale, elle y
apprend le français. C’est cependant
en Angleterre qu’elle fait ses premiers
pas à l’écran, aux côtés de Jane Birkin
et Jacqueline Bisset en plein Swinging
London dans Le Knack… ou comment
l’avoir (Richard Lester, 1965). Elle
tourne ensuite dans des comédies à
succès tout en prenant des cours d’art
dramatique à la Royal Court School.
Très marquée par le décès brutal de sa
sœur, elle décide de quitter la Grande-
Bretagne. Installée en Italie, Charlotte
Rampling y fait sa première rencontre
marquante, celle de Luchino Visconti,
qui la dirige en 1969 dans Les Damnés.
Mais c’est Portier de nuit (1974) qui
fait d’elle une star auprès du grand
public, bien loin du registre comique.
Dans ce succès-scandale de Liliana
Cavani, elle incarne une rescapée
des camps nazis qui entretient
une étrange relation avec son ex-
bourreau. Avec un physique à la
Lauren Bacall, elle n’a pas de mal à
séduire les États-Unis, entamant une
carrière hollywoodienne : elle donne
la réplique à Robert Mitchum dans
Adieu ma jolie (1975), et joue sous la
direction de Sydney Lumet dans Le
Verdict, avant de retourner s’installer
en France à la fin des années 1970,
où elle tourne avec Boisset (Un taxi
mauve), Lelouch (Viva la vie !) et Deray
(le polar On ne meurt que deux fois en
1985). Elle jouera beaucoup moins
par la suite et fait un retour remarqué
au début des années 2000 dans deux
films de François Ozon, Sous le sable,
portrait d’une femme désemparée
après la disparition de son mari, et
Swimming Pool. C’est au moment
même où un César d’honneur vient
récompenser l’ensemble de sa carrière
(en 2001) qu’elle redevient une actrice
de premier plan, s’illustrant aussi
bien dans la comédie (Embrassez
qui vous voudrez, 2002) que dans le
thriller (Lemming), le film d’auteur
(Vers le sud, 2006) ou le divertissement
hollywoodien (Basic instinct 2). Côté
scène, Charlotte Rampling a fait ses
débuts au théâtre dans Petits crimes
conjugaux d’Éric-Emmanuel Schmitt.
Puis elle a joué La Fausse Suivante à
Londres. En 2007, elle était à l’affiche
de La Danse de mort d’August
Strindberg à la Madeleine. En 2008,
elle effectue une tournée en France
avec des lectures de Une chambre
à soi et autres textes de Virginia
Woolf (conception et mise en scène :
Jean-Claude Feugnet). Elle continue
parallèlement d’être très présente sur
les écrans, de Melancholia (Lars Von
Triers, 2010) au dernier François Ozon,
Jeune et Jolie. En 2010-2012, Charlotte
Rampling est sur scène en France et à
l’étranger pour présenter aux côtés du
comédien grec Polydoros Vogyatzis
Cavafy/Yourcenar. Ce spectacle retrace,
à travers écrits et correspondance,
la relation du poète grec avec la
romancière française.
Sonia Wieder-Atherton
Violoncelliste, interprète d’un
très large répertoire reflétant son
imaginaire, auteur de programmes
originaux, musicienne re cherchée
par de nombreux compositeurs
contemporains, Sonia Wieder-
Atherton occupe une place à part
dans le monde musical aujourd’hui.
Elle joue en soliste avec l’Orchestre de
Paris, l’Orchestre national de France,
l’Orchestre national de Belgique,
l’Orchestre Philharmonique de Liège,
l’Orchestre Philharmonique d’Israël,
le BBC national Orchestra of Wales,
l’Orchestre Gulbenkian de Lisbonne,
l’Orchestre Philharmonique du
Luxembourg, l’Orchestre de la nDR
de Hanovre, le REMIX Ensemble,
l’Orchestre De la RAI, Les Siècles,
l’ensemble Asko/Schönberg…
sous la direction de chefs comme
Louis Langrée, Marc Minkowski,
Lawrence Foster, Alain Altino glu,
János Fürst, Pascal Rophé, Matthias
Pinscher, Günter neuhold, François-
Xavier Roth, Hervé niquet, nathalie
Stutzmann, Reinbert de Leeuw…
Pascal Dusapin, Georges Aperghis,
Wolfgang Rihm et d’autres écrivent
pour elle de nombreuses œuvres
qu’elle joue à travers le monde :
Portugal (Casa Musica, Porto), Italie
(Auditorium de la RAI, Turin), Israël
(Festival de Jérusalem), Belgique (Ars
Musica, Bruxelles), Lituanie (Gaida
Festival, Vilnius), France (Festival
de Radio France, Festival Musica).
Elle joue régulièrement avec les
pianistes Imogen Cooper, Elisabeth
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Leonskaja, Laurent Cabasso, Georges
Pludermacher, Bruno Fontaine.
Ses nom breux enregistrements
témoignent de son parcours.
Chez Sony BMG sont parus : Au
commencement Monteverdi, Trios
de Schubert, En sonate, Concerto
de Pascal Dusapin, En concerto,
avec le Sinfonia Varsovia dirigé
par János Fürst (Ravel, Bartók et
Chostakovitch). Depuis 2009, elle
enregistre en exclusivité chez
naïve. Sont parus Chants d’Est, pour
violoncelle et orchestre de chambre
(avec l’Ensemble niguna), un voyage
de la Russie à la Mitteleuropa ; une
réédition des Chants juifs pour
violoncelle et piano, accompagnée
de 14 récits écrits par elle-même
questionnant les notions de temps,
de mémoire et de transmission,
et dernièrement VITA Monteverdi-
Scelsi pour violoncelle solo et trois
violoncelles, à travers lequel elle
raconte l’histoire d’une vie, celle
d’Angioletta-Angel. S’y ajoutent des
projets tels que D’Est en musique,
spectacle conçu avec les images
du film D’Est de Chantal Akerman.
Ses créations, dont elle assure à
la fois la conception et la mise
en espace, sont jouées dans de
nombreux festivals et dans des
lieux tels que l’Opéra-Comique,
la Cité de la musique, le Théâtre
de la Ville, Musica à Strasbourg, le
Printemps de Bourges (France), le
Bath Music Festival ou Cheltenham
(Royaume-Uni), l’Opéra de Houston
(États-Unis), l’Opéra de Dortmund
(Allemagne), le festival Crossing
the Line (États-Unis), les festivals
de Spoleto et Caserta (Italie), la
Casa da Música (Portugal). Après
des études au Conservatoire de
Paris (CnSMDP) dans la classe de
Maurice Gendron et des cours
avec Mstislav Rostropovitch, Sonia
Wieder-Atherton étudie deux ans
à Moscou dans la classe de natalia
Chakhovskaïa au Conservatoire
Tchaïkovski. En 1986, peu après son
retour, elle est lauréate du Concours
Rostropovitch. L’Académie des
Beaux-Arts lui a décerné le Grand
Prix Del Duca en 1999. En mai 2011,
elle a reçu le Prix des Arts de la
Fonda tion Bernheim.
Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrice en chef adjointe : Gaëlle Plasseraud | Graphiste : Marina Coquio | Stagiaire : Guillaume Bodeau
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Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrice en chef adjointe : Gaëlle Plasseraud | Graphiste : Marina Coquio | Stagiaire : Guillaume Bodeau
Et aussi…
> CONCERT
DIMANCHE 13 OCTOBRE, 16H30
Le Rhin, d’une rive à l’autre
Lieder et mélodies de Gustav Mahler, Robert Schumann, Franz Liszt, Arthur Honegger, Maurice Ravel, Francis Poulenc, Hanns Eisler, Richard Wagner, Paul Hindemith…
Karen Vourc’h, sopranoAnne Le Bozec, piano Érard 1890 (collection du Musée de la musique), piano moderne
JEUDI 5 DÉCEMBRE, 20H
Igor StravinskiLe Sacre du printemps – version pour deux pianosBéla BartókAllegro barbaroAndré JolivetChant de LinosCinq Incantations pour flûteManaDanses rituelles: Danse initiatique, Danse du héros
Juliette Hurel, flûteHélène Couvert, pianoMarie-Josèphe Jude, pianoMichel Béroff, piano
VENDREDI 31 JANVIER, 20H
Robert SchumannWaldszenen op. 82Eichendorff-Liederkreis op. 39Claude DebussyTrois Mélodies d’après VerlaineGustav MahlerLieder
Bernarda Fink, mezzo-sopranoAnthony Spiri, piano
> BIENNALE DE QUATUORS À CORDES
DU SAMEDI 18 AU DIMANCHE 26 JANVIER
> COLLÈGE
DU JEUDI 5 DÉCEMBRE AU JEUDI 10 AVRIL
Le quatuor à cordes
> SALLE PLEYEL
MARDI 11 FÉVRIER, 20H
Ludwig van BeethovenSonate n° 1Franz SchubertSonate « Arpeggione »Claude DebussySonateBenjamin BrittenSonate
Gautier Capuçon, violoncelleFrank Braley, piano
> MÉDIATHÈQUE
En écho à ce concert, nous vous proposons…
> Sur le site Internet http://mediatheque.cite-musique.fr
… d’écouter un extrait audio dans les « Concerts » :Sonate pour violoncelle et piano op. 40 de Dmitri Chostakovitch, Sonia Wieder-Atherton (violoncelle), Elisabeth Leonskaja (piano), enregistré à la Cité de la musique en 2001 (Les concerts sont accessibles dans leur intégralité
à la Médiathèque de la Cité de la musique.)
… de regarder dans les « Dossiers pédagogiques » :Sonia Wieder-Atherton dans les « Entretiens filmés »
> À la médiathèque
… d’écouter avec la partition :Suite pour violoncelle n° 2 de Benjamin Britten par Rohan de Saram (violoncelle)
… de lire :Benjamin Britten ou le mythe de l’enfance de Mildred Clary
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Musiques classique et baroque, musique de chambre, opéra, musiques du monde, jazz, pop-rock, electro...
Vivez les concerts filmés à la Cité de la musique et à la Salle Pleyel en direct et en différé sur Internet
chez vous…comme au concert
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