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Thème 3 : Puissances et tensions dans le monde de la fin de la Première Guerre Mondiale à nos jours Chapitre 3 : Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale 1 L’ensemble de la définition doit être explicitée avec le PAO créé à cet effet La question de la définition du Moyen-Orient : Au début du XX ème siècle, le schéma est cohérent : il existe un Proche, un Moyen et un Extrême-Orient. La Première Guerre mondiale ne change pas la terminologie, mais la chute de l’Empire ottoman et les relations complexes que les Anglais entretiennent avec les Arabes amènent le début d’une grande confusion. Les territoires arabes, jusque-là gérés par le gouvernement des Indes, forment une nouvelle circonscription dépendant directement de Londres. Le 1 er mars 1921, Churchill, secrétaire d’Etat aux colonies, établit un Middle East Department chargé de superviser la Palestine, la Transjordanie et l’Irak. Dans le même temps, la Royal Air Foce se donne un Middle Eastern Command comprend l’Egypte, le Soudan et le Kenya avec des responsabilités administratives (mais non opérationnelles) en Palestine. Subrepticement, le MO déborde sur la Méditerranée et l’Afrique. L’affaire est passée inaperçue. La 2GM va lui donner une grande importance. En 1939, l’armée britannique se dote d’un Middle East Command allant de l’Egypte au Golfe avec au nord Chypre et au Sud la Somalie. La suite de la guerre y ajoute la Libye, l’Ethiopie, la Grèce et l’Iran. Le Proche-Orient a été complètement assimilé au MO. Après 1945, il est trop tard pour faire renaître le Proche-Orient cohérent et les officiels britanniques décident de n’utiliser désormais que le terme MO. La dernière étape est l’entrée en scène des EU. A partir de 1945, le gvt américain décide d’avoir une politique active dans la région. Un Middle East Institute est créé à Washington. Proche du département d’Etat, cette institution définit son domaine géographique comme allant du Maroc au Pakistan qui vient de se séparer de l’Empire des Indes. Les revues scientifiques américaines puis anglaises reprennent cette définition qui, curieusement, correspond à ce que l’on pourrait appeler l’Islam continental de la première expansion des VII ème et VIII ème siècles. Le Quai d’Orsay s’aligne sur l’évolution sémantique en abandonnant l’ancienne dénomination administrative d’Afrique du nord-Levant par celle d’Afrique du Nord-Moyen Orient. Avec la chute de l’Union Soviétique, un grand débat a eu lieu dans les milieux universitaires pour savoir si les Républiques indépendantes du Caucase et d’Asie centrale faisaient partie du MO. Aujourd’hui, pour certains, le MO est pratiquement synonyme du monde musulman. Si le MO a un sens si changeant, c’est parce qu’il est avant tout un concept politique que l’on peut définir par deux caractéristiques : - Il s’agit toujours de pays musulmans constituant l’enjeu de rivalités régionales et internationales. - L’action des puissances locales est de façon permanente en interaction avec les puissances extrarégionale et la solution des crises passent par un recours à « l’internationalisation ». Le « Moyen-Orient » a toujours été difficile à définir : - Les deux termes rappellent la domination de l’Europe car la description des lieux est européocentrée. Ils rappellent que cette domination a encore des résonnances aujourd’hui. - Le MO n’a pas de frontière => le terme MO évoque plus qu’il ne décrit. De plus, le terme ne recouvre pas les mêmes réalités selon les personnes et les pays o En France, il est distinct du PO ou du Maghreb o Aux EU, et particulièrement sous la présidence de G. W. Bush, le MO est grand et inclusif - Les termes évoquent une culture rêvée, envoutante, celle de l’Orient - Le MO, ce sont des guerres, des haines, des souffrances, des radicalités, une actualité.

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Thème 3 : Puissances et tensions dans le monde de la fin de la Première Guerre Mondiale à nos jours

Chapitre 3 : Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale

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L’ensemble de la définition doit être explicitée avec le PAO créé à cet effet La question de la définition du Moyen-Orient : Au début du XXème siècle, le schéma est cohérent : il existe un Proche, un Moyen et un Extrême-Orient. La Première Guerre mondiale ne change pas la terminologie, mais la chute de l’Empire ottoman et les relations complexes que les Anglais entretiennent avec les Arabes amènent le début d’une grande confusion. Les territoires arabes, jusque-là gérés par le gouvernement des Indes, forment une nouvelle circonscription dépendant directement de Londres. Le 1er mars 1921, Churchill, secrétaire d’Etat aux colonies, établit un Middle East Department chargé de superviser la Palestine, la Transjordanie et l’Irak. Dans le même temps, la Royal Air Foce se donne un Middle Eastern Command comprend l’Egypte, le Soudan et le Kenya avec des responsabilités administratives (mais non opérationnelles) en Palestine. Subrepticement, le MO déborde sur la Méditerranée et l’Afrique. L’affaire est passée inaperçue. La 2GM va lui donner une grande importance. En 1939, l’armée britannique se dote d’un Middle East Command allant de l’Egypte au Golfe avec au nord Chypre et au Sud la Somalie. La suite de la guerre y ajoute la Libye, l’Ethiopie, la Grèce et l’Iran. Le Proche-Orient a été complètement assimilé au MO. Après 1945, il est trop tard pour faire renaître le Proche-Orient cohérent et les officiels britanniques décident de n’utiliser désormais que le terme MO. La dernière étape est l’entrée en scène des EU. A partir de 1945, le gvt américain décide d’avoir une politique active dans la région. Un Middle East Institute est créé à Washington. Proche du département d’Etat, cette institution définit son domaine géographique comme allant du Maroc au Pakistan qui vient de se séparer de l’Empire des Indes. Les revues scientifiques américaines puis anglaises reprennent cette définition qui, curieusement, correspond à ce que l’on pourrait appeler l’Islam continental de la première expansion des VII ème et VIIIème siècles. Le Quai d’Orsay s’aligne sur l’évolution sémantique en abandonnant l’ancienne dénomination administrative d’Afrique du nord-Levant par celle d’Afrique du Nord-Moyen Orient. Avec la chute de l’Union Soviétique, un grand débat a eu lieu dans les milieux universitaires pour savoir si les Républiques indépendantes du Caucase et d’Asie centrale faisaient partie du MO. Aujourd’hui, pour certains, le MO est pratiquement synonyme du monde musulman. Si le MO a un sens si changeant, c’est parce qu’il est avant tout un concept politique que l’on peut définir par deux caractéristiques : - Il s’agit toujours de pays musulmans constituant l’enjeu de rivalités régionales et

internationales. - L’action des puissances locales est de façon permanente en interaction avec les puissances

extrarégionale et la solution des crises passent par un recours à « l’internationalisation ». Le « Moyen-Orient » a toujours été difficile à définir : - Les deux termes rappellent la domination de l’Europe car la description des lieux est

européocentrée. Ils rappellent que cette domination a encore des résonnances aujourd’hui. - Le MO n’a pas de frontière => le terme MO évoque plus qu’il ne décrit. De plus, le terme

ne recouvre pas les mêmes réalités selon les personnes et les pays o En France, il est distinct du PO ou du Maghreb o Aux EU, et particulièrement sous la présidence de G. W. Bush, le MO est

grand et inclusif - Les termes évoquent une culture rêvée, envoutante, celle de l’Orient - Le MO, ce sont des guerres, des haines, des souffrances, des radicalités, une actualité.

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Thème 3 : Puissances et tensions dans le monde de la fin de la Première Guerre Mondiale à nos jours

Chapitre 3 : Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale

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Le Proche-Orient, expression usuelle dans la géographie française au XIXème siècle et jusqu’aux années 1930, servait à désigner l’Orient le plus proche, cad l’Egypte et les pays du Croissant Fertile (Syrie, Liban, Irak, Jordanie, Israël). Dépourvu de frontières naturelles, d’unité physique ou humaine, le Proche-Orient se définissait comme un terrain, investi de représentations symboliques fortes (le foyer originel de la civilisation, les Lieux Saints des trois religions monothéistes, l’Orient immobile et mystérieux). Par la suite, le terme Moyen-Orient a été préféré. Cependant, comme le montre l’historien Alexandre Dufay, le rôle central joué dans les relations internationales par la résolution du conflit israélo-palestinien a obligé de nombreux observateurs à mettre en évidence, au sein de l’ensemble géopolitique du MO, le Proche-Orient. Problématique : Les régions du Proche et du Moyen-Orient sont des régions qui représentent un foyer de conflit ancien du monde ce qui repose sur des facteurs spécifiques et sur la résonnance du conflit dans les relations internationales et ce, depuis la première guerre mondiale, voire des périodes antérieures. I. Une région marquée par de grands enjeux

A. Un espace géostratégique emblématique

1) Un Carrefour géostratégique Documents à utiliser : carte p. 282-283, carte 1 p. 298 Questions : 1. Pourquoi peut-on dire que le Proche-Orient et le Moyen-Orient sont des carrefours ? Le Proche et le Moyen-Orient peuvent être considérés comme des carrefours car : - Le Moyen-Orient fait le lien entre l’Europe et l’Asie. Il fait aussi partie des espaces qui

permettent de connecter l’océan Indien à la Méditerranée par l’intermédiaire du Golfe d’Aqaba et du canal de Suez mais aussi par les détroits du Bosphore et des Dardanelles.

- Le Proche-Orient, lui permet de faire le lien entre le Croissant Fertile, la Péninsule arabique et la Mer Méditerranée, permettant les échanges par l’intermédiaire des ports de la côte méditerranéenne.

2. Quelles sont les ressources de ces régions qui peuvent être convoités et ce, depuis le XIX ème siècle ? En quoi cela devient-il encore plus stratégique à l’heure actuelle ?

Les ressources convoitées dans ces régions depuis le XIXème siècle, et notamment après la deuxième « Révolution Industrielle » sont les hydrocarbures (gaz et pétrole). En effet, ces ressources sont très utiles au développement de l’industrie et notamment après la seconde guerre mondiale où la période des Trente Glorieuses a fondé son développement sur le tout pétrole. Aujourd’hui, ces régions sont stratégiques car les ressources en pétrole s’amenuisent et qu’elles possèdent près de 40 % des réserves mondiales d’hydrocarbures à l’échelle ce qui en fait une des régions clés dans la poursuite des politiques de développement aussi bien dans les pays du Nord que dans les Suds, notamment les puissances émergentes. 3. Quels lieux symboliques font que le Proche-Orient et le Moyen-Orient sont au cœur de la

symbolique monothéiste ? Le Proche et le Moyen-Orient concentre les principaux Lieux Saints des trois religions monothéistes, ce qui de tout temps en a fait un enjeu entre les trois religions monothéistes, et donc aussi un lieu de tension, particulièrement la ville de Jérusalem qui cristallise les tensions internes aux religions monothéistes ou entre les religions monothéistes.

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Thème 3 : Puissances et tensions dans le monde de la fin de la Première Guerre Mondiale à nos jours

Chapitre 3 : Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale

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4. Pourquoi le Proche-Orient et le Moyen-Orient ont-ils pu être encore considérés comme stratégiques par les puissances du monde entier, dans le contexte de la Guerre Froide ou celui de la mondialisation ?

Dans le contexte de la Guerre Froide, les puissances occidentales, notamment les Etats-Unis et l’URSS se sont disputés la région, notamment pour l’accès aux ressources pétrolières mais aussi pour la question des débouchés sur la Méditerranée, protégée par la VIème flotte américaine et qui empêchait les débouchés de la mer Noire pour l’URSS. Les détroits du Bosphore et des Dardanelles revêtaient alors un intérêt stratégique. Dans le cadre de la mondialisation, les routes maritimes qui passent par le Golfe d’Aqaba, le canal de Suez sont indispensables au commerce pétrolier mais aussi de marchandises ce qui veut dire qu’une fermeture du canal ou une trop grande instabilité dans la région risquerait de mettre à mal le commerce mondial, en rallongeant les distances (en dehors des super porte-conteneurs ou des supertankers).

2) L’enjeu des ressources pétrolières Documents à utiliser : L’arme pétrolière (H. Laurens et V. Cloarec, Proche et Moyen-Orient depuis la Première Guerre mondiale, p. 136-138), carte de l’exploitation pétrolière (P. Vallaud et X. Baron, Atlas géostratégique du Proche et du Moyen-Orient, p. 29), carte des ressources en pétrole (P. Vallaud et X. Baron, Atlas géostratégique du Proche et du Moyen-Orient, p. 137), document 4 p. 299

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Thème 3 : Puissances et tensions dans le monde de la fin de la Première Guerre Mondiale à nos jours

Chapitre 3 : Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale

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Document 1 : Carte de l’exploitation pétrolière

Source : P. Vallaud et X. Baron, Atlas géostratégique du Proche et du Moyen-Orient, p. 29

Document 2 : Carte des ressources en pétrole

Source : P. Vallaud et X. Baron, Atlas géostratégique du Proche et du Moyen-Orient, p. 137

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Chapitre 3 : Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale

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Document 3 : L’arme pétrolière Le fait économique majeur de l’Orient arabe après 1945 est l’ascension considérable de l’économie pétrolière du Golfe. Marginale jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, l’exploitation du pétrole moyen-oriental devient un enjeu stratégique et économique majeur pour les pays occidentaux lancés dans le mouvement des Trente Glorieuses. […] Cet essor profite d’abord aux compagnies occidentales installées dans la région dans l’entre-deux-guerres, mais peu à peu, les pays arabes regagnent leur indépendance. […] Les principaux pays exportateurs (Arabie Saoudite, Koweït, Irak, Iran et Venezuela) se réunissent et constituent le 15 septembre 1960, l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP). Le Qatar adhère en 1961, la Libye et l’Indonésie en 1962, Abu Dhabi en 1967, l’Algérie en 1969, le Nigéria en 1971, l’Equateur et Dubaï en 1973 et le Gabon en 1975. […] Pour la première fois en 1967, lors de la guerre de Six jours, l’arme pétrolière est brandie par les Etats arabes producteurs et se traduit par un embargo des livraisons de pétrole vers les pays soutenant l’action israélienne. Mais cette action est de courte durée et reste sans suite. […] La révolution libyenne de 1969 provoque de nouveaux bouleversements. Khadafi modifie les termes des contrats avec les compagnies pétrolières. Il obtient une hausse des prix, impose un contrôle et une limitation de la production. Cette politique signe le renversement des rapports de force entre compagnies exploitantes et Etats producteurs. Elle annonce également la forte hausse des prix des années 1970. […] Le 24 février 1971, l’Algérie nationalise à 51 % la production de pétrole. EN juin 1972, c’est au tour de l’Irak, puis de la Libye à l’été 1973. […] Conscients de la dépendance pétrolière croissante des économies occidentales, les Etats arabes producteurs font du pétrole un enjeu à la fois économique et politique. Le pétrole constitue un des symboles du processus de décolonisation et d’affranchissement vis-à-vis de l’Occident, avec la récupération progressive par les pays arabes de leurs ressources nationales.

Source : H. Laurens et V. Cloarec, Proche et Moyen-Orient depuis la Première Guerre mondiale, p. 136-138. Questions : 1. Montrez que le Moyen-Orient est devenu un des espaces incontournables de la production

d’hydrocarbures dans le monde. Le Moyen-Orient comprend les principales réserves de pétrole du monde. En effet, le nombre de pays possédant du pétrole est important mais ils comptent parmi ceux qui ont les réserves les plus importantes du monde (à l’exception du Venezuela par exemple) : Arabie Saoudite – plus de 20 % des réserves mondiales de pétrole – Iran – avec entre 10 et 20 % des réserves de pétrole – et un chapelet de pays atteignant presque les 10 % des réserves mondiales tels l’Irak, le Koweït, Barheïn, les EAU, Oman, le Qatar, entre autres. Or, depuis le début du XXème siècle, l’intérêt et les besoins en pétrole n’ont cessé de croître. Avec la raréfaction de la ressource pétrolière, les importantes réserves, non renouvelables certes, des pays du MO en font des espaces convoités par l’ensemble des pays développés mais aussi par les puissances émergentes, notamment la Chine qui, malgré un territoire immense, ne possède pas de ressources en pétrole. 2. En quoi l’importance de la manne en hydrocarbures peut expliquer l’intervention des

puissances occidentales dans la région, et ce, depuis le début du XXème siècle ? La manne des hydrocarbures a amené les puissances occidentales à vouloir contrôler et intervenir dans la région afin de placer les intérêts de leurs compagnies, obtenir plus de concessions et de zones d’exploitations. La première compagnie à avoir obtenu ce privilège est la compagnie du britannique William Cox d’Arcy pour l’Anglo-Persian Oil Company (APOC) – la compagnie devient British Petroleum en 1945. Cela permettait aux puissances occidentales de contrôler l’approvisionnement en pétrole de leurs pays et, avec

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Thème 3 : Puissances et tensions dans le monde de la fin de la Première Guerre Mondiale à nos jours

Chapitre 3 : Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale

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l’augmentation des besoins en pétrole, faire de consubstantiels bénéfices en reversant une part minimes aux pays qu’ils avaient sous leur contrôle. Ex : la compagnie APOC ne versait que 10 % des bénéfices au Shah de Perse et ne payait aucun impôt. 3. Montrez que le pétrole n’est pas seulement un enjeu mais qu’il peut aussi être utilisé

comme une arme. Le pétrole et les hydrocarbures ont été longtemps entre les mains des occidentaux. Cependant, à la suite de la mise en place de régimes autoritaires qui espèrent récupérer une partie de la manne pétrolière, les pays du Moyen-Orient à la fin des années 1960 et au début des années 1970 décident de nationaliser leurs ressources et de renégocier avec les compagnies étrangères les contrats des concessions. La révolution libyenne de 1969 provoque de nouveaux bouleversements. Khadafi modifie les termes des contrats avec les compagnies pétrolières. Il obtient une hausse des prix, impose un contrôle et une limitation de la production. Cette politique signe le renversement des rapports de force entre compagnies exploitantes et Etats producteurs. Elle annonce également la forte hausse des prix des années 1970. […] Le 24 février 1971, l’Algérie nationalise à 51 % la production de pétrole. EN juin 1972, c’est au tour de l’Irak, puis de la Libye à l’été 1973. Enfin, les pays producteurs de pétrole se dotent en 1960 d’une organisation commune l’OPEP qui comprend aujourd’hui 15 membres1 de façon à agir de manière coordonnée, ce qui contribua à la force des augmentations des prix dans les années 1970 provoquant ainsi le premier choc pétrolier en 1973.

B. Une région marquée par la diversité ethnique et culturelle 1) Diversité ethnique et culturelle

Documents à utiliser : carte p. 282-283, document 2 p. 285, carte des religions au Moyen-Orient aujourd’hui (Atlas géostratégique du Proche et du Moyen-Orient, p. 41)

1 Les principaux pays exportateurs (Arabie Saoudite, Koweït, Irak, Iran et Venezuela) se réunissent et constituent le 15 septembre 1960, l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP). Le Qatar adhère en 1961, la Libye et l’Indonésie en 1962, Abu Dhabi en 1967, l’Algérie en 1969, le Nigéria en 1971, l’Equateur et Dubaï en 1973 et le Gabon en 1975.

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Chapitre 3 : Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale

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Document 1 : carte des religions au Moyen-Orient aujourd’hui

Source : Atlas géostratégique du Proche et du Moyen-Orient, p. 412

Questions : 1. Quels sont les trois grands peuples qui ont influencé le Moyen-Orient ? Trois grands peuples ont influence le Moyen-Orient : - Les Perses, essentiellement dans la région de l’Iran - Les Turcs, essentiellement dans la région de la Turquie et l’extension maximale de

l’Empire ottoman - Les Arabes, depuis la Péninsule arabique et sur l’ensemble du Moyen-Orient. 2. Montrez que les différentes influences ont donné lieu à une mosaïque de peuples et de

religion. 2 Sunnites : musulman appartenant à un courant qui s’appuie sur la Sunna c’est-à-dire l’ensemble des paroles et actions du Prophète Mahomet et de la tradition Hadith qui les rapporte. Ce courant est majoritaire dans l’Islam. Chiites : Adepte de la doctrine musulman qui considère que la succession d’Abu Bakr au califat – un des proches de Mahomet – était illégale et que ce dernier devait revenir à Ali, le gendre de Mahomet. Druzes : Secte chiite. L'origine de la secte druze se situe sous le règne du calife fatimide d'Égypte, al-Ḥākim (996-1021) qui, à la fin de sa vie, prétendit être une incarnation divine. Cette idée fut admise par un certain nombre de fidèles, qui se groupèrent autour de l'un de ses vizirs, al-Darazī ; celui-ci a donné son nom à la secte : Daraziyya ou Durziyya, d'où Druze. Ibadites : adeptes d’une branche de l’Islam distincte du chiisme et du sunnisme. Les Ibadites pratiquent une version puritaine de l’Islam. Yézidis : Religion monothéiste, distincte de l’Islam, du christianisme et du judaïsme, qui plonge ses racines dans l’Iran ancien. De tradition essentiellement orale, les fidèles de cette religion croient en un dieu unique Xwede. Malek Taous, littéralement « l'ange-paon », l'émanation de Dieu tient cependant une place importante dans cette religion. Avant de créer le monde, Dieu a créé les 7 anges et désigné Malek Taous comme leur chef. Une fois le monde créé, Dieu a chargé Malek Taous de s'en occuper. Le principal lieu de culte des Yézidis est le temple de Lalesh, qui se trouve dans le Kurdistan irakien Zoroastriens : Adeptes d’une religion monothéiste de l’Iran ancien. Le zoroastrisme est une religion monothéiste dont Ahura Mazdâ est le dieu, seul responsable de la mise en ordre du chaos initial, le créateur du ciel et de la Terre.

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Thème 3 : Puissances et tensions dans le monde de la fin de la Première Guerre Mondiale à nos jours

Chapitre 3 : Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale

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La région du Moyen-Orient a subi de multiples influences en dehors de ces trois peuples. Les trois religions monothéistes sont nées dans la région, de même que d’autres religions monothéistes comme le Zoroastrisme et le Yazidisme, qui sont des religions qui sont nées chez les Perses dans des périodes antérieures à l’Islam et qui ont perduré jusqu’à nos jours. Avec l’expansion des conquêtes arabes au VIIème et VIIIème siècle, la religion musulmane s’est diffusée mais au fil de l’histoire, elle s’est aussi divisée en une multitude de sectes différentes, de même que le christianisme. Les Arabes, les Perses et les Turques se côtoient mais il faut aussi y ajouter les populations kurdes qui se partagent entre l’Iran, l’Irak et la Turquie. Les invasions successives ont donc mené à des mouvements de population, installation et déplacement, comme l’a montré l’entrée en jeu des sionistes à la fin du XIXème siècle. Le mouvement sioniste a amené l’implantation d’une nouvelle population juive, population qui s’était particulièrement restreinte depuis l’époque romaine, à l’exception du Yémen. 3. Montrez que les religions qui apparaissent dans la région ne sont pas uniformes – vous

prendrez des exemples concrets pour appuyer votre démonstration. Les religions de la région ne sont pas uniformes. Prenons le cas de l’Islam. L’Islam est divisé en de multiples courants en fonction de la vision et de la théorisation de l’Islam depuis les origines. Cela donne donc plusieurs groupes qui s’opposent mais surtout s’affrontent : - Sunnites : musulman appartenant à un courant qui s’appuie sur la Sunna c’est-à-dire

l’ensemble des paroles et actions du Prophète Mahomet et de la tradition Hadith qui les rapporte. Ce courant est majoritaire dans l’Islam.

- Chiites : Adepte de la doctrine musulman qui considère que la succession d’Abu Bakr au califat – un des proches de Mahomet – était illégale et que ce dernier devait revenir à Ali, le gendre de Mahomet.

- Druzes : Secte chiite. L'origine de la secte druze se situe sous le règne du calife fatimide d'Égypte, al-Ḥākim (996-1021) qui, à la fin de sa vie, prétendit être une incarnation divine. Cette idée fut admise par un certain nombre de fidèles, qui se groupèrent autour de l'un de ses vizirs, al-Darazī ; celui-ci a donné son nom à la secte : Daraziyya ou Durziyya, d'où Druze.

Cela peut avoir une influence dans certains pays comme l’Irak qui comprend les deux communautés réparties sur deux ensembles du territoire distincts : les sunnites au Nord-Est et les chiites au Sud et au Sud-Est. Cela crée des tensions dans le pays qui peuvent tourner à l’affrontement dans certains cas. 4. A l’aide des documents 1 et 2 p. 300, montrez que les tensions religieuses et ethniques ont

pu donner lieu à des affrontements meurtriers entre les pays musulmans. L’arrivée en Iran en 1979 de l’Ayatollah Khomeiny après une révolution qui chasse le Shah d’Iran amène à un affrontement avec l’Irak, dirigé par Saddam Hussein, à la tête du parti Ba’th, majoritairement sunnite même si à prétention laïque. Les deux Etats entrent dans une guerre violente entre 1980 et 1988, les chiites iraniens entrant en conflits avec les sunnites irakiens. Il s’agit là d’une guerre territoriale aussi bien que religieuse, Khomeiny accusant l’Irak de pervertir l’Islam et les croyants. Les Irakiens s’appuyèrent sur la minorité sunnite iranienne et inversement, l’Iran s’appuya sur la minorité chiite irakienne. La répression orchestrée par Saddam Hussein fut d’une extrême violence. De son côté, Saddam Hussein accuse l’Iran de vouloir prendre le contrôle de la région et se place plus sur le plan ethnique : opposition Arabes/Perses que sur le plan religieux.

2) La question des lieux saints des monothéismes Documents à utiliser : carte p. 282-283, document 1 ci-dessus (pensez à utiliser les connaissances du chapitre 1).

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Thème 3 : Puissances et tensions dans le monde de la fin de la Première Guerre Mondiale à nos jours

Chapitre 3 : Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale

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Questions : 1. A l’aide des connaissances issues du chapitre 1, rappelez les grands problèmes qui

touchent la ville de Jérusalem et la question de son contrôle depuis un siècle. Ce sont les rivalités politiques des puissances qui vont faire de Jérusalem un élément de la «question d'Orient». Après la Première Guerre mondiale et la décomposition de l'Empire ottoman, la question des Lieux saints s'efface. L'essor du sionisme, la naissance d'un foyer juif, la réplique d'un nationalisme palestinien, sont l'origine du basculement. On ne parle plus du Saint-Sépulcre ; c'est le mur du Temple contre le Dôme du Rocher. Dans cette longue histoire, inachevée, les enjeux religieux auront été longtemps des alibis pour les conflits politiques. Aujourd'hui, la montée en puissance symétrique des intégrismes juif et musulman n'en est qu'un nouvel épisode. Se pose aussi la question de l’enjeu des fouilles archéologiques qui cristallisent les tensions entre Juifs et musulmans. Dans leur sagesse, les experts de l'ONU, qui tracèrent en 1947 les frontières de deux États en Palestine, avaient prévu pour Jérusalem un statut à part, un corpus separatum où les trois religions se côtoieraient à égalité. Soixante ans de guerre en ont décidé autrement. La ville arabe à l’Est a été annexée unilatéralement par Israël qui a finalement accepté que Jérusalem Est, réunie en une seule municipalité avec Jérusalem ouest soit intégrée à la Cisjordanie. Cependant, seule pourtant une tutelle internationale ou une autorité conjointe pourrait aujourd'hui ramener la paix des sanctuaires sur cette géographie sacrée, ce patrimoine exceptionnel construit par 3 000 ans d'histoire des hommes, ce « patrimoine de l'humanité ». 2. Montrez que le Moyen-Orient est le centre des Lieux Saints des trois religions

monothéistes et que le contrôle de ces Lieux Saints revêt une certaine polémique (appuyez-vous sur le premier chapitre de l’année).

En dehors, du Saint Sépulcre, un peu à l’écart du Mont Moriah mais proche de lui, à environ 1 km du Mont Moriah, les lieux saints des deux autres monothéismes sont complètement enchevêtrés puisque la Mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher se situe sur l’esplanade sur laquelle ont été construits les deux temples. Il ne reste aujourd’hui que le mur occidental de la muraille du temps d’Hérode qui est appelé le Mur des Lamentations, lieu où les Juifs viennent prier. Les lieux saints sont donc totalement enchevêtrés. Cela ne concerne que la ville de Jérusalem. Mais d’autres lieux saints, notamment ceux de l’Islam mais aussi du Judaïsme sont présents dans la région : le tombeau des Patriarches à Hébron, qui comprend un côté juif et un côté arabe pour éviter les affrontements. Deux Lieux Saints, les deux premières villes sacrées, la Mecque et Médine sont en Arabie Saoudite. L’Irak comprend les deux villes saintes du Chiisme qui ne sont pas reconnus par les Sunnites car elles concernent Ali et son fils, qui, en dehors d’être le gendre du Prophète ne représente rien pour les Sunnites. L’ensemble des Lieux Saints, y compris ceux de Jérusalem, sont entre les mains de la monarchie d’Arabie Saoudite ce qui n’est pas allé sans tensions.

C. Une région marquée par une forte pression démographique Documents à utiliser : Tableau statistique ci-dessous, carte de la démographie du Moyen-Orient (Atlas géostratégique du Proche et du Moyen-Orient, p. 37). Document 1 : Les ressources disponibles en eau douce par habitant (m3/habitant/an) Turquie : 3439 Irak : 3287 Iran : 1955 Syrie : 1622 Liban : 1261

Yémen : 198 Bahreïn : 181 Jordanie : 179 Arabie Saoudite : 118 Qatar : 94

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Thème 3 : Puissances et tensions dans le monde de la fin de la Première Guerre Mondiale à nos jours

Chapitre 3 : Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale

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Egypte : 859 Oman : 388 Cisjordanie (autorité palestinienne) : 320 Israël : 276

Emirats Arabes Unis : 58 Gaza (autorité palestinienne) : 52 Koweït 10 Nb : 1 m3 = 1000 litres d’eau Une baignoire contient 150 litres d’eau

Document 2 : Carte de la démographie au Moyen-Orient

Source : Atlas géostratégique du Proche et du Moyen-Orient

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Chapitre 3 : Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale

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Document 3 : Carte de l’IDH au Moyen-Orient

IDH supérieur à 0,80 (pays considéré comme développé) IDH supérieur à 0,70 IDH supérieur à 0,60 IDH inférieur à 0,50 (pays considéré comme un PMA)

Source : HDI international data, Sherbrooke university, canada Questions : 1. Montrez que la pression démographique est importante selon les régions du Proche et du

Moyen-Orient. La pression démographique est très forte dans les régions du Proche-Orient avec une augmentation de la population qui dépasse les 1 %. Cela accroît les densités. Cependant, dans les autres pays, même si les densités globales semblent moindres, les grands espaces désertiques sont très peu peuplés, laissant les populations se concentrer dans les espaces urbains notamment. Cela veut donc dire que la préemption des populations sur les ressources sont fortes. 2. Montrez que cette pression démographique peut accroître les tensions concernant les

ressources de la région, notamment l’eau. La région est marquée par un large déficit en eau, notamment dans les pays du Sud de la péninsule arabique. Les populations étant en nombre croissant et la pression démographique forte, la demande en eau est de plus en plus forte dans des régions en pénurie d’eau ou en situation de stress hydrique. Les conflits pour la gestion des ressources en eau entre la Turquie, l’Irak et la Syrie ou entre Israël, la Jordanie et la Syrie et l’autorité palestinienne accroissent les tensions et sont une part intégrante des négociations de paix. Les difficultés s’accroissent d’autant plus que les aménagements mis en œuvre prennent souvent au dépourvu les voisins. On parle de véritable « bataille des fleuves » (J. Béthemont, géographe spécialiste de la Méditerranée). II. Une histoire politique et diplomatique d’une grande complexité

A. Une région sous l’influence des grandes puissances

1) Un enjeu entre les puissances mandataires

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Chapitre 3 : Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale

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- Enjeu du contrôle par les puissances mandataires Documents à utiliser : carte des accords Sykes-Picot (Le Monde diplomatique, 2003), carte des Mandats de 1920 (Le Monde diplomatique, 2003), carte des frontières du Proche-Orient (ENS-2003), document 2 p. 285 Document 1 : carte des accords Sykes-Picot, 16 mai 1916*

Source : Le Monde diplomatique, 2003

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Thème 3 : Puissances et tensions dans le monde de la fin de la Première Guerre Mondiale à nos jours

Chapitre 3 : Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale

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Document 2 : Les cartes des mandats tels que votés par la SDN (1920)

Source : Le Monde diplomatique, 2003

Document 3 : Carte des frontières du Proche-Orient

Source : A. Dufay, Géopolitique du Proche-Orient, ENS 2003

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Thème 3 : Puissances et tensions dans le monde de la fin de la Première Guerre Mondiale à nos jours

Chapitre 3 : Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale

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Questions : 1. Quel est le découpage de l’Empire ottoman et des régions du Proche et Moyen-Orient

prévu en 1916 par les accords Sykes-Picot ? Le 16 mai 1916, les accords rédigés Sykes et Georges-Picot sur la base d’un mémorandum qui sert de cadre aux accords franco-britanniques sur l’avenir de l’Orient arabe établi le 4 janvier 1916 sont signés. En vertu de ce texte, la France et la GB s’engagent à reconnaître et à protéger une « confédération d’Etats arabes » s’étendant de la Péninsule à la partie Nord de l’Orient arabe mais avec les restrictions suivantes :

o La France et la GB reçoivent un territoire en administration directe : � La France sur le littoral libanais (zone bleue) � La GB sur la basse-Mésopotamie (zone rouge)

o Les deux puissances s’octroient également une zone d’influence dans le futur royaume arabe. Dans ces zones, les deux puissances devaient fournir exclusivement les conseillers et administrateurs étrangers demandés par la confédération arabe.

� La France sur la Syrie intérieure, entre Damas et Alep (zone A) � La GB sur la région de Bagdad (zone B)

o La Palestine forme une zone internationalisée appelée zone brune, divisée en trois lots :

� Un sous influence français au nord (sauf Haïfa et Saint-Jean d’Acre qui passent sous contrôle britq)

� Un sous souveraineté britq au sud � Un lot sous régime international au centre, autour de Jérusalem. Le

régime de la ville sainte associerait d’autres puissances européennes comme la Russie ou l’Italie, mais également le nouveau royaume arabe, en raison de la présence des lieux saints musulmans dans la ville.

Les possessions orientales de l’Empire ottoman sont donc découpées en plusieurs parties revenant respectivement à la France et à la Grande Bretagne. 2. Quel est le découpage effectif en 1920 ? Toutes les frontières tracées à ce moment-là

ont-elles été reconnues ? La forme d’occupation des vainqueurs dans les anciennes provinces ottomanes est celle du Mandat, défini par l’article 22 du pacte de la Société des Nations adopté à Versailles le 28 avril 1919. Les colonies et territoires des puissances vaincues doivent être retirés de la souveraineté de ces dernières mais les populations qui les habitent ne sont pas encore assez mûres pour accéder à l’indépendance. Elles sont donc placées sous la tutelle de puissances mandataires, chargées de les conduire à l’indépendance. Une clause spéciale de l’article 22 concerne l’Empire ottoman. Elle souligne que les peuples de cette région ont déjà atteint un fort degré de développement et qu’ils pourront accéder à l’indépendance assez rapidement.

� C’est donc un compromis entre les visées impériales des puissances européennes et la volonté de Wilson de favoriser l’autodétermination des peuples.

� Le Mandat prévoit que les coûts d’installation de la puissance mandataire soient pris en charge par le gvt local, ce qui est un moindre coût pour la France et la GB en comparaison de l’administration directe.

� Les mandats sont : o pour la France : la Syrie et le Liban

pour la GB : la Palestine et l’Irak. En 1921, Londres crée entre ses deux possessions mandataires un émirat de Transjordanie confié à Abdallah, fils du chérif de La Mecque, et

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Chapitre 3 : Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale

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étroitement contrôlé par l’armée britannique. La carte géopolitique du MO contemporain prend ainsi forme. Les frontières entre les différents Mandats sont reconnues par les puissances occidentales qui ont contribué à leur tracé mais les populations ont du mal à accepter le partage qui a été fait, notamment entre la Syrie et la Palestine. 3. Lorsque les Mandats sont effectivement votés par la SDN (Société des Nations) en 1920, le

découpage est-il le même que dans les accords Sykes Picot ? Quelle puissance a pris l’avantage dans la région et quelle est celle qui a reculé ?

Les Mandats qu’ils soient Britanniques ou Français n’ont pas les mêmes frontières que celles des accords Sykes-Picot. La taille du mandat français s’est considérablement réduite, se concentrant essentiellement autour de la région d’Alep. Dans le cas britannique, même si le Mandat est moins étendu au sud, il est cependant beaucoup plus important que ne le prévoyaient les accords initiaux. Il prend notamment en charge la région de Jérusalem et l’ensemble de la Palestine. La GB a donc largement gagné en influence aux dépens de la puissance française. - La variabilité des frontières 4. Montrez que les frontières ont fait l’objet d’un âpre combat et qu’elles sont encore l’objet

d’âpres discussions. La divergence de la délimitation des frontières entre les accords Sykes Picot et la réalisation des mandats en 1920 montre que la question a donné lieu à des discussions qui ont vu la victoire des Britanniques sur la France. Le tracé des frontières du mandat britannique a aussi vairé, montrant qu’il y a eu négociation avec les pays limitrophes, notamment les dirigeants du Hedjaz. Les frontières sont stabilisées pendant la période des Mandats. Cependant, la fin des Mandats a réactivé la question des frontières, particulièrement prégnante entre Israël et les Etats arabes, Israël n’étant reconnu que tardivement, et encore pas par la majorité d’entre eux (l’Iran ou la Syrie par exemple). - L’exploitation des Mandats par les puissances occidentales, un enjeu 5. Pourquoi la gestion des Mandats a-t-elle fait l’objet d’une aussi âpre discussion entre les

Puissances européennes ? L’objet de la discussion sur l’importance des Mandats est lié au contrôle des ressources en hydrocarbures mais en raison du contrôle d’une région, carrefour géostratégique de la planète, permettant de créer une continuité entre l’Empire africain et l’Empire des Indes pour les Britanniques par exemple, renforçant ainsi les communications entre les différentes parties de son Empire. De même, le contrôle du canal de Suez est d’une importance cruciale pour les Empires européens. 6. Quels sont les droits et les devoirs des puissances occidentales dans la gestion des

Mandats ? Les puissances occidentales ont de multiples devoirs dans le cadre des Mandats : - favoriser le développement économique des régions qui sont sous leur protection et

permettre aux populations et aux hommes politiques locaux de prendre des initiatives en matière d’économie.

- favoriser la mise en place de systèmes de défense de par sa propre armée ou en créant des milices locales. Cependant, les troupes française ou britannique présentes sur les territoires des Mandats voient leurs installations financées par les populations locales.

- assurer la liberté de conscience et de religion. - assurer l’égalité selon les races La puissance mandataire a des droits : - possibilité d’utiliser l’ensemble des moyens de communications : ports et voies ferrées de

la région.

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Thème 3 : Puissances et tensions dans le monde de la fin de la Première Guerre Mondiale à nos jours

Chapitre 3 : Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale

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- possibilité s’approvisionner en combustible selon les accords passés avec les populations locales.

7. Pour autant, sont-ils respectés ? Quels enjeux plus importants conduisent les puissances occidentales à maintenir leur contrôle sur la région ?

Les droits attribués aux puissances mandataires ont été utilisés. En revanche, l’organisation des Mandats laissent les puissances mandataires entièrement maîtresse de la situation et l’association des populations locales, notamment à la gestion économique n’est pas toujours satisfaisante, notamment dans le domaine des hydrocarbures. Les populations locales se sentent spolier de leurs ressources, notamment pétrolières comme le montre le texte de Ihsan al-Jabri. Les révoltes des populations sont nombreuses notamment dans les années 1920 en Irak et en Syrie et dans les années 1930 en Palestine car elles estiment que les puissances mandataires font œuvre de colonisation et non d’émancipation. Pour la Palestine, les Arabes reprochent aux Anglais de favoriser les sionistes. - La question de l’unité arabe : islamisme, arabisme, kémalisme Dans le même temps, des idées se développent au cours de la période des années 1920-1930 : l’arabisme et l’islamisme. La définition des territoires, et donc des frontières, est l’élément majeur des premières décennies du XXème siècle. Le traité de Lausanne est un moment clé : il supprime la nationalité ottomane et les nouveaux Etats se dotent de codes de la nationalité, fondés presque exclusivement sur le droit du sang. En quelques années, l’Orient arabe, jusque là totalement ouvert grâce à une commune appartenance ottomane et au système des capitulations, se cloisonne étroitement. La plasticité politique créée par la 1GM permet les tentatives de concrétisation de projets politiques divergents et contradictoires. L’alliance politique offerte au nationalisme arabe et la division territoriale, imposée par les Puissances en 1920-1921, introduisent cette tension entre le discours unitaire et la constitution des Etats, dimension inexistante avant 1914. L’arabisme et l’islamisme sont les produits de cette rencontre avec « l’inévitable Occident »3, mais leurs manifestations ne sont pas dues à des hasards ou des applications mécaniques d’idées venues de l’extérieur. Elles correspondent à des cheminements propres, à des intérêts vitaux, des différentes collectivités qui forment le monde arabe oriental. Les termes arabisme et islamisme sont des termes relativement nouveaux : dans leurs usages actuels, ils datent d’une cinquantaine d’années environ. L’Arabisme ou l’Islamisme était un moyen de se libérer de la domination étrangère et retrouver une place au premier rang. La renaissance de l’islamisme et de l’arabisme s’est faite dans les années 1930 par nostalgie de l’unité qui avait été découpée par les Français et les Britanniques dans les années 1920. Les deux courants de pensée, souvent étroitement confondus, ont prétendu que tous les problèmes de développement et de retard sur l’Occident seraient facilement résolus une fois l’unité retrouvée. - L’enjeu sioniste Document à utiliser : carte des frontières du Proche-Orient (ENS-2003), document 3 p. 285 Questions : 1. Que permet la Déclaration Balfour du 2 novembre 1917 ?

3 Dominique Chevalier, L’inévitable Occident et l’Orient résistant in La Société du Mont-Liban à l’époque de la révolution industrielle en Europe, 1971.

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La Déclaration Balfour permet la reconnaissance de l’implantation des sionistes en Palestine. Elle leur donne une légitimité. Elle permet donc un établissement juif en Palestine. 2. Que reconnaît-elle aux Juifs et aux Arabes ? En juillet 1917, le sioniste russe exilé en Angleterre Sokolov rédige un projet de déclaration britannique. Le gvt britannique y affirmerait être favorable à « un foyer national pour le peuple juif ». L’immigration des Juifs y serait libre et « l’autonomie de la nationalité juive » garantie. Des discussions s’ouvrent entre représentants sionistes et britanniques. Le projet est également soumis au président Wilson qui est favorable au contenu du texte, mais ne souhaite pas s’engager officiellement. Finalement, le 2 novembre 1917, Lord Balfour adresse à Lord Rothschild une lettre dans laquelle il précise que le gouvernement britannique « envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien se sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, soit aux droits et au statut politique dont les juifs disposent dans tout autre pays ». La spécificité de ce doc, qui entraîne l’hostilité des Arabes, vient du fait que ces derniers se sont définis que comme « collectivités non juives ». De plus, le texte ne leur reconnaît pas de droits politiques alors que ceux-ci sont garantis aux Juifs. Le 14 février 1918, le gvt français envoie une lettre à Sokolov dans laquelle il affirme que « l’entente entre les gvts français et britannique est complète en ce qui concerne la question d’un établissement juif en Palestine ». Le 9 mai 1918, c’est au gvt italien de s’adresser à Sokolov. Conformément à ses conceptions, Wilson ne prend pas position officiellement. Il souhaite arriver à la conférence de la paix, libre de tout engagement. 3. En quoi ce document accroît-il l’enjeu de la question de la Palestine après la première

guerre mondiale ? La déclaration Balfour constitue une grande victoire pour le sionisme politique. D’une part, le droit des juifs sur la Palestine est garanti par un document juridique de portée internationale. D’autre part, les juifs ont obtenu un engagement écrit britannique avant les Arabes et dont ils peuvent donc se prémunir dans la lutte pour la Palestine qui s’ouvre après la 1GM. Cela renforce donc les tensions entre population arabe et juive tout en donnant un avantage juridique certain à la population juive, d’autant plus que le texte reste souvent flou. Conclusion partielle : A la fin des années 1920, certains changements se sont fait jour au MO. Ces changements témoignent d’évolutions durables :

- La question de Palestine devient, dès l’après-guerre, un enjeu entre Juifs et Arabes et l’un des dossiers les plus lourds du MO.

- Conformément à l’esprit des Mandats, certains pays arabes accèdent à une indépendance, certes encore limitée, mais reconnue par le droit international.

- Cette indépendance se traduit par une plus grande prise en charge de leurs affaires intérieures par les Arabes : éducation, armée, vie politique et constitutionnelle, …

Le MO des années 1930 connaît une évolution politique qui peut être considérée comme le prélude à la décolonisation : multiplication des traités d’indépendance, premières tentatives de récupération des ressources naturelles nationales, intervention des Etats arabes dans la question palestinienne. Le fait le plus marquant est toutefois l’essor considérable des nationalismes arabes, contribuant à donner à l’ensemble du monde arabe un destin politique commun et aboutissant à la création de la Ligue des Etats arabes en 1945.

2) Un enjeu de la Guerre Froide

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Documents à utiliser : carte 4 p. 287, carte 2 p. 289, document 3 p. 289, document 4 p. 293, document 5 p. 293. 1. Quelles sont les raisons qui poussent à intervenir dans la région ? Sur quelle doctrine

s’appuient-ils ? La région est convoitée par l’URSS, dont les objectifs principaux sont :

- L’établissement de régimes amis - Le passage de sa flotte de guerre en Méditerranée

Les EU considèrent que l’échec franco-britannique a laissé un vide en Orient, vide de puissance dont pourrait profiter l’URSS. En conséquence, Eisenhower adopte une nouvelle ligne de conduite, le 5 janvier 1957, approuvée par le Congrès le 9 mars. Washington développe ce que va devenir l’essentiel du discours de sa politique en Orient, celui des « intérêts vitaux ». La doctrine Eisenhower en détermine alors 3 :

- La protection des Lieux Saintes contre la mainmise d’une puissance athée - L’emplacement stratégique de la région dans la lutte contre l’URSS - Le pétrole.

Le président américain est autorisé à fournir des aides financières et économiques, ainsi qu’à utiliser la force armée pour assister tout pays subissant l’agression armée du communisme international. Les pays arabes se rallient à la doctrine Eisenhower, l’Arabie Saoudite en premier lieu. Seules l’Egypte et la Syrie s’y opposent. 2. Quels sont les principaux alliés de l’URSS et des Etats-Unis dans la région ? Alliés des EU : Turquie, Iran (jusqu’en 1979), Liban, Israël (certain à partir de 1967), Jordanie, Arabie Saoudite, Koweït, Bahreïn, le Qatar, les EAU, Oman Alliés de l’URSS : Egypte, Syrie, Irak, Yémen du Sud. Cependant, ces alliances sont fluctuantes comme le montre la crise de Suez. 3. Expliquez un moment de crise qui est à la fois le reflet de la fin de l’influence de la France

et de la Grande-Bretagne dans la région et un échec de la tentative de médiation américaine dan la région (aidez-vous des documents 1 et 2 p. 292) ?

La nationalisation du canal Nasser, soucieux de donner rapidement l’indépendance économique à son pays, entreprend d’achever le contrôle et la régulation du Nil en construisant un immense barrage à Assouan. Il se tourne une fois de plus vers les puissances occidentales pour le financement. Réponses :

- Refus de la France et de la GB - Accord des EU cautionné à un accord avec Israël, puis opposition, puis proposition

d’accord si les EU peuvent contrôler les finances du pays ce que Nasser, à la surprise générale, accepte. Finalement, par l’intermédiaire de Dulles, les EU se désavouent en affirmant que les EU s’opposent à la construction du barrage.

� Nationalisation du canal de Suez annoncée par un discours le 26 juillet 1956 à Alexandrie. => Nasser devient alors le héros de la nation égyptienne.

La réaction franco-britannique Les Britanniques n’ayant pas les moyens financiers d’intervenir seuls, ils décident d’organiser une opération militaire avec la France. Les EU s’y opposent et tout en gelant les subsides à l’Egypte (financières, alimentaires). Eisenhower, qui se présente en chantre de la paix après la fin de la guerre de Corée, ne peut se permettre d’impliquer son pays dans une crise internationale.

� Conférence des usagers du canal le 16 août 1956 à Londres. L’Egypte refuse d’y assister et se fait représenter par l’URSS et l’Inde. La conférence adopte un projet d’internationalisation du canal qui sera administré par un conseil dépendant de l’ONU.

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Chapitre 3 : Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale

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Ce projet est refusé par Nasser. Le 13 octobre, le conseil de sécurité de l’ONU qui a été saisi du pb, vote une résolution :

o L’Egypte s’engage à accepter un organe permanent de consultation entre les usagers et une procédure d’arbitrage en cas de litige

o La Compagnie universelle continue d’exister et recevra une compensation. Français et Britanniques conçoivent cependant l’idée d’une intervention militaire : le plan « mousquetaire » qui a pour objectif de déboucher sur une nouvelle carte de l’Orient arabe. Le 22 octobre 1956, l’accord de Sèvres est signé entre Israël, la France et la GB. Il est convenu que les forces israéliennes attaquent l’Egypte en premier. Pour imposer un cessez-le-feu aux belligérants, les Français et les Britanniques débarqueraient et s’établiraient dans la zone du canal. L’échec de l’opération « mousquetaire » L’opération est lancée le 29 octobre 1956. Les forces israéliennes atteignent le canal mais Nasser a fait couler des bateaux à l’intérieur pour le rendre impraticable. Le 2 novembre, saisie de la question, l’Assemblée générale des Nations Unies vote une résolution demandant le retrait des troupes israéliennes du Sinaï et l’arrêt des combats. Cette résolution est largement inspirée par les EU. Ben Gourion accepte le cessez-le-feu le lendemain mais refuse de quitter le Sinaï. Le 4 novembre, l’Assemblée général de l’ONU a décidé de l’envoi d’une force internationale d’interposition => l’action de la France et de la GB est sans objet. => mis en place du plan « télescope » => parachutage de troupes à Port Saïd et marche vers le canal.

� Hostilités internationales de plus en plus marquées face à ce coup de force. � Suspension des approvisionnements en pétrole arabe � Forte dépendance de la France et de la GB à l’égard des EU. => forte pression exercée

par les EU sur ces deux pays (attaque des bourses sur la £ sans réaction des EU). � Le 5 novembre, l’URSS s’engage à mettre fin à l’intervention, y compris avec

l’utilisation de l’arme nucléaire si nécessaire. Elle annonce l’envoi de force dans la région (elle n’en a pas les moyens et elle a prévenu Nasser)

� Le 6 novembre, retrait britannique puis Français. => victoire politique considérable pour Nasser qui dénonce le traité d’alliance avec la GB le 1er janvier 1957 => indépendance totale de l’Egypte.

� Sous la pression d’Eisenhower, Ben Gourion évacue le Sinaï. � Installation de forces de l’ONU le long de la ligne d’armistice et à Sharm-el-Sheikh

sur le golfe d’Akaba pour faire respecter la liberté de circulation maritime. La crise de Suez représente bien le chant du cygne de la présence franco-britannique dans l’Orient arabe. Les Occidentaux s’étant discrédités aux yeux des Arabes, ces derniers se tournent davantage vers l’URSS. De même, l’échec diplomatique des deux vieilles puissances européennes consacre la montée en force de la politique américaine dans la région – c’est à la suite de cette crise qu’est mise en place la doctrine Eisenhower. La confrontation directe entre les deux Grands commence alors dans l’Orient arabe. 4. Pourquoi cette région revêt-elle un tel enjeu pour les Etats-Unis et l’URSS ? Dans les années 1950, l’Orient arabe est confronté à des défis à la fois externes et internes. La Guerre Froide a prise ses origines dans la région (crises turques et iraniennes de 1945-1946). La région est convoitée par l’URSS, dont les objectifs principaux sont :

- L’établissement de régimes amis - Le passage de sa flotte de guerre en Méditerranée

Les EU définissent l’Orient arabe comme une nouvelle zone de refoulement de l’expansionnisme soviétique. Leurs intérêts ne sont pas seulement idéologiques. Le pétrole occupe désormais une place privilégiée dans la politique américaine.

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Thème 3 : Puissances et tensions dans le monde de la fin de la Première Guerre Mondiale à nos jours

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B. La seconde moitié du XXème siècle et la montée en puissance des régimes autoritaires La fragilité de la notion d’Etat dans la région et les fortes rivalités interétatiques dans la région

Régime considéré comme autoritaire avant le « printemps arabes » Régime instable A partir des années 1950, c'est la grande époque du nassérisme, le président égyptien recueillant une large audience dans l'ensemble du monde arabe. Mais si le projet d'union correspond aux attentes des populations, il se heurte aux féroces compétitions pour le pouvoir que se livrent les groupes dirigeants, chacun voulant prendre la direction du futur État uni. On a recensé dix-sept tentatives de fusion institutionnelle dont dix comprenant la Syrie et l'Irak et quatre la Libye. Tous ces projets ont échoué. La seule tentative menée à bien a été l'union de l'Égypte et de la Syrie entre 1958 et 1961, la RAU (République Arabe Unie). Mais, rapidement, les Syriens ont jugé avoir été les dupes de l'opération, tout le pouvoir passant aux mains de Nasser et de ses hommes. Ils ont eu le sentiment d'être dépossédés de leur pays par les Égyptiens. Même quand le parti le plus engagé en faveur de l'unité arabe, le Baas, arrive au pouvoir en Syrie 1963 et en Irak 1968 après une première expérience en 1963, il s'ensuit une rivalité acharnée entre les deux pays et les deux régimes, chacun accusant l'autre d'avoir trahi les principes fondamentaux de la doctrine du parti. Dans cet ensemble, l'Arabie Saoudite reste à part. Se sentant menacée par la radicalisation révolutionnaire, tout en cédant en apparence au discours unitaire, elle s'en est faite l'ennemie. En accord avec les Américains, elle a utilisé la prédication islamique conservatrice du wahhabisme afin de combattre partout dans le monde arabe le « progressisme » : une manière de lutter à la fois contre les idéologies révolutionnaires et nationalistes. Dans les années 1960, une véritable « guerre froide arabe » a de fait opposé les régimes progressistes soutenus par l'URSS aux régimes conservateurs généralement monarchiques. Elle est même devenue « chaude » au Yémen où les royalistes soutenus par l'Arabie Saoudite ont combattu les républicains soutenus par l'Égypte nassérienne 1964-1969. A partir du milieu des années 1970, le nationalisme arabe s'est transformé en idéologie justificatrice de régimes arabes autoritaires voire dictatoriaux. Les derniers mouvements révolutionnaires arabistes ont été la résistance palestinienne et les « progressistes » de la

Démocratie contrôlée

Cisjordanie Gaza

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Thème 3 : Puissances et tensions dans le monde de la fin de la Première Guerre Mondiale à nos jours

Chapitre 3 : Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale

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guerre civile libanaise. Mais, au Liban, les arabistes se sont trop étroitement identifiés aux communautés confessionnelles en guerre, ce qui leur a fait perdre leur force unitaire. Tandis que l'arabisme se figeait en idéologie d'États policiers multipliant les compromis avec les puissances occidentales, l'islamisme adoptait à son tour la voie révolutionnaire et reprenait à son compte la lutte contre l'impérialisme et pour l'indépendance nationale le Hamas en Palestine comme le Hezbollah au Liban. Cependant, les tensions restent fortes dans la région entre les Etats comme le montre la guerre Iran-Irak (1980-1988)4.

4 La guerre Iran-Irak Les débuts de la guerre La guerre Iran-Irak traduit l’opposition toujours croissante entre le Ba’th irakien et le chiisme révolutionnaire. Les événements iraniens ont apporté un puissant encouragement aux mvts chiites d’Irak. Dès février 1979, des incidents éclatent à la frontière des deux pays. En 1980, le projet de Saddam Hussein de charte panarabe est interprété en Iran comme une véritable menace. Le projet énumère huit principes :

- Refus d’admettre sur le sol de la patrie arabe des forces étrangères - Interdiction du recours à la force entre les Etats arabes. - Utilisation de la force envers les voisins de la patrie arabe pour la défense du monde arabe - Solidarité de tous les pays arabes contre une agression - Respect des règles internationales de l’utilisation de l’eau, de l’espace aérien et des frontières - Développement des relations économiques entre les pays arabes - Rôle dirigeant de l’Irak dans le projet panarabe. - Le 22 septembre 1980, l’Irak lance une attaque surprise sur l’Iran, après avoir accusé l’Iran trois jours

plus tôt de ne pas respecter l’accord d’Alger. Les opérations militaires se transforment en guerre de position. Jusqu’en 1982, les offensives coûtent la vie à des centaines de soldats. Khomeiny ambitionne de renverser le régime ba’thiste et d’établir une république islamique.

La bataille d’Irak En 1982, l’Iran lance une série d’offensives « coup de boutoir » contre l’Irak, fondée sur l’emploi et le sacrifice de vagues considérables de volontaires, les « gardiens de la révolution ». Les attaques iraniennes menées entre 1982 et 1984 ont échoué. L’appareil militaire irakien a tenu face à l’Iran. Durant cette période, il a été considérablement renforcé par l’aide soviétique. Moscou étant hostile au régime iranien, et par l’aide française. L’Iran dispose de réserve en matériel du temps du Shah. Il bénéficie des trafics internationaux d’armement. Israël est impliqué dans ces derniers. L’immobilisation de l’Irak, un des principaux adversaires d’Israël est renforcé par le renforcement militaire de l’Iran. L’Etat hébreu participe au montage complexe de livraison d’armes américaines contre la libération des otages américains au Liban, détenus par des milices pro-iraniennes. La révélation de ce trafic entraîne un véritable scandale aux EU (L’Irangate) à la fin de 1986. L’internationalisation du conflit Durant le début des années 1980, la guerre Iran-Irak acquiert une résonnance de plus en plus internationale. On peut distinguer plusieurs conséquences extérieures au conflit : - La solidarité des pays arabes du Golfe : dès le début du conflit, les monarchies s’inquiètent du risque de

subversion politique de l’Iran mais s’inquiètent également des conséquences régionales d’une victoire irakienne => formation du conseil de coopération du Golfe (1981). L’institution établit une coopération dans les domaines politique, économique et militaire. Les monarchies décident de subventionner massivement l’effort de guerre irakien.

- Le contre-choc pétrolier : la révolution iranienne a entraîné le retrait provisoire des livraisons iraniennes de pétrole dans le monde. => new hausse des prix. Avec la guerre, les prix baissent à nouveau et les pays pétroliers décident de réduire leur production. C’est le contre-choc pétrolier.

- La guerre économique : en 1985, l’Iran abandonne sa tactique des vagues d’assaut et prépare de petites offensives sur des points précis. Cependant, les attaques sur Fao et Bassorah échouent. L’Iran renonce à ses ambitions militaires en 1987. Toujours sur la défensive, l’Irak réplique avec la guerre économique. De nombreux raids aériens sont lancés sur les installations pétrolières iraniennes. L’Iran a, de son côté, entravé tout accès irakien au Golfe. Bagdad construit de nouveaux oléoducs vers la Turquie et l’Arabie Saoudite. Pour répondre aux risques réels d’asphyxie économique, l’Iran décide de s’en prendre au trafic international de pétroliers dans le Golfe.

- L’intervention occidentale : les EU interviennent notamment pour protéger le trafic pétrolier international.

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Aujourd'hui, tous les États arabes se revendiquent à titres divers du nationalisme, et c'est l'islamisme qui est la force principale de contestation.

C. L’enjeu de la question israélo-arabe Documents à utiliser : document 1 p. 290, documents 4 et 5 p. 291, cartes des transformations du partage de la Palestine en 1947 et 1999 (Atlas géostratégique du Proche et du Moyen-Orient, p. 121), résolution 242 de l’ONU Document 1 : Les transformations du partage de la Palestine :

1. Les négociations de Genève : une conférence internationale s’ouvre à Genève après le cessez-le-feu du 20

août 1988 et l’acception le 18 août 1988 de la résolution 598 de l’ONU par l’Iran. Ceux-ci n’arrivent pas à se mettre d’accord sur la question des frontières et sur l’échange des prisonniers de guerre. Après la mort de Khomeiny le 3 juin 1989, les luttes de pouvoir à Téhéran ne permettent plus d’obtenir de solution diplomatique.

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Source : Atlas géostratégique du Proche et du Moyen-Orient Document 2 : La résolution 242 de l’ONU sur l’évacuation des territoires occupés La résolution 242 du Conseil de sécurité est adoptée le 22 novembre 1967 à la majorité absolue des 15 membres: « Le Conseil de sécurité, Exprimant l'inquiétude que continue de lui causer la grave situation au Proche-Orient, Soulignant l'inadmissibilité de l'acquisition de territoires par la guerre et la nécessité d'œuvrer pour une paix juste et durable permettant à chaque État de la région de vivre en sécurité, Soulignant en outre que tous les États Membres, en acceptant la Charte des Nations unies, ont contracté l'engagement d'agir conformément à l'Article 2 de la Charte, 1. Affirme que l'accomplissement des principes de la Charte exige l'instauration d'une paix juste et durable au Proche-Orient qui devrait comprendre l'application des deux principes suivants : a. Retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés au cours du récent conflit ; b. Fin de toute revendication ou de tout état de belligérance, respect et reconnaissance de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de l'indépendance politique de chaque État de la région et de son droit de vivre en paix à l'intérieur de frontières sûres et reconnues, à l'abri de menaces ou d'actes de violence ; 2. Affirme d'autre part la nécessité a. De garantir la liberté de navigation sur les voies d'eau internationales de la région ; b. De réaliser un juste règlement du problème des réfugiés ; c. De garantir l'inviolabilité territoriale et l'indépendance politique de chaque État de la région, par des mesures comprenant la création de zones démilitarisées ; 3. Prie le Secrétaire général de désigner un représentant spécial pour se rendre au Proche-Orient afin d'y établir et d'y maintenir des rapports avec les États concernés en vue de favoriser un accord et de seconder les efforts tendant à aboutir à un règlement pacifique et accepté, conformément aux dispositions et aux principes de la présente résolution ; 4. Prie le Secrétaire général de présenter aussitôt que possible au Conseil de sécurité un rapport d'activité sur les efforts du représentant spécial. »

Source : Site de l’organisation des Nations Unies.

Les modalités de la création de l’Etat d’Israël Questions : 1. Quel est le contexte de la création de l’Etat d’Israël ? La création de l’Etat d’Israël se fait dans un contexte de tensions extrêmement fortes entre les Juifs et les Arabes sous Mandat britannique. De multiples actions terroristes sont menées par les groupes Juifs, notamment le groupe Stern et la Haganah contre les intérêts et les troupes britanniques. Dans le même temps, en 1947, a été créée l’UNSCOP, commission chargée de définir le partage de la Palestine. Les Britanniques se retirent avant d’avoir trouvé un plan de transition laissant la Palestine à feu et à sang. 2. Quelles sont les modalités de la résolution 181 de l’ONU ? La résolution 181, adoptée le 29 novembre 1947, propose le partage de la Palestine en trois: un Etat juif et un Etat arabe qui accèderaient à l’indépendance dans un délai de deux mois et la ville Jérusalem sous tutelle internationale constituée en corpus separatum.

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Les conflits autour de la création et de l’existence de l’Etat d’Israël 3. Quelles sont les raisons qui amènent l’entrée en guerre des populations juives et arabes ?

Etait-ce le cas auparavant ? Les sionistes : bien que favorables au partage, ils ne sont pas satisfaits de la solution onusienne car bien qu’ayant obtenu la moitié de la Palestine, l’Etat juif restera majoritairement peuplé d’Arabes, qui possèdent par ailleurs la majorité des terres. Donc, des solutions radicales sont envisagées afin d’atteindre les plus de 60 % de Juifs souhaités par Ben Gourion pour avoir un pouvoir fort et stable en Palestine juive. Les Arabes : le partage est perçu comme une véritable injustice et une violation du droit à l’autodétermination. La majorité accepte toutefois le plan de l’ONU comme un fait accompli. => multiplication de pactes de non agression entre villages et kibboutz ou entre agglomérations arabes et juives. Ex : Tel-Aviv ou Jaffa. Cependant, des violences éclatent dans la région de Jérusalem dès l’annonce du plan (grève générale décrétée par les Arabes, attaques de quartiers juifs, opérations de représailles de groupes sionistes radicaux). Les autorités britanniques refusent de maintenir l’ordre et laisse le pays s’enfoncer dans la guerre civile. Les conflits et tensions étaient déjà fortes auparavant. 4. Quelles sont les principales conséquences du conflit de 1948-1949 ? Les conséquences sont d’abord territoriales : A la suite des combats, des négociations sont menées à Rhodes. Elles débouchent sur la conclusion de quatre armistices : israélo-égyptien signé le 24 février 1949, israélo-libanais le 23 mars, israélo-jordanien le 3 avril et israélo-syrien le 20 juillet. Ils portent principalement sur des questions territoriales. Sur le plan territorial, Israël, en plus de la partie issue du plan de partage de l’ONU, garde les territoires acquis pendant la guerre, occupant ainsi 78% de la Palestine : Israël se compose alors de la Galilée, de la côte jusqu’à Gaza, de Jérusalem ouest et du Néguev en totalité. La première guerre israélo-arabe permet au nouvel Etat israélien d’étendre les territoires sous son contrôle au sud (jusqu’au désert du Néguev), à l’est (à la mer Morte) et au nord jusqu’à la frontière libanaise.L’Egypte administre la bande de Gaza, quant à la Transjordanie, elle occupe Jérusalem-Est et annexe la Cisjordanie le 24 avril 1950 à la suite du vote du Parlement jordanien. Les conséquences sont aussi humaines : 5 800 soldats sont morts et 12 000 sont blessés du côté israélien, environ 4 000 soldats sont morts du côté arabe et environ 13 000 du côté palestinien. Le lourd bilan humain se traduit également par l’exode d’environ 700 000 Palestiniens (les chiffres diffèrent en fonction des sources, allant de 530 000 à 900 000 réfugiés palestiniens), qui se réfugient dans des camps installés dans les Etats arabes voisins, au Liban, en Syrie et en Transjordanie. Ils se réfugient également dans la bande de Gaza, administrée par l’Egypte, et en Cisjordanie, annexée par la Transjordanie. Enfin, les conséquences sont aussi diplomatiques : En parallèle des négociations d’armistice, une conférence se tient à Lausanne du 27 avril au 15 septembre 1949. Organisée par l’ONU, son but est de régler les problèmes nés du conflit israélo-arabe : la question du retour des réfugiés et celle des frontières. Pour les réfugiés, les Etats arabes demandent le droit à leur retour, mais Israël le refuse. Concernant les frontières, Israël ne veut pas revenir sur leur élaboration, provenant du plan de partage de l’ONU et des territoires conquis. En outre, la ville de Jérusalem reste partagée entre Israël et la Transjordanie. La conférence de Lausanne se solde par un échec. L’Etat arabe qui devait être créé ne l’est pas et son existence même n’est plus reconnue avec l’application des accords d’Oslo en 1999. Des casques bleus sont mis en place de manière durable et les territoires palestiniens sont séparés par la ligne verte.

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5. Combien de conflits ont lieu ensuite (aidez-vous des cartes p. 306-307) et quelles en sont les conséquences ? Quelles sont les questions qui n’ont jamais été réglées ?

Trois autres guerres ont lieu par la suite : les combats liés à la crise de Suez, la guerre des Six Jours en 1967 et la « guerre du Kippour » en 1973 (également appelée « guerre du Ramadan » ou « guerre d’octobre » par les populations arabes. Les conséquences de la crise de Suez : En dépit de la victoire territoriale d’Israël, de la France et de la Grande-Bretagne, en dépit d’âpres négociations, la crise de Suez se termine par un échec. Israël est obligé de rendre la bande de Gaza et le Sinaï. En mars 1957, l’armée israélienne évacue donc Gaza, qui repasse sous administration égyptienne, et le Sinaï. Israël réussit néanmoins à obtenir la présence de forces de l’ONU le long de la frontière israélo-égyptienne (à Gaza et à Sharm el-Sheikh), positionnées du côté égyptien, ainsi que la libre circulation dans le golfe d’Akaba. Les conséquences de la Guerre des Six Jours (1967) : Au terme d’une guerre qui a duré six jours et qui a fait 3 000 blessés et 750 morts du côté israéliens et environ 20 000 morts du côté arabe (10 000 morts égyptiens, 6 000 morts jordaniens), Israël annexe donc le Sinaï égyptien et la bande de Gaza sous administration égyptienne, la Cisjordanie annexée par la Jordanie depuis 1950 ainsi que Jérusalem-Est et le Golan syrien. Cette annexion est accompagnée de déplacements de populations, qui sont expulsées des territoires conquis. Contrairement à la crise de Suez de 1956, les Etats-Unis ne vont pas exercer de pressions pour qu’Israël se retire des territoires acquis. L’URSS pour sa part condamne Israël et rompt ses relations diplomatiques avec lui. Répondant aux liens mis en place entre les Etats-Unis et Israël, Nasser se tourne vers l’URSS qui lui envoie des conseillers et une présence militaire. En outre, il propose à la marine soviétique des facilités dans les ports égyptiens. En plus de l’Egypte, les autres Etats arabes réagissent. Le 1er septembre 1967 se tient le sommet de Khartoum, autour des ministres arabes des Affaires étrangères. Il est notamment décidé de :

- ne pas procéder à la paix avec Israël, - ne pas se réconcilier avec lui - ne pas reconnaître l’Etat d’Israël.

Un peu plus tard, en octobre, le Conseil de sécurité de l’ONU procède au vote d’une résolution. La résolution 242 du 22 novembre 1967 décide du :

- « (…) retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés lors du récent conflit ;

- cessation de toutes assertions de belligérance ou de tous états de belligérance et respect et reconnaissance de l’intégrité territoriale et de l’indépendance de chaque Etat de la région et de son droit de vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues à l’abri de menaces ou d’actes de force ; (…)

- de garantir la liberté de navigation sur les voies d’eau internationales de la région ; de réaliser un juste règlement du problème des réfugiés,

- de garantir l’inviolabilité territoriale et l’indépendance politique de chaque Etat de la région par des mesures comprenant la création de zones démilitarisées (…) ».

La résolution est acceptée par l’Egypte, la Jordanie et le Liban et est refusée par la Syrie et par les Palestiniens. Conséquences de la guerre du Kippour : La guère du Kippour a également des répercussions sur le plan économique. Le 17 octobre à Koweït, les Etats arabes producteurs de pétrole décident de réduire de 5% leur production pétrolière jusqu’à ce qu’Israël rendent les territoires pris en 1967. Puis un embargo est décidé contre les Etats-Unis le 20 octobre à la suite de l’aide militaire apportée à Israël dès le 14 octobre. Les conséquences sont une hausse du

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pétrole (été 1973 : 3,07 dollars le baril, 20 octobre 1973 : 18 dollars le baril) : c’est le premier choc pétrolier. 6. Quels sont les changements apportés par les accords d’Oslo dans le processus de paix ? La

question est-elle pour autant close aujourd’hui ? Dans le cadre de la recherche de la paix au Moyen-Orient, et à la suite de la guerre du Golfe, des négociations, déjà entreprises avec l’OLP sous le gouvernement du Premier ministre israélien Itzhak Shamir (1986-1992), s’intensifient avec le nouveau gouvernement d’Itshak Rabin (1992-1995). Des responsables israéliens et de l’OLP se rencontrent à Oslo, capitale de la Norvège, où les négociations de paix, menées secrètement, se poursuivent. C’est ainsi que le 9 septembre 1993, deux lettres sont signées par Yasser Arafat et adressées, l’une à Rabin et l’autre au ministre norvégien des Affaires étrangères Johan Jorgen Holst. Dans la première, Arafat reconnaît le droit pour Israël de vivre dans la paix et la sécurité, il accepte les résolutions 242 et 338 et souhaite avancer dans les négociations de paix. Rabin répond à la lettre d’Arafat le 10 septembre et reconnaît l’OLP comme le « représentant du peuple des palestinien », et dit accepter de traiter avec elle pour les négociations de paix. Dans la seconde missive, Arafat annonce vouloir mettre fin à l’intifada. A la suite de cet échange de lettre, une déclaration appelée Déclaration de principes sur des arrangements intérimaires d’autonomie est signée par Arafat et Rabin le 13 septembre à Washington. Le texte de la déclaration se base sur les résolutions 242 de 1967 et 338 de 1973 et prévoit la mise en place d’une Autorité palestinienne transitoire à Gaza et sur une partie de la Cisjordanie (dans une zone à définir dans la région de Jéricho) pour une période de cinq ans, puis de parvenir à une autonomie complète de la Cisjordanie. Yasser Arafat est placé à la tête de cette Autorité et des élections sont prévues afin d’élire un Conseil palestinien, avant le 13 juillet 1994, qui aura pour tâche de légiférer. L’armée israélienne doit quitter les territoires mentionnés avant le 13 avril 1994, même si elle continue à assurer la sécurité des frontières et celle des colonies juives. L’autonomie transitoire signifie également le transfert des « compétences civiles » (impôts directs, tourisme, éducation, culture, santé, protection sociale) aux Palestiniens, à Gaza et dans la région de Jéricho, à la suite du départ israélien, ainsi que la mise en place d’une police palestinienne. La question palestinienne au cœur de la question israélo-arabe Documents à utiliser : documents 1 et 3 p. 296 et documents 4 et 5 p. 297 1. Quelles sont les conséquences de l’exode des Palestiniens en 1948 ? L’exode des Palestiniens a amené près de 700 000 personnes (chiffres d’Henry Laurens, spécialiste de la question) a quitté leurs terres et leurs possessions sans possibilité de retour. Les populations se sont donc réparties dans les Etats arabes voisins qui ont bien voulu les accueillir notamment la Syrie, le Liban et la Transjordanie (aujourd’hui Jordanie). Ces populations ont vécu dans des camps et se sont définitivement installés. La question du retour des réfugiés est une question récurrente et un point d’achoppement des négociations. Certains pays comme la Jordanie – septembre noir – ou le Liban ont connu des périodes de déstabilisation en raison du problème palestinien. 2. Quelles sont les différentes actions menées par les Palestiniens au cours du temps pour

tenter de retrouver un Etat propre ? Les réactions et les actions ont été multiples et ont varié avec le temps :

- Tentatives de négociations et de prise en charge pacifique du problème comme le montre la création de la charte de l’OLP avant son discrédit après la guerre de 1967.

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- Proposition de la lutte armée et de la destruction de l’Etat d’Israël qui n’est pas reconnu comme tel. Cela a mené à des actions terroristes. L’OLP entre temps a changé de leader et d’optique

- Mise en place et création d’une organisation terroriste visant à lutter et à détruire Israël. Elle s’appuie sur les idées islamistes, et critique les actions de l’OLP : le Hamas.

- Reconnaissance par l’OLP de l’Etat d’Israël et renoncement au terrorisme mais sans contrôle sur le Hamas ce qui provoque des achoppements dans le processus de paix.

3. Quels accords permettent la reconnaissance d’une direction des affaires palestiniennes sur les territoires palestiniens ?

Ce sont les accords d’Oslo I en 1993. 4. A l’aide de ce qui a été vu dans le chapitre 1 sur la question de Jérusalem, quelles sont les

hypothèses qui apparaissent concernant le règlement de la question de l’Etat palestinien ? Quels sont les obstacles ?

Les enjeux concernant la vieille ville de Jérusalem sont plus larges que la seule question de Jérusalem ; ils concernent l’ensemble du processus de paix israélo-arabe, et notamment israélo-palestinien. Trois enjeux majeurs apparaissent dans ce contexte : - La question de la radicalisation religieuse des deux parties. - La question visant à éviter la séparation de la ville en deux entités distinctes ce qui semble

impossible aux vues de l’imbrication des implantations des différentes communautés. Il en va de même pour la création d’un Etat palestinien qui comprend d’importantes colonies israéliennes dont le nombre ne cesse de croître.

III. La montée de l’islamisme politique

A. L’émergence de l’islamisme politique dans les années 1970 Documents à utiliser : l’Origine de l’islamisme politique (Roy, Les « Trente Glorieuses » de l’islamisme, dans Les Collections de L'Histoire n°52, p. 52), Islamisme politique dans le monde arabe, histoire (Olivier Roy, Les trois âges de la révolution islamique, dans L'Histoire n°281, p. 34-38), carte 4 p. 303. Document 1 : l’Origine de l’islamisme politique : Dans les années 1970, dans un monde encore structuré par la guerre froide se développe un mouvement qui s'emploie à faire de l'islam une idéologie et un programme politiques : islamiser l'État, la loi, la société. La révolution iranienne de 1979 fut une de ses victoires les plus éclatantes, ainsi que la progression du Refah turc qui a donné naissance à l'AKP. Mais le monde arabe, tout entier, a été affecté. Partout se sont formés des partis politiques : Frères musulmans*, Front islamique du salut FIS algérien, Hezbollah libanais, Hamas palestinien, parti Islah au Yémen, Nahda tunisien ou Parti de la renaissance islamique tadjik. Bien sûr, leurs différences, à la fois dans l'espace et dans le temps, sont réelles. Cependant, tous ces mouvements veulent islamiser une société concrète et non l' umma en général, c'est-à-dire la « communauté musulmane » à partir de la prise du pouvoir politique. En ce sens, ils sont aussi les héritiers des grandes idéologies occidentales du XXe siècle, comme le marxisme. […]

Source : Olivier Roy, Les « Trente Glorieuses » de l’islamisme, dans Les Collections de L'Histoire n°52, p. 52.

Document 2 : Islamisme politique dans le monde arabe, histoire La montée en puissance de la radicalisation islamique* date des années 1970. Elle s'est développée sur deux niveaux : d'une part, l'émergence de mouvements politiques islamistes

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luttant pour la création d'un État islamique ; d'autre part, une mouvance plus floue œuvrant avant tout à la réislamisation des populations musulmanes tant dans les pays musulmans que dans l'émigration et qui prend des formes plus prédicatives et culturelles que politiques. Enfin, l'irruption du mouvement Al-Qaida révèle la mondialisation du radicalisme et de la violence politique islamiques ; ils ne visent pas tant les régimes des pays musulmans que la domination américaine. Nous appelons « islamistes » les mouvements qui voient dans l'islam une idéologie politique et qui considèrent que l'islamisation de la société passe par l'instauration d'un État islamique, et pas seulement par la mise en oeuvre de la charia*, ou Loi islamique. […]Le premier grand théoricien de l'islamisme, l'Égyptien Hasan al-Banna mort en 1949, fonde les Frères musulmans en 1928-1929. Son compatriote Sayed Qotb mort en 1966 radicalise la pensée de cette confrérie dans les années 1950-1960. Entre-temps, Abu Ala Maududi mort en 1979 a fondé en Inde, en 1941, la Jamaat-e-Islami « la société islamique ». Le politique et l'État se trouvent au coeur de la pensée de ces hommes et de leurs épigones. Ils prennent en compte des concepts modernes, relevant de l'économie, de l'idéologie, des institutions. Ils abordent les problèmes contemporains de société statut de la femme, éducation, pauvreté, technologie, voire drogue autrement que par le recours systématique à la charia. Leurs mouvements ont recruté parmi les intellectuels et les technocrates, souvent loin des ulémas* juristes et théologiens traditionnels. Ils ont été les vecteurs de la grande vague de contestation islamique des années 1970 et 1980, qui a culminé dans la révolution d'Iran en 1979 et la prise de pouvoir par l'ayatollah Khomeyni. […]

Source : Olivier Roy, Les trois âges de la révolution islamique, dans L'Histoire n°281, p. 34-38.

Questions : 1. De quand date la naissance de l’islamisme politique ? Quelle est l’organisation qui en est à

l’origine ? La naissance de l’islamisme politique date de la fin des années 1920. Il est né avec le mouvement des Frères musulmans en 1928-1929. 2. Quelle est la période durant laquelle il émerge vraiment ? Quelles sont les idées qu’il

développe ? L’islamisme politique se développe vraiment dans les années 1970. Il atteint son point culminant avec la mise en place de la République islamique en Iran près la révolution de 1979. Dans le contexte de la Guerre Froide, se développe un courant qui s'emploie à faire de l'islam une idéologie et un programme politiques : islamiser l'État, la loi, la société. Les tenants de l’islamisme politique prennent en compte des concepts modernes, relevant de l'économie, de l'idéologie, des institutions. Ils abordent les problèmes contemporains de société statut de la femme, éducation, pauvreté, technologie, voire drogue autrement que par le recours systématique à la charia. 3. Quelle autre forme d’islamisme est apparue dans les années 1980 et dans quel contexte ? Parallèlement à l’islamisme politique, une mouvance plus floue œuvrant avant tout à la réislamisation des populations musulmanes tant dans les pays musulmans que dans l'émigration et qui prend des formes plus prédicatives et culturelles que politiques, apparaît dans les années 1980. Elle apparaît dans le contexte de la guerre en Afghanistan après l’invasion soviétique de 1979. Elle se développe au cœur des mouvements des Moudjahiddins, ces combattants qui lancent le Jihad contre l’URSS. Parmi les mouvements nés à cette période, avec le soutien financier des EU et de l’Arabie Saoudite, on trouve les Talibans et les premiers mouvements dirigés par Oussama Ben Laden, le futur leader d’Al Qaida. Enfin, l'irruption du mouvement Al-Qaida révèle la mondialisation du radicalisme et de la violence politique islamiques ; ils ne visent pas tant les régimes des pays musulmans que la domination américaine

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B. Le 11 septembre 2001, un tournant dans la région Documents à utiliser : carte de la vision américaine de la région (Atlas géostratégique du Proche et du Moyen-Orient, p. 113), guerre contre la Terreur face à l’antiaméricanisme (Atlas géostratégique du Proche et du Moyen-Orient, p. 112). Document 1 : La vision américaine du Moyen-Orient

Source : Atlas géostratégique du Proche et du Moyen-Orient

Document 2 : Guerre contre la Terreur face à l’antiaméricanisme Après la disparition de l’URSS et la fin de la Guerre Froide, les attentats du 11 septembre 2001 ajoutent un élément fondamental à la vision américaine : le Proche-Orient et sa grande périphérie musulmane abritent le foyer du terrorisme international et il faut donc y mener une guerre globale et sans merci contre la terreur. […] Des « Etats voyous » sont désignés : l’Irak, la Syrie, l’Iran. Les forces américaines interviennent en Afghanistan en 2001, puis en Irak en 2003 et renversent Saddam Hussein. En septembre 2003, le président G. W. Bush présente sa vision politique devant l’ONU : « Des millions de personnes verront que la liberté, l’égalité et le progrès matériel sont possibles au cœur du Moyen-Orient ». La nouvelle doctrine est définie début 2004. Baptisée tout d’abord « initiative pour le grand Moyen-Orient », elle devient au sommet du G8 de juin 2004 : « Partenariat pour le progrès et un avenir commun avec le Grand Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ». Il s’agit d’aider à « réaliser des réformes démocratiques, sociales et

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Thème 3 : Puissances et tensions dans le monde de la fin de la Première Guerre Mondiale à nos jours

Chapitre 3 : Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale

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économiques », dans cette région qui s’étend de la Maurétanie au Pakistan et englobe 22 membres de la Ligue Arabe et des pays non arabes (Iran, Afghanistan, Pakistan). Pour l’administration américaine, le terrorisme, le fondamentalisme religieux et les régimes dictatoriaux sont le résultat d’un refus de la liberté et de la démocratie qui règnent aux Etats-Unis. […] L’Irak et l’Afghanistan serviront de modèles dans la diffusion de la paix et de la démocratie. […] Ce programme, qui annoncé dans un contexte où l’antiaméricanisme atteint un niveau record dans les sociétés arabes, est mal accueilli par plusieurs dirigeants arabes méfiants et mécontents d’être ainsi publiquement critiqués pour leurs insuffisances et qui considèrent qu’il s’agit d’ingérence dans leurs affaires intérieures. En outre, la diplomatie américaine, qui n’a jamais bâti ses alliances dans la région en fonction de critères démocratiques, se trouve soudain en pleine ambiguïté. […] La vision messianique de G. W. Bush et de ses conseillers se heurte rapidement aux réalités : les Etats-Unis sont embourbés en Irak, l’insécurité revient en Afghanistan, une nouvelle guerre éclate au Liban en 2006, l’immobilisme prévaut dans le conflit israélo-palestinien en dépit de la conférence trop tardive et improductive d’Annapolis en novembre 2007. […] Dès son arrivée à la Maison Blanche, Barack Obama abandonne la politique d’affrontement et tend une « main amicale » au monde musulman avec lequel il entend « bâtir un nouveau partenariat fondé sur les respect et l’intérêt mutuels ». Il annonce un retrait progressif d’Irak [effectif le 18 décembre 2001], envisage de traité par la diplomatie la crise avec l’Iran, envoie des émissaires à Damas et place le règlement du conflit israélo-palestinien parmi ses priorités […].

Source : Atlas géostratégique du Proche et du Moyen-Orient Questions : 1. Pourquoi le Moyen-Orient est-il devenu un nouvel enjeu pour les puissances occidentales

après 2001 ? Le Moyen-Orient est devenu un nouvel enjeu pour les puissances occidentales, et notamment pour les Etats-Unis, car la région a été conçue comme étant le berceau et le point de repli des terroristes qui ont mené les attaques contre le territoire américain. Les Etats-Unis ont donc décidé de lancer la guerre contre la terreur avec la mise en place d’actions militaires. 2. Quels sont les modes d’intervention qui ont été mis en place ? Plusieurs modes d’intervention ont été mis en place : - Multiplication de bases militaires - Mise en place d’une force internationale dans le Golfe d’Aden pour protéger les bateaux

contre les actes de piraterie au large de la corne de l’Afrique - Mise en place de guerres préventives : Afghanistan (2001) et Irak (2003) - Stigmatisation des Etats considérés comme voyous. - Action visant à améliorer le développement de la démocratie - Mise en place d’une coopération mutuelle à partir de l’arrivée d’Obama au pouvoir. 3. Quelle est la perception par les populations de la région de cette nouvelle présence

occidentale ? Les actions occidentales ont été mal perçues par les dirigeants et les populations des pays arabes. En effet, beaucoup ont estimé que les actions relevaient de l’ingérence notamment le programme américain « Partenariat pour le progrès et un avenir commun avec le Grand Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ». La région est marquée par un certain antiaméricanisme, menée notamment par l’Etat iranien mais aussi par l’Etat syrien. Les populations parlent aussi de néo-impérialisme concernant les actions des différents pays occidentaux.