Upload
dotuong
View
228
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
UNIVERSITE PARIS XII – VAL DE MARNE
N° attribué par la bibliothèque
THESE
pour obtenir le grade de
DOCTEUR DE L’UNIVERSITE PARIS XII Discipline : Sciences des Matériaux
Soutenue le 21 octobre 2005, par
Sylvain CHALLET
Stockage de l’hydrogène dans les hydrures métalliques pour
l’alimentation en hydrogène de véhicules à pile à combustible.
Jury : M. F. Béguin Rapporteur
M. P. Marty Rapporteur
M. C. Bernard
Mme A. Percheron-Guégan
M. F. Heurtaux
M. M. Latroche
UNIVERSITE PARIS XII – VAL DE MARNE
N° attribué par la bibliothèque
THESE
pour obtenir le grade de
DOCTEUR DE L’UNIVERSITE PARIS XII Discipline : Sciences des Matériaux
Soutenue le 21 octobre 2005, par
Sylvain CHALLET
Stockage de l’hydrogène dans les hydrures métalliques pour
l’alimentation en hydrogène de véhicules à pile à combustible.
Jury : M. F. Béguin Rapporteur
M. P. Marty Rapporteur
M. C. Bernard
Mme A. Percheron-Guégan
M. F. Heurtaux
M. M. Latroche
A Natacha, A ma famille,
A mes ami(e)s.
Remerciements
Je tiens à remercier chaleureusement Madame Annick Percheron-Guégan, ancienne
directrice du Laboratoire de Chimie Métallurgique des Terres Rares à Thiais, qui a bien
voulu m’accueillir au sein de son équipe. Son expérience et ses précieux conseils m’ont
beaucoup apporté.
J’exprime ma profonde reconnaissance à Monsieur François Beguin, professeur à
l’université d’Orléans et chercheur au Centre de Recherche sur la Matière Divisée, ainsi
qu’à Monsieur Philippe Marty, professeur à l’université J. Fourier et chercheur au
Laboratoire des Ecoulements Géophysiques et Industriels de Grenoble, qui m’ont fait
l’honneur d’accepter d’être les rapporteurs de ce travail de thèse.
Je tiens également à remercier Monsieur Claude Bernard, directeur de recherche
au Laboratoire de Thermodynamique et Physico-Chimie Métallurgiques de Grenoble, ainsi
que Monsieur Fabien Heurtaux, ingénieur à la Direction de la Recherche du groupe
RENAULT, qui ont aimablement accepté de faire partie de mon jury de thèse.
Je remercie vivement Monsieur Michel Latroche qui m’a fait profiter de son
expérience et de ses nombreux conseils. Par ses qualités scientifiques et humaines, il a su
encadrer ce travail de thèse et l’orienter tout au long de son déroulement en se rendant
toujours disponible pour résoudre aussi bien les problèmes techniques que les problèmes de
fond.
J’associe à ces remerciements les membres du laboratoire qui ont contribué par
leurs compétences et leur sympathie à faire de ces trois années une expérience
enrichissante et agréable. Parmi eux, je voudrais citer Monsieur Eric Leroy qui a effectué
les analyses par microsonde électronique, Monsieur Fermin Cuevas qui m’a aidé pour les
analyses thermiques et qui par ses nombreux conseils et sa bonne humeur a su répondre à
mes nombreuses questions, Monsieur Jean-Marc Joubert pour l’aide apportée par ses
connaissances et sa rigueur, Madame Françoise Briaucourt pour toute son aide, sa
disponibilité et sa gentillesse. Je n’oublie pas également Mademoiselle Valérie Paul-Boncour,
Monsieur Claude Godart, Madame Valérie Lalanne, Monsieur Benjamin Villeroy,
Mademoiselle Audrey Miard, Monsieur Léon Preira, Madame Marcelle Ammour, Madame
Brigitte Llobel, Monsieur Michel Cornet et plus particulièrement Monsieur Olivier Rouleau.
Je ne peux pas oublier de remercier les doctorants et post-doctorants du
laboratoire qui ont tous contribué à ce que le travail soit effectué dans une ambiance
agréable et sympathique : Amélie, Béatrice, David, Dominique, Emmanuelle, Eugen, Jean-
Philippe, José, Raphaël, Sonia, Thomas et Vasile.
Dans le cadre des collaborations extérieures, je tiens à remercier Monsieur Patrick
Ochin du Centre d’Etude de Chimie Métallurgique (Vitry-sur-Seine) pour l’élaboration
d’alliages par refroidissement rapide. Je remercie également Madame Françoise Bourée-
Vigneron pour les expériences de diffraction neutronique réalisées au Laboratoire Léon
Brillouin (Saclay) ainsi que Monsieur Olivier Isnard pour son aide dans la mise en place de
l’expérience de diffraction des neutrons effectuée à l’Institut Laue Langevin (Grenoble).
Je remercie aussi Monsieur Radovan Černý du Laboratoire de Cristallographie de
l’Université de Genève pour l’aide apportée au calcul de densité de dislocations dans les
matériaux cyclés.
Ce travail a été effectué en collaboration étroite avec le groupe RENAULT qui a
soutenu financièrement ce travail. Je désire exprimer toute ma gratitude à Monsieur
Fabien Heurtaux qui a été mon interlocuteur privilégié avec le monde industriel.
Merci à tous.
Résumé
Le stockage d’hydrogène reste un défi pour son utilisation comme carburant dans les
applications mobiles. Malgré une masse élevée, le stockage dans les hydrures métalliques
présente des avantages en terme de sécurité et de capacité volumique. Dans ce travail, plusieurs
familles d’hydrures ont été étudiées pour répondre au cahier des charges d’un réservoir principal
ou d’un réservoir tampon de démarrage à froid. Les propriétés thermodynamiques des hydrures
type LaNi5 et TiFe ont été ajustées par le jeu de substitutions permettant d’obtenir des composés
potentiellement utilisables dans ces deux types de réservoirs. Afin d’augmenter la capacité
massique, l’influence de l’élément M sur les propriétés thermodynamiques d’hydrures plus légers
de type solution solide Ti-V-M (M=Mn,Fe,Co,Ni) a été étudiée montrant de bonnes propriétés
d’hydrogénation pour le composé au fer. Enfin, la découverte de la réactivité vis-à-vis de
l’hydrogène du composé Ti3Si ouvre une nouvelle voie.
Mots clés : composés intermétalliques, AB5, AB, solution solide Ti-V, hydrures, stockage
d’hydrogène.
Title: Hydrogen storage in metal hydrides for the hydrogen supply of fuel cell car.
Abstract
Hydrogen storage remains an issue for its use in mobile applications. Despite its weight, storage
in metal hydrides presents advantages in term of safety and volumic capacity. In this work,
several families of hydrides have been studied to answer to the working conditions of a main tank
or a buffer tank for cold start. The thermodynamic properties of LaNi5 and TiFe type hydrides
have been adjusted by suitable substitutions allowing to obtain potentially usable compounds for
both kinds of tanks. In order to increase the weight capacity, the effect of M element on
thermodynamics properties of lighter hydrides based on Ti-V-M solid solutions (M=Mn, Fe, Co,
Ni) has been studied showing the best hydrogenation properties for the Fe compound. Finally, the
discovery of hydrogen reactivity of the Ti3Si compound opens new routes.
Keywords: intermetallic compounds, AB5, AB, Ti-V solid solution, hydrides, hydrogen storage.
Table des matières
Introduction -----------------------------------------------------------------------1
Chapitre I. Présentation générale ----------------------------------------------4 I.1 Objectifs de Renault---------------------------------------------------------------------------- 4
I.1.1 L’hydrogène comme vecteur d’énergie------------------------------------------------------------------------- 4 I.1.2 Véhicule à pile à combustible------------------------------------------------------------------------------------ 5 I.1.3 Stockage de l’hydrogène ----------------------------------------------------------------------------------------- 8
I.2 Les hydrures métalliques---------------------------------------------------------------------10 I.2.1 Propriétés thermodynamiques ----------------------------------------------------------------------------------10
I.2.1.a Le système métal-hydrogène ----------------------------------------------------------------------------10 I.2.1.b Isothermes pression-composition-température (PCT) ------------------------------------------------12
I.2.2 Propriétés structurales -------------------------------------------------------------------------------------------15 I.2.2.a Les sites d’absorption-------------------------------------------------------------------------------------15 I.2.2.b Effet des substitutions sur les plateaux d’équilibre ---------------------------------------------------17
I.3 Cahier des charges des réservoirs ----------------------------------------------------------18
I.4 Choix des familles d’hydrures métalliques -----------------------------------------------20 I.4.1 Base de données --------------------------------------------------------------------------------------------------20 I.4.2 Les hydrures de type ABn ---------------------------------------------------------------------------------------22
I.4.2.a Les composés de type AB5-------------------------------------------------------------------------------22 I.4.2.b Les composés de type AB--------------------------------------------------------------------------------24
I.4.3 Les hydrures légers de type Ti-V-------------------------------------------------------------------------------27 I.4.4 Les nouveaux hydrures ------------------------------------------------------------------------------------------30
I.4.4.a Les composés de type Mg2X-----------------------------------------------------------------------------30 I.4.4.b Le composé Ti3Si -----------------------------------------------------------------------------------------30
Chapitre II.Techniques expérimentales ------------------------------------- 37 II.1 Synthèses et caractérisations des composés intermétalliques -------------------------37
II.1.1 Techniques d’élaboration----------------------------------------------------------------------------------------37 II.1.1.a Fusion en four à induction -------------------------------------------------------------------------------37 II.1.1.b Broyage mécanique ---------------------------------------------------------------------------------------38 II.1.1.c Hypertrempe -----------------------------------------------------------------------------------------------39 II.1.1.d Traitements de recuit -------------------------------------------------------------------------------------40
II.1.2 Caractérisation analytique et structurale-----------------------------------------------------------------------40 II.1.2.a Microsonde électronique ---------------------------------------------------------------------------------41 II.1.2.b Diffraction des rayons X sur poudre --------------------------------------------------------------------42 II.1.2.c Analyse calorimétrique différentielle-------------------------------------------------------------------48 II.1.2.d Pycnomètre-------------------------------------------------------------------------------------------------48
II.2 Synthèses et caractérisations des hydrures métalliques--------------------------------49 II.2.1 Synthèse -----------------------------------------------------------------------------------------------------------49 II.2.2 Caractérisation thermodynamique des hydrures--------------------------------------------------------------50
II.2.2.a Méthode volumétrique------------------------------------------------------------------------------------50 II.2.2.b Mesures des isothermes ----------------------------------------------------------------------------------52 II.2.2.c Désorption thermique-------------------------------------------------------------------------------------53 II.2.2.d Mesure de cinétique d’absorption-----------------------------------------------------------------------53 II.2.2.e Développement d’un banc de cyclage automatique---------------------------------------------------54
II.2.3 Caractérisation structurale des hydrures-----------------------------------------------------------------------57 II.2.3.a Diffraction des rayons X ---------------------------------------------------------------------------------57
II.2.3.b Diffraction neutronique-----------------------------------------------------------------------------------57 II.3 Conclusions sur les techniques utilisées ---------------------------------------------------60
Chapitre III.Les hydrures de type ABn -------------------------------------- 62 III.1 Les composés de type AB5--------------------------------------------------------------------62
III.1.1 Choix de la composition -------------------------------------------------------------------------------------62 III.1.2 Synthèse et caractérisation structurale ---------------------------------------------------------------------64 III.1.3 Propriétés d’hydrogénation----------------------------------------------------------------------------------65
III.1.3.a Activation --------------------------------------------------------------------------------------------------65 III.1.3.b Isothermes--------------------------------------------------------------------------------------------------65 III.1.3.c Cinétique ---------------------------------------------------------------------------------------------------66 III.1.3.d Cyclage -----------------------------------------------------------------------------------------------------68
III.1.4 Caractérisation structurale de l’hydrure--------------------------------------------------------------------73 III.1.5 Mise au point d’un réservoir pilote -------------------------------------------------------------------------77 III.1.6 Conclusion sur les composés AB5 --------------------------------------------------------------------------81
III.2 Les composés de type AB---------------------------------------------------------------------82 III.2.1 Choix de la composition -------------------------------------------------------------------------------------82 III.2.2 Etude du composé TiFe0,70Mn0,20 ---------------------------------------------------------------------------82
III.2.2.a Elaboration et caractérisation structurale---------------------------------------------------------------82 III.2.2.b Propriétés d’hydrogénation ------------------------------------------------------------------------------85 III.2.2.c Discussion--------------------------------------------------------------------------------------------------87
III.2.3 Effets de la substitution de Mn par Ni : TiFe0,70Mn0,20-yNiy ---------------------------------------------88 III.2.3.a Elaboration et caractérisation structurale---------------------------------------------------------------88 III.2.3.b Propriétés d’hydrogénation ------------------------------------------------------------------------------90 III.2.3.c Discussion--------------------------------------------------------------------------------------------------92
III.2.4 Effets de la substitution de Mn par Fe : TiFe0,70+xMn0,20-x -----------------------------------------------94 III.2.4.a Elaboration et caractérisation structurale---------------------------------------------------------------94 III.2.4.b Propriétés d’hydrogénation ------------------------------------------------------------------------------96 III.2.4.c Discussion--------------------------------------------------------------------------------------------------99
III.2.5 Conclusion--------------------------------------------------------------------------------------------------- 100 III.3 Conclusions sur les hydrures de type ABn ---------------------------------------------- 101
Chapitre IV.Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V ------104 IV.1 But de l’étude --------------------------------------------------------------------------------- 104
IV.2 Les composés Ti33V60M7 -------------------------------------------------------------------- 105 IV.2.1 Elaboration et caractérisation structurale ---------------------------------------------------------------- 105 IV.2.2 Propriétés d’hydrogénation-------------------------------------------------------------------------------- 106
IV.2.2.a Traitement de post-hydrogénation et capacité totale------------------------------------------------ 106 IV.2.2.b Désorption thermique----------------------------------------------------------------------------------- 107 IV.2.2.c Capacités réversibles à différentes températures de désorption ----------------------------------- 109 IV.2.2.d Isothermes------------------------------------------------------------------------------------------------ 111
IV.2.3 Structure des hydrures-------------------------------------------------------------------------------------- 113 IV.2.4 Discussion --------------------------------------------------------------------------------------------------- 119
IV.3 Les composés Ti30,5V55,5M14 ---------------------------------------------------------------- 120 IV.3.1 Elaboration et caractérisation structurale ---------------------------------------------------------------- 120 IV.3.2 Propriétés d’hydrogénation-------------------------------------------------------------------------------- 121
IV.3.2.a Traitement de post-hydrogénation et capacité totale------------------------------------------------ 121 IV.3.2.b Capacités réversibles à différentes températures de désorption ----------------------------------- 122 IV.3.2.c Isothermes------------------------------------------------------------------------------------------------ 123
IV.3.3 Discussion --------------------------------------------------------------------------------------------------- 128 IV.4 Conclusions sur les hydrures légers de type Ti-V ------------------------------------- 130
Chapitre V. Nouveaux hydrures --------------------------------------------133 V.1 But de l’étude --------------------------------------------------------------------------------- 133
V.2 Les composés de type Mg2X --------------------------------------------------------------- 133 V.2.1 Mg2Sc------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 133 V.2.2 Mg2Zr et Mg2Ti------------------------------------------------------------------------------------------------- 134
V.2.2.a Elaboration de Mg2Zr----------------------------------------------------------------------------------- 134 V.2.2.b Elaboration de Mg2Ti----------------------------------------------------------------------------------- 136
V.2.3 Mg2Sn------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 138 V.2.3.a Elaboration et analyse structurale --------------------------------------------------------------------- 138 V.2.3.b Propriétés d’hydrogénation ---------------------------------------------------------------------------- 140
V.2.4 Conclusions ----------------------------------------------------------------------------------------------------- 141 V.3 Le composé Ti3Si ----------------------------------------------------------------------------- 142
V.3.1 Choix la composition Ti3Si ----------------------------------------------------------------------------------- 142 V.3.2 Elaboration ------------------------------------------------------------------------------------------------------ 142
V.3.2.a Fusion haute température------------------------------------------------------------------------------- 142 V.3.2.b Par broyage ---------------------------------------------------------------------------------------------- 146 V.3.2.c Par hypertrempe ----------------------------------------------------------------------------------------- 155
V.3.3 Propriétés d’hydrogénation ----------------------------------------------------------------------------------- 156 V.3.4 Conclusions ----------------------------------------------------------------------------------------------------- 158
V.4 Conclusions sur les « nouveaux hydrures »--------------------------------------------- 159
Conclusions et perspectives générales -------------------------------------162
Introduction
Introduction
La majorité des scénarios sur les besoins énergétiques indiquent que la consommation
d’énergie primaire devrait environ doubler d’ici 2030. Le développement des grands pays
émergents, comme la Chine, l’Inde ou le Brésil dont les populations aspirent massivement à un
mode de vie et de consommation proche de celui des pays les plus riches, est un facteur
important de l’augmentation de la consommation d’énergie.
Les énergies fossiles représentent aujourd’hui 85% de la demande énergétique mondial.
Deux contraintes sont alors annoncées : la raréfaction des ressources énergétiques fossiles
(pétrole, gaz, charbon) et l’émission de gaz à effet de serre (en particulier le dioxyde de carbone)
qui résulte de leur combustion. La question des ressources et des réserves de carbone fossile est
une des plus controversées. Les mesures quantitatives et qualitatives des réserves ne sont pas
précises. De plus, elles dépendent à la fois d’enjeux géopolitiques et de facteurs tels que le prix et
les progrès techniques. Le changement climatique induit par les gaz à effet de serre est
certainement une préoccupation plus décisive sur l’avenir des systèmes énergétiques.
La prise de conscience grandissante des problèmes environnementaux et de la
dépendance à l’égard des ressources d’énergie fossile va favoriser l’émergence de sources
d’énergie alternatives et propres. Les énergies renouvelables (solaire, éolien ou la biomasse)
pourront en partie suppléer à moyen terme les énergies fossiles. Mais elles seront utilisées
principalement pour les applications stationnaires de chauffage domestique ou industriel et pour
la production d’électricité. Le secteur des transports est quant à lui très fortement dépendant des
carburants fossiles. Une diversification de carburants et de modes de traction pourrait s’opérer
dans le futur. Nombre de scientifiques et d’industriels s’accordent à dire que l’hydrogène pourrait
devenir le vecteur énergétique du 21ème siècle. L’hydrogène pourrait remplacer le pétrole soit
directement dans un moteur thermique soit en association avec une pile à combustible pour
produire de l’électricité.
Cependant, il existe à ce jour des verrous technologiques et sociétaux qui freinent le
développement d’une « économie hydrogène ». En effet, l’hydrogène bénéficie d’une mauvaise
1
Introduction
réputation dans notre société du fait de sa nature explosive et inflammable. D’un point de vue
technologique, l’utilisation massive d’hydrogène soulève les problèmes de production, de
stockage et de distribution. Aujourd’hui la majeure partie de l’hydrogène est produit à partir
d’énergie fossile, rejetant dans l’atmosphère de grande quantité de gaz à effet de serre. Il sera
nécessaire de développer des systèmes de production massive utilisant des énergies
renouvelables (ou le nucléaire) pour réaliser l’électrolyse de l’eau. La mise en place d’un réseau
de distribution grand public demandera un investissement important pour couvrir tout le territoire
afin que les véhicules à pile à combustible puissent circuler librement. Enfin, le stockage de
l’hydrogène à bord du véhicule devra allier volume, masse et coûts réduits des réservoirs,
autonomie et sécurité élevées.
Plusieurs modes de stockage sont envisagés tels que la compression, la liquéfaction,
l’adsorption dans des composés poreux ou l’absorption dans les hydrures métalliques. Les
recherches présentées dans ce document ont pour but d’adapter le stockage de l’hydrogène dans
les hydrures métalliques au cahier des charges défini par RENAULT pour un véhicule à pile à
combustible. Les hydrures métalliques sont formés par l’hydrogénation de composés
intermétalliques de type ABn (A = terre rare, Ti, V… ; B = Mn, Fe, Co, Ni…). Ils présentent
l’avantage d’absorber réversiblement de grande quantité d’hydrogène dans de bonnes conditions
de sécurité, à la température ambiante et à des pressions modérées (0,1-2 MPa). Leur capacité
volumique proche de 100 g/dm3 est particulièrement intéressante pour l’application mobile
malgré une capacité massique limitée par la masse molaire élevée des alliages couramment
utilisés.
Notre travail a consisté à déterminer les familles d’hydrures dont le comportement à
l’hydrogénation est susceptible de répondre aux contraintes d’un stockage d’hydrogène à bord de
véhicule en accord avec le cahier des charges de Renault. Deux groupes ont été choisis : les
hydrures de type AB5 et AB, et les hydrures plus légers à base de solution solide de Ti-V.
L’ajustement des propriétés d’hydrogénation de ces alliages a alors été mené. Enfin, la recherche
de nouvelles familles d’hydrure pouvant absorber l’hydrogène a aussi été favorisée dans cette
étude.
Le premier chapitre présente les objectifs d’un stockage d’hydrogène à bord d’un
véhicule à pile à combustible. Les propriétés thermodynamiques des hydrures métalliques sont
2
Introduction
ensuite détaillées afin de présenter ce mode de stockage. Enfin, une étude bibliographique des
différentes familles d’hydrures métalliques permet de déterminer les composés pouvant prétendre
au stockage d’hydrogène pour l’application mobile.
Le second chapitre décrit les méthodes expérimentales de synthèses et de caractérisations
des composés métalliques et de leurs hydrures utilisées dans le cadre de ce travail. Les
élaborations ont été effectuées soit par cofusion soit par broyage mécanique des éléments. La
diffraction des rayons X ou des neutrons et la microsonde électronique ont permis de caractériser
structuralement et chimiquement les composés intermétalliques et leurs hydrures. Les propriétés
d’hydrogénation ont été mesurées par réaction solide-gaz.
Le chapitre III présente les résultats obtenus pour les hydrures de type AB5 et AB. Les
hydrures de type AB5 sont étudiés pour remplir un réservoir tampon pour le démarrage à froid du
véhicule. Les propriétés d’hydrogénation sont adaptées pour pouvoir fonctionner à basse
température (253K). Pour le réservoir principal, les propriétés thermodynamiques des hydrures
de type AB basés sur le composé TiFe ont été ajustées aux conditions de fonctionnement de la
pile en jouant sur la substitution du fer.
Le quatrième chapitre porte sur l’étude de composés plus légers de solutions solides de
Ti-V. Ces matériaux possèdent une forte capacité massique totale d’environ 4%. La désorption
totale se réalise généralement à haute température. Nous avons étudié l’effet de l’élément de
transition M (M = Mn, Fe, Co, Ni) sur les propriétés thermodynamiques d’hydrogénation des
composés Ti-V-M. L’ajustement de la proportion de l’élément de transition M a permis de
gagner environ 100K sur la température de désorption.
Le dernier chapitre décrit les résultats obtenus sur la recherche de nouvelles familles
d’hydrures. L’étude des composés Mg2X (X = Ti, Zr, Sn) montre la difficulté de la conservation
des propriétés d’hydrogénation exceptionnelles de Mg lors de substitutions. Par contre, nous
avons pu mettre en évidence l’absorption d’hydrogène dans un nouvel alliage, Ti3Si, ouvrant
ainsi une nouvelle voie de recherche.
3
Chapitre I Présentation générale
Chapitre I. Présentation générale
I.1 Objectifs de Renault
I.1.1 L’hydrogène comme vecteur d’énergie
Les énergies alternatives aux ressources énergétiques fossiles sont devenues un véritable
enjeu économique ces dernières années. La raréfaction des réserves, reconnue de plus en plus
largement, et les modifications environnementales qui découlent de leur utilisation massive sont
les principales contraintes qui obligent gouvernements et industriels à repenser le système
énergétique. Parmi les nombreuses sources d’énergie alternatives, l’utilisation de l’hydrogène
prend une part importante dans les projets de recherche. Cependant, l’hydrogène, au même titre
que l’électricité, est une énergie secondaire. Ce gaz est considéré comme un vecteur énergétique.
Même si l’hydrogène est l’élément le plus abondant dans l’univers, il n’existe quasiment
pas sous sa forme moléculaire sur la Terre. Il se retrouve lié à d’autres éléments tels que le
carbone ou l’oxygène (CH4, H2O,…). Il est nécessaire de le séparer de ces éléments pour
l’obtenir à l’état libre. Trois grandes filières de production sont envisageables : l’oxydation de
gaz ou de produits organiques d’origine fossile, l’électrolyse de l’eau et la production directe à
partir de la biomasse ou par l’utilisation des bactéries.
L’hydrogène est le gaz le plus léger (2 g/mol) et présente une température d’ébullition de
seulement 21 K. L’intérêt suscité par l’hydrogène vient de son exceptionnel pouvoir énergétique
gravimétrique qui atteint 120 MJ/kg ce qui est deux fois et demi plus important que le pétrole (47
MJ/kg) ou le gaz naturel (50 MJ/kg) [1]. De plus sa combustion avec de l’oxygène ne produit que
de la vapeur d’eau ce qui d’un point de vue environnemental est appréciable.
La restitution de l’énergie contenue par l’hydrogène gazeux peut s’effectuer soit
directement par un moteur thermique soit par l’intermédiaire d’une pile à combustible.
4
Chapitre I Présentation générale
I.1.2 Véhicule à pile à combustible
Le secteur des transports est très majoritairement dépendant des énergies fossiles et il
représente environ 1/3 de la consommation mondiale d’énergie primaire. Le passage à des
véhicules utilisant l’hydrogène permettrait de réduire fortement l’impact des émissions de gaz à
effet de serre des véhicules thermiques actuels sur l’environnement.
Un véhicule à pile à combustible est un véhicule électrique dont l’énergie est fournie par
la combinaison de l’hydrogène et de l’oxygène dans une pile à combustible. Différents types de
pile à combustible existent en fonction de la nature de l’électrolyte et de la température de
fonctionnement (Tableau I-1). La pile à combustible à membrane polymère échangeuse de
protons (PEMFC) est particulièrement adaptée aux applications automobiles du fait de sa faible
température de fonctionnement, sa "simplicité" de fabrication, son adéquation avec la nécessité
de nombreux démarrages, sa meilleure réactivité et son bon rendement aux puissances inférieures
à la puissance nominale.
Type de pile AFC PEMFC DMFC PAFC MCFC SOFC Polymer
Exchange Membrane Fuel Cell
Direct Methanol Fuel cell
Alkaline Fuel Cell Nom
Phosphoric Acid Fuel
Cell
Molten Carbonate Fuel Cell
Solid Oxyde Fuel Cell
Electrolyte Solution KOH
Membrane polymère
conductrice de protons
Membrane polymère
conductrice de protons
Acide phosphorique
Li2CO3 et KCO3
fondu dans une
matrice LiAlO2
ZrO2 et Y2O3
Ions dans l'électrolyte OH- H+ H+ H+ CO3
2- O2-
Plage de température 60-80°C 60-100°C 60-100°C 180-220°C 600-660°C 700-
1000°C Combustible H2 H2 Méthanol H2 H2 H2
Oxydants O2 (pur) Air Air Air Air Air Tableau I-1 : Descriptions des différents types de pile à combustible.
5
Chapitre I Présentation générale
Le fonctionnement de la pile de type PEM peut être décrit en 5 étapes (Figure I-1) :
1. L’hydrogène gazeux est dissocié à l’anode en électrons et en protons
2. les électrons sont canalisés à travers un circuit électrique pour alimenter en électricité le
moteur
3. les protons passent à travers l’électrolyte solide polymère
4. l’oxygène (provenant de l’air) entre dans la cathode et se combine avec les électrons et les
protons pour former de l’eau
5. la vapeur d’eau et la chaleur sont évacuées comme sous produits de la réaction.
Les demi-réactions aux électrodes sont : −+ +→ eHH 222 (anode) Équation I-1
OHOeH 222122 →++ −+ (cathode) Équation I-2
La réaction globale est la formation de l’eau accompagnée par un dégagement de chaleur :
QOHOH Δ+→+ 2221
2 Équation I-3
Figure I-1 : Schéma de principe d'un véhicule à pile à combustible. Le fonctionnement d'une pile à combustible à membrane échangeuse de protons est détaillé.
6
Chapitre I Présentation générale
Thermodynamiquement, le rendement de la pile η est égal au rapport entre le travail électrique
récupérable We et l'enthalpie de la réaction ΔH :
H
We
Δ−=η Équation I-4
Le travail récupérable correspond au déplacement des électrons dans le circuit extérieur. Il est
égal à:
)( ca EEnFW −= Équation I-5
avec Ea et Ec les potentiels à l'anode et à la cathode, n le nombre d’électrons et F la constante de
Faraday (96500 C).
Le principe moteur de la pile à combustible est la conversion directe de l’énergie libre de réaction
en énergie électrique :
STHEEnFG ca Δ−Δ=−−=Δ )( Équation I-6
ΔG est la variation d’énergie libre, TΔS est la partie transformée en chaleur.
Ce qui en exprimant le travail en fonction de l'enthalpie et de l'entropie donne :
HST
rev ΔΔ
−=1η Équation I-7
Pour une pile H2/O2 à 298K, le rendement théorique est de 83% ou 95% selon que l'eau
est liquide ou gazeuse. Le rendement réel est inférieur au rendement théorique du fait de
surtensions.
Plusieurs piles sont placées en série afin de produire la puissance électrique désirée pour
alimenter le moteur électrique qui donnera la force motrice au véhicule. L’oxygène est apporté
par l’air et l’hydrogène provient soit d’un réformeur embarqué qui produit l’hydrogène à partir
d’un composé hydrocarboné, soit d’un réservoir contenant directement de l’hydrogène pur.
7
Chapitre I Présentation générale
I.1.3 Stockage de l’hydrogène
La densité de l’hydrogène gazeux est très faible (0,09 kg/m3 à 273 K). Si on estime les
besoins pour un véhicule à 4 kg d’hydrogène pour une autonomie de 400 km, le volume occupé à
pression atmosphérique et à température ambiante atteint 45 m3. Le stockage de l’hydrogène de
manière condensée est donc impératif. Plusieurs voies sont envisagées.
• Le stockage gazeux sous pression : l’hydrogène est comprimé à 35 MPa. Des réservoirs
légers et résistants sont constitués d’une enveloppe interne en aluminium qui est peu
sensible à la fragilisation par l’hydrogène et d’une structure externe formée de fibres de
carbone ou de verre enrobées dans une résine thermodurcissable pour assurer la tenue
mécanique de l’ensemble. Des études sont actuellement menées sur des réservoirs à plus
hautes pressions 70 MPa. Dans ces conditions, des capacités volumiques de l’ordre de 40
g/dm3 sont obtenues et des capacités massiques de 5 à 10 % pour le système complet sont
envisageables [2]. Cependant la quantité d’énergie nécessaire à la compression à 70 MPa
est évaluée entre 5% et 17% de la quantité d’énergie de l’hydrogène comprimé selon que
le processus est isotherme, ce qui est difficilement réalisable, ou adiabatique [3].
• Le stockage cryogénique sous forme liquide : l’hydrogène est liquéfié à 21 K à pression
atmosphérique. Dans ces conditions, le liquide est 800 fois plus dense que le gaz à
température ambiante et selon le type de réservoir cryogénique utilisé une capacité
massique de l’ordre de 6,5-10 % est obtenue pour le système complet. Le coût
énergétique de la liquéfaction est très important du fait des techniques complexes de
refroidissement et peut atteindre 40% de la quantité d’énergie de l’hydrogène liquéfié [3].
De plus, pour des raisons de sécurité, les réservoirs sont conçus avec une architecture
« ouverte » contrôlant une éventuelle montée en pression du système en cas de
vaporisation de l’hydrogène. Cela ce traduit par des pertes par évaporation d’une partie du
gaz pouvant atteindre 1 à 4% par jour.
• L’adsorption dans les matériaux poreux. Il s’agit de la physisorption de l’hydrogène
(liaisons faibles de type Van der Walls) à basse température (typiquement 77 K) sur des
matériaux poreux à grande surface spécifique et présentant des volumes micro ou
nanométriques. Les matériaux envisagés sont très variés : charbons actifs [4, 5],
8
Chapitre I Présentation générale
nanotubes de carbone [6-8], zéolithes [9], réseaux organométalliques [10]… Les capacités
massiques de ces matériaux peuvent atteindre 4,5 % à 77K sous 0,1 MPa pour certains
réseaux organométalliques mais ils possèdent en contrepartie une capacité volumique
faible en raison de leur densité ce qui ne présente que peu d’intérêt pour les applications
mobiles.
• L’absorption dans les hydrures complexes. On peut distinguer différentes familles
d’hydrures complexes : alanate, imide et amide. L’alanate de sodium NaAlH4 présente
une capacité de 5,5% massique à pression atmosphérique entre 306 et 383 K [11]. La
réhydrogénation est plus difficile et nécessite l’ajout de catalyseur à base de titane. De
plus, les alanates sont très réactifs vis-à-vis de l’eau et de l’air rendant leur manipulation
délicate. La transformation imides/amides (Li2NH/LiNH2) est réversible (6,5%
massique). Elle est caractérisée par un plateau de pression situé environ à 0,1 MPa à 558
K [12]. Le borohydrure de sodium NaBH4 est un autre type d’hydrure complexe, qui
libère de l’hydrogène par hydrolyse (5,3 % massique) [13], mais dont la réaction n’est pas
réversible.
• L’absorption dans les hydrures métalliques. De nombreux métaux, alliages et composés
intermétalliques ont la propriété d’absorber réversiblement de grande quantité
d’hydrogène dans de bonnes conditions de sécurité, à la température ambiante et à des
pressions modérées (0,1-1 MPa). Leur capacité volumique proche de 100 g/dm3 est
particulièrement intéressante pour l’application mobile malgré une capacité massique
limitée par la masse molaire élevée de l’alliage.
Le stockage dans les hydrures métalliques présente plusieurs avantages. D’une part, les
hydrures métalliques permettent de stocker l’hydrogène avec de bonnes propriétés en termes de
sécurité (basse pression), de rendement énergétique (pas de compression et température proche
de l’ambiante) et de fiabilité (pas de système mécanique). D’autre part, ces matériaux métalliques
ont la capacité d’absorber et de désorber presque toute la quantité d’hydrogène à pression
constante comme nous le verrons dans le paragraphe I.2.1.b. Ceci permet de stocker une quantité
importante d’hydrogène dans un domaine étroit de pression.
Leur grande capacité volumique de stockage est également un atout des hydrures métalliques
pour l’application automobile qui requiert un volume réduit pour le réservoir (Figure I-2).
9
Chapitre I Présentation générale
0
20
40
60
80
100
120
Absorp
tion
(alan
ate)
Cap
acité
vol
umiq
ue (g
(H)/d
m3 )
H2, 7
0 M
pa, 2
98 K
H2 li
quid
e, 2
1 K
Cha
rbon
act
if A
X-21
, 4 M
Pa, 7
7 K
LaN
i 5H6,
7, 0,2
MPa
, 298
K
Compressio
n
Liquéfacti
on
Adsorp
tion
Absorp
tion
(hydru
re méta
llique
)
NaA
lH4,
0,1
MPa
, 306
-383
K
Figure I-2 : Comparaison des capacités volumiques des différents modes de stockage de l'hydrogène.
I.2 Les hydrures métalliques
I.2.1 Propriétés thermodynamiques
I.2.1.a Le système métal-hydrogène
Certains éléments métalliques, dits de type A (terres rares, Mg, Ti, Zr, …), réagissent
spontanément avec l’hydrogène pour former des hydrures. Ces hydrures sont
thermodynamiquement stables et leur décomposition ne peut s’effectuer qu’à haute température.
Au contraire, les métaux de transition 3d, dits de type B (Cr, Mn, Fe, Co, Ni…), présentent une
faible affinité avec l’hydrogène. Les hydrures formés sont instables dans les conditions standard
de pression et de température.
Les composés intermétalliques ABn constitués de ces deux types de métaux présentent
généralement des comportements intermédiaires face à l’hydrogène. L’hydrure de ces composés
10
Chapitre I Présentation générale
intermétalliques se forme réversiblement dans des conditions proches de la pression
atmosphérique et de la température ambiante.
La réaction d’hydruration en voie solide-gaz peut être décrite par quatre étapes.
1. L’adsorption des molécules d’hydrogène gazeux à la surface de l’alliage :
)()( 22 adsHgH ↔ Équation I-8
2. La dissociation de l’hydrogène adsorbé donnant deux atomes adsorbés :
)(2)(2 adsHadsH ↔ Équation I-9
3. L’absorption des atomes d’hydrogène dans l’alliage :
)(2)(2 absHadsH ↔ Équation I-10
4. La diffusion de l’hydrogène dans l’alliage
La formation de l’hydrure est un processus exothermique dont la réaction globale en voie solide-
gaz est :
QHABHAB xnx
n Δ+↔+ 22 Équation I-11
où ΔQ représente la chaleur dégagée lors de l’absorption d’hydrogène
Lors de l’absorption, une augmentation du volume de maille (ΔV/V) de 15 à 30% suivant
l’hydrure est observée. Cette forte expansion provoque la pulvérisation du composé massif
jusqu’à une granulométrie de l’ordre du micron après quelques cycles d’absorption/désorption.
Ce phénomène est généralement appelé décrépitation.
11
Chapitre I Présentation générale
I.2.1.b Isothermes pression-composition-température (PCT)
I.2.1.b.i Comportement idéal
La stabilité des hydrures est généralement déterminée par sa pression d’équilibre en
hydrogène à une température donnée. Ainsi, les propriétés thermodynamiques des hydrures sont
obtenues en mesurant à une température donnée la pression d’hydrogène à l’équilibre en fonction
de la quantité d’hydrogène absorbée. On obtient une courbe pression-composition-température
(ou isotherme) dont un exemple idéal est donné sur la Figure I-3.
ln(PH2)
αln(PH2
)
T4
Tc
T3
T2
T1
β
α α+β
x(H/M) βminαmax
Peq3
Peq1
Peq2
ΔH/RT - ΔS/R
1/T
Figure I-3 : Courbes PCT qui caractérisent un comportement idéal d’un composé intermétallique pour différentes températures (T1<T2<T3<Tc<T4). Tc représente la température critique au-delà de laquelle on n’observe plus qu’une solution solide continue. La variation linéaire du logarithme de la pression de plateau en fonction de l’inverse de la température permet le calcul de l’enthalpie et de l’entropie de réaction (loi de Van’t Hoff) [14].
La forme de ces courbes peut être décrite par la règle des phases (loi de Gibbs) :
Φ−+−= frnv Équation I-12
avec v la variance (nombre de paramètres thermodynamiques pouvant varier sans changer
l’état du système)
n le nombre d’espèces chimiques en présence,
12
Chapitre I Présentation générale
r le nombre de relations indépendantes entre les espèces,
f le nombre de facteurs influençant l’équilibre (ici la pression et la température)
Φ le nombre de phases
Ainsi, une courbe PCT idéale peut être divisée en trois parties distinctes :
L’hydrogène en solution solide dans le métal
Pour de faibles concentrations, les atomes d’hydrogène sont dissous dans le réseau
intermétallique formant une solution solide α. La pression augmente fortement avec la
concentration en hydrogène.
Deux espèces chimiques coexistent, l’hydrogène et l’alliage métallique, 2 phases sont en
présence (gaz et solide) et aucune constante d’équilibre ne lie les phases. La variance du système
est donc égale à v = 2-0+2-2 = 2. A température constante, la pression varie avec la concentration
d’hydrogène.
La formation de la phase hydrure
Lorsque la limite de solubilité de l’hydrogène dans le métal est atteinte, tout nouvel apport
d’hydrogène entraîne la formation d’une phase hydrure β suivant l’équilibre : βα ↔+ 2H .
Dans ce domaine, les deux phases α et β coexistent. Le système est alors constitué de trois
phases et de trois espèces et la constante d’équilibre de la réaction relie les espèces chimiques.
On a donc v = 3-1+2-3 = 1. Ainsi à température constante, cette réaction ne peut se produire qu’à
une pression donnée qui reste inchangée tant que la réaction est incomplète. En augmentant la
quantité d’hydrogène dans le système, on observe un palier de pression jusqu’à disparition de la
phase α. Cette pression est appelée pression de plateau ou pression d’équilibre de l’hydrure.
L’hydrogène en solution solide dans l’hydrure
Lorsque la phase α disparaît, la phase hydrure β continue de s’enrichir en hydrogène quand la
pression augmente. Le système est alors divariant, la pression varie avec la concentration en
hydrogène.
13
Chapitre I Présentation générale
La pression d’équilibre de l’hydrure augmente avec la température et la largeur du plateau
diminue jusqu’à une température critique Tc au-delà de laquelle apparaît une solution solide
continue d’hydrogène dans l’alliage.
Enfin, comme le montre la partie droite de la Figure I-3, la pression de plateau PH2 est
reliée à la température T par la loi de Van’t Hoff selon laquelle :
RS
RTHPH
Δ−
Δ=)ln(
2 Équation I-13
où ΔH et ΔS sont respectivement les changements d’enthalpie et d’entropie lors de la
transformation α↔β, et R la constante des gaz parfaits (R=8,314 J/mol/K).
En supposant que ΔH et ΔS sont constants dans le domaine de température étudié, il est alors
possible de déterminer leurs valeurs par mesure des isothermes à différentes températures.
I.2.1.b.ii Comportement réel
Les courbes décrites précédemment correspondent à un comportement idéal. En réalité,
un phénomène d’hystérésis entre l’absorption et la désorption, ainsi qu’un plateau incliné sont
observés sur les courbes isothermes (Figure I-4).
Le phénomène d’hystérésis se traduit par la non superposition des courbes isothermes
d’absorption et de désorption. La pression d’équilibre d’absorption est supérieure à celle de
désorption. Cela est généralement attribué à l’excès d’énergie nécessaire pour accommoder les
contraintes associées à l’expansion de volume lors de la formation de l’hydrure [15, 16].
L’hystérésis est exprimée suivant la relation :
)ln( desabs PPH = Équation I-14
L’inclinaison du plateau est en général expliquée par un gradient de composition dans le
composé métallique. Le plateau d’un composé non recuit est plus incliné que celui du même
14
Chapitre I Présentation générale
composé après un traitement thermique adapté [17]. La valeur de la pression d’équilibre est alors
mesurée au milieu du plateau de pression.
Ln(PH2)
capacité
Hysérésis = ln(Pa/Pd)
absorption
désorption
Figure I-4 : Schéma des courbes isothermes d’absorption et de désorption présentant une hystérésis et une inclinaison du plateau.
I.2.2 Propriétés structurales
I.2.2.a Les sites d’absorption
Bien que les structures des composés intermétalliques AB5 (hexagonale) et AB2 (cubique
ou hexagonale) soient conservées lors de l’hydrogénation, celle des composés de type AB et A
changent. Ainsi, la structure des composés AB passe du cubique centrée de type CsCl pour
l’intermétallique à une structure orthorhombique puis monoclinique avec la concentration
croissante en hydrogène [18, 19]. Les solutions solides cubiques centrées (A, n=0) adoptent une
structure quadratique puis cubique à faces centrées en fonction de la proportion d’hydrogène
absorbée [20-22].
Les hydrures métalliques sont formés en remplissant les sites interstitiels du réseau
métallique avec les atomes d’hydrogène. La quantité maximale d’hydrogène absorbée atteint
entre un et deux atomes d’hydrogène par atome métallique. Les atomes d’hydrogène occupent
principalement les sites octaédriques et tétraédriques du réseau métallique. Le nombre de sites
15
Chapitre I Présentation générale
interstitiels disponibles dans les structures excédent généralement le nombre d’atomes
d’hydrogène absorbé. Les sites préférentiellement occupés sont assez larges et ont une grande
affinité électronique avec l’hydrogène, c'est-à-dire les sites où les atomes environnants sont des
éléments formant facilement un hydrure (Ti, Zr, terres rares, …).
Le remplissage de tous les sites interstitiels dans la structure n’est jamais observé. Il
existe deux paramètres limitants la capacité totale en hydrogène.
Le premier est un paramètre électronique proposé par Switendick [23]. Il y a un transfert
de charge de l’électron de l’atome d’hydrogène au réseau métallique qui laisse une charge
électrique positive sur le noyau d’hydrogène. Ces charges entraînent une interaction répulsive
d’origine coulombienne. L’intensité de ces interactions étant fixée par le système métal-
hydrogène à une pression en hydrogène donnée, il existe une distance minimale en dessous de
laquelle l’énergie de l’interaction répulsive est la plus forte. Cela impose une distance
internucléaire hydrogène-hydrogène d’environ 2,1 Å.
Le second paramètre vient d’une considération géométrique développée par Westlake
[24-27]. En comparant les atomes à des sphères dures, l’auteur a déterminé le paramètre r qui
représente le rayon de la sphère tangente aux atomes les plus proches du site considéré. Le rayon
minimal d’un site interstitiel pouvant accueillir un atome d’hydrogène est alors de 0,40 Å.
Les sites octaédriques (O) et tétraédriques (T) de certaines structures typiques (cubique à faces
centrées, hexagonale, cubique centrée) sont présentés sur la Figure I-5. La taille et le nombre de
sites interstitiels par atome métallique sont donnés dans le Tableau I-2.
Structure cfc hexa cc
Site géométrique O T O T O T
Nombre par atome métallique 1 2 1 2 3 6
Tailleb (r =rayon atomique) 0,414 r 0,225 r 0,414 r 0,225 r 0,155 r 0,291 r
Tableau I-2 : Taille et nombre de sites interstitiels par atome métallique dans les structures cubique à faces centrées (cfc), hexagonale (hex) et cubique centrée (cc). a pour un rapport c/a de 1,633. b rayon maximum
d’une sphère accommodée dans l’espace interstitiel dans l’unité du rayon atomique du métal r.
16
Chapitre I Présentation générale
Figure I-5 : Sites interstitiels octaédriques (O) et tétraédriques (T) dans les structures cubique à faces centrées (cfc), hexagonale (hex) et cubique centrée (cc) [28].
I.2.2.b Effet des substitutions sur les plateaux d’équilibre
L’ajustement des pressions d’équilibre pour un composé binaire donné est souvent
nécessaire pour s’adapter aux paramètres de stockage d’hydrogène d’une application industrielle.
Les substitutions effectuées sur les composés binaires ABn permettent de modifier les propriétés
thermodynamiques des hydrures [29]. La possibilité de substituer partiellement les éléments A et
B est donc une propriété importante des composés intermétalliques. Cependant, il existe dans de
nombreux cas une limite de solubilité de l’élément substituant dans la matrice qu’il est important
de ne pas dépasser pour éviter des changements de structure cristalline ou l’apparition de phases
secondaires.
Une relation linéaire existe entre le taux de substitution et le volume de maille de
l’alliage. De façon similaire, la pression d’équilibre d’une famille de composés intermétalliques
varie linéairement en fonction du volume de maille. Une réduction du volume de maille entraîne
généralement une augmentation de la pression d’équilibre. Cette propriété permet donc un
ajustement précis de la pression d’équilibre en contrôlant le taux de substitution.
Outre la modification des plateaux d’équilibre, la substitution influence d’autres
paramètres tels que la durée de vie, la résistance à la corrosion, la cinétique de réaction. Mais ces
17
Chapitre I Présentation générale
effets différent en fonction des éléments de substitution. Ainsi, le nickel est reconnu pour
améliorer la dissociation de l’hydrogène et donc la cinétique d’hydrogénation. Le cobalt et
l’aluminium ont un effet significatif sur la durée de vie de l’alliage en augmentant sa résistance à
la corrosion même si l’aluminium diminue fortement la capacité [30, 31]. La substitution du
nickel par le manganèse dans le composé LaNi5 n’affecte pas la capacité mais diminue la durée
de vie [30]. Le choix du substituant est donc important pour ne pas détériorer certaines propriétés
d’hydrogénation.
I.3 Cahier des charges des réservoirs
Des paramètres pour le stockage de l’hydrogène dans les hydrures métalliques ont été
définis par Renault afin de répondre au cahier des charges d’un véhicule. Les éléments
importants sont les capacités massique et volumique du réservoir, les conditions de
fonctionnement (température et pression), la cinétique de réaction, la durée de vie et le coût.
Une pile à combustible de type PEMFC nécessite une pression de fonctionnement de 0,2
MPa en hydrogène. Considérant qu’il existe des pertes de charge dans le système entre le
réservoir et la pile, la pression minimum du réservoir est définie à 0,4 MPa. La pression
maximum est quant à elle fixée à 2 MPa pour éviter les inconvénients de la compression et de
conserver l’aspect de sécurité (basse pression) du stockage dans les hydrures métalliques. Le
domaine de pression pour ajuster les plateaux d’équilibre des hydrures est alors 0,4-2 MPa.
Le domaine de température de fonctionnement doit correspondre à celui observé au cours
d’une année dans les régions tempérées. Pour cela, le réservoir doit pouvoir fournir de
l’hydrogène entre 253 et 318 K. Or, la pression d’équilibre d’un hydrure dépend de la
température (paragraphe I.2.1.b). La pression d’équilibre de l’hydrure ne pourra donc pas être
ajustée au domaine de pression 0,4-2 MPa sur tout le domaine de température.
Le cahier des charges du réservoir prévoit donc un réservoir principal contenant un
hydrure dont la température de fonctionnement est comprise entre 298 et 338 K. La chaleur
dégagée par la pile est utilisée pour le maintenir en température. Un réservoir tampon, de volume
18
Chapitre I Présentation générale
beaucoup plus petit, servira pour le démarrage à froid du véhicule et doit permettre de délivrer
0,2 MPa d’hydrogène à 253 K.
Afin d’assurer une autonomie d’environ 500 km, le réservoir principal doit contenir
environ 5 kg d’hydrogène. Pour l’année 2005, les objectifs de capacité pour l’hydrure contenu
dans le réservoir principal sont de 3,5 % massique et 60 g/dm3 pour les capacités totales, et de 2,5
% massique et 50 g/dm3 pour les capacités réversibles.
D’un point de vue de la cinétique, l’absorption d’hydrogène par le composé
intermétallique doit être inférieure à 5 minutes pour permettre un chargement rapide du véhicule
en combustible. En désorption, l’hydrure doit pouvoir assurer les débits en hydrogène déterminés
lors d’un cycle de conduite normalisé européen (cycle NDEC). Lors de ce cycle, le débit moyen
d’hydrogène est de 0,089 g/s, avec des pics à 1,0 g/s durant les fortes accélérations et seulement
3.10-3 g/s pour certains systèmes quand le véhicule est au ralentit. On constate généralement que
les cinétiques d’absorption et de désorption, bien que différentes, sont du même ordre de
grandeur. Ainsi, avec une vitesse d’absorption inférieure à 5 minutes, le débit maximum en
désorption du réservoir est assuré.
La durée de vie du réservoir est également un paramètre important et doit approcher 10
ans, durée de vie moyenne d’un véhicule. Il est nécessaire que la capacité de l’hydrure ne se
détériore pas de façon considérable lors de 500 cycles absorption/désorption de l’hydrogène en
considérant un remplissage d’hydrogène par semaine.
Enfin, la maîtrise du coût de l’alliage pour un tel réservoir est à prendre en compte.
L’utilisation d’éléments métalliques (fer, manganèse,…) ou d’alliage (ex : ferro-vanadium) peu
onéreux doit être considéré.
19
Chapitre I Présentation générale
I.4 Choix des familles d’hydrures métalliques
I.4.1 Base de données
Afin de déterminer les familles d’hydrures métalliques et plus précisément les
compositions pouvant correspondre au mieux au cahier des charges, une base de données
regroupant plus de 650 composés a été documentée avec des informations cristallographiques et
thermodynamiques à partir de la littérature et de la base de données Sandia [32]. Les composés
formant des hydrures ont été répertoriés dans le domaine de température 233-1063 K et le
domaine de pression 10-6-19 MPa, montrant la grande diversité de ces matériaux de stockage de
l’hydrogène. Des capacités massiques variant de 0,3 à 7,4 % massique sont reportées pour des
hydrures métalliques interstitiels.
En considérant, les propriétés thermodynamiques et les capacités d’hydrogénation
répertoriées dans cette base de données, certaines familles d’alliages (AB5, AB, Ti-V) ont été
sélectionnées. De plus, l’étude de nouveaux composés à base de magnésium a été entreprise
tandis que les composés de type AB2 n’ont pas été étudiés.
Composés à base de magnésium
Parmi les composés à base de magnésium, seul le système magnésium-nickel présente des
propriétés d’absorption d’hydrogène réversible intéressantes [33-35]. Du fait de sa grande
capacité (environ 4% massique) le composé Mg2Ni a été largement étudié. Les principaux
désavantages de ce composé sont la grande stabilité de son hydrure Mg2NiH4 avec un plateau
d’équilibre de 0,2 MPa à 548 K et une cinétique de réaction très lente pour des températures
inférieures à 440 K. De nombreuses tentatives de déstabilisation de l’hydrure ont été réalisées par
substitution du nickel ou du magnésium sans améliorations notables [36-39]. Le composé Mg2Ni
nanocristallin a été obtenu par broyage mécanique améliorant quelque peu la cinétique
d’absorption par l’accroissement de surfaces propres [40-45]. Afin d’améliorer les propriétés
d’absorption et de désorption de ces matériaux, des oxydes métalliques (TiO2, V2O5, Cr2O3…) ou
métaux de transition ont été ajoutés par broyage [46-52]. Il apparaît que l’ajout de Cr2O3 donne
une meilleure cinétique d’absorption/désorption à 573 K [52].
Les améliorations de cinétique observées par ces modifications de surface du magnésium
sont cependant insuffisantes puisqu’elles n’apparaissent qu’à partir de 573 K. Aux températures
20
Chapitre I Présentation générale
inférieures, les cinétiques d’absorption/désorption restent faibles. Pour ces raisons, l’étude des
propriétés d’hydrogénation du magnésium par modifications de surface n’a pas été entreprise.
Par contre, des composés intermétalliques comprenant une forte proportion de magnésium, Mg2X
avec X= Ti, Zr et Sn, ont été étudiés dans la partie nouveaux hydrures.
Composés de type AB2
Les composés de type AB2 offrent une très grande variété de composition par substitution
soit de l’élément A (Ti, Zr, Hf) soit de l’élément B (V, Cr, Mn, Fe) fournissant une grande liberté
d’ajustement des plateaux d’équilibre. La plupart des alliages AB2 cristallisent dans une structure
de type phase de Laves qui peut être hexagonale (types C14 MgZn2 ou C36 MgNi2) ou cubique
(type C15 MgCu2) [53]. La capacité réversible de ces matériaux est comparable à celle des
composés de type AB5, de l’ordre de 1% massique. Les nombreuses recherches sur les composés
de type AB2 ont montré des difficultés pour leur utilisation dans les applications industrielles.
Parmi ces problèmes, on peut citer la difficulté d’obtention de composés monophasés, la
difficulté d’activation pour certains alliages contenant Zr ou Mn et surtout la sensibilité des ces
alliages aux impuretés, les alliages contenant beaucoup de titane semblent se passiver facilement.
Toutes traces d’eau ou d’oxygène forment une couche d’oxyde ou d’hydroxyde à la surface
rendant le composé inactif vis-à-vis de l’hydrogène. Afin de surmonter ces problèmes liés aux
surfaces, plusieurs traitements ont été testés : revêtement de surface [54] et fluoration [55]. Le
revêtement de surface permet une protection contre la corrosion en recouvrant les grains d’alliage
d’une couche métallique non oxydable. Une approche originale a été développée par
l’encapsulation de particules d’alliages dans des matériaux bidimensionnels comme MoS2 [56].
Malheureusement, le revêtement n’est efficace que si la décrépitation n’a pas lieu. Le décapage à
l’acide fluorhydrique est également efficace pour éliminer la couche d’oxyde avant l’activation,
mais il a été montré que la couche de passivation peut se reformer au cours du cyclage [57].
La grande sensibilité des composés AB2 aux impuretés réduit rapidement leur réactivité avec
l’hydrogène, diminuant ainsi la durée de vie de ces matériaux de stockage. L’étude des composés
de type AB2 n’a donc pas été envisagée.
Les descriptions des familles de composés étudiées dans ce travail (AB5, AB, solution
solide à base Ti-V) sont détaillées dans les paragraphes suivants. De plus, il a été défini
qu’environ 20% du temps de ce travail serait consacré à la recherche de nouvelles familles
21
Chapitre I Présentation générale
d’hydrures. Cette étude a pour but d’étudier des alliages ou des familles d’alliages totalement
nouveaux pouvant absorber l’hydrogène. Afin de privilégier la capacité massique, des composés
légers ont été préférentiellement choisis, Mg2X avec X = Ti, Zr, Sn et le composé Ti3Si. Le choix
de ces matériaux est également décrit ci-dessous.
I.4.2 Les hydrures de type ABBn
I.4.2.a Les composés de type AB5
Les composés de type AB5 cristallisent dans la structure hexagonale de type CaCu5
(groupe d’espace P6/mmm). La référence des composés de type AB5 absorbant l’hydrogène est
l’intermétallique LaNi5. La maille est constituée d’une alternance de deux types de plan (Figure
I-6). Le plan basal (z=0) est composé d’atomes de lanthane (site 1a) situés au centre d’hexagone
d’atomes de nickel en position 2c. Le plan médian (z=1/2) est uniquement constitué d’hexagone
d’atomes de nickel en position 3g. Les coordonnées atomiques des différentes positions de
Wyckoff sont données dans le Tableau I-3.
La (1a)
Ni (2c)
Ni (3g)
Figure I-6 : Structure cristalline hexagonale de type CaCu5 du composé LaNi5 montrant les différentes positions atomiques du lanthane (1a) et du nickel (2c, 3g).
22
Chapitre I Présentation générale
système cristallin : hexagonal a = 5,018 Å LaNi5
groupe d’espace : P6/mmm c = 3,981 Å
atomes sites (notation de Wickoff) Positions atomiques
La 1a (0, 0, 0)
Ni1 2c (1/3, 2/3, 0)
Ni2 3g (1/2, 0, 1/2)
Tableau I-3 : Propriétés cristallographiques du composé intermétallique LaNi5 de structure type CaCu5.
Van Vucht est le premier a avoir rapporté les propriétés d’hydrogénation du composé
LaNi5 [58]. Ce composé absorbe facilement et réversiblement l’hydrogène (6,6 H/mol) à la
température ambiante sous une pression d’équilibre de 0,2 MPa. La structure de l’intermétallique
est conservée lors de l’hydrogénation. Une expansion du volume de maille est néanmoins
observée, de l’ordre de 25% [59].
La structure de l’hydrure des composés de type AB5 substitués est correctement décrite
par un modèle à 4 sites tétraédriques d’occupation des atomes d’hydrogène de coordination B4
(4h), A2BB2 (6m), 2 AB3 (12n et 12o) ( ) [60-62]. Tableau I-4
LaNi3,55Mn0,4Al0,3Co0,75H5,6système cristallin : hexagonal
groupe d’espace : P6/mmm
a = 5,383 Å
c = 4,277 Å
sites d’occupation de
l’hydrogène x y z
4h 1/3 2/3 0,376
6m 0,136 0,272 1/2
12n 0,464 0 0,100
12o 0,223 0,446 0,317
Tableau I-4 : Paramètres cristallographiques des sites d’absorption de l’hydrogène dans l’hydrure LaNi3,55Mn0,4Al0,3Co0,75H5,6 [59, 60]
Afin d’ajuster les propriétés thermodynamiques des hydrures, des substitutions de
l’élément A ou de l’élément B peuvent être réalisées. La substitution partielle du nickel par
d’autres éléments provoque généralement une diminution de la capacité de stockage et de la
pression d’équilibre [63]. La substitution du lanthane par d’autres élément de terres rares (Ce, Pr,
23
Chapitre I Présentation générale
Nd, …) conserve la structure hexagonale de type CaCu5 et entraîne une réduction du volume de
maille avec le numéro atomique de l’élément du fait de la contraction des lanthanides [64, 65].
La quantité d’hydrogène absorbée reste identique pour toutes les terres rares et un double plateau
est observé montrant l’existence d’un hydrure intermédiaire, excepté pour le composé CeNi5. La
présence d’une phase intermédiaire permet de limiter la création de défauts dans le matériau lors
de l’absorption et par conséquent d’améliorer sa durée de vie [66, 67]. Cette phase intermédiaire
permet au matériau d’accommoder plus aisément les contraintes du fait d’un changement de
volume. Ces contraintes étant moins fortes, elles produisent moins de défauts à l’origine de la
dégradation des propriétés d’hydrogénation.
La substitution du lanthane par l’yttrium permet également de réduire le volume de maille
du composé et d’augmenter la pression d’équilibre [63, 68]. L’avantage par rapport à la
substitution du lanthane par des terres rares est le gain en masse de l’alliage, l’yttrium est plus
léger.
Les composés de type AB5 ont été choisis pour le remplissage du réservoir tampon pour
le démarrage à froid. Ils doivent fournir 0,2 MPa d’hydrogène à 253 K. La pression d’équilibre
du composé LaNi5 étant trop faible, nous avons choisi de substituer le lanthane par l’yttrium La1-
xYxNi5 pour ajuster les propriétés thermodynamiques tout en optimisant la masse molaire du
composé.
I.4.2.b Les composés de type AB
Le premier intermétallique de type AB mentionné comme absorbant de l’hydrogène est le
composé ZrNi [69]. Malheureusement, l’hydrure ZrNiH3 est beaucoup trop stable pour une
application pratique, sa pression d’équilibre étant de 0,1 MPa à 573 K. Par la suite de
nombreuses études ont été entreprises sur les alliages AB du fait de leur faible masse molaire, de
leur bonne capacité de stockage et de leur coût abordable. Au début des années 1970, les
capacités d’absorption de TiNi [70], TiCo [71] et TiFe [72] ont été rapportées. Généralement, les
hydrures contenant du titane sont moins stables que ceux contenant du zirconium du fait du grand
rayon atomique de Zr et de sa forte affinité avec l’hydrogène.
24
Chapitre I Présentation générale
Les composés TiNi, TiFe et TiCo présentent une structure cubique centrée de type CsCl
(Figure I-7). Les propriétés cristallographiques du composé TiFe sont données dans le Tableau
I-5.
Ti (1b)
Fe, Co, Ni (1a)
Figure I-7 : Structure cristalline cubique de type CsCl pour les composés TiFe, TiCo et TiNi.
système cristallin : cubique TiFe a = 2,976 Å
groupe d’espace : Pm-3m
atomes sites (notation de Wickoff) Positions atomiques
Fe 1a (0, 0, 0)
Ti 1b (1/2, 1/2, 1/2)
Tableau I-5 : Propriétés cristallographiques du composés intermétallique TiFe de structure type CsCl
Le composé TiFe présente la capacité d’absorption d’hydrogène la plus élevée (environ
1,9 % massique) et son hydrure est moins stable que ceux des composés TiCo et TiNi (Tableau
I-6). D’après l’allure de la courbe PCT du système TiFe-H2 (Figure I-8), deux plateaux sont
observés conduisant à la formation de deux hydrures TiFeH et TiFeH2 avec des pressions de
plateau de désorption de 0,7 MPa et 1,5 MPa respectivement. Les courbes isothermes des
composés TiCo et TiNi présentent des allures différentes. Une isotherme à plusieurs plateaux
d’équilibre est mise en évidence pour le composé TiCo par Burch et al. [73], la pression du
plateau principal est relativement basse, 0,01 MPa à 353 K. Le composé TiNi ne présente pas de
domaine à plateau invariant, ce qui suggère une solution solide continue d’hydrogène.
Les propriétés thermodynamiques du composé TiFe sont donc les plus intéressantes pour
notre étude. Cependant, l’hydrogénation du composé TiFe ne peut être effectuée qu’après un
traitement d’activation sévère. Le composé binaire TiFe a besoin d’être chauffé à 723 K pour
25
Chapitre I Présentation générale
supprimer la couche d’oxyde naturelle en surface. Cette couche passivante résulte de la
sensibilité de l’alliage aux impuretés contenues dans l’hydrogène utilisé [74, 75].
Composé de structure
type CsCl
Capacité
(H/u.f.)
Capacité
(% massique)
Pression d’équilibre Température
(MPa) (K)
TiFe 2,0 1,92 0,7 TiFeH
1,5 TiFeH2313
TiCo 1,4 1,31 0,01 353
TiNi 1,4 1,31 0,02 403
Tableau I-6 : Capacités d'absorption à 298 K sous 2 MPa des composés TiFe, TiCo et TiNi. La pression de plateau est donnée à la température indiquée.
Figure I-8 : Courbes PCT du composé TiFe à différentes températures [76].
Néanmoins, les substitutions partielles du fer par du manganèse ou du nickel ont conduit
à l’amélioration de la réactivité de l’alliage à l’hydrogénation, et permettent d’adapter les
pressions d’équilibre pour les applications de stockage de l’hydrogène [77]. De plus,
l’hydrogénation d’alliages riches en titane Ti1+xFe (0 < x < 0,3), qui contiennent une phase
secondaire de β-Ti, intervient sans traitement d’activation [78-81]. L’hydrogénation de β-Ti se
produit avant l’hydrogénation de la phase TiFe dans l’alliage. La formation d’hydrure de titane
crée de nombreuses craquelures dans l’alliage et génère des surfaces de la phase TiFe réactives à
l’hydrogène. Les alliages faiblement riches en titane Ti1+xFe (x ≤ 0,12) sont composés d’une
26
Chapitre I Présentation générale
monophase de TiFe mais présente le même comportement à l’hydrogénation. Il a été montré par
des mesures de densité que l’excès de titane substitue le fer sur le site B de l’alliage, créant ainsi
des domaines nanoscopiques de titane qui contribuent à l’hydrogénation de l’alliage sans
traitement d’activation préalable [79].
Nous avons donc choisi d’étudier un composé de type AB basé sur TiFe dont la
composition présente un excès de titane et une substitution du fer par du manganèse afin
d’améliorer la réactivité de l’alliage vis-à-vis de l’hydrogène, TiFe0,70Mn0,20.
I.4.3 Les hydrures légers de type Ti-V
Le vanadium de structure cubique centrée est connu pour absorber une large quantité
d’hydrogène, environ 2 H/M (4% massique) à 313 K [82]. Il forme deux hydrures : un
monohydrure VH~1 de structure quadratique et un dihydrure VH~2 de structure cubique à faces
centrées. Lors de l’hydrogénation, le passage de la structure cubique centrée à la structure
quadratique correspond à l’augmentation du paramètre c’ suivant l’axe z de façon à obtenir le
rapport c’/a’= 0,91 (où 2' aa = , a étant le paramètre de maille cubique du métal initial).
Lorsque le rapport c’/a’ est égal à 1, la structure est cubique à faces centrées (maille en gris sur la
Figure I-9). L’absorption d’hydrogène dans le vanadium entraîne donc une déformation
anisotrope du réseau avec une augmentation du paramètre a suivant l’axe z.
A- B- C-
Figure I-9 : Déformation de la maille de vanadium lors de l’hydrogénation. A- composé métallique cubique centré (c’/a’ = 0,71). B- monohydrure quadratique (c’/a’= 0,91). C- dihydrure cubique à faces centrées (c’/a’=1). Pour A et B, 4 mailles sont représentées. La maille à faces centrées est grisée.
27
Chapitre I Présentation générale
Le monohydrure est très stable et sa réaction de désorption n’intervient pas sous des
conditions modérées (pression d’équilibre de 10-7 MPa à 353 K). Le second hydrure présente
quant à lui une pression de plateau d’environ 2 MPa à 353 K (Figure I-10). Ainsi, seule la moitié
de l’hydrogène absorbé est réversible dans des conditions modérées de pression et de
température. Cependant, le vanadium pur est un élément onéreux et il est difficilement
concevable de l’utiliser pour une application industrielle.
Figure I-10 : Courbes isothermes du vanadium à différentes températures [82].
Le titane forme avec le vanadium une solution solide de structure cubique centrée pour
toute composition entre les deux éléments (Figure I-11). Libowitz et Maeland ont montré que des
solutions solides de structure cubique centrée Ti-V-M, avec M = Fe, Mn, Co, Cr ou Ni, pouvaient
réagir très rapidement avec l’hydrogène à la température ambiante sans traitement d’activation
[83]. Les substitutions du titane ou du vanadium par ces éléments permettent d’ajuster les
propriétés thermodynamiques.
28
Chapitre I Présentation générale
Figure I-11 : Diagramme de phase binaire Ti-V [84].
Cependant, les éléments M ne forment pas de solutions solides avec le système Ti-V pour
toute composition. Il existe en général une limite de solubilité de l’élément M dans la solution
solide Ti-V. Ainsi, le système Ti-V-Cr nécessite au moins 15 % atomique de vanadium pour
avoir la structure cubique centrée [85, 86]. Ces alliages ont une grande capacité
d’absorption/désorption approchant 2,4% massique à 313 K. La capacité dépend du rapport Ti/Cr
et est maximale pour un rapport proche de 0,75 [87].
Des solutions solides Ti-Cr-X existent sans vanadium. Le molybdène et le tungstène
favorise la formation de la phase cubique centrée [88-90]. La capacité du composé
Ti40Cr58,5Mo2,5 atteint 2,8 % massique à 313 K ce qui est la plus grande capacité réversible
mesurée à cette température. Cependant, la capacité massique diminue quand la proportion en
molybdène est supérieure à 2,5% atomique à cause de la masse atomique élevée du Mo.
Le chrome, présent en forte proportion dans ces alliages (>30% atomique), est un élément
relativement coûteux en comparaison des éléments de transition Mn, Fe, Co et Ni. En
comparaison du système Ti-V-Cr, peu d’études rapportent le comportement à l’hydrogénation
des composés Ti-V-X avec X = Mn, Fe, Co et Ni [20-22, 91, 92]. Ces composés présentent des
capacités réversibles proche de 2% massique. Le composé Ti38V55Fe7 possède une capacité
29
Chapitre I Présentation générale
réversible de 2,3% massique [92] et les alliages Ti33V67-xNix [91] présentent la meilleure capacité
pour x = 7.
Nous avons donc choisi d’étudier des solutions solides à base Ti-V ne contenant pas de
chrome Ti-V-X avec X = Mn, Fe, Co et Ni, mais présentant une forte capacité réversible. L’effet
des éléments Mn, Fe, Co et Ni sur les propriétés d’hydrogénation des alliages de composition
Ti33V60M7 sera caractérisé.
I.4.4 Les nouveaux hydrures
I.4.4.a Les composés de type Mg2X
Il a récemment été rapporté par Notten et al. [93] que l’alliage de composition Mg2Sc,
possédant une structure cubique centrée (groupe d’espace Pm-3m), présente une très bonne
capacité électrochimique réversible, trois fois supérieure à celle du composé LaNi5. Nous
pouvons donc supposer qu’une réactivité vis-à-vis de l’hydrogène par voie solide-gaz de ce
composé est possible dont la capacité serait alors de 5,6% massique.
Cette capacité exceptionnelle est très intéressante pour des applications de stockage de
l’hydrogène. Cependant, le scandium est un élément très cher (environ 500 €/g pour l’élément
pur à 99,9%). Il n’est donc pas concevable d’utiliser un alliage contenant une telle proportion de
scandium pour une application commerciale.
Nous avons choisi d’étudier la substitution totale du scandium par des éléments moins
coûteux.
I.4.4.b Le composé Ti3Si
Parmi les composés intermétalliques de type A3B, l’alliage Ti3Al est connu pour absorber
une grande quantité d’hydrogène. Il a été reporté dans la littérature [94] que Ti3Al possède une
30
Chapitre I Présentation générale
capacité massique d’environ 3%. Cependant l’hydrure formé est trop stable pour une désorption à
température ambiante. La désorption totale de l’hydrure est observée à 1073 K [95, 96].
Certaines études ont tenté de réduire cette température par la substitution partielle de
l’aluminium par d’autres métaux (Zr, Hf, Ni, Mn, V, Fe,…) [97, 98]. Il apparaît que la
température de désorption de l’hydrogène décroît légèrement pour les substitutions par Cu, Ni,
Co ou Mn. Cependant, la capacité diminue fortement dans le même temps. Pour le zirconium et
l’hafnium, la capacité reste stable mais la température de désorption est accrue.
Afin de conserver l’intérêt d’un alliage léger et de rechercher de nouveaux hydrures, nous
avons opté pour la substitution totale de l’aluminium par l’élément voisin de la classification
périodique, le silicium. En effet, aucune publication à notre connaissance ne fait état des
propriétés d’hydrogénation du composé Ti3Si.
31
Chapitre I Présentation générale
Références
1. Handbook of Chemistry and Physics. 1988-1989. 2. Niedzwiecki, A.P. and A.R. Abele. Advanced hydrogen storage to enable fuel cell
vehicles. in 14th World Hydrogen Energy Conference. 2002. Montréal, Canada. 3. Bossel, U., Hydrogen: Why its future in a sustainable energy economy will be bleak, not
bright. Renewable Energy World, 2004. March-April: p. 155-159. 4. Nijkamp, M.G., et al., Hydrogen sorption using physisorption-materials demands.
Applied Physics, 2001. A72: p. 612-623. 5. Challet, S., et al., Hydrogen adsorption in microporous alkali-doped carbons (activated
carbon and single wall nanotubes). Journal of Physics and Chemistry of Solids, 2004. 65: p. 541-544.
6. Panella, B., M. Hirscher, and S. Roth, Hydrogen adsorption in different carbon nanostructures. Carbon, 2005. In press.
7. Hirscher, M., et al., Are carbon nanostructures an efficient hydrogen storage medium? Journal of Alloys and Compounds, 2003. 356-357: p. 433-437.
8. Challet, S., et al., D2 adsorption in potassium-doped single-wall carbon nanotubes: a neutron diffraction and isotherms study. Chemical Physics Letters, 2003. 377(5-6): p. 544–550.
9. Langmi, H.W., et al., Hydrogen adsorption in zeolites A, X, Y and RHO. Journal of Alloys and Compounds, 2003. 356-357: p. 710–715.
10. Rosi, N.L., et al., Hydrogen storage in microporous metal-organic frameworks. Science, 2003. 300: p. 1127-1129.
11. Gross, K.J., G. Sandrock, and G.J. Thomas, Dynamic in situ X-ray diffraction of catalyzed alanates. Journal of Alloys and Compounds, 2002. 330-332: p. 691-695.
12. Chen, P., et al., Interaction of hydrogen with metal nitrides and imides. Nature, 2002. 420: p. 302–304.
13. Amendola, S.C., Process for synthesizing borohydride compounds. 2003: US Patent 6524542.
14. Schlapbach, L., Hydrogen in intermetallic compounds I. Topics in Applied Physics. Vol. 63. 1988, Berlin: Springer-Verlag. 350.
15. Balasubramaniam, R., Hysteresis in metal-hydrogen systems. Journal of Alloys and Compounds, 1997. 253-254: p. 203–206.
16. Flanagan, T.B. and J.D. Clewley, Hysteresis in metal hydrides. Journal of the Less Common Metals, 1982. 83: p. 127–141.
17. Flanagan, T.B., Thermodynamics of metal-gas reactions, in Interstitial intermetallic alloys, F. Grandjean, G.J. Long, and K.H.J. Buschow, Editors. 1995, Kluwer Academic Publishers: Dordrecht, Boston, London. p. 46–76.
18. Fruchart, D., M. Commandré, and D. Sauvage, Structural and activation process studies of Fe-Ti like hydride compounds. Journal of Less-Common Metals, 1980. 74: p. 55-63.
19. Fischer, P., et al., Orthorhombic structure of γ−TiFeD~2. Journal of the Less-Common Metals, 1987. 129: p. 39-45.
20. Nakamura, Y. and E. Akiba, New hydride phase with a deformed FCC structure in the Ti-V-Mn solid solution-hydrogen system. Journal of Alloys and Compounds, 2000. 311: p. 317–321.
21. Nakamura, Y. and E. Akiba, Hydriding properties and crystal structure of NaCl-type mono-hydrides formed from Ti-V-Mn BCC solid solutions. Journal of Alloys and Compounds, 2002. 345: p. 175–182.
32
Chapitre I Présentation générale
22. Nakamura, Y., et al., Crystal structure of two hydrides formed from a Ti-V-Mn BCC solid solutio alloy studied by time-of-flight neutron powder diffraction- a NaCl structure and a CaF2 structure. Journal of Alloys and Compounds, 2001. 316: p. 284–289.
23. Switendick, A.C., Z. Phys. Chem. N.F., 1979. 117: p. 89. 24. Lundin, C.E., F.E. Lynch, and C.B. Magee, A correlation between the interstitial hole
sizes in intermetallic compounds and the thermodynamic properties of the hydrides formed from those compounds. Journal of the Less-Common Metals, 1977. 56: p. 19-37.
25. Westlake, D.G., et al., Interstitial site occupation in ZrNiH. Journal of the Less-Common Metals, 1982. 88: p. 17-23.
26. Westlake, D.G., Site occupancies and stoichiometries in hydrides of intermetallic compounds: geometric considerations. Journal of the Less-Common Metals, 1983. 90: p. 251-273.
27. Westlake, D.G., Stoechiometries and interstitial site occupation in the hydrides of ZrNi and other isostructural intermetallic compounds. Journal of Less-common Metals, 1980. 75: p. 177-185.
28. Fukai, Y., The metal-hydrogen system. Springer Series in Materials Science. Vol. 21. 1992: Springer-Verlag.
29. Achard, J.-C., et al., Rare earth ternary hydrides. Hydrogen storage applications, in 2nd Int. Congress on Hydrogen in Metals. 1977: Paris. p. 1E12.
30. Sakai, T., et al., Some factors affecting the cycle lives of LaNi5-based alloy electrodes of hydrogen batteries. Journal of the Less-Common Metals, 1990. 161: p. 193–202.
31. Meli, F., A. Zuttel, and L. Schlapbach, Electrochemical and surface properties of iron-containing AB5-type alloys. Journal of Alloys and Compounds, 1995. 231(1-2): p. 639–644.
32. Sandrock, G. and G. Thomas, Hydride information center, http://hydpark.ca.sandia.gov/. 33. Didisheim, J.-J., et al., Inorganic Chemistry, 1984. 23: p. 1953. 34. Reilly, J.J. and R.H. Wiswall, Jr., Inorganic Chemistry, 1968. 7: p. 2254. 35. Reilly, J.J., in Hydrides for Energy Storage, A.F. Andresen and A.J. Maeland, Editors.
1978, Pergamon: Oxford. p. 301. 36. Mintz, H.M., et al., Journal of the Less-Common Metals, 1980. 74: p. 263. 37. Darnaudery, J.P., B. Darriet, and M. Pezat, International Journal of Hydrogen Energy,
1983. 8(9): p. 705. 38. Selvam, P., et al., Studies on the thermal characteristics of hydrides of Mg, Mg2Ni,
Mg2Cu and Mg2Ni1-xMx (M=Fe, Co, Cu or Zn; 0<x<1) alloys. International Journal of Hydrogen Energy, 1988. 13(2): p. 87-94.
39. Lupu, D., A.R. Biris, and E. Indra, International Journal of Hydrogen Energy, 1982. 7(10): p. 783.
40. Huot, J., E. Akiba, and T. Takada, Journal of Alloys and Compounds, 1995. 231: p. 815. 41. Tessier, P., et al., Journal of Alloys and Compounds, 1995. 268: p. 285. 42. Orimo, S. and H. Fujii, Intermetallics, 1998. 6: p. 185. 43. Song, M.Y., Journal of Materials Science, 1995. 30: p. 1343. 44. Orimo, S., et al., Acta Materiala, 1997. 45: p. 2271. 45. Orimo, S. and H. Fujii, Journal of Alloys and Compounds, 1996. 232: p. L16. 46. Gao, R.G., et al., The absorption and desorption properties of nanocrystalline
Mg2Ni0.75Cr0.25 alloy containing TiO2 nanoparticles. Journal of Alloys and Compounds, 2003. 356-357: p. 649–653.
47. Dehouche, Z., et al., Cycling and thermal stability of nanostructured MgH2-Cr2O3 composite for hydrogen storage. Journal of Alloys and Compounds, 2002. 347: p. 319–323.
33
Chapitre I Présentation générale
48. Bobet, J.-L., et al., Hydrogen sorption of M-based mixtures elaborated by reactive mechanical grinding. Journal of Alloys and Compounds, 2002. 336: p. 292–296.
49. Song, M.Y., J.-L. Bobet, and B. Darriet, Improvement in hydrogen sorption properties of Mg by reactive mechanical grinding with Cr2O3, Al2O3 and CeO2. Journal of Alloys and Compounds, 2002. 340: p. 256–262.
50. Zaluska, A., L. Zaluski, and J.O. Ström-Olsen, Nanocrystalline magnesium for hydrogen storage. Journal of Alloys and Compounds, 1999. 288: p. 217–225.
51. Liang, G., et al., Catalytic effect of transition metals on hydrogen sorption in nanocristalline ball milled MgH2-Tm (Tm=Ti, V, Mn, Fe and Ni) systems. Journal of Alloys and Compounds, 1999. 292: p. 247–252.
52. Song, M.Y., J.-L. Bobet, and B. Darriet, Improvement in hydrogen sorption properties of Mg by reactive mechanical grinding with Cr2O3, Al2O3 and CeO2. Journal of Alloys and Compounds, 2002. 340: p. 256-262.
53. Laves, F. and H. Witte, Metallwirt., 1936. 15: p. 840. 54. Iwakura, C., Denki Kagaku, 1985. 53: p. 722. 55. Liu, B.-H. and J.-Y. Lee, The electrochemical activation and surface properties of Zr-
based AB2 metal hydride electrodes. Journal of Alloys and Compounds, 1997. 255: p. 43–49.
56. Blair, S. Metal hydride alloy modifications for nickel metal hydride batteries. in 10ème Conférence Canadienne sur l'Hydrogène. 2000. Québec, Canada.
57. Joubert, J.-M., et al., Improvement of the electrochemical activity of Zr-Ni-Cr Laves phases hydride electrodes by secondary phase precipitation. Journal of Alloys and Compounds, 1996. 240: p. 219–228.
58. Van Vucht, J.H.N., F.A. Kuijpers, and H.C.A.M. Bruning, Reversible Room-Temperature Absorption of Large Quantities of Hydrogen by Intermetallic Compounds. Philips Res. Rep., 1970. 25: p. 133.
59. Percheron-Guégan, A., et al., Neutron and X-ray diffraction profile analyses and structure of LaNi5, LaNi5-xAlx and LaNi5-xMnx intermetallics and their hydrides (deuterides). Journal of the Less-Common Metals, 1980. 74: p. 1–12.
60. Latroche, M., et al., Structural studies of LaNi4CoD6.11 and LaNi3.55Mn0.4Al0.3Co0.75D5.57 by means of neutron powder diffraction. Journal of Alloys and Compounds, 1995. 218(1): p. 64–72.
61. Latroche, M., et al., Neutron diffraction study of the deuterides of the over-stoichiometric compounds LaNi5+x. Journal of Solid State Chemistry, 2004. 177(4-5): p. 1219–1229.
62. Joubert, J.-M., et al., Crystallographic study of LaNi5-xSnx (0.2<=x<=0.5) compounds and their hydrides. Journal of Alloys and Compounds, 1999. 293-295: p. 124–129.
63. Van Mal, H.H., K.H.J. Buschow, and A.R. Miedema, Hydrogen absorption in LaNi5 and related compounds: experimental observations and their explanation. Journal of the Less-common Metals, 1974. 35: p. 65–76.
64. Senoh, H., et al., Hydrogenation properties of RNi5 intermetallic compounds with multi pressure plateaux. Materials Transactions, 2003. 44(9): p. 1663-1666.
65. Senoh, H., et al., Systematic investigation on hydrogen storage properties of RNi5 (R: rare earth) intermetallic compounds with multi-plateau. Materials Science and Engineering B, 2004. 108: p. 96-99.
66. Chartouni, D. and K. Gross, Phase transitions in LaNi4Co during electrochemical cycling an in situ X-ray diffraction study. Journal of the Electrochemical Society, 2001. 148(3): p. A241–A248.
67. Latroche, M., A. Percheron-Guégan, and Y. Chabre, Influence of cobalt content in MmNi4.3-xMn0.3Al0.4Cox alloy (x=0.36 and 0.69) on its electrochemical behaviour studied
34
Chapitre I Présentation générale
by in situ neutron diffraction. Journal of Alloys and Compounds, 1999. 293-295: p. 637–642.
68. Mendelsohn, M.H., D.M. Gruen, and A.E. Dwight, Hydrogen absorption in ternary substituted AB5 alloys with particular reference to La1-xYxNi5 and LaNi5-xAlx alloys. Rare Earths Research Conference, ed. R.E.i.M.S.a. Technology. Vol. 1. 1978: Plenium. 25–30.
69. Libowitz, G.G., H.F. Hayes, and T.R.P.J. Gibb, Journal of Physical Chemistry, 1958. 62: p. 76.
70. Justi, E.W., et al., Electrocatalysis in the nickel-titanium System. Energy Conversion, 1970. 10: p. 183-187.
71. Osumi, Y., et al., Hydrogen absorption-desorption characteristics of Titanium-Cobalt-Manganese alloys. Journal of the Less-Common Metals, 1980. 72: p. 79–86.
72. Reilly, J.J. and R.H. Wiswall, Inorganic Chemistry, 1974. 13: p. 218. 73. Burch, R. and N.B. Mason, Absorption of hydrogen by titanium-cobalt and titanium-
nickel intermetallic alloys. Journal of the Chemical Society Faraday Transactions I, 1979. 75: p. 561–577.
74. Schlapbach, L., Hydrogen in intermetallic compounds II. Topics in Applied Physics. Vol. 67. 1992, Berlin: Springer-Verlag. 328.
75. Sandrock, G.D. and P.D. Goodell, Journal of the Less-Common Metals, 1984. 104: p. 159.
76. Reilly, J.J. and J.R. Johnson. Titanium alloy hydrides their properties applications. in Proc 1st World Hydrogen Energy Conference. 1976.
77. Sandrock, G., A panoramic overview of hydrogen storage alloys from a gas reaction point of view. Journal of Alloys and Compounds, 1999. 293-295: p. 877-888.
78. Singh, B.K., et al., Investigation on synthesis, characterization and hydrogenation behaviour of hydrogen storage material: Fe1-xZrxTi1.3 (x=0.2). International Journal of Hydrogen Energy, 1999. 24: p. 1077-1082.
79. Matsumoto, T., M. Amano, and Y. Sasaki, Hydrogenation of TiFe-based alloys containing beta-Ti. Journal of the Less-Common Metals, 1982. 88: p. 443-449.
80. Mizuno, T. and T. Morozumi, Titanium concentration in FeTix (1 < x < 2) alloys and its effect on hydrogen storage properties. Journal of the Less-Common Metals, 1982. 84: p. 237-244.
81. Lee, S.M. and T.P. Perng, Microstructural correlations with the hydrogenation kinetics of FeTi1+x alloys. Journal of the Less-Common Metals, 1991. 177: p. 107-118.
82. Reilly, J.J. and R. Wiswall, Inorganic Chemistry, 1970. 9: p. 1678-1682. 83. Maeland, A.J., G.G. Libowitz, and J.F. Lynch, Hydride formation rates of titanium-based
B.C.C. solid solution alloys. Journal of the Less-Common Metals, 1984. 104: p. 361-364. 84. Muray, J.L., The Ti-V system. Bulletin of Alloy Phase Diagrams, 1981. 2(1): p. 48-55. 85. Okada, M., et al., Ti-V-Cr b.c.c. alloys with high protium content. Journal of Alloys and
Compounds, 2002. 330-332: p. 511-516. 86. Okada, M., et al., Role of intermetallics in hydrogen storage materials. Materials Science
and Engineering, 2002. A329-331: p. 305-312. 87. Cho, S.W., et al., The hydrogen storage characteristics of Ti-Cr-V alloys. Journal of
Alloys and Compounds, 1999. 288: p. 294-298. 88. Okada, M., et al., Ti-Cr-X protium absorbing alloys with high protium content for fuel-
cell. Journal of Alloys and Compounds, 2003. 356-357: p. 480-485. 89. Kamegawa, A., et al., Protium absorption-desorption properties of Ti-Cr-Mo bcc solid
solution alloys. Journal of Alloys and Compounds, 2003. 356-357: p. 447-451. 90. Kamegawa, A., et al., Crystal structure and protium absorption properties of Ti-Cr-X
alloys. Materials Transactions, JIM, 2002. 43(3): p. 470-473.
35
Chapitre I Présentation générale
91. Chen, J., C.C. Chuang, and K. Hong. Hydrogen storage in TI-V-Ni alloys. in Advances in hydrogen energy 10th world hydrogen energy conference. 1994. Cocoa Bea.
92. Nomura, K. and E. Akiba, H2 absorbing-desorbing characterization of the Ti-V-Fe alloy system. Journal of Alloys and Compounds, 1995. 231: p. 513–517.
93. Notten, P.H.L., et al., High energy density strategies: from hydride-forming materials research to battery integration. Journal of Power Sources, 2004. 129: p. 45-54.
94. Rudman, P.S., J.J. Reilly, and R. Wiswall, The formation of metastable hydrides Ti0.75Al0.25Hx with x< 1.5. Journal of the Less-Common Metals, 1978. 58: p. 231-240.
95. Hashi, K., et al., Hydrogen absorption and desoprtion in the binary Ti-Al system. Journal of Alloys and Compounds, 2002. 330-332: p. 547–550.
96. Kojima, Y., et al., Phase Stability and thermal desorption properties of Ti3Al hydrides. Journal of Alloys and Compounds, 2003. 359: p. 272-277.
97. Ishikawa, K., et al., Effect of substitutional elements on the absorption-desorption properties of Ti3Al compounds. Journal of Alloys and Compounds, 2001. 314: p. 257-261.
98. Mano, S., et al., Hydrogen absorption and desorption properties of Ti3Al-Ni alloys. Materials Transactions, JIM, 2002. 43(3): p. 421-423.
36
Chapitre II Techniques expérimentales
Chapitre II. Techniques expérimentales
Ce chapitre présente les différentes techniques expérimentales employées durant ce
travail. Les différentes méthodes d’élaboration et de caractérisation des alliages métalliques sont
décrites dans la première partie. La seconde partie de ce chapitre détaille les moyens utilisés pour
caractériser les hydrures métalliques tant sur le point de l’hydrogénation en voie solide-gaz que
sur la détermination structurale par diffraction des neutrons.
II.1 Synthèses et caractérisations des composés intermétalliques
II.1.1 Techniques d’élaboration
II.1.1.a Fusion en four à induction
Les alliages sont préparés par co-fusion des éléments purs en four à induction haute
fréquence (200 MHz). Afin de limiter la formation d’oxyde dans l’alliage, les éléments (éléments
de transition 3d) sont préalablement limés pour éliminer leur couche d’oxydation de surface.
Pour les métaux très réactifs avec l’oxygène (lanthane, yttrium), la préparation s’effectue en boite
à gants sous atmosphère inerte d’argon (< 3 ppm de O2, < 3 ppm H2O).
Les métaux sont ensuite placés dans le creuset en cuivre refroidi par circulation d’eau du
four à induction de telle façon que l’élément possédant le plus bas point de fusion se situe au
dessus des autres. Au moment de sa fusion, il englobera les autres éléments permettant une
meilleure réaction. Un vide secondaire (10-9 MPa) est appliqué afin d’éliminer les molécules
adsorbées en surface des métaux.
La circulation d’un courant alternatif dans une bobine crée un fort champ magnétique au
centre de celle-ci générant un courant dans l’échantillon conducteur (Figure II-1). Ce courant
provoque l’échauffement des métaux par effet Joule jusqu’à leur fusion. Le creuset en cuivre est
37
Chapitre II Techniques expérimentales
segmenté et refroidi par circulation d’eau afin d’éviter son échauffement. L’échantillon en fusion
se trouve en micro lévitation limitant le contact avec le creuset et ainsi la contamination.
Figure II-1 : Four à induction haute fréquence (200 MHz). L’alliage situé dans le creuset en cuivre segmenté est en fusion .
Les fusions sont effectuées sous vide secondaire (10-9 MPa) ou sous atmosphère d’argon
afin de limiter les pertes de matières des éléments à tension de vapeur élevée. Entre chaque
fusion l’échantillon est retourné afin d’obtenir une meilleure homogénéité.
Pour les alliages contenant des éléments volatils (manganèse), un excès de 5% en masse
de cet élément est ajouté afin de palier aux pertes par sublimation lors des fusions.
II.1.1.b Broyage mécanique
Le broyage mécanique est une méthode d’élaboration puissante pour obtenir des alliages
à basse température et pression atmosphérique. Cette technique est une alternative à la fusion
lorsque les éléments ont des températures de fusion très différentes et/ou des tensions de vapeur
élevées.
Les matériaux de départ sont habituellement la poudre des éléments de haute pureté (3N).
Les poudres sont introduites en boite à gants dans une jarre en acier. Des billes d’acier, de 0,7
mm de diamètre (1,39 g), sont également placées dans la jarre. Celle-ci est fermée
hermétiquement à l’aide d’un joint torique sous atmosphère contrôlée d’argon.
38
Chapitre II Techniques expérimentales
La jarre est ensuite placée sur un broyeur à mouvement planétaire de type pulvérisette P7
Fritch.
Dans cette technique, plusieurs facteurs jouent un rôle déterminant dans l’élaboration : le
rapport massique bille/poudre, l’atmosphère, la vitesse de rotation de la jarre et la durée du
broyage. Afin de limiter le nombre de paramètres, tous les broyages ont été effectués sous
atmosphère d’argon et un rapport massique bille/poudre valant 10. Seules la vitesse de rotation
de la jarre et la durée du broyage sont adaptées en fonction des différentes élaborations.
II.1.1.c Hypertrempe
Cette technique permet l’obtention de matériaux fortement hors équilibre
thermodynamique, soit du point de vue de la structure (amorphe métallique, quasicristal ou phase
métastable) ou de la composition chimique (solution solide étendue). Elle peut aussi simplement
être utilisées pour minimiser la ségrégation chimique lors de la solidification ou obtenir une taille
de grains très fine (du nano au micromètre).
Un pré-alliage est élaboré à l’aide d’un four à induction haute fréquence selon le procédé
décrit dans le paragraphe II.1.1.a. Le bouton est alors mis en forme par fusion en four à induction
horizontal de façon à pouvoir l’introduire dans une buse en silice percée en son extrémité.
L’alliage est ensuite fondu par induction par circulation d’un courant haute fréquence dans une
bobine entourant la buse (Figure II-2). Le métal liquéfié est éjecté par une surpression de gaz
inerte sur une roue (Cu-Cr) en rotation ce qui entraîne sa solidification de manière très rapide.
Les vitesses de refroidissement sont de l’ordre de 105-106 K/s.
Cette méthode aboutit à la formation de rubans ou de paillettes selon la fragilité du
composé.
39
Chapitre II Techniques expérimentales
Buse en silice
Alliage fondu
Roue en Cu - Cr
Pression
Bobines d’induction
Ruban ou paillettes
Alliage fondu
Roue en Cu - Cr
Pression
Bobines d’induction
Ruban ou paillettes
Figure II-2 : Représentation schématique de la méthode de refroidissement rapide (hypertrempe).
II.1.1.d Traitements de recuit
Après l’élaboration par fusion, par hypertrempe ou par broyage mécanique, les
échantillons subissent un traitement thermique pour améliorer leur homogénéité, leur cristallinité
et tendre vers un équilibre thermodynamique.
Les échantillons sont enveloppés dans une feuille de tantale pour éviter toute
contamination avec l’ampoule de silice dans laquelle ils sont placés. L’ampoule de silice est
ensuite scellée sous vide secondaire ou sous une faible pression d’argon. Le recuit est effectué
dans un four tubulaire à résistance. La durée et la température du recuit sont adaptées à chaque
échantillon en fonction des diagrammes de phases disponibles dans la littérature. A la fin du
recuit, l’ampoule est directement plongée dans l’eau (trempe) figeant à la température ambiante
l’état obtenu lors du traitement thermique.
II.1.2 Caractérisation analytique et structurale
Après élaboration, les échantillons sont caractérisés par diffraction des rayons X sur
poudre et par analyse à la microsonde électronique. Une caractérisation complémentaire peut être
effectuée par analyses thermiques (DSC, ATD) ou par pycnométrie.
40
Chapitre II Techniques expérimentales
II.1.2.a Microsonde électronique
Une partie représentative de l’échantillon est enrobée dans un alliage de Wood (étain-
bismuth) à bas point de fusion au sein d’un porte échantillon en dural. L’ensemble est ensuite
poli sur du papier abrasif (SiC) de granulométrie décroissante, puis sur un drap enduit de pâte
diamantée jusqu’à 0,25 μm.
L’analyse à la microsonde électronique est réalisée avec un appareil SX 100 Cameca dont
le schéma de principe est donné Figure II-3. Une source d’électrons monocinétiques est focalisée
sur un point de la surface de l’échantillon de l’ordre du micron. En réponse à cette excitation, les
atomes de l’échantillon émettent un rayonnement X. Les longueurs d’onde des raies d’émission
sont caractéristiques des éléments en présence et leur intensité est proportionnelle à la
concentration de l’élément considéré. Le rayonnement X est analysé à l’aide de trois
spectromètres munis d’un cristal monochromateur disposés autour de la colonne.
La comparaison de l’intensité émise par un témoin et celle émise par l’échantillon donne
accès au pourcentage atomique de chaque élément présent dans la matrice. Les témoins utilisés
sont les métaux purs.
La précision de l’appareil est typiquement de l’ordre de 1% relatif sur la concentration de
l’élément considéré. La composition de chaque phase est donnée par la moyenne des
concentrations en chaque point analysé de chacun des éléments. L’écart type donne une
information sur l’homogénéité de la phase.
La microsonde électronique est équipée d’un système de détecteurs permettant d’obtenir
des images en électrons secondaires afin d’examiner la morphologie des échantillons ou bien en
électrons rétrodiffusés qui renseignent sur les contrastes chimiques entre les différentes phases
présentes dans l’échantillon. Les phases dont le numéro atomique moyen est faible apparaissent
plus foncées tandis que les phases dont le numéro atomique moyen est plus élevé apparaissent
plus claires.
41
Chapitre II Techniques expérimentales
Figure II-3 : Schéma de principe du fonctionnement de la microsonde électronique [1].
II.1.2.b Diffraction des rayons X sur poudre
Cette méthode permet d’une part de déterminer la nature et la proportion des phases, leur
structure et les paramètres de maille.
Un morceau de l’échantillon est réduit en poudre par broyage dans un mortier en agate.
La poudre est ensuite déposée sur une plaque en plexiglas recouverte d’un film adhésif double
face.
L’appareillage utilisé est un diffractomètre (D8 Bruker) à axe vertical et à géométrie de
type Bragg-Brentano. Le rayonnement X est constitué des raies Kα1 (λKα1 = 1,5405 Å) et Kα2
(λKα2 = 1,5443 Å) du cuivre. Un monochromateur arrière (monocristal de graphite) permet de
s’affranchir du rayonnement de fluorescence. Le domaine angulaire balayé s’étend généralement
de 2θ = 20° à 100° par pas de 0,02° et le temps de comptage est d’environ 10s par pas.
Les raies de diffraction sont affinées par deux méthodes : un affinement global du profil
réalisé par la méthode de Rietveld [2] et un affinement individuel des raies effectué à l’aide du
programme Eva.
42
Chapitre II Techniques expérimentales
Affinement global du profil
L’affinement global du profil des diagrammes de diffraction a été réalisé par la méthode
de Rietveld à l’aide du programme Fullprof [2].
Dans un affinement par la méthode de Rietveld, les différents paramètres structuraux
(positions atomiques, facteur de Debye-Waller, taux d’occupation), le facteur d’échelle, les
paramètres de maille et les coefficients décrivant le bruit de fond sont ajustés par une méthode de
moindres carrés pour se rapprocher le plus possible du diagramme expérimental. L’équation de
minimisation s’écrit :
∑ −= i iiip calcobsyyM 2)(ω Équation II-1
où yiobs représente l’intensité observée et yicalc l’intensité calculée au pas i du diffractogramme. Le
terme ωi représente la pondération assignée à chaque intensité.
L’intensité calculée est obtenue en additionnant les contributions des réflexions de Bragg
et du fond continu :
kikk kkkbii FOLpJSyycalc φφφ φφφφ Ω+= ∑ ∑ ...
2 Équation II-2
où
- ybi est l’intensité du bruit de fond au point i,
- Sφ est le facteur d’échelle de la phase φ,
- Jφk est la multiplicité de la réflexion k,
- Lpφk est le facteur de Lorentz (incluant la polarisation),
- Oφk est le facteur prenant en compte l’orientation préférentielle,
- Fφk est le facteur de structure correspondant à la réflexion k,
- Ωiφk est la fonction de profil chargée de répartir l’intensité intégrée de la réflexion k en
fonction de 2θ.
43
Chapitre II Techniques expérimentales
La position des raies est contrainte par les paramètres de maille et leur intensité doit être
ajustée en même temps que les paramètres de la fonction de profils.
Bruit de fond
L’intensité du bruit de fond est modélisée en utilisant une fonction polynomiale de degré
n dont les coefficients a0, a1, …, an peuvent être affinés :
∑=
−=n
i
iiibi ay
0)22( θθ Équation II-3
Dans certains cas, cette méthode ne s’avère pas satisfaisante. Il est alors possible de
définir le fond continu par interpolation linéaire à partir d’un fichier de départ contenant les
couples (2θi, yi(2θ)) obtenus manuellement.
La fonction de profil
Plusieurs fonctions permettent de décrire la forme des raies (Gaussienne,
Lorentzienne…). La fonction pseudo-Voigt s’adaptant bien aux profils de raies obtenus a été
utilisée. Cette fonction est une combinaison linéaire d’une fonction gaussienne (G) et
Lorentzienne (L) de même largeur H :
GL )1( ηη −+=Ω Équation II-4
avec η le taux de lorentzienne dans la fonction pseudo-Voigt.
La dépendance angulaire de la largeur de raie H est généralement représentée par la fonction de
Cagliotti :
2/12 )tan.tan.( WVUH ++= θθ Équation II-5
où U, V et W sont des paramètres affinés par le programme.
44
Chapitre II Techniques expérimentales
Qualité de l’affinement
La qualité d’un affinement est appréciée en faisant la différence entre le diagramme
calculé et celui observé. Plusieurs facteurs dits de qualité (ou de confiance) sont calculés pour
rendre compte de la qualité de l’affinement. Ces facteurs sont désignés par RBragg, Rp, Rωp et Rexp
(en %) et Chi2 :
- le facteur RBragg rend compte de la qualité du modèle structural pour chaque phase φ
indépendamment du profil des raies
∑∑ −
×=k k
k kkBragg
obs
calcobs
I
IIR 100 Équation II-6
où Ik est l’intensité intégrée de la réflexion k
- les facteurs de profil Rp et Rωp caractérisent la qualité de l’affinement dans son ensemble,
en tenant compte à la fois de la forme et des intensités des raies de diffraction ainsi que du
bruit de fond
∑∑ −
×=i i
i iip
obs
calcobs
y
yyR 100 Équation II-7
2/1
2
2
)(
)(100
⎟⎟
⎠
⎞
⎜⎜
⎝
⎛
ω
−ω×=
∑∑
ω
i ii
iii ip
obs
calcobs
y
yyR Équation II-8
- le facteur minimum attendu (en tenant compte de la statistique du diagramme
expérimental)
2/1
2exp )()(100⎟⎟
⎠
⎞
⎜⎜
⎝
⎛
ω+−
×=∑i ii obs
yCPNR Équation II-9
où N est le nombre de points mesurés dans le diagramme, P le nombre de paramètres
affinés et C le nombre de contraintes.
45
Chapitre II Techniques expérimentales
A partir de ces deux derniers facteurs (Rωp et Rexp), il est possible de calculer un paramètre
statistique, dénommé Chi2 qui tend vers l’unité :
2
exp
2⎟⎟⎠
⎞⎜⎜⎝
⎛= ω
RR
Chi p Équation II-10
En outre, la méthode de Rietveld permet une analyse quantitative des différentes phases
en présence. Ceci est possible car, d’une part, l’intensité diffractée est proportionnelle à la
quantité de matière mise en jeu. D’autre part, le rapport des facteurs d’échelle pondérés par les
masses et les volumes de maille de chacune des phases permet d’obtenir les fractions massiques.
Affinement individuel des raies
Les profils de raies sont reliés aux déviations de la structure par rapport à une structure
cristalline idéale et donnent en conséquence, des informations sur les défauts présents dans
l'échantillon. Une fois que la contribution de l'instrument a été retirée, la largeur des raies est
reliée à la taille des particules et aux contraintes existantes dans l'échantillon. Les défauts peuvent
avoir un effet homogène dans toutes les directions de l’espace (isotrope) ou seulement suivant
une direction (anisotrope). L’anisotropie provoque un élargissement des raies qui dépend du plan
de diffraction.
Afin de savoir si l’élargissement des raies est isotrope ou non, un affinement individuel
des profils de raies a été effectué en utilisant une fonction de Voigt symétrique à l’aide du
programme Eva.
La largeur des raies peut être caractérisée par la largeur à mi-hauteur (H) ou par la largeur
intégrale (β). La largeur intégrale β est donnée par la largeur d'un rectangle de même surface que
la surface du pic de diffraction et ayant comme hauteur l'intensité maximum du pic.
La largeur intégrale β obtenue par analyse du profil de raies mesuré (βm) représente une
convolution entre la largeur intégrale de l’instrument (βi) et celle de l’échantillon (βe) [3,4].
46
Chapitre II Techniques expérimentales
Chaque composante est à son tour le produit de convolution d’une fonction lorentzienne (L) et
d’une fonction gaussienne (G) :
iL
mL
eL βββ −= Équation II-11
222 )()()( iG
mG
eG βββ −= Équation II-12
Les valeurs de chaque composante peuvent être obtenues avec moins de 1 % d’erreur à
l’aide des formules suivantes [4] :
2210 ϕϕ
ββ
aaaL ++= Équation II-13
221
5.0
2,102 ϕϕπ
ϕββ
bbbbG ++⎟⎠⎞
⎜⎝⎛ −+= Équation II-14
où φ = H/β, a0 = 2,0207, a1 = -0,4803, a2 = -1,7756, b0 = 0,6420, b1,2 = 1,4187, b1 = -2.2043 et b2
= 1,8706.
Afin de retrouver les largeurs intégrales après les avoir corriger des contributions
instrumentales, une reconvolution des composantes lorentzienne et gaussienne avec la même
erreur inférieure à 1% est réalisée :
)176,2exp(234,0)4(5,05,0 5,025,0 kkkkG −−++−= ππββ
Équation II-15
avec G
Lkβπ
β5,0= Équation II-16
Une fois que l’élargissement des raies dû à l’instrument est soustrait des données
obtenues, une interprétation des largeurs intégrales est possible. Pour cela, nous avons utilisé la
méthode de Williamson – Hall [5]. Les valeurs βcosθ/λ (β*) sont tracés en fonction de sinθ.
Williamson et al. ont montré que pour une réflexion donnée (hkl), la largeur intégrale suit une
variation linéaire en fonction de tanθ indépendamment de la nature de l'élargissement. La pente
de la droite est reliée aux contraintes (e) et l'intersection de cette droite avec l'ordonnée donne
une valeur qui est inversement proportionnelle à la taille des domaines diffractants (T).
47
Chapitre II Techniques expérimentales
Te 1sin2cos* +== θλλ
θββ Équation II-17
où : β est la largeur intégrale (radians)
β* est exprimé en 2sinθ/λ (Å-1)
e est la quantité de contraintes (%)
T est la taille des cristallites diffractants (Å)
II.1.2.c Analyse calorimétrique différentielle
L’analyse calorimétrique différentielle est une technique d’analyse thermique qui permet
de déterminer les changements d’états d’un échantillon lors d’un chauffage ou d’un
refroidissement.
Le principe consiste à maintenir à la même température un échantillon et un témoin lors
d’une rampe de température par injection d’énergie électrique complémentaire, soit dans
l’échantillon pour une réaction endothermique (ex : la fusion), soit dans le témoin si le
phénomène est exothermique (ex : la solidification). Le signal donné en sortie correspond à la
différence d’énergie transférée entre l’échantillon et le témoin en fonction de la température.
La poudre de l’échantillon (de 10 à 100 mg) est placée dans un creuset en aluminium
refermé par un couvercle. Le témoin correspond à un creuset en aluminium vide et son couvercle.
Ils sont posés sur leur support respectif dans une enceinte dont la température est homogène. Un
flux d’argon permet d’éviter l’oxydation des creusets pendant le cycle thermique.
II.1.2.d Pycnomètre
Le pycnomètre permet la mesure de la densité d’un composé. L’appareil utilisé est un
accupyc 1330 (Micromeritics).
L’alliage est broyé dans un mortier en agate afin de réduire la présence éventuelle de
microcavités. La poudre (environ 200 mg) est introduite dans une enceinte hermétique dont le
volume à vide V1 est parfaitement défini. Une pression P1 d’hélium est introduite dans cette
enceinte remplissant le volume inoccupé par la poudre, puis est détendue vers un second volume
48
Chapitre II Techniques expérimentales
V2. La mesure de la pression P2 permet alors de déterminer la densité de l’alliage à l’aide de la
relation suivante :
)( 12
221 PP
VPV
md e
−−
= Équation II-18
avec d la densité de l’échantillon
me la masse de l’échantillon (g)
V1, V2 les volumes des deux enceintes (cm3)
P1, P2 les pressions dans le volume avant et après détente (Pa)
II.2 Synthèses et caractérisations des hydrures métalliques
II.2.1 Synthèse
La réactivité des alliages métalliques avec l’hydrogène dépend de l’état de surface de
l’échantillon. Le composé métallique est donc broyé dans un mortier en agate sous atmosphère
inerte en boite à gants. Cela permet de créer une grande quantité de surface propre (non oxydée)
pour la réaction d’hydrogénation. La poudre obtenue (environ 0,5 g) est ensuite introduite dans
un porte-échantillon en acier qui est fermé hermétiquement par des joints toriques en caoutchouc
ou par des joints métalliques, et isolé à l’aide d’une vanne boisseau. Le porte-échantillon est alors
monté sur un banc d’hydrogénation.
Les alliages à base Ti-V sont très durs et ductiles. Ne pouvant être broyé en boite à gants,
l’échantillon est découpé en parallélépipède à l’aide d’une scie circulaire puis introduit dans le
porte-échantillon.
Le banc d’hydrogénation (Figure II-4) est composé d’un ensemble de volumes étalonnés
(VB, VR1, VR2) et de capteurs de pression (de 0,1 à 10 MPa). Il peut être placé sous vide primaire
(10-6 MPa) ou sous pression d’hydrogène (ou de deutérium). L’ensemble des éléments est relié
par des capillaires de cuivre et des vannes permettant de les isoler. Un bain thermostaté permet
de conserver une température de 298 K. Il est également possible de réguler le porte échantillon à
49
Chapitre II Techniques expérimentales
des températures variants de 253 K à 773 K à l’aide de bains thermostatés (éthanol, eau, huile) ou
de fours tubulaires. L’évolution de la pression en fonction du temps, P=f(t), au cours de
l’hydrogénation est enregistrée sur papier.
Figure II-4 : Schéma de principe du banc d'hydrogénation.
II.2.2 Caractérisation thermodynamique des hydrures
II.2.2.a Méthode volumétrique
La mesure de la capacité d’hydrogène absorbée est déterminée par une méthode
volumétrique (méthode de Sievert). Le banc d’hydrogénation et le porte échantillon sont
préalablement mis sous vide primaire (10-6 MPa) afin d’éliminer éventuellement les espèces
adsorbées en surface de l’échantillon. Le porte échantillon est alors isolé, et une pression Pi
d’hydrogène est introduite dans le banc d’hydrogénation de volume VB. La quantité d’hydrogène
ni dans le système est alors donnée par la loi des gaz parfaits. Le gaz est ensuite détendu dans le
porte échantillon. L’échantillon absorbe l’hydrogène. Quand l’équilibre est atteint, la quantité
d’hydrogène gazeux nf (non absorbé) est déterminée par la mesure de la pression d’équilibre Pf.
Le nombre de mole d’hydrogène absorbé correspond alors à la différence entre ni et nf :
)(PE
PEc
B
Bf
B
Bifi T
VTV
RP
RTVPnnn +−=−= Équation II-19
50
Chapitre II Techniques expérimentales
avec n le quantité d’hydrogène gazeux absorbée (mole)
ni la quantité d’hydrogène gazeux initialement dans le volume du banc (mole)
nf la quantité d’hydrogène gazeux à l’équilibre (mole)
Pi pression initiale dans le banc d’hydrogénation (Pa)
Pf pression à l’équilibre après l’absorption (Pa)
VB volume du banc d’hydrogénation (m3)
VPEc volume du porte échantillon corrigé du volume de l’échantillon (m3)
TB température du banc d’hydrogénation (298 K)
TPE température du porte échantillon (K)
R constante des gaz parfaits (R = 8,314 J/mol/K)
La capacité d’absorption d’hydrogène du composé intermétallique peut alors s’écrire :
nmMC 2= (H/mol) Équation II-20
ou 1002 ×=mnC (% en masse) Équation II-21
avec m la masse de l’alliage dans le porte échantillon (g) et M sa masse molaire (g/mol).
Cependant, l’hydrogène n’est pas un gaz parfait. L’équation des gaz parfaits permet une
bonne approximation à température ambiante et pour des pressions inférieures à 1MPa. Mais
pour des domaines de températures et de pressions plus larges, il existe un décalage important
entre le comportement réel de l’hydrogène et celui d’un gaz parfait. Nous avons donc utilisé
l’équation d’état de Hemmes basée sur l’équation de Van der Waals afin de décrire parfaitement
le comportement de l’hydrogène pour toutes températures et pressions [6].
Ainsi, pour une mole d’hydrogène :
RTPbVV
PaP mm
=−+ ))().()(( α Équation II-22
où a(P) est le terme d’interaction moléculaire dépendant de la pression (Pa.m3.mol-1),
b(P) est le covolume dépendant de la pression (m3.mol-1),
α est un coefficient qui dépend de la température,
Vm le volume molaire (m3.mol-1).
51
Chapitre II Techniques expérimentales
II.2.2.b Mesures des isothermes
Avant la mesure de l’isotherme, les échantillons sont activés. Un cycle d’activation
correspond à une absorption sous 2 MPa d’hydrogène et une désorption sous vide primaire (10-6
MPa). Ce traitement entraîne la création de nouvelles surfaces par décrépitation du composé lors
de l’hydrogénation. Il est considéré qu’après cinq cycles le composé est parfaitement activé et
présente sa capacité nominale. L’isotherme peut alors être tracée.
L’isotherme est obtenue par une méthode d’incrémentation. La méthode décrite dans le
paragraphe précédent est utilisée avec une petite quantité d’hydrogène. A la première pression
d’équilibre P1, la capacité C1 est déterminée. L’échantillon est alors isolé avec la pression
d’hydrogène P1 et une petite quantité d’hydrogène est ajoutée dans le banc. La détente est
réalisée et la pression d’équilibre P2 est atteinte. La quantité d’hydrogène absorbée n2 est
additionnée à celle du premier point pour donner la capacité C2. Et ainsi de suite jusqu’à saturer
en hydrogène le composé. La capacité au point i peut alors s’écrire :
∑=i
ii nmMC 2 Équation II-23
où Ci est la capacité au point i (H/mol),
M est la masse molaire de l’échantillon (g/mol),
m est la masse du composé dans le porte échantillon (g),
ni est la quantité d’hydrogène absorbée au point i (mol).
On trace alors le logarithme de la pression d’équilibre en fonction de la capacité ln(P)=
f(C) (Figure II-5).
Capacité
Ln(P
)
P1
C1
P2
C2Cn
Pn
... ...
Figure II-5 : Schéma d'isotherme obtenue par incrémentation de la pression.
52
Chapitre II Techniques expérimentales
II.2.2.c Désorption thermique
Certains alliages ne désorbent pas ou peu d’hydrogène à température ambiante car leur
pression d’équilibre à cette température est inférieure à 10-6 MPa. Pour déterminer la température
à partir de laquelle une désorption d’hydrogène est observée, une désorption thermique de
l’hydrure peut être envisagée.
L’hydrure est chauffé de la température ambiante à 773 K à 10 K/min sous vide primaire.
Le signal de la jauge à vide et la température de l’échantillon sont enregistrés sur un ordinateur.
Lorsque l’hydrogène est désorbé par l’hydrure à la température T, le signal de la jauge à vide est
modifié au passage du gaz qui est évacué vers la pompe. Chaque pic sur le tracé du signal de la
jauge à vide en fonction de la température indique alors la désorption de gaz.
II.2.2.d Mesure de cinétique d’absorption
Les mesures de cinétique sont effectuées sur le même banc d’hydrogénation utilisé pour
la mesure des isothermes.
La mesure consiste à suivre à une température donnée la variation de la pression
d’hydrogène à température et volume constants en fonction du temps de réaction (t). La courbe
P(t) permet de suivre la progression de la réaction d’hydrogénation. Le taux de conversion F(t)
est alors déterminé à l’aide de la formule :
fi
i
fi
i
PPtPP
nntnn
tF−−
=−−
=)(
)())((
)( Équation II-24
avec (ni-n(t)) la quantité d’hydrogène absorbée à l’instant t,
(ni–nf) la quantité d’hydrogène absorbée à l’équilibre,
Pi pression initiale juste après la détente vers l’échantillon,
Pf pression à l’équilibre,
P(t) pression à l’instant t.
Afin que la force motrice de l’absorption, qui correspond à la différence de pression entre
la pression d’hydrogène dans le système et la pression de plateau de l’hydrure, varie peu lors de
53
Chapitre II Techniques expérimentales
l’hydrogénation, la cinétique est mesurée à pression quasi constante. La variation entre la
pression initiale et la pression finale est inférieure à 10 %. Le temps caractéristique de la
cinétique d’absorption est le temps nécessaire (t90) pour arriver à un taux de conversion de 90%.
II.2.2.e Développement d’un banc de cyclage automatique
L’étude du vieillissement des alliages lors de l’hydrogénation est importante pour estimer
la durée de vie de l’hydrure. Pour cela, un grand nombre de cycles absorption/désorption doit être
effectué afin de mesurer l’évolution de la capacité de l’échantillon au cours du cyclage. Le banc
d’hydrogénation décrit ci-dessus permet le cyclage des échantillons mais un opérateur doit être
présent pour ouvrir et refermer les différentes vannes. Il a donc été envisagé de développer un
banc de cyclage pouvant fonctionner de façon autonome sans interruption (nuit, week-end).
Montage
Le schéma du banc de cyclage automatique est donné sur la Figure II-6. Il est constitué
d’une vanne trois voies reliant par des capillaires en cuivre le porte échantillon du composé à
cycler, une pompe primaire et le réservoir à hydrogène RH (contenant l’hydrure du composé
LaNi4,6Sn0,4). Un capteur de pression de 2,5 MPa est raccordé au système.
Capteur 2,5 MPa
Four
Vanne 3 voies
Réservoir à hydrogène contenant LaNi4,6Sn0,4Hx
Vers pompe primaire
Support en plexiglas
vanne filtre capillaire
Echantillon à cycler
Figure II-6 : Schéma du banc de cyclage automatique développé au cours de ce travail.
54
Chapitre II Techniques expérimentales
Fonctionnement
Afin de réaliser les cycles absorption/désorption de l’alliage à étudier, l’hydrure du
composé LaNi4,6Sn0,4 contenu dans le réservoir RH va servir à la fois de réservoir et de pompe à
hydrogène (Figure II-7). Pour fournir de l’hydrogène à l’échantillon (absorption de l’échantillon),
le réservoir RH est chauffé de façon à ce que la pression d’équilibre P2 du composé LaNi4,6Sn0,4
devienne supérieure à celle de l’échantillon (Peq(éch)). L’échantillon absorbe alors de
l’hydrogène. En refroidissant le réservoir RH, la pression d’équilibre du composé LaNi4,6Sn0,4
passe en dessous de celle de l’échantillon et celui-ci désorbe l’hydrogène. Le cyclage
absorption/désorption de l’échantillon s’effectue donc en cyclant thermiquement le composé
LaNi4,6Sn0,4 dans le réservoir RH.
Le réservoir contient environ 16g d’alliage LaNi4,6Sn0,4 qui permet de stocker un large
excès d’hydrogène par rapport à ce qui est nécessaire pour hydrogéner les 0,5 g de l’échantillon.
LaNi4,6Sn0,4 à T2
LaNi4,6Sn0,4 à T1
Absorption
Pression
Capacité
Désorption
P2
P1
Peq(ech)
Figure II-7 : Modéle du fonctionnement du banc de cyclage. L'hydrure de LaNi4,6Sn0,4 à la température T1 avec une pression d’équilibre P1 inférieure à celle de l’échantillon Peq(ech) qui est à la température T. L’hydrure de LaNi4,6Sn0,4 est chauffé jusqu’à la température T2. Sa pression d’équilibre augmente jusqu’à P2 et dès qu’elle dépasse celle de l’échantillon, ce dernier absorbe de l’hydrogène. En refroidissant le composé LaNi4,6Sn0,4, l’échantillon désorbe l’hydrogène quand la pression devient inférieure à sa pression d’équilibre.
Le composé LaNi4,6Sn0,4 est connu pour son excellente durée de vie au cours de cyclage
absorption/désorption [7,8]. Les auteurs ont montré qu’après 10000 cycles le composé conserve
toutes ses propriétés d’hydrogénation. Les isothermes du composé LaNi4,6Sn0,4 sont données sur
la Figure II-8. On observe, de plus, la très faible hystérésis du composé. A partir de ces
55
Chapitre II Techniques expérimentales
isothermes, les propriétés thermodynamiques du composé sont calculées permettant de
déterminer les conditions du mode opératoire.
Le cyclage de l’échantillon est prévu pour être réalisé entre 0,05 et 2 MPa de pression en
hydrogène. Ces pressions d’équilibre pour le composé LaNi4,6Sn0,4 sont obtenues respectivement
à 313 K et 446 K pour l’hydrure à la capacité de 4 H/u.f..
Le programme thermique constituant le cycle absorption/désorption est donc le suivant :
KKKKK hh 313313446446313 2min52min30 ⎯→⎯⎯⎯ →⎯⎯→⎯⎯⎯ →⎯
Les temps sont déterminés en fonction de la cinétique de l’échantillon pour s’assurer de
l’absorption et de la désorption complètes, et en fonction de l’inertie du four. Ce programme
thermique permet d’effectuer 5 cycles par jour.
0 1 2 3 4 5 6 7
0,1
1
10
Pres
sion
(MPa
)
H/f.u.
318K
298K
268K
253K
32
1
Figure II-8 : Isothermes du composé LaNi4,6Sn0,4 à 313 K, 353 K et 393 K.
L’inconvénient de ce montage est que nous n’avons pas de contrôle de la capacité au cours du
cyclage automatique. Il est donc nécessaire de réaliser des mesures manuelles des capacités tous
les 25 cycles par exemple afin de suivre l’évolution de la capacité en fonction du nombre de
cycles.
56
Chapitre II Techniques expérimentales
II.2.3 Caractérisation structurale des hydrures
II.2.3.a Diffraction des rayons X
Pour les hydrures stables dont la pression d’équilibre à température ambiante est
inférieure à la pression atmosphérique, la caractérisation de la structure de l’hydrure en fonction
de la concentration en hydrogène est réalisée par diffraction des rayons X sur poudre.
L’affinement global du profil des diagrammes de diffraction a été réalisé par la méthode de
Rietveld à l’aide du programme Fullprof [2]. Cette analyse permet également de déterminer
l’expansion de volume induit par l’hydrogénation.
II.2.3.b Diffraction neutronique
Le caractère ondulatoire des neutrons, qui ont une longueur d’onde proche de la distance
inter atomique dans le solide, induit des phénomènes de diffraction des solides cristallisés comme
le font les rayons X.
Tandis que les rayons X interagissent avec les électrons des atomes, les neutrons
interagissent avec le noyau. Avec les neutrons, la longueur cohérente de diffusion (bc) varie avec
le numéro atomique de l’élément, ce qui permet de distinguer des éléments voisins, et peut
fortement varier entre deux isotopes (bc(H) = -0,3739.10-14 m ; bc(D) = 0,6671.10-14 m). De plus,
la croissance de l’amplitude de diffusion avec le numéro atomique (Z) rend les rayons X peu
sensibles aux éléments légers. Dans le cas des neutrons, il n’existe pas de relation entre le
numéro atomique et la longueur de diffusion cohérente, permettant ainsi d’observer les éléments
légers.
La diffraction neutronique donne ainsi la possibilité de déterminer les phases en présence,
la quantité de deutérium absorbée ainsi que la nature et le taux d’occupation des sites
d’absorption pour chaque phase. Compte tenu de sa faible dispersion incohérente, le deutérium
est généralement utilisé à la place de l’hydrogène en supposant qu’aucune différence structurale
n’existe entre l’hydrure et le deutérure d’un composé. L’affinement global du profil des
57
Chapitre II Techniques expérimentales
diagrammes de diffraction a été réalisé, comme pour la diffraction des rayons X, par la méthode
de Rietveld à l’aide du programme Fullprof [2].
Deux types de mesures de diffraction neutronique ont été réalisées dans ce travail : à une
quantité d’hydrogène donnée ou au cours d’absorption/désorption in situ.
Diffraction neutronique à différentes teneurs en hydrogène
La mesure de diffraction neutronique est réalisée à température ambiante sur l’instrument
3T2 (λ = 1,225 Å, neutrons thermiques) au Laboratoire Léon Brillouin (LLB) à Saclay. Il s’agit
d’un diffractomètre deux axes constitué d’un collimateur, d’un monochromateur en germanium,
et d’un détecteur de 60° formé de 20 détecteurs 3He/Xe (Figure II-9).
L’échantillon est activé par cinq cycles absorption/désorption de deutérium réalisés sur un banc
d’hydrogénation décrit au paragraphe II.2.2.a. Puis au cours de la désorption à température
ambiante, le porte échantillon est isolé à différentes pressions (compositions en deutérium)
contrôlées. La diffraction neutronique de l’échantillon est alors réalisée à des états de charge
fixes.
Figure II-9 : Schéma de l'instrument 3T2 de diffraction neutronique des poudres.
58
Chapitre II Techniques expérimentales
Diffraction neutronique in situ
La mesure de diffraction neutronique in situ est réalisée sur l’instrument D1B (λ = 1,28
Å, monochromateur en Ge) à l’Institut Laüe Langevin (ILL) à Grenoble. L’installation est
équipée d’un détecteur de position 3He/Xe composé d’un système multiélectrodes de 400
cellules, qui offre un intervalle en 2θ de 80° (Figure II-10).
Le porte échantillon contenant le deutérure est placé dans le faisceau de neutrons à l’intérieur
d’un four. Il est relié à un banc d’hydrogénation identique à celui décrit au paragraphe II.2.2.a.
Des diagrammes de diffraction sont réalisés in situ pendant l’absorption et la désorption du
deutérure et le suivi de la structure du deutérure peut être réalisé lors de désorption thermique de
298 K à 773 K.
Figure II-10 : Schéma de l’instrument D1B de diffraction neutronique des poudres.
59
Chapitre II Techniques expérimentales
II.3 Conclusions sur les techniques utilisées
La méthode d’élaboration par cofusion par induction en creuset froid limite les pertes de
l’échantillon par évaporation, minimise la contamination de l’échantillon par des éléments
extérieurs et assure une bonne homogénéité de l’échantillon. Une synthèse par broyage
mécanique des poudres est possible pour réaliser des élaborations en phase solide et pour les
alliages dont les éléments ont des points de fusions très différents. Après élaboration, les
traitements thermiques ont du être optimisés afin d’obtenir des composés monophasés.
Les méthodes de caractérisation que sont la diffraction des rayons X et la microanalyse à
la microsonde électronique permettent de déterminer les paramètres structuraux et la composition
des alliages, de détecter d’éventuelles phases secondaires et ainsi de valider ou de modifier la
méthode d’élaboration utilisée.
Après l’élaboration des alliages, la synthèse des hydrures par réaction solide-gaz à l’aide
de bancs d’hydrogénation permet leur caractérisation thermodynamique. La capacité, les
pressions d’équilibre, la cinétique d’absorption et la tenue au cyclage peuvent être étudiées afin
de caractériser au mieux le comportement des composés face à l’hydrogénation. L’évolution des
propriétés structurales au cours de l’hydrogénation peut être suivie par diffraction des rayons X
ou par diffraction neutronique pour comprendre leurs effets dynamiques sur les propriétés
d’hydrogénation.
Les méthodes d’élaboration et de caractérisation structurale des alliages permettent de
suivre et de contrôler toutes les étapes de la synthèse métallurgique. L’étude thermodynamique et
structurale des hydrures va permettre ensuite de caractériser au mieux leur comportement à
l’hydrogénation.
60
Chapitre II Techniques expérimentales
Références
[1] J. P. Eberhart. Analyse Structurale et Chimique des Matériaux, Ed. Dunod, (1989) [2] J. Rodríguez-Carvajal XV Congress of Int. Union of Crystallography, Satellite Meeting on Powder Diffraction Toulouse, France. (1990) 127. [3] J. I. Langford, J. Appl. Crystallogr., 11 (1978) 10–14. [4] T. H. Keijser, J. Appl. Crystallogr., 15, 308-314 (1982). [5] G. K. Williamson and W. H. Hall, Acta Metall., 1, 1 (1953) 22–31. [6] H. Hemmes, A. Driessen and R. Griessen, J. Phys. C: Solid State Phys., 19 (1986) 3571–3585. [7] S. W. Lambert, D. Chandra, W. N. Cathey, F. E. Lynch and R. C. Bowman, Jr., J. Alloys Compd., 187 (1992) 113–135. [8] R. C. Bowman, Jr., C. H. Luo, C. C. Ahn, C. K. Witham and B. Fultz, J. Alloys Compd., 217 (1995) 185–192.
61
Chapitre III Les hydrures de type ABn
Chapitre III. Les hydrures de type ABn
III.1 Les composés de type AB5
Cette famille de composés a été choisie pour être utilisée comme matériaux pour le
stockage tampon pour le démarrage à froid. Ces matériaux doivent pouvoir délivrer 0,2 MPa
d’hydrogène dès 253 K. Les composés de type AB5 ont des caractéristiques thermodynamiques
bien connues, avec un bon comportement au cyclage, et dont les pressions d’équilibre sont
facilement ajustables par substitution des éléments. Leur capacité massique limitée à 1,7 % rend
inenvisageable leur utilisation en tant que réservoir principal, mais est suffisante pour
l’application de réservoir tampon qui ne nécessite qu’une petite quantité d’hydrogène d’environ 2
g pour les régimes transitoires et d’environ 20 g pour le démarrage à froid.
Il est apparu dans la base de données que le composé La1-xYxNi5 possède des propriétés
thermodynamiques intéressantes parmi les alliages de type AB5. Le choix de la valeur x reste
alors à déterminer pour répondre au mieux aux objectifs du réservoir tampon.
III.1.1 Choix de la composition
Il advient de déterminer en premier lieu la proportion d’yttrium x pour ajuster la pression
d’équilibre aux objectifs du démarrage à froid. Un hydrure tampon doit pouvoir fournir 0,2 MPa
d’hydrogène à basse température (253 K).
Les composés LaNi5 et YNi5 cristallisent dans la même structure hexagonale de type
CaCu5. Par conséquent, quelque soit la proportion x d’yttrium, le système La1-xYx Ni5 se
comporte comme une solution solide de structure type CaCu5. Il existe alors dans ce composé
une relation linéaire entre la proportion x d’yttrium et le volume de maille suivant une loi de
Vegard (Figure III-1). L’atome d’yttrium étant plus petit que celui de lanthane, le volume de
maille du composé La1-xYxNi5 est d’autant plus petit que le lanthane est substitué par l’yttrium.
62
Chapitre III Les hydrures de type ABn
De plus, il a été établi par Achard et al. qu’une relation linéaire existe entre le volume de
maille et le logarithme de la pression d’équilibre en hydrogène d’un alliage [1]. Plus les
paramètres de maille sont petits, plus la pression d’équilibre en hydrogène est élevée. Des
données à 298 K sur la relation volume de maille du composé La1-xYxNi5 et sa pression
d’équilibre sont présentées sur la partie droite de la Figure III-1.
Pour déterminer la substitution x en yttrium, on considère que l’entropie ΔS ne varie pas
dans le domaine de température (253 K ; 298 K). L’entropie associée à l’hydrogénation est
dominée par l’entropie de l’hydrogène gazeux, -130 J/K/molH2, qui est perdue dès qu’il est
absorbé dans le métal [2]. Cette valeur d’entropie est utilisée pour ce calcul.
0,0 0,2 0,4 0,6
84
85
86
87
0,1 1 10
84
85
86
87
V=86,712-4,889.x
La1-xYxNi5
Volu
me
de m
aille
(Å3 )
x dans La1-xYxNi5
T = 298 K
Volum
e de maille (Å
3)
Pdes Pabs
P (MPa)
V=-0,995.ln(P)+85,28
Figure III-1: Relations déterminées à 298 K entre la proportion x d'yttrium et le volume de maille du composé
La1-xYxNi5 (partie gauche), et entre le logarithme de la pression d'équilibre en hydrogène et le volume de
maille (partie droite).
En utilisant l’équation de Van’t Hoff (Partie I.2.1.b), et l’entropie ΔS = -130 J/K/molH2, la
valeur de l’enthalpie ΔH correspondant à un composé dont la pression d’équilibre est de 0,2 MPa
à 253 K est égale à ΔH = -31,43 kJ/molH2.
Un composé ayant ces valeurs d’enthalpie et d’entropie possède une pression d’équilibre
de 1,92 MPa à 298 K. A partir de la relation linéaire établie entre le volume de maille et la
63
Chapitre III Les hydrures de type ABn
pression à température ambiante, on en déduit un volume de maille de 84,59 Å3. La partie
gauche, reliant volume et composition, donne alors la proportion de substitution x = 0,45.
Par conséquent, à partir des données expérimentales connues pour le système La1-xYxNi5
et de la loi de Van’t Hoff, il est prévu qu’un alliage de composition La0,55Y0,45Ni5 présente une
pression d’équilibre en hydrogène de 0,2 MPa à 253 K.
III.1.2 Synthèse et caractérisation structurale
Le composé La0,55Y0,45Ni5 a été élaboré par fusion des éléments purs en four à induction.
Un traitement de recuit à 1223 K pendant 5 jours sous atmosphère d’argon a été effectué. Le
diagramme de RX montre un composé monophasé de type CaCu5. L’analyse par microsonde
électronique indique une composition, La0,56(3)Y0,42(3)Ni5,02(1), proche de la composition nominale
(Tableau III-1). Cependant, on observe une dispersion des éléments La et Y dans la matrice,
Figure III-2. Elle est probablement due à une diffusion lente de ces éléments dans l’alliage à cette
température. Il y a par conséquent des zones plus riches en lanthane et d’autres en yttrium.
Il est à noter que le volume de maille de l’alliage élaboré est très proche de la valeur
estimée 84,43 Å3 contre 84,59 Å3 respectivement. Il reste à vérifier que ses propriétés
d’hydrogénation correspondent à l’objectif.
Figure III-2: Analyse à la microsonde électronique du composé La0,55Y0,45Ni5 après recuit 5 jours à 1223 K
montrant une dispersion entre le lanthane et l'yttrium
64
Chapitre III Les hydrures de type ABn
a c V Composition
nominale
Analyse de composition (Å3) (Å) (Å) Phase
(EPMA) (±0,001) (±0,001) (±0,01)
groupe
d’espace
La0,55Y0,45Ni5 Matrice La0,56(3)Y0,42(3)Ni5,02(1) 4,951 3,977 84,43 P6/mmm
Tableau III-1: Caractérisation structurale du composé intermétallique La0,55Y0,45Ni5.
III.1.3 Propriétés d’hydrogénation
III.1.3.a Activation
Le composé La0,55Y0,45Ni5 absorbe facilement l’hydrogène à température ambiante sous 5
MPa sans traitement particulier au préalable. Il est toutefois nécessaire d’effectuer cinq cycles
absorption/désorption avant les mesures d’isotherme pour activer l’échantillon. Ce traitement
entraîne la création de nouvelles surfaces à travers la décrépitation qui se produit. Au bout de 5
cycles la capacité de l’échantillon est stabilisée.
III.1.3.b Isothermes
Les propriétés thermodynamiques des hydrures sont décrites par la mesure des courbes
PCT à l’aide de la méthode volumétrique décrite dans le Chapitre II. Les courbes PCT (Figure
III-3) sont mesurées dans la gamme de température de 253 K à 318 K.
Le tracé de ces isothermes permet de constater 3 phénomènes :
• La capacité diminue avec la température. Elle atteint 6,3 H/u.f. à 253 K sous 2
MPa et seulement 5,1 H/u.f. à 313 K sous 6,9 MPa.
• La pression d’équilibre de désorption à 253 K est supérieure à 0,2 MPa. Cela
répond bien aux objectifs fixés et montre que le calcul effectué au préalable sur la
composition de l’échantillon est valable.
• A 298 K, on observe un plateau clairement défini pour une capacité comprise
entre 0,5 et 3,5 H/u.f.. Ce plateau est suivi par un épaulement qui est
65
Chapitre III Les hydrures de type ABn
particulièrement prononcé sur l’isotherme de désorption. Enfin, la branche β
apparaît pour une capacité supérieure à 5,3 H/u.f.. Cet épaulement laisse suggérer
qu’il peut exister une phase hydrurée intermédiaire entre les phases α et β à cette
température.
Une étude de diffraction des neutrons, détaillée au paragraphe III.1.4, permettra de
vérifier cette hypothèse.
0 1 2 3 4 5 6 7
0,1
1
10
Pres
sion
(MPa
)
H/f.u.
318K
298K
268K
253K
32
1
Figure III-3: Courbes PCT à 253, 268, 298 et 313 K pour le composé La0,55Y0,45Ni5. Les courbes d'absorption
et de désorption sont représentées par des symboles ouverts et pleins respectivement. Les flèches
correspondent à l’état de charge de l’échantillon lors des trois analyses par diffraction de neutrons.
III.1.3.c Cinétique
L’hydrure contenu dans le réservoir tampon pour le démarrage à froid est capable de
délivrer 0,2 MPa d’hydrogène à 253 K. Cependant, le remplissage du réservoir à une station
hydrogène, correspondant à la phase d’absorption, doit pouvoir s’effectuer dans une large gamme
de température. Ainsi à 298 K, l’alliage La0,55Y0,45Ni5 est complètement chargé pour une pression
proche de 5 MPa. Il sera donc nécessaire d’utiliser un système de remplissage du réservoir à 5
MPa de H2 quelque soit la température.
66
Chapitre III Les hydrures de type ABn
Les mesures de cinétique d’absorption ont été effectuées à différentes températures entre
253 K et 298 K à pression quasi-constante de 5 MPa (ΔP = (Pdétente - Péquilibre) < 0,1 MPa). La
Figure III-4 présente les courbes de cinétique d’absorption obtenues et les valeurs du temps
nécessaire (t90) pour arriver à un taux de conversion de 90% sont répertoriées dans le Tableau
III-2.
Il apparaît que pour chaque température, l’absorption d’hydrogène est réalisée en moins
de 300 secondes ce qui remplit un autre point du cahier des charges. Par contre, l’absorption à
268 K est plus rapide que celle à 298 K. En fait, la variation de la température provoque deux
effets antagonistes dans la mesure de la cinétique. Le premier effet est un ralentissement de la
cinétique de réaction d’hydrogénation quand la température diminue. Le deuxième effet est la
variation de la pression d’équilibre de l’alliage conformément à l’équation de Van’t Hoff. La
diminution de la pression d’équilibre avec celle de la température entraîne une différence de
pression plus grande entre la pression d’équilibre et la pression quasi-constante de mesure de
cinétique (5 MPa). Cette différence de pression a un rôle moteur pour la réaction d’absorption.
Plus elle est grande, plus la réaction sera rapide.
Ainsi entre 298 K et 268 K, la différence de pression est prépondérante sur l’effet de la
température, alors qu’en deçà de 268 K, l’effet de la température devient plus important.
Une seconde hypothèse pourrait expliquer la différence de cinétique entre 268 et 298 K.
En effet, les isothermes montrent la présence d’un second plateau à température ambiante alors
qu’il n’apparaît pas à 268 K. L’absorption d’hydrogène à 298 K s’effectuerait alors par deux
fronts successifs d’hydruration alors qu’il y aurait qu’un seul front d’hydruration à 268 K. Ces
deux hydrurations successives ralentiraient par conséquent la cinétique globale d’hydrogénation
du composé à température ambiante.
Il n’a cependant pas été possible de trancher entre ces deux hypothèses.
Température (K) 253 268 298
t90 (sec) 234 76 149
Tableau III-2: Valeurs du temps nécessaire (t90) pour arriver à un taux de conversion de 90% lors de
l'absorption à pression quasi-constante de 5 MPa en fonction de la température.
67
Chapitre III Les hydrures de type ABn
Figure III-4: Courbes de cinétique d'absorption de La0,55Y0,45Ni5 à pression quasi-constante de 5 MPa à
différentes températures (298 K, 268 K, 253 K).
III.1.3.d Cyclage
Pour le cyclage du composé La0,55Y0,45Ni5, nous avons utilisé le banc de cyclage
automatique mis au point au cours de ce travail et dont la description du fonctionnement est
donnée au paragraphe II.2.2.d.
L’alliage est étudié en tant que matériau de stockage de l’hydrogène pour le démarrage à
froid. Afin de tester son comportement au cyclage, l’échantillon a donc été placé à basse
température, 268 K. C’est également à cette température que la cinétique d’absorption du
composé est la plus rapide.
L’échantillon de La0,55Y0,45Ni5 a subi 100 cycles absorption/désorption à 268 K entre 0,05
et 2 MPa. Une mesure de la capacité, dans les conditions du cyclage, est effectuée tous les 25
cycles (Tableau III-3). On observe une faible perte de capacité (de l’ordre de 6%) au bout des
100 cycles, soit une perte de capacité d’environ 0,001% massique par cycle (Figure III-5). Cela
montre que le vieillissement de l’alliage La0,55Y0,45Ni5 est très faible au cours des cycles. On peut
donc prédire une bonne durée de vie pour un tel hydrure.
68
Chapitre III Les hydrures de type ABn
Nombre de cycles 5 25 50 75 100
Capacité massique à
268 K (en %) 1,26 1,26 1,23 1,18 1,18
Tableau III-3 : Evolution de la capacité massique (en %) du composé La0,55Y0,45Ni5 en fonction du nombre de
cycles absorption/désorption à 268 K.
0 20 40 60 80 1000,0
0,5
1,0
1,5
Cap
acité
mas
siqu
e (%
)
Nombre de cycles
C= -0,0010.n + 1,27
Figure III-5 : Evolution de la capacité massique (en %) du composé La0,55Y0,45Ni5 en fonction du nombre de
cycles absorption/désorption à 268 K.
Après désorption sous vide primaire pendant 3h à température ambiante, un diagramme
de rayons X a été effectué sur le composé cyclé (Figure III-6). Un élargissement des raies de
diffraction et une modification des paramètres de maille sont observés.
69
Chapitre III Les hydrures de type ABn
Figure III-6 : Diagrammes de diffraction de rayons X du composé La0,55Y0,45Ni5 avant et après cyclage
(structure de type CaCu5). On observe l’élargissement des raies et le déplacement de la raie 002.
Premièrement, une anisotropie des largeurs de raies de type hk0 a été mise en évidence
pour des composés de type AB5 [3, 4]. Un affinement individuel des profils de raies de
diffraction avec une fonction de Voigt symétrique a été utilisé pour mesurer les largeurs
intégrales. Le diagramme de type Williamson-Hall (β* = βcosθ/λ en fonction de sinθ) [5] est
donné Figure III-8 pour La0,55Y0,45Ni5 avant et après cyclage. Comme détaillé au paragraphe
II.1.2.b, la largeur intégrale suit une variation linéaire en fonction de tanθ indépendamment de la
nature de l’élargissement. La pente de la droite est reliée aux contraintes et l’ordonnée à l’origine
donne une valeur inversement proportionnelle à la taille des domaines diffractants. Malgré une
dispersion importante des points pour l’alliage cyclé, la largeur intégrale augmente de façon plus
importante avec l’angle que celle de l’alliage non cyclé. Cela implique donc l’introduction de
défauts de structure lors du cyclage. D’après Krivoglaz [6], les défauts de second type (infinis
dans au moins une direction), tels que les dislocations (Figure III-7Figure III-7 : Représentations
d’une dislocation coin (A) et d’une boucle de dislocation interstitielle (B).), entraînent un
élargissement des raies de diffraction. Les défauts de structure induits lors du cyclage sont donc
probablement des dislocations.
70
Chapitre III Les hydrures de type ABn
A- B-
Figure III-7 : Représentations d’une dislocation coin (A) et d’une boucle de dislocation interstitielle (B).
Il a été démontré [4, 7], pour les composés de structure CaCu5, que les valeurs des
largeurs intégrales peuvent être modélisées par un système de deux types de dislocations : E1 et
E2. Ce sont des dislocations de type coin définies par le même vecteur de Burger 1/3<-2110>
avec respectivement un plan de glissement basal (0001) et prismatique (0-110). Les valeurs des
largeurs intégrales ont été calculées en utilisant ce modèle à l’aide des équations suivantes :
λθβ sin4* e
= Équation III-1
avec
∑=
iiiibx
PAeχ
ρ2
22
8)(ln
Équation III-2
et
1
ln4))ln(ln(1 −
⎟⎠⎞
⎜⎝⎛ −
=P
PA Équation III-3
où : β* représente la largeur intégrale du profile de raie exprimée en 2sinθ/λ (Å-1)
e représente la quantité de contrainte
ρ représente la densité moyenne de dislocations
A est un facteur sans dimension qui dépend de lnP
P est le paramètre de corrélation des dislocations P≈3(πln2)-1/2βG/βL (les parties
gaussienne et laurentzienne de β définies au paragraphe II.1.2.b)
71
Chapitre III Les hydrures de type ABn
La densité de dislocations passe alors de 0,066.1011 cm-2 avant cyclage à 0,735.1011 cm-2
après les 100 cycles. Le cyclage induit donc la formation de dislocations dont la proportion est
68% de dislocations de type E2 et 32% de dislocations de type E1.
Le diagramme de Williamson-Hall montre également que les raies de type 00l ne sont pas
élargies lors du cyclage puisque la droite passant par leur points respectifs se fonde dans les
points du composé non cyclé (la pente est identique). Cela traduit la prédominance des
dislocations de type E2 qui n’ont pas d’influence sur l’élargissement des raies 00l contrairement
aux dislocations de type E1 [7].
Figure III-8 : Diagramme de type Williamson-Hall caractérisant l'élargissement des raies de diffraction (avec
les valeurs hkl) pour le composé La0,55Y0,45Ni5 avant (cercles) et après (triangles) 100 cycles
absorption/désorption. La droite est tracée entre les points correspondant aux raies 00l du composé cyclé.
Deuxièmement, les paramètres de maille de l’alliage non cyclé diffèrent de ceux de
l’alliage cyclé, a diminue et c augmente, alors que le volume de maille reste presque constant
(Tableau III-4). Les défauts de premier type (finis dans toutes les directions), tels que les boucles
de dislocation (Figure III-7), lacunes ou précipités interstitiels, provoquent des changements dans
les paramètres de maille mais pas d’élargissement des raies [6]. Ce type de défauts pourrait
72
Chapitre III Les hydrures de type ABn
expliquer les variations de paramètres observées. De plus, Cerny et al. [4] ont montré que ces
modifications de paramètres sont directement liées à l’élargissement des pics hk0 qui a été
expliqué par des dislocations. Ceci et la variation opposée des paramètres de maille a et c
indiquent que l’explication la plus probable de ces modifications de paramètres est la présence de
boucles de dislocations.
La perte de capacité observée lors du cyclage peut donc être expliquée par l’introduction
de défauts infinis (dislocations) et de défauts finis (boucles de dislocation) dans le matériau qui
affecterait l’absorption d’hydrogène.
V (Å3) a (Å) c (Å)
(± 0,001) (± 0,001) (± 0,01)
Non cyclé 4,951 3,976 84,43
100 cycles 4,947 3,984 84,45
Variation - 0,08 % + 0,20 % + 0,02 %
Tableau III-4 : Comparaison des paramètres de maille de l'alliage La0,55Y0,45Ni5 avant hydrogénation et après
100 cycles absorption/désorption.
III.1.4 Caractérisation structurale de l’hydrure
La structure de l’hydrure a été caractérisée par diffraction neutronique de l’échantillon
deutéré. La diffraction neutronique donne la possibilité de déterminer les phases en présence, la
quantité de deutérium absorbée ainsi que la nature et le taux d’occupation des sites d’absorption
pour chaque phase.
Les diagrammes de diffraction (Figure III-9) ont été mesurés à température ambiante
sous trois teneurs différentes en deutérium sur l’instrument 3T2 du Laboratoire Léon Brillouin de
Saclay. L’état de charge d’équilibre de l’échantillon à chaque analyse est indiqué par des flèches
sur la Figure III-3.
73
Chapitre III Les hydrures de type ABn
Pour le premier diagramme (D/u.f. = 5,5), l’échantillon est complètement chargé en
deutérium et se trouve dans la branche β de l’isotherme. Une seule phase, notée β+ par la suite,
est observée avec la composition La0,54(1)Y0,44(1)Ni5,03(1)D5,5(1).
Le second diagramme, D/u.f. = 4,1, est obtenu avec un état de charge situé au milieu de
l’épaulement de l’isotherme. On y distingue deux phases de même structure hexagonale de type
CaCu5 : une phase fortement deutérée correspondant à la phase β, La0,54(1)Y0,44(1)Ni5,03(1)D4,9(3) et
un hydrure intermédiaire, phase γ, dont la concentration en deutérium (hydrogène) atteint 3,3
D/u.f., se situant entre une phase faiblement deutéré α et la phase β.
Le dernier diagramme, D/u.f. = 1,6, est obtenu avec un état de charge correspondant au
milieu du premier plateau. Deux phases avec la structure de type CaCu5 sont de nouveau
observées. La première est un composé faiblement deutéré correspondant à la phase α,
La0,54(1)Y0,44(1)Ni5,03(1)D0,3(2). La seconde correspond à la phase γ observée précédemment.
Ces diagrammes confirment l’existence d’un hydrure intermédiaire dans le système
La0,55Y0,45Ni5-D2 à température ambiante.
La structure métallique est affinée dans le groupe d’espace P6/mmm où les atomes de
lanthane et d’yttrium se répartissent de façon statistique sur le site 1a (0,0,0) et le nickel sur les
sites 2c (1/3,2/3,0) et 3g (1/2,0,1/2). La structure de l’hydrure est correctement décrite par un
modèle à 4 sites tétraédriques d’occupation des atomes d’hydrogène (4h (B4), 6m (A2BB2), 12n
(AB3) et 12o (AB3)) [8-10]. Les résultats de l’affinement par la méthode de Rietveld [11] des
diagrammes de diffraction de neutrons sont résumés dans le . Tableau III-5
On remarque que les facteurs d’accord (résidu pondéré et facteur de Bragg) sont
relativement élevés du fait de la présence de raies du porte échantillon en acier qui se superposent
à certaines raies de diffraction de l’échantillon.
74
Chapitre III Les hydrures de type ABn
Figure III-9: Diagrammes de diffraction neutronique (observés (croix), affinés (ligne)) du composé
La0,55Y0,45Ni5Dx mesurés à température ambiante et à l'état de charge indiqué Figure III-3. Les marques
verticales correspondent aux positions des pics de diffraction de chaque phase.
α γ β β+ D 4h (1/3,2x,0,380) 0,04(6) 0,00(9) 0,38(6) 0,44(2) D 6m (0,136,2x,1/2) 0,00(8) 0,92(18) 1,60(10) 1,88(6) D 12n (0,485,0,0,091) 0,28(11) 1,88(22) 1,97(9) 2,48(5) D 12o (0,212,2x,0,331) 0,00(14) 0,46(22) 0,95(11) 0,71(5) Capacité (D/u.f.) 0,3(2) 3,3(2) 4,9(3) 5,5(1) a (Å) 4,976 5,225 5,280 5,296 c (Å) 3,987 4,070 4,185 4,216 V (Å3) 85,5 96,7 101,1 102,4 ΔV/V (%) 1,3 14,6 19,8 21,3 Rwp/Rfactor (%) 11,5 / 9,89 11,6 / 15,7 12,8 / 21,8 7,96 / 8,50
Tableau III-5: Evolution de l'occupation des sites de deutérium et des paramètres de maille de
La0,55Y0,45Ni5Dx. Pour la phase γ, les paramètres moyens entre la phase γ du premier et du second affinement
sont donnés. (Structure P6/mmm : (La,Y) 1a, Ni (2c,3g)).
L’évolution du taux d’occupation des quatre sites de deutérium pour chaque phase est
présentée sur la Figure III-10. On observe un remplissage progressif des sites lorsque la quantité
de deutérium augmente, comme cela a été montré dans des études antérieures [12, 13]. Les sites
6m et 12n sont préférentiellement occupés avec respectivement 31% et 21% d’occupation pour la
phase β+. Aucun remplissage des sites 4h n’est observé dans la phase intermédiaire γ, mais un
75
Chapitre III Les hydrures de type ABn
remplissage partiel de ces sites (10%) apparaît dans la phase β. Enfin les sites 12o se remplissent
progressivement entre les phases α et β, mais ont un taux d’occupation faible d’environ 8%.
Figure III-10: Evolution du taux d'occupation des quatre sites d'absorption du deutérium dans chaque phase
du système La0,55Y0,45Ni5-Dx.
L’hydrogénation complète de l’intermétallique La0,55Y0,45Ni5 entraîne une importante
expansion du volume de maille, 21,3 % entre le métal et la phase β+ (Tableau III-5). Ce
phénomène lié à l’occupation des atomes d’hydrogène dans les sites de la maille cristalline de
l’alliage induit de fortes contraintes dans le matériau. Ces contraintes sont à l’origine de la
création de défauts dans la structure qui conduisent à une perte de capacité de l’alliage au cours
de cyclage absorption/désorption.
Certaines études [14, 15] supposent que la présence d’une phase intermédiaire permet de
limiter la création de défauts dans le matériau lors de l’absorption et par conséquent d’améliorer
sa durée de vie. En effet, l’hydrogénation se déroule en deux étapes α γ et γ β (Figure
III-11). La présence de cette phase intermédiaire permet au matériau d’accommoder plus
aisément les contraintes du fait d’un changement de volume plus petit à chaque étape. Ces
contraintes étant moins fortes, elles produisent moins de défauts à l’origine de la dégradation des
propriétés d’hydrogénation.
76
Chapitre III Les hydrures de type ABn
Figure III-11: Courbe PCT schématique du composé La0,55Y0,45Ni5 à 298 K. La formation de l’hydrure se
déroule en deux étapes α γ et γ β, permettant de réduire les contraintes induites par l'expansion de
volume (ΔV/V).
L’existence de la phase γ a été démontrée à température ambiante par diffraction des
neutrons. L’épaulement observé sur l’isotherme à 298 K et qui traduit la présence de cet hydrure
intermédiaire n’est plus observé de façon notable à plus basse température. Dans le système
LaNi5-H2, alors qu’à température ambiante la transformation de la phase α (solution solide) à la
phase β (LaNi5H6) se réalise en une seule étape, une phase intermédiaire LaNi5H3 apparaît pour
des températures supérieures à 353 K [16]. Il existe donc dans ce système une température limite
Tl à laquelle l’hydrogénation complète du composé se déroule soit en une étape (T < Tl) soit en
deux étapes (T > Tl). Ce phénomène pourrait également exister dans le système La0,55Y0,45Ni5-
H2. Une caractérisation structurale par diffraction neutronique à plus basse température (253 K)
permettrait ainsi de vérifier si la phase intermédiaire γ est toujours présente à cette température.
III.1.5 Mise au point d’un réservoir pilote
Les propriétés d’hydrogénation du composé La0,55Y0,45Ni5 répondent bien aux objectifs
nécessaires pour un hydrure tampon de démarrage à froid. Jusqu’ici la caractérisation de cet
alliage s’est effectuée à l’échelle du laboratoire, c'est-à-dire pour une masse d’échantillon
d’environ 0,5 g ce qui représente 6,5.10-3 g d’hydrogène.
77
Chapitre III Les hydrures de type ABn
Un réservoir tampon pour le démarrage à froid doit permettre de stocker réversiblement
20 g d’hydrogène. Nous avons réalisé un réservoir pilote au dixième de la taille du réservoir
tampon (2g de H2). Avec le composé La0,55Y0,45Ni5, cela correspond à un réservoir contenant
environ 150 g d’alliage. Cela induit un réel changement d’échelle pouvant altérer les
caractéristiques d’hydrogénation. Par exemple le transfert de chaleur lors de l’hydrogénation sera
modifié pouvant changer la cinétique d’absorption.
Lors de l’élaboration au laboratoire, l’alliage La0,55Y0,45Ni5 a subi un traitement thermique
de recuit de 5 jours à 1223 K. Après ce traitement de recuit, une dispersion entre le lanthane et
l’yttrium est observée à la microsonde (Figure III-2). Une étude de l’influence du temps du
traitement thermique de recuit sur l’homogénéité du composé a été réalisée (Tableau III-6). Une
analyse quantitative à la microsonde électronique a permis pour chaque traitement de déterminer
l’homogénéité de l’alliage.
Température (K) Durée (jours) Analyse EPMA Code
Non recuit - La0,56(4)Y0,45(4)Ni4,99(1) NR
1223 1 La0,57(3)Y0,44(4)Ni4,99(1) R1
1223 3 La0,54(4)Y0,47(4)Ni4,99(1) R2
1223 5 La0,56(3)Y0,42(3)Ni5,02(1) R3
1273 3 La0,56(3)Y0,45(4)Ni5,00(2) R4
Tableau III-6: Traitements thermiques de recuit du composé La0,55Y0,45Ni5 et sa caractérisation à la
microsonde.
La dispersion entre le lanthane et l’yttrium déjà observée dans notre composé ayant subi
le traitement de recuit R3, est retrouvée pour tous les traitements thermiques. Il s’avère qu’un
traitement de recuit à 1223 K ou à 1273 K n’améliore pas significativement l’homogénéité du
composé. De plus, elle n’est pas significativement différente dans l’échantillon non recuit.
Par conséquent, l’alliage La0,55Y0,45Ni5 a été élaboré par fusion en four à induction sans
traitement thermique de recuit par la société Treibacher. Il a été livré sous forme de poudre de
taille inférieure à 106 μm sous atmosphère d’argon. La composition donnée par le certificat
d’analyse reportée dans le Tableau III-7 est en accord avec la composition nominale.
78
Chapitre III Les hydrures de type ABn
Elément La Y Ni
% massique 18,40 9,33 72,27
% atomique 9,03 7,07 83,90
Composition 0,54 0,42 5,03
Tableau III-7 : Analyse chimique du composé industriel de composition nominale La0,55Y0,45Ni5.
Afin de caractériser le composé industriel, nous avons effectué au laboratoire une analyse
structurale par diffraction des RX. Le composé industriel possède la même structure hexagonale
de type CaCu5 avec un volume de maille identique (84,45 Å3). La caractérisation des propriétés
thermodynamiques de l’hydrure a été réalisée par le tracé de l’isotherme à 298 K sur une petite
quantité d’échantillon, 0,5 g (Figure III-12). Les courbes PCT de désorption de l’alliage élaboré
au laboratoire et celui élaboré par la société Treibacher sont présentées sur la Figure III-12. Les
deux isothermes se superposent parfaitement montrant la qualité du produit industriel.
Ce composé correspond donc exactement par sa structure et ses propriétés d’hydrogénation au
composé élaboré au laboratoire.
Figure III-12 : Courbes PCT de désorption à 298 K du composé La0,55Y0,45Ni5 élaboré au laboratoire
(symboles vides) et par la société Treibacher (symboles pleins).
79
Chapitre III Les hydrures de type ABn
Afin de vérifier les caractéristiques d’hydrogénation pour une grande quantité d’alliage,
150g du composé La0,55Y0,45Ni5 sont introduits dans un porte échantillon cylindrique en acier
inoxydable. Un thermocouple est placé à l’intérieur du porte échantillon au contact de la poudre.
Après quatre cycles d’activation réalisés à 253 K, les mesures de cinétique d’absorption à 253K,
268 K et 298 K sont réalisées à une pression de 5 MPa (Figure III-13). Les valeurs du temps
nécessaire (t90) pour arriver à un taux de conversion de 90% sont répertoriées dans le Tableau
III-8.
Température (K) 253 268 298
t90 (sec) 234 76 149 petit réservoir (0,5g)
t90 (sec) réservoir pilote (150g) 427 442 750
Tableau III-8 : Comparaison des temps nécessaires (t90) pour arriver à un avancement de 90% lors de la réaction d’absorption à pression quasi-constante de 5 MPa en fonction de la température pour un réservoir contenant 0,5g ou 150 g d’alliage.
Figure III-13 : Courbes de cinétique d'absorption de La0,55Y0,45Ni5 dans un réservoir cylindrique pilote contenant 150g d’alliage à pression quasi-constante de 5 MPa à différentes températures (298 K, 268 K, 253 K).
La cinétique d’absorption de l’alliage La0,55Y0,45Ni5 contenu dans le réservoir pilote
cylindrique est plus lente que celle pour les 0,5 g. Le temps nécessaire à absorber 90% de la
capacité totale d’hydrogène atteint 427 s, 452 s et 750 s respectivement à 253 K, 268 K et 298 K.
80
Chapitre III Les hydrures de type ABn
En fait, lors de la réaction d’hydrogénation qui est exothermique, la température de l’alliage dans
le réservoir augmente fortement (Figure III-14). Ainsi la température de l’alliage monte entre 320
et 340 K quelle que soit la température du bain thermostaté. Or, l’augmentation de la température
entraîne une élévation de la pression d’équilibre. Ainsi, la température augmente jusqu’à ce que
la pression d’équilibre de l’alliage atteigne la pression dans le système. La réaction d’absorption
est alors ralentie et un équilibre thermodynamique s’instaure entre la chaleur dégagée par
l’absorption et la chaleur évacuée dans le bain thermostaté. Ce sont donc les effets thermiques de
la réaction exothermique qui limitent la vitesse d’absorption dans ce système.
Les échanges thermiques du réservoir devront donc être optimisés (forme du réservoir, ailettes
ou liquide de refroidissement) afin de maintenir une cinétique d’absorption élevée.
Figure III-14 : Evolution de la température de l’alliage dans le réservoir pilote au cours de l’absorption d’hydrogène.
III.1.6 Conclusion sur les composés AB5
Les composés de type AB5 ont été choisis pour une utilisation en tant qu’hydrure tampon
pour le démarrage à froid. La caractéristique principale d’un tel hydrure est de pouvoir fournir
0,2 MPa d’hydrogène à 253 K.
Dans cet objectif, l’intermétallique de composition La0,55Y0,45Ni5 a été élaboré et son
comportement vis-à-vis de l’hydrogénation a été étudié. Son hydrure présente des
81
Chapitre III Les hydrures de type ABn
caractéristiques d’hydrogénation correspondant au cahier des charges d’un hydrure tampon. En
effet, la pression de plateau à 253 K est supérieure à 0,2 MPa. De plus, l’alliage présente une très
bonne cinétique d’absorption sous 5 MPa même à 253 K où il absorbe 90 % de sa capacité en
moins de 300 secondes. Il montre également un bon comportement en cyclage ne perdant que 6%
de sa capacité en 100 cycles absorption/désorption. Cette bonne durée de vie peut être en partie
expliquée par la présence d’un hydrure intermédiaire γ qui permet de réduire les contraintes
générées par l’expansion de volume lors de l’hydrogénation.
Toutes ces caractéristiques d’hydrogénation (pressions d’équilibre, cinétique, durée de
vie) font de l’alliage La0,55Y0,45Ni5 un bon candidat pour remplir un réservoir d’hydrogène
tampon pour le démarrage à froid à bord d’un véhicule.
III.2 Les composés de type AB
III.2.1 Choix de la composition
En réaction solide-gaz, les composés de type TiFe apparaissent comme ceux présentant la
meilleure capacité massique et le coût le plus faible parmi les composés de type AB (paragraphe
I.3.2.b). Cependant, l’hydrogénation du composé binaire TiFe ne peut être effectuée qu’après des
traitements d’activation sévère. Une substitution partielle de Fe par Mn et un excès de titane
Ti1+xFe favorise la réaction d’hydrogénation qui ne nécessite plus ces traitements d’activation.
Nous avons donc choisi d’étudier le composé TiFe0,70Mn0,20 dont la composition
rassemble ces deux paramètres.
III.2.2 Etude du composé TiFe0,70Mn0,20
III.2.2.a Elaboration et caractérisation structurale
Cet alliage a été étudié par Reilly et al. [17]. Il présente une capacité massique de 1,6% et
des pressions d’équilibres proches des conditions d’utilisation dans un réservoir pour
l’automobile. Cependant, l’isotherme présente un plateau unique très pentu du fait qu’aucun
traitement de recuit n’a été effectué pour homogénéiser le composé (Figure III-15).
82
Chapitre III Les hydrures de type ABn
Figure III-15 : Isothermes de désorption à différentes températures du composéTiFe0,70Mn0,20 non traité
thermiquement issues de l’étude de Reilly [17].
Nous avons donc élaboré le composé TiFe0,70Mn0,20 (dénommé par la suit Mn20)
par fusion des éléments en four à induction. Le diagramme de phase ternaire Fe-Mn-Ti à 1273 K
(Figure III-16) montre un domaine monophasé pour cette composition. Un traitement de recuit à
1273 K pendant une semaine sous atmosphère d’argon a été effectué sur l’échantillon afin de
parfaitement l’homogénéiser.
Figure III-16 : Diagramme de phases ternaire Fe-Mn-Ti à 1273 K [18].
83
Chapitre III Les hydrures de type ABn
Les résultats de la caractérisation structurale et chimique de l’alliage par DRX et
l’analyse à la microsonde électronique sont indiqués dans le Tableau III-9. La DRX montre que
l’alliage est composé d’une phase majoritaire (95,5%) de type CsCl (groupe d’espace Pm-3m) et
de deux précipités. La matrice est homogène de composition, Ti1,00(1)Fe0,73(1)Mn0,20(1), très proche
de la composition nominale de l’échantillon. Les deux phases secondaires observées aux RX sont
affinées avec des structures hexagonale de type TiFe2 et cubique de type Ti. L’analyse
quantitative n’a pas permis d’attribuer une composition à ces structures du fait de la composition
très proches des deux précipités.
Composition
nominale
a c Fract Composition analysée
Phase (Å) (Å) (%) (EPMA)
(code) (±0.001) (±0.001)
V
(Å3)
(±0.01)
Groupe
d’espace/ ou
symétrie
Matrice 95,5 Ti1.00(1)Fe0.73(1)Mn0.20(1) 2,993 - 26,82 Pm-3m
2,6 (type TiFe2) 4,811 7,846 157,31 hexagonale TiFe0.7Mn0.2
(Mn20) Précipités 1,9 (type Ti) 3,163 - 31,65 cubique
Tableau III-9: Caractérisation structurale et de composition de l'alliage TiFe0,70Mn0,20.
Le composé TiFe0,70Mn0,20 présente un excès d’élément A (Ti) par rapport à B. Cet excès peut
s’interpréter de trois manières différentes :
a. des lacunes en site B : (A)(B)0,9,
b. un excédent de titane en site A : (A)1,11(B),
c. la présence de titane en site B : (A)(AB).
Pour chacune de ces hypothèses, des densités théoriques di différentes sont attendues (Tableau
III-10). En effet, le volume de maille Vexp. de la structure cubique est déterminé par DRX et
suivant l’hypothèse la masse molaire Mth. varie. La densité d est alors estimée pour chaque
hypothèse i à l’aide de l’équation
84
Chapitre III Les hydrures de type ABn
exp
.
..
VNMZd
A
ithi = Équation III-4
avec di la densité estimée de l’hypothèse i,
Z le nombre d’unité formulaire par maille (Z = 1),
Mthi masse molaire théorique associé à l’hypothèse i,
NA nombre d’Avogadro (NA = 6,022.1023),
Vexp volume de maille mesuré par diffraction X.
La mesure de la densité de notre échantillon TiFe0,70Mn0,20, d = 6,33, permet par
comparaison au Tableau III-8 de déduire la structure obtenue. Dans l’alliage TiFe0,70Mn0,20, le
titane en excès se place en site B de façon à former un composé de stoechiométrie AB.
Matsumoto et al. [19] ont montré que la présence de titane en site B dans un composé Ti1+xFe (x
< 0,12) facilite l’hydrogénation sans activation.
Hypothèse a b c Formule (A)(B)0,9 (A)1,11(B) (A)(AB)
Composition Ti(Fe0,70Mn0,20) Ti1,11(Fe0,78Mn0,22) Ti(Fe0,74Mn0,21Ti0,05) Densité estimée di 6,06 6,73 6,38
Tableau III-10 : Densité estimée pour différentes positions atomiques dans TiFe0,70Mn0,20.
III.2.2.b Propriétés d’hydrogénation
L’alliage TiFe0,70Mn0,20 (Mn20) absorbe l’hydrogène à 298 K sous 1 Mpa sans aucun
traitement d’activation initial. Il existe toutefois un temps d’incubation d’environ 2 heures avant
de constater le début d’absorption. Sa capacité totale atteint 1,98% en masse à 298 K sous 2 MPa.
Les courbes pression-composition du composé TiFe0,70Mn0,20 mesurées à 298 K, 318 K et
338 K sont présentées sur la Figure III-17. Le composé présente deux plateaux d’équilibre peu
pentus contrairement à ce qu’avait décrit Reilly (Figure III-12). Le traitement de recuit effectué
sur l’échantillon diminue fortement la pente des plateaux d’équilibre permettant ainsi de
distinguer deux plateaux et par conséquent la présence de deux hydrures. La composition de ces
85
Chapitre III Les hydrures de type ABn
hydrures à 298 K sont TiFe0,70Mn0,20H~1 et TiFe0,70Mn0,20H~2. Les valeurs des pressions
d’équilibre sont données en fonction de la température dans le Tableau III-11.
Figure III-17 : Isothermes d’absorption du composé TiFe0,70Mn0,20 à 298 (triangles), 318 (carrés) et 338 K
(cercles).
298 K 318 K 338 K
Capacité massique (%) 1,96 2,00 1,55
1er plateau 0,040 / 0,026 0,109 / 0,085 0,200 / 0,150 Pressions d’équilibre
(MPa) (abs / des) 2nd plateau 0,077 / 0,060 0,274 / 0,218 0,470 / 0,430
Tableau III-11: Propriétés d’hydrogénation du composé TiFe0,70Mn0,20 à 298 K, 318 K et 338 K.
Afin d’apprécier la durée de vie du composé TiFe0,70Mn0,20, nous avons effectué une série
de 20 cycles absorption/désorption (Figure III-18). L’absorption se réalise à 298 K sous une
pression de 2 MPa et la désorption s’effectue sous vide primaire à 298 K pendant 2 h. On observe
une très faible perte en cyclage puisque la capacité atteint toujours 1,90 % en masse au vingtième
cycle.
86
Chapitre III Les hydrures de type ABn
Figure III-18: Capacité réversible d'hydrogène du composé TiFe0,70Mn0,20 à 298 K en fonction du nombre de
cycle absorption/désorption. Absorption à 298 K sous 2 MPa, désorption à 298 K sous vide primaire pendant
2 h.
III.2.2.c Discussion
Le composé TiFe0,70Mn0,20 présente une capacité réversible d’environ 1,9 % en masse ce
qui est comparable à ce qu’a observé Reilly avec un composé non recuit [17]. De plus, on
observe deux plateaux parfaitement définis montrant la présence de deux hydrures à 0,51 H/M et
1,01 H/M. Le traitement de recuit du composé Mn20 a donc permis d’améliorer l’homogénéité
du composé rendant moins pentus les plateaux d’équilibre. La capacité de l’alliage est alors
accrue. De plus, la cinétique d’absorption et la durée de vie du composé sont en adéquation avec
les caractéristiques recherchées pour un stockage réversible d’hydrogène.
Cependant, les pressions d’équilibre des deux hydrures sont trop basses pour délivrer une
pression utile de 0,4 MPa nécessaire pour alimenter une pile à combustible. Il faut donc modifier
les propriétés thermodynamiques pour obtenir des pressions d’équilibre plus élevées. Comme il a
été montré dans les composés de type AB5 [1], les pressions d’équilibre sont directement liées au
volume de maille de l’échantillon. Pour les augmenter, il faut diminuer le volume de maille de
l’alliage par un jeu de substitution. Le titane a le rayon atomique le plus grand. Il faudrait donc
substituer le titane par un élément plus petit. Mais l’excès de titane joue un rôle important dans
l’activation du composé et nous préférons conserver cette caractéristique. Sur le sous réseau B, le
87
Chapitre III Les hydrures de type ABn
manganèse a le rayon atomique le plus grand. Deux types de substitution peuvent alors être
envisagés : l’introduction d’un quatrième élément en substituant le manganèse par du nickel plus
petit, dont le caractère de catalyseur de la dissociation d’hydrogène est reconnu, ou la substitution
du manganèse par le fer en augmentant le rapport Fe/Mn. Ces deux solutions ont été étudiées.
III.2.3 Effets de la substitution de Mn par Ni : TiFe0,70Mn0,20-yNiy
La première voie suivie pour augmenter les pressions d’équilibre du composé
TiFe0,70Mn0,20 (Mn20) est la substitution du manganèse par un élément de transition plus petit, le
nickel. Une étude des composés TiFe0,70Mn0,20-yNiy a donc été menée.
III.2.3.a Elaboration et caractérisation structurale
Les alliages TiFe0,70Mn0,16Ni0,04 (noté Ni04) et TiFe0,70Mn0,12Ni0,08 (noté Ni08) ont été
élaborés dans un four à induction haute fréquence, puis recuit une semaine à 1273K sous
atmosphère d’argon. Les résultats de caractérisations par RX et microsonde électronique sont
résumés dans le Tableau III-12.
Comme pour le composé Mn20 (y = 0), les alliages TiFe0,70Mn0,20-yNiy (y = 0,04 et 0,08)
présentent une phase majoritaire (environ 96% en masse) de groupe d’espace Pm-3m. La
diffraction de rayons X montre l’existence de deux phases minoritaires, la première de structure
hexagonale correspondant à une solution solide de titane (cette phase n’est pas observée à la
microsonde pour le composé Ni04) et la seconde de structure cubique pouvant être assimilée à la
phase Ti2Fe ce qui est en accord avec la composition déterminée par la microsonde.
88
Chapitre III Les hydrures de type ABn
a c Composition
nominale
Fract Composition analysée (Å) (Å) Phase
(%) (EPMA) (±0,001) (±0,001)
V
(Å3)
(±0,01)
Groupe
d’espace/ ou
symétrie
Matrice 96,3 Ti1,00(1)Fe0,73(1)Mn0,16(1)Ni0,04(1) 2,993 - 26,82 Pm-3m
2,2 Ti66,0(1)Fe24,8(2)Mn5,2(1)Ni3,9(1)
(type Ti2Fe) 11,323 - 1453,1 cubique TiFe0,7Mn0,16Ni0,04
(Ni04) Précipités
1,5 non observé à la microsonde
(type Ti) 2,942 4,623 34,66 hexagonale
Matrice 96,2 Ti1,00(1)Fe0,72(1)Mn0,12(1)Ni0,08(1) 2,994 - 26,83 Pm-3m
2,0 Ti66,3(1)Fe23,2(1)Mn3,8(1)Ni6,7(1)
(type Ti2Fe) 11,332 - 1455,1 cubique TiFe0,7Mn0,12Ni0,08
(Ni08) Précipités
1,8 Ti76,4(5)Fe16,4(4)Mn5,3(1)Ni1,6(1)
(type Ti) 2,944 4,622 34,69 hexagonale
Tableau III-12 : Caractérisations structurales et de composition des alliages TiFe0,70Mn0,20-yNiy pour y = 0,04
et 0,08.
Les composés Ni04 et Ni08 sont homogènes (Figure III-20) et leur composition est très
proche de la composition nominale montrant que le nickel substitue bien le manganèse dans la
structure. Cependant, malgré la substitution du manganèse par le nickel, le volume de maille
reste constant (Figure III-19). Pour y compris entre 0 et 0,08, les alliages TiFe0,70Mn0,20-yNiy
conservent le même volume de maille, environ 26,82 Å3.
Figure III-19 : Evolution du volume de maille des composés TiFe0,70Mn0,20-yNiy en fonction du taux de substitution y. La valeur de y est déterminée par analyse à la microsonde électronique.
89
Chapitre III Les hydrures de type ABn
La densité des alliages Mn20, Ni04 et Ni08 sont très proches les unes des autres, environ
6,3 (Tableau III-13). D’après les hypothèses émises au paragraphe III.2.2.a et les valeurs
estimées pour chacune d’entre elles, on déduit que les composés contenant du nickel présentent
comme Mn20 du titane en site B.
Composés Mn20 Ni04 Ni08
Densité 6,33(2) 6,33(3) 6,28(3)
Tableau III-13 : Densités des échantillons Mn20, Ni04 et Ni08 mesurées par pycnomètrie.
Figure III-20 : Analyse à la microsonde électronique des composés Ni04 et Ni08. On observe bien la
substitution du manganèse par le nickel.
III.2.3.b Propriétés d’hydrogénation
Les composés Ni04 et Ni08 absorbent l’hydrogène à 298 K sous 2 MPa. Toutefois, les
propriétés d’hydrogénation changent par rapport au composé Mn20 qui ne contient pas de nickel.
En effet, alors que la capacité totale du composé Mn20 est obtenue dès la première absorption, il
est nécessaire d’effectuer environ 5 cycles absorption/désorption pour que ces composés
atteignent une capacité reproductible (Figure III-21).
Il apparaît également que la capacité diminue avec le taux de substitution du manganèse
par le nickel. Cette diminution de la capacité massique n’est pas due exclusivement au fait que le
nickel introduit augmente la masse molaire de l’alliage, mais également parce que la quantité
90
Chapitre III Les hydrures de type ABn
d’hydrogène absorbée est moindre dans les alliages contenant du nickel. Ainsi, les capacités
totales de Ni04 et Ni08 sont respectivement 1,80 % (0,96 H/M) et 1,66 (0,86 H/M). De plus, la
perte de capacité par cycle est deux fois plus importante pour les composés contenant du nickel
que pour le composé Mn20.
0 5 10 15 200,0
0,5
1,0
1,5
2,0C
apac
ité (%
mas
siqu
e)
Nombre de cycle
Mn20
Ni04
Ni08
Mn20 C = -0,0045.n + 1,98Ni04 C = -0,0107.n + 1,87Ni08 C = -0,0097.n + 1,56
Figure III-21 : Capacités massiques des alliages Mn20, Ni04 et Ni08 en fonction du nombre de cycles.
L’évolution de la capacité massique en fonction du nombre de cycle C(n) est donnée pour les 3 alliages par
linéarisation des courbes une fois les composés complètement activés.
Les composés Mn20, Ni04 et Ni08 possèdent le même volume de maille malgré la
substitution du manganèse par du nickel. On s’attend donc à avoir des pressions d’équilibre
identiques pour ces trois composés. Les isothermes d’absorption mesurées à 298 K sont
présentées sur la Figure III-22.
91
Chapitre III Les hydrures de type ABn
0,0 0,5 1,0 1,5 2,01E-3
0,01
0,1
1 Mn20 Ni08
Pres
sion
(MPa
)
Capacité massique (%)
Figure III-22 : Courbes pression-composition isothermes en absorption à 298 K des composés Mn20 (triangles
vides) et Ni08 (carrés).
Les pressions d’équilibres des deux plateaux diffèrent entre les composés contenant du
nickel et le composé Mn20 (Tableau III-14). La différence de pression, ln(P2/P1), entre le second
plateau et le premier plateau est plus importante pour les composés Ni04 et Ni08 que pour Mn20.
Le nickel a pour effet de stabiliser le premier hydrure mais de déstabiliser le second.
Absorption Désorption 298 K
1er plateau 2ème plateau ln(P2/P1) 1er plateau 2ème plateau ln(P2/P1)
Mn20 0,040 0,077 0,65 0,026 0,060 0,84
Ni04 0,019 0,155 2,10 - 0,112 -
Ni08 0,011 0,418 3,64 0,009 0,270 3,40
Tableau III-14 : Pressions d'équilibre des alliages Mn20, Ni04 et Ni08 à 298 K.
III.2.3.c Discussion
Dans les alliages, la structure de type CsCl est conservée quelque soit le taux de
substitution. Cependant, la substitution du manganèse par le nickel plus petit, confirmée par
l’analyse de la microsonde électronique, ne modifie pas le volume de maille, 26,82 Å3. Il a été
montré par Nambu et al. [20] que dans les composés TiX (X = Fe, Co, Ni) de structure type CsCl
92
Chapitre III Les hydrures de type ABn
la force de liaison f entre un atome de titane et un atome X décroît du fer au
nickel : . Une diminution de la force de liaison a pour effet l’augmentation
de la longueur de liaison Ti-X. Ainsi, le volume de maille augmente entre les composés TiFe et
TiNi, respectivement 26,25 Å
NiTiCoTiFeTi fff −−− >>
3 et 27,41 Å3, malgré la taille plus petite de l’atome de nickel (rNi =
1,24 Å) par rapport à celui du fer (rFe = 1,26 Å). Dans nos composés, le nickel substitue le
manganèse (rMn = 1,35 Å). Compte tenu des résultats de Nambu, nous pouvons estimer que la
liaison Ti-Mn est plus forte que la liaison Ti-Ni et donc que la diminution de la force de liaison
moyenne dans le composé où le manganèse est substitué par le nickel est compensée par la
diminution du rayon atomique moyen. Cette hypothèse explique donc la constance du volume de
maille dans les composés TiFe0,70Mn0,20-yNiy (y ≤ 0,08).
La mesure de la densité montre que l’excès de titane dans les alliages Ni04 et Ni08,
comme pour le composé Mn20, se distribue dans le sous réseau B ce qui facilite la première
hydrogénation.
L’étude du comportement à l’hydrogénation de ces composés montre que le nickel a une
influence importante sur les propriétés. D’une part, la capacité diminue avec le taux de
substitution. Alors que le composé Mn20 absorbe 1,9 % massique d’hydrogène, les composés
Ni04 et Ni08 n’absorbent respectivement que 1,80 % et 1,66 %. D’autre part, il apparaît que la
différence de pression entre le premier et le second hydrure est accrue lorsque la quantité de
nickel augmente. Le premier hydrure est stabilisé. Cette stabilisation a été montré pour les
composés TiFe1-xNix [21, 22]. Les auteurs ont rapporté que la pression d’équilibre du premier
plateau décroît avec la substitution du fer par le nickel. Dans nos composés, non seulement la
pression du premier plateau diminue mais celle du second plateau augmente.
Le fait d’avoir des paramètres structuraux identiques malgré la substitution du Mn par Ni
et de présenter des propriétés d’hydrogénation qui différent de façon importante permet de
considérer un effet électronique important du nickel dans ces composés. Il influence
considérablement le comportement vis-à-vis de l’hydrogène.
L’augmentation de la différence de pression entre les deux hydrures, qui rend encore plus
difficile l’ajustement des plateaux dans un domaine étroit de pression, et la perte importante de
capacité lors de la substitution du manganèse par le nickel rendent inenvisageable cette voie pour
93
Chapitre III Les hydrures de type ABn
adapter les propriétés d’hydrogénation aux objectifs d’un stockage de l’hydrogène pour
l’utilisation par une pile à combustible. Nous avons alors envisagé de ne pas ajouter un quatrième
élément mais de modifier le rapport atomique Fe/Mn pour tenter d’élever les pressions
d’équilibres du composé Mn20.
III.2.4 Effets de la substitution de Mn par Fe : TiFe0,70+xMn0,20-x
Le rayon atomique du fer (1,26 Å) est plus petit que celui du manganèse (1,35 Å). Ainsi,
en substituant du manganèse par du fer (augmentation du rapport Fe/Mn) le volume de maille de
l’alliage devrait diminuer, entraînant par conséquent une augmentation des pressions d’équilibre
lors de l’hydrogénation.
III.2.4.a Elaboration et caractérisation structurale
Trois alliages TiFe0,70+xMn0,20-x avec x = 0,05, 0,10 et 0,15 (notés par la suite Mn15,
Mn10 et Mn05) ont été élaborés dans un four à induction haute fréquence, puis recuit une
semaine à 1273K sous atmosphère d’argon. Les résultats de caractérisations par RX et
microsonde électronique sont résumés dans le Tableau III-15.
Composition
nominale
a c Fract Composition analysée
Phase (Å) (Å) (%) (EPMA)
(Code) (±0,001) (±0,001)
V
(Å3)
(±0,01)
Groupe
d’espace/
ou
symétrie
Matrice 96,8 Ti1,00(1)Fe0,79(2)Mn0,12(2) 2,989 - 26,71 Pm-3m
1,2 Ti73,5(2)Fe20,3(1)Mn6,2(1)
(type Ti2Fe?) 11,320 - 1450,4 cubique TiFe0,75Mn0,15
(Mn15) Précipités
2,0 Ti78,5(2)Fe14,9(2)Mn6,6(1)
(type Ti) 2,944 4,616 34,64 hexagonale
Matrice 97,4 Ti1,00(1)Fe0,81(1)Mn0,09(1) 2,988 - 26,67 Pm-3m TiFe0,80Mn0,10
(Mn10) Précipité 2,6 Ti78,5(2)Fe17,2(2)Mn4,3(1)
(type Ti) 2,949 4,624 34,83 hexagonale
Matrice 97,0 Ti1,00(1)Fe0,85(1)Mn0,05(1) 2,985 - 26,59 Pm-3m TiFe0,85Mn0,05
(Mn05) Précipité 3,0 Ti79,3(2)Fe18,4(2)Mn2,3(1)
(type Ti) 2,954 4,622 34,92 hexagonale
Tableau III-15 : Caractérisations structurales et de composition des alliages TiFe0,70+xMn0,20-x, pour x = 0,05 ,
0,10 et 0,15.
94
Chapitre III Les hydrures de type ABn
Comme pour le composé Mn20 (x = 0), les alliages TiFe0,70+xMn0,20-x (x = 0,05, 0,10 et
0,15) présentent une phase majoritaire cubique (environ 97%) isomorphe à TiFe de groupe
d’espace Pm-3m. Les trois alliages présentent un précipité de type solution solide de titane. Mais
le composé Mn15 présente un second précipité dont la composition est moins riche en titane et
dont la structure semble être Ti2Fe.
Contrairement aux alliages TiFe0,70Mn0,20-yNiy dont le volume de maille est constant pour
y compris entre 0 et 0,08, le volume de maille des alliages TiFe0,70+xMn0,20-x décroît linéairement
avec l’augmentation du rapport Fe/Mn (Figure III-23).
0,00 0,04 0,08
0,00 0,05 0,10 0,15 0,2026,5
26,6
26,7
26,8
26,9
Vol
ume
de m
aille
(Å3 )
x dans TiFe0,70+xMn0,2-x
V = -1,446.x + 26,82
y dans TiFe0,70Mn0,20-yNiy
V = 0,125.y + 26,82
Figure III-23 : Relation linéaire entre le volume de maille et les taux de substitution x dans les composés TiFe0,70+xMn0,20-x et y dans les composés TiFe0,70Mn0,20-yNiy (symboles vides). Les valeurs de x et de y sont
déterminées par microsonde électronique.
En ce qui concerne l’homogénéité des échantillons, on note que le composé Mn15
présente une importante dispersion entre les éléments Fe et Mn (Figure III-24). De plus sa
composition, Ti1,00(1)Fe0,79(2)Mn0,12(2), est éloignée de la composition nominale. Au contraire, les
alliages Mn10 et Mn05, de composition respectives Ti1,00(1)Fe0,81(1)Mn0,09(1) et
Ti1,00(1)Fe0,85(1)Mn0,05(1) très proches des compositions nominales, sont des composés homogènes.
95
Chapitre III Les hydrures de type ABn
Tous les échantillons ont une densité semblable, proche de 6,3 (Tableau III-16). On
retrouve donc du titane en site B pour chaque échantillon TiFe0,70+xMn0,20-x pour x compris entre
0 et 0,15.
Composés Mn20 Mn15 Mn10 Mn05
Densité 6,33(2) 6,27(2) 6,35(3) 6,34(2)
Tableau III-16 : Densités des échantillon Mn20, Mn15, Mn10 et Mn05 mesurées par pycnomètrie.
0 20 40 60 8040
45
50
55
60
0
5
10
15
20Mn15
% atom
ique
% a
tom
ique
Points
Ti
Fe
Mn
0 20 40 60 8040
45
50
55
60
0
5
10
15
20
% atom
ique
% a
tom
ique
Points
Ti
Fe
Mn
Mn10
0 20 40 60 8040
45
50
55
60
0
5
10
15
20Mn05
% atom
ique%
ato
miq
ue
Points
Ti
Fe
Mn
Figure III-24 : Analyse à la microsonde électronique des composés Mn15, Mn10 et Mn05. Une dispersion plus
importante entre les éléments Fe et Mn est observée pour le composé Mn15.
III.2.4.b Propriétés d’hydrogénation
L’étude d’hydrogénation porte sur les composés Mn10 et Mn05. Le composé Mn15 n’a
pas été caractérisé du fait de son inhomogénéité observée à la microsonde électronique.
96
Chapitre III Les hydrures de type ABn
III.2.4.b.i Isothermes
Les composés Mn10 et Mn05 absorbent facilement l’hydrogène à 298 K et ne nécessite
aucun traitement d’activation particulier avant la première hydrogénation. Les isothermes à 298
K et 338 K de ces deux alliages sont présentées sur la Figure III-25.
On observe une différence de capacité totale entre les deux échantillons (Tableau
III-17). Le composé Mn10 absorbe 1,92% en masse (capacité identique au composé initial
Mn20) alors que le composé Mn05 n’absorbe que 1,68% en masse à 298 K sous 2 MPa.
298 K 338 K
Mn10 1,92 1,75
Mn05 1,68 1,71
Tableau III-17 : Capacités d'hydrogénation des composés Mn10 et Mn05 à 298 K et 338 K.
Les pressions d’équilibre des deux alliages restent basses à température ambiante pour
notre application puisqu’elles sont inférieures à 0,25 MPa. On remarque également que la
différence de pression, ln(P2/P1), entre le second plateau et le premier plateau, en absorption et en
désorption, est plus importante pour le composé Mn05 que pour Mn10, mais surtout qu’elle
augmente avec la température. L’écart de pression d’équilibre entre le premier et le second
plateau est plus élevé à 338 K. Ce phénomène associé à l’hystérésis entre absorption et
désorption entraîne des difficultés à adapter un hydrure à deux plateaux dans un domaine étroit
en pression (0,4-2 MPa). Ainsi à 338 K, seule la pression de désorption du premier hydrure de
Mn10 est en dessous de 0,4 MPa (0,24 MPa), alors que la pression d’absorption du second
hydrure de Mn05 dépasse 2 MPa (2,23 MPa). Cela implique que la capacité réversible entre 0,4
MPa et 2 MPa est fortement réduite par rapport à la capacité totale.
97
Chapitre III Les hydrures de type ABn
0,0 0,5 1,0 1,5 2,00,01
0,1
1
10 Capacité totale
Pres
sion
(MPa
)
Capacité massique (%)
Capacité réversible
Figure III-25 : Courbes isothermes des composés Mn10 (symboles vides) et Mn05 (symboles pleins) à 298 K
(triangles) et 338 K (carrés). Les capacités totale et réversible (entre 0,4 et 2 MPa) sont représentées pour le
composé Mn05 à 338 K.
Absorption Désorption
1er
plateau
2ème
plateau
1er
plateau
2ème
plateau
ln(P2/P1) ln(P2/P1)
Peq à 298 K (MPa) 0,172 0,400 0,844 0,093 0,235 0,927 Mn05
Peq à 338 K (MPa) 0,710 2,231 1,145 0,427 1,431 1,209
Peq à 298 K (MPa) 0,122 0,244 0,693 0,065 0,188 1,062 Mn10
Peq à 338 K (MPa) 0,445 1,172 0,968 0,237 0,855 1,283
Tableau III-18 : Caractérisations thermodynamiques des composés Mn05 et Mn10.
III.2.4.b.ii Mesure cinétique
La mesure de la cinétique d’absorption a été réalisée à 298 K sous pression quasi-
constante de 2 MPa. Le temps nécessaire (t90) pour arriver à un taux de conversion de 90% est de
157 secondes (Figure III-26). L’alliage absorbe donc très rapidement l’hydrogène à cette
98
Chapitre III Les hydrures de type ABn
température permettant une hydrogénation inférieure à la limite des 300 secondes donnée par le
cahier des charges.
Figure III-26 : Cinétique d’absorption du composé Mn10 à 298 K sous une pression quasi-constante de 2 MPa
(t90 = 157secondes).
III.2.4.c Discussion
La substitution du manganèse par le fer (augmentation du rapport Fe/Mn) dans les
composés TiFe0,70+xMn0,20-x amène à une réduction linéaire du volume de maille. Cette
diminution du paramètre de maille entraîne en conséquence une élévation des pressions
d’équilibre des hydrures correspondant. Le composé Mn10 présente alors des pressions
d’équilibre en absorption et en désorption supérieures à 0,2 MPa à 338 K.
La capacité totale reste stable à environ 1,9 % massique à 298 K pour x ≤ 0,10, mais
semble diminuer lorsque x est supérieur (1,7 % massique pour le composé Mn05).
Ces composés conservent une bonne cinétique, puisque l’absorption de 90% de leur
capacité totale s’effectue en moins de 300 secondes à 298 K et sous une pression quasi-constante
de 2 MPa. Une étude de cyclage de l’alliage Mn10 reste à mener pour caractériser sa durée de
vie.
La substitution du manganèse par le fer a donc permis d’ajuster les pressions de plateau
pour un fonctionnement à 338 K. A cette température la capacité réversible pour le composé
Mn10 est égale à 0,65 % massique entre 0,4 et 2 MPa et 1,65 % massique entre 0,2 et 2 MPa.
99
Chapitre III Les hydrures de type ABn
III.2.5 Conclusion
L’alliage TiFe0,70Mn0,20 (Mn20) présente un très bon comportement vis-à-vis de
l’hydrogène. Contrairement au composé TiFe, il n’est pas nécessaire d’effectuer un traitement
d’activation avant la première hydrogénation. L’excès de titane, se situant sur le site B de
l’alliage, et la substitution du fer par le manganèse permet au composé Mn20 de réagir
spontanément avec l’hydrogène dans des conditions proches de l’ambiante (298 K, 1 MPa de
H2). Sa capacité totale réversible (1,9 % massique), sa cinétique d’absorption (t90 < 300
secondes) et son faible coût en font un candidat possible pour le stockage de l’hydrogène.
Cependant, pour l’alimentation d’une pile à combustible, ses pressions d’équilibre sont faibles
(inférieures à 0,1 MPa à 298 K). Afin d’élever les pressions de plateau, nous avons étudier les
composés TiFe0,70Mn0,20-yNiy (y = 0,04 et 0,08) et TiFe0,70+xMn0,20-x (x ≤ 0,15).
La substitution du manganèse par le nickel, composés TiFe0,70Mn0,20-yNiy (y = 0,04 et
0,08), n’a pas modifié le volume de maille des alliages. Les alliages ont la même structure que
Mn20 avec le titane en excès situé en site B. La réaction avec l’hydrogène ne nécessite pas de
traitement d’activation. Par contre la capacité diminue avec la proportion de nickel dans
l’échantillon et la différence de pression entre les deux plateaux augmente rendant encore plus
difficile l’ajustement des plateaux dans un domaine de pression étroit. La substitution du
manganèse par le nickel a tendance à détériorer les caractéristiques d’hydrogénation du composé
initial Mn20 et n’est donc pas la meilleure solution pour amener les pressions d’équilibre dans le
domaine envisagé.
La substitution du manganèse par le fer, composés TiFe0,70+xMn0,20-x (0 ≤ x ≤ 0,15),
permet de diminuer le volume de maille et par conséquence d’élever les pressions d’équilibre.
Ainsi le composé Mn10 présente des pressions d’équilibre supérieures à 0,2 MPa à 338 K. Cela
permet d’atteindre une capacité réversible entre 0,2 et 2 MPa de 1,65 % massique à cette
température. De plus, l’absorption est très rapide avec un temps d’absorption de 90% de sa
capacité inférieur à 300 secondes. Cependant, il apparaît des difficultés à ajuster les pressions
d’équilibre d’un système à deux plateaux dans un domaine étroit de pression. Enfin, la tenue au
cyclage du composé Mn10 reste à déterminer par une étude de cyclage d’absorption/désorption
d’hydrogène.
100
Chapitre III Les hydrures de type ABn
III.3 Conclusions sur les hydrures de type ABn
Cette étude avait pour but de déterminer parmi les hydrures « conventionnels » des
composés pouvant répondre au mieux au cahier des charges en ce qui concerne le réservoir
tampon de démarrage à froid et le réservoir principal pouvant fonctionner de la température
ambiante jusqu’à 338 K.
L’alliage de type AB5 La0,55Y0,45Ni5 présente un comportement à l’hydrogénation
répondant parfaitement aux objectifs d’un hydrure tampon pour le démarrage à froid. En effet, il
présente des pressions de plateau adaptées (supérieures à 0,2 MPa à 253 K), une très bonne
cinétique d’absorption à toute température (absorption en moins de 300 secondes) et un excellent
vieillissement au cours de cyclage absorption/désorption (notamment dû à la présence d’un
hydrure intermédiaire γ). L’étude d’un réservoir pilote contenant 2 g d’hydrogène (environ 200 g
d’alliage) a permis de valider les performances de ce composé en tant qu’hydrure tampon pour le
démarrage à froid.
Le composé TiFe0,70Mn0,20 (Mn20) présente des pressions de plateau trop basses pour
l’application automobile malgré une bonne réactivité vis-à-vis de l’hydrogène, une capacité
intéressante, une cinétique d’absorption favorable et un coût faible. L’étude a montré que la
substitution du manganèse par le fer dans l’alliage permet d’élever les pressions d’équilibre tout
en conservant les autres caractéristiques d’hydrogénation du composé Mn20. Ainsi le composé
TiFe0,80Mn0,10 présente des pressions d’équilibre comprises dans le domaine 0,2-2 MPa à 338 K
permettant d’atteindre une capacité de 1,65 % massique. Une substitution plus importante du
manganèse affecte de façon importante la capacité massique réversible dans ce domaine de
pression. De même, la substitution du manganèse par du nickel détériore les propriétés
d’hydrogénation du composé. C’est donc le composé TiFe0,80Mn0,10 (Mn10) qui présente le
meilleur compromis, parmi les alliages de type AB étudiés, pour une utilisation en tant que
réservoir principal.
Cependant, les capacités massiques de ces hydrures restent faibles pour un réservoir
d’hydrogène principal. Il faut donc envisager l’utilisation d’hydrures plus légers tels que les
alliages à base Ti-V qui ont une capacité massique globale beaucoup plus importante. L’étude de
tels hydrures fait l’objet du chapitre IV.
101
Chapitre III Les hydrures de type ABn
Références
1. Achard, J.-C., et al., Rare earth ternary hydrides. Hydrogen storage applications, in 2nd Int. Congress on Hydrogen in Metals. 1977: Paris. p. 1E12.
2. Van Mal, H.H., K.H.J. Buschow, and A.R. Miedema, Hydrogen absorption in LaNi5 and related compounds: experimental observations and their explanation. Journal of the Less-common Metals, 1974. 35: p. 65–76.
3. Percheron-Guégan, A., et al., Neutron and X-ray diffraction profile analyses and structure of LaNi5, LaNi5-xAlx and LaNi5-xMnx intermetallics and their hydrides (deuterides). Journal of the Less-Common Metals, 1980. 74: p. 1–12.
4. Cerný, R., et al., Anisotropic diffraction peak broadening and dislocation substructure in hydrogen cycled LaNi5 and substitutional derivatives. Journal of Applied Crystallography, 2000. 33: p. 997-1005.
5. Williamson, G.K. and W.H. Hall, X-ray line broadening from filed aluminium and wolfram. Acta Metallurgica, 1953. 1(1): p. 22–31.
6. Krivoglaz, M.A., Theory of X-ray and Thermal Neutron Scattering by Real Crystals. 1969: New York : Plenum.
7. Klimanek, P. and R. Kuzel, Jr., X-ray diffraction line broadening due to dislocations in non-cubic materials. I. General considerations and the case of elastic isotropy applied to hexagonal crystals. Journal of Applied Crystallography, 1988. 21: p. 59–66.
8. Latroche, M., et al., Neutron diffraction study of the deuterides of the over-stoichiometric compounds LaNi5+x. Journal of Solid State Chemistry, 2004. 177(4-5): p. 1219–1229.
9. Joubert, J.-M., et al., Crystallographic study of LaNi5-xSnx (0.2<=x<=0.5) compounds and their hydrides. Journal of Alloys and Compounds, 1999. 293-295: p. 124–129.
10. Latroche, M., et al., Structural studies of LaNi4CoD6.11 and LaNi3.55Mn0.4Al0.3Co0.75D5.57 by means of neutron powder diffraction. Journal of Alloys and Compounds, 1995. 218(1): p. 64–72.
11. Rodríguez-Carvajal, J., Fullprof: a program for Rietveld refinement and pattern matching analysis. Physica B, 1993. 192: p. 55-69.
12. Latroche, M., A. Percheron-Guégan, and F. Bourée-Vigneron, Investigation of the crystallographic structures of LaNi4CoD4.4 and LaNi3.55Mn0.4Al0.3Co0.75Dx (x=2.0 and 4.6 D/f.u.) by neutron powder diffraction. Journal of Alloys and Compounds, 1998. 265(1-2): p. 209–214.
13. Cuevas, F., et al., In situ neutron-diffraction study of deuterium desorption from LaNi5+X(x~1) alloy. Applied Physics A, 2002. 74: p. S1175–S1177.
14. Chartouni, D. and K. Gross, Phase transitions in LaNi4Co during electrochemical cycling an in situ X-ray diffraction study. Journal of the Electrochemical Society, 2001. 148(3): p. A241–A248.
15. Latroche, M., A. Percheron-Guégan, and Y. Chabre, Influence of cobalt content in MmNi4.3-xMn0.3Al0.4Cox alloy (x=0.36 and 0.69) on its electrochemical behaviour studied by in situ neutron diffraction. Journal of Alloys and Compounds, 1999. 293-295: p. 637–642.
16. Ono, S., et al., Phase transformations of the LaNi5-H2 system. Journal of the Less-Common Metals, 1985. 113: p. 113–117.
17. Reilly, J.J. and J.R. Johnson. Titanium alloy hydrides their properties applications. in Proc 1st World Hydrogen Energy Conference. 1976.
18. Villars, P., A. Prince, and H. Okamoto, eds. Handbook of Ternary Alloy Phase Diagramms. ASM International. 1997.
102
Chapitre III Les hydrures de type ABn
19. Matsumoto, T., M. Amano, and Y. Sasaki, Hydrogenation of TiFe-based alloys containing beta-Ti. Journal of the Less-Common Metals, 1982. 88: p. 443–449.
20. Nambu, T., et al., Electronic structure and hydriding property of titanium compounds with CsCl type structure. Journal of Alloys and Compounds, 1999. 293-295: p. 213-216.
21. Lee, S.M. and T.P. Perng, Correlation of substitutianal solid solution with hydrogenation properties of TiFe1-xMx (M = Ni, Co, Al) alloys. Journal of Alloys and Compounds, 1999. 291: p. 254–261.
22. Miyamura, H., et al., Metal hydride electrodes using titanium-iron-based alloys. Journal of Alloys and Compounds, 2003. 356-357: p. 755–758.
103
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
Chapitre IV. Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
IV.1 But de l’étude
Les hydrures de type ABBn possèdent des propriétés d’hydrogénation (pression d’équilibre,
cinétique, durée de vie,…) permettant d’envisager leur emploi comme matériaux de stockage de
l’hydrogène. Cependant, leur capacité massique inférieure à 2 % limite leur possibilité
d’utilisation dans les applications mobiles nécessitant une masse de réservoir la plus faible
possible.
Il est donc nécessaire d’étudier des alliages plus légers dont la capacité massique est plus
élevée. Les solutions solides à base Ti-V sont des candidats possibles puisque leur capacité
massique totale atteint 4 % [1]. Lors de l’hydrogénation, la formation successive de 2 hydrures
est observée, (Ti-V)H~1 puis (Ti-V)H~2. Le premier hydrure est très stable et la désorption ne se
produit pas sous des conditions modérées. Par contre, la stabilité du second hydrure est moindre
et l’absorption/désorption d’hydrogène peut s’effectuer dans des conditions proches de
l’ambiante.
Ainsi les composés de type Ti-Cr-V présentent une capacité réversible de 2,4 % massique
à température proche de l’ambiante [2-6]. Or le chrome, présent en forte proportion dans ces
alliages (>30%), est un élément relativement coûteux en comparaison des éléments de transition
Mn, Fe, Co et Ni. Peu d’études rapportent le comportement à l’hydrogénation des composés Ti-
V-X avec X = Mn, Fe, Co et Ni [7-9]. Chen et al. [7] ont étudié l’influence du nickel sur le
comportement à l’hydrogénation dans ces composés. Ils ont montré que les alliages de
composition TiV2,0-xNix présentent la meilleure capacité pour x = 0,2. Nous avons donc choisi en
partant de cet alliage d’étudier l’effet sur l’hydrogénation des éléments Mn, Fe, Co et Ni pour des
alliages de même composition que nous noterons Ti33V60M7 où M = Mn, Fe, Co et Ni.
104
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
IV.2 Les composés Ti33V60M7
IV.2.1 Elaboration et caractérisation structurale
Les alliages Ti33V60M7 (notés M7) avec M = Mn, Fe, Co et Ni sont élaborés par co-fusion
des éléments en four à induction haute fréquence. Les échantillons suivent ensuite un traitement
thermique de recuit sous atmosphère d’argon à 1273 K pendant 15 jours puis sont trempés.
Ces alliages sont très durs et ductiles. Il est nécessaire de découper un parallélépipède à la
scie circulaire diamantée pour l’analyse à la microsonde électronique et de la poudre est obtenue
à l’aide d’une lime pour réaliser la diffraction des rayons X.
Le Tableau IV-1 donne les conditions du traitement thermique et récapitule les résultats
de la caractérisation par diffraction des rayons X et de l’analyse de composition par microsonde
électronique.
Composition nominale
(code)
Recuit température
(K) / durée (j)
V (Å3) a (Å) Composition analysée (EPMA)
Groupe d’espace (± 0,001) (± 0,01)
Ti33V60Mn7 (Mn7) 1273 K / 15 j Ti36,0(3)V59,2(3)Mn4,7(1) 3,103 29,87 Im-3m
Ti33V60Fe7 (Fe7) 1273 K / 15 j Ti33,0(3)V59,0(4)Fe8,0(1) 3,087 29,42 Im-3m
Ti33V60Co7 (Co7) 1273 K / 15 j Ti34,6(4)V57,7(5)Co7,7(2) 3,084 29,33 Im-3m
Ti33V60Ni7 (Ni7) 1273 K / 7 j Ti30,9(15)V63,7(29)Ni5,4(14) 3,087 29,41 Im-3m
Tableau IV-1 : Conditions du traitement de recuit et caractérisation des alliages Ti33V60M7 avec M = Mn, Fe, Co, Ni (groupe d’espace Im-3m).
Les alliages Mn7, Fe7 et Co7, recuits 15 jours à 1273 K, présentent une seule phase
cubique centrée de groupe d’espace Im-3m. Leur composition est proche de la composition
nominale sauf pour Mn7 où le manganèse se trouve en défaut. La perte de manganèse observée
provient de la sublimation de cet élément lors des fusions et du traitement thermique. L’ajout
initial de 5% en masse de Mn en excès n’a que partiellement limité cette perte en manganèse.
105
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
Le volume de maille diminue avec le rayon atomique de l’élément de transition (RMn >
RFe > RCo).
Le composé Ni7, recuit 7 jours à 1273 K, présente une matrice inhomogène de structure
cubique centrée (groupe d’espace Im-3m) et un précipité de composition Ti61,9(2)V7,7(3)Ni28,9(6),
observé à la microsonde électronique, pouvant correspondre à une phase de type Ti2Ni. La
présence de ce précipité modifie la composition de la matrice par rapport à la composition
nominale, et par conséquent son volume de maille.
IV.2.2 Propriétés d’hydrogénation
IV.2.2.a Traitement de post-hydrogénation et capacité totale
Les composés à base Ti-V étant très dur, il est nécessaire de découper un morceau de
l’échantillon pouvant être introduit dans le porte-échantillon. Cette étape entraîne la formation
d’une couche d’oxydation à la surface du matériau. L’alliage ainsi découpé n’absorbe pas
d’hydrogène à température ambiante et sous forte pression d’hydrogène (6 MPa).
Afin d’éliminer cette couche d’oxydation, un traitement chimique à l’acide fluorhydrique
a été envisagé. Le morceau d’alliage est plongé dans un bain d’acide HF à 10% en volume
pendant 20 secondes. Il est ensuite plongé dans deux bains successifs d’éthanol qui permettent de
stopper la réaction de l’acide tout en limitant sa réoxydation. L’échantillon est rapidement
introduit dans le porte-échantillon puis placé sous vide primaire sur un banc d’hydrogénation.
Mais l’alliage n’absorbe toujours pas d’hydrogène à température ambiante sous 6 MPa.
La voie chimique ne fonctionnant pas pour activer l’hydrogénation des alliages,
l’activation par traitement thermique a été considérée. Le traitement consiste à chauffer l’alliage
sous vide primaire d’une atmosphère résiduelle d’hydrogène de 298 K à 773 K, puis de le
refroidir à température ambiante. Après ce traitement, l’alliage réagit instantanément avec
l’hydrogène à 298 K. Ce traitement de post-hydrogénation permet donc de réduire la couche de
passivation qui bloque la réaction avec l’hydrogène. Ce procédé sera utilisé pour tous les alliages
légers à base de Ti-V de ce chapitre.
106
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
Après ce traitement thermique, les composés Ti33V60M7 absorbent une large quantité
d’hydrogène à température ambiante. La capacité totale de ces alliages atteint 3,8-4,0 % en masse
suivant l’élément M (Mn, Fe, Co, Ni) comme indiqué dans le Tableau IV-2.
La capacité réversible à 298 K est mesurée sous 2 MPa après une désorption sous vide
primaire (10-6 MPa) à température ambiante pendant 1h. Cette capacité est faible puisqu’elle
atteint 0,33 % massique pour le composé Fe7, ce qui représente seulement 8,5 % de sa capacité
globale.
Mn7 Fe7 Co7 Ni7
Capacité totale (% massique) 3,99 3,95 3,85 3,85
Capacité réversible (% massique) 0,17 0,33 0,25 0,33
Tableau IV-2 : Capacités totales et réversibles à 298 K des composés Ti33V60M7 avec M = Mn, Fe, Co, Ni. L’absorption est réalisée à 298 K sous 0,2 MPa d’hydrogène et la désorption s’effectue sous vide primaire (10-6 MPa) à 298 K pendant 1h.
IV.2.2.b Désorption thermique
La quantité d’hydrogène désorbée à température ambiante est faible pour les composés
Ti33V60M7. La désorption des hydrures doit se réaliser à plus haute température. Pour déterminer
la température à laquelle les hydrures désorbent, une étude thermique est réalisée. Ce procédé
consiste à chauffer l’hydrure sous vide primaire de la température ambiante à 773 K à une vitesse
constante de 10 K/min. Le signal de la jauge à vide et la température de l’échantillon sont
enregistrés. Quand de l’hydrogène est désorbé, il est évacué par la pompe primaire et modifie le
signal de la jauge à vide.
L’évolution de la pression mesurée par la jauge à vide en fonction de la température de
l’échantillon est représentée sur la Figure IV-1 pour chaque hydrure.
107
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
Figure IV-1 : Désorptions thermiques des composés Ti33V60M7 avec M = Mn, Fe, Co, Ni. Les graphiques représentent la pression mesurée par la jauge à vide en fonction de la température. Trois températures de désorption sont observées pour chaque alliage.
Pour chaque composé, les désorptions thermiques présentent trois températures pour
lesquelles un dégagement gazeux est observé. Or, le traitement de post-hydrogénation qu’ont
subi les alliages s’effectue à la même température que la désorption thermique, 773 K. Ce
traitement a permis d’éliminer toutes molécules adsorbées en surface du matériau. L’alliage n’a
été en contact qu’avec une pression d’hydrogène par la suite. Cela permet d’attribuer
exclusivement ces dégagements gazeux à la désorption d’hydrogène.
Les composés Ti33V60M7 présentent trois températures de désorption d’hydrogène : deux
pics de largeurs étroites à des températures inférieures à 480 K et un pic très large au dessus de
640 K (Tableau IV-3).
108
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
Mn Fe Co Ni Volume de maille
(Å3) 29,87 29,42 29,33 29,41
T1 (K) 403 406 390 386
T2 (K) 479 451 410 415
T3 (K) 684 656 640 644
Tableau IV-3 : Volume de maille et températures de désorption des alliages Ti33V60M7 avec M = Mn, Fe, Co, Ni.
L’allure des deux premiers pics varie en fonction de l’élément M. Ainsi, le composé Mn7
ne semble pas désorber un grande quantité d’hydrogène à 403 K en comparaison du composé
Co7 dont le premier pic est très intense. Cette caractéristique a une incidence sur les capacités
massiques réversibles à différentes températures des échantillons.
IV.2.2.c Capacités réversibles à différentes températures de désorption
La capacité réversible à température ambiante des alliages Ti33V60M7 avec M = Mn, Fe,
Co et Ni est faible comparée à leur capacité totale. Les désorptions thermiques des hydrures ont
montré qu’il existe trois températures de désorption pour chaque composé qui varient en fonction
du volume de maille de l’alliage. Afin de pouvoir comparer les capacités de désorption des
alliages, des mesures de quantité d’hydrogène désorbée ont été réalisées à des températures fixes
et non pas aux températures de désorption de chaque alliage.
Ainsi, les capacités des alliages Ti33V60M7 ont été mesurées à température ambiante après
désorption à 298, 373, 473 et 573 K sous vide primaire (10-6 MPa) pendant une heure. Cinq
mesures sont effectuées à chaque température comme le montre la Figure IV-2 pour le composé
Ni7. Aucune perte significative de capacité n’est observée quelque soit la température de
désorption. De plus, la capacité à 298 K n’est pas modifiée par les désorptions à haute
température (<573 K) ce qui montre le bon comportement des alliages à ces températures. La
valeur moyenne de la capacité obtenue à chaque température de désorption est donnée dans le
Tableau IV-4.
109
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
Température (K) Mn Fe Co Ni
298 0,17 0,33 0,25 0,33
373 0,50 2,03 1,86 1,86
473 2,54 2,60 2,54 2,37
573 3,08 3,18 3,15 2,95
Tableau IV-4 : Capacités massiques (%) des alliages Ti33V60M7 avec M = Mn, Fe, Co, Ni après désorption à 298, 373, 473 et 573 K sous vide primaire pendant une heure.
Figure IV-2 : Capacité massique (%) de l'alliage Ni7 à température ambiante après des désorptions à 298, 373, 473 et 573 K sous vide primaire (10-6 MPa) pendant une heure.
Le composé Mn7 présente de faibles capacités massiques à 298 K (0,17 %) et à 373 K
(0,50 %) alors que les alliages Fe7, Co7 et Ni7 ont une capacité massique qui atteint 1,9-2,0 % à
373 K. Cette différence de capacité entre les alliages qui ne s’observe pas à plus haute
température est en accord avec la faible intensité du premier pic de désorption du composé Mn7
lors de la désorption thermique (Figure IV-2). Les trois autres alliages ont des propriétés
d’hydrogénation similaires. Il apparaît néanmoins que le composé Fe7 présente la meilleure
capacité à chaque température de désorption.
110
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
IV.2.2.d Isothermes
Afin d’approfondir les résultats obtenus par les études de désorption thermique, les
courbes isothermes des composés Fe7 et Mn7 à 298, 373 et 473 K ont été mesurées et sont
reportées sur les Figure IV-3 et Figure IV-4. Les pressions d’équilibre des deux alliages sont
présentées dans le Tableau IV-5.
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,01E-4
1E-3
0,01
0,1
1
298 K373 K
473 K
Pre
ssio
n (M
Pa)
Capacité massique (%)
Fe7
0,33%, 298K
2,03%, 373K
2,60%, 473K
Figure IV-3 : Courbes Pression-Composition-Isothermes d'absorption (symboles vides) et de désorption (symboles pleins) du composé Fe7 à 298 K (triangles), 373 K (cercles) et 473 K (carrés). Les capacités massiques après désorption à 298, 373 et 473 K sous vide primaire pendant une heure sont représentées par des barres horizontales (Tableau IV-4).
111
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,01E-4
1E-3
0,01
0,1
1
298 K373 K
473 K
Pres
sion
(MPa
)
Capacité massique (%)
Mn7
0,17%, 298K
0,50%, 373K2,54%, 473K
Figure IV-4 : Courbes Pression-Composition-Isothermes d'absorption (symboles vides) et de désorption (symboles pleins) du composé Mn7 à 298 K (triangles), 373 K (cercles) et 473 K (carrés). Les capacités massiques après désorption à 298, 373 et 473 K sous vide primaire pendant une heure sont représentées par des barres horizontales (Tableau IV-4).
Fe7 Mn7
absorption désorption absorption désorption
< 10-3298 K < 10-3 < 10-3 < 10-3
373 K 0,019 0,004 < 10-3 < 10-3
473 K 1,860 0,286 0,445 0,063
Tableau IV-5 : Pressions d'équilibre (MPa) des composés Fe7 et Mn7 en fonction de la température.
A température ambiante, les pressions d’équilibres sont inférieures à 10-3 MPa pour les
deux alliages. L’absorption et la désorption se font uniquement sur la branche β de l’isotherme ce
qui explique la faible capacité mesurée à cette température.
A plus haute température, le composé Fe7 présente un plateau d’équilibre peu pentu. La
pression d’équilibre en désorption est faible à 373 K (0,004 MPa), mais atteint 0,29 MPa à 473 K
ce qui est proche de la pression minimale requise (0,4 MPa) par le cahier des charges pour
112
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
pouvoir alimenter une pile à combustible. Néanmoins, la température (473 K) pour laquelle le
plateau atteint une telle pression est encore élevée pour l’application.
Le composé Mn7 ne présente un plateau d’équilibre qu’à haute température, 473 K.
Jusqu’à 373 K, la pression d’équilibre est inférieure à 10-3 MPa et l’hydrure reste sur la branche β
lors des cycles absorption/désorption, d’où les capacités massiques réversibles faibles mesurées.
Même à 473 K, la pression du plateau d’équilibre est relativement basse et ne satisfait pas au
cahier des charges
IV.2.3 Structure des hydrures
Lors de l’hydrogénation des solutions solides à base de titane-vanadium, le composé
change de structure passant d’une structure cubique centrée (cc) pour le métal à une structure
cubique à faces centrées (cfc) de groupe d’espace Fm-3m pour le dihydrure. Cette propriété est
assez peu répandue dans les hydrures métalliques pour lesquels la structure de la charpente
métallique reste en général inchangée hormis l’augmentation du volume de maille. Afin de mieux
caractériser cette transition structurale, une étude par diffraction a été menée. Les diagrammes de
diffraction de rayons X du composé Fe7 et de l’hydrure β saturé sont donnés sur la Figure IV-5.
20 30 40 50 60 70 80 90 100
22021
1
200
110
2 theta (°)
Intermétallique(cc)
400
22231
1
22020
0
Hydrure(cfc)
111
Figure IV-5 : Diagrammes de diffraction de rayons X du composé intermétallique Ti33V60Fe7 (cubique centré Im-3m) et de son hydrure (cubique à faces centrées Fm-3m).
113
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
On observe bien le changement de structure cristalline pour nos échantillons. Le nombre
d’unités formulaires par maille étant différent suivant la structure cc (Z=2) ou cfc (Z=4), le
volume par unité formulaire est utilisé pour comparer les deux structures. L’hydrogénation a
entraîné une augmentation de volume de 36,8% passant de 14,71 Å3/u.f. (métal) à 20,12 Å3/u.f.
(dihydrure). Cette dilatation du réseau est importante comparée aux composés de type AB5 dont
l’expansion de volume est de l’ordre de 25 %.
Afin de déterminer l’évolution structurale de l’échantillon ainsi que la position des
atomes d’hydrogène dans la structure durant l’hydrogénation, une étude par diffraction
neutronique a été effectuée. Cette étude a été réalisée à l’Institut Laue Langevin (ILL) à Grenoble
sur le diffractomètre D1B avec une longueur d’onde λ de 1,28 Å. Environ 8 g de chaque
échantillon (Ti33V60M7 avec M = Mn, Fe et Ni) sont deutérés à température ambiante. Les
deutérures sont stockés sous atmosphère d’argon jusqu’à leur transfert dans un porte-échantillon
en acier inoxydable pour les mesures de diffraction de neutrons. La pression d’équilibre en
hydrogène (deutérium) à 298 K étant très basse pour ces alliages (< 10-3 MPa), il est considéré
qu’aucune perte significative en deutérium ne peut avoir lieu durant le transfert avant la mesure
de diffraction.
Que ce soit pour l’intermétallique (structure cc) ou bien pour l’hydrure (structure cfc), les
éléments de la charpente métallique (Ti, V, M) ont une distribution aléatoire sur les sites 2a
(0,0,0) (groupe d’espace Im-3m) et 4a (0,0,0) (groupe d’espace Fm-3m). La longueur de
diffraction cohérente moyenne bc est alors la somme pondérée des diffractions cohérentes des
éléments de la charpente métallique (Tableau IV-6). Elle est faible pour chaque alliage (Tableau
IV-7). La contribution de la charpente métallique à la diffraction neutronique est donc réduite.
Les diagrammes de diffraction neutronique montrent donc presque uniquement les pics de
diffraction du sous réseau de deutérium (bc(D) = 6,67 fm), ainsi que ceux du porte-échantillon en
acier inox (bc(Fe) = 9,45 fm) (Figure IV-6). Ainsi, pour un échantillon parfaitement désorbé, les
intensités des pics correspondant à la charpente métallique des échantillons sont pratiquement
nulles.
Elément Ti V Mn Fe Ni
bc (fm) -3,44 -0,38 -3,73 +9,45 +10,3
114
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
Tableau IV-6 : Longueurs de cohérence des éléments constituants nos échantillons
Alliage Mn7 Fe7 Ni7
bc (fm) -1,63 -0,70 -0,64
Tableau IV-7 : Longueur de cohérence moyenne bc de la charpente métallique des alliages Ti33V60M7 avec M = Mn, Fe, Co, Ni.
Dans la structure cfc de l’hydrure (groupe d’espace Fm-3m), il existe deux types de sites
possibles pour l’absorption de l’hydrogène (deutérium) : les sites octaédriques (O) 4b (½, ½, ½)
et les sites tétraédriques (T) 8c (¼, ¼, ¼). Le mode F du groupe d’espace vérifie les conditions
générales de réflexion h+k+l=2n. Les sites tétraédriques présentent une condition de réflexion
supplémentaire aux conditions générales, hkl : h=2n. Les sites octaédriques n’ont pas de
conditions de réflexion particulières.
Figure IV-6 : Diagrammes de diffraction neutronique des deutérures correspondant aux alliages Mn7, Fe7 et Ni7. Les carrés noirs indiquent les pics de diffraction du porte-échantillon en acier inoxydable.
Or, il apparaît dans les diagrammes de diffraction neutronique des deutérures que les pics
vérifiant la condition hkl : h=2n+1 ne sont pas présents (sauf le pic 111 pour le composé Mn7
dont la longueur de cohérence moyenne de la charpente métallique est la plus élevée). Seul le
sous réseau de deutérium contribuant à la diffraction, il apparaît que les atomes de deutérium
dans la structure cfc du deutérure (hydrure) sont sur les sites tétraédriques. L’affinement de
115
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
Rietveld des diagrammes de diffraction neutronique des deutérures confirme ce résultat (Figure
IV-7). Seuls les sites tétraédriques 8c sont occupés par les atomes de deutérium (Tableau IV-8).
Figure IV-7 : Diagrammes de diffraction neutronique observé, calculé et différence obtenus pour le deutérure du composé Mn7 (groupe d’espace Fm-3m).
V = 81,35(3) Å3G.E. : Fm-3m Ti33V60Mn7H188 a = 4,333(1) Å
Elément Site de Wickoff Position Occupation
1a (Ti, V, Mn) (0, 0, 0) 2
D (tétraédrique) 8c (1/4,1/4,1/4) 3,76(4)
D (octaédrique) 4b (1/2,1/2,1/2) 0,00(3)
Rf = 4,03 % RBragg = 6,17 %
Tableau IV-8 : Données cristallographiques du dihydrure du composé Mn7 obtenus par affinement Rietveld du diagramme de diffraction neutronique.
Pour suivre l’évolution structurale de l’échantillon lors de la déshydrogénation, une
désorption thermique entre 298 K et 723 K (montée en température en 4h) est appliquée aux
échantillons. Cette analyse est suivie par diffraction des neutrons (Figure IV-8).
116
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
Figure IV-8 : Evolution du diagramme de diffraction neutronique du composé Mn7 en fonction de la température lors de la désorption thermique. La transformation de la structure cfc (deutérure) vers la
structure cc (intermétallique) est observée vers 700 K.
Lors de cette désorption thermique, la structure cfc est conservée jusqu’à environ 673 K à
partir de laquelle une diminution de l’intensité des pics de diffraction est observée, accompagnée
par l’apparition d’un pic à 33° en 2 theta. Ce pic est attribué à la structure cc de l’intermétallique
mais sa faible intensité et l’absence d’autres pics ne permettent pas de déterminer le taux
d’occupation ni la position des atomes de deutérium qui pourraient encore être absorbés dans
l’échantillon. La Figure IV-9 montre l’évolution de la structure de l’échantillon lors de la
désorption thermique. Le paramètre de maille a du deutérure (cfc) augmente légèrement avec la
température traduisant une dilatation thermique du réseau jusqu’à 673 K. A cette température, le
paramètre commence à diminuer ce qui est attribué à la désorption du deutérium. De façon
concomitantes, la phase cc de l’intermétallique apparaît montrant l’existence d’un plateau. Mais
son paramètre de maille diminue avec la température montrant une probable désorption du
deutérium. En revenant à température ambiante, les paramètres de maille de la solution solide
Mn7 sont retrouvés.
L’affinement de Rietveld confirme que les atomes de deutérium sont tous en sites
tétraédriques. Cependant, il n’y a pas de désorption (diminution de la quantité de deutérium)
117
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
observée avant 673 K. Ces résultats sont en désaccord avec les capacités mesurées sur banc
d’hydrogénation qui montrent qu’une large quantité d’hydrogène est réversible dès 473 K.
0
1
2
3
4
300 400 500 600 7003,10
3,15
3,20
3,254,25
4,30
4,35
4,40 a
(Å)
Température (K)
cfc
cc
Occ
upat
ion
des
site
s
Tétraédrique
Octaédrique
Paramètre de l'intermétallique Mn7
Figure IV-9 : Evolutions des paramètres de maille a des deutérures de structure cfc et cc et de l’occupation des sites tétraédrique et octaédrique par le deutérium en fonction de la température de désorption pour le
composé Mn7.
Nous avons attribué ce phénomène à une couche de passivation formée à la surface des
échantillons. En effet, les échantillons ont été en contact avec l’air lors de leur transfert dans le
porte-échantillon pour les neutrons. Une couche d’oxyde ou d’hydroxyde peut alors se former à
la surface du deutérure. Cette couche d’oxyde joue un rôle de barrière de désorption, empêchant
le deutérium de désorber en dessous d’une température de réduction de la couche d’oxydation
(673 K pour Mn7). Une grande partie du deutérium est alors libérée en une seule étape. Ce même
phénomène a été observé par diffraction des rayons X en température. De plus, les conditions de
désorption sur le banc d’hydrogénation et lors de l’étude in situ de diffraction neutronique sont
différentes notamment du point de vue de la vitesse de chauffage et de la mise sous vide. Ces
différences dans le mode opératoire peuvent avoir influer sur les résultats.
118
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
IV.2.4 Discussion
Après un traitement thermique d’activation, les composés Ti33V60M7 absorbent
rapidement une grande quantité d’hydrogène (3,8-4 % en masse) à température ambiante sous 2
MPa. Cependant, ils ne désorbent qu’une faible quantité d’hydrogène à 298 K et il est nécessaire
de chauffer l’échantillon entre 373 K et 573 K pour observer une désorption importante (2-3 %
en masse).
Les courbes isothermes présentent une forte hystérésis entre les pressions d’absorption et
de désorption. Ainsi, à une température donnée, la pression d’absorption est beaucoup plus
élevée que celle de désorption (respectivement 1,860 MPa et 0,286 MPa à 473 K pour le
composé Fe7). Ce phénomène a pour conséquence de ne pas pouvoir utiliser l’hydrure à la même
température pour l’absorption et la désorption dans la gamme de pression (0,4-2 MPa).
L’absorption d’hydrogène peut être effectuée à 298 K sous 2 MPa et la désorption à plus haute
température, 473 K. Pour le composé Fe7, la capacité réversible entre une absorption à 298 K
sous 2 MPa et une désorption à 473 K sous 0,2 MPa atteint alors 1,68 % en masse.
Le dihydrure possède une structure cfc différente de celle de l’intermétallique (cc), ce qui
est peu répandu dans les hydrures métalliques qui conservent généralement la structure du métal,
et l’hydrogène (ou deutérium) occupe exclusivement les sites tétraédriques.
La température de désorption de ces composés est élevée. La réduire revient à augmenter
la pression d’équilibre des alliages et par conséquent à diminuer leur volume de maille. Les
éléments de transition (Mn, Fe, Co, Ni) étant plus petits que les atomes de Ti et de V, il est
nécessaire d’augmenter leur proportion. Afin d’étudier uniquement l’effet de la proportion de
l’élément M, celle-ci a été doublée alors que le rapport atomique Ti/V est conservé,
Ti30,5V55,5M14.
119
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
IV.3 Les composés Ti30,5V55,5M14
IV.3.1 Elaboration et caractérisation structurale
Les quatre alliages de composition Ti30,5V55,5M14 avec M = Mn, Fe, Co et Ni ont été
élaborés par co-fusion des éléments en four à induction. Pour le composé contenant du
manganèse (Mn14), un excès de 5% en masse de Mn est ajouté avant la fusion pour palier aux
pertes par sublimation. Les échantillons sont ensuite recuits 15 jours à 1273 K.
Les résultats de la microsonde électronique et de la diffraction de rayons X sont résumés
dans le Tableau IV-9. Les alliages Mn14 et Fe14 sont monophasés de structure cubique centrée
(groupe d’espace Im-3m). L’analyse de composition montre un déficit de manganèse,
Ti31,7(5)V56,7(6)Mn12,0(1), par rapport à la composition nominale pour Mn14 malgré l’excès apporté
lors de l’élaboration. Le composé Fe14 présente quant à lui une composition proche de la
composition nominale, Ti31,4(5)V54,3(7)Fe14,3(2). Ces deux alliages possédent des volumes de maille
plus petits que les alliages correspondant de type Ti33V60M7 avec M = Mn et Fe. Cette réduction
entraîne une modification des propriétés d’hydrogénation détaillées dans le paragraphe suivant.
V (Å3) a (Å) Groupe d’espace
Composition nominale (code)
Composition analysée (EPMA) Phase (± 0,001) (± 0,01)
Ti30,5V55,5Mn14 (Mn14) matrice Ti31,7(5)V56,7(6)Mn12,0(1) 3,074 29,06 Im-3m
Ti30,5V55,5Fe14 (Fe14) matrice Ti31,4(5)V54,3(7)Fe14,3(2) 3,061 28,70 Im-3m
matrice Ti26,5(8)V63,2(12)Co10,3(4) 3,062 28,70 Im-3m Ti30,5V55,5Co14 (Co14) précipité Ti45,7(6)V14,3(6)Co40,0(5) - - -
matrice Ti24,2(3)V69,2(4)Ni6,6(1) 3,073 29,03 Im-3m Ti30,5V55,5Ni14 (Ni14) précipité Ti48,2(8)V6,4(14)Ni45,4(8) - - -
Tableau IV-9 : Caractérisations structurales et de composition des alliages Ti30,5V55,5M14 avec M = Mn, Fe, Co, Ni.
120
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
Les composés Co14 et Ni14 ont une phase majoritaire de structure cubique centrée. Mais
ils présentent des précipités de composition proche de TiCo (5%) et TiNi (8%) respectivement.
Le diagramme ternaire Ni-Ti-V à 1273 K (Figure IV-10) confirme que la composition nominale
est situé dans un domaine biphasé entre TiNi et une solution solide à base de Ti-V.
Par contre, il n’existe pas à notre connaissance de diagramme de phase ternaire Co-Ti-V à
1273 K dans le domaine de composition de l’alliage Co14. Pour vérifier si la présence du
précipité est due à un domaine biphasé ou à un traitement de recuit mal adapté, un second
traitement de 7 jours à 1273 K est effectué sur l’alliage. Après ce recuit supplémentaire, la même
proportion (5%) de précipité de type TiCo est observée à la microsonde. La limite de solubilité
est donc atteinte pour le cobalt dans la solution solide de Ti-V de rapport atomique 30,5/55,5.
Figure IV-10 : Diagramme ternaire Ni-Ti-V à 1273 K [10]. Le point de composition Ti30,5V55,5Ni14 (Ni14) est indiqué.
IV.3.2 Propriétés d’hydrogénation
IV.3.2.a Traitement de post-hydrogénation et capacité totale
Le traitement de post–hydrogénation décrit au paragraphe IV.2.2.a est appliqué aux
alliages Mn14 et Fe14 pour faciliter leur première absorption. Ils absorbent alors une grande
121
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
quantité d’hydrogène (3,8 % massique) à température ambiante et sous 2 MPa. La cinétique
d’absorption est très rapide à 298 K et sous pression quasi-constante de 2 MPa puisque le temps
nécessaire (t90) pour absorber 90 % de la capacité totale est de 18 secondes pour le composé Fe14
(la cinétique d’absorption de Mn14 est du même ordre de grandeur).
Figure IV-11 : Evolution de la pression et du taux de conversion de l'absorption d'hydrogène à 298 K en fonction du temps dans le composé Fe14. (t90 = 18 s)
IV.3.2.b Capacités réversibles à différentes températures de désorption
Les capacités des alliages Mn14 et Fe14 ont été mesurées à température ambiante après
désorption à 298, 373, 473 et 573 K sous vide primaire (10-6 MPa) pendant une heure (Tableau
IV-10).
A 298 K, la capacité réversible de Mn14 reste relativement faible (0,32 % massique) par
rapport à la capacité totale, mais celle de Fe14 atteint 2 % massique. A partir de 373 K, les deux
composés présentent des capacités semblables et augmentent linéairement en fonction de la
température de désorption (Figure IV-11). Ainsi à 573 K, les alliages Mn14 et Fe14 désorbent
3,38 % massique d’hydrogène.
122
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
Température (K) Mn14 Fe14
298 0,32 1,97
373 2,45 2,31
473 2,91 2,88
573 3,38 3,38
Tableau IV-10 : Capacités massiques (%) des alliages Mn14 et Fe14 après désorption à 298, 373, 473 et 573 K sous vide primaire pendant une heure.
300 350 400 450 500 550 6000
1
2
3
4
Mn14 Fe14
Cap
acité
réve
rsib
le (%
)
Température de désorption (K)
Tableau IV-11 : Evolution de la capacité massique (%) des alliages Mn14 et Fe14 en fonction de la température de désorption.
IV.3.2.c Isothermes
Les isothermes des composés Fe14 et Mn14 à 298, 373 et 473 K sont présentées sur la
Figure IV-12. Les pressions d’équilibre des deux alliages sont reportées dans le Tableau IV-12.
123
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
Mn14 Fe14
absorption desorption absorption desorption
< 10-3298 K < 10-3 0,008 0,004
373 K 0,010 0,004 0,651 0,171
473 K 1,150 0,250 > 6 > 6
Tableau IV-12 : Pressions d’équilibre (MPa) d’absorption et de désorption des composés Mn14 et Fe14 en fonction de la température.
Le composé Mn14 ne présente pas de plateau d’équilibre à température ambiante.
L’absorption et la désorption s’effectuent dans la branche β de l’isotherme ce qui explique la
faible capacité mesurée à cette température. Un plateau d’équilibre est observé à 373 et 473 K.
La pression de désorption est faible à 373 K (0,004 MPa), mais atteint 0,250 MPa à 473 K.
Le composé Fe14 présente des pressions d’équilibre plus élevées que l’alliage Mn14, en
accord avec leurs volumes de maille respectifs, 28,70 Å3 et 29,06 Å3. Ainsi, à température
ambiante la pression d’équilibre est de 0,004 MPa et atteint 0,171 MPa dès 373 K. En
considérant les propriétés thermodynamiques, la température pour laquelle la pression d’équilibre
du composé Fe14 atteint 0,4 MPa est 402 K.
En comparaison du composé Fe7, l’alliage Fe14 possède des pressions d’équilibre du
même ordre de grandeur mais à des températures inférieures de 100 K. Alors que la pression de
Fe7 atteint 0,286 MPa à 473 K, une température de 373 K est suffisante pour obtenir une
pression de 0,171 MPa pour Fe14. Nous avons donc gagné environ 100 K en température en
passant du composé Fe7 au composé Fe14.
124
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,01E-4
1E-3
0,01
0,1
1
10
298 K373 K
473 KPr
essi
on (M
Pa)
Capacité massique (%)
Mn14
0,32%, 298K
2,45%, 373K
2,91%, 473K
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,01E-4
1E-3
0,01
0,1
1
10
298 K
373 K
Fe14
Pres
sion
(MPa
)
Capacité massique (%)
1
2
473 K
1,97%, 298K
2,31%, 373K
2,88%, 473K
Figure IV-12 : Courbes Isothermes d'absorption (symboles vides) et de désorption (symboles pleins) à 298 K (triangles), 373 K (cercles) et 473 K (carrés) pour les composés Mn14 et Fe14. Les flèches indiquent les compositions en hydrogène du composé Fe14 pour lesquelles des diagrammes de diffraction de rayons X ont été mesurés. Les capacités massiques après désorption à 298, 373 et 473 K sous vide primaire pendant une heure sont représentées par des barres horizontales (Tableau IV-10).
125
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
Des diagrammes de diffraction de rayons X (Figure IV-13) ont été effectués lors de la
désorption à deux états de charge différents du composé Fe14 indiqués sur l’isotherme à
température ambiante.
En pleine charge (3,62 % massique, 1,84 H/M), une seule phase, notée par la suite β, de
structure cubique à faces centrées (cfc) isomorphe au composé VH2 (groupe d’espace Fm-3m) est
observée. Ce di-hydrure β présente un volume de 19,73 Å3 par unité formulaire, soit une
expansion de volume de 37,5 % par rapport à l’alliage Fe14 avant hydrogénation (Tableau
IV-13).
Au début du plateau (1,92 % massique, 0,98 H/M), deux phases sont observées : la phase
β de structure cfc (9%) et une phase γ de structure quadratique (91%). Cette structure quadratique
pour l’hydrure intermédiaire a été observée dans le système V-H2 pour une composition VH0,88
[11]. Les auteurs rapportent que le domaine d’existence de cette phase quadratique se situe de
VH0,45 à VH0,90 et que la transition entre la phase α cubique centrée et cette phase quadratique
s’effectue entre 0,05 et 0,45 H/M. La présence de l’hydrure β montre que la transformation β γ
lors de la désorption n’est pas encore complète à cette capacité.
Figure IV-13 : Diagrammes de diffraction de rayons X du composé Fe14 pour deux composition en hydrogène. 1- pleine charge 3,62 % massique (1,84 H/M), 2- début du plateau 1,92 % massique (0,98 H/M).
126
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
a c Capacité Structure de la phase
Fract Volume (Å) (Å) (% massique, (H/M)) (%) ±0,001 ±0,001 (Å3/u.f.)
ΔV/V (%)
3,62 (1,84) cfc (β) 100 4,289 - 19,73 37,5
quadratique (γ) 91 3,041 3,538 16,36 14,0 1,92 (0,98) cfc (β) 9 4,280 - 19,60 36,6
0 (0) cc (métal) 100 3,061 - 14,35 0
Tableau IV-13 : Caractéristiques structurales du composé Fe14 en fonction de la composition en hydrogène.
Afin de déterminer le domaine d’existence de cet hydrure intermédiaire de structure
quadratique dans notre système Fe14-H2, des diagrammes de diffraction de rayons X
complémentaires du composé Fe14 ont été effectués après désorption à 373 (1,49%, 0,75 H/M),
473 (0,92 %, 0,47 H/M) et 573 K (0,42 %, 0,21 H/M) sous vide primaire pendant une heure
(Figure IV-14). Les capacités sont calculées par différence entre la capacité totale de Fe14 (3,8%,
1,93 H/M) et les capacités réversibles mesurées après désorption aux différentes températures
(Tableau IV-10).
Figure IV-14 : Diagrammes de diffraction de rayons X du composé Fe14 après désorption à 373 K (1,49%, 0,75 H/M), 473 K (0,92 %, 0,47 H/M) et 573 K (0,42 %, 0,21 H/M) sous vide primaire pendant une heure.
La structure de l’hydrure est quadratique pour une composition en hydrogène de 0,75
H/M (désorption à 373 K), tandis qu’elle devient cubique centrée pour les compositions en
127
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
hydrogène inférieures à 0,50 H/M. Les volumes par unité formulaire augmentent avec la quantité
d’hydrogène dans l’alliage (Tableau IV-14). Deux domaines peuvent être isolés (Figure IV-15).
L’augmentation de volume reste faible tant que la structure est cubique centrée (du métal à
0,92% massique d’hydrogène). Au contraire, le volume s’accroît fortement et de façon linéaire
entre les structures quadratique et cfc.
Quantité de
H2métal
0,42 % 0,92 %
(0,47 H/M)
1,49 %
(0,75 H/M)
1,92 % 3,62 %
(0,21 H/M) (0,92 H/M) (1,84 H/M)
Structure cc cc cc quadratique quadratique cfc
Volume
(Å3/u.f.) 14,35 14,35 14,71 15,80 16,36 19,73
Tableau IV-14 : Evolution du volume par unité formulaire en fonction de la quantité d'hydrogène absorbée.
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,014
15
16
17
18
19
20
q
cccc
Vol
ume
par u
nité
form
ulai
re (Å
3 )
capacité massique (%)
cc
q
cfc
cc : cubique centréeq : quadratiquecfc : cubique face centrée
Figure IV-15 : Evolution du volume par unité formulaire de l’hydrure en fonction de la composition en hydrogène pour Fe14. Les pointillés correspondent à une discontinuité de volume dans un domaine biphasé.
Les traits pleins correspondent à une variation continue du volume dans un domaine monophasé.
IV.3.3 Discussion
Les limites de solubilité du nickel et du cobalt dans la solution solide Ti-V sont atteintes
respectivement à 7 % et à 10 %. Cela laisse peu de possibilités de faire varier le volume de maille
des solutions solides Ti-V. Les alliages Ni14 et Co14 possèdent respectivement 8% de précipités
128
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
de TiNi et 5% de précipité de TiCo ne permettant pas d’atteindre la composition nominale pour
la phase principale.
Les alliages Mn14 et Fe14 sont quant à eux des solutions solides cubiques centrées
monophasées et leurs limites de solubilité ne sont pas atteintes. Ils absorbent rapidement une
grande quantité d’hydrogène (3,8 % massique) à température ambiante après le traitement
thermique d’activation. Leurs pressions de plateau sont plus élevées que celles des composés
Ti33V60M7, donnant par conséquent de plus grandes capacités réversibles quelle que soit la
température de désorption entre 298 K et 573 K. Il est cependant nécessaire de chauffer les
composés Mn14 et Fe14 respectivement à 488 K et 402 K pour que leur pression d’équilibre
atteigne 0,4 MPa.
Afin de diminuer encore la température à laquelle la pression d’équilibre atteint 0,4 MPa,
il est possible d’augmenter encore la proportion de l’élément M. Un alliage de composition
Ti28V51Fe21 a été élaboré. Cependant, la limite de solubilité du fer est alors atteinte puisque une
phase secondaire apparaît. La phase principale de structure cc présente une composition
Ti26,4(1)V56,2(2)Fe16,8(1). La solubilité du fer dans la solution solide Ti-V semble donc limitée à
environ 17 %. L’étude d’un alliage de composition Ti29,5V53,5Fe17 pourra être envisagée pour
vérifier cette hypothèse et pour caractériser son comportement à l’hydrogénation.
Il est à noter que les composés Mn14 et Fe7 ont des pressions d’équilibre du même ordre
de grandeur quelque soit la température (Tableau IV-15). Or, le volume de maille de ces deux
alliages diffère, 29,42 Å3 pour Fe7 et 29,06 Å3 pour Mn14. Si la pression d’équilibre n’était
fonction que du volume de maille, celle de Mn14 serait supérieure à celle de Fe7. Un autre
facteur dépendant de l’élément M rentre donc en jeu et qui influe sur la pression d’équilibre. Le
fer semble déstabiliser plus facilement l’hydrure que le manganèse.
Fe7 Mn14
Composition Ti33V60Fe7 Ti30,5V55,5Mn14
Volume de maille (Å3) 29,42 29,06
Pression de désorption à 373 K (MPa) 0,004 0,004
Pression de désorption à 473 K (MPa) 0,286 0,250
Tableau IV-15 : Comparaison des volumes de maille et des pressions d'équilibre à 373 K et à 473 K des composés Fe7 et Mn14.
129
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
A partir des résultats de diffraction des rayons X et des propriétés d’hydrogénation
mesurées, une isotherme schématique résumant les domaines d’existence des phases ainsi que les
capacités réversibles à différentes températures est tracée sur la Figure IV-16.
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0
Pre
ssio
n
capacité massique (%)
cccc+q
q q+cfc cfc
Figure IV-16 : Isotherme schématique du composé Fe14 présentant les domaines d’existence des phases cubique centrée (cc), quadratique (q) et cubique à faces centrées (cfc). La partie de l’isotherme en trait plein a été observée par mesure d’isotherme, la partie en pointillés est une extrapolation des résultats obtenus par rayons X.
IV.4 Conclusions sur les hydrures légers de type Ti-V
Dans ce chapitre, le comportement face à l’hydrogénation des solutions solides de type
Ti-V substituées par des éléments de transition M = Mn, Fe, Co, Ni a été étudié.
La limite de solubilité de ces éléments dans le système Ti-V, de rapport constant 33/60 et
de structure cubique centrée, atteint 7 % atomique (at%) pour le Ni, 10 at% pour le Co et est
supérieure à 14 at% pour Mn et d’environ 17% pour Fe.
Un traitement thermique de post-hydrogénation, composé d’un chauffage de 298 K à 773
K sous vide primaire (10-6 MPa), a été mis au point pour ces composés de façon à faciliter la
130
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
première hydrogénation. Les matériaux absorbent ensuite une large quantité d’hydrogène (3,8-
4,0 % en masse) à température ambiante sous 2 MPa. La cinétique d’absorption est élevée
puisque seulement 18 secondes sont nécessaires au composé Fe14 pour absorber 90% de sa
capacité globale à température ambiante et sous une pression de 2 MPa.
Cependant, les composés Ti33V60M7 avec M = Mn, Fe, Co, Ni ne désorbent qu’une faible
quantité d’hydrogène à 298 K (environ 0,3 % en masse). Il est nécessaire de chauffer
l’échantillon entre 373 K et 573 K pour observer une désorption importante (2-3 % en masse).
Les isothermes des composés Fe7 et Mn7 montrent des pressions d’équilibre basses atteignant
respectivement 0,29 et 0,06 MPa à 473 K. Cette température de désorption est élevée et il
convient de la diminuer en déstabilisant l’hydrure par réduction du volume de maille.
La réduction du volume de maille est obtenue par l’augmentation du taux de l’élément M
(Fe et Mn), Ti30,5V55,5M14. Les pressions de plateau des alliages Mn14 et Fe14 sont alors plus
élevées conduisant à des capacités réversibles plus grandes à une température donnée. Ainsi, le
composé Fe14 libère 2% en masse d’hydrogène dès la température ambiante sous vide primaire.
Afin que la pression d’équilibre atteigne 0,4 MPa, il est toutefois nécessaire de chauffer les
composés Mn14 et Fe14 respectivement à 488 K et 402 K. Il y a eu un gain de 81 K entre les
composés Fe7 et Fe14.
Il a également été montré dans cette étude que pour une même proportion de l’élément M,
le composé contenant du fer possède les propriétés d’hydrogénation les plus intéressantes.
L’utilisation du fer permet aussi une diminution du coût de l’alliage. En effet, le vanadium est un
métal très cher du fait de la difficulté à le purifier. Mais il est possible d’utiliser du ferro
vanadium (minerai composé à 20% de fer et 80% de vanadium) pour abaisser le coût de l’alliage.
Il est envisagé en perspectives d’étudier les propriétés d’hydrogénation du composé Fe17
qui atteint la limite de solubilité du fer dans la solution solide Ti-V. Ce composé devrait présenter
une pression d’équilibre plus élevée que celle des composés Fe7 et Fe14, permettant ainsi de
diminuer la température à laquelle la pression atteint 0,4 MPa.
D’autre part, tout au long de l’étude le rapport Ti-V a été gardé constant (33/60). Une
optimisation de ce rapport peut être menée de façon à améliorer les propriétés d’hydrogénation.
131
Chapitre IV Les hydrures légers de type solution solide de Ti-V
Références
[1] J. J. Reilly and R. Wiswall, Inorganic Chemistry, 9 (1970) 1678. [2] S. W. Cho, C. S. Han, C. N. Park and E. Akiba, J. Alloys Compd., 288 (1999) 294–298. [3] T. Tamura, A. Kamegawa, H. Takamura and M. Okada, Materials Transactions, JIM, 42, 9 (2001) 1862–1865. [4] H. Itoh, H. Arashima, K. Kubo and T. Kabutomori, J. Alloys Compd., 330-332 (2002) 287–291. [5] M. Okada, T. Kuriiwa, T. Tamura, H. Takamura and A. Kamegawa, J. Alloys Compd., 330-332 (2002) 511–516. [6] K. Shirasaki, T. Tamura, T. Kuriiwa, T. Goto, A. Kamegawa, H. Takamura and M. Okada, Materials Transactions, JIM, 43, 5 (2002) 1115–1119. [7] J. Chen, C. C. Chuang and K. Hong Advances in hydrogen energy 10th world hydrogen energy conference Cocoa Bea (1994) 1089–1098. [8] K. Nomura and E. Akiba, J. Alloys Compd., 231 (1995) 513–517. [9] Y. Nakamura and E. Akiba, J. Alloys Compd., 311 (2000) 317–321. [10] P. Villars, A. Prince and H. Okamoto, Eds. (1997). Handbook of Ternary Alloy Phase Diagramms, ASM International. [11] J. J. Reilly and R. H. Wiswall, Jr., Inorganic Chemistry, 9, 7 (1970) 1678.
132
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
Chapitre V. Nouveaux hydrures
V.1 But de l’étude
Ce chapitre a pour but d’étudier des alliages ou des familles d’alliages nouveaux pouvant
absorber l’hydrogène. Afin de privilégier la capacité massique, des éléments légers ont été
préférentiellement choisis. Ainsi, les composés de type Mg2X avec X = Ti, Zr, Sn et le composé
Ti3Si ont été étudiés.
V.2 Les composés de type Mg2X
V.2.1 Mg2Sc
Dans la famille des Mg2X, Notten et al. [1] ont rapporté que l’alliage de composition
Mg2Sc, possédant une structure cubique centrée, présente une très bonne capacité
électrochimique, trois fois supérieure à celle du composé LaNi5 ce qui représente environ 5,6 %
massique en capacité solide-gaz. Cette capacité exceptionnelle est très intéressante pour des
applications de stockage. Cependant, le scandium est un élément très cher (environ 500 €/g pour
l’élément pur à 99,9%). Il n’est donc pas concevable d’utiliser un alliage contenant une telle
proportion de scandium pour une application commerciale. Il est nécessaire de trouver des
éléments moins onéreux permettant de substituer totalement le scandium.
Nous avons déterminé les éléments les plus proches du scandium du point de vue de leur
rayon atomique et de leur électronégativité (Tableau V-1). Ainsi, les éléments Ti, Zr et Sn
possèdent des caractéristiques voisines de celles du scandium. Les composés Mg2Ti, Mg2Zr et
Mg2Sn ont donc été étudiés.
Elément Sc Ti Zr Sn
Rayon atomique (Å) 1,62 1,47 1,60 1,62
Electronégativité de Pauling 1,36 1,54 1,33 1,96
Tableau V-1 : Rayon atomique et électronégativité de Pauling des éléments Sc, Ti, Zr et Sn.
133
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
V.2.2 Mg2Zr et Mg2Ti
Les diagrammes de phase binaires Mg-Ti et Mg-Zr sont présentés Figure V-1. Aucun
composé intermétallique stable n’est observé dans les systèmes Mg-Ti et Mg-Zr. Il n’y a pas ou
peu de solubilité (inférieure à 2% atomique) entre le magnésium et le titane d’une part et entre le
magnésium et le zirconium d’autre part [2-4]. Il n’est donc pas envisageable d’élaborer les
alliages de composition Mg2Ti ou Mg2Zr par cofusion des éléments suivie d’un traitement
thermique. Par contre, l’élaboration par mécanosynthèse pourrait favoriser la formation de
composés métastables entre ces éléments.
V.2.2.a Elaboration de Mg2Zr
Pour l’élaboration du composé Mg2Zr, nous avons broyé les poudres de magnésium métal
(3N) et de zirconium métal (3N). Le broyage s’est effectué sous atmosphère d’argon pendant 48
h avec un rapport de masse bille/poudre égal à 10 et une vitesse de rotation de la jarre de 740
tours par minute (tpm).
Le diagramme de diffraction de rayons X de la poudre obtenue est présenté sur la Figure
V-2. Il apparaît clairement qu’aucune réaction n’a eu lieu entre le magnésium et le zirconium
puisque l’on observe uniquement les pics de diffraction de ces deux éléments qui ont la même
structure hexagonale de groupe d’espace P63/mmc.
La très faible solubilité entre les éléments Zr et Mg empêche probablement toute
formation de composés intermétalliques.
134
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
Figure V-1 : Diagrammes de phase binaires Mg-Zr et Mg-Ti [2,3].
135
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
Figure V-2 : Diagramme de diffraction de rayons X du mélange Mg:Zr (2:1) après 48 h de broyage sous argon.
V.2.2.b Elaboration de Mg2Ti
Pour la mécanosynthèse de Mg2Ti, nous avons choisi de broyer du titane (3N) en poudre
(<300 mesh) et de l’hydrure de magnésium MgH2. L’hydrure de magnésium présente deux
caractéristiques intéressantes pour le broyage mécanique : il évite la formation d’oxyde de
magnésium et c’est un composé plus fragile que le magnésium pur ce qui facilite le broyage. Le
magnésium pur, métal mou, a tendance à coller aux parois de la jarre et à la surface des billes.
L’hydrure de magnésium, plus fragile, reste sous forme de poudre et se mélange plus facilement
avec le second élément. Une meilleure homogénéité de la poudre et un meilleur contact entre les
deux éléments peut favoriser une réaction au niveau des chocs des billes.
Le broyage s’effectue sous atmosphère d’argon, avec un rapport de masse bille/poudre de
10 et une vitesse de rotation de la jarre de 740 tpm. Les diagrammes de diffraction de rayons X
de la poudre sont présentés sur la Figure V-3. Ils montrent la présence de 3 phases quelque soit le
temps de broyage entre 24h et 240h. Ces trois phases sont l’hydrure de magnésium MgH2, le
magnésium métal Mg et l’hydrure de titane TiH2.
136
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
Cela indique que le broyage n’a pas permis la réaction entre le magnésium et le titane. Au
cours du broyage, l’hydrure de magnésium subit une déshydrogénation partielle (Equation V.1)
en faveur de la formation de l’hydrure de titane TiH2 ce qui explique la présence de cette phase et
celle de magnésium pur dans les diagrammes de diffraction. Les enthalpies de formation ΔH des
hydrures de magnésium et de titane sont respectivement -74 kJ/molH2 et -136 kJ/molH2.
L’hydrure de titane TiH2 est donc plus stable que l’hydrure de magnésium MgH2 ce qui explique
la réaction d’hydrogénation du titane et de déshydrogénation du magnésium lors du broyage.
Cependant, alors qu’il faut chauffer à 573 K pour désorber l’hydrure de magnésium seul, un
broyage en présence de titane permet la déshydrogénation du magnésium à température ambiante
en réaction solide-solide.
2222 TiHMgHMgTiMgH ++→+ Equation V.1
Néanmoins, la formation de phase intermétallique entre le titane et le magnésium semble
impossible par broyage en partant de MgH2 et de Ti en poudre.
Figure V-3 : Diagrammes de diffraction de rayons X du mélange initial MgH2:Ti (2 :1) en fonction du nombre d'heures de broyage (MgH2 triangle, Mg carré, TiH2 cercle)
Au vu des diagrammes de phases et des résultats de mécanosynthèse obtenus, l’étude de
l’élaboration des composés Mg2Ti et Mg2Zr n’a pas été poursuivie.
137
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
V.2.3 Mg2Sn
D’après le diagramme de phase binaire (Figure V-4), le composé intermétallique Mg2Sn
est un composé défini. Il possède une structure cubique stable de type CaF2 (groupe d’espace
Fm-3m) [5]. Une structure hexagonale métastable (groupe d’espace P63/m) peut être obtenue à
haute pression et haute température ou par broyage mécanique de magnésium et d’étain en
poudre [6,7]. Il a également été montré que la structure hexagonale métastable se transforme en
phase stable par traitement thermique au dessus de 713 K.
Nous avons donc élaboré et étudié le comportement à l’hydrogénation de ces deux phases
Mg2Sn. L’étude a été réalisée en collaboration avec R. Janot, post-doctorant au laboratoire
intégré au programme SOLHY (programme Energie du CNRS).
Figure V-4 : Diagramme de phase binaire Mg-Sn [8].
V.2.3.a Elaboration et analyse structurale
La première voie de synthèse est la métallurgie des poudres car la phase est une phase
stable. Les poudres de magnésium (en excès de 5% en masse pour compenser la perte par
sublimation lors du traitement thermique) et d’étain sont compressées en pastille de 10 mm de
138
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
diamètre sous atmosphère d’argon. La pastille est ensuite placée dans un creuset en acier
inoxydable que l’on scelle en boîte à gants. Un traitement thermique à 823 K (température
inférieure à la température de l’eutectique) pendant 24h est alors effectué.
Le diagramme de diffraction de la poudre après traitement est présenté Figure V-5. Une
phase principale (96%) correspondant au composé Mg2Sn de structure cubique Fm-3m est
observée. Les paramètres cristallographiques sont donnés dans le Tableau V-2. La phase
secondaire est de l’étain métallique n’ayant pas réagi lors de la synthèse.
La deuxième voie d’élaboration est la mécanosynthèse. Les poudres de Mg et de Sn sont
broyées sous atmosphère d’argon avec un rapport massique bille/poudre égal à 10 et une vitesse
de rotation de la jarre de 1200 tpm.
Figure V-5 : Diagramme de diffraction de rayons X du composé Mg2Sn élaboré par métallurgie des poudres à 823 K pendant 24h.
Les diagrammes de diffraction de rayons X du composé Mg2Sn sont donnés Figure V-6
en fonction de la durée du broyage. La phase cubique stable Mg2Sn est prépondérante au bout de
6h de broyage mais disparaît au profit de la phase hexagonale métastable au cours du broyage.
On obtient la phase hexagonale métastable pure au bout de 24h de broyage. Les paramètres
cristallographiques de cette phase sont donnés dans le Tableau V-2. Cependant, après un
broyage plus long (72h), la phase cubique stable réapparaît.
139
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
Figure V-6 : Evolution du diagramme de diffraction de rayons X du composé Mg2Sn en fonction de la durée de broyage (les flèches indiquent les pics de diffraction de la phase cubique stable, les autres pics étant attribués à la phase hexagonale métastable).
V (Å3) a (Å) c (Å) élaboration structure
groupe
d’espace (± 0,01) (± 0,01) (± 0,1)
métallurgie des
poudres
cubique
(stable) Fm-3m 6,76 - 308,9
mécanosynthèse
(24h)
hexagonale
(métastable)P63/m 13,23 7,03 1066,3
Tableau V-2 : Données cristallographiques du composé Mg2Sn suivant la voie de synthèse utilisée.
V.2.3.b Propriétés d’hydrogénation
Le comportement à l’hydrogénation de Mg2Sn a été étudié pour les deux structures
cristallographiques (cubique et hexagonale) de l’alliage. Les échantillons sont placés sous 1 MPa
d’hydrogène à des températures variant entre 298 K et 573 K. Cependant, quelque soit la
structure du composé Mg2Sn et la température à laquelle l’échantillon est porté, aucune
absorption d’hydrogène n’a été observée.
140
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
L’élaboration de la phase hexagonale métastable de Mg2Sn par broyage sous atmosphère
d’hydrogène (0,5 MPa) a montré que la quantité d’hydrogène dans l’échantillon après le broyage
est très faible, inférieure à 0,1% massique [7]. Cela indique que les conditions d’hydrogénation
de ce composé en voie solide-gaz sont certainement très difficiles. Il serait nécessaire d’utiliser
de hautes pressions en hydrogène pour permettre l’absorption. De telles conditions
d’hydrogénation ne correspondent pas à notre projet dont la pression d’utilisation est limitée.
V.2.4 Conclusions
Le composé Mg2Sc présente une très bonne capacité électrochimique [1]. Par contre la
prise en compte du coût du scandium oblige à trouver un substituant à cet élément. Les éléments
Ti, Zr et Sn présentent des rayons atomiques et/ou une électronégativité proche de ceux du
scandium et sont meilleur marché.
Les éléments Ti et Zr ne forment pas d’intermétalliques stables avec le magnésium
d’après les diagrammes de phases. On a donc tenté d’élaborer par mécanosynthèse des
intermétalliques entre Mg et Ti d’une part et Mg et Zr d’autre part. Il s’est avéré impossible de
faire réagir ces éléments ensemble.
Le composé Mg2Sn présente deux structures, cubique (stable) et hexagonale (métastable),
suivant la méthode de synthèse utilisée. Cependant aucunes des deux formes cristallographiques
n’absorbent d’hydrogène sous 1 MPa et des températures variant de 298 K à 573 K.
En conclusion pour les composés Mg2X, nous ne sommes pas parvenu à trouver un
substituant au scandium qui puisse conduire à un composé capable d’absorber une large quantité
d’hydrogène.
141
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
V.3 Le composé Ti3Si
V.3.1 Choix la composition Ti3Si
La capacité élevée de stockage de l’hydrogène (2,9% en masse) du composé Ti3Al [9] par
rapport aux hydrures de type ABn est très intéressante. Cependant, à température ambiante, la
quantité d’hydrogène réversible est très faible (inférieure à 0,2 % massique) et il est nécessaire de
chauffer l’hydrure vers 1000 K pour obtenir une désorption complète [10,11]. De nombreuses
substitutions partielles du titane ont été étudiées pour tenter de diminuer cette température de
désorption sans réelles améliorations [12,13].
Afin de conserver l’intérêt d’un alliage léger et de rechercher de nouveaux hydrures, nous
avons opté pour la substitution totale de l’aluminium par l’élément voisin, le silicium. En effet,
aucune publication à notre connaissance ne fait état des propriétés d’hydrogénation du composé
Ti3Si.
V.3.2 Elaboration
Le diagramme de phase Ti-Si présenté Figure V-7 montre que Ti3Si est un composé
défini à fusion non congruente : deux phases solides de composition différentes (Ti5Si3 et
l’eutectique Ti86Si14) se forment lors du refroidissement. Trois méthodes d’élaboration ont été
étudiées : la fusion, l’hypertrempe et la mécanosynthèse. Les deux premières nécessite de passer
par la phase liquide du composé, tandis que la mécanosynthèse permet une réaction des éléments
à l’état solide à basse température.
V.3.2.a Fusion haute température
La première méthode consiste à élaborer le composé Ti3Si par co-fusion des éléments en
four à induction. L’alliage est refroidi dans le creuset froid du four. Ce composé, qui n’a pas subi
de traitement thermique de recuit sera noté F0.
142
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
Figure V-7 : Diagramme de phase binaire Ti-Si [8].
La caractérisation cristallographique du composé F0 est donnée dans le Tableau
V-3. Deux phases sont observées par DRX et à la microsonde électronique. La phase principale,
57 % en fraction massique, est la phase hexagonale Ti5Si3 de groupe d’espace P63/mcm. La
seconde phase correspond à une solution solide de Ti de groupe d’espace P63/mmc. Ces deux
phases se forment lors du refroidissement du liquide en creuset froid, conformément au
diagramme de phase binaire.
Afin de cristalliser la phase Ti3Si, nous avons effectué un traitement thermique sur cet
échantillon. Le recuit a été réalisé à 1373 K (domaine de température dans lequel la phase Ti3Si
existe d’après le diagramme de phase) pendant 3 semaines sous atmosphère d’argon. On observe
dans cette alliage recuit (noté F3S) trois phases par DRX et à la microsonde électronique. En plus
des deux phases déjà présentes avant le recuit, Ti5Si3 et Ti, on trouve une phase tetragonale
isomorphe à Ti3P (groupe d’espace P42/n). Cette phase est la phase Ti3Si que l’on désire former.
Par contre, après 3 semaines de recuit à 1373 K, elle ne représente que 29,5% en fraction
massique de l’ensemble de l’alliage. Cette faible proportion pourrait s’expliquer par une
cinétique de germination-croissance de la phase Ti3Si ou d’une diffusion des atomes relativement
lente. Un recuit beaucoup plus long devrait améliorer la proportion de phase Ti3Si.
143
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
Un recuit long a été réalisé dans les mêmes conditions que précédemment (1373 K, sous
argon) pendant 3 mois. L’échantillon est alors noté F3M. Les trois phases Ti5Si3, Ti3Si et Ti sont
toujours présentes. La proportion de la phase Ti3Si augmente légèrement entre l’échantillon F3S
et F3M passant respectivement de 29,5 % à 43,0 %.
Les images d’électrons rétro-diffusés des échantillons F0, F3S et F3M montrent
l’évolution de la microstructure en fonction du traitement thermique (Figure V-8). L’échantillon
F0 ne présente que deux phases. La phase sombre et bien cristallisée correspond au composé
Ti5Si3, alors que la phase claire est la solution solide de titane. Après recuit de 3 semaines et de 3
mois à 1373 K, la phase Ti3Si (gris intermédiaire) apparaît.
V (Å3)
(±0,1)
a (Å)
(±0,001)
c (Å)
(±0,001) Echantillon Phase
Fract.
(%)
Composition
analysée (EPMA)
Groupe
d’espace
Ti5Si3 56,8 Ti5,06(1)Si2,94(1) 7,462 5,151 248,8 P63/mcm F0
Ti 43,2 Ti0,96(1)Si0,04(1) 2,948 4,680 35,2 P63/mmc
Ti3Si 29,9 Ti3,01(1)Si0,99(1) 10,164 5,090 525,8 P42/n
Ti5Si3 65,6 Ti5,06(1)Si2,94(1) 7,452 5,145 247,4 P63/mcm F3S
Ti 4,5 Ti0,97(1)Si0,03(1) 2,944 4,670 35,1 P63/mmc
Ti3Si 43,0 Ti3,01(1)Si0,99(1) 10,166 5,087 525,8 P42/n
Ti5Si3 50,5 Ti5,06(1)Si2,94(1) 7,451 5,146 247,4 P63/mcm F3M
Ti 6,5 Ti0,97(1)Si0,03(1) 2,945 4,667 35,0 P63/mmc
Tableau V-3 : Caractérisations structurales par DRX et microsonde électronique des composés F0, F3S et F3M.
Il semble que l’élaboration du composé non congruent Ti3Si par fusion suivie d’un
traitement thermique de recuit soit très difficile. La fusion non congruente favorise la formation
de Ti5Si3 et de Ti lors du refroidissement. La stabilité de la phase Ti5Si3 que l’on observe sur le
diagramme de phase binaire limite alors la cristallisation de Ti3Si lors du recuit. La température
du recuit est à la limite de la température péritectique (1441 K) et ne peut donc pas être
augmentée. Un recuit à 1373 K, de plus longue durée, serait nécessaire pour obtenir la phase
Ti3Si pure.
On est donc amené à envisager d’autres méthodes métallurgiques pour élaborer le
composé Ti3Si.
144
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
Figure V-8 : Images d’électrons rétro-diffusés des composés F0 (a), F3S (b) et F3M (c) obtenues par microsonde électronique. Pour F0, deux phases sont observées : Ti5Si3 (phase sombre) et Ti (phase claire). Pour F3S et F3M, les phases Ti5Si3 (phase sombre), Ti3Si (phase grise) et Ti (phase claire) sont observées.
a)
200μm
200μm
200μm
b)
c)
145
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
V.3.2.b Par broyage
Pour éviter la formation de la phase Ti5Si3 lors du refroidissement de l’alliage en fusion, il
est souhaitable de ne pas faire réagir les éléments par co-fusion. La mécanosynthèse permet en
principe une réaction solide-solide du titane et du silicium à basse température.
Les poudres de titane (99,5 %) et de silicium (5N) sont broyées sous atmosphère d’argon
avec un rapport massique bille/poudre égal à 10. Le broyage est effectué sur un broyeur
planétaire Fritsch P7. Par cette technique de synthèse, trois paramètres peuvent jouer un rôle
déterminant : la vitesse de rotation de la jarre (c'est-à-dire l’énergie fournie), la durée de broyage
et les conditions du traitement thermique. Nous avons donc cherché à optimiser chacun de ces
paramètres.
Nous avons réalisé trois broyages de 120 h à différentes vitesses de rotation de la jarre:
450, 740 et 1160 tours par minute (tpm). Les diagrammes de diffraction X des poudres obtenues
sont présentés sur la Figure V-9. On observe principalement une « bosse » de diffraction entre 35
et 45 degré en 2 thêta. Cela traduit une amorphisation des éléments durant le broyage puisque les
pics du titane et du silicium ont disparu (sauf pour le broyage à 450 tpm où les pics du silicium
sont visibles). On remarque également que la « bosse » de diffraction après le broyage à 1160
tpm est légèrement structurée, laissant supposer un début de recristallisation.
Un rapide traitement thermique de recuit est effectué sur la poudre afin de recristalliser la
partie amorphe. Ce traitement, réalisé dans un instrument d’analyse thermique (DSC), consiste à
chauffer de 373 K à 873 K à 20 K/min, puis de refroidir à la même vitesse. La Figure V-10
montre les diagrammes de diffraction des trois échantillons après traitement thermique. Pour
chaque diagramme, les trois phases Ti3Si, Ti5Si3 et Ti sont observées dans des proportions
variées (Tableau V-4). Ainsi la proportion de la phase Ti3Si atteint 69,1% pour le broyage à 450
tpm, ce qui est nettement supérieur à ce que l’on a obtenu par fusion. Par contre cette proportion
diminue avec la vitesse de rotation, passant à 55,3% à 740 tpm et chutant à seulement 10,7%
pour le broyage le plus énergétique (1160 tpm).
146
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
Figure V-9 : Diagrammes de diffraction de rayons X du composé Ti:Si (3:1) après 120h de broyage à différentes vitesses de rotation de la jarre (450, 740 et 1160 tpm). Les flèches indiquent la position des pics de diffraction du silicium.
Figure V-10 : Diagrammes de diffraction de rayons X du composé Ti:Si (3:1) après traitement thermique des poudres broyées 120h à différentes vitesse de rotation. Les symboles indiquent la position des pics des différentes phases : carré pour Ti3Si, cercle pour Ti5Si3 et triangle pour Ti.
147
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
Nous avons cherché à optimiser le temps de broyage pour obtenir une durée d’élaboration
plus courte. Le broyage à 1160 tpm est beaucoup plus énergétique que les deux autres. Une durée
de broyage de 120h apporte au total trop d’énergie et favorise la recristallisation de la phase
Ti5Si3 que l’on observe par une structuration de la bosse de diffraction amorphe. Il est donc
nécessaire d’amorphiser au maximum le mélange Ti:Si (3:1) par broyage sans débuter une
recristallisation. Pour cela il faut diminuer la quantité d’énergie totale apportée au broyage à
1160 tpm en réduisant la durée du broyage.
Vitesse de rotation (tpm)
Temps de broyage (h)
Traitement thermique
Ti3Si Ti5Si3 Ti (%) (%) (%)
450 120 273 K 873 K 20 K/min 69,1 15,1 15,8
740 120 273 K 873 K 20 K/min 55,3 31,0 13,7
1160 120 273 K 873 K 20 K/min 10,7 62,6 26,7
Tableau V-4 : Proportions des phases Ti3Si, Ti5Si3 et Ti en fonction de la vitesse de rotation de la jarre durant le broyage.
Nous avons réalisé un broyage sous argon du mélange Ti:Si (3:1) avec une vitesse de
rotation de 1160 tpm. La durée du broyage est comprise entre 6h et 22h avec un prélèvement de
poudre toutes les 2h afin de caractériser le mélange. Les diagrammes de rayons X sont présentés
sur la Figure V-11. On observe une amorphisation progressive des éléments entre 6h et 18h de
broyage, suivi par un début de recristallisation après 22h de broyage. Le même traitement
thermique que précédemment est utilisé pour recristalliser le mélange. L’évolution de la
proportion des phases est donnée sur la Figure V-12. On note alors que dès 6h de broyage on a
une forte proportion de la phase Ti3Si (56,7%). Cette proportion continue de progresser jusqu’à
un temps de broyage de 14 à 16h atteignant 66,7 % de phase Ti3Si.
148
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
Figure V-11 : Diagrammes de diffraction de rayons X du mélange Ti:Si (3:1) broyé à 1160 tpm en fonction du temps de broyage.
6 8 10 12 14 16 18 20 22 2410
20
30
40
50
60
70
Ti3Si Ti5Si3 Ti
Pro
porti
on d
es p
hase
s (%
)
Temps de broyage (h)
Figure V-12 : Evolution de la proportion des phases Ti3Si, Ti5Si3 et Ti après traitement thermique en fonction du temps de broyage à 1160 tpm.
149
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
Au-delà de 16h de broyage, on observe une importante diminution du pourcentage de
phase Ti3Si au profit de la phase Ti5Si3. Cela confirme la structuration de la bosse amorphe
observée sur les diagrammes de diffraction pour de tels temps de broyage. Après l’amorphisation
du mélange Ti:Si (3:1), une cristallisation de la phase Ti5Si3 s’opère lors du broyage réduisant
ainsi la proportion de phase Ti3Si que l’on obtient après traitement thermique.
Nous avons donc optimisé la vitesse de rotation de la jarre et le temps de broyage. Il reste
alors à déterminer les meilleures conditions pour le traitement thermique de cristallisation. Afin
de déterminer le domaine de température de la recristallisation, nous avons réalisé une mesure de
DSC sur de la poudre broyée 14h à 1160 tpm sous atmosphère d’argon (Figure V-13). Avec une
rampe de température de 20 K/min, il apparaît un seul pic exothermique de recristallisation sur
tout le domaine de température. Nous avons également réalisé une mesure de DSC avec une
rampe de 1 K/min afin de déterminer précisément la température de recristallisation. Cette
température est proche de 703 K. Nous avons alors effectué cinq traitements thermiques à 673,
698, 723, 748 et 773 K pendant 24h sous atmosphère d’argon. Les proportions des phases
obtenues lors de ces recuits sont données dans le Tableau V-5.
Figure V-13 : Analyse DSC de la recristallisation du mélange Ti:Si (3:1) après 14h de broyage à 1160 tpm. (a) rampe de température 20 K/min, (b) rampe de température 1 K/min.
150
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
Température Ti3Si Ti5Si3 Ti (K) (%) (%) (%) 673 38,8 21,5 39,7 698 50,5 31,1 18,4 723 72,8 20,7 6,5 748 65,1 23,1 11,8 773 51,0 31,6 17,4
Tableau V-5 : Proportion des phases cristallisées Ti3Si, Ti5Si3 et Ti en fonction de la température du traitement thermique de recristallisation.
A 673 K et 698 K, l’échantillon présente toujours une partie amorphisée. La proportion de
la phase Ti3Si cristallisée reste faible (< 50%). Par contre, à partir de 723 K, le composé est
parfaitement cristallisé. La proportion de phase Ti3Si atteint alors un optimum, 72,8 %, pour un
traitement thermique à 723 K. Pour des températures supérieures, une forte diminution du
pourcentage de la phase Ti3Si au profit des phases Ti5Si3 et Ti est observée.
Le diagramme de phase binaire Ti-Si indique que la phase Ti3Si est stable jusqu’à 1441 K
et qu’au-delà un domaine biphasé Ti5Si3-Ti existe. Or, on remarque lors des traitements
thermiques effectués que la phase Ti3Si se décompose en Ti5Si3 et Ti dès 748 K. Ceci est en
contradiction avec les recuits F3S et F3M pour lesquels la proportion de la phase Ti3Si augmente
avec un recuit à 1373K. Il est donc possible que le diagramme de phase soit erroné et que la
température du péritectique soit inférieure à celle indiquée.
Le diagramme de diffraction X de l’échantillon recuit à 723 K (Figure V-14) a permis le
meilleur affinement de la phase Ti3Si de groupe d’espace P42/n dont les paramètres sont donnés
dans le Tableau V-6. Ces données cristallographiques (positions atomiques) ont été utilisées pour
tous les affinements de cette étude. On a alors un meilleur affinement des intensités des différents
pics de diffraction en comparaison de ceux réalisés avec les positions atomiques données dans la
littérature [14].
151
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
P42/n x y z occ.
Si 0,0692 0,2175 0,0298 8
Ti1 0,0944 0,2187 0,5318 8
Ti2 0,1391 0,6696 0,2573 8
Ti3 0,5333 0,0667 0,2439 8
a = b = 10,161(1) Å c = 5,093(1) Å α = β = γ = 90°
Tableau V-6 : Données cristallographiques de la phase Ti3Si déterminées par affinement Rietveld du diagramme de diffraction du composé Ti:Si (3:1) broyé 14h à 1160 tpm puis recuit 24h à 723 K. La proportion de la phase Ti3Si dans cet échantillon est de 72,8%. Ces données cristallographiques ont été utilisées pour tous les affinements réalisés dans cette étude. (Rf-factor = 10,4 ; Bragg R-factor = 11,4 ; Chi2 = 1,71)
Figure V-14 : Diagramme de diffraction de rayons X du composé Ti3Si (72,8%). (points expérimentaux (croix), affinement de Rietveld (ligne), différence expérimental/affinement (ligne inférieure), Ti3Si (phase 1), Ti5Si3 (phase 2), Ti (phase 3)).
Nous avons réussi par mécanosynthèse à élaborer un composé contenant environ 73% de
la phase Ti3Si. Cette proportion est bien supérieure à celle obtenue par la méthode traditionnelle
de co-fusion des éléments. Cependant, il est difficile de stabiliser la phase Ti3Si lors de son
élaboration en évitant la formation du composé Ti5Si3. Or, différentes études ont montré que la
présence d’une impureté lors de l’élaboration pouvait jouer un rôle sur la stabilité des phases et
faciliter leur formation [15-19].
152
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
Nous avons donc étudier l’influence de l’introduction d’une faible quantité de carbone ou
d’oxygène sur l’élaboration de la phase Ti3Si par mécanosynthèse. Les broyages ont été effectués
dans les mêmes conditions que précédemment avec ajout de 0,1 % en masse de noir de carbone
pour l’un et un broyage sous air pour l’autre. Pour le broyage sous air, la jarre est fermée de
façon hermétique sous air. En utilisant l’Equation V.2, la quantité d’oxygène n(O2) introduite
dans la jarre est estimée à 4,56.10-4 mole, ce qui représente 0,5% d’oxygène en masse par rapport
à la masse de poudre (3g).
( ) ).
.(2,0)(.2,02 RTVP
airnOn jarreatm== Equation V.2
où n(air) est le nombre de mole d’air introduit dans la jarre,
Patm est la pression atmosphérique (105 Pa),
Vjarre est le volume de la jarre de broyage (5,65.10-5 m3),
R est la constante des gaz parfaits (8,314 J/mol/K),
T est la température du gaz (298 K).
Les diagrammes de diffraction après 16h de broyage sont présentés Figure V-15. On
remarque que l’ajout de 0,1% de noir de carbone ne modifie pas (ou peu) l’amorphisation du
mélange Ti:Si (3:1) pour un même temps de broyage. Par contre, le broyage sous air semble
avoir un effet important puisque une structuration de la « bosse amorphe » est observée.
Figure V-15 : Diagrammes de diffraction de rayons X du mélange Ti:Si (1:3) broyé 16h à 1160 tpm sous argon (argon), avec ajout de noir de carbone (0,1% C) ou sous air (air).
153
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
Un traitement thermique de recuit (chauffage de 373 K à 873 K à 20 K/min) est effectué
sur chaque mélange. Les diagrammes de diffraction des échantillons broyés sous air ou avec
ajout de carbone sont présentés sur la Figure V-16. L’ajout de 0,1% de noir de carbone
n’influence pas la recristallisation de la phase Ti3Si puisque la proportion atteint 66% après le
traitement thermique. Par contre, le mélange broyé sous air présente toujours une forte partie
amorphe. La structuration est toutefois plus importante qu’après le broyage et certains pics
peuvent être attribués aux phases Ti et Ti5Si3. La présence de la phase Ti3Si n’est pas observée.
Un traitement thermique effectué à plus haute température (1000 K) confirme les
recristallisations exclusives des phases Ti et Ti5Si3. L’oxygène introduit lors du broyage empêche
donc la formation de la phase Ti3Si.
L’introduction d’une faible quantité de carbone ou d’oxygène dans l’élaboration du
composé Ti3Si par mécanosynthèse n’améliore pas, voire dégrade pour l’oxygène, la proportion
de phase Ti3Si obtenue.
Nous avons donc obtenu au maximum environ 73 % de la phase Ti3Si par broyage de
Ti:Si (3:1) sous argon pendant 14h à 1160 tpm, suivi par un traitement thermique de 24h à 723 K.
Figure V-16 : Diagrammes de diffraction de rayons X après traitement thermique à 873 K des mélanges Ti:Si (3:1) broyé sous air et broyé avec 0,1% de noir de carbone sous argon. (Ti3Si : carrés, Ti5Si3 : ronds noirs, Ti : triangles)
154
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
V.3.2.c Par hypertrempe
Compte tenu des résultats obtenus par fusion et par mécanosynthèse, une troisième
méthode d’élaboration a été envisagée. Il s’agit de réaliser une hypertrempe de l’alliage en fusion
par melt-spinning. L’objectif de ce refroidissement extrêmement rapide est d’obtenir un alliage
amorphe auquel un traitement thermique de recuit adapté serait alors appliqué pour recristalliser
la phase Ti3Si.
Un alliage est tout d’abord réalisé par fusion en four à induction. Il est ensuite placé dans
une buse en nitrure de bore pour éviter toute réaction avec la buse en silice. Cette buse en nitrure
de bore comprend un orifice circulaire de 2 mm de diamètre. La buse est installée à 5 mm de la
roue en Cu-Cr. La vitesse de la roue est ajustée à 23 m/s. L’alliage est fondu à l’aide d’un four à
induction haute fréquence, puis éjecté vers la buse avec une surpression d’argon de 210 mbar.
Des paillettes sont obtenues.
Le diagramme de diffraction des paillettes est présenté sur la Figure V-17. Comme pour
l’élaboration par fusion et refroidissement en creuset froid, seules les phases Ti5Si3 et Ti sont
observées. Le refroidissement rapide n’a pas permis l’amorphisation du composé.
Figure V-17 : Diagramme de diffraction des rayons X des paillettes obtenues par melt-spinning de l'alliage Ti:Si (3:1). Les phases Ti5Si3 (ronds noirs) et Ti (triangles) sont observées.
155
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
Des traitements thermiques de recuit ont été réalisés sur les paillettes sous atmosphère
d’argon à 1373 K pendant 1 semaine et à 723 K pendant 24 h. Les deux échantillons recuits
présentent toujours uniquement les deux phases Ti5Si3 et Ti. La phase Ti3Si n’a donc pas pu être
formée par melt-spinning.
V.3.3 Propriétés d’hydrogénation
Bien que nous n’ayons pas pu obtenir la phase Ti3Si pure, nous avons étudié le
comportement à l’hydrogénation du composé dont la proportion en phase Ti3Si est maximale
(73% obtenue par broyage à 1160 tpm pendant 14h suivi d’un recuit à 723 K pendant 24h).
A la première hydrogénation, le composé n’absorbe pas l’hydrogène à 298 K sous 2 MPa.
L’absorption débute à partir de 623 K et l’échantillon absorbe alors 1,8 % en masse d’hydrogène.
Des essais de désorption sous vide primaire à température ambiante ou à 373 K se sont
révélés infructueux car aucune réabsorption n’est observée après ces traitements. Afin de
déterminer à quelle température la désorption s’effectue, l’échantillon a subi une désorption
thermique entre la température ambiante et 673 K. La température est limitée à 673 K pour éviter
la formation des composés Ti5Si3 et Ti par décomposition thermique. Un pic de désorption est
observé près de 673 K ce qui implique que la température de désorption pourrait être légèrement
supérieure à la température limite de stabilité.
Après cette désorption thermique, le composé absorbe de nouveau 0,8 % massique à
température ambiante (alors qu’il n’absorbait pas à cette température à la première
hydrogénation). A plus haute température, il n’y a plus d’absorption.
Il y a donc une diminution de la température d’absorption entre la première et la seconde
hydrogénation. Cela peut être expliqué par une barrière d’absorption présente lors de la première
hydrogénation et engendrée par une surface passivée (oxydation). La décrépitation du premier
cycle crée des surfaces propres facilitant la deuxième absorption. La diminution de la capacité est
quant à elle probablement due à une désorption incomplète du composé à 673 K.
156
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
Le diagramme de diffraction de rayons X de l’alliage ayant absorbé l’hydrogène est
donné sur la Figure V-18. Les trois phases observées sont indexées avec les mêmes paramètres
structuraux que les phases Ti3Si, Ti5Si3, et Ti du métal. Cependant, les pics de diffraction de la
phase Ti3Si sont décalés vers les petits angles après l’hydrogénation ce qui signifie une
augmentation du volume de maille de cette phase. Les données cristallographiques de
l’échantillon avant et après hydrogénation sont comparées dans le Tableau V-7.
Figure V-18 : Diagrammes de diffraction de rayons X de Ti3Si (73%) avant et après hydrogénation. (Ti3Si carrés, Ti5Si3 ronds, Ti triangles, la flèche correspond au pic de diffraction du porte échantillon en cuivre).
Le volume de maille de la phase Ti3Si a augmenté passant de 525,8 Å3 à 562,5 Å3 lors de
l’hydrogénation, alors que ceux des phases Ti et Ti5Si3 ont peu varié. Or, une augmentation du
volume de maille peut être directement reliée à l’absorption d’hydrogène dans la phase. La phase
Ti3Si est donc probablement la seule phase du composé à avoir absorber une quantité
significative d’hydrogène.
En tenant compte de la proportion de Ti3Si dans l’échantillon (73 %) et du fait que c’est
la seule phase absorbant de l’hydrogène, sa capacité massique est alors évaluée à 2,5 %.
157
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
Avant V (Å3) a (Å) (±0,001)
c (Å) (±0,001) hydrogénation (±0,1) Après
10,160 5,093 525,8 Ti3Si 10,421 5,179 562,5 7,473 5,170 250,1 Ti5Si3 7,488 5,192 252,1 2,959 4,716 35,8 Ti 2,997 4,726 36,8
Tableau V-7 : Paramètres cristallographiques des phases Ti3Si, Ti5Si3 et Ti avant hydrogénation (cases blanches) et après hydrogénation (cases grises).
V.3.4 Conclusions
Les études menées sur les propriétés d’hydrogénation du composé Ti3Al et de ses dérivés
ont montré une forte capacité massique (2,9 %) mais une température de désorption très élevée
(environ 1000 K). Le choix de la substitution totale de l’aluminium par du silicium a été
déterminé par l’intérêt de conserver un alliage léger et par le fait que le comportement face à
l’hydrogénation du composé Ti3Si n’avait pas encore été étudié.
L’alliage Ti3Si est un composé à fusion non congruente. Ainsi, par co-fusion des
éléments, ce sont les phases Ti5Si3 et Ti qui se forment lors du refroidissement. Différents
traitements thermiques de recuit ont été réalisés afin de recristalliser la phase Ti3Si. Mais, la
stabilité de la phase Ti5Si3 (large domaine d’existence et température de fusion élevée) limite
cette recristallisation. En effet, la proportion de phase Ti3Si obtenue après un recuit de 3 mois à
1373 K atteint seulement 43,0 %.
Un essai de refroidissement rapide par melt-spinning a été réalisé dans le but d’obtenir un
composé amorphe. Cependant, les deux phases Ti5Si3 et Ti sont de nouveau obtenues.
Afin de limiter la formation de la phase Ti5Si3, l’élaboration par mécanosynthèse,
permettant une réaction solide-solide des poudres de titane et de silicium à basse température, a
été étudiée. Trois paramètres de cette technique d’élaboration (puissance, durée du broyage et
traitement thermique) ont été optimisés. Le mélange Ti:Si (3:1) est amorphisé après un broyage
158
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
sous argon de 14 h avec un vitesse de rotation de la jarre de 1160 tpm. Un traitement thermique à
723 K pendant 24 h est ensuite appliqué au mélange. La proportion de phase Ti3Si atteint alors
72,8 %. L’ajout d’une faible quantité de carbone ou d’oxygène ne permet pas d’améliorer ce
pourcentage.
Les propriétés d’hydrogénation du composé obtenu par mécanosynthèse (72,8 % de
Ti3Si) ont été étudiées. Un chauffage à 623 K est nécessaire pour initier la première
hydrogénation. L’alliage absorbe alors 1,8 % en masse d’hydrogène. Une désorption partielle a
été effectuée à 673 K. L’échantillon absorbe alors 0,8 % en masse à température ambiante et 1,2
% à 473 K. Seul le volume de maille de la phase Ti3Si augmente significativement après
hydrogénation montrant que l’absorption est réalisée par cette seule phase. En prenant en compte
la proportion de Ti3Si dans l’alliage, la valeur estimée de sa capacité massique est de 2,5 %.
Cette capacité massique est supérieure à celles des hydrures de type ABn étudiés dans le
Chapitre III. De plus, elle est comparable à celle du composé Ti3Al (2,9 % massique) qui est à
l’origine de cette étude. L’avantage est sa température de désorption (623 K) qui semble plus
basse que pour le composé aluminé (1000 K).
Le composé Ti3Si ouvre donc une nouvelle voie de recherche pour les matériaux de
stockage de l’hydrogène. Mais un effort doit être porté sur la synthèse de Ti3Si afin d’obtenir un
alliage monophasé et l’étude de la désorption du composé Ti3Si reste à approfondir.
V.4 Conclusions sur les « nouveaux hydrures »
Dans ce chapitre, le travail s’est porté sur de nouveaux types de composés susceptibles de
pouvoir absorber de l’hydrogène. Privilégiant les alliages légers, les composés de type Mg2X
avec X = Ti, Zr, Sn et le composé Ti3Si ont été étudiés.
Le composé Mg2Sc présentant une capacité électrochimique importante, les éléments Ti,
Zr et Sn ont été choisis en fonction de leur rayon atomique et de leur électronégativité pour
substituer le scandium.
159
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
Les éléments Ti et Zr ne forment pas d’intermétalliques stables avec le magnésium.
Cherchant à former des alliages métastables, l’élaboration s’est effectuée par mécanosynthèse.
Cependant, après 5 jours de broyage, aucune réaction entre les éléments n’a été observée. La non
miscibilité de Mg et Ti d’une part et Mg et Zr d’autre part s’est avéré être une barrière
thermodynamique trop importante pour la formation des composés Mg2Ti et Mg2Zr.
A l’inverse, le composé Mg2Sn présente deux structures, cubique (stable) et hexagonale
(métastable), suivant la méthode d’élaboration utilisée. L’étude des propriétés d’hydrogénation
de ces deux phases a montré que Mg2Sn n’absorbe pas d’hydrogène sous 1 MPa à des
températures inférieures à 573 K.
L’examen des phases Mg2X avec X = Ti, Zr et Sn a donc montré que ces éléments ne
permettaient pas la substitution du scandium et la conservation de ses propriétés
d’hydrogénation.
L’étude du composé Ti3Si a montré la difficulté de l’élaboration de cet alliage. Par la
méthode classique de la co-fusion des éléments, un recuit de trois mois à 1373 K permet
d’atteindre seulement 43 % de phase Ti3Si, le complément étant composé des phases Ti5Si3 et Ti.
Il serait nécessaire d’effectuer un traitement thermique plus long, non applicable pour un procédé
industriel, pour obtenir majoritairement la phase Ti3Si.
L’élaboration par broyage mécanique a permis après optimisation des paramètres
d’améliorer la proportion de la phase Ti3Si à 73 %. Le mélange Ti:Si (3:1) est rendu amorphe par
un broyage sous argon de 14 h avec une vitesse de rotation de la jarre de 1160 tpm. La
recristallisation est ensuite obtenue par traitement thermique à 723 K pendant 24 h.
L’étude du comportement à l’hydrogénation du composé obtenu par mécanosynthèse a
montré que l’alliage absorbe jusqu’à 1,8 % massique d’hydrogène. Seule la phase Ti3Si semble
significativement absorber l’hydrogène ce qui amène à une capacité massique estimée de 2,5 %
pour cette phase en tenant compte de sa proportion dans le matériau. Cette capacité est supérieure
à celle des hydrures de type ABn.
Le composé Ti3Si ouvre de nouvelles perspectives en terme de famille d’hydrure et
l’obtention de la phase pure reste à finaliser pour confirmer ses bonnes propriétés
d’hydrogénation.
160
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
Références
[1] P. H. L. Notten, M. Ouwerkerk, H. van Hal, D. Beelen, W. Keur, J. Zhou and H. Feil, J. Power Sources, 129 (2004) 45. [2] G. V. Raynor, Physical Metallurgy of Magnesium. (eds), Pergamon Press (1959) 407. [3] J. L. Muray, The Mg-Ti system. in Phase diagrams of binary titanium alloys, J. L. Muray (eds) (1987) 156. [4] M. Hamalainen and K. Zeng, Calphad, 22, 3 (1998) 375. [5] G. H. Grosch and K. J. Range, J. Alloys Compd., 235 (1996) 250. [6] C. R. Clark, C. Wright, C. Suryanarayana, E. G. Baburaj and F. H. Froes, Materials Letters, 33, 1-2 (1997) 71. [7] G. Urretavizcaya and G. O. Meyer, J. Alloys Compd., 339, 1-2 (2002) 211. [8] Binary Alloy Phase Diagrams. Ohio, Materials Park, 3, (1990) [9] P. S. Rudman, J. J. Reilly and R. Wiswall, Journal of Less-common Metals, 58 (1978) 231–240. [10] K. Hashi, K. Ishikawa, K. Suzuki and K. Aoki, J. Alloys Compd., 330-332 (2002) 547–550. [11] Y. Kojima, M. Watanabe, M. Yamada and K. Tanaka, Journal of Alloys and Compounds, 359 (2003) 272. [12] K. Ishikawa, K. Hashi, K. Suzuki and K. Aoki, J. Alloys Compd., 314 (2001) 257–261. [13] S. Mano, K. Hashi, K. Ishikawa and K. Aoki, Materials Transactions, JIM, 43, 3 (2002) 421–423. [14] K. Schubert, A. Raman and W. Rossteutcher, Naturwissenschaften, 51 (1964) 506. [15] C. C. Kloch, O. B. Cavin, C. G. McKamey and J. O. Scarbrough, Applied Physics Letters, 43, 11 (1983) 1017. [16] B. S. Murty, D. H. Ping, K. Hono and A. Inoue, Applied Physics Letters, 76, 1 (2000) 55. [17] N. I. Medvedeva, Y. N. Gornostyrev and A. J. Freeman, Acta Material, 50 (2002) 2471. [18] D. J. Sordelet, X. Y. Yang, E. A. Rozhkova, M. F. Besser and M. J. Kramer, Applied Physics Letters, 83, 1 (2003) 69. [19] P. Solsona, S. Doppiu, T. Spassov, S. Surinach and M. D. Baro, Journal of Alloys and Compounds, 381 (2004) 66.
161
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
Conclusions et perspectives générales
A partir des données de la littérature, nous avons sélectionné plusieurs familles
d’hydrures susceptibles de présenter des propriétés d’hydrogénation pouvant répondre aux
contraintes d’un cahier des charges précis sur le stockage d’hydrogène dans les hydrures
métalliques pour une application mobile : les hydrures de type ABn (AB5 et AB) et les hydrures
légers à base de solution solide de Ti-V. Un nouvel alliage, Ti3Si, absorbant l’hydrogène a
également été découvert.
Parmi les hydrures de type AB5, la composition de l’alliage La0,55Y0,45Ni5 a été ajustée
pour un fonctionnement à basse température. Il présente des pressions de plateau adaptées
(supérieures à 0,2 MPa à 253 K), une très bonne cinétique d’absorption à toute température
(absorption en moins de 300 secondes) et un excellent vieillissement au cours de cyclage
absorption/désorption (faible perte de capacité sur 100 cycles). Ce composé est donc un candidat
possible au remplissage d’un réservoir tampon pour le démarrage à froid répondant parfaitement
aux contraintes d’un tel réservoir. L’étude cinétique d’un réservoir pilote cylindrique (150 g
d’alliage) a montré que la vitesse d’absorption de l’hydrogène est ralentie, limitée par les effets
thermiques de la réaction exothermique. Il sera donc nécessaire d’optimiser les échanges
thermiques du réservoir (ailettes ou liquide de refroidissement) pour maintenir une cinétique
d’hydrogénation élevée.
Nous avons également mis en évidence la présence d’une phase hydrure intermédiaire γ à 298 K
dans un composé AB5 substitué en A. L’allure des courbes isothermes nous laisse penser qu’elle
n’existe plus à basse température. Or, l’influence de cette phase sur la durée de vie de l’hydrure
est encore discutée. Pour un même composé, un cyclage à haute température (présence de γ) et à
basse température (absence de γ) permettrait donc d’étudier l’influence de la phase intermédiaire
γ sur le vieillissement.
Pour les composés de type AB, le composé TiFe0,70Mn0,20 présente une bonne réactivité
vis-à-vis de l’hydrogène, une capacité supérieure aux AB5, une cinétique d’absorption favorable
et un coût faible, mais les pressions de plateaux sont basses pour l’application. Des deux voies
162
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
envisagées pour adapter les plateaux d’équilibre au domaine de pression, seule l’augmentation du
rapport Fe/Mn est favorable. Ainsi, le composé TiFe0,80Mn0,10 conserve les bonnes propriétés
d’hydrogénation et possède une capacité massique de 1,65% dans le domaine 0,2-2 MPa à 338 K.
L’alliage TiFe0,80Mn0,10 présente les propriétés thermodynamiques les mieux adaptées pour
remplir le réservoir principal parmi les composés AB étudiés.
Néanmoins, une diminution de la différence de pression entre les deux plateaux d’équilibre
rendrait plus facile l’ajustement des pressions et augmenterait la capacité réversible dans le
domaine considéré. Nous avons montré que la substitution par le nickel va dans le sens contraire.
Cependant, nous n’avons pas modifié la stoechiométrie du titane. L’effet de la diminution de la
proportion du titane (en conservant un léger excès) sur les propriétés d’hydrogénation (activation,
différence de pression entre les deux plateaux, capacité…) pourrait donc être étudié.
Les solutions solides de type Ti-V substituées par des éléments de transition M = Mn, Fe,
Co, Ni présentent des capacités massiques (environ 4%) bien supérieures aux hydrures de type
ABn. Nous avons montré que la limite de solubilité de ces éléments dans le système Ti-V, de
rapport constant 33/60 et de structure cubique centrée, varie suivant l’élément, le fer et le
manganèse ayant les solubilités les plus grandes (17at% Fe, >14at% Mn). Un traitement
thermique a été mis au point pour ces composés pour faciliter la première hydrogénation. Les
matériaux absorbent ensuite rapidement une grande quantité d’hydrogène (3,8-4,0 % en masse) à
température ambiante sous de 2 MPa. Cependant, les composés Ti33V60M7 ne désorbent qu’une
faible quantité d’hydrogène à 298 K (environ 0,3 % en masse) du fait de la stabilité des hydrures.
Il est nécessaire de chauffer l’échantillon entre 373 K et 573 K pour observer une désorption
importante (2-3 % en masse). Afin de déstabiliser ces hydrures, le taux de l’élément M (Fe et
Mn) est augmenté, Ti30,5V55,5M14. Les pressions de plateau des alliages Mn14 et Fe14 sont alors
plus élevées conduisant à des capacités réversibles plus grandes à une température donnée. Afin
que la pression d’équilibre atteigne 0,4 MPa, il est toutefois nécessaire de chauffer les composés
Mn14 et Fe14 respectivement à 488 K et 402 K. Nous avons donc réalisé un gain d’environ 100
K entre les composés Fe7 et Fe14.
Le composé Ti30,5V55,5Fe14 présente les propriétés d’hydrogénation les mieux adaptées à notre
application. De plus, il est possible d’utiliser du ferrovanadium pour abaisser le coût de l’alliage.
Il est envisagé en perspectives d’étudier les propriétés d’hydrogénation du composé Fe17 qui
atteint la limite de solubilité du fer dans la solution solide Ti-V. Ce composé devrait présenter
163
Chapitre V Conclusions et perspectives générales
une pression d’équilibre plus élevée que celle des composés Fe7 et Fe14, permettant ainsi de
diminuer la température à laquelle la pression atteint 0,4 MPa. D’autre part, tout au long de
l’étude le rapport Ti-V a été gardé constant (33/60). Une optimisation de ce rapport pourra être
menée de façon à améliorer les propriétés d’hydrogénation.
Dans la recherche de nouveaux hydrures, l’examen des phases Mg2X avec X = Ti, Zr et
Sn a montré que ces éléments ne permettaient pas de conserver les propriétés exceptionnelles du
composé Mg2Sc.
L’étude du composé Ti3Si a montré la difficulté de l’élaboration de cet alliage par la méthode
classique de la co-fusion des éléments. L’élaboration par broyage mécanique a permis après
optimisation des paramètres d’améliorer la proportion de la phase Ti3Si pour atteindre 73 %.
L’étude des propriétés d’hydrogénation du composé obtenu par mécanosynthèse a montré que
l’alliage absorbe jusqu’à 1,8 % massique d’hydrogène. Seule la phase Ti3Si absorbe
significativement l’hydrogène ce qui amène à une capacité massique estimée de 2,5 % pour cette
phase en tenant compte de sa proportion dans le matériau. Cette capacité est supérieure à celle
des hydrures de type ABn. Le composé Ti3Si ouvre de nouvelles perspectives en terme de famille
d’hydrure. L’obtention de la phase pure reste à finaliser pour confirmer ses bonnes propriétés
d’hydrogénation.
Enfin, il est à noter qu’une partie des études réalisées au cours de la thèse n’a pas été
présentée dans ce document. En effet, l’aspect novateur des résultats nous a amené à déposer une
demande de brevet industriel afin de les protéger. La publication de ces résultats ne pourra être
effectuée qu’une fois la demande de brevet acceptée.
Capacité réversible Pabs / Pdes CinétiqueT Famille Composé
K MPa %massique g/dm3 t90 (s)
AB5 La0,55Y0,45Ni5 253 0,45 / 0,32 1,44 116 234 b
AB TiFe0, 80Mn0,10 338 0,45-1,17 / 0,24-0,86 1,65 101 157
A Ti30, 5V55,5Fe14 373 0,65 / 0,17 1,74 a 102 a 18
Tableau 8 : Propriétés d’hydrogénation de l’alliage le mieux adapté de chaque famille. La capacité réversible est mesurée à la température T entre 0,2 et 2 MPa (a entre 0,1 et 2 MPa) et la cinétique d’absorption est réalisée à 298 K sous une pression quasi constante de 2 MPa (b à 253 K sous 5 MPa).
164